Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 

 Les Portes V - La Chute du Roi Sadique

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1 ... 8 ... 12, 13, 14
AuteurMessage
Lana Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 261
◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
◈ Activité : En études
Lana Kælaria
Dim 10 Déc 2023 - 11:51




Le Roi sadique

En groupe | Lana


Note : Ce message est dans la continuité de celui de Kaahl. Âmes sensibles s’abstenir, et âmes insensibles s’accrocher.

Rôle - Yvonelle d'Etamot (mariée de Tuorp) :


« Je dramatise ? » appuya-t-elle, choquée qu’il osât le prétendre. Yvonelle se redressa et serra les dents. Il ne l’entendait pas. Il demeurait sourd à tous ses appels, comme s’il était incapable de se rendre compte de la douleur qu’il lui causait en agissant comme il le faisait. « Tu te fiches de ma musique ! Tu te fiches de moi ! Tu ne sais même pas faire la différence entre ta femme et n’importe quelle autre paire de cuisses ! Ce n’était pas moi ! » Quel élément ne parvenait pas jusqu’à lui ? Pourquoi tout semblait ricocher sur son cœur ? La blonde recula d’un pas. Elle aurait dû coucher avec Hermilius, la veille, dans la cabane. Elle le lui aurait craché au visage, pour qu’il souffrît autant qu’elle souffrait. Elle n’aurait jamais dû rentrer. Elle aurait dû rester dans leur cachette, puis partir, ailleurs. Loin. Ses bras se croisèrent sur sa poitrine, comme pour interdire à son palpitant de désosser sa cage thoracique pour s’en échapper. Les lèvres pincées, elle le toisa. « On peut très bien discuter ici. » Elle refusait de s’enfermer quelque part avec lui. Si près de la salle de réunion, il ne pouvait ni la frapper, ni essayer de la tuer. La menace planait encore. Son ombre s’étendait avec une insatiabilité telle que la musicienne fut persuadée qu’elle ne partirait plus jamais. Il lui faisait peur, et chaque seconde de terreur assassinait l’image qu’elle s’était construite de leur bonheur. Il avait tout gâché.

Quand les mains d’Elzibert se refermèrent sur ses bras, elle eut un mouvement de recul défensif. « Lâche-moi. » Ses iris se plantèrent dans les siens, sciés par son raisonnement. Il y eut quelques secondes de flottement, puis elle attaqua : « Tu me prends pour une idiote ? Tu as menacé de me tuer si je couchais avec un autre homme, et maintenant tu essayes de me faire croire que tu me laisserais partir si je le voulais ? » Elle tenta à nouveau de se dégager. Elle ne ferait pas comme Adénaïs. Elle ne subirait pas. Elle se l’était promis. Les mots d’Hermilius claquaient dans son esprit. « Plus le temps passe, plus je me dis que tu es devenu exactement le type d’homme que tu ne supportes pas d’imaginer avec notre mère ! Même ton père se comporte mieux avec les femmes ! Tu t’entends parler ? Tu te vois agir ? Quoi ? Tu vas me frapper comme tu frappes tes putes ? C’est ça que tu appelles me respecter et me considérer ? » La claque lui décolla la poitrine. La jeune femme fouetta le visage d’Elzibert d’un regard blessé, furibond et stupéfié. Elle n’avait pas cru qu’il le ferait. Pas vraiment. Sa bouche s’ouvrit, mais aucun son n’en sortit avant qu’il ne refermât sa poigne sur ses cheveux. La douleur l’arracha au mutisme auquel l’avait confinée sa gifle. « Lâche-moi ! » Elle se débattit, elle cria, elle voulut appeler, mais la paume libre de son mari barra sa bouche avant que quiconque n’eût surgi pour l’aider. La porte close, son monde se réduisit à l’horreur.

Dès qu’elle heurta le canapé, elle se redressa pour faire face à son frère. Ses yeux, la tension dans sa mâchoire, la ligne contractée de ses épaules, l’aura ténébreuse qui se dégageait de lui ; elle ne le reconnaissait en rien. À mesure que sa vision se floutait, elle comprit que des larmes menaçaient de dévaler ses joues. Ses prunelles noires déversaient sur le brun toute la déception, la peur et la détresse qu’il lui inspirait. Elle tendit les bras pour se protéger de lui, avant de se lever précipitamment et de s’écarter. Elle ne voulait pas abandonner. Elle n’avait pas le droit d’abandonner. Pas le droit de faire comme sa mère. Pour elle-même, et pour l’enfant qu’elle portait. « Si tu m’aimais, tu ne me frapperais pas ! Tu essaierais de comprendre ! Tu prendrais soin de moi, parce que c’est ce que font les hommes quand leurs femmes sont enceintes ! » Les pleurs avaient quitté ses cornées et striaient sa figure. Elle les essuya d’un geste rageur. Elle tremblait, et elle trembla encore plus quand la voix d’Elzibert s’éleva. Avant de pouvoir esquisser le moindre mouvement, elle se sentit de nouveau projetée en arrière. Son dos s’écrasa sur le canapé, et son souffle sous le poids du brun. Ses mains s’ancrèrent autour de son poignet, dont elle voulut défaire la prise. Ses ongles s’y arrimèrent ; la poigne se resserra. Des étincelles paniquées crépitèrent dans ses iris. Elle tenta de se dégager, frappant ses hanches contre son bassin, essayant de remonter ses genoux pour le taper, mais son corps ligotait le sien, et plus elle bougeait, plus l’air lui manquait. En entendant le déclic de sa ceinture, la suite des événements lui apparut avec une limpidité tétanisante. « Qu’est-ce que tu fais ? » demanda-t-elle dans un filet de voix. Son regard azuré plongea dans le sien, mais là où elle avait l’habitude de trouver joie et lumière, il n’existait plus que haine et colère. Autour de son poignet, ses phalanges se desserrèrent.

Son assaut la brûla de l’intérieur. Elle ferma les paupières de douleur et se raidit toute entière. Ses va-et-vient lui arrachèrent des sanglots que sa main sur sa gorge empêchait de sortir. Elle se fit la réflexion que c’était un peu comme mourir. Des moments de leur histoire l’assaillirent ; l’amoureux se superposait au tortionnaire comme l’idylle à l’enfer. Ses mots la glacèrent. Quand ses lèvres cherchèrent les siennes, elle détourna le visage, les mâchoires scellées. Son geste de résistance lui coûta une douleur plus cuisante encore, qui arracha d’entre ses dents un gémissement étouffé. Son souffle moite contre sa peau la révulsait, pourtant, elle demeurait immobile. En elle, tout tempêtait : hors d’elle, rien n’existait. Elle ne dit rien. Il l’avait si bien désaccordée qu’elle ne se sentait plus capable de produire une seule note. Malgré elle, elle s’abandonnait. Ses cornées bouffies de larmes et injectées de sang fixaient le parquet et, alors qu’il s’approchait de la jouissance, elle se sentit à peine partir. Elle eut l’impression de se détacher de son corps, de n’être plus qu’une conscience flottant au-dessus de la scène, un fantôme balbutiant. Quand il se retira, elle ne chercha ni à riposter, ni à se redresser. Son souffle lui revint brutalement, mais elle n’en tira aucun réconfort. Elle toussa sans le ressentir. Elle n’était plus vraiment là. Durant plusieurs secondes, elle ne bougea pas, puis elle pivota sur le côté et ramena lentement ses jambes contre elle. Ses yeux ne pleuraient plus. Les paroles d’Elzibert produisirent un écho, dans le lointain. Elle serra ses bras contre son ventre. Ses sens dilués limitaient sa conscience, mais certains éléments persistaient avec une acuité aiguë. Le son de ses pas s’éloigna, jusqu’à être avalé par le claquement de la porte. Elle ne bougea pas, les prunelles toujours rivées aux lattes du parquet. Dans ses torsades lustrées, la scène se rejouait en boucle, tel un cauchemar au réveil.

Le temps se distordit. Les secondes s’engluèrent dans les minutes et les heures engloutirent ces dernières. Elle ne sut jamais combien de temps s’était écoulé entre le départ d’Elzibert et le moment où elle se redressa. Elle finit même par se lever. Des flammes griffaient son vagin, et pourtant, elle avança jusqu’à la porte. Les doigts sur la poignée, elle fixa sa main, le regard terne, puis ouvrit. Dans les couloirs, elle erra, oubliant parfois pourquoi elle était là, renouant soudainement avec la réalité, la niant la seconde suivante. Dès qu’elle trouva un domestique, elle le chargea de sa requête : « Dites à Hermilius de Tuorp que je l’attends dans le petit salon réservé aux invités. » Elle avait parlé d’une voix claire et distincte. Il lui sembla presque que quelqu’un d’autre s’exprimait à sa place. Pâle comme la mort, sans répondre au questionnement inquiet du serviteur, elle rejoignit la salle indiquée, là où elle avait déjà accompagné Rosette venue voir ses cousins au palais. Elle s’assit sur une causeuse et posa ses mains sur ses genoux. Ses doigts lissèrent machinalement son jupon, rajustèrent le tissu de son haut, replacèrent ses longues mèches blondes. Des frissons gelés mordirent ses omoplates. Avec une lenteur chirurgicale, elle remonta le bas de sa robe, puis écarta les cuisses. Un liquide poisseux y circulait en veinures crème et rougeâtres. Une nausée monta dans sa gorge. Elle rabaissa brutalement le tissu et plaqua ses deux paumes sur sa bouche, les yeux fermés aussi fort que possible, comme si elle souhaitait ne jamais les rouvrir. Le temps se distordit, encore.

Des bruits de pas la firent sursauter. Elle planta son regard sur la porte. Elzibert revenait-il ? Le domestique l’avait-il prévenu, lui plutôt qu’Hermilius ? Elle n’y avait pas pensé sur le moment, mais désormais… Allait-il la tuer comme il avait promis de le faire si elle prétendait rompre leur union ? La peur rebattit ses tambours de folie. Mais elle préférait encore mourir que de se laisser abattre. Elle eut l’impression de sentir son souffle dans son cou, son poids sur son corps, ses menaces sur ses lèvres. Pourtant, ce fut la silhouette du conseiller qui se découpa dans l’embrasure. Un soulagement virulent déferla sur ses épaules, en même temps que de nouvelles craintes s’enroulaient autour de ses côtes. S’il refusait de l’aider, s’il trahissait toutes ses promesses… Elle inspira, quitta le siège et avança jusqu’à lui, la démarche aussi affirmée que possible, le menton relevé et, elle l’espérait, le regard assuré. Son port haut laissait voir la marque de la main d’Elzibert dans son cou, et la lumière du lustre se reflétait sur sa pommette meurtrie. Elle pouvait choisir de l’ignorer, mais le viol roulait sur sa peau. « Je ne veux pas rentrer. » Les mots éraflèrent sa gorge. Elle déglutit. Elle était mortifiée, assiégée par la peur, mais elle n’avait pas le droit d’abandonner. « Je vais divorcer. » Elle s’était répété en boucle ce qu’elle lui dirait, mais elle avait désormais du mal à s’en rappeler. « Pour ça, je dois être loin de lui, parce que sinon, il va… » Tout resta bloqué. « Il m’a… » Elle serra les poings. « Vous aviez raison. Il est déjà mort intérieurement, et si je reste… » L’air fier qu’elle avait imposé à sa figure se délita soudainement. « On s’est disputés et il a… » Elle pressa ses mains sur son ventre. « Vous croyez que si je le garde, il va nous laisser tranquilles ? » L’aiderait-il, lui, si elle avait un enfant ? Elle regretta de l’avoir mentionné, bien que sa peur fût trop insistante pour qu’elle eût pu l’éviter. « Je ne veux pas subir comme ma mère. » Coup après coup, humiliation après humiliation, jusqu’à devenir le bourreau de sa propre vie. « Et je ferai ce qu’il faut pour que ça n’arrive plus jamais. » souffla-t-elle.



Message XII – 1830 mots

C’est ce que j’appelle une belle fin de RD, hein Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 14 3943828681


Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38725-lana-kaelaria#73988
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4041
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 10 Déc 2023 - 12:54



Le Roi Sadique


« C’est trop d’honneur. Et, évidemment, j’ai beaucoup entendu parler de votre époux. Sa collection d’œuvres d’art est sur toutes les lèvres. » Je souris. « Bien sûr. J’ai amené avec moi quelques-unes de mes œuvres de jeunesse. Elles ne sont que les balbutiements de ma recherche de style mais ont acquis une valeur importante sur le marché de l’art au fur et à mesure de ma carrière. Elles pourraient intéresser votre mari. » Certaines valaient bien plus cher que les tableaux que je peignais actuellement alors qu’il ne s’agissait que de croquis à peine terminés. Néanmoins, le milieu dans lequel j’évoluais ne s’encombrait d’aucune autre logique que celle de la demande du public. « Nous comprenons. Les changements récents vont également nous tenir occupés. La nouvelle Reine a désiré nous compter parmi son conseil. Mon frère sera chargé de l’enseignement militaire de la jeunesse très prochainement. » Le valoriser était le meilleur moyen d’accélérer nos plans. « Je partage l’avis d’Arcange. » J’acquiesçai lorsqu’il demanda à la d’Ecirava de nous informer de l’état de Stéphanette et la saluai dans les formes avant de prendre congé.

________

De retour dans nos appartements, une idée germa dans mon esprit. Une plante aux allures de torture y poussa. Jadis, j’avais aimé qu’Arcange me regardasse en plein coït. À présent, je voulais tester autre chose. Le résultat sur la toile risquait d’être décevant mais l’expérience me paraissait déjà plaisante à vivre. Je me tournai vers mon frère. « Arcange ? J’aimerais que tu me rendes un service. » Je m’approchai et plantai mes yeux dans les siens. « Est-ce que tu peux me peindre ? Nous parlerons de la suite durant l’exercice. » Je lui souris. « Je n’attends pas de toi une œuvre réaliste. L’abstrait m’ira parfaitement. » Lorsque nous étions adolescents, il avait plus d’une fois joué avec mon nécessaire à dessin et peinture. Aucun talent pour l’art ne semblait lui avoir été légué à la naissance. Peut-être qu’une pratique assidue aurait pu changer les choses. Néanmoins, mon frère possédait son propre don, bien plus utile à Uobmab : celui de pouvoir réduire des crânes en bouillie entre ses doigts puissants. Il n’y avait pas que les têtes qu’il faisait plier. Les corps ne tenaient jamais bien longtemps sous son joug. « Pour une fois, inversons les rôles. » m’amusai-je, tout en sortant le nécessaire. « Tu peux aller te laver et enfiler des vêtements plus confortables le temps que j’installe ce qu’il faut et que je me mette en scène. Je t’appellerai quand ce sera bon. » Je me hissai sur la pointe des pieds pour atteindre sa joue et y déposai un baiser.

________

« Arcange ? J’ai fini. Tu peux venir. » J’avais recouvert le lit d’une couverture couleur sang. Derrière mon dos, des oreillers assuraient le confort de ma position. Sur le matelas, quelques piles de livres ornées de bijoux se dressaient. Sur deux d’entre elles, les mains de l’homme que j’avais assassiné la veille reposaient, vieilles, aux ongles noircis. Sur d’autres, il y avait des bougies. Les flammes avaient longtemps vacillé mais étaient stables à présent. D’autres avaient été disséminées à travers la pièce afin que le peintre pût exercer ses faibles talents. Nue, la tête du cadavre reposait entre mes cuisses ouvertes, dissimulant mon sexe à l’œil de mon frère. Pour le reste, rien n’empêchait ce dernier de contempler ma peau. Sur mon crâne, une couronne d’or trônait, celle que j’avais achetée plus tôt dans l’espoir de pouvoir peindre la décadence de Merlin. « Installe-toi. » Nous devions discuter de la suite. « Je pense que les femmes d’Ecirava nous mangent déjà dans la main. Nicodème sera on ne peut plus heureux de côtoyer une artiste, sans parler du fait que je pourrai l’introduire davantage à ce milieu qui lui plaît tant via mes connaissances. Sa femme te veut déjà pour gendre et Stéphanette ira dans ce sens. Tu te marieras avec elle et tu deviendras noble. Le seul point d’ombre au tableau c’est Childéric et cette insupportable gamine qui porte actuellement la couronne. » Je le fixai. « Dis-moi si tu veux que je change de position. » lui signalai-je. « Mais cet homme m’interroge. Avec Montarville, puis avec Garance, puis avec Zébella… Je pense que je pourrais travailler à le faire changer d’avis. Il pourrait quitter le nid d’Uobmab au profit de celui des Reknofeld. Je dois juste trouver son point faible. Il en a forcément un, quelqu’un pour qui il trancherait la tête de la Souveraine sans une once d'hésitation… ou quelque chose qu’il désire plus que tout. Je vais me rapprocher de lui. » dis-je. C’était dangereux mais il jouait aussi. Il aurait pu me tuer et il ne l’avait pas fait. Pour quelle raison ? Était-il à la solde de Judas ? Était-il toujours à la solde de Garance ? « Et de Gustave aussi. Je ne sais pas ce que je pourrai en tirer mais travailler au tournoi ensemble me permettra de l’approcher et de l’étudier. » Je le fixai. « Je compte sur toi pour être professionnel. Tu sais bien qu’ils n'ont aucune importance pour moi. Toi seul en a et c’est parce que je veux que tu sois Roi que je m’intéresse à eux. » Je baissai les yeux vers le visage entre mes cuisses. Ses lèvres contre les miennes m'apportaient un sentiment indescriptible, comme si la mort n'avait jamais été aussi proche de la vie. Il était né en passant par le vagin d'une femme et son visage en décomposition baisait et honorait cette même voie. J'eus presque envie de frotter sa face inerte contre moi jusqu'à m'en faire jouir. Peut-être le ferais-je, lorsqu'Arcange aurait terminé son œuvre ou perdu patience en cours de route.

874 mots
Rose-Abelle (Ange-Lyne):

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 419
◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
Adriæn Kælaria
Dim 10 Déc 2023 - 16:09

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 14 4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Le Roi sadique



Rôle:

« J’ai déjà tué. » assura-t-il. L’aveu de l’avoir fait s’était frayé un chemin jusqu’aux lèvres d’Hermilius. Les effets de la drogue s’estompaient mais demeuraient, assez pour qu’il parlât, pas assez pour l’empêcher de penser en même temps. Était-ce grave d’avoir éliminé quelques personnes ? Il ne le pensait pas, surtout dans les circonstances actuelles. Qui n’avait jamais tué dans cette pièce ? Nicodème probablement. Gustave sans doute, et encore. Le fait qu’il l’eût fait n’aurait en rien étonné le conseiller. La question ne se posait pas pour Childéric. Elle n’avait pas lieu d’être non plus pour Ezidor. Le lien entre les deux l’interrogeait d’ailleurs grandement. Quant à Zébella, elle ne pouvait être la fille de Judas sans avoir jamais vu périr quelqu’un sous sa lame ou ses mains. Finalement, les assassins étaient majoritaires. Il n’était que la norme et, plus il y songeait, plus il trouvait l’acte normal. Lorsqu’il n’y avait pas d’autres choix que celui-ci pour survivre ou tirer son épingle du jeu, il devenait obligatoire. « Il faudrait que vos projets soient fous pour que je complote contre vous, et que des figures convaincantes s’élèvent face à vous. Or, si je crois que la deuxième partie de ma phrase sera ou est déjà vraie, je ne crois pas que nos intérêts divergent au point d’avoir envie de vous tuer. Je n’étais pas d’accord avec la politique de votre frère et je ne l’ai pas tué pour autant. » Il pencha lentement la tête sur le côté lorsque la Reine parla d’Yvonelle. « J’y réfléchirai. Sachez simplement que j’ai souvent raison lorsque j’émets des hypothèses et je pense que mon soutien ne sera pas de trop lorsque tous voudront voir votre tête tomber. » Si elle ne voyait pas en quoi il pourrait lui être utile, peut-être était-ce simplement parce qu’elle n’avait jamais eu à manipuler une foule. Son père paraissait n’être qu’un modèle de force sans fioritures, un tyran trop sûr de lui pour être discuté. Néanmoins, beaucoup avaient essayé de devenir comme Judas sans y parvenir. Pourquoi ? Peut-être parce que le Roi avait un secret, un secret qui pouvait expliquer sa longévité sur le trône d’un Royaume qui n’avait fait que croître au fur et à mesure du temps. L’homme était impressionnant mais moins que la légende qui l’entourait. La légende était une question de manipulation de la masse. Si Zébella voulait jouir de la même notoriété, il pourrait lui être utile. Son monde était un théâtre et il avait appris d’Éléontine comment subjuguer les foules. Seule cette adolescente à la tignasse bleutée semblait le voir différemment, à raison ou à tort.

Lorsqu’il sortit dans le couloir, la drogue n’avait plus autant d’assise. Il croisa un domestique. L’odeur des problèmes lui parvint jusqu’aux narines. Un pressentiment tenace l’habita soudainement. Il hocha la tête et partit en direction du lieu indiqué. Quand la silhouette d’Yvonelle l’accueillit, il y lut un soupçon d’angoisse qui disparut sous l’effet du soulagement. Il la détailla, tout en lui souriant pour la forme. Il n'avait aucune envie de sourire. « Vous m’avez fait demander ? » questionna-t-il, pour laisser le temps aux impressions qui l’englobaient d’analyser la situation. Elle avait pleuré et il n’y avait pas que ça. Il n’aima pas les sensations qui enveloppèrent son cœur. Il aurait dû les apprécier parce qu’il savait ce qu’elles lui murmuraient, qu’il avait peut-être remporté la guerre. Le problème n’était pas tant les larmes du chagrin. Le problème se trouvait dans les rougeurs qui maculaient le cou de la jeune fille. Le problème prenait place au fond de son regard détruit par une violence que beaucoup n’auraient jamais osé nommer. « Vous n’avez pas à rentrer. » répéta-t-il, affirmatif. « D’accord. » Il l’écouta, ne l’interrompit pas, quand bien même les mots restèrent-ils bloqués dans sa gorge. Puis, lentement, ses yeux se détachèrent de son visage pour glisser sur son ventre. Il ne marqua pas son étonnement bien que la nouvelle le prît au dépourvu. La grossesse était sans doute trop récente pour qu’il eût pu la remarquer, même en observant minutieusement la mère. Ce n’était néanmoins pas ce qui retenait son attention et faisait grossir en lui une colère qu’il ne ressentait pour ainsi dire jamais. Plus elle parlait, plus il comprenait ce qu’il s’était passé. Il l’avait frappée. Sa joue en témoignait. Il l’avait étranglée. Et s’il l’avait étranglée, c’était probablement pour la faire taire, bien qu’Hermilius connût les dérives d’Elzibert. « Je vais vous aider, d’accord ? Il ne vous approchera plus. Je vais louer un gîte dans lequel vous pourrez vivre le temps de prendre toutes les décisions qui s’imposent. Je vais vous faire voir des médecins, pour votre joue, votre cou et… » Il s’arrêta de parler, observant les dégâts visibles et suspectant les autres, ceux qui marquaient la chair depuis l’intérieur, et finit par continuer. « … le reste, seulement si vous le voulez. » Il ne chercha pas à la toucher. « Vous pourrez vous laver ensuite. Laissez-moi cinq minutes et nous pourrons discuter plus amplement si vous le désirez. » Il se dirigea vers un secrétaire. Les invités, parfois, ne pouvaient pas rester ou devaient attendre longtemps. De quoi écrire avait donc été mis à leur disposition, avec d’autres activités comme des jeux de plateau. Il griffonna sur deux feuilles qu’il plia. Il cacheta l’une d’elle et appela un domestique. Il faudrait du temps avant que la nouvelle de son statut perdu ne s’étendît. En attendant, il comptait bien en profiter. « Faites ce qu’il y a écrit sur ce mot et portez celui-ci à la femme dont l’adresse est indiquée là. » Elzibert n’avait pas été doux avec la plupart des prostituées, loin de là. Il en connaissait plusieurs mais l’une d’elle n’avait jamais craint de se salir les mains dans d’autres besognes que les fellations à la chaîne. Hermilius entendait bien tirer profit de la rancœur de cette dernière pour qu’Elzibert lui fût livré hors d’état de nuire. Les instructions étaient claires : le chopper, l’attacher et le conduire à la cabane. La récompense était à la hauteur du risque. Gustave était toujours diplomate royal après tout.

Il revint vers Yvonelle et chercha son regard. « Peu importe ce qu’il s’est passé. Ce n’était pas votre faute. » Pour le reste, ce qu’il risquait de se produire dans la cabane, Hermilius en prendrait l’entière responsabilité. Il inspira pour tenter de calmer la griffure dans sa poitrine. Il n'était pas un tueur d'adolescents mais ce n'était pas l'envie qui manquait actuellement. Il aviserait.

1039 mots



Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 14 4p2e
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38724-adriaen-kaelaria
Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 285
◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
Lyz'Sahale'Erz
Dim 10 Déc 2023 - 20:27



Le Roi sadique



Je croisai les bras. Qu’il me parlât encore de Zébella alors que nous avions quitté la salle du conseil me semblait inapproprié vu son état. Qu’importât qu’elle fût apte à régner ou non. S’il ne se soignait pas, il ne serait pas là pour constater l’échec ou la réussite de l’entreprise. « Je ne travaille pas pour Judas. » lui répondis-je néanmoins, tout en restant à côté de lui. Plus je l’observais, plus son état m’inquiétait. Mon sentiment ne changea pas dans mes appartements. Je me déchargeai de mes armes et profitai de ses yeux clos pour retirer les vêtements trop protocolaires que j’avais enfilé plus tôt. J’enfilai une chemise en lin, teintée avec des pigments sombres. Le bas suivit. Habillé de blanc, j’étais rayonnant. Habillé de noir, de sombres mystères semblaient me hanter. Je l’écoutai. « Aujourd’hui ? » Un rire désabusé franchit mes lèvres. Depuis quand jouait-il ainsi entre la vie et la mort ? Pourquoi n’avait-il pas été capable de repérer le poison ? Depuis quand une personne tierce pouvait-elle le surpasser dans son art ? Il y avait voué sa vie. « Je ne connais aucune Noée. » lui répétai-je. Cette histoire me semblait folle. Je le fixai et souris. « C’est sûr. Personne ne me connaît aussi bien que toi. Mais ça n’explique pas comment cette femme pourrait savoir quoi que ce soit sur moi. Depuis cette époque, j’ai toujours été prudent. Je ne bois pas, ne fume pas et la seule femme que je vois, tu la connais. » Adénaïs. Il y avait eu Garance sur le chemin de Narfas. J’avais aussi failli m’en prendre à l’amie de ma sœur. J’avais manqué violer Alembert et Zébella. Finalement, rien de tout ceci ne s’était produit autre part que dans ma tête. Seule la de Lieugro avait subi mes travers. Noée était donc un fantôme du passé, quelqu’un que les perversions d’Ezidor avait sans aucun doute atteint. Je l’avais beaucoup aidé plus jeune. Nos actes se confondaient parfois. Peut-être cherchait-elle à assouvir une vengeance qui attendait depuis des années ? « Gustave ? Non, tu as raison. Il n’est pas fait pour la stratégie et il ne sait de toute façon rien de mon passé. » Je le fixai. Sous la torture, les langues se déliaient fatalement. Néanmoins, si j’avais été Noée, j’aurais très certainement coupé celle du médecin afin qu’il ne pût plus s’exprimer. Je ne lui aurais laissé aucune main non plus. Cette Noée n’était donc pas aussi maline que ça, à moins que ce fût ce qu’elle désirait, qu’il parlât ? Souhaitait-elle le déchoir lui ou me déchoir moi ? Il la disait admiratrice de ma personne mais j'en doutais très sincèrement.

« Je serai ce qu’elle voudra. Pour l’instant, je l’aide. » lui dis-je. Concernant mon rang officiel, il n’avait pas besoin que je lui expliquasse quoi que ce fût. « Je tenterai d’appliquer le conseil. Il vient d’un mourant alors j’imagine qu’il a de la valeur. » Je m’installai à côté de lui et posai ma main sur l’un de ses genoux. « Plus que ça ? Comme quoi, Roi ? Elle me l’a proposé figure toi. » Je lui souris, avant que la suite de ses propos ne transformât mes lèvres en une ligne horizontale. « Les Reknofeld hein ? Oui, je les ai croisés. » Mes traits se durcirent à la mention d’Irène. « Le bébé ? » J’inspirai, posai mon coude sur mon genou et me mis à caresser mon front avec mes doigts. Je levai les sourcils, incrédule. Alors comme ça, il avait fait l’amour à cette femme au point de la mettre enceinte ? Quant à sa sœur, je n’en avais jamais entendu parler mais le sujet ne m’intéressait pas. « Je vois… » Je me redressai légèrement. « Tu sais… Ernelle ne m’a jamais dit voir quelqu’un à l’époque, quand je t’ai laissé l’abuser. Je crois même qu’elle aime les femmes… » Cette Lénora. « Natanaël est né environ neuf mois après. Je t’en aurais parlé si tu n'avais pas disparu. » Je me levai. « Mais pour l’heure, le plus important reste de trouver cette Noée. Je vais mettre mes hommes sur le coup et les aider à chercher. Prends-le comme tu veux mais si tu devais mourir un jour, je préférerais que ce soit de mes mains. » articulai-je. « En d’autres termes, je ne laisserai rien ni personne te tuer avant moi. » Je pris l’insigne du Chef des Armées et l’attachai sur mon torse. « En mon absence, veille à trouver ce qu’est le poison qu’elle t’a inculqué. Je refuse de croire que quiconque te dépasse dans ton domaine. Réfléchis. Il doit bien y avoir quelque chose que tu as loupé. »

________

Ma main saisit une épée dans la réserve des soldats. Beaucoup étaient partis et certaines armes n’avaient plus de propriétaire depuis longtemps. Mon rendez-vous avec Nicodème serait honoré en premier, pendant que les soldats s’occuperaient de rechercher Noée, en commençant par la demeure de Gustave. Ensuite, je me chargerai d’un tout autre problème, un mal que j’aurais dû faire disparaître à la seconde même où j’avais appris son existence.

Après avoir vu le trésorier, je me rendis à destination. Dans la nuit naissante, je me fondis dans les jardins après avoir enlevé l’insigne qui luisait jusqu’ici sur mon torse. Je m’infiltrai dans la demeure. Chaque salle ressemblait à un musée horrifique. Je tombai sur quelques affaires d’Ezidor, des bandages que j’amenai à mes narines. L’hémoglobine les imbibait. Plusieurs fioles étaient renversées, comme si le médecin avait agi à la hâte. Il l’avait surement fait. Je fixai ses effets personnels, pensif. Je n’avais pas l’intention de le partager avec qui que ce fût, surtout pas cette femme. Finalement, je trouvai la chambre où la démente était attachée. Elle dormait là, comme morte. Mes doigts gantés caressèrent la courbe naissante de son ventre. « Tu n’aurais pas dû te mettre entre lui et moi. » Finalement, elle aurait pu me remercier. Vu son état, je doutais sérieusement que la vie lui eût souri plus de quelques semaines. Néanmoins, ma vision des choses se fondait dans ce que j’avais murmuré à Ezidor plus tôt : personne d’autre que moi ne le tuerait et il n’aimerait personne d’autre que moi. Qu’il eût pu réellement s’engager avec la blonde et lui faire l’amour m’étaient insupportables. Il ne faisait que violer, profiter, abuser. Jamais il n’avait voulu une vie sédentaire, confortable et collective. Cette d’Errazib était en partie responsable de sa déchéance actuelle, j’en étais certain. Je la fixai une nouvelle fois, m’approchai d’elle et posai mes lèvres sur les siennes, comme pour tenter de deviner si le goût de celles d’Ezidor s’y était un jour trouvé. J’aurais dû la violer, passer après lui pour défaire ce qu’il avait fait, effacer toute cette vie à deux, m’approprier sa femme et marcher dans les traces du médecin. Néanmoins, je n’en fis rien. Je versai entre ses lèvres une mixture qui la maintiendrait inconsciente. Après quelques minutes, je pris la lame et la lui enfonçai plusieurs fois dans le ventre, jusqu’à être certain qu’aucune vie ne demeurait plus au creux de ce lit. Puis, comme j’étais entré, je ressortis.

1180 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38027-lyz-sahale-erz
Aubépine Percefeuille
~ Magicien ~ Niveau I ~

~ Magicien ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 88
◈ YinYanisé(e) le : 23/04/2023
◈ Activité : Étudiante à Basphel
Aubépine Percefeuille
Dim 10 Déc 2023 - 21:49


Les Portes V - Le Roi sadique
Aubépine dans le rôle d'Olivette

Rôle:
La porte se referma derrière elle dans un claquement sec. Olivette la fixa un moment, la main encore sur la poignée. Elle revoyait sa mère, ce matin-même, pénétrer dans la pièce pour lui jeter ses ordres à la figure avant de repartir comme elle était venue.
Cette fois, c’était elle qui avait maltraitée la porte de sa chambre où elle était maintenant confinée. C’était ainsi que sa journée avait commencée et c’est ainsi qu’elle se terminait ; en claquements de portes furieux provoqués par les mouvements d’humeur et les volontés de la matriarche.

Il n’était pas tard, en réalité. Le soleil était haut dans le ciel d’été. Il dardait ses rayons de lumière, éblouissant, ignorant de l’orage qui grondait sourdement dans la poitrine de l’adolescente. Celle-ci lâcha enfin la poignée et se mit à faire les cent pas dans la chambre.
Déçue, trahie, en colère, blessée, désemparée. Elle n’arrivait pas à savoir quelle émotion primait dans son cœur, comme si chacune d’elle bataillait pour en avoir le monopole, toutes munies de son lot d’épines glacées. La cible de sa rancune tanguait entre elle-même, sa mère et les d’Uobmab. Tous la méritaient.
Avant que tout ne déborde, Olivette attrapa le coussin et étouffa un long cri à l’intérieur. Lorsque ses poumons se furent vidés, elle le jeta sur le côté et s’affaissa sur le sol. Elle tourna la tête sur le côté et sa chevelure coula devant son visage, les boucles brunes frôlant le parquet. Là, l’envie d’éclater en sanglots la prit soudain à la gorge, à son grand étonnement ; mais elle parvint à la réfréner, déglutissant comme on le fait avec un aliment qui nous dégoûte. Elle aurait tout le temps de s’apitoyer sur son sort et celui de son royaume plus tard.
À la place, elle tendit l’oreille. Lorsqu’elle fut certaine que personne ne rôdait derrière sa porte, ses yeux se mirent à fouiller la pénombre sous le lit où elle se glissa pour accéder à la latte mal fixée. Il lui fallait se débarrasser de tout ce qu’il y avait de compromettant. Sa mère enverrait assurément quelqu’un inspecter la pièce de fonds en combles à la première occasion – si elle ne le faisait pas elle-même. Lorsqu’elle l’avait directement renvoyée dans sa chambre, Olivette avait dû réprimer un soupir de soulagement. Se faire sous-estimer avait aussi du bon.

Sa cachette ne contenait pas grand-chose d’autre que les communications les plus récentes et celles qu’elle était en train de rédiger ; en général, elle se débarrassait aussitôt des mots mentionnant les points de rendez-vous et ceux contenant des informations sensibles.
Avec application, elle se mit à déchiqueter les quelques lettres qu’elle y avait trouvées au-dessus d’un exemplaire de la Crème Lieugroise tiré d’un tiroir. Cela lui prit du temps mais lorsqu’elle en eut terminé, il ne restait plus de sa correspondance secrète que des miettes de papiers, bien trop petites pour être réassemblées en un ensemble déchiffrable.
Elle porta le journal à la fenêtre et jeta le tout au-dehors. Les particules s’envolèrent sans un bruit, parsemant le ciel de flocons blancs et noirs. Olivette observa un moment leur danse incongrue dans l’atmosphère estivale. Voilà qui s’accordait mieux à ses tourments intérieurs.

On toqua à la porte. Deux coups légers et rapides, un coup plus fort.
Olivette se détendit un peu. « Entrez. » Glénadine, sa dame de compagnie, entra et courba exagérément la tête. Un sourire retroussait le pli de ses lèvres fines lorsqu’elle releva des yeux pétillants de malice sur Olivette. « Mademoiselle. » Il retomba comme un soufflet lorsqu’elle avisa l’expression sur le visage de la jeune fille. Promptement, elle referma la porte derrière elle et alla s’asseoir sur le lit, où elle tapota les draps à côté d’elle. « Qu’est-ce qui se passe, Olive ? » La jeune fille soupira, avant de se relever lourdement pour rejoindre son amie. « J’ai commis une immense erreur de jugement, et je crains de n’avoir mis en danger le Cercle. » Elle chuchotait. « Oh… Olive. Ça devait bien arriver un jour. » Elle gigota sur son séant, ne sachant que dire. Olivette lui accorda un sourire compatissant. Glénadine n’avait jamais été très à l’aise avec toutes ces histoires de politique. Elle n’avait que quelques années de plus qu’elle et toutes deux se connaissaient depuis la petite enfance ; plus qu’une dame de compagnie, elle était devenue la seule amie de son âge. Olivette ne l’avait pas impliquée à outrance dans ses manigances, mais elle se confiait régulièrement à elle et lui demandait parfois un coup de pouce. Elle lui faisait confiance.
Les doigts de Glénadine s’agitaient dans sa crinière emmêlée, un pli contrarié barrant sa bouche.
« Tu t’es débarrassée de mon chignon encore plus vite que d’habitude, aujourd’hui. » maugréa-t-elle. « Évidemment, je n’ai rien avoué. Mais il va falloir que je fasse profil bas pendant… oh, je ne veux même pas y songer. » continua Olivette comme si de rien n’était, ignorant les remontrances. « Est-ce qu’il faut que je leur fasse passer un message ? » « Surtout pas. Non, contente-toi de faire ce qu’on a prévu si un tel scénario devait arriver. » Ils avaient convenu il y a longtemps que si la journaliste s’intéressait de trop près à leurs affaires, Glénadine le ferait savoir par une commande de tissus, simple mais bien spécifique, chez un de leurs alliés. « On va sans doute surveiller tous mes faits et gestes désormais. Ainsi que les tiens. » soupira-t-elle. Elle espérait qu’on ne lui retire par la compagnie de Glénadine. Celle-ci avait sorti de ses jupons des épingles et triturait le cuir chevelu d’Olivette. « Bon, qu’est-ce qu’il s’est passé, exactement ? »
Par quoi commencer ? La mort de Merlin ? L’ascension de Zébella ? L’emprisonnement d’Irène d'Errazib ? La trahison de sa propre mère ? Son emportement puéril, comme une tornade sur le château de cartes qu’elle s’était tant appliquée à construire ?
Olivette secoua la tête, ce qui lui valut de se faire gronder par son amie. « C’est… Il s’est passé tant de choses. Je ne sais plus où donner de la tête. Ce qui est prioritaire, ce qui peut attendre, où a commencé mon erreur et ce que je peux faire pour la corriger. » Sa gorge se noua.

« Écoute, euh… je ne veux pas t’en rajouter, mais ça pourrait être important. Stéphanette a fait un malaise en ville, un peu plus tôt, et ce sont les Reknofed qui l’ont ramenée à la maison. »
« Quoi ?! » Cette fois, la petite brune avait franchement tourné la tête, libérant une tresse que Glénadine n’avait pas eu le temps de fixer. « Ces sales bâtards… est-ce encore une intrigue de ma mère ? Est-elle à ce point déterminée à souiller notre lignée ? » L’adolescente serra les draps entre ses poings. « Stéphanette… va-t-elle bien ? » « Oui, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. » Ses sourcils se froncèrent, formant une ligne féroce au-dessus de ses yeux verts. Elle ne savait pas comment ils en étaient arrivés à se retrouver ensemble tous les trois, mais sa sœur avait le sens du spectacle en plus d’avoir un cœur d’artichaut. Une mise en scène de sa part n’était pas à exclure. Elle eut l’envie soudaine de débarquer dans la chambre de son aînée pour lui soutirer la vérité.
Ça pouvait toutefois attendre. « Glénadine... » La jeune fille l’interrompit d’une main levée en l’air. « Compte sur moi pour laisser mes oreilles traîner. Laisse-moi juste terminer ta coiffure, c’est tout ce que je te demande. » Cette fois, Olivette rit franchement et se laissa manipuler jusqu’à ce son amie soit satisfaite.


──────⊱⊰──────


Emmitouflée dans ses couvertures, Olivette ne répondit pas quand on toqua à la porte. Elle avait refusé les repas apportés par les domestiques. La seule chose dont elle avait besoin, c’était du calme et de la solitude pour remettre de l’ordre dans ses pensées. Pourtant, à chaque fois qu’elle tentait de s’atteler à cette tâche, elle se sentait s’enfoncer encore plus profondément entre les draps. La culpabilité et la colère l’assaillaient en vagues traîtresses, l’empêchant de cultiver la moindre idée tangible. C’était comme se cogner à un mur. Coupée de son réseau, elle se sentait démunie. Censurée. Le sommeil tentait parfois de l’emmener dans ses bras chauds, mais elle s’y refusait obstinément. Pas tant qu’elle n’avait pas disséqué et digéré les évènements de la journée et leurs implications. Elle était persuadée que sans ce travail intellectuel et émotionnel, les cauchemars qui l’avaient hantée dans la calèche fondraient de nouveau sur elle.

Lorsque les coups retentirent de nouveau, elle crut reconnaître la poigne légère qui les assénaient. « Entrez… ? » lança-t-elle, hésitante. La silhouette de son père se fraya délicatement un chemin jusqu’à elle. Elle ne l’en empêcha pas ; elle ne ressentait pas sa présence comme une intrusion. Elle lui fut d’autant plus reconnaissante de la douceur avec laquelle il posa sa question. Une fois de plus, devant lui, elle se sentait de nouveau enfant ; pas celui qu’on cherche à dresser jusqu’à ce qu’il s’enfonce dans le moule qu’on a décidé pour lui, mais celui qu’on écoute et qu’on cultive avec patience pour qu’il s’épanouisse de lui-même comme une fleur au printemps.

Instinctivement, l’adolescente porta la main à sa joue. Quoi qu’ait pu lui raconter sa mère – et elle n’avait pas dû mâcher ses mots -, il avait décidé de l’écouter.
« Papa… vous souvenez-vous lorsque, plus jeune, j’ai été découverte des ciseaux à la main, sur le point de me couper les cheveux courts ? J’exigeais qu’on m’appelle Olivier et qu’on me traite comme un garçon. Parce que j’avais le sentiment que les hommes étaient plus libres. » Se replonger dans ce souvenir lui arracha un petit sourire. « Après m’avoir passée un savon, Mère m’avait assurée qu’un jour, je serai assez importante pour changer les choses. Que c’était ce à quoi je devais aspirer, que j’en étais capable. » Les larmes qu’elle avait refoulées plus tôt roulaient désormais librement sur ses joues. « Ce jour-là, j’ai appris que je n’avais pas à faire semblant d’être quelqu’un d’autre pour parvenir à mes fins. J’en ai tiré de la force et la volonté inébranlable de me forger une identité solide et authentique. Mais aujourd’hui, je me dis que j’ai peut-être mal interprétée sa leçon. » Elle s’essuya le visage avec sa manche. « Voulait-elle dire que tout ce qu’elle attendait de moi, c’était que je me marie avec un homme riche et puissant ? Un homme comme… comme Merlin d’Uobmab ? Même après ce qu’il lui est arrivé, même après que je lui ai raconté ce dont j’ai été témoin chez Irène d'Errazib… » Un reniflement ponctua sa dernière phrase. « Je ne comprends pas qu’elle puisse faire confiance à ceux qui ont pris notre royaume par la force. Une confiance si pleine et totale  qu’elle est prête à leur donner ses filles en pâture. » Ses iris se plantèrent dans ceux de son père. Derrière la brume humide qui floutait son regard, on pouvait discerner un éclat de défi.
« Vous avez travaillé aux côtés de l’imposteur, Père. Vous savez ce dont il est capable. Et maintenant, c’est sa sœur que vous allez servir, n’est-ce pas ? Celle qui l’a assassiné pour monter sur le trône. Vous êtes bien placé pour estimer le danger qu’elle pose pour nous tous. La laisserez-vous vraiment plonger notre royaume dans le chaos et la violence comme son père l’a fait, comme son frère allait le faire ? »

Message XI - mdr beaucoup trop de mots


Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 14 Ziy3

"Ivy" par cho
"Witch and Owl" par tono
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t40057-aubepine-percefeuil
Mitsu
♚ Fondatrice ♔

◈ Parchemins usagés : 36412
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Ven 23 Fév 2024 - 11:50


Image par Dominik Mayer

Explications


Hop ! C'est le message de fin avec le calcul des messages totaux pour les gains de quête  nastae

Participants


En jeu :
- Faust (Gustave) : XVII
- Laen (Hermilius) : XIII
- Eibhlin (Adénaïs) : XV
- Lucius (Elzibert) : XIII - XII = I
- Lana (Yvonelle) : XVI
- Thessalia (Irène) : XV
- Dorian (Ezidor) : XVII - VIII = IX
- Wao (Merlin) : XXII - Mort
- Perséphone (Ezémone) : XII
- Alcide (Nicodème) : XII
- Lenore (Stéphanette) : XI - VIII = III
- Aubépine (Olivette) : XI
- Rose-Abelle (Ange-Lyne) : XII - XII = 0
- Cal (Arcange) : XII
- Jil (Noée) : VIII
- Nefraïm (Doléas) : X
- Tekoa (Childéric) : X - VIII = II
- Susannah (Zébella) : XIX
- Stanislav (Alembert) : XIV

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 14 sur 14Aller à la page : Précédent  1 ... 8 ... 12, 13, 14

 Sujets similaires

-
» [Q] - Les prémices de ta Chute | Solo
» Chute Céleste [Pv. Zéleph]
» [Rp dirigé] - Les portes
» [LDM Août/Septembre] - Le Réveil de la Chute
» [C] - La Marche Terne : Plus dure sera ta chute
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu-