Le Deal du moment : -40%
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + ...
Voir le deal
29.99 €

Partagez
 

 [Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 430
◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Susannah
Sam 22 Juil 2023, 19:13

[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 3ev7
Les Portes V - Les fuyards
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

« Pas d'or, pas de place. C'est pas la charité ici et j'ai pas besoin d'une autre bouche à nourrir sur mon pont, mon bonhomme. » Zébella sourcilla à peine. Ses mains se posèrent à plat sur la table. Sur le trajet pour arriver à la côte, elle avait enduré des maux de ventre terribles. En dormant à la belle étoile, elle avait maudit le médecin et son abortif qui lui broyait les tripes. Elle n'avait pas l'impression qu'il eut fonctionné. Pour autant, elle ne se décourageait pas. D'autres solutions existaient, et il y en aurait bien une efficace sur le chemin jusqu'à Lieugro. Après tout cela, le refus du marin n'était pas une réponse envisagable. « Alors prenez-moi dans votre équipage. Je ferai tout ce que vous demanderez, je nettoierai votre bateau jusqu'à la cale chaque jour s'il le faut. Vous apprendrez que j'ai pour habitude d'exceller à tout ce que j'entreprends. Et contrairement à ce que vous sous-entendez, je ne serai pas un fardeau. Peut-être même que vous voudrez me gardez après ce trajet. » Le capitaine éclata de rire et son second, plus réservé, s'autorisa un mince sourire. Il déplia sa jambe appuyée contre le mur pour se rapprocher. « Cap', le gamin peut prendre la place du mousse. Depuis le temps que le nôtre l'est, il a eu l'temps d'avoir plein de poils lui pousser sur la tartine à la place de ses boutons. Y's'ra content de passer matelot, ce serait mérité. » « Mouais. Tu t'y connais en noeuds ? » « Bien sûr. » Mentit Zébella, jubilant intérieurement. « Bien sûr, Capitaine. » La corrigea-t-il. « Prends tout de suite le pli parce que la prochaine fois que t'oublies, je te ferai frotter le pont si fort et si longtemps que ce sera avec ton sang que tu le briqueras. » Zébella serra les dents. « Bien. Capitaine. » « Ah, et tu s'ras pas payé par contre, je veux d'abord voir si tu vaux plus qu'un hamac et un bol de graillon par jour. Sois sur le quai demain avant l'aube avec tes affaires et tu demandes le second, Rif', pour te rendre utile. » Ravalant sa fierté avec difficulté, elle le remercia et disparut prestement pour se trouver un recoin dans une ruelle où passer la nuit. Elle quittait le pays et cela seule la retenait de ne pas retourner secouer l'homme pour le ton insultant avec lequel il l'avait reçue. S'il savait, il s'en soulagerait dans ses chausses. Probablement. En tout cas, l'image l'aida à retrouver une forme de paix intérieure.




Son dos claqua violemment contre le plancher et chassa tout l'air de ses poumons. Comme un poisson, Zébella hoqueta péniblement dans une quête douloureuse d'oxygène. Des rires fusèrent. « Ce sera pas la dernière, va ! » « On a parié avec l'équipage le nombre de fois qu't'allais tomber avant de maîtriser l'truc. Calvin pense que tu vas goûter au plancher au moins cent fois ! » Le marin ricana et cracha un jet jaunâtre qui lui chatouillait la gorge par dessus la rambarde. Le dénommé Calvin tendit une main vers la bleue pour l'aider à se relever. « T'es petit, c'est vrai, mais t'es trapu, ça aide pas à chopper l'truc pour l'équilibre là-haut. Ça s'maîtrise pas en un jour. Trois semaines, ça m'a pris quand j'étais aussi jeunot qu'toi. » Les sourcils froncés, Zébella ignora la main tendue et se releva par ses propres moyens. « J'y arriverai en moins de temps. Sans même forcer. » Assura-t-elle. « C'est ça ouais, je me rase la moustache si t'y arrives. » Elle le fixa et un sourire étira lentement ses lèvres. « Raison de plus d'y arriver alors, ça ne te va absolument pas. » « Petit insolent... Reviens ! » Avec un rire, Zébella avait glissé sous la couronne des bras tentant de l'attraper et avait sauté dans les cordages. Vivement, elle s'éleva de quelques mètres et prit le temps de s'arrêter pour tirer la langue au marin. Le juron reçu en réponse lui arracha un nouveau rire que le vent attrapa. En quelques jours, elle avait appris plus d'insultes colorées qu'en plusieurs années à Uobmab.

La mousse reprit sa progression verticale. D'un bond, elle se lança au dessus du vide pour se percher au gréement et atteindre ensuite le nid de pie. Ses doigts manquèrent d'un cheveu sa prise et elle sentit avec horreur la gravité aspirer son corps au sol une nouvelle fois. Les paupières crispées pour se préparer au choc, un cri au bord des lèvres, elle s'effondra non sur le plancher rugueux de sel mais sur un corps mou. En grognant, elle se dépêtra de son matelas providentiel en maugréant et se remit sur ses pieds. « Pardo- » Son excuse mourut sur ses lèvres lorsqu'elle découvrit le visage de l'homme. Elle pâlit et la consternation l'envahit comme une marée toxique. Elle n'en avait pas été sûre l'autre fois, elle avait prié avoir mal vu. L'équipage se mêlait peu avec les passagers, mais de loin, elle avait cru reconnaître les traits de l'ancien Chef des Armées Lieugroises marcher jusqu'à la proue. Dans la panique, elle avait rebroussé chemin et avait mis autant de distance que possible avec le brun, se trouvant une occupation dans les cales à enrouler des cordes. Là, ses mains abimées par les tâches ingrates qui échouaient au mousse s'étaient encroûtées du goudron incrusté dans le chanvre et elle s'en était tartiné les joues. À moins de se passer la brosse dure qui servait à décrasser le pont sur le visage, les traînées noirâtres mettraient longtemps à s'estomper et elle espérait que cela suffirait à masquer son identité, s'il ne l'avait pas déjà repérée.

Par réflexe, elle saisit l'ourlet de son bonnet en laine épaisse gagné lors d'un pari avec l'équipage et le baissa jusqu'à masquer ses sourcils. « Pardon. » Marmonna-t-elle en exagérant la gravité de sa voix. La peur lui tenaillait les tripes. Son déguisement ne tiendrait pas deux secondes face à un examen poussé de sa part et elle riva ses yeux au sol, espérant lui dissimuler son visage. Qu'est-ce qu'il fabriquait ici ? Était-il envoyé par Garance pour la traîner enchaînée à Narfas ? Bredouillant une occupation inintelligible au caractère terriblement urgent à laquelle elle devait retourner, la fuyarde trébucha en arrière, prête à détaler comme un lapin.

Message I | 1111 mots


[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 7qoc
Merci Jil  [Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 009 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38908-susannah-daeloran#7
Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 283
◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
Lyz'Sahale'Erz
Mer 23 Aoû 2023, 21:13



Les portes : Les fuyards



Couché sur mon lit de fortune, ma main vint rejeter mes cheveux en arrière, de mon front à mon crâne. J’inspirai et, après quelques secondes de battement, relâchai la pression en un soupir bruyant. La sueur de l’anxiété mouillait légèrement mes tempes. Je savais qu’il était bien trop tard pour reculer à présent. Garance n’était pas le genre de femme à pardonner. Mon regard se tourna vers la silhouette allongée à mes côtés. Retourner à Narfas en prétextant avoir poursuivi le ravisseur d’Alembert n’était pas une option. Il savait que c’était moi. Je lui avais administré assez de drogue pour assommer un cheval. Sa mémoire serait floue et inconsistante mais, au moindre doute, à la moindre parole, sa mère n’hésiterait pas à me faire pendre. La régente n’avait actuellement aucun pouvoir mais je ne pouvais écarter le fait qu’elle le retrouvât. Elle était à la fois intelligente et venimeuse. Je devrais m’enquérir des nouvelles de Narfas. Celles de Lieugro m’étaient également indispensables. Merlin n’était pas âgé et avait pu voir le trône lui échapper. Alembert représentait une monnaie d’échange mais sa valeur dépendait de la personne qui se trouverait en face de moi. En se laissant ridiculiser par les têtes dirigeantes de Narfas et en me parlant sur le ton qui avait été le sien, Garance avait perdu ma fidélité. J’espérais qu’elle se ferait tuer dans la capitale soi-disant alliée, Lambert avec elle. Ma main se déplaça doucement pour toucher la peau du brun. Ezidor avait dû tirer son épingle du jeu. Il le faisait toujours. Ainsi, s’il était devenu plus important qu’avant, je pourrais peut-être lui fournir le jeune homme. Encore intact, il saurait nourrir son désir. Il suffirait de le livrer inconscient, ou presque, et faire une proposition que le vieux médecin ne serait pas susceptible de refuser. Il violait toujours seul mais nous avions beaucoup travaillé à deux. Certaines pratiques pouvaient changer. Il aimerait sans doute coopérer plus profondément. Restait la question d’Irène. S’il persistait dans sa folie d’épousailles, nos routes devraient se séparer. Je le tuerais, parce qu’il était hors de question qu’il me remplaçât par n’importe quelle noble aux idées folles. Je droguerais cette chienne et la ravagerais tellement qu’elle serait méconnaissable.

Je finis par me lever pour marcher, dans un état similaire. Un mouvement ne tarda néanmoins pas à me sortir de mes pensées. Une masse s'écrasa sur moi. Je maîtrisai ma chute comme je pus. Une fois la surprise du choc passée, je fixai le garçon d'un œil qui devint vite intéressé. Ce n’était pas son visage qui me tentait mais bien autre chose. Depuis que j’étais sur le navire, je n’avais déchargé aucune de mes pulsions. Dans cet entre-deux où l’angoisse ne cessait de me perturber, j’avais besoin de me détendre. Un mousse ne manquerait à personne. Personne ne le croirait, qu’importât ce qu’il se passerait. Je n’aurais qu’à nier. J’étais passager, ce qui me plaçait au-dessus du personnel, surtout du petit personnel. J’avais navigué dans les eaux des moins que rien. Noble de naissance, la drogue m’avait poussé à côtoyer le bas peuple. J’avais alors compris à quel point certains n’avaient aucune valeur. Je l’avais compris à mon détriment, durement. Aujourd’hui, alors que je m’apprêtais à quitter pour toujours les valeurs que j’avais réussi à maintenir jusqu’ici, je ne pouvais plus m’apitoyer sur le sort des nécessiteux. Le Chef des Armées de Lieugro le pouvait, parce qu’il était droit et juste. Mais je n’étais plus cet homme-là. J’avais violé la régente et lui avais arraché son fils unique avant de m’enfuir. La peine de mort, du fait de ma traîtrise, me pendait au nez. La peine de mort pour moi, le viol pour le mousse. Chacun avait ses propres problèmes. Je pensai à Alembert qui m'attendait, toujours inconscient. D’après mes calculs, il resterait ainsi encore plusieurs heures. Il me suffisait de veiller à lui administrer du produit par doses, à l’aide de seringues. Autrement dit, je pouvais laisser son corps inconscient sans surveillance un moment. Il fallait simplement qu’il restât en vie et reconnaissable.

« Attends. » Ma voix avait recouvert la sienne, écrasant ses bredouillements. Je lui attrapai le poignet en me relevant pour le retenir, faisant fi des douleurs dues à cette rencontre fracassante. Mes yeux sur son visage, je tiquai. Il me rappelait quelqu’un sans que je ne parvinsse à savoir qui. Ce mousse était sale. Il me faudrait peut-être le laver avant de m’introduire en lui. Dès que la drogue serait ingérée, j’aurais le temps. Il me fallait simplement détourner son attention. Une fois sa confiance gagnée ou son regard fixé ailleurs, je pourrais introduire dans sa chair l’une des seringues dévolues à Alembert. J'eus une idée. « Mon compagnon de route ne se sent pas bien depuis le début du trajet. » Je jetai une œillade vers là d'où je venais. « Je n’ai toujours trouvé personne pour l’ausculter. Je ne sais pas quoi faire. Peut-être que tu pourrais m’aider ? Regarder si tu vois des symptômes d’une quelconque maladie qui se propage sur les navires ? Il est mal en point... et... j’ai de quoi payer. » Une fois qu’il me suivrait et se pencherait sur Alembert, j’enfoncerais l’aiguille dans sa peau. Ce serait plié.

823 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38027-lyz-sahale-erz
Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 430
◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Susannah
Jeu 24 Aoû 2023, 19:02

[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 3ev7
Les Portes V - Les fuyards
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

La main s'abattit sur son poignet comme une menotte d'acier et Zébella dut lutter contre son instinct primaire pour ne pas se dégager et lui envoyer son coude dans le nez avant de prendre la fuite. La panique chatouillait ses muscles et gonflait son adrénaline. Il avait dû la reconnaitre. Elle pesta intérieurement. Il n'y avait nulle part où s'échapper et il était exclus de surpasser le soldat pour le faire passer par dessus bord. Même Ludoric avait eu le dessus sur elle, et il n'avait pas l'expérience de Childéric. Elle se figea à la suite de ses mots. « Quoi ? » Se pouvait-il que ses artifices aient fonctionné ? La princesse se risqua à le regarder en essayant de gommer toute inquiétude de ses traits et de n'arborer qu'un air surpris mâtiné d'innocence. « Euh... » Sa matière grise crépitait tant que de la fumée allait finir par sortir de sous son bonnet. Refuser d'accéder à sa demande risquait d'éveiller ses soupçons, mais accepter augmentait les risques qu'elle se trahisse. Et de quel compagnon parlait-il ? Avait-il demandé à un soldat sous ses ordres de l'accompagner dans sa chasse ? Combien étaient-ils au juste à la traquer ? Elle maudit Garance et tous ses petits larbins. Son père s'était montré trop clément en leur offrant une porte de sortie. La leçon était retenue. La prochaine fois, elle exterminerait toutes les têtes du pouvoir en place sans laisser de place pour la négociation ou le salut. « Ouais, d'accord. » finit-elle par dire en prenant soin de ne pas articuler. Il suffisait d'expédier la chose en prétendant devoir aller chercher le marin qui faisait office de soigneur sur le bateau après avoir jeté un coup d'oeil au malade et elle filerait hors de sa vue.

L'optimisme avait toujours été une des meilleures armes de Zébella. Elle avait découvert assez tôt que le doute et le manque de confiance esquintaient ses performances, alors elle avait cultivé son ego et son assurance, en avait fait ses ailes pour la conduire au sommet, plus haut même que ses capacités ne laissaient parfois présager. En cet instant, la bleue ne participait à aucune course, mais elle avait confiance en elle pour se sortir de cette situation épineuse avec un brio digne de la championne d'Uobmab. Elle se laissa même aller à s'imaginer plus tard à se gausser seule dans son hamac du tour qu'elle aurait joué au Chef des Armées. Elle était là, sous son nez, et il ne le voyait même pas. C'était trop cocasse, et il y avait de quoi la dérider jusqu'à leur destination. Et une fois à Lieugro, elle ordonnerait aux escouades d'Uobmab de s'emparer du chien de chasse des Lieugrois et ses petits compagnons pour les exécuter sur une place publique. Elle enverrait leurs têtes à Narfas. Ce serait le début de ses représailles. Eux vivants, jamais elle ne saurait se sentir en sécurité à Lieugro. Ce n'était que du bon sens de les tuer tous. Elle songea à Lambert. Sans doute regretterait-il alors de l'avoir encouragée à partir. Sans doute aurait-il mieux fait de s'opposer dès le départ à son kidnapping aussi. Elle le chassa de ses pensées avant qu'il ne les trouble trop. Mieux valait se concentrer sur le présent, elle aurait tout le loisir ensuite de réfléchir à tout cela.

Ils étaient arrivés à la cabine. Assez petite pour y entrer sans avoir à se baisser pour passer la porte, Zébella pénétra dans l'étroit réduit à peine éclairé par un minuscule hublot. « Je suppose que c'est le mal de mer, c'est courant parmi les passagers. Il ne faut pas qu'il reste confiné à l'intérieur, ça ne fera qu'empirer son mal. » C'est ce qu'elle avait entendu l'équipage dire aux passagers souffrants. Elle-même n'en souffrait pas, naturellement. L'homme allongé ne bougea pas à leur entrée et Zébella fronça les sourcils. Peut-être dormait-il ? Childéric avait mentionné une maladie potentiellement contagieuse. Malgré cette éventualité peu séduisante, elle s'avança courageusement et les traits de l'homme inconscient lui apparurent. Un hoquet de surprise lui échappa. Qu'est-ce qu'Alembert fabriquait ici ? « Qu'est-ce que... » Sa voix avait reprit ses tonalités aigues, prise en traître par le choc et elle toussa. Que signifiait la présence du fils de Garance sur ce bateau ? Se pouvait-il que Childéric ait finalement changé d'avis ? Pourquoi ne lui en avoir jamais parlé toutes ces fois où il l'avait surveillée ? Avec autant de questions dans la tête qu'un hérisson avait d'épines, elle fit volte-face et ne dut qu'à son équilibre de ne pas écraser le malade de son séant. « Il vous a fallu tout ce temps pour déchiffrer le mot que je vous avais envoyé ou est-ce que vous avez fini par comprendre que c'était la meilleure option qui s'offrait à vous ? » Il n'y avait plus rien du mousse dans son attitude. Ses épaules rejetées en arrière gainaient son dos et elle arracha d'un geste son bonnet. Les boucles collées entre elles par la sueur retombèrent pour encadrer son visage. Malgré la saleté, elle leva un regard impérial sur le soldat. Cette stupide cabine devait lui donner l'air plus grand et imposant qu'il ne l'était réellement mais elle ne se laissa pas démonter pour autant. « Ou est-ce une manigance de Garance pour venir assassiner mon frère ? Non. Elle n'aurait pas risqué ainsi la vie de son fils. »

Message II | 949 mots

Si elle savait à quel point elle est sur le fil du rasoir 8D


[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 7qoc
Merci Jil  [Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 009 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38908-susannah-daeloran#7
Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 283
◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
Lyz'Sahale'Erz
Dim 27 Aoû 2023, 16:19



Les portes : Les fuyards



Alors que mes pas frappaient le sol, mon esprit était divisé en deux pensées bien distinctes. L’une d’elle m’envoyait les images de son corps inconscient et livré aux caprices de mon bassin. J’avais hâte d’y plonger et de me défaire de mes frustrations. La sensation de l’avoir déjà autour de moi me rendait l’attente d’autant plus insupportable. L’autre, en revanche, continuait sa recherche. Son visage me disait quelque chose, je n’en démordais pas. Je remarquai qu'il était petit pour un homme, malgré le fait que ce fût un adolescent. L’avais-je déjà croisé ? Si oui, où ? Un mousse… Il était trop jeune pour avoir pu faire partie de l’armée de Lieugro et effectué une reconversion. Il ne me semblait d’ailleurs pas que ce fût un accent de mon Royaume. Une figure que j’avais croisé à Narfas ? Elle ne m’aurait pas autant marqué. Quelque chose clochait et venait ternir la jouissance propre à l’orchestration de mon crime. Quand il serait inconscient, je l’ausculterais de plus près. Si la marque d’Ezidor marquait son fessier alors je saurais. Si elle était absente, il me faudrait chercher d’autres pistes.

Je fronçai le nez lorsque la surprise rendit sa voix plus aiguë. Je connaissais cette voix. Je l’observai, mon regard étudiant précisément son anatomie. Ce pourrait-il que… ? Mais comment ? Mon excitation retomba directement lorsque je devinai. Mon désir aurait pu augmenter à l’idée de prendre une Princesse mais ce ne fut pas le cas. Si elle était ici, habillée en garçon, à rabaisser son rang en prenant les traits d’un mousse, c’est qu’elle était en fuite. Si elle était en fuite, c’est que quelqu’un l’avait aidée à s’enfuir. Qui ? Un début de sourire germa sur mes lèvres, faisant vibrer leurs commissures. Garance avait peut-être essuyé plus d’une traitrise en quelques jours. Quand elle reprit la parole, le doute ne fut plus qu’une histoire ancienne. Elle savait. Je savais. Nous étions tous les deux dans ma cabine, l’un en face de l’autre, la conscience d’Alembert engluée quelque part au lointain. Tout ceci était risible, tellement que c’en était inquiétant. Si elle était montée sur ce navire, cela signifiait qu’elle était elle-aussi en route pour Lieugro. Pourquoi faire ? S’allier à son frère ou le faire tomber ? Il n’avait, après tout, visiblement pas chercher à l’aider. Avait-il cherché à le faire un jour ? Les Uobmab n’étaient pas réputés pour s’aimer entre eux. Marche ou crève les définissait bien mieux. « J’aurais sans doute été plus rapide si vous l’aviez signé de votre prénom au lieu de griffonner un simple U. Je ne suis pas disposé à servir chaque Uobmab aveuglément. » Elle comprendrait ce qu’elle aurait envie d’entendre. Il me fallait être prudent. Si elle rejoignait son frère, il valait mieux ne pas lui laisser entendre que je pourrais désirer le tuer. Si elle voulait le confronter, il valait mieux ne pas lui laisser supposer que je pourrais tenter de m’allier à ce dernier. Je voulais simplement pouvoir rentrer à Lieugro, jouir d’un poste similaire et régler le problème Ezidor. Mon regard vogua vers Alembert. En fonction de la suite, il me serait d’une utilité ou non. Que valaient le fils de Garance et la fille de Judas aux yeux de Merlin ? Lequel préférerait-il obtenir ? Et si je lui livrais les deux sur un plateau ? La seringue était prête, il ne me suffirait de rien, de quelques mouvements. Je la savais forte mais elle n’était pas au meilleure de ses performances. Le voyage et l’immobilisme l’avaient amenuisée. Je pouvais les emprisonner tous les deux ou… m’allier avec elle. Plusieurs débuts de propositions glissèrent sur ma langue sans que je ne les prononçasse pour autant.

Je fis quelques pas vers Alembert. « Il est inconscient. Je voulais vous attirer ici. » lui annonçai-je. « Sa mère n’est pas au courant qu’il est avec moi. Elle n’est pas non plus au courant de ma position. » Un sourire vague se manifesta sur mon faciès. Je tournai le regard vers Zebella. « Garance m’a aidé jadis mais… disons qu’il était temps que nos chemins se séparent. » J’aurais dû tuer tous les narfiens présents lors des négociations. Elle aurait dû m’en donner l’ordre. Mes doigts se seraient enfoncés dans la gorge de chacun d’eux sans aucune hésitation. Je me montrai plus précis. « Les figures dirigeantes de Narfas désiraient utiliser nos femmes comme poules pondeuses en échange de leur aide. Cela n’aurait tenu qu’à moi, je les aurais tous tués. » J’étais on ne peut plus sérieux. En tant que Chef des Armées, je me devais de protéger les miens. Ce n’était pourtant pas uniquement pour ça que j’étais parti. L’ombre d’Ezidor m’appelait et le ton sur lequel Garance s’était adressé à moi après que j’eus assommé l’envoyé de la Reine avait fini de briser mes chaînes. À présent, je n’étais plus Chef des Armées. Je ne devais plus protection à personne. « Et vous ? » l’interpelai-je. « Allez-vous ordonner mon arrestation une fois les pieds posés sur le sol de Lieugro ou avez-vous une proposition à me faire ? » Je songeai à la seringue qui attendait toujours.

845 mots
Deviendront-ils les meilleurs amis du monde ? [Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 2289842337
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38027-lyz-sahale-erz
Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 430
◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Susannah
Dim 03 Sep 2023, 20:55

[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 3ev7
Les Portes V - Les fuyards
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

Marcher sur des oeufs n'avait jamais été le fort de Zébella. Qu'importait si ces derniers renfermaient des dragons ou du vent quand ses talons les écraseraient ? Elle laissait la délicatesse et la voltige aux danseurs et au cirque. Les sous-entendus, tourner autour du pot, valser avec les non-dits, tout cela n'était que perte de temps. Elle préconisait plutôt de secouer vivement le prunier, ou le sectionner directement. Selon elle, le pouvoir résidait dans les mains des décisionnaires réactifs qui savaient jongler avec les erreurs que cela supposait et tiraient profit de chaque situation. Qu'on passe une décennie ou une heure à l'élaborer, aucun plan n'était infaillible. Mieux valait donc concentrer ses efforts sur l'optimisation des choix à un moment donné sans se perdre dans des estimations futures ou passées qui ne faisaient que complexifier inutilement le problème et empêchait d'avoir une vue d'ensemble. En d'autres termes, Zébella n'aimait pas se casser la tête.

À la lumière de ses explications, elle vit Childéric sous un jour nouveau. Il lui arrivait d'oublier que les sous-fifres, aussi haut soient-ils dans la hiérarchie, puissent avoir une opinion. Sans doute Garance avait-elle souffert du même aveuglement. Un petit reniflement salua l'information révélée sur les intentions de Narfas. Jésabelle s'était bien gardé de lui rapporter ce détail durant leur entretien. « Ces chiens. Je comprends mieux l'orientation qu'a pris l'examen médical à notre arrivée. » Elle en tut le diagnostic, préférant jouer d'un seul instrument à la fois. Celui face à elle lui occupait déjà pleinement l'esprit. Sur un soupir, la princesse repoussa les jambes d'Alembert pour s'asseoir sur le lit, abandonnant toute posture défensive. Elle n'était pas suffisamment étouffée par son propre ego pour ne pas reconnaître qu'il était plus fort qu'elle. S'il voulait la tuer, il le ferait, qu'elle se défende ou pas. Mais il ne l'avait pas fait et cela en soit était révélateur.

Son regard se leva sur le sien. La question qu'il lui posait n'en était pas une, mais la bleue y reconnut une ouverture à la négociation. « Vous me demandez de choisir entre votre pendaison ou une alliance. Me pensez-vous si stupide pour répondre autrement qu'avec une proposition ? Pourtant, je ne peux nier avoir envisagé votre arrestation, ni que je continue d'y songer. » Ses doigts pianotèrent impatiemment son genou. « Néanmoins, la situation appelle à davantage de réflexion. Je me suis peut-être trompée sur votre compte. » Ou peut-être pas. Elle pencha la tête sur le côté. « Que feriez-vous, à ma place ? » Elle se fendit d'un sourire amusé. « Vous pouvez considérer cela comme le premier conseil d'un conseiller si vous souhaitez me prêter votre bras. Car c'est de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas ? Alors que préconiseriez-vous ? Réfléchissons ensemble à votre cas. Pour résumer, vous venez de tourner le dos à Lieugro, ce qui rend votre loyauté franchement douteuse. J'aurais des difficultés à vous accorder ma confiance. Et en vérité, ce n'est sans doute pas ce que vous voulez de moi. Soyons honnêtes et mettons sur la table ce que nous voulons. Peut-être quelque chose de bon en sortira-t-il pour nous deux. Que voulez-vous ? Retrouver vos fonctions à Lieugro ? Devenir riche ? Des femmes dans votre lit ? Du pouvoir ? Peut-être même le trône pour vous-même ? » Zébella s'accouda sur le De Lieugro inconscient dans son dos comme pour échanger plus confortablement ces confidences. « Je sais ce que je veux. Je veux mettre un terme au règne de mon frère, et à sa vie par la même occasion. Trop longtemps, son ombre a empoisonné mon existence. Pour le trône, ça reste à voir. Mon père nous l'a donné mais je ne veux pas de ses miettes. Je veux mériter ce que j'obtiens. Si je me contente de ce qu'il me donne, de quoi aurai-je l'air ? Je ne pourrais même plus me regarder dans un miroir car ce n'est pas ainsi que j'ai été éduquée. De plus, si je dois devenir reine, ce sera d'un empire, comme lui. Je ne me contenterai pas de cette petite province. Est-ce que vous avez l'esprit de compétition et de conquête, Childéric ? Vous n'êtes pas trop vieux, vous devez encore vouloir faire quelque chose de votre vie, non ? »

Message III | 753 mots

Seulement s'il accepte de faire un bras de fer avec elle 8D


[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 7qoc
Merci Jil  [Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 009 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38908-susannah-daeloran#7
Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 283
◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
Lyz'Sahale'Erz
Jeu 05 Oct 2023, 19:09



Les portes : Les fuyards



Mes yeux allèrent trouver les siens. Assise sur le matelas, la Princesse en fuite semblait avoir abandonné l’idée de me confronter physiquement. J’allais attendre d’entendre ses mots et, en fonction, je m’assiérais à ses côtés ou utiliserais ce que j’avais préparé. « Nous songeons tous les deux à éventuellement nous débarrasser de l’autre dans ce cas. Classique. » Je lui souris, tout en me demandant ce qu’elle pensait de moi. Comment me percevait-elle ? Assurément comme un traître. Néanmoins, les périodes empruntes de tragédies étaient l’occasion de reconfigurations. Je servais précédemment le Roi Montarville de Lieugro. Il avait su apprivoiser les volutes sombres qui entouraient mon cœur. Elles n’avaient jamais cessé d’être là mais j’avais toujours réussi à les contenir. Puis, le retour d’Ezidor et la chute du Monarque avait ébranlé mes défenses. À présent, je n’avais plus de cause juste à servir. Je n’avais jamais appris à être livré à moi-même. Que je fusse entre les mains du mal ou du bien, celles-ci m’agrippaient et me contrôlaient. J’avais besoin d’un pilier, quelqu’un sur qui m’appuyer pour exister. « À votre place ? J’accepterais un compromis ou, du moins, je ferais mine d’accepter. Je ne serais pas assez rassuré pour repousser une proposition dans ces conditions. » Je l’écoutai et me permis quelques commentaires. « En effet. » Je ne voulais pas obtenir sa confiance, c’était une certitude. La confiance s’acquérait sur la durée et la donner à n’importe qui était preuve de bêtise. Avais-je un jour fait confiance à Ezidor ? Je n’en étais pas certain. Je l’avais admiré, aimé, idolatré… j’avais eu besoin de lui et j’avais bu chacune de ses paroles comme un assoiffé mais peut-être que, au fond, je ne lui avais jamais accordé ma confiance. Notre histoire était au-delà de ça. Faisais-je confiance à mes sœurs ? Non. Faisais-je confiance à Adénaïs ? La réponse s’approchait davantage d’un oui, bien que je susse qu’elle avait tendance à se saborder elle-même. Qu’aurait-elle été capable de faire, en plus de ses refus incessants, pour nous empêcher d’être ensemble ? Si je lui avais révélé plus d’informations, s’en serait-elle servie pour me repousser davantage ?

Je ne répondis pas lorsqu’elle me demanda ce que je désirais. Le fait qu’elle m’exposa ses volontés sans attendre m’arrangea. J’écoutai. Ses dires ne me surprirent qu’à moitié. Uobmab n’était pas réputé pour aimer partager. Je ris à sa dernière question. Du haut de son adolescence, elle était emplie de certitudes et ne s’embarrassait pas de son ignorance. J’inspirai et me déplaçai pour m’asseoir à côté d’elle. Alembert était la dernière de mes préoccupations pour le moment. Je me penchai légèrement en arrière, en appui sur mes bras tendus, les mains à plat sur le matelas. « C’est vrai que ma vie a été plutôt minable jusqu’ici. Être Chef des Armées est vraiment une chose donnée à tout le monde. » Je la regardai et lui souris, étrangement taquin. « Bien sûr, j’aimerais garder un poste similaire mais ce que je veux vraiment va vous paraître insignifiant. Je veux le Docteur Ezidor de Xyno à quatre pattes devant moi. » Mon sourire avait viré différemment, plus sombre. « Une fois que je l’aurai, je verrai. J’ai besoin d’avoir quelqu’un au-dessus de moi, quelqu’un qui sera habité par des valeurs dans lesquelles je me reconnaîtrais. » Des valeurs qui pourraient contenir la perversion. J’y croyais encore, même si les ténèbres me pressaient de plus en plus. Certaines pulsions me rendaient instables. J'avais toujours envie de la violer. Je fermai les yeux deux secondes le temps de me reprendre et les rouvris, convaincu par ce que j’allais formuler. « Je ne veux pas servir un ou une opportuniste. Je veux servir quelqu’un qui verra l’intérêt de ses sujets avant les siens. En somme… je peux vous aider à tuer votre frère. Si vous voulez être Impératrice, je pourrai aussi vous aider mais uniquement si vous êtes droite dans vos bottes. » Je savais que si je servais Merlin, les vices ressortiraient d’autant plus. La nature que m’avait inculqué Ezidor était semblable à de l’eau contenue par un barrage. Ce dernier pouvait craquer à tout moment. Garance avait contribué à la fragilité de l’ensemble. Maintenant, j’avais besoin qu’on fortifiât mes remparts. Si ce n’était pas fait, la force du courant emporterait tout. « J’ai aussi envisagé de servir le bâtard de Montarville. » lui dis-je, en sachant pertinemment qu’elle devait ignorer jusqu'à l'existence même de ce dernier. « Il pourrait faire un bon Roi, une fois qu’il aura pris en maturité. » ajoutai-je. « Sinon, c’est vrai que je ne suis pas trop vieux... » Je souris encore. Sa remarque m'avait marqué. « J’ai des compétences en combat, en direction et aussi en médecine. Je peux empoisonner ou droguer une foule, entre autres choses. » Je me redressai et l’interrogeai. « Est-ce que je suis embauché et, surtout... est-ce que vous avez un plan ? Parce que je doute que Merlin nous accueille les bras ouverts. »

779 mots
Quand elle veut [Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 2289842337
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38027-lyz-sahale-erz
Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 430
◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Susannah
Jeu 05 Oct 2023, 23:19

[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 3ev7
Les Portes V - Les fuyards
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

Le profil de Childéric se découpait sur la paroi en bois au bout du lit, tout en angles durs et muscles apparents coulissant harmonieusement sous sa peau. Il avait prit une teinte boisée à Narfas, et ses cicatrices en ressortaient davantage. Il en possédait moins que son père, mais Lieugro avait connu moins de guerres. « Ce n'est pas ce que je voulais - » Elle s'interrompit en lisant la lueur taquine dans ses yeux et se surprit à lui sourire en retour. Elle était soulagée qu'il n'essayât pas de la tuer. Il était parfois épuisant d'avoir à combattre le monde entier. Depuis toujours, la princesse n'avait vu en chacun qu'un nouvel obstacle à abattre, un défi à relever, quelqu'un à surpasser et à dominer. Son père en premier. Il avait donné l'exemple en suppléant Luce, elle savait depuis longtemps que c'était en le tuant qu'elle prendrait sa place. Il n'y avait jamais eu d'autre alternative envisageable. Il y avait évidemment Merlin, la cible numéro une. Et le reste du monde, qui devait nécessairement soit lui vouloir du mal, soit la trahir. Déodatus l'avait trahie quand elle s'était abandonnée à lui, vulnérable, avant que son père gâche tout. Clémentin aussi. Il n'y avait jamais eu personne à qui se raccrocher, sur qui compter. Et si les choses changeaient ? Ardemment, elle voulait croire que ce soit possible.

Ses sourcils se rejoignirent alors qu'elle fouillait dans ses souvenirs. « Ezidor... » Une haute silhouette, un faciès peu avenant, effacé. Il était au bal. « Accordé. » Childéric avait raison. Cette requête était insignifiante. Cet homme n'était rien pour elle, c'est à peine si elle se souvenait de lui. Se pouvait-il qu'il soit si simple de s'acheter les services du D'Ukok ? « Je vous aiderai à mettre la main sur lui. Il vous appartiendra, quoi que vous vouliez faire de lui. Nous avons tous nos obsessions, je suppose. » Elle aussi voulait voir Merlin à quatre pattes, avant de séparer la tête du reste du corps. Elle ignorait ce que le docteur avait pu faire à Childéric ni la nature de leur lien, et elle s'en moquait. Elle ne se mêlait pas des affaires des autres, une leçon bien apprise auprès de Judas.

Zébella se tut le temps d'écouter les termes du soldat pour la conclusion de leur accord. Il y avait de la passion dans son discours, une forme d'idéalisme qui lui plaisait. Il était trop tôt pour savoir si elle se reconnaissait dans le portrait qu'il dressait, mais elle le lui ferait croire pour le moment. Comme elle, le brun paraissait avoir envie de croire, comme s'il cherchait une dernière chance à laquelle se raccrocher. « Nous verrons. À l'inverse de mon frère, je ne fais pas de mal gratuitement. J'ai des désirs plus simples. Il y a encore quelques mois, je ne cherchais qu'à m'illustrer dans plusieurs disciplines. Je voulais, non je veux, être la meilleure. Je veux exceller, partout. Je ne veux jamais avoir besoin de baisser les yeux devant quiconque. C'est tout. » C'était tout, et c'était déjà beaucoup étant donné sa situation actuelle.

« Pardon, le quoi ? Montarville a eu un bâtard ? » Combien d'enfants du cadavre couronné erraient dans la nature, exactement ? Il y avait celui qui avait été échangé à la naissance avec Placide, introuvable, et maintenant un autre ? « Le trône n'appartient plus aux De Lieugro, de toute façon. » rappela-t-elle d'un ton sec. « Et je n'aiderai pas cette famille à le regagner. Pas même pour un gamin avec du potentiel. Vous oubliez à qui vous parlez. Leur temps est révolu. La prochaine ère nous appartiendra. Tenez-moi au courant si vos ambitions évoluent. Il se peut que nous trouvions à nouveau un compromis. Je ne souhaite pas me marier. Mais si cela peut vous faire plaisir de porter un cercle en métal sur la tête, et que notre collaboration évolue sur une confiance commune, je peux faire un effort. » Elle rit, amusée par cette vision des plus improbables. Il y avait beaucoup, beaucoup d'étapes à franchir avant de réfléchir à tout cela, comme il le rappela ensuite. « Jusqu'à vous voir sur ce bateau, et jusqu'à cette discussion, mon plan était simple. Débarquer, trouver Merlin, et le tuer. L'armée me connaît, elle m'aurait laissé passer si je leur avais dit la vérité, que je me suis enfuie. Ensuite, j'aurais tué mon frère. Il n'est pas de taille face à moi. Néanmoins, il y a vous, désormais, et le fils de Garance. On doit pouvoir lui trouver une autre utilité que celui de coussin d'appui. » Elle jeta un coup d'oeil au visage du brun, réfléchissant. Son plan initial la séduisait toujours par sa simplicité mais la force de leurs poings suffirait-elle ? Sa propre force l'avait abandonnée à Narfas. Elle n'avait pas été invincible comme elle l'avait toujours cru. Elle s'était déçue, sa confiance s'était ébréchée. Seule le désir de se venger lui permettait de garder encore le menton haut.

La bleue quitta Alembert des yeux pour regarder Childéric. « Vous réalisez que lui-seul n'aurait pas été suffisant pour négocier avec Merlin ? Si tant est que c'était votre intention. Actuellement, il n'y a que deux personnes qui puissent faire réagir mon frère. Notre père, et moi-même. Ce sera difficile de passer des liens autour des poignets de mon père, même s'il serait amusant de vous voir essayer. Je peux vous prêter mes poignets. Si je suis votre otage, Merlin sera enclin à vous écouter et nous pourrons être menés à lui sans être tués sur le champ. Il sera ravi de me voir enchaînée à ses pieds, ainsi que le fils de Garance. Dès que nous serons suffisamment proches, nous trouverons bien une ouverture pour l'assassiner. » Zébella haussa les épaules. Le plan à partir de là devenait déjà plus simple à ses yeux. Ce serait un plaisir de lui écraser la trachée avec ses propres liens. « Bien sûr, tout cela suppose que vous n'allez pas me trahir. » Sa voix s'était durcie. Et si ses erreurs de jugement se répétaient ? Elle n'avait pas le choix, et si elle l'avait eu, elle ne lui aurait probablement jamais même tourné le dos. La situation exigeait quelques ajustements de ses critères d'exigence. Elle planta son regard dans le sien, résolue. « Autant vous le dire tout de suite. Il se peut que je sois enceinte. C'est même une certitude. J'ai cherché à m'en débarrasser avant de quitter Narfas mais je ne suis pas sûre que cela ait fonctionné. » Plusieurs fois par jour, elle vérifiait ses sous-vêtements dans l'espoir de les voir rougir de nouveau. La nuit, elle massait son abdomen, craignant de sentir un odieux enflement émerger. « Vous avez dit avoir des compétences médicales. Droguer une foule ne sera pas utile vu que tout le monde se méfiera de vous à notre arrivée. En revanche, si vous savez comment me débarrasser de cette chose, je vous en serais redevable. »

Message IV | 1205 mots


[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 7qoc
Merci Jil  [Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella 009 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38908-susannah-daeloran#7
Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 283
◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
Lyz'Sahale'Erz
Ven 06 Oct 2023, 19:14



Les portes : Les fuyards



Un sourire s’esquissa sur mes lèvres lorsqu’elle dut réfléchir à l’identité d’Ezidor. Plus tard, si notre affaire se concluait, il faudrait que je lui avouasse certaines choses à son sujet. Effacé, le médecin n’en était que plus dangereux. Il n’avait aucun charisme en dehors d’un contexte bien défini. Parmi la foule, il passait le plus souvent inaperçu. Il n’aimait ni briller ni parler. Il préférait l’ombre et c’est ce que j’avais longtemps cru pour moi également. C’était faux. Pas que j’eusse un besoin irrépressible de reconnaissance mais être un anonyme dans une foule ne m’aurait pas convenu non plus. Je ne voulais pas que l’on m’oubliât et, en y réfléchissant, j’avais toujours eu de l’ambition. Pas celle de devenir Roi, mais celle de devenir ce que j’étais aujourd’hui. C’était ce qui m’avait sauvé de la drogue : le départ d’Ezidor et le sport que j’avais pratiqué dans un but précis. « Vous supposez bien. » fis-je doucement. Une obsession, c’était ce qu’il était. Je n’avais néanmoins pas encore tranché sur la finalité de notre relation. Je l’aimais peut-être trop pour le laisser vivre.

« Je vois. Mon expérience de vieux me fait néanmoins vous avertir qu’il y aura toujours plus fort que vous, maintenant ou plus tard. La vieillesse ne pardonne pas. Si vous vivez jusque-là, la Mort remportera toujours la victoire. » Son objectif était impossible mais ce n’était pas une raison pour l’abandonner. « Cependant, je pensais aussi que devenir Chef des Armées serait impossible. Finalement, j’ai réussi. Je me dis que vous pourrez sans doute devenir la meilleure, même si ce n’est qu’une seule journée. » Cette discussion me faisait du bien. Je n’en avais pas eu de semblable depuis longtemps. Même si l’enjeu était important, le rêve était précédemment sorti de ma vie. Quand je la gardais, en alternance avec Ludoric, je ne pouvais pas me permettre de discuter avec elle. Je devais tenir mon rôle. Or, à présent, j’étais libre. Je n’étais plus obligé de garder mes lèvres serrées dans un expression ferme et autoritaire. Elles pouvaient se délier et s’amuser des mots que nous échangions.

« Un seul apparemment. » précisai-je, sans souffler l’identité du garçon. « C’est vrai mais tout le monde n’est pas de cet avis. Je pense que ce trône fera l’objet de nombreux combats à l’avenir. » Je restai néanmoins coi à la fin de sa phrase. Mes yeux se posèrent sur elle et sur le rire qui venait de franchir ses lèvres. « Vous épouseriez un vieux ? » plaisantai-je finalement. Avoir envie de la violer était une chose, avoir envie de l’épouser en était une autre. Au fond, j’avais conscience qu’Adénaïs et moi ne nous marierions probablement jamais. Cela voulait-il dire que je me résoudrais à en épouser une autre ? Je n’en savais rien. Sans parler de cercle en métal sur ma tête, j’avais surtout envie d’avoir des enfants. « C’est vrai. Je trouve qu’il fait un coussin plutôt médiocre si vous voulez tout savoir. » lui signalai-je, à propos d’Alembert. Mes pulsions s’étaient calmées et aucune pensée malsaine ne vint troubler mon esprit à propos du fils de Garance. Je ne lui avais rien fait. J’essaierais de continuer dans cette voie.

« Cela suppose que je ne vous trahirai pas, c’est sûr, mais l’entreprise n’est pas dénuée de risques dans tous les cas. Merlin peut très bien nous séparer dès notre retour et nous faire enfermer dans une geôle sans autre forme de procès. » Je réfléchis. Beaucoup de soldats restés à Lieugro n’approuveraient pas mon enfermement, soit parce qu’ils étaient restés par obligation, soit parce qu’ils verraient dans mon acte la preuve de ma loyauté envers le nouveau Roi. S’il m’enfermait, l’adolescent pourrait prendre un sale revers. « Le plan peut néanmoins marcher si on le prépare bien. Sur ma trahison, même si je sais que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, je vous promets qu’elle n’adviendra pas. Je suis trop vieux pour ces choses-là. » Je devais arrêter de m’enfoncer dans ce chemin. Personne ne me connaissait de l’humour hormis Adénaïs et mes sœurs, lorsque ça me prenait. Néanmoins, il était rare que j’en fisse l’illustration. Les ténèbres me rattrapaient bien trop souvent pour que la joie s’épanouît dans mon cœur. Néanmoins, la Princesse était différente de celles et ceux que j’avais l’habitude de côtoyer. Elle filait vers ses objectifs et ça me donnait envie d’être à ses côtés. J’abandonnai totalement l’idée de lui faire du mal. « Enceinte ? » répétai-je. De qui ? Déodatus ? D’un autre garçon ? Je ne lui demandai pas, jugeant la question indiscrète. Mon regard scruta son ventre sans rien y percevoir de particulier. Les vêtements cachaient peut-être les premières rondeurs. Je réfléchis à un moyen de l’aider. Sur un navire, il était plus difficile de trouver des substances qu’au sein d’une ville. Néanmoins, cela devait pouvoir se faire, quitte à empoisonner la mère pour atteindre l’enfant. « Je peux essayer mais ce ne sera pas forcément sans douleur. » lui indiquai-je. « Il va me falloir un peu de temps pour réfléchir à la formule. » Mes yeux remontèrent dans les siens. « Nous pourrons également nous entraîner. Si nous devons tuer votre frère, autant mettre toutes les chances de notre côté. Si vous acceptez mes conseils de vieux sages bien sûr. » Je retins un énième sourire, les commissures de mes lèvres me trahissant pourtant. Peut-être qu’elle écraserait mes ténèbres et peut-être que je l’aimerais et la servirais pour ça.

907 mots
Fin

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38027-lyz-sahale-erz
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Summer RD] Les Portes V - Les fuyards | Childéric & Zébella

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Annexe aux Portes V] - Par le pouvoir d'un mot je recommence ma vie | Zebella
» [RD] Jeux de mains, jeux de vilains | Merlin & Zébella
» [Rp dirigé] - Les Portes II
» | RD - Les Portes |
» [Rp dirigé] - Les portes
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu-