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 | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Jeu 11 Avr 2024, 22:55



Les Portes



L’arme de mon adversaire effleura mon oreille. Mon regard se fit braises et un sourire joueur et déterminé s’inscrivit sur mes lèvres. Je m’approchai de la femme que j’entraînais bien au-delà des convenances et profitai de son trouble pour balayer ses jambes. Elle tomba sur le sol. Mon corps bondit. Mes cuisses s’écartèrent autour de sa taille. Mes pieds se positionnèrent sur ses cuisses et mes mains agrippèrent ses poignets afin de la maintenir au sol. Le mouvement souleva un nuage de poussières. Mes yeux la dévorèrent bien avant mes lèvres. Dans le sable, les cheveux couverts de débris et des plaies superficielles sur le visage, elle était irrésistible. Ma langue vint cueillir la sienne. Mes mains réunirent les siennes pour les enchaîner entre les doigts d’une seule. L’autre descendit plus bas. Les habits d’entraînement étaient bien plus légers que les armures que nous portassions habituellement. Mes phalanges s’infiltrèrent entre ses vêtements après que je me fusse écartée légèrement. Mes prunelles ne la quittèrent plus. Je vis avec contentement sa respiration changer de rythme. De celui du combat, elle passa à celui du plaisir. Je maintins la cadence sur la partie infime de son anatomie qui glissait sous mes doigts. Infime mais puissante. Des râles commencèrent à s’élever, de plus en plus puissants et bestiaux. Elle finit par se tendre avant que son corps ne se relâchât. Je ris et m’écartai pour de bon. Je lui tendis la main pour l’aider à se relever et ramassai ensuite mon arme et la sienne. « Ça fait du bien hein ? » lui demandai-je, taquine, avant d’être interrompue par un eunuque qui ne regrettait visiblement pas de ne pas avoir été invité. C’était l’avantage. « Il y a eu du grabuge dans le quartier nord. » m’apprit-il. J’essuyai mes doigts sur mon haut. « Des fanatiques, des hommes mécontents, des drogués… ? C’est quoi cette fois ? » Depuis quelques temps, Adolphe avait plus de responsabilités. Je m’occupais surtout de coordonner mon armée personnelle et d’avancer sur mon projet. Je n’avais pourtant pas confié la protection de la Princesse à mon fils. Je lui avais préféré Ludoric du fait de son expérience avec le Prince Placide. Je nourrissais l’ambition qu’Anthonius pût vivre une vie enfin à elle. La situation en faisait à la fois une cible et une opportunité. Elle était pourtant trop jeune pour prendre la moindre décision. Je savais que Primaël avait accepté ma requête à contre cœur. Néanmoins, moi vivante, personne ne toucherait un cheveux de la Princesse. Il n’y avait pas qu’elle que je souhaitais protéger. Je désirais que les femmes n’eussent plus jamais à enfanter contre leur gré. Je voulais libérer le peuple de l’emprise de la religion mortifère qui l’avait maintenu captif jusqu’ici. « Des semenciers en colère. » Je ris. « Lorsqu’ils avaient la bouche pleine, on ne les entendait pas autant. » commentai-je, avant de rendre mon verdict. « Adolphe s’en occupera. » Je tournai les yeux vers ma partenaire. « Allons manger. »

Mes dents arrachèrent la peau et la chair de la cuisse de poulet. Le goût emplit ma bouche. C’était délicieux. Pour faire descendre tout ça, je bus deux gorgées de cidre et relâchai un soupir de satisfaction avant de focaliser mon attention sur la foule qui nous entourait. Sur toutes les lèvres, le prénom de Primaël flottait. Que ce fût en bien ou en mal, il était l’homme du moment. J’avais cependant conscience que tous ceux qui étaient exposés à la lumière du soleil pouvaient rapidement brûler. Primaël devait être protégé de ses détracteurs.

La femme qui surveillait qu’Adolphe réussît bien sa mission et s’occupait de mon courrier s’approcha. « Oui ? » « Une lettre pour vous. » Je la pris et la regardai, avant de sourire et de commencer à la lire à voix haute. Les soldates qui m’entouraient avaient toute ma confiance. « … et j’ose espérer que nos visions puissent converger. » Je croquai de nouveau dans ma cuisse de poulet avant de finir la lettre. « Je dois voir Primaël bientôt. » en informai-je ma tablée, l’air de dire que je ne garderais pas cette information pour moi. Puisqu’il m’avait fait demander, j’imaginais qu’il s’agirait d’une rencontre plus officielle que celles où j’accentuais ses coups de reins. Je le savais assez lucide pour faire le tri entre la montagne de demandes qu’il recevait. Elle devait équivaloir à la quantité de menaces. Dans tous les cas, quelqu’un s’occupait effectivement de le protéger pour l'instant. Mes priorités restaient donc mon fils, Anthonius et les femmes de façon générale. « Au monde que nous bâtissons chaque jour. » dis-je, en levant ma coupe nouvellement remplie vers mes partenaires.

773 mots
Eméliana - Tamara:

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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

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Jil
Ven 12 Avr 2024, 16:16


| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 2 FleD1l7
Les Portes V
Jil, dans le rôle d'Anthonius





Il me semble, au fond de moi, que je n’ai jamais été aussi heureuse qu’en cet instant. J’ai connu de belles journées, malgré le fardeau qu’on m’a attribué à la naissance ; j’ai eu mon lot de rires et de joies. Pourtant, je ne crois pas avoir ressenti la sérénité qui accompagne le vrai bonheur. C’est un magnifique jour de printemps, et le temps est idéal. Le ciel est d’azur et le soleil rayonnant ; un vent frais en apaise la chaleur, en soulevant les plis de ma robe, et les boucles de mes longs cheveux blonds. Je peux les faire couler entre mes doigts, les enrouler autour de mon index, d’où ils glissent sans effort. J’ai toujours rêvé d’avoir des cheveux à la manière des paysannes que l’on voyait parfois défiler pendant les carnavals : longs, sauvages, de ceux qui semblent être pris de vie au premier courant d’air. Je pourrais en pleurer, mais je n’ai plus besoin de ça. Je me contente d’afficher un sourire niais aux nuages qui s’enfuient à l’approche d’un nouvel alizé. La robe, je ne sais plus d’où elle provient. Elle est couleur crème ; elle ne pèse rien. De la taille à la poitrine, on la dirait taillée sur mesure. En temps normal, elle m’arrive juste en dessous du genou, mais ici, dans l’herbe, elle s’arrête à mi-cuisse. Je m’enracine, les orteils enfoncés au milieu des brins et des fleurs, libérés des chaussures que j’ai dû abandonner quelque part, plus loin. Dans mon dos, je perçois la présence rassurante de Placide. Lui qui m’a sorti de l’enfer, qui s’est prêté au jeu de ma nouvelle personne – ou plutôt de ma véritable identité. Je crois qu’il est en train de parler en riant ; est-ce à moi qu’il s’adresse, ou à quelqu’un d’autre ? Peu importe. Je ris à mon tour, et je m’allonge sur le coussin de verdure.

Combien de temps depuis mon départ de Narfas ? Quelques jours, quelques mois ? Chaque nouvelle heure qui passe s’écoule lentement, entravée par l’excitation de la nouveauté. Sortie du château, sortie de l’étreinte étouffante de feu ma mère. Je sens mon cœur se serrer à nouveau, comme si – surgie d’outre-tombe – elle était revenue l’enlacer, pensant surement le protéger. Je sens le poids d’une goutte d’eau rouler sur ma joue ; pourtant le ciel est toujours bleu. Quelque part, on s’écharpe pour savoir qui reprendra le trône, et plus d’une fois, mon nom est prononcé. Mon ancien nom, celui de ce prince « exemplaire » : Anthonius de Narfas. Depuis que j’ai fui, on ne m’appelle plus comme ça. J’ai choisi Antoinette. Peut-être par respect pour le nom que mes parents avaient choisi, peut-être simplement pour me faciliter la vie. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus efficace pour demeurer incognito, mais d’un autre côté, qui irait s’intéresser à une jeune femme en cherchant l’héritier de Narfas ? Dans mon dos, je sens que ça s’agite. La voix de Placide s’éteint, quelqu’un crie, au loin. Je me redresse, et sur le sommet de la colline, j’aperçois quelques formes sombres qui s’avancent. La poigne de ma mère s’affermit ; le ciel gronde. C’est à peine si je vois leur visage, mais je distingue parfaitement leur regard : affamé, violeur, haineux. Ils viennent pour moi. Je sais qu’ils viennent pour moi ; ils m’ont retrouvée.

Sans élégance, terrorisée, je tente de me redresser mais l’herbe est trop haute, je bute dans de petites racines, et je m’affale dans la terre. La pluie, glaciale, vient s’abattre sur moi et le temps que je redresse la tête, ils sont déjà sur moi. Leurs yeux, leurs mains sur moi, et la conviction intime que je vais mourir qui m’empêche de respirer correctement. Dans un dernier effort de survie, je roule sur le côté, et le drap de mon lit m’empêche d’aller plus loin. Mes yeux s’ouvrent soudainement dans l’obscurité. La chambre baigne dans le silence ; ma respiration rauque et saccadée me semble assourdissante. Pendant un bref instant, je me laisse aller à la panique : j’ai dû être kidnappée, on m’a enfermé quelque part ! Ce n’est pas le château, ce n’est pas chez moi. Puis tout aussi brusquement que je me suis réveillée, je reconnais les murs et les plafonds de la pièce où m’héberge Ludoric. Personne n’est là pour m’emmener, personne ne sait où je suis. En silence, je me met à pleurer, et je disparais sous ma couette, épuisée.


720 mots



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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Ven 12 Avr 2024, 20:18



Les Portes


Mes pas résonnèrent encore quelques secondes dans l’enceinte de la tour. Puis, après avoir effectué les dernières vérifications, je fus enfin sur le toit de celle-ci. Les flammes l’avaient ravagée à bien des endroits mais le bâtiment, à présent vide, me servait depuis quelques temps de repaire. J’y allais pour réfléchir, les yeux fixés sur la cité qui nous avait à la fois accueillis et emprisonnés en son sein. Après un effort supplémentaire, je me hissai sur le mur et m’y assis. Les pieds dans le vide, je pris une grande inspiration. Mon regard se posa ensuite sur le bandage qui cachait l’état de mon bras afin de vérifier que mon ascension ne l’eût pas déplacé. L’escalier qui menait au sommet n’était pas sécurisé et menaçait de s’effondrer à chacun de mes mouvements. J’avais pourtant confiance dans ma capacité à arriver en haut et à descendre en un seul morceau. Jusqu’ici, à part quelques bouts de bois qui s’étaient détachés pour rejoindre le sol dans un bruit sec, rien n’avait bougé. Je me penchai en avant et appuyai mes coudes sur mes genoux avant de caler mon menton sur mes mains liées. Le paysage était magnifique. Narfas n’était plus qu’un chaos mais ça ne l’empêchait pas de briller d’une lueur qui aurait donné envie à n’importe quel ambitieux. Un trône était à saisir et tout le monde en avait conscience. Les discussions ne tournaient qu’atour de ce sujet : comment empêcher untel d’atteindre son but ? Comment favoriser untel et permettre son couronnement ? À présent que Rosette ne portait plus mon enfant, cette situation ne m’inspirait qu’une profonde lassitude. J’avais oscillé. Parfois, j’avais voulu être reconnu comme le fils de Montarville. J’avais senti ma poitrine se gonfler d’un élan qui me murmurait de prendre ce qui me revenait. Néanmoins, j’avais toujours détesté la noblesse. Ces gens n’étaient pas utiles à la société. Leurs actes étaient basés sur des fictions. Sans elles, ils n’existaient plus. Ceux qui méritaient le respect étaient ceux qui mouillaient leur front pour le bien commun. Ceux-là étaient pourtant le plus souvent méprisés. Pourquoi devenir Roi alors que je pouvais être véritablement utile ? Manuellement utile ? Utile physiquement ? Une soif de justice battait mes tempes. Si j’avais été seul, j’aurais voulu embraser la foule et réveiller le peuple, pour que plus jamais les privilèges de certains n'écrasassent la vie des autres. Pourtant, Rosette avait ravi mon cœur et j’avais peur pour elle. Jamais pour moi. Pour elle uniquement. Je ne voulais pas qu’elle restât là, au milieu d’une cité qui menaçait d’imploser. Je voulais que nous partissions d’ici et ferais tout pour. Cependant, si ce départ s’avérait impossible, alors je devrais agir. Je voulais qu'elle fût en sécurité. Une partie de mon cœur ne battait que pour ça. L'autre demeurait fougueuse et imprévisible.

Après quelques minutes à détailler les formes des habitations et bâtiments administratifs, je me relevai d’un bond. Pieds à plat sur mon ancienne assise, je laissai mon corps se déplacer, un pas après l’autre, sur le rebord. Ludoric était censé me protéger mais je filais dès qu’il relâchait sa garde. Je n’étais pas comme Placide, sage et obéissant. Parfois, je pensais au rouquin, à sa tête lorsqu’il s’apercevait que je n’étais plus là. Cette vision ne manquait jamais de me faire rire. Le taquiner était devenue mon activité favorite. Il avait parfois des réactions inattendues, soit que je lui racontasse des anecdotes osées, soit que je le fisse tourner en bourrique. Je n’agissais pas de la même façon avec mon demi-frère. Il semblait m’en vouloir pour une raison inconnue. Le courant ne passait pas, bien que je ne le détestasse pas pour autant. J’aurais aimé que nous fussions proches, au contraire. Je m’arrêtai de marcher, évaluai le rebord ainsi que la distance qui me séparait du vide. Il était certain que si je tombais, je mourrais. Ça me fit rire. Après mon passage dans un cirque itinérant, j’avais appris à gérer mon équilibre. J’exécutai une roue, puis une deuxième, le plus lentement possible. Mes muscles devaient travailler et la sensation de contrôle sur l’ensemble de mon anatomie était plaisante. Je continuai mes acrobaties et me hissai sur mes mains. Je restai ainsi plusieurs secondes, me concentrant sur mon point de gravité. J’aurais pu retirer l’un de mes deux appuis mais ne le fis pas. À la place je basculai mes jambes pour qu’elles pussent prendre le relai. Une fois sur mes pieds, je me perdis de nouveau dans la contemplation de Narfas. Le vent souffla et me décoiffa. Ma brûlure était encore douloureuse. Je ne faisais rien pour arranger son cas mais j’aimais ma vie ainsi : vivante, tourbillonnante. J’aimais ma liberté, même si cette liberté signifiait peut-être finir écrasé au sol à force de bêtises. Je souris. D’ici, je dominais la ville. D’ici, je pouvais rêver de tout et de son contraire et murmurer ces rêves sans que mes paroles n’eussent la moindre conséquence. Elles s’envolaient simplement vers les cieux qui les gardaient secrètement.

792 mots
Ilias (Clémentin):

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Ikar Pendragon
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Ikar Pendragon
Sam 13 Avr 2024, 11:26



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Les Portes V


Rôle :

Je n’étais pas fier de tout ce que j’avais fait ces derniers temps, pas plus que je l’étais de mes pensées.

Depuis le bal, j’avais compris qu’Anthonius était une fille. Depuis le bal, je songeais à mon devoir. Si je l’épousais, des ruines de Narfas et de Lieugro pourrait sortir une nouvelle ville plus forte. Mon cœur appartenait à Ludoric mais rien n’avait changé depuis que c’était le cas. Avant, nous devions nous cacher. Nous n’aurions jamais pu vivre au grand jour. Maintenant, des considérations politiques secouaient notre couple. Je nourrissais aussi une rancœur contre lui venue des confins de mon imagination.

Je laissai mon front heurter la table. J’en avais marre de ne servir à rien. Le temps me paraissait long et je ne faisais que gamberger sur des sujets idiots. Pour me rassurer, je me disais que c’était à cause de mon inactivité que j’en étais venu à m’imaginer des choses et à agir méchamment. Je n’aurais pas dû.

Mes bras s’étalèrent sur le bois. Il était plutôt frais et ça me fit du bien. Mes muscles s’étirèrent et mes paumes trouvèrent une fraîcheur nouvelle à plusieurs endroits par mouvements successifs. Il m’arrivait de faire pareil dans mon lit, mon corps cherchant les espaces non encore explorés.

Je m’entrainais dans mon coin mais ça ne suffisait pas. Contrairement à moi, Ludoric et Clémentin semblaient taillés pour être musclés. Cette injustice me secouait, surtout quand je pensais au deuxième. Il me mettait l’estomac en boule. Il était beau et avait tendance à être rapidement apprécié alors qu’il ne cachait rien et était d’un naturel que je trouvais gênant. Je n’aimais pas du tout l’aisance avec laquelle il discutait avec le De Tuorp.

À cette pensée, je me redressai et lâchai le plus grand soupir de mon existence.

« Il m’énerve. »

Je l’avais dit plusieurs fois à voix haute depuis que je le connaissais. J’étais jaloux comme un pou. Pour me changer les idées, je soulevai mon haut pour admirer mes progrès. Comme ça, il n’y avait rien à voir. Je contractai ensuite mes abdominaux. Les muscles apparurent légèrement.

« Pfff. »

Je repris ma position initiale : front contre table. Ce n’était pas assez. Le problème c’était ma silhouette. Elle était trop fine. Même si je prenais du muscle, ça ne se voyait pas.

J’avais envie de voir Ludoric. Ça me rassurait toujours lorsqu’il me caressait. Quand il n’était pas là, je repartais sur le chemin de la déprime. Clémentin non plus n’était pas là. Si ça se trouvait, ils étaient ensemble. Cette simple pensée me tourmenta. Parfois, je songeais que le brun aurait mieux fait de mourir. Puis je regrettais immédiatement après.

Les yeux encore fixés sur le bois, je cherchai les feuilles avec les doigts. Je les fis glisser vers moi avant de tâtonner jusqu’à trouver de quoi écrire. Je soupirai et me redressai. J’allais écrire trois lettres : une pour ma tante, une pour Lambert et une pour Primaël. Je devais juste arrêter de procrastiner. Je redoutais des réponses négatives et, à cause de mes peurs, restais assis là à broyer du noir. Je devais me reprendre.

Je commençai par la lettre à l’attention de Garance. Je ne l’aimais pas mais devais passer outre. Je lui écrivis les politesses d’usage avant de lui demander de m’associer davantage à elle. Je lui précisai croire pouvoir apprendre beaucoup à ses côtés, notamment sur la politique, et la remerciai d’avance.

Je m’adressai ensuite à Lambert, en vantant ses qualités de conseillers de mon père. La demande était similaire. Je voulais qu’il m’apprenne des choses : comment gouverner, comment être sage et avisé.

Je ne parlais plus ouvertement qu’à la troisième personne, ce Primaël que je ne connaissais pas tant. J’avais malencontreusement appris des choses sur lui mais ne voulais pas les lui signaler. C’était intime. Comme nous ne nous connaissions pas, je fus plus bavard. Je lui expliquai ma situation, le fait que j’avais à cœur de continuer la lignée de mon père et que je souhaitais régner. Je précisai que je ne voulais pas être un roi fou ou pédant, que le sort de chacun m’importait et que j’étais ouvert à la discussion. Je l’invitai à se méfier de ma tante et à lui préférer Lambert, plus bienveillant selon moi. Je finis ma lettre en précisant que j’espérais que tout ceci resterait entre nous.

Je m’apprêtai à signer avant d’être interrompu. Un courrier m’arriva. J’ouvris des yeux ronds sur cette coïncidence et cherchai à connaître le nom de l’expéditeur. La lettre n’était pas signée mais l’écriture m’était familière. Mon cœur battit plus fort dans ma poitrine. Je devais absolument le voir.

Je déglutis, regardai mes trois courriers et décidai de n’envoyer que les deux premiers. J’allais déjà rencontrer « Clobert qui ne s’appelait en réalité pas Clobert » avant de tenter de contacter Primaël.

796 mots
Placide écrit à Garance et à Lambert.

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Orenha
~ Eversha ~ Niveau I ~

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Orenha
Dim 14 Avr 2024, 19:57


Images par wlop
Les Portes V
Orenha dans le rôle de Luthgarde

Rôle:
Le dernier galet s’enfonça profondément dans le sable, refermant le cercle. La roche était large et plate, anthracite, sa surface pommelée et rugueuse. Luthgarde avait éprouvé son poids un long moment du bout de ses bras malgré les protestations de ses muscles. Enfin, lorsqu’elle l’avait délicatement posée au sol, elle y avait dessiné un signe de croix de son pouce couvert de suie, comme elle l’avait fait avec les autres rochers tout autour d’elle.
Elle s’approcha du bûcher qui crépitait doucement, presque timidement, au centre du cercle. Il était allumé mais elle ne l’avait pas encore nourri. D’une main, elle y jeta une poignée d’herbes odorantes et de l’autre, une mèche de cheveux clairs. Aussitôt, les flammes se mirent à enfler, à se tordre, crachotant et sifflant ; une fumée opaque se diffusa en bouffées nauséabondes, charriant avec elles un parfum écœurant de chair qui brûle et de fleurs épicées. Plutôt que de s’en éloigner, la jeune fille plongea le visage dans le nuage, juste au-dessus du brasier. Elle laissa la fumée s’emparer de ses narines, de sa gorge et de ses poumons, lui brûler les yeux et lui assécher les lèvres.
La chaleur du feu lui cuisait la peau, et elle entendait dans les chuintements furieux du bois sec les hurlements de celles et ceux qui avaient perdu la vie durant ce dernier mois, depuis que la révolte avait éclatée et que des feux comme celui-ci s’allumaient à chaque coin de rue. Elle s’efforça de les écouter, ces voix désincarnées, désespérées ; lorsqu’elle ne put plus le supporter, elle se jeta au sol, à genoux dans le sable frais, où elle cracha ses poumons pendant plusieurs minutes.

Le feu continuait de hurler, l’exhortant à continuer. Sa tête lui tournait mais elle obéit. Doucement, elle se mit à tourner autour du cercle, zigzaguant entre les galets à petits pas. Le sang dans ses tempes battait la mesure, la même que celle du bourdonnement des voix dans ses oreilles. Plutôt que de s’atténuer, elles parlaient plus fort, s’accordaient les unes aux autres pour former un chœur de moins en moins dissonant. Luthgarde les accompagna d’un filet de voix, accélérant progressivement le mouvement. Les bijoux à ses chevilles tintaient entre eux et traînaient sur le sol, dessinant des arabesques dans le sable. Bientôt, ce fut les chaînes qui pendaient à ses hanches et s’enroulaient autour de sa taille qui se mirent à carillonner, emportées par les ondulations devenues frénétiques du corps de la jeune femme. Elle dansait avec aisance, sa silhouette embrasée par la lumière féroce et déchaînée du feu, esquivant habilement les tissus vaporeux qui flottaient à ses pieds et se fondaient dans les ombres projetées par les flammes. Par-dessus le vacarme des chants, elle poussait du fond de sa gorge endolorie un psaume dans sa langue natale.
Lorsqu’elle eut parcouru trois fois le cercle, elle jeta brusquement les bras en l’air ; les bracelets se cognèrent les uns contre les autres dans un bruit de métal froid et lourd qui n’avait rien à voir avec les doux grelots dont elle avait ponctué sa musique jusqu’à présent.
Tout s’arrêta. La jeune femme acheva sa prière dans un souffle. Elle leva les yeux vers le ciel. Les étoiles lui paraissaient briller un peu plus fort que les nuits dernières. C’était un bon signe. Derrière elle, le bûcher s’était affaibli, n’émettant plus que de faibles geignements. Luthgarde s’accroupit à proximité et accompagna la complainte de sanglots inaudibles. Elle s’assoupit.

⋆⁺₊⋆ ☾ ⋆⁺₊⋆

Accoudée sur le balcon attenant de sa chambre, Luthgarde se frottait distraitement les bras, malgré l’air encore tiède de la fin de la journée. Elle n’avait pas froid ; comme la continuité naturelle de ses rituels nocturnes, il lui semblait qu’elle devait constamment faire circuler le sang dans ses membres, tout comme chaque nuit elle s’échinait à aider les âmes à trouver le chemin vers le giron de leur Dieu et de ceux dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence. Était-ce vraiment tout ce qu’elle pouvait faire pour eux ?
Les premiers jours, elle avait foncé tête baissée dans la bataille, au-devant des infirmières. En l’espace de quelques semaines, elle avait vu plus de mort, de chaos, de rage et de désespoir que durant toute son existence. Le soir, elle rentrait les mains fripées d’avoir humidifié le front des blessés, leur sang sous les ongles. Elle les écoutait en silence, absorbant en elle leur colère et leurs peurs, attentive à leurs récits aussi sincères que discordant, taisant sa surprise lorsque certains noms étaient loués ou crachés avec haine. Une paix étrange l’habitait lorsqu’elle leur prêtait ainsi corps et esprit ; ce n’est qu’une fois qu’elle retrouvait le calme de sa chambre que la bile montait dans sa gorge et que son impuissance la frappait en plein visage. Lorsqu’elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, elle se retrouvait à mépriser celle qu’elle avait été, cette étudiante pleine de candeur et de naïveté, cette enfant ignorante qui avait failli à sa mission.

Herminiette, bénie soit-elle, l’avait aidée à retrouver la lumière. Si Luthgarde déplorait le manque de spiritualité de la jeune femme, leur volonté d’œuvrer pour la paix les avait rapprochées. L’envoyée d'Erréil avait su reprendre ses esprits. Elle vivait une épreuve, la plus terrible qu’elle n’ait jamais vécue ; mais elle était l’Élue. L’apparition d’une alliée sur son chemin n’avait rien d’un hasard. Elle ne pouvait faiblir ni douter et encore moins se fustiger pour les conséquences de cette funeste soirée, il y a un mois de ça. L’échec qu’elle s’était attribué n’en était pas un, elle avait fini par le comprendre. Il n’avait été qu’une étape, cruelle et sanguinaire, mais nécessaire.
Un frisson parcourut son échine lorsqu’elle repensa aux trois fioles de poison, dissimulées dans ses quartiers. Comme elles avaient semblé lourdes dans sa main ; comme elle avait tremblé d’effroi à l’idée de les utiliser ; comme ses paumes avaient été moities lorsqu’elle avait versé le contenu de l’une d’elles dans le long pendentif qui ne quittait plus son décolleté.
Luthgarde fronça les sourcils et serra les poings, sans réaliser que ses ongles entamaient la chair de sa paume. Maintenant qu’elle savait exactement ce qu’On attendait d’elle, qu’elle avait eu la preuve irréfutable de son importance dans cet univers, elle ne serait plus lâche. S’il le fallait, elle achèterait la paix avec une goutte de poison et en endosserait toute la responsabilité.

Message IX | 1061



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Mitsu
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Image par un artiste inconnu

Explications


Hop !  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 2 47

Pour rappel : À la fin du précédent volet, une première révolte a grondé dans le Royaume de Narfas, fomentée par Primaël et ses alliés, suivie de beaucoup d'autres. Nous sommes un mois après la première. Le Royaume connaît une grande instabilité. Le peuple est partagé concernant la direction à prendre. Certaines personnes ont quitté Narfas, d'autres ont profité de la situation pour se faire un nom ou pour commencer / continuer des trafiques en tout genre. La drogue s'est développée à une vitesse fulgurante et la traite des êtres humains se fait presque en plein jour. Les problèmes de natalité persistent. Néanmoins, l'ordre religieux qui avait été établi jusqu'ici est également instable et les règles ne sont plus respectées. Le peuple débat (les débats c'est dans le meilleur des cas ; généralement la population se tape dessus) et ne sait plus à qui faire confiance. Plusieurs tendances s'opèrent néanmoins dans ce chaos où les grandes têtes de l'ordre religieux et de la royauté sont mortes ou ont disparu :
- Ceux qui voient Primaël, Tamara et Ivahnoë comme des sortes de messies, venus délivrer le peuple. Le pouvoir devrait donc leur revenir. À noter que Tamara jouit d'une véritable popularité chez les femmes.  
- Ceux qui voient Garance/Placide comme la solution à adopter (ils viennent d'un Royaume qui était en paix et prospère avant l'invasion de Judas et sont de sang royal)
- Ceux qui voient Anthonius comme le souverain légitime (puisque c'est l'enfant de Balthazar et de la Reine défunte, Wesphaline).
- Ceux qui pensent qu'il faudrait allier les trois précédents afin de créer un ordre nouveau.
- Ceux qui ne jurent que par les tradition et par la religion (et qui rejoignent assez ceux qui soutiennent Anthonius)
- Ceux qui pensent qu'il serait mieux de se rendre à Judas puisque cela clôturerait les guerres définitivement, personne, selon eux, n'osant s'attaquer au Roi.
- Les autres qui peuvent avoir des pensées diverses et variées (exemple : il serait bien de confier le royaume à un trafiquant de drogue / quelqu'un qui s'y connait en affaires, même si ces affaires sont plus que douteuses).

Le Royaume est également instable sur la question de la faute de la situation actuelle (en fonction des convictions, certains accusent les réfugiés du Royaume de Lieugro d'être à l'origine des problèmes alors que d'autres pensent qu'ils sont venus délivrer le peuple etc...) et sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Les femmes ne décident a priori plus pour les hommes dans le chaos mais certains hommes en profitent pour tenter de leur faire payer ce qu'elles ont pu leur imposer par le passé alors que d'autres sont incapables de prendre des décisions seuls. Certaines femmes désirent céder volontiers le commandement alors que d'autres s'y accrochent.

Plusieurs quartiers ont été brûlés, détruits ou pillés et beaucoup d'habitants se retrouvent à la rue, sans argent, alors que d'autres ont réquisitionné des zones qu'ils protègent avec des armes.

La question du Royaume de Lieugro se pose également puisque les réfugiés veulent toujours récupérer le territoire. Des locaux y voient aussi une opportunité et les trafiquants d'armes se frottent les mains à l'idée d'une guerre à venir, en plus du chaos déjà existant sur place.

Les groupes à partir du 2ème tour : J'ai fait des tours pour débuter. Vous êtes bien entendu libres de faire ce que vous voulez à partir de là ! Nous sommes le soir.

- Marcellin et Pénélope sont ensemble dans l'un des salons de la demeure des Trois Ombres. Sextus y entre.
- Herminiette attend Luthgarde dans une pièce adjacente au salon en question afin de discuter avec elle.
- Placide se rend à côté de la caserne après avoir fait le mur afin de rencontrer son mystérieux correspondant : Adolphe.
- Ludoric, accompagné d'Anthonius (en fille), le suit en cachette.
- Primaël, Ivanhoë et Tamara se rencontrent pour discuter chez Primaël.
- Garance et Gao se rencontrent chez ce dernier (dans la maison familiale) pour discuter.
- Melchior se trouve également dans la maison familiale en compagnie de son apprenti Clémentin et de Rosette, qui l'a accompagné en sachant que Garance allait venir.
- Lambert rencontre Balthazar dans sa geôle.

Rps importants
------ Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
------ Sous le magnolia - Ezémone et Nicodème
------ Mon preux chevalier - Adolestine et Alembert
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs
- Le Royaume de Lieugro - La chute du Roi Sadique
------ La dispute - Ezémone et Nicodème
------ Par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie - Zébella et Adénaïs
------ Tremblement dans le monde

Compte du nombre de messages


Du Royaume de Lieugro :
- Hélène (Garance) : XVIII
- Ikar (Placide) : I
- Dastan (Ludoric) : XVIII
- Adriaen (Lambert) : III
- Yngvild (Rosette) : XVIII
- Erasme/Ilias (Clémentin) : II

Du Royaume de Narfas :
- Aäron (Balthazar) : I
- Jil (Anthonius) : XII
- Eméliana (Tamara) : I
- Zeryel (Adolphe) : XII
- Lysium (Melchior) : XI
- Sympan (Gao) : III
- Oriane (Pénélope) : XI
- Lorcán (Ivanhoë) : IX
- Lazare (Primaël) : IX
- Orenha (Luthgarde) : VIII
- Jezeṃiās (Sextus) : I
- Blu (Herminiette) : I
- Seiji (Marcellin) : VIII

Deadline Tour n°2


Dimanche 21 avril à "18H" | Je posterai à 20h00 max

Il reste 8 tours (le RD se finira la semaine du 3 juin)

Gain Tour n°2


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Votre personnage devient apte à créer, à l'aide de sa magie, des  _____ (choisir un objet. Exemple : pâtisseries, statuettes, vêtements, etc) en rapport avec les contes dans lesquels il a joué un personnage.
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Zeryel
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Zeryel
Lun 15 Avr 2024, 07:50

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 2 O0px
Les Portes V ; Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe



Rôle - Adolphe d'Epilut:

« Bon sang. » Voûté au dessus de la cuvette, cramponné à la tablette martiale, Adolphe fixait sans la regarder l'eau devenue rouge. Ses maxillaires ne desserraient pas. Ce n'était pas ce qu'il avait dû faire qui le rongeait. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait couler le sang, il y avait même trouvé un exutoire agréable à ses frustrations. Il avait voulu envoyer plusieurs garnisons en petits groupes se répandre dans la ville. Son objectif, ou plutôt, l'ordre que sa mère lui avait donné, était simple. Mettre de l'ordre dans la capitale et spécifiquement réfréner la mauvaise humeur des semenciers. Il avait pensé que tout se déroulerait aisément, qu'en déployant ses forces dans la ville, tout serait fini en une matinée. Mais en exposant son plan, tout avait été rediscuté, du nombre de soldates et soldats envoyés à la constitution des groupes en passant par le fait de se questionner sur l'utilité réelle de s'occuper des semenciers quand d'autres groupes de rebelles continuaient de saccager la ville ou que les blessés encombraient les rues. Adolphe était certain que si Tamara s'était tenue à sa place, aucune de ses décisions n'aurait été contestée et cette seule pensée avait réveillé en lui le goût du meurtre. Il aurait voulu tous les tuer, ces traîtres qui le regardaient de haut parce qu'il était le fils de sa mère. Ils ne voyaient que ça au lieu de voir ses qualités, de lui laisser une chance de faire ses preuves. Ses traits se crispèrent à cette pensée. Il avait perdu patience et avait senti une rage froide l'envahir face aux doutes ouvertement affichés de ceux qui auraient dû lui obéir. Plutôt que de les forcer ou les convaincre à suivre son plan et se ridiculiser, comme cela avait pu arriver parfois - ces moments restaient gravés au fer blanc dans son ego - il leur avait annoncé froidement qu'ils n'avaient qu'à rester à ne rien faire à la caserne et que ceux qui voulaient réellement le bien de Narfas pouvaient le suivre. Certains l'avaient pris au mot et étaient restés et leur insolence lui restait en travers de la gorge. Il s'occuperait d'eux plus tard. Il n'avait pas mieux considéré ceux qui étaient restés à ses côtés, considérant qu'ils n'avaient choisi de lui obéir que par crainte d'éventuelles représailles de la part de la Cheffe des Armées. À leur tête, il s'était rendu en ville. Il n'avait pas cherché à discuter. Ce n'était pas là que résidaient ses compétences, et son agacement était si palpable qu'il n'avait pas réfléchi bien longtemps à la façon de régler ce problème. La rancœur lui comprimait la gorge et serrait ses poings. Il en voulait à sa mère de lui donner comme tâche de traiter avec ces semenciers qu'il méprisait, il en voulait aux soldats de n'accepter qu'à contrecœur son autorité, il détestait être si visiblement jeune. Lui rêvait de champs de bataille fumants, de combats glorieux, de briller par son talent à manier les lames, longues comme courtes, de son agilité qu'il n'avait eu de cesse d'étoffer. Il voyait aussi les regards des eunuques dans l'armée, leurs reproches silencieux et l'injustice qui se lisait dans leurs yeux noirs. Devait-il se séparer de ses parties génitales pour obtenir le respect de ceux qu'il commandait ? Un rire sec qui agita ses épaules nouées de tension. C'était une idée. Ce n'était pas comme si, il y a un mois de cela, il ne s'y était pas préparé. Maintenant que les choses avaient changé, il n'était pas mécontent de ne pas avoir eu à se mutiler comme le reste de ses congénères. Tant pis pour eux. Tant pis pour Lénora, aussi.

Adolphe soupira et attrapa une serviette pour s'essuyer les mains. Devenu brun comme de la terre humide, le sang s'était incrusté jusqu'à ses épaules, avait éclaboussé son visage et souillé ses vêtements. Il en avait enlevé la majorité, en tout cas sur son visage et ses mains. Pour le reste, il attendrait de rentrer à la maison pour se laver complètement. Il changea de vêtements mais l'odeur de mort persistait sur son derme. La même odeur qu'il avait laissé derrière lui lors de son passage en ville. Sa stratégie reposait sur la simplicité. Il s'était rendu aux établissements où le mécontentement grondait le plus fort. L'accueil des semenciers n'avait pas été chaleureux. En les voyant arriver, ils avaient commencé à geindre, croyant sans doute qu'Adolphe était venu les écouter pour prendre en compte leur opinion. Il n'avait rien dit, les avait laissé parler, avait noté aussi les regards supérieurs que certains portaient sur les membres mâles de sa garnison. Quand il en avait finalement eu assez de les entendre, Adolphe avait ordonné à ses soldats de maintenir les semenciers immobiles pendant qu'il épinglait l'un d'entre eux sur la devanture du bâtiment. Une fois les clous enfoncés dans ses bras et les jambes se balançant dans le vide, il avait arrosé de sang le sol sous ses pieds en étripant l'homme d'un revers de sa lame. Ses intestins s'étaient déroulés sans grâce et avaient libéré leur parfum fétide pour le bénéfice de tous les passants qui avaient le malheur d'emprunter cette rue. Il avait reproduit l'opération une dizaine de fois, jusqu'à estimer que le message était bien passé. Normalement, ils ne devraient plus entendre parler des semenciers.

Quand il fut relativement présentable, le soldat sortit de la caserne. Il ignorait si Placide viendrait. Si ce n'était pas le cas, il irait simplement voir Lénora avant de rentrer. La jeune femme fut chassée de ses pensées quand il vit une silhouette longer le mur. Le halo d'une torche éclaira la blondeur de ses cheveux et Adolphe se sentit sourire. Il avait cru se sentir nerveux en le voyant mais ce ne fut pas le cas, pas après la journée qu'il avait passé. À la place, il se sentait même curieusement léger en apercevant le Lieugrois. Cette entrevue devrait mieux se passer qu'avec les semenciers. Il connaissait assez Placide pour savoir à peu près à quoi s'attendre. Il attendit d'être visible à son tour pour l'aborder. « Placide. » l'appela-t-il. Ses lèvres se décorèrent d'un sourire plus large quand leurs yeux se rencontrèrent. Il attendit que l'adolescent le remette pour enchaîner. « Je suis heureux que tu sois venu. Je pensais que, peut-être, tu avais tourné la page avec tout ce qu'il s'est passé. Marchons un peu, je n'ai pas envie qu'on croise mes soldats. » L'emploi du possessif gomma quelque peu la sincérité de son sourire. Ils n'étaient pas encore ses soldats. Pas encore en tout cas. Peut-être avait-il gagné un peu de leur respect aujourd'hui, il n'en savait rien. Le retour à la caserne s'était fait dans un silence pesant, ce qui lui avait convenu pour ruminer ses pensées.

« Alors, je suis comme tu m'imaginais ? » demanda-t-il alors qu'ils prenaient une rue descendant vers le centre-ville. Il le regarda. « Je connais un endroit où on pourra s'installer sans être reconnus. Mets ta capuche et suis-moi. » Ils marchèrent quelques instants et le brun reprit. « Comment vas-tu ? »

Message II | 1263 mots

Adolphe parle avec Placidou. Il a aussi bien rempli sa journée en assassinant quelques semenciers pour calmer leur ardeur nastae
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Lun 15 Avr 2024, 08:22



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


D’un geste léger, Primaël repoussa une énième lettre de menaces. Un rictus presque amusé étirait sa bouche. Depuis la chute de la dynastie de Narfas, depuis qu’il affirmait porter une voix divergente, nouvelle, ces missives s’entassaient en légions sur son bureau. Il ne doutait pas que les mots s’accompagnaient parfois d’actes ; mais jusqu’ici, il n’avait jamais eu à essuyer la fine ligne tracée par un coup de couteau ou la déchirure causée par un trait de flèche, soit qu’il eût une chance plus inouïe que de coutume, soit qu’Ivanhoë – et peut-être Tamara – fussent trop rapides et efficaces pour déjouer les tentatives d’assassinat à son encontre. Il attrapa sa tasse de thé et y trempa ses lèvres. Le liquide fumant aux parfums de jasmin imprégna sa langue et ses poumons. Il prit une profonde inspiration et regarda par la fenêtre. Au loin, une colonne de fumée noircissait le ciel et faisait rougeoyer la terre. Il se demanda qui s’était porté au-devant de l’incendie, qui y avait péri et qui parviendrait à l’éteindre. Tous les feux finissaient par s’étouffer et le calme par revenir, mais parfois les pertes n’en valaient pas la peine. Le bleu trouvait dans ces violences à la fois joie et tristesse ; joie de voir les choses bouger, d’envisager un nouvel avenir pour sa patrie, d’effacer le passé et d’écrire le présent, et tristesse due aux morts inutiles, à la souffrance ordinaire qui pavait les rues, à la peur et au désespoir qui commençaient à s’ancrer dans les cœurs les plus sensibles. Il fallait agir.

Il se leva, son ample chemise suivant les mouvements de son torse et, sa tasse à la main, quitta son bureau. Il allait recevoir Ivanhoë et Tamara dans le salon. Cette maison-ci n’avait rien à voir avec celle, à la campagne, qui avait accueilli les festivités et l’assassinat de Wesphaline. Plus petite, plus modeste, elle avait avant tout été pensée pour être fonctionnelle. On accédait aux pièces indépendamment les unes des autres et plusieurs cachettes et passages secrets s’y trouvaient. Il avait toujours été clandestin, trop joueur pour son propre bien ; il lui avait toujours fallu penser à toutes les éventualités. Dans le chaos qui régnait actuellement sur Narfas, il avait de temps à autre la sensation que tout lui échappait, qu’il ne parvenait pas à se construire une image d’ensemble de la situation. Cela le déstabilisait.

Il attendit ses invités en réordonnant des livres dans sa bibliothèque. Personne ne viendrait les interrompre. En fin de journée seulement, l’espion qu’il avait envoyé enquêter sur Sextus réapparaîtrait. Peut-être lui donnerait-il aussi des informations sur les deux autres ombres ? Il aurait dû le lui demander. Il avait reçu une lettre d’Herminiette. Il pensa à Garance de Lieugro et à ceux de son peuple. Au jeune Clémentin et au Prince Placide. À Anthonius. Ils n’étaient que des enfants, et il y avait une forme de cruauté à les avoir ainsi plongés dans le monde des adultes. Lui qui n’avait jamais eu d’enfance savait à quel point elle pouvait parfois manquer, et comme on pouvait se montrer immature quand on n’avait pas le temps de grandir.

Quand ils furent tous les trois réunis, il leur proposa des boissons et les servit, avant de s’asseoir dans l’un des fauteuils du salon, suffisamment large pour qu’il pût s’y installer en tailleur. Il réunit ses longs cheveux en une queue de cheval, puis observa tour à tour ses deux amants. Depuis la réception qu’il avait organisée, il n’avait pas cessé de coucher avec Tamara. Il ignorait si Ivanhoë le savait mais doutait qu’il en fît grand cas. Son cœur lui appartenait, mais pour le reste, ils avaient toujours été libres. « Je pense qu’il est temps que cette situation cesse. » commença-t-il. « Il y a trop de dégâts et on ne va nulle part. » Son index dansait sur le pourtour de sa tasse, chassant parfois sa cuillère dans un léger tintement. « De mon côté, j’ai eu le temps de réfléchir, mais j’aimerais avoir votre avis. Narfas a toujours été fracturé, et j’aimerais qu’aujourd’hui, on puisse l’unir. » Il regarda Tamara, puis Ivanhoë. Resterait-il, ce soir ? Il écarta ces pensées déconcentrantes. « Si un seul groupe gouverne, les autres sont insatisfaits, et les décisions prises sont partiales et orientées en faveur du dit groupe. » Il appuya son coude sur son genou et posa son menton dans sa paume. Ses yeux céruléens ne quittaient pas ses interlocuteurs. « J’aimerais instaurer quelque chose de nouveau. Un gouvernement composé d’un représentant de chaque sphère de la société – noblesse, peuple, bourgeoisie, armée, et cætera –, et un gouvernement paritaire, bien sûr. » Répéter les erreurs du passé ne pourrait conduire qu’à la même conclusion. « Il pourrait y avoir une place pour Anthonius. » dit-il à l’intention de la guerrière. « Je n’aime pas les religieux et je pense que le monde se porterait mieux sans eux et tous leurs mensonges, mais je pense que nous perdrions davantage à les exclure d’un tel projet. » Il marqua une pause. « J’ai récemment beaucoup entendu parler d’un certain Sextus. Je crois qu’il appartient aux Trois Ombres. Quelqu’un se renseigne sur lui pour nous. » Pour eux, et pour lui-même aussi. La politique se mêlait parfois au privé. Il devrait savoir faire la part des choses. « Et Herminiette m’a écrit. Elle semble vouloir œuvrer pour la paix, mais j’ignore pour l’instant de quelle manière. Je ne sais pas non plus quoi faire des étrangers. Garance de Lieugro et Lambert d’Eruxul sont loin d’être des idiots, mais j’ai pour l’instant du mal à sonder leurs intentions. Elle m’écrit régulièrement en me partageant des informations récoltées par, j’imagine, ses propres espions. Je sais qu’elle est proche de Gao d’Eésnep, mais je ne sais pas s’ils sont honnêtes, si on peut les croire, et dans tous les cas, je ne pense pas que les inclure dans ce projet d’assemblée soit une possibilité. Les renvoyer alors qu’ils risquent la mort chez eux ne me paraît pas non plus très juste. » Il but. « J’aimerais avoir vos avis sur ces différents points et qu’on en discute. Savoir ce que vous, vous envisagez pour Narfas. Les gens nous associent souvent et je pense que nous gagnerions à ce que cela reste ainsi. » Il les sonda. Il pensait qu’Ivanhoë le suivrait dans tous les cas – à sa connaissance, il ne nourrissait pas d’ambition politique. Pour Tamara, c’était différent. Il inspira. Depuis quelques jours, il avait la désagréable sensation que le temps pressait. Il se sentait presque anxieux ; sur un plateau de jeu, c’était pourtant toujours dans ces moments-là que l’on commettait les pires erreurs.



Message II – 1112 mots


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Seiji Nao
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Seiji Nao
Lun 15 Avr 2024, 18:57





Alangui sur le divan, Marcellin observait les moulures au plafond, les yeux mi-clos. Malgré la saison, les rideaux protégeaient son regard du soleil, le laissant s’abîmer dans les ombres. Percée de rayons un poil trop hardis, la pénombre donnait vie aux arabesques de plâtre. Ici, il lui semblait apercevoir un serpent mordre le fessier dodu d’une biche ; là, une vague montait à l’assaut d’une côte déjà ravagée par ses ancêtres. Un bâillement lui échappa. Se lever avant l’heure du déjeuner ne lui convenait guère : le sommeil lui piquait les paupières. Se passant les mains sur le visage, il se tira les joues de haut en bas, chassant l’indésirable. Par le passé, il avait connu des réveils bien moins enviables, et les petites contraintes de ce genre n’émoussaient en rien ses motivations.

Quelques minutes plus tard, la porte du salon laissa passer la figure défraîchie de Lawine, l’une des servantes du domaine, suivie du joli minois de Pénélope. Le violet vint à leur rencontre, exécutant une révérence amusée à la seconde.

« Ma dame. Bienvenue dans mon humble demeure. »

Sitôt ces mots prononcés, sa main trouva place sur la taille de son invitée. Son pouce lui effleura le menton, presque affectueusement.

« J’ai passé une nuit des plus agitées, mais je suis certain que vous saurez me faire trouver le sommeil. »

Un grand sourire fendit ses traits. Ses prunelles passèrent de la jouvencelle à la mégère qui se tenait toujours sur le seuil. L’acier remplaça la tendresse.

« Qu’est-ce que vous faites encore là ? »

L’air offusqué de son interlocutrice disparut en même temps qu’elle. Il n’éprouvait aucun remords à la chasser de la sorte : si elle se montrait efficace et discrète, il craignait que Lawine n’eût les oreilles tombantes. Marcellin se détourna de Pénélope, venant coller son oreille à la porte ; de petits pas résonnaient dans le couloir, lourds de fureur.

Souvent, le poète invitait des femmes au domaine. L’intimité lui servait à éloigner colocataires et domestiques, et lorsque ses prétextes s’endormaient, conquises par les draps satinés, il s’attelait à ses véritables affaires. D’un geste courtois, il invita Pénélope à s’installer sur le canapé. Il l’avait informée de la mascarade dès leur première rencontre, et elle s’y était gracieusement pliée. Le fait qu’il ne l’eût pas mise dans son lit témoignait du respect qu’il lui portait.

« Merci pour la livraison. Voici le paiement, pour la boutique. »

Le violet laissa la boîte traîner sur la table basse, déposant l’argent dans la main tendue de la jeune femme, avant de s’asseoir à ses côtés. L’amertume du thé lui donnait la nausée, mais l’or vert avait son utilité. Parfois, il en dispersait des sachets dans les poches de ses colombes, par précaution. Aucun ne le trahirait, mais si l’un d’eux survivait à ses activités, la justice réclamerait un coupable, et des indices aussi insignifiants ne manqueraient pas de la mettre sur la voie. Plusieurs commerçants en ville bénéficiaient de ce traitement de faveur.

« Alors, quelles sont les nouvelles ? Je ne suis pas sorti depuis quelques jours ; j’ai été pris d’une furieuse envie d’écrire. Tout ce chaos m’inspire. »

S’il appréciait la créature au teint chocolat, Marcellin ne partageait à personne ses manigances pour rayer Sextus de la carte. Ce n’était pas seulement une question de confiance ; agir seul lui rappelait ses aventures de jeunesse, et frôler le danger tempérait ses ardeurs. Toutefois, le fait qu’elle ne le prît pas pour un fou, et qu’elle continuât à venir, l’incitait à lui donner un nouveau rôle. Lors de leur dernière rencontre, il lui avait donné les adresses de quelques ‘importés’ d’Uobmab, et les noms d'une ou deux colombes lui avaient peut-être échappé : il doutait qu’elle en eût fait quoi que ce soit, mais il fallait passer à la vitesse supérieure.

« À vrai dire, je ne vous ai pas fait venir pour ça. Je voudrais que nous décidions ensemble de la suite. »

Comme s’il déclamait du théâtre, le violet marqua une pause, et se pencha vers la jeune femme. La lumière matinale, confinée derrière les tentures, lui permettait à peine d’apercevoir l’expression de son visage.

« Je n’ai que peu d’alliés dans ce royaume, et personne à qui accorder ma confiance. Je voudrais pourtant vous l’offrir, mais il me reste une question à poser, une question dont la réponse, pour tout vous avouer, me fait peur. Qu’attendez-vous de moi, Pénélope ? »

Laissant aux mots le soin de diffuser leur venin, les doigts de Marcellin vinrent courir sur l’avant-bras de la belle. Son regard s’aventura plus loin, vers sa clavicule, remonta sur ses lèvres, et s’attarda sur le fond de ses pupilles.

« Comme preuve de ma bonne foi, je veux vous confier mon idée. Je manque cruellement d’informations sur ce qu’il se passe au palais. J’avais quelques contacts dans la garde royale, mais avec les manigances de Tamara et de ses filles, la plupart ont pris la poudre d’escampette. Je songeais à écrire au pauvre Anthonius, et à lui proposer un rendez-vous, pour qu’il me raconte ses souvenirs d’enfance avec sa mère, et que j’en fasse une série de poèmes qui n’appartiendrait qu’à lui. Officiellement, du moins. »

Rien ne consolait comme de voir les êtres chers peints à leur juste valeur, plus encore lorsque la mort les arrachait à soi. Bien entendu, le violet avait abandonné son plan : il y avait peu de chances que l’audience lui fût accordée, moins encore sans surveillance. Ses iris ne quittaient pas la jeune femme ; il espérait ne pas s’être trompé. Dans le cas contraire... La tête légèrement penchée, Marcellin ramena sa main vers sa propre cuisse, tapotant du bout des doigts son pantalon de soie.

926 mots | Post II

Rôle:

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Zeryel
Mar 16 Avr 2024, 07:24

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 2 O8bs
Les Portes V ; Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë, l'assassin




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Ivanhoë fit courir son index sur la surface brûlante de sa tasse. Son regard passa sur Primaël pour s'attarder sur Tamara. Au sein de ce triumvirat, il n'y avait qu'une personne en qui il plaçait sa confiance. En apparence pourtant, la Cheffe des Armées n'était pas difficile à sonder. Elle n'en restait pas moins un élément dangereux avec lequel composer. Qu'elle puisse être comptée parmi leurs alliés était rassurant. Il espérait cependant que Primaël ne baissait pas sa garde avec elle, pas même lors de leurs ébats. Ce dernier point l'inquiétait, car il n'y avait rien qu'il puisse faire si Tamara décidait soudain de lui tordre le cou. L'assassin ramena son attention sur l'ancien semencier qui exposait l'ordre du jour. Il hocha doucement la tête pour marquer son assentiment. Rassembler chaque fragment du peuple autour de la même table permettait d'avoir une vue d'ensemble qui faciliterait la gestion du royaume. Tant qu'ils ne décidaient pas de remettre en place les erreurs du passé avec la politique de natalité qui étranglait hommes comme femmes, Ivanhoë ne voyait rien à y redire, mais il n'estimait pas nécessaire de le dire, ce point étant celui qui les avaient mené à œuvrer ensemble.

« C'est la religion qui a influencé les choix de la couronne sur la natalité. Si nous devons les inclure au débat dans le futur, faisons en sorte que la nouvelle Grande Prêtresse et son Grand Prêtre élus aient conscience que cette ère est révolue. Gaspard d'Epilut n'a pas été retrouvé ? » demanda-t-il en se tournant vers Tamara. « Quoi qu'il en soit, il ne doit pas retrouver ses fonctions. Le visage et le cœur de la religion doivent changer, ou disparaître. » asséna-t-il d'un ton sans réplique. « Des échos que j'ai eu, Sextus des Trois Ombres reste attaché aux traditions. S'il ne change pas d'avis, il pourrait être bon de l'éliminer. Tu dis qu'Herminiette t'a écrit, nous pourrons en profiter également pour l'interroger au sujet de son... J'ignore ce qu'ils sont exactement, ou leurs liens. Ils sont rarement vus tous les trois ensemble. » Si le choix n'avait appartenu qu'à lui, Ivanhoë aurait réduit l'ordre religieux à l'état de cendres. Le mal qu'ils avaient fait était irréversible, leurs croyances avaient poussé les hommes et les femmes à l'inhumanité. Lui-même refusait de croire à cette malédiction qui pesait sur les mâles de leur Royaume, et surtout, il estimait qu'elle ne justifiait pas les décisions prises sur cette croyance. Il doutait qu'une quelconque entité supérieure soit penchée sur eux. Il ne croyait qu'au pouvoir, et à ceux qui le maniaient. La religion n'était qu'un outil, une arme mauvaise qu'il convenait d'éradiquer. Toutefois, il comprenait l'approche de Primaël à ce sujet. Pour certains, la foi était tout ce qu'il leur restait.

« Je crois que les Lieugrois sont les derniers de nos soucis. Ils ont besoin de nous. L'inverse n'est pas vrai. Si nous le voulons, dès demain, nous les renvoyons dans le désert. Toutefois, nous n'avons pas de raison de le faire, sauf s'ils nous en donnent une. » Il marqua une courte pause, le temps d'assembler ses idées. Parmi les Lieugrois, il y avait son frère. La seule famille qui lui restait encore, en dehors de ce géniteur resté à Lieugro. Il essaya de ne pas penser à Ludoric, pour se focaliser sur l'essentiel. Cette réunion lui rappelait toutes les autres, sauf que cette fois, ils n'avaient plus à se cacher et leur marge de manœuvre s'était considérablement déployée. « À ce sujet, j'ai intercepté par hasard une curieuse lettre. Son contenu s'employait à faire l'éloge des défauts de Placide de Lieugro, l'accusant de diverses choses. Je m'y suis intéressé de plus près et c'est la fille de Lambert d'Eruxul qui en est à l'origine. J'ai eu du mal à y croire au début, mais je suis formel. J'ignore pour quels motifs elle ferait cela. » En apparence, la jeune fille n'était que douceur et bienveillance, la virulence de ses lettres l'avait étonné et ce point méritait d'être su. Primaël lui, saurait sans doute faire le lien et inclure cette information parmi toutes celles à sa disposition pour parfaire sa stratégie. Il ne restait qu'un point selon Ivanhoë à discuter. « Que faisons-nous de Balthazar ? Naturellement, nous devrions l'exécuter. Il y a un mois, nous aurions pu le faire publiquement, cela aurait été un message aussi fort que la mort de Wesphaline. Désormais, si nous voulons calmer les choses, nous devrions l'éliminer discrètement. » Il fixa Primaël. « C'est ce que nous avions convenu. Ils devaient tous mourir. » Il avait cédé sur Anthonius car le bleu l'avait demandé, mais l'assassin n'aurait pas hésité une seule seconde à tuer le garçon lui aussi. La fille, se corrigea-t-il.

Message II | 843 mots

Ivanhoë papote avec Primaël et Tamara
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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Mar 16 Avr 2024, 09:55

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Les Portes V
Gao



« Primaël reçoit Tamara chez lui. » Gao était assis dans un large fauteuil. Les bras sur les accoudoirs, il fixait son indic’ depuis qu’il était entré dans la pièce. Il resta silencieux mais songea qu’il allait probablement provoquer lui-même la rencontre. Il avait toujours été patient mais son intuition lui murmurait que s’il n’entrait pas dans les discussions maintenant, son futur serait bien moins aisé que prévu. S’il voulait le pouvoir, il devait se montrer sous un jour favorable. Il avait des arguments de poids. Après tout, il contrôlait une partie de la pègre. Son frère dirigeait une autre partie. Ensemble, ils avaient la possibilité de faire régner le chaos ou la paix. En d’autres termes, soit l’armée allait pouvoir se reposer, soit elle allait devoir se démener. « Il y a autre chose. » « Quoi donc ? » « Le fils de Tamara a éliminé plusieurs semenciers il y a quelques heures. La nouvelle a circulé rapidement, puisque les corps ont été cloués à un mur et vidés de leurs entrailles. » Un soupir rapide s’extirpa de la bouche de l’ancien semencier. Son index tapota le bois de l’un des accoudoirs. « Choppez-le. Je pense voir sa mère ce soir. Si les choses tournent mal, je pourrai toujours m’appuyer sur son amour pour son fils pour arranger mes affaires. Puisqu’elle n’éduque pas correctement son rejeton, n’hésitez pas à lui faire comprendre qu’il y a des choses à ne pas faire à la légère. » Comme éliminer des semenciers de cette manière. « Préparez-moi aussi une vingtaine d’hommes. Je vais me rendre chez Primaël, seul ou accompagné de Garance. » Puisque le bleu se prenait visiblement pour l’homme le plus important du Royaume, il allait lui rappeler d’où il venait. La pègre avait un grand pouvoir, si grand qu’elle était jusqu’ici commandée en bonne partie par la tête officielle de Narfas. Balthazar se foutait précédemment de l’avenir de son peuple et avait été bien heureux de ne gouverner qu’en apparence pour pouvoir officieusement vendre son peuple et certaines prises des rapts au plus offrant. « Je pense qu’une discussion s’impose. » Il n’avait échangé aucun mot avec Primaël la dernière fois qu’il l’avait vu. Il aurait peut-être dû. Le temps pressait. Deux possibilités se dessinaient : soit il réussissait à convaincre son ancien amant de l’inclure dans sa vision du futur, soit ils seraient condamnés à se confronter violemment. Dans la dernière hypothèse, l’un d’eux finirait fatalement par périr. Gao caressa sa chemise à l’endroit exact où se trouvait sa cicatrice. Dire que la politique ne l'avait jamais intéressé jusqu'ici...

Lorsque Garance entra dans la pièce, il s’avança vers elle. Il avait commandé de quoi manger et boire. Les boissons ne contenaient pas d’alcool. Il devait rester lucide. « Je suis heureux de vous voir, même si nous allons devoir écourter cette entrevue. » Il ne lui fit pas signe de s’installer. Elle ferait ce qu’il lui plairait. « Il semblerait que Primaël reçoive ses proches alliés chez lui ce soir. Je compte nous inviter à la fête si vous désirez m’y accompagner. » L’informateur ne lui avait pas parlé d’Ivanhoë mais Gao avait déduit sa présence. À moins que les trois s’adonnassent à une coucherie malvenue, ils discutaient fatalement de l’avenir. Les tensions ne cessaient de se multiplier. Si rien n’était fait rapidement, les choses allaient dégénérer plus qu’au moment de la révolte initiale et seraient difficiles à arrêter. Pour l’extérieur, c’était une aubaine. Judas d’Uobmab devait se frotter les mains et attendre bien sagement l’autodestruction de Narfas pour engloutir son territoire avec le reste des Royaumes déjà conquis. Dans tous les cas, s’il s’avérait qu’il fût en tort et que Primaël reçût uniquement Tamara pour le plaisir, ça ne changerait rien. Ils devaient parler. « Je pense que si vous désirez avoir voix au chapitre, c’est maintenant ou jamais. C’est également mon cas. » Même s’ils n’étaient pas dans la même situation. « Les réfugiés de Lieugro sont nombreux dans la capitale. Si nous considérons qu’ils font à présent partie intégrante de Narfas, il est normal qu’ils puissent être représentés par quelqu’un afin que leurs idées soient entendues. Vous en l’occurrence. Néanmoins, je ne sais pas ce que Primaël mijote. » Le bleu était plus pacifique que belliqueux. « Je doute qu’il désire le retour de la Royauté ou de l’Ordre religieux à la tête du Royaume. » Et si Garance voulait absolument régner, elle devrait l’éliminer. Gao n’était pas certain de vouloir la mort de Primaël. De ses mains, ce sort funeste passait. Des mains d’un autre, ce n’était pas une option. « Tamara a beaucoup de faiblesses, à commencer par son fils. Ce n’est pas le cas d’Ivanhoë malheureusement. Il vaudrait mieux l’éliminer si l’occasion se présente. Primaël sera bien plus malléable sans lui. » Il le connaissait. Il avait tendance à aimer à la folie, au-delà de la raison. Ses passions le perdaient totalement. Il en portait la marque.

799 mots
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Mar 16 Avr 2024, 11:21

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Les Portes V
Lambert



La silhouette de Lambert s’activait si bien qu’il semblait avoir perdu plusieurs années d’un coup. Il n’avait pas fait part à Garance de la visite qu’il avait l’intention de rendre au Roi déchu et avait profité de son absence pour s’éclipser à son tour. À présent, il gravissait les escaliers avec une énergie qu’il ne retrouvait plus que lors de ses ébats avec la blonde. Il était tendu. Il savait que son nom figurerait sur le registre. Contrairement à ce qu’il avait fait pour Zébella, une trace y resterait et certains pourraient se demander ce qu’il était venu faire ici. Une fois en haut des marches, ses jambes rendues souples par l’adrénaline qui pulsait dans ses veines malgré lui étant donné la situation, il jeta un œil à ce fameux registre. Il pouvait y voir les noms de tous ceux qui s’étaient rendus à la geôle. Celui de Tamara y figurait plusieurs fois, ainsi que celui de Garance. Contrairement à lui, elle lui avait parlé de ses entrevues avec Balthazar. Il leva les yeux vers le garde. « Le prisonnier semble populaire. » tenta-t-il de plaisanter pour se détendre. L’autre le fixa d’un œil qui n’exprima aucune envie de s’amuser. « Renseignez les champs et signez. » lui dit-il d’une voix sèche. Lambert inspira, de nouveau pleinement sérieux. Une fois qu’il saurait, il renseignerait la sœur de Montarville. Pour le moment, les hypothèses ne faisaient que passer dans son cerveau sans qu’aucune certitude ne s’y inscrivît. La possibilité de l’aveu de ce qu’il avait fait le mettait dans une situation complexe et son estomac lui semblait se comprimer inlassablement. Ce n’était pas la première fois qu’il agissait de la sorte mais il n’avait plus eu à le faire depuis longtemps. Il était pour la paix et le meurtre n’était pas une solution viable pour l’obtenir à ses yeux. Les choses lui avaient échappé. En lui échappant, elles avaient créé des interrogations. Ce soir, il tenterait de les résoudre. « Vous avez vingt minutes. » C’était peu mais il pensait pouvoir s’en sortir. En réalité, tout dépendrait de son interlocuteur car seul ce dernier avait les réponses à ses questions. Voudrait-il les partager ? Surtout, Lambert hésitait encore sur la marche à suivre : attaquer frontalement le cœur du problème ou tenter d’en apprendre davantage en le contournant ? Comme le garde le lui avait rappelé, il n’avait que vingt minutes.

Lambert s’avança jusqu’aux barreaux qui maintenaient l’ancien Roi enfermé. Ce dernier était assis sur une chaise, ses doigts tenant un journal ouvert devant sa poitrine. Ses yeux le parcoururent jusqu’à ce qu’il notât la présence d’un invité. Le conseiller de Montarville l’étudia. C’était spectaculaire. Il avait cru être à-même de savoir en posant les yeux sur lui mais rien ne le guida sur le chemin de la vérité. Il inspira. Il s’était peut-être trompé… Dans la panique de la révolte, il avait cru que… et en fait non. « Bonsoir. » salua-t-il l’ancien Monarque. « Je suis confus de ne pas savoir comment vous appeler. » L’autre lâcha délicatement son journal et observa son visiteur. « Lambert d’Eruxul, n’est-ce pas ? » L’homme eut l’espoir d’en apprendre davantage mais cet espoir fut en partie balayé. « Je regrette que notre première rencontre ait été un véritable fiasco. Le Grand Prêtre et la Reine ont annihilé tous mes efforts pour parvenir à un accord. » Jésabelle en avait également fait mais il ne les mentionna pas. « Pour répondre à votre question, étant donné ma situation, m’appeler Balthazar sera amplement suffisant. » Il se leva et se dirigea au plus près du blanc. Ils se détaillèrent. « Vous semblez troublé. » remarqua l’ancien Roi. Lambert décida de ne pas nier. « C’est vrai. Nous ne nous sommes vus que deux fois depuis mon arrivée mais nos retrouvailles n’ont rien à voir avec notre premier entretien. J’étais en train d’imaginer Montarville de Lieugro à votre place. Cela doit être dur à vivre. » « Assez, bien que je sois mieux traité que la plupart des autres prisonniers. » Le silence retomba, coupé par Balthazar. « La venue des réfugiés de Lieugro a précipité la chute du gouvernement. Néanmoins, je ne vous en veux pas. Ce dernier vivait déjà ces derniers instants. La révolte grondait depuis les bas-fonds depuis trop longtemps. Nous l’avons ignorée et avons fini par en payer le prix, mon épouse la première. » Lambert sentait la confusion monter en lui. « Que voulez-vous ? Car ceux qui me rendent visite veulent souvent quelque chose. » « Eh bien… »

754 mots
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mar 16 Avr 2024, 20:34




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Les iris de Garance parcoururent une nouvelle fois la missive. On lui avait parlé des Trois Ombre, mais ses espions éprouvaient le plus grand mal à réunir des informations au sujet de ce groupe. Elle savait qui le composait – un religieux ambitieux, un poète à la tête de ce qui s’apparentait davantage à des mercenaires qu’à des soldats, et une femme éprise de la science et des oiseaux. Garance n’ignorait pas tout d’elle, mais elle en savait trop peu à son goût. La famille à laquelle elle se rattachait, ses liens avec les deux autres ombres, ses activités, ses projets, ses objectifs. La lettre en dévoilait trop peu. Si elle avait possédé un réseau d’espionnage aussi efficace qu’à Lieugro, elle aurait pu obtenir au moins la moitié de ces informations. La régente inspira et se cala dans son fauteuil. Elle avait dû laisser nombre de gens derrière elle. Certains œuvraient encore pour son compte. D’autres semblaient s’être évaporés dans la nature. Elle ne se faisait aucune illusion : s’ils n’étaient pas morts, ils avaient retourné leur veste. Les jeux de pouvoir s’accompagnaient immanquablement de trahison. La blonde trempa sa plume dans son encrier et entreprit d’écrire :

À l’attention d’Herminiette des Trois Ombres,

Vous rencontrer m’honorerait. Donnez-moi une heure et un lieu qui vous siéent. L’endroit où je réside n’est pas le plus propice aux discussions.

Bien à vous,

Garance de Lieugro

Elle ne comptait pas se priver d’éventuels alliés, même temporaires. Actuellement, elle avait besoin de soutiens. S’il fallait s’en débarrasser voire les éliminer par la suite, elle n’y voyait aucun inconvénient. Et si Herminiette devait immédiatement devenir une ennemie, mieux valait aussi apprendre à la connaître. Toute partie d’échecs supposait d’être capable d’analyser son adversaire, jusqu’à pouvoir prévoir les coups qu’il ne se voyait lui-même pas jouer trois tours auparavant. C’était ainsi que l’on gagnait et que l’on échappait aux périls : l’exil, la souffrance et la mort étaient les risques auxquels consentaient tous ceux qui jouaient avec le pouvoir. Seuls les imbéciles ignoraient que le moindre faux pas pouvait s’ériger en cause de leur trépas. Sa plume entre ses doigts, la Lieugroise fixa le mur qui lui faisait face, avant d’attraper une autre feuille.

À l’attention d’Hermilius de Tuorp,

La dernière fois que nous nous sommes vus, nous semblions pouvoir nous accorder. Je n’ai pas changé d’avis et crois encore que notre union pourrait être fertile. J’ignore ce qu’il en est de votre côté aujourd’hui, si votre situation ne vous permet plus d’envisager notre alliance ou si vous ne comptez plus y consentir. Peut-être suis-je la seule à me languir de cette attente ?

Faites-le-moi savoir en répondant à cette lettre ou ignorez-la. Le cas échéant, je ne vous importunerai plus. Nous ferons comme si notre rencontre n’avait jamais eu lieu et repartirons chacun de notre côté.

Elle paraphrasait volontairement les derniers propos qu’il lui avait tenus lors du bal qui avait acté la chute de Lieugro. Elle ne pouvait pas prendre le risque de signer. Il devait être le seul à pouvoir la reconnaître. Depuis leur discussion, elle était convaincue que cet homme savait lire entre les lignes. Sinon, tant pis. Cela signifierait qu’il ne lui aurait été d’aucune utilité.

Ses prunelles glissèrent vers la lettre de Placide. Sa demande l’avait surprise. Il avait toujours fait preuve de la même faiblesse que son « père ». Qu’il décidât de prendre son destin en mains se révélait étonnant. Si son absence de lien de filiation avec Montarville n’était jamais prouvée, il constituait une menace pour son accession au trône et celle de ses enfants. Peut-être fallait-il le tuer tant qu’il n’était qu’un inoffensif poussin ? Ou le formater de telle sorte qu’il mangeât volontairement dans sa main ? Elle n’avait pas encore pris sa décision. Si Lambert n’avait pas défendu cet adolescent corps et âme, il serait mort depuis longtemps. Elle lui écrivit rapidement qu’elle le recevrait dès que possible.



La régente détailla l’ancien semencier des pieds à la tête, avant de plonger ses iris dans les siens. « Ce bonheur est partagé. » Comme elle s’en était doutée, ses ambitions dépassaient désormais largement celles qu’il avait laissées voir lors de la réception chez Primaël. Un petit sourire ourla ses lèvres. Le chaos avait toujours eu le don de changer les hommes. Il pouvait réveiller le pire comme le meilleur d’eux-mêmes. Il pouvait les rendre fous, avides, démesurés. Seuls des hommes tels que Judas d’Uobmab semblaient passer à travers lui sans en ressortir transformés. Peut-être parce qu’ils l’incarnaient davantage qu’ils ne le subissaient. Elle s’assit dans un fauteuil et croisa ses mains sur ses cuisses, le regard toujours rivé sur son interlocuteur. À l’écouter, Primaël avait dû réunir Tamara et Ivanhoë. Le trio qui avait orchestré la révolution. « Plus malléable ou plus destructible ? » Elle se redressa. « S’il savait ce qu’il voulait faire des miens, il m’aurait sans doute répondu à mes demandes de rendez-vous, ou bien il aurait retourné le peuple contre nous pour nous chasser. » Elle l’avait vu à l’œuvre ; les gens l’écoutaient, l’appréciaient et le suivaient. Ceux qui savaient parler aux foules étaient dangereux. Laisser la bride aussi lâche au bleu aurait été une erreur. « Je rejoins donc votre avis. S’ils se rencontrent maintenant, il est important que nous imposions aussi notre présence. » Elle le sonda. « Dites-moi ce que vous comptez demander et défendre. Vous avez rebondi avec agilité dès les débuts de la révolte, et si je suis bien au fait de votre nouvelle position, nos voix unies pourraient avoir plus de poids sur certains sujets. » La blonde entrelaça ses doigts. « Pour ma part, je souhaite que tous les Lieugrois puissent vivre en paix à Narfas, exercer la profession qu’il leur plaira, se loger sans subir quelque discrimination que ce soit et demeurer aussi longtemps qu’ils le désirent. Vous l’avez dit, ils sont nombreux, et comme garantie, je souhaite intégrer le gouvernement qui sera formé. » Les vérités déguisées coulaient de sa bouche avec facilité. « Voulez-vous jouer franc jeu avec eux ou souhaitez-vous les abuser ? Vous les connaissez mieux que moi. »



Message II – 1021 mots




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Kitoe
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Kitoe
Mar 16 Avr 2024, 22:54

Herminiette
Les portes - Narfas
Bad Omens - THE DEATH OF PEACE OF MIND


Il y avait des soirs où, le temps de quelques secondes à peine, Herminiette regrettait de s’interdire l’alcool. La discipline était pourtant un principe de cœur et d’esprit. Le moment n’aurait jamais été aussi mal choisi pour perdre le contrôle. Le Placard était une pièce exiguë qui faisait office de petit salon lorsque le vrai, adjacent à celui-ci, était déjà occupé. Le grand salon était une très belle pièce, confortable et parfaite pour accueillir des invités. Le Placard n’avait pas ce charme, mais il avait par contre le mérite d’être discret et globalement déserté par les habitants de la demeure. Le grand salon était actuellement investi par Marcellin. La bleue n’avait pas voulu s’y risquer et leur proximité physique n’avait en rien rendu possible une quelconque tactique d’espionnage. L’avantage et l’inconvénient de cette maison était que les murs étaient épais. Il avait été par ailleurs impensable d’envoyer l’un de ses oiseaux à l’intérieur.

C’était en retombant sur l’un des fauteuils qui remplissait la pièce que Herminiette avait fugacement songé à un petit remontant. Elle avait fermé les yeux pour chasser cette idée et s’était intéressée au thé qu’elle avait fait préparer pour l’entrevue. Heureusement qu’elle raffolait de cette boisson, car elle était son seul réconfort pour les mois à venir.

On frappa à la porte. Herminiette se redressa, mais ce n’était que le domestique principal de la maison, Alan-Gui, qui lui remit un courrier. La femme le parcourut rapidement. Sur une feuille vierge, elle indiqua le lieu et l’heure de rendez-vous à la princesse de Lieugro. Il existait ici une dépendance qui ferait très bien l’affaire, et où les deux femmes ne seraient pas dérangées. Elle congédia le domestique. La seconde fois où la porte s’ouvrit fut la bonne.

-Luthgarde.

Sa protégée se présentait tard, mais cela n’était pas plus mal. Ainsi, Herminiette avait eu le temps de traiter une affaire importante. Elle lui proposa du thé.

-Tu as passé une bonne journée ?

Elle s’en fichait. Le plus important était de se montrer aimable et protectrice à son égard. Si elle avait de l’affection pour cette jeune fille, c’était avant tout parce qu’à un certain point, leurs opinions convergeaient.

-Je voulais discuter avec toi.

Et c’était parce que leurs opinions convergeaient et que Luthgarde était jeune, qu’elle devait s’entretenir avec elle. Ça n’était pas la première fois et probablement pas la dernière. La maîtresse de maison tenait à maintenir des points plus ou moins réguliers.

-Nous avions déjà beaucoup parlé lors de notre rencontre. Elle afficha un sourire presque nostalgique, comme une mère considérant sa fille. Encore une fois, sache que je suis heureuse de te compter comme mon invitée sous ce toit. J’espère que les garçons ne t’ont pas causé de tort jusque-là. Si tel est le cas, je te prie de m’en informer absolument.

Elle serra sa tasse fumante entre ses doigts. Le moindre prétexte, et elle les ferait courir à leur perte plus vite qu’ils ne pouvaient l’imaginer.

-Sextus et Marcellin ne sont en aucun cas nos alliés. Herminiette savait qu’elle savait, mais il y avait des choses, dans le jeu des politiques, que l’on ne rappelait jamais assez. Si Sextus cherche à t’entrainer dans ses filets en jouant sur la foi et la spiritualité, préviens-moi. Rappelle-toi que ce n’est que de la poudre aux yeux et qu’il ne souhaite que se hisser au sommet d’une dictature similaire à celle que Narfas vient de quitter. Une dictature où les femmes en pâtiront pour tout ce qu’elles ont fait subir aux hommes. Quant à Marcellin, ce n’est rien d’autre qu’une hermine qui danse autour d’un lapin pour l’hypnotiser et le tuer. Juste pour le plaisir de tuer. Il est le genre d’hermine qui laisse ses cadavres au sol et ne sait créer autour de lui qu’une fosse commune à ciel ouvert.

Si elle avait pu transpercer Luthgarde du regard pour sonder son cœur à la source, elle l’aurait fait. Ses appels à la vigilance n’étaient pas anodins et s’il fallait lui décrire l’odeur que dégagerait son cadavre si la jeune femme venait à tomber entre leurs griffes, alors elle le ferait.

-Quant à moi, je préfère la franchise. Je veux simplement rétablir ce qui est juste.

Elle s’enfonça dans son siège et croisa les jambes. Elle dévisagea Luthgarde. La bleue faisait régulièrement cela avec ses interlocuteurs. Peut-être était-ce indélicat, mais elle s’en fichait.

-J’ai écrit plusieurs courriers aujourd’hui. J’ai indiqué mon soutien à Tamara d'Epilut et Primaël Noyarc, et je souhaite rétablir le calme en m’alliant à eux. Je compte également connaître les aspirations des Lieugro, alors j’ai fait savoir à la princesse Garance que je souhaitais la rencontrer. Je viens de lui renvoyer un message avec la date et le lieu.

Elle était particulièrement curieuse de savoir ce que donnerait cette entrevue. Les deux femmes pouvaient s’associer comme devenir ennemies. Les hypothèses la stimulaient, bousculaient ses idées, donnaient du jeu. Les directions que pouvaient prendre son chemin étaient multiples. Herminiette hocha la tête.

-J’aimerais avoir ton avis sur la situation. Tu as un autre regard que le mien sur Narfas.

Comment était Narfas dans sa tête ? Quel était son avenir ? Quels seraient ses dirigeants ? A quel point Luthgarde forgerait la voie sur laquelle elle s’engageait ? Comme un chêne au retour du printemps, l’arbre de ses probabilités poussait et se ramifiait en une multitude de branches, où seules certaines menaient à une écrasante réussite.

899 mots



Bijin
nastae:
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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Mer 17 Avr 2024, 00:36


Les Portes V

Pénélope suivait en silence la domestique qui devait la mener à Marcellin. Elle était toujours impressionnée lorsqu'elle mettait les pieds dans la demeure des Trois Ombres. Tant de mystères entouraient cette fratrie — en était-ce seulement une d'ailleurs ? Sextus était surement le plus connu du trio de par son appartenance aux Ordres et la position qu'il y avait, surtout aujourd'hui alors que Gaspard était séquestré à l'abri des regards. Souvent la curiosité la démangeait de savoir comment réagirait le peuple s'ils le savaient en vie et toujours au sein du royaume ? Puis la raison reprenait le dessus. Il était mieux là où il se trouvait actuellement. La Religion qui régissait les actions du peuple avait une chance de prendre un nouveau tournant, à condition cependant que ceux autrefois à sa tête soient ne serait-ce que supposé mort. Pourtant, Sextus s'attirerait aisément les faveurs des nostalgiques, c'était une certitude. Avec ceux-là, il serait capable de remettre l'ancien système en place. Ça, Pénélope n'en avait pris conscience qu'en se trouvant à côtoyer Marcellin, donc indirectement ses concurrents. Le cas de Gaspard n'était donc pas à prendre à la légère. C'était également la raison l'ayant poussée à ne pas encore en parler à Marcellin. D'ailleurs la porte qui s'ouvrit laissa entrevoir la silhouette de ce dernier par-dessus l'épaule de la servante. La brune se trouva troublée par la révérence que lui offrit l'homme, ne sachant trop si elle devait répondre de même. « Mon seigneur. » salua-t-elle, rapidement interrompue — tant mieux, songea-t-elle, car elle n'avait pas à s'inquiéter plus de la façon dont elle devait réagir à sa révérence — par celui-ci, accentuant un peu plus le trouble qui s'immisça dans son regard au contact de ses doigts sur sa personne. Elle détourna d'ailleurs les yeux de son hôte, gênée tant par la situation et par ses réactions, focalisant son attention sur la mégère qui lui était bien moins impressionnante. Ainsi, lorsque Marcellin s'écarta, elle put se détendre plus facilement, quoiqu'elle se trouve tout de même déçue de la furtivité de ce contact. Comme elle se dirigea vers le canapé, elle sortit d'un pochon, accroché à la ceinture sur ses hanches, une petite boîte de métal. Cette livraison était un prétexte parmi d'autres pour justifier auprès de ses frères ses visites récurrentes chez le trio sans avoir à dévoiler la véritable nature de son désir de revoir le poète. Il n'était pas aisé d'approcher les Trois Ombres, et si elle pouvait servir d'intermédiaire à Melchior pour étendre son commerce directement jusqu'à eux, alors elle se faisait un plaisir de l'aider. C'était ce qu'elle lui avait suggéré la première fois. Et s'il envisageait la possibilité qu'il ne s'agissait que d'une excuse, il ne lui en avait jamais fait part. Pénélope rangea ensuite le paiement, preuve pour son frère qu'il ne s'agissait pas totalement d'une entourloupe. « La suite ? ». En vérité, c'était surtout le terme "ensemble" qui l'avait marquée. Elle bénit ainsi la génétique de ses parents de lui avoir offert cette couleur de peau, dissimulant de fait la trahison de ses joues prisent d'une bouffée de chaleur. La jeune femme ne s'était cependant pas préparée à la proximité que l'homme initia, des papillons se mettant à s'agiter dans son ventre. Elle luttait cependant pour laisser le moins paraître possible son embarras. Ce devint plus compliqué lorsque l'interrogation tomba, nette et sans fioritures. Pourquoi devait-il craindre sa réponse ? Intérieurement, elle se laissa aller à penser qu'il avait, envers elle, développé un attachement certain. Mais la rêverie n'avait pas sa place pour l'instant. Elle avait conscience que l'avenir de sa relation avec l'Ombre dépendrait de ce qu'elle lui dirait. Or, elle voulait être une alliée sur laquelle il pouvait compter et plus encore dans le meilleur des avenirs. « Anthonius ? » s'étonna-t-elle à sa révélation. Instinctivement ses doigts se posèrent sur la fiole qui côtoyait la monnaie dans son pochon. Il était difficile d'approcher le prince. Mais s'il venait, alors peut-être n'aurait-elle plus à prendre son mal en patience. Elle laissa cette réflexion de côté pour le moment. Il requérait toujours une réponse de sa part. « Je n'attends rien de particulier. Un soutien tout au plus. Je ne dois rien à Narfas. Au contraire. Tamara m'a arraché à mes origines pour me mettre dans les bras d'un homme qui se soucie uniquement de sa personne. Gao ne m'a jamais porté aucun intérêt et jamais il ne m'en portera. » siffla-t-elle cette dernière phrase. Elle avait essayé de l'aimer et de se faire aimer. Elle avait fini par être blasée de son comportement à son égard. Aujourd'hui elle se trouvait finalement à le haïr. De cette pensée, elle reformula sa première affirmation. « En fait, si. Si je devais réellement chercher quelque chose auprès de vous, ce serait cela. ». Elle se risqua à enlacer la main de son vis-à-vis, puisant également en elle la force de se plonger dans ses iris. « Un moyen de montrer à mon frère que l'indifférence n'est pas toujours sans conséquence. ». Et s'il le fallait elle offrirait elle-même sa dépouille au Désert. Elle l'avait déjà fait sans remords. Le meurtre lui avait été plus traumatisant que la dissimulation de celui-ci. Elle ne devait pas s'avancer non plus. Elle avait conscience qu'elle s'épanchait sur des paroles issues de sa colère et son cœur, déjà agité, était à présent dans un véritable état de panique. « Et si vous tenez à vous entretenir avec Anthonius, je peux essayer de m'approcher du palais pour vous. Mes frères ont éclipsé ma personne et personne n'envisage que je puisse avoir une ambition. » commença-t-elle avec une pointe d'amertume. Finalement, elle n'avait jamais été qu'une étrangère aux yeux des Narfasiens. Ce problème mit de côté, son réseau de petites mains qu'elle avait commencé à se constituer serait particulièrement utile pour cette mission. « Je devr– ». Mais Pénélope n'alla pas plus loin dans son développement en entendant les gonds de la porte tourner. Elle relâcha la main de Marcellin — elle avait en fait oublié qu'elle la tenait toujours — en constatant l'arrivée de Sextus. À l'évidence, l'échange allait prendre une toute nouvelle direction pour se faire sur un ton bien différent, et déjà Pénélope se préparait à la joute verbale à laquelle les deux Ombres risquaient fortement de s'adonner. Elle n'aurait cependant pas le rôle d'arbitre dans cette histoire. La Religion l'avait d'abord fait espérer avant de lui donner la plus grande des désillusions. Elle ne pourrait donc se montrer neutre.
©gotheim pour epicode


Post II | Mots 1089
avatar : Astri-Lohne
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| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

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