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 [RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue

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Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
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Astriid
Lun 22 Mar 2021, 21:42

[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 6 Lbhf
Geminae
Isahya & Dorian




Mes doigts pianotaient la longue table en noyer laqué. J'étais assis de manière à regarder le plafond tandis qu'un imbécile dont j'avais oublié le nom tentait vainement d'expliquer les raisons de son incompétence. Un air ennuyé se peignait sur mon visage et j'exhalais un soupir bruyant. La voix de l'homme mourut avant de s'éteindre complètement quand je posais mes prunelles rougeoyantes sur lui. Je laissais le silence s'installer, pesant et inconfortable. Il s'agita sur son siège, mal à l'aise, fuyant mon regard. Vermine inutile. Perte de temps. Je sentais le sang pulser en moi, acide et avide de s'abattre sur ce moins-que-rien pour le déchiqueter. «Donc tu es revenu les mains vides.» Marmonnais-je à voix basse, les yeux mi-clos comme si j'étais sur le point de m'endormir au beau milieu de ma phrase. «Eh bien, elle nous a glissé entre les doigts et a tué les autres. J'ai réussi à me télép-» Je le coupais, souriant comme pour le rassurer. «Non ce n'était pas une question... euh Jean.» Il ne s'appelait pas ainsi mais il ne souffla mot et ses yeux s'écarquillèrent. Je posais les paumes à plat sur la table et me levais soudainement, le faisant sursauter. «Tu peux partir.» Je quittais la salle sans prendre la peine de le regarder, Maya sur mes talons, une de mes Créations. Une fois au pied de l'escalier, je me tournais vers elle. «Tue-le.» Il ne serait qu'une disparition de plus dans la contrée sauvage de Fjörd. Son visage ne laissa transparaître aucune émotion, aucune surprise, rien de plus ou de moins que l'acceptation de mon ordre. Elle se contenta de répondre. «Dois-je aussi m'occuper de la Sorcière ?» Je l'évaluais du regard, réfléchissant. Il était vrai qu'elle était bien plus efficace que cet incapable de Démon pas foutu d'honorer les termes de son contrat. Il aurait mieux valu qu'il crève aux mains d'Isahya plutôt que revenir me voir. La finalité était la même mais c'était à moi de faire le ménage, ce qui me crispait d'autant plus. «Non.» La Leone était fourbe, je la sous-estimais de toute évidence et je ne voulais pas risquer la vie d'un de mes Enfants à cause d'un mauvais calcul. Je ne ferai plus cette erreur. Maya acquiesça sans discuter et disparut.
Assis au bord du massif lit à baldaquin, je promenais mon regard sur ma chambre. C'était une vaste pièce rectangulaire, elle était sobre, sans la moindre décoration pour l'habiller. Vide, nue et dépourvue de vie, elle éveillait un écho dans le trou béant qui saignait en moi. Il n'y avait que le minimum et le tout était d'une qualité discutable. Le luxe ne m'intéressait pas. Prouver mon statut par des meubles outrageusement ouvragés, par des peintures ou des bibelots en métal précieux, tout cela me paraissait futile, stérile. Ce que je voulais allait au delà de ce que je pouvais posséder, les biens matériels ne suffiraient pas à m'apporter la paix. Soudain las, je massais mes tempes, les coudes sur les cuisses. Derrière mes paupières closes, les syllabes qui me hantaient dansaient avec l'insolence des prunelles mauves de la Sorcière. Je grognais, la colère que je contenais jusqu'alors s'amplifiant dans ma poitrine.
«I» Saboter son mariage avait été d'une simplicité enfantine, elle ne s'y attendait pas, pensant certainement que je n'y prêterais pas attention, que ce n'était pas important, qu'elle pouvait s'enfoncer dans l'illusion qu'elle partagerait sa vie avec un autre, comme si je n'existais pas, comme si elle pouvait ignorer mon existence. Un rictus déforma mon visage.
«SA» Je me laissais tomber en arrière sans prendre la peine d'enlever mes lunettes, mes bras mollement étalés en large. L'ire qui me consumait était dressée contre moi. Je m'étais montré trop confiant et avait cru qu'elle se laisserait prendre facilement. Avoir fomenté l'assassinat de son fiancé avait des conséquences que je n'avais pas pris en compte, comme un débutant qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Je m'étais montré trop empressé, impatient de la voir à mes pieds, brisée et implorant ma miséricorde. Je n'étais qu'un crétin qui se laissait dominer par une illusion.
«HYA» Le murmure de son nom brisa le silence, écho de mon obsession. Comment m'en débarrasser ? J'avais pensé que la capturer pour la tuer moi-même serait suffisant pour éradiquer ce poison de mes veines. Devais-je me mouiller pour la coincer si faire appel à d'autres n'était pas concluant ? Ce serait un aveu ostensible de l'intérêt que je portais à la Sorcière. Les autres Enfants de la Nuit ne comprendraient pas, ils chercheraient à tirer avantage de ma faiblesse pour me repousser au bas de l'échelle. Seule ma descendance en avait conscience et ils ne me trahiraient pas. Et le Démon qui aurait pu en parler était sûrement mort à l'heure qu'il est.
Trop préoccupé pour m'abandonner au sommeil, je me redressais en ronchonnant. Un bref éclat attira mon regard et je me levais. À mon passage, les voilages gris perle caressèrent mes jambes en flottant dans la brise nocturne. Je laissais toujours ouvertes les portes-fenêtres donnant sur le balcon. J'aimais que le vent mordant de Fjörd balaye la pièce et amène jusqu'à mes oreilles les bruits de la faune. Un miroir était suspendu au mur. Je fronçais les sourcils avant de me promettre de faire regretter son geste au petit plaisantin qui avait cru se sentir drôle en installant ça ici. J'allais m'en détourner quand une silhouette s'y dessina à ma grande surprise. J'avais perdu l'espoir de retrouver un reflet tout comme j'avais abandonné mon humanité pour vivre cette vie plus morte que vivante. L'ombre gagna en netteté et je plissais les yeux, reconnaissant des courbes féminines, de longues mèches sombres encadrant un visage diaphane. Je croisais le regard lavande sur la surface lisse et ma mâchoire se crispa. Je fis volte-face. Elle se dressait devant moi et je résistais à l'envie de reculer. J'étais comme cloué au sol par sa présence. Finalement, un sourire froissa les commissures de mes lèvres, chassant le tic nerveux qui s'y était installé. «Tu me facilite la tâche, c'est gentil.»


Message I | 1099 mots


[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 6 Aoyv
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Mar 23 Mar 2021, 07:49



Aegeri
Isahya & Aariel

Thème.

Confortablement installée dans une chaise à bascule, la jeune femme profitait de la douceur de la saison. La brise effleurait son visage, faisant voleter quelques mèches rebelles. Dans son sillage matinal, elle apportait le parfum des fleurs. D’un rose paisible, les bosquets s’étalaient sur le terrain, plongeant leurs racines dans la terre pour puiser l’eau, qu’un peu plus en avant, une mare leur offrait généreusement. Sorti de son nid de roseaux, un oiseau barbotait à la surface, à demi endormi. Tout dans la tranquillité du jardin invitait à la détente. Cependant, loin de céder à la tentation de se prélasser mollement, elle travaillait. Le front plissé par la concentration, elle parcourait les copies de ses élèves, un crayon entre les lèvres. Parfois, elle s’arrêtait sur une incohérence ou une maladresse, et, de quelques notes bienveillantes, elle signalait l’erreur. Sitôt qu’elle en dénichait une, elle la renseignait méticuleusement dans un petit carnet de cuir. Cela l’aidait à préparer ses cours, et, lorsque le même problème revenait s’y inscrire, elle s’apercevait de l’obscurité de ses explications. Elle croyait ne pas être une mauvaise enseignante _ ou du moins, elle tâchait de tout son cœur d’aider ses pupilles à développer leurs pensées, et de leur montrer qu’au-delà du sujet, c’était l’apprentissage qui comptait. De bien des manières, l’éducation pouvait éveiller des êtres. L’école lui avait permis d’entrevoir un avenir différent, et au mépris de toutes les attentes, elle avait choisi elle-même son destin, et, motivée par la reconnaissance, elle espérait pouvoir transmettre une étincelle de cette flamme qui l’avait embrasée.

Des coups contre le bois tirèrent la Sorcière de ses corrections. Abandonnant ses cahiers, elle traversa le salon. Guillerette, elle posa la main sur la poignée. Ce ne pouvait être que la livraison qu’elle attendait. Ses amis savaient qu’il ne fallait pas la déranger pendant ses jours de repos ; elle n’en avait d’ailleurs pas beaucoup. « Bonjour ! » Le battant s’était ouvert sur un homme qui tenait davantage du banquier que du livreur. Sans la sucette qu’il avait dans la bouche, elle l’aurait sans doute pris pour l’un de ces agaçants vendeurs au porte-à-porte. Un peu étonnée, elle acquiesça. « Oui, c’est bien moi. » Manifestement penaud d’avoir été pris sur le fait, l’inconnu paraissait ne plus savoir quoi dire. Amusée par la situation, Isahya s’essaya maladroitement à l’humour. En dehors de ses élèves, les relations sociales n’étaient franchement pas son point fort. « Toutes, sauf une. » Sa remarque, accompagnée d’un sourire discret, provoqua toutefois chez son interlocuteur une réaction disproportionnée. « Ne prenez pas cet air catastrophé, vous allez me rendre triste. Il y a bien assez là-dedans pour que vous en preniez un ou deux. » En toute honnêteté, il aurait aussi bien pu en avoir dérobé une dizaine, qu’elle ne se serait aperçue de rien. Cependant, devant son insistance, une idée germa dans son esprit. « Si vous y tenez tant… Vous pourriez rester un moment avec moi, et partager quelques sucreries ? Je n’ai pas souvent de visiteurs, et je crains d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre. » Il faudrait des mois pour venir à bout de la commande.

D’un clin d’œil qui se voulait amical, la propriétaire des lieux lui assura sa complicité. Le dénoncer à la compagnie ne présentait pas le moindre intérêt. Seuls les avares demandaient réparation pour le vol d’un disque de sucre rouge. « Disons que ce sera notre petit secret. » Tranquillement, elle guida son invité en direction du jardin, sans prêter attention aux objets qui traînaient un peu partout dans le salon _ garder une maison en ordre n’avait jamais été important à ses yeux _, et lui proposa de s’installer en face d’elle. « Vous êtes livreur depuis longtemps ? Je ne vous ai jamais vu en ville. Est-ce que ça vous plaît ? » Joyeuse comme une petite fille recevant des présents pour son anniversaire, elle plongea la main dans le sac le plus proche d’elle. Un froissement se fit entendre. Elle avait trouvé ce qu’elle cherchait. « Vous goûtez souvent les colis de vos clients ? Vous avez de la chance d’être tombé sur moi. D’autres n’auraient pas apprécié. » S’il s’agissait d’un novice dans son domaine, mieux valait qu’elle le prévînt de la médiocrité d’esprit de certains individus. Les fous ne manquaient pas, hélas. Passant du coq à l’âne, elle fit apparaître une théière fumante sur la table basse. « Vous voulez un peu de thé ? Ma mère disait toujours qu’une boisson chaude ouvre l’appétit. » Avec l’expertise de l’habitude, elle remplit la porcelaine d’un liquide ambré, et la lui offrit. Son attention se reporta ensuite sur le sachet qu’elle avait récupéré. Des soucoupes multicolores y reposaient. Impatiente de sentir leur contenu acide se déverser sur sa langue, elle l’ouvrit sans attendre. « Oh ! Vous devriez essayer ceci. Au premier abord, le goût n’est pas au rendez-vous, mais vous pourriez être surpris. » Gaiement, elle lui tendit le paquet. Ses iris remontèrent jusqu’à son visage. Ses lèvres luisaient de sucre, comme une friandise nacrée. Un instant, elle s’imagina les croquer : elle se demanda quel goût sa bouche aurait alors. L'idée était amusante.

838 mots

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
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Latone
Mar 23 Mar 2021, 14:51



Neru
Léto & Miles


Baigné dans la fantaisie de son rêve, le blond ne s’attendit pas à l’assaut de sa belle. Preste et agile, cette dernière n’eut aucune difficulté à soumettre son homme. Ici, les instincts guerriers s’éteignaient, pour son plus grand malheur. Un sourire en coin et un regard qui voulait en dire long sur cette situation, Léto pouvait admirer dans toute sa splendeur Miles et ses muscles.

" Dégonfle donc ce biceps : je t’ai laissée gagner. " Déclara-t-il sur un ton parfaitement ironique. Ses yeux lui criaient que la prochaine fois, ça ne se passera pas comme ça.

Leur relation s’apparentait métaphoriquement à une balancelle, où on se dominait mutuellement pour se canaliser dans une puissante étreinte. Offerte à lui, cette vue totale en était une preuve concrète. À ses yeux, rien ne comptait autant qu’elle. Il pourrait juste passer son temps à la regarder, l’admirer, l’envier, la désirer. Simplement tout balayer et se contenter de cette inépuisable passion qu’ils se vouaient. Durant un moment, Léto se disait "à quoi bon lutter ?", alors qu’elle était si magnifique sur lui. Puis, ce ne serait guère raccord avec sa demande de tantôt. Un frisson parcourut son échine tandis qu’elle lui remémora leur lien définitif. Dans le monde des songes, le Temps se tordait de sorte qu’on se raccrochait à n’importe quel indice, de manière machinale. La conscience onirique était loin d’être acquis au commun des mortels. Mais oui, ils s’étaient mariés. Ils venaient même juste de se lier par le sang de la Colombe et du Corbeau, par leurs chairs mutuellement fusionnées, par la Passion, l’Amour, le Mariage. Oh, le Chaman pourrait se perdre dans ses yeux pour repasser en revue leur histoire, tant elle leur tenait à cœur.

Sa curiosité piquée à vif, l’insolent altéra ses ardeurs, un silence religieux chassant les traits de son sourire. La proximité avec ses lèvres n’aidèrent pas, heureusement que son sang froid fit le travail. Un secret… Ses mots sonnaient davantage comme une confession, un poids que semblait traîner sa femme depuis son départ, depuis que Léto s’était livré au labyrinthe en guise de repentance. Le mot "enfermer" s’avérait fort et sonnait d’une manière trop péjorative. Il lui évoquait les affres de sa relation d’antan, quand l’Alfar – dépassé par la force et la volonté du Sùlfr – ne parvint pas à la soumettre à ses lois, à ses désirs. Toutefois, Léto n’avait pas affaire à un tyran et manipulateur, mais à une femme douce et aimante. Il aurait voulu se redresser, la cueillir dans ses bras pour lui chuchoter que tout irait bien, qu’ils avaient fini par surmonter les pires scénarii et à se lier sous la bénédiction des Ætheri. Le mal de Miles se répercutait sur lui, amplement empathique vis-à-vis de son amour. Il n’était pas toujours bon d’être aussi sensible qu’un Orisha. Malgré tout, enhardie par la lubricité, le Chaman ne put chasser cette fugace pensée à son égard : elle était si mignonne quand elle hésitait, quand elle se mordait la lèvre par dépit. Plusieurs fois, le "pourquoi ?" martelait son esprit. D’ordinaire bavard, leur complicité mise à rude épreuve l’obligeait à laisser la Köerta tisser le fil de ses pensées. Comme si elle tressait directement ce morceau de ruban. Aux griffes de celle-ci, le Souriant se laissait guider par la Molosse. Tout entier pour elle.


" Je ne t’échapperai jamais, je… "

Elle en jouait, mais il en était tout autre pour lui. Qu’avait-il fait à plusieurs reprises ? Qu’avait-il fait sur l’Île Maudite ? Qu’avait-il fait à Avalon ? Qu’avait-il fait tant de fois, alors qu’il aurait pu se retourner vers son amour ? Pourquoi s’obligeait-il à réprimer cette culpabilité ? Pourquoi au final ? Car on lui avait arraché sa liberté, auparavant. La morsure du Serpent persistait en son être. Cette envie irrépressible de s’attacher à Miles venait autant de là qu’une simple lubie fantasmée. Ce serait comme se libérer par la soumission. C’était… si tentant.

" Il n’est pas trop tard. Sa résolution transparaissait aussi inflexible que tout à l’heure, alors que sa main alla chercher sa joue, l’autre caressant ses cheveux. Il ne le sera jamais avec toi. " Il acceptera toutes les attaches nécessaires pour consolider leur lien, car tel était sa souhait.

Tout comme il était temps pour lui de déclarer sa résolution, il était temps pour elle de réaffirmer son emprise sur ses sentiments. Docile comme un agneau, le titan observa sa belle lier ses poignets, le rouge vif lui rappelant cette attache gorgé de sang durant la cérémonie. Sa voix et son toucher éveillèrent d’autant plus ses pulsions, il s’y abandonnerait à chaque fois. Et cette fois, il n’aura même pas le choix. Cela lui paraissait si surnaturel qu’il n’en prît même pas conscience. Il accueillit son baiser avec avidité, y répondant avec autant d’ardeur que possible, tant qu’il était encore temps. Bientôt, les rubans l’empêcheront de faire quoi que ce soit, à part subir et exalter son plaisir. Elle le touchait avec divinité, des sensations dont personne ne serait capable de lui influer. Ainsi acculé, Léto ne pouvait que l’admirer œuvrer à leur but commun ; l’excitation sous ses bas n’en devenant que plus encombrante.


" Aärk ët juiki, öm juishi rässh shorkli. (Je t’aime, mon amour pour toujours.) "

Ses mains entravées cherchèrent à encadrer son visage, à la ramener à lui pour goûter encore plus ses lèvres et se noyer dans le vermillon de ses prunelles. Miles était pourtant si loin, hors de portée. Enfin, elle avait fini par évoquer cette distance aussi caustique qu’un poison. Elle lui manquait et il pensait à elle chaque jour. Chaque fois que son regard se posait sur leur fils, de plus en plus grand. Chaque fois qu’on mentionnait les Mior, liés à la Confrérie dont Miles faisait parti. Chaque fois qu’il se retrouvait seul dans sa chambre et que son lit lui paraissait si froid. L’amour était une addiction, et les Chamans les collectaient, ces dépendances… Pour lui, ce besoin d’aimer s’assouvissait qu’en présence de l’Orisha balafrée. À quoi bon se débattre ? À quoi bon se défaire de ces rubans dont elle le couvrait ? Durant un instant, Léto pourrait juste accepter qu’il fût sien. C’était son souhait. Toutefois, on ne domptait pas aussi facilement un taureau : ses poings se resserrèrent pour mettre à rude épreuve ses entraves, afin de repartir dans cette lutte qui mouvementait leurs nuits. C’était inutile, car plus sa frustration animait ses muscles, plus les attaches lui paraissaient trop solides. Je la veux, je la veux, je la veux. Le flux de ses pensées débordait telle une cascade, l’ocre et le rubis dégoulinaient de convoitise pour la Chasseuse.

Il cessa vraiment de lutter à partir du moment où les doigts agiles de sa femme s’attardèrent sur son pantalon. N’était-ce pas là un élément de réponse ? Patience et tu obtiendras ce que tu désireras ? N’était-ce pas juste… mieux ainsi ? Les attaches faisaient enfin effet. Il en était bien heureux. Léto retrouvait sa femme, aussi taquine et joueuse qu’à l’accoutumée. Il faisait pâle figure en une telle posture, néanmoins son sourire ravageur revint à la charge pour répondre à son manège. Collée à lui, il huma sa chevelure immaculée, son parfum l’enivrait. Son enveloppe se tendit sous les caresses. Affirmer qu’il ne partirait plus ne serait point suffisant. Il avait besoin de bien plus, et ce plus ne pouvait provenir que de l’Orisha. Il se mordit la lèvre, ses pommettes rougies par les caresses qu’elle lui prodiguait, par cette ascendance qui l’écrasait avec plaisir.


" Oui… Soupira-t-il, envahi par la sensuelle émotion. Le regard suppliant tenta de capter son attention, juste une seconde. Ne me laisse plus partir… " Ce serait son ultime ordre, car le marquage se faufilait jusqu’aux confins de son Âme, lacérant tout autre lien étranger.


1365 mots ~



By Jil ♪
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Mar 23 Mar 2021, 15:59


Image par Inconnu


Neru
Grendel et Aariel



« Je serai sage. » assura Aariel. Sa voix revêtait une certaine insolence. Il n’aurait jamais osé dans la réalité. Cependant, le Rêve ne lui donnait pas le choix. Son caractère était bien plus affirmé ici. S’ils n’étaient pas tous les trois en pleine représentation et si son rôle n’avait pas été celui du cobaye, il aurait sans doute essayé de reprendre le dessus. Il fallait néanmoins se méfier : sa faiblesse réelle n’en resterait pas une pour toujours. Il était impossible de savoir comment est-ce qu’il évoluerait, une fois qu’aucun lien ne l’enchaînerait plus. Dans ce Songe, il était physiquement retenu. Hors du Songe, il s’agissait d’autant de barrières physiques et mentales qu’il devrait mettre à mal. Ce jour viendrait, tôt ou tard. Il serait peut-être insolent, ce jour-là, lorsque sa Vertu principale cesserait de le tourmenter, lorsqu’il n’aurait plus envie de donner tout ce qu’il possédait et bien plus encore. En attendant, il voulait réellement effacer ce vilain sourire du visage du Grendel. Il voulait qu’elle lui sourît, pour de vrai, et voir son faciès revêtir le bonheur. Il ne pouvait nier l’attraction qu’elle exerçait sur lui, dans ce spectacle aigre-doux. Même s’il aurait préféré la voir épanouie dans le bien, il était aussi attiré par le mal, la noirceur et tout ce que la condition de la jeune femme supposait. Il ne la connaissait pas mais il avait une furieuse envie de la connaître. Au fur et à mesure que son propre corps se cambrait sous l’assaut des cordages, Aariel se sentait proche de l’artiste. En se donnant à elle, il avait l’impression d’exécuter sa mission, ce pour quoi il avait été construit. C’était bien plus que ça. Il n’en avait pas conscience mais, en s’abandonnant, c’était elle qu’il enchainait à lui, sous les conseils experts de la tierce partie. Ses muscles se contractaient sous la morsure des cordes, avant de se relâcher lorsque la brûlure disparaissait. Il lui envoyait régulièrement des coups d’œil, lorsqu’il le pouvait. Le Rasväar n’était pas sûr de vivre favorablement cette soumission. Il l’aimait et la détestait à la fois. Il n’avait aucune idée du peuple de Grendel. Incontestablement, elle était membre d’une race que sa propre engeance devrait aider, très vite. Les Faes n’étaient pas en position de forte depuis la fin de la Guerre des Dieux. Leur situation était plus favorable que celle des Anges mais elles subissaient une forme hideuse dès la naissance. Beaucoup se faisaient exécuter par la cruauté des hommes et des femmes, incapables de comprendre la différence et de lire entre les lignes d’un comportement que le rejet façonnait bien souvent. Mais, lui, il la voulait, cette femme. Et il désirait aussi tout lui donner : son esprit, son corps, la beauté de sa peau, sa santé, sa liberté.

Son positionnement lui donnait chaud. Son corps, mis à rude épreuve, transpirait légèrement. Le Rêve ne lui épargnait pas cette épreuve supplémentaire. Ses cheveux semblaient même se tremper sans aucune logique. Il sentait les mèches coller à son épiderme, chatouiller ses tempes et sa nuque. Les soupirs qui sortaient d’entre ses lèvres changeaient d’intensité, en fonction de la surprise, de la douleur ou de la douceur. La tête en bas, il devait résister à l’afflux sanguin. Il sentait son cœur battre à chaque endroit lié. Alors qu’il commençait à se sentir engourdi, la surprise du baiser n’en fut que plus brutale. Il l’apprécia, pourtant, sans considération pour ce qu’elle avait voulu lui faire comprendre.

Face au public fait de flammes, il ressentit une profonde tristesse. Dans ses prunelles se reflétait la valse du feu. C’était comme embraser son regard. Le spectacle n’était pourtant pas terminé. Il dut faire face à la transformation monstrueuse de sa tortionnaire. Il la fixa, de haut d’abord. Il était bien plus grand qu’elle. Cependant, dans ses yeux, il n’y avait aucun jugement, aucune animosité, aucune trace de rejet même. Il s’accroupit et avança ses doigts vers la peau durcie de Grendel. Il la caressa doucement et lui sourit. « J’aime bien les surprises. » Il n’en savait rien. Peut-être aimait-il cette surprise là en particulier ? Peut-être avait-il des goûts décalés ? Peut-être avait-il conscience, dans ce monde d’inconscience, que le rejet n’amenait que le rejet et la violence ? Il n’avait pas envie de lui faire du mal. Il avait envie de l’aimer, de lui donner l’attention qu’elle n’avait peut-être jamais reçue. Il ne la connaissait pas, en fait. Il voulait pourtant se rapprocher de cet être singulier. Aariel aimait tout le monde de façon inconditionnelle. Ses chances de survie étaient maigres. Il la fixa un instant puis avança ses lèvres pour l’embrasser une nouvelle fois. Ce n’était pas le style de baiser que l’on réserve à son amant, mais quelque chose de différent. Il l’aimait, simplement, pour ce qu’elle était. Il aimait tout. Effleurer ses lèvres, c’était une manière de lui dire qu’il ne serait jamais son ennemi, qu’il l’acceptait dans sa complétude.

823 mots

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
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Kitoe
Mer 24 Mar 2021, 20:26

Kitoe & Nostradamus
Geminae
-Reviens !

Son appel fut parfaitement inutile. Enrik avait détalé comme un lapin dès qu’il l’avait vue surgir d’entre deux maisons. Kitoe poussa un cri de rage. Pour ce qui était facilement la douzième fois déjà, il lui échappait alors qu’elle était sur le point de le rattraper. Ce petit jeu insolent était sur le point de venir à bout de la patience de la Démone. Si cela avait diverti tout le monde au début, c’était maintenant plus que lassant, et pourtant, le jeune homme s’entêtait. Il n’était pas drôle. Aucun fair play. Nul.

-Attends-moi !

En parvenant au bout d’une autre ruelle, elle aperçut son pied alors qu’il tournait à gauche. Elle ne perdit pas de temps et le poursuivit. Il était hors de question qu’il la sème. La Démone avait déjà perdu sa petite amie, Ida, car les deux avaient eu la brillante idée de se séparer pour lui donner encore plus de fil à retordre. En plus, ils allaient vraiment vite. C’était quand elle n’avait plus qu’à tendre le bras pour le happer qu’Enrik reprenait de la vitesse. Parfois, sans explication aucune, elle ressentait une sensation lourde dans ses jambes, comme si elle tentait de courir dans l’eau pendant quelques secondes. Heureusement, la sensation se dissipait rapidement et elle pouvait reprendre sa course. Kitoe mobilisait toutes ses forces. Jamais elle n’avait autant couru. Mais elle ne s’en épuisait jamais.

-Ida !

Elle croisa la blonde in extremis et changea sa trajectoire. Le tissu glissa sous ses doigts, qui se refermèrent sur le vide. La Vile poussa un juron, alors qu’elle essayait de ne pas se casser la gueule. Prenant tout à coup conscience des règles de base de sécurité, elle glissa le couteau, qu’elle tenait jusqu’ici dans sa main, dans le fourreau attaché à sa ceinture. Elle ne tenait pas à finir embrochée avant ses victimes. Kitoe reprit la course-poursuite de plus belle, tourna en rond, mais Ida avait déjà pris de la distance. Quant à Enrik, il était introuvable.

-Ha ha !

Elle freina, tentant tant bien que mal de faire machine arrière. Elle avait vu quelqu’un. Un homme. Et elle lui était passée devant comme une furie, si bien qu’elle ne l’avait même pas reconnu. En revenant sur ses pas, elle comprit qu’il ne s’agissait pas de ceux qu’elle cherchait. D’abord contrariée, son visage s’adoucit rapidement lorsqu’elle comprit enfin l’identité de la personne.

-Salut toi.

C’était Nostradamus. Kitoe ignorait ce qu’il faisait ici. Le village dans lequel ils se trouvaient était supposément vide. Du moins, d’après ce qu’elle savait. C’était comme ça, ça l’avait toujours été.

-Qu’est-ce que tu fais là ?

Elle s’approcha de lui. La Démone était très contente, mais aussi très tactile. Elle avait envie de l’enlacer, mais la peur de l’embarrasser la retenait. Ils ne se rendaient pas assez visite, ce qu'elle déplorait. Elle adorait les rares moments passés en compagnie de son semblable. C'était toujours amusant.

-J’essaie d’attraper deux personnes. Un couple ! Il y a Enrik, il est un peu plus petit que toi, il a des cheveux châtains et très courts. Et l’autre, c’est une blonde, Ida, et elle est plus grande que moi. Tu ne les aurais pas vus ? Il faut que je les rattrape avant qu’ils ne s’enfuient.

C’était important. Très. Son élevage – pardon, son auberge – aurait mauvaise réputation si l’on apprenait que ses bêtes – clients – s’étaient échappés de l’enclos – l’établissement. L’auberge en question était un peu excentrée du village fantôme, mais on y accédait assez facilement. Elle accueillait les voyageurs qui passaient par là. On qualifiait la Démone d’excellente cuisinière, et c’était la raison principale pour laquelle elle avait pas mal de clients. On avait envie de rester ici quelques jours juste pour les repas. C’était l’objectif. Faire rester les clients signifiait non pas argent, mais engraissement. Kitoe faisait en sorte qu’ils reculent en permanence leur date de départ, et s’ils partaient trop tôt, elle les laissait aller afin qu’ils répandent leurs bonnes critiques à son égard avant de revenir, quelques jours à quelques années plus tard, pour endosser le rôle des clients récurrents pouvant attester de la bienveillance de ces lieux. Quant aux autres, ceux qui souhaitaient partir à point, elle attendait qu’ils atteignent le village fantôme, pour simuler leur départ, avant de les séquestrer ou de les tuer sauvagement. Enrik et Ida avaient été malins et elle les avait manqués. Les erreurs arrivaient. Néanmoins, ne pas les réparer était impensable.

738 mots
J'ai oublié de préciser, mais dans ce rêve, Kitoe ne pourra pas changer de personnalité




Bijin
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Jeu 25 Mar 2021, 01:42

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Le vin d'ici vaut mieux que l'eau de là



Alors que nous étions juchés sur cette tour de marbre à l’abri des autres convives, mes mirettes se perdirent vers l’horizon, scrutant ce néant de rien, cette liberté qui m’échappait parfois. Qu’est-ce que je n’aurais pas fait pour le toucher du bout des doigts, cette chose que l’on appelait béatitude. Mon intérêt dévia de la rive de sorte à m’engager dans ce jeu simpliste. Guidé par rien d’autre que mon intuition, je l’emportais haut la main. Un coup de chance relativement banal qui me soutira tout de même un rire chaleureux. « Peut-être devrions-nous fixer le palier à cent points ? C’est un chiffre rond, qui plus est cela vous laisserait le temps de chercher une excuse honorable à la défaite. » Lui dis-je en lui échangeant un clin d’œil malicieux. Je me découvrais taquin, un brin provocateur. Joueur, beaucoup. Cette facette de ma personnalité me plaisait, car elle concordait parfaitement aux traits délicats de ma cavalière. Elle m’amusait beaucoup, et me touchait au moins tout autant. Remuant le verre vide entre mes doigts, celui-ci se remplit automatiquement d’une nouvelle louche. Qu’il est bon de profiter d’un jus aussi innocent sans jamais s’en lasser. Dès qu’elle recouvrait mes lèvres, sa pureté réparait les blessures de mon âme. Ce qu’elle répandait restait cependant moins exaltant que la conversation que nous tenions. Je me sentais à mon aise à ses côtés, sans chercher plus, sinon à la découvrir davantage.

Me plaçant sereinement sur l'infrastructure qui venait d’apparaitre, je me détendis avec une déconcertante facilité, une goulée de la boisson ruisselant dans ma gorge. Pas la moindre pointe de stress qui me contraignit à la réticence. Je lui livrais ma confiance sans implorer quoique ce soit en retour. Fermant les paupières afin de profiter pleinement du contact qu’elle établit sur ma peau, chaque centimètre carré de mes muscles me soulagea des pressions qu’elle exerça dessus. Une maitrise assidue me condamnant au désir le plus sordide. N’étant pas en mesure de les réprimer, de doux gémissements s’échappèrent de mes lippes. « Laissez-moi vous confier un avis purement subjectif ; votre doigté est sans égal. Si vous excellez de cette manière aux prises de votre instrument en bouche, je ne serais pas loin de vous trouver impertinente. » Rien de moins qu’une boutade à l’encontre de quelqu’un que j’estimais pour ses talents. Et pas que. Crispant mes doigts sur mes hanches, ses phalanges qui affluent dans le creux de mon échine me sont de plus en plus agréables. Mon visage se tord, non pas sous la douleur, mais de son exact contraire. « Mon genre ? Et bien… Je ne me suis jamais posé la question. En vous prenant pour exemple, vous pourriez être ma tasse de thé. Je pense, oui. » Cette question me prit de court. Appliquant mon index sous mon menton, elle méritait d’être étudiée. Mais pas maintenant. Là, tout de suite, une autre préoccupation me tenait à cœur.

Le capharnaüm qui suivit fut un peu oppressant. Il ne m’était pas inconnu, je l’entendais plus ou moins régulièrement lors de mes pérégrinations à l’étranger. Dans mon ignorance, j’en éprouvais pourtant la finalité. L’on m’avait brièvement expliqué la différence majeure qui jalonnait nos frontières touchant la verve érotique. « Qu’ils ont raison de s’exprimer. Ainsi ou autrement, qui sommes-nous pour leur porter un jugement ? Du moment qu’ils n’étouffent pas votre charmante voix, ils ne subiront guère mon aigreur. » S’ils aimaient à ce point les fessées, je pouvais les éconduire d’une bonne branlée et cela sans l’once d’une connotation sexuelle. « Et que dit mon cœur ? Que disent les battements du vôtre ? Je les perçois distinctement. Ils sont réguliers, vifs, intenses. Malgré cela, il m’est impossible de les interpréter. Apprenez-moi. » Qu’elle me pourfende de son savoir et je la matraquerais du mien. Je ne tolérerais pas l’abdication, elle en serait témoin. « Rétablissons l’ordre de notre relation. Faust. C’est le nom que j’abordais hier, aujourd’hui et un peu demain. Il signifie fortuné, mais j’ai bien peur d’avoir été dépossédé de son sens le plus ludique. La félicité est un concept éphémère. Je ne suis pas sûr de vouloir l’atteindre. » Je me soumets à la tentation, exigeant quant à l’attention qu’elle me porte. La courbe de ses hanches insuffle une volonté jusqu’ici étouffée qui intrigue mes sens les plus affinés, à laquelle une question se pend à mes lèvres.

Quel goût peut-elle bien avoir ? Sa peau est-elle plus suave que la délicatesse de mon rosé ? Ses cambrures plus sont-elles plus digestes que sa texture sirupeuse ? Je mourrais d’envie de la toucher du bout des ongles pour approfondir… mes connaissances. « Puisque tel est votre souhait. » Je joignis l’acte à la parole, mes doigts fuselés s’appuyant contre sa joue, mon pouce creusant un tant soit peu sa fossette. D’un geste dépourvu de violence, j’attirais son visage vers le mien. Ses cheveux et ses yeux étaient parme ; son front, élevé et florissant. Je l’étreignis subitement, mes narines captatives de l’essence de son parfum si particulier mélangé à l’odeur d’herbes, de savon et de lait tendre. Par précaution, je me retins d’enfouir mon nez dans sa crinière pour les respirer, par peur de me surprendre à apprécier cette même flagrance. Par curiosité, je l’embrassais ; le contact de ses lèvres encore imprégnées de magie me consuma. De là à dire que ça m’écœurait, certainement pas. Impulsé par ce début d’incendie, le visage en feu, je m’élançais à hauteur de sa gorge, mes canines se prolongeant avant de se planter dans sa chair. Des gouttes de sang perlant, mes yeux se convulsèrent devant l’euphorie essuyée. Un preux délice qui sapa ma soif. Du moins, pour le moment.



960 mots | Post IV
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Astriid
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Astriid
Jeu 25 Mar 2021, 13:15

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Neru
Èibhlin & Dorian




Je voyais l'indécision tourmenter ses pupilles, sa fierté révoltée. C'était amusant de la voir lutter farouchement contre elle-même. J'étais curieux de savoir si elle me repousserait, que ferais-je si c'était le cas ? Je n'eus pas le temps de creuser la question. La voix de sa conscience ne devait pas être assez convaincante car la blonde me fit me pencher pour négocier les termes d'un contrat invisible. J'aurais pu lui rire au nez et la forcer sur ses genoux pour lui apprendre que je pouvais faire d'elle ce que je voulais mais il y avait quelque chose dans son regard qui retint le sarcasme au bord de mes lèvres, une douceur inattendue qui me fit garder le silence. Son invitation me tentait. J'en étais le premier surpris mais ce monde ne voulait pas me laisser dans les faux semblants de ce que je croyais désirer. Il me mettait face à moi-même et j'étais frustré de voir que je pouvais vouloir quelque chose d'une femme qui m'écraserait sous son talon à la première opportunité. Invitait-elle le loup dans la bergerie ou dans un panier de crabes ? Je réalisais que peu m'importait, je prendrai le risque. Avec un sourire dénué de moquerie, je portais une de ses mains jusqu'à ma bouche pour l'effleurer d'un baiser. «Si c'est le prix pour notre chute dans la folie, alors je viendrai jusqu'à Drosera.» Si je devais brûler, je l'entraînerai dans les flammes avec moi. C'était un bon compromis. L'Alfar devait réaliser qu'en consentant, elle n'était pas plus saine d'esprit que moi. C'était admettre que je l'intéressais malgré le mépris que je lui inspirais. C'était accepter tout ce qui allait se passer maintenant et plus tard. Quelles en seraient les conséquences ? Je la soupçonnais d'aimer ça. Ce frisson de l'inconnu, le plaisir coupable de s'enfoncer sciemment dans les mauvais choix tout en ayant le sentiment que c'était la bonne chose à faire. Elle pouvait bien prétendre être mademoiselle parfaite, je découvrirais d'une manière ou d'une autre ses secrets les plus sordides, ses hontes et ses peurs.
J'enroulais le ruban autour de ses poignets, fasciné par le contraste entre la couleur d'encre profonde sur sa peau crème. J'avais la curieuse impression de m'enchaîner à elle par ce geste et je me projetais à sa place, imaginant ce qu'elle devait ressentir à ne plus avoir l'usage de ses mains face à un prédateur. Avait-elle peur ? Est-ce que ça l'excitait ? Ou bien me narguait-elle en me défiant d'être assez lâche pour profiter d'elle alors qu'elle était sans défenses, attendait-elle que je lui prouve qu'elle avait raison sur mon compte depuis le départ ? Ou bien pensait-elle que si les rôles étaient inversés, j'aurais peur d'elle ? J'étais curieux moi aussi. Une petite voix désagréable me souffla que j'apprécierais cette soumission, que je la désirais même et que cette intrigue n'avait que pour unique conclusion de finir par moi-même à ses pieds. Je chassais cette pensée dérangeante en fronçant les sourcils. Je laissais les problèmes du futur au moi du futur, seul maintenant avait de l'importance.
Gardant l'extrémité du lien dans une main comme une laisse, j'avançais sur Èibhlin pour la faire reculer à nouveau. Je plaçais ma main libre dans le creux de son dos pour l'empêcher de perdre l'équilibre et la garder près de moi, m'amusant de l'expression qui se peignit sur ses traits. «Quand je t'ai reconnue, j'ai tout de suite songé à me venger pour ce que tu as fait au Dîner. Tu ne m'avais pas laissé une bonne impression.» Lui confiais-je. Quand elle fut au fond du kiosque, le dos plaqué contre une colonne en bois ivoire ouvragée par des gravures de guirlandes fleuries et de ronces, je relevais ses bras au dessus de sa tête. Sa petite taille facilitait les choses et je suspendis le nœud à ses poignets à un crochet qui la forçait à se mettre sur la pointe des pieds si elle ne voulait pas que les liens se resserrent douloureusement sur ses articulations. «Je pourrais toujours le faire.» Poursuivis-je à voix basse, comme si j'énonçais mes réflexions à voix haute sans attendre de réponse de sa part. Je n'en voulais pas. Je voulais juste qu'elle se laisse faire. Un geste de sa part mal interprété et je risquais de perdre le contrôle. Son odeur fruitée et boisée envahissait mes narines et je mourrais d'envie d'enfoncer mes crocs pour découvrir son goût. Mais je résistais. Je ne voulais pas sombrer tout de suite dans mes penchants, ça aurait provoqué une nouvelle critique acerbe de sa part et je n'étais pas d'humeur à ça. Et je souhaitais que son opinion sur moi se modifie. J'étais un monstre oui, mais je voulais l'oublier, au moins pour le moment. J'avais tout le temps et la possibilité de changer d'avis par la suite, elle était à ma merci et je ne pouvais pas lutter contre ma nature très longtemps. À la place, je fis apparaître une large ceinture en soie vermeille. «Oui, je pourrais juste te punir en t'étranglant avec ça pour voir si tu fais toujours la maligne et pour te dissuader de recommencer.» Suggérais-je d'un ton léger comme si je lui proposais de prendre le thé. Je ricanais en enroulant la ceinture autour de mon poing. «Mais à la réflexion, je n'en ai pas envie.» Passant derrière le pilier en bois, je ceinturais sa taille et serrait un peu plus fort qu'il ne le fallait en joignant les deux extrémités en soie derrière le pilier pour plaquer son corps contre le bois. La position était sûrement inconfortable mais je voulais voir si elle serait trop orgueilleuse pour s'en plaindre. Je revins face à elle et croisait les bras sur mon torse, l'ombre d'un sourire en coin s'esquissant sur mes lèvres.

Message II | 1045 mots
Je crois bien qu'il va la croquer au prochain message (:5:)


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Latone
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Latone
Dim 28 Mar 2021, 18:09



Neru
Latone & Miles


La Voix mélodieuse la berça, influant presque la balançoire à suivre le rythme des cordes de Senere. Mais ce qui prédomina en ses tympans fut celle de son bienfaiteur, à ses côtés. Latone testa à plusieurs reprises la solidité des liens, ses poignes entravées ne réussirent pas à se soustraire à son emprise. Tant mieux, car elle ne désirait pour rien au monde s'éloigner.

" Mon temps est révolu. Jamais je n'atteindrai un tel niveau… " Car si Latone avait confiance en toutes ses capacités, celle d'être aussi grandiose que Vertigo la hantait et la faisait douter sur la légitimité de son héritage.

Le Köerta ne l'entendit pas de cette oreille et l'obligea à braquer son regard dans le sien. Le vermeil l'hypnotisa autant que ses encouragements, ses compliments. Elle pourrait rougir, elle pourrait succomber, mais l'anxiété prit le pas sur ses sentiments. À la moindre occasion, ses iris dissemblables le fuirent pour fixer les ténèbres insondables. En leur sein, un froid glacial l'attendait. Perchée au-dessus en compagnie de son camarade, une lueur chaleureuse l'aidait à garder son sang-froid. Et cette lueur, c'était l'Orisha albinos qui la portait.

Ce soir, Latone ne chantera pas pour elle, mais pour eux deux.

Le crissement des engrenages annonça le départ, une descente vers l'inconnu où elle illustrera son monde, son univers. Son attention s'éperdit sur la joue dont Miles s'était appropriée, un fin sourire se dessinant alors sur ses lèvres. Plus elle se perdait dans le noir, plus il réaffirmait sa présence. Prisonnière volontaire, Latone se nourrit de son toucher pour le conserver en son être, en sa mémoire. Elle ferma les yeux et le hourra s'éleva. Les ténèbres devinrent lumières. Son souffle gonfla ses poumons, prêt à éclater. Dans une danse endiablée, les rubans se défirent tout autour d'elle, la perdant une cascade annonciatrice d'une Voix à la fois chaotique et sublime. Ses mains s'élevèrent plus haut, suivant les attaches de la balançoire, jusqu'à que ses talons claquèrent sur le parquet. Durant cette fraction de seconde où Vertigo se dévoila dans un silence insoutenable, ses prunelles bleutées vrillèrent sur le public. Littéralement tout autour d'elle, la scène se présentait comme un plateau circulaire où n'importe quel spectateur pouvait l'admirer. La cantatrice ne pourra alors pas se détourner d'eux ; et ce n'était pas son but. Sa tête se balança en arrière, tout comme une partie de son dos, tandis que sa Voix remonta le long de sa gorge. Elle se manifesta dans un éclat jamais vu auparavant. Dans le même temps, ses phalanges s'agitèrent pour appeler le Hihtyx ; les sons synthétiques parurent surnaturels et l'instrumentation venue tout droit d'une époque si lointaine.



Je ne veux pas lâcher prise, mais que puis-je faire, dis-moi ?
Quand mon cœur se déchire, je prie pour tomber amoureuse de toi…

Elle se redressa, ses mains jointes sur son thorax. Son simili de danse semblait décrire une jeune fille en quête de sa révélation. Son regard reflétait à la fois le désespoir et la persévérance, tout comme sa Voix.

Dans mes rêves les plus fous, je sens ta chaleur,
Bien que je sois si loin de ton cœur.
Mais tes yeux éclatants sont épris,
Tu es mon aphélie.

Une Linèsienne de son talent n'eut guère besoin d'un groupe pour l'accompagner, sa maîtrise de la Magie des Chants suffisait. La musique vibrait au rythme de sa voix, aussi fluide et entraînante que sa prestation.

Et tout ce temps, je pensais devenir dingue.
Je doutais être avec toi, pour chuter dans les limbes.

Crescendo, son Khitarr se fit encore plus fort, alors qu'elle écarta les bras de chaque côté, telle une invocatrice.

Si loin encore, l'hiver m'emporte !
Hors de notre frénésie, de ta mélodie !
Tu es mon aphélie !

Alors que le Hihtyx tressait d'autant plus son heure de gloire, son Monde se dévoilait sous la forme d'un ciel étoilé. Deux astres, éloignés l'un de l'autre, se répondait dans un jeu de lumières effréné. Les sphères gravitaient autour d'elle, centre de son univers, et se liaient à elle tels les rubans de tantôt. Le Khitarr affirmait petit à petit son emprise sur la scène, décorant ces ombres avec une multitudes d'étoiles. Heureuse comme jamais, Latone fit de nouveau éclater sa Voix.

Je ne veux pas partir, mais que puis-je faire, dis-moi ?
Quand mon cœur se déchire, je prie pour valser si proche de toi…

Dans mes rêves les plus intenses, tu es si réel,
Aussi puissant que cette étincelle.
Mais tes yeux voilés sont épris,
Tu es mon aphélie.

Et tout ce temps, je pensais devenir dingue.
Je doutais être avec toi, pour chuter dans les limbes.

Si loin encore, l'hiver m'emporte !
Hors de notre frénésie, de ta mélodie !
Tu es mon aphélie !

Le point culminant de son heure approcha et elle se refusa dans le louper. Alors que les astres valsaient, frénétiques, la Kirzor leva la main aux cieux, souriante envers celui qu'elle appelât.

Tu es mon aphélie, Miiiiiles !

Un tonnerre d'applaudissements. Ses Sereëkim s'étirèrent et s'emparèrent de sa convoitise. La musique se fit plus douce et les étoiles devinrent des feux d'artifice. Latone attira alors Miles jusqu'à elle, ses énormes et puissants bras invisibles sécurisèrent la descente. Proche du point d'atterrissage, la chanteuse s'assura elle-même de réceptionner son aphélie. Son bras glissa sous celui du Köerta, l'autre main le rassurant en une succincte caresse sur la joue. Il était inutile de chuchoter quoi que ce soit : ils se comprenaient en un simple regard. Comme de véritables Orishas. Entre ses doigts, des rubans carmin apparurent et serpentèrent la silhouette du Molosse. Une nouvelle valse chaotique les encercla et finit par dévoiler au public une suite.


Un coup de talon, les serpentins tombèrent au sol et le Hihtyx mua. À quelques mètres plus loin, Latone revêtit une robe excessivement semblable à la précédente, à la différence qu'elle était rouge. De même, sa chevelure accueillit des roses aussi éclatantes. Sourire narquois aux lèvres, la jeune femme lorgna du côté de son partenaire : Miles était vêtu d'une tenue aussi cérémonielle que pratique pour un bal dansant. Autour de leurs poignets et de leurs chevilles, les fameux rubans s'étaient noués et attendaient qu'un mouvement pour provoquer les attaches. En réalité, leurs Sereëkim respectifs se chargeront tout autant de les accompagner durant la danse. Un faux pas, et c'était la chute. Un sans-faute, et ce serait le meilleur moment de sa vie.

D'une tape dans les mains et Latone fit tonner les castagnettes. Ses jambes s'animèrent sur place pour amorcer le début. D'une symétrie parfaite, elle donna le rythme à suivre pour son camarade. Ils demeuraient à plus d'un mètre chacun, se rejoignant parfois un peu plus pour mieux s'éloigner. Latone ne le lâcha pas du regard, jouant de son Hihtyx et des rubans en sa possession pour guider Miles. La musique, endiablée et aussi dissonante que la précédente, donnait le tempo d'un tango. Lorsque la tentation se fit insistante, la cantatrice pivota sur elle-même pour resserrer les attaches de son partenaire et l'obliger à se rapprocher. À chacun leur tour, ils apportèrent leur pierre à l'édifice pour renforcer son emprise sur l'autre. Pour les spectateurs, la scène semblait accueillir une sorte de duel où chacun des acteurs s'abreuvait de son plaisir. Bientôt, les rubans ne furent point assez longs pour les éloignés : une offensive de Miles l'attira dans une toupie où elle bondit pour mieux atterrir dans ses bras. Ils valsèrent un instant avant qu'il la déposât et que leurs mains se lièrent à la confusion des bandes. Les yeux dans les yeux, le duo mit du cœur à finaliser leur spectacle, jusqu'au baisser du rideau.

Plongés dans un semblant d'obscurité, les Orishas purent écouter la fanfare des applaudissements, le temps de reprendre leur souffle ; liés dans tous les sens bien qu'encore libres de leurs mouvements. Peu à peu, le public s'estompa de leurs pensées mais leur lueur, elle, continuait d'éclairer leur cocon intime. Ne pouvant plus, Latone se mit à rire. Pour elle, ce fut si grandiose !


" Étais-je à la hauteur ? Suis-je toujours superbe ? Ironisa-t-elle au bout de son hilarité. N'attendant point sa réponse, elle enchaîna aussitôt avec la question qui lui tenait davantage à cœur : Est-ce que tu me vois ? " Car je te vois.

Leur lueur commençait à s'épuiser, effaçant toute trace d'intrusion. Ils étaient seuls et livrés à eux-mêmes ; l'un à l'autre. Latone se perdit dans l'océan écarlate, ne pouvant décemment pas s'y soustraire cette fois, maintenant qu'ils s'étaient attachés de la sorte. Sans un mot, lentement, la femme aux roses se tordit pour déposer un baiser sur la joue de l'Orisha.

" Je te le rends. Miroir de l'une des leurs précédentes interactions, c'était comme si cela relevait d'une tradition. Toutefois, elle ne se déroba guère plus. Et ça… Plus jamais incertaine, son visage fit face au sien. Je te le donne. " Elle raccourcit la distance entre leurs lèvres, prête à se livrer à son aphélie.

Cruel, le songe s'estompa juste avant que le présent ne fût offert.



1585 mots ~
Chanson "Aphelion - Scandroid" traduite et réadaptée



By Jil ♪
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Mar 30 Mar 2021, 09:41




Les chocolats

En duo avec Adriæn



Les joues de Kiara s’embrasèrent comme le soleil qui se couche au-dessus de la mer. Un feu d’artifice rougeoyant colorait ses joues et laissait dans son cou des plaques carmines. Sa gêne étincelait. « Je... je ne... » bégaya-t-elle, incapable de formuler une phrase complète. Sa main chuta un peu. Venait-elle de commettre un faux pas ? Cela ne lui plaisait-il pas ? Aurait-il préféré qu’elle attendît ? On ne l’avait pas éduquée ainsi. Chez les Ondins, c’était la femme qui guidait. Quoi que peu à l’aise avec cette injonction à dominer, maîtriser et contrôler, elle n’aurait pas imaginé un seul instant que d’autres Sirènes pouvaient penser ainsi – elle attribuait toutes ses différences à sa véritable appartenance raciale. Ce fut notamment la raison pour laquelle sa question la terrifia et la fit autant rougir que pâlir. « N-non. » Elle se laissa aller contre lui, jusqu’à sentir le désir qu’elle provoquait chez lui, et qui se répercuta en elle comme un écho. Une vague de chaleur l’engloutit. Elle éprouva le besoin urgent de le toucher, de l’embrasser, et de s’unir à lui autrement que par le contact.

Elle remonta sa main jusqu’à sa bouche. Elle tremblait un peu, à la fois fébrile et pleine de force. Impossible de décrire l’effet qu’il lui faisait. C’était comme mourir et renaître ; être et périr. Les deux à la fois. Se trouver dans un état second, entre la vie et la mort, entre l’existence et le néant. Tous ses sens s’excitaient puis se taisaient, se ravivaient et retombaient. Il exerçait sur elle un pouvoir que jamais elle n’avait imaginé possible – elle n’avait même jamais envisagé sa réalité. Du désir et de l’amour, elle ne connaissait que peu de choses. Peut-être même qu’elle les confondait. Ses doigts effleurèrent les lèvres d’Adriæn. Si Lana les voyait… Quelle serait sa réaction ? Elle était très proche de son frère. Elle était très proche de Kiara. La Rehla avait le sentiment de vivre une passion interdite. Une passion qui aurait dû être dite mais qui demeurerait inavouable. Une passion que le secret tuerait. Une passion que le mystère enflammait.

Son cœur battait la chamade. Elle resta suspendue à ses mots comme une condamnée à la main de son bourreau. Elle leur accordait un pouvoir qu’elle n’aurait dû donner à personne – car les autres n’ont sur nous que l’ascendant que notre manque de confiance en nous accepte d’endurer. Kiara n’était ni assez lucide ni assez mature pour voir les ficelles qu’il lui nouait aux poignets, aux chevilles et à l’âme, et qui ferait d’elle un pantin docile. Elle n’imaginait pas quels tourments il était prêt à lui faire subir pour son propre plaisir ou pour la garder sous son joug. Elle avait pour elle l’innocence de ceux qui perçoivent le Bien avant de discerner le Mal qui gangrène le monde. Elle croyait aux mensonges de l’Ondin parce qu’elle ne pouvait pas envisager que l’on trompât si éhontément sur ses sentiments. Elle y croyait parce qu’ils étaient exactement ce qu’elle avait envie d’entendre. Parce qu’ils venaient combler ses failles. Parce qu’ils répondaient à ses besoins. Parce qu’ils flattaient son ego. Elle lui sourit.

Ses yeux suivirent les siens. La chaleur revint l’enlacer. Elle releva le visage et scruta ses iris bleus. Son regard avait la même profondeur que celui de sa sœur – cette profondeur troublante, qui lui avait toujours remué les tripes. Quand ils l’observaient, elle avait la sensation qu’elle ne pouvait rien leur cacher, comme s’ils la mettaient à nue. « Ça ne me dérange pas. » répondit-elle, presque en chuchotant. Avec des gestes doux, elle déboutonna son haut, les prunelles rivées dessus. « Peut-être que si tu n’avais jamais lu, on n’aurait jamais… » Elle s’interrompit, puis souffla : « Moi, je ne t’aurais jamais rien dit non plus. » Alors c’était un mal pour un bien. Parvenue au quatrième bouton, elle s’arrêta et se redressa. Elle sonda les pupilles d’Adriæn. Son souhait qu’il fît plus sombre fut exaucé : la lumière se tamisa. On devinait les courbes de leurs peaux sans en voir les détails. La fausse Ondine se sentait plus en sécurité. Elle attrapa le bas de son haut et le remonta, jusqu’à le retirer en le faisant passer par-dessus sa tête. « Tu veux bien retirer le tien, s’il te plaît ? » Quand il l’eut fait, elle se pressa contre lui. La chaleur et la douceur qui se dégagèrent de ce contact accrurent son désir. Elle l’embrassa.

FIN



Message II – 744 mots


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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mar 30 Mar 2021, 19:23



Ce n’était pas la première fois qu’il prononçait ces mots, ce « Je t’aime » tout particulier qui n’avait de cesse de me réconforter et pourtant, je réagissais toujours de la même façon à cette déclaration. Mon regard, radieux et éclatant, transposition physique d’une gaieté complète et comblée, cherchait systématiquement à s’accrocher à ses pupilles pour l’admirer. J’étais simplement enchantée, heureuse de l’avoir à mes côtés et j’espérais à chaque fois qu’il comprenne, par cet unique regard, qu’il était le seul à faire fleurir de telles félicités au sein de mon cœur. Il était le Soleil qui éclairait mes journées, l’étoile polaire qui me guidait dans l’obscurité, et plus encore depuis qu’il avait abandonné sa position d’aphélie pour se rapprocher de cet astre, qui attendait nerveusement son retour auprès de lui.

Il avait parlé avec une douceur chaude, un soupir sensuel, palpitant, et sa voix, enhardie par ce souffle brûlant et bas, avait dévalé le creux de mon cou, s’était répandu jusqu’à la hauteur de mes épaules, avait descendu toute la longueur de mon bras; cascade de frissons attendue qui s’était déversée à la surface de ma peau. L’ensemble de mon corps avait naturellement réagi à ce contact des plus appréciés, la chair de poule m’envahissant aussitôt, impitoyable et irrésistible, comme si les vibrations qui avaient rendu fébriles son inflexion m’avaient été transmises et me parcouraient désormais, intégralement. Je fermais brièvement les yeux pour savourer cette sensation, chaque seconde passant à l’entendre respirer, à le sentir se tendre sous l’assaut de mes caresses, à saisir l’éclat reluisant de ses prunelles, marquant ma mémoire d’une douce allégresse. Il me semblait que je ne serais jamais assez repue de ce sentiment, cette vision qu’il m’offrait dans une telle posture chauffant étrangement chacun de mes nerfs. Il était impatient, désirable, plaisant à regarder, mais il était attaché. Il ne pouvait rien faire, si ce n’est subir ce qui se profilait. Après tout, c’est lui qui avait souhaité tout cela, n’est-ce pas? Je m’amusais à le stimuler cruellement sans qu’il puisse, à son tour, me toucher. Je collais mon corps au sien avec volupté, esquissant des mouvements suggestifs pour le titiller, mais sans jamais lui offrir satisfaction… Pas complètement.

Pourtant, aussi excitant que cela pouvait être, cette position me frustrait en réalité. J’aimais lorsque nous nous donnions l’un à l’autre sans restriction, nos phalanges explorant les montagnes et vallées de notre partenaire avec délicatesse, fascination. J’aimais lorsque nous nous donnions l’un à l’autre sans restriction, comme quand nos jambes s’entrelaçaient, se caressaient dans un nœud charmant et que nos doigts se cramponnaient dans une poigne solide, intime. J’aimais lorsque nous nous donnions l’un à l’autre sans restriction, quand nous pouvions nous chamailler dans un face à face puéril et léger, à vouloir supplanter la force et ruse de notre opposant. J’aimais lorsque nous nous donnions l’un à l’autre sans restriction, et que nous finissions nos nuits dans une étreinte lascive, passionnée, douce malgré nos tempéraments explosés, à nous galvaniser de notre chaleur, de notre présence, de notre amour. De nous. Pourtant, ici et maintenant, j’avais l’impression d’être la seule à pouvoir jouer et m’amuser, et même si ses expressions faciales étaient des plus exquises, m’incitant à poursuivre mes provocations, à accomplir son désir, je ne trouvais pas la même énergie brute et sensuelle, sauvage et charnelle, à laquelle je m’étais habituée durant nos ébats. Il était attaché, complètement à ma merci, certes, mais c’était comme une proie qui, avant même le début de la Chasse, se serait emprisonnée dans mes filets. Je ne voulais plus le pourchasser, c'est vrai, mais je ne voulais pas non plus l’entraver; je ne voulais plus le pourchasser, mais je ne voulais pas qu’il échappe à ma griffe à chaque fois. C’était peut-être ce qui avait de plus énervant chez un chasseur : lorsque tu n'arrivais pas à attraper ta proie.

Pause, alors que je prenais conscience de mes réflexions. À quoi pensais-je, exactement? Il n’était pas qu’un simple bout de viande, bien que je le mordisse et le griffasse continuellement pour mon plus grand plaisir. Il était l’amour de ma vie. Et au même instant, un murmure s’écoula jusqu’à mon oreille, comme s’il avait capté mes pensées. Ne le laisse plus partir. Je me mordis la lèvre, mettant un terme définitif au massage que j’offrais à son entrejambe. Il… Je me redressais lentement, évitant son regard pour ne pas vaciller. L’un de mes doigts, cette fois, marqua sa peau d’un délicieux tracé. Mon ongle effleurait sa chair en suivant les formes de sa silhouette, les stigmates de son passé. Je connaissais ses zones érogènes, m’amusant à l’exciter, alors que je me plaçais derrière lui. Il va me rendre… Je frôlais le tissu à moitié tombé de sa chemise, le vêtement descendu jusqu’à ses coudes, suspendue dans sa chute en raison des rubans. Je remontais mes mains sur son buste, frôlant sa gorge, sentant sa pomme d’Adam trembler sous ma paume. Il va me rendre folle. Et enfin arrivée à son menton, je le repoussais vers l’arrière pour faire basculer sa tête. Il allait me rendre folle. Je le constatais à l’instant où nos yeux se croisèrent et se fixèrent, longuement et amoureusement, à l’instant où je perçus le rouge caractéristique de son afflux de sang, à l’instant où mon battement s’interrompit à la seule vue de son visage, brusquement. Comme hypnotisée par la couleur de ses prunelles, j’encadrais son faciès. J’effleurais ses joues avec attention, délicatement, comme si sa peau était devenue porcelaine sous la caresse de mes doigts. J’eus un regard des plus tendres à son égard, un sourire des plus affectueux à lui adresser, tandis que je rapprochais mon visage du sien, le rouge et or de son regard englobant toute ma vision. L’émoi était envoûtant, séduisant, et m’attira instinctivement jusqu’à ses lèvres, que je cueillis tendrement.

« À tes ordres », susurrais-je sur la bordure de ses lèvres, avant de lui réclamer un nouveau baiser, profond, impatient, comme s’il m’avait fait languir tout ce temps.

Même si j’avais sous-entendu que je répondais à sa volonté, j’étais contente de l’avoir entendu, qu’il m’ait entendu. Je reculais lentement mon visage, me plongeant une énième fois dans son ocre et vermeil, retenant toujours sa tête légèrement vers l’arrière.

« Je te détacherai tout de même de temps en temps, souris-je en caressant son visage, le gratifiant d’un regard espiègle. C’est frustrant quand sa proie ne cherche même pas à se débattre. »

Encore une fois, œillade malicieuse. Je pris une profonde inspiration, interceptant inévitablement une nouvelle bouffée de son parfum. Je le couvais d’une affection sans précédent, emprisonnant ses lèvres d'un baiser, détachant mon faciès du sien uniquement pour lui faire connaître mes prochaines volontés.

« Touche-moi. »

Je lui adressais un bref regard en coin, glissant une poigne à sa gorge.

« Ne me laisse pas m'amuser toute seule. »


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Mar 30 Mar 2021, 20:15



Geminae

Thème.


Assisse devant une coiffeuse, la jeune femme contemplait son reflet. La surface du miroir se troublait de mouvements réguliers. Dans les mains d’Adénosyne, elle percevait les éclats du peigne de nacre qui dénouait le prune de ses cheveux. Un collier reposait contre sa gorge. Pensivement, elle passa un doigt le long de sa carotide. Certains soirs, un morceau de verre glissait le long de sa carotide, et elle regardait longtemps le sang disparaître dans l'évier. Les joyaux se soulevaient au rythme de sa respiration. Un rai de lumière réchauffait leurs courbures. « Tu seras resplendissante, pour la cérémonie. » Malgré la douceur de sa voix, la bâtarde enviait la situation de son amie. Connaîtrait-elle à son tour le bonheur de préparer son mariage ? Les iris d’Isahya descendirent jusqu’à son ventre. Un ventre qui, bientôt, s’arrondirait. Pour l’heure, une étoffe noire en gonflait artificiellement les contours. « Tu me complimenteras quand je porterais des enfants. » Sa bouche se fendit d’un sourire. D’ici quelques jours, elle délaisserait le confort de ses prières nocturnes. Il lui faudrait apprendre à satisfaire les désirs de son époux, et, en guise de récompense pour ses efforts, il lui offrirait une graine qu’elle prendrait soin de faire germer. L’adolescence n’avait pas élargi ses hanches pour qu’elles restassent closes. La porte de la chambre s’ouvrit avec fracas. « Mademoiselle. C’est Monsieur… Il est arrivé une chose terrible. » Avant que le malheureux ne pût achever sa phrase, les carreaux de la fenêtre s’étaient brisés. Se précipiter dans le salon n’avait servi à rien. De sa vivacité de serpent, la mort bleuissait déjà les lèvres de son fiancé. Ses crocs impitoyables mollissaient la vigueur de ses poumons, et, bientôt, le venin remplaça le sang.

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L’assassinat de son promis avait rendu la Sorcière si furieuse que ses représailles tournaient désormais à l’obsession. Remonter jusqu’au commanditaire n’avait pas été bien difficile.  Inquisitrice de son état, elle savait comment obtenir des informations. Dans le secret du temple, elle avait passé de longues heures à réfléchir à une vengeance appropriée. Quelques semaines avant l’incident, elle avait envoyé une Luxurieuse au chevet d’un innocent aux cheveux blonds. Sa déchéance _ et l’amertume qui pourrissait désormais son fluide vital _, constituait certainement la cause du meurtre. Cependant, la tentation avait été trop grande. Aux heures où il lui semblait que le divin souhaitait lui parler, elle n’entendait que le rire de Dorian, et l’envie de provoquer ses cris l’éloignait de ses devoirs. Une habitude qu’elle cherchait en vain à exorciser. Dans la solitude de sa chambre, elle réfléchissait. Armé d’une volonté propre, son pinceau dessinait des traits désabusés, et se plaisait à loger des éclats métalliques dans sa chair entoilée. Le rouge accablait la silhouette du Vampire. De ces œuvres macabres, elle possédait toute une collection. Dissimulée derrière des draps, elle témoignait de ses fantasmes. Au rez-de-chaussée, les esclaves se chargeaient de préparer le dîner, déformant leurs papilles de saveurs inédites. Le parfum du piment montait jusqu’à l’étage. Une fragrance plus discrète, toutefois, envahissait ses narines. Avant que d’identifier la fumée, elle sentit quelqu’un lui attraper les cheveux. Désarçonnée, elle tomba de son tabouret. La peinture valsa sur le sol. Quelqu’un lui enfila un sac sur la tête, et tout devint noir. Malheureusement, l'obscurité lui était familière.

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Se laisser faire avait été une sage décision. Ennuyée par la confiance orgueilleuse que manifestaient ses kidnappeurs, la brune avait néanmoins fini par perdre patience. Un des gêneurs lui avait miraculeusement échappé, et elle l’avait suivi. Le lieu où il se réfugia ne la surprit pas. Il était toujours à l’origine de tout. Pénétrer dans la demeure des Enfants de la Nuit se révéla un jeu d’enfant. Il fallait être fou pour les attaquer sur leur territoire, et cela atténuait leur vigilance. Impatiemment, elle avait rallié la pièce où sa cible patientait, ne s’inquiétant guère des autres habitants. Sans un bruit, elle s’infiltra dans la chambre, attendant qu’il remarquât sa présence. Un rictus lui échappa. « Gentil ? Je ne suis pas sûre qu’elle soit de ton avis. » Les phalanges plongées dans les cheveux de Maya, elle la traînait derrière elle. Les veines de son avant-bras noircissaient de magie. Le visage de sa descendance se teintait lui aussi de sillons obscurs. Fanée par l'horreur du sortilège, sa beauté se désagrégeait peu à peu. Pas un son ne sortait de sa bouche. « Demande-moi pardon, ou je réduis sa cervelle en bouillie. » Nonchalamment, la Sorcière propulsa d’un coup dans l’abdomen sa victime vers son géniteur. Nul besoin de l’avoir des pattes pour affirmer son emprise. Cette dernière ne bougeait plus, crispée par l'effroi. Ses paupières s’ouvraient sur des cauchemars dont elle ne sortirait peut-être jamais. « Ne prends pas cet air contrarié, mon lapin. » Que la rage étouffât son visage lui donnait envie de l’enflammer davantage. Ne pouvait-elle décrocher l’expression qui le mangeait d’ombres, et le transformer en portrait ? Elle s’imaginait le contempler la nuit venue, et s’endormir devant sa colère silencieuse. Une idée lui traversa l’esprit. « Je veux bien faire un effort, et te proposer une alternative. Sa vie, ou... » Des mèches glissèrent derrière sa nuque. Tentatrice, la lune jetait ses reflets sur la nudité de sa chair. Cela faisait longtemps. Elle voulait qu'il la choisît, et qu'il le regrettât.

Post I | 879 mots

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Eiko
~ Orine ~ Niveau I ~

~ Orine ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 248
◈ YinYanisé(e) le : 14/11/2020
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aurel
◈ Activité : Manger des mochis avec Papa Jun, chanter, danser, et remanger des mochis
Eiko
Ven 02 Avr 2021, 07:33


Image inconnue ; trouvée sur Pinterest
Ægeri
Lucius & Eiko


« Lucius ? » répéta la fillette d'un air songeur. Un sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle acquiesçait, comme en accord avec la réponse qu'il venait de lui donner. « C'est un joli prénom. J'aime bien ! » informa-t-elle. « Mmh, je ne t'ai pas sauté dessus. » souligna-t-elle avec un haussement d'épaules. Elle avait légèrement envahi son espace personnel, c'est vrai, mais la fillette ne s'en rendait toujours pas compte : la proximité avec ses interlocuteurs lui semblait naturelle, qu'elle les connusse ou non. « Oui, c'est moi qui l'ai fait ! » confirma-t-elle avec fierté, son sourire se ravivant. Elle lui présenta de nouveau le plat pour l'inviter à y picorer quelques morceaux de fruit mais son attention fut vite happée par le reste de la conversation. « Non, je ne les avais pas vu ! » expliqua la petite Orine. Ses yeux curieux s'étaient fixés sur le papier multicolore et, comme par magie, une brise s'engouffra à l'intérieur pile à l'instant où elle souhaitait pouvoir mieux admirer les objets. Le vent en dévoila la splendeur : deux dragons majestueux, semblant voler dans les airs avec grâce et aisance. C'était normal, après tout : ces créatures vivaient nichées dans les cieux, il semblait donc évident qu'elles paraissent naturelles en plein ciel. « Qu'ils sont beaux... » lâcha la petite, presque admirative, se hissa sur la point des pieds et levant un bras comme pour essayer de les toucher. Elle n'y arriva pas - elle était bien trop petite. Eiko songea qu'elle aurait bien aimé pouvoir voler sur le dos d'un dragon, un jour. Elle n'avait jamais pu le faire. Peut-être que l'occasion se présenterait, dans le futur. Ce devait-être une sensation incroyable ! Sentir l'air s'engouffrer dans ses cheveux, siffler à ses oreilles, le souffle de l'animal pouvant la réchauffer si elle avait trop froid. Sentir le cœur de son camarade battre contre elle - est ce qu'une créature aussi gigantesque qu'un dragon pourrait également sentir les palpitations du sien ? De nouveau, l'attention de la brunette fut attirée par la voix du garçon, sur qui elle reporta les yeux. L'enfant ferma ses paupières, ce qui arracha une moue contrariée à la plus jeune. Elle lui trouvait de très beaux yeux, qu'elle aimait bien regarder. Des yeux bleus, d'amoureux. Est ce que cela voulait dire qu'il aimait beaucoup de personnes ? Ou bien que beaucoup de personnes devaient l'aimer ? Eiko n'avait jamais trop compris cette phrase. Elle, elle avait des yeux marrons, presque noir. Yeux marrons, de cochon. Sa mère lui reprochait souvent d'avoir un carafon de cochon, mais la Hanatsu était loin de prendre ça comme un reproche ! Elle avait un ami - elle l'avait nommé Kristoff - qui se trouvait être un cochon, et il était très intelligent, et surtout très gentil. Elle adorait lui faire des câlins. Elle aurait peut-être préféré avoir des yeux bleus, si cela avait signifié avoir les mêmes que Lucius.

L'Histoire sur les bambous la prit de court. L'Orine ne connaissait pas cette légende et s'en trouva offusquée ! Comment avait-elle pu ne pas être au courant ?! Elle écouta donc attentivement les paroles du mage, n'en perdant pas une syllabe. Aussitôt, elle eu envie de découvrir à quoi ressemblait son propre bambou. Combien de nœuds y aurait-il ? Combien de feuilles, également ? Elle espérait que le sien soit très très feuillu ! Lorsqu'il arrêta son récit pour lui demander de manger de son arc-en-ciel, elle fut presque déçue de ne pas pouvoir avoir la suite, et fronça donc les sourcils. La promesse du garçon de lui raconter la suite atténua cependant son désarroi et elle retrouva presque aussitôt sa mine enjouée - c'était comme ça, avec Eiko : son visage était perpétuellement soumis à ses émotions, laissant défiler une myriade de masques dont elle n'avait pas le contrôle. « Oui, tu peux. » approuva-t-elle, lui fourguant l'assiette dans les mains avant de s'emparer de son poignet pour le diriger jusqu'à la nappe qui avait été étendue par terre, où elle s'installa. « Il y a tout plein de choses à manger. » fit-elle remarquer. Elle s'empara d'un pic en bois qu'elle donna à son camarade, puis d'un second pour elle-même. Elle planta ensuite la baguette dans une myrtille qu'elle jeta dans sa bouche - la baie avait une teinte étonnement bleue, comme pour satisfaire sa volonté de former un arc-en-ciel dans l'assiette. « Et comment on fait pour trouver son bambou ? Tu as déjà trouvé le tien, toi ? Et comment savoir quelle feuille correspond à qui ? Et puis, comment on peut être sûr que c'est vraiment notre bambou et pas celui de quelqu'un d'autre, hein ? Est ce que chaque nœud correspondra à un nouveau Aisuru, tu crois ? Et toi, est ce que ce sera un nouvel amoureux à chaque fois ? Tu sais, parce que tu as des yeux bleus. Et si jamais on vit pour toujours, notre bambou il doit être très très grand quand même. Et est ce que ton bambou, il grandit en même temps que toi, ou bien est ce qu'il pousse pendant que tu vis ? » L'excitation la faisait presque trembler. La brunette s'était rapprochée de son interlocuteur à chaque question, si bien que leurs genoux se touchaient désormais, la coupe de fruit placée entre eux - Eiko picorait dedans avec gourmandise. Elle se sentait comme attirée par l'aura que dégageait Lucius.

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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Stanislav Dementiæ
Ven 02 Avr 2021, 11:33


Image par Anato Finnstark.
Geminae
Kitoe & Nostradamus


Le chasseur baissa les yeux sur la silhouette qui lui avait coupé la route et qui s'était arrêtée devant lui. Il ne mit pas longtemps à associer une identité à ce visage juvénile, qu'il avait croisé à quelques occasions. « Bonjour, Kitoe. » salua-t-il de façon plus sophistiquée que la concernée. Un rictus, à moitié agacé et à moitié amusé se dessina sur son visage. « Je cherche... quelque chose. » Ou plutôt, quelqu'un. Il ne savait plus qui exactement, mais cela faisait plusieurs minutes - ou plusieurs heures, peut-être, il avait perdu la notion du temps et aurait été incapable de préciser la durée de ses recherches avec exactitude - qu'il tournait en rond, entre les ruines du village, à poursuivre la personne qui avait disparu. S'il avait eu autant de facilité à mettre un nom sur sa camarade, il éprouvait une réelle incapacité à se souvenir de l'identité de la personne qui lui échappait - c'était tel un cauchemar qui se répétait en boucle : il continuait à courir, jusqu'à en perdre haleine, sans réussir à mettre la main sur son trésor. Parfois, il apercevait une silhouette qui disparaissait à l'angle d'une ruelle, ou bien entendait un rire se perdre en écho dans un bâtiment déserté. Dès qu'il se ruait sur le lieu du crime, il se confrontait à la dure réalité : celui ou celle qui le hantait était introuvable. La boucle se répétait alors et, sans qu'il ne puisse s'en tenir à aucune logique, il se replongeait corps et âme dans cette chasse, perdue d'avance. Il ne pouvait s'en empêcher. C'était comme s'il lui manquait quelque chose, qu'on lui avait dérobé une partie de sa propre identité, faisant naître un déchirement au sein de son cœur. Il devait absolument remettre la main dessus : cela tournait à l'obsession.

« Mmh... Enrik et Ida... » répéta le mage noir en levant les yeux sur les alentours, comme pour essayer de capter la présence des deux fuyards. Était-ce l'un d'eux, qu'il tentait désespérément de dénicher ? Ces noms ne lui évoquaient rien mais peut-être sa mémoire continuait-elle simplement de lui faire défaut. Il n'y avait qu'une chose à faire pour répondre à son interrogation : les retrouver et les faire sien. Au détriment de la démone. « Je ne les ai pas vu, non. Je n'ai vu personne. » Ce n'était pas tout à fait faux. Il n'avait vu que des ombres et des leurres. Personne qui ne puisse correspondre à la description donnée par la cuisinière, en tout cas. « Je peux t'aider à mettre la main sur eux, si tu veux. » Elle n'avait pas vraiment le choix. Elle venait de l'inviter à une délicieuse partie de chasse, éveillant aussitôt ses instincts de chasseur.

Sans attendre sa réponse, l'homme bascula légèrement la tête en arrière et tenta d'humer le parfum des fuyards. Ceux qui tentaient d'échapper à leur mort avaient toujours une odeur bien particulière - celle de la peur, du désespoir. Parfois, la colère et la détermination se mêlaient aux fragrances délicates qui ouvraient l'appétit du prédateur. Ici, dans cet univers de chimère, il ne capta pas l'anomalie : les odeurs étaient rares et celles qu'il percevaient, bien trop puissantes pour refléter la réalité. Sans qu'il ne s'interroge à ce sujet il se laissa envahir par ses sens. Comme s'il suivait un fil ou une piste laissée au sol, le chasseur se mit en route, rouvrant les yeux. D'abord lentement, il commença à trottiner puis entama une course effrénée, sachant exactement là où il se dirigeait. Le rêve jouant avec ses perceptions, il ne saurait dire combien de temps il traqua ses deux proies - parfois, il s'arrêtait de nouveau pour s'assurer d'être sur la bonne piste puis se remettait à courir. Finalement, il s'arrêta devant une maison. Elle semblait austère, peu accueillante. Nostradamus se tourna vers la Vile, soudainement à ses côtés. « L'un d'eux est ici. » déclara-t-il sans l'ombre d'un doute. Peut-être aurait-il dû mentir, pour ne pas avoir à partager son repas. Une coopération avec la cannibale pourrait cependant se révéler avantageuse : si cette cible se révélait décevante, il n'aurait pas à s'occuper d'une carcasse inutile. Tel un gentleman, le sorcier ouvrit la porte et exécuta une légère révérence. Ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait inviter l'une de ses pairs au restaurant.

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Merci Kyky  nastae
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Ven 02 Avr 2021, 16:09


Geminae

Allongée dans l'herbe fraîche, Oriane fixait les nuages qui passaient dans le ciel, s'amusant à donner une forme à chacun d'eux. Celui-ci était un lapin. Un peu plus loin il y avait lapinette, parce que le lapin il devait être triste tout seul. Au moins ils pourraient s'amuser ensemble. Celui-ci s'était un Weltpüff qui faisait du saute-mouton avec un autre Weltpüff. Mais la petite Luxurieuse commençait à s'ennuyer. Dix minutes à faire ça, c'était bien assez. Il était temps de se trouver une autre activité. Alors elle sauta sur ses jambes dans un «Hop ! » énergique, et s'éloigna de la petite colline où elle s'était installée. Après quelques minutes de réflexion - et largement aidée par le grondement des vagues qui lui parvinrent tandis qu'elle se rapprochait de la plage - elle se décida à aller jouer avec l'océan. C'était drôle de jouer dans les vagues et essayer de les éviter. C'est alors que, les dunes lui étant enfin visibles, un nouveau son lui parvint. Tendant l'oreille, elle perçu cela comme un appel de détresse. Mancinia ? Elle pencha la tête sur le côté, curieuse, avant de s'approcher de la plage et la provenance de l'appel. Puis elle resta ainsi, de loin, à observer le garçon. Un Ange ? Sa maman lui avait toujours dit de faire attention avec les Anges. Qu'à son âge il lui valait mieux les éviter. Mais lui, c'était un enfant aussi. Elle n'avait donc pas à s'inquiéter, non ? Elle resta tout de même quelques instants à le suivre de loin, intriguée. Soudain un large sourire étira ses lèvres comme un éclat malin illumina son regard. Rapidement elle plaqua ses deux mains contre sa bouche pour étouffer un rire. Puis, une fois remise et un minimum de sérieux reprit, elle commença à courir vers le garçon en lui faisant de grands signes de bras. « Ohé !!!! » l'interpella-t-elle jusqu'à se planter face à lui et s'arrêter un instant, les mains sur les genoux, haletante. « Coucou ! » reprit-elle en se redressant vivement. « Je t'ai entendu appeler quelqu'un. Qui c'est ça Mancinia ? Tu la cherches ? Je peux t'aider peut-être ? » continua-t-elle avec un large sourire. « À quoi est-ce qu'elle ressemble ? Elle est belle ? Elle est grande ? C'est une Ange elle aussi ? C'est ton amoureuse ? » ajouta-t-elle sans même laisser le temps à l'Angelot de répondre par l'affirmative ou non à sa demande d'aide. « Au fait ! Moi c'est Oriane ! Ma maman elle m'a dit qu'il fallait toujours se présenter si on voulait être poli et gentil. Et toi, comment tu t'appelles ? En plus, je pourrais dire que tu la cherches si je la trouve avant toi et que je connais ton nom ! » conclut-elle enfin. Rien qu'à l'écouter il y avait de quoi finir essoufflé. Elle n'en avait pas conscience et s'en moquait même éperdument.

Lorsque le rouquin l'eût informée, elle s'éloigna des côtes avec la promesse de l'aider à retrouver son Humaine. Une Humaine. Pwaaah ! C'était bien un truc d'Ange ça de s'attacher à des Humains. Puis, une fois suffisamment à distance, elle marqua un temps, se retournant en direction de l'Ange. Un sourire amusé esquissa ses lèvres avant qu'elle ne reprenne sa route en sautillant et chantonnant. S'enfonçant dans une forêt de pins, la Déchue papillonna entre les bruits des oiseaux dans la cime des arbres, les vols de chauve-souris au ras du sol et le chant de la nature qui la cernait. Alors qu'un immense buisson pleins de belles fleurs dorées se dressait devant elle, elle tendit une main curieuse pour se saisir de l'une d'entre elles. A la place, son doigt vint plutôt à la rencontre d'une des nombreuses épines de l'arbre gardant jalousement la Belle fragile. « Aïe ! » s'exclama Oriane en portant le doigt à sa bouche tout en jetant un regard menaçant à la plante avant de s'en éloigner. Elle devait retrouver l'Angelot. Elle voulait le retrouver plutôt. Elle voulait jouer un peu avec lui. C'était moins drôle de jouer seule. Finalement elle prit une longue inspiration pleine d'assurance. Puisqu'elle ne savait pas où il était parti, elle allait faire autrement. Elle ne maîtrisait normalement pas très bien ce sort. Mais cette fois ce serait parfait. Parce que c'était comme ça, et c'est tout. Un sourire triomphant se glissant sur son nouveau visage emprunté à cette Mancinia, elle commença à courir à travers bois, hélant le nom du rouquin jusqu'à voir sa tignasse apparaître dans son champ de vision. « Neah ! » fit-elle en courant dans ses bras. Puis, en même temps qu'elle posa un bisou sur la joue de l'Angelot, elle abandonna l'apparence de l'Humaine pour retrouver la sienne propre, s'écartant de lui avec un petit rire enfantin jusqu'à comprendre qu'elle avait fait une bêtise en voyant l'expression du garçon. Alors elle commença à paniquer. Ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle voulait juste jouer. « Excuse-moi. Je l'ai pas trouvée Mancinia. ». Pour ne pas dire qu'elle avait à peine cherché. C'était pas sa faute, elle s'était perdue. « Mais je me suis trouvé face à un méchant animal. ». Portant également le nom terrifiant d'épines. « Et j'ai eu peur et comme tu as dis que tu étais fort, je savais que je te trouverai plus facilement comme ça et... ». En même temps qu'elle déblatérait son récit qui prenait de moins en moins de sens, des larmes commençaient à perler sur ses paupières. Non pas par la peur qu'elle avait pu ressentir en fuyant le monstre fleuri, mais parce qu'elle était soudainement seule à devoir faire face au rouquin et à de potentielles représailles.
©gotheim pour epicode


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Andrea
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Andrea
Ven 02 Avr 2021, 19:07


[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 6 Tipa
Ægeri
Aylivæ & Andrea


☙ Lil Nas X - Montero (Call Me By Your Name)
(C'est la faute d'Azaar si je mets cette chanson, elle me l'a faite écouter au moment où j'écrivais)


Les prunelles assombries comme une mer tumultueuse par temps d'orage, j'accompagnais son mouvement sur la table en parsemant son ventre et sa poitrine d'une pluie légère de baisers. Sa peau avait gardé le goût piquant du champagne. Aylivæ Song. Elle était belle, étendue ainsi, offerte et gorgée de plaisir. Le destin nous avait-il réunis ? Son nom serait-il sur la Liste ? Était-elle seulement réelle ? J'avais beau m'en assurer en insistant mes caresses et en la goûtant, je ne cessais d'en douter et de m'inquiéter qu'elle se volatilise soudainement en me laissant seul. Divinité ou fantasme, la créature sensuelle m'avait envoûté et transformé en un homme avide, soumis à mes sens, enchaîné à elle. Sitôt qu'elle avait initié le contact, son désir brûlant s'était répandu en moi comme une traînée de poudre en asphyxiant ma raison. J'étais livré à un appétit insatiable et primitif. Nous savions tous deux comment y remédier. Ce monde nous autorisait à répondre à nos besoins pressants. Je pouvais apaiser ce feu avant qu'il ne nous consume, c'était la raison de ma présence ici. Pour cette femme que je ne connaissais pas, j'aurais consenti à ce sacrifice même si le processus avait été douloureux. Je collais ma paume à sa joue soyeuse et une vapeur chaude s'éleva. Je me penchais pour lui chuchoter à l'oreille. «Je vais te libérer de ce Jun. Tu sais comment. Absous-moi.» Ma voix sonnait comme une dernière supplique et je répondis à ses lèvres avec douceur malgré mon impatience.
Nos corps entrelacés se confondaient, je m'enivrais de son odeur salée et ne me lassais pas de promener mes doigts sur la toile moelleuse de sa peau encore frissonnante d'extase. Dans les brumes confuses de mon esprit, je me rebellais mollement contre cette attraction malsaine qui allait causer ma perte sans une seule protestation de ma part. Aylivæ était dangereuse, tentatrice comme un serpent venimeux qui enroulerait ses anneaux étroitement autour de moi pour me broyer et m'avaler et j'allais la supplier pour ça. Je le lisais dans ses yeux de prédatrice, elle allait me dévorer comme ce requin hors du Dôme et j'en tremblais d'anticipation. C'était ce qui m'effrayait le plus. Désirer me faire consommer. Plus que tout, je voulais me retrouver en elle par tous les moyens possibles. Même lorsqu'elle se lasserait de moi pour retourner soupirer après ce Jun, il serait trop tard, j'aurais pris sa place. Tel un poison exquis, j'allais envahir son corps, participer au fonctionnement de ses organes, caresser son coeur et humidifier ses veines. Elle ne pourrait plus se passer de moi. J'avais conscience de l'étrangeté de ce souhait mais si Aylivæ me voulait, elle m'aurait, de quelque manière que ce soit. J'en voulais plus. Je voulais qu'elle m'aime et soupire après moi, qu'elle ne forme le vœu de ne voir que moi. Je fis taire ces envies égoïstes, indignes de moi. Il n'y avait pas de je, il n'y avait qu'un nous que nous construisions ensemble, nous étions les instruments d'une mélodie sensuelle qui résonnerait à l'infini.
Aylivæ promenait un regard gourmand sur moi et j'apercevais le bout rose de sa langue qui sortait d'entre ses lèvres pulpeuses. À califourchon sur moi, elle m'immobilisait tandis qu'elle réfléchissait. Mes doigts dansaient sur ses cuisses nacrées, comme si je ne pouvais m'empêcher de prolonger notre étreinte ne serait-ce qu'une seconde. Dans ce monde flottant, elle m'ancrait dans sa réalité et me réduisait à l'était d'objet. Tout était plus simple ainsi. Le volupté dans l'obéissance aveugle. Elle voulait, je fournissais docilement, heureux d'être la raison de son plaisir. Ma peau se couvrit de chair de poule quand sa bouche descendit enfin pour revendiquer son dû. Mes muscles se bandèrent malgré moi, me révélant sournoisement l'angoisse que je ravalais inconsciemment. J'avais le souffle court et les pupilles dilatées et je me cambrais par réflexe en gémissant son nom à mi-voix. Je n'aurais su quel mot mettre sur ce que je ressentais car il n'y avait aucune comparaison possible. Ce n'était plus sexuel, c'était brut et intime. Déjà, je ne sentais plus le bas de mon corps mais cela ne l'arrêta pas. Gloutonne, elle vampirisa méthodiquement organes, peau et fluides. Mes os se changeaient en crème sucrée qui teintaient ses lèvres rosées. Elle était mon linceul de chair. L'espace d'une seconde, je pus découvrir le goût que j'avais sur ses lèvres quand ma conscience s'évapora, absorbée par Aylivæ qui devait se lécher les babines comme une chatte bienheureuse.

Message III | 805 mots


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Happy St Valentin  nastae:

Merci Jil  [RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 6 009 :
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