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 Les Portes V - On annonce une tempête | Coline & Judas

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Lyz'Sahale'Erz
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Lyz'Sahale'Erz
Jeu 24 Aoû 2023, 16:47



On annonce une tempête



Mon pied valsa jusqu’à son ventre. Le souffle lui manqua, trop pour m’opposer le moindre mot. Ma poigne serra sa tignasse tellement fortement que je sentis le mouvement caractéristique des cheveux qui s’arrachent. Il avait été surpris de ma venue. Les racontars sur mes déplacements pour régler ce genre de problèmes mineurs semblaient n’être que des légendes pour le peuple. Je n’étais pourtant pas de ceux à se cacher entre les murs de leur palais. Si un souci secouait Uobmab, il me concernait. Je n’avais pas assez de temps pour m’occuper personnellement de chacun d’entre eux mais si j’en avais eu la possibilité, je n’aurais rien délégué, à personne. J’étais bien placé pour savoir que donner du pouvoir à autrui était la meilleure façon de se voir ravir le sien. Il valait mieux être omnipotent que pendu sur la potence de la confiance aveugle ou de la fainéantise. Je honnissais les paresseux, ceux qui pensaient que Roi rimait avec soie. Je ne croyais jamais rien sur parole. Je ne me laissais jamais bercer par des mots illustrant une loyauté sans faille et emplies de déférence. Je me méfiais des lèche bottes au point de préférer mes opposants politiques, ceux qui tentaient tant bien que mal de me ravir ma couronne et mes terres. Les uns comme les autres avaient tendance à finir au même endroit : dans la fosse aux cochons. Si je trouvais la plupart des individus minables je soupçonnais pourtant chacun d’eux de nourrir des desseins à mon encontre. La grande majorité n’aurait jamais survécu à ce que je m’infligeais tous les jours : une discipline drastique, tant physique que mentale. Je savais néanmoins qu’il suffisait d’une fois pour que la mort surgît. Une simple erreur d’inattention avait un potentiel mortel infini. Je n’en étais pas devenu paranoïaque pour autant. Je me méfiais tout en ayant la décence de ne pas me croire assez prudent pour en être devenu immortel. Un jour, je mourrais, des mains d’un proche ou d’un moins proche, des mains du hasard ou de celles du temps. En attendant ce moment, je cherchais constamment à m’améliorer. Il n’y avait pas de répit dans mes journées. En tout cas, pas de répit qui n’eût pas été programmé à l’avance. J’étais convaincu que ma détermination à toucher la perfection avait toujours fait toute la différence. Cette détermination et ma soif de vivre, mon envie de vouloir plus et de ne pas me contenter du strict minimum. Parce que mes sens étaient toujours en alerte, je chassais les routines inutiles et les instants perdus. Je veillais à sauvegarder de longues minutes de réflexion mais n’errais jamais dans les méandres d’occupations stériles par nature. L’un de mes nouveaux centres d’intérêt, néanmoins, avait le don de faire jaser le peuple au moins autant que ce qui était souvent désigné comme « l’abandon de mes enfants ». Ils se trompaient tous sur ce dernier point. Je ne les avais pas abandonnés. Je savais ce qu’ils faisaient et où ils étaient. Je ne désirais cependant pas leur venir en aide. Ils avaient l’âge de se débrouiller seuls. À mes yeux, la situation était claire : soit ils ressortaient victorieux de cette épreuve, soit ils mourraient. Quant au reste, c’était justement vers le petit orage que je décidai de me diriger.

J’entrai dans sa chambre sans m’annoncer. La porte n’avait jamais été un obstacle. Dans ma main droite, la chevelure de moins en moins fournie de ma victime continuait de la tenir accrochée à moi. Je balançai l'homme aux pieds de Coline et la fixai. Je n’avais pas besoin de vérifier que son attention était tournée vers ma personne. Elle l’était. À force de m’introduire dans sa chambre pour la pénétrer alors qu’elle dormait, elle avait fini par comprendre qu’être en alerte permanente était un élément essentiel à la survie. Je la surprenais de moins en moins, ce qui était une bonne chose. Ça ne m’empêchait cependant pas de la prendre. Parfois, je songeais à la tête de Montarville. Elle avait dû pourrir en même temps que ma semence à l’intérieur de sa trachée arrachée à son corps. Contrairement à son père, Coline avait su qu’en faire. Je me reculai jusqu’à m’appuyer contre le mur. « Cela fait deux fois que les collecteurs des impôts se présentent chez lui et qu’il ne paye pas. » Je me fichais de ses excuses. Il existait d’autres Royaumes à-même d’accueillir les faibles d’esprit incapables de survivre seuls. À Uobmab, il valait mieux savoir marcher. « Je te laisse te charger de lui. » Je croisai les bras sur mon torse, dans l’attente de la sanction adéquate. Ça l’entraînerait. J’avais accepté qu’elle portât mon enfant mais je ne pouvais concevoir que la mère de ma future progéniture fût faible. Une mère faible produisait des enfants faibles. Je mettais donc tout en œuvre pour que le petit orage devînt une véritable tempête.

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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mar 05 Sep 2023, 14:32



by Nipuni

On annonce une tempête

En duo | Judas & Coline



L’image de la tête décapitée et pourrissante de son père ne la quittait pas. Les sensations cuisantes que Judas avaient imprimées entre ses cuisses la veille de leur départ, et qu’il revivifiait régulièrement, non plus. Coline vivait avec leur souvenir permanent, qui purulait dans son cœur en une colère enragée. Il avait coulé en elle une haine qui grandissait indubitablement, à l’instar de l’enfant qu’il avait ancré à ses entrailles. Un jour, elle le tuerait. Parce que si elle ne le faisait pas, ce serait elle qui mourrait. Pourtant, lorsque la porte s’ouvrit, les battements précipités qui résonnèrent dans sa poitrine n’eurent rien à voir avec l’ire, la surprise ou la crainte. Vêtue d’un pantalon et d’une chemise, sa brosse à la main, elle lui fit face. Elle reconnaissait le son de ses pas, sa façon de faire tinter la poignée, le courant d’air qui suivait l’ouverture de la porte et le parfum qui s’en dégageait. Quand il pénétrait sa chambre, la nuit, tous ses sens l’alertaient. Elle se réveillait et elle résistait. Elle se débattait pour le repousser suffisamment longtemps pour qu’il ne s’octroyât pas le droit de marquer sa peau des lettres de son prénom. Pour qu’il ne l’offrît pas, à terme, à ses conseillers. Elle les avait vus et, si les propos du Roi à leur égard avaient déjà suscité son appréhension, les rencontrer avait achevé de la convaincre de batailler.

Depuis son arrivée à Uobmab, la Princesse déchue était allée toquer à la porte de tous les maîtres d’armes de la capitale. Avec les premiers, elle avait exigé. Il lui avait tous fait mordre la poussière. La honte avait brûlé ses joues et elle était rentrée, fulminante, écumante de rancœur pour ces imbéciles qui ne se pliaient pas à ses caprices. Avec les suivants, elle avait tenté de faire ses preuves. Il l’avait tous mise à terre aussi. Mais cette fois, elle avait ravalé son ego. Elle s’était relevée et elle avait recommencé, autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que l’un d’eux, Ozorius, finît par accepter de lui enseigner l’art du combat. Elle se rendait à ses entraînements tous les jours, et tous les jours, elle tombait, crachait du sang, pleurait, se relevait, revenait claudicante, couverte de bleus, d’égratignures et de plaies. Une fois, le professeur lui avait asséné un violent coup dans l’abdomen. Folle de peur, elle s’était mise à hurler qu’il allait tuer son bébé. Il lui avait ri au nez et lui avait répondu : « Comment comptes-tu le protéger quand il sera né, si tu es incapable de le faire quand il est à l’abri dans ton ventre ? » Depuis, ses mots la suivaient partout. Sa vigilance s’était accrue et, alors qu’elle avait longtemps été écœurée des changements que le sport apportait à son corps, elle se félicitait désormais de voir ses muscles s’enrouler autour de sa délicate ossature. À Uobmab, tout le monde se moquait qu’elle arborât une cicatrice sur la pommette – cette plaie qu’elle avait tant honnie quand le guerrier avait osé la lui infliger. Elle l’avait maudit, avant de comprendre que toutes ces marques n’étaient que des pavés posés pour tracer le chemin de sa survie. Alors, elle continuait à se battre, elle résistait jusqu’à n’en plus pouvoir, puis elle était forcée de s’abandonner, elle laissait Judas la prendre, et trop souvent, elle aimait le sentir en elle.

Son regard noisette se posa sur le souverain, avant de descendre sur l’homme qu’il avait jeté à ses pieds. Elle posa sa brosse sur la coiffeuse et acheva de nouer ses cheveux en queue de cheval. Le Roi lui amenait régulièrement de nouveaux « exercices ». À Lieugro, l’endetté aurait été amené en justice. Le monarque aurait rendu un jugement qui se voulait équitable, pour l’une et l’autre des parties. Ici, la seule justice qui existait était celle que les plus puissants choisissaient d’imposer. Les pratiques de Montarville faisaient rire Judas, ses conseillers et tout son peuple. Peu connaissaient son visage avant qu’elle n’arrivât, mais tous ceux qui savaient qu’elle était sa fille ne s’étaient pas privés de se moquer. Les plaisanteries s’étaient peu à peu taries depuis le jour où elle avait planté son couteau dans la jugulaire d’un convive trop arrogant, en plein repas. Les gargouillements de sa gorge avaient eu le mérite de faire taire sa langue, puis il était tombé face dans l’assiette et n’avait plus jamais émis aucun son. C’était le premier meurtre de toute sa vie, et elle se rappellerait pour le restant de ses jours du frisson d’effroi qui avait parcouru son dos, de la sensation d’avoir fait quelque chose de mal qui avait étreint son cœur, et de l’urgent besoin de se lever et de partir en courant qu’elle avait ressenti. Pourtant, elle était restée assise. Elle avait levé le regard vers Judas et elle avait retenu ses larmes aussi fort qu’elle l’avait pu. Si elle avait failli, elle aurait prouvé sa faiblesse, et lui ou un autre l’aurait assassinée. La vraie difficulté du meurtre, ce n’était pas de le commettre, c’était de le transformer en une revendication qui ne vous fît pas horreur et qui fît autant trembler vos adversaires que vos alliés.

Tandis que les lèvres du condamné psalmodiaient des supplications, ses doigts se resserrèrent autour de sa cheville. Elle lui reprit sa jambe et lui asséna un coup de botte dans les dents. En quelques mois dans le royaume de Judas, elle avait compris que ceux qui continuaient à implorer étaient des imbéciles. Tout ce qui pouvait les sauver, c’était de se battre. Son regard remonta vers le Roi. À chaque fois, elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’il attendait exactement. Elle nourrissait en permanence la peur de le décevoir, parce que chaque déception entraînait des conséquences qu’elle avait tendance à regretter. Coline s’humecta les lèvres, puis planta ses iris sur le débiteur. « As-tu des enfants ? » Il bredouilla des mots incompréhensibles. « Réponds clairement ou je te tranche la tête. » - « Non. » - « Une femme ? » - « Elle est morte. » Elle aurait préféré qu’il en fût autrement. Jusque-là, les exercices de Judas avaient été plus aisés. En quelques questions – assez peu pour ne pas énerver le souverain, qui préférait toujours aller droit au but –, elle avait réussi à résoudre les problèmes qu’il lui soumettait, en trouvant des punitions adaptées. Sévères, souvent, mais aussi dénués de violence que le permettait Uobmab. Les habitants de ce royaume n’avaient rien à voir avec ceux de Lieugro. Il était impossible de les gouverner de la même façon – et les gouverner, c’était bien ce qu’elle comptait faire, à terme. Elle ne pouvait pas rentrer chez elle les bras chargés du bâtard de l’ennemi. Elle épouserait Judas. Leurs deux royaumes réunis, le sien ne craindrait plus la menace de nul autre. Les gourgandines qui se pressaient autour du brun pouvaient bien espérer. Elle était convaincue que sa grossesse lui donnait déjà une longueur d’avance sur elles. Cet enfant, et tous les sacrifices qu’elle était prête à faire, parce que ce n’était que comme ça qu’elle parviendrait à retrouver sa place, et parce qu’elle croyait orgueilleusement n’avoir plus rien à perdre.

L’homme essaya de se relever en se cramponnant à son pantalon. Elle lui envoya un coup de genou dans le menton, puis le regarda geindre, recroquevillé à même le sol. L’appréhension dansait dans ses prunelles. D’une main fébrile, elle attrapa l’épée qui reposait contre la commode, la leva, et l’abattit sur la nuque du condamné. Les tissus et les os ne cédèrent pas tout de suite. Troublée, elle demeura immobile quelques instants, l’œil fixé sur l’agonie de l’homme. Tuer de sang-froid n’avait rien à voir avec une mort donnée sous le coup de l’émotion. Elle eût cru, de surcroît, que le cou céderait plus facilement. Une langue glacée dévala son dos et se nicha entre ses reins. La nausée brûla son œsophage, et elle se plaqua une main sur la bouche par réflexe. Elle eut envie de laisser là son œuvre inachevée et de s’enfuir à toutes jambes, mais un seul coup d’œil au visage de Judas la dissuada d’agir de la sorte. Resserrant ses dix doigts autour de la garde de l’arme, elle répéta son geste jusqu’à ce que la tête fût parfaitement séparée du corps. Le souffle court, elle appuya une main sur la coiffeuse pour soutenir sa silhouette et s’éviter de tomber sous le coup de son vertige. Ses iris noisette se plantèrent dans ceux du souverain. Puis, prenant sur elle, elle s’accroupit, ramassa le crâne par les cheveux, se redressa, et se planta devant lui pour lui tendre la tête. Tout son bras tremblait sous l’émotion de ce qu’elle venait de s’imposer. D’une voix qu’elle voulait maîtrisée, elle déclara : « Les collecteurs des impôts n’auront qu’à ramasser tout ce qu’ils trouveront chez lui. » Puisqu’il n’avait ni épouse ni descendants, maintenant qu’il était mort, tous ses biens revenaient à la couronne. Ses iris allèrent de l’un à l’autre de ceux de Judas, à la recherche d’une étincelle de satisfaction. « Quand est-ce que tu te battras contre moi ? » Elle lui posait régulièrement la question. Elle estimait que, pour progresser vite, elle devait se confronter à plus fort qu’elle. Elle estimait que, pour devenir une tempête, il fallait se mesurer à l’ouragan. « Ailleurs que dans mon lit en pleine nuit, je veux dire. » Ses prunelles ne le lâchaient pas. Les mois passés à Uobmab lui avaient appris qu’il ne suffisait pas de relever le menton et de prendre un air pincé, mais qu’il fallait surtout ne jamais baisser les yeux. « Ou envoie-moi un de tes trois meilleurs généraux, au moins. » Il lui avait promis de les lui offrir, ainsi qu’un millier de soldats, si elle lui résistait plus de dix minutes lorsqu’il venait la surprendre la nuit. Elle peinait à les atteindre. S’il acceptait de se battre avec elle, elle perdrait sans doute aussi, mais le combat serait plus équitable, elle n’aurait pas les muscles engourdis par le sommeil. Surtout, elle voulait voir où elle en était et le chemin qu’il lui restait à parcourir. Bien qu’elle ne les maîtrisât pas toutes, elle connaissait trop bien les techniques de son maître d’armes. « Ozorius a dit que j’avais progressé. » insista-t-elle. Elle vibrait toujours de l’ardent désir de lui prouver qu’elle était capable, qu’elle deviendrait une tempête. Quand ça le concernait, lui, elle était toujours impatiente. Elle l’était immanquablement. Il était devenu une obsession.



Message I – 1754 mots

Oups, je devrais pas me sevrer du rp Les Portes V - On annonce une tempête | Coline & Judas 1266825537 Promis le prochain post je fais moins Les Portes V - On annonce une tempête | Coline & Judas 950593777


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Lyz'Sahale'Erz
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Lyz'Sahale'Erz
Dim 11 Fév 2024, 18:42



On annonce une tempête


Lady Gaga - Judas
Violence et nécrophilie

Mon dos déjà posé contre le mur, j'ajoutai un appui. La semelle de ma chaussure imprima une marque sur la peinture. Les serviteurs ne s’en offusqueraient pas. Je faisais souvent bien pire. Le sang était plus difficile à enlever que la terre. Il me prenait d’autres lubies, comme celle d’étudier sur de nombreux cobayes le phénomène de la digestion. Les coupes de l’être humain aux différents instants de celle-ci me fascinaient. Le rôle des enzymes présentes dans l’estomac, la réduction des aliments en bouillie, la forme de l’intestin grêle, le passage des substances non digérées dans le gros intestin et leur expulsion de l’organisme. Enculer ou assassiner un cobaye avant ou après défécation ne donnait pas le même résultat. Là n'était pas la seule source de désordre et de saleté. Mes parties de chasse à l’intérieur même du palais permettaient de faire le tri dans le personnel en éliminant par sélection naturelle celui qui n'était pas assez qualifié. Enfermer des bêtes sauvages entre quatre murs était bien plus dangereux que les traquer en pleine nature. L’instinct de survie au paroxysme, l’animal qui ne pouvait plus fuir en devenait fou de rage. Ma langue caressa doucement l’une de mes dents en constatant la quasi-décapitation. Je me demandai si la victime se rendait actuellement compte du fait que sa tête n’était plus tout à fait accrochée à son cou. Les gerbes de sang n’attendirent pas la fin du travail pour jaillir. En rythme avec les battements du cœur du défunt en devenir, elles me rendirent pensif. Je me pris à songer qu’il serait intéressant de donner du travail aux artistes du Royaume. Un spectacle était toujours l’occasion de rappeler à la plèbe à quel point la cohésion sociale était une notion importante. En éliminant les parasites, les générations présentes et futures devenaient de plus en plus fortes et capables. Le titre de la festivité ? Fontaines. Je n’avais moi-même pas le temps de m’en occuper, puisque les affaires d’Uobmab ne le permettaient pas, mais d’autres s’en chargeraient. Pourquoi pas Coline, d’ailleurs.

Le dernier souffle du cadavre rendu et le verdict de la fille de Montarville tombé, je ne changeai pas d’expression. L’ancien Souverain de Lieugro avait habitué ses enfants à recevoir son approbation. Comme le blonde attendait la mienne, je ne la lui donnais qu’en de rares occasions. La demande fusa et fit apparaître sur mon visage un sourire en coin. Si je pouvais pénétrer ses orifices sans qu’elle ne pût m’en empêcher, il ne servait à rien de me battre contre elle. Le jour où elle trouverait un moyen de me refuser l’accès à son con, j’y réfléchirais. Je n’avais pas pour habitude de me battre pour rire et, bien que sa mort ne me chagrinerait probablement pas plus de quelques heures puisque je n’avais pas le temps de m’appesantir sur les cadavres, je n’avais pas l’intention de la tuer moi-même. Plus maintenant. Je croisai les bras. « Non. » répondis-je. Mes trois meilleurs généraux la réduiraient en miettes. Elle n’était pas encore assez fourbe. Elle n’avait pas encore assez perdu, bien que la mort de son ego fût un premier pas. Lorsqu’elle toucherait le fond, lorsque tout en elle serait brisé, là elle serait en mesure de rivaliser avec eux. Son corps, bien qu’ayant subi de nombreuses épreuves, n’était pas encore tourné vers l’idéal que je visais pour elle. Je la suspectais de chercher encore à minauder, en tout cas auprès de moi. Le fait qu’elle voulût me prouver sa valeur la rendait faible. J’avais besoin d’une Reine, pas d’une esclave rebelle.

Tranquillement, je pris la tête et me rapprochai du cadavre, de cette gorge saillante et encore chaude. L’image me rappela Montarville. « Mais, puisque tu y tiens, je vais t’organiser un combat contre une femme qui se prétend capable de devenir la mienne. La perdante se fera écarteler et violer par mes trois meilleurs généraux jusqu’à ce qu’ils se lassent. » L’heureuse élue en mourrait car ces hommes ne se lassaient jamais. Je la fixai. Elle avait intérêt à réussir. « La gagnante pourra me demander une faveur. » Comprenait-elle ? Lors du combat, son bras ne devrait pas trembler autant qu’il l’avait fait quelques minutes plus tôt. Je défis ma ceinture. Je lui aurais bien demandé de m’aider à me vider mais n’avait qu’un temps plutôt limité. On n’était jamais servi aussi bien et vite que par soi-même ou des cadavres encore chaud et malléables à souhait. Cet homme ne serait pas mort en vain. « Si un jour tu réussis à me fermer l’accès à tes cuisses, peut-être que j’envisagerai de te fournir un meilleur professeur qu’Ozorius. Ce jour-là, tu le mériteras. Pas avant. » L’intérieur du corps humain, cette chair explosée gorgée de sang, était toujours agréable à pénétrer, dommage qu’elle ne pût en éprouver les délices. Si elle avait été dotée d'un pénis, je l’aurais invitée volontiers.

807 mots

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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mer 14 Fév 2024, 08:33



by Nipuni

On annonce une tempête

En duo | Judas & Coline



Depuis qu’elle vivait à Uobmab, son sommeil connaissait d’abruptes périodes de détérioration. Cette dernière semaine n’y avait pas fait exception. Ses nuits avaient été baignées de l’image de Judas s’introduisant dans le cadavre de l’endetté, dans sa chambre, sous ses yeux. Parfois, sous la pâleur de la lune, elle fixait l’endroit où s’était répandue la mare de sang, où le condamné avait perdu la vie et subi la souillure. Elle revivait ces instants en boucle, et tous ceux qui avaient suivi. Le soir-même, le monarque avait voulu entrer dans sa chambre. Elle avait calé une chaise contre sa porte pour empêcher toute intrusion, mais le bois avait cédé sous ses assauts ; et elle aussi, malgré les coups portés, les cris poussés et l’horreur qu’il lui inspirait à cet instant. Elle avait été pénétrée avec autant de facilité que si elle avait été ce cadavre à la tête tranchée. Elle s’était sentie aussi démunie que lui. Elle s’était détestée d’aimer sentir ses coups de reins, de s’entendre gémir et même de finir par jouir. Par moment, elle repensait à la façon dont le garçon qu’elle avait piégé lui avait fait l’amour. Ça avait été doux. Elle se souvenait de la tendresse qui écumait de lui, à peine entachée par l’alcool. Elle s’en rappelait à la manière d’un rêve. Sa réalité divergeait tant qu’elle n’était plus si certaine de l’avoir vécu. Plus le temps s’écoulaient, plus sa vie à Lieugro lui paraissait non pas lointaine, mais étrangère. Ses disputes avec Adolestine lui semblaient à des années lumières de son quotidien. Son habituelle rancune ne parvenait même pas à se remémorer la raison de leur dernière incartade. Le bal lui avait laissé un souvenir flou. Il se mélangeait avec toutes les autres réceptions. Elle n’essayait jamais de trop y réfléchir : il y avait quelque chose de douloureux dans ce passé, et surtout, d’inutile. Il ne l’aidait pas à survivre.

Coline avait mal dormi, et pourtant, ce jour-là, il lui faudrait être au meilleur d’elle-même. À Uobmab, perdre ou gagner n’était pas une question d’honneur comme cela pouvait l’être à Lieugro. Celui qui échouait mourait. Elle ne voulait pas mourir ; elle avait un royaume à reconquérir. Un Roi à épouser, et un enfant à protéger. La Princesse déchue passa une main sur son ventre. Elle se positionna de profil et observa son reflet dans le miroir. La grossesse commençait à se voir. Elle s’en émerveillait autant qu’elle la redoutait. Elle craignait de ne bientôt plus pouvoir se mouvoir et se défendre aussi bien que nécessaire. Elle avait le sentiment de devoir rapidement prouver sa valeur et imposer la peur à l’entourage du souverain, sans quoi ils risquaient de l’attaquer. Elle inspira, puis quitta sa chambre et traversa les couloirs du palais jusqu’à la sortie. Elle serpenta dans les rues, son épée au côté, jusqu’à l’entrée de l’arène. Plusieurs d’entre elles avaient été aménagées un peu partout en ville. Certains combats pouvaient se dérouler directement dans la salle du trône – Judas et ses conseillers semblaient apprécier de pouvoir en profiter en toute quiétude. Néanmoins, le Roi en avait cette fois décidé autrement. En passant l’arche d’entrée, Coline se demanda si les généraux violeraient la perdante sous les yeux du public. Elle déglutit.

Quand sa concurrente se présenta devant elle, le trouble passa sur le visage de la Lieugroise. Elle l’avait déjà vue au bras de Judas, et la proximité qu’elle entretenait avec lui l’avait fait flamber de jalousie. Dans son cou, plusieurs lettres de son prénom étaient gravées. Elle inspira et se campa, les pieds ancrés dans le sable aussi solidement que possible. Elle ne devait pas se laisser distraire. Elle ne devait penser qu’à l’exécution de cette femme. La blonde leva les yeux vers les tribunes. Le souverain, ses conseillers et ses généraux siégeaient sur une légère avancée, qui leur conférait une vue imprenable sur l’amphithéâtre. Elle voulut chercher le regard du Roi, mais se ravisa. Elle devait se concentrer. En dépit de la fatigue, et de la peur qui lui broyait les entrailles. Elle ravala une nausée.

Quand le signal retentit, elle se mit en garde. Les enseignements de son maître d’armes tournaient en boucle dans sa tête ; elle voyait aussi défiler les scènes des nombreux combats qu’elle avait observés durant la semaine. En quelques coups d’œil, elle tenta de jauger les faiblesses de son adversaire. Elle aurait dû le faire avant, à l’instant même où elle était apparue. La femme attaqua et la plaça aussitôt en difficulté. La Princesse découronnée recula et faillit perdre l’équilibre. Elle se redressa de justesse pour parer son assaut. La Uobmabienne était plus grande et plus musclée qu’elle, forgée par des années d’entraînement et une culture de la violence. Elle ne la battrait pas en passant en force. Ozorius le lui avait répété, répété et répété : elle était trop menue pour s’engager dans des combats tout en puissance. Sa colère ne la mènerait nulle part. Elle devait être plus intelligente, plus maline, plus sournoise. Elle avait l’avantage d’être souple et rapide, et le désavantage de trop souvent hésiter et de se féliciter de trop peu de réussite. Sa lame se leva pour parer un coup, puis elle rompit le rapport de force en se fendant d’une roulade. Son opposante fut déséquilibrée. Coline sourit, triomphante avant l’heure. Elle le paya d’une vilaine blessure à la cuisse, qui eut cependant le mérite de lui faire oublier son ego et de la reconcentrer immédiatement. Elle reprit le combat avec acharnement.



Message II – 915 mots


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Lyz'Sahale'Erz
Lun 26 Fév 2024, 13:20



On annonce une tempête



« Sur qui paries-tu ? » Je tournai la tête vers l’un des hommes qui se trouvaient à mes côtés. Son regard se posa sur les deux participantes. Quelques secondes passèrent avant qu’il ne daignât répondre. Ceux qui réfléchissaient avaient plus de chance de survie lorsque ce genre de questions sortaient d’entre mes lèvres. « D’après mes informations, le sang d’Uobmab coule à l’intérieur du corps de chacune des deux participantes. » Il se tut un instant puis reprit. « Néanmoins, le sang de Votre Majesté est plus puissant que celui de ses sujets. À mon humble avis, la fille de Montarville gagnera le duel, portée par l’esprit de conquête du fœtus qui grandit dans ses entrailles. » Je souris puis me mis à rire, avant de lui verser un verre d’alcool. Je n’en pris pas. L’éthanol détournait de la voie de l’excellence. « Tu n’as plus qu’à prier pour avoir raison. » Parce que si Coline perdait, en suivant ce raisonnement, cela signifierait que mon sang n’était ni supérieur à celui du peuple, ni celui d’un conquérant. Il comprit ma remarque, tous comme les généraux qui nous accompagnaient, bien heureux de ne pas avoir eu le droit à un interrogatoire malgré leur réputation qui en disait déjà assez long sur leur niveau de cruauté. Je ne croyais pas aux théories qui voulussent qu’un sang serait supérieur à un autre. Dans mon esprit, seuls l’entraînement et la volonté comptaient, couplés à des tendances naturelles à développer. Néanmoins, si je devais répondre sérieusement à la question de savoir qui de Merlin ou de Zébella l’emporterait, je privilégierais la dernière. J’osais espérer avoir l’honnêteté intellectuelle de ne pas la choisir parce que j’étais réellement son père. Simplement, en les observant, mon fils me semblait bien plus tourmenté par des désirs emplis de vices que ma fille. Seul son orgueil et sa soif de reconnaissance pourraient la perdre. Il en allait de même pour Coline, dans une mesure différente.

Je me levai lorsque le duel fut terminé et fixai les deux participantes. L’une vivrait. L’autre mourrait. Les choses étaient aussi simples que ça. Un sourire en coin s’imprima sur mes lèvres et je me tournai vers mon interlocuteur de tantôt. « Tu as gagné ton pari. » Dans les derniers instants, de grosses gouttes de sueur avaient commencé à germer sur ses tempes. Il semblait rassuré, à présent, comme lorsque la faucheuse passe trop près du visage sans pour autant le toucher. Je m’attardai ensuite sur mes généraux. « J’attends une performance digne de ce nom. » La foule les regarderait. Coline aussi, pour qu’elle comprît à quoi elle avait échappé.

Une machine en bois fut tractée dans l’arène. La perdante, bien que courageuse, commença à prendre conscience de ce qui l’attendait. Certains perdaient toute tenue face à la mort. Ça n’avait pas été le cas de Montarville. Il était resté droit dans ces derniers instants. Ça le rendait d’autant plus inoubliable à mes yeux. Une couche fut disposée au centre des mécanismes. Mes trois généraux rempliraient les orifices propres à recevoir leur bassin puis, plus tard, lorsque d’autres seraient créés à force d’écartèlement, ils pourraient jouer et s’enfoncer dans ces derniers. En soi, tout cela ne m’intéressait pas. Le sport n’avait de vertu que lorsqu’il était pratiqué par soi-même. Admirer les tortures, le coït et entendre ce qui en découlait n’éveillait en moi aucun intérêt particulier. Tout en regardant, je prêtai une oreille attentive à l’informateur que j’avais fait convier. « Majesté. Il semblerait qu’Arcange et Ange-Lyne Recknofeld s’apprêtent à se rendre à Lieugro. » Je ne dis rien. Je n’allais pas les empêcher d’y aller. Ils feraient un exercice parfait pour mes enfants. Il passa à un autre sujet. « Nous n’avons toujours pas retrouvé le Roi Arthur. » Le parfum du blond s’imposa à mes narines. « Je n’en suis pas étonné. » J’envisageais de le traquer moi-même depuis que j’avais aperçu sa silhouette au bal donné par Montarville. Il avait dû trouver refuge dans l’un des Royaumes encore libre de ma présence. Les cris de la perdante ne parvenaient pas à troubler le fil de mes pensées. Arthur était une menace plus importante que le gouvernement malade de Narfas. « Quand la situation aura évolué à Narfas, tiens-moi au courant. » La royauté risquait de tomber en accueillant les réfugiés si elle ne leur réglait pas leur compte. Si tel était le cas, la politique changerait et il me faudrait être impérativement informé. Garance était intelligente. Bien entourée, elle pourrait s’avérer coriace à éliminer… tant qu’elle restait à l’abri de sa tour d’ivoire. Néanmoins, ce combat n’était pas le mien ou pas directement. Mes yeux se posèrent sur Coline. Si elle voulait goûter à la Royauté au sein de Lieugro, elle devrait défaire sa tante. Pas qu’elle. « Faites soigner la gagnante et dîtes-lui que je l’attends dans mes appartements pour qu'elle me fasse part de sa demande. Elle mangera avec moi. » dis-je, en direction des serviteurs avant de me lever pour regagner mes quartiers. De toute façon, le corps de la perdante n’était plus qu’un amas de chair dans lequel un seul de mes généraux continuait son œuvre, dans l’attente d’une jouissance qui tardait à venir.

855 mots

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Lana Kælaria
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Lun 26 Fév 2024, 14:58



by Nipuni

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En duo | Judas & Coline



Lorsque sa lame pointa la gorge de sa concurrente désarmée, Coline réalisa à peine qu’elle signait là sa victoire. Le souffle court, le corps couvert de sueur et de sang auxquels se collait la poussière de l’arène, elle fixait le visage de la perdante avec une expression presque égarée. Un chuintement perça le fracas des applaudissements et des sifflements. Elle sortit partiellement de la transe dans laquelle le combat l’avait confinée. La gorge sèche, elle déglutit et se redressa. Des esclaves avaient fait entrer le chevalet, et déjà, des gardes s’approchaient de son adversaire. Celle-ci avança droit vers sa mort, mais il y avait dans son pas une faiblesse caractéristique, d’une violence instillée par l’instinct de survie. Ses épaules tremblaient et Coline comprit qu’elle pleurait. Les soldats l’entouraient, prêts à la tirer de force s’il le fallait. Elle n’avait pas le choix, puisqu’elle avait perdu. La Princesse déchue détailla la machine, fébrile. Elle avait gagné. Elle avait gagné, et pourtant, à cet instant, elle était incapable de ressentir la moindre joie. Au mieux, une vague terreur encore étouffée par une déréalisation tenace. Un vent vif fouetta ses cheveux, et elle vit les généraux de Judas la dépasser pour s’approcher de la condamnée. Soudain, tout la frappa. Elle se retourna et leva les yeux vers Judas. Il ne la regardait pas. Sous la balustrade où il siégeait, les portes étaient closes. Alors, et alors seulement, sa naïveté se fracassa et elle comprit qu’elle devrait regarder.

Se détourner, fermer les yeux ou fixer le sol n’étaient pas des options. Elle inspira, se gaina, s’avança jusqu’au centre de l’arène, planta son épée dans le sol et, les mains jointes sur le pommeau, arrima ses iris ambrés à la torture de sa concurrente. L’adrénaline la portait encore, si bien qu’elle parvint à refouler sa nausée et ses larmes. Elle aurait pu être à la place de cette femme. Tendue sur le chevalet jusqu’à ce que ses membres ne se déboîtassent, jusqu’à ce que sa peau ne se déchirât. Pourfendue par les verges des trois généraux, de part en part. Hurlante, souffrante, mourante. Elle regarda les militaires jouir de la douleur et de l’horreur qu’ils imposaient. La foule était silencieuse mais extatique, tel un orage sur le point d’éclater. Seuls les cris de la suppliciée et les grognements des suppôts de Judas enflaient le silence. Ils englobèrent si bien Coline qu’elle eut la sensation qu’ils la pénétraient au plus profond d’elle-même, et alors, la peur éclata et la colère la frappa. Une colère sourde, aveugle, destructrice ; une colère qui n’existait que pour tuer la terreur. Ses phalanges se resserrèrent autour du pommeau de sa lame. Ses jointures blanchirent.

Son pantalon ample effleurait douloureusement les plaies recousues ou recouvertes de pansements qui maculaient ses jambes. Sous son haut, elle sentait la compression du bandage qui protégeait son dos traversé d’une longue et profonde estafilade. À chaque respiration, ses côtes cassées lui rappelaient leur état. Coline n’avait jamais eu aussi mal de toute sa vie, et pourtant, elle avançait. Quelques mois plus tôt, elle se serait résignée. Elle serait restée allongée dans son lit, à geindre et à maudire le monde entier. Elle aurait fait vivre un calvaire aux domestiques, leur aurait demandé l’impossible et les aurait traités d’incapables. L’ire créée par la douleur aurait ravagé tous ceux qui croisaient sa route. Cette période était révolue : Judas et Uobmab lui avaient appris que geindre, c’était à la fois perdre son temps et se montrer faible. Elle poussa la porte de ses appartements pour s’y engouffrer. Il ne l’y avait jamais fait venir. C’était toujours lui qui arpentait son intimité, jamais l’inverse. Elle s’avança au milieu des décors qu’elle découvrait. Le silence régnait, à peine troublé par les battements de son cœur. Alors qu’elle s’enfonçait dans le couloir, une boule de poils jaillit d’une pièce et trottina jusqu’à ses jambes. La tête du petit félin s’appuya contre son tibia meurtri. L’adolescente, trop surprise, n’émit aucune protestation. Elle s’accroupit pour caresser le pelage blanc du chat, dont les ronronnements faisaient vibrer la cage thoracique. Puisque personne n’avait le droit d’entrer ici sans autorisation, il devait appartenir à Judas. Elle ne l’aurait jamais imaginé avoir un animal de compagnie. Pourtant, la bête semblait coutumière de la présence humaine. Elle repartit rapidement en sens inverse. La blanche hésita, puis la suivit.

Le chat la guida jusqu’à la salle à manger. Il courut jusqu’à Judas, assis en bout de table, et sauta sur ses genoux. Les prunelles de Coline s’accrochèrent aux siennes. Son palpitant s’emballa. Elle avait réfléchi à la demande qu’elle pouvait lui adresser. Il aurait refusé de l’épouser. Elle n’avait pas suffisamment fait ses preuves. À ses yeux, elle n’avait pas encore l’étoffe d’une Reine. Il avait établi qu’elle n’aurait droit à un meilleur maître d’armes que lorsqu’elle parviendrait à repousser l’un de ses assauts. Elle s’avança vers lui. À cet instant, elle hésitait encore. Elle pouvait lui demander des soldats ou des espions. Des gens qui lui permettraient d’entamer la reconquête de Lieugro et de s’informer sur l’état du monde autrement que par le biais des journaux ou des quelques informations qu’il voulait bien lui donner. L’ancienne Princesse tira une chaise et s’assit. Elle releva la tête vers le Roi, et ce ne fut qu’à cet instant qu’elle se décida. Pour l’heure, tous ses efforts devaient être tournés vers Uobmab. « Je veux combattre la femme que tu juges la plus digne d’être ton épouse, et si je gagne, l’exécuter moi-même. »



Message III – 915 mots


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Lun 26 Fév 2024, 22:09



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La paume de ma main se referma doucement sur le pelage de l’animal. Sa douceur contrastait avec la rudesse de ma peau. Lorsqu’elle épousait les courbes de celles et ceux que je plaçais dans mon lit, un bruit rugueux s’élevait toujours, discret mais bien présent. Là était la marque de mes nombreux entraînements. Qu’importassent les bains que l’on me proposait, les huiles et les crèmes que l’on me conseillait, mon épiderme était incapable de renoncer à ce qu’il était devenu : une sorte de cuir. Il en allait de ma survie. Certaines zones de mon corps présentaient des cicatrices qui criaient clairement que des morceaux de peau m’avaient été arrachées et qu’il avait fallu me recoudre rapidement. L’esthétique n’était pas mon problème. Seul mon visage avait été relativement épargné mais il suffisait de me voir torse nu pour constater que mon corps était constellé de marques. La plupart étaient anciennes mais certaines apparaissaient régulièrement. J’avais pris l’habitude de chercher à me préserver avec le temps mais sans me relâcher pour autant. Trop de Rois et de Reines, une fois le cul posé sur leur trône, perdaient contact avec la réalité de la vie. Montarville n’en était qu’un énième exemple. Ces souverains, qui ne gouvernaient que par la connivence de politiciens véreux qui y trouvaient leurs comptes ou grâce à la passivité du peuple, ne méritaient pas leur place. Plus jeune, j’avais été beau, d’une beauté lisse et non encore marquée par la vie. Puis, en même temps que la naissance de mes volontés de conquête, j’avais compris qu’être beau ne m’apporterait rien de ce que je désirais. Être beau servait à obtenir des faveurs inutiles, des sourires intéressés et des opportunités que le pouvoir pouvait arracher avec bien plus de facilité. Être beau apportait toujours son lot de complications, sans parler du fait qu'il s'agissait d'une fausse qualité qui avait tendance à éclipser les autres ou à garder l'individu coincé dans une médiocrité qu'il ne comprenait qu'une fois la beauté arrachée.

Naturellement, lorsque ma main arriva vers la queue du chat, celui-ci leva son arrière-train. Mes yeux se posèrent sur Coline qui, elle, était toujours belle. Malheureusement, cet état m’était indifférent. Ce que je souhaitais était tout autre. Des belles femmes, je pouvais en avoir autant que je le désirais. L’envie me manquait pourtant. Je n'étais pas du genre à collectionner les vases et à les exposer dans mon salon. J'aimais les choses et les personnes utiles. Je l’observai avancer, me remémorant les zones de son corps qui avaient été touchés par son adversaire. C’était trop et, à la fois, pas assez. Je souris à la demande. Si elle avait dépassé les bornes, sa tête aurait roulé sur le sol. Si elle n’avait rien formulé de significatif, je lui aurais réservé le même traitement. Savoir jauger ses possibilités et leurs limites était une qualité. Je plaçai mon coude sur la table et caressai mon menton avec le dos de mon index et de mon majeur, pensif. Puis, tranquillement, je piquai une olive avec mon couteau et l’amenai à ma bouche. « L’un de mes hommes a parié sur toi uniquement parce que tu portes mon enfant. Mon sang serait conquérant et puissant selon ses dires. » Reformulée, cette pensée me parut d’autant plus risible. Je posai l’arme pour la regarder de nouveau. « Si quelqu’un t’insulte de la sorte en face, j’espère que tu sauras réagir comme il se doit. » Je lui servis un verre d’alcool. « J’espère aussi que lorsque l’enfant sera hors de ton ventre, tu seras capable de faire la part des choses entre ton attachement pour lui et le reste. » Si elle survivait jusqu’ici. Ma précédente femme avait perdu de sa combativité après la naissance de nos enfants. Elle était devenue faible, rongée par un amour maternel débordant et incompatible avec son statut de Reine d’Uobmab. « Concernant ta demande, je me pencherai sur la question. » Plus les mois avanceraient, plus sa grossesse serait un handicap. « Si je te l'accorde, il faudra t’entraîner plus si tu veux pouvoir survivre. » Je lui tendis son verre et attrapai l’un des cahiers posés sur une chaise à mes côtés. Je fis de même avec l’objet. « Ce sont les nouvelles les plus récentes que je possède sur les situations de Lieugro et de Narfas. Tu pourras les étudier. » J’avais décidé d’intensifier son éducation. « Mange et ensuite nous irons prendre un bain. » Rares étaient ceux qui avaient ce privilège. Je repoussai le plat rempli d’olives afin de me réserver un espace libre, puis attrapai plusieurs lettres qu’il me fallait lire. Inutile de lui préciser que je devais travailler. « Oh et… tu m’as précisé qu’en cas de victoire, tu aimerais pouvoir l’exécuter toi-même. Que se passera-t-il en cas de défaite ? » Nous étions loin du château de son père. Je n’allais pas me contenter d’une simple culotte.

816 mots
Pour une fois qu'il est correct !

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Mar 27 Fév 2024, 22:19



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En duo | Judas & Coline



En une inspiration, Coline se redressa, les sourcils froncés et le visage fermé. Sa victoire n’entretenait aucun lien avec le fait qu’elle était enceinte de Judas. Si elle pouvait parfois naïvement croire que cet enfant lui conférait un quelconque avantage sur ses concurrentes, s’il lui arrivait de songer que le souverain lui octroyait peut-être une légère préférence du fait de sa condition, elle avait parfaitement compris, et ce dès ses premiers jours à Uobmab, que le fœtus n’était ni une protection, ni un faire-valoir, ni un avantage eu égard au mode de vie des autochtones. Elle n’était préservée de rien. Il lui était rapidement apparu que si elle devait mourir, elle mourrait, enfant ou non, de la main de Judas ou d’un autre. Il y avait des mérites que la grossesse, ici, n’accordait pas. « Donnez-moi son nom et l’insulte n’existera plus. » Elle se força à décrisper ses poings pour étendre ses phalanges sur la nappe. Bien avant d’arriver à Uobmab, la Princesse déchue n’avait déjà pas pour habitude de laisser les langues médisantes s’étaler à son sujet. Elle avait toujours fait vivre un enfer à ceux qui osaient entacher sa noblesse. Les critiques – qu’elle tolérait somme toute mal – étaient une chose ; les insultes, des bavures à annihiler des esprits.

Ses iris assombris par son orgueil bafoué et sa colère guerrière se posèrent sur le verre, avant de remonter vers Judas. Il ne buvait jamais. Depuis qu’elle se savait enceinte, elle n’avait pas touché à une seule goutte de vin. Elle baissa les yeux sur son ventre, et son regard s’adoucit. Bientôt, il deviendrait un fardeau ; mais elle croyait l’aimer déjà d’une certaine façon. Elle répondit pourtant prudemment : « Je veux qu’il apprenne à survivre par ses propres moyens. » À Lieugro, jamais on ne le lui avait enseigné. Plus les jours s’égrenaient à Uobmab, plus elle réalisait à quel point elle avait grandi dans une bulle de verre, isolée du monde et de ses horreurs. On l’avait gavée de la littérature, de mathématiques, de géographie, d’histoire, de bienséance, de peinture, de politique, et de tant d’autres choses encore qui, face à la mort, ne sauvaient personne. Elle ne souhaitait pas placer son enfant face aux mêmes difficultés. Il apprendrait dès le plus jeune âge. Elle le guiderait. « Quant au reste, je n’ai jamais laissé qui que ce soit m’empêcher d’atteindre mes objectifs. » affirma-t-elle avec cet aplomb propre aux adolescents trop sûrs d’eux. Elle releva la tête pour plonger son regard dans celui du souverain. Son cœur vibra lourdement, entre la joie et l’appréhension. Elle acquiesça, soudain plus sérieuse, plus grave, mieux consciente de ce qui l’attendait s’il acceptait. « Oui. J’ai prévu de continuer avec Ozorius et de retourner voir les maîtres d’armes qui m’ont refusée pour les inciter à réviser leur jugement. » Elle y avait longuement réfléchi. Bien qu’elle eût perdu de sa fierté mal placée, ce genre de décisions lui coûtait encore. Elle regarda le verre qu’il lui tendait, mais n’hésita qu’une fraction de seconde avant de le prendre. Refuser ne lui paraissait pas être une possibilité. « Merci. » Elle le posa devant son assiette, déterminée à ne pas y toucher. Faire une fausse couche ou mettre au monde un enfant faible n’entraient pas dans ses options.

Toute ombre fut chassée de ses prunelles quand le dossier mentionné glissa vers elle. Des étincelles pétillèrent dans le noisette de ses iris. Coline eut envie d’immédiatement parcourir la liasse de documents, de se fondre dans cette lecture qui devrait répondre à toutes ses questions et même à celles qui ne lui avaient pas encore traversé l’esprit. « Merci. » souffla-t-elle, en ramenant son regard dans celui du souverain. Un éclat de fierté illumina brièvement son visage, et elle ne se fit pas prier pour manger. Au début, elle avait trouvé affreux qu’on ne les servît pas à chaque repas. Elle avait fini par s’habituer à s’emparer elle-même de la nourriture qu’elle désirait. Elle attrapa une assiette de légumes pour en verser dans la sienne. L’idée de prendre un bain avec lui la rassurait et la stressait à la fois. Elle se doutait qu’il n’allait pas juste la regarder se laver et elle craignait que la rugosité de ses mains et la rudesse de ses gestes n’accentuassent la douleur qui auréolait ses blessures. Cependant, elle songeait aussi qu’elle en ressortirait vidée, comme à chaque fois : seule dans son lit, éreintée, le sommeil l’emporterait aussitôt. Ainsi, elle n’aurait pas à affronter les souvenirs de la journée. Elle ne voulait pas repenser au sort de cette femme ; ce fut pourtant exactement l’image que lui renvoya la question du monarque. Elle posa sa fourchette sur le bord de son assiette et releva le visage vers lui. « Vous me trancherez la tête. »

Fin nastae



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