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 [RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 753
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Ven 02 Avr 2021, 23:25

Restriction par Stephan Duquesnoy
Neru

Le corps de l'Alfar se raidit un instant avant d'être saisit d'un long frisson au contact des lèvres du Vampire sur son épiderme. Et, alors même que celui-ci lui offrait sa réponse, une question lui martelait l'esprit. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle accepté ? Pourquoi avec une telle condition de retour ? Et pourquoi lui avait-il accepté ? Quoi que. Après réflexion, dans son cas, ce n'était pas si étonnant. Il était trop provocateur pour pouvoir refuser une telle proposition, leur première rencontre le lui avait bien fait comprendre. Mais elle ? Qu'avait-elle à gagner à jouer ainsi ? Ce n'était pas ça qu'elle avait apprît et qu'on lui apprenait encore hier. Elle avait agit de façon ridicule, spontanée et irréfléchie. La pire des manières en soi. Pourtant, elle avait beau tenter de se convaincre avec tout les arguments du monde, elle n'arrivait pas à regretter, ce constat l'enfermant plus encore qu'elle ne l'était déjà dans une spirale de raisonnements logiques n'aboutissant jamais sur la conclusion qu'elle espérait cependant. Un instant elle ferma les yeux afin de calmer cette tempête d'indécision qui grondait en son sein tandis qu'elle sentait le fil de soie se resserrer sur ses poignets. Alors ce fut comme si un animal sauvage jusque là tapis en elle se réveillait et, immédiatement, eût-elle la terrible envie de se révolter face à cette liberté qu'il lui volait. D'une longue inspiration elle apaisa difficilement ce sentiment. Car c'était un mensonge. En rien cette liberté ne lui était volée, elle la lui avait pleinement offerte. Cette simple idée la plongea dans un tourbillon de tourments et de sentiments contraires. Depuis quand faisait-elle partie de ces inconscients qui s'offraient à un autre en toute impunité ? D'autant plus à un être aussi insupportable que l'était ce Suceur de Sang. Aussi elle rouvrit les paupières pour lever ses iris vers le visage du Vampire et le fixer avec un air de défi. Elle savait qu'il avait gardé rancune de leur dernière rencontre. Il avait été clair là-dessus. À présent qu'il avait tout pouvoir sur elle, en profiterait-il ou jouerait-il aux lâches ? En même temps que cette question lui traversa l'esprit, elle sentit une boule se former dans sa poitrine. La peur ? Non, rien à voir.

Malgré la le rapprochement qu'il initia, Èibhlin garda son regard rivé dans celui du Chasseur, s'écartant de lui en partie à cause du souvenir du trouble que sa précédente proximité eût causée chez elle plus tôt. La main traîtresse glissée dans son dos eût cependant raison de sa nouvelle tentative de fuite. Prise au dépourvu, et par réflexe, elle chercha à s'en défaire avec un regard en arrière pour s'assurer du lien brisé. Un lien qui se défit au profit d'un autre. Un réflexe qui la mena contre le torse de son geôlier, l'Alfar portant alors un œil agressif sur ce dernier malgré son cœur battant une chamade étrange de se savoir prisonnière entre ses mains. Elle n'arrivait plus à savoir si elle le détestait ou non, si elle le méprisait ou non, si elle aimait qu'il joue ainsi avec son sang-froid ou non. Elle était juste là, perdue, se maudissant de presque apprécier cette situation. « C'est étonnement réciproque. » rétorqua-t-elle néanmoins dans un sifflement avant de laisser échapper un gémissement surprit lorsque son dos se heurta à une colonne. Un instant son souffle se bloqua dans sa gorge avant qu'elle ne lui jette un regard assassin lorsqu'il la força à se mettre sur la pointe des pieds, la mettant dans un état d'effort continue à devoir instaurer un équilibre précaire entre le lien au-dessus de sa tête et le sol la soutenant difficilement, limitant par toute attaque physique à son encontre. « Pourrais. » répéta-t-elle dans un souffle après un vif regard sur la ceinture avant de se plonger à nouveau dans les iris de la même couleur du Vampire. Elle avait une certaine maîtrise du conditionnel depuis quelques temps. Elle s'était également rendu compte qu'elle n'aimait pas ce temps. Il était trop incertain. Pourtant, ici, quelque chose lui disait que ce n'était qu'un scénario parmi tant d'autres qui ne serait pas appliqué. D'autant que l'acte était si brutal qu'il fallait réellement haïr l'autre ou agir sous le coup de la passion pour en venir à la strangulation. Ses gestes mesurés lui faisait exclure la seconde hypothèse. La haïssait-il ? C'était une possibilité. Et cette possibilité la blessa. Elle pouvait tordre cette éventualité dans tout les sens, elle devait se faire une raison. Elle n'avait pas envie d'être haït. Pas de lui. C'était d'un ridicule innommable. Se contenta-t-elle donc de serrer la mâchoire comme la ceinture se resserra sur sa taille. Elle posa un regard sur la bande la bloquant contre le pilier, sa respiration soudain bien plus saccadée. À présent il venait définitivement d'entraver toute possibilité de contestation physique de sa part. Elle était à l'égal de ces gibiers prît dans un piège duquel ils leurs étaient incapables de se défaire sans l'aide du chasseur à l'origine du guêpier.  À une différence près. Elle venait de la Forêt des Murmures. Alors, dans une inspiration, elle releva le visage vers celui du Vampire lorsqu'il lui fit de nouveau face, ancrant ses iris dans les siennes. « Quel air supérieur. » déclara-t-elle avec cynisme. Elle marqua un temps, cherchant par la même une position plus confortable sans réel succès. « Ce doit être si plaisant d'arriver à assujettir l'autre ainsi. » continua-t-elle dans un sifflement insolent. « Ce doit l'être tellement plus lorsque la personne ne se fait pas agneau. ». Car c'était bien la question. De quelle façon cette histoire se serait terminée si elle ne s'était pas montrée aussi docile ? « Comme on dit, à vaincre sans périls, on triomphe à coup sûr. » conclu-t-elle sarcastique.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE



Mots 969
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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
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Latone
Dim 04 Avr 2021, 18:35



Neru
Léto & Miles


La restriction entraînait l'avidité. Le Hǫfðingi n'aurait su comment lutter contre ses pulsions, enchaînées par un matériel aussi futile – à vue d'œil – qu'un simple tissu. Avec de petites actions, il était possible d'accomplir de grands exploits. Ainsi pouvait-on retrouver l'un des Rois les plus forts de ces Terres, entravé par les rubans du Neru. Par intermittence, l'instinct de ses tendons reprenait le dessus et cherchait à lutter contre cette position. Malgré toute la hargne de son esprit, sculpté par l'émancipation génétique des Orishas, les confections mystiques de sa femme résistaient. D'un autre côté, Léto se refusait de fuir et profitait au maximum de cette soumission, qui le mettait bien plus à rude épreuve que suspecter. Il lui était curieux de ne pouvoir répondre aux actes charnels de sa partenaire, de se contenter de simples touchers et de bien plus doux présents. Entre deux baisers, l'évidence lui présentait d'autres possibilités. Qu'est-ce qu'un soumis pouvait offrir de mieux à son dominant ? Son être entier s'avérait une réponse trop évidente ; certes, juste, mais point suffisant. Non, ce qu'il comptait aux yeux de Léto, c'était d'être plus bien plus inventif et généreux à l'égard de Miles. Si ses bras ne pouvaient l'enlacer, si ses jambes ne parvenaient pas à la contraindre, alors il ne lui restait que les autres atouts. Il la connaissait mieux que quiconque : il savait que sa voix l'échauffait, il savait que son sourire la ravissait, il savait que son regard dégoulinant d'amour la faisait chavirer. La Köerta pouvait très bien profiter de son avantage, néanmoins cela revenait au cœur de leur relation : le Sùlfr saura dresser des obstacles pour la tester. Ce bondage n'était donc qu'une illusion ? Point du tout, car Léto n'arrivait pas à masquer ses émotions : les caresses de l'Orisha le faisaient gémir, l'éclat pourpre de ses prunelles embrasaient ses joues, ses baisers l'aimantaient de plus à plus. En vérité, ce Neru représentait tout.

" Cela se voit si peu que je veux tout déchirer… ? "

Souriant à juste titre, l'espiègle médiateur spirituel observait la chasseuse de son cœur le maîtriser comme un fameux bout de viande. Son étreinte l'obligea à se laisser manipuler, comme désiré, comme ordonné. Malgré tout, le blond ressentait comme une anomalie à l'égard de sa femme, une sorte de limite qu'elle s'imposait. Non pas qu'il se targuerait d'anticiper ses moindres faits et gestes, mais au moins les imaginer comme le plus évident. Fort heureusement, liés par une complicité sans faille, Miles n'avait pas tardé à lui confier ses intentions. Sur ce point, cela lui déplaisait, car il était hors de question d'imposer quoi que ce soit à autrui.

" C'est troublant, j'ai l'impression d'être à contre-courant d'une avalanche. "

Peut-être qu'une se préparait juste au-dessus de leur tête, prête à s'abattre sur le cocon de leur tente : le déluge de l'Eros. À la fois fantasmer sur ces attaches et vouloir les mettre à rude épreuve, cela entraînait des sentiments contraires mais pas moins excitants, revigorants.

" Je n'ai pas envie de partir. " Réitéra-t-il avec une certaine frustration, sans savoir s'il cherchait à se convaincre lui-même ou à la rassurer.

Les mariés ne parlaient guère autant durant le sexe, entièrement happés par leurs désirs. Bien sûr, cela arrivait bien souvent que le Chaman se montrait trop bavard au goût de l'Orisha, car tel était son caractère. Il respectait malgré tout les envies de sa partenaire et répondait avec énergie, sans tarder une seconde de plus, lorsque l'impatience luisait dans les prunelles de sa tendre aimée. En l'occurrence, ce fait démontrait l'atypie de cette situation. Ainsi, Miles joua de sa supériorité pour tourner les règles à leur profit mutuel. Léto ne put que suivre le mouvement. Sans la quitter des yeux, il passa ses poignets attachés derrière lui pour enfouir ses mains dans la crinière cendrée de sa femme. La position de ses bras donnait l'impression qu'il exhibait volontairement ses muscles et ses abdominaux, si on exceptait les liens ne laissant guère plus de liberté ; peut-être était-ce son but, afin de titiller l'appétit de la Corvus.

" À tes ordres. " L'écho sonna comme un doux appel à se cajoler avec plus d'ardeur.

Depuis les caresses de Miles, son corps retenait difficilement son éréthisme. Le Chaman se refusait de la laisser seule, justement. Elle aussi devra répondre de ses actes et subir le même taux d'excitation. Le Hǫfðingi appliqua alors une accroche sur les mèches de la Naäzkil, suffisamment doser pour lui instiller une tendre douleur. Son enveloppe se tordit de sorte à pivoter jusqu'à faire face, ses paumes redescendant pour plus ou moins encadrer son visage. Chaque remous censé être retenu par les rubans entraîna un vif rappel jusqu'au plus profond de son épiderme, les attaches se resserrant pour lui intimer docilité. Malgré tout, Léto se battra pour atteindre son but : toucher sa femme.

Il commença par l'embrasser à son tour, son attention particulière et focalisée à son égard. Il ne voulait qu'elle le regardât faire et qu'elle appréciât. Sans rompre le baiser langoureux, il lutta contre les nœuds afin de faire tomber ses mains sur l'une des épaules. Ses phalanges se détachèrent une à une de sa peau, jusqu'à ne laisser plus que l'apex de son toucher. Au-delà de sa traversée se tenait le vêtement de Miles, une bien maigre protection face au courroux de Léto. Ses ongles évitèrent les cicatrices pour rejoindre le tissu, qu'il finit par saisir avec une théâtralité toute volontaire, comme s'il n'était qu'un vulgaire linge à étendre. Le Roi se détacha de ses lèvres, déjà tout narquois vis-à-vis de son geste. Il ne laissa flotter qu'une petite – longue – seconde pour tirer sur l'habit d'un côté, quitte à le déchirer. Ses mains entravées ne lui permirent que de dévoiler une partie de sa poitrine ; ce qui, à son sens, serait amplement suffisant pour la suite. Tout à l'heure, Miles lui avait pincé un téton et cet affront fut aussitôt rendu par l'élu des Ætheri. Il observa la réaction de la chasseuse, sans dire un mot ; nulle parole était nécessaire, car l'éclat dans ses yeux suffisait à illustrer son ressenti sur cette "vengeance". Léto ne demeura point passif et ses paumes se pressèrent sur le sein, dessinant ses contours avec appétence, instillant quelques touches mesurées sur son auréole. Le moindre gémissement de sa bien-aimée opérait une impulsion sur son être. Cette situation le divertissait à un point. Alors qu'il aurait pu chercher à dévoiler un peu plus sa femme, le blond préféra épicer bien plus leur intimité ; ses mains remontèrent jusqu'au menton pour capter toute son attention. Il rapprocha sa bouche mais n'atteignit guère la sienne.


" Jouons ensemble. " Murmura-t-il, séducteur.

Ses doigts vinrent masquer les yeux de la Corvus. La magie onirique fit apparaître un ruban pour aveugler la "maîtresse", se nouant fermement à l'arrière de son crâne en guise de bandeau. Il était après tout question de l'amuser… Faire travailler ses autres sens sera un excellent exercice. Taquin, le Chaman parsema son souffle enhardi le long de son épiderme, afin de lui donner quelques indices sur ses intentions. Minutieux, ses doigts habiles suivirent le contour des fissures, y laissant au passage quelques intrusions de son ongle. Rien que par cette torture, le Souriant montrait qu'il connaissait ce corps par cœur. Il savait pertinemment où se trouvaient les limites, où s'aventurer et où s'arrêter. Marquées par les affres du passé, leurs enveloppes charnelles présentaient bien des afflictions qu'ils porteront pour toujours. Des deux, Miles était celle qui en souffrit le plus. De cette douleur, Léto en fera un plaisir. Après mûre réflexion, il finit par créer une faille dans ce haut trop protecteur à son goût – quitte à y aller avec les dents, sauvage – libérant par la même occasion l'objet de son désir.

" À ton grand dam, moi, je vais attaquer directement avec les dents. Il se pencha sur le sein jaloux de son reflet et s'apprêta à mordre… Ou pas ! " Pour mieux se rétracter au dernier moment, ne laissant qu'un souffle et un trop bref contact.

Léto ne lui laissa guère le temps de réagir et assaillit de baisers le creux de sa poitrine, glissa le bout de sa langue sur une entaille toute proche ; les frissons parcourant son corps enterraient sa raillerie et l'étreinte de ses propres rubans. Ses bras s'élevèrent pour passer derrière elle et l'enlacer, ses poignets liés appliquant une nouvelle pression pour affirmer son emprise. Leurs rôles respectifs semblaient s'emmêler tout autant que leurs attaches. Durant son assaut, il bascula et se retrouva le dos par terre, sa chère amoureuse sur lui, afin qu'elle l'explorât davantage, lui, la proie de ses filets. S'il chutait, elle chuterait avec lui. Si l'un d'eux se relevait, ils s'entraineraient mutuellement. Il serait virulent et inarrêtable, jusqu'à qu'elle cédât à l'idée de coupler leurs chairs, de s'attacher ensemble.



1567 mots ~



By Jil ♪
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Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
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Adriæn Kælaria
Lun 05 Avr 2021, 07:33

[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 7 4yi9
Image par Inconnu
Neru
Adriaen et Laen, en compagnie de Lana et Kiara



« Tu n’as aucune patience, de toute façon. » L’argument fit tiquer Læn. Sa lèvre supérieure se remonta subrepticement, avant qu’il ne se levât rapidement. Le plat de sa main, précédemment sur ses genoux forma un mouvement similaire à celui de son corps, à une exception près : il emporta avec lui la table sur laquelle reposait l’échiquier. « Comment ça j’ai aucune patience ?! » cria-t-il, comme un dément. Adriæn, absolument pas impressionné, se contenta de reposer son dos et sa tête sur le dossier de son fauteuil et de regarder son binôme avec un sourire en coin qui se suffisait à lui-même pour faire passer le message. Le comportement du Magicien prouvait ses propos à la perfection. C’était si plaisant d’avoir raison avec autant de facilité. Il se sentait puissant. Le problème c’est que son acolyte avait aussi la fièvre de l’impulsivité. Son poing dans sa face, ça, l’Ondin ne l’avait pas vu venir. C’est pourtant exactement ce qu’il se produisit. « Espèce de connard ! » souffla Læn, toujours hors de lui, après l’avoir frappé. « T’as triché ! Admets-le, bordel ! » S’il y avait bien deux trucs qui l’agaçaient, c’était l’injustice et le mensonge. Il se mettait hors de lui et finissait par virer justicier vengeur. Il était un paradoxe à lui tout seul étant donné qu’un coup n’était peut-être pas très proportionné à la situation. Pourtant, il ne se contrôlait pas. C’était une rage aveugle. Elle montait en lui comme cent chevaux lâchés au galop et ne repartait qu’une fois qu’elle avait ravagé le paysage alentour.

« … » Adriæn avait encore les yeux écarquillés. Il passa le dos de sa main sur sa lèvre ensanglantée. Cette partie de son visage avait déjà commencé à gonfler. Il se demanda brièvement pourquoi est-ce qu’il restait avec ce crétin. Ce n’était jamais une bonne idée, pour un manipulateur, de s’entourer d’individus impulsifs et incontrôlables. Il arrivait à obtenir de Læn ce qu’il voulait de façon globale, c’était un fait. Pourtant, dès que le jeune homme s’énervait, il perdait totalement tout ce qu’il avait mis tant de temps à construire. Le prétendu Magicien ne lui obéissait plus. Pire, il s’en prenait à lui sans aucune retenue. Aucun plan ne pouvait être mené à bien avec ce type dans les parages. Il était l’instabilité incarnée. La colère, tout en le desservant, le servait aussi. Et Adriæn détestait perdre la main. « Johannês… Tu es sûr que tu es Magicien ? » demanda calmement le blessé. L’autre fronça les sourcils, ne comprenant décidément pas ce bouffon. Il était question de tricher aux échecs, pas de savoir à quel putain de peuple il pouvait bien appartenir. « Raaa mais raaaaaaa ! Tu t’entends ? » Il imita le blond, avec l’interprétation de l’agacement. « Tu es sûr que tu es Magiciens, Johannês ? Est-ce que je te parle, moi, de ton appartenance au sexe masculin ? NON ! T’es juste un PUTAIN de TRICHEUR ! Avoue-le à la fin ! Merde ! » Il s’était rapproché en parlant et avait fiché son genou entre les cuisses de l’Ondin. « Avoue ! » répéta-t-il, tout en ancrant ses mains sur le dossier du fauteuil, de chaque côté de la tête d’Adriæn. « Recule. » Læn rigola. « Quoi ? Je te fais peur ? » « Non. » Un peu quand même. Il valait mieux rester méfiant et prudent. Aucun des deux n’avaient la conscience d’être dans un rêve. « J’ai simplement peur qu’on nous voie comme ça. C’est déplacé. » « Que… Quoi ? » Le Magicien ne comprenait pas franchement. Tout ce qu’il voyait, c’est que son ami détournait la conversation de toutes les façons possibles et imaginables. Bientôt, il lui dirait qu’une attaque de Goled avait été annoncée le jour-même et qu’il valait mieux qu’ils se séparassent maintenant. Il faisait tout, vraiment tout, pour ne pas avoir à reconnaître ses torts. Et, ça, c’était inadmissible ! Il ne le lâcherait pas. Jamais. Pas tant qu’il n’aurait pas reconnu sa faute.

En voyant la détermination absolue de Læn, Adriæn sut qu’il jouait là une partie difficile. Dans son fauteuil, il ne pouvait pas simplement tourner les talons. Il aurait sans nul doute adopté cette stratégie dans d’autres circonstances, en prétextant ne pas vouloir parler avec un colérique affreusement puéril. Il lui aurait sans doute signalé qu’ils pourraient parler ultérieurement, lorsque Læn ne ressemblerait plus à un taré, et serait parti en prince. Là, c’était plus délicat. Il finit pourtant par esquisser un sourire. « Si ça ne te dérange pas, alors moi non plus. » Il savait ce qui ferait fuir le Magicien. Il n’aurait qu’à lui dire, après coup, que c’était le seul moyen qu’il avait trouvé, sur l’instant, pour le calmer. Les doigts de l'homme se refermèrent sur le col de Læn pour l’attirer davantage à lui. Il posa ses lèvres sur les siennes, non sans apprécier sa propre manœuvre. Puisque son opposant voulait le coller et que la fuite lui était impossible, alors il allait les amener au-delà de ses espérances.

841 mots
Situation gênante dans 3… 2… 1…



[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 7 4p2e
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Maximilien Eraël
~ Humain ~ Niveau III ~

~ Humain ~ Niveau III ~
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◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016
◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Maximilien Eraël
Mer 07 Avr 2021, 21:24

Le Rêve - Ægeri

wagamama ‘Bowl to Soul’ backgrounds par Sylvain Sarrailh

Ce RP aborde des thèmes adultes et pourrait heurter
la sensibilité de certains lecteurs

like u | Rosenfeld
Sa main se raffermi sur la cuisse de la Souriante en un réflexe réactif à la poigne de celle-ci dans ses cheveux. Elle n'allait pas oser ?... Le temps d'une courte suspension, aucun ne fit plus un geste, ni n'échangèrent plus un mot. Seul un regard pour partager une pensée. Non. La langueur de la situation n'était juste plus supportable. Ni pour elle. Ni pour lui. Alors les doigts de Maximilien s'ébattirent d'abord avec le sexe de la Sùlfr, attisant ainsi un peu plus son appétence, comme sa bouche revint trouver le contact chaud de son épiderme. Là il y suivit le chemin tracé par une mince ligne de peinture rosée aromatisée le guidant directement jusqu'à sa féminité. Son autre main glissant le long de la jambe de sa partenaire qu'il relevât, sa langue s'égara entre ses cuisses, l'humidité des deux organes se mêlant tandis qu'il se mît à jouer de la sensibilité du pubis de la peintre, malgré la réaction qui résultât de la part de celle-ci et sa main se resserrant toujours plus sur ses mèches en même temps que son plaisir prenait en intensité.

Ce ne fut que lorsque la main de Léto troquât ses cheveux pour son menton et sa sollicitation silencieuse à ce qu'il se relevât pour rejoindre ses lèvres dans un nouveau baiser qu'il la laissât reprendre son souffle. Y répondant avec passion, il ne se formalisa que peu des dernières pièces de tissus qui s'évaporèrent dans le même temps. Alors que le Kaahi hissât une main jusqu'à sa longue crinière blonde, ce fût à peine s'il eût le temps d'y mêler ses doigts cependant. Une nouvelle fois sur le dos, la Sùlfr à califourchon sur lui, de la paume il effleura sa peau, dénuée d'imperfections, redescendent ses côtes pour rejoindre le creux de ses reins. Un air de volupté tapissant l'atmosphère, l'œil brûlant dessinant la silhouette le surplombant, il croisa le regard de la Souriante dans le parcours de ses iris sur son corps. Curieux de savoir ce qu'elle avait à l'esprit, il ne lutta pas contre la pression de son assise sur lui, ses mains accompagnant plutôt le mouvement sensuel de son bassin contre le sien. En même temps, une épaisse boule de chaleur se répand à travers ses veines et dans tout son corps. Les muscles tendus, à l'égal de sa virilité excité, l'Obstiné se maintenait dans un état de retenu face à la danse lascive de sa partenaire, esquissant ses formes et suivant ses gestes du regard et de ses doigts, suivant ses va et vient avec concupiscence et envie. Ses prunelles abandonnèrent le corps de la Sùlfr un instant, dès lors où la magie se mêla à l'environnement et s'apposa sur eux comme sur deux toiles vierges. Les couleurs et les formes, esthétiques, pourraient presque dissuader d'y toucher. Toutefois les effluves, subtiles, qui pouvaient ressortir invitaient à la découverte. Sa main s'aventura le long de la colonne vertébrale de la peintre, y récoltant un peu de la peinture aromatisée qu'il se permît de goûter avant que l'œuvre ne soit achevée. C'était surprenant. Quand précédemment une teinte correspondait à une saveur, la palette à présent dessinée offrait un mélange d'arômes pouvant sembler en bouche comme un véritable plat travaillé avec un délicieux goût de "reviens-y". Il n'y avait pas que la peinture qui avait ce goût là ici néanmoins.

Trop insatiable et trop impatient, il se redressa pour lécher avec délectation le dégradé de couleurs entre les seins de la peintre, abimant, contrôle qualité oblige, l'œuvre en cours sans une once de remords. Ce sera là sa seule entrée. Le rouquin suivit le mouvement de la Sùlfr pour retrouver le contact du sol et le chatouillis de l'herbe fraîche sur son dos en même temps qu'un voile tamisé les encercla ; les ailes des Réprouvés et celles presque Immaculées de la Souriante sur lui. Son corps contre le sien, les bras du Kaahi se refermèrent sur celui de sa partenaire. Comme elle remontait le galbe de son cou de ses lèvres, Maximilien lui offrant un libre accès en penchant la tête sur le côté, il fit courir une main jusque son omoplate, le long de son épaule, pour venir se lover dans sa chevelure qu'il saisît avec ivresse. La seconde fit chemin inverse et descendit le long de la chute de ses reins pour rejoindre la courbe de ses fesses avec envie. Aurait-il pu y avoir quelqu'un qui apparaisse soudainement à l'orée de la clairière, enfermés dans cette bulle de plumes ne subsistait plus qu'eux deux, l'un contre l'autre, et cet appétit croissant qui les gagnaient à la mesure de leur esprit exalté. Accueillant la bouche exquise de Léto, il la laissa venir et se nourrir à son aise. Il avait le temps avant de pouvoir dévorer à nouveau la peintre. Ils avaient le temps avant de tout croquer du corps de l'autre.
©gotheim pour epicode


Mots 817


We were never welcome here ~ Night time or morning time, we're going strong

Don't you tell me what you think that I can be

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Ven 09 Avr 2021, 22:24



Aegeri
Kai & Natsumura



e4oj.jpgSuspendu entre des troncs de cerisiers, le hamac lui faisait de l’œil. Enchanté par son appel, le Démon céda volontiers à la tentation. Son corps déforma les cordes de lin. Affaissées, elles tendirent vaillamment leurs fibres pour soutenir son poids. Il en résultait un confort turbulent, dont il appréciait l’instabilité. La tentation d’inviter Harabella à leur rendez-vous l’effleura. La rumeur disait que plus l’on était à somnoler, plus reposant était le moment _ ou quelque chose de cet ordre-là ; il ne se souciait pas des termes. Toutefois, craignant que la belle ne l’arrachât à son premier amour, il renonça à l’entreprise. Autour de lui, le bavardage des invités montait, annonciateur d’un mal de crâne qu’il devinait lancinant. Ses yeux dérivèrent vers le centre du jardin. Un cercle noircissait l’herbe, délimitant les contours d’une scène de fortune. Une de ses connaissances l’avait convié à une représentation dont il n’avait que faire _ la menace dans le regard de Mara s’il s’était défilé l’avait poussé à sortir de son antre. Comble de l’ironie, ce dernier s’était éclipsé dès leur arrivée. À l’approche de la saison douce, il ne savait pas garder son pantalon sur les fesses. Quelques instants plus tard, la musique s’éleva, et les danseuses commencèrent à tournoyer. Un bâillement sur la mâchoire, le roux aperçut l’alliance d’une lame et d’une main, qu’il trouva paisible. Intrigué, il détailla longuement leur propriétaire. Sa voisine crut bon de se tourner vers lui, et de se fendre d'un commentaire d’un commentaire. « Elle est douée, n’est-ce pas ? » Le sourire de Kai s’élargit. Elle avait diablement raison.

[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 7 Zktc

Un couteau entre les doigts, le jeune homme s’affairait. Une avalanche de victuailles ensevelissait son plan de travail. Englouti par les provisions, le marbre demeurait fièrement en place. Un sifflement joyeux chatouillait les lèvres du cuisinier. Autour de sa taille, un tablier remuait farouchement, accusant les assauts des tâches de graisse. Gaiement, il s’empara d’une cuillère pour goûter sa préparation. Sous le couvercle de fer, des légumes et des épices s’unissaient tranquillement. Au rythme du bouillon, ils mêlaient leurs arômes. D’un geste empreint de patience, il dévissa le bouchon d’une bouteille de lait de coco, et aspergea généreusement l’ensemble. Un peu de douceur ne desservait jamais les plats. Satisfait des effluves qui montaient de la marmite, il la laissa mijoter. Il avait encore beaucoup de travail, et il ne voulait pas faire attendre son invitée. Revenant à son plus fidèle compagnon, il se mit à taillader une pièce de viande. Prélevée le jour même, la fraîcheur de la chair en rougissait la surface. La découpe réalisée, il fit valser un saladier, dans lequel il la mélangea à des agrumes. L’instant d’après, il tenait une passoire où reposaient des spaghetti. Ces derniers rejoignirent une poêle et reçurent la visite d’une sauce tomate. Un ingrédient secret manquait pour que le repas fut parfait. Sans une once d’hésitation, sa main s’enfonça à l’intérieur de sa poitrine. Ignorant la douleur, il en extirpa une récolte macabre. La minuterie du four émit un son caractéristique. À la hâte, il s’empressa de retirer la plaque. Tout se déroulait à merveille, et il salivait d’avance. Ce serait succulent.

Désormais dans le couloir, le Démon s’attarda devant un miroir. Distraitement, il se passa une main dans les cheveux, espérant remettre en place des mèches dissidentes. Cela faisait bien longtemps que sa toison ne lui obéissait plus. Ses sourcils se froncèrent. Une bouche venait d’apparaître sur sa joue. Levant les yeux au ciel, il dissipa sa présence. La patience ne comptait pas parmi ses vertus, et, à présent que l’heure de la dégustation approchait, il ne se maîtrisait qu’à grand-peine. Toutefois, il devait conserver les apparences. Apportant la touche finale à son costume, il retroussa légèrement ses manches, et rejoignit la salle à manger. Une table impeccablement laquée l’y attendait, et, comme par enchantement, les plats s’y trouvaient déjà, leurs saveurs sagement enfermées sous des cloches de verre. La vapeur dessinait des motifs à leur surface. En son centre s’étalaient des fleurs d’un rouge profond. Dissimulées par un vase de bonne facture, leurs épines n’attendaient que l’occasion de mordre la peau. L’obscurité emportait le reste de la pièce. De l’autre côté du plateau, la jeune femme paraissait l’attendre, assisse sur un siège de velours. Sous l’emprise du sortilège, elle dormait encore. D’humeur espiègle, il s’installa à sa place. Un air préoccupé se peignit sur son visage. Pour rompre le maléfice _ et s’assurer qu’elle lui prêterait toute son attention, il claqua des doigts. « Vous m’écoutez, Natsumura ? » Usant de ses talents de comédien, la déception se glissa dans sa question. Avant que d’entendre sa réponse, il descendit son verre de vin pour masquer sa joie. Il allait follement s’amuser.

Avec la tranquillité qu’offrait la certitude de la victoire, le roux reposa le cristal. Une trace discrète en marquait le bord. D’un geste de la main, il balaya les explications de son invitée. « Ce n’est rien. On me reproche souvent de trop parler, quand j’évoque la plantation. Vous savez ce que c’est, quand on est passionné. » Elle le savait. Il l’avait vue danser. Complice, il lui adressa un clin d’œil. Ses phalanges se posèrent d’elles-mêmes sur la cloche. Des tremblements les agitaient. Pourquoi attendre davantage ? « Que diriez-vous de commencer le repas ? » Des torchons voletèrent à travers la pièce pour venir couvrir leurs genoux. Il ne fallait pas gâcher une miette du repas, et, en cas d'accident, le tissu se chargerait d'absorber les dégâts. « J’espère que la cuisine vous plaira. Je crois que le cuisinier met du cœur dans ses assiettes. » Un éclat de rire en travers de la gorge, l’hôte découvrit la cloche devant lui. Superbement alvéolées, des tuiles dorées attendaient leur dégustation. Ces dernières croustillaient sous la dent. De son côté, son invitée disposait d’une salade colorée ; il avait pris soin de connaître ses préférences alimentaires avant d’organiser le menu. La suite n’en serait que plus savoureuse. Pour l’heure, des herbes diffusaient leur parfum de printemps à ses narines d’albâtre. « Vous devez savoir que je ne vous ai pas invitée sans raison. J’envisage d’ouvrir une école, et je recherche diverses disciplines. Mes congénères sont hélas assez turbulents, et se dépenser quotidiennement éviterait bien des accidents. » Malheureusement pour la demoiselle, l’activité physique ne suffisait pas à épuiser l’énergie des siens : elle en était d’ailleurs la première victime. « Je veux en apprendre davantage sur cet art que vous pratiquez. Parlez-moi de la danse, et ce qui vous a mené à elle. De ce que vous aimez, et de ce qui est difficile. Je veux tout savoir. » Jusque-là invisibles, des chandeliers pendus aux murs s’enflammèrent.

Les iris du Démon se posèrent sur les lèvres de l’Orine. Affamé, il suivait les mouvements de cette petite chose ronde et nacrée, qu’il n’avait pu se résoudre à découper. Les muscles tendus par un sourire ravissant, elle évoquait sa joie et ses souvenirs. Ne pouvait-il pas arracher la perle à son rivage, et en faire la cerise sur le gâteau ? Lorsque les entrées furent terminées, des plats vinrent les remplacer. D’une ressemblance frappante avec des spaghetti, des filaments s’enroulaient sur eux-mêmes, adoucis par des touches de sauce tomate. Tout en parlant, son invitée savourait innocemment son mijoté. De temps à autre, il laissait tomber une question, et le monologue se renouvelait, embrasé par l’énergie que donnait la passion. Attendre le dessert lui paraissant interminable, il se leva brusquement pour rejoindre la jeune femme. D’humeur à jouer, il s’assit sur le bord de la table. Ses doigts s’emparèrent d’une mèche blanche. Le timbre de sa voix s’abaissa d’un ton. « Est-ce que vous savez ce qui rend cette soirée particulièrement délicieuse ? » Avec la complicité qu’exigeait une confidence, il se pencha à son oreille. Ainsi perché au-dessus d’elle, il passa une main contre sa nuque pour les approcher davantage. Le sérieux s’invita sur ses traits. « Votre chair sur ma langue. » La malice plissa les yeux de l’hôte. Ces derniers détaillaient avidement le visage de l’artiste ; il ne voulait pas rater le moindre battement de cils. À mesure que la vérité la frappait, l’horreur décomposait sa superbe figure. Cela l’excitait follement.

La position du roux ne lui permettant pas de discerner les émotions qui anéantissaient sa douceur, il se redressa. Un pied sur le siège, il crut sentir l’assisse remuer. Une pointe de colère s’éveilla. « Ne vous offusquez pas. Je ne suis pas le seul à avoir mangé l’autre. J’aime partager, vous savez. » Ne comprenait-il pas la générosité dont il faisait preuve à son égard ? Preuve de l’affection qu’il lui portait, extraire l’ingrédient secret du plat principal avait été douloureux. « J’ai dégusté vos poumons tout à l’heure. Pouvez-vous deviner ce que je mange maintenant ? » De sa main libre, il appela son assiette, et, sans la moindre élégance, s’empara d’un morceau d’intestin pour l’envoyer au fond de sa gorge. Le piment rendait l’ensemble exquis. « J’aurais voulu garder la surprise pour le dessert, mais je n’ai pas pu me retenir. Je vous dois bien la vérité. » Ne voyait-elle pas les efforts qu’il faisait en son honneur ? Patienter jusque-là avait été suffisamment difficile. Devant sa mine horrifiée, il lui caressa la joue. « Ne vous inquiétez pas. Vous n’allez pas mourir. Ma magie vous maintiendra en vie. Je n’aurais pas pris le risque de vous abîmer. Je prends toujours soin de mon bétail. » Un sourire déforma son visage. Existait-il quelque chose de plus agréable que de s’oublier dans le plaisir ? N’avait-elle pas savouré son cœur, tout à l’heure, et ne niait-elle pas son bonheur sous un masque de peur ? Ses doigts s’enfouirent plus profondément dans ses cheveux. Le sortilège faisait d’elle une poupée incapable de bouger. Sous le charme, il souffla un murmure. « Je ne voudrais pas rater une seule bouchée de toi. » Ses lèvres s’emparèrent de Natsumura, avec l’amour que l’on accordait à son plat préféré. Le dégoût qu’il sentait sous ses lippes le rendait euphorique. Son poing heurta la table : il avait terriblement envie de la déchiqueter. Toutefois, il voulait savourer chaque morceau de son corps. C’était décidé : Kai prendrait son temps, et lorsqu’il en aurait fini avec elle, il ne resterait pas même des os de sa silhouette gracile.

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Babelda
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Babelda
Sam 10 Avr 2021, 00:08


Image par NIXEU.
Geminae
Grendel & Babelda


Babelda s'observait dans le miroir. Mise à part quelques cernes causées par les longues nuits d'insomnies dû à l'anti-Magie d'Utopia, elle avait l'air tout à fait banale. Elle faisait face à sa mine perdue, à mi-chemin entre la surprise et l'indifférence ; seuls ses yeux verts scrutaient la surface de l'objet avec une curiosité avide qui laissait entrevoir l'intérêt qu'elle portait à son reflet. Ce n'était pas parce qu'elle appréciait ce qu'elle y voyait : son allure débraillée, avec ses boucles folles qui s'échappaient de sa couette et ses vêtements mal ajustés, prouvait qu'elle ne portait que peu d'attention à son apparence physique. Non, ce qui l'intriguait résidait davantage dans ce qu'elle ne trouvait pas dans son reflet. Elle ne saurait dire, exactement, ce qu'il manquait. Pourtant, elle en était certaine : on lui avait arraché quelque chose. Elle le savait. Elle le sentait. C'était comme se réveiller et réaliser qu'on vous avait coupé un bras ou une jambe : elle avait été séparé d'une partie d'elle-même. Il ne s'agissait pas d'un membre, et elle était à peu près certaine de ne jamais avoir eu de queue ni d'ailes. Non, c'était quelque chose d'autre. Quelque chose d'invisible. Quelque chose qui appartenait à son cœur.

La Rêveuse fronça les sourcils. Lentement, elle s'approcha du miroir et en effleura le cadre en or massif, qui avait été minutieusement taillé. Faisant parcourir ses doigts sur les arabesques, elle essaya de comprendre, sans réussir, ce que l'artiste de cet ouvrage avait essayé de créer. Elle discernait des liens, qui s'entremêlaient étroitement, sans saisir ce que cela pouvait signifier - elle restait pourtant persuadée que l'objet détenait la clé pour retrouver ce qui lui avait été dérobé. La jeune femme inspira profondément puis cessa de s'intéresser au cadre, faisant glisser ses mains à plat sur la surface froide de la glace. « Quelque chose a disparu. » Ce n'était pas elle qui avait parlé, et pourtant, sa propre voix avait résonné dans sa tête. Son reflet s'adressait à elle. « Pour le retrouver, il faut voyager à l'intérieur de toi-même. » Babelda fronça les sourcils. « Si je ne l'ai plus, comment pourrais-je le trouver en moi-même ? » questionna-t-elle. Son reflet, aussi placide qu'elle, se contenta de répéter ses étranges conseils : « Voyage à l'intérieur de toi-même. » Devant l'évidente incompréhension de son double, le reflet ajouta d'une voix insistante : « Tu comprendras ce qui a changé. Commences ton voyage. » Puis, soudainement, le reflet se brouilla, laissant place à la surface vide du miroir. Intriguée par le phénomène, l'Inventrice se pencha en avant. Elle se sentit happée par la glace : au lieu de se heurter à sa surface dure, elle plongea à l'intérieur, comme s'il s'était agit d'une eau particulièrement froide.

Pendant quelques secondes, la Rehla se sentit couler, attirée par les profondeurs. Elle n'était pas inquiète. Au contraire, elle se sentait presque apaisée. Bien qu'immergée sous l'eau, elle n'avait aucune difficulté pour respirer. Puis, soudainement, elle remarqua que le fond du lac - car il s'agissait finalement d'un lac - était tapissé de différents miroirs. S'aidant de quelques brasses maladroites, la Caeli s'en approcha, scrutant le reflet qui s'y dessinait. Chaque glace était l'écho d'un moment passé de son existence, un souvenir ayant marqué sa vie - la première fois qu'elle avait entendu les étoiles, lorsque sa mère avait disparu, le jour où elle avait retrouvé les siens à Lua Eyael, le moment où Rhéa avait accepté de la prendre sous son aile. C'était comme regarder à travers une fenêtre, une tranche de vie passée. Observer tous ces moments qui avaient fait d'elle ce qu'elle était désormais. Babelda voulut passer au miroir suivant. Ce qu'elle y découvrit la prit de court. Elle n'était plus la spectatrice de sa propre vie. A la place, une silhouette enfantine, légèrement bancale, patientait. Il s'agissait d'un petit garçon au masque de clown. Le môme lui semblait familier - et pourtant, il ne semblait pas avoir sa place dans cette vitrine. A moins que... Ce soit lui, qui détienne ce qu'il manquait à la nageuse. C'était lui, qui avait chamboulé son être.

Babelda plaqua ses mains sur la fenêtre. Pourtant, au lieu de réussir à s'y plonger comme à son habitude, la voyageuse se trouva face à un mur invisible, qui lui bloquait la traversée. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, la jeune femme commença à tambouriner dessus : elle ne parvint qu'à se faire mal. « Eh, garçon ! Est ce que tu m'entends ? » Son manque de réaction sembla lui indiquer que non, il ne l'entendait pas. « Eh, toi ! » hurla-t-elle pourtant, continuant d'appuyer de toute ses forces sur cette surface récalcitrante. « ... » La jeune femme avait voulut appeler l'enfant par son prénom mais n'avait pas réussi à s'en souvenir. Comme si cela était tout à fait logique, elle sut qu'il lui faudrait retrouver cette information afin de réussir à rejoindre l'arlequin. Elle se tritura donc les méninges, essayant de se remémorer de qui il pouvait s'agir. Le temps sembla s'étirer, le silence de sa mémoire devenant de plus en plus frustrant. Si seulement elle pouvait retrouver ce maudit prénom !

Au bout de ce qui lui sembla être une éternité, la fille de Yanna trouva enfin la clé de la fenêtre. « Grendel ! » hurla-t-elle. Cette fois-ci, sa voix sembla porter au-delà du mur.

Post I:


Merci Kyra nastae

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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Sam 10 Avr 2021, 19:53

Neru

Un chasseur ? Elle ne s'était pas vue ainsi. L'était-il, lui, pour lui donner telle leçon. Il semblait parler en connaissance de cause. Elle déglutit. Sa confiance s'effritait au fil des frissons parcourant son épiderme sous les mains aventureuses de son inconnu. Son Orine. Derrière son bandeau occultant, elle ferma les yeux au contact du souffle chaud contre sa peau et la réponse posée dans le creux de son oreille. Était-ce une blague ? Un Maître — une Maîtresse dans son cas — pouvait-il avoir plusieurs Orines ? Il lui semblait que non, à moins qu'elle ne se soit endormie pendant ce cours et ait manqué l'information. En admettant cette possibilité, qui était cet homme, cet anonyme profitant de son immobilisme pour agir sur ses sens avec trop de volupté ; qui affirmait être son — deuxième — Orine ? « Non. » lui répondit-elle le cœur battant. Peut-être devait-elle alors se laisser faire. Ses impressions étaient bien souvent fausses et c'est dans des conditions qu'elle jugeait de confiance qu'elle se retrouvait généralement à devoir se sortir de situations problématiques. Mais dans les ténèbres de son bandeau de soie et perdue dans l'inconnu, cette idée ne lui effleura pas l'esprit. De toute façon... « Mais est-ce que j'ai réellement le choix ? » ajouta la Luxurieuse en tournant légèrement la tête vers l'homme. Question rhétorique, tandis que les liens entravant ses bras se dénouèrent lentement. Une bouffée de soulagement s'empara de la Déchue qui s'essoufflât instantanément dès lors que ses poignées se retrouvèrent de nouveau liés au-dessus de sa tête. Elle se pinça la lèvre. Elle se pensait paralysée plus tôt. Elle avait eu tort. Elle avait encore eu la possibilité de fuir. Elle ne l'avait pas fait. À présent elle ne pouvait que s'ébattre ou se débattre si son inconnu se permettait quoi que ce fût qui embrasse ou outre-passe ses permissions qu'elle ne lui avait encore donnée.

Un frisson couru l'ensemble du corps de la Luxurieuse à la disparition du tissu couvrant sa pudeur et la fraîcheur de la nuit venant caresser sa peau presque à nue. Son esprit commença à imaginer bien des scénarii sur ce que l'homme comptait faire ensuite alors qu'elle lui était offerte ainsi en pâture. Certains d'entre eux n'envisageaient rien de bon. Ce qui advint par la suite, n'était pas exactement ce à quoi elle s'attendait. Ce n'était pas tout à fait le genre de choses que l'on pratiquait avec une inconnue. Elle ne voyait rien. Mais elle sentait les cordes se lasser et se serrer sur ses côtes et autour de sa poitrine. C'était à croire qu'il avait toujours fait cela. « Non. » répondit-elle seulement. Certains pouvaient se montrer bien plus rude pendant de telles pratiques. Il ne l'était pas. En cela, sa crainte de n'être que poupée de chiffon entre les mains de cet homme sans visage avait fini par s'étioler, avec elle sa curiosité ranimée. Il était son Orine. Il était sensé lui obéir. Quelque chose lui soufflait pourtant qu'il était comme Jun. Qu'il n'était pas une Orine. Ses premières paroles qu'il lui eût adressés probablement. Mais, en cela, son esprit n'était pas dicté par les règles, les coutumes et la magie de cette race d'artistes. Il était libre de ses pensées, de ses gestes et de ses mots. Jusqu'à ce qu'elle lui donne la mesure.

Bien plus détendue, Oriane le laissa vagabonder sur sa peau pour laisser libre cours à son inspiration. Un soupir inaudible lui échappa lorsque la main de l'anonyme effleura l'intérieur de sa cuisse, quoi que le geste dû être involontaire. Répondant par la négative à chacune de ses questions, sa tête bascula légèrement sur le côté. Ce fut lorsqu'un son éclata à ses oreilles qu'elle sursautât, la rude tonalité brisée par le doux chatouillis glissant sur la ligne de son dos dont la cambrure s'accentuait au fil de la caresse remontant sa colonne vertébrale. « Deviner ? ». Le prenait-elle pour une clairvoyante ? C'était vrai. Elle ne s'était cependant pas assez entraîné à user de cette magie. Sinon ne lui aurait-elle pas demandé son identité plus tôt. Pourtant, c'était peut-être possible, oui, qu'elle puisse deviner. Il ne lui était pas tout à fait étranger. Elle le connaissait, ou du moins, elle l'avait déjà rencontré. Sa voix, son odeur lui étaient connus, presque familiers. Qui plus est, le fait étant qu'il ait sû la nommer alors même qu'elle ne se soit pas présentée. Un amant ou une amante ? Elle n'avait pas souvenir que l'un ou l'une d'entre eux et d'entre elles soit adepte de shibari. L'avait-elle peut-être oublié, tout simplement. Non, même. Il la vouvoyait. « Je ne suis pas très douée pour les devinettes vous savez. ». Elle n'en avait surtout pas la patience. Qui plus est, chaque fois qu'elle s'était confronté à une énigme demandant surplus de réflexion, on lui avait toujours donné la réponse sans qu'elle n'ait à trop se creuser la tête ou avant qu'elle pousse trop loin la réflexion pour abandonner la partie. Un peu comme une enfant gâtée en somme. « Je pourrais sinon vous demander de me retirer ce bandeau, ce serait tout aussi efficace. » fit-elle, rieuse. Le ferait-elle ? Elle se le demandait. L'aventure lui soufflait de patienter et jouer à ce jeu encore un peu. Il était celui avec les mains libres, elle ne restait pas moins Maîtresse de son corps et de ses actions. Toutefois, la curiosité lui murmurait de retrouver la vision pour enfin découvrir le visage de son inconnu. Son cœur balança quelques instants entre ces deux voix. Alors elle pencha la tête en arrière, comme pour voir l'homme. « Hum. Je donne ma langue au chat. » articula-t-elle avec un rictus malicieux. « Et pourtant ce n'est pas l'animal que j'affectionne le plus. Si je devais l'offrir à quelqu'un, se ne serait pas à cet animal. » ajouta-t-elle, maligne. « Alors, est-ce que j'aurais le droit à connaître le nom de cet étranger qui me tient compagnie et me déshabille sans mon consentement ou devrais-je l'appeler Orine jusqu'à la fin de la soirée ? » conclu-t-elle d'un même air en redressant le port de tête.
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 12 Avr 2021, 08:20




Bon appétit

En duo avec Latone



Il n’aurait su dire s’il l’avait trouvée courageuse ou stupide. Cette façon qu’elle avait eu de tenir tête à Lhéasse Taiji, lors de ce dîner catastrophique… C’était si improbable qu’il avait l’impression d’avoir rêvé. De ce repas, il ne lui restait que des souvenirs épars et, pour la majorité, terriblement désagréables. C’était peut-être vraiment un cauchemar. La présence du Baron, l’échange de corps de celui-ci avec sa sœur, son évanouissement… Presque tout, hormis les sensations qui se rattachaient à cette vague remembrance, demeurait diffus. Néanmoins, il se souvenait clairement du visage de Latone et de ses cheveux bleus – il y avait eu une autre fille à la chevelure céruléenne, une fille qui l’aimait mais qu’il ne connaissait pas. Il se souvenait de sa verve agacée.

Il inspira. Il savait. Le courage et la stupidité ne s’excluaient pas mutuellement. Parfois, quand on se montrait brave, on faisait preuve de bêtise. Et plus rarement, le signe d’une idiotie pouvait sembler audacieux. Latone avait illustré l’une de ces deux possibilités, dans son imaginaire ou dans sa réalité. Peu importait. L’imaginaire n’était, après tout, qu’une version de la réalité à laquelle on n’accorde aucun crédit. Ce qui n’est ni tangible ni factuel a du mal à se faire exister aux yeux des humains. Pourtant, c’est ici, c’est acquis ; c’est, en toute simplicité. C’est comme une pensée. Personne ne peut capter l’essence d’une pensée. Les télépathes ont le pouvoir de les entendre, mais elles deviennent alors comme un discours. Sans télépathie, elles n’ont aucune matérialité, et cependant, elles ont sur le réel – tel que l’on veut bien le considérer – une incidence non-négligeable, parce qu’elles ont sur nous des effets indubitables. L’imaginaire est un monde de prévisions, de suppositions et d’émotions. Il communique directement avec le corps et influence chacune de nos réactions. Notre réel n’existe pas sans notre imaginaire.

Il souffla. La porte ouverte, il sortit. L’odeur de l’herbe fraîche et d’une clématite en fleurs le cueillit. Un sourire s’esquissa sur les lèvres du brun. Il passa une main dans ses cheveux. Une petite brise vint les caresser et jouer avec le col défait de sa chemise. Devant lui s’étendait une plaine verdoyante. Quelques pétales colorés s’y offraient au soleil printanier. Dans les arbres alentours, les oiseaux pépiaient avec la gaieté de ceux qui redécouvrent les jours heureux. Sous une pergola en bois qu’escaladait la clématite rose, une table avait été dressée. Sobre, elle offrait le nécessaire pour passer un dîner agréable, dans un cadre champêtre – quand on vient de Lumnaar’Yuvon, on ne se refait pas. Priam avait convié Latone en espérant que ce repas-ci se déroulerait mieux que le précédent. Il lui semblait difficile de faire pire. Pour autant, il n’avait pas précisé le motif de son invitation. Rien ne garantissait qu’elle viendrait.

Lorsque la jeune femme apparut, il s’approcha pour la saluer : « Bonjour, Latone. » Elle ressemblait, à peu de choses près, au souvenir qu’il en avait. « J’espère que tu vas bien. Je suis ravi de voir qu’aucun Sorcier n’est venu te trancher la tête durant ton sommeil. Ils ont la rancune tenace. » Mais peut-être pas autant que les Réprouvés. La malice embrasa ses yeux d’or. « Est-ce que tu as vu le menu ? » Il sourit, trop impatient de présenter sa bêtise. Sous l’effet de la magie, une carte s’incarna entre ses mains. Il la lui tendit. « J’espère qu’il te convient. » L’entrée consistait en diverses crudités. Le plat de résistance se composait de légumes poêlés et d’une langue de bœuf – coupée « en tout petits cubes », comme elle l’avait si bien lancé à Lhéasse. Le dessert, c’était une tête de Sorcier – pâtisserie hautement renommée chez les Réprouvés, et qu’il espérait voir rencontrer le même succès auprès de la femme aux cheveux bleus. Deux autres variantes existaient : la tête de Jun et la tête d’Empereur Noir. On racontait que celle du Prince des Cauchemars avait été la première pâtisserie à être produite à Lumnaar’Yuvon après l’incendie qu’il y avait initié, et à partir des cendres de celui-ci. On la disait pétrie dans le sang des valeureux guerriers qui y avaient péri. On prétendait aussi que ceux qui en mangeaient pouvaient résister à tous les Mages Noirs. La tête d’Empereur Noir en dérivait directement. On lui accordait peu ou prou les mêmes vertus. La popularité des deux confections variait en fonction de la configuration géopolitique et des territoires manichéens.

Priam contourna Latone et prit place à table. « Vas-y, assieds-toi. » Il leva les yeux vers elle et la détailla à nouveau. « Promis, je n’ai pas invité de Sorciers. » Il sourit. C’était amusant. Elle avait la beauté sauvage des Réprouvées.



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Eiko
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Lun 12 Avr 2021, 19:52


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Aurel & Eiko

« Eh, reviens par là, petite luciole ! » ordonna la fillette, se mettant à courir pour poursuivre l'étrange boule lumineuse qui s'était matérialisée devant elle. Eiko n'avait pas compris de quoi il s'agissait. Elle l'avait vu flotter dans les airs, juste devant son visage, l'inondant de sa lueur dorée. Sa contemplation avait apaisé la Hanatsu, qui s'était sentie étrangement attirée par cette mystérieuse émanation - plus rien d'autre ne comptait, ni le rêve précédent qui commençait déjà à s'effacer de sa conscience, ni les contours flous de celui qui commençait désormais à se dessiner autour d'elle. La sphère était sublime, telle une oeuvre d'Art, une mélodie chaleureuse ou une peinture éclatante. Puis, soudainement, elle avait entendu une voix résonner à l'intérieur de cette boule. La voix du petit garçon, bien qu'elle fut persuadée de ne pas reconnaître son propriétaire, lui semblait étrangement familière - comme s'il s'agissait de l'un des esprits protecteurs dont parlaient les légendes de son peuple. Eiko ne parvenait pas à comprendre ce que lui disait son gardien, mais cela ne la dérangeait pas : elle ressentait, au travers de sa tonalité, quelques émotions qui ne lui étaient pas propres. Curieuse, la fillette avait voulu s'emparer de cette émanation lumineuse. Cette dernière lui avait filé entre les doigts alors qu'elle était à quelques millimètres de s'en emparer puis s'était alors éloigné, comme emportée par un souffle. Contrariée, l'Orine s'était élancé à la suite, avec la ferme intention de l'attraper.

La brune s'arrêta, incrédule. Sa luciole avait disparu ! Elle ne la voyait plus. Attristée, son visage s'affaissa dans une moue peinée. « Comment je vais pouvoir la retrouver, maintenant ? » se demanda-t-elle tout haut. Alors qu'elle s'inquiétait, elle remarqua la corde jaune qui gisait sur le sol, dissimulée par l'herbe tendre. L'épaisse ficelle s'étirait à perte de vue, dans la direction qu'avait suivit l'étoile dorée. Eiko s'accroupit pour s'en emparer : dès que ses doigts se furent enroulés autour du lien, la fillette sentit la connexion s'établir. Un flot de sons, d'images, d'odeurs, de souvenirs la submergea. Tout comme la voix qu'elle avait entendu plus tôt, elle était persuadée que toutes ces connaissances ne venaient pas d'elle - et pourtant, elle avait une impression de déjà-vu. Sans hésiter, la fillette se mit à suivre la corde, sans la lâcher. Elle marchait - courrait - volait : elle allait à toute vitesse, sans en subir les effets. En quelques secondes, elle avait parcouru le monde qui composait son songe.

La ficelle était coupée. Elle s'arrêtait subitement, face à un mur de bois sur lequel avaient été accrochés des masques. Ils rappelaient à l'Orine ceux qu'elle confectionnait avec sa maman, lorsqu'un festival approchait. Elle papillonna des yeux tout en les observant. Il y en avait quatre : l'un, bariolé et décoré de fleurs, attira son attention quelques secondes ; elle ignora presque le suivant, représentant un simple visage ; le troisième ne cachait que le haut du visage, il arborait une couleur dorée qui s'alliait parfaitement avec les rayons solaires qui s'étiraient autour de la couronne ; le dernier prenait les traits d'un monstre effrayant qui arrachèrent une grimace apeurée à la fillette. Finalement, après quelques secondes de réflexion, Eiko délaissa la composition florale pour s'emparer du masque à l'effigie de l'astre solaire. Dès qu'elle l'eu décroché de son socle, le mur en bois fut remplacé par une porte.

Le cœur battant, l'enfant enfila le masque puis, lentement, entra dans la pièce suivante. Elle était plongée dans le noir. Un noir total, abyssal, tellement profond qu'il était impossible de réussir à discerner ce qui vous entoure. Des sphères lumineuses, semblables à celle que la fillette recherchait, flottaient en suspension dans le vide. Ces lumières étaient blanchâtres, elles paraissaient froides en comparaison du petit soleil que recherchait la curieuse. Des silhouettes de fumée tournoyaient autour de ces étoiles glacées. La Hanatsu commença à s'avancer au travers de la foule de spectres. Elle n'avait pas peur. Elle se sentait protégée grâce au masque qu'elle portait - tant qu'elle ne le retirerait pas, il ne pourrait rien lui arriver. « Petit soleil... Où te caches-tu ? » demanda-t-elle en chantonnant d'un air joyeux. Seul l'écho de ses pas lui répondit, tandis que ses yeux scrutaient la masse des âmes pour essayer de retrouver sa moitié.

Post I:



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Kitoe
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Kitoe
Jeu 15 Avr 2021, 00:41

Kitoe & Nostradamus
Geminae
eat your heart out - CRAY


La Démone passa une main dans ses cheveux et se gratta la tête. La moue sur ses lèvres témoignait de son ennui grandissant concernant les deux fugitifs. Elle ne comprenait pas comment ils avaient pu échapper à elle et à lui en même temps. Ensemble, elle avait toujours cru qu’ils étaient redoutables. N’était-ce pas évident, pourtant ?

-Hm, dommage.

Une réponse plutôt désintéressée pour un problème bien plus grand. Les poings sur les hanches, Kitoe observait un coin de rue comme si la solution à son problème pourrait y surgir d’une seconde à l’autre. Le fait est qu’il y en avait forcément une, de solution. Elle ne pouvait pas croire qu’un incident aussi pitoyable puisse tout foutre en l’air.

-C’est vrai ? Avec plaisir !

On ne refusait jamais une chasse. C’était à plusieurs qu’elles étaient les plus plaisantes, et les Aetheri savaient à quel point les propositions étaient rares. De son côté, Kitoe parcourut les rues du village sans plus jamais croiser qui que ce fut. Elle avait un sentiment étrange : celui que quelque chose clochait. Ce n’était plus comme avant. Les traces de passage de l’un ou l’autre des fuyards avaient disparu et la Vile n’avait plus repéré d’ombre ou de bruit suspect permettant de la remettre sur la bonne piste. Enrik et Ida s’étaient tout simplement volatilisés. Etaient-ils parvenus à s’enfuir du village ? Kitoe n’aimait pas cela, mais c’était une possibilité. Elle était de plus en plus inquiète, empreinte par la frustration et un manque cruel qui relevait de la base de son existence. Après de longues minutes de course à poursuivre le vide, ses pas la ramenèrent, comme une évidence, au point où se trouvait Nostradamus. Elle leva un sourcil en réponse à son affirmation. Sa certitude la fascinait.

-Merci.

Répondant par une petite courbette, Kitoe entra dans la maison. L’extérieur ne mentait pas : le bâtiment était réellement délabré. Le peu de lumière qui filtrait à travers les fenêtres condamnées trahissait toute la poussière en suspension, qui donnait son odeur de crasse et d’humidité à la pièce de vie. En jetant un œil à l’état du plafond, il était légitime de se demander comment il tenait toujours.

-Je vais aller voir à l’étage.

A entendre le travail du bois, il était à présent évident qu’ils n’étaient pas seuls. Chacun de ses pas sur les marches des escaliers faisait un bruit affreux. Arrivée sur le palier, Kitoe aperçut aussitôt la silhouette de la jeune femme en sanglots, recroquevillée dans un coin de la pièce.

-Te voilà donc…

Sa main plongea dans la tignasse blonde de sa proie. Elle tira fermement pour extirper son visage de ses mains. Les larmes avaient trempé ses joues.

-Où est ton copain ? Susurra-t-elle.

Son silence l’agaça. Ses pleurs lui donnèrent envie d’enfoncer sa main dans sa bouche pour lui arracher la langue et les cordes vocales. La tenant toujours par les cheveux, la Démone la traina jusqu’au escaliers, où elle la jeta.

-Voici Ida.

Après elle, la Vile descendit les escaliers avec la démarche d’une Dame riche et puissante. Etalée par terre, la pauvre victime rampait vers la sortie. Son sort était déjà scellé, elle était la première à le savoir. Son obstination était triste à voir. Attentive à sa piètre tentative de fuite, Kitoe marcha à ses côtés durant quelques mètres. L’humiliation était l’une des clefs de ses recettes. Lorsqu’elle estima que ce fut assez, ses doigts se glissèrent dans le col de sa proie. Avec une force spectaculaire, elle la souleva.

-Qu’est-ce que tu en penses ? Qu’on devrait essayer de la faire parler pour retrouver Enrik, ou qu’on s’occupe d’elle directement ?

L’absence du garçon la contrariait. Elle n’aimait pas le travail mal fini. Néanmoins, elle pouvait préparer les fourneaux maintenant, en attendant de trouver une idée. Avec un coup de balais et un joli feu de cheminée, la maison retrouverait son charme d’antan en un rien de temps. Ecoutant la réponse de son camarade, Kitoe laissa Ida retomber mollement par terre,

-De toute façon, je ne pense pas qu’il ira très loin sans elle. Ils sont toujours greffés l’un à l’autre d’habitude.

De vrais tourtereaux adeptes des bisous baveux, du genre à donner envie de vomir. Kitoe avait autant aimé ces clients qu’elle avait désiré leur mort dès que leurs pieds avaient franchi le seuil de sa propriété.

-Au fait… Elle posa une main sur le bras du Sorcier. Lorsque le repas sera terminé, je pourrai t’aider à trouver… ce que tu cherches.

Ce n’était pas vraiment une proposition, mais plutôt une affirmation. La Démone était déjà exaltée à l’idée de repartir enquêter avec lui. Elle lui devait bien ça, après le service qu’il venait de lui rendre. On ne sauvait pas la réputation d’un business entier tous les jours. Après avoir adressé à Nostradamus un sourire amical, Kitoe partit explorer la cuisine.

809 mots




Bijin
nastae:
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Jeu 15 Avr 2021, 21:29


Image par Nipuni
Ægeri
Edwina & Isley


Phobos s'invita dans le rêve, risible nuisible invisible. Il entrait dans une cour des mirages dont il ne mesurait pas les proportions, dont sa conscience n'était pas même susceptible de comprendre les subtilités, les jeux qui s'y dérouleraient. Il était tel un enfant, ingénu et novice, bête et sot, ignorant et insensible. Ce n'était cependant pas le cas des djinns qui étaient déjà présents, s'étant rués sur ce terrain de jeu prometteur, attirés par cette généreuse source de pouvoir qui les attirait tels des insectes vers un feu de camp, seul phare au milieu d'une nuit trouble.

Le Sylphe observa le songe dans lequel il s'était immiscé. Il aimait en découvrir le décor. Cela en révélait, selon lui, beaucoup sur le rêveur et ses intentions, sur sa personnalité et son subconscient. C'était, à l'image de l'habitacle de ceux de son espèce, un fragment de l'âme, un morceau intime qui ne se révélait que lorsque le rêveur s'abandonnait totalement. Ce rêve-ci, cependant, avait quelque chose de bien particulier : ce n'était pas seulement le songe d'un être unique, mais bien la rencontre entre deux êtres, la fusion de deux âmes. La scène de cette pièce n'en était que plus fascinante, aux yeux du néophyte, qui peinait encore à comprendre les ficelles de cette discipline pourtant prisée par ses pairs. Le chaos entourait cette bulle d'intimidé sensuelle, où l'on pouvait retrouver les attributs du désir côtoyer ceux de la lutte. Cela illustrait-il un tiraillement interne ? Le reflet d'un interdit que la passion voulait pourtant braver ? Ça s'interrogeait parfois sur la psychologie des mortels. Il avait oublié, avec le temps, sa propre humanité et ce qu'elle avait impliquée. Désormais, il se sentait comme une simple coquille vide, incapable d'éprouver ces envies brûlantes, ces tiraillements lancinants, ces peines déchirantes dont il était le témoin apathique.

« Une reine et son amant. » avait souligné Nasloo, émergeant à son tour dans la bulle. « Observe bien, Phobos. Tu apprendras beaucoup de cette nuit. » lui conseilla-t-elle, rejoignant presque aussitôt les nimbes, comme pour s'effacer. L'élève, lui, ne bougea pas : il captait, enfin, les désirs de ses maîtres. Le souhait muet de la plus puissante, de ne pas avoir à assumer ses fantasmes et les conséquences qui en découlaient. Comme d'un commun accord, les Faiseurs de Miracles obtempérèrent : ce soir, elle ne serait qu'une poupée manipulée par ses bas instincts, mais ce seraient eux qui mettraient en scène ses plus inadmissibles tentations. Quand à son partenaire, il n'aurait plus à se justifier de son absence sur le champ de bataille qui éclatait autour d'eux.

Isley n'était plus qu'un murmure : son prénom s'effaçait déjà de la mémoire de celle qui, pourtant, dévorait le soldat du regard. C'était une information qui, au lieu de conforter dans l'agréable, éveillait quelques tourments internes, des conflits du cœur qui faisaient écho aux pensées qui la hantaient hors de ce monde. Qu'à cela ne tienne : son identité importait peu, tant qu'elle obtenait de lui ce pour quoi elle l'avait accueilli dans cet entre-deux intime. Phobos pencha légèrement la tête. Avait-il, lui aussi, porté si peu d'intérêt à son nom ? A celui d'autrui ? Il ne se souvenait plus de la réponse. Peut-être bien s'était-il délaissé de cette information pourtant capitale. Il lui semblait aberrant, désormais, de dénigrer une part de l'être si capitale, si propre à l'identité qu'elle pouvait désormais l’assujettir totalement.

La cerise attira le regard du sylphe. Elle était là, juteuse, vive, succulente. Là, juste le temps d'un instant, il aurait aimé être cette reine qui détenait entre ses mains les milliers de cœurs des hommes qu'elle avait fait sien - au moins en pensées. Quel goûts avaient-elles ? Étaient-elles remplies de l'avidité de ces conquêtes qui l'avaient désiré comme elle désirait l'Ange en ce moment ? Était-ce plutôt l'amertume de se rendre compte qu'il ne s'agissait pas d'une réalité mais d'un mensonge habilement tissé par les enfants de Pandore ? L’illusionniste ne le saurait jamais : il n'avait pas le droit aux saveurs du palais, et devait se contenter, simple spectateur, d'assister aux ébats charnels de ces gens qui se dévoraient avec gourmandise. Il était incapable d'exhausser, réalisant trop tardivement les attentes informulées.

« La passion est un vice qui mène à la mort. » expliqua Nasloo lorsqu'un troisième protagoniste brisa la barrière de l'intimité. « Il n'a su s'empêcher d'écouter ses pulsions. Il l'a dévoré, et sa gourmandise l'a consumé. » Phobos observait, silencieux. Il ne comprenait toujours pas les subtilités de ce qui était en train de se jouer sous ses yeux. « Elle n'était pas sienne. Il n'avait aucun droit sur sa chaire, qu'il a consommé sans retenue. » Un sourire satisfait s'étira sur les lèvres de la femme. « Lorsqu'il se réveillera, sa luxure ne sera pas éteinte... Qui choisira-t-il alors, entre sa passion et son devoir ? Son cœur et sa raison ? » Le sylphe resta pantois. La réponse lui semblait évidente. Les Mortels, toujours succombaient à leurs pulsions.
879 mots
Merci Manci pour l'image. /sbam


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Ven 16 Avr 2021, 08:27


Image par Sophia Volovik.
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Lana & Læn


Phobos observait la scène, médusé. C'était, dans son cas, une simple expression. Il ne possédait aucune caractéristique physique de l'animal marin, contrairement aux deux adolescents qui s’étreignaient dans le bassin d'eau de mer. S'il avait d'abord été fasciné par les reflets irisés sur la queue de l'ondine et amusé par l'anomalie des tentacules, il semblait désormais totalement perdu, dépassé par les événements qui échappaient à son contrôle. Sans réaliser qu'ils étaient observés par des dizaines de spectateurs avides, attentifs à leurs moindre désirs, prêts à exécuter leurs ordres, même ceux qu'ils ne prenaient pas la peine de formuler à haute voix, le jeune couple se prêtait plus volontiers aux exigences spontanées. Ainsi, lorsque Lana avait formulé à voix haute qu'elle dévorerait son partenaire, le sylphe avait été prit de court. C'était une demande incongrue, pour le moins originale. Et pourtant, pas tant que cela : l'un des rêves dont il avait été le spectateur, un peu plus tôt, avait également mis en scène un buffet de cannibalisme. Il n'était pas certain d'aimer cela. Il n'était pas certain de ne pas aimer non plus, ceci dit. La situation était suffisamment anormale pour qu'elle fasse naître en lui un courant sentimental guidé par l'embarras et la répulsion. Pourtant, à la surface, il ne ressentait qu'un vide naturel, pour lui : ces états d'âme n'étaient rien de plus qu'une brise passagère dont il se remettrait rapidement. Le Faiseur de Miracle n'en demeurait pas moins curieux et il s'interrogeait désormais sur la raison qui poussait tous ces gens à se prêter à cette pratique qui, selon ce qu'il avait pu observer, restait largement controversée dans le Monde Réel. Les fruits contenaient-ils quelque chose de particulier ? Ou bien était-ce simplement dans les cerises et les dattes ? A moins que la raison de cet appétit singulier réside dans leur race : les Ondins étaient, après tout, mis-homme mi-poissons. Si la chaire humaine n'était pas dégustée impunément, ce n'était pas le cas du poisson. Peut-être que, pour ces êtres, manger l'un était équivalent à manger l'autre. C'était, finalement, plutôt logique. Pour Phobos, les Mortels n'étaient guère plus que des crustacés dénués de cervelle. Trouvant cette justification satisfaisante, le génie se concentra à nouveau sur la scène qui se déroulait sous ses yeux.

L'ordre claqua : cette fois-ci, Phobos sentit sa magie s'éveiller presque d'elle-même. Le vœu énoncé pleinement, il était en mesure d'exhausser le souhait. C'était comme une seconde nature : il était voué à ses plier à ces demandes et, sans avoir à essayer de comprendre les non-dits, il faisait un travail bien plus efficace. Sa magie se mélangea à celle des autres Enfants de Pandore et, en un clignement de cils, Læn se retrouva face à la Sirène.  Qu'allaient-ils faire, désormais ? Le Sylphe était curieux.

« Es-tu déjà allé dans l'océan ? » demanda Nasloo. S'il avait été mortel, doté d'un corps matériel, Phobos aurait sans doute sursauté. Il n'en fit rien. Surpris, il se tourna face à la femme, un regard morne sur sa face factice. « Non. » Du moins, pas qu'il s'en souvienne. Sa mémoire était floue et bien que quelques bribes lui reviennent parfois, il n'était jamais certain de comprendre ce dont il était témoin dans ces flashs que son subconscient lui renvoyait par vagues capricieuses. « Tu devrais. C'est un lieu magnifique. Dans les abysses, le danger valse avec le merveilleux. » La génie semblait s'amuser de quelques scènes dont elle avait sans douté été témoin. Peut-être avait-elle causé quelques troubles dans les profondeurs, une contrepartie sanguinaire qui aurait mis en scène ces dangers qu'elle évoquait. La femme glissa un regard sur son protégé puis laissa échapper un soupir désabusé. « Quoi que. Avec ton incapacité émotionnelle, tu resterais sans doute de marbre face à ces trésors. » Elle secoua la tête, comme pour recentrer ses pensées sur le duo d'Ondins qui valsaient pour leurs plaisirs. « Les poissons se mangent entre eux. » souligna soudainement Phobos : cette histoire le dérangeait peut-être plus qu'il ne le réalisait. « Il est commun qu'une espèce prédatrice s'en prenne à une autre. » se souvint-il vaguement. « Lana et Læn ne sont pas de la même espèce. » Oui, c'était sans doute cela. Tranquillisé par le silence de sa mentor, qu'il prenait pour une approbation, le génie observa de nouveau les adolescents s'extasier dans leurs désirs sensuels.
771 mots.


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Stanislav Dementiæ
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Sam 17 Avr 2021, 14:58


Image par  Deo I.
Neru
Oriane & Nostradamus


Nostradamus continuait à flâner autour de sa Maîtresse d'un pas lent, laissant les pétales de rose effleurer sa silhouette ici où là, dans le simple but d'éveiller son péché en stimulant des parties sensibles de son anatomie. Il se montrait doux, pour l'instant. Il prenait son rôle très à cœur et il n'était, pour une fois, pas pris de cette envie malsaine d'assouvir ses simples besoins sans se soucier de ceux de sa partenaire. Au contraire. Il voulait qu'elle change d'avis et qu'elle lui accorde sa confiance, qu'elle s'abandonne dans ses bras, qu'elle prenne plaisir sous ses caresses et ses attentions. Il n'était là que pour la contenter. Il en retirerait un plaisir tout aussi grisant, même s'il n'était pas habitué à ce comportement.

« Je le ferai, si c'est ce que vous m'ordonnez. » promit l'Orine lorsque Oriane énonça la possibilité de retirer le bandeau qui maintenait encore l'anonymat. De nouveau dans son dos, il se plaça derrière elle, tout proche pour qu'elle puisse deviner sa présence, sans la toucher pour autant. « Mais cela rendrait la situation beaucoup moins amusante... » murmura-t-il, son souffle venant chatouiller l'oreille de la Déchue. L'envie de prendre son lobe entre ses lèvres et de jouer avec traversa l'esprit de l'homme mais il se retint, se reculant pour ne pas céder à la tentation. Il repris ses caresses avec la rose, suivant cette fois-ci les lignes des cordages qu'il avait noué autour de la silhouette. Il contourna la pendue pour lui faire face. Ses yeux sombres dévalaient ses courbes avec un intérêt évident. Il admirait sa beauté. Se refuser d'y toucher était presque une torture, pour lui, mais il savait que la patience ne rendrait la réunion de leurs peaux que plus délicieuse.

Nostradamus laissa un rire léger lui échapper suite à la remarque sur le félin. Son sourire se prolongea lorsqu'elle lui reprocha à demi-mot de l'avoir dénudé sans obtenir son accord au préalable. L'air effronté de la rousse ne fit que raviver ses envies. « Vous n'avez pas à être embarrassée devant moi. » Elle ne l'était pas. Lui non plus. Le rêve effacerait toute gêne entre eux deux car c'était ainsi qu'il fantasmait la situation. « Et puis, je sais ce que vous aimez, je sens ce qui vous fait envie, ce dont vous avez besoin pour vous épanouir... » C'était inné. A peine désirait-elle quelque chose qu'il l'effectuait, poussé par le lien qui les unissait désormais - ou, plus véritablement, par les génies qui tiraient les ficelles de leur songe, lui relayant les souhaits inavoués de sa conquête. « Et pour vous répondre... » L'Orine réinstaura une proximité intime, s'autorisant cette fois à jouer avec l'une des mèches de cheveux flamboyants, parcourant ensuite l'arrête de la mâchoire de son modèle pour passer son index sous son menton. Même sans voir ses yeux, il devinait son regard provocateur. Il se mordit les lèvres. « Je m'appelle Nostradamus. » répondit-il enfin, comme s'il dévoilait un lourd secret.

Les roses dans ses mains changèrent, sans qu'il n'ai besoin de le demander. Cette fois-ci, elles furent remplacées par des fleurs de plus petites tailles, de couleur mauve. L'ancien sorcier n'avait pas la moindre idée de ce l'espèce mais il était certain d'une chose : leur contact provoquerait des baisers sur la peau, des caresses sensuelles, les délices du corps. L'épiderme d'Oriane se retrouverait assaillit, saturé, presque ; comme s'il avait été en mesure de contrôler les sensations de sa camarade de jeu, à la façon des Ailes Noires. Nostradamus passa le bouquet dans le cou de l'effrontée. « N'oubliez pas. Si vous voulez cesser notre jeu, il vous suffit de le dire, et je m'arrêterai. » rassura l'homme, sans savoir pourquoi, exactement. Peut-être était-ce à cause de cette symbiose qui les unissait désormais. Il avait ressentit que ces paroles étaient nécessaires pour apaiser sa partenaire, pour la détendre. Une fois qu'il la sentit plus à l'aise, peut-être plus proche à lui accorder sa confiance, il descendit les fleurs vers sa poitrine, puis sur son ventre. Il continua ainsi plusieurs minutes, s'attardant sur les zones érogènes, restant attentifs aux signaux que lui renvoyait la Déchue. Finalement, lorsque l'envie d'épouser ses formes se fit trop virulente, il s'approcha de la Luxurieuse, ses mains vides se posant sagement sur ses hanches, seul contact qu'il s'autorisa. « M'autorisez-vous à vous embrasser, Oriane ? » demanda-t-il. Il avait retenu la leçon. Mieux valait demander avant de trop prendre les devants. Sa voix trahissait pourtant distinctement l'envie qui l'avait envahie.

Post II:



Merci Kyky  nastae
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Sam 17 Avr 2021, 20:18


Image par Anato Finnstark.
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Kitoe & Nostradamus


Le chasseur s'accroupit face à la jeune femme qui venait de dévaler les escaliers et de s'écraser sur le plancher poussiéreux. Avec des gestes précis et dénués de douceur, il s'empara de son visage pour mieux l'examiner. Ses joues ruisselaient de ruisseaux salés, sa mine rongée par le torrent d'émotions qui se vrillaient en elle. L'homme l'observa un instant avant de soupirer. Non, ce n'était pas Ida qu'il avait cherché désespérément. Déçu, il la libéra de son emprise. Au moins, elle était jolie. Les jolies filles lui ouvraient toujours l'appétit - parfois, de plusieurs manières possibles. Il se redressa pour observer avec un plaisir malin sa partenaire de jeu descendre les escaliers avec une prestance noble qui lui arracha un sourire. Silencieux, il lui tendit une main pour l'aider à descendre les dernières marches. Tout comme elle, il observa leur proie se démener pour essayer d'atteindre la porte d'entrée qu'ils avaient laissé ouverte. Il ne se lassait pas de ce spectacle : celui des insectes misérables essayant de ramper lamentablement vers un échappatoire fictif, alors que leur destin était déjà scellé, pris entre ses griffes. C'était aussi pathétique qu'amusant. Parfois, quelques effrontés se révélaient plus combatifs qu'escomptés. L'homme prenait alors un malin plaisir à réduire leurs espoirs à un vulgaire tas de poussière. Cette fois-ci, cependant, il laissa cet honneur à la Vile, dont il salua le travail d'un sourire complice.

« Mmh, il vaut mieux terminer la chasse avant de se mettre à table... » répondit Nostradamus lorsque Kitoe le questionna sur la marche à suivre. Se remettre à l'exercice après avoir savouré un bon dîner signifiait risquer de le gâcher, et ce n'était pas quelque chose qu'il tolérait. Bien que cela puisse paraître étrange et totalement inapproprié, le mage noir estimait posséder un certain respect pour la nourriture qu'il cuisinait. La ruiner ne lui procurait aucune satisfaction. « Cependant, il faut trouver un moyen de s'assurer qu'elle ne cherche pas à s'échapper lorsque nous aurons le dos tourné. » souligna-t-il, croisant les mains dans son dos. « Très intéressant... » commenta-t-il suite à la remarque de la brune sur la loyauté qui unissait les deux fuyards. « Merci bien... » dit-il poliment après que la démone lui ait proposé son aide. Il appréciait de plus en plus cette collaboration.

« J'ai peut-être une idée, pour retrouver Enrik. » informa soudainement l'Apôtre obscur. « Je vais avoir besoin d'elle. » Il se plaça aux côtés des deux jeunes femmes et, après avoir reçu l'autorisation de sa partenaire, il s'empara de leur victime, la tenant fermement par la nuque et le poignet. Le sorcier se dirigea ensuite dehors, en pleine ruelle, où il força Ida à s'agenouiller - la pauvre femme essayait de se débattre, luttant farouchement pour retrouver sa liberté ; une cause honorable mais vaine. Sans lâcher sa prise sur la gorge étranglée, Nostradamus se pencha à l'oreille de la condamnée. « Surtout, ne vous retenez pas... Crier attennu la douleur. » Pas vraiment. Mais les hurlements avaient le don de l'exciter. Sans plus de cérémonie, le mage des ténèbres usa de sa valse destructrice pour ronger la chaire des chevilles : les plaintes de la mutilée fusèrent, faisant vibrer de contentement son bourreau. Une fois son travail terminé, il la relâcha : avec des jambes dans cet état, elle n'irait nulle part. Enfin, il se tourna vers les bâtiments qui les entouraient. Ils semblaient tous vides, désertés. Pourtant, si Kitoe avait raison, leur prochain plat de résistance ne se trouvait pas loin. Sans doute les observaient-il. Les cris de sa dulcinée lui étaient sans aucun doute parvenus : raison de plus pour s'attendre à ce qu'il accourt jusqu'à eux. « Alors, Enrik ! » hurla le Dementiae en levant les bras à hauteur de ses épaules. « Je sais que tu es là ! Qu'attends-tu pour venir libérer ta chère et tendre ? » Un rictus se dessina sur ses lèvres. « Je continuerai jusqu'à ce que tu te montres ! » prévint-il. Il patienta une seconde, laissant une chance au malheureux de se rendre de son plein gré - bien qu'il eu été déçu si cela avait été le cas. Il préférait s'amuser un peu avec sa proie, avant cela. Certains diraient qu'il n'était pas poli de jouer avec la nourriture. C'était vrai mais il ne pouvait s'en empêcher. Alors, lorsqu'il constata l'absence de réaction du garçon, l'homme retourna vers la mutilée. Il s'empara de sa main et y déposa un baiser : dès que ses lèvres entrèrent en contact avec la peau laiteuse, les cris retentirent de nouveau.



Nostradamus appliqua la serviette sur sa bouche pour effacer toute trace du repas qu'il venait de déguster avec appétit. Il releva ensuite la tête vers la démone, à l'autre bout de la table. « Vous êtes une véritable cheffe. » complimenta-t-il. « Tu as su assaisonner les plats à la perfection. Mes papilles en frémissent encore. » il esquissa un sourire carnassier. « J'ai hâte de pouvoir remanger à ta table. » dit-il en levant son verre en son honneur, avant de boire une gorgée de vin. Il porta ensuite son regard sur ce qui les entourait : la maison délabrée avait soudainement retrouvé un confort agréable ; la poussière avait disparu, le mobilier avait été restauré et amélioré, même leurs tenues étaient à présent adéquates pour une soirée passée en aussi bonne compagnie. « Je ne serais pas non plus contre une autre chasse... Je pense que nous formons une bonne équipe, tous les deux. »

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Merci Kyky  nastae
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Latone
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Latone
Dim 18 Avr 2021, 17:29



Ægeri
Latone & Priam



Une fois, elle repensa à cet Ange. La manière dont s'était terminé ce dîner s'avérait déplorable. Sous son regard azuré, son voisin de table valsait parmi les émotions les plus puissantes, celles qui échappaient de moins en moins à la sensibilité de Latone. Embarras, doute, effroi, capitulation. Ce qui animait l'Ange vis-à-vis de la Réprouvée, Latone le percevait et le comprenait que peu. Il s'était évanoui, frappé par le fracas d'Ezechyel sur sa compagne. Était-ce une réaction "humaine" ? Était-ce ainsi qu'elle aurait dû réagir, lorsqu'elle assista à la détresse de Miles dans les plaines du Voile ? Malgré son état d'antan, elle-même s'était inquiété et avait chanté pour lui, afin de lui faire recouvrer à la fois des forces et l'espoir. C'était ainsi, à Ciel-Ouvert, qu'on guérissait l'esprit lorsque le corps recouvrait son énergie. Si l'occasion lui avait été donnée lors de cette infernale réception, sans doute que Latone aurait chanté pour Priam.

Ce souvenir s'entremêla à la réalité onirique, tordis entre des mains maîtresses. Tout comme pour les vibrations de son Divin, Latone se laissait transporter par la musique pour taper du pied sur une nouvelle piste. Son soulier s'enfonça dans la terre meuble, pile au moment où les fragrances florales vinrent à sa rencontre. D'instinct, son enveloppe charnelle se détendit autant que sa longue robe, simple et coquette, se laissait caresser par le courant céleste. Sa main ne retenait que difficilement ses mèches, en grande partie envahies de multitudes petites fleurs aux pétales discrètes ; parfois, celles-ci changeaient de teintes. Sous cet angle, elle était le parfait modèle d'une citadine fascinée par la beauté bucolique. Elle l'était, n'ayant connu que les tumultes de Ciel-Ouvert et les affres de Linos. Bouton d'Or lui plaisait. L'horticultrice s'imaginait déjà s'emparer d'une bonne parcelle pour y faire un plus grand jardin encore, voire un champ. Elle ne s'était déplacée que dans le but de rejoindre le Belegad, et la voici déjà prisonnière d'une plus grande euphorie.

Son visage – vierge d'artifice – fit face à l'objet de son voyage. Ses iris reflétaient en tout temps une furie canalisée, tel un démon intérieur. Pourtant, son sourire radieux éclaircissait le portrait et fit écho à cet amour qu'elle éprouvait pour les fleurs. Une seconde de liberté de plus et ses narines demeureraient collées aux étamines de la clématite. Tout comme dans ses souvenirs, Priam était impressionnant. Confrontée à lui, elle se sentait petite, alors qu'elle le dépassait de quelques centimètres. Si négligeables. Naturellement, ses pulsions l'auraient poussée à lui chercher des noises, juste par curiosité et comparaisons. Mais pas ici, pas maintenant. Au lieu de laisser la hargne explosive se faire trop empressante, Latone esquissa quelques pas légers en sa direction, ses mains jointes aux hanses d'un sac en tissu.


" Bonjour, Priam. Fit-elle écho en arrivant à sa hauteur. Ses paupières se plissèrent sous la malice de l'Ange. Moi seule décidera de ma mort, et ce ne sera pas un Sorcier qui me l'apportera, crois-moi. Ironisa-t-elle avec un sourire semi-carnassier. Ravie que tu ais survécu à ce foutu dîner. " En partant, elle l'avait laissé évanoui sur son siège.

Lorsque la suite des retrouvailles prit forme entre ses doigts, les iris céruléens et disparates de l'Orisha voguèrent au gré des lignes. Ici, lire et décrypter lui semblaient bien plus fluides et instinctifs que dans la réalité. C'était un obstacle qui n'avait pas lieu d'être en ce moment précis. Sans un mot, le regard qu'elle échangeât avec lui illustra son consentement. Un rire fugace lui avait échappé à la mention du dessert. Juste parfait. Entraîné par le Belegad, la Kirzor prit place sous l'abri et laissa, cette fois, une hilarité bien audible sur son sillage.


" Dommage, ça aurait été presque amusant ! L'idée de tabasser du mage la ravissait, mais d'un autre côté, cette quiétude et ce cadre lui convenaient tout autant. À ce propos… Latone se pencha pour extirper une bouteille en verre du fameux paquetage. Je te présente le sang de nos ennemis : le Sang-rcier, tadam ! Théâtrale, elle exhiba ce vin rosé, aromatisé en grande partie par de la fraise et une subtile touche de poire. Dis-moi s'il te plait, c'est une boisson plutôt populaire par chez moi. " Sans plus attendre, elle éradiqua le vide de leurs verres.

Priam dirigeait cette entrevue mais rien ne lui interdisait d'y apporter sa touche. C'était leur moment à tous les deux. Ce bref instant de paix où ils pouvaient porter un toast à eux deux et profiter de la vie, sans représailles, sans conséquence néfaste. Les lèvres imbibées par le vin, ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de la silhouette angélique, ses tympans captaient le moindre mot et le son le plus insignifiant de sa personne. L'Orisha n'avait jamais vu d'Ange auparavant, même si elle comprenait via ce décor que Priam partageait des racines avec les Réprouvés. Le monde en dehors du Voile Blanc lui paraissait trop grand ; tant de détails et d'histoires l'attendaient encore. Et sans support, comment l'inspiration lui viendra ? Comment une chanson pouvait naître sans souvenirs variées ? Latone adorait Bouton d'Or et adorait Priam Belegad.

Premier tchin, première gorgée entamée, il ne restait aux convives plus qu'à attaquer. Ses papilles émoustillées, la Marcheuse ne se fit pas prier longtemps pour goûter à l'entrée. Un murmure jouissif répondit aux saveurs nouvelles. Si jeune, la femme aux cheveux bleus ne connaissait point ces variétés de légumes, étant originaire de contrées plus froides et de plus haute altitude. Bien sûr, l'importation de marchandises diversifiait la gastronomie de Ciel-Ouvert, mais venir goûter à la source lui semblait bien plus important. Elle n'était pas déçue.


" Pourquoi m'avoir invitée, moi ? La question était tout à fait neutre d'émotions ; ni trop touchée, ni trop incommodée. Savoir tout sur tout, c'était ce qu'il lui comptait. Oh, je peux te dire pourquoi j'ai accepté. Un silence anéanti par d'autres bouchées de crudités et une œillade quasi-fuyante. Car je voulais te revoir. Tout simplement. "

Sa parole était sincère et en phase avec son état d'esprit. Car découvrir un monde signifiait aussi rencontrer des personnes, apprendre à les connaître et à se positionner par rapport à eux. En l'occurrence, Priam était sa porte d'entrée vers les jours radieux de Bouton d'Or. Son appétit était vorace, l'entrée réduite en bouillie dans son estomac. On ne la fit pas attendre pour enchaîner avec les fameux cubes de viande, éparpillés dans une avalanche de nouveaux légumes. Cette fois, la première bouchée pour Latone fut bien plus significative. Ses pommettes rougirent, ses paupières se refermeraient presque pour profiter d'autant plus des saveurs. Vous savez, ce genre de moment où un sublime plat est apprécié à sa juste valeur, où la tête bascule comme pour se convaincre du contraire, où le regard cherche à comprendre ce qu'on vient de s'infliger, où la main s'agite pour compenser l'extase buccale, où on entend bien qu'on a aimé. Latone en pleurerait presque, tellement le goût attaquait ses sens avec vivacité.

" Je vais finir par te bouffer tellement tu es bon. Cuisinier, ce qu'elle voulait dire. Fidèle à elle-même, cette sulfureuse déclaration fut accompagnée par un poing sur la table. Cette brutalité fit tomber ses couverts par terre. Ah merde ! Elle les chercha sous la table mais ne trouva rien de rien. Hum hum… Ce moment commençait à la gêner et la frustrer à la fois. Alors que Priam comptait lui venir en aide, Latone se redressa aussitôt sur son siège pour l'arrêter. Non non, ne t'embête pas, reste à table ! Puisqu'il était hors de question qu'il s'éloignât d'elle, une improvisation remonta jusqu'entre ses deux oreilles. Je sais, voilà une idée : tu n'as qu'à me donner la becquée. Déclara-t-elle, sourire à pleine dents, sa tête entre ses deux mains et ses coudes sur la table. Alors ? J'attends ! Aaaah… " Sa bouche s'ouvrit suffisamment pour accueillir la tant attendue bouchée. Par instinct, ses yeux se refermèrent, comme pour apprécier d'autant plus ce passage comique.


1414 mots ~



By Jil ♪
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