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 | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

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Mitsu
♚ Fondatrice ♔

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Mitsu
Dim 7 Avr 2024 - 10:17


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Explications


Hop !  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | 47

Que se passe-t-il ? À la fin du précédent volet, une première révolte a grondé dans le Royaume de Narfas, fomentée par Primaël et ses alliés, suivie de beaucoup d'autres. Nous sommes un mois après la première. Le Royaume connaît une grande instabilité. Le peuple est partagé concernant la direction à prendre. Certaines personnes ont quitté Narfas, d'autres ont profité de la situation pour se faire un nom ou pour commencer / continuer des trafiques en tout genre. La drogue s'est développée à une vitesse fulgurante et la traite des êtres humains se fait presque en plein jour. Les problèmes de natalité persistent. Néanmoins, l'ordre religieux qui avait été établi jusqu'ici est également instable et les règles ne sont plus respectées. Le peuple débat (les débats c'est dans le meilleur des cas ; généralement la population se tape dessus) et ne sait plus à qui faire confiance. Plusieurs tendances s'opèrent néanmoins dans ce chaos où les grandes têtes de l'ordre religieux et de la royauté sont mortes ou ont disparu :
- Ceux qui voient Primaël, Tamara et Ivahnoë comme des sortes de messies, venus délivrer le peuple. Le pouvoir devrait donc leur revenir. À noter que Tamara jouit d'une véritable popularité chez les femmes.  
- Ceux qui voient Garance/Placide comme la solution à adopter (ils viennent d'un Royaume qui était en paix et prospère avant l'invasion de Judas et sont de sang royal)
- Ceux qui voient Anthonius comme le souverain légitime (puisque c'est l'enfant de Balthazar et de la Reine défunte, Wesphaline).
- Ceux qui pensent qu'il faudrait allier les trois précédents afin de créer un ordre nouveau.
- Ceux qui ne jurent que par les tradition et par la religion (et qui rejoignent assez ceux qui soutiennent Anthonius)
- Ceux qui pensent qu'il serait mieux de se rendre à Judas puisque cela clôturerait les guerres définitivement, personne, selon eux, n'osant s'attaquer au Roi.
- Les autres qui peuvent avoir des pensées diverses et variées (exemple : il serait bien de confier le royaume à un trafiquant de drogue / quelqu'un qui s'y connait en affaires, même si ces affaires sont plus que douteuses).

Le Royaume est également instable sur la question de la faute de la situation actuelle (en fonction des convictions, certains accusent les réfugiés du Royaume de Lieugro d'être à l'origine des problèmes alors que d'autres pensent qu'ils sont venus délivrer le peuple etc...) et sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Les femmes ne décident a priori plus pour les hommes dans le chaos mais certains hommes en profitent pour tenter de leur faire payer ce qu'elles ont pu leur imposer par le passé alors que d'autres sont incapables de prendre des décisions seuls. Certaines femmes désirent céder volontiers le commandement alors que d'autres s'y accrochent.

Plusieurs quartiers ont été brûlés, détruits ou pillés et beaucoup d'habitants se retrouvent à la rue, sans argent, alors que d'autres ont réquisitionné des zones qu'ils protègent avec des armes.

La question du Royaume de Lieugro se pose également puisque les réfugiés veulent toujours récupérer le territoire. Des locaux y voient aussi une opportunité et les trafiquants d'armes se frottent les mains à l'idée d'une guerre à venir, en plus du chaos déjà existant sur place.

BREF. En résumé, c'est le gros bordel et on a deux mois pour tenter de rétablir tout ça 8D Bonne chance camarades o/

Pour le premier tour : Pour le premier tour, histoire de se chauffer un peu, je vous laisse faire un message unique solo afin de résumer un peu les changements pour votre personnage durant le mois qui s'est écoulé (si vous avez des choses à relire, c'est le moment aussi). Si vous n'avez pas d'idée, vous pouvez aussi parler du testament de ce dernier : à qui iront ses biens s'il meurt (ça motivera peut-être les assassinats, je ne sais pas 8D). Les personnages peuvent également écrire des lettres/envoyer des billets à d'autres pour comploter/menacer/que sais-je, en fonction des objectifs et des secrets. Je ne l'ai pas évoqué encore mais pour moi Sextus, Herminiette et Marcellin sont en compétition les uns avec les autres avec un gain à la clef pour le gagnant. Ils sont liés par quelque chose qui transcende leurs différences de point de vue mais je n'ai pas précisé quoi donc si jamais vous avez des idées, venez m'en parler - peut-être qu'ils ont commis ensemble un acte horrible et que chacun possède une preuve capable de faire accuser un autre (le gagnant récupérerait toutes les preuves) ou sont les gardiens d'un trésor dont chacun possède un morceau de la clef (le gagnant récupérerait tous les morceaux) par exemple.
La semaine du 15, on attaquera les choses sérieuses  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | 1628

Rps importants
------ Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
------ Sous le magnolia - Ezémone et Nicodème
------ Mon preux chevalier - Adolestine et Alembert
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs
- Le Royaume de Lieugro - La chute du Roi Sadique
------ La dispute - Ezémone et Nicodème
------ Par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie - Zébella et Adénaïs
------ Tremblement dans le monde

Compte du nombre de messages


Du Royaume de Lieugro :
- Hélène (Garance) : XVII
- Ikar (Placide) : 0
- Dastan (Ludoric) : XVII
- Adriaen (Lambert) : II
- Yngvild (Rosette) : XVII
- Erasme (Clémentin) : I

Du Royaume de Narfas :
- Aäron (Balthazar) : 0
- Jil (Anthonius) : XI
- Eméliana (Tamara) : 0
- Zeryel (Adolphe) : XI
- Lysium (Melchior) : X
- Sympan (Gao) : II
- Oriane (Pénélope) : X
- Lorcán (Ivanhoë) : VIII
- Lazare (Primaël) : VIII
- Orenha (Luthgarde) : VIII
- Jezeṃiās (Sextus) : 0
- Blu (Herminiette) : 0
- Seiji (Marcellin) : VII

Deadline Tour n°1


Dimanche 14 avril à "18H"

Il reste 9 tours (le RD se finira la semaine du 3 juin)

Gain Tour n°1


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Lire ce qu'on ne devrait pas : Toutes les lettres qu'écrivent les personnages jouant les personnages de ce volet de Narfas peuvent être lues par les autres. Il n'y a néanmoins pas de preuves : une fois la lecture terminée, la lettre copie disparaît. Ce pouvoir concerne donc les correspondances de : Aäron, Jil, Eméliana, Zeryel, Lysium, Sympan, Oriane, Lorcán, Lazare, Orenha, Hélène, Ikar, Dastan, Adriaen, Yngvild, Ilias, Jezeṃiās, Blu et Seiji.
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Ssyi'hæ
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Ssyi'hæ
Dim 7 Avr 2024 - 16:04


Image par Sai Teja Vuttaluru & Avatar par @st_hedge


Les Portes V ; Narfas
Jezeṃiās, dans le rôle de Sextus



Rôle - Sextus:

Sextus foulait d'un pas lent les allées ombragées d'un jardin intérieur au Temple où il avait pour habitude d'officier. Pour le moment épargné par les mouvements de révolte, le bâtiment conservait sa splendeur et sa dignité intactes. Le plafond s'élevait plusieurs mètres au dessus des têtes des pratiquants, soutenus par des colonnades en pierre ocre stylisées. Les gravures représentaient les scènes souvent reproduites de la prise d'une partie du Royaume par Uobmab puis du châtiment des Dieux sur les mâles Narfasiens. Jésabelle avait totalement refaçonné le pays avec ses actes. D'une défaite humiliante, elle avait su rebondir et avait transfiguré l'identité de son peuple et de sa culture. Désormais, presque toutes les traditions connues découlaient de ses ordres murmurés dans l'ombre. Le prêtre en avait été témoin. Il admirait et reconnaissait le génie de la sœur de la Reine assassinée. Sa disparition était tragique car Narfas perdait un esprit affuté, mais c'était aussi une aubaine pour Sextus. Certes, le chaos régnait et le pouvoir jonglait entre les mains avides des uns et des autres, mais il voyait là l'occasion de sortir du lot. L'absence du Grand Prêtre élaguait plus encore son ascension. Le culte ne possédait plus de visage officiel et n'avait plus de voix pour décider des choses, là où le peuple avait cruellement besoin qu'on lui tienne la main pour l'aider à entrevoir un chemin qui mènerait à la paix et à la prospérité cruellement nécessaire en ces temps où la violence et l'anarchie valsaient dangereusement dans les rues de la capitale.

D'autres pas se firent entendre et s'empressèrent de s'accorder sur ceux du prêtre qui salua d'un hochement de tête le nouveau venu. De tous les contacts de son réseau personnel, Septemus était le plus fiable et le plus dégourdi. Sextus l'avait pris sous son aile alors que l'adolescent intégrait l'ordre, il s'était chargé de son éducation religieuse et l'avait aidé à gravir les échelons. En échange, il avait obtenu un ami loyal et serviable. « Quelles sont les nouvelles ? » s'enquit-il en levant le nez pour admirer les pétales pourpres du bougainvillier parfumant légèrement l'atmosphère en fin d'après-midi. « Comme nous le craignions, les hôpitaux ont atteint leur point de rupture. Les blessés s'accumulent dans les rues à défaut de pouvoir se faire soigner sur place. » Sextus soupira. « Narfas n'était pas prête pour ces vagues successives de violence. Cette guerre intestinale va faire plus de mal que celle nous ayant coûté l'annexion d'Uobmab si nous la laissons gangréner ainsi la cité sans y mettre de l'ordre. » Septemus acquiesça et le prêtre enchaîna. « Nous allons ouvrir le Temple aux blessés pour leur fournir un abri supplémentaire. Le peuple doit se rappeler que nous sommes de son côté malgré ce que peuvent dire les fauteurs de troubles et apparaître comme une lueur d'espoir au milieu de ce carnage. » décida Sextus en se frottant le menton, là où une fine balafre plus pâle que le reste de sa carnation ressortait. La cicatrice était malencontreusement née de la rencontre entre l'extrémité d'une lanière de cuir qui avait mordu son visage en plus de son dos. Si son corps était recouvert des séquelles de ses pratiques, du dos jusqu'aux mollets, il essayait toujours d'épargner son visage afin de ne pas se défigurer, conscient que des traits harmonieux séduisaient mieux la foule.

« Et les Lieugrois ? Que font-ils ? Toujours à fouiner, à l'affût des miettes qu'ils pourraient récolter ici ? » À leur évocation, Sextus s'était renfrogné, déchirant temporairement le masque amène et charmeur qu'il offrait généralement en public. La présence prolongée des étrangers et l'enchaînement des évènements qui avaient suivi leur arrivée n'avait rien d'une coïncidence à ses yeux. D'une façon ou d'une autre, ils étaient responsables de cette catastrophe. Ce qu'ils désiraient était évident. La protection de Narfas était leur souhait à court terme et allait de soi dans la mesure où les deux nations étaient alliées. Ce qui troublait le sommeil du religieux était ce qu'ils feraient ensuite. Abuseraient-ils de l'hospitalité qui leur avait été offerte en grattant ici le pouvoir qu'ils avaient perdu ailleurs ? Il n'avait pas eu l'occasion de rencontrer leurs ressortissants voisins, et peut-être devait-il commencer par là afin de confirmer ses doutes. « Pour le moment, rien. Ils font profil bas semble-t-il. L'un de leurs membres, Ludoric, a été appelé par Tamara m'a-t-on dit. » Sextus fronça les sourcils et noua ses mains dans son dos, plongé dans les réflexions induites par cette nouvelle information. « Il ne faudrait pas qu'ils s'approchent d'une façon ou d'une autre de la famille royale. » songea-t-il à voix haute. « Anthonius est trop jeune, trop malléable et tout le monde va vouloir en profiter s'il devient par la force des choses le seul à représenter la couronne. » Sextus le premier. Et idéalement, il préférait être le seul que le prince écoutât. Le tandem formé par Balthazar et Gaspard avait plutôt bien fonctionné, grâce à la Reine et à Jésabelle, mais aussi car chacun jouait son rôle. Ils devaient revenir à ce modèle avant que le peuple n'en oublie les bienfaits. « Il ne faut pas qu'ils aillent implanter de drôles d'idées dans sa tête. À quoi Tamara pense-t-elle donc ? » Sans doute ne pensait-elle pas tout court, pensa-t-il, la mine sombre. Ses fonctions se limitaient à protéger le Royaume, pas à faire dans la politique. Sa popularité au sein du peuple était une autre épine à traiter. Peut-être que les évènements récents lui étaient montés à la tête et désirait-elle plus de pouvoir maintenant qu'il devenait à sa portée immédiate ? Ce qui était certain, c'est que la Cheffe des Armées avait activement participé au coup d'état, mais n'aurait-elle pas déjà clamé son autorité si son intention était de régner sur Narfas ? Pourquoi Balthazar et Anthonius étaient-ils gardés en vie ? Les ambitions de Tamara lui restaient nébuleuses et Sextus détestait être dans le flou. Conscient des pensées qui agitaient le religieux, Septemus se râcla la gorge. « Tu pourrais aller lui parler ? Elle est relativement accessible, c'est bien connu. » L'aspirant prêtre s'autorisa un petit sourire qui ne trouva pas son écho chez son mentor. « Non. Je pense qu'il faut la convaincre que ce n'est pas une bonne idée de laisser les Lieugrois s'approcher de trop près du prince. La convaincre par les mots serait inutile, c'est une soldate, et il faut adopter un langage qu'elle puisse comprendre. » « À quoi tu penses ? » « Lieugro pourrait faire une tentative d'assassinat sur le prince, par exemple. »

Message I | 1156 mots

Sextus décide d'ouvrir son Temple où il officie pour les blessés afin de jouer au bon samaritain qui vient à l'aide du petit peuple et se faire bien voir 8D
Il va aussi tenter de faire une fausse tentative d'assassinat sur Anthonius en faisant porter le chapeau sur Lieugro 8D


| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | 90xy
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Zeryel
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Zeryel
Dim 7 Avr 2024 - 18:26

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Les Portes V ; Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe



Rôle - Adolphe d'Epilut:

Placide,

Ma lettre va sans doute te surprendre, cela fait après tout assez longtemps que nous n'avons pas correspondu. J'espère cependant que tu ne seras pas mécontent de me lire.

La raison qui m'a poussé à t'écrire est que j'ai eu vent de tes dernières péripéties non par toi, mais par d'autres moyens. Le moment est peut-être venu de te parler un peu plus de moi. Je vis à Narfas et j'ai appris, comme le reste de la population, de la venue de réfugiés de Lieugro dans notre capitale, il y a plusieurs semaines.

Pour plusieurs raisons, je ne suis pas venu me présenter. La différence de nos statuts respectifs et le niveau d'intimité de tes confidences ont creusé un fossé que je n'ai pas su combler à votre arrivée. Je pense désormais que c'était une erreur. J'aimerais la rattraper, si tu le veux. Je veux aussi que tu saches que tu as un ami, ici, un confident, comme avant lorsque tu me parlais de tout ce qui te préoccupait ou au contraire, tout ce qui te plaisait.

De ce que j'ai pu deviner, tout a dû être très éprouvant pour toi dernièrement et j'espère que cela n'a pas affecté ta relation avec Ludoric.

Adolphe cessa de rédiger sa lettre et se mordilla la lèvre inférieure. Il ne pouvait gommer de sa rétine ce qu'il avait accidentellement vu. Devait-il en parler à Placide ? Et Placide le croirait-il ? Il n'était déjà pas certain de l'accueil qu'il réserverait à sa lettre, et des révélations qu'elle contenait. Lui en voudrait-il de lui avoir menti sur son identité ? De ne pas s'être manifesté plus tôt ? Du peu que l'adolescent avait vu, le prince Lieugrois avait une physionomie douce, une figure amène et des manières tendres, mais la guerre métamorphosait les cœurs et le discours que le blond avait tenu avait la densité de l'acier, à défaut d'en avoir les muscles. C'était à Placide de décider s'il voudrait lui en tenir rancune, ou s'il saurait voir les avantages à lever le masque sur Clobert et voir si leurs échanges pouvaient germer sur autre chose que des confidences pour apaiser ses doutes et ses émois d'adolescent.

Sache que si tu désires te venger de ce que ton père a subi, je ne serais que trop content de prendre les armes à tes côtés pour faire payer Uobmab.

De mon côté, tout a aussi changé étant donné la situation à Narfas, mais c'est pour le mieux. J'ai toujours été en désaccord avec la politique stricte qui était à l'œuvre ici, et je ne suis pas mécontent que les choses soient en train de changer. Tu ne t'en es peut-être pas aperçu, mais les apparences sont trompeuses ici. Sans doute est-ce culturel car je t'ai aussi trompé et Clobert n'est pas mon vrai nom. Je préfère t'en dire plus de vive voix que par écrit. Je t'aurais bien proposé que nous nous retrouvions en ville mais la situation y est trop dangereuse malgré nos efforts pour contenir les élans belliqueux des rebelles. Les soirs où la ville est calme, tu peux te rendre autour de la caserne, je t'y trouverai.

De nouveau, Adolphe hésita en relisant sa proposition. Cela signifiait qu'il aurait moins de temps à accorder à Lénora. Il pouvait se le permettre un soir, éventuellement deux, mais pas davantage, pour la survie de la jeune femme. Si nécessaire, il pouvait toujours s'absenter la nuit discrètement, sans que sa mère ne le remarque mais il préférait rester prudent. Ce ne serait cependant pas la première fois qu'il lui cacherait des choses et depuis la rébellion, elle était fort occupée, au point de lui laisser la responsabilité de calmer les foyers de révolte qui se multipliaient en ville. Non, il ne s'inquiétait pas de réveiller sa suspicion, il avait pris bonne note de l'aveuglement qu'elle avait à son égard, là où rien n'échappait à son regard perçant dans d'autres configurations. Il haussa les épaules et plia la lettre pour aller la glisser là où Placide la trouverait et après avoir vérifié qu'il n'était pas suivi, se rendit dans un quartier de la ville où la garde passait moins fréquemment. Avoir pensé à Lénora avait réveillé son envie de lui rendre visite.

Message I | 756 mots
Adolphe écrit à Placidounet nastae
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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Dim 7 Avr 2024 - 22:17


Les Portes V


Pénélope réarrangea le contenu de son panier en constatant que ce qu'elle cherchait à dissimuler entre épices et sucreries ne l'était pas assez, jetant un regard discret sur les soldates qui rôdaient dans les rues et qu'elle croisait de façon plus ou moins régulière selon les quartiers. La vision de ces femmes l'insupportait, ce qui se fit entendre d'un bruit de succion qui lui échappa. Ce toc, il fallait vraiment qu'elle réussisse à le maîtriser, surtout en ce moment où tout le monde était sur les nerfs. C'était cependant plus fort qu'elle. Elle n'arrivait pas à faire taire la jalousie que la vision de ces femmes lui procurait. Du jour au lendemain, comme apparue de nulle part, la ville s'était vue envahie par ces amazones. Mais, elle, elle savait d'où elles arrivaient. Elle savait où ces femmes avaient été cachées tout ce temps, et c'était ce qui rendait Pénélope particulièrement amère à leur endroit. Au carrefour, elle ralentit le pas, scrutant les ombres qui se détachaient des rues avant de s'y engager. La ville n'était plus sûre depuis l'assassinat de Westphaline, même pour les femmes. Ça aussi ça avait été une histoire qui lui était restée en travers de la gorge. Sa rage avait été double lorsque la soirée avait révélé le jeu de chacun. Là-bas elle y avait gagné la faveur de deux personnes grâce à un jeu auquel elle n'était, d'ailleurs, pas censée participer. L'une d'elles avait disparu au cours de la soirée. Une disparition qui corrélait étrangement à celle de Zebella. La seconde avait été assassinée. La reine en personne ainsi que la fille de Judas avaient perdu ce pari. Elle aurait pu user de l'influence de l'une et des liens de l'autre pour parvenir à ses fins dès le lendemain. Mais non. Quelqu'un avait tué Westphaline et quelqu'un avait laissé la princesse partir. On l'avait privé de la possibilité de s'ériger en maîtresse et soumettre Gao comme ça aurait dû être le cas s'il n'était pas si méprisable. La mâchoire serrée, conséquence de ce mauvais souvenir, l'enlevée referma la prise sur l'anse du panier jusqu'à ce que ça en devienne douloureux. Elle ne se relâcha pas pour autant. Cela faisait plusieurs semaines que ça avait eu lieu et elle n'avait toujours pas digéré l'affaire. Qui ne ruminerait pas une telle occasion manquée ? Elle prit une longue inspiration, puis expira longuement, se détendant en même temps. Tourner cette page n'était pas simple, néanmoins il y avait eu quelques bonnes choses qui en avaient découlé.

Arrivée sur place, elle donna quelques coups à la porte, juste assez fort pour être entendue tout en laissant deviner à l'hôte que l'invité — elle — venait en paix. « J'arrive ! » entendit-elle à travers la porte qui s'ouvrit quelques secondes après. Elle se confronta alors à une jeune femme, d'apparence frêle et fragile, un torchon souillé entre les mains. Néanmoins, comme tout citoyen qui se respecte originaire des terres d'Uobmab, les apparences étaient trompeuses. « Pénélope, je croyais que tu passais plus tard. » - « Je dérange ? » - « Non, entre. » répondit-elle en invitant Pénélope à entrer. « Tu es toute seule ? » - « Pas tout à fait. ». La brune posa son panier sur la table du salon, soudainement méfiante. Sa réponse laissait deviner que ce n'était pas son époux qui était avec elle. Qui alors ? « Marcus est à la caserne ? Ça doit être assez étrange de passer du commandement de Tamara à celui d'un adolescent. » sourit-elle finalement. Elle avait en mémoire la témérité du garçon. Il devait être insupportable en capitaine des armées. « Un jour il faudra que tu m'expliques pourquoi tu as bien voulu te marier avec un soldat d'ailleurs. ». Ça avait toujours paru curieux à ses yeux de choisir un eunuque comme époux. « Je suis sûre que tu es capable de deviner. Tu ne continuerais pas à voir tes frères sinon. ». Pénélope arrêta de fouiller dans son panier un instant, détaillant les expressions de Desdémone avant de replonger dans son panier, en silence. « Et avoue que ça t'arrange. » - « C'est vrai. » admit Pénélope en tendant une petite boîte à sa vis-à-vis. « C'est tout de même bien pratique d'avoir de la famille dans le commerce. » déclara cette dernière en s'emparant de la boîte qu'elle ouvrit, dévoilant un mélange d'herbes dont seul Melchior avait le secret. « Ça aide pour certaines choses, c'est vrai. » approuva Pénélope sans montrer quelque gratitude que ce soit envers les jumeaux. « Dehors on sera mieux, j'ai encore une théière chaude en plus. ». La brune approuva et rejoint le riad de la maison. Là, elle marqua un temps sur le palier en voyant un homme, nu contre un mur, agonisant dans son sang. « Tu sais que j'ai du mal avec la vue du sang... » se plaignit-elle en s'installant au plus loin de la scène. « Je te l'ai dit. Je t'attendais pour plus tard. » rétorqua la jeune femme en approchant, plateau en main. « Ça m'étonnera toujours qu'il puisse exister des gens phobiques au sang. Surtout des femmes. » ajouta-t-elle en servant deux verres, sans même un regard pour le malheureux. Pénélope n'y répondit rien. Ce n'était pas tout à fait de la phobie. La cause était autre et secrète. De toute façon, elle devrait s'y faire. Le sang peignait chaque jour un peu plus les murs des rues. « Tu l'as castré ? » l'interrogea-t-elle ensuite en levant enfin les yeux sur le presque mort, constatant seulement la source de l'hémorragie. « Le seul sort que méritent les violeurs. Fais attention d'ailleurs quand tu sors. Je crois qu'il y a quelques mâles qui se sont regroupés pour causer quelques sévices aux femmes du coin. Ce n'est pas le premier à en agresser une. ». Pénélope opina du chef. Il était plus que temps que l'ordre revienne dans le pays, et la réaction de Desdémone ne faisait qu'appuyer la vraisemblance de la croyance de Marcellin.
©gotheim pour epicode


Post I | Mots 1016
avatar : Astri-Lohne
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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Lun 8 Avr 2024 - 6:03


Melchior grattait furieusement le parchemin. Les instructions qu'il notait ne laissaient pourtant transparaître aucune émotion. Il écrivait dans un langage codé ; une mesure nécessaire, pour se prémunir des regards indiscrets. Celui qui recevrait ce message saurait comprendre ce qui était attendu de lui. "Lui" étant un mot particulièrement important à retenir car, en effet, le réseau de malfrats qui avait fini par s’agréger autour des activités de Melchior était entièrement masculin. Certaines dames avaient fini par se retrouver impliquées grâce à leurs connexions mais – et le marchand insistait sur ce point – leur nature ne leur permettait pas de mener à bien ce genre d'affaires avec l'intellect et le stoïcisme nécessaires.

Aussi, puisque le contexte actuel permettait enfin d'exclure le sexe oppresseur, il ne fallait pas s'en priver. Les proches de Melchior auraient pourtant relevé que ce dernier ne semblait pas particulièrement heureux de la tournure des événements. Il n'était pas insatisfait, non, mais… ce n'était pas assez. Ou alors, ce n'était simplement pas ce qu'il attendait de cette révolution dont il avait tant rêvé. C'était peut-être ça, le cœur de problème : il en attendait toujours trop. Quand il était enfant, ses parents disparaissaient parfois pendant des mois en voyage professionnel, en quête de nouveaux thés exotiques. Gao et son frère se retrouvaient alors seuls avec des employés de la boutique ; autant dire qu'ils étaient libres de se gambader sans supervision. Ils jouaient et, comme n'importe quels enfants, se racontaient des histoires. Ils imaginaient Père et Mère comme des aventuriers bravant milles dangers, et revenant victorieux avec des feuilles magiques. Anticiper leur retour était toujours agréable mais, quand Romande et Corélus finissaient enfin par franchir le pas de la porte, ils ne ramenaient avec eux que du thé au goût finalement assez similaire à tous les autres. Ce souvenir était le début du fil rouge de Melchior. Visiblement, il y avait deux constantes dans sa vie : être déçu, et penser à de l'herbe.

Le pseudo-révolutionnaire se sentait presque coupable de ne pas être davantage reconnaissant qu'un bouleversement d'une telle ampleur ait pris place aussi tôt et en si peu de temps. Mais, voilà : on ne peut pas changer son ressenti. Si une telle chose était possible, il serait le premier à effacer Pénélope de son esprit. En vérité, il la tenait même pour responsable de sa contrariété. Il avait placé trop d'espoirs dans la politique, mais aucun renversement de gouvernement ne suffirait à résoudre ses problèmes personnels. Il avait été proche d'elle, l'espace d'une soirée. Après l'assassinat de Wesphaline et l'emprisonnement de chiffe-molle-machin-chose, ils avaient tous deux été occupés par la vie. Il était allé à Elafar sans elle. Pendant un temps, le marchand de thé avait cru que prendre de la distance estomperait les sentiments qu'il abritait à l'égard de sa sœur adoptive. Il avait eu tort : cela n'avait fait qu'augmenter son désir.

Chaque nuit, il était hanté par une simple question, se résumant à quelques mots: "en dehors du fait qu'elle soit promise à mon frère, qu'est-ce qu'une femme simple comme Pénélope pouvait trouver à reprocher en un homme jeune, fort, séduisant et fertile doublé d'un entrepreneur impliqué dans le commerce de sa nation, possédant une intelligence remarquable – dépassant en tout point celles des gorets à qui elle pouvait adresser la parole – et ayant acquis un patrimoine qui lui garantirait très certainement la richesse jusqu'aux restant de ses jours ?" Il n'avait toujours pas trouvé de réponse. Il pensait pourtant être un parti parfait.

La femme est une énigme pour l'homme, dit-on. Alors peut-être que les dictons ont tort, car une énigme est censée apporter un sentiment de triomphe satisfaisant. Pénélope, elle, était plutôt un de ces casse-têtes bêtes et frustrants, impossibles à résoudre et dont la solution paraît pourtant si évidente. Melchior se surprit à rouler abruptement le parchemin. La texture de la feuille de cuir fin lui rappelait celle de la peau de sa sœur. Il avait besoin de respirer. De toute façon, son message était terminé.

« Godefroy ! » Après quelques secondes, un garçon se précipita dans le bureau du marchand. Qui aurait cru que les affaires fleuriraient si vite. Le malheur d'un royaume fait le bonheur d'un trafiquant. « Fais parvenir ceci à Monsieur Tenvonb. » Il aimait utiliser des noms de codes par souci d'anonymat et de confidentialité, mais ne s'inquiétait pas quant à la sécurité de son commerce. La vente de thé faisait une couverture suffisante et, par ces temps-ci, tout était permis. Maintenant plus que jamais, le peuple comme la noblesse avaient besoin de stupéfiants. « Bien sûr. Aussi… je ne voulais pas vous déranger mais, pendant que vous travailliez, quelqu'un est passé remettre un mot. » Après un échange de vélins, Godefroy prit congé, laissant Melchior étudier le message encodé. Recevoir une lettre de sa chère et tendre aurait été préférable.


Post X | 807 mots | Melchior écrit.
Rôle - Melchior:


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Lun 8 Avr 2024 - 18:50



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


Le monde tel qu’ils l’avaient connu n’existait plus. La Révolte avait balayé le pouvoir. Ses petites sœurs, en parachevant ce travail, avaient par la même instauré une instabilité délétère. L’ordre brutal imposé par la Reine Wesphaline s’était écroulé pour ne faire place qu’à un chaos aussi virulent. Ils avaient déclenché une guerre, mais ils étaient loin de l’avoir gagnée. Primaël gardait cette pensée à l’esprit en permanence. La partie d’échecs qu’il avait lancée ne faisait que commencer, et la croire déjà remportée aurait été une grossière erreur. Il n’avait pas que des pions face à lui. Si la reine noire était bien tombée en entraînant la perte de son roi et de tous ses soutiens, d’autres joueurs avaient rejoint la partie. Avec certains, il pouvait composer. Avec d’autres, il devrait agir rapidement, sans concession. « Narfas ne sera plus jamais tel que nous l’avons connu. » Ses iris bleus sondèrent la foule. « Il n’y aura plus de royauté, plus de privilèges, plus de mensonges. » Les têtes approuvèrent. « J’entends vos souffrances et vos espoirs. » Leurs yeux le scrutaient avec intensité. En un mois, il n’était pas parvenu à s’habituer à ces regards qui semblaient attendre de lui un énième miracle. Un coup de chance, un tour de magie. Il avait les cartes en mains, le jeu s’offrait à lui ; mais il n’avait pas le droit de s’amuser pour le plaisir de ressentir de l’adrénaline, il n’avait pas le droit de tenter sans aucune garantie, parce que la vie de tous ces gens et de bien d’autres encore en dépendait. « C’est pour cette raison que je souhaite qu’ensemble, nous œuvrions pour offrir à ce royaume et à son peuple une existence prospère. La justice, la parité, la paix. » On l’avait fait monter sur une table, du haut de laquelle il dominait la place. Sa silhouette s’élevait sur le fond bleu du ciel, droite et magnétique. Il les attirait, les persuadait, les charmait, les convainquait comme il l’avait fait des marchands d’esclaves et des femmes nobles, autrefois. Il n’avait pas besoin de réfléchir : il laissait les mots et les gestes s’incarner en lui avec un naturel déconcertant. Dans la lumière, Primaël ne s’appartenait pas : il était à eux, à tous ceux qui le regardaient, à tous ceux qui l’écoutaient, à tous ceux qui le croyaient. Seule l’ombre lui laissait du répit. « Cet avenir ne peut pas être si nos rues sont à feu et à sang. Nos tyrans sont tombés : cette guerre est terminée, et si nous devons nous battre, c’est contre cette violence qui nous détruit. » Des viva s’élevèrent ; son cœur se gonfla d’adrénaline. Il attendit que le calme fût revenu pour poursuivre : « Soignez les blessés, accueillez-les chez vous. Aidez vos voisins, reconstruisez les maisons et les commerces. » Lui-même s’était impliqué dans les reconstructions – tant physiquement que matériellement, par le financement de travaux –, et sa maison de campagne hébergeait plusieurs victimes des rixes qui éclataient régulièrement. « C’est sur cette union, cette entraide, cette solidarité que nous fonderons le monde de demain. Si nous devons lutter, c’est pour garder l’esprit clair et pour porter calmement et intelligemment nos idéaux au-devant de ceux qui espèrent le retour de l’ancien monde ou la chute de Narfas. Si nous devons lutter, c’est pour créer ce futur qui nous appelle. Je vous le dis, je vous le redis et j’espère vous le prouver chaque jour qui passe : mon cœur est vôtre. Il appartient à notre révolution et tant qu’il battra, tant que je devrais me battre pour nos idées, pour vous, je le ferai. » Sa phrase se termina en piqué, comme un coup franc porté du bout de l’épée. Des hourras montèrent des bouches enthousiastes. Les réactions étaient toujours les mêmes. Son enthousiasme et son adrénaline leur répondaient par des sourires francs. Il ne voulait pourtant pas être un héros. Parfois, le soir, lorsque la nuit recouvrait peu à peu la cité et que son esprit parcourait à nouveau le déroulé de sa journée, il craignait de se perdre comme tant de glorieux avant lui. La lumière aveuglait.



« Renseignez-vous davantage sur ce Sextus dont vous m’avez parlé. Je veux savoir ce qu’il fait, quand, pourquoi, comment et avec qui. » Primaël planta son regard sur l’espion. « La religion est une véritable hydre ; vous en coupez une tête et dix repoussent. » Il pinça les lèvres et inspira. Les cultes narfasiens, tels qu’ils existaient, ne pouvaient pas perdurer. Nombre d’ecclésiastiques défendaient l’ancien ordre et souhaitaient son retour. Assassiner Anthonius aurait pu calmer leurs ardeurs, mais le joueur avait promis à Tamara de garder l’adolescente en vie. L’ancienne cheffe des armées était une alliée de poids. Il n’envisageait pas l’avènement d’un nouveau gouvernement sans elle. Ses prunelles descendirent sur son plateau d’échecs. Il bougea un pion. « Je veux aussi que vous étoffiez vos rapports sur Garance de Lieugro et les siens. » Sa rencontre avec la Princesse déchue l’avait convaincu d’une chose : son intelligence ne devait pas être prise à la légère. Il la savait liée à Gao – quand il les avait fait demander, on les avait trouvés ensemble, la lieugroise à moitié dénudée. Il ignorait ce qu’ils s’étaient dits, ce soir-là. Il se méfiait, d’autant qu’il avait récemment pu à nouveau constater jusqu’à quelles extrémités les étrangers étaient capables de se rendre. « Et faites chercher Ivanhoë et Tamara, s’il vous plaît. » Il devait leur parler. Narfas ne pouvait pas éternellement demeurer sans gouvernement. Le temps pressait. « Merci pour tout. » L’espion acquiesça et s’éclipsa.



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Priam et Laëth
Lun 8 Avr 2024 - 20:08




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Était-il en vie ? Garance en était presque convaincue ; mais le doute persistait, insidieux. Dans le chaos qui avait succédé à la mort de Wesphaline et à la chute du gouvernement, nombre de personnes avaient disparu. En constatant qu’ils manquaient à l’appel, la régente avait fait fouiller toute la ville à la recherche de son fils, de Childéric d’Ukok et de Zébella d’Uobmab. Aucun corps n’avait été retrouvé. Cependant, les écuries avaient été vidées de trois chevaux, et le militaire semblait avoir emporté tous ses effets. Il avait fui, emmenant avec lui la Princesse et Alembert. Il n’y avait aucune chance pour que l’Uobmabienne eût pu s’échapper par ses propres moyens. Il l’avait aidée. Il avait trahi la couronne et le pacte qu’ils avaient scellés des années auparavant. Elle ne se faisait aucune illusion sur leur destination : ils se dirigeaient droit sur Lieugro. Ailleurs, aucune promesse ne les attendait. En revanche, en rendant sa liberté et la couronne volée à Zébella, Childéric pensait sans doute s’octroyer une place de choix. Il devait certainement croire que l’enlèvement d’Alembert le protégeait d’une réponse immédiate de Garance vis-à-vis de sa trahison, en même temps qu’il prouvait sa nouvelle allégeance aux félons. Elle avait donc directement contacté ses espions sur place. Elle voulait qu’on lui ramenât son fils en vie, et l’ancien chef des armées aussi. Elle le tuerait de ses mains. La disparition de son fils l’avait plongée dans d’indicibles tourments. Les hurlements et les pleurs ne s’étaient cependant déchaînés que dans l’intimité de sa chambre. Face à Lambert, parfois. Il avait toujours été le seul devant lequel elle pouvait se montrer un tant soit peu vulnérable. Par moment, elle regrettait de s’être effondrée devant lui. D’autres fois, elle songeait que cela l’avait d’autant plus enchaîné à elle. Avec les autres, elle était demeurée digne et implacable. Elle avait pourtant mis du temps à raisonner son cœur envahi par la terreur maternelle ; et ce temps, ce temps qu’elle n’avait pas, elle l’avait perdu. Narfas ne l’attendait pas, Lieugro non plus. Si elle voulait survivre et s’élever, elle devait séparer le cœur de l’intellect. Elle ne récupérerait pas son fils en se traînant dans la boue. Le pouvoir était à portée de main. Elle devait accélérer les choses.

En relisant le papier d’informations que ses espions lui avaient confié, appuyée à la rambarde du balcon de la demeure qu’on leur avait prêtée, elle ne put s’empêcher de poser une main sur son ventre. Lui, au moins, vivait, et il constituait une raison de plus de se battre pour ses ambitions. Si au début, elle n’y avait pas cru, elle savait désormais avec certitude qu’un enfant grandissait dans son utérus. La grossesse ne tarderait pas à se voir. Elle avait été surprise de la constater ; la Lieugroise avait conscience qu’à son âge, la fécondité n’était pas au meilleur de sa forme. Elle avait prévenu Lambert, cette fois. Les alliés se faisaient rares et leur situation demeurait extrêmement précaire ; elle ne pouvait pas se permettre qu’il se détournât d’elle. Elle connaissait ses faiblesses. Les enfants en faisaient partie. Même en découvrant Alembert sur le tard, il avait cherché à en prendre soin, et la façon dont il couvait sa fille démontrait qu’il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Tant qu’elle serait enceinte, il resterait à ses côtés. De manière générale, elle le savait plus fiable que ce traître de Childéric. Plus fiable et plus difficile à gérer à la fois ; il lui rappelait des chimères qui n’avaient plus lieu d’être.

La Princesse déchue tourna le dos à la vue de la ville qui s’étendait à ses pieds et rentra dans ses appartements. À la flamme d’une bougie, elle brûla le papier confidentiel. Puis, elle s’assit à son bureau et écrivit plusieurs lettres. Une pour Gao d’Eésnep, d’abord. Elle désirait s’entretenir avec lui. Ce qu’il lui avait dit le jour de la mort de Wesphaline la hantait souvent, et bien qu’ils se fussent revus, ils n’avaient pas véritablement pris le temps d’en reparler. Une pour Primaël Noyarc, ensuite. Le roturier qui se voyait déjà Roi. Pour pouvoir le manipuler à sa guise, il lui faudrait l’affaiblir. Néanmoins, elle comptait d’abord montrer patte blanche, et pour cela, elle lui divulguait régulièrement ce que son petit réseau d’espionnage lui apprenait. Il s’agissait de jouer finement. Pour le moment, elle n’avait d’autres choix que de faire semblant de vouloir devenir son alliée. À lui, à son amant Ivanhoë, et à Tamara d’Epilut. Elle voyait régulièrement sa milice passer sous ses fenêtres. L’ancienne cheffe des armées était maline. C’était ce que le Roi lui avait appris, entre autres choses. Elle scella ses missives et les fit envoyer. On l’attendait.



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Lun 8 Avr 2024 - 21:09

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Les Portes V ; Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë, l'assassin




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Ivanhoë tira sur les pans de la capuche masquant ses traits en pénétrant dans le bordel caché dans les bas-fonds de la capitale. Du pas sûr de celui qui connait par cœur ces lieux, il se rendit jusqu'au comptoir où il leva brièvement la tête pour se montrer au tenancier. « Ma chambre est prête ? » « Comme demandé, oui. » « Merci. » Lestement, il gravit les étages jusqu'au second. Il rejeta sa capuche en arrière après être entré et avoir refermé la porte. Agrémentée d'étoffes chamarrées, la pièce était décorée à la manière voyante et étouffante que l'assassin exécrait pour l'avoir vue trop de fois, mais il n'était plus à un sacrifice près. Maintenant plus que jamais, il se dédiait à la cause avec une froide minutie. Rien n'était laissé au hasard, il laissait à Primaël le soin de négocier avec la chance. Ivanhoë n'avait jamais su jouer comme l'ancien semencier. Il ne jouait jamais, tout simplement. Il s'exécutait, et souvent, il exécutait.

Il s'assit à la coiffeuse après s'être changé pour prendre une tenue plus adaptée où le tissu avait cédé la place à des rangées de breloques dorées ornant son corps nu. Sans les artifices de ses vêtements, les doutes sur son sexe n'existaient plus que dans la délicatesse de ses traits et dans la profondeur de ses iris. Son client jouerait le jeu, car il n'aimait pas affronter de face ses désirs, et Ivanhoë s'y pliait sans broncher. Il avait l'habitude. En quelques gestes aussi précis que lorsqu'il faisait sourire une gorge d'un seul mouvement, il finit de se maquiller pour laisser apparaître le visage féminin qui rassurerait l'homme qui devait arriver d'une seconde à l'autre. Il profita du temps qui lui restait pour vérifier l'emplacement de ses armes dans la pièce et quand quelques coups firent trembler le battant, il était prêt.

Ils avaient bavardé de sujets sans importance, bu du vin bon marché mais qui avait eu l'effet escompté. Les joues rougies par l'alcool et l'excitation, Alric avait glissé sa main sur la cuisse d'Ivanhoë et le reste n'avait été l'affaire que de quelques minutes. Allongé sur le ventre, le visage sur le côté, l'assassin regardait son client reprendre son souffle, un bras sur le visage. « Alors, comment vont les affaires ? » murmura-t-il. L'homme retint sa respiration et leva son bras pour regarder le roux. « J'ai remarqué que tu étais plus tendu que d'habitude. Tout va bien ? » Car cela faisait environ deux semaines que l'homme se payait les services d'Ivanhoë. Il avait tout fait pour lui plaire, une fois quelques informations confirmées, à la fois sur ses préférences sexuelles et sur ses activités. « Je n'aime pas parler de ça. » grogna-t-il, l'expression fermée. Ivanhoë avança une main jusqu'à l'épaule d'Alric qu'il commença à caresser distraitement. « Je sais écouter et rester discret. Ça fait partie de mes nombreux talents. Si tu viens ici, c'est pour te détendre. Visiblement, je n'ai pas atteint mon objectif aujourd'hui. » Et il appuya sur un poing de tension à la jointure entre l'épaule et le cou, l'air de rien. L'homme lui lança un regard noir, puis s'adoucit progressivement. « Tu as déjà deviné que je faisais partie des rebelles. Je ne m'en cache pas, ce n'est plus nécessaire aujourd'hui. » Ivanhoë ne répondit rien, ses yeux verrouillés sur le dessin des muscles sous la peau qu'il retraçait de ses doigts. « Pas ceux qui font partie du cercle formé par Primaël et qui s'agrandit à chaque maudite heure que les dieux font. Je n'ai jamais adhéré à ça, même s'il faut lui accorder qu'il a eu les couilles d'aller au bout des choses. » « Tu n'aimes pas Primaël ? » releva Ivanhoë. Il sourit, rassurant. « On ne dirait pas comme ça, mais ses idées ne sont pas partagées par tout le monde. Je le sais, je vois beaucoup de monde passer, mais je ne te dirais pas qui, secret professionnel oblige. » « Oh mais moi, je sais qui ils sont. Quand on l'écoute parler, c'est comme manger du miel, ça glisse tout seul et on veut encore. Mais je me méfie de ça. Tout est trop parfait dans son discours. » « Il est beau parleur, c'est vrai. » confirma Ivanhoë. « Tu sais qui ils sont ? » « Qui ? » « Ceux qui pensent comme toi. Comment sais-tu qui ils sont ? » « Ah ! On a fondé notre propre groupe de rebelles avec quelques copains. On ne veut pas de ces niaiseries qu'il sort à qui veut bien l'entendre juste pour sécuriser sa place au sommet. On a un plan. » Pour le moment, Ivanhoë n'apprenait pas grand chose mais il maîtrisa son impatience. « Ça explique toute cette tension. » « Ouais. C'est sur le point de se concrétiser. Il reste juste quelques détails à peaufiner. Avec Florival qui a réussit à trouver les armes avec son contact dans l'armée... » Il s'interrompit en se rendant compte du nom qu'il venait de délivrer et jeta un regard soupçonneux à Ivanhoë qui prenait soin de n'afficher aucune émotion. Ses caresses s'étaient déplacées sur la hanche de l'homme et il était comme absorbé par le jeu de ses doigts sur la peau tendue par l'ossature. « Bref, je pense que la prochaine fois qu'on se verra, ce sera ptêtre moi sur une estrade à parler joli aux Narfasiens. » « Je n'aime pas beaucoup Primaël non plus. » confia subitement Ivanhoë en relevant les yeux sur Alric. « Ah... Ah oui ? » L'air presque déconfit, il fixa le roux, incertain. « Mmh. Je n'arrive pas à avaler à l'avenir qu'il nous promet si on le suit. Je ne dis pas que je suis contre ce qu'il a fait, c'est une bonne chose. Je détestais Balthazar et tous ces nobles qui baignaient dans leurs privilèges. Seulement... Je ne sais pas. J'aimerais faire quelque chose d'utile, mais je ne sais pas quoi ni comment. Sorti de cette pièce, je ne sais pas vraiment quoi faire ni ou aller pour changer les choses. Pour un homme comme moi, c'est difficile. » Il sourit tristement, comme s'il s'était fait à cette fatalité avec le temps. « Ouais... » Un long silence s'installa et Ivanhoë craignit un instant que l'homme se soit endormi. « J'pourrais te présenter, t'introduire, si tu le veux vraiment. Avoir une paire de mains en plus, ce serait pas du luxe et malgré ce que tu dis, je pense que tu pourrais être utile. Il suffit de faire ce qu'on te dit, et voilà. Tu pourrais faire diversion, pendant qu'on s'occupe de Primaël. » « Vraiment ? » L'assassin s'était redressé sur ses avant-bras, le visage éclairé par l'espoir. « Ouais. Écoute, on doit se retrouver ce soir. Tu n'as qu'à venir aussi et on t'expliquera tout. Tu sais lire ? » Ivanhoë acquiesça et Alric quitta le lit pour aller attraper un morceau de parchemin sur lequel il griffona. « Va à cette adresse, une heure après le coucher du soleil. Sois discret et couvre-toi le visage, assure-toi de pas être suivi surtout. » Ivanhoë prit le papier et le lut avec avidité. « Merci... » souffla-t-il, réellement soulagé. Il allait enfin pouvoir cesser. Il s'était redressé aussi. Sa main sous l'oreiller se referma sur la poignée d'une dague. « Merci pour tout. » « De rien ! » Ragaillardi, l'homme commença à se rhabiller en sifflotant, et sans voir son amant se lever et s'approcher silencieusement. Il n'entendit que le sifflement de l'acier qui chanta sur l'air, trop tard, avant de s'interrompre avec un bruit mat dans sa nuque.

Quand il sortit, Ivanhoë tenait le papier serré dans son poing tâché de sang. Il savait où se rendre le soir pour étouffer dans l'œuf ce noyau de rebelles. Il ignora la fatigue qui encerclait son crâne d'une migraine persistante. Il dormait mal depuis un mois. Primaël s'exposait et devenait une cible, trop tentante pour beaucoup. Ce n'était pas le premier projet d'assassinat contre lui qu'il désamorçait, et l'inquiétude assombrissait de cernes ses yeux. Il n'en parlait pas à Primaël, pour ne pas ajouter au stress auquel il était exposé. Pour chaque homme ou femme qu'il exécutait dans l'ombre avant qu'ils puissent lever le moindre doigt sur Primaël, cinq autres apparaissaient. C'était une quête qui n'avait pas de fin, et Ivanhoë ne faisait pas confiance aux gardes qui entouraient Primaël pour le garder sauf. Il ne faisait confiance à personne, sinon à son ami et amant, pas même à Tamara avec qui ils s'étaient alliés depuis cette soirée. Ceux qui s'approchaient du pouvoir perdaient la raison, et il la surveillait avec une féroce acuité. Contre elle, il ne faisait pas le poids, et il avait le désavantage qu'elle savait qui il était, à l'inverse de beaucoup de monde. Ce qu'il venait de faire avec Alric ne fonctionnerait pas sur la Cheffe des Armées si elle venait à vouloir évincer Primaël.

Message I | "je suis désolée" mots

Ivanhoë assassine des gens qui voulaient tuer Primaël, le vrai bro nastae
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Lun 8 Avr 2024 - 22:17




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


Une main se posa sur son bras. « Tu es sûre que tu te sens bien, Rosette ? » La jeune fille cligna des yeux et tourna la tête pour regarder l’infirmière. Elle acquiesça. « Oui, ça va. » Elle sourit. « J’avais juste la tête dans les nuages. » Elle s’était occupée du bras d’un jeune garçon, cassé et criblé d’échardes suite à l’explosion d’un bâtiment. Il s’en sortait bien. Il aurait pu mourir. Son travail achevé, elle l’avait observé d’un air pensif, jusqu’à ce que sa collègue ne l’interrompît. Celle-ci lui adressa un sourire d’encouragement. « Que puis-je faire d’autre pour aider ? » - « Il faut changer les bandages d’Énova, donner sa poudre anti-douleur à Gabieto et vérifier nos stocks. » - « Je peux me charger de tout ça. » Sans attendre, elle se leva et lissa machinalement son pantalon. Elle avait encore l’habitude des plis que faisaient les robes, qu’elle avait pourtant abandonnées quelques jours après avoir commencé à travailler à l’hôpital. La praticité l’avait emportée sur la coquetterie. Ses habitudes de noble avaient été chamboulées par cet engagement, cependant, elle persévérait. Elle aidait à soigner au sein de l’hospice, et arpentait aussi régulièrement les rues pour apporter les premiers secours aux habitants blessés par les destructions et les combats. Elle avait dressé l’un de ses oiseaux afin qu’il partît en repérage dans la cité, et la guidât jusqu’aux zones sinistrées. Les deux autres volatiles qui avaient pu l’accompagner à Narfas rendaient parfois visite aux convalescents. Les tours qu’ils étaient capables d’exécuter égayaient les journées souvent répétitives des prisonniers du centre de soin.

Elle se dirigea vers les coffres qui contenaient tous les ustensiles de soin et préleva ceux dont elle aurait besoin, avant de se diriger vers le lit d’Énova. Dès qu’elle la vit, l’enfant lui adressa un grand sourire et un vif geste de la main, auxquels la Lieugroise répondit chaleureusement. Elle n’avait pas eu autant de chance que le garçon de tout à l’heure. Sa maison avait pris feu : son corps était marqué de brûlures qui semblaient encore dévorer sa chair et on avait dû l’amputer d’une jambe, broyée par l’une des poutres porteuses de la bâtisse. Elle avait passé plusieurs jours dans un profond coma, au point que sa famille avait cru devoir se préparer à la pleurer. « Bonjour, Rosette ! » - « Bonjour, Énova. Comment tu te sens, aujourd’hui ? » - « Ça va. Papa est passé me voir tout à l’heure. Il nous a trouvé un endroit où dormir, alors je vais bientôt pouvoir partir. » La jeune noble acquiesça. « La médecin m’a effectivement dit que tes blessures devraient être stabilisées d’ici quelques jours. » Elle acquiesça vigoureusement, avant de repousser les couvertures pour subir son traitement journalier : retrait des pansements, inspection, désinfection, mise en place de cataplasme et de bandages propres. « J’imagine que ça t’a fait plaisir de voir ton papa. » commença Rosette en retirant aussi délicatement que possible la première bande de tissu, après s’être désinfecté les mains à l’alcool. « Qu’est-ce qu’il t’a raconté ? » - « C’est Clémentin le Lieugrois, ton amoureux, c’est ça ? » La réponse surprit la rouquine. Elle releva des yeux intrigués. « Oui, pourquoi ? » - « Papa m’a parlé de lui. » Elle haussa un sourcil, sans cesser sa tâche. « Mon tonton l’a croisé dans la rue, l’autre jour, et il l’a reconnu. C’est lui qui l’a libéré ! » - « Qui l’a libéré ? » - « Oui, lui et plein d’autres gens ! » - « Libéré de quoi ? » - « Quand il était esclave. J’étais touuuute petite, alors je m’en rappelle pas, mais papa m’a raconté. » Rosette considéra la fillette, étonnée. Elle savait que Clémentin avait voyagé à Narfas, où il avait notamment travaillé en tant que charpentier. Il ne lui avait cependant pas raconté cet épisode de son excursion. Était-ce vrai ? Le connaissant, sa modestie avait parfaitement pu passer ce moment sous silence. Elle sentit son cœur rayonner de l’amour qu’elle éprouvait pour le brun et sourit. « Il dit que c’est des bêtises de vouloir vous chasser, parce que des gens comme toi ou Clémentin, vous nous aidez. » - « C’est gentil. On essaye de faire au mieux. » Elle examina les blessures de l’enfant. Les infirmières et les docteures lui avaient appris à entraîner son œil. Il lui restait encore beaucoup de connaissances à acquérir et d’heures de pratique à effectuer mais, depuis un mois, elle avait tant pris cette tâche à cœur qu’elle était capable de se débrouiller pour les soins de base. Elle tenait à aider ; et cette activité servait aussi ses autres desseins. Clémentin était quelqu’un de bien. Il ne semblait pas toujours s’en rendre compte, mais il méritait tout ce que la vie ne lui avait jamais offert, peut-être même plus que ce que Rosette elle-même pouvait lui donner – et plus les jours passaient, plus elle était certaine de pouvoir tout donner ou tout abandonner pour lui. Elle l’aimait avec une férocité qu’elle ne se connaissait pas avant de le rencontrer. Elle avait hâte de le retrouver et de se réfugier entre ses bras.



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Lun 8 Avr 2024 - 22:42

Herminiette
Les portes - Narfas
Poppy - What It Becomes


Depuis la fenêtre de ses appartements, Herminiette contemplait Narfas. L'espace entre ses deux sourcils ne défronçait pas et de l’ongle, elle tapotait frénétiquement le coin d’une petite commode, qu’elle avait érigée comme la demeure de quelques plantes. Le royaume était méconnaissable depuis quelques semaines. Herminiette, elle, revivait depuis quelques semaines. Elle avait cru perdre sa patience légendaire face à la politique de Narfas. Cet ordre religieux aurait pu avoir raison d’elle, mais cette structure archaïque et malgré tout tenace, s’était finalement effondrée sur elle-même. Ironiquement, cela lui avait redonné foi : les lois de la physique s’appliquaient partout, au point même de s’imposer aux projets les plus lunaires.

La femme baissa les yeux. Elle grattait le bord de son ongle, comme pour déloger une crasse qui résidait là depuis environ un mois. Elle se sentait plus légère à présent. Sa colonne vertébrale, déjà droite auparavant, s’était encore plus redressée. Son œil était vif. Ses vêtements étaient devenus plus confortables. Son cerveau était en ébullition. Tout était possible, ses ambitions n’avaient plus rien d’un fantasme.

Depuis son point de vue, Herminiette pouvait discerner le Temple dans lequel exerçait Sextus. Une grimace fronça sensiblement l'arête de son nez et retroussa sa lèvre supérieure. Les choses auraient été tellement plus faciles si elle avait pu le tuer, lui aussi. Son engouement autour d'une volonté divine face à laquelle ils devaient ployer était ridicule. Personne en ce monde n’allait les sauver ou leur octroyer une quelconque rédemption s’ils ne décidaient pas de s’en emparer de leurs propres mains. Quant à Marcellin, qui se basait pourtant sur la vénération d’un être de chair et de sang, c’était à se demander s’il n’était pas plus fou que le premier. Herminiette s’interrogeait souvent sur son cas. Méritait-il seulement de mourir sous la violence de celui qu’il adorait tant ?

Le bruit sec du bois derrière elle mit un terme à ses sombres raisonnements, qu’elle avait déjà mené des dizaines de fois. On venait de frapper à la porte. La femme ne réagit pas. Cette manière d’annoncer son entrée était caractéristique des espions qui venaient à elle pour lui communiquer des informations. C’était Ibis.

-Mademoiselle.

Les principaux subalternes de Herminiette étaient des femmes, car elle estimait qu'il était plus aisé de s'exprimer à leurs côtés. Elles étaient peu nombreuses à pouvoir s’adresser régulièrement et surtout, directement à leur meneuse. Ainsi, Herminiette les connaissait par cœur.

-Parle.

Malgré les hautes ouvertures qui perçaient le mur extérieur, la pièce, mal orientée par rapport au soleil, restait sombre une bonne partie de la journée. Après avoir pris soin de refermer le battant derrière elle puis s’être avancée, Ibis sembla émerger des ombres mêmes, comme si elle faisait partie des meubles.

-La révolte a continué de faire beaucoup de dégâts. Les médecins ne parviennent pas à soigner tout le monde, les gens s’agglutinent dans la rue en attendant d’être ausculté.

Herminiette joignit ses mains derrière son dos. Même si l’effondrement de l’ancien régime était une aubaine pour ses desseins, ce genre de déconvenue était précisément ce qu’elle avait craint. Ce chaos commençait à trop durer. Il fallait s’en servir.

-Donnez l’argent nécessaire aux établissements de soins. Il nous faut trouver des bâtiments pour accueillir les victimes. Faites en sorte que le nécessaire soit fait.

Ses espions, celles et ceux qu’elle aimait appeler ses oiseaux, sauraient jouer les volontaires pour prêter main forte à leurs prochains, offrir leurs toits, leurs lits, leurs bandages, leur eau et leur nourriture. Dans les royaumes alentours, des médecins seraient sollicités. Ils videraient les stupides temples où les citoyens s’agglutinaient en espérant que leurs piètres prièrent seraient entendues. Herminiette croyait en la science et la médecine. Le reste n’était qu’un ramassis de bêtises avec lesquelles on avait rempli les cerveaux de facilités. La religion n’était qu’une illusion pour faire de la populace un troupeau de moutons aussi flasques qu’aveugles et faciles à garder. La connaissance, elle, pouvait rendre un peuple invincible.

Aux ordres de sa supérieure, Ibis hocha la tête. D’un geste, Herminiette l’incita à rester encore quelques instants. Elle quitta son perchoir. Sur la table ronde au centre de la pièce, du thé l’attendait. La boisson avait longuement patienté dans sa tasse en porcelaine et avait tiédi, aussi elle versa le reste de la théière pour égaliser les températures. L’Ombre s’équipa d’un nécessaire à écrire. Il était l’heure d’entrer en scène.

-Vous ferez porter ces billets aux instigateurs de la paix.

Elle en visait trois en particulier, des noms qui étaient parvenus à plusieurs reprises à ses oreilles comme un synonyme d’espoir. Hormis l’adresse au destinataire et le paragraphe introductif, la conclusion des deux courriers étaient sensiblement similaires : elle leur indiquait son souhait de se rendre utile, et de s’associer à eux pour œuvrer dans leur objectif commun de paix.

Ces courriers furent faciles à écrire. Elle déposa sur chaque pli le sceau de sa maison. Néanmoins, il lui restait une dernière, plus délicate, car la personne à qui Herminiette l’adressait lui était plus mystérieuse. Ses oiseaux avaient été formel : c’était comme suivre une statue de marbre.

A l’attention de Garance de Lieugro,

Mon nom est Herminiette. Vous ignorez probablement tout de moi. En revanche, peut-être avez-vous entendu parler de la maison des Trois Ombres. J’en fais partie. Je déplore ne pas avoir cherché à vous rencontrer auparavant ; aussi je cherche à réparer cette erreur. J’aimerais que nous discutions de l’avenir de nos royaumes respectifs. Rassurez-vous, mes intentions sont louables : je n’aspire à rien d’autre qu’à rétablir l’ordre et la prospérité et j’ose espérer que nos visions puissent converger.

Espérant recevoir une réponse positive de votre part.

Bien à vous,

Herminiette

939 mots
Herminiette écrit à Tamara, Primaël et Garance



Bijin
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Mar 9 Avr 2024 - 12:10



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Il n’arrêtait pas de penser à Gustave et se détestait de le faire. Malgré l’ire et le sentiment d’injustice qu’il nourrissait à son égard, il souffrait de son absence. Son père lui manquait, sa mère aussi. Il ne disait rien, n’en parlait pas, parce qu’il n’avait pas à se plaindre : il était celui qui avait fait le choix de partir, quand tous les autres avaient au moins perdu un parent. Rosette avait son père, mais elle ne reverrait jamais sa mère ; Clémentin avait découvert sa filiation trop tard ; et Placide devait vivre avec en mémoire le décès de ses deux parents, l’une parce que la nature était injuste, l’autre parce que la politique était cruelle. Mais ce que sa bouche taisait, son esprit le formulait inlassablement : il ressassait les moments passés avec Gustave comme autant de souvenirs doux-amers, il se demandait s’il pensait à lui ou s’il était trop satisfait d’avoir pour fils un Elzibert qui remplissait tous ses critères, il espérait secrètement qu’il lui écrivît un jour, et quand il était seul, parfois, il versait des larmes qu’il exécrait. Il avait longtemps réussi à se convaincre que tout allait pour le mieux, mais la révolution l’avait lui aussi fragilisé. La trahison de Childéric d’Ukok l’avait profondément ébranlé. Ce qu’il l’avait vu faire avec Garance l’avait déjà troublé, mais son désir d’en faire un modèle avait travesti la scène. Il y repensait régulièrement, quand il voyait la régente poser une main sur son ventre. Il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que, peut-être, il était de Childéric et non de Lambert. Il aurait pu essayer de prendre la place du chef des armées, mais il s’était soudain senti particulièrement démuni, et ce sentiment refusait de le laisser en paix.

Il n’arrêtait pas de penser à Clémentin et à Placide. Le premier paraissait toujours fou amoureux de Rosette. Il en avait eu la preuve très récemment encore, et à chaque fois qu’il y songeait, il était partagé entre la culpabilité, la tristesse et le réconfort. Il valait mieux qu’il s’en tînt à des rapports purement professionnels avec lui, ou amicaux, à la limite. Il ne pouvait rien espérer d’autre et ne voulait rien espérer d’autre. Lambert lui avait demandé de le protéger. Il s’y appliquait, comme il le faisait aussi avec Rosette et Placide. Placide qu’il aimait toujours, malgré les changements qui naissaient en lui et malgré les doutes qu’il faisait naître dans son propre cœur. Parfois, il se comportait étrangement. Ludoric faisait de son mieux pour chasser ses suspicions et être présent à ses côtés. Le climat qui régnait dans la capitale exacerbait les dangers à son encontre, et il était donc normal qu’il parût perturbé. Les Lieugrois n’étaient pas vraiment les bienvenus. Aussi, au creux des marécages de doutes qui voulaient l’engloutir, deux certitudes s’étaient ancrées dans le cœur du soldat : il lui fallait rester sur ses gardes et se montrer digne de la confiance des gens de Narfas. De ceux qui gravitaient autour du pouvoir, tout du moins. Tamara d’Epilut lui avait confié la protection d’Anthonius, et malgré tout, il s’y pliait. Il désirait qu’elle reconnût sa valeur. Si Lambert et Garance parvenaient à s’allier aux Narfasiens, peut-être pourrait-il envisager d’évoluer dans leur hiérarchie militaire ? Tamara prenait de l’âge, elle aussi. Elle devrait trouver quelqu’un pour la remplacer, un jour. Elle avait un fils, mais il ignorait s’il nourrissait cette ambition. Il devait se renseigner. Il devait aussi essayer de tâter le terrain auprès de la tante de Placide. Il ne le faisait pas, pris en étau dans ses tourments.

L’adolescent tourna dans une rue. Ses cheveux désormais coupés courts suivaient le rythme de sa course, qui rythmait aussi ses pensées. Bientôt, elle les ferait totalement disparaître. Il ne resterait plus que les battements de son cœur, le souffle profond de sa respiration et le bruit mat de ses pieds sur les pavés. Ses entraînements étaient son échappatoire. Il n’y avait que dans ces moments-là qu’il parvenait à mettre de l’ordre dans ses pensées et à se ressaisir. Dès qu’il ne devait pas être auprès de l’un de ses quatre protégés, il courait ou s’exerçait au combat. En échange de la protection d’Anthonius, il avait demandé à Tamara s’il pouvait s’entraîner auprès de ses soldates, et elle avait accepté.



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Les Portes V
Balthazar



Le regard de Balthazar se perdit sur la cité de Narfas. La cellule dans laquelle il se trouvait surplombait la ville. Elle attenait l’ancien palais. Le bâtiment avait brûlé et, malgré les travaux de reconstruction qui avaient été entrepris, abandonnés puis repris, ses murs portaient toujours la marque des flammes de l’incendie. L’homme remit en place la couverture qu’il avait posé sur ses épaules. Sa geôle était rudimentaire mais ceux qui le retenaient captifs avaient pris soin de lui apporter de quoi vivre. Il détailla les rues qu’il percevait en contrebas. Plusieurs nuits durant, il avait mal dormi. Les explosions et les cris ravageaient Narfas. Les complots succédaient à d’autres complots. Si la mort de la Reine ne l’avait pas tant affecté, une autre mort l’avait placé dans une situation périlleuse. Il ne faisait que la supposer mais, en son for intérieur, il était convaincu de la réalité de celle-ci. À présent, il n’avait aucun moyen de repli. Il devrait assumer jusqu’au bout. Peut-être. Cela faisait un mois qu’il était ici, à regarder les journées passer sans rien dire. Ses interlocuteurs se faisaient rares. Tamara était sa principale visiteuse. Elle n’était pas la seule. Il tentait de manipuler tous ceux qui venaient lui parler, jouissant d’un tact qu’il avait développé avec le temps. Que ce fût pour son rôle, pour contrôler ses activités extérieurs ou pour gérer sa vie privée, il avait toujours su mentir. Le jeu s’était simplement corsé avec la révolte. À présent, il devait maîtriser son monde depuis quatre murs, sans personne ou presque pour l’informer de l’évolution de la situation. Il n’était pas à l’abri d’une sentence soudaine. Si celle-ci s’abattait sur lui, si sa mort était décidée, alors il avouerait probablement. Il dévoilerait sa dernière carte, en espérant qu’on le crût. Jusque-là, il devrait s’en tenir à ce qu’il avait décidé : tenter de tirer parti de l’influence qu’il possédait en dehors de la prison pour en sortir. Étant donné ce qu’il avait vu, Gao d’Eésnep pourrait probablement l’aider. Garance également. Elle le lui avait promis. Il ne lui faisait pas confiance mais tout n’était qu’une question de politique. Si elle y était forcée ou si elle avait quelque chose à gagner, elle ouvrirait sa cellule. En attendant, il devait raffermir le semblant de prise qu’il possédait sur Tamara. Il se demandait si elle savait, au fond, si quelque chose lui avait mis la puce à l’oreille quand ils baisaient. Un fin sourire ourla ses lèvres. Il pensait souvent à elle ces derniers temps, parce qu’il était seul, s’ennuyait et que la masturbation l’aidait à passer le temps. Il regrettait de ne pas avoir entendu les appels de cette dernière, de ne pas avoir su sortir de son rôle afin de manipuler Wesphaline pour qu’elle lui mangeât finalement dans la main. Il aurait pu faire assassiner Jésabelle ou bien Gaspard. Il s’était pourtant contenté d’une passivité loyale. Il regrettait d’avoir embrassé à la perfection son rôle de Roi. Il regrettait de ne pas s’être rebellé pour répondre aux vœux de son amante. Néanmoins, il aurait probablement dû tout lui avouer et lui prouver ses dires. Ça n’aurait pas été si aisé. Il aurait dû provoquer une situation dangereuse pour qu’elle vît de ses propres yeux. Maintenant, sa vie ne tenait plus qu’à un fil et la solitude le rongeait. Il espérait que la rousse sulfureuse reviendrait vite. Ils parlaient, certes, mais ils ne faisaient pas que ça. Elle avait dû remarquer qu’il n’était pas aussi fade que par le passé, qu’il se montrait plus fougueux. Il y avait bien des choses sur lui qu’elle ne connaissait pas ; tout comme Garance ne semblait pas se douter de ce que son nouvel allié cachait. Il rit doucement. Parfois, il avait l’impression que la démence le guettait. Il ressassait des plans qu’il ne pouvait mettre à exécution, repassait son existence au peigne fin, en se demandant où est-ce qu’il aurait pu intervenir pour changer les choses, quelles actions auraient été décisives. L’arrivée des réfugiés avait semé le chaos dans le Royaume. Néanmoins, s’il avait pu tromper jusqu’à Wesphaline jusqu’ici, il y avait des chances qu’il s’en tirât. En tirant sur les bonnes ficelles, la porte de sa cellule pourrait s’ouvrir. Pendant l’amour, Tamara baissait toujours légèrement sa garde. Il pourrait la menacer. Il n’était pas aussi frêle qu’elle le pensait. Des gens l’attendaient, dehors. Il le croyait néanmoins. Il soupira et se dirigea vers son lit afin de s’asseoir sur le matelas. Il devait reprendre sa vie en main.

751 mots
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Adriæn Kælaria
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Les Portes V
Lambert



Lambert était assis. Coudes sur la table, le bout de ses doigts massait tantôt ses paupières, tantôt son front. Les mouvements circulaires créaient chez lui un bien-être qui avait tôt fait de disparaître sous l’assaut de ses pensées. Les choses n’avaient jamais été si complexes. Sous le règne de Montarville, il avait eu quelques cas difficiles à gérer mais rien de tel. Narfas était devenue une poudrière et la moindre étincelle risquait de tout faire sauter. L’ambition de Garance était restée intacte. À présent qu’Alembert avait disparu et qu’elle portait une nouvelle vie au sein de son ventre, la Princesse déchue semblait prête à tout. C’était la raison pour laquelle il ne lui avait pas tout dit. Il ne lui avait pas avoué qu’il avait vu Zébella le soir où les événements avaient commencé et qu’il l’avait laissée partir. Il ne lui avait pas non plus avoué la vérité à propos de Rosette. Cette vérité, il ne l’avait dite à personne. Il osait à peine se la murmurer à lui-même. Il avait désiré qu’elle avortât et l’avait menée entre de bonnes mains. Mettre au monde un enfant dans les conditions actuelles ne lui avait pas semblé être une idée judicieuse, ni pour la mère, ni pour le nourrisson. Clémentin était un gentil garçon mais il était aussi immature selon lui. Le reste, il cherchait à l’oublier. Pourtant, il n’était pas dupe : plus il attendrait, pire ce serait. Il stoppa son geste, conscient qu’il pourrait toujours passer son forfait sous silence et jouer l’étonnement le jour où ça se saurait. Chaque matin, il se levait avec la ferme intention d’avouer. Au fil de la journée, il perdait tout courage. Il n’en avait jamais manqué mais le sujet était trop personnel. Il n’arrivait pas à se comprendre. Pourquoi avait-il agi ainsi ? Alors même qu’il était convaincu de l’importance et de la rectitude de sa décision initiale ? Ce problème n’était qu’un parmi tant d’autres. Narfas souffrait. Ce n’était pas son Royaume mais il endurait les épreuves que la cité subissait en même temps qu’elle. Son fils avait disparu et, contrairement à Garance, il pensait que cette disparition n’avait rien à voir avec celle de Zébella. Elle était seule, quand il l’avait aperçue. En revanche, Childéric était vraisemblablement coupable. Il ne l’avait jamais apprécié et il regrettait de ne l’avoir pas plus surveillé. Cet homme était instable et s’il avait trahi, il était plus que probable qu’il eût cherché à fuir tout en se couvrant. Retourner à Lieugro avec Alembert en otage était un bon moyen de commencer les négociations avec Merlin. Lambert espérait que Zébella se portât bien. Il aimait beaucoup cette petite malgré tout.

Las d’être immobile, il se leva. Parmi la liste de choses qu’il cachait à Garance, ce qu’il savait à propos de Balthazar en faisait partie. Il n’était pas certain de connaître la vérité. La situation était lunaire et il devrait s’entretenir avec le principal concerné pour tenter d’en saisir les nuances. Il n’y avait pas trente solutions au problème posé mais il devait être sûr d’avoir compris les tenants et les aboutissants avant de dire quoi que ce fût. Quand bien même, si la Princesse déchue était sa plus proche alliée, elle n’en demeurait pas moins une redoutable adversaire. Il devait se méfier, comme il avait appris à le faire durant les années qui avaient succédé à leur rupture. Qu’importât qu’ils fussent les parents d’un enfant disparu, qu’elle en portât un autre dans son ventre et que leurs corps se côtoyassent plus que d’habitude, si elle jugeait qu’il était un frein à son accession au trône de Narfas, elle l’éliminerait. Elle en souffrirait mais elle le ferait. La vieillesse ne lui avait pas appris à s’adoucir, contrairement à lui qui était encore plus diplomate que par le passé. Il y avait néanmoins des choses sur lesquelles il ne dérogerait pas. Parmi elles, la protection de Rosette, de Placide et de Clémentin. La première était une évidence. Les deux autres découlaient de la promesse qu’il avait faite. Les enfants de Montarville devaient retrouver le chemin du trône. Parfois, il se laissait tenter par le fait que l’un de ses enfants pût y accéder, mais toujours il se répétait ce qu’il avait juré à cet ami que le temps et les événements commençaient pourtant à effacer petit à petit. Il devait contacter Primaël afin qu’ils pussent trouver une solution. Aux yeux de Lambert, Narfas et Lieugro devaient rester soudés et il faudrait, à l’avenir, concilier toutes les parties pour arriver à une situation stable. Les révoltes avaient assez duré.

Il se rapprocha de la table et relut le début de la lettre qu’il avait écrite à l’attention de Rosette. Il la froissa. Il devait le lui dire en face, trouver le courage. Alors, il en écrivit une autre.

« À l’attention de Primaël Noyarc,

J’aimerais m’entretenir avec vous afin de trouver une solution à la situation qui ronge Narfas. Ce chaos devrait pouvoir cesser en réunissant les bons acteurs. Il me semble que placer le Prince Anthonius et le Prince Placide sur le devant de la scène, en s’assurant de les entourer des meilleurs alliés, venus de chaque caste, pourrait être une solution viables pour l’avenir de Narfas. Rencontrons-nous ou correspondons dans l’objectif de ramener la paix dans le Royaume. Les ambitions de chacun ne devraient pas primer sur le bien-être du peuple.

Lambert d’Eruxul. »


878 mots
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Jeu 11 Avr 2024 - 15:43

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Les Portes V
Gao



Gao marchait lentement entre les rangs. Avec la situation qui secouait Narfas, la pauvreté de certains les poussait à des extrémités qui arrangeaient ses affaires. Celui qui donnait précédemment les ordres avait disparu. Puisque le commerce de semence avait volé en éclats, il avait dû se reconvertir. Ça ne lui avait pas posé de problèmes. Il était habitué à obtenir des autres ce qu’il voulait. C’était la raison pour laquelle il avait réussi dans sa précédente entreprise. Malgré tout, gérer un réseau de prostitués et un réseau d’esclaves étaient des activités légèrement différentes. S’il misait précédemment tout sur sa réputation et la protection de ses fonctions pour se faire respecter, il avait dû apprendre rapidement à se montrer cruel et intraitable. Gérer des volontaires était chose plus évidente. Si certains parents n’hésitaient pas à vendre leurs enfants, d’autres marchandises ne s’acquéraient que par la violence. Soumettre les gens nécessitait de gros bras et aucune morale. S’il pensait avoir un sens de l’éthique autrefois, il avait rapidement compris que celui-ci n’avait jamais existé – ou avait disparu avec les révoltes. Il avait volé de la drogue à son frère et en avait fait usage pour le bien-être du commerce mais également pour sa petite vengeance personnelle. Il n’avait néanmoins pas laissé de cicatrice sur l’épiderme de sa victime. C’était mieux ainsi, surtout qu’il désirait s’en rapprocher. Il était, pour le moment, l’allié de Garance. Néanmoins, étant donné qu’il prenait chaque jour de l’importance – et dirigeait des criminels – il ne se considérait pas comme son sous-fifre, loin de là. Si elle n’allait pas dans le sens voulu, il ferait en sorte de l’éliminer. Ce qu’il voulait était constitué de deux mots et neuf lettres : le pouvoir. S’il devait faire taire quelques langues et transpercer quelques corps pour ça, il le ferait. Plus le temps passait et plus il devenait dangereux. Comme Primaël, il savait séduire. Il avait aussi depuis longtemps capté la jalousie de Melchior à son égard. Son frère avait raison : des deux, il était le plus beau et le plus charismatique. Cependant, il ne comptait pas abandonner ce dernier sur le trottoir. La pute, ça avait toujours été lui et il estimait que son frère pourrait s’avérer utile, s’il arrêtait de penser à cette étrangère qui leur servait de sœur et qu’il était censé épouser. Vu la situation, elle pouvait se fourrer ses espoirs où il pensait, même s’il doutait qu’elle lui collât encore aux fesses depuis quelques temps. Pénélope semblait avoir d’autres activités. Tant mieux, parce qu’il ne la supportait pas. Qu’elle l’approchât et il la réduirait en charpie. Il connaissait quelques types aux bras plus épais que sa taille qui se feraient une joie de la remettre à sa place. Narfas avait évolué. Lui aussi.

Il avança sa main pour prendre le contrat qu’on lui tendait. Il le lut, afin de s’assurer que les conditions étaient respectées puis colla les feuilles sur une table dans le but de les signer. Il se redressa ensuite et observa les esclaves. « Ne prenez pas ces mines dépitées. Ici, vos raisons de vivre ont volé en éclats. Là-bas, vous en trouverez de nouvelles. » Il empochait l’argent et livrait la marchandise. Le reste ne le regardait pas. Que ces corps servissent à travailler dans des mines ou à contenter des pervers en manque de sensations fortes lui était égal. Il avait d’ailleurs servi quelques mets de choix à l’une des Trois Ombres dernièrement. La demande l’avait rendu hilare. Comme quoi, Melchior n’était pas le seul à avoir des penchants douteux. C’était tant mieux. Après tout, le commerce reposait sur l’offre et la demande. Ses clients demandaient et il offrait. En échange, il s’enrichissait un peu plus chaque jour, en plus d’avoir bien d’autres privilèges. La seule chose qui jetait une ombre sur ses affaires était la présence de l’armée, qu’elle fût celle de Narfas ou celle de Tamara. Se débarrasser des soldates devenait prioritaire. Le crime ne pourrait prendre véritablement l’ascendance que lorsque l’ordre serait anéanti. Corrompre ne suffirait probablement pas. Dans tous les cas, il devait se rapprocher de Primaël. Son ancien amant avait toujours eu trop de succès pour son propre bien. S’il jouait bien, il pourrait soit le pousser à commettre des erreurs qui lui seraient fatales, soit devenir un pilier tout en le poignardant dans le dos. Il caressa sa cicatrice. Il était certain que le bleu chercherait à le rencontrer bientôt ou que Garance l’introduirait à ses côtés dans leurs discussions. Si rien de ceci ne se passait, il provoquerait lui-même un rendez-vous.

757 mots
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Jeu 11 Avr 2024 - 21:30





Debout sur son balcon, Marcellin humait à pleins poumons le parfum de charogne qui se répandait sur le royaume. Le visage tourné vers le ciel, il se demandait si la déchéance de la ville se lisait dans les cieux, et si Judas, depuis son trône béni, en contemplait les signes. Certaines rues de la cité s’étaient muées en champs de cendres. Colère et incertitude ravageaient des quartiers entiers, et, de son perchoir, il voyait presque tous les jours des colonnes de fumée s’élever. La destruction abattait sur Narfas son poing de feu et de sang, et nombreux pleuraient la situation. Lui devait user de toutes les astuces apprises auprès des comédiens et autres bouffons en herbe pour ne pas sourire.

Aussi plaisant fût-il, le spectacle devait prendre fin. Une armée de marionnettes en jupons, frustrées par des années de servitude, tempérait le désastre. Aucun des partis en présence n’avait intérêt à voir le pays sombrer. Les révolutionnaires, portés par un vent de courage, avaient certes réussi leur manœuvre, mais avaient-ils vraiment les épaules pour en supporter les conséquences ? Le sort d’Anthonius, infortuné héritier de la couronne, ne semblait pas décidé. Du haut de ses douze ans, avait-il la langue suffisamment affûté pour s’attirer le soutien des bonnes personnes et reprendre sa place ? Rien n’était moins sûr. Les religieux faisaient profil bas, peu désireux de finir à leur tour sous les décombres, couvrant leurs arrières d’une bienveillance opportuniste. Le feu ne s’éteindrait pas de lui-même. Accusés par la main invisible du hasard, les Lieugrois risquaient fort d’y perdre la vie. La légitimité du pouvoir courait sur toutes les lèvres, et l’accord peinait à les unir.

La situation appelait à l’action, et le violet ne s’était pas contenté de jouir du malheur des autres. À son grand regret, il lui fallait apaiser les coeurs. Il se consolait en songeant à la guerre qui, s’il jouait finement, ferait de Narfas et Lieugro des souvenirs. Ainsi s’était-il emparé de sa chère et tendre, couchant sur le papier un appel à la paix. Bien entendu, il n’aspirait nullement à celle-ci, mais une nation en flammes ne cherchait pas querelle à ses voisins. Il suffirait, une fois le feu éteint, de faire fleurir les bombes aux couleurs de Merlin ; l’imminence du danger inciterait les nouveaux régents à marcher sur ses terres pour exterminer la vermine. Louant les merveilles du royaume, et la liberté que ses citoyens touchaient du doigt pour la première fois de leur existence, il avait donc composé une petite merveille, loin de ses thèmes habituels, enjoignant à la patience et au calme. Quelques artistes de confiance déclamaient avec fougue son poème dans les rues, jamais au même endroit ni à la même heure, de crainte qu’un piège leur fût tendu.

Pour le moment, le poète ne s’était pas décidé sur le camp à soutenir. Un coup d'œil à l’échiquier sagement posé sur la table lui rappela que trop de pièces se tenaient encore debout. La question ne pressait pas ; quel que fut le vainqueur, il saurait attiser les braises du conflit. Ses colombes patientaient sagement, n’attendant qu’un mot de lui pour sacrifier leur vie à une cause qu’elles ne comprenaient pas. Dans la folie des dernières semaines, il avait usé de ses relations pour importer quelques têtes venues d’ailleurs. Il savait aussi pouvoir compter sur Pénélope, une jolie créature qui, sur son invitation, lui avait conté la soirée où la Reine avait été assassinée, et qui, au fil de leurs rencontres, avait su saisir l’importance de ses projets. S’il ne lui accordait pas encore toute sa confiance, cette vivacité d’esprit lui avait gagné son affection.

Marcellin se pinça l’intérieur de la joue : l’heure ne se prêtait pas aux distractions. Récupérant une cape dans sa chambre, il quitta discrètement le domaine. Se frayant un chemin parmi les ombres, il parvint sans encombre à destination. Au seuil de la cave, il marqua une pause, tâchant de reprendre son souffle. Une bosse déformait son pantalon : un peu plus haut dans la rue, des jambes dépassaient d’une façade effondrée, baignant dans une mare de sang et de boyaux. Avant d’entrer, il enfila un masque d’un blanc terne, poli par les années.

La silhouette se redressa aussitôt, soulagée de voir son bienfaiteur arriver. Les salutations d’usage échangées, le poète invita le jeune homme à s’allonger sur le divan rapiécé qui trônait au centre de la pièce. Quelques bougies en éclairaient les recoins.

« J’aimerais qu’aujourd’hui encore, vous me donniez votre consentement. Ce que nous faisons ici, nous l’accomplissons pour la justice, et pour l’avenir. »

« Oui. Vous parler me soulage. »

« Vous entendre me réconforte. Ce qu’il vous a fait, un autre me l’a fait aussi. Le premier a disparu, mais sans vous, je ne pourrais jamais faire payer le second. »

« Leurs crimes ne peuvent rester impunis. Allons-y. »

Derrière son masque, le violet frétillait d’impatience. La disparition du Grand Prêtre déliait les langues de ses victimes, et il comptait bien transformer les bruits de couloir en une véritable tornade : l’occasion de se débarrasser de Sextus était trop alléchante. De ses voyages à l’étranger, Marcellin avait ramené un savoir fabuleux, plus dangereux entre ses mains que n’importe quel couteau. Depuis l’enfance, il se dévouait corps et âme au langage, et savait que les mots ensorcelaient coeurs et esprits. L’hypnose ressemblait à la magie dont son père truffait les contes qu’il lui racontait autrefois, et ses vertus s’étendaient au-delà de la sérénité qu’elle apportait à ceux qui s’y abandonnaient.

Depuis le début des hostilités, Marcellin retrouvait les plus fragiles, et leur proposait d’apaiser leurs souffrances par une thérapie novatrice. Avec certains, il se contentait de recueillir des témoignages. Chez d’autres, il remplaçait peu à peu le bedon du Grand Prêtre par les cicatrices de Sextus. Il procédait avec lenteur, alternant récits et suggestions selon un protocole très strict pour éviter de gâcher ses efforts. La plupart des malheureux, cramponnés à leur douleur, ne s’apercevait même pas du glissement dans leurs souvenirs. Bientôt, il disposerait d’assez de victimes et de détails pour que les accusations fussent irréfutables. Il se demandait si le cadavre du fanatique se balancerait au bout d’une corde ou si le public, déjà enragé par la guerre civile, le lyncherait en bonne et due forme.

« … chemise très simple, en coton, que ma mère a passé des jours à coudre, et qui en sortant, s’est prise dans le clou de la porte. Je suis dans la petite salle où le prêtre m’a mené, dans une flaque de soleil, et j’attends de recevoir la bénédiction du Grand Prêtre. »

La voix chevrotante du blond ramena le poète au présent ; sa conscience flottant au vent, il ignorait combien de temps s’était écoulé depuis son arrivée, et ce qu’il lui avait confié.

« Que ressentez-vous, exactement ? »

« Je suis heureux. »

« Mais encore ? »

« Je me sens léger, heureux de savoir qu’un représentant de dieu veille sur moi. J’ai encore du mal à croire qu’il ait accepté de me recevoir, qu’il ait répondu à ma lettre. Je me dis que si ma naissance est un péché, sa bénédiction me rapproche un peu plus du pardon. »

Désespoir et conviction se mêlaient dans le ton de l’infortuné. Armé d’une compassion de façade, Marcellin l’invita à continuer. Placé derrière le divan, il agitait une chaîne fine, au bout de laquelle se balançait une pie d’argent déployant ses ailes. Parfois, il se surprenait à se perdre dans les mouvements lents de l’oiseau, si bien que sa propre voix lui paraissait appartenir à quelqu’un d’autre.

« … et… Je sens sa main sur mon épaule. Ses doigts s’enfoncent dans ma chair. Le tissu se froisse, et il appuie pour me faire descendre. Mes genoux tremblent mais… Je n’ai… Je n’ai pas le choix, et… Je ne comprends pas… Je ne comprends pas vraiment. »

Les pupilles du malheureux se dilataient, retrouvant un tableau qu’elles auraient préféré ne jamais contempler. Quelques gouttes de sueur perlaient à son front, et Marcellin sentait dans son poing serré sur l’accoudoir toute la tension que le souvenir instillait en lui. Un rire lui resta de justesse en travers de la gorge.

« Ce n’est qu’un souvenir, Léonard. Vous êtes en sécurité, ici, dans la cave, avec moi. Mais restez un peu plus avec cette image qui vous hante. Que voyez-vous ? »

« Je… Ses hanches sont… Il va… Il me pousse et… Je suis devant lui, devant son ventre… Mes yeux descendent, ses poils sont emmêlés et noirs, il y a une balafre en dessous et… Il me pousse encore, je ne vois plus que sa peau, et il fait comme très sombre et chaud en même temps, et j’ai froid, et je tremble, et j’ai peur… »

D’un geste brusque, le poète rangea son instrument. Claquant des doigts, il ramena Léonard dans la pièce, et souleva le bas de son masque pour lui offrir un sourire chaleureux.

« Il suffit. Vous ne devez pas trop exiger de vous-même. Vous faites un travail remarquable, et nous en avons presque terminé. Une ou deux séances de plus, et vous devriez revivre. Comment vous sentez-vous, maintenant ? »

Marcellin n’écouta pas un mot de la réponse, l’esprit ailleurs. Bientôt, des têtes tomberaient, et les cendres recouvriraient tout.

Ne restait qu’à espérer que bientôt serait dans les temps.

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