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 Les Portes V - La Chute du Roi Sadique

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4744
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Jeu 12 Oct 2023, 23:51


Les Portes V


Effectuant encore quelques pas en arrière avant te permettre de tourner le dos à Irène, tu te passes une nouvelle main nerveuse dans les cheveux et t'éloignes rapidement de son champ de vision. Tu avais vu le regard qu'elle t'avait jeté lorsque tu l'avais repoussé. Il t'avait glacé le sang. Rapidement tu rejoins le couloir emprunté par les domestiques pour aller de la cuisine à la salle de réception et remplir les assiettes du buffet. Après t'y être enfoncé de quelques mètres, tu t'arrêtes et t'adosses au mur. Tu te passes une main sur le visage tandis que la scène repassait en boucle dans ta tête. Ton intervention ; ses initiatives ; ton refus ; sa colère. "Ça ira" avais-tu assuré à Noée. Tu parles. Rien n'allait correctement ce soir et ton échange avec la folle n'avait absolument pas tourné comme tu l'avais espéré. Tu songeais même que ta demande était à présent compromis. Tu exhales un long soupir. Se plier aux désirs des nobles était la tâche qui incombait aux gens comme toi normalement. Dans une certaine limite cependant songeais-tu. Avait-ce été une erreur ? Pas de ton point du vu. Pourtant la violence de l'expression de la d'Errazib te laissait penser que tous ne partageaient pas cette opinion. Tu devras en parler à Noée. Jamais tu n'avais imaginé cette configuration et, en cela, il t'était impossible de te décider sur la justesse de ta réaction. « Doléas ? Ça va ? ». L'un des serveurs, en provenance des cuisines, s'était arrêté face à toi. « Ouai, rien de grave. ». L'espérais-tu en tout cas. « Traînes pas trop alors, le majordome aime pas vraiment les tire-au-flanc. » - « Ouai, j'arrive. » réponds-tu en suivant le garçon qui s'éloignait déjà. Tu prends une longue inspiration que tu souffles de même. Seulement alors tu te redresses pour te mêler à nouveau aux convives.

Ton premier réflexe en reprenant l'emploi pour lequel tu étais ici fut de chercher la silhouette d'Olivette. Ton regard tombe cependant sur Merlin alors qu'il attirait l'attention de la foule comme le faisaient les harangueurs — une activité devenue particulièrement dangereuse aujourd'hui. Le simple fait de constater qu'Olivette ne se trouvait pas dans ses environs proches suffit à te rassurer. Tu reprends ainsi avec une nouvelle sérénité ton service, quoique gêné par une fragrance nouvelle et des plus désagréables. C'était âcre, chaud, étouffant, prenant au nez et à la gorge. Une odeur capable de réveiller l'âme la plus inerte. Un parfum reconnaissable entre mille même alors qu'on ne l'avait jamais respiré. Celui de la combustion et des braises, de la chaleur infernale d'un brasier titanesque. Tu tournes le regard vers l'extérieur d'où des murmures inquiets se faisaient déjà entendre, craignant confirmer ce que ton nez te faisait supposer. La stupeur. L'incompréhension. C'était tous ces sentiments de déni qui enveloppèrent ton esprit. La foule s'agitait autour de toi, mais tu n'y prêtes pas attention. Ton plateau se renverse, ne supportant pas le choc des nobles en fuite. Toi-même était bousculé de tout côté, mais tu étais incapable de détacher ton regard de l'incendie. "Ça ira" avais-tu affirmé plus tôt à Noée. Noée ! Une décharge d'adrénaline te fait quitter la torpeur dans laquelle tu étais. Tu la sens pulser dans tes muscles et accélérer ton rythme cardiaque comme ta respiration. « Maman. » souffles-tu d'abord en cherchant son visage rassurant dans la pièce. Tu bouscules finalement la foule paniquée pour te frayer un chemin vers l'estrade sur laquelle tu te hissais afin d'avoir une meilleure vision du monde. Un autre nom claironnait dans ta tête en même temps que celui de ta mère. Celui-ci t'apparut enfin entre les mains de ses parents, ce qui t'enleva un poids certain. Tu n'étais cependant toujours pas serein. La personne la plus chère à ton cœur était toujours absente. Ton regard se perd sur les flammes qui grignotaient un peu plus, à chaque seconde, le terrain pour commencer à gagner la demeure. Tu déglutis. Puis, plutôt que suivre le mouvement, tu décides de t'enfoncer dans la bâtisse pour trouver Noée.

À mesure que tu avances dans les couloirs, tu peux assister à la fuite des retardataires trop occupés à des activités moins sages à voir certains d'entre eux à moitié habillés ou en partie décoiffés, si ce n'était les deux en même temps. La tenue ne semblait n'avoir plus aucune importance dès lors que sa vie était menacée. Mais nulle trace de Noée cependant et ce fut le son du bois qui craquait derrière toi, en plus de l'insistance des derniers domestiques encore présents, qui te pousses à devoir cesser tes recherches. Vous dûtes cependant vous échapper par la fenêtre de l'une de ces nombreuses pièces intimes, le feu et la chaleur commençant à trop fragiliser la structure pour demeurer plus longtemps dans la bâtisse sans courir le danger de se trouver prisonnier des flammes ou écrasé par une poutre. « Noée ? » l'appelles-tu à nouveau en cherchant autour de toi après t'être éloigné de plusieurs mètres du bâtiment. Aucune réponse ne te parvint. Tu interroges donc les différentes personnes présentes. Nulles ne l'avait vu dans les minutes précédents l'incendie. Alors tu te précipites sur le lieu de regroupement principal, à l'entrée du manoir en flamme. Nombreuses étaient les voitures déjà parties, la noblesse à leur bord. La plupart de ceux encore présents étaient de simples domestiques. Tu songes d'abord qu'il te serait ainsi plus aisé de retrouver ta mère de cette façon. « Noée ?! » l'appelles-tu encore. Et encore le silence seul te répond. Tu te tournes vers l'habitation, désespéré, craignant déjà le pire scénario la concernant. Si les flammes ne grondaient pas avec force en léchant la pierre du manoir, si le bois ne gémissait pas sous l'assaut du brasier, si les fenêtres n'explosaient pas sous l'effet de sa force, probablement te serais-tu déjà jeté à l'intérieur pour t'assurer qu'elle n'y était plus. Il t'était impossible de t'approcher cependant. Qui plus est, la raison te soufflait que cette action serait vaine. Si elle s'y trouvait, tu ne la retrouverais qu'une fois le feu éteint, sous les décombres du manoir, cachée sous la cendre et la suie. Ce ne serait que courir au suicide sans véritable raison que de te jeter dans le brasier. Tu restes encore quelques minutes à fixer la catastrophe crépitante et son lot de destruction jusqu'à te rendre à l'évidence qu'attendre ici ne servait à rien pour l'instant. Le cœur lourd, tu tournes les talons et prends la direction du domaine d'Ecirava.

«
Doléas ! ». Tu lèves la tête en entendant ton nom. Un homme à cheval s'approchait à grand galop, une torche en main pour l'éclairer là où seule la Lune était ton guide. Tu le reconnus alors. Il s'agissait de l'un des domestiques de tes employeurs. « Albert ? Il y a un problème ? Le Seigneur et Madame d'Ecirava ne sont pas rentrés ? Je les ai pourtant vus sortir de chez Messire de Tuorp. ». Tu te remets à paniquer en songeant que quoi que ce soit ait pu leur arriver en route. Tu ne supporterais pas de perdre Noée et Olivette la même soirée. « Non, ils sont tous au manoir — d'ailleurs, Dame Ezémone ne semblait pas de bonne humeur. C'est justement elle qui a demandé à te chercher. ». Tu papillonnes des yeux, surpris. Ce n'était pas une chose à laquelle tu t'attendais, qu'une Dame de son statut s'inquiète d'un simple domestique comme toi. Tu t'en trouves à moitié gêné et tout autant honoré. Quelque chose te tourmentait encore cependant. « Et Noée ? ». L'absence de réponse de ton égal te terrifia. « Je suis sûr qu'elle va bien et est aussi en route. » tenta-t-il de te rassurer. Car c'était la seule chose que tu avais pour l'instant. L'espoir.
©gotheim pour epicode


Post IV | Mots 1315 (bon du coup il a une identité le gars qu'Anémone a envoyé)
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Seiji Nao
~ Orine ~ Niveau I ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : La poupée de Maman
Seiji Nao
Ven 13 Oct 2023, 14:51





Rôle:

La mine souriante, Stéphanette s’efforçait de suivre la conversation, ravie que leur hôte soit venu à leur rencontre. Décidément, ce soir, tous les regards se tournaient vers elle. Flattée d’attirer ainsi l’attention, elle en oublia bien vite la présence de la jeune mariée sur l’estrade. À côté des toilettes empesées des invités, elle resplendissait dans sa robe de mousseline. Bien sûr, le blanc était toujours un choix risqué ; elle n’osait imaginer le dégoût sur le visage du Roi si, par malheur, s’empiffrant au buffet, elle avait tâché le précieux tissu. Fort heureusement, l’estomac aussi creux que la cervelle, elle s’était tenue loin de tout danger, et son sacrifice payait. La pureté faisait tourner toutes les têtes, à commencer par la sienne ; il fallait la préserver de toute souillure. Des picotements dans la pulpe des doigts, elle peinait quelque peu à maintenir sa concentration. Le parfum de la fumée, la proximité de l’orchestre, les bavardages des convives : tout cela s’associait vicieusement pour troubler sa conscience. Toutefois, la blondinette n’avait pas l’esprit suffisamment embrumé pour ne pas remarquer la curieuse lueur apparue dans les yeux de sa mère. Celle-ci, frappée d’un déni enthousiaste, pérorait sur les chances d’Olivette, déblatérant ensuite sur ses méthodes de journalisme.  L’inquiétude lui enserra le cœur. Présentait-elle de la fièvre, dont elle aurait bravement caché l’existence pour permettre à ses filles de rencontrer leur monarque, et qui l’empêchait de penser clairement ? Une vague de tendresse déferla sur ses neurones, qu’une idée sensiblement plus sombre balaya : se pouvait-il qu’elle eût contaminé le Roi ? À cette pensée, le rose de ses joues prit la poudre d’escampette.

Effaçant toutes ses craintes par sa simple présence, Arcange surgit soudain à leurs côtés, curieusement dépenaillé. Le sang revint brusquement irriguer la figure de la frivole. Incapable de percevoir le sens de ses propos, elle piqua un fard en silence, baissant pudiquement la tête. Elle comprit vaguement qu’il cherchait de l’aide. Son regard rencontra la ligne de ses pectoraux, indécemment exposée par sa chemise ouverte. Le même genre de sensation que devant certains tableaux de son père lui titilla le ventre. Une partie d’elle-même, qui lui faisait horreur, rêvait de laisser ses doigts courir sur cette chair nue. Quel homme, tout de même ! Ne pouvait-elle pas… Ses pensées s’éteignirent, soufflée par la voix de Merlin derrière eux. Reconnaissante, elle se tourna vers l’estrade : sans doute allait-il, par la force de ses mots, l’ensorceler pour de bon, et chasser la vilaine voix qui lui susurrait qu’elle préférait de loin le blond à ses côtés. Retenant son souffle, elle suivit son discours sur ses lèvres, attendant que le charme fît effet. Hélas, rien de tel ne se produisit ; en entendant le nom du royaume, elle retint de justesse un hoquet de surprise. Uobmab. Même à ses yeux d’écervelée, il semblait mal choisi. Signifiait-il ainsi son allégeance à son père ? Comptait-il unir les deux royaumes sous l’égide de Judas ? Manquait-il à ce point d’ambition ? Par réflexe, elle leva les mains, prête à applaudir.

Les murmures de la foule ne parvinrent aux oreilles de Stéphanette, saturées de leurs propres palpitations, qu’au moment où elle aperçut l’ombre des flammes aux fenêtres. Épouvantée, elle se figea sur place. Une fois encore, Arcange se porta à son secours, désignant une sortie où la masse de convives ne s’accumulait pas encore. N’écoutant que son courage, il se précipita à la rencontre du Roi. Sans hésitation, Stéphanette posa la main sur son avant–bras, lui offrant l’un de ses mouchoirs brodés. Humblement, elle s’abîma dans la contemplation du plancher.

“Messire. Faites attention à vous, je vous prie. Et prenez ceci pour couvrir votre visage. La fumée est aussi dangereuse que les flammes.”

La silhouette du Reknofed s’évanouit dans la foule. Affolée de voir les gens se bousculer, Stéphanette suivait sa mère au petit trot. Quelqu’un lui marcha sur le pied, manquant lui arracher sa chaussure. De panique, elle poussa un cri de détresse qui disparut dans la cohue, et lâcha la main d’Ezémone. Autour d’elle, l’air se raréfiait, goulûment avalé par les flammes qui se pressaient contre la bâtisse. Prête à éclater en sanglots et à attendre que la mort vint la cueillir, elle aperçut les boucles brunes de sa soeur. Rassurée par cette vision, elle s’y cramponna si bien qu’elle retrouva les siens en quelques secondes, comme si elle n’avait jamais été perdue. La cervelle noyée de cortisol, elle s’accrocha à leurs contours cerclés d’orange. Lorsqu’ils parvinrent enfin au carrosse, elle grimpa à l’intérieur sans se faire prier. Ce fut tout juste si elle entendit sa soeur appeler Doléas. L’indignation prit le pas sur la peur. Comment pouvait-elle penser à lui en un moment pareil ?

Blottie dans les bras de la journaliste, les épaules secouées de soubresauts, Stéphanette s’imprégnait de son parfum réconfortant. Sous le choc, elle ne remarqua rien de la tension silencieuse entre ses parents.

“Tout va bien, maman. Nous allons bien. Et nous sommes tous sains et saufs, maintenant. Il n'y a plus de raison de s'inquiéter.”

En vain, l’aînée tentait de refouler ses larmes, se répétant qu’elle devait montrer l’exemple  et faire preuve de bravoure. Celle-ci, de l’autre côté du siège, ne semblait pas plus perturbée que nécessaire par les évènements. D’où lui venait ce sang-froid, si proche de l’indifférence de leur père ? Lorsque les doigts d’Olivette se glissèrent dans les siens, elle releva la tête dans sa direction, les yeux rougis, et les pressa de toutes ses forces.

“Je ne veux jamais vous perdre.”

Alors, le barrage d’orgueil et de convenances céda, et la fillette fondit misérablement en pleurs.

De retour dans sa chambre, l’adolescente, quelque peu soulagée par sa crise de larmes, se dirigea à son bureau. Hâtivement, elle débarrassa les poudriers, rubans, fausses mouches et autres accessoires qui y traînaient _ il lui avait fallu des heures pour se décider sur sa tenue, si bien qu’elle n’avait pas eu le temps de ranger _, et s’empara d’une plume. Refusant de toucher à la bougie pour des raisons évidentes, elle entreprit de rédiger à la lueur de la lune.

“Doléas,

Je ne suis pas sans savoir l’affection que vous portez à ma soeur, et que celle-ci dépasse de loin ce que la bienséance permet. Toutefois, malgré les égarements dont j’ai été témoin, et les indécents ragots que l’on raconte sur vous, je crois qu’aucun autre homme sur terre ne pourrait combler Olivette. Alors que les flammes dévoraient les jardins, et que nous rentrions à peine dans le carrosse du retour, c’est votre nom qu’elle a crié. Je la connais assez pour savoir qu’elle ne s’inquiète pas par simple bonté, et que, d’une manière ou d’une autre, vous avez touché son âme.

Ma mère nourrit le projet de noces entre ma sœur et Sa Majesté. Cependant, c’est à mon avis une effroyable idée. Prise entre les machinations et les exigences de la cour, Olivette ne sera jamais heureuse. Ce dont elle a besoin, c’est d’être entourée d’amis fidèles, de livres, de pensées, et, je le crois, de vous. Bien sûr, votre condition vous empêche certainement de la demander en mariage. Je suis convaincue que si vous vous montrez sincère, et qu’Olivette plaide en votre faveur, ma mère n’osera pas lui briser le cœur. Toutefois, je vous encourage dès à présent à chercher un moyen d’élever votre statut, afin de lui prouver votre sincérité, et à passer davantage de temps avec ma cadette. Peut-être pourriez-vous même lui faire la cour. Rien de trop évident, bien entendu ; votre renvoi serait, pour nous tous, une catastrophe. Je ferais tout mon possible pour vous aider à conquérir sa main. Je préfère la savoir heureuse que devenir belle-soeur du Roi.

PS : Auriez-vous la gentillesse de brûler cette missive, une fois lue ? Je crains que, par d’autres yeux que les vôtres, son contenu ne soit pas apprécié à sa juste valeur.

Votre obligée,

Stéphanette.”


Satisfaite, l’aînée ouvrit la fenêtre de sa chambre, et jeta la lettre dans un massif d’aubépines en contrebas, où seul le jardinier pourrait la trouver. Ravie de son stratagème, elle défit sa robe à la hâte, enfila un pyjama de soie, et s’infiltra à pas de loups dans le couloir. De toute évidence, ses parents discutaient encore dans le salon. Soulagée de ne pas avoir eu à justifier de rédiger à une heure si tardive, elle qui n’écrivait qu’à ses amis sur les derniers cancans en date, elle se glissa dans la chambre d’Olivette. Les émotions valsaient dans sa poitrine, et à apercevoir la silhouette de sa cadette sous les couvertures, elle ravala un nouveau sanglot. Tranquillement, elle grimpa dans le lit, se collant dans le dos de l’endormie ; elles avaient coutume de dormir ainsi lorsque le chagrin, la peur ou la maladie les étreignait, et le temps n’avait jamais pu leur faire perdre cette habitude.

“Je serais toujours là pour toi, Olivette.”

Le nez dans les cheveux de la brune, envahi par le parfum du chèvrefeuille qu'elles dégageaient naturellement, l’adolescente ferma les yeux. Le corps d’un preux chevalier blond venu d’ailleurs flotta longtemps devant ses paupières closes, avant que le sommeil ne la délivrât enfin de ses tracas.

1 508 mots | Post IV

Résumé:

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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

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Jil
Sam 14 Oct 2023, 17:19


L’antique porte en bois laisse échapper une plainte quand Noée s’échappe de la cave. Le soleil commence à se lever. Le ciel s’embrase et l’herbe est trempée, un vent frais emmène l’air de la nuit vers l’ouest. Elle effectue quelques pas à l’extérieur, et doucement, s’étire. Ses deux mains sont empoissées d’hémoglobine ; méticuleusement, elle enlève les cheveux qui se sont coincés sous ses ongles. Elle inspire profondément l’air frais, exhale, et recommence. Lorsque l’odeur viciée de la terre, de la moisissure et de la sueur quitte enfin ses poumons, elle s’assoit sur l’un des blocs de pierre qui composait autrefois le mur de la ferme abandonnée. Après cette longue nuit, le calme de la campagne encore endormie est presque étrange, comme une feuille de verre en équilibre, prête à se fracasser au sol. Le feu ne rugit plus, la fête est terminée, les cris se sont éteints. Ses narines frémissent et se contractent quand lui parvient l’odeur rance des dégueulis du médecin royal. Elle émet un claquement de langue réprobateur en se penchant en avant pour découvrir l’origine de l’infâme fragrance. Le bas de sa robe et sa botte droite sont entachés, et probablement irrécupérables. Pendant un instant, elle observe distraitement les traces de dégueulis rougis par le sang. Elle se relève, descends dans la cave pour en ressortir avec la chemise d’Ezidor à la main. Après une brève inspection, la servante finit par trouver un morceau de tissu qui ne soit pas imprégné de fluides corporels. Méticuleusement, elle nettoie la crasse de sa chaussure, et s’essuie les mains avant de jeter le vêtement souillé par l’ouverture du cellier. Elle percute soudainement : d’ici quelques minutes, elle va devoir trainer soixante-dix kilos de chair à l’odeur de sang, d’urine et de bile jusqu’en haut de ces marches en terre. Ses yeux se ferment et une légère plainte traverse ses lèvres, faisant écho aux hurlements qui résonnait plus tôt dans la nuit. Encore quelques instants, la tortionnaire fourbue décide de profiter du silence et du matin naissant.

Est-ce que Doléas s’inquiète encore pour elle ? Probablement. Il ne l’a pas vue rentrer ; n’importe quelle personne aurait mis ça en relation avec l’incendie. Il doit être convaincu qu’elle est morte. Comme beaucoup d’autres. Assise, les yeux posés sur l’horizon que le soleil s’apprête à transpercer, Noée songe à disparaitre. C’est la couverture parfaite, elle pourrait simplement partir et recommencer ailleurs. Elle pourrait endosser une nouvelle identité, s’estimer heureuse du travail fourni et laisser Garance prendre le relai. Doléas est assez grand. Il finirait par s’en remettre, peut-être que ça forgerait son caractère. Elle prend conscience qu’une partie d’elle n’a pas envie d’affronter la panique, le soulagement, la colère qui doivent habiter l’adolescent à cet instant. Elle n’a pas envie de retourner aux courbettes et aux sourires de façade. Elle n’a pas envie de retourner aux draps tâchés de sang et de semence et aux catins martyrisées. Elle ferme les yeux et soupire : rien de tout ça ne disparaitra avec elle, si elle s’en va. Les choses ne pourront qu’empirer. Avec un grognement, elle se redresse, et descends les marches qui la séparent de ses obligations.

Sous terre, les odeurs persistent et se mêlent pour former une barrière olfactive presque tangible. La bougie est éteinte, mais la lumière du jour filtre désormais suffisamment pour qu’elle n’en ait pas besoin. Ezidor est là, marionnette désarticulée, à l’aspect vaguement humain. Il est toujours attaché à sa chaise, la tête basculée vers l’avant et les épaules basses. De temps en temps, une gouttelette de sang vient s’écraser dans une flaque presque coagulée. Un instant, elle l’observe, avant de s’approcher. Elle tend l’oreille. Il respire toujours. Faiblement, mais il respire. Finalement, elle n’a pas su s’y résoudre, pas sans avoir eu les réponses qu’elle désirait. Toute la nuit, elle a exigé des réponses. Au début, il a répondu : il lui a facilement confié l’origine de sa relation avec Gustave. Il a avoué sans honte ses motivations morbides et ses prétendus remords à mener la tâche à bien. Quand elle lui a posé des questions sur Merlin, sur sa santé, il s’est prononcé sans détour : un angoissé paranoïaque avec des suspicions de stérilité. Chaque fois qu’il répondait, les questions de Noée se précisait, se multipliait, et lorsqu’il faisait mine d’être réticent, elle le faisait souffrir. Elle a appris comment est-ce qu’il maintenait Gustave sous sa coupe, une autre de ses manipulations perverses à base de poisons. Au début, et contrairement à ce à quoi elle s’attendait, Ezidor s’était montré plutôt collaboratif, visiblement trop soucieux de son propre bien-être physique pour s’inquiéter des conséquences de sa trahison. Toutefois, alors que l’interrogatoire progressait, elle avait été obligée à se montrer de plus en plus violente.

Elle le détache, et le bascule sur son dos. Etrangement, il a l’air plus lourd qu’à l’aller. L’une après l’autre, elle gravit les marches vers l’extérieur. Elle s’oblige une fois de plus à se rappeler pourquoi elle ne le tue pas ici et maintenant. Mais non, elle ne peut pas : pas tant qu’elle n’a pas obtenu ce qu’elle veut. Méthodiquement, soucieuse de sa mission primaire, Noée s’était emparé de tout ce qu’il savait sur le gouvernement de Merlin et ses piliers – Garance, Eleontine et Hermilius – avant de s’attaquer au sujet qui l’intéressait vraiment : son rôle dans la déchéance de Childéric. Malheureusement pour elle et son prisonnier, c’est sur ce sujet que celui-ci a commencé à se montrer plus avare en réponses. Sur la longue nuit qu’ils ont partagée, c’est plus de la moitié qu’elle a passé à répéter encore et encore la même phrase :

— « Qu’as-tu fait subir à Childéric, et pourquoi ? »

Elle l’a martelée, cette phrase, et parfois, n’a pas attendu d’entendre de réponse avant de frapper. Selon Ezidor, ils étaient de mèche, il l’avait inclus dans ses plans, et voilà tout. Hors de question pour Noée d’accepter cette réponse. Hors de question qu’il ne balaye la manipulation, la violence, la cruauté dont il avait fait preuve avec quelques mots. Alors elle a commencé à sévir.

Elle a tordu, il a crié. Elle s’est répétée, et il a réitéré.
Elle a brisé, il a hurlé. Elle s’est répétée, et il l’a insulté.
Elle a commencé à trancher, et il a pleuré. Elle s’est répétée, et il l’a suppliée.
Elle a amputé, il s’est pâmé. Elle l’a réveillé, elle s’est répétée, et il a bafouillé.
Elle l’a frappé, elle s’est répétée, et il a nié.
Elle l’a frappé, elle ne s’est pas répétée, et elle a frappé, et frappé, sans s’arrêter.
Elle a arraché, et pendant qu’il braillait, elle s’est répétée, obligée de crier.
Exténuée, elle a menacé de le priver de sa virilité, et paniqué, il s’est mis à inventer.
Elle l’a laissé parler, elle l’a laissé s’embourber, et dès qu’il a pensé s’en être tiré, elle s’est exécutée.
Et il a crié.

Mais malgré tout ça, il n’a pas craqué. Peut-être que c’est ce qui lui a sauvé la vie. Peut-être que cet acharnement manifeste à lui cacher la vérité est la seule raison qui lui a permis de revoir le ciel. La femme de ménage jette un œil autour d’elle, mais personne n’est là pour l’observer. D’un pas rapide, elle s’élance en direction des bois, le médecin royal sur le dos. Elle n’a pas l’intention de le laisser partir. Puisqu’elle ne peut pas le tuer, alors il doit se montrer utile, et l’histoire de son moyen de pression sur Gustave lui a donné une idée. Elle va l’obliger à s’accrocher à la vie, comme il a contraint tant de gens à le faire. Une fois mortellement empoisonné, en échange de l’antidote, il lui fournira des informations sur le gouvernement de Merlin. Le jour où Garance montera à nouveau sur le trône, le jour où il rampera aux pieds de Childéric en implorant son pardon, ce jour-là, elle le laissera enfin mourir. En attendant, elle va être obligée de le requinquer avant de le rendre à son confortable quotidien. Ezidor de Xyno, Médecin royal, fut cette nuit-là castré, amputé de deux doigts à la main droite, privé de plusieurs de ses ongles de main et de pieds, gravement brûlé à l’oreille gauche, écorché de l’intérieur de la cuisse droite à l’aine. Son coude et son genou gauche furent brisés, deux de ses molaires arrachées, avant que son calvaire ne prenne fin. Malgré tout, ce matin, il était toujours bel et bien vivant.

Résumé et mots :


Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 5 3TFZNQ
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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Dim 15 Oct 2023, 13:49



Le Roi Sadique


Le contact sur mon épaule me tira de ma rêverie. Je tournai la tête et découvris la chevelure blonde d’Irène. Sa robe était scandaleuse, tout comme le chemin de sa main dans mon dos. Je n’allais cependant pas m’en offusquer ouvertement. Intérieurement, je songeai à une autre trajectoire pour ses doigts. Ses lèvres n’étaient pas dénuées de charme non plus. Ezidor avait de la chance. À moitié de la chance. Elle restait folle. Tout le monde le disait et son comportement le laissait penser. Néanmoins, physiquement, elle était très attrayante. Les flammes dans ses yeux, qui reflétaient très certainement la folie en question, attisaient mon appétit. Celui-ci avait déjà été très largement éveillé par ma femme sur scène. Heureusement, la blonde n’avait pas cherché à toucher autre chose que mon dos. « Madame d’Errazib. » lui répondis-je, en souriant à mon tour. « Danser ensemble aux bals commence à devenir une habitude. Ce n’est pas déplaisant, au contraire même. » J’avais vu mon père faire plusieurs fois. Il fallait être courtois et laisser la magie opérer. C’était ainsi que la complicité naissait et que les intentions pouvaient se dévoiler discrètement derrière les mots. Mes lèvres se serrèrent néanmoins lorsqu’elle évoqua le tableau de ma mère nue. En redemandais-je ? Non. Je me questionnai davantage sur le sens de ses paroles. Y avait-il d’autres portraits scandaleux d’Adénaïs ou parlait-elle de façon générale ? Si tel était le cas, peut-être avait-elle d’autres informations à me confier… des informations qui pourraient m’être utiles. De plus, l’idée de prendre la femme du médecin royal n’était pas pour me déplaire. Pas ici. Pas maintenant. Un jour peut-être, quand le risque ne serait pas aussi élevé. La folie d’Irène était un met de choix. Personne ne la croirait si elle disait quoi que ce fût. « Peut-être bien. Tout dépend. C’est toujours intéressant de discuter avec vous. » Elle me tutoyait, je la vouvoyais. Je trouvais ça bien plus poli et, surtout, je ne voulais faire aucun faux pas. Elle se fichait des convenances mais ce n’était pas mon cas. Ma mère m’avait au moins donné une éducation, bien que je ne la respectasse plus à la lettre depuis longtemps. Dans les yeux d’Irène, je me rendis compte du problème d’Yvonelle : elle était trop parfaite, trop lisse, trop bonne… et trop conne. Sa sensibilité m’exaspérait parce que je ne voulais plus tomber dans le sentimentalisme. Sa bienséance m’agaçait. Je voulais qu’elle fût une chienne au lit, qu’elle mordît, qu’elle me surprît. Elle me frustrait. Avant, l’interdit créait un goût épicé mais, maintenant, plus rien ne s’écartait de la normalité. Je l’aimais parfois. Elle m’ennuyait souvent. Cependant, lorsque la foule la regardait, quand des hommes la désiraient, elle me faisait bander. Elle m’excitait et éveillait aussi ma jalousie et ma possessivité. Le problème demeurait pourtant. Je n’arrivais que difficilement à l’imaginer à quatre pattes avec un collier et une laisse autour du cou. Avec Irène, je n’avais aucun mal. Yvonelle était bien à la maison, à jouer du piano tout en recevant ma tendresse et mon attention. Irène était bien acculée contre une table à se faire traiter de salope.

Mes yeux suivirent son regard sur la lettre. « Ça ? Je comptais sur vous pour me le dire… » Je m’approchai un peu plus, sans pour autant être intrusif, afin de lui murmurer quelques passages. Bien sûr, je choisis les plus érotiques du parchemin. « Vous avez une plume fascinante. J’ai su que c’était vous rien qu’en la lisant. Ces mots correspondent bien à l’effet que vous devez faire à la plupart des hommes. » Je n’allais pas lui avouer explicitement que la lire excitait mes sens. Elle comprendrait si elle le désirait.

Le moment fut interrompu par un événement qui attira bien plus mon attention que le discours d’Hermilius ou celui de Merlin. Celle-ci était jusqu’à présent focalisée sur Irène. Les trous de sa robe étaient si échancrés par endroit que je m'étais demandé plusieurs fois si elle portait le moindre sous-vêtement. Néanmoins, lorsque le brasier ne fut pas que dans mon pantalon mais attaqua bel et bien les murs de la demeure, plaçant les convives dans un état de panique malgré les mots de Gustave, il ne fut plus question de m’imaginer visiter l’intérieur de la blonde. Mon père arriva et je lui obéis, sans faire attention à Irène. J’avais une vision très manichéenne de mes partenaires de coucherie : je les désirais mais elles m’indifféraient profondément en dehors de leur seule utilité. « Je… Je ne sais pas… » Où était Yvonelle ? Le nom de ma mère disparut dans le déni de sa personne. Je me fichais d’où elle se trouvait. Je tâchai pourtant de me rappeler la direction qu’avant empruntée ma femme. Seule la peau nue d’Irène s’illustra. Paniqué, je regardai à droite et à gauche pour tenter de trouver ma sœur. « Yvonelle ? » appelai-je, tout en marchant. C’était vain car elle n’était pas là. L’idée qu’elle eût pu s’esseuler avec quelqu’un d’autre dans une pièce me traversa l’esprit. Un autre Natanaël. Non. « Je crois mais… » La suite se tut dans ma gorge. Cet événement me rappelait le bal pendant lequel Déodatus était mort. Je dus me faire violence pour empêcher les émotions de remonter. C’était hors de question. Jamais je ne pleurerais. Jamais je ne me plaindrais. Je devais être un homme et rester de marbre pour faire comme mon père : gérer n’importe quelle situation et rassurer ceux qui m’entouraient.

917 mots
Lucius (Elzibert):

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Dim 15 Oct 2023, 15:50

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 5 4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Le Roi sadique



Rôle:

Alors qu’il faisait face au garde, Hermilius repensa aux paroles d’Adénaïs. Pourrait-il être une bonne personne ? Un rire bref lui échappa. Certainement pas. Parfois, il réunissait les veuves et les quasi-orphelines mais ce n’était jamais gratuit. Elle se trompait si elle pensait pouvoir le compter parmi les vertueux. Jamais. Il aimait trop manipuler son monde. Cela ne voulait pas dire qu’il n’avait jamais d’empathie ou de pitié. Cela signifiait simplement que ses plaisirs passaient le plus souvent avant ceux d’autrui et que s’il pouvait tirer profit d’une situation, il s’y employait. Pour le reste, il n’était pas si affreux. Il côtoyait Gustave et passait du bon temps en sa compagnie. Il conseillait Merlin du mieux qu’il le pouvait. Il avait simplement besoin de s’amuser au détriment d’autrui et avait tendance à ne pas apprécier que les choses n’allassent pas dans son sens. D’aucuns lui auraient trouvé tout un tas de failles, de problèmes d’égo, de traumatismes non résolus. Ils avaient pour ceux-là autant d’intérêt qu’il en avait pour l’innocence des jeunes filles qu’il dépucelait. Il ne s’était pas gêné pour droguer la Princesse Coline et la violer alors qu’elle était assoupie. Il ne s’était pas non plus gêné pour commander l’assassinat de Gustave auprès d’Ezidor. Il s’amusait à collectionner les culottes des adolescentes, qu’il charmait pour les obtenir, et les revendait pour le plaisir. Et puis, plus récemment, il avait…

Sa réflexion fut interrompue par le discours de Merlin. Il l’écouta, tout en gardant une oreille attentive sur ce qu’il se produisait à l’intérieur de la pièce. Il n’entendait pas tous les mots, surtout lorsqu’il s’agissait de messes basses. Néanmoins, quelques paroles chargées d’émotion lui parvenaient ; assez pour lui faire entendre qu’Yvonelle laissait éclater son désamour pour Gustave et ses doutes quant à son mariage devant sa mère. Le Roi attira de nouveau son attention. Il faisait ce qu’il lui avait dit : il se montrait. Néanmoins, les deux sourcils d’Hermilius se levèrent lorsqu’il décida de renommer le Royaume de Lieugro Royaume d’Uobmab. C’était un choix stratégique plus que douteux. Comment distinguer ce Royaume de celui de son père ? Avait-il des ambitions que le conseiller n’avait pas comprises ? Il espérait sincèrement qu’il ne se lancerait pas dans une guerre de territoire contre son propre père. S’il le faisait, il risquait de quitter ses fonctions pour rallier les terres du tyran.

Ses narines ne tardèrent pas à sentir les prémices de l’incendie. Il fronça le nez, songeant tout d’abord à un incident dans les cuisines. Néanmoins, il ne pensait pas les professionnels que Gustave avait engagés si empotés. Ils auraient fait en sorte que la catastrophe ne s’étalât pas jusque dans la salle de réception. Il espérait pour eux. Il espéra bien puisque la raison de l’odeur ne tarda pas à montrer ses langues de feu. Le calme s’éteignit progressivement, le temps pour les consciences de comprendre l’importance du problème. « Allez chercher le Roi. Je m’occupe d’elles. » asséna Hermilius. Il n’en pouvait plus de tenir compagnie au garde d’Adénaïs. Comme il ne semblait pas décidé, le conseiller changea de ton et éleva la voix. Il l’attrapa par le col. « Si le Roi meurt, ce sera de votre faute, bougre d’âne ! » Il aimait bien cette insulte. Elle n’était pas trop forte mais rappelait bien à celui qui la recevait qu’il était complètement crétin. C’était malheureusement le cas de la plupart des gens. C’était aussi la raison pour laquelle leur faire du mal lui était souvent plaisant. Ils le méritaient.

Lorsque l’homme bougea enfin, il se retourna, ouvrit la porte et fixa les deux femmes à l’intérieur en essayant de faire fi de leur état émotionnel débordant. « Il y a le feu. Il faut sortir. » Il se dirigea vers le placard, en sortit trois couvertures d’appoint pour les journées et nuits froides. Il jeta la sienne sur une chaise un moment, en tendit une à Adénaïs et déplia celle pour Yvonelle avant de la lui mettre sur le dos. Les yeux dans les siens, il lui donna des instructions qui étaient également à destination de la plus âgée. « Il vaut mieux que le feu atteigne le tissu. Si jamais il s’embrase, jetez-le. Si jamais quelqu’un brûle, utilisez-le pour étouffer les flammes. » Il prit sa main et s’approcha d’Adénaïs pour lui enjoindre de prendre la tête. Une fenêtre explosa et le fit sursauter. En passant devant la cheminée, il s’empara d’un tisonnier. La panique était une ennemie de tous les instants. « Passez devant, entre votre mère et moi. » dit-il à Yvonelle. Comme il craignait qu’elle essayât de sauver ses instruments ou de trouver Elzibert, il précisa d’une voix convaincue : « Gustave doit s’occuper de votre mari. Je vous rachèterai des instruments. » Heureusement, son argent était bien au chaud dans les coffres de la banque. « Ne pensez à rien d’autre qu’à la sort… » Il fut interrompu dans sa phrase par la main d’un homme à terre sur sa cheville. Il lui envoya un regard noir et essaya de se dégager sans y parvenir. La foule piétinait le désespéré. Il serra la mâchoire et, après une nouvelle tentative échouée, lui asséna un coup de tisonnier. Ça lui rappela brièvement la nuit où il avait assassiné Eléontine. Inconscient, l'homme mourrait. Tant pis.

Une fois dehors, il s’éloigna des murs et, hors de portée du feu pour le moment, regarda les deux femmes. « Tout va bien ? » Il chercha Gustave dans la foule. Il le trouva, Elzibert non loin. « Vous voyez, tout va bien pour lui. » Le problème c’est qu’il était impossible de rester là. Des professionnels n’allaient pas tarder à intervenir pour essayer d’endiguer l’incendie mais le temps comptait et Hermilius n’était pas idiot. Gustave pouvait dire adieu à sa propriété ; et lui à sa dépendance attenante. Son regard chercha un éventuel coupable.

950 mots



Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 5 4p2e
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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Dim 15 Oct 2023, 16:46


Images par Anna Christenson, Rick.
Les portes - Chapitre V
Thessalia

Rôle:
Le sourire de la démente s'élargit. Rédiger ces lettres était palpitant, car l'anonymat lui permettait de jouer des plans capable de semer le chaos qu'elle aimait et glorifiait tant. S'imaginer les réactions des lecteurs et des âmes délaissées avait quelque chose d'encore plus délicieux et de divertissant. S'entendre murmurer ses propres mots donnait cependant une dimension toute particulière à ce jeu mesquin. L'autrice sentit un long frisson dévaler son dos, et réveiller les pensées qui l'avaient possédée lorsqu'elle s'était trouvée plume à la main. Soudainement, elle s'imaginait à la place d'Olivette, et Elzibert chassant les traits de son oncle. Elle l'imagina lui faire tout ce qu'elle avait décrit dans cette missive. Elle aurait voulu le tirer par la chemise et l'emmener dans l'une des nombreuses pièces de la demeure du Tuorp. Chacune possédait forcément de quoi accueillir le coït : le diplomate n'avait pas transformé son manoir en baisodrome pour rien. Il était bien connu que ces pratiques avait le don de faciliter les ententes, et la blanche saluait cette dynamique lubrique. Malgré ses envies, la luxurieuse se contenta de poser sa main sur l'avant bras de l'homme. Elle remonta ses doigts jusqu'au parchemin pour le récupérer. « Est-ce l'effet que je te fais aussi ? » voulut-elle savoir. Elle se doutait de la réponse. Si elle nageait bien souvent dans son monde, il arrivait que la réalité ne soit pas si différente de ses fantasmes. Lorsque c'était le cas, elle se persuadait de sa propre vérité et tout le reste n'avait de toute manière aucune importance. « Si c'est le cas, j'ai beaucoup d'autres lettres à te faire lire. » susurra-t-elle. « Ca pourrait te donner des idées. » Certaines de ses missives avaient laissé échapper quelques-unes des pratiques qu'elle avait essayé avec Bélonie. Comment réagirait-il lorsqu'il découvrirait qu'elle s'était également fait passer pour son épouse, et que beaucoup d'hommes avaient dû fantasmer sur la musicienne. Elle avait décrit très précisément comment elle s'était donné du plaisir sur le piano, brûlant de pensées outrageuses qui n'incluaient pas son mari.

Irène se retourna lorsque Gustave vint chercher son fils pour l'attirer à part. Trop concentrée sur le désir flamboyant entre ses cuisses, elle n'avait pas fait attention à ce qu'il s'était passé en dehors de sa bulle. Désormais, la foule se précipitait vers l'extérieur, la bousculant sur son passage. La d'Errazib, pourtant, ne se fondit pas dans son flot. Bien au contraire, elle se mit à marcher à contre courant. Plus d'une fois, on la regarda avec insistance et outrage - elle était folle, mais sa démence n'avait jamais mis en danger l'intégrité des autres - du moins, pas de façon si affichée. Personne n'essaya de lui faire entendre raison : ç'aurait comme été de parler à une casserole. Peut-être ne craignait-elle pas les flammes, mais ce n'était pas le cas des gens qui avaient bien conscience du danger que l'incendie représentait. A plusieurs reprises, des coups d'épaules manquèrent de la faire tomber à la renverse - elle s'agrippa à ses voisins pour se maintenir debout. Lorsqu'elle trébucha sur un corps, elle bouscula quelqu'un d'autre, qui tomba à sa place - ses cris s'étouffèrent dans la cohue générale. Irène le remarqua à peine : elle était trop obnubilée par le bûcher qui prenait de l'ampleur.

La chaleur était suffocante. La fumée commençait à piquer les yeux, à brûler les poumons qui respiraient cet air nocif et saturé de suie. Pourtant, Irène s'obstinait à se diriger vers la danse de lumière. « Ezidor ! » appela-t-elle - et là, seulement, quelques regards compatissants adoucirent les œillades que la foule lui témoignait. « Ezidor ! » répéta-t-elle entre deux quintes de toux. Elle en était certaine. C'était son âme-sœur qui avait déclenché ce fléau. Il avait démarré ce brasier, en témoin de l'amour qui les unissait, qui les dévorait et les consumait. L'avait-il écouté ? Avait-il décidé de tuer Merlin ainsi, pour prendre la place légitime qui lui revenait ? Comblée, la femme enceinte s'avança davantage : elle venait enfin de s'extirper de la marrée humaine qui remuait dans la direction opposée à la sienne. Des larmes ruisselaient sur ses joues, séchant presque aussitôt. On pouvait s'imaginer du chagrin, du désespoir, là où il n'y avait qu'adulation et passion. « EZIDOR ! » hurla-t-elle avec le peu de souffle qu'il lui restait.

Puis, soudainement, une paire de main se posa sur sa taille. Les bras, puissants, la tirèrent en arrière. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, elle se contenta d'abord d'insister sur son chemin initial. Puis la pression sur son corps devint une cage, et elle comprit qu'on la tirait en arrière. « Non ! » protesta-t-elle en se retournant. Elle ne reconnu pas le visage blond, trop troublée et courroucée. « Non, lâche-moi ! » ordonna-t-elle en frappant celui qui voulait l'extirper à la contemplation de cette si belle déclaration sentimentale. « Ezidor ! » appela-t-elle encore. Son regard se tourna vers la porte qui donnait vers le jardin et dont la vision était déformée. Elle s'attendait encore à apercevoir la silhouette du médecin. « Non, non, je veux le voir ! » s'égosilla l'épouse tout en se débattant. Elle essayait de lutter mais l'homme était imposant et plus fort qu'elle. Sans qu'elle ne puisse rien faire, elle se sentit soulevée de terre puis lancée sur l'épaule du trouble-fête. « Non ! » hurla-t-elle. Et elle redoubla d'intensité pour faire lâcher-prise à l'homme. elle tambourina sur son dos et agita les jambes comme une diablesse, continuant d'appeler l'homme qui avait réalisée la première étape de sa prophétie.
992 mots



Merci Kyky  nastae
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 15 Oct 2023, 18:39



Le Roi Sadique


« Le feu est plus important que ce médecin. » répondis-je simplement à la question de la domestique. « Non. » Les gens avaient tendance à se croire empêchés d’agir par les autres. Or, la majorités des barrières qui les paralysaient se trouvait la plupart du temps dans leur propre tête. Si j’avais envie de sentir le médecin entre mes cuisses, j’étais avant tout une enfant du chaos. J’ignorais ce que cette femme comptait faire avec sa victime mais mon imagination ravissait déjà mon esprit de scènes apocalyptiques qui compensaient largement le fait que je ne pusse pas profiter de l’expérience du docteur. Quel dommage… Il devait s’y connaître particulièrement bien en anatomie. Quant à Arcange, sa proposition n’avait pas été dénuée d’intérêts. Face aux performances de mon frère, Ezidor aurait peut-être fait bien plus d’efforts. Les hommes avaient souvent un ego démesuré et, bien qu’ils tentassent de s’y soustraire, faisaient tout de même de la performance l’un de leur fer de bataille. Dommage pour eux, mon cadet les surpassait tous. « Je vous remercie mais je préfère rester ici. » Les informations étaient importantes mais j’avais donné des directives à mon frère. Si je partais avec elle et le médecin, personne ne serait présent pour répondre aux questions. « Les réponses m’intéressent mais nous pourrons toujours en discuter ultérieurement. » C’était une proposition. Après tout, elle avait compris que j’avais allumé l’incendie et je l’avais prise en flagrant délit de violences envers un proche du Roi. Pour l’enfer de la colline, elle n’avait aucune preuve. Pour le médecin, je n’en avais pas non plus mais étais encore en position d’en créer. Je choisis néanmoins de laisser filer mon avantage et d’investir sur un avenir de possibilités. Je la regardai disparaître.

Une fois que sa silhouette ne fut plus qu’ombre, je me tournai vers mon œuvre. Les herbes sèches crépitaient sous la chaleur. La nature mourait sous la langue remuante du feu, souffrant dans un quasi-silence. Les oiseaux avaient fui, les animaux aussi. Certains avaient dû être coincés par les flammes et leur vie s’arrêterait là, comme celles de millions d’insectes. Les pensées allaient le plus souvent vers les humains mais les flammes détruisaient tellement plus. J’avais conscience du coût d’une telle opération, de tout ce qui mettrait du temps à repousser, de la torture des arbres, de l’effacement d’un patrimoine. Pendant des décennies, parfois même des siècles, des végétaux s’étaient développés sur ces collines. Demain, il n’en resterait rien, qu’un souvenir que seuls les peintres avaient pris le temps d’immortaliser sur leurs toiles. Le monde était éphémère et, bien souvent, c’était dans sa disparition que l’on soupesait la valeur d’une chose. Avant de la perdre, elle n’était qu’un objet parmi tant d’autres, qu’un paysage parmi tant d’autres. À l’aube, des personnes pleureraient des concepts qu’elles n’avaient jamais pris le temps de chérir, des murs qu’elles avaient cru acquis, des êtres qu’elles n’avaient pas suffisamment serrés contre elles. J’étais heureuse d’être la cause de la douleur qui leur barrerait bientôt la poitrine et alourdirait leur estomac. Les survivants ne verraient plus la vie de la même façon. Ils la chériraient davantage… Du moins, durant quelques mois, avant d’oublier de nouveau. Lorsque cet oubli les frapperait, Arcange serait Roi. Alors, ils n’oublieraient plus jamais.

Je fendis la foule, n’hésitant pas à bousculer femmes, hommes et enfants sur mon chemin. La panique devait sembler réelle, même si celle de ma famille ne s’exprimait jamais de façon larmoyante. Lorsque je vis Arcange, je criai son nom avant de fondre sur lui et de l’enlacer. Mon visage se releva vers le sien. Je savais précisément qui était autour de lui mais la peur ne s’accompagne jamais de pudeur. S’il m’avait obéi, il avait aidé le Roi et plusieurs autres de ses sujets à sortir. « J’ai aidé la domestique à transporter le Docteur de Xyno chez une connaissance à elle de l’autre côté de la montagne mais il n’était pas là et, quand j’ai vu la fumée, j’ai préféré revenir. » Comme prise d’une envie de le sentir davantage, mes lèvres cherchèrent les siennes sans pour autant les saisir. Le geste devait avoir l’air véridique mais ma peur pour mon frère s’être suffisamment atténuée pour qu’il n’allât pas jusqu’au bout. Je me détachai enfin, sans pour autant m’éloigner. Mon regard se hasarda sur la demeure. La scène m’inspirerait durant de longues semaines. « Quel désastre… » soufflai-je, entre mes lèvres. Je pensai aux œuvres d’art qui recouvraient les murs de la maison des de Tuorp, nullement au reste. Certains sacrifices étaient souvent nécessaires. D’ici quelques secondes, je me tournerais vers Merlin afin de m’enquérir de son état. Je ferais de même avec Gustave et les siens.

780 mots
Rose-Abelle (Ange-Lyne):

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Mitsu
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Mitsu
Lun 16 Oct 2023, 06:43


Image par Dominik Mayer

Explications


C'est parti pour le tour n°5 !

Voici un topo de la situation :
- La maison de Gustave, la dépendance d'Hermilius et quelques villages de la colline ont brûlé. Hermilius et Gustave sont donc hébergés chez Elzibert et Yvonelle le temps de trouver une maison (reconstruction de l'ancienne ou achat d'une nouvelle - peut-être que Gustave et Hermilius vivront séparément à l'avenir ?). Au niveau du couple, décidez entre vous du climat !
- Adénaïs est toujours à la merci de Merlin qui est toujours aussi paranoïaque.
- Tout Nouveau Uobmab parle d'Arcange et de son héroïsme pendant l'incendie et beaucoup aimerait qu'il ait un rôle significatif auprès du Roi. Quel homme ! On parle moins de sa sœur.
- La lettre d'Olivette pour Doléas a été trouvée par ce dernier. La famille de la première se porte bien (vous pouvez inventer des choses entre vous).
- Ezidor a totalement disparu (Noée va le laisser partir au tour qui arrive). Noée alterne depuis le début de l'ellipse entre son rôle de domestique, de maman et de médecin pour Ezidor. Irène est Irène !
- Le Royaume parle également des performances d'Yvonelle qui étaient très bonnes.
- PUIS retour de Childéric, Zébella et Alembert !

Situation de début de tour n°5 (comme d'habitude vous êtes libres de faire ce que vous souhaitez ensuite) :
- Noée est avec Ezidor dans une planque secrète et s'apprête à le relâcher.
- Gustave, Hermilius, Yvonelle et Elzibert sont chez le couple
- Stéphanette, Olivette et Doléas sont dans les jardins
- Ezémone est avec son cher et tendre <3
- Irène a invité Arcange et Ange-Lyne à prendre le thé !
- Merlin a de la fièvre et est en compagnie d'Adénaïs.
- Childéric se fait escorter par des soldats (qui n'ont pas osé l'arrêter) accompagné de ses prisonniers : Zébella et Alembert vers le palais. Ils sont presque arrivés et un soldat va pas tarder à prévenir Merlin de la situation (à savoir que Childéric vient lui prêter allégeance et ramène sa sœur et le fils de Garance)

Voilà ! Normalement j'ai oublié personne  

Rps importants
----- Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectif secret : N'hésitez pas à le relire et à mettre tout en œuvre pour le réaliser.

Secret : Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement.

Voilà !  

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  

Participants


En jeu :
- Faust (Gustave) : IX
- Laen (Hermilius) : V
- Eibhlin (Adénaïs) : VIII
- Lucius (Elzibert) : V
- Lana (Yvonelle) : VIIII
- Thessalia (Irène) : XII
- Dorian (Ezidor) : XIV
- Wao (Merlin) : XXII
- Perséphone (Ezémone) : IV
- Alcide (Nicodème) : IV
- Lenore (Stéphanette) : IV
- Aubépine (Olivette) : IV
- Rose-Abelle (Ange-Lyne) : IV
- Cal (Arcange) : IV
- Jil (Noée) : IV
- Nefraïm (Doléas) : IV

Deadline Tour n°5


Dimanche 22 octobre à "18H"

Il reste 8 tours.

Gain Tour n°5


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Ça sent le roussi : Votre personnage est capable de créer de la fumée qui propagera une odeur de brûlé et donnera l'impression qu'un incendie s'est déclaré quelque part.

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3873
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Lun 16 Oct 2023, 13:01



Unknown

Le Roi sadique

En groupe | Alcide


Rôle - Nicodème d'Ecirava :


Depuis l’incendie, Nicodème multipliait les cauchemars. La nuit, il n’était plus rare qu’il se réveillât, agité par les bribes d’un mauvais rêve. Le regard encore embrumé, il croyait parfois voir le reflet d’une flamme dans un miroir ou sur la dorure d’un meuble. Au début, il essayait de se rendormir. Petit à petit, face à l’échec, il avait abandonné l’idée. Il délaissait la chaleur du corps de sa femme et se levait. Muni d’une bougie, il se penchait sur les lignes chiffrées de ses carnets ou sur quelque livre d’art. Plus rarement, il quittait la quiétude de son bureau pour s’aventurer dans les couloirs. Il observait les tableaux, les sculptures et toutes les pièces de maître dont regorgeait sa maison. Il entrebâillait la porte de la chambre de ses filles pour vérifier qu’elles y reposaient, vivantes. Il tendait l’oreille pour écouter leur souffle régulier. Lorsque la crainte s’affaiblissait et que la fatigue le cueillait enfin, il retournait dans le lit conjugal, glissait une main dans les cheveux de son épouse, et se rendormait. Il priait pour ne pas rêver à nouveau d’un feu dévorant sa demeure, ses œuvres et, surtout, sa famille. Plus il retournait les scénarios dans sa tête, plus il était certain qu’à choisir, il aurait préféré sauver ses filles et sa femme que la statuette. Pour lui, la question ne s’était jamais posée : il lui paraissait évident qu’il n’avait pris aucun risque, et que jamais il ne les aurait mises en danger. Mais les propos d’Ezémone, s’il les avait chassés d’un revers lorsqu’elle les avait énoncés, l’avaient poursuivi comme pour éprouver sa culpabilité. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il avait rendu l’œuvre d’art à Gustave ? Non sans émettre la possibilité de l’acquérir financièrement, toutefois. Il espérait que le diplomate irait en ce sens. L’argent pourrait participer au rachat d’une propriété. Il doutait qu’il demeurât éternellement chez son fils.

Le trésorier tourna la tête vers sa femme. Assise à son bureau, elle rédigeait l’une des chroniques de son journal. Suite au choix du souverain de renommer le royaume, elle en avait modifié le titre. Une boucle violacée caressait sa nuque, suivant les mouvements de sa tête au-dessus de la feuille que noircissait sa main. « À quel sujet écris-tu ? » demanda-t-il. Quand il la regardait, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à son cauchemar le plus récent, au squelette carbonisé qu’il avait tenu entre ses bras. Il s’étonnait lui-même des suites qu’avaient l’incendie et leur dispute sur sa personne. En grand introverti qu’il était, il n’en parlait pas. Ses gestes et ses regards, peut-être, le trahissaient. Mais il était aussi possible que son trouble ne se sentît pas du tout ; il n’était pas de nature expansive. De surcroît, des préoccupations bien plus concrètes l’assiégeaient. Ezémone continuait à évoquer le sujet du mariage. Olivette lui avait discrètement fait part de son non désir d’épouser Merlin. Stéphanette en parlait toujours autant, bien qu’elle évoquât aussi très souvent le nouveau héros du royaume, Arcange Reknofed. Du fait des récents événements, il n’avait pas pris le temps d’inviter Hermilius et Gustave de Tuorp. Il aurait sans doute fallu aussi convier Elzibert et son épouse. Parler d’union dans de telles conditions ne lui paraissait pas idéal.

Plus que tout cela, il y avait la disparition préoccupante du médecin royal. Nul n’avait de nouvelle. Son corps n’avait pas été retrouvé parmi les décombres. Avait-il pu être réduit en cendres par les flammes ? On disait de son épouse qu’elle en était devenue plus folle encore – il croyait difficilement que cela fût possible. Quant aux commandes médicamenteuses de Merlin, elles n’avaient pas diminué. En plus de deux mois de règne, aucune des femmes qui avaient partagé sa couche n’avait annoncé de grossesse, même pas sa courtisane. Les soupçons de Nicodème grossissaient. Il posa sa plume et se leva pour attraper la pile de courriers qu’il avait laissée sur le dessus du secrétaire. Il la feuilleta. L’une d’elles retint son attention. Elle était destinée à son aînée, et signée de la main du héros des derniers temps. « Arcange Reknofed a écrit à Stéphanette. » Il fit défiler le reste des enveloppes. « À nous aussi. » En la décachetant, il rejoignit sa femme. « Dame d’Ecirava, Sire d’Ecirava. Je vous prie d’excuser mes manières que vous trouverez peut-être cavalières. Malgré ces semaines passées parmi vous, je crains de ne guère maîtriser toutes les subtilités de votre étiquette. Je tenais simplement à remercier votre fille Stéphanette pour son aide lors de l’incendie, et à lui retourner son mouchoir. Il m’a été d’une grande utilité. Un royaume ne compte jamais assez de femmes aussi courageuses et sensées que votre fille. Bien à vous, Arcange Reknofed. » lut-il à voix haute. Il jeta un coup d’œil à l’autre lettre, qu’il tenait dans sa main gauche, puis regarda Ezémone. Ils formaient une bonne équipe. Il n’aurait pas voulu devoir s’en passer. Pour rien au monde.



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Seiji Nao
Lun 16 Oct 2023, 13:44





Rôle:

Un panier d’osier au bras, Stéphanette quitta le confort de la demeure familiale pour l’instabilité du jardin. Reçus la veille, ses chaussons à lacets, spécialement commandés au cordonnier d’une compagnie de danse, lui meurtrissaient les pieds, rendant sa démarche quelque peu vacillante. Certainement pas le meilleur choix pour sortir, mais, dissimulés sous ses jupons bleu ciel, ils faisaient le plus effet ; elle les avait longuement contemplés dans le miroir, imaginant malgré elle les doigts d’un certain blond les délier avec délicatesse. Séduit par sa bravoure, le royaume entier chantait ses louanges ; un parti digne d’elle, se surprenait-elle à penser. Toutefois, saisie par une timidité qui ne lui ressemblait guère, elle qui aimait mener ses prétendants par le bout du nez, l’adolescente n’avait osé lui écrire, rougissant à la seule idée de le revoir. D’ailleurs, elle ne manquait pas de mentionner Arcange à ses parents, sans même y faire attention, et devenait aussi muette qu’une huître au moindre sous-entendu de sa mère. Depuis la soirée où elle avait rencontré le Roi, un dilemme la torturait : le moment venu, qui devrait-elle choisir ? Ne doutant pas un instant que le monarque fut tombé sous son charme, elle ne s’étonnait pas qu’il ne l’eût pas encore réclamée à ses côtés. Gouverner exigeait de mettre ses désirs de côté, et les affaires à régler ne manquaient pas. Il manquait simplement de temps, et d’une occasion de s’isoler pour épancher son cœur. Prise entre des sentiments d’une force traîtresse, et la possibilité de voir son rêve se réaliser, elle n’était pas pressée de recevoir sa déclaration.

Tout naturellement, ses pensées s’étaient tournées vers une mission d’une importance capitale : aider le jardinier et sa cadette à vivre leur propre conte de fées. L’heure du pique-nique approchait : c’était elle qui en avait eu l’idée, quelques jours plus tôt, et contre toute attente, Olivette avait accepté sans rechigner. Pour la première fois de sa vie, la frivole s’était rendue à la bibliothèque, fouinant dans les ouvrages dédiés à la cuisine. En revenant, elle avait donné des instructions très précises à la cuisinière. Gingembre, safran, cacao : au prétexte de vouloir tester des saveurs inédites, toutes les épices aphrodisiaques dont elle avait pu trouver trace au rayon cuisine saupoudraient les plats dans son panier : il fallait mettre toutes les chances de leur côté.

Progressant entre les buissons d’aubépine, elle finit par tomber sur le jeune homme, agenouillé dans un parterre de pétales. Poliment, elle le salua, enchaînant sans plus de cérémonie sur le sujet qui les intéressait tous deux.

« Le principal problème, avec ma sœur, c’est qu’elle réfléchit trop. Si vous lui laissez le temps de penser, elle laisse ses sentiments au placard. D’un autre côté, si vous ne stimulez pas son esprit, elle se lasse. »

Le regard de la blondinette se perdit dans les massifs, superbement entretenus, qui s’épanouissaient autour d’eux dans une explosion de parfums. Doléas accomplissait un travail remarquable : elle avait souvent envisagé le débaucher à ses parents lorsqu’elle serait mariée. Malheureusement pour les pensées et les soucis, si tout se déroulait comme elle l’avait prévu, il n’aurait plus à s’agenouiller dans la terre pour arracher les mauvaises herbes.

« Peut-être pourriez-vous, au fil de la discussion, lui passer une fleur dans les cheveux, en lui faisant un compliment. Rien de trop mielleux, ceci dit ; elle n’aime pas les flatteries inutiles. Et ne la laissez pas y répondre non plus, elle se réfugierait derrière les bonnes manières. Il faudrait, pour la distraire, lui donner le nom scientifique de la fleur, si vous le connaissez, et enchaîner sur une anecdote intéressante. »

Captiver l’attention d’Olivette relevait à ses yeux d’un jeu d’équilibriste ; elle-même n’y parvenait que rarement, la cervelle trop vide pour comprendre les sujets passionnant la brune. De son côté, elle ne faisait pas spécialement d’effort non plus : elle ne l’avait jamais vue prendre un magazine duquel elles pourraient discuter, ou proposer d’aller faire les magasins. Stéphanette regrettait le temps où, trop petite pour protester, elle passait de longues heures à l’habiller et à lui brosser les cheveux, jusqu’à ce que ses prunelles vissées sur un livre d’images se relèvent enfin vers le miroir, et qu’une lueur de joie les éclaire. De tels souvenirs revenaient régulièrement la hanter, ces temps-ci ; peut-être parce que malgré l'affection qu'elle portait à la studieuse, le gouffre qui les séparait se creusait d'année en année.

« J’ai remarqué que, depuis quelque temps, Olivette s’intéresse aux poisons. Elle cache dans sa chambre un traité de botanique à ce sujet. Je sais qu’elle le lit en secret, parce qu’aux heures où elle lit d’habitude dans la bibliothèque, elle monte dans sa chambre. »

La blondinette connaissait par cœur les habitudes de sa cadette, et si elle n’avait d’abord pas prêté attention à cet infime changement, découvrir l’ouvrage soigneusement dissimulé avait été une illumination. Sans doute se destinait-elle à l’herboristerie, ou peut-être même à la médecine. Avec une tête aussi remplie que la sienne, rien n’était exclu.

« Je suis tombée dessus par hasard un jour où je cherchais, à la dernière minute, une mantille, ayant par maladresse déchiré la mienne. C’est un tissu très délicat, et comme je venais juste de me tailler les ongles, la dentelle s’est déchirée en un rien de temps. Une perte tragique. »

Au souvenir de cet horrible gâchis, un frisson remonta le long de ses bras. Quelle sotte elle avait été, ce jour-là ! De sa main libre, elle enfonça un peu plus son chapeau de paille _ précaution nécessaire contre les rayons meurtriers du soleil.

« Enfin, bref. Auriez-vous une plante de ce genre dans le jardin ? Je suis sûre qu’elle vous écouterait avec attention. Vous pourriez la lui montrer pendant que j’installerais le déjeuner. Profitez-en pour vous rapprocher d’elle, posez-lui des questions, effleurez sa main par mégarde. Peut-être même pourriez-vous lui proposer une expérience sur des végétaux, elle adore ça. Ce serait un excellent moyen de passer du temps ensemble, sans attirer les soupçons. »

Une marée de conseils bouillonnait sous son crâne, menaçant de le faire déborder et de lui donner une atroce migraine. Nourrie par son imagination à l’eau de rose, elle n’envisageait pas une seconde qu’il en faillit davantage pour succomber à l’amour. Apercevant Olivette qui sortait à son tour, elle se pencha vers le jardinier.

« La voilà qui arrive. Je crois en vous, Doléas. »

Un instant, ses iris s’attardèrent sur ceux du jeune homme. Il fallait à tout prix qu’il se montrât à la hauteur : leur avenir à tous en dépendait. Toutefois, elle ne doutait pas que sous son commandement, il brillerait de mille feux dans son rôle. Agitant la main en direction de la studieuse, elle esquissa un sourire radieux.

« Olivette ! Nous sommes par là ! Dépêche-toi, je meurs de faim aujourd'hui ! »

Stéphanette avait une théorie bien à elle sur l'obésité dont souffraient si fréquemment érudits et professeurs : se creuser la cervelle vidait l'estomac. Toutefois, elle pouvait bien se permettre de manger un peu plus qu'à l'accoutumée. Ce n'était pas tous les jours qu'on donnait naissance à la romance de sa sœur.

1 096 mots | Post V

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Lun 16 Oct 2023, 14:31



Unknown

Le Roi sadique

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Rôle - Arcange Reknofed :


« Mademoiselle d’Ecirava,

Je suis navré d’avoir laissé filer tant de temps. J’ose espérer que vous serez assez clémente pour ne pas m’en tenir rigueur.

Au cœur de l’incendie, votre mouchoir m’a été d’une grande aide. Je vous en remercie et vous le retourne, en m’excusant des quelques dommages que les flammes ont pu lui causer.

Je tenais aussi à souligner votre courage et votre bon sens. Le monde se porterait bien mieux s’il comptait plus de jeunes femmes telles que vous.

Bien cordialement,

Arcange Reknofed. »


Le guerrier repensait aux lettres qu’il avait rédigées à l’intention de Stéphanette d’Ecirava et de ses parents. Il n’y avait pas que les flammes qui avaient endommagé le mouchoir. Il l’avait aussi utilisé pour essuyer sa semence et la lubrification d’une de ses partenaires, dans les heures qui avaient suivi son moment de gloire. Le besoin urgent de se vider n’avait pas pu souffrir de plus d’attente, surtout après l’étreinte faussement paniquée de sa sœur. Il aurait voulu la faire gémir sous ses coups de reins, mais le chasseur avait trouvé une autre femme pour la remplacer et souiller le tissu avec lui. Avant de le renvoyer à Stéphanette, il avait néanmoins eu la décence de le laver.

Ces missives découlaient d’une idée d’Ange-Lyne. Depuis l’incendie qui avait ravagé la propriété de Gustave de Tuorp, Arcange s’était hissé dans l’estime de la population lieugroise – désormais nouvelle-uobmabienne. Selon son aînée, il fallait en profiter, et entretenir cette image de héros. Sur ce sujet et sur bien d’autres, il la rejoignait. Il espérait que cette réputation pousserait Merlin à faire de lui son chef des armées. Le peuple se tenait derrière lui, prêt à l’appuyer, et il avait sauvé le monarque d’une mort certaine. Comment pourrait-il le lui refuser, désormais ? Comment pourrait-on lui refuser quoi que ce fût ? Ses iris descendirent le long des courbes de sa sœur. Le pas de son cheval impulsait à ses hanches des mouvements qu’il aurait aimé voir se reproduire sur son bassin. Le goût de ses lèvres, la sensation de son corps contre le sien et l’intensité de ses yeux verts plongés dans son regard ne le quittaient plus. À chaque fois que son parfum embaumait ses poumons, il se sentait chavirer. La nuit, il rêvait d’elle, de la fermeté de ses cuisses autour de lui, de l’humidité de son entrejambe pourléchant les contours de la sienne, de la lourdeur de ses seins entre ses paumes. Quand il perforait le con d’une autre femme, il pensait à elle. Son obsession pour la blonde grandissait et, avec elle, son désir de la faire sienne. Pourtant, il ne tentait pas plus. La tension que la soirée chez le de Tuorp avait instauré entre eux entretenait un feu aussi délicieux que supplicieux. L’étouffer mettrait immanquablement fin à une forme de plaisir. Il n’y avait pas que cela. Il souhaitait, aussi, s’en tenir à son plan. Lui servir plus beau spectacle que ce qu’elle était capable d’imaginer. Désormais qu’il était persuadé qu’elle le désirait aussi, qu’elle l’aimait de la même façon que lui l’aimait, sa détermination à accomplir ses desseins ne connaissait aucune limite.

Il poussa son cheval pour qu’il se plaçât à côté de celui de la blonde. Entre les flancs des équidés, leurs jambes se frôlaient. « Comment imagines-tu ton tableau ? » Irène de Xyno les avait invités pour qu’Ange-Lyne la peignît. Ou, plutôt, elle avait invité la jeune femme, et il l’accompagnait, comme toujours. L’ingrate paierait pour son affront. « Le médecin n’est plus là, mais je ne doute pas qu’on puisse tout de même réaliser quelque chose de superbe. La folle est bien faite. » Il sourit. « Son postérieur est courbé à la perfection. » Il avait pu l’éprouver, pressé contre son entrejambe, quand il l’avait serrée contre lui alors qu’il tentait de la sortir des flammes. La diablesse s’était bien débattue. Il s’était imaginé la voir se tortiller de la même façon, tandis qu’il la prenait, appuyé contre ses fesses. Il espérait qu’elle exhalerait des hurlements aussi stridents que ceux qu’elle avait poussés au cœur de l’incendie. « Elle sait donner de la voix, en plus. » commenta-t-il. Il prit les rennes à une seule main, et laissa ses doigts s’égarer quelques instants sur la cuisse de sa sœur, avant de venir se poser sur la sienne.

Quand ils arrivèrent aux portes de la propriété, Arcange descendit de cheval. « Je te laisse annoncer ton arrivée. » fit-il à Ange-Lyne, un brin amer. Il n’aimait pas qu’on ne reconnût pas ses services rendus à leur juste valeur.



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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Lun 16 Oct 2023, 19:44


Les portes - Chapitre V
Thessalia

Rôle:
Irène soupira d'aise et s'affala sur le sofa. Elle tapota l'espace à côté d'elle et, bien dressée, son amante vint s'y installer, se blottissant contre son flan. Aussitôt, la blanche commença à passer la main dans ses cheveux. « Elle va venir ici, aujourd'hui. » déclara-t-elle, les réminiscences euphoriques de son plaisir détendant toujours son corps. « Elle va m'immortaliser. » C'était l'une de ces très bonnes nouvelles qui stabilisaient la folle dans une phase de joie galvanisante. Dans ces moments là, elle se montrait plus tendre, moins cruelle, parfois même plus attentionnée. Ce jour là, elle avait même retourné à sa partenaire tous ses cris de satisfaction. « Comme sur l'une de ces toiles. » Les deux femmes avaient couché ensemble dans la salle que la passionnée avait nouvellement dédiée à sa dernière favorite : Ange-Lyne Reknofed. Elle n'était pas encore très fournie. Le temps comblerait cette lacune. En attendant, la démente avait pu compter sur les services du Trésorier. Ils avaient cordialement échangé par lettres - la soudaine amatrice d'art avait pris soin de ne pas insulter les demoiselles d'Ecirava, ni de lâcher de commentaires susceptibles de nuire à leur honneur ou leur pudeur. Elle avait concentré cette urgence dans d'autres missives, adressé à tout le reste du royaume. Ravie, la blanche avait constaté pouvoir compter sur les connaissances du blond, et il lui avait permis d'assurer quelques acquisitions, ainsi que de repérer une arnaque grossière. « Il faudra donc que tu sois discrète, d'accord ? » L'absence d'Ezidor avait permis à la d'Errazib de retomber dans ses activités passées librement, profitant à nouveau de l'entièreté de sa demeure. « Bien, il est temps. » déclara-t-elle en se relevant une fois que son esclave eut acquiescé. Elle tira sur la chaine qui la maintenait prisonnière pour ranger sa chose dans sa chambre.

Lorsque l'agitation, au dehors, indiqua à Irène que son invitée était enfin arrivée, elle se rua à l'entrée. Elle s'était apprêtée puis avait attendu avec impatience sa venue, faisant les cents pas dans le long corridor. Elle ouvrit grand la porte et, sans se poser de question, fusa tout droit sur la peintre. « Vous êtes là, formidable ! » s'exclama-t-elle avant de lui sauter au cou. Elle lui déposa un baiser sur la joue, puis se détacha d'elle, juste pour pouvoir s'emparer de ses deux mains. « J'ai tellement hâte ! » fit-elle. Elle lui avait expliqué, par lettre, désirer être représentée sur papier. « Venez avec moi ! » l'enjoignit-elle avant de s'immobiliser. Son regard venait de se poser sur la silhouette imposante d'Arcange. En réaction, sa moue s'était faite boudeuse. « Ah. Vous l'avez amené, lui ? » reprocha-t-elle sans détour. Si tout le monde élevait le bâtard de Judas en Héros, l'histoire d'Irène était tout à fait différente. Lors de l'incendie, elle avait été persuadée qu'Ezidor était à l'origine de ce brasier hypnotique. Et ce rustre l'avait arraché à sa contemplation. Lorsque le médecin n'était pas revenu à elle, la blanche avait conclu qu'il se préparait à reduire d'autres terrains en cendre, à brûler le monde entier pour extérioriser la passion qui le faisait vibrer à son encontre. Elle avait guetté, chaque soir, à sa fenêtre, prête à admirer un nouveau ciel nocturne briller comme en plein jour. Chaque nuit plongée dans l'obscurité n'avait été qu'un affront supplémentaire que l'épouse avait dû accuser. Peu à peu, le doute l'avait assaillit. Et si le médecin s'était brûler lui-même ? Pire, et s'il s'était enfuit rejoindre Childéric ? Chaque fois que ces pensées parasites l'assaillaient, l'orpheline entrait dans une rage folle et destructrice : elle allait dans le bureau de son époux et détruisait tout ce qui lui tombait sous la main. Le lendemain, elle regrettait et essayait, en vain, de réparer les dégâts causés. Elle oscillait dans cette ambivalence nébuleuse. Heureusement, se concentrer sur son projet et la peintre lui avaient permis de s'occuper l'esprit et de ne pas réduire son manoir en ruines. La présence d'Arcange, cependant, lui rappelait tous ces problèmes.

L'adolescente se para d'un sourire. Comme lorsque quelque chose de nuisible ne lui convenait pas, elle décida d'ignorer le sauveur et de prétendre qu'il n'était pas là. « Allons prendre le thé dans la véranda ! » déclara-t-elle tout en mettant le bras de la d'Uobmab par dessus le sien. Elle s'engagea dans sa demeure, sans fermer la porte : ce n'était pas une invitation pour le frère, simplement une mauvaise habitude. « Je suis vraiment fascinée par votre travail, vous savez. » complimenta l'adulatrice. « Vous avez une emprunte unique. On reconnait votre travail d'un coup d'œil. Je n'avais jamais rien vu de semblable auparavant. Je crois que Nicodème aussi apprécie votre talent. Alors, avez-vous réfléchi à ma proposition ? Acceptez-vous ? » Irène les avait conduit jusqu'à la verrière. Depuis sa cohabitation avec Ezidor, la maisonnée avait été tenue correctement : le désordre n'y avait plus eu sa place dans les pièces communes. Ses salles d'expositions continuaient à être désorganisées, mais puisqu'elle les gardait pour elle, ça n'était pas dérangeant. « Tenez, asseyez-vous là. » lui indiqua-t-elle en tirant une chaise. Puis elle s'installa en face d'elle, les coudes sur la table, posant le menton sur ses doigts liés. « J'ai hâte de découvrir ce que nous vous inspirerons. »
931 mots
Bon elle en a plus pour longtemps mais essayer de pas la tuer tout de suite tout de suite s'il vous plait.



Merci Kyky  nastae
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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Lun 16 Oct 2023, 20:58




Le Roi sadique

En groupe | Lana


Rôle - Yvonelle d'Etamot (mariée de Tuorp) :


Quand il se retira d’entre ses cuisses, Yvonelle se redressa. Elle s’assit en tailleur sur le lit et ramena la couverture contre elle, avant de baisser les yeux sur l’entrejambe de son mari. Ses va-et-vient avaient perdu en vigueur et elle l’avait senti se ramollir en elle. Ce n’était pas la première fois qu’une telle situation survenait. Depuis quelques temps, c’était même assez régulier. Avant, ça ne lui arrivait jamais. Il allait toujours jusqu’au bout de leurs ébats, et veillait à l’emmener avec lui. Elle déglutit, pour ravaler sa frustration. Était-ce parce que son père et Hermilius résidaient dans la même maison qu’eux depuis un mois ? Leur présence les contraignait à plus de discrétion, c’était sûr, mais de là à éteindre toute libido ? Ils avaient pourtant déjà vécu ensemble ; et quand ils résidaient encore chez les d’Etamot, qu’elle était la fiancée de Natanaël, ils avaient été contraints au secret le plus total. Était-ce à cause d’elle ? Ne lui plaisait-elle plus ? La trouvait-il laide, fade, inintéressante ? Ne l’aimait-il plus ? Ces pensées se glissaient en elle de manière insidieuse. Dans le comportement d’Elzibert, rien n’indiquait qu’il n’éprouvait plus d’amour ou de désir à son égard, au contraire. Depuis l’incendie, il était encore plus prévenant et attentif. Ses mains se faufilaient souvent d’elles-mêmes sous ses vêtements et il ne répondait jamais par la négative à ses invitations. Il ne sortait plus beaucoup. Pour autant, il ne semblait pas épanoui, et elle ne l’était pas non plus.

Plus les jours passaient, moins la présence de Gustave lui était supportable. Les efforts qu’elle fournissait depuis plusieurs semaines pour se montrer agréable avec son beau-père s’écaillaient progressivement, pareils à une vilaine croûte de vernis malmenée par le temps et les éléments. Elle essayait de demeurer affable et polie, mais parfois, ses propos lui donnaient envie de lever les yeux au ciel, de lui répliquer vertement ou de le faire disparaître en claquant des doigts. Elle avait hâte qu’il trouvât un nouveau toit, loin de chez eux. Elle exécrait la possibilité qui leur était accordée, à Elzibert et à lui, de se rapprocher encore plus. Quant à Hermilius, il ne cessait de la troubler, par des regards ou des mots qu’elle n’osait pas interpréter. Elle n’était pas idiote. Elle savait bien ce qu’il attendait ; il l’avait déjà suggéré plus que clairement une fois, lorsqu’il l’avait tirée hors du bureau de Gustave. Elle, elle essayait tant bien que mal de tenir son rôle d’épouse et de future mère. Dans son utérus, son enfant grandissait ; bientôt, elle ne pourrait plus conserver le secret. Elle devrait le dire au père, ou partir et mentir. S’envoler, ailleurs ; renoncer à cet amour, vivre autrement – vivre à nouveau, en dehors de la cage qui l’oppressait. Sa discussion avec sa mère la hantait. Le statut de cette dernière lui pesait, et ses mots résonnaient souvent dans son esprit. « Si tu crois qu’il peut changer, si tu crois en lui, essaie de lui parler ouvertement, comme tu l’as fait avec moi. » La foi qu’elle plaçait en Elzibert ne s’évaporait pas ; cependant, jusqu’ici, elle n’avait pas réussi à lui parler. Elle savait comme il pouvait être difficile de discuter avec lui, surtout si elle se mettait à critiquer son père adoptif. Elle redoutait cette conversation. Ce qui en ressortirait, ce qu’il lui dirait. Ce qu’ils décideraient, ce qui leur échapperait. Pourtant, le temps filait, et quand son ventre s’arrondirait, il lui manquerait.

Ses iris céruléens remontèrent vers les siens. Des cernes creusaient les paupières du brun. Avec ses cheveux en bataille, que ses mains avaient parcourus et agrippés avec ferveur, il lui faisait penser à un épouvantail. La jeune fille bascula sur ses genoux et se rapprocha de son mari. Ses bras l’entourèrent et elle déposa un baiser dans son cou avant d’y enfouir son visage. Entre ses tempes, elle entendait battre son propre cœur. Vite, fort, gorgé d’appréhension. Finalement, elle commença : « Pourquoi tu… » Elle s’interrompit, inspira et se décala, pour pouvoir voir son visage. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Ses mains remontèrent le long de ses bras et vinrent encadrer ses joues. « Je vois bien que quelque chose ne va pas, depuis quelques temps. » La blonde chercha son regard. « Ça ne t’arrivait jamais, avant. Qu’est-ce qu’il se passe ? » Son palpitant vrillait sa poitrine. Elle espérait qu’il formulerait une explication, mais elle l’appréhendait aussi. Ses yeux descendirent sur le torse d’Elzibert, et ses traits se décomposèrent progressivement. « Je pense que… que si on veut que ça fonctionne, il faut qu’on se dise quand… » Elle haussa les épaules, comme gênée. Le sang rugissait à ses oreilles et la peur tambourinait la moindre parcelle de son corps. Dans son esprit, les conseils de sa mère défilaient en boucle. « Quand ça ne va pas. » Elle releva la tête vers lui, et scruta son regard.



Message V – 830 mots


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Lun 16 Oct 2023, 21:22



Le Roi sadique



Installé sur le destrier que les soldats avaient eu la gentillesse de me fournir, je tenais d’une main les rênes et de l’autres les cordes qui reliaient le cou, les poignets et les chevilles de Zébella et Alembert. La traversée était lente, pour permettre aux prisonniers et au militaire démuni de marcher à nos côtés. Mon regard ne s'était pas perdu une seule fois sur les adolescents jusqu'ici. Le dos droit, le regard fixé sur le château, je discutais avec un homme qui avait longtemps été sous mes ordres. Sans sa présence, les trouffions de Merlin nous auraient fait arrêter. « La demeure des de Tuorp a brûlé le mois dernier avec la colline qu’elle surplombait et quelques hameaux et villages. L’incendie est probablement criminel mais le brasier a tout emporté. Impossible d'enquêter davantage. » « Y a-t-il eu des morts ? » « Quelques-uns oui. Piétinés par la foule ou carbonisés. Une ou deux morts suspectes sans doute mais les preuves manquent à l’appel. Le Roi choisira peut-être de faire un exemple. Le peuple n’est pas rassuré. Avec la venue de ressortissants d’Uobmab, il y a beaucoup de tensions. » « La propriétaire des lieux va-t-elle bien ? Son mari ? » « Elétonine de Tuorp a disparu peu après votre départ. Nous pensions qu’elle était partie avec vous ou derrière vous. » « Je ne l’ai pas vue. J’ai suivi Garance de Lieugro avant tout pour savoir quels étaient ses plans mais la femme de Gustave se remarque facilement. » Je la trouvais particulièrement déplaisante. Derrière son visage d’épouse parfaite, je l’avais toujours imaginée en catin de bas étages. Garance avait au moins le mérite d’être une femme intelligente. Adénaïs, en dehors de son activité, était une mère formidable et une personne adorable. Elle se punissait cruellement et je regrettais de ne pas avoir été là pour la soutenir. Avant d’arriver à Narfas, j’avais pensé plus d’une fois que j’aurais dû la convaincre de me suivre, ou la forcer, mais l’endroit s’était avéré décevant, à l’image de ses têtes dirigeantes. « C’est vrai. À propos de disparition, vos deux sœurs ont également disparu. » J’étais au courant pour l’une d’elle. « Clémentine ? » demandai-je. Ma question visait à en savoir plus. « Elle a vécu seule après la disparition d’Ernelle. C’est le facteur qui a remarqué que les lettres s’accumulaient. Il est entré dans la propriété et il n’y avait visiblement plus personne depuis un certain temps. Il y a eu beaucoup de mouvements de population. Elles ont sans doute décidé de partir. » J’inspirai. « Adénaïs d’Etamot ? » continuai-je. Il y eut un instant de silence. La femme ne cessait de me rabrouer mais ça ne voulait pas dire que la plupart des soldats ignoraient mes inclinations. « Elle est au service du Roi. » finit-il par lâcher, comme un boulet. « Comment ça ? » J’avais très bien compris mais la colère qui enflait dans ma poitrine espérait se tromper. « Elle est sa courtisane. » Mes jointures blanchirent sur les rênes. « Je vois. » Ce gosse avait de sérieux problèmes. Pour l’instant. Bientôt, lorsque sa tête serait détachée de son corps, il n’en aurait plus aucun. Il avait de la chance : je n’étais pas son père. Je ne lui scierais pas les parties génitales, ne tailladerais pas son anus en forme d’étoile et ne me servirais pas de sa tête pour tester la résistance des murs. Soit Zébella réussissait à le tuer, soit je m’en chargerais. Dans tous les cas, plus l’acte serait rapide, plus il me conviendrait. Je n’avais pas le temps de jouer avec la vermine.

« Ezidor de Xyno ? » finis-je par le questionner. La question me brûlait la langue depuis le début mais il y avait un ordre à respecter. La normalité voulait que je me questionnasse d’abord sur ma famille. Pour la première fois, mon regard s’attarda sur la Princesse d’Uobmab. Les nœuds que j’avais exécuté semblaient solides mais se déliaient facilement pour quiconque en connaissait le secret. Deux armes se trouvaient dans la semelle de nos chaussures, une autre sur Alembert. Le garçon était bel et bien attaché mais avec des liens érodés. S’il forçait, ils céderaient. J’avais piqué sa langue avec un paralysant. Son articulation serait mauvaise encore quelques heures. Qu’il le voulût ou non, et j’étais certain qu’il ne le voulait pas, il ne pourrait pas tenter de sauver Merlin par la parole. J’avais permis sa libération au cas où Zébella et moi échouerions. Il devrait prendre le relai. « Le médecin royal ? Personne ne l’a revu depuis l’incendie. » Mes yeux se plissèrent. « Et sa fiancée ? » J’avais dû me faire offense pour le prononcer. Cette folle ne le méritait pas. L’envie de l’attacher sur un bûcher et de la cramer me brûlait la poitrine. « Toujours aussi tarée. On dit qu’elle veut se faire peindre par Ange-Lyne Reknofed. » Je ne connaissais pas cette femme. « En parlant d’elle… son frère est pressenti à prendre votre place. » « Son frère ? » « Arcange. Tout le Royaume parle de lui. Il a sauvé le Roi pendant l’incendie, le Roi et d’autres personnes. Les femmes se pâment devant lui. » Je haussai les sourcils. Si les femmes se pâmaient alors…

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Lun 16 Oct 2023, 22:38

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Les Portes V - Le Roi sadique
Ezémone




Ezémone d'Ecirava:

Sans cesser d'écrire, Ezémone chercha à tâtons l'anse de sa tasse de thé. Le breuvage avait tiédi, libérant toute son amertume, et une légère grimace fit disparaître le temps d'une seconde la concentration de son visage. Sur son bureau régnait une discipline militaire. Alignés comme des soldats, pas une feuille, pas un livre, pas une plume n'osait déroger à la logique décidée par la rédactrice. Ses fournitures n'étaient pas les seules à ployer sous le besoin de contrôle de la maîtresse de maison. Il y avait son journal ; pas un papier ne voyait le jour sans qu'elle y ait apporté une relecture attentive, pas un sujet dont elle ne revérifiait pas les sources ; même si elle autorisait parfois intentionnellement le mensonge à s'infiltrer dans l'encre de ses mots lorsque cela arrangeait le chiffre d'affaires du journal avec des sujets croustillants qui enjolivaient une réalité parfois fade. Malheureusement, on ne pouvait pas avoir un coup d'état toutes les semaines, il fallait donc savoir piquer la curiosité de la société avec de la nouveauté, de l'insolite, du tabou. Et puis, il y avait sa famille, le centre de l'œuvre de sa vie et sa plus belle réussite. Rien n'était plus important que s'assurer que chaque chose était à sa place, et allait dans la bonne direction.

« Je retranscris des notes prises lors d'un entretien avec Lilas, une charmante domestique qui travaillait au palais, avant. » répondit-elle sans lever le nez, habituée à parler et écrire en même temps. « Plus précisément, c'était la femme de chambre de Garance de Lieugro. Je pensais qu'il serait plus difficile de la trouver mais une fois qu'on trouve un domestique, on les trouve tous. C'est un petit monde, qui apprécie qu'on lui porte de l'attention pour autre chose que réclamer d'avoir ses draps lavés. » Il ne restait plus grand monde de l'entourage de l'ancienne princesse Lieugroise, mais Ezémone avait l'oeil pour le détail. Garance était une silhouette effacée derrière les frontières du Royaume, bannie de la terre qui l'avait vue naître, mais son ombre continuait de nuire à la tranquillité de son esprit. Elle savait que tant que cette femme vivrait, tôt ou tard, elle entendrait de nouveau parler d'elle. Cela ne serait pas. Cela ne devait pas. L'écho seul de son nom suffisait à lui hérisser le poil lorsqu'elle avait le malheur de l'entendre chuchoté au détour d'une conversation. La pointe de sa plume s'écrasa sur le fond de son encrier avant de se briser avec un claquement sec. « Saperlipopette ! » Agacée plus que de raison, elle jeta la plume dans une corbeille et leva les yeux sur Nicodème. Là où elle avait toujours mille et une taches dansant au bout de ses doigts et occupant ses pensées, il errait, désœuvré, perdu dans ses rêveries, comme s'il était un papillon distrait qui attendait qu'elle l'attrapât pour l'aider à trouver le nord. C'était aussi rafraîchissant que c'en était irritant, selon l'humeur de la d'Ecirava. À cet instant, le voir la rassénéra, lui fit un peu oublier le profil arrogant de la soeur de Montarville. Il l'ancrait quand le vent menaçait de l'emporter, comme lors de leur dispute après l'incendie. À l'instar d'une marée qui monte et redescend, son calme affiché avait d'abord alimenté sa colère avant de l'absorber. Ce n'était pas toujours le cas, mais ça l'était suffisamment pour qu'elle continue d'aimer être à ses côtés.

Ezémone s'adossa contre le dossier de son fauteuil. Par la fenêtre sur le côté, elle aperçut la tête blonde surmontée d'un chapeau estival de sa puînée, un panier logé sur son bras. Elle se souvenait l'insistance de sa fille lorsqu'enfant, elle insistait pour la traîner à l'extérieur pour jouer à la grande en leur servant du thé avec de l'eau puisée à la fontaine, puis lui faisait la conversation avec le plus grand sérieux. Ces moments avaient été rares car Ezémone était bien souvent occupée, mais ils étaient aussi inoubliables.

La voix de Nicodème la fit revenir au présent. Elle se redressa sur sa chaise, toute ouïe. « Eh bien, eh bien... » Un sourire de loup étirait les lèvres de la violette. « Je me demandais quand est-ce qu'il allait se décider à nous envoyer cette lettre. Stéphanette va être ravie. » Même si, dans un concours de bonheur, nul ne pouvait lutter contre celui qui grandissait dans le sein de la mère. « N'avais-je pas raison d'insister pour que nous allions à cette soirée ? L'amour n'a rien de magique quand on sait où trouver les paillettes. Le cœur d'un jeune homme n'est jamais véritablement préparé pour les battements de cils d'une jeune fille. » D'autres étaient plus sensibles à l'esprit aiguisé, mais Ezémone n'allait pas se lancer dans l'établissement d'une liste exhaustive des moyens de charmer un homme. Il n'y en avait que deux qui importaient. Le plus important ne s'était pas manifesté, et, à la demande de Nicodème, elle s'était retenue d'envoyer un petit billet. Mais un mois était passé. Encore quelques jours et Olivette ne serait même plus un souvenir dans la mémoire du monarque. Heureusement, le Reknofed était plus vif, fidèle à la réputation qu'il s'était taillé chez Gustave de Tuorp. Elle eut un petit rire satisfait. « Il faudra que nous lui répondions, bien sûr. Stéphanette aussi, même s'il ne sera pas nécessaire de la prier pour cela. » Ezémone voyait déjà le futur qui se profilait. À court terme, la blonde inviterait toutes ses amies pour leur raconter que le Héros d'Uobmab lui avait écrit, puis elle désirerait de nouvelles toilettes. À plus long terme, il faudrait organiser des rencontres, sous la surveillance d'un chaperon. Puis les épousailles, d'ici quelques années, lorsque Stéphanette serait en âge. Comblée par cette vision, Ezémone chercha la main de son époux et se leva pour l'embrasser à la commissure des lèvres. La joie avait gommé quelques années de son visage et c'est presque guillerette qu'elle s'avança jusqu'à la fenêtre où elle apercevait ses filles en contrebas, les deux plus belles fleurs de son jardin.

« Et le Roi ? Il ne vous a pas parlé d'Olivette ? » Ce n'était pas la première fois qu'elle lui posait la question. Mais selon le trésorier, Merlin d'Uobmab était préoccupé. Ezémone ne l'entendait pas de cette oreille. Ce n'était pas une bonne excuse. Si elle-même avait réussi à détourner Nicodème de ses tableaux pour la regarder elle, alors il ne devrait pas être si difficile d'hameçonner le cœur de cet adolescent. « Nicodème, nous devrions faire quelque chose. Provoquer une rencontre. Je sais que vous avez vos réserves, mais qu'attendez-vous exactement ? Qu'une autre lui ravisse son cœur ? Quel gâchis ! Trouvons un compromis. » Ils étaient doués à ça, c'était une mécanique bien huilée entre eux. Ils étaient plus partenaires qu'époux, mais ils étaient les meilleurs partenaires qui soient. « Organisons simplement une rencontre, non officielle, bien sûr, il faut une touche de subtilité. Je discutais avec Apolline de Dranac la semaine dernière, et elle m'a rapporté s'être follement amusée à un jeu qui se déroule en extérieur avec des sortes de canes et des balles colorées. Il est formidable car les femmes comme les hommes peuvent jouer ensemble, tout en bavardant. Nous pourrions faire cela chez nous ? Le jardin est assez grand. Invitons tout le monde, tous ceux qui comptent, mais surtout les Reknofed. Vous glisseriez un mot au Roi. Il ne refusera rien à celui qui tient les cordons du trésor royal. Et il faut bien qu'il sorte son nez parfois s'il veut trouver épouse. Son conseiller ne le lui dit donc pas ? Ensuite, Olivette est encore jeune. Le mariage ne sera pas pour demain. S'il s'avère que le Roi est stérile, nous aviserons. Je trouverai une solution, j'en trouve toujours une. »

Message V | 1373 mots

Je ne l'ai pas mentionné dans la narration, mais La Crème Lieugroise, le journal que dirige Ezémone, est devenu Pépites & Épines suite à la redénomination du Royaume !


Merci Jil  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 5 009 :
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