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 | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 05 Mai 2024, 12:44



Les Portes



« C’est un risque mais ça peut être à notre avantage. Ceux qui ont encore foi en la royauté pourraient voir en la présence de Balthazar la preuve accablante qu’il a courbé l’échine et perdre définitivement espoir. Ceux qui ont foi en toi pourraient faire le même constat, ce qui serait bénéfique. Pour les plus pacifiques, ce serait également une preuve supplémentaire de tes bonnes intentions pour Narfas. » répondis-je à sa question, après avoir hoché positivement la tête au reste. Ivanhoë et moi ne semblions pas du même avis mais les dissensions ne me perturbaient pas outre mesure. Nous étions trois. Primaël trancherait. Qu’importât ce qu’il adviendrait, la machine était en marche. Nos vies étaient comme suspendues, en gage aux mains de l’avenir. Nous pouvions mourir demain comme réussir le pari que nous avions fait. Cette incertitude m’excitait et n’aurait nourri aucune peur chez moi si je n’avais pas Adolphe et cette autre vie qui dépendaient de moi. Le premier était de plus en plus autonome et vivait lui-aussi des instants difficiles. J’avais tout de même demandé à quelques soldates de confiance de veiller sur lui discrètement. Je n’étais pas prête à voir mon fils partir avant moi. Quant à la deuxième, c’était une autre question. Mon regard se posa sur Primaël. Peut-être était-il le père ? Peut-être pas. Balthazar pouvait l’être également. Gao tout autant. J’aurais aimé songer que mon aménorrhée provenait de la situation de Narfas et de l’anxiété générée dans l’ensemble de mon corps mais je savais que ce n’était pas le cas. La chose était encore toute petite mais je la sentais de façon certaine. Lorsque j’y songeais, je me rappelais à chaque fois des paroles d’une soldate un jour où nous avions discuté de nos enfants. Elle m’avait dit « Le garçon ça allait. La grossesse, l’accouchement, tout. Mais la fille, elle m’a défoncée. ». Je ressentais la même chose, comme un écho lointain. J’avais l’impression de porter une fille et que les mois à venir seraient difficiles. J’hésitais entre la noyer dans un énième verre de whisky ou bien la chérir. Ma décision était aussi prise que le père était connu.

J’accueillis les lieugrois et Gao avec un sourire et tendis mon verre à Primaël pour un deuxième whisky. Je n’avais pas vu le semencier depuis quelques temps mais rien qui suffît à me faire oublier les heures passer dans ses bras. L’enfant ne devait pas être de lui. Il faisait attention lorsqu’il n’exerçait pas sa profession. Néanmoins, parfois, dans le feu de l’action… Je bus, en songeant que le père ne serait probablement révélé qu’à la naissance de la crevette que je portais. Ce n'était pas si important. Adolphe avait grandi sans père et il s'en sortait très bien. Je verrai. Je ne voulais pas d'homme dans ma vie.

En observant, je notai que Primaël et Gao se connaissaient déjà, ce qui ne sembla pas être le cas d’Ivanhoë. « Voici Ivanhoë Emmog. » commençai-je les présentations. Je ne savais presque rien du roux et m’en tins donc à son identité. « Gao D'Eésnep était un semencier reconnu jusqu’ici. Il a beaucoup fait pour le milieu et a permis à des jeunes de sortir de la rue. » Je lui avais parlé de mes manigances et il m’avait parlé des siennes à plusieurs reprises. « Ce n’est pas sa seule qualité. » Je lui fis un clin d’œil complice avant de regarder Garance comme si elle était parfaitement au fait de ses qualités au lit. Il me paraissait aberrant qu’ils n’eussent pas déjà couché ensemble.

Je baissai les yeux sur le ventre de la Princesse durant son discours. Je la savais enceinte. Je regardai ensuite Rosette, assise à l’écart. Je lui souris, comme pour la rassurer, avant de me concentrer de nouveau sur la politique. J’acquiesçai plusieurs fois et pris la parole avant Primaël. « Notre projet tend à permettre au plus grand nombre de s’exprimer mais je vous assure qu'il n’est pas dans notre intérêt de maltraiter votre peuple. Je reconnais que la situation est chaotique pour tout le monde et que les vôtres doivent en souffrir, au même titre que les autres, mais je pense que les choses devraient se calmer après les annonces que Primaël fera. » Je jetai une œillade à Rosette en pensant à l'avenir de Narfas et à celui de la jeunesse puis revins sur Garance. « Bien que nous ne provenions pas du même Royaume, je pense que nous pouvons nous comprendre, entre femmes. Vous semblez porter les lieugrois comme vous le faites avec votre enfant à naître et je vous respecte pour ça. Je ressens la même chose pour toutes les femmes de Narfas et j’espère de tout cœur que l’enfant que je porte de mon côté, si c’est une fille, sera définitivement libérée de tous les maux qui ont sévi jusqu'ici dans notre Royaume. Ce sera à nous de construire un avenir qui en vaille la peine en oubliant les querelles du passé et en mettant de côté nos intérêts personnels. » J’amenai mon verre à mes lèvres et bus. Pour le moment, je ne pouvais rien dire de plus. Si, comme le voulait notre hôte, les questions étaient prises en assemblée, celles concernant les lieugrois le seraient aussi. Primaël aurait peut-être un avis différent mais il me semblait compliqué de donner des certitudes à cette femme. S’allier avec elle maintenant revenait à trahir notre idée de base.

Je me tournai vers Gao. « Ça va ? Ce n’est pas trop dur en ce moment ? » Il ne semblait pas avoir perdu en superbe mais les semenciers étaient de bons acteurs. Je souris en prenant conscience de ce que j’avais dit. « Je parle de la situation, pas de ton entrejambe. » Je ricanai, taquine.

944 mots
Eméliana - Tamara:

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Ikar Pendragon
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Ikar Pendragon
Dim 05 Mai 2024, 15:26



| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 6 Lfml

Les Portes V


Rôle :

L’attente me semblait interminable. Plus le temps passait, plus je doutais. Je tentais de me rassurer comme je pouvais mais une petite voix glacée me soufflait trop souvent que les autres étaient peut-être morts. Je me raisonnais pourtant. S’ils l’avaient été, nos ravisseurs n’auraient pas pris la peine de les attacher. De plus, je pouvais voir la poitrine d’Adolphe se soulever. En tendant l’oreille, j’avais aussi entendu une respiration plus loin, sans parvenir à saisir s’il s’agissait de celle de Ludoric ou d’Antoinette.

Seul, les scénarios affluaient dans ma tête comme des clients au marché de la grande place de Lieugro un jour de remise. Tout se mélangeait et rien n’avait de sens. Je tentais de deviner l’identité de nos kidnappeurs mais n’arrivais à aucune conclusion valable. Si nous avions été chez moi, j’aurais pu deviner. À Narfas, tous mes repères avaient volé en éclats. Même sans cela, mon inquiétude pour Ludoric et Anthonius faisait que le reste m’échappait. J’avais peur pour Adolphe aussi, même s’il était à part. Me serais-je autant préoccupé de lui si j’avais ignoré qu’il avait été de nombreuses années mon correspondant ? Le savoir le rendait spécial. Je lui avais tout confié. Mes propos avaient été terribles sous le coup de la colère parfois. J’espérais qu’il les avait oubliés ou, s’il ne les avait pas oubliés, qu’il les garderait pour lui à jamais.

Lorsque je l’entendis bouger, je relevai les yeux vers sa silhouette. Contrairement aux siens, mes poignets étaient attachés plus bas. Mes bras n’étaient donc pas positionnés vers le haut mais le long de mon corps. Durant ma solitude, j’avais eu le temps de penser à une conversation entre adultes que j’avais entendu alors que j’étais encore enfant : qu’attacher les prisonniers ainsi était une véritable torture et pouvait amener à la perte des membres voire à l’asphyxie. À présent, j’espérais avoir mal saisi : on ne reste pas soldat avec deux mains en moins.

« Oui, et toi ça va ? T'as pas mal aux mains ? »

On faisait mieux comme bien-être mais rester positif paraissait primordial.

Enfermé dans cette cellule, j’avais pensé aux balades en forêt que je faisais lorsque j’étais encore à Lieugro, loin de la politique et loin des gens. Depuis notre arrivée, j’avais été obligé d’en voir tout le temps. Je n’avais jamais été à l’aise avec eux. La faune et la flore me parlaient tellement plus et, aux portes de l’incertitude, me semblaient bien plus dignes d’intérêt que la succession de mon père. J’aurais aimé être ailleurs.  

« Ludoric et Antoinette. »

Le dire me fit frémir, si bien que je fis simplement non de la tête à sa question suivante. Je me trouvai pitoyable de sentir monter en moi un trop plein d’eau et tâchai de la faire fuir rapidement. Je n’étais pas fait pour être roi. Je ne pourrais pas. Ce serait trop dur à supporter.

Je soupirai en me rappelant les mots de Zébella. Cette fille ne savait rien. Elle avait tout inventé pour salir Lieugro. Mon père aurait remarqué si je n’étais pas son fils. C’était n’importe quoi.

La voix de Ludoric chassa celle de la princesse. Mon cœur détala dans ma poitrine, comme si le savoir vivant l’avait rendu subitement fou.

« Oui ! Oui ça va ! Je vais mieux maintenant. »

Maintenant qu’il avait repris connaissance.

« Non… Je ne crois pas. »

J’avais été trainé longtemps mais ce n’était rien, que des petites brûlures dues aux frottements.

« Quelqu’un d’influent… »

Je réfléchis, tout en laissant Ludoric reprendre le fil de la conversation. Puis, à un moment, un semblant de piste émergea dans mon cerveau. Ça n’avait rien à voir mais j’étais perturbé et ce que j’avais vu devait visiblement sortir d’une manière ou d’une autre.

« Ça pourrait être à cause de Primaël, non ? Je crois qu’il est plus louche qu’il veut bien le faire croire… Il y a quelques temps, j’ai ouvert un courrier qui lui était destiné par erreur et dedans il y avait des informations sur sa famille. J’ai un peu enquêté parce que je n’avais pas bien compris mais son père je crois que c’est Sextus le religieux. Apparemment il aurait couché avec sa mère qui était mariée… et son père l’aurait découvert et aurait vendu l’enfant… Je ne sais pas quel impact ça pourrait avoir sur Narfas si ça se savait mais ce n’est pas là où je voulais en venir. C’était pour montrer qu’il est louche. Je pense juste que Primaël aurait pu chercher à t’enlever pour avoir un moyen de pression sur ta mère. Peut-être qu'ils ne sont plus vraiment d'accord ? »

Un élément que je n’avais pas pris en considération jusqu’ici me vint en tête (il est nul pour les enquêtes mais il a des regains de lucidité parfois).

« Mais au fait… qu’est-ce que vous faisiez dans la rue ? »

La question était adressée à Ludoric et Antoinette.

795 mots
Placide est kidnappé  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 6 1929536143

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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Dim 05 Mai 2024, 19:39

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Image par Kelogsloops
Les Portes V
Lambert



La main de Lambert rejoignit rapidement son flanc une fois que l’ombre de Balthazar ne recouvrit plus sa silhouette. Il serra les dents, sa sueur se mêlant déjà au sang. Il retira son haut et le plia maladroitement pour le plaquer contre sa plaie. Il colla ses mains au tissu et se laissa glisser contre le mur. Il aurait dû s’allonger mais son instinct lui criait de ne pas le faire. Par terre, il serait d’autant plus vulnérable et Narfas n’était plus sûre depuis longtemps au vue des derniers éléments qu’il avait appris. Il ne pouvait pas non plus rester là. La plaie ne se refermerait pas toute seule et il avait besoin de soins. Malheureusement, il n’avait plus vingt ans et la volonté de parcourir des rues pavées de dangers jusqu’au palais ou un autre centre de soins lui semblait bien lointaine. Il y avait toujours l’incertitude : il n’était pas d’ici. S’il tombait sur la bonne personne, elle l’aiderait. S’il tombait sur une personne contre la présence des siens, elle pourrait refuser. Normalement, les médecins soignaient tout le monde mais la théorie trouvait toujours ses limites dans la pratique. Il rejeta sa tête en arrière, contre le mur, et respira un coup en fixant le ciel. Il devait rester alerte, éveillé. S’il s’endormait là, il n’était pas sûr de voir le soleil se lever ; il ne l’était pas plus en étant conscient mais il pourrait au moins tenter de se défendre, même s’il était diminué. Il demanderait de l’aide au premier passant dès qu'il se présenterait. Des soldates feraient bien une ronde. Forcément. Il lui suffisait d’attendre, de ne pas penser à la douleur et de tenter de calmer sa respiration.

Après quelques minutes, ses pensées naviguèrent vers ce qu’il savait, comme si Balthazar devait rester dans sa tête pour toujours. Il pensa même, ironiquement, que s’il devait mourir ici, il serait probablement la dernière personne à qui il songerait. S'il ne réussit pas à résoudre le mystère de façon certaine, y réfléchir eut le mérite de l'aider à tenir. L’homme à qui il avait parlé avait un charisme non négligeable, un charisme très différent de celui qu’il avait perçu par le passé chez le Roi. Il y avait aussi plus de… fourberie chez lui. Néanmoins, si Balthazar manigançait avec les milieux criminels depuis longtemps, il devait savoir cacher son jeu. Lambert inspira. Sa blessure lui faisait un mal de chien. Il se trouvait con de s’être laissé avoir si facilement. Il ne s’y était pas attendu, avait trop voulu le croire. « Raa. » râla-t-il, contre lui-même. Pourtant, il n’avait rien inventé. Il n'avait pas pu délirer son acte. Il était trop atroce. Quelque chose ne collait pas. Soit il avait tué Balthazar lors des révoltes, soit il avait tué un homme qui lui ressemblait affreusement. Il n’y avait donc que deux solutions : soit la personne qui se trouvait jusqu’ici dans les geôles était l’ancien Roi, soit elle lui ressemblait affreusement. Dans le premier comme dans le deuxième cas, un milliard de questions se posaient. Il devait en parler à Garance, tout en sachant qu’ils ne pourraient rien prouver. Si le fuyard n’était pas Balthazar et qu’il avait pu le tromper si facilement, il tromperait n’importe qui. L’ancien Roi de Narfas avait-il un jumeau caché ou un sosie ? Jamais il n’en avait entendu parler. Néanmoins, ce Royaume avait montré l’étendue des secrets qu’il renfermait et lui n’était qu’un étranger.

Alors qu’il commençait à s’endormir, il sentit une présence familière et entendit une langue bien pendue s'agiter. Il redressa la tête et planta ses yeux bleus dans ceux plus colorés de ce qu’il crut au début être Montarville. Clémentin lui ressemblait et, pour lui qui l’avait côtoyé jeune, c’était une évidence troublante. Ça aurait été difficile à croire pour quiconque l’avait vu âgé mais son ami débordait aussi de détermination et d'optimisme plus jeune. Ils avaient fait les quatre cents coups ensemble. Certaines anecdotes faisaient rire Lambert encore aujourd’hui, bien que depuis la mort de Montarville, la tristesse accompagnât toujours la joie. « Je ne dors pas, Clémentin. Je me vide de mon sang. » répondit le blanc, un sourire douloureux sur le visage. « Aide le vieux monsieur, tu veux ? » Si Lambert faisait tout pour paraître décontracté, il ne l’était pas du tout. Que faisait donc ce petit merdeux dehors à une heure pareille ? Et où était l’autre merdeux à chevelure rousse ? Et où était sa fille ? « Tu vas m’amener chez le médecin. » Il parlait de celui chez qui Clémentin et Rosette l’avaient surpris avec Zébella. « Et quand on sera là-bas, tu m’expliqueras ce que tu fais ici. »

763 mots
Rôle:



| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 6 4p2e
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Mitsu
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Mitsu
Dim 05 Mai 2024, 20:00


Image par un artiste inconnu

Explications


Hop !  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 6 47

On continuuuueeeeee  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 6 009

Pour rappel : À la fin du précédent volet, une première révolte a grondé dans le Royaume de Narfas, fomentée par Primaël et ses alliés, suivie de beaucoup d'autres. Nous sommes un mois après la première. Le Royaume connaît une grande instabilité. Le peuple est partagé concernant la direction à prendre. Certaines personnes ont quitté Narfas, d'autres ont profité de la situation pour se faire un nom ou pour commencer / continuer des trafiques en tout genre. La drogue s'est développée à une vitesse fulgurante et la traite des êtres humains se fait presque en plein jour. Les problèmes de natalité persistent. Néanmoins, l'ordre religieux qui avait été établi jusqu'ici est également instable et les règles ne sont plus respectées. Le peuple débat (les débats c'est dans le meilleur des cas ; généralement la population se tape dessus) et ne sait plus à qui faire confiance. Plusieurs tendances s'opèrent néanmoins dans ce chaos où les grandes têtes de l'ordre religieux et de la royauté sont mortes ou ont disparu :
- Ceux qui voient Primaël, Tamara et Ivahnoë comme des sortes de messies, venus délivrer le peuple. Le pouvoir devrait donc leur revenir. À noter que Tamara jouit d'une véritable popularité chez les femmes.  
- Ceux qui voient Garance/Placide comme la solution à adopter (ils viennent d'un Royaume qui était en paix et prospère avant l'invasion de Judas et sont de sang royal)
- Ceux qui voient Anthonius comme le souverain légitime (puisque c'est l'enfant de Balthazar et de la Reine défunte, Wesphaline).
- Ceux qui pensent qu'il faudrait allier les trois précédents afin de créer un ordre nouveau.
- Ceux qui ne jurent que par les tradition et par la religion (et qui rejoignent assez ceux qui soutiennent Anthonius)
- Ceux qui pensent qu'il serait mieux de se rendre à Judas puisque cela clôturerait les guerres définitivement, personne, selon eux, n'osant s'attaquer au Roi.
- Les autres qui peuvent avoir des pensées diverses et variées (exemple : il serait bien de confier le royaume à un trafiquant de drogue / quelqu'un qui s'y connait en affaires, même si ces affaires sont plus que douteuses).

Le Royaume est également instable sur la question de la faute de la situation actuelle (en fonction des convictions, certains accusent les réfugiés du Royaume de Lieugro d'être à l'origine des problèmes alors que d'autres pensent qu'ils sont venus délivrer le peuple etc...) et sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Les femmes ne décident a priori plus pour les hommes dans le chaos mais certains hommes en profitent pour tenter de leur faire payer ce qu'elles ont pu leur imposer par le passé alors que d'autres sont incapables de prendre des décisions seuls. Certaines femmes désirent céder volontiers le commandement alors que d'autres s'y accrochent.

Plusieurs quartiers ont été brûlés, détruits ou pillés et beaucoup d'habitants se retrouvent à la rue, sans argent, alors que d'autres ont réquisitionné des zones qu'ils protègent avec des armes.

La question du Royaume de Lieugro se pose également puisque les réfugiés veulent toujours récupérer le territoire. Des locaux y voient aussi une opportunité et les trafiquants d'armes se frottent les mains à l'idée d'une guerre à venir, en plus du chaos déjà existant sur place.

Rps importants
------ Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
------ Sous le magnolia - Ezémone et Nicodème
------ Mon preux chevalier - Adolestine et Alembert
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs
- Le Royaume de Lieugro - La chute du Roi Sadique
------ La dispute - Ezémone et Nicodème
------ Par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie - Zébella et Adénaïs
------ Tremblement dans le monde

Compte du nombre de messages


Du Royaume de Lieugro :
- Hélène (Garance) : XXI
- Ikar (Placide) : IV
- Dastan (Ludoric) : XXI
- Adriaen (Lambert) : VI
- Yngvild (Rosette) : XXI
- Erasme/Ilias (Clémentin) : V

Du Royaume de Narfas :
- Aäron (Balthazar) : IV
- Jil (Anthonius) : XIV
- Eméliana (Tamara) : IV
- Zeryel (Adolphe) : XV
- Lysium (Melchior) : XIII
- Sympan (Gao) : VI
- Oriane (Pénélope) : XIV
- Lorcán (Ivanhoë) : XII
- Lazare (Primaël) : XII
- Orenha (Luthgarde) : XII
- Jezeṃiās (Sextus) : IV
- Blu (Herminiette) : IV
- Seiji (Marcellin) : XI

Deadline Tour n°5


Dimanche 12 mai à "18H" | Je posterai à 20h00 max

Il reste 5 tours (le RD se finira la semaine du 3 juin)

Gain Tour n°5


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Un compagnon animal en rapport avec les contes
OU
- Un compagnon humanoïde méga fan des contes
OU
- Fièvre : Permet de faire éprouver de la fièvre aux personnes qui côtoient votre personnage d'un peu trop près.

* Siruu et moi sommes malades et nous voulons que ça se sache puisque, comme vous le savez, les personnes malades sont méga chiantes /sbaf (PS : je ne l'ai pas consulté)

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Zeryel
~ Ange ~ Niveau I ~

~ Ange ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 25/01/2023
Zeryel
Dim 05 Mai 2024, 20:48

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 6 O8bs
Les Portes V ; Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë, l'assassin




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Les yeux d'Ivanhoë descendirent en premier sur l'auteur du message. Ils s'y clouèrent, comme s'il voulait s'assurer que le nom inscrit n'était pas une manifestation de sa paranoïa lui jouant des tours. Son mauvais pressentiment qui l'avait préoccupé plus tôt se densifia désagréablement. Qui avait laissé Balthazar avoir accès au matériel pour écrire ? Avait-il dicté cette note à quelqu'un ? De l'avis du roux, le Roi aurait dû être placé en isolement total, sans même avoir la possibilité de recevoir des visites. De quoi écrire avait naturellement été exclus, pour éviter qu'il ne communique avec les quelques loyaux sujets qui lui restaient, mais même le plus idiot des prisonniers trouve des moyens de se distraire avec tout ce temps libre imposé. Une moue agacée traversa son visage. Il y avait des moments où il détestait avoir raison. Quelqu'un avait dû aider le prisonnier, quelqu'un qui lui rendait visite. Une autre question supplanta les autres ; pourquoi lui écrire à lui ? Il mit de côté ses interrogations pour lesquelles il n'avait pas de réponse immédiate et parcouru avec curiosité les quelques mots du souverain. En termes crus et concis, il y décrivait sans pudeur un crime qui fit taire le monde autour de lui. Ses doigts pâlirent en agrippant durement le morceau de papier. Il relut une seconde fois le contenu mais sa tête était ailleurs, déconnectée, occupée à visualiser ce que le roi venait de lui révéler. Réalisant qu'il retenait son souffle, l'assassin le laissa s'évader de ses lèvres en un filet contrôlé. La rage s'était toujours exprimée dans un calme trompeur chez lui. Froide, implacable, elle berçait ses tempêtes intérieures et annihilait les doutes qui avaient pu le polluer jusqu'à présent. Elle lui permettait de se concentrer sur l'essentiel. Ses pensées plus claires, plus ordonnées, se conjuguaient pour dessiner clairement un objectif. Il releva les yeux sur le domestique. « Le messager, il est toujours là ? » « Je crois, oui. » « Rattrape-le si ce n'est pas le cas. Et fais-le entrer, il faut qu'on lui parle immédiatement. » Le domestique regarda Primaël puis hocha la tête. « Tout de suite. » Il quitta la pièce par là où il était venu sous le regard du roux qui faisait le vide en lui.

Le visage de marbre, Ivanhoë marcha sur Primaël et lui plaqua la note sur le torse. « Tu devrais lire ça. » dit-il simplement avant de se tourner vers là où Gao se tenait assis. Il avait dépassé le stade de la haine. Il n'était plus qu'action et décision, comme il avait toujours été et sa décision avait été prise à l'instant même où il avait lu ces quelques mots. L'homme était déjà mort, il ne le savait juste pas encore. Sa vue était devenue intolérable et sa vie, inacceptable. Il ne pouvait tout simplement pas le laisser en compagnie de Primaël plus longtemps, sa seule respiration était une souillure qui devait être éradiquée. En quelques pas, il se dirigea vers le blond. Sans prononcer un mot, il le dépassa pour passer dans son dos et dans le même mouvement, attrapa une poignée de ses cheveux pour ramener sa tête vers l'arrière. Il regarda d'abord Primaël mais ne se laissa pas atteindre par ce qu'il lut sur son expression, ne chercha pas à entrer dans cette discussion où Primaël chercherait à l'en dissuader. Il ne fallait à l'assassin qu'une fraction de seconde pour deviner les pensées de son amant, il n'en fallait pas plus pour extraire son poignard et l'enfoncer dans l'abdomen de l'ancien semencier. Il le retira et le replongea à plusieurs reprises, visant méthodiquement les organes qui s'y abritaient. Cloîtré dans sa bulle de détermination, Ivanhoë n'entendait plus que les coups irréguliers de son cœur dans sa poitrine et le son chuintant que faisait l'acier en déchirant les chairs. Ce n'était même pas satisfaisant. Il avait le sentiment de ne faire que ce pour quoi il avait été formé, depuis un trop jeune âge, que ce pour quoi il était doué. Quand il fut sûr qu'il n'en réchapperait pas, il tira sur les cheveux pour le faire basculer sur le côté, s'aidant de son pied sur la chaise pour accompagner sa chute au sol. Il le laissa s'y vider de son sang comme le porc qu'il était et regarda ensuite Garance et Rosette. Il s'avança sur la dernière et l'attrapa par le bras pour la relever. Son pied fit tomber le tabouret sous elle pour l'éloigner et il plaqua l'adolescente dos contre son torse en tordant son bras derrière elle. Sa lame ensanglantée souligna sa gorge. Tout lui paraissait limpide, chaque acte était naturel et évident. Il se sentait serein, en phase avec lui-même, comme lorsqu'il avait arraché à Wesphaline son dernier souffle. Il était là où il devait être. « On va gagner un peu de temps, aller droit au but et jouer sur la franchise. » articula-t-il calmement. Il fixa Garance et appuya son poignard contre la peau de la rousse. « Si je suspecte un seul mensonge, elle meurt. Si quiconque tente de s'en prendre à Primaël, elle meurt. » Et après ce qu'il venait de faire, sa menace devait posséder un certain poids. Il était mortellement sérieux. « De quoi parliez-vous avec Balthazar lors de vos visites ? » Comme si avoir prononcé son nom avait invoqué son messager, la porte s'ouvrit sur le domestique accompagné d'un autre homme. Il y eut un silence de stupeur, qu'Ivanhoë rompit. « Vous. Expliquez-nous comment Balthazar a pu écrire ce mot. »

Message V | 963 mots

Uh oh
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Zeryel
~ Ange ~ Niveau I ~

~ Ange ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 25/01/2023
Zeryel
Lun 06 Mai 2024, 08:14

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 6 O0px
Les Portes V ; Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe



TW : c'est un peu vulgaire, pardon


Rôle - Adolphe d'Epilut:

« Ça ira, si on sort vite d'ici. » Il essayait d'occulter la souffrance qui sourdait de ses articulations. Percevant la montée de détresse de Placide en articulant le nom des infortunés qui partageaient leur cellule, le d'Epilut avança son pied pour cogner le sien. « Hé, ça va aller. On va s'en sortir. Et puis, vous êtes trop importants pour mourir ici. » Il n'était pas sûr d'y croire lui-même mais si le blond pouvait éviter de leur faire une crise d'angoisse, ça leur ferait ça en moins à gérer.

« Elle doit être encore assommée, ils ont dû taper trop fort. Les imbéciles. » C'était un problème additionnel. Si Tamara voyait la princesse de Narfas amochée, il y aurait des morts. Elle couvait la pré-adolescente comme s'il s'agissait de sa propre fille, ce qu'Adolphe trouvait ridicule et inapproprié. Et comment réagirait-elle en le voyant, lui dans cette situation ? Allait-elle le blâmer ? Être déçue ? Il préféra ne pas ruminer trop longtemps là-dessus, bien que les lieux et leur situation n'invoquassent en lui que de sombres pensées.

La mine maussade, il répondit aux questions de Ludoric et aux suppositions de Placide. « Je ne sais pas, beaucoup de monde. Elle a trahi la couronne, ça lui a fait autant d'admirateurs que d'ennemis. Quant à Primaël, c'est la même chose. J'ai pas l'impression que lui et ma mère soient en désaccord. » Pas s'il en croyait le sourire de chat satisfait qu'elle arborait en revenant de ses "réunions" avec le rebelle. Adolphe avait une autre hypothèse, une qui le rongeait d'appréhension. Et si ça n'avait rien à voir avec sa mère, mais avec ce qu'il avait fait quelques heures plus tôt ? Les semenciers étaient une institution puissante. Depuis la révolte, leur influence était certes moins marquée depuis leur soudain chômage forcé, mais elle existait. Ils ne devaient pas apprécier la façon dont la rébellion avait changé la conjecture pour eux, et encore moins qu'il en éventre quelques uns pour l'exemple. Le brun expira par le nez. L'objectif n'était pas de satisfaire ces jolis oiseaux. Il les trouvait agaçants. Leurs prétentions lui semblaient déplacées, ils n'avaient qu'à faire autre chose de leur vie, s'ils savaient faire autre chose que baiser. Il ne regrettait pas la leçon qu'il leur avait donné, pas une seule seconde. Ces hommes devaient comprendre que l'ordre des choses avait changé et qu'ils étaient devenus obsolètes. S'ils persistaient à rester inutiles et à ne pas s'adapter, il ne voyait pas l'intérêt qu'ils continuent à gaspiller l'air de tout le monde.

Il prêta une oreille distraite à la réponse des deux autres à la question de Placide. Écouter le prince Lieugrois et son soldat qu'il aimait tant se parler l'écœurait depuis la scène qu'il avait surpris entre Clémentin et Ludoric. Ce dernier était un hypocrite. Cherchait-il à rester proche de Placide simplement pour rester proche du pouvoir ? Profitait-il de sa naïveté ? Après toutes les confessions reçues du blond, il avait l'impression de le connaître par cœur ; il ne lui était pas difficile de deviner sa réaction s'il apprenait l'infidélité de son amoureux.

Un bruit de pas interrompit le fil cynique de ses pensées. Il les compta avant de voir leur ombre se dessiner au bout du couloir. Ils étaient trois. Adolphe se redressa comme il put pour garder le dos droit contre le mur. Ses talons plantés au sol, il était paré à toute éventualité. Il suffisait d'une seule opportunité pour les sauver tous. Trois hommes, ce n'était rien. Il ne savait pas pour Ludoric, mais lui n'avait pas besoin de lame pour tuer un homme, même s'il adorait sentir l'acier s'imbiber de sang. L'odeur comme la vue l'avait toujours hypnotisé. Il n'existait rien de plus beau que voir une de ses épées préférées tirées de sa collection personnelle pénétrer la chair et éprouver son tranchant en crissant sur les os. Si seulement il pouvait avoir les mains libres.

Une clé tourna dans la serrure et les gonds grincèrent sinistrement quand la porte s'ouvrit. Comme Ludoric l'avait souligné, ils étaient habillés en civil. Ils étaient beaux aussi, chose qu'il n'avait pas pris le temps de noter plus tôt dans la frénésie du combat. « Vous êtes bien installés ? » s'enquit l'un d'entre eux, ce qui les fit rire. Adolphe ne répondit pas. Il cherchait la présence d'armes sur eux. Il finit par remonter les yeux sur eux. La haine flambait au fond de leurs iris. Avec défi, le brun leva le menton et réussit l'exploit de les regarder de haut malgré sa position. « On nous a dit de vous garder en vie, pour le moment. » « On ? Qui ça, on ? » « Ta gueule. » Le regard devenu aussi noir que le leur, Adolphe ramena ses jambes. Il suffisait qu'ils s'approchent d'un mètre pour leur décocher un coup de pied qui abîmerait leur précieux outil de travail. Rien ne le satisferait plus que les entendre couiner en se tenant l'entrejambe. « Vous n'auriez jamais dû faire ça. Vous allez le regretter. » « S'il y a quelqu'un qui va regretter ici, c'est toi, espèce de petite merde. On doit te garder en vie, mais une petite leçon d'éducation s'impose. » Il sortit un petit couteau calé dans sa ceinture, à la lame recourbée en croissant de lune. Adolphe sourit. « Vous allez faire quoi avec ce petit jouet, me curer le nez ? Ça tombe bien, il me démange. Ça pue trop le parfum depuis que vous êtes ici, je préférais l'odeur de moisissure. » Il ricana et malgré la pénombre, vit avec satisfaction le premier des semenciers blêmir de rage. « Tenez-le. » Tous les muscles d'Adolphe se tendirent et dès qu'ils furent assez près, il serra ses abdominaux pour envoyer ses talons dans le plus proche des trois, visant la rotule à défaut de pouvoir atteindre plus haut. Des jurons éclatèrent, tant de leur côté que du leur alors qu'ils tentaient d'immobiliser le brun qui se débattait et tentait d'échapper à leur prise en se tortillant comme un ver. Ses dents jaillirent et il mordit la main qui cherchait à lui plaquer l'épaule au mur. Au bout de plusieurs minutes, essoufflés, l'un d'eux eut l'idée d'envoyer son poing sur le nez du soldat. Il y eut un craquement et un hoquet de douleur. Des étoiles plein les yeux, Adolphe sentit des mains le replacer contre le mur et l'y maintenir.

L'un des hommes s'accroupit face à lui. « Il paraît que t'as échappé au sort qui attend tous les types qui entrent dans l'armée. C'est pas juste, si ? Ils en pensent quoi tes amis sans queue ? » Hébété, le brun ne répondit pas. Des vagues de souffrance pure pulsaient sur son visage et il sentait le liquide ferreux lui entrer dans la bouche. « Enlevez-lui son pantalon. » « Non... » marmonna-t-il en réalisant ce qu'il se passait. L'adrénaline qui avait transfusé de l'énergie pure dans ses veines muta en flots de glace. « Non. » Il frémit en sentant l'air effleurer sa peau nue et la pierre poussiéreuse sous ses fesses et ses cuisses. « Il y en a qui meurent dans le processus. Il faut être fou quand même pour vouloir faire ça. » Il avait rapproché son couteau. Le contact de la lame froide sur ses parties fit comme une décharge à Adolphe qui se cambra avec une fureur subite. « Espèces de putains, sales putes, lâchez-moi ! Si vous osez, je vais tous vous crever comme des chiennes, comme vos amis ! » Il éclata de rire, d'un rire aussi fou que nerveux. « Vous les avez décrochés ou ils décorent toujours la porte de vos bordels ? » L'un des hommes qui le tenait lui attrapa les cheveux et envoya sa tête cogner contre le mur, l'assommant presque une seconde fois. Le corps ramolli, il laissa son menton retomber sur sa poitrine. Une peur panique s'était emparée de lui, le dévorait comme un poison acide. « Non. » murmura-t-il en sentant la lame d'une froideur qui pénétra jusqu'à ses os. « Attends, si tu fais ça comme ça, il va vraiment crever. Ils se vident de leur sang si on cautérise pas, je crois. » « Je m'en fous, ce sera pas une perte. » Le cœur soulevé par la nausée, Adolphe ferma les yeux. « S'il vous plaît, non. » s'entendit-il supplier. Le tranchant s'enfonça de quelques millimètres et il se mit à trembler. « Arrêtez, arrêtez. » Des sanglots perçaient dans sa voix. La pression de la lame finit par se retirer. « Je pense qu'il a compris. On revient tout à l'heure pour vérifier s'il est toujours aussi insolent ce merdeux. » Les yeux fermement clos dans l'espoir de retenir ses larmes, l'adolescent les entendit partir et reverrouiller la porte. Au bout d'un moment, il rouvrit les yeux. Ils l'avaient laissé comme ça et il ramena ses jambes tout contre lui. Frissonnant, il tourna la tête sur le côté pour ne pas voir les autres. Tout débordait en lui et il pressa ses lèvres entre elles pour retenir l'envie de vomir.

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Karma, quand tu nous frappes nastae
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Lun 06 Mai 2024, 09:07



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :



Imagine Music – Lacrimosa
(T'as vu Mitsu c'est une reproduction de ton tableau préféré <3)

Son regard se posa sur Garance. Il avait mal choisi ses mots quand il avait dit qu’elle n’était pas le genre de femmes à abandonner facilement, car ça n’était pas qu’une question de ténacité ou de détermination. Il savait qu’elle disposait d’une force de caractère nécessaire au maintien de sa position, mais aussi un intellect habile, capable de s’engouffrer dans les failles que les autres laissaient transparaître, et une volonté qui ne rougissait pas de s’exercer au-delà des limites imposées par la morale. Il ignorait où se trouvait les siennes. Si elle en avait. Son fils eût pu être un frein à ses velléités. Sa disparition les privait d’un atout, mais la plaçait aussi, sans doute, dans un état de précarité affective et émotionnelle. Tout comme la présence de Gao jouait sur la sienne. Primaël inspira. Ses prunelles pénétrèrent dans celles de la régente lieugroise. Le bleu de ses iris était le même qu’au premier jour : éclatant.

L’éclat céruléen de ses yeux sculpta le visage de Primaël, qui demeurait debout, droit, les mains dans le dos. La femme lui sourit aimablement, puis quitta son fauteuil pour s’approcher. « Je suis heureuse de vous rencontrer, Primaël. » Elle s’arrêta devant lui. Malgré son jeune âge, il la dépassait d’une bonne tête. L’ingratitude de l’adolescence ne l’avait pas effleuré ; il avait déjà le physique d’un jeune homme. Comme nombre de gamins des rues, il avait grandi vite, et son corps avait suivi la cadence, il s’était adapté à cette existence qui réduisait son essence à quelques fantasmes auxquels il fallait ressembler. « Avez-vous choisi un nom pour votre séjour parmi nous ? » - « Lazarius. Lazarius de Ruerre. » - « Enchantée, Lazarius de Ruerre. » Un sourire effleura à nouveau les lèvres de la Princesse de Lieugro, et le semencier le lui rendit sans même y penser. L’élégance qui se dégageait de cette femme charmait à elle seule sans difficulté. « La personne dont j’aimerais que vous vous occupiez n’est pas difficile à aborder. Vous la trouverez aisément à n’importe quel événement mondain. » Elle s’était éloignée et continuait à parler en fouillant dans un petit secrétaire. « Ses centres d’intérêt sont relativement variés. Bals, pique-niques, séjours à la campagne, balades à cheval… Elle apprécie la littérature et tout particulièrement la poésie, la musique, la danse, les voyages. C’est une femme qu’il faut faire rêver. Je ne pense pas que cela vous sera difficile. » - « C’est mon métier. Vous serez satisfaite. » Garance de Lieugro acquiesça, tandis qu’elle revenait vers lui avec un papier à la main. « Voici à quoi elle ressemble. » Le visage d’une jeune femme avait été délicatement crayonné sur le papier. Il étudia les courbes de sa figure, la hauteur de ses pommettes, la forme de ses yeux. « Quelqu’un vous introduira à une réception à laquelle elle sera présente ce soir. Comme on vous en a déjà informé, vous serez en parfaite autonomie sur cette mission. Nous ne nous reverrons que lorsqu’elle sera belle et bien enceinte, et trop pour pouvoir avorter. Promettez-lui tout ce qu’elle désirera entendre. » Primaël prit la feuille et regarda encore quelques secondes sa future victime. À Narfas, les femmes payaient dans l’espoir de tomber enceinte et d’enfanter une fille. Cela leur valait les honneurs. À Lieugro, on payait pour faire tomber ses ennemis. Cela octroyait le pouvoir. Aucun sort ne lui semblait plus cruel qu’un autre. Si Gao l’avait envoyé ici, c’était pour qu’il fît ses preuves, et il ne comptait pas le décevoir.

Ce souvenir s’évanouit lorsque Tamara mentionna la présence d’un enfant dans son ventre. Il se retint de ne pas tourner la tête vers elle et de ne pas froisser sa figure de quelque expression de surprise ou d’inquiétude. Au lieu de quoi, il jeta un coup d’œil à Ivanhoë et au domestique, sans capter la tension présente dans leur échange. Pourquoi n’en avait-elle pas parlé avant ? Depuis combien de temps était-elle enceinte ? Qui était le père ? Gao, Balthazar ou lui-même ? S’il s’agissait de l’ancien Roi, alors ce bébé devait mourir. Il avait laissé vivre Anthonius, mais des assassins avaient été envoyés à la poursuite des autres héritiers. Cette lignée devait périr avec la révolution ; les grandes causes exigeaient des sacrifices, et celui-ci en était un. Le mieux aurait été que le futur nourrisson fût de Gao. Lui ne voulait pas d’enfant à reconnaître, ne pouvait pas multiplier d’éventuelles faiblesses. Il pensait qu’elle se protégeait. Il avait été idiot, et ce constat l’agaçait. Il inspira. Peu importait. Les imprévus s’amoncelaient mais cela ne devait pas modifier sa stratégie ou altérer la clarté de son esprit.

Il s’apprêtait à compléter les propos de la guerrière quand la main d’Ivanhoë se plaqua sur son torse. Son regard croisa le sien, et ce qu’il y perçut lui fit froncer les sourcils. Quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas un simple imprévu. Ses doigts se refermèrent sur le papier et ses iris descendirent dessus. Il lut, silencieux. Un sourire nerveux ourla le coin de ses lèvres. Balthazar. Une accusation contre Gao. Un acte qu’il n’avait pas commis. Impossible. « C’est un mensonge. » Il releva la tête en prononçant ces mots. Juste à temps pour voir son amant tirer vers l’arrière la tête de l’homme qu’il avait aimé. Son souffle se suspendit en même temps que ses pensées. La lame luisit au-dessus du crâne de Gao, puis plongea dans son abdomen, à l’exact emplacement où il savait qu’une cicatrice demeurait. Elle rejaillit, étincelante de vermeil, pour mieux s’enfoncer à nouveau. Primaël la sentit pénétrer ses propres chairs. « Qu’est-ce que tu fais ? » furent les seuls mots qui parvinrent à franchir ses lèvres avant que les larmes ne dévalassent ses joues ; car le cœur est parfois plus prompt à comprendre que la raison. Et ce cœur-là connaissait Gao depuis des années ; il y avait siégé si longtemps, si complètement qu’il y vivait encore, dans ses recoins les plus intimes, entre l’amour, la haine, la reconnaissance et la rancune, enrobé de mémoire et parfois même serti d’espoir. Ce cœur-là aimait Ivanhoë ; il aimait comme il l’avait toujours fait, avec une intensité et une entièreté qui ne pouvaient que pousser à toutes les extrémités. Il l’aimait comme un ami, un amant, un amour ; il en avait fait une pièce essentielle de son univers, une galaxie dont il ne croyait pouvoir se défaire, et qui sous ses yeux venait d’exploser. « Ivanhoë. » Sa voix tremblait, autant que ses mains qui ne savaient plus à quoi se raccrocher. Deux fondements de son monde s’écroulaient. Sa confiance absolue en l’assassin ; le vieil amour gangréné de colère qu’il éprouvait pour l’ancien semencier.

Le corps de Gao tomba dans un drapé d’étoffes et de sang. Le bruit mat de sa chute sur le sol fit sursauter Primaël. Comme si cet incontrôlable mouvement avait redonné un élan à tout le reste, il rompit la distance qui les séparait et se laissa tomber à genoux. Ses mains décidèrent de s’accrocher au déni et à la vie : elles se nouèrent autour des pans de sa chemise, qu’il ôta et plaqua contre le ventre de Gao. « Tu ne vas pas mourir. » affirma-t-il. Le sang engloutit le tissu blanc plus vite que les incendies ne dévoraient les bâtiments. Il se faufila entre ses doigts, grimpa sur le dos de ses phalanges, les enserra comme s’il était l’une de ces mains qui avaient autrefois l’habitude de tenir les siennes. Le bleu attrapa le visage du blond. Des sillons rouges dessinèrent ses empreintes. « Regarde-moi. Tu ne vas pas mourir. Gao. » Plus rien n’existait. « Je suis désolé. Gao. Gao, regarde-moi. S’il te plaît. » Avait-il fermé les yeux ou était-ce lui qui ne le voyait plus, aveuglé par les larmes et le passé ? Il se revoyait planter la lame dans le ventre de son ancien amant ; cette fois, ça avait été celle d’Ivanhoë. Si la sienne ne l’avait pas tué, celle de l’assassin s’était exécutée sans aucune pitié. Ses traits se déformèrent, mus par une myriade d’émotions qu’aucun palpitant n’aurait pu contenir.

Ses mains s’arrachèrent au cadavre de Gao et il se releva pour faire face au roux. Il regarda la lame appuyée sur la gorge de l’adolescente, puis ses yeux clairs remontèrent sur le faciès de son amant. « Toi… » La colère le dominait tout entier. Il avait changé, depuis qu’il avait quitté son métier de semencier et, du même coup, sa relation avec Gao. Il avait changé, mais sa passion était demeurée intacte ; elle l’animait avec la même fougue, la même flamme, la même déraison destructrice. Fiévreux, il exécuta un signe discret à l’intention de son domestique planté près du messager. Ivanhoë était doué, mais les hommes et les femmes qui travaillaient pour lui l’étaient tout autant. L’incertitude se lut pourtant clairement sur la figure du concerné. Il demeura en retrait. Primaël le fusilla du regard. « Êtes-vous aveugle ou espérez-vous le même traitement ? Je n’ai pas besoin de traîtres à mes côtés. » claqua-t-il. Il suffisait d’un seul et tout votre monde s’effondrait. « Tamara, si tu pouvais nous débarrasser d’eux… » Sans espoir qu’elle répondît à sa demande, ses iris fouettèrent le visage d’Ivanhoë. Le maigre contrôle qu’il parvenait à exercer sur lui-même vola en éclats. Il oublia la position de Rosette, l’éclat des yeux de Garance, l’intelligence de Tamara, la raison de leur présence, les négociations, la révolution ; tout ce pour quoi il vivait depuis des années, tous les objectifs qu’ils s’étaient fixés et que chaque coup de poignard avait déchiqueté. Ne restèrent plus que le corps mort de Gao, le regard implacable d’Ivanhoë qui se plantait dans son cœur à la manière d’un carreau d’arbalète, et l’amertume de la trahison, la douleur de la perte, la colère de l’impuissance et la souffrance de l’amour. Il attrapa la bouteille de vin et la jeta de toutes ses forces en direction des deux roux. Elle se brisa contre le mur derrière eux. La rage imbibait chacun de ses gestes. Ce que les autres pouvaient dire ne parvenait pas jusqu’à lui. Il traversa la pièce pour se figer devant l’assassin. Ses doigts se nouèrent autour de son poignet et il tira pour diriger le poignard vers lui. « Tu n’avais pas à faire ça ! Tu ne décides pas de qui vit et qui meurt, pas sous mon toit, pas devant moi ! Pas lui ! » cria-t-il. « Tu n’avais aucune preuve, pauvre imbécile ! » Ses prunelles nimbées d’eau découpaient les siennes. S’il n’y avait pas eu Rosette entre eux, il l’aurait frappé, blessé, tué. Il n’avait que ses mots pour le faire. Ses phalanges abandonnèrent son poignet et descendirent sur la lame. Il ne sentit pas sa morsure aiguë sur sa chair. Son univers se limitait au brasier qui incendiait sa poitrine. « Tu devrais te l’enfoncer dans ce qu’il te reste de cœur. »



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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mar 07 Mai 2024, 08:44



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Leurs esprits réunis ne semblaient pas parvenir à étayer une hypothèse suffisamment solide pour qu’elle méritât qu’ils se penchassent davantage dessus. Ils n’étaient probablement pas ici du fait de Primaël, et Tamara pouvait avoir autant d’ennemis que d’armes dans son armurerie. Et si eux aussi étaient finalement visés par l’enlèvement ? Depuis la révolution, la majorité de la population se montrait hostile à l’égard des étrangers. N’importe qui pouvait avoir voulu s’en prendre à eux. Ludoric soupira et appuya sa tête contre le mur froid et humide, le regard dirigé vers le plafond. « C’est drôle que Primaël vienne de découvrir l’identité de son père alors qu’il est en couple avec Ivanhoë. » Car le roux, comme il l’avait raconté à Placide, avait vécu l’exacte même situation à peine un mois plus tôt. C’était d’autant plus ironique qu’ils étaient tous les deux le fruit d’un adultère – ou d’une brève aventure, peut-être que Gustave n’était pas encore marié à Eléontine, à l’époque. L’adolescent soupira. Existait-il un seul couple dont les deux partenaires demeuraient fidèles l’un à l’autre ? Plus le temps passait, plus il observait les adultes, plus il en doutait. Même Montarville – dont on avait toujours dit qu’il était éperdument amoureux de Déliséa et que c’était pour cette raison qu’il ne s’était jamais remarié – avait fauté, et Clémentin était là pour le prouver. « Hein quoi ? » Il tourna la tête vers son amoureux, le cœur pétaradant. L’inquiétude qui l’avait étreint au sujet du Prince et du fils de la Cheffe des Armées lui paraissait désormais bien illusoire. C’était lui qu’il regardait, son éveil qui l’avait rassuré. Pas Adolphe. « À ton avis ? » répondit-il, plus sèchement qu’il ne l’eût voulu. « Je te suivais pour assurer ta sécurité. Antoinette allait sortir aussi alors je l’ai emmenée. » Comme s’il réalisait à quel point tout cela devait désormais paraître idiot et irresponsable, Ludoric haussa les épaules et baissa les yeux sur la pointe de ses chaussures. « Désolé. C’est juste… » Il se mordit l’intérieur des joues. Il avait eu peur. Peur de le voir embrasser Adolphe, ou lui tenir la main, l’enlacer, lui sourire comme il le faisait avec lui. Puis il avait eu peur qu’on l’attrapât, qu’on le blessât, qu’il mourût… Le guerrier ramena ses jambes contre lui. Néanmoins, aucun aveu ne quitta sa poitrine, trop consciente de la présence du brun et de la Princesse. Il lui jeta un coup d’œil pour voir si elle était enfin réveillée. Au moins, il l’entendait respirer.

À sa respiration se cala rapidement le son de trois pas cadencés. Le Lieugrois releva la tête, le palpitant aux aguets. D’instinct, il bougea autant que possible – peu – pour se placer au-devant de Placide : l’un de ses pieds avança devant les siens et il banda ses muscles pour se préparer à le défendre. Ses iris bronze scrutèrent les délicats visages de leurs geôliers. À leur question qui n’appelait aucune réponse, il ne rétorqua rien. Il détailla leurs silhouettes, leur attitude, leur musculature. À la ceinture de l’un d’entre eux, il distingua un couteau, fugacement éclairé par la lueur sépulcrale des torches. Venait-on les achever ou les emmener quelque part ? La réponse tomba rapidement, et le soulagement étreignit Ludoric. Ils gagnaient du temps. C’était ce dont ils avaient besoin pour se sortir de là. Pouvaient-ils tenter de négocier avec eux ? Comment ? Il ne s’était jamais vraiment intéressé à la politique, et n’avait aucune envie que Placide ou Anthonius ne s’exposât. De toute manière, il n’eût guère le temps d’y réfléchir, puisque la diplomatie d’Adolphe frappa et eut pour immédiat effet de braquer leurs détenteurs. Celui qui possédait une lame la tira de sa ceinture. Le roux prit une inspiration, tendu. Dans sa tête, une floppée de malédictions tombait sur cet imbécile de Narfasien qui ne savait pas se taire. « Mais par tous les Dieux, tais-toi. » grinça-t-il entre ses dents. Le combat éclata à peine quelques secondes plus tard. Le guerrier détesta être enchaîné : il avait bien conscience que si l’un d’eux s’en prenait à Placide, jamais il ne pourrait le défendre convenablement. Il tenta de les apaiser par un « arrêtez ! » sonore, mais celui-ci eut le même effet que s’il ne l’avait jamais prononcé.

La suite n’aurait dû être qu’un enchaînement de terreur, de sidération et d’angoisse. Pourtant, face à un Adolphe à demi-nu menacé par la lame courbe du couteau, Ludoric réussit à conserver un sang-froid qu’il ne soupçonnait pas posséder. Porté par sa volonté de protéger les deux royaux, il ne flancha pas. « Ne regardez pas. » eut-il le temps de dire à l’intention de Placide et d’Antoinette. Il ne voulait pas qu’ils eussent à voir ce spectacle, autant pour eux que pour le concerné. À sa place, il se serait senti profondément humilié. « Eh ! Laissez-le ! » tenta-t-il. Son regard fut attiré par l’éclat de la lame sur la peau nue du fils de Tamara. Il détourna les yeux, secoué d’un haut-le-cœur qu’il parvint pourtant à retenir. Instinctivement, ses jambes se serrèrent et remontèrent vers son ventre. « Il ne sait pas ce qu’il dit, il est désolé. » Difficile de rattraper autant d’insultes. « Vous devriez le laisser ou sa mère… » - « Tu veux y passer aussi ? » La question le laissa coi. Il fixa l’homme, terrifié. Durant quelques secondes, il s’imaginât qu’ils y passassent tous ; Adolphe, lui, Placide. Pour Antoinette, ils trouveraient sans doute d’autres sévices. Ses doigts se crispèrent autour des chaînes qui retenaient ses poignets. S’il devait gesticuler comme le brun jusqu’à son dernier souffle, il le ferait. Cependant, contre toute attente, les trois hommes cessèrent leur manège et partirent.

Le souffle court, Ludoric fixa la porte durant un moment, l’adrénaline redescendant peu à peu, au même rythme qu’il réalisait ce qu’il venait de se passer. Il souffla, doucement. Puis, il tourna la tête vers Placide. « Est-ce que ça va ? » Il aurait voulu pouvoir le prendre dans ses bras et le serrer contre lui. Il pivota vers Antoinette, puis il se pencha et son regard dériva vers l’autre soldat. Ils n’avaient même pas pris la peine de le rhabiller, laissant l’humiliation le marquer tout entier. « Adolphe ? » fit-il doucement. « Comment tu te sens ? » Il déglutit. « On va trouver un moyen de sortir d’ici avant qu’ils reviennent. Il faudrait juste… » Il inspira. Il y avait toujours une solution, non ? Ses mains tremblaient. Sous le choc de l’altercation, il ne s’en rendait pas compte.



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Aäron Taiji
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Les Portes V
Balthazar



« C’est fait. » Balthazar fit un geste de la main pour que la femme s’approchât de lui et lui détaillât ses propos. « Lorsque je suis partie, le messager était encore à l’intérieur des murs mais je suis formelle : Gao ne vit plus. Ivanhoë a fait le travail. » Le Roi déchu sourit. Il aimait beaucoup lorsque les autres se salissaient les mains à sa place. C’était du sang en moins sur ses mains, même s’il ne souffrait d’aucune insomnie ni d’aucun remord. S’il avait cru en un quelconque Dieu, il l’aurait probablement remercié mais ce n’était pas le cas. Il ne croyait en rien et cette absence de croyance le favorisait souvent lorsque des mesures drastiques étaient nécessaires. « Le trafic est en train de se réorganiser. Cependant, j’attire votre attention sur un point. Ce n’est peut-être rien mais Gao a fait arrêter le fils de Tamara avant de se rendre chez Primaël. Il voulait très certainement avoir un atout dans sa manche. Adolphe n’est pourtant pas le seul adolescent à avoir été enlevé ce soir. Ils sont quatre, les trois autres étant avec le premier au moment du rapt. Ils ont été emmenés dans un établissement de plaisir qui ne sert plus. » « A-t-on plus d’informations ? » « Les hommes responsables ont parlé de deux Lieugrois et de deux Narfasiens. » « Amenez-les-moi. Je les ferai parler. S’ils ne me sont d’aucun intérêt, je les relâcherai. » Peut-être. Gao n'avait pas été dénué d’intelligence sur ce coup. Tamara adorait son fils, chose que le Souverain avait très vite compris. Lorsqu’elle parlait de lui, la naïveté maculait les iris de la rousse. Elle le voyait comme une mère aveugle voit son enfant. Balthazar n’était pas dupe. Adolphe n’était très certainement pas le fils parfait qu’elle se figurait avoir. Néanmoins, malgré tout, il n’était pas certain de désirer faire chanter sa précédente Cheffe des Armées. Une stratégie plus fine serait bien plus efficace. Mais avant toute chose, il devait déjà être clair vis-à-vis de ses propres désirs. Régner de nouveau sur Narfas lui semblait être une idée folle. S’exiler lui apparaissait plus vraisemblable. Avant de se fixer, il devait se renseigner convenablement sur l’état du Royaume, sur ses atouts et sur ses faiblesses. Il savait que certains le soutenaient encore en tant que Roi. D’autres l’appuyaient en tant que Main, sans être au fait de son identité véritable. Tout ce petit monde constituait une opportunité qu’il n’était pas sûr de vouloir saisir. Il aviserait au fur et à mesure. La gourmandise n’aidait aucun être. Gao en avait fait les frais et puisqu'il était tombé, il ne faisait aucun doute que d’autres connaîtraient le même sort.




Balthazar attendait les quatre adolescents, assis en bout de table. Il avait fait préparer quelques gâteaux à grignoter et du jus de litchis. La nuit était bien entamée mais il se doutait qu’elle avait dû être rude pour eux. Du sucre leur ferait le plus grand bien. S’il pensa discuter avec Adolphe et s’emparer de l’identité des trois autres au fur et à mesure, un simple coup d’œil lui permit de comprendre à quel point la pêche nocturne avait été excellente. « Je ne suis pas responsable de votre enlèvement, sachez-le. » s’introduisit-il auprès d’eux. « L’homme qui l’a commandité – Gao d’Eésnep – n’est plus de ce monde. » Ses iris s’arrêtèrent un instant sur Anthonius, en robe de chambre et il songea que l'histoire de leur enlèvement devait être rocambolesque. Balthazar avait longtemps ignoré que son fils était en réalité une fille. Wesphaline le lui avait caché et Tamara le lui avait révélé plus tard, lorsqu’elle l’avait elle-même su. Il n’en avait rien dit au principal concerné : il savait garder certains secrets pour lui. « Vous pouvez vous servir. » amena-t-il doucement, en désignant la nourriture. Nul besoin de nommer ses invités. Placide de Lieugro lui était familier et le rouquin n’était autre que Ludoric de Tuorp. On les disait inséparables mais ce n’était visiblement pas le mot le plus juste. « Pour faire court, je me suis échappé de la prison dans laquelle je croupissais. À présent, je dois faire un choix pour mon avenir, tout comme vous allez devoir en faire un pour le vôtre. Narfas n’est pas stable et ne le sera vraisemblablement pas pendant un long moment. J’ai des contacts dans les autres Royaumes, y compris Lieugro. Si vous le désirez, je peux vous faire profiter de mes atouts. Vous n’êtes encore que des adolescents. Il me semble inutile de vous sacrifier pour la cause d’adultes qui auront tôt fait de détruire ce qu’ils essaieront de construire. » C’était toujours ainsi. « Anthonius… » Son ton s’était adouci. « Je préférerais te savoir à l’abri, loin d’ici. Tu as assez souffert. » Il posa ensuite les yeux sur Placide. « Le Royaume de Montarville est tombé. Tu ne seras jamais Roi. Il te faut faire ce deuil dès maintenant. Tu es, de toute façon, trop jeune pour avoir de telles ambitions. Tu mourras si tu ne renonces pas. Profite de cette occasion pour partir avec ton soldat. » Enfin, le brun regarda Adolphe. « Quant à toi, je n’ai pas de conseils à te fournir en particulier. Ta mère et moi sommes proches mais ça ne l’a pas empêchée de me trahir. On m’a dit que tu avais pris du grade dans l’armée mais tu restes pour l'instant un enfant, qu'importent les titres qu'on t'a donnés. Tu pourrais repartir de zéro et monter en grade ailleurs mais sans doute voudras-tu rester ici, auprès d'elle ? Néanmoins, je doute que Judas n’attaque pas Narfas à terme si l’ordre ne revient pas rapidement. S’il le fait, le Royaume ne tiendra pas. Le plus gros de nos forces est toujours mobilisé à la frontière ouest pour l’y repousser et si nous le déplaçons pour protéger la capitale d'une attaque, il rentrera, qu’importe le côté. Pour moi, Narfas est perdu dans la majorité des hypothèses. Notre façon de traiter les réfugiés Lieugrois a eu de terribles conséquences sur nos relations diplomatiques et je ne suis pas certain que les Royaumes normalement alliés viendraient nous aider actuellement. » Il prit un gâteau. « Bien sûr, je ne vous force pas à converser avec moi. Vous êtes libres de sortir. Néanmoins, si vous voulez quitter Narfas, je m'engage à organiser votre voyage vers la destination que vous choisirez si cela m'est possible. »

1071 mots
Rôle:



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Jeu 09 Mai 2024, 10:47




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Les mots de Tamara se voulaient aussi rassurants que le sourire qu’elle venait d’adresser à Rosette, mais Garance n’avait pas pour habitude d’abandonner aussi aisément sa prudence. Peu importait qu’elle fût enceinte. Son regard dériva vers Primaël. S’il en était le père, il était visiblement déjà au courant. Mais ce pouvait aussi être Gao, ou Balthazar. L’ancien Roi ne lui avait pas caché la nature de ses entrevues avec la guerrière. Elle se recentra sur elle. « J’espère aussi que nous saurons trouver un terrain d’entente, pour notre bien comme pour celui des générations futures. » Elle posa une main sur son ventre, et tourna la tête vers le bleu, dans l’attente d’une réaction de sa part. Il avait été efficace, à l’époque. Les choses de l’amour et du sexe avaient cependant peu à voir avec l’avenir d’un royaume. Séduire une femme ne rivalisait pas avec la capacité de conquérir un peuple ou son territoire, avec la faculté de se trouver des alliés compétents et fiables ou encore avec l’art de négocier. Amour et sexe pouvaient être des outils au service de la politique, mais n’y étaient pas comparables. Il avait réussi à se hisser jusque-là, et quoique cela fût déjà impressionnant compte tenu de son jeune âge et de ses origines, ça ne garantissait en rien qu’il fût capable de rétablir un ordre que le chaos qu’il avait enclenché menaçait chaque jour un peu plus.

Sa réponse ne vint pourtant jamais. Ivanhoë, qui jusque-là s’était fait discret, plaqua une note contre son torse, avant de se diriger droit sur Gao. Le poignard frappa son torse, y jetant des traînées de sang comme l’aurait fait un coup de pinceau sur une toile vierge. La blonde n’eut pas le temps de réagir : seul un hoquet choqué secoua sa gorge. Le cadavre tomba ; Primaël se précipita vers lui ; la régente se leva, droite et raide, le souffle court mais l’esprit alerte. Elle avait déjà côtoyé la mort, parfois d’aussi près, rarement aussi violemment – ça n’était néanmoins pas une raison pour s’écrouler, d’autant moins dans sa position, d’autant plus qu’elle pouvait être la prochaine victime. Elle suivit des yeux le mouvement du roux, son bras ceinturant Rosette, son pied chassant le tabouret et sa lame s’ancrant à sa gorge. Elle effectua rapidement les calculs, les pupilles dilatées par l’adrénaline. Elle se pencha pour ramasser le papier que le révolutionnaire avait laissé tomber et le lut rapidement, en essayant de masquer sa surprise. Sa silhouette se redressa, tandis qu’elle faisait parfaitement face à l’assassin et à son otage. Primaël était toujours par terre, les mains dans le sang. Ça n’était visiblement pas ce qui était prévu. Son chien lui avait échappé, comme Childéric s’était soustrait à son autorité lorsqu’il avait tué l’envoyé de Wesphaline, puis fuit en compagnie de la Princesse d’Uobmab et de son propre fils. Narfas était la preuve tangible que les femmes ne faisaient pas mieux le travail que les hommes ; cependant, ceux-ci faisaient trop souvent preuve d’une impulsivité qui les desservait. Garance regarda brièvement Rosette. Toute son attitude suintait de panique. Ses prunelles remontèrent sur l’assassin. S’en prendre à Primaël n’avait aucun intérêt, puisqu’il venait visiblement de lui porter lui-même un coup fatal. L’affection de Gao pour le jeune homme était apparemment réciproque et allait au-delà d’une simple amitié. Quant à Rosette… Si sa mort était inévitable, tant pis. Lambert n’aurait pas d’autres choix que de passer outre s’il voulait survivre. Si elle mourait de la main d’Ivanhoë, peut-être souhaiterait-il se montrer un peu plus agressif et convaincant vis-à-vis des Narfasiens ? Le véritable risque – dont elle était quasiment certaine qu’il se réaliserait –, c’était que s’il tuait la jeune fille, elle serait la prochaine sur sa liste. « Je croyais qu’il n’était pas dans votre intérêt de maltraiter mon peuple. » dit-elle, en écho aux paroles de Tamara, les sourcils froncés. Elle n’oubliait pas que la Cheffe des Armées avait toujours les mains libres. « Comment pouvez-vous être sûr qu’il s’agit bien de la vérité ? » Elle leva le papier devant elle, puis le tendit en direction de Tamara. Son regard se porta sur le domestique et le messager. « Il a dû sortir de prison. » Ses iris clairs se plantèrent sur Ivanhoë. Avait-il besoin d’un dessin ? Sa colère avait trop largement pris le pas sur sa réflexion.

Elle s’apprêtait à poursuivre, quand la voix de Primaël résonna près d’elle. Il ne lui fallut que quelques secondes supplémentaires pour bondir jusqu’au roux et l’incendier. En silence, elle observa l’échange. Elle regarda les doigts de l’ancien semencier rougir sur la lame. Les passions perdaient tous les cœurs. Lorsque, plus jeune, à son retour d’accouchement, elle avait souffert de la relation naissante entre Madeline et Lambert, elle avait mis un point d’honneur à ce que les siennes ne prissent jamais le dessus. Elle avait cru faillir à cet engagement quand Alembert avait disparu. Elle avait cependant réussi à reprendre la main sur les tourments de son palpitant. Ses espions le cherchaient, et elle mettait tout en œuvre pour obtenir le pouvoir qui lui permettrait de le récupérer sain et sauf. Sa voix s’éleva au-dessus du tumulte des émotions : « Balthazar et moi parlions de politique. » Elle avança d’un pas vers Ivanhoë. « Je voulais être capable de me faire une place au sein de votre gouvernement et il ne désirait pas demeurer enfermé toute sa vie. J’avais promis qu’en cas de réussite, je le ferai libérer. » En réalité, elle l’aurait sans doute plutôt fait tuer. « Balthazar m’a dit que si je voulais pouvoir tirer mon épingle du jeu, il me suffisait de m’en prendre à vous pour affaiblir Primaël. » Elle le sonda. « Je préférais discuter avant d’en venir à la force. Lui a visiblement directement appliqué ses propres conseils. Il devait se douter que vous ne supporteriez pas de lire un tel message. Et il devait savoir ce que cette mort provoquerait. Il se sert de vous. » Et peut-être pas uniquement pour semer le chaos entre eux et reprendre les rênes de Narfas. Elle jeta un coup d’œil au cadavre de Gao, puis pivota vers Tamara. « Avant que nous partions, Gao a fait emprisonner sans mon avis votre fils, ainsi que Placide de Lieugro, Ludoric de Tuorp et une jeune fille blonde. Il n’a donné qu’un ordre : qu’ils soient tués s’il ne revenait pas avant demain. » Étaient-ils tombés aux mains de Balthazar ? Il lui avait un jour dit qu’il possédait des ressources que sa libération lui permettrait de retrouver. Il ne parlait pas de la couronne. Suite à la première révolte, Gao avait récupéré le commerce des esclaves. Désormais, il était mort. Et Balthazar était libre.



Message V – 1123 mots




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Jeu 09 Mai 2024, 12:48



Les Portes



Beaucoup étaient morts et, parmi ces morts, je connaissais un certain nombre de personnalités. Si j’aurais aimé croire que les corps étaient tombés pour des raisons purement idéologiques, politiques et nécessaires, je savais que ce n’était pas le cas. Je n’étais pas dupe. Je ne l’avais jamais été. La couronne m’avait envoyée plus d’une fois en mission hors de Narfas pour enlever des jeunes femmes étrangères, plus aptes à engendrer des filles. Le malheur était partout. Mes prunelles se fixèrent pourtant longuement sur le corps sans vie de Gao. Nous avions partagé plus que des moments d’intimité charnelle. Il avait rendu la condition des semenciers plus favorable là où j’avais décidé de sauvegarder une partie des filles arrachées à leur famille d’un destin horrible. L’acte d’Ivanhoë me paraissait trop soudain et injustifié pour que je pusse l’accepter. J’eus l’impression que le monde d’hier s’effondrait totalement, emportant avec lui le pire mais, surtout, le meilleur. J’entendis l’ordre déguisé de Primaël sans y réagir. La situation était au paroxysme de l’absurde. Mon regard coula sur Garance et se dirigea ensuite vers l’adolescente, prise en otage par Ivanhoë. « Ça ne l’est pas. » répétai-je fermement, plus pour l’assassin que pour la sœur de Montarville. Je pris le papier avec ma main libre, l’autre toujours fermement accrochée au verre. Je lus. « C’est n’importe quoi… » murmurai-je. « Gao serait incapable de violer quelqu’un. » dis-je, en relevant la tête. Balthazar serait-il capable de mentir, en revanche ? À moins que le mot ne provînt pas de lui ? Que quelqu’un l’eût forcé à l’écrire ? Les possibilités étaient trop nombreuses pour que la solution fût facilement déductible. La tension accumulée avait dû rendre le roux fébrile et la moindre étincelle avait allumé des flammes incontrôlables. Je fixai l’échange entre les deux hommes. La passion ne devait pas prendre le pas sur la raison. Le spectacle qu’ils donnaient était affligeant. Le vert de mes yeux s’attarda un instant sur Garance. Nul doute : nos idées se rejoignaient. « Balthazar a dit ça ? » demandai-je. Et comment aurait-il été au courant pour Primaël et Ivanhoë ? Il était le Roi officiel de Narfas. Il avait trop de choses à gérer pour s’intéresser à la vie amoureuse de ses sujets, sans parler de l’état dans lequel je le trouvais parfois, abruti par ce que je suspectais être de la drogue ou une forme de dépression. Il ne m’en avait jamais parlé mais je me doutais que sa situation était difficile à supporter. Il avait des hauts et des bas. Ça se ressentait sexuellement. Ça se ressentait lorsque nous discutions. Parfois, il semblait être doté d’un intellect plus acéré. D’autres fois, la lueur dans son regard n’existait plus. Qui croire ?

Lorsque Garance parla de mon fils, mes yeux se plantèrent sur elle. Depuis le début de son discours, elle ne faisait qu’enfoncer dans mon crâne l’idée qu’elle cherchait à profiter de la situation pour se tirer la part du lion. Les crocs de la peur parcoururent néanmoins mon épiderme, le mordirent. Je lançai mon verre en direction d’Ivanhoë et de Rosette, comme pour inciter l’assassin à la relâcher avant que je ne vinsse transformer sa belle chevelure en perruque avec supplément peau satinée.  Puis, agacée, je saisis Garance par le col de sa robe. « Bien sûr, vous, dans tout ça, vous n’avez rien fait de mal. À d’autres votre numéro de princesse désœuvrée. » lui assénai-je, avant de la lâcher comme un sac de riz rongé par les vers. « Réglez vos différends avant que je ne revienne. » ordonnai-je aux deux amants en froid. « Il est mort. C’est trop tard maintenant. L’avenir, lui, n’attend pas. » Pas plus que mon fils et ce que je suspectais être Anthonius. Sur ces mots, je replaçai mon arme à ma ceinture et sortis en claquant la porte. Ils commençaient à tous me casser les ovaires.

Une fois dans la rue, je me retrouvai face aux hommes que Gao avait visiblement amené avec lui. Je les jaugeai. Au mieux, il ne dirait rien, au pire ils étaient totalement ignorants. Surtout, Garance pouvait mentir. Ce n’était pas grave. Si Adolphe avait été enlevé, il ne devait pas être très loin de la caserne. « Dégagez de mon chemin ! » ordonnai-je, le regard peu enclin à la discussion. Je sifflai à l’aide de mes doigts, hélant mes soldates. Le bruit des sabots se fit entendre sur le pavé. Un cheval hennit. « Fouillez toutes les maisons et les commerces de la ville. Si vous trouvez de la drogue, de l’alcool en quantité prohibée ou d’autres activités interdites, enfermez les habitants potentiellement coupables chez eux ou ailleurs. S’ils résistent, coupez-leur les mains ou tuez-les. Je veux tous les soldats sur le coup. Répartissez-vous en secteurs et cherchez mon fils en même temps et en priorité. Demandez à tous ceux que vous croiserez s’ils savent où il est. Proposez une récompense pour qui le ramènera vivant, lui et les autres adolescents qui l’accompagnent. » Je marquai une pause. « Et cherchez également Balthazar de Narfas, en commençant par la prison où il est censé être enfermé. Amenez-le-moi si vous le trouvez. Interrogez les Trois Ombres et tirez-moi au clair leurs intentions. Foutez le feu à leur maison si c’est nécessaire. Envoyez aussi un message à l'armée postée à l'ouest. Les soldats doivent rentrer immédiatement. Finis de jouer. Réveillez-moi Narfas. » Puisque seules les méthodes de Judas semblaient fonctionner, alors parfait. À partir de maintenant, je n'aurais que faire de qui mentait ou qui disait la vérité. Seuls les actes compteraient. Une fois que tout le monde baignerait dans son sang ou dans la peur, les nouvelles règles seraient plus faciles à faire accepter. « Toi, va à Uobmab. Dis mot pour mot à Judas que j’ai quelque chose qui lui appartient et que s’il veut le récupérer, il n'a qu’à bouger son cul jusqu’ici s'il a encore des couilles. »

891 mots
Eméliana - Tamara:

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Jeu 09 Mai 2024, 13:47



Les Portes


Je grimpai sur l’un des buffets du médecin. Il grogna dans sa barbe. Je haussai les épaules. Il faisait peur mais, au fond, ce n’était qu’un vieux ronchon. Je n’étais pas assez lourd pour endommager son mobilier, surtout que ce n’était pas le sien mais celui de la famille chez qui il s’était installé à notre arrivée à Narfas et qui avait péri depuis. Anthonius m’avait parlé d’ébénisterie et m’avait appris certaines choses que je ne connaissais pas. Les meubles et les bateaux étaient des objets totalement différents. Je regardai Lambert, étalé sur la table du docteur. « Franchement, vous avez eu de la chance que je tombe sur vous ! Je ne vous avais même pas reconnu. Je pensais que vous étiez un clochard ou un vieillard perdu. Y en a plus qu’on ne le croit, des vieux séniles qui n’arrivent plus à retrouver le chemin de leur maison. Pas que vous ressembliez à une personne âgée hein, disons plutôt qu’il faisait sombre et comme vos cheveux sont super clairs… D’ailleurs, ça vous vient plutôt de votre mère ou de votre père ? J’ai rarement vu ça. » « Et si tu te taisais ? » répliqua le médecin, la parole aussi acide que le regard. Je fis la moue. « C’est juste pour pas qu’il s’évanouisse encore. Après bon, je dis ça, je dis rien hein. » Je haussai de nouveau les épaules. Il devait forcément y avoir des roux dans sa famille ou celle de sa femme. Les cheveux de Rosette différaient drastiquement de ceux de son père. « En plus je dois lui parler de ce que je faisais dans la rue. Je peux ? » Si je posais la question, je n’avais pas grand-chose à faire de l’avis du médecin. Il m’avait assez foutu les pétoches la première fois que je l’avais vu. Il semblait bicentenaire, étonnant qu’il exerçât encore. Était-il sûr d’y voir clair ? Je descendis du meuble pour m’approcher et observer la plaie de Lambert. « Tu me surveilles ? » « C’est que vous êtes vieux. J’ai peur que vous plantiez votre aiguille au mauvais endroit. » « Tu veux prendre ma place peut-être ? » « Non merci mais c’est gentil de proposer. » Je relevai le visage vers lui et lui fis un sourire exagéré. Finalement, je commençais à bien l’aimer et j’étais sûr que lui-aussi. « Et donc j’étais chez Melchior, le vendeur de thé crapuleux, et Rosette a demandé à faire pipi. En fait, elle voulait surtout espionner Garance. » Je pris un tabouret et m’assis. Je posai mes coudes sur la table. « Je ne sais pas si vous êtes au courant mais Rosette n’aime pas du tout Garance. Vous devriez changer de maîtresse. Bon mais comme elle se rendait chez Melchior, Pénélope et Gao pour parler au dernier, Rosette a voulu l’espionner. Je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé là-bas mais Gao est venu me dire qu’ils partaient tous chez Primaël. Franchement, moi je veux bien mais je pense qu’il y a anguille sous roche. » Je m’arrêtai. « C’est une expression qui vient du nord, pour dire que parfois… » « Abrège gamin, tu vas finir par le tuer d'ennui... » Je soupirai. « T’as vraiment de la chance que je ne sois pas Roi. Je te ferais enfermé dans un cachot pour outrage sinon ! Les nobles font ça quand on les emmerde et qu'ils ne savent plus quoi dire à ce qu'il paraît. » Une lueur amusée passa dans les yeux fatigués du professionnel mais il fit comme s'il n'avait pas entendu ma dernière phrase. Il marmonna. « C’est ça. Ça vient à peine d’être propre et ça se permet de menacer ses aînés. Si tu continues je te mets dehors. » Je regardai sa faible constitution. « Sérieusement… ? Bref. Je voulais aller chercher Rosette chez Primaël mais… Primaël a plusieurs maisons. Alors j’étais perdu. Et c’est là que je vous ai trouvé à l’agonie ! J’aimerais quand même bien savoir ce qu’il vous est arrivé. Je croyais que vous étiez plus du genre diplomate moi… Il est mort, votre adversaire ? » Lorsque j’angoissais, j’avais tendance à beaucoup parler mais mon état était surtout lié à cette étrange mixture que j’avais bu en arrivant, malgré les contre-indications du docteur qui m’avait fait remarquer que ce n’était pas une boisson pour les enfants. Après avoir porté la masse que représentait Lambert jusqu’ici, j’avais malheureusement trop soif pour l’écouter. Le père de Rosette avait tourné de l’œil à plusieurs pâtés de maisons de là et il pesait son poids. « Dîtes voir… Est-ce que vous approuveriez si j’emmenais Rosette avec moi à la campagne ? Parce que la situation ici craint à mort. On pourrait devenir fermiers ? Vous pourriez venir avec nous ? Pas sûr que Garance ait très envie d’élever des vaches mais c’est carrément plus tranquille que de faire de la politique. Si on avait des pommes, on pourrait faire du cidre en plus. Honnêtement, je ne crois pas que Narfas nous aidera à récupérer Lieugro. Tout tombe en ruines ici et puis, finalement, ces histoires de Royaumes c’est surtout dans la tête des gens. On pourrait construire notre propre Royaume et devenir autosuffisants ? Franchement, je me débrouille bien avec la terre et les bêtes. » « Et toi qui trouves qu’il ressemble à son père… » lâcha le médecin dans un soupir faussement exaspéré. « Ah t’es au courant toi ? » « Je suis vieux, pas aveugle ni sourd. » « Il était comment, mon père ? Avant d’être vieux je veux dire. »

869 mots
Ilias (Clémentin):

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Jeu 09 Mai 2024, 21:55




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


Le choc transperça Rosette de la même façon que la lame s’était plantée dans le torse de Gao. Quand le sang jaillit de lui, ce fut un cri qui s’arracha à sa gorge. Assise sur son tabouret, elle crispa d’autant plus ses mains autour de ses genoux, points d’ancrage tremblants et tétanisés. La respiration haletante, elle ne valut guère plus qu’un lièvre à la merci des crocs du loup : terrorisé et incapable de bouger. La poigne d’Ivanhoë se referma sur son avant-bras avant même qu’elle eût pu réaliser qu’il s’approchait. La peur terrassa soudain l’immobilisme ; elle voulut se débattre mais il remonta violemment sa main dans son dos, et elle ne put que hurler de douleur. « Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! » Sa voix vrillait, transformée par la panique. Ses cris ne la sauvèrent pas : il la redressa et, quand elle sentit la morsure froide de la lame encore imbibée de sang contre son cou, elle se tut tout à fait. C’était comme s’il lui avait tranché les cordes vocales. Des larmes de terreur sillonnèrent aussitôt ses joues. Elle pensa à son père, à sa mère, à Clémentin et à tous ses amis, ceux qui étaient demeurés à Lieugro et ceux qu’elle avait commencé à se faire ici. Ses pleurs redoublèrent. Pourquoi étaient-ils venus à Narfas ? Pourquoi étaient-ils restés alors que la situation s’était envenimée ? Tout ça parce que Garance l’avait décidé. Ils auraient pu partir vivre ailleurs, n’importe où mais pas dans cette capitale mise à feu et à sang. Ils auraient dû partir. Gao était mort et ce serait bientôt son tour. Ses prunelles noyées d’eau cherchèrent la De Lieugro. Elle était capable de la laisser mourir. Cette femme n’avait aucun honneur. Elle n’aimait pas son père. Elle n’aimait personne hormis elle-même. Même pas son fils, qu’elle n’avait pas pleuré une seule fois, et à la recherche duquel elle n’était jamais partie. Si Rosette avait été enlevée, son père aurait remué ciel et terre pour la retrouver. Clémentin aussi, elle en était certaine. Elle pensa à leurs réactions s’ils apprenaient sa mort. Elle ne voulait pas mourir. Elle voulait rentrer chez elle, à Lieugro, continuer à élever ses oiseaux, jardiner comme elle aimait le faire et vivre aussi paisiblement qu’avant d’en partir.

Lorsque le torse de Primaël barra son champ de vision, elle ferma les yeux et sanglota plus fort. Elle ne comprenait rien à ce qu’il se passait, ne percevait pas la raison du meurtre de Gao, et à vrai dire, elle s’en moquait : elle voulait juste fuir loin d’ici. Dos contre Ivanhoë, l’adolescente tremblait de tout son corps. Il lui semblait que la colère de Primaël résonnait à travers chacun de ses muscles, de ses tendons et de ses os. Une pensée la frappa : maintenant que le blond était mort… Clémentin. Adolphe, Ludoric, Placide, la fille blonde. Et Clémentin. Avait-il aussi donné pour ordre de le tuer, s’il ne revenait pas avant le lendemain ? Les larmes de Rosette s’amoncelèrent d’autant plus sur ses joues blêmes. Elle n’aurait jamais dû venir. Elle regrettait son audace, elle regrettait d’avoir écouté à la porte, elle regrettait de ne pas être restée avec lui. Peut-être que par sa faute, il allait mourir. « Laissez-moi partir… » supplia-t-elle d’une toute petite voix, avant d’être réduite au silence par le verre de Tamara jeté dans leur direction. Elle ferma les yeux et poussa un cri aigu en sentant l’objet siffler à ses oreilles, avant de sentir tout étau céder autour d’elle. Ses genoux flanchèrent et elle se retrouva à même le sol. Elle bascula immédiatement sur les fesses et s’écarta à toute vitesse en poussant sur ses mains comme sur ses pieds. Son dos heurta un mur, contre lequel elle demeura collée. Chaque parcelle de sa peau tressaillait. Son regard effrayé vagabonda de Garance aux deux hommes. La Cheffe des Armées claqua la porte.

Clémentin. Cette pensée seule la força à se relever. Elle devait absolument faire quelque chose. Le sauver. Retourner chez Gao et Melchior. Les jambes flageolantes, elle tituba jusqu’à la porte du salon, puis se mit à trottiner vers la sortie. Une fois dehors, elle vit les hommes de l’allié de Garance. Les battements de son cœur redoublèrent, assourdissants. Elle les évita et s’élança à vive allure, poussée par la peur et tirée par l’espoir. Ils ne devaient surtout pas revenir avant elle. Dans les rues, les soldates de Tamara couraient ou galopaient, juchée sur d’énormes chevaux sur les robes desquels le soleil projetait des reflets de feu. La jeune Lieugroise filait contre les murs, la peau couverte de sueur et les joues rougies par l’effort. Autour d’elle, les cris des Narfasiens résonnaient. Mais au cœur de la panique générale, la sienne restait focalisée : elle devait rejoindre Clémentin.

Elle entra en trombe dans la maison des d’Eésnep. « Je passe ! » asséna-t-elle à deux hommes plantés près de l’entrée. Et sans s’arrêter, elle fila jusqu’à la salle où étaient rangés tous les échantillons de thé. La terreur insufflée par Ivanhoë surpassait toutes les peurs qu’elle aurait pu ressentir en temps normal. Elle ouvrit la porte à la volée. « Clémentin ! » Elle n’avisa que Melchior. Sa peur tempêta. « Où est Clémentin ? Dites-moi où il est ! Vous l’avez tué, c’est ça ? » Les larmes revinrent aussitôt assiéger ses yeux verts. Elle attrapa un sachet de thé et le jeta en direction du commerçant. « Votre frère est déjà mort alors dites-moi où il est ! »



Message V – 921 mots




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Seiji Nao
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Seiji Nao
Jeu 09 Mai 2024, 23:39





TW : Ce post contient une scène de charme et des choses dégoûtantes. Je préviens au cas où.

De l’étreinte ardente que Pénélope lui offrit, le violet ne perçut que d’éphémères sensations. Une empreinte de chaleur naissait là où ses doigts le touchaient, pour disparaître aussitôt. Sa main, sa clavicule, ses côtes. Son contact s’imprimait sur sa peau, puis s’évanouissait en un instant, comme un plumeau de feu qui ne brûlait pas.

« Parfois, quand la passion s’en mêle, on s’imagine des sentiments plus forts qu’ils ne le sont vraiment. Le temps alors nous prend tout, l’envie et le plaisir, la joie et le désir. »

Les inquiétudes que sa bouche laissait échapper résonnaient d’une rage froide, trop souvent éprouvée. Marcellin aimait voir la colère irradier dans son regard : au fond de ses prunelles chocolat, il lisait un horizon en flammes. Qu’adviendrait-il s’il brisait ses espoirs ? Aurait-elle le courage de verser le poison dans son verre, et l’audace de le lui tendre elle-même ? À cette pensée, les premières étincelles du brasier s’éveillèrent dans ses entrailles. Réprimant le sourire qui menaçait de lui déchirer la mâchoire, il lui livra un fragment d’honnêteté.

« Je ne moque pas de vous. Je ne peux vous promettre que je serais votre prince charmant, mais je veux être à vos côtés. Je veux vous voir, vous découvrir, vous comprendre. »

Sa réponse suscita chez le poète une certaine perplexité. Toutes sortes de femmes avaient défilé dans sa chambre, des effarouchées aux entreprenantes, des serveuses se donnant pour un sou aux bourgeoises excitées d’avilir leur mariage. De ses aventures, il gardait rarement un visage en tête, encore moins un nom. La femme entre ses bras, elle, le surprenait, si bien que quelques vers à son sujet fleurissaient dans ses poèmes.

« Vous… »

Lorsque ses lèvres se posèrent sur les siennes, pas même un frisson n’agita son coeur de serpent. Ce n’était pas de l’amour ; ce n’était que l’ombre du désir. Et Marcellin ne convoitait pas plus la sublime silhouette devant lui qu’une autre : le danger seul lui faisait tourner la tête. Une seconde s’écoula, durant laquelle il resta immobile. Il lui eût suffi d’un geste pour mettre un terme à cette histoire morte-née, et ne plus jamais revoir la tempête dans ses yeux.  

Ses paumes quittèrent sa taille. Sans mot dire, il rompit le baiser, lui caressant pensivement la joue. Quelque chose en elle débordait de violence, une énergie qui forçait son admiration. Il fallait cultiver cette fureur, souffler doucement sur les braises qui, un jour, déclencheraient un incendie. Elle n’avait rien d’un agneau sans défense. Sans prévenir, ses mains glissèrent sous ses fesses, et il la souleva pour la porter vers le lit. Un peu brusquement, il la jeta sur le matelas. De la voir ainsi, prête à s’offrir à lui, et à priver Sextus de sa friandise, il se mordit la lèvre inférieure, et fondit sur elle.

Marcellin n’avait jamais envisagé de se marier. Sa jeunesse, trop impétueuse pour lui permettre de s’établir, ne lui avait pas permis de rêver d’un foyer. L’exemple de ses parents l’avait de toute façon découragé. À présent adulte, il comprenait la tension, les disputes et les coups, et la bosse sur le pantalon de son père quand sa mère lui jetait de la porcelaine à la figure. Il se souvenait de leurs cris de rage et de plaisir mêlés, quand, insensible à ses hurlements, il la penchait sur son bureau, les jupons relevés et les fesses marquées. Les griffures, les injures, les tremblements : tout faisait le jeu du désir. Il se sentit soudain à l’étroit dans son caleçon.

Pénélope, sans doute, possédait en elle suffisamment de feu pour livrer une performance à la hauteur. Couvrant sa gorge de baisers, ses phalanges effleurèrent le galbe de ses cuisses. Un instant, il s’imagina à leurs noces, la tête des invités reposant mollement dans leurs assiettes, la fiole de cristal luisant entre les mains de la jeune femme. Le violet se se redressa, son index traçant les contours de son bouton d’amour. Ses prunelles se vrillèrent dans celles de la brune. Il voulait la sentir s’abandonner à lui, la voir succomber. Sans la quitter du regard, il se fit plus aventureux, les joues rosies. Son souffle accéléra à mesure qu’il sentait se tendre le corps sous ses doigts. Ils chasseraient les fuyards à travers champs, ruinant leurs espoirs d’une flèche en travers de l’estomac. Le sang éclabousserait leurs vêtements. La mort serait partout. Ses lèvres se firent plus pressantes, plus avides. Sa bouche, sa gorge, sa clavicule, la naissance de sa poitrine, ses flancs. Elles s’arrêtèrent une minute contre ses hanches, s’évanouirent entre ses cuisses sans en frôler l’intérieur. Elle était belle, frustrée. Il l’aimait furieuse. Blessée, dangereuse, prête à réduire le monde en cendres.

Au loin et pourtant si près, il entendit la boucle de sa ceinture se défaire. Son cœur cognait à ses oreilles, envoyant toute raison au placard. Son sexe effleura sa fleur sans l’ouvrir, une première fois. Ses dents s’enfoncèrent doucement dans son épaule : il voulait qu’elle sache qu’il pouvait mordre plus fort, qu’il le voulait, qu’il ne se retenait que pour elle, mais que viendrait un jour où il ne se retiendrait plus. Il la caressa, les traits fendus d’un sourire paisible, cherchant dans son regard la fièvre de l'accord. Au crépuscule, ils rassembleraient les cadavres près de l’autel, en un tas de membres sanguinolents, à demi décomposés. Le bourdonnement des insectes et le rugissement de leurs veines empliraient leurs oreilles, si fort que le monde semblerait disparaître. Alors, elle prendrait place sur les macchabées, n’ouvrant les cuisses que pour lui, et il entrerait en elle, presque tendrement, comme il le faisait à présent, ou bien elle s'élèverait au-dessus de lui, comme une muse vengeresse, et ils s’uniraient sous la bénédiction de Judas, qui, le visage austère, verserait sur eux le sang de rois imposteurs.

967 mots | Post V

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Ven 10 Mai 2024, 16:25

Herminiette
Les portes - Narfas
NAMELESS TWINS - DEAD ROSES.teis_


Le problème, et en même temps le point le plus fascinant qui définissait la science, était sa relation avec tout ce qui relevait du miracle. Celle-ci était capable de donner une explication aux phénomènes les plus surprenants de la nature. En revanche, elle interdisait systématiquement l’accès aux miracles pour les mortels qui en avaient le plus besoin. Par exemple, il était impossible à Herminiette de transpercer la personne de Sextus d’un simple regard noir qui l'aurait réduit à l'état de soupe. Ainsi, un regard noir était tout simplement inutile. Le seul miracle que les lois de la nature lui accordaient, était cette patience dont elle parvenait à s'armer tandis que son congénère se perdait dans ses propres discours creux. Du bout du doigt, l’Ombre parcourut ses propres lèvres.

-J’y ai réfléchi. Concéda-t-elle. J’ose imaginer que beaucoup de monde avait des raisons de tuer la Grande Prêtresse. Des hommes, par exemple.

Elle prit une inspiration, non pas par nervosité, mais parce qu’elle avait besoin de cet air pour produire l’énergie nécessaire à la tolérance de l’écclésiastique parmi elles. Elle le laissa déblatérer ses idioties sans émettre le moindre commentaire. Cela n'aurait eu aucune autre utilité que de le retenir ici trop longtemps.

-J’y songerai. Merci.

Une fois qu’elle aurait mis ses concurrents hors d’état de nuire, effectivement, peut-être prendrait-elle du temps pour s’initier au tricot. Herminiette se massait doucement la tempe droite. Elle aurait prolongé son numéro de chien de faïence si Luthgarde n’était pas intervenu. Avant qu’elle n’eût pu dire un mot, sa main lui fut arrachée et elle la retrouva avec stupéfaction dans celle de son opposant. Glacée, la bleue dévisagea sa protégée. Sa mâchoire se contracta et elle déglutit difficilement. Elle échangea un regard aussi froid avec Sextus. Elle ne se souvenait pas avoir déjà eu un contact physique avec le religieux. Ses mains étaient chaudes et drôlement douces. Même si ça la dégoûtait un peu, ça ne l’était pas autant que ce qu’elle avait imaginé. Herminiette ignorait ce qu’elle devait faire, aussi se contenta-t-elle d’attendre, les yeux ouverts, que Luthgarde terminât son cinéma. Les espoirs de la jeune femme étaient à peu près vains. Le mieux dont Herminiette était capable, était d’une alliance factice et sans confiance avec le clergé, pour lutter contre un ennemi commun. Mais cette alliance se briserait dès lors que leur objectif aurait été atteint. À l'annonce de cette même alliance se rajouta une mission. L’attention de l’Ombre pivota d’un seul coup vers Luthgarde. Une lueur nouvelle, mêlant l'horreur et l'intérêt, traversa ses prunelles.

-Qu’est-ce que tu as dit ?

La tête de l’ancien monarque Lieugrois était entre ces quatre murs ? Herminiette sondait la jeune femme pour être certaine d’avoir bien entendu. Elle regarda ensuite Sextus, à la recherche d’une réaction.

-Depuis quand sais-tu cela ?

Comment avait-elle su ? S’était-elle introduit chez lui en cachette, ou bien Marcellin avait-il fait quelque chose à sa protégée ? Derrière ses yeux agités, les hypothèses et les idées se succédaient. Puisque Luthgarde avait parlé devant Sextus, elle allait devoir agir avec lui, car il était évident que lui ne leur céderait pas sa part du gâteau. Mais l’information qu’ils avaient en leur possession pouvait être utilisée de multiples façons. Accusation, don aux Lieugro, recel… La proposition de Luthgarde semblait la plus simple.

-Allons-y.

Elle dévisagea encore ses deux interlocuteurs.

-Sextus et moi non en chargeons. Quant à toi Luthgarde, j’aimerais que tu ne sois pas impliquée directement dans cet acte.

Si Marcellin les surprenait, il pourrait aisément s’en prendre à l’Erréilienne. Ca n’était pas le cas concernant les deux Ombres. Une élimination simple et directe était techniquement proscrite dans les conditions données par l'Ordre.

-Ensuite, nous devrions la cacher temporairement, ou l’apporter immédiatement aux concernés. Quoi qu’il en soit, Marcellin ne doit pas pouvoir la récupérer.

Ce malade pourrait faire n’importe quoi pour récupérer une immondice pareille. Herminiette ne le disait pas ouvertement pour ne pas diriger les soupçons vers elle, mais il était déterminant d’éliminer Marcellin le plus vite possible.

Herminiette attrapa Sextus par le bras et l'entraîna à sa suite. Ainsi, il ne pourrait lui reprocher de ne pas jouer la transparence. Les deux Ombres traversèrent le hall d'entrée. Là, Herminiette alpaga Alan-Gui, le domestique et lui ordonna d'aller occuper Marcellin et son invitée dans le grand salon. Au même moment, les grandes portes d'entrée s'ouvrirent avec fracas. La bleue lâcha Sextus et s'en écarta.

-Sextus et Herminiette ? Martela l'une des soldates dans ce qui n’avait pas l’air d’une question.

La concernée acquiesça, grave. Ces troupes armées étaient sous l'autorité de Tamara. Herminiette admettait donc pouvoir leur faire confiance.

-Vous êtes convoqué pour un interrogatoire. Où est la troisième Ombre ?

Le palpitant de la bleue s'excita. C'était parfait.

-Marcellin se trouve dans le grand salon si je…

-Il ne s'y trouve plus. L'interrompit Alan-Gui qui revenait vers eux.

Elle pivota et planta ses iris dans les siennes.

-Eh bien allez le chercher. Lui et sa compagne. Prévenez Luthgarde également. Elle reprit, à l'attention des soldates. Vous pouvez l'accompagner bien sûr.

Ces femmes pouvaient investir la maison tant qu'elles le souhaitaient. Herminiette n'avait rien de matériel à cacher. Elle doutait que cela n'importunât davantage son homologue religieux, puisque ses possessions devaient avant tout se trouver à son Temple de pacotille. Marcellin, en revanche…

-Nous venons d'apprendre que Marcellin aurait en sa possession un élément qui revient de droit à la famille Lieugro. Herminiette avait confiance en Luthgarde, mais elle ne pouvait pas écarter l'hypothèse que la relique eut été déplacée ou détruite. Ainsi, mieux valait user du conditionnel. Il est défavorable à un quelconque avenir pour ce royaume, sinon les cendres. Je pense qu'il serait important que vous récupériez cet élément, si cela est vrai. Il s'agirait de la tête de Montarville de Lieugro. Suivez-moi.

967 mots



Bijin
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