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 Les Portes V - La Chute du Roi Sadique

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Lana Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

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◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
◈ Activité : En études
Lana Kælaria
Sam 18 Nov 2023, 23:28




Le Roi sadique

En groupe | Lana


Rôle - Yvonelle d'Etamot (mariée de Tuorp) :


« C-Comment ? » balbutia l’adolescente. Les joues enflammées, elle scrutait sa mère sans comprendre. Ses doigts se resserrèrent autour de ceux d’Elzibert. À la hauteur de quoi ? Des capacités diplomatiques de Gustave ou de ses compétences en matière de sexualité ? Pourquoi sa génitrice mentionnait-elle les infidélités de son époux devant tout le personnel de maison ? Que ce fût dans un domaine ou dans l’autre, jamais Yvonelle ne se serait permis de dénigrer ou d’insulter son mari devant tout le monde. Elle ne l’aurait fait que s’il l’avait poussée à bout, que si elle avait été hors d’elle, comme la veille. Si le choix de vie du brun lui paraissait se tenir à mille lieues de ses espoirs d’autrefois, elle ne le croyait pas moins capable de réussir. S’il pouvait se montrer d’une stupidité alarmante en ce qui concernait leur relation, elle savait qu’il était intellectuellement capable. Elle en était tombée amoureuse aussi pour cette raison.

Alors qu’elle ouvrait la bouche pour répondre, la voix d’Elzibert couvrit la sienne. Elle redressa le menton et déglutit, son regard ombragé par ses sourcils froncés. Ses prunelles ne quittaient pas Adénaïs, à la recherche d’un indice sur ses intentions. Elle était choquée que leur mère se permît de parler ainsi à son fils, qu’elle l’attaquât au lieu d’essayer de discuter comme elle lui avait conseillé de le faire, qu’elle en vînt aux crocs avant même de lui avoir tendu la main. Plus elle parlait, plus ses croyances à son sujet s’effritait. Quand son frère prit la parole, elle aurait pu lui demander d’arrêter, de se taire. Elle ne le fit pas. En un sens, et même si son intervention le servait personnellement, il prenait sa défense. Alors que sa mère semblait tout à coup l’abandonner – la livrer en pâture aux gueules affamées de la honte et de l’inconfort –, il était soudainement présent. À l’instant où cette pensée lui serrait le cœur, il lui fila entre les doigts. Elle leva le visage vers lui. « Elzibert. » eut-elle le temps de murmurer. Elle ne put que se tourner pour le suivre des yeux tandis qu’il quittait la pièce. Dans son sillage, c’était l’espoir de voir leur famille réunie qui s’embrasait.

La blonde inspira et contracta les mâchoires. Le poing désormais serré autour de sa serviette, elle pivota lentement vers sa mère. La colère et la déception peignaient ses iris. « Vous étiez supposée essayer d’arranger les choses, pas les empirer. » claqua-t-elle durement, avant de se lever. « Je vous ai fait confiance, et vous… » Elle se tut, de peur de se mettre à hurler ou à pleurer si elle continuait sur sa lancée. Son regard s’arracha d’Adénaïs pour se planter sur Hermilius. L’avenir n’avait jamais été aussi incertain. Sa mère avait visiblement choisi de ruiner leurs chances de former à nouveau une famille et du même coup de sacrifier ce qu’il restait de son couple avec Elzibert. Elle ignorait ce que leur discussion donnerait. S’il voudrait encore d’elle, si elle voudrait encore de lui. Ils s’aimaient mais peut-être que ce ne serait pas suffisant. Peut-être qu’à la fin, il ne demeurerait qu’Hermilius et ses promesses. Elle voulait croire qu’elles valaient quelque chose. « Allons-y. » lui dit-elle, avant d’adresser un acquiescement poli à ceux qui devraient désormais partager un repas en tête-à-tête. « Mère, Gustave. » Elle partit.

Elzibert n’était plus dans la maison. Ils n’en trouvèrent pas trace dans les jardins non plus. Ils s’aventurèrent à l’extérieur des murs. Les yeux clairs d’Yvonelle montèrent vers les bois qui s’étendaient par-delà leur terrain. Le rire de son compagnon de recherche troubla le fil de sa réflexion. Elle le regarda, avant d’esquisser un vague sourire. « La situation est tellement désastreuse que je comprends qu’elle puisse donner envie de rire. » Ce n’était pas ce qui l’animait en son for intérieur, bien qu’elle sentait poindre une nervosité qui eût pu se traduire en hilarité. Légèrement derrière lui, elle accéléra le pas pour le rattraper. Les souvenirs de la veille, dans la cabane, l’assaillirent. Elle repensa à ce qui aurait pu se produire, s’ils y étaient restés. À la façon qu’il avait eu de la regarder, à la caresse de ses doigts sur ses lèvres, à la course de sa propre main sur son torse et à ses mots qui avaient mis un coup d’arrêt à ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle ne l’aurait probablement pas regretté. Elle ne comptait plus se dévouer corps et âme à Elzibert. Ça ne fonctionnait pas. Ni pour lui, ni pour elle. L’accepterait-il ? Ou devrait-elle faire preuve de malice pour mener son existence comme elle l’entendait ? Ou tout abandonner et tout reconstruire ? Elle ramena une mèche de cheveux derrière son oreille, en se demandant s’il était déjà revenu à la cabane depuis la mort de Montarville.

Concentrée sur son objectif – retrouver son mari –, elle reçut les mots d’Hermilius en haussant les épaules. « Je ne suis même pas certaine que cela faciliterait les choses. » Durant une bonne partie de la nuit, elle y avait pensé. Elle avait revisité sa vie à l’aune d’un amour mort. « Il souhaite que l’on discute. Je ne sais pas trop ce qui en ressortira… » Si elle n’avait pas été enceinte, peut-être aurait-il été plus aisé de tourner le dos à Elzibert et à l’existence que leur mariage lui garantissait, mais elle ne pouvait pas ignorer que, bientôt, elle serait mère. Elle n’avait pas le droit de s’offrir le luxe de l’égoïsme ou du risque. Elle ne pouvait pas rejeter en bloc toute l’aide qu’on lui accordait. Elle ne pouvait pas faire comme Adénaïs, qui lui avait paru si décidée à ne pas vouloir les rejoindre ou même les soutenir. Elle désirait que son enfant se sentît entouré et protégé, même lorsque les affres du chaos le frapperait. « Je ne comprends pas que ma mère se soit comportée ainsi. J’ai honte de ce qu’elle a dit et sous-entendu. » Elle croisa les bras. « Je ne sais pas ce que vous lui avez fait pour qu’elle vous diabolise de la sorte… » La blonde lui adressa une œillade et un sourire bref. Il avait raison : elle savait qu’il n’était pas aussi terrible que sa parente le prétendait. Pas avec elle, en tout cas. Il l’épaulait depuis le début. Il ne demandait rien en retour. Même quand elle s’offrait, il refusait. Sur le moment, elle avait été vexée, mais rétrospectivement, elle avait trouvé sa réaction raisonnable et honorable. Il n’avait pas profité d’elle quand elle était au plus bas. Il ne l’avait jamais fait. Il avait toujours cherché à l’aider, comme il les aidait à nouveau, tous les deux, bien qu’il eût préféré ne pas avoir à le faire. « Lui auriez-vous brisé le cœ- » Elle s’interrompit et observa l’ancien conseiller royal, des lueurs incertaines émergeant au creux de ses prunelles céruléennes. « Vous… » Elle le considéra, muette. Son esprit lui jouait-il des tours ? « Non, rien. Vous faites encore exprès de me troubler. Vos taquineries vont finir par me rendre folle. » accusa-t-elle, avec un sourire entre l’embarras et la connivence.

La voix d’Elzibert résonna entre les arbres. Entendre son nom fit battre son cœur un peu plus fort. Elle se détourna d’Hermilius et scruta l’enchevêtrement de racines et de troncs. « Elzibert ! » appela-t-elle en retour. Lorsque sa silhouette se découpa sur le sentier, elle trottina vers lui, en tenant sa jupe entre ses doigts pour ne pas se constituer une traîne de feuilles mortes. Devant lui, elle s’arrêta. Ses iris s’ancrèrent dans les siens. « Ton père est resté avec elle. » Elle ne dit rien d’autre mais, durant une fraction de seconde, elle baissa les yeux. Leur mère avait paru déterminée à prouver qu’il avait raison sur son compte. La déception rongeait la poitrine d’Yvonelle, accolée à un sentiment de trahison corrosif. Le verbaliser, cependant, lui aurait été difficile. Elle réalisait péniblement ce qu’il venait de se passer. Pour tout dire, elle préférait même ne plus y songer. Elle jeta un regard à Hermilius. Puisqu’il était là, ils ne discuteraient pas tout de suite. « Peut-être devrions-nous nous rendre au palais pour voir ce qu’il en est ? » proposa-t-elle.



Message IX – 1376 mots

Si si, j'ai réduit par rapport à la dernière fois.


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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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Kyra Lemingway
Dim 19 Nov 2023, 02:20


Les Portes V


Un pincement de lèvres ponctue la réplique d'Ezémone. « Désolé... » souffles-tu, impuissant face à cette demande. Toi-même tu avais déjà souhaité ardemment un tel pouvoir. Les choses seraient si simple. Probablement en ferais-tu usage avec excès même. Pour taire les larmes des mères se lamentant sur la perte de son enfant emporté par la maladie, la faim, le froid ou la misère. Pour réconforter l'orphelin devenu solitaire malgré lui, abandonné par ses parents ou séparé d'eux avec la violence d'une mort prématurée. Pour rendre justice à l'homme cruellement assassiné ou à celui accusé à tort du méfait l'ayant mit aux fers. Pour offrir une nouvelle chance à la famille Lieugro de ne pas céder face à Uobmab. De ton point de vu le malheur n'aidait pas à faire tourner le monde correctement. Au contraire même. Il te paraissait comme le mal qui ronge insidieusement un esprit à première vue bien construit, détruisant la pensée et abîmant l'être jusqu'à la folie. « Mesdemoiselles ont de la chance de vous avoir, vous et Monsieur, comme parents. » commentes-tu sa plainte. Tu te considérais également chanceux pour des raisons équivalentes. Noée était une mère formidable et tes employeurs étaient bon avec leurs domestiques — avec toi. C'était en partie pour cela que tu ne réagis pas lorsqu'elle s'était saisit à son tour de ta main. Tu voyais qu'elle avait besoin de réconfort et il n'y avait rien de pire que de se dérober face à une personne dans le besoin, même lorsqu'elle t'était supérieure. Tu songes alors qu'il fut dommage qu'il n'existât pas de médecin du cœur. Tous les maux ne pouvaient se guérir par des remèdes ou des points de sutures après tout.

La gêne s'imprime sur ton visage lorsque l'Ecirava eut mentionné le pique-nique de la veille, ce qui te rappelle aussi ton court échange en tête-à-tête avec Olivette. Avec du recul, tu te demandais si tu n'aurais pas dû lui suggérer sur le champ de ne pas continuer plus ses funestes recherches plutôt que d'esquiver ses interrogations. Lui parler du magnifique pouvoir salvateur des plantes plutôt que de songer à étudier leurs facettes plus obscures. Mais en aurais-tu été capable au moins ? Ce furent les mots que prononça Ezémone qui te fit te questionner là-dessus. Tu aurais souhaité affirmer que non, même en supposant qu'elle ait put être impressionnée, elle haïssait simplement trop le roi — ancien roi plutôt. Qu'au contraire elle ne craignait pas le monde, et pour cause elle s'y était déjà plongée avec la vigueur des impétueux en prenant la tête d'un groupuscule à l'objectif fou de renverser Merlin de son trône. Que déjà elle prenait le risque inconsidéré de voir sa tête plantée sur une pique aux yeux de tous en guise d'exemple. De ce qui se disait de Merlin, probablement aurait-il même fait pire que cela. Peut-être aurait-ce été sa sœur et ses parents qui auraient souffert de cette rebellion, que l'Uobmab lui aurait fait subir quelques horribles sévices en la forçant à regarder sa famille périr. D'un poing serré sur ta cuisse tu cherches à effacer l'effroi de ces visions d'horreurs. Tu recentres doucement mais sûrement ton esprit sur des songes bien plus agréables. Ces enfants que tu aidais pour apprendre à lire. Ces mendiants auxquels tu offrais la pitance ou un habit chaud pour remplacer leur haillon lors des premiers vents d'hiver. Les sourires, et les larmes parfois, qui accompagnaient la joie d'être prit en considération. Le bonheur des autres était ton carburant. Il alimentait ton énergie comme rien d'autre ne pouvait le faire et te poussait à agir plus encore.

Tu tournes le visage vers la carafe qui se vide un peu plus sous l'action d'Ezémone. Tu serais pourtant bien incapable d'avaler un autre verre. Il t'avait été particulièrement éprouvant de vider le premier et tu ressentais encore la brûlure de l'alcool irriter tes lèvres jusqu'à ton estomac. Néanmoins ce devint le cadet de tes soucis lorsque ta maîtresse reprit la parole. Surpris de cette confession, tu poses un regard interpellé sur sa personne. Ce n'était pas tout à fait le genre de révélation à laquelle tu t'attendais. En fait, plus elle se plongeait dans ses craintes, plus elle dévoilait ses fissures comme la terre révèle les marques imparfaite d'une sculpture d'albâtre en s'y déposant. Ces imperfections qui rendaient les choses et les personnes uniques. Trop peu de gens en avait conscience. Il n'en demeure pas moins que tu ne sais trop comment réagir lorsque sa main quitte la tienne pour se glisser sur ton visage. Noée était avare de ces gestes d'affections. La majorité du temps c'était toi qui l'enlaçais et l'embrassais, de ce fait tu étais peu habitué à ce que l'on t'offre ce genre de caresse. L'inverse n'aurait sûrement rien changé de toute façon. Comment répondait-on à cela quand le geste provenait de son employeuse ? Tu pourrais presque oublier ce détail qui n'était pas des moindres cependant. Là, maintenant, c'était en tant que mère désoeuvrée qu'elle agissait et s'exprimait, pas en tant que Dame et supérieure. « Moi ? ». L'interrogation t'échappe. Ça avait été trop inattendu pour que tu puisses la retenir. Qu'entendait-elle par là ? Tu ne penses pas qu'elle parla de Noée. Ta mère faisait au contraire tout pour que tu sois capable de vivre par toi-même. Ce devait d'ailleurs être la raison pour laquelle vous œuvriez dans deux domaines différents. Le fait restait que ton environnement était probablement plus serein que celui dans lequel elle évoluait, ce qui t'amenait à croire qu'elle n'était pas non plus dénuée de ce sentiment de protection dont parlait Ezémone.

Tu la fixes quelques secondes se plonger à nouveau dans ses réflexions et l'alcool. Toi-même te mis à réfléchir. Les peurs et le désespoir qu'elle t'avait confié sans fioriture te touchait. Trop. Sa peine avait fini par devenir la tienne. Tu prenais conscience de ce que sa position et son rôle impliquait réellement, ainsi que du poids qu'il faisait peser sur ses épaules. « C'est épatant comme vous avez réussi à soutenir ces responsabilités jusque-là sans flancher ni chercher à vous reposer de temps à autre sur l'épaule de quelqu'un. » commentes-tu sincèrement admiratif. Il y avait bien plus de force en cette femme que tu le songeais jusqu'alors. « Je ne pense pas que ce soit mal de se lamenter parfois. Ce n'est pas un tort de se relâcher, ça me paraît même normal lorsque tant de chose vous pèse. ». Probablement la différence de point de vue avait son rôle à jouer dans la façon de laisser parler ses ressentis. La noblesse était trop sévère avec soi-même. D'un geste mesuré tu tends une main sur le verre qu'elle tenait pour le lui retirer délicatement. « Vous ne devriez pas détester ça. Ça aussi c'est vous après tout. » ajoutes-tu en repoussant le contenant hors de sa portée, le tiens avec, et embrassant des pieds à la tête sa personne de tes yeux. « Peut-être l'êtes-vous même plus maintenant qu'il y a dix minutes. » souris-tu avec une profonde aménité et tout autant de franchise. « Dans votre peignoir, à peine apprêtée et vos sentiments mis à nus devant un simple domestique. ». Il était triste que l'âme ne se révèle que dans les moments de faiblesse. « Il ne faut pas vous mettre en colère pour ça. Je trouve justement que c'est avoir du courage d'oser se confier et se révéler comme vous l'avez fait. Surtout à quelqu'un comme moi. » ajoutes-tu en te massant la nuque, troublé par la sincérité avec laquelle elle se livrait à toi. Trop de monde se plaisait à exploiter la faiblesse des autres, c'était à cause de cela que personne n'osait parler de soi sans artifices. N'y avait-il pas pire chose que de garder ses idées noires pour soi pourtant ? « Peut-être... Peut-être que c'est une bonne chose de laisser la liberté à vos émotions de s'exprimer. ». Par tous les moyens tu tentais d'apaiser la détresse d'Ezémone sans lui faire regretter sa réaction. « Peut-être que ce qu'il faut ce n'est pas soulever les montagnes, mais simplement passer par-dessus. On risque moins de les voir retomber sur nos têtes. » ajoutes-tu sourire aux lèvres en t'emparant à deux mains de celle de l'Ecirava. Malgré la différence de rang, son état te poussait à outrepasser quelques barrières quitte à s'inviter dans son espace intime. « Après, même si vraiment vous voulez dès maintenant redevenir la Dame d'Ecirava que tout le monde a prit l'habitude de connaître, ça ne vous empêche pas de vous soulager avec moi de vos sentiments si vous en avez encore besoin. Et même après. Je sais rester muet quand il faut. ». En même temps tu passes tes doigts pincées devant ta bouche, imitant le fait de sceller ta bouche.
©gotheim pour epicode


Post VIII | Mots 1468
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Aubépine Percefeuille
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Aubépine Percefeuille
Dim 19 Nov 2023, 21:53


Les Portes V - Le Roi sadique
Aubépine dans le rôle d'Olivette

Rôle:
«Madame ? » répéta Olivette en haussant la voix. Il lui avait semblé que les yeux de la jeune femme étaient ouverts lorsqu’elle avait pénétré dans la pièce mais à présent ses paupières restaient obstinément closes, seulement parcourues de frémissements saccadés. Les lèvres exsangues s’ouvraient par intermittences pour laisser échapper des bribes incohérentes. Olivette hésita un instant puis posa sa main sur le front d’Irène, qui ne réagit pas à son contact. Il était brûlant et moite. Sans doute la jeune femme était-elle en proie à de fiévreux cauchemars qui la retenaient loin de la surface du monde réel.

Olivette soupira et recula, parcourant la pièce du regard. Il lui fallait s’éclaircir les idées, soupeser ses options. Elle pouvait s’aider de sa pince pour défaire les autres liens qui retenaient la d’Errazib à son lit, mais dans quel but ? Dans cet état, elle ne pourrait rien en tirer et encore moins l’aider à s’échapper. Ni elle ni Arnégonde n’avaient la carrure suffisante pour la traîner à leur suite, aussi chétive soit-elle. Et puis quoi ? Le cocher n’était pas assez loyal – c’est-à-dire pas assez payé – pour ne pas aller alerter tout de suite quelqu’un si elle essayait de fourrer la maîtresse de maison dans sa voiture. Elle soupira de nouveau. Ce n’était ni un conte de Fae ni un de ces scénarios à l’eau de rose qui se jouaient constamment dans l’esprit de sa sœur aînée. Il n’y avait pas à espérer que Placide De Lieugro débarque de nulle part pour embarquer la jouvencelle sur son épaule avant de partir récupérer sa couronne sur son blanc destrier.

Elle se mit à fouiller la chambre aussi discrètement que possible, sans trop savoir ce qu’elle y cherchait. Des documents, des preuves, quoi que ce soit de compromettant qui puisse incriminer le docteur. Les fioles qui lui arrivaient entre les mains n’avaient aucun sens pour elle, étiquettes ou pas. Avait-il empoisonné sa fiancée, en plus de l’avoir battue ? Était-ce ainsi que Merlin avait vu sa fin arriver ? Pourtant le mot mentionnait Zébella, et la mort par le poison ne semblait pas faire partie de son arsenal habituel. Après tout, elle avait assassiné un homme de sang-froid en public. Peut-être le médecin et elle avaient-ils conclu une alliance ? L’usurpateur s’était fait discret, ces derniers temps ; des rumeurs le disaient malade, affaibli. Ça se tenait.

Un gémissement interrompit les recherches à peine entamées de l’adolescente ainsi que ses réflexions plus poussées. En silence, elle revint au chevet de la captive avec un linge qu’elle avait humidifié dans le bac d’eau posé au pied du lit. L’eau était encore relativement fraîche ; au moins Arnégonde prenait sa tâche à cœur. Doucement, elle posa le tissu sur le front de la jeune femme, qui sembla s’apaiser un peu. « Tenez bon, dame d'Errazib. Je vous envoie de l’aide. » lui glissa-t-elle à l’oreille avant de finalement décider de la libérer de ses autres liens. Elle devait l’abandonner ici, mais elle pouvait au moins faire ça. Elle récupéra aussi le panier, posé près de la table de chevet, et le plaça près de la fenêtre entrouverte ; l’odeur entêtante des fleurs de lys embaumait la pièce et incommodait sans aucun doute la souffrante. Ceci fait, Olivette se dirigea à pas de loups vers la porte, non sans un dernier coup d’œil chargé de regrets derrière elle. Un goût amer tapissait son palais. Une folle, hein ? Comme c’était pratique. Les hommes aimaient qualifier les femmes de vipères et d’hystériques lorsqu’elles cessaient de leur être dociles. À force de se l’entendre dire, il n’était pas étonnant que certaines finissent par le devenir. Depuis quand ce petit manège durait-il ?

« Arnégonde ? » Le profil de la domestique lui apparut dans la fente de la porte entrouverte. « J’en ai fini pour le moment. Sortons d’ici. » Arnégonde acquiesça sans un mot et Olivette se lança prudemment à sa suite. Ensemble, elles rebroussèrent chemin sur la pointe des pieds. Cette fois, l’adolescente était plus attentive aux couloirs qu’elle parcourait ; elle mourrait d’envie d’ouvrir les portes qui défilaient sur son passage et de mettre sans-dessus-dessous cette maison de fous.

« Arnégonde, pourquoi n’es-tu pas à ton poste ? Mais… que... » Au détour d’un couloir, l’homme qui lui avait ouvert et éconduit leur bloquait le passage, la confusion peinte sur les traits. Ses yeux passaient de la domestique à la demoiselle. Avant qu’il ne puisse tirer ses propres conclusions, Olivette s’avança, l’air sûre d’elle. « Veuillez me pardonner pour cette intrusion, mais j’ai cru avoir oublié mon mouchoir dans le panier. Ma grande sœur l’a fait broder pour moi, vous comprenez. Et sachant que, malgré toutes ses grandes qualités, Arnégonde peut être un peu... empotée, disons... » Elle jeta un regard de connivence au majordome, les commissures des lèvres à demi-relevées par un rictus dédaigneux. « … je me suis dit qu’il serait plus simple d’aller le chercher moi-même. J’ai donc insisté, il était hors de question que je reparte sans mon précieux bien. » L’adolescente s’exprimait avec autorité, les poings sur les hanches et le menton relevé,  comme si elle ne doutait pas un instant être dans son bon droit. « À mi-chemin, j’ai réalisé que mon mouchoir était encore dans ma poche ! Au final, c’était moi l’empotée, dans l’histoire. N’est-ce pas cocasse ? » Elle fit encore quelques pas en avant, obligeant le domestique à se reculer pour la laisser passer. « Bien, je vous ai suffisamment fait perdre votre temps. Mon cocher doit s’inquiéter de ne pas me voir rentrer. » « ...bien, Mademoiselle. Laissez-moi vous raccompagner jusqu’à la porte. Arnégonde, tu peux y aller. » Olivette tressaillit imperceptiblement à la dureté dans l’ordre lancé à sa comparse ; elle n’était pas certaine que l’homme ait été convaincu par son petit numéro. Elle espérait qu’il aura au moins servi à semer le doute et à éviter à son amie des remontrances trop sévères.

« Est-ce que je vous conduis en ville rejoindre Mademoiselle votre sœur ? » lui demanda le cocher lorsqu’elle retourna à la calèche. « Non, ramenez-moi à la maison, je vous prie. »
Il y avait bien des choses dont elle devait s’entretenir avec sa mère. Elle réorganiserait ses pensées durant le trajet.

Message VIII - 1047 mots



Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 11 Ziy3

"Ivy" par cho
"Witch and Owl" par tono
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Mitsu
♚ Fondatrice ♔

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Mitsu
Dim 19 Nov 2023, 22:32


Image par Dominik Mayer

Explications


Bonjour !

Tour 10  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 11 1515

Rps importants
----- Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectif secret : N'hésitez pas à le relire et à mettre tout en œuvre pour le réaliser.

Secret : Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement.

Du coup vu que j'ai eu deux weekend bien plus chargés que je ne l'avais prévu, j'annonce qu'on va finir comme ça et que je referai des secrets et objectifs quand on reviendra à Lieugro l'an prochain si vous êtes encore chauds =)

Voilà !  

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  

Participants


En jeu :
- Faust (Gustave) : XIV
- Laen (Hermilius) : X
- Eibhlin (Adénaïs) : XIII
- Lucius (Elzibert) : X
- Lana (Yvonelle) : XIII
- Thessalia (Irène) : XV
- Dorian (Ezidor) : XIV
- Wao (Merlin) : XXII - Mort
- Perséphone (Ezémone) : IX
- Alcide (Nicodème) : IX
- Lenore (Stéphanette) : VIII
- Aubépine (Olivette) : VIII
- Rose-Abelle (Ange-Lyne) : IX
- Cal (Arcange) : IX
- Jil (Noée) : VII
- Nefraïm (Doléas) : VIII
- Tekoa (Childéric) : VII
- Susannah (Zébella) : XVI
- Stanislav (Alembert) : XIV

Deadline Tour n°10


Dimanche 26 novembre à "18H"

Il reste 3 tours.

Gain Tour n°10


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Un artefact magique de votre choix avec un pouvoir mineur en lien avec le personnage.

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
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Kitoe
Dim 19 Nov 2023, 22:56

Gustave
Le roi sadique
SHAUN, Jeff Satur - Steal The Show

TW : généreux potentiel de cringe


Gustave buvait tranquillement en écoutant l’amertume d’Adénaïs.

-Une reconversion ? Pourquoi, Zébella a-t-elle l'intention de me tuer ?

C’était au plus ce qu’il craignait, mais il supposait que si aucun garde n’était venu les saisir de force ici-même, lui et Hermilius, c’était que leur cas n’était pas si urgent. Autrement, ils auraient eu tout le temps de prendre la fuite et de quitter le royaume. Quand bien même la nouvelle régente désirait les éliminer, ce manque de précipitation indiquait que Gustave avait encore des cartes à jouer s’il devait sauver sa peau. Quant à Childéric d’Ukok, si son virement était surprenant, il supposait aussi que le Chef des Armées était suffisamment raisonné pour avoir trouvé des raisons de faire ce qu’il avait fait. Le diplomate se demanda un instant si Garance et Placide étaient morts, puis songea qu’Adénaïs aurait été mise au courant si cela avait été le cas. Gustave ne put réprimer un sourire face à la défense que lui accorda Hermilius. Il ne faisait pas entièrement confiance en ce dernier, mais son intervention était appréciée. Les accusations d’Adénaïs envers lui n’avaient rien d’originales et malgré sa patience, il devait admettre que cela le fatiguait de devoir sans cesse se défendre sur le même bord.

Les apparences se perdirent définitivement quand Elzibert choisit d’intervenir. Sa colère était compréhensible, Adénaïs avait choisi de jouer la provocation et elle avait tiré juste, sans épargner personne, pas même sa fille. Les choses n'allaient pas bien, mais Gustave restait drôlement détendu, pour ne pas dire épanoui. Tout se passait bien dans la mesure où il s'était attendu à pire. Il fit leva une main en direction de son fils, comme pour lui donner sa bonne grâce tandis que celui-ci quitta définitivement la table. Il fut rapidement suivi par Yvonelle et Hermilius. Ce dernier lui arracha un rire déplacé. Quand la porte se referma derrière eux, il ne s'était toujours pas calmé.

-Excuse-moi. Il expira pour évacuer la tension puis passa un doigt sous son œil jovial. Bon sang.

Lui qui avait voulu de ce tête à tête dès l'écriture de sa lettre, voilà que l'absence des autres le perturbait. La température, au mieux tiédasse, avait viré au glacial. Mais Gustave gardait le sourire, un sourire bête, et c’était le principal. Il se sentait bien. Rassemblant ses idées en même temps que ses pommes de terre au centre de son assiette, il choisit de briser la glace qui s’était élevée à une vitesse fulgurante.

-Il y a deux raisons pour lesquelles je t'ai demandé cette entrevue, Adénaïs.

Il recula sa chaise et se leva pour venir prendre place à côté d'elle. Maintenant qu’ils étaient seuls, ils seraient mieux comme ça que séparés par cette grande table et toutes ces fioritures.

-La première était effectivement pour parler des enfants.

Sa mâchoire se contracta pour ne pas laisser échapper un nouveau rire. Il n’y avait rien de drôle, mais son esprit virevoltait autant qu’il était très concentré.

-La seconde était effectivement pour te proposer l'aide que je viens de te proposer.

Il chercha l'une de ses mains. Il était épris d’une avidité étrange qui le faisait presque trembler. Il ne savait pas ce qu'il lui prenait. Quoi qu’il en fût, il le faisait. Peut-être avait-il trop attendu et qu’à présent, il n’en pouvait plus.

-Tu ne cesse de te complaire dans ta propre destruction. Mathias est mort, autant que je suis à peu près certain qu'Éléontine l'est aussi. Le monde s’est écroulé plusieurs fois pour à peu près tout le monde ces derniers mois et chacun se reconstruit à sa manière. Il est temps de passer à autre chose.

Il n'y avait rien de drôle mais il sentait cette boule de joie dans sa gorge qui ne demandait qu’à exploser.

-Éléontine était une véritable harpie avec toi.

Il fronça les sourcils. Verbaliser ce fait lui faisait réaliser à quel point sa femme avait été une personne odieuse parfois. S’il l’avait aimée, c’était bien parce qu’elle était la plus magnifique femme qu’il ne lui avait jamais été donné de connaître. Quelque part, ils s’étaient trop ressemblés.

-J'ai toujours trouvé qu'elle avait tort. Tu es douce, charmante, tu as élevé seule trois enfants et c'est absolument admirable. Il ne contrôlait pas le débit de ses paroles. Ca sortait tout seul avant même qu’il n’eût à y réfléchir. Son cerveau était partagé entre la panique et une extrême confiance en lui. Et maintenant ces enfants ont pris leur envol, chacun à leur manière, il songea à Deodatus, et te voilà seule.

C'était vraiment triste mais lui était heureux. Très heureux. Dans cette période de chaos, c’était certainement l’un des plus beaux jours.

-Adénaïs, ça peut te paraître absurde mais je crois que je t'aime.

Il l'avait dit. Pourquoi l'avait-il dit ? Oh bon dieu il l’avait dit.

-Je peux enfin l’admettre maintenant que Merlin est mort.

Il était très fier de lui et il en souriait de toutes ses dents.

-Et j'ai des documents prêts dans un tiroir pour divorcer d'Éléontine et me marier avec toi. Et je sais que tu vas refuser si je te le demande maintenant, mais s’il-te-plaît réfléchis-y. Même si au final je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu acceptes.

Ca lui faisait du bien de le lui dire. Il se sentait plus léger, moins encombré par tous les plans qui occupaient son esprit.

-Je veux faire en sorte que tu sois heureuse et en sécurité. Tu n’auras plus à te donner à qui que ce soit pour endosser la moindre charge.

Il referait faire sa maison et il lui embaucherait des domestiques. Il lui donnerait tout ce dont elle avait besoin pour vivre dans des conditions meilleures qu’au palais royal.

-Même s'il n'est pas impossible que je te trompe de temps à autres.

Plus qu’un trait d’humour, c’était la vérité qu’il ne pouvait pas cacher.

-Les enfants vont détester cette décision, je sais bien. J’ai voulu nous réunir et je suis en train de faire l’inverse. Yvonelle me hais encore alors que j’ai accédé à ses exigences. Elzibert… Il soupira. Il ne savait pas quoi dire à propos d’Elzibert. Je n’ai rien fait pour qu’il se comporte ainsi. J’ignore d’où lui vient toute cette colère. Et ça n'est même pas génétique puisqu'il n'est même pas notre fils, et à ma connaissance Montarville n’était pas...

Il sursauta, regarda Adénaïs avec un œil inquiet. Il en avait trop dit. À moins qu'elle n'eut su, tout ce temps là ? De toute façon, il suffisait d'y regarder un peu pour se rendre compte que Placide avait bien plus ressemblé à Adénaïs qu'Elzibert. Pour autant, lui-même n’y avait vu que du feu pendant des années. Quand il pensait que Ludoric se tapait allègrement son frère, il avait envie de tuer ces deux individus à mains nues en les rassemblant sous un faux prétexte dans une taverne. Ca s’était très bien passé la dernière fois.

-Quoi qu’il en soit, ils se sont disputés hier. J’espère que tout reviendra à la normale rapidement.

Il se pinça l'arête du nez, ferma les yeux.

-Excuse moi, je ne sais pas ce qu'il me prend. Ce verre d'alcool est bizarre, plus fort que je ne le pensais.

Ce n'était pas que l'alcool. L'ivresse le rendait con, il en avait déjà fait les frais, mais il ne flanchait pas au bout du deuxième verre de vin. Ces derniers mois, sa consommation avait drastiquement augmenté et de fait, sa résistance aussi. Il savait que ça n'était pas normal mais il ne pouvait rien y faire.

-J'ai l'impression d'être drogué. Il se retourna. Noée, faites cesser l'activité en cuisine. Personne ne terminera de toute façon.

Gustave se leva, puis posa les yeux sur Adénaïs.

-Navré pour ce repas. L’ambiance était médiocre, les invités intenables et nous ne sommes même pas arrivés au dessert. Il se rassit à sa place, croisa ses mains sur lesquelles il posa son menton. Je n’ai même pas faim. Mais voyons le côté positif : cette maison n’a pas brûlé et personne n’est mort, mis à part cette ordure de Merlin. Il marqua une pause. Tu peux… rester ici et terminer si tu le souhaites. Noée est là pour toi. Quant à moi… Il se releva. Je t’ai dit trop de choses et c’est bizarre de te regarder manger, non ? Je suis désolé. Je devrais te laisser digérer tout ça et me préparer pour honorer mon rendez-vous avec Zébella d’Uobmab. N’hésite pas s’il y a quoi que ce soit et… je crois que c’est tout. Bon appétit. Je t’aime. Enfin… oui, si.

Sans plus attendre, il quitta la pièce. Il n’arrivait pas à croire qu’il l’avait laissée toute seule dans la salle à manger. Il avait terriblement honte.

1452 mots



Bijin
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Lun 20 Nov 2023, 21:41



Le Roi Sadique


« Yvonelle ! » J’allai vers elle et m’arrêtai à une distance raisonnable. Elle était accompagnée d’Hermilius. Je le regardai par-dessus l’épaule de ma femme. Si j’aurais aimé ne prêter aucun crédit aux paroles de ma mère, le doute m’assaillit néanmoins. Qu’il aimât les adolescentes était une chose, et je connaissais ses penchants. Qu’il charmât ma sœur en était une autre. Le faisait-il ? Et elle, était-elle réceptive ? Avaient-ils… ? Non. C’était idiot. Je tentai de couper court à ma pensée mais celle-ci ne me laissa pas faire. Ils n’auraient pas pu, me dis-je, avant de me rappeler qu’Éléontine avait trompé Gustave plus d’une fois, dont une avec moi. Je me pinçai les lèvres. Je détestais m’en rappeler. Je ne me souvenais que trop bien du sentiment d’euphorie que j’avais ressenti en constatant que cette femme s’intéressait à moi. Et puis, lorsque c’était aller plus loin, j’avais éprouvé quelque chose d’étrange. Au fond de moi, j’avais été gêné. J’avais forcé mon esprit à continuer, comme si je n’aurais pas pu décemment renoncer à un tel privilège. Pendant qu’elle s’affairait, j’avais connu un moment que je n’arrivais toujours pas à m’expliquer. J’étais comme sorti de mon corps. Je balayai la pensée avec plus d’efficacité cette fois. « Oui. » répondis-je simplement. Il ne valait mieux pas que je dissertasse sur la question de sa mère. Je ne savais même pas ce que Gustave lui trouvait, ni pourquoi est-ce qu’il avait tant tenu à l’inviter. Je pensais réellement ce que j’avais dit. Ce n’était pas uniquement sous le coup de la colère. Adénaïs ne ferait plus jamais partie de ma vie. Je ne voulais plus ni la voir ni lui parler. Elle me dégoûtait. Jamais elle ne me tirerait vers le haut. Elle ne m’aiderait pas. Elle ne voulait même pas mon bien. D’ailleurs… Je fixai Yvonelle. Elles avaient dû se parler. Comment aurait-elle su sinon ? Que lui avait-elle dit ? Que j’allais voir ailleurs ? Est-ce qu’elle avait pleuré devant Adénaïs ? Est-ce qu’elle m’avait maudit ? Je jetai une œillade vers Hermilius. Ce n’était pas le moment de poser ce genre de questions. Et quand bien même, ça ne changerait rien vis-à-vis de celle que j’avais décidé de laisser derrière moi. J’inspirai, décidé à mettre ces histoires de côté. « Oui. Nous n’avons pas été invités mais… » Hermilius si.

_______

Dans la calèche, je revins sur ce qu’avait dit Adénaïs d’un air grave. « Que Montarville meure était déjà difficile à gérer pour le Royaume mais maintenant… Ce que je veux dire c’est que la mort de deux Rois risque de faire jaser. Les pays voisins risquent de faire les rapaces, que ce soit au niveau des traités commerciaux ou même politiquement. Si Lieugro semble instable, rien n’empêchera les autres d’en profiter et de tenter de s'accaparer plus de territoire aux frontières. En plus Zébella est pas plus âgée que Merlin je crois… ou pas de beaucoup. » J’ignorais lequel était l’aîné. « Elle va être criblée de demandes en mariage. » Je fixai Hermilius et, amusé par ma pensée, lui souris. « Ça ne vous dirait pas de l’épouser ? » lui demandai-je afin de détendre l’atmosphère. Il n’était pas marié après tout et, même si je préférais ne pas le dire tout haut, le fait que la Reine épousât un homme plus âgé en rassurerait sans doute plus d’un. Encore fallait-il qu’elle survécût jusqu’au mariage. Ces derniers temps, avoir une couronne sur la tête était synonyme de mort. Quelques secondes, je pensai à ceux qui étaient partis à Narfas. Si Childéric d’Ukok était avec Zébella d’Uobmab, peut-être cela signifiait-il que la descendance de Montarville avait été réduite en miettes pendant le voyage ou à l’arrivée. « Oh d’ailleurs ! » fis-je, soudainement. « Je n’ai pas pu remettre la lettre à Dame d’Ecirava. » Je me tournai vers Yvonelle afin qu’elle ne fût pas exclue de la conversation. « Hermilius a reçu une… Je peux lui dire, n’est-ce pas ? » J’attendis la réponse et continuai. « Je disais donc qu’Hermilius a reçu une lettre d’une des filles d’Ezémone. » J’avais oublié laquelle. Ça n’avait aucune importance puisque ce n’était ni l’une ni l’autre. « Les mots étaient très osés. » Je souris et me tournai vers lui. « Je n’ai rien dit pendant le bal parce que je n’en ai pas eu l’occasion mais ce n’est pas Olivette… » J’avais dit son prénom de manière interrogative, n’étant plus sûr. « … qui l’a rédigée. C’est une histoire un peu folle. La dernière fois, je prenais un thé en terrasse et j’ai vu Irène d’Errazib qui écrivait à une autre table. Cette fille est vraiment étrange alors quand elle a quitté son assise, je me suis approché pour lire ce qu’elle rédigeait. Je n’ai pas été déçu ! Il n’y avait que des propos grivois… crus même. Et la lettre était signée de Stéphanette d’Ecirava ! » Je reposai mon dos contre le dossier. « Je ne sais pas combien d’hommes ont reçu ce genre de lettres signées par d’autres femmes mais, à mon avis, vous n’êtes pas le seul. Je me demande ce qui a pu motiver ces mots… Après, c’est vrai qu’avec Ezidor de Xyno, elle doit s’ennuyer. Surtout que je ne suis pas sûr qu’elle aime les hommes… » Je disais surtout ça parce qu’Irène et moi avions été vus ensemble durant le bal et que je préférais me laver de tout soupçons la concernant. Nous n’avions réellement rien fait. « Je l’ai vue avec une fille un jour. » Je parlais peut-être trop mais je n’avais pas envie de penser au reste. « Une fille qui lui ressemblait beaucoup. Je ne sais pas quoi en penser... »

931 mots
Lucius (Elzibert):

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Jämiel Arcesi
Lun 20 Nov 2023, 22:55

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes V


Adénaïs vit la surprise mêlée à quelques autres émotions de mauvais augure pour elle se dessiner sur le visage de ses enfants. Guère étonnée de cet effarement, ce furent ces autres sentiments non clairement identifiés qui la prirent de court, d'abord par l'intervention d'Elzibert. Elle ne pouvait contester la totalité de ce qu'il lui reprochait, il y avait néanmoins des choses à lui répondre, la première étant que son avis ne changeait en rien cette autorité qu'il rejetait. Elle était cependant trop ahurie pour que les mots franchissent la barrière de ses lèvres et vinssent se glisser entre deux expirations de l'accusateur. Cette rage qui exsudait de son être, cette colère qui enveloppait chacune de ses critiques, l'acidité qu'elles transportaient avec elles... La veuve n'avait pas une seconde songée qu'il réagisse avec une telle violence. Ses paroles l'étaient d'ailleurs plus encore que le ton de sa voix et la voilà donc partagée entre l'ire et la tristesse. Elle ne reprit ses esprits qu'à la seconde où la porte claqua derrière lui. Brusquement elle se redressa, le raclement de la chaise accompagnant le bois martyrisé par ses mains plaquées sur celui-ci, prête à répondre à l'offense. Elle fut stoppée nette par Yvonelle. Ces attaques en simultanée eurent l'effet terrible de la clouer sur place et ce fut lorsque sa fille disparut à son tour en compagnie d'Hermilius qu'elle prit conscience de la situation. Alors elle se laissa lourdement retomber sur son assise, abattue. Après une profonde inspiration, elle porta ses mains à son visage.

Elle ne quitta le couvert de ses mains qu'à l'instant où le rire de Gustave retentit, posant ainsi une œillade sur ce dernier. Elle ne le jugeait pas. Elle ne le critiquait pas. Elle ne partageait pas sa joie non plus. Elle était vidée de toute énergie pour réussir à le haïr ou à l'accompagner dans cette situation presque risible. « Je suis fatiguée Gustave. J'en suis presque à envier ta façon de réussir à prendre tout cela avec légèreté. » admit-elle en ramenant un œil morne sur le contenu de l'assiette qu'elle avait à peine touchée. Elle ne réagit nouvellement qu'en sentant la main du brun saisir la sienne, attirant de ce fait son attention. Mathias est mort. Non. Elle se refusait à cette éventualité. Elle y avait songé bien sûr, plusieurs fois même. Elle avait chaque fois nié et repoussé en bloc cette hypothèse, préférant un doux mensonge à l'amère vérité. Cela faisait maintenant plus de dix ans qu'elle fermait les yeux là-dessus, croyait-il réellement qu'elle pourrait aussi facilement tourner la page comme il le lui suggérait ? Il ne devait pas avoir conscience que ce n'était pas qu'une page qu'elle devait tourner. C'était bien plus que cela. Ce qu'il lui demandait c'était apposer un point final à ce livre et en refermer définitivement la couverture. Un rire bref et cynique lui échappa. « Tu ne m'apprends rien. Qui n'a pas au moins une fois crachée sur ma personne ? » commenta-t-elle de façon rhétorique. Ils étaient peu. Les sœurs de Childéric avaient été de ceux-là autrefois. Elles n'étaient malheureusement plus là non plus. Ses iris rejoignirent les moulures du plafond à l'instant où il commença à déballer ses compliments. Elle n'arrivait toutefois pas à le croire. Combien de fois et à combien de femme avait-il raconté ce même genre de galanterie avant de se glisser sous leurs draps puis s'effacer ensuite de leur vie ? L'un de ces aveux l'interpella plus que le reste et elle cligna des yeux en ramenant un œil effaré sur sa personne. Qu'avait-il dit ? « Pardon ? Cesse de te moquer de moi Gustave, ce n'est pas le moment. » le gronda-t-elle, lasse, en dégageant sa main. Pourtant il persévéra plus encore sur cette déclaration, déblatérant des choses qu'elle qualifierait de folles. Pourquoi faisait-il ça ? À mesure qu'elle l'écoutait et le dévisageait elle se prit à le croire sincère. Il ne pouvait pas l'être. Si ? Elle aurait voulu lui intimer de se taire, insister pour qu'il ne s'épanchât pas plus, qu'il suspendît le flot de ses mots avant d'aller plus loin. Pourquoi ? Pourquoi devait-il lui aussi chercher à se plier en quatre pour obtenir d'elle un amour qu'elle ne pouvait offrir. Ne voyaient-ils pas cette aura funèbre qui la suivait où qu'elle aille ? Surtout, pourquoi lui ? Elle n'avait jamais rien fait pour attirer sa sympathie. Le courroux prit finalement le pas sur l'effarement. « De quoi ? ». Comment osait-il insinuer que son fils n'était pas le sien ? Pourquoi mêlait-il Montarville à cette histoire ? Le malheureux avait été de ces incompris à souffrir, comme elle, de la perte de sa moitié. Il était indigne d'inclure feu Montarville à ce type d'ineptie. « Comment ça ils se sont disputés ? ». Ça ne servait à rien de s'interroger. Elle voyait les pensées de Gustave prises dans un courant trop fort pour qu'il arrivât à devenir un simple affluent afin de donner réponse à ses questions. La seule chose qu'il semblait pouvoir faire c'était suivre le cours de ce fleuve jusqu'à l'océan dans lequel il se jetterait. Un océan qui lui apparut sous une forme trop étrange pour qu'elle y réagisse. Une fois seule, elle exhala un long souffle épuisé tout en se couvrant le front d'une main.

Seule, elle se remémora le fil de cette folle journée. La fureur d'Elzibert la frappa à nouveau. Qu’une étrangère. Un couteau planté en plein cœur n'aurait pas eu plus d'effet. S'ensuivit le mépris de sa fille. Je vous ai fait confiance. Elle avait définitivement perdu Yvonelle également. Mathias est mort. Ces quelques mots lui avaient crevé le cœur tant ils la forcèrent à rendre ce fait réel. Je crois que je t'aime. Ça, c'était invraisemblable. Insensé même. L'offre de Zebella plus tôt dans la matinée et celle de Gustave mise côte à côte la poussait à la réflexion. Des larmes silencieuses dévalèrent ses joues sans qu'elle ne pût les taire. Elle était éreintée et cela se traduisit par ces perles humides. L'après-midi pointait juste et déjà elle n'en pouvait plus. « Noée, c'est cela ? » fit-elle à l'intention de la domestique en redressant le visage. Elle l'avait déjà aperçue par le passé lorsqu'elle s'invitait chez Gustave et Eléontine à l'époque quand ce n'était pas lui qui venait dans son lit pour la prendre. « Soyez franche je vous prie. Voyez-vous une once de vérité dans les propos de Gustave ? ». C'était trop gros. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'il venait de lui raconter. « Pouvez-vous me ramener quelque chose pour la tête aussi s'il-vous plaît ? J'ai l'impression que quelqu'un me fracasse le crâne à coups de masse. ».
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Dorian Lang
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Dorian Lang
Mer 22 Nov 2023, 12:15

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 11 G7pa
Les Portes V - Le Roi sadique
Dorian, dans le rôle d'Ezidor




Rôle:

Dissous par le liquide forcé dans son organisme, l'étau desserra à regret sa prise sur le médecin et ôta son pied de sa poitrine pour l'autoriser à reprendre sa respiration. La course de son pouls reprit un rythme presque normal à son grand soulagement. Assis sur sa chaise, deux doigts sur l'intérieur de son poignet, à moitié sonné, il dû s'y reprendre à plusieurs reprises pour en faire la mesure. Finalement, il poussa un soupir qui se mua en un hoquet de rire. Il était hors de danger mais c'était tout juste. La mort le frôlait de plus en plus fréquemment, comme une amante chercherait à séduire son partenaire, à l'exception qu'il n'était pas consentant à entamer avec elle sa danse funèbre.

Ezidor leva un regard agité sur le trésorier. En guise de ricanement, une brève exclamation rauque lui échappa à sa remarque. Il but une gorgée d'eau qui n'apaisa sa fièvre grignotante que le temps de quelques secondes. Il se pencha pour s'accouder sur ses cuisses. Tout son corps lui pesait, lourd et sensible. Sa santé se réduisait comme peau de chagrin, confinée à la fiole dont Noée était la propriétaire. « S'inquiéter ? Pour moi ? Ou pour le Royaume ? Dans les deux cas, je vous assure que oui. Vous ne mesurez peut-être pas juste à quel point. Vos chiffres ne vous l'ont peut-être pas encore dit, ou peut-être ne voulez-vous pas encore le voir car vous avez eu la chance d'être épargné. Vous devriez en profiter. On ne réalise que trop tard de la valeur des choses. » répondit-il avant de se mettre à rire. La combinaison de ses remèdes et de ses symptômes l'atteignaient plus qu'il ne voulait l'admettre et il n'arrivait plus à retenir ses réactions. Tout lui semblait excessivement drôle, comme un rêve loufoque qui refusait de se terminer. Pensivement, il examina ses doigts fantômes, les bosses qui cicatrisaient lentement à l'emplacement où ses doigts se trouvaient. Il lui semblait entendre encore l'écho des mâchoires des tenailles utilisées par sa tortionnaire. Une part de lui admirait et reconnaissait le sang froid dont elle avait fait preuve, et ce malgré la lueur de folie qui avait embrasé ses iris aux mentions de Childéric. Il souffla de rire à la pensée qu'il avait peut-être été torturé par une ancienne amante de son disciple. Il ignorait pourquoi, mais il trouvait soudainement cela cocasse. Que lui avait-il donc fait pour qu'elle s'éprenne de lui au point de le mutiler de la sorte ?

Il se reprit, ignorant combien de temps était passé depuis ses dernières paroles prononcées. Nicodème était un homme discret, dont il était aisé d'oublier la présence et il n'arrivait pas à maîtriser la venue et la durée de ses absences. « Merci. Je serais sans doute mort sans votre intervention. Le retour du Chef des Armées est inattendu. Accolé au nom Uobmab, ce n'est pas certain que ce soit une bonne nouvelle, pas pour moi en tout cas. Il se peut que j'ai fait quelques bêtises avec sa soeur et qu'il puisse m'en vouloir. Ce qui, entre vous et moi, serait franchement culotté en sachant ce que lui-même a pu faire à sa propre soeur, celle qui avait un fils. Un de nos plus grands défauts est que l'on oublie souvent de se regarder dans un miroir avant d'accuser les autres. Pour ma part, c'est relativement excusable compte tenu de mon apparence. Ma pauvre fiancée... » Il adressa au trésorier un sourire complice comme si tout cela n'était qu'un jeu qu'il était las de prendre au sérieux. Et ses démangeaisons le rendaient fou. Il avait commencé à se frotter le cou mais cela ne faisait qu'aggraver la sensation. Son hilarité cachait une nervosité impossible à dompter. Il lui était difficile de prédire comment son ancien disciple se comporterait à son égard. Il n'avait jamais donné suite à la lettre où il l'informait de ses fiançailles avec Irène. Dans un silence éloquent, il s'était contenté de lui tourner le dos, comme lui l'avait fait auparavant.

« Au fond, ce n'est pas de Zébella elle-même dont il faut s'inquiéter, mais de tout ce que son nom sous-entend. » Ezidor avait été témoin et sculpteur de ce qu'une mauvaise influence provoquait sur Childéric. Avec la politique employée par Uobmab, qu'adviendrait-il de lui ? Était-il réellement moins influençable à l'âge adulte ? Si Montarville vivait encore, s'il avait encore des membres de sa famille encore en vie, cela serait sans doute vrai. Mais dans cette situation, il n'avait plus aucun repère et devait s'en bâtir de nouveaux, ou revenir aux anciens, auprès de lui, comme auparavant. Mais rien ne serait jamais comme avant et il éteignit cet espoir comme on soufflerait une bougie. Il était seul dans ses ténèbres. Lui n'avait pas cherché à s'en extirper, n'en avait jamais eu le désir au contraire du soldat. Il s'y complaisait comme s'il était chez lui. « Je l'ai connu adolescent, Childéric. Saviez-vous qu'il s'adonnait à toutes sortes de drogues et autres substances ? Je sais qu'il a réussi à s'en sortir mais cette sortie n'est pas plus définitive qu'elle n'est salvatrice. Ce n'est qu'une façon de reculer pour mieux sauter. Ils finissent toujours par replonger, un jour ou l'autre. Peut-être est-ce déjà le cas. Cela rendrait compréhensible son revirement de loyauté. Ce mot perd de son sens dernièrement. Qu'est-ce que la loyauté au fond ? Un idéal pour rassurer afin de réussir à dormir la nuit ? Vous y arrivez, vous ? Non, vous êtes comme moi. Tout cela vous est indifférent, n'est-ce pas ? Ce n'est pas le cas de Childéric. Il a besoin d'être rassuré, c'est sans doute cela qu'il cherchait avec Adénaïs d'Etamot. Elle est douée pour cela, elle a fait la même chose à Merlin. Vous devriez vous tenir éloigné de cette femme. Le mieux serait qu'elle disparaisse pour être franc avec vous. » La tranche de sa main frotta la ligne de son menton alors qu'un sourire un peu halluciné continuait de relever les commissures de sa bouche. Son regard lui, se fixait un peu partout sur la pièce comme une bête traquée.

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Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 11 O5u6
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Seiji Nao
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Seiji Nao
Mer 22 Nov 2023, 15:02





Rôle:

La proposition de la blondinette ne rencontra pas le succès escompté. D’office, elle rangea le brun dans la catégorie de ceux qui, aigris par les premières vérités de l’âge adulte, ne savaient plus s’amuser. Ennuyée, elle envisagea un instant de le planter là, sans plus de considérations. Toutefois, son lignage incita l’adolescente à masquer ses contrariétés ; que son existence lui fût jusque-là inconnue excitait son imagination. Pas même la plus petite rumeur ne lui venait en tête : les gardes n’eussent été à l’entrée, elle l’aurait pris pour un menteur ou un fou.

« Ravie de faire votre connaissance. »

Troublée par ce nom qui ne lui rappelait rien, elle exécuta à son tour une révérence, plus maladroite qu’à l’accoutumée. Sa cervelle et son corps ne pouvaient de toute évidence travailler de concert.

« C’est vrai que vos amis n’ont pas l’air très drôles. Et cet air sévère qu’ils arborent ! Comme si vous aviez tué quelqu'un, et qu'on allait vous jeter en prison ! »

La frivole porta une main à sa bouche, dissimulant ses dents qu’un éclat de rire avait eu l’indécence de dévoiler. En vérité, être chaperonné n’avait rien d’amusant : elle-même détestait qu’une servante l’accompagnât à chacune de ses sorties. Sa mère ne croyait pas nécessaire de la faire suivre lorsqu’elle se trouvait en compagnie de sa cadette, ce qui éveillait un sentiment plus désagréable encore.

« Je me ferais une joie de vous servir de guide. »

De la ville, Stéphanette connaissait avant tout les magasins _ la tournée des boutiques ne constituait sans doute pas un après-midi idéal pour le jeune homme. Puisqu’il souhaitait s’amuser un peu, adieu rubans et froufous. Généralement, les hommes n’éprouvaient guère d’intérêt pour le monde vestimentaire. Non, elle le conduirait aux lieux où les rumeurs les plus croustillantes prenaient naissance. Pour tromper l’ennui, il n’existait rien de mieux que les cancans.

« Je ne crois pas. Vu le fiasco de la dernière… Une chance que Messire Arcange ait été présent, sans quoi l’incendie aurait pu tourner à la tragédie. Dire qu’en plus, Sa Majesté s’était déplacée… Le drame a été évité de peu. »

Une goutte de sueur perla au front de la demoiselle au souvenir de la réception avortée. L’instant où elle avait lâché la main de sa mère la hantait parfois dans son sommeil, si bien qu’à plusieurs reprises, elle s’était réveillée les larmes aux yeux, et n’avait retrouvé le royaume des rêves qu’après avoir entrouvert la porte de la chambre conjugale, et constaté que ses parents y reposaient.

Sans perdre davantage de temps, la blondinette entretint Geneviève de la promenade, lui assurant qu’elle reviendrait dans la journée pour quelques essayages. Laissant au brun le soin de terminer ses achats, elle sortit la première de la boutique. Son regard s’arrêta sur la silhouette austère des soldats. Son compagnon du jour avait exprimé le désir de se débarrasser d’eux ; si elle relevait ses jupons, peut-être pourraient-ils courir assez vite pour les distancer.

Alors qu’elle s’apprêtait à partager son projet au jeune homme, celui de droite lui adressa une œillade glacée. Résignée mais satisfaite de la distraction qui lui tendait le bras, elle esquissa un sourire radieux.

« Vous aimez les fraises ? Partageons une barquette en marchant. »

Ils se dirigèrent vers le marché, où l’adolescente choisit les plus petits fruits de l’étal, affirmant que la saveur se concentrait dans les chairs. Sur son initiative, ils contournèrent ensuite une crémerie, depuis laquelle s’élevait un parfum boisé, et pénétrèrent dans une rue secondaire.

« Ne rien savoir de vous m’intrigue. Si je puis me permettre d’être indiscrète... Que faites-vous dans la vie, Alembert ? »

Malgré sa cervelle de brebis, Stéphanette doutait qu’un parent de l’ancien Conseiller pût se confire dans l’oisiveté. Picorant une baie du bout des lèvres, elle lui jeta un regard en coin, remarquant qu’il semblait un peu plus âgé qu’elle. Qu’il ne fut pas sur la liste des personnalités à marier la surprenait : il était joli garçon, de bonne famille, et montrait d’excellentes manières. Une lueur de malice éclaira ses prunelles rubis : s'il fallait en arriver là un jour, puisque Doléas ruinait tous ses efforts, Alembert ferait un merveilleux candidat.

« Cette devanture, là… »

Pour ne pas attirer l’attention, ils s’arrêtèrent devant la vitrine d’un marchand de jouets. À voix basse, la blondinette confia au brun une affaire des plus juteuses. Un rameau d’olivier marquait l’enseigne de la boutique qu’elle lui désigna.

« On raconte qu’Yvonnelle De Tuorp y est venue juste après son mariage. L’apothicaire n’a rien voulu dire, mais un employé l’aurait vue acheter une mixture… énergisante. Son mari a peut-être des soucis. »

Dans le cercle fermé des commérages, il était difficile de discerner les faits des fables. Parmi ses amis, Stéphanette savait précisément qui croire ou non, et sur quels sujets, et diffusait ses propres informations avec soin. Cependant, sitôt qu’une nouvelle la réjouissait, elle perdait tout souci de la vérité.

« Mère a laissé entendre que le palais y avait passé commande. Je me demande bien pour qui. Sa Majesté n’a pas encore pris épouse. »

Il arrivait souvent à l’adolescente, dévorée de curiosité, de laisser traîner ses oreilles près du bureau de la journaliste. Heureusement pour la Crème Lieugroise, les affaires susceptibles d’éveiller sa curiosité se comptaient sur les doigts d’une main, et bien des informations disparaissaient dans la passoire qu’était sa mémoire.

Quelques minutes plus tard, ils parvinrent devant une boulangerie. Une odeur de brioche à peine sortie du four vint leur chatouiller les narines. Ravie de partager sa passion, la demoiselle s’épancha à nouveau, ayant totalement oublié les deux ombres derrière eux.

« Voilà ‘Le paradis sucré’. Leurs gâteaux sont aussi succulents qu’hors de prix. Irène d’Errazib serait une cliente régulière : elle aurait un penchant pour les pâtisseries. À la dernière réception, j’ai pu l’apercevoir, et je peux vous garantir que son tour de taille s’est élargi. »

Pour accompagner ses propos, la frivole se cambra, faisant ressortir son ventre, et gonfla les joues comme un clown, avant d’éclater de rire. En compagnie de l’inconnu, elle se sentait en parfaite confiance, et, plus détendue que d’habitude, s’autorisait quelques extravagances.

Le cœur léger, elle sautillait presque sur les pavés, débordant de bonne humeur. Finalement, elle s’immobilisa face à un salon de thé en brique. Depuis l’extérieur, elle apercevait l’ombre de la gérante s’agiter, employée à quelque mystérieuse affaire. Retenant une grimace de dégoût, elle constata que les carreaux auraient eu bien besoin des caresses et de l’humidité d’un chiffon. En bas de la porte, la peinture s’écaillait, révélant un bois vieillot.

« Cet endroit n’est pas très fréquenté. Ma sœur et ses amis s’y réunissent de temps en temps. Elle ne m’a emmené là qu’une seule fois, et je n’ai pas compris grand-chose à la conversation. Ils dégustent du thé en jouant les intellectuels. »

Un après-midi d’un ennui si profond que la blondinette avait manqué s’assoupir, et avait développé une inquiétante dépendance envers l’horloge de la salle. Le plus préoccupant, toutefois, restait la teneur des paroles prononcées ce jour-là. Dans un ultime effort pour s’insérer dans la conversation, elle avait mentionné Merlin, et involontairement jeté un froid polaire sur la réunion. Faisant signe au brun d'approcher, elle se hissa sur la pointe des pieds pour lui murmurer à l'oreille.

« L’un de ses camarades a tenu de vilains propos, en disant que la couronne n’était pas sur la bonne tête, alors, je me suis fâchée. Depuis, Olivette n’a plus voulu que je vienne. De toute façon, je ne les aimais pas beaucoup. »

L’adolescente n’avait même pas pris la peine de retenir leurs noms, et conseillé à sa cadette de se tenir éloignée de pareils goujats. Une pointe de colère dans la poitrine, elle plissa les yeux tel un oiseau de proie, avant de se retourner. Il ne servait à rien de gaspiller son temps ici : Alembert devait brûler de découvrir le reste de la ville.

Rattrapée par ses neurones, elle demeura immobile, se frappant le front du plat de la main.

« Suis-je bête ! Je n'ai même pas pensé à vous le demander, mais puisque vous vouliez un guide... Vous cherchiez un endroit en particulier ? »

1 325 mots | Post IX

Résumé:

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Susannah
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Susannah
Mer 22 Nov 2023, 17:54

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 11 3ev7
Les Portes V - Le Roi sadique
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

Zébella sentait les doigts dorés du matin caresser son visage. Indifférente aux tumultes que rencontrait l'ancien Royaume de Montarville, la journée s'annonçait splendide, bien plus clémente que la pluie impétueuse qui s'était abattue sur Lieugro aux premiers jours de son règne auprès de Merlin. Elle n'avait jamais été de nature superstitieuse, mais quand elle voyait le bleu presque trop vif du ciel se déployer au dessus de sa tête, vierge du moindre nuage, elle voulait le combler de son histoire, y inscrire son nom pour qu'il y rayonne. Il n'y avait plus Merlin pour noircir l'ensemble du tableau, mais comme une hydre dont elle aurait coupé la tête, deux autres émergeaient, et d'autres encore continueraient de pulluler pour se dresser face à elle.

Le caillou poursuivait sa course hypnotique entre ses doigts en même temps qu'elle décryptait les réactions des Reknofed. L'expression soigneusement indéchiffrable d'Ange-Lyne en disait long sur la sincérité de tout ce qui pouvait sortir de sa bouche. Zébella aurait presque pu aussi lui rire au nez à elle aussi lorsqu'elle avait parlé plus tôt de souder leur famille. Elle aurait voulu croire que cela pouvait advenir, qu'il existait un futur où la violence tournait les talons, saturée de tant être convoquée. Tout bien considéré, la pérennité d'Uobmab tenait du miracle compte tenu des trahisons intestines dont la famille royale souffrait. Frères et sœurs, parents et enfants, cousins et bâtards, tous s'entredéchiraient allègrement depuis des dizaines d'années et pour quoi ? Elle l'ignorait, mais elle n'était pas assez naïve pour croire qu'Ange-Lyne ou son frère accepteraient de ployer le genou sans questions ni réticences et leur petit manège ne faisait qu'attiser ses suspicions en plus de mettre ses nerfs sur des charbons ardents. Arcange s'était levé contre son père par le passé, ce simple fait les plaçait sur le tranchant de sa lame.

Puis Zébella avait étudié le profil du plus jeune, la tension qui gonflait la ligne de ses épaules, la nuit qui tombait sur ses iris. Il ne lui fallait pas une lecture approfondie pour deviner que tout ceci lui déplaisait. Elle connaissait ce langage, elle l'avait appris très tôt. Elle ne savait juste pas quel élément déclencheur libérerait ce qu'il retenait. Le caillou chuta entre ses pieds plantés fermement au sol. La chaleur sur le visage de la souveraine n'arrivait pas à dissiper les ombres qui y progressaient. « Vos talents seront évidemment mis à contribution. Votre réputation à Uobmab devrait pouvoir trouver son écho ici. » Elle jeta un bref coup d'oeil à l'artiste qui s'était approchée de Childéric plus que les conventions ne l'autorisaient, à une distance où la sécurité n'était plus qu'un concept à moitié effacé. Son regard remonta sur celui du Chef des Armées et se durcit, résolu, avant de revenir s'accrocher sur le plus massif tout en continuant à s'adresser à l'aînée. « Vous pourrez manier vos compétences dans le domaine de l'éducation militaire, mais ce serait un gâchis de les limiter à cela. Votre utilité sera aussi vraie à la capitale. Vous n'aurez qu'à effectuer d'occasionnels voyages auprès des camps d'entraînement. » acheva-t-elle.

Ses coudes effleuraient les poignées de ses armes sanglées sur ses hanches. D'autres étaient glissées le long de ses bottes, qu'elle savait pouvoir dégainer rapidement si Arcange se décidait à passer à l'offensive. Elle se voyait déjà repousser du coude l'orphelin à ses côtés et plonger en avant pour faire décrire une courbe à sa lame et la planter jusqu'à la garde dans l'aisselle du géant, ou sectionner les tendons derrière ses genoux pour le faire descendre d'un étage. Mentalement, les différentes options d'attaque et de défense défilaient. Les probabilités ne jouaient pas en sa faveur, et son cœur cogna âprement dans sa poitrine. Comme avec Childéric sur le bâteau, elle devrait jouer de vitesse pour éviter qu'il ne réussisse à l'attraper et à l'achever d'un coup. En voyant sa stature, elle ne doutait pas qu'il soit capable de lui rompre la nuque sans même avoir besoin de dégainer, et avant que les gardes n'arrivent sur lui. Puis la physionomie du bâtard d'Uobmab s'était subitement modifiée. Stupéfaite, elle le vit revenir à sa position initiale. Elle résista à l'envie de regarder du côté de Childéric et d'Ange-Lyne, craignant que le quitter des yeux juste une fraction de seconde ne lui coûte les précieuses secondes qui lui sauveraient la vie s'il attaquait. Les mâchoires contractées, la bleue finit par se lever avec raideur au bout de quelques secondes et les gardes se redressèrent à son mouvement, prêts pour le départ. « Je vous tiendrai informés si des ajustements sont faits vous concernant par la suite. Au plaisir de constater les fruits de notre future collaboration. » déclara-t-elle d'une voix qu'elle réussit à garder égale.




Sur le chemin du retour vers le château, Zébella garda son regard fixé sur l'horizon. Une ligne de contrariété barrait son front. La tête de sa monture remontait nerveusement, agacée des mains rigides qui tendaient les rênes sans qu'elle s'en rende compte. « Pourquoi, malgré le fait que nous soyons tombés plus ou moins d'accord, ai-je le sentiment que la réalité est tout autre ? » C'était une nouvelle question rhétorique. Elle n'était pas suffisamment paranoïaque pour avoir inventé le moment de flottement qui avait régné pendant un court instant et avait manqué de tout faire basculer. « Nous ne pouvons pas tuer Arcange. » laissa-t-elle tomber, abandonnant les sous-entendus maintenant qu'elle était seule avec le soldat. « Il a obtenu trop d'influence au sein du peuple, cela jouerait en ma défaveur. En revanche, nous devrions éliminer Ange-Lyne, discrètement. Faire passer sa mort pour un accident. J'ignore si son frère sera dupe, probablement pas, mais si nous opérons lorsqu'il sera loin, cela nous laissera le temps de nous occuper de son cas. » Elle eut un maigre sourire. « Je me demande si c'est la relation que mon père aurait aimé que nous ayons avec Merlin. Peut-être que cela aurait été le cas avec mon véritable frère. » Nul ne le saurait jamais. Un domestique surgit des portes d'entrée du château alors qu'elle mettait pied à terre et donnait les rênes à un palefrenier. « Messires d'Ecirava et de Xyno vous attendent, votre Majesté. Nous les avons installés dans le salon dans l'aile ouest. » « Le médecin a été retrouvé, finalement ? » s'étonna Zébella. « Oui. Il était présent au domicile de Dame d'Errazib ce matin. » « C'est une bonne nouvelle. Et Messires de Tuorp ? » « Ils ne sont pas encore là. » « Cela ne fait rien. J'échangerai avec le trésorier en les attendant. » Elle se tourna vers Childéric. « Sa femme tient un journal qu'on dit influent, paraît-il. J'aimerais m'entretenir avec elle au plus vite. »

Message VI | 1184 mots


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Mer 22 Nov 2023, 21:21



Unknown

Le Roi sadique

En groupe | Cal


Rôle - Arcange Reknofed :


Le regard d’Arcange heurta de plein fouet la silhouette de Childéric. L’ombre qui y planait trahissait la noirceur de ses pensées. « Je ne veux pas de vos soldats, je veux ma sœur. » réitéra-t-il, ferme. Que ne comprenait-il pas ? Les affres de l’âge, dont on percevait les prémices dans son physique, avaient-elles déjà atrophié sa cervelle ? Se croyait-il en position de leur refuser quoi que ce fût ? Et elle ? Ses iris glissèrent sur Zébella, prêts à taillader la chair avant même qu’il n’eût entouré de sa main la garde de son épée. Elle ne valait même pas la moitié de son père. La terrasser serait un jeu d’enfant. Si elle refusait, il lui briserait les os un à un, jusqu’à ce que sa bouche ne fût plus capable de formuler un seul désaccord. Le colosse pouvait endurer bien des supplices et des sévices. Il en avait déjà supporté un certain nombre. Une séparation d’avec Ange-Lyne, cependant, lui était inenvisageable pour bien des raisons. Elle était l’argile de ses fondations, la base friable et fragile qui soutenait l’édifice tout entier, celle dont le retrait entraînerait sa chute ; avec sa perte s’éboulerait sur le monde ses rocs de détresse et de haine. Il tentait de prendre sur lui, mais la perspective qui se profilait ne l’enchantait guère, et si son visage paraissait sculpté dans le marbre, ses prunelles hurlaient ce que ses mains s’interdisaient de mettre en œuvre. Il regarda son aînée. Parfois, il ne pouvait pas s’empêcher de maudire son affection pour les pourparlers. Tout aurait été plus simple s’ils s’étaient donnés pour mot d’ordre le meurtre de la nouvelle Reine et de tous ceux qui l’entouraient à l’heure actuelle. Dans les pupilles des orphelins se seraient déjà reflété les nuances sanglantes du jardin jonché de cadavres. Pourquoi faussement plier le genou quand on pouvait gagner au fil de l’épée ?

Quand la main d’Ange-Lyne entoura celle du militaire, Arcange porta naturellement la sienne sur la garde de sa lame. Si Childéric tentait quoi que ce fût, il lui fendrait le crâne. Les mâchoires crispées, il observa le manège que sa sœur mettait en place, il écouta ses mots et il détesta les entendre. Il fut incapable de savoir si elle mentait éhontément ou si elle envisageait réellement de le peindre, lui, en vie, épée au poing. Ses doigts se cramponnèrent autour de son arme. Qu’elle couchât avec des grabataires pour s’amuser était une chose ; qu’elle se mît à les peindre pour les glorifier en était une autre. Il était son seul et unique modèle vivant, celui qui rayonnait sur la plupart de ses toiles, et ne nourrissait aucunement l’intention de céder cette place à qui que ce fût. Il incarnait la muse ; les autres ne constituaient que des agréments substituables. L’évidence lui apparut sur cette pensée-là : sa sœur ne pouvait ni ne voulait le trahir, et elle devait donc mentir. Il scruta son profil, la force de ses traits et la résolution de son regard. Son cœur s’emballa tandis que résonnaient les mots de Zébella : sur le visage d’Ange-Lyne tonnait l’heure de son exécution. Il ne comprit qu’à cet instant pourquoi elle avait posé sa main sur celle du soldat. C’était pour l’empêcher de dégainer. Arcange s’apprêtait à le faire, lorsque l’expression de sa sœur changea du tout au tout. La silhouette gainée, il fronça les sourcils et plissa les yeux. Sa figure se recomposa en une mosaïque d’hésitations. Le fracas de son palpitant l’assourdissait. Dans l’attitude de son aînée, il percevait une urgence, un danger dont il ne comprenait pas l’origine. Il le chercha des yeux, de Childéric à Zébella, en passant par les soldats : en vain. Ses phalanges blanchirent autour de la garde de son épée, jusqu’à ce que son regard pût croiser celui de la blonde. Les lueurs qui y dansaient n’avaient rien à voir avec un caprice de stratège. Alors, lentement, ses doigts se déplièrent, et il ramena son bras le long de son corps.



« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » finit-il par demander, agacé. Il avait voulu parler plus tôt, mais son aînée lui avait intimé de se taire, d’attendre qu’ils se trouvassent suffisamment éloignés du lieu de rendez-vous et des oreilles indiscrètes. L’envie de hurler le harponnait, pourtant, il avait obéi et conservé un silence bouillonnant. Dès que Zébella et Childéric s’étaient écartés, il avait inspecté la silhouette d’Ange-Lyne à la recherche d’une trace – de déchirure dans un vêtement, de sang sur une étoffe – qui pût expliquer son soudain revirement, mais n’avait rien vu de suspect. « Tu préfères coucher avec tant qu’il est encore vivant ? » Malgré lui, une pointe d’amertume piqua sa langue. Il se mordit l’intérieur des joues et fixa son regard sur l’horizon. Les oreilles de sa monture, pointée vers l’avant, semblaient indiquer la direction. Ses sabots claquaient en rythme sur les pavés. « On aurait dû les tuer dès le départ. Et si tu restes ici, alors je reste aussi. De toute façon, ce n’est pas en partant à l’autre bout du pays que je la tuerai et deviendrai Roi. » maugréa-t-il. Ses cils projetaient sur ses iris des ombres semblables aux nuages d’un ciel d’orage.



Message X – 886 mots


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Jeu 23 Nov 2023, 07:32

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Les Portes V - Le Roi sadique
Ezémone



Ezémone d'Ecirava:

Ezémone suivit du regard la fuite de son verre hors de sa portée, mais c'est sur la main qui l'éloignait qu'elle restât concentrée. La terre s'incrustait sur les cuticules et sur les lignes à l'intérieur de la paume, des entailles plus ou moins récentes abimaient ça et là ses phalanges. Pour autant, ces mains lui apparaissaient moins sales que celles de bon nombre de nobles en apparence propres sur eux mais dont l'âme était irrémédiablement souillée. Elle préférait de loin être touchée par les doigts tâchés de terre de son jardinier que par ceux aux ongles soigneusement manucurés de bien d'autres. Mais Ezémone n'était pas honnête avec elle-même. Gustave de Tuorp tombait exactement dans cette catégorie, elle ne pouvait cependant pas prétendre avec conviction qu'elle aurait refusé ses avances s'il s'y était aventuré. Il semblait néanmoins se contenter de filles de joie depuis la disparition d'Eléontine de Tuorp.

Elle baissa les yeux sur sa mise. Dans la tempête de son abattement, elle en oubliait à quel point sa tenue était peu adaptée pour l'heure qu'il était. Le jour avançait, imperturbable, pendant qu'elle se morfondait auprès d'un adolescent. « Ne soyez pas ridicule. » souffla-t-elle à voix basse, comme en miroir aux reproches qu'elle se faisait à elle-même. Elle pencha la tête pour appuyer sa pommette sur son poing. « Que voulez-vous dire quelqu'un comme vous ? Un domestique ? Vous êtes un être humain. Vous ai-je jamais traité autrement parce que votre statut social était inférieur au mien ? » Un air sévère se peignit sur ses traits, qui s'adoucit ensuite. « J'aimerais pouvoir vous répondre que vous avez raison. Mais je ne peux pas me relâcher. Les fois où j'ai pu le faire, par le passé, je l'ai toujours chèrement payé. » Elle songea à ces brèves minutes de plaisir qui avaient failli gâcher sa vie à jamais, qui l'avaient privée de l'existence dorée qu'elle aurait pu s'offrir, une vie où Nicodème et ses filles n'auraient pas eu l'occasion d'exister. Elle songea à lui, à ces plus brèves minutes encore où elle l'avait tenu avant de s'en détourner résolument pour en faire un inconnu. Généralement, elle évitait d'y penser, préférant focaliser son énergie à ressasser le passé en trempant la réputation de Garance de Lieugro dans la fange. En son absence, elle menait des enquêtes sur la femme qu'elle avait été, sur les failles qu'elle se faisait un plaisir d'agrandir pour en taillader le portrait de la Princesse Parfaite. Peu de choses lui avaient été révélées du personnel qui restait. On lui prêtait une liaison avec le Chef des Armées, on lui avait rapporté de fréquentes allées et venues chez les de Tuorp. N'ayant jamais affiché une quelconque amitié avec Eléontine, Ezémone avait rapidement fait les calculs et conclu que le séducteur avéré avait fait tomber une nouvelle victime dans ses draps. Elle n'en avait jamais eu la confirmation cependant. La princesse de Lieugro avait toujours été une femme prudente, rendant difficile l'obtention de preuves visant à ternir son nom. La journaliste ne s'en trouvait pas découragée pour autant. La vengeance se moquait des moyens pour arriver à ses fins et elle n'hésiterait pas à créer elle-même les rumeurs. Le mensonge était une arme aussi bonne qu'une autre.

Elle revint au présent, à Doléas, à sa main désormais emprisonnée dans les siennes. Elle frémit à la chaleur qui se dégageait de ce geste, à la chaleur similaire qui naquit dans sa poitrine en écho, celle qui en réclamait davantage encore pour s'épanouir. « Vous êtes une bonne personne, Doléas. Trop bonne. J'ai peur que cela vous joue des tours. S'il devait un jour vous arriver des ennuis, peu importe la nature, que vous vous sentiez seul sans personne vers qui vous tourner, sachez que vous pourrez toujours venir m'en parler. » Sa main recouvrit les leurs et elle caressa doucement celles du jardinier. « Quant à votre proposition... » Elle inspira pour retenir le fond de sa pensée, celle qui lui murmurait que ce n'était pas une bonne idée, que cela pouvait faire jaser si on le voyait à ses côtés plutôt qu'à s'occuper de la partie extérieure du domaine. « Je l'accepte. » lâcha-t-elle en totale opposition avec ses protestations internes. Après tout, il ne s'agissait rien de plus que de parler, à cœur ouvert, avec une personne rassemblant assez de bonté en elle pour apaiser ses tourments. Ce n'était pas son rôle, pas pour cela qu'il était employé, mais qui s'en souciait ? Nicodème ne s'en apercevrait probablement pas et même s'il s'en apercevait, il ne dirait rien, pas plus que ses filles qui étaient plus préoccupées par leur nombril que par les personnes gravitant autour d'elles. Les autres domestiques pouvaient noter ce changement mais Ezémone savait se montrer discrète. « Peut-être me rendrai-je parfois dans la serre, si cela ne vous ennuie pas. Nous pourrons alors discuter en même temps que vous travaillez. Qu'est-ce que vous en dites ? » Elle ouvrit l'une des mains du blond pour y dessiner d'hasardeuses courbes à l'intérieur qui s'égaraient parfois jusqu'au tranchant interne de son poignet, là où la toile fine des veines était visible. Elle sentit son ventre se tordre en imaginant ces paumes rugueuses se refermer sur elle pour l'attirer contre lui, la sensation que cela procurerait sur sa peau nue. À l'abri des regards, à l'abri du monde, dans une bulle qui n'appartiendrait qu'à eux, où ils ne seraient plus la maîtresse de maison et son jardinier mais juste une femme et un homme, sans statuts ni âge ni rien. Elle se râcla la gorge pour reprendre les rênes de ses envies débordantes. « J'apprécie votre conversation, votre point de vue sur les choses. Vous êtes différent du reste de mes connaissances avec qui je m'entretiens sur des sujets qui vous paraîtraient sans doute futiles. Vous êtes plus simple, et je dis cela comme un compliment. Vous êtes authentique. Cela vous rend précieux, à mes yeux. » Plus qu'il ne l'imaginait. Comment réagirait-il si elle se levait, là tout de suite, pour se pencher par dessus la table et lui voler ses lèvres ? Ses iris azurés s'y arrêtèrent un instant avant de remonter sur ceux du blond. « À quoi pensez-vous ? » lui demanda-t-elle, curieuse de connaître le fond de sa pensée. Elle l'avait deviné mal à l'aise plus tôt, mais ce n'était plus le cas désormais. « Et j'aimerais que vous m'appeliez Ezémone lorsque nous ne sommes que tous les deux. C'est ce que font les confidents, non ? »

Message X | 1154 mots

Elle reste sage. Vivement qu'ils se retrouvent dans la serre Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 11 1266825537


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Jeu 23 Nov 2023, 22:19



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Le Roi sadique

En groupe | Alcide


Rôle - Nicodème d'Ecirava :


Les paupières de Nicodème se plissèrent. Les mots du médecin ricochèrent quelques instants entre ses pensées. Ses iris contournèrent à nouveau sa main mutilée, avant de remonter vers son visage. Il demeura silencieux et immobile plusieurs secondes, puis s’écarta pour retourner s’asseoir à sa place. Ses mains se posèrent sur son livre de comptes et en lissèrent machinalement les feuilles. Ses yeux toujours ancrés sur le praticien, il se demanda s’il ne devait pas contrevenir à sa volonté et appeler un autre médecin. Quelle que fût la substance qu’il venait de lui injecter, elle s’accompagnait vraisemblablement d’un délire fiévreux. Il observa la courbe affaissée de sa nuque, puis jeta un coup d’œil à la porte. Quelqu’un s’y présenterait à tout instant ; si ce n’était pas la Reine et Childéric d’Ukok, ce serait les de Tuorp. Les deux derniers prendraient probablement son état à la légère, mais les premiers risquaient de s’en formaliser un peu plus. La souveraine, tout du moins. Le soldat connaissait peut-être mieux le docteur que le trésorier ne pouvait l’imaginer – ou, en tout cas, les rapports qu’ils entretenaient semblaient frappés du sceau de la particularité.

Il le regarda à nouveau. Cette fois, ses sourcils se froncèrent. Les sœurs d’Ukok ne lui étaient pas étrangères. Clémentine était portée disparue, tandis qu’Ernelle avait été retrouvée assassinée quelques temps plus tôt. Son nom avait décoré l’un des gros titres du journal d’Ezémone. « Je vous demande pardon ? » Que voulait-il dire, exactement ? Ses propos s’enroulaient autour de sa langue et étouffaient la vérité qui pendait à son bout. De ce que Nicodème entendait, il pouvait parler de meurtre et, peut-être, de viol – sous cette affaire d’apparence se tapissaient apparemment des excuses, au demeurant inacceptables. Ses prunelles s’assombrirent et sa mâchoire se contracta. Si les agissements du commun des mortels le concernaient peu, il n’était pas suffisamment naïf ou inconscient pour ne pas savoir ce à quoi ses pairs pouvaient s’adonner. Depuis que l’adolescence fleurissait au travers des corps de ses filles, il avait plus d’une fois craint pour leur intégrité physique. Lui n’avait jamais été porté sur la chose – seule Ezémone et quelques modèles choisis pouvaient éveiller en lui des braises de passion –, mais il avait conscience que ce n’était pas le cas de la plupart des hommes – c’était ce qui lui avait valu, durant de nombreuses années, d’être mis au ban de la société. Les plus virulents n’hésitaient pas à s’emparer de celles qui se refusaient à eux. Ezidor et Childéric faisaient-ils partie de ces gens-là ? Il avait côtoyé le second durant de nombreuses années et n’avait jamais décelé chez lui la trace de cette violence. Il fronça les sourcils, ses prunelles attirées par le mouvement répétitif de la main d’Ezidor contre son cou. Dans un geste machinal, souvent répété, il attrapa sa plume et la fit lentement tourner entre son pouce, son index et son majeur. « Je vois. » lâcha-t-il, happé par la perplexité et l’effroi. Sa figure ne trahissait pourtant aucune émotion ; tout le tumulte s’ébrouait en interne. Il peinait à croire le guérisseur, et pourtant… Et pourtant. Ses yeux céruléens furent à nouveau appelés par ses phalanges manquantes. Quelqu’un avait-il découvert ses crimes et cherché à établir une forme de justice ?

Il s’humecta les lèvres et baissa la tête. Nicodème n’aimait pas l’instabilité ; or, Ezidor semblait s’en faire la parfaite incarnation. Les lignes de dépenses, qui l’avaient tant fait soupirer ces dernières semaines, lui paraissaient tout à coup source de réconfort et d’apaisement. À la mention du chef des armées, néanmoins, il se redressa et figea son regard sur le médecin. Il le scruta, à la recherche d’une réponse claire. Malgré les années et de réels efforts fournis en la matière – des lustres auparavant, il avait pour ainsi dire abandonné depuis –, il demeurait mauvais pour déceler les émotions de ses congénères. Sa femme et ses filles, auxquelles il se sentait lié par une complicité qui n’avait a priori rien de factice, demeuraient parfois des mystères insolubles pour son esprit pourtant brillant. « Comme Ernelle et Clémentine d’Ukok ? » répondit-il, espérant tout signe capable de l’aiguiller. Il soutint quelques instants les pupilles sombres du docteur, puis baissa les yeux sur son livre. Le blond n’était pas à l’aise avec ses révélations – ou ses mensonges. Il inspira, puis lâcha sa plume et passa ses deux mains sur son visage. Il les y garda quelques secondes, avant de soupirer et de lever le nez vers le blessé. « Je crois que tout le monde a besoin d’être rassuré, parfois. » Il le considéra, songeur. « Mais je ne suis pas très doué pour la psychologie de comptoir. Je laisse ça à ma femme. » Ezémone maniait les mots comme certains artistes leurs pinceaux. En comparaison, lui n’était qu’un piètre néophyte à peine capable de gâcher une toile de quelques gribouillis laissés à la libre interprétation de chacun. « Vous pourriez vous confier à elle. Elle sait écouter et je suis certain que vos révélations feraient bondir ses instincts de journaliste. » Il eut un sourire taquin, ponctué d’un ersatz de tendresse destiné à son épouse. « Je crois qu’elle nourrit quelques griefs contre Adénaïs d’Etamot depuis qu’elle m’a vu danser avec elle. Vous pourriez vous entendre, au moins là-dessus. » Le trésorier amena une main dans ses cheveux et se gratta l’arrière du crâne en étirant son dos. Les informations communiquées par le médecin vagabondaient dans son esprit, en quête d’une cohérence qu’il ne parvenait pas à construire proprement. Elles s’ancraient et elles ne le quitteraient pas, mais il lui faudrait probablement plusieurs heures pour parvenir à en prendre toute la mesure. Il joignit ses paumes devant lui et entrelaça ses doigts. « Mais je ne crois pas que ma femme soit très encline à faire disparaître des gens. S’il fallait choisir, elle serait plutôt du genre à déterrer des cadavres. » Il regarda le brun, dont le piteux état se rapprochait dangereusement de celui d’un macchabée, et sourit à nouveau, en essayant d’y infuser un peu de compassion. « Cela pourrait constituer un autre point d’entente entre vous. Êtes-vous sûr que je ne dois pas appeler un médecin ? Ou un avocat, peut-être. J’ai du mal à savoir si vous délirez ou si vous dites la vérité. » Après une fraction de seconde, le trésorier attrapa les bords de sa chaise et la souleva de quelques centimètres pour pouvoir se mettre debout sans bruit. Il se dirigea vers la porte et, alors qu’il allait l’ouvrir, celle-ci lui échappa : le bois céda la place à la pierre du couloir et, surtout, à la chevelure bleue de Zébella d’Uobmab et à la haute stature de Childéric d’Ukok. Le garde chargé de surveiller l’entrée du salon les annonça comme il se devait, mais Nicodème eut besoin d’un petit temps d’ajustement avant de parvenir à esquisser une révérence. « Votre Majesté. Messire d’Ukok. » salua-t-il, avant de se reculer pour les laisser entrer.



Message X – 1160 mots

Compte tenu de la fin du poste de Susannah, j'ai introduit Zébella et Childéric. Si c'est gênant pour une raison X ou Y, dites-moi.




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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Ven 24 Nov 2023, 16:58


Les Portes V


Ezémone n'était pas la première à évoquer ta bonté, te faire remarquer que dans ce monde hypocrite ce n'était pas un trait de caractère qu'il était bon de cultiver. Tu baisses un instant le regard, te massant alors la nuque d'une main. Il y avait quelque chose de gênant à se voir répéter une chose que nombreux pouvaient considérer comme étant une faiblesse. En même temps, tu ne cherchais pas à dissimuler cela. C'était même lui qui guidait chacune de tes actions et te poussait à chercher la lumière dans les moments d'obscurité. Ce serait lutter contre toi-même que de vouloir cacher cette partie de ta personnalité et tu te refusais à cela. « Merci, c'est gentil. Vous n'êtes pas la première à me dire ça. » réponds-tu en relevant les yeux. « Mais c'est difficile de gagner contre ce qu'on est, ou ce qu'on ressent même, pour que ça vaille la peine de faire l'effort de se battre contre, je trouve. ». Sans parler du fait qu'il n'y avait pas assez de bonnes personnes dans ce monde pour s'autoriser à ne pas faire preuve d'empathie quand on en débordait. Un sourire plus large encore étire alors tes lèvres lorsqu'elle t'annonce accepter ta proposition. Tu en étais particulièrement soulagé en fait. Cette discussion t'avait fait prendre conscience de ce qui lui pesait sur le cœur jusqu'à maintenant et dont elle semblait n'avoir jamais parlé. Il était pourtant agréable de pouvoir se délester des nombreux soucis qui noircissaient le tableau de l'âme. En cela, tu étais ravi qu'elle acceptât que tu sois l'oreille attentive à qui elle pouvait se confier, car tu doutais qu'elle soit allée parler à quiconque d'autre sinon. « Oh bien sûr. Ce n'est pas moi qui peut vous empêcher de vous promener chez vous de toute façon. » ris-tu avant de te rappeler pourquoi la serre était si peu visitée depuis quelque temps. « D'ailleurs ! Si vous devez y aller, vous devriez ramener de quoi vous protéger. Il y fait particulièrement chaud en ce moment. » la prévins-tu soudain inquiet. « Et avec l'humidité qu'il y a sous la serre, ça peut vite devenir étouffant. ». Il ne faudrait pas qu'elle se prenne un coup de chaud, surtout que les vêtements des nobles ne semblaient pas des mieux faits pour s'aventurer sereinement dans ce genre d'environnement. Tu te notes donc de devoir en parler également au personnel ainsi qu'aux autres d'Ecirava pour cette même raison. Heureusement qu'un puits se trouvait à proximité. C'était bien plus facile pour se prémunir de la chaleur ainsi. « Oh, merci. ». C'était agréable de se savoir apprécier pour ce genre de personnalité. On te disait parfois naïf à cause de ça habituellement, non pas précieux.

Tu esquisses un mouvement surpris à sa demande d'oublier le protocole pour la nommer de son seul prénom. « Euh je... Oui ? Enfin, je vais essayer. ». Tu ignorais si c'était ce que faisaient les confidents. Tu ne l'avais jamais réellement été. Pas avec une personne de sa stature. C'était à cause de cela d'ailleurs que tu savais qu'il ne te serait pas aisé d'accéder à sa demande. Tu retournes donc vite sur sa question précédente avant de te perdre dans un débat interne entre le respect vis-à-vis de sa volonté ou envers sa personne. La première pensée qui te parvint s'envola vers Olivette. Tu espérais que sa visite chez la folle se déroula bien. Tu songeais à son récent intérêt pour les poisons et fus soulagé de savoir qu'elle n'avait plus d'utilité à s'y intéresser. Mais face à Ezémone, il te sembla bien plus sage de passer sous silence le trouble que faisait naître en toi sa fille. « Je pense que je suis content parce que vous avez l'air d'aller un peu mieux. C'est agréable de voir une personne sortir d'une humeur cafardeuse. ». Tu marques un temps. Tu ne t'étais jamais vraiment épanché sur tes ambitions, notamment parce que pour l'instant cela relevait plus de la passion que de la profession. Elle s'était néanmoins suffisamment confiée à toi pour que tu dévoiles une partie de tes intérêts. « Et puis j'avais prévu, une fois le travail terminé, d'aller en ville. En fait... En fait, je m'intéresse à la médecine. Alors dès que je peux, j'essaie d'en apprendre plus. ». Elle devait te trouver ridicule. C'était une profession qui demandait normalement de la culture et un long apprentissage, donc qui nécessitait du temps et de l'argent. Or, tu n'avais ni l'un, ni l'autre. « Et j'ai réussi à négocier avec quelqu'un pour quelques... cours ? Je crois qu'on peut dire ça comme ça, oui. ». Car ce n'était pas à proprement parler un cours, non. Néanmoins, cela demeurait une leçon. Tu hésites d'ailleurs à préciser auprès de qui tu allais passer ta soirée. Les légistes étaient souvent considérés comme des gens bizarres, à s'intéresser de si près à la mort. Tu arrivais pourtant à les comprendre. On se rendait pleinement compte de l'individualité des gens et de leur caractère unique que lorsqu'on laissait le corps s'exprimer de façon sincère en étudiant l'état de ses organes, les imperfections sur sa peau ou les conditions de décès. C'était là la principale qualité de la Mort. Elle ne mentait pas. Elle pouvait se montrer malicieuse, oui. Menteuse, jamais. « Mais pour l'instant, je reste un meilleur jardinier qu'un médecin et je suis plus efficace pour soigner une belle plante en détresse qu'une vilaine angine. » ris-tu, quoique tu espères tout de même qu'à terme tes compétences médicales dépassent celle de la botanique.
©gotheim pour epicode


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Sam 25 Nov 2023, 17:09

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Les Portes - Le Roi sadique



Rôle:

Hermilius regarda Yvonelle avec une pointe de curiosité. Puis, en comprenant qu’elle n’avait rien décelé dans ses mots, un sourire taquin habilla le bas de son visage. Il rit légèrement, tout en l’écoutant. « Honnêtement, je doute que quoi que ce soit de positif pour vous en ressorte. Peut-être au début mais sur le long terme ça me semble peu probable. » Il le pensait vraiment. Elzibert était violent et le de Tuorp pensait cette violence intrinsèque au caractère du garçon. La situation actuelle, qui devait être difficile pour lui, ne faisait qu’accentuer ses penchants. « Votre frère me paraît avoir besoin d’aide mais ce n’est pas à vous de le prendre en charge. Adénaïs n’est pas apte à endosser ce rôle et Gustave n’est pas dénué de propension à la violence non plus puisqu’il frappait sa femme occasionnellement. » Hermilius ne se sentait pas concerné par la colère. Il n’avait pas tué Éléontine sous le coup d’une pulsion. Il ne charmait pas non plus les femmes sans y avoir réfléchi. Ses instincts ne reprenaient pas souvent le dessus. « En fait, je pense qu’il devrait parler à un tiers tenu au secret. Ça vous ferait peut-être du bien aussi, d’ailleurs. Ces derniers mois ont été difficiles. » suggéra-t-il, en l’observant. Parfois, les traumatismes mettaient du temps à se faire sentir. Yvonelle avait tout de même perdu des amis, rompu ses fiançailles, appris la mort de son frère, épousé le deuxième, déménagé et il en passait. « Heureusement que vous n’êtes pas enceinte. Votre situation serait encore pire. Vous vous sentiriez obligée de rester avec lui et il aurait une emprise sur vous. » Hermilius détailla la silhouette de la blonde. « Je pense qu’Elzibert serait le genre d’homme à vous faire du chantage en vous menaçant de vous retirer l’enfant si vous désirez le quitter ou entreprendre contre sa volonté. Si vous voulez vraiment que les choses s’arrangent, il vaut mieux vous protéger au maximum d'un risque de grossesse. »

Lorsqu’elle parla d’Adénaïs, il rit. « Oh je crois savoir. » s’amusa-t-il tout bas. Sans parler du fait qu’il l’avait prise contre un arbre – ce qu’il trouvait relativement normal puisqu’elle vendait son corps et que lui était consommateur de ce genre de services – la blonde avait dû deviner qu’il avait des vues sur sa fille. La chose ne le contrariait pas pour autant. Il la trouvait amusante à croire posséder une quelconque autorité sur lui. Pour le reste, il n’avait rien contre la d’Etamot. Il n’avait cependant pas l’intention de la côtoyer plus que nécessaire ni de coucher de nouveau avec elle. Une fois lui avait suffi. « Hum ? » questionna-t-il son interlocutrice. « Oui ? » Quand elle continua, une petite moue s’invita sur son visage. Puis, après quelques secondes, la moue disparut pour faire place à un sourire aussi solaire que l’astre du jour. Il avala la distance entre eux et lui barra la route pour qu’elle ne pût plus passer. « Qui a dit que je vous taquinais ? Je suis très sérieux. » Ses doigts remontèrent jusqu’à sa mâchoire qu’il caressa doucement. « Même s’il est vrai que j’adore voir le trouble chez vous. Et vous rendre folle aussi. » Il entama un rapprochement mais n’alla pas au bout du chemin menant à ses lèvres. Il rit et se retourna, pour continuer son chemin. Il se mit à fredonner un air parlant d’amour et d’érotisme qui fut coupé plus tard par la voix d’Elzibert, bien moins joyeuse que son humeur.




Lorsqu’Elzibert émit l’hypothèse qu’il pût épouser Zébella, Hermilius rigola. Il ne riait jamais à gorge déployée. C’était plus discret chez lui. « Honnêtement, je préfère que ma future femme n’ait pas de plus gros biceps que moi. C’est un style mais je préfère les femmes plus menues, sans parler du fait que nous n’avons visiblement pas les mêmes centres d’intérêt. Et puis… j’ai quelqu’un en vue. Plus qu’à la convaincre de quitter son mari. » ajouta-t-il comme si de rien n’était en haussant les épaules. Un sourire en coin apparut ensuite sur ses lèvres, alors qu’il songeait à diverses choses à propos de comment s’y prendre pour que la rupture arrivât. « Oui, bien sûr. » Le de Tuorp regarda Yvonelle en se demandant comment est-ce qu’elle allait réagir à la suite. Il avait souvent joué sur plusieurs tableaux, par le passé, pour s’attirer les faveurs d’une fille ou d’une femme d’abord peu intéressée. Il y avait un phénomène presque automatique concernant le rejet. Il suffisait qu’on retirât quelque chose à quelqu’un pour que la chose lui devînt tout de suite plus désirable. « Vraiment ? » Il rit. « C’est dommage, j’aurais bien aimé voir la tête de Nicodème en apprenant que sa fille écrivait des cochonneries derrière son dos. Enfin, ce n’est pas la première lettre de ce type que je reçois. Depuis que je suis conseiller royal, j’ai l’impression d’être un aimant. » Il passa ses doigts dans ses cheveux. « Une autre fille ? Elle aime peut-être les deux sexes. Et puis, Ezidor a beau ne plus être de prime jeunesse, il s’y connait parfaitement en anatomie. Que ce soit pour faire jouir sa femme ou pour découper un corps, je suis sûr qu’il sait y faire. » Il haussa les épaules une nouvelle fois et regarda par la fenêtre. « Je devrais tenter d'envoyer des lettres enflammées moi aussi… peut-être que ce serait plus clair pour la femme que je cherche à séduire. Elle a la fâcheuse manie de penser que je ne fais que m'amuser. » Il sourit. Il s'amusait beaucoup dans tous les cas, mais il savait maintenant qu'il voulait plus que de l'entendre soupirer son nom entre ses draps. Ils étaient presque arrivés.

902 mots
 


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