Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

Partagez
 

 [Q] Ordonne, et j'exaucerai

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Sam 13 Fév 2021, 11:05


Image par WLOP
Ordonne, et j'exaucerai
Bellone

Intrigue ; Bellone est coincée dans son rêve depuis la Coupe des Nations Génies. Elle s'y perd de plus en plus et des les habitants de Somnium en profiteront pour augmenter leur emprise sur elle.
RP lié ; Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître


« Que devons-nous faire ? » demanda la jeune femme en se tournant vers le garçon aux yeux dorés. Bien qu'il soit plus jeune qu'elle, l'adolescente semblait attendre ses directives. Elle avait l'impression d'être incapable de prendre une décision sans qu'il ait d'abord donné son aval. Pire : il lui semblait qu'elle ne pouvait pas choisir sans savoir ce que lui désirait, au plus profond de son cœur. Elle avait besoin de son approbation, de son soutien constant. Elle voulait le rendre fier et, pour cela, elle pensait bêtement devoir se plier à ses désirs en effaçant totalement les siens. Elle aspirait à devenir son Idéale à lui. Ici, pourtant, les règles étaient différentes du monde des Mortels. Elle devait faire des choix de son propre chef, sans l'aide de personne. Elle devait être l'autrice de son Destin. Les vieilles habitudes étaient cependant tenaces et elle avait encore le réflexe de se tourner vers l'Alfar pour attendre ses ordres, ses instructions. « Souviens-toi, Bellone : c'est ton Monde, ici. C'est à toi d'en bâtir les fondements, de le faire tourner. Je suis là pour t'aider lorsque tu en auras besoin, mais je ne peux pas prendre les décisions à ta place. » l'encouragea patiemment le plus jeune. L'Orine sentit ses joues rosir. C'était vrai. Il avait raison. Jämiel avait toujours raison. Malgré son âge, il était déjà bien plus intelligent qu'elle : plus réfléchi, plus sage. C'était pour cela, aussi, qu'elle se pliait à ses conseils avec autant de docilité - à moins que ce ne soit là la Nature du Lien qu'elle avait tissé avec lui. Les choses seraient amenées à changer, dans le futur, mais pour l'instant, leur relation reposait encore sur cette dynamique de soumission aveugle et désintéressée. Le savoir à ses côtés la rassurait mais l'inconnu restait terrifiant, malgré sa présence. La brune sortait hors de sa zone de confort et cela mettait ses nerfs à rude épreuve. Fébrile, elle inspira profondément, essayant de trouver la réponse à sa question par ses propres moyens.

Le temps s'écoula, lentement, sans que cela ne la déstabilise. Dans ce domaine, il n'avait aucune emprise. Les secondes pouvaient défiler avec une lenteur extrême avant de s'emballer ; de se rembobiner ensuite pour décrire un rythme plus singulier la fois prochaine. Les heures se confondaient avec les secondes : les Maîtres de cet Univers dictaient les lois, distordaient la réalité pour l'appliquer à leur besoin. On pouvait vivre une existence entière, là où dehors, un battement de paupière s'était tout juste passé.

Bellone prit donc tout son temps pour réfléchir. Que devait-elle faire, pour la suite ? Non. Ce n'était pas la bonne question. Elle n'avait aucune obligation, sinon celle de livrer sans retenue ses désirs et ses rêves. Elle se devait d'être honnête, de ne pas enrober ses demandes de limites et de mensonges. Ils se débrouilleraient ensuite pour exécuter ses vœux - elle n'avait pas conscience de savoir tout cela, simplement, son instinct le lui murmurait : ici, elle n'était plus la servante de personne mais, au contraire, elle était devenue la Maîtresse. Les Esclaves des rêves se plieraient à sa volonté - et, de cette façon, elle deviendrait à son tour leur esclave, se perdant de plus en plus dans les limbes de ses chimères, tout bonnement incapable de sortir de ce piège qui se refermait lentement sur elle.

L'Endormie rouvrit les yeux. La question correcte était : que voulait-elle faire ? Cette question là était un peu plus facile, moins effrayante : il n'y avait plus d'impératif à atteindre, plus de but à réaliser. Simplement des attentes et, peut-être, des solutions à ces frustrations qui n'avaient jamais trouvé satisfaction dans le Monde de dehors. C'était sur cela que tout reposait. Des envies refoulées, qui n'avaient jamais été écoutées mais qui n'avaient pas pour autant disparues. Elles s'étaient accumulées, peu à peu, dans un coin de son subconscient. Ici, il lui était enfin permit de rouvrir cette boite qu'elle avait jusque là gardé scellée. C'était à la fois intimidant et amusant : cela faisait resurgir des souvenirs, certains qu'elle chérissait, d'autres moins. Finalement, la Rêveuse se tourna vers son Maître. « Je sais ce que je veux. » déclara-t-elle sereinement, un sourire venant étirer la commissure de ses lèvres.

786 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Mer 01 Déc 2021, 13:09


Image par WLOP
Ordonne, et j'exaucerai
Bellone


L'encens à la rose que l'on fait brûler ; la table basse et les coussins disposés autour pour s'y assoir ; la voix mélodieuse chantonnant distraitement. Sur les murs, des peintures de paysages enchanteurs ; quelques vases en porcelaines disposés fièrement sur les commodes et les étagères ; dans un coin, un koto ensorcelé faisant vibrer ses cordes de lui-même. Ici et là, on pouvait également apercevoir quelques œuvres moins éblouissantes mais pas moins mises en avant : une poterie réalisée maladroitement, et peinte avec une main encore inexpérimentée ; une marionnette de chiffon aux couleurs vives ; un origami légèrement déséquilibré, supposé représenter une araignée ; un dessin à la craie grasse où serpentait un long fil vert. Tout était exactement comme dans ses souvenirs. Bellone, au milieu de cette scène du quotidien, se sentit enrobée d'une tendresse mélancolique pour son enfance. A plusieurs endroits, l'environnement semblait vierge, mal découpé ou flou : là où sa mémoire faisait défaut, les tisseurs de rêves n'avaient pas jugé nécessaire de combler leur toile. Pourtant, ces anomalies ne semblaient pas troubler le moins du monde l'Orine, qui se focalisait principalement sur les éléments qu'elle retrouvait plutôt que ce qui manquait. Elle s'accrochait à cette réalité alternative, car c'était du besoin de replonger dans son passé que les Sylphes avait créé cette trame.

La Sœrei laissa glisser un dernier regard empli d'affection à la scène puis se mit en mouvement, quittant la salle de vie pour emprunter un petit couloir. Ce dernier donnait accès à la cuisine. Une silhouette s'activait pour préparer un repas - des légumes cuisaient dans une grande casserole. C'était cette femme, dont les mouvements gracieux donnaient l'impression qu'elle volait ou flottait plus qu'elle ne marchait, qui remplissait l'air de ses chants apaisants. Bellone s'encra un peu plus dans la contemplation, ressentant l'admiration qu'elle avait éprouvé tant de fois par le passé. Sa mère lui avait toujours laissé cette vive fascination. Elle semblait douée dans tous les domaines, et il émanait d'elle une aura mystérieuse qui la rendait plus énigmatique et inaccessible encore. Elle avait été un modèle pour la fillette et l'adolescente qu'avait été la brune et, aujourd'hui encore, la fille de Hahanaru Shizen aspirait à devenir aussi talentueuse que sa génitrice. « Masutā. » murmura la brune. La chanteuse s'immobilisa une seconde puis se tourna vers son enfant. « Bonjour, Suzume. » fit-elle d'une voix douce. Le nom résonna en écho. Suzume. Ils étaient peu à la connaître sous ce nom. Cela lui donnait une valeur plus chaleureuse encore.

« Comment vas-tu ? » demanda, avec une mine soucieuse mais pas moins sublime l'Orine aguerrie. « Ca va bien... » répondit succinctement la jeune femme. Elle marqua une pause, hésitante, avant d'oser exprimer le fond de sa pensée. « Mais tu me manques beaucoup... » avoua-t-elle, son cœur se serrant douloureusement. La mère enlaça sa fille dans une étreinte douce, bienveillante. « Je sais, ma chérie. Je sais. » Sa mort avait été inéluctable, fardeau incombant aux leurs. Cette loi barbare de la nature serait cependant bientôt révolue. Pourtant, la rêveuse n'en serait pas pour autant soulagée. Il était trop tard pour elle. L'être aimé l'avait déjà quitté, rejoignant le champ de campanules.

Le duo se trouvait à table, sans transition. Bellone dégustait un fruit à l'apparence étrange, qu'elle n'avait jamais vu à Maëlith. Elle l'avait gouté pour la première fois à Drosera. « Alors, comment trouves-tu le monde extérieur ? » questionna, curieuse, madame Blaise. « Il est... étonnant. » marmonna la plus jeune, se renfrognant légèrement. Sa mine arracha un rire léger à sa mère. « Etonnant ? » « Oui... La vie y est beaucoup plus dure qu'à Maëlith. » Naïve, Bellone avait toujours imaginé que le monde hors des frontières de sa cité natale était un lieu magnifique, où tout le monde se montrerait généreux envers elle. La réalité avait été légèrement différente de ses attentes et elle s'était heurtée à la dureté d'un monde pas si fabuleux que ce que racontaient les contes de son enfance. Son statut d'Orine lui avait pourtant facilité bien des situations, bien qu'elle ne l'eut pas réalisé à l'époque. « Et puis, tout le monde n'est pas aussi respectueux des Arts que ce que j'imaginais. » L'adolescente continua à se plaindre, encore et encore, déversant de tout son soûl les rancunes et les désillusions qui l'avaient frappés hors de ce cocon éphémère. Sa mère l'écoutait attentivement. A chaque plainte, le cœur de l'Orine semblait s'alléger, comme si sa mère parvenait à aspirer son malheur. Si bien qu'au bout d'un moment, elle soupira. Lentement, son air renfrogné s'effrita. « Mais... Il y a aussi Jämiel. » laissa échapper la Sœrei d'un air rêveur, posant son menton dans sa main.

Et puis, l'Orine se remit à parler, durant des heures. Son Aisuru était de loin un sujet plus intéressant que tout le reste de l'univers.
839 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Bellada Ward
~ Magicien ~ Niveau I ~

~ Magicien ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 915
◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥
◈ Activité : Cuisiner avec amour !
Bellada Ward
Ven 03 Déc 2021, 10:45


Image par inconnu
Ordonne et j'exaucerai
Phobos


Phobos observait l'Orine avec curiosité. Elle ne se rend pas compte qu'elle est prise au piège, réalisa le Sylphe. A cette constatation, un étrange phénomène se produisit. Quelque chose au fond de lui se mit à gronder, à vrombir à l'intérieur de son être ; s'il avait eu conscience et connaissance de ses émotions, sans doute aurait-il reconnu une subite euphorie malsaine, une envie de rire et une pointe de jubilation. Il était cependant totalement ignare dans ce domaine et resta donc placide, se demandant vaguement quel était cette bizarrerie avant de se reconcentrer sur sa cible.

La Coupe des Nations organisée par son peuple était terminée depuis longtemps désormais. Les plus chanceux avaient réussi à  s'extirper des griffes de leurs hôtes, regagnant le monde réel, l'Eveil salvateur, loin des manigances des enfants de Pandore. D'autres, comme la brune qui se faisait épier, n'avaient pas eu la même destinée. Phobos se demanda vaguement comment certains, qui ne lui avaient pas parut plus intelligents, plus forts ou plus conscients que cette rêveuse-ci, avaient pu leur échapper. Peut-être était-ce une question de volonté. Peut-être ces prisonniers n'en étaient-ils pas réellement : sans doute avaient-ils secrètement souhaité rester dans cette bulle bienfaitrice où leur moindre volonté se réalisait. Et en bons serviteurs, les génies s'étaient simplement exécutés, enfermant leurs nouveaux maîtres dans leurs domaines. Peut-être était-ce plus simple ainsi. Plus aisé de rester dans cette illusion réconfortante plutôt que de retourner à l'Extérieur, là où la douleur est vive, là où l'on n'a aucun contrôle, là où la vie s'abat sur vous telle une malédiction... D'une certaine manière, Phobos pouvait comprendre ces pauvres âmes égarées. Et il se ferait un plaisir de leur venir en aide, de les guider plus profondément encore dans leurs songes, pour que jamais ils n'aient à endurer les peines causées dans le Monde Réel.

Le Sylphe pencha légèrement la tête devant le duo. Il sentait, tout autour de lui, des génies se fondre dans la trame du décor, imperceptibles pour celle qui régnait en maîtresse. Seule la deuxième figure se laissait volontairement discerner. Phobos avait mit plusieurs minutes avant de réaliser qu'il s'agissait de l'un des siens et non pas d'une seconde rêveuse. Ce manipulateur là était doué, très doué. Il avait poussé son Art à un niveau tel que le néophyte ne pouvait qu'espérer pouvoir, un jour, être aussi doué que lui. « Non. » fit une voix à côté de l'être chimérique. « Il n'est pas si puissant que ça. En réalité, son déguisement est plutôt grossier. Heureusement, cette fille est idiote. Ou naïve, crédule. Appelle ça comme tu le voudras. Ca suffit pour la berner. » continua la voix. Le tisseur de rêve reporta son attention sur cette présence aussi impalpable que lui : tous deux étaient fait de la même matière. Sa remarque l'avait piqué douloureusement dans son orgueil, bien qu'il ne comprenne pas la raison de son agacement - en réalité, il ne parvenait même pas à mettre de mot sur ses états d'âme. « Tous ceux qui se trouvent ici ne sont capables que de vulgaires performances. » se lamenta le.a nouvel.le venu.e. « Vous y compris ? » rétorqua l'incapable avec une pointe de hargne non maîtrisée - sa voix désincarnée faisait transparaître son mécontentement. La voix s'était désormais matérialisée dans une enveloppe visible, féminine, biens que ses traits ne parvenaient jamais à se figer plus de quelques secondes, en constant mouvements. Un sourire se dessina néanmoins sur ses lippes. « Je suis l'exception qui confirme la règle, mon cher. » se vanta-t-elle. « Les gros poissons sont ailleurs, en train de réaliser la volonté de Rêveurs plus puissants mais également plus perspicaces... Je ne trouve ici que le public associé à la prestataire. Mais c'est une chance pour vous. L'opportunité de vous entraîner sans craindre de vous faire démasquer... Profitez-en. Devenez plus puissants. » Phobos ne compris pas immédiatement l'encouragement qu'on venait de lui faire. Il souhaitait simplement que cette prétentieuse le laisse se concentrer tranquillement sur celle qu'il convoitait - bien que maintenant qu'il eut entendu les critiques de sa paire, la cible lui paraissait soudainement moins attrayante. Il était compliqué, cependant, de décrocher son attention de l'apparition. Elle dégageait une aura bien plus écrasante que les autres génies. « Je suis là pour t'aider à devenir plus puissant. » fit-elle. « Es-tu vraiment sûr de vouloir que je m'en aille ? » demanda-t-elle, narquoise. Le Sylphe se renfrogna.

774 mots.


Avatar
Avatar de noël : LINOK_SPB
[Q] Ordonne, et j'exaucerai 2exr
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t35442-bellada-ward-le-clu
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Sam 04 Déc 2021, 08:53


Image par WLOP
Ordonne, et j'exaucerai
Bellone


Bellone se trouvait plongée au cœur d’une forêt. L’endroit n’avait rien à voir avec les petits bosquets qu’avait pu connaître l’Orine lorsqu’elle avait grandit à Maëlith. Là-bas, la nature s’était toujours montrée accueillante, bienveillante : ici, quelques baies comestibles, là un petit ruisseau, avec une brise légère et les rayons du soleil tombant sur la peau. Ce bois ci, cependant, n’avait rien de faerique. La Nature y était beaucoup plus dense, si bien qu’elle en devenait oppressante, presque menaçante. Les arbres gigantesques barraient la vue et s’élevaient tellement haut qu’il en devenait impossible d’en discerner la cime. Au sol, des fougères et des ronces semblaient prêtes à happer le premier venu, comme pour le ralentir ou, pire, le retenir ici pour toujours. Des bruits témoignaient de la présence de petits animaux, mais les grognements et couinements n’avaient rien de réellement rassurant – l’imagination avait tôt fait de créer des créatures immenses, répugnantes et prédatrices, prêtes à vous bondir sur les pauvres âmes égarées et à les dévorer d’une bouchée.

La Soerei, pourtant, ne semblait pas alarmée par cet environnement périlleux. Ce nouveau décor lui rappelait la forêt entourant Drosera. Si pour les étrangers la forêt des Murmures pouvait ressembler à une terre maudite – et elle le devenait rapidement, si l’on n’était pas prudent – les habitants de la Majestueuse l’appréhendaient davantage comme une force de la Nature, un cadeau de Hahanaru Shizen pour les protéger au sein de leur cité. De cette manière, ils ne seraient jamais dérangés par des indésirables. Bellone, bien que n’étant pas native de la capitale Alfar, avait rapidement trouvé un charme envoûtant à la végétation sombre qui y régnait. Dès le jour de son arrivée, elle s’était éprise de l’ambiance de Drosera. Peut-être y avait-elle été aussi sensible à cause de la présence de Jämiel. Ou peut-être était-ce, encore une fois, la preuve de sa passion pour l’occulte et le macabre.

L'Orine se mit à marcher de quelques pas. Comme en réponse à ses actions, la forêt sembla se mouvoir en écho. A chaque nouveau pas, des racines se mettaient à sortir de la terre. Les ronces s'élevaient et s'étiraient en direction de la fille de la Nature. Les fougères, les champignons, les rares fleurs qui parvenaient à pousser dans cet environnement inhospitalier : toute la végétation semblait converger vers la terrestre, qui avançait avec une certaine grâce. Lentement, les racines s'enroulèrent autour de ses chevilles, remontèrent le long de ses mollets. Les ronces s'étaient agglutinées autour de sa taille et enrobait le long de son buste, tel un corset naturel. Des ramifications veineuses dessinaient ses bas, sa nuque, son visage et quelques protubérances avaient fleuri : les champignons avaient commencés à grandir sur elle, étendant leur réseau. Peu à peu, Bellone fut recouverte des pieds à la tête, dans un mélange chaotique et pourtant sublime. Les plantes, au lieu d'entraver sa démarche, semblaient la rendre plus gracile, comme si cette nouvelle armure lui permettait d'entrer en résonance avec le reste du monde. Elle avait fusionnée avec l'univers. Soudainement, la brune avait conscience de tout ce qui l'entourait. Du plus petit insecte à l'imposant monstre se tapissant dans un terrier ; de la moindre brise faisant s'agiter les feuilles des arbres, au plus souple des pas se posant sur la terre humide. La brune avait acquis une conscience absolue.

Aussi, la golem n'eu aucune difficulté à retrouver ce qu'elle était venue chercher. Maintenant qu'elle s'était fondue dans la forêt, qu'elle en était un élément à part entière, un sentier semblait se dessiner tout droit sous ses pieds, comme pour la guider vers sa destination. Le Blaise se contenta donc de suivre le chemin qui s'ouvrait à elle. Elle avança jusqu'à l'apercevoir : une fleur de la taille d'une tête, aux longs pétales pourpres et nervurés. Au milieu de toute cette obscurité, elle semblait pourtant briller, luire d'une façon particulière : pour ceux qui avaient conscience de sa présence, elle irradiait tel un soleil ; pour ceux qui traçaient sans s'intéresser à elle, elle se fondait dans la pénombre. Bellone s'arrêta face à la fleur d'une beauté hypnotique. « Le cœur de la forêt. » murmura la fille des Arts. Un sourire apaisant s'était dessiné sur ses lippes, tandis qu'elle étendait ses bras dans sa direction. Ses mains se posèrent sur le corolle. Et, instantanément, la jeune femme commença à fusionner avec le centre même de la forêt.
750 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Lun 06 Déc 2021, 10:51


Image par WLOP
Ordonne, et j'exaucerai
Bellone


« Donne moi un nombre. » demanda Bellone, relevant le visage vers l'inconnu installé à côté d'elle. Elle n'était pas choquée de ne pas connaître l'individu, sa présence lui semblait naturelle. « Mmh...Onze. » fit-il après un instant de réflexion, avant de se replonger dans sa lecture. L'Orine reporta son attention sur sa cocotte en papier et commença à compter. « Un, deux, trois... » En même temps qu'elle énonçait les chiffres, elle actionnait ses doigts, pliant puis dépliant le jeu. « ...onze. Choisi une couleur. » continua-t-elle, tendant l'objet devant elle pour que son partenaire puisse choisir un pan. Le concerné releva la tête de son ouvrage et pointa un triangle coloré en vert. « Le vert ? D'accord. » fit l'ingénue en se redressant du sofa pour pouvoir dévoiler ce qui se cachait derrière cette case. Le décor dans lequel elle avait atterri ressemblait cette fois-ci beaucoup à ce qu'elle avait connu à Avalon, lorsqu'elle était restée aux côtés de Johan. C'était à la fois chaotique - aucun élément ne semblait s'accorder à ce qui l'entourait - et apaisant - il se dégageait du lieu une atmosphère chaleureuse et confortable. « Attends. » L'homme venait de poser sa main sur celles de Bellone, l'empêchant de révéler les mots derrière le papier. « Tu ne sais pas ce qu'il se cache derrière. » lui fit-il remarquer, une pointe d'inquiétude dans le timbre de sa voix. « Je sais. C'est bien pour ça que je veux ouvrir la cocotte. » répliqua la brune, ne saisissant pas d'où pouvait venir la nervosité de son pair. « C'est que... Une fois que tu auras lu ce qui est marqué, tu ne pourras plus jamais revenir en arrière. Es-tu prête à prendre le risque ? A en subir les conséquences ? » L'angoisse de son interlocuteur semblait contagieuse, car la Soerei se sentait de plus en plus fébrile. Elle ne comprenait pas ses mises en gardes. Pourquoi s'inquiétait-on autant ? Elle avait toujours aimé jouer avec des cocottes et il ne lui était jamais rien arrivé. « Oui. Je suis prête. » déclara finalement la brune.

Sauf que lorsqu'elle redescendit la tête sur ce qu'elle avait entre les mains, elle réalisa qu'elle tenait en fait un parchemin vierge. « C'est à toi d'écrire tes secrets. Tes plus profonds désirs. » continua la voix. « Mmh, je ne suis pas certaine d'en avoir envie. » avoua l'Orine. « Tu n'as pas le choix. C'est le prix à payer. » « S'il le faut vraiment... » Bellone s'empara d'une plume et d'un encrier et commença à rédiger ses doléances. Elle se confia à cette feuille de papier comme à un journal intime, un confident à qui elle pouvait tout révéler. Ses tracas quand au fait de ne pas être apprécié de l'entourage de Jämiel, son angoisse à l'idée de ne pas parvenir à intégrer une université digne du statut de son Aisuru, la crainte de ne pas être une Orine reconnue et de ne jamais réussir à maîtriser son Art comme elle le devrait. Une fois qu'elle eu livré tout ce qui pesait sur son cœur et sa conscience, la jeune femme entreprit de plier sa feuille. Ses gestes semblaient décousus mais, étrangement, elle parvint à obtenir le résultat qu'elle désirait : une grue, messagère de ses souhaits et ses prières.

Bellone se leva. Là où, un instant plus tôt s'était tenu son camarade, se trouvait désormais un magnifique renard au pelage doré. Il n'avait non pas une mais neuf queues parfaitement développées. Chacune représentait un art dans lequel il était passé maître. « Je te le confie. » La brune s'accroupit devant le canidé. Elle déposa son origami dans la gueule de l'animal, qui attrapa le parchemin avec délicatesse. « Tu veux bien veiller dessus pour moi ? » demanda-t-elle. Comme s'il comprenait ce que lui disait l'Orine, le renard cligna des yeux puis abaissa légèrement la tête, comme pour acquiescer. Puis l'animal fit demi tour et s'en alla, hors de portée de la Rêveuse. Elle ne pourrait jamais le rattraper.

L'artiste baissa les mains. Devant elle, des milliers de parchemins étaient apparus : certains paraissaient plus attrayants que d'autres grâce à des couleurs ou des motifs variés. Elle avait encore beaucoup d'Origamis et de secrets à révéler.
728 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Bellada Ward
~ Magicien ~ Niveau I ~

~ Magicien ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 915
◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥
◈ Activité : Cuisiner avec amour !
Bellada Ward
Mar 07 Déc 2021, 13:41


Image par inconnu
Ordonne et j'exaucerai
Phobos


La voix se mit à exploser d'un rire discret, qui sembla pourtant tonitruant pour Phobos. « Très astucieux. » commenta-t-elle. « Je me suis peut-être montrée trop sévère. Il y a finalement quelques éléments surprenants dans le lots. Certains dont il vaut mieux se méfier si l'on ne veut pas qu'ils nous surpassent. » continua-t-elle. Le Sylphe continua d'observer la scène qui se déroulait devant lui, placide. Il ne comprenait pas ce qui était si astucieux ni ce qui pouvait causer l'extase de sa voisine. La preuve qu'il ne faisait pas partie des élus qu'il fallait garder à l’œil... C'était un fait. Il était loin d'être puissant. « Alors, Phobos, tu ne fais pas comme eux ? » « Faire quoi ? » La femme réprima un soupir. « N'as-tu pas compris ce qu'il vient de se passer ? » Le silence du néophyte servit de réponse. « Ce Sylphe n'était plus capable de lire les désirs de votre rêveuse, alors il s'est débrouillé pour trouver un moyen de mieux la comprendre. Qu'elle lui révèle sans crainte ses vœux. Il a été le plus rapide et le plus malin, il a réagit avant tout le monde parce qu'il a senti qu'elle vous échappait. » L'être des songes fut surpris. La rêveuse leur échappait ? Il n'avait pas réalisé. « Tu devrais te dépêcher de faire de même ou de trouver un autre moyen d'obtenir ce dont tu as besoin. Regarde, tous les autres se ruent déjà sur ta cible pour pouvoir la monopoliser. » Effectivement : dès que le premier génie s'était en allé avec son morceau de parchemin, des centaines d'autres s'étaient matérialisés devant l'Orine. Tous appliquaient la même technique. « Bien sûr, tu peux coopérer avec un autre génie mais ce ne sera pas pareil. Tu ne seras ni un architecte, ni un artiste, rien de plus qu'une main d'œuvre anonyme que personne ne reconnaîtra jamais. » continua la voix. « Bien sûr, à ton niveau, ce n'est peut-être pas une mauvaise chose. Observer comment tes adversaires travaillent peut-être une bonne source d'inspiration. Peut-être apprendras-tu davantage à leurs côtés qu'en essayant de voler seul dès le début... » Phobos tressaillit - il sentit le regard perçant de sa camarade se poser sur lui, le sonder jusqu'à l'intérieur de lui-même. Il trouva cela très désagréable. « Alors. Que vas-tu faire ? » Il lui fallut quelques secondes avant de se décider et, finalement, lui aussi matérialisa un parchemin devant l'Orine. « Maintenant, il faut trouver un moyen de rendre le tient plus attrayant, éveiller la curiosité de ta Rêveuse pour t'assurer qu'elle te révèle ses secrets, à toi et à personne d'autre. » Phobos se plongea dans une réflexion interne. Comment pouvait-il rendre son parchemin suffisamment exceptionnel pour qu'il attire l'Isemssith ? Finalement, il trouva la réponse. Lorsque la brune termina de rédiger son parchemin et qu'elle se pencha pour en récupérer un nouveau, le Sylphe se concentra : une gerbe d'étincelles jaillit de son papier, explosant en feux d'artifices miniatures. Cela suffit à attirer l'attention de celle qu'il désirait. Lentement, elle tendit la main pour s'emparer du parchemin. « Bien joué... Tu n'es pas si bête que ça, quand tu t'en donnes les moyen. » complimenta la voix.

« Alors, quel genre de génie es-tu ? » questionna l'agaçante présence. La question sembla ne pas atteindre le Sylphe, qui relisait les lignes écrites de la main de la brune. « Ce que tu as vu jusqu'à présent... Est ce que cela te convenait ? » continua à interroger la voix. « Mmh... Pas vraiment... » conclut le faiseur de miracles après un instant de réflexion. Il n'était pas spécialement ému par les démonstrations émotives de la brune. La tendresse, l'émerveillement, la paix... Tout ça ne lui évoquait rien. « Dans ce cas, que vas-tu faire avec ce qui est noté sur ton parchemin ? » Phobos baissa de nouveau son attention sur les souhaits de l'ingénue. L'idée de réaliser ses vœux ne l'enchantait guère. En réalité, il éprouvait davantage de plaisir à s'imaginer distordre ses demandes, les rendre cauchemardesques et chaotiques, l'entendre supplier ou pleurer... Sentant un élan d'espoir grandir en lui, il se tourna vers la femme. « Je ne suis pas obligé d'exécuter ses rêves ? » Un sourire carnassier se dessina sur le visage de Nasloo.
774 mots.
[


Avatar
Avatar de noël : LINOK_SPB
[Q] Ordonne, et j'exaucerai 2exr
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t35442-bellada-ward-le-clu
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Lun 03 Jan 2022, 19:50


Image par WLOP
Ordonne, et j'exaucerai
Bellone


« Tu veux bien venir jouer avec moi ? » Bellone redressa le visage vers l'enfant qui venait de s'adresser à elle. Un sourire tendre se dessina sur ses lèvres, de ceux qui délivrent la bienveillance, la tendresse, l'ingénuité des êtres naïfs. L'Orine ne voyait de cet enfant que ce qu'il voulait bien qu'elle entrevisse. Elle voyait le masque, sans deviner l'acteur qui se cachait sous le costume, imaginait l'enfant sans réaliser qu'il s'agissait d'un rôle. Lentement, elle se redressa au milieu du champ de tournesols dans lequel elle s'était allongée. Ils lui arrivaient au coude. Elle n'était pas géante. Les fleurs étaient simplement petites, sans qu'elle ne trouvât cela étrange. « Oui, bien sûr. » répondit-elle d'une voix douce. Elle tendit la main, l'invitant à la rejoindre. « A quoi voudrais-tu jouer ? » questionna-t-elle. « Une partie de cache-cache ? » proposa-t-elle. « Ou à l'Iro no asobi ? (#) » Elle avait souvent joué à ce jeu, enfant. Elle adorait courir pour aller s'emparer d'un objet rouge, vert, turquoise ou magenta - selon l'Art divin de ses camarades, les nuances colorimétriques étaient plus ou moins spécifiques : celles ayant des affinités avec la peinture ou le dessin se montraient par exemple particulièrement pointilleuses. Ça n'en rendait l'exercice que plus palpitant. Les petites se mettaient alors à courir vers la cabane, afin d'échapper à l'incolore. « Hum... » fit le garçon, l'air de réfléchir. « Je crois que je préférerais qu'on aille là-bas, plutôt. » dit-il en désignant quelque chose derrière la brune. Cette dernière se retourna pour comprendre à quoi il pouvait bien faire allusion. Une haute haie s'était matérialisée à quelques mètres d'eux. Pourtant, Bellone eu le sentiment que le labyrinthe avait toujours été à cet endroit, car il s'agissait de sa place. Elle n'y avait simplement pas prêté attention plus tôt. « Pourquoi pas. » fit-elle. Elle se remit sur ses pieds puis se dirigea vers l'entrée du dédale, accompagné de l'enfant. « Comment t'appelles-tu ? » « Je suis Aro. Et toi ? » « Je suis Bellone. »

« Est ce que tu sais ce qu'il y a, au cœur du labyrinthe ? » demanda la Sœrei. Car il devait bien y avoir quelque chose, au centre des murs végétaux. Ce genre d'endroit était battis pour protéger ou cacher des choses de valeurs. Un trésor, bien que la nature puisse en changer. Parfois, un bijoux valant une somme colossale, d'autres fois, un être cher. Les contes de Fae avaient fabriqué tout un mythe autour de ces lieux mystérieux. Un folklore excitant, pouvant receler mille-et-uns secrets. « Je crois que quelqu'un t'attends. » « Ah oui ? Qui ça ? » « Tu verras. » Le masque se fêla, juste le temps d'une seconde. Ce fut assez pour que la rêveuse puisse capter le sourire inquiétant qui s'était greffé au visage enfantin. Comme une graine plantée dans un sol particulièrement fertile, l'incertitude et la méfiance commencèrent à germer. Quelqu'un l'attendait au cœur du labyrinthe. L'enfant savait, mais il ne voulait pas lui dire. Pourquoi ? Bellone n'était pas certaine d'aimer ça.

La jeune femme frissonna, tandis qu'un nuage de vapeur s'échappait de ses lèvres entrouvertes. Devant elle, un long couloir sans fin, éclairé seulement par quelques lueurs bleues semblant flotter contre les parois des murs noirs. Derrière elle, un couloir obscure, lui cachant la vue de l'endroit dont elle venait. « Où sommes-nous ? » demanda-t-elle à l'enfant. L'enfant ? Quel enfant ? Elle était seule. Une étrange pression s'empara de l'Orine. Elle sentit sa peau se hérisser - elle ne le sentait pas vraiment, mais sa conscience lui permettait de le deviner. De la même manière, elle sut que son cœur s'accélérait. Que son souffle se faisait court tandis qu'elle tournoyait sur elle-même, pour essayer de trouver une sortie. Tant qu'elle fini par perdre l'équilibre. A terre, sur le carrelage de cette même teinte noire pure que les murs, elle pu voir son reflet. Et, avec elle, ceux des multiples visages déformés par la terreur, se tordant dans un cri muet de douleur, semblant essayer de s'échapper du plafond. Dans un sursaut, Bellone se retourna pour leur faire face. Un liquide gluant coula sur sa main. Comme si elle s'était retrouvée dans une baignoire, l'eau visqueuse et opaque - noire, comme tout ici - se mit à l'engloutir. « Non... » Elle essaya de retirer sa main. Elle était déjà engloutie. L'autre également. Ses pieds étaient déjà embourbés. Le niveau de l'eau montait dangereusement. Tout son corps était immergé, à part sa tête. Son cou - ses oreilles - ses oreilles. Bellone ouvrit la bouche pour crier. Elle sentit le liquide s'y infiltrer. Elle ferma les yeux, essaya d'inspirer par le nez.

Une poignée. Elle venait de la sentir, sous ses doigts : la sphère froide, qui ne demandait qu'à être tournée pour la libérer. Sa main s'y agrippa. La porte se déroba sous elle.

Bellone rouvrit les yeux. Le soleil baignait sa peau. Elle avait envie de boire un thé.
820 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Bellada Ward
~ Magicien ~ Niveau I ~

~ Magicien ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 915
◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥
◈ Activité : Cuisiner avec amour !
Bellada Ward
Mar 04 Jan 2022, 08:22


Image par inconnu
Ordonne et j'exaucerai
Phobos


« Pourquoi ? » L'interrogation lui avait échappée, de la même manière que les rêveurs ne peuvent s'empêcher de confier leurs espérances aux bâtisseurs de la nuit. C'était un cri du cœur, trop douloureux à garder enfermé pour soit. Une incompréhension authentique, qui balayait les rôles et les mesquineries habituelles. Sans pouvoir s'en empêcher, Phobos se tourna vers Nesloo, qui l'avait observé silencieusement tandis qu'il avait tissé la trame du songe. Elle ne l'avait pas guidé, ne lui avait pas donné de conseil supplémentaire. Elle avait souhaité voir comment il se débrouillerait, seul face à l'Orine. Le résultat était meilleur que ce à quoi elle s'était attendue. La magie du Sylphe était plus développée que ce qu'elle avait anticipé, bien que la scène et les détails restassent encore grotesques à son goût. Elle ne pouvait pas lui demander un chef d'oeuvre alors qu'il ne savait même pas encore comment maîtriser son pinceau, n'avait jamais essayé de créer de nouvelles nuances avec ses propres armes. Elle esquissa cependant un sourire en constatant que son disciple acceptait enfin son aide. Il s'était naturellement dirigé vers elle pour trouver les réponses à ses interrogations, « Je pense que la question que tu devrais te poser est Comment ?, tu ne penses pas ? » Phobos resta placide, comme à son habitude, se contentant d'attendre la réponse. Il était tel un enfant stupide. La plus expérimentée se retint de soupirer. « Tu as déjà été confronté à des rêveurs lucides, n'est ce pas ? » L'apprenti ne répondit rien, fouillant dans sa mémoire. « Oh... » « C'est ça. Comme cette Orisha. » confirma Nesloo avec un sourire satisfait. « Ces rêveurs là échappent à notre contrôle, parce qu'ils savent ce que nous manigançons, ils ont conscience des pièges que nous pouvons leur tendre et du pouvoir qu'ils détiennent sur nous dans ce domaine. Ils peuvent nous utiliser à leur guise. » Le néophyte se retourna vers la fille des Arts. Etait-elle l'une d'entre eux ? Avait-elle conscience de tous les mécanismes qui étaient en jeu ? Cela semblait improbable. Elle donnait davantage l'impression de se laisser guider par ce que les Génies lui proposaient, de découvrir les décors qu'ils façonnaient pour elle. Elle ne lui donnait pas non plus l'étrange sensation qu'il avait ressentit, lorsque les yeux bicolores s'étaient posés sur lui : l'impression d'être décortiqué jusqu'au plus profond de son être, que son âme même fut mise à nue. « Ils sont agaçants, mais ce ne sont pas les seuls. » continua Nesloo, qui avait laissé un moment de répit à son disciple pour que celui-ci puisse réfléchir à ce qu'elle avait dit. « Nous ne sommes pas les seuls à posséder un contrôle sur le monde des rêves. Certains parviennent à en tirer les ficelles par la simple force de leurs volontés - les rêveurs lucides - et d'autres grâce à leurs talents... Cette petite, aussi insignifiante puisse-t-elle paraître, possède le don de dicter ses envies. Elle façonne de la même façon que nous. Enfin, presque. » Nesloo toisa leur cible avec un mélange de curiosité et d'avidité. « Avec plus d'expérience, elle pourrait se révéler être une artiste. Un élément particulièrement intéressant à contraindre. » Parvenir à reprendre le contrôle sur l'un de ces rêveurs provoquait toujours un plaisir malsain à la fille de Pandore.

« Mais. » Sa voix s'était faite accusatrice tandis qu'elle se retournais vers le Sylphe. « Cela n'explique pas tout. Sa maîtrise est encore faible. Elle n'a pas conscience de ses compétences. C'est une erreur de ta part qui lui a permis de s'échapper à ta poigne. » « Mon erreur ? » La voix désincarnée de l'élève était rendue aiguë par la contrariété. S'il n'était pas capable de pleurer - son corps ne le lui permettait pas - cela ne l'empêchait pas de ressentir ses émotions, tel un torrent indomptable. « Oui. Regarde. » Le duo se retourna vers le rêve tissé par un autre. « Ici, tout se passe bien. Bellone n'a rien à craindre, elle se sent bien, en sécurité, sereine. Elle n'a aucune volonté de s'échapper. Elle ne cherche pas à fuir. » « ... Vous m'avez dit que je pouvais créer des cauchemars. » « Et tu peux. Mais il te faut pour cela trouver une parade à son pouvoir. Empêcher les autres de lui proposer une alternative plus plaisante dans laquelle elle se jettera. Tu ne pourras pas l'empêcher de créer une fenêtre par laquelle sortir. Tu peux en revanche contrôler ce qu'il y a derrière. Lui donner quelques moments de répit, également. Faire en sorte qu'elle ne s'habitue pas à ta terreur. La faire valser entre le rêve et la tourmente. » Phobos respira profondément. Il n'était pas sûr de tout comprendre. « Ne t'en fais pas. Tu auras de nouveau l'opportunité d'essayer. Il faudra simplement être patient. » Pour le moment, l'Orine n'avait aucunement l'intention de quitter le rêve dans lequel elle était plongée.
774 mots.


Avatar
Avatar de noël : LINOK_SPB
[Q] Ordonne, et j'exaucerai 2exr
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t35442-bellada-ward-le-clu
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Sam 08 Jan 2022, 20:06


Image par WLOP
Ordonne, et j'exaucerai
Bellone


Les yeux qui se posaient sur la brune étaient cruels, froids ou méprisants. Parfois, un mélange des trois. On la toisait avec ce scepticisme qui lui rappelait sans cesse qu'elle n'était pas à la hauteur, qu'elle n'était pas assez forte. Qu'elle devait faire davantage d'efforts si elle voulait se faire accepter, pour leur prouver sa valeur et qu'elle n'était pas une Orine brisée, défectueuse, une Muse incapable de laisser vibrer les Arts au travers d'elle. Au sein de la culture Alfar, où excellence était de mise, où les erreurs n'étaient pas acceptées et le secondes chances  plus rares encore que les compliments, elle se sentait plus misérable que nul part ailleurs. Ses choix semblaient continuellement mis en doute, par un coup d’œil désapprobateur ou un soupir désabusé, un commentaire piquant ou une indifférence poignante. La fille des Arts avait l'impression d'être le sujet d'une expérimentation, d'être disséquée pour laisser la possibilités à toutes ces âmes voraces de la juger, de critiquer chaque action entreprenante, comme pour mieux la conforter dans une paralysie effrayée, qui ne resterait pourtant pas épargnée par les sous-entendus dédaigneux. Il n'y avait pas de bonne décision, car peu importât ce qu'elle décidait de faire, ses efforts seraient réduits à néant par le manque de confiance de cet entourage toxique.

« Tu veux faire de la musique ? » demanda l'un des elfes noirs. Il avait usé d'un ton poli et surpris. Une façon détournée de faire part de ses réticences quand à ses aspirations. L'étonnement n'était pas ici ingénu et bienveillant - rien ne l'était, ici, on ne gagnait pas gratuitement l'approbation, il fallait justifier ses ambitions par le talent et l'intelligence. Il s'agissait davantage d'une consternation contenue. « Tu veux devenir musicienne mais tu n'es pas virtuose ? » semblait reprocher l'interrogation. Si le succès n'était pas total, éclatant, irrévocable, alors à quoi bon ? Si les auditeurs n'étaient pas transcendés, sans exception, alors on n'avait pas réussi, on était lamentable, on n'en valait pas la peine. Bellone se sentit vaciller. « Je... Je joue de la flûte  de Pan... » essaya-t-elle de justifier, levant l'instrument dans ses mains tremblantes. « Ah. Comme c'est... attendrissant. » La musicienne se crispa, sa gorge se noua, ses yeux s'embrumèrent. Elle sentait la moquerie se cacher derrière le sourire feint. Pourquoi jouait-elle ? Elle était dénuée de talent.

« Vous voulez devenir architecte, c'est cela ? » « Oui, je - » « Vous pensez en être capable ? Je veux dire, vraiment capable ? De bâtir des monuments majestueux ? De construire des œuvres qui tiendront encore debout dans des décennies, des siècles, des millénaires ? Des édifices dont on se souviendra à l'énonce de votre simple nom ? » On ne se l'imaginait pas. Comment pouvait-elle leur en vouloir ? Elle était incapable de réussir les concours d'entrée à une académie digne de ce nom pour étudier ce métier complexe. Les cours étaient trop compliqués. Ou bien, elle était trop idiote, une bonne à rien, une moins que rien. Comment pourrait-elle parvenir à la hauteur de ses prétentions ? Elle se targuais de vouloir devenir une bâtisseuse, de vouloir remodeler la Majestueuse, et pourtant elle restait piégée, au pied du mur face à la première difficulté.

« Pourquoi être resté aux côtés de Jämiel ? » Le regard d'Ailill était le plus tranchant de tous. Peut-être parce qu'elle ne se préoccupait pas seulement de ridiculiser l'Orine, mais parce qu'elle s'inquiétait sincèrement du bien-être de son fils. « Vous aviez l'opportunité de vous associer à quelqu'un de bien plus puissant, et pourtant, vous y avez renoncé. Pourquoi ? » La question était brûlante, pleine de reproches. Bellone, pourtant, ne pouvait y répondre. Sa bouche était scellée et, bien qu'elle essaya de faire entendre sa voix, ses lèvres restaient immobiles. « Aviez-vous peur que la concurrence soit trop importante, dans les plateaux supérieurs ? Craigniez-vous de ne pas supporter la pression ? Dans ce cas, n'avez-vous pas l'intention d'aider Jämiel à s'élever dans la hiérarchie ? Si vous n'êtes pas ici pour le soutenir, vous ne serez qu'un boulet, pour lui. Il n'a pas besoin de quelqu'un pour le tirer vers le bas. Il n'a pas besoin de quelqu'un comme vous. » La jeune femme se sentit mourir de l'intérieur. Le Sarethi n'avait pas besoin d'elle. Elle était inutile.
752 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Bellada Ward
~ Magicien ~ Niveau I ~

~ Magicien ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 915
◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥
◈ Activité : Cuisiner avec amour !
Bellada Ward
Dim 09 Jan 2022, 16:30


Image par inconnu
Ordonne et j'exaucerai
Phobos

Nesloo observait la scène avec une fascination surprise. Phobos jouait avec le feu. L'Orine, après s'être échappée à son contrôle, avait voyagé dans les machinations de plusieurs dizaines de Sylphes avant de retomber entre les griffes de son protégé. Il avait attendu patiemment qu'elle oubliât la crainte de retomber dans son domaine, préparant son plan plutôt que de se jeter de nouveau dans la précipitation. Il avait tissé sa toile telle une araignée, attendant ensuite que l'insecte vienne s'y jeter de lui-même, se coinçant dans son piège, sinon mortel, au moins cauchemardesque. Il y avait encore matière à améliorer. Mais on ne pouvait pas évoluer en si peu de temps. Au moins avait-il prit en considération les conseils de sa mentor. Il essayait de s'imprégner des meilleurs, reproduisant maladroitement les réussites dont il était le témoin.

« C'est audacieux. » Contrairement aux Alfars que le génie mettait en scène, la remarque de la femme était sincère. Représenter des personnes du quotidien d'un rêveur était à double tranchant. Cela permettait de se rapprocher de sa cible, d'incarner une personnalité que l'on avait pas besoin de fabriquer de toute pièce, l'inspiration était puisée directement à la source. Cependant, si l'acteur n'était pas doué, la mascarade pouvait vite désillusionner le rêveur et celui-ci aurait tôt fait de se tourner vers un génie plus talentueux. Il fallait parvenir à capter l’essence des protagonistes interprétés, pour pouvoir la moduler sans en devenir absurde. Phobos s'était appuyé sur les craintes de la Disgracieuse. Il avait décidé d'appuyer là où les incertitudes et le manque de confiance en elle rongeaient sa victime. Il puisait dans une source puissante mais instable. Il était facile pour les gens comme Bellone de décider d'un changement de scène car celui proposé par le faiseur de Miracles ne leur était pas agréable... Pourtant, l'Orine s'enfonçait davantage dans les travers du cauchemar. Elle alimentait elle-même les interactions nocives, les commentaires aigres, les démonstrations d'animosité. Ses doutes étaient tellement enracinés en elle que la musicienne nourrissait elle-même le mal qui la rongeait : sa magie, plutôt que de la libérer, l'enfermaient plus profondément dans le monde d'Elzédor.

Nesloo se retourna vers le Sylphe. Il luisait, sans forme distincte. Dans sa forme primaire, il n'était qu'une boule lumineuse, une bulle d'énergie bleutée. Il n'était qu'un être chimérique, un être façonné par la magie, libre de toute contrainte physique. A mesure que sa cible s'ancrait dans le rêve, il semblait briller avec plus d'intensité, comme s'il se nourrissait d'elle, de son énergie vitale, de son âme. D'une certaine manière, il tenait plus du démon que des faiseur de miracles imaginés dans certains contes. « Et maintenant ? » demanda la mentor. « Que comptes-tu faire, pour la suite ? » Phobos était trop concentré sur son travail, obnubilé par son oeuvre pour écouter sa conseillère. S'il avait pris une apparence humaine, on aurait pu lire dans son regard une envie malsaine. A croire qu'il attendait impatiemment de récolter ses larmes, que ses oreilles se délectaient de ses cris et de ses gémissements, de ses sanglots mélodiques. La femme esquissa un sourire. Les génies avaient longtemps pâti d'une mauvaise réputation. Sans doute leur était-elle associée à cause des contreparties qui accompagnaient les vœux. Beaucoup de Maîtres s'étaient retrouvés piégés par les illusionnistes, finissant plus mal en point qu'avant leur premier souhait. La réalité était plus subtile : certains djinns se plaisaient à accorder leurs faveurs à celles et ceux se révélant intéressants, à moins qu'ils ne se sentent l'âme charitable et ne décident d'aider ceux dans le besoin. Certains oscillaient entre les deux possibilités en fonction des opportunités, d'autres préféraient parfois se spécialiser dans l'horreur ou la miséricorde en adéquation avec leur personnalité. Nesloo n'avait aucun doute que Phobos se révélerait naturellement être un servant d'Elzédor. Avec le temps et de la pratique, il saurait inspirer l'effroi à ses victimes, à tel point que l'idée de retourner dans le sommeil leur serait dérangeante... La génie se souvenait encore du premier Rêveur qu'elle avait rendu insomniaque. Elle en avait été si fière qu'elle s'était assurée qu'il ne repassa jamais plus une nuit paisible, jusqu'à ce que la mort vienne le cueillir - dans son sommeil.


« N'oublie pas ce que je t'ai dit... Il ne sert à rien de la bloquer trop longuement dans des cauchemars. » Rappela Nesloo. Si elle partageait le penchant sombre de son disciple, elle tenait à ce qu'il sache également créer des illusions sublimes. C'était une chose de ne tisser que des toiles obscures par choix, une autre de ne s'y rabattre que parce qu'on n'était pas suffisamment talentueux pour se risquer à autre chose.
823 mots.


Avatar
Avatar de noël : LINOK_SPB
[Q] Ordonne, et j'exaucerai 2exr
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t35442-bellada-ward-le-clu
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Lun 10 Jan 2022, 07:41


Image par WLOP
Ordonne, et j'exaucerai
Bellone

Bellone n'avait jamais vu de champs de guerre de sa vie. Elle avait étudié bien des tragédies de l'Histoire, mais n'en avait jamais vécu aucune. Ces choses là appartenaient au passé ou ne la concernaient pas. Pourtant, en cet instant, elle avait le sentiment d'y avoir participé. D'être l'unique rescapée d'une terrible catastrophe. D'être seule au monde, face au fantôme de son univers. Autour d'elle : seules les ruines subsistaient. Les décombres de ce qu'elle avait un jour construit. Ses monuments, sa musique, son Dakao. Les échos des personnes qu'elle avait chéri, des souvenirs qui lui avaient réchauffé le cœur dans ses moments de vulnérabilité.  Tout était parti en poussière ou avait été réduit en cendres. L'Orine avançait, tremblante, soulevant des volutes du tapis grisés sur son passage. D'épais nuages l'empêchaient de voir devant elle, à l'exception du feu qui léchait de ses flammes les quelques restes persistants qui tentaient de rester vaillamment debout. Ces brasiers éclairaient un chemin mortel tels des phares funestes. La chaleur accablante de la fournaise rendait l'air difficilement respirable. L'artiste étouffait. Elle suffoquait de l'aridité des âmes qui avaient ainsi dégradé son espace.

La Soerei ne comprenait pas comment les choses s'étaient détériorées aussi rapidement. Il lui semblait que la seconde passée, elle subissait encore les critiques de ses tourmenteurs. Désormais, elle se retrouvait face à ce paysage de désolation, sans Nature, sans espoir, sans lumière. Sans avenir. La jeune femme frissonna de dégoût. Elle resserra les pans de son kimono contre sa poitrine, comme pour se couvrir des attaques sensorielles qui l'assaillaient, protégeant son visage à l'aide de son avant bras. Elle esquissa un pas en avant : une bourrasque de vent hurla contre elle, la faisant glisser en sens inverse, la prenant à la gorge : elle fut prise d'une quinte de toux. Plissant les yeux pour essayer de discerner les formes sombres au milieu du brouillard, la survivante se mit à tourner sur elle-même. Son cœur s'était serré en réalisant qu'elle était seule. Elle ne pouvait pas l'être. Jamais. Car cela signifierait que le Sarethi l'avait abandonné ou lui avait été arraché. L'idée même de cette possibilité la tirailla. « Jämiel ? » cria-t-elle. C'était un appel à l'aide, presque une supplique. Une prière envers son Aisuru - qu'il ne l'ai pas quitté, qu'il lui revienne. Ensemble ils pourraient reconstruire tout ce qu'ils souhaitaient, ils pourraient renaître de ces cendres et s'élever au delà de tous les obstacles. L'Alfar lui donnait de la force lorsqu'il était à ses côtés, il était sa raison de continuer à luter, de se dépasser même lorsqu'elle avait envie de jeter l'éponge, d'encaisser les sournoiseries et les médisances. Oui. Elle n'avait qu'à le retrouver, et elle serait sauvée. « Jämiel ! » répéta l'Orine. Cette fois-ci, il s'agissait davantage d'un ordre. Elle exigeait qu'il se manifesta à elle - car s'il ne venait pas jusqu'à elle, cela voudrait dire qu'il n'existait plus, et la Créatrice refusait catégoriquement cette possibilité.

A quelques mètres de la jeune femme, une silhouette se découpait sur les ombres de fumée. On s'approchait d'elle. Son cœur sembla se libérer d'un poids lorsqu'elle entendit la voix de l'Arcesi lui répondre. « Bellone ! » « Je suis là ! » La brune tendit la main. Il était là, de l'autre côté du rideau cendreux. Leurs doigts s'étiraient, cherchaient à se lier aux autres. Après quelques secondes de luttes, ils se trouvèrent enfin. « Je te tiens ! » La brune tira de toute ses forces pour attirer le garçon jusqu'à elle. « Pourquoi, Bellone ? » L'Orine se figea. Ses yeux s'écarquillèrent. « Pourquoi m'as-tu fais ça ? » demanda l'Alfar. Une longue traînée rouge glissait de sa tempe jusqu'à son menton, le sang gouttant sur leurs mains nouées. ploc-ploc-ploc. Autant d'aiguilles qui s'enfoncent dans les mains. « Pourquoi as-tu tout détruit ? » accusa-t-il dans un murmure.

Bellone sentit le sol se dérober sous elle. Elle se sentit basculer dans le vide. Dans les ténèbres. Seule. Elle se sentit absorber par l'obscurité, engloutir par le néant. Elle aurait voulu que tout ceci ne soit qu'un rêve. Qu'elle puisse se réveiller de ce vertige infini.

Il s'agissait pourtant de sa nouvelle réalité.



Phobos esquissa un sourire satisfait. Lorsqu'il avait sentit que le contrôle lui échappait, que la Rêveuse reprenait ses droits sur son songe et qu'elle façonnait l'être aimé, il n'avait pas cherché à l'en empêcher - il avait deviné que sa volonté à elle serait plus forte que sa magie à lui. Plutôt que de renier cette évidence, il avait utilisé l'argile à sa disposition, et en l'avait modelé pour que le résultat convienne à ses desseins. La terreur sur le visage de sa victime avait été délicieuse. Il était insatiable. Il avait l'impression que jamais il ne pourrait assez s'arrêter.
855 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Mar 11 Jan 2022, 10:29


Image par WLOP
Ordonne, et j'exaucerai
Bellone

RP lié ; La belle au bois dormant

Bellone ressemblait à une Princesse de conte. Allongée dans son lit, droite, les mains repliées sur son buste. Autour de son visage, des pierres précieuses avaient commencé à apparaître de façon inexplicable, formant un petit monticule s'entremêlant avec ses longs fils de jais. Ses cheveux avaient poussés, s'étalant en auréoles funèbres autour de sa tête, telle une couronne témoignant du temps qui s'écoulait. Autour du lit, des ronces avaient commencé à grimper, formant comme un cercueil protecteur autour de la Rose Noire.

Le Visati s'approcha de l'Endormie. Assoupie de la sorte, elle semblait dormir paisiblement. Son expression restait inchangée, malgré les tourments de son sommeil sans fin. A la voir ainsi, on ne pouvait pas se douter du mal qui la rongeait, à moins de constater la durée anormale de sa nuit. Le Mange-Rêve gratta le sol de son sabot. A côté de lui, l'imposant chien était assoupi. Pourtant, si qui que ce soit était entré dans la chambre, cela aurait suffit à réveiller le colosse. Sa présence à lui, néanmoins, était indétectable. Il était intangible, immatériel, il ne possédait pas d'odeur, pas de voix, pas d'apparence visible pour l'animal. Certains diraient qu'il n'existait même pas, mais ceux-là avaient tort. Il était bien réel. Il avait accompagné la Rêveuse depuis la coupe des nations génies et, lorsque l'Alfar avait décidé de l'emmenée hors d'atteinte des dangers du monde extérieur, la créature s'était retrouvée piégée avec l'Orine, dans cette tour infranchissable. S'il en avait véritablement eu envie, il aurait pu décider de quitter la brune et d'aller visiter les rêves d'un autre. Pourtant, il s'était accrochée à cette dormeuse-là et la trouvait de bonne compagnie. Il n'avait donc pas cherché à voyager dans le subconscient d'autres inconnus.

L'imposant cheval fut balayé d'un coup, comme si une violente bourrasque de vent avait soufflé son corps de sable. Sur le lit, près de la main de la Soerei, un papillon noir battait des ailes. Celui-ci virevolta jusqu'à sa tête, sur laquelle il se posa. Bellone était en train de rêver. Ou plutôt, de cauchemarder. Le Visati avait vite réaliser que les Sylphes qui tourmentaient sa protégée ne se montraient pas des plus bienveillants à son égard. La prison dans laquelle elle s'était retrouvée enfermée s'était vite transformée en enfer : là où ses nuits auraient pu être paisibles, bercées par de beaux rêves colorés, les disciples d'Elzédor s'étaient vite mis comme devoir de ne lui laisser que peu de répit. Le Mange-Rêve n'était pas exempt de tout reproche pour autant. Il aurait pu décider de manger ses cauchemars pour s'assurer que son réveil se ferait en douceur, qu'elle ne se souviendrait pas de ce qui l'avait bouleversé durant son voyage onirique. Il aurait pu laisser ses rêves intacts pour qu'elle se rappela des rares moments de douceurs que les enfants de Pandore lui accordait. Pourtant, le Visati avait dévoré ses rêves, qui avaient une saveur plus sucrée, et s'était montré réservé quand à manger ses cauchemars, qui s'enrobaient d'une amertume et d'une acidité repoussante.

En réalité, ce n'était pas seulement une question de goût. L'Attrape-Cauchemar suivait les ordres de la Dame. Celle qui l'avait repéré, au début des premiers songes. « N'efface pas les Cauchemars. » avait-elle dit. « Ils l'aideront à devenir plus forte, à grandir et s'affirmer. » Le Visati n'avait pas vraiment compris ce qu'avait voulut dire la Femme par ces paroles. Il ne se mêlait que rarement au mondes des Éveillés et les manigances des uns et des autres ne le concernaient aucunement. Pourtant, cette fois-ci, il avait décidé d'obéir. Peut-être parce que la femme dégageait un magnétisme envoûtant, le réduisant à l'obéissance. Peut-être parce qu'une part de lui avait compris qu'il s'agissait d'un mal pour un bien, d'une façon d'agir dans l'intérêt de sa Rêveuse. Ces choses là lui échappaient un peu.

Le papillon marcha lentement sur le visage de l'Orine. Derrière son passage, on pouvait apercevoir une poussière noire briller sur la peau pâle de l'Endormie. Elle luisait quelques secondes avant d'être absorbée. Un nouveau cauchemar était en préparation. Le Visati était cependant affamé. Alors il ne laisserait pas la brune s'en souvenir : celui-ci, aussi affreux soit-il, ne viendrait pas la troubler une fois qu'elle serait libérée.
767 mots
FIN
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Q] Ordonne, et j'exaucerai

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Est :: Mer du Feu Bleu :: Somnium-