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 Les Portes V - La Chute du Roi Sadique

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Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

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Lyz'Sahale'Erz
Sam 02 Déc 2023, 12:45



Le Roi sadique



Je plissai les yeux devant la mine affreuse d’Ezidor. Une image s’imposa dans ma tête : celle d’une carcasse faussement vivante, uniquement maintenue debout par les larves qui mangeaient son cœur goulument tout en donnant l’impression qu’il battait encore. Avait-il seulement un cœur ? Je le pensais. Un cœur noyé dans la folie. Un cœur irrigué par le mal. Étais-je ainsi ? Je tenais à lui. Je tenais à lui et il m’était impossible d’envisager qu’il pût mourir des mains de quelqu’un d’autre. « Quoi ? » questionnai-je, lorsqu’il m’accusa. Moi ? Je sentis un sentiment acide se répandre dans tout mon corps. Lorsqu’il me toucha, il cessa pour faire place à la stupeur. Il semblait sans force. Il n’aurait pu abuser personne, comme si cette main n’était qu’une main fantôme, incapable d’enserrer, incapable d’exister même, tout juste bonne à survivre. « Je suis réel. » confirmai-je. J’aurais aimé que nous fussions seuls, sans être certain de la finalité de notre rencontre.  

« Je… » Je serrai les dents en songeant à sa lettre. L’idée de lui jeter au visage qu’il était le seul, ici, à s’être détourné de l’autre, me brûla les lèvres. Un instant, j’eus envie de lui faire mal, de le faire souffrir atrocement. J’aurais pu lui avouer avoir pensé à lui, être rentré pour lui et démentir ensuite. Durant quelques secondes, je désirai lui arracher son dernier soupir. Je voulus le mettre à quatre pattes, pénétrer sa chair, étrangler son cou, me défouler sur son corps frêle jusqu’à l’en faire périr. Je déglutis et me repris. Mes mains étaient devenues légèrement moites. « Garance et moi n’avions pas la même vision des choses. » dis-je simplement.

« Vous avez l’œil. » répondis-je à Gustave de Tuorp lorsqu’il constata ma désertion. Comme votre fils n’est plus à vos côtés, aurais-je pu lui rétorquer. Néanmoins, je n’en fis rien. Ezidor prenait trop de place dans mon cœur pour que je me lançasse dans une guerre stérile avec le diplomate. Je tiquai d’ailleurs lorsque le prénom du médecin fut accolé à la mort, même s’il était évident que la réalité tendait à rattraper ce que j’étais incapable de concevoir. Le corps de mon ancien mentor semblait déjà avoir abandonné la vie. Seul son esprit le maintenait hors du royaume des morts. Je le détaillai. Les mutilations étaient nombreuses. En fonction de l’inclinaison de sa silhouette, de la position de ses membres, il m’était facile de constater son état. Certaines plaies ne pouvaient être devinées mais ce qui se voyait sur la peau n’était pas forcément le plus grave. Je constatai la couleur de ses yeux et de son épiderme. Soit certaines de ses blessures s’étaient infectées, soit il avait été empoisonné. Il n’était pas le seul à avoir subi quelques déconvenues dans la pièce, bien que l’apparence de Gustave pût s’expliquer de différentes manières. Certains hommes n’aimaient pas partager leur femme. Il se pouvait que l’un d’eux lui eût refait le portrait malgré son statut de diplomate royal. Il était d’ailleurs plus musclé que précédemment. Nerveux, comme souhaitant oublier le docteur un instant, je me questionnai sur l’origine de ce changement. Était-ce son titre qui l’avait convaincu de prendre soin de lui au-delà de ce qu’il avait l’habitude de faire avant ? La vieillesse ? Était-ce le départ de son fils ? Était-ce pour une femme et, si oui, qui ?

J’acquiesçai aux dire de la Reine lorsqu’elle évoqua le sujet de l’armée et des finances. Si nous voulions agir vite, Nicodème devrait accepter quelques concessions et réorganiser le budget initialement prévu. « Disons plutôt dans la soirée. » Pour l’heure, la question de la survie du Royaume me semblait bien lointaine et je ressentis un certain soulagement à l’arrivée d’Hermilius. L’homme n’était généralement pas avare en mots, ce qui me permettrait de me replonger entièrement dans un sujet capable de faire trembler aussi bien mon corps que mon cœur : Ezidor. « Noée ? » demandai-je, incrédule. Pourquoi me parlait-il d’une Noée soudainement ? « Non. Qui est-ce ? » Je l’observai et, à sa suite, posai ma main sur son front. « Tu vas mourir si tu ne fais rien. » déclarai-je, sans lui laisser l’opportunité de répondre à ma question précédente. Mes doigts descendirent sur sa joue puis trouvèrent son pouls dans son cou. Je sentis les fondations de mon être se fissurer. Il ne pouvait pas mourir, certainement pas comme ça. Cette perspective piqua mon cœur. « Majesté. Je ne peux qu’appuyer les paroles du trésorier. Le médecin royal ne se sent pas bien et son état a l’air d’empirer. » Un autre médecin serait-il suffisant ? J’en doutais. Les connaissances variaient d’un individu à l’autre. Ezidor m’avait enseigné un art que peu avaient eu l’audace d’approfondir. Qui que fût la personne qui l’avait mis dans cet état, elle le connaissait aussi. « Je vous garantis qu’il possède un art précieux et rare qu’il saura mettre à votre service contre vos ennemis. Il a d’ailleurs plusieurs fois servi les intérêts de votre père en secret. S’il venait à mourir, nous perdrions un atout de taille. » S’il mourait, j’allais devenir fou. « Puis-je m'occuper de lui ? »

854 mots

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 02 Déc 2023, 14:53



Le Roi Sadique


Mes prunelles émeraudes se posèrent sur Stéphanette. Arcange pourrait la soulever sans aucun problème. Suspendue en l’air, retenue que par la fermeté de ses deux mains sur elle, la jeune fille n’aurait d’autre choix que celui de se plier à ses volontés. Il l’empalerait salement, plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle s’évanouît. Nous avions déjà joué à ce jeu-là. Mon frère était imbattable pour provoquer l’inconscience de nos proies, soit qu’il les prît trop violemment, soit du fait de différentes mises en scène. Que ce fût le sang, la chaleur, le froid ou ce qu’il introduisait en elles, ses victimes finissaient immanquablement par tourner de l’œil. Il ne les laissait pas en paix pour autant. Le réveil s’avérait parfois bien plus horrible que ce que ces pauvres créatures avaient précédemment quitter. Face au Mal, il valait mieux rester concentré. Mon imagination me fit concevoir le corps de la d’Ecirava coupé en deux. Peut-être ferai-je tenir sa silhouette debout grâce à une technique de ma connaissance. Habillée en tenue de bal, elle danserait avec Arcange. Deux tableaux en ressortiraient. L’un d’eux mettrait en scène la jeune fille sous un profil intact. L’autre la représenterait sous un autre jour, l’autre profil, torturé et mutilé. Morte, elle piaillerait bien moins. « Chaque action compte, je vous assure. » lui confirmai-je. Les adolescentes étaient le plus souvent faciles à émouvoir. Elles couraient à leur perte, charmées par des compliments qui réhaussaient leur confiance en elles. À cet âge-là, l’esprit était tourné vers soi et le regard des autres. J’avais appris à Arcange tout ce qu’il devait savoir sur l’art de plaire. Son physique était un atout de taille. Le fait qu’il sût séduire le rendait irrésistible. « Votre père me flatte. Je m’emploierai sans doute à immortaliser ces moments. J’ai toujours pensé qu’un peuple devait voir les scènes importantes de son histoire figurer éternellement dans les arts. Peut-être pourrais-je vous représenter en train d’aider mon frère ? Ainsi, dans cent ou mille ans, ceux qui poseront les yeux sur mes tableaux sauront ce que vous avez fait pour leurs ancêtres. » Je lui souris. « À ce sujet, si votre père désire que je mette mes talents à son service, qu’il n’hésite pas à me contacter. » J’acquiesçai ensuite. « Les parents ont souvent du mal à constater que leurs enfants grandissent. » Ou, plutôt, les enfants avaient toujours tendance à se croire plus adultes qu’ils ne l’étaient réellement. « Tout l’honneur sera pour moi. »

Je laissai Arcange prendre le relai sur les soi-disant rumeurs, détaillant plus en avant celui qui accompagnait Stéphanette. Il ne semblait pas épris de la jeune fille. Il était plus âgé qu’elle mais rien ne m’étonnait jamais. Les mœurs étaient souvent impuissantes face aux élans des cœurs amoureux. Néanmoins, en l’observant, il me sembla qu’il n’était pas non plus proche de la blonde. Les gardes, manifestement, le regardaient bien plus lui qu’elle. Qui était-il ? Mon attention se porta ensuite sur les rumeurs. L’effroi et le trouble fusèrent sur le visage de la blonde. Je restai de marbre, attendant la fin de ses tirades décousues. Comment diable la fille d’Ecirava pouvait-elle être à ce point perturbée par la mort de ce cafard ? Arcange avait cent fois plus l’étoffe d’un Roi que le brun. « Allez-vous bien ? Demoiselle Stéphanette ? » fis-je mine de m’inquiéter. En effet, son teint était devenu blanchâtre. Je connaissais les signes avant-coureurs. Intérieurement, je pensai que, pour une fois, mon frère n’avait pas eu à déchirer les entrailles de qui que ce fût pour que l’inconscience gagnât du terrain. « Arcange, elle va tomber ! » Ma voix s’était faite autoritaire, vibrante de l’impérieuse nécessité de rattraper la jeune fille. Autour de nous, les regards admiraient la scène. L’aubaine de rendre le blond encore plus chevaleresque ne se refusait pas. Lorsqu’il la rattrapa, le soulagement se lut sur certains visages. J’expirai à mon tour. « La pauvre petite… » Je levai les yeux vers son compagnon de route. Que faire de lui ? Que faire d’elle ? Que faire des gardes ? Il me semblait périlleux de tuer Stéphanette après avoir été vus en sa compagnie juste avant. « Arcange, veux-tu bien la porter dans tes bras le temps qu’elle aille mieux ? Nous allons la raccompagner chez elle. » Je m’adressai ensuite à Alembert. « Vous pouvez nous accompagner si vous vous inquiétez pour votre amie. »

_____________

« Nous vous remercions de prévenir les d’Ecirava. Leur fille a fait un malaise au marché en apprenant la nouvelle de la mort de Merlin d’Uobmab. » dis-je au premier domestique qui nous reçut dans les jardins de la famille. Je tournai les yeux vers Arcange et lui souris tendrement. Bientôt, je ne doutais pas qu’il rentrerait dans les grâces d’Ezémone et épouserait sa fille. La noblesse l’entourerait de son manteau protecteur et il deviendrait encore plus incontournable dans la vie du Royaume. Réussirait-il à mettre Stéphanette enceinte sans lui casser les os ? Telle était la question.

839 mots
Rose-Abelle (Ange-Lyne):

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Maximilien Eraël
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Maximilien Eraël
Sam 02 Déc 2023, 19:04

Les Portes V


À nouveau tu te trouves gagné par la gêne lorsqu'Ezémone te fait part de sa crainte de te voir partir si tu devais parvenir à réaliser ton souhait, plus encore en suggérant que ton départ serait d'un quasi même acabit que celui d'Olivette ou de Stéphanette. Certains se seraient offusqués de tels propos. Le traitement que subissait la famille et celui des domestiques était trop différent pour y inclure la notion de famille. Il y avait un ravin entre l'amour qu'elle portait à ses enfants et l'affection qu'elle disait t'adresser. Mais tu n'étais pas de ces réactionnaires. Vous viviez dans deux mondes différents, de ce fait la façon de penser les mots et les liens l'était tout autant. De toute façon, tu n'aurais pas eu le temps de t'attarder sur ce détail, trop rapidement surpris en l'entendant vouloir te soutenir dans ton projet. Tu aurais voulu rétorquer qu'elle n'avait pas à se donner cette peine, qu'elle n'avait pas à se soucier de ton avenir, celui de ses filles demeurant plus important. Son autorité naturelle t'empêche cependant de dire quoi que ce soit. D'une certaine façon, sa réaction te rassure tout de même. La voir ainsi était la preuve qu'elle avait, pour l'instant, cessé de se morfondre dans ses noires pensées. Alors si elle devait éprouver du plaisir à te soutenir ainsi, peut-être que la laisser agir était le mieux à faire. Toutes les sources de jouissances étaient bonnes à prendre. Il était si facile de se laisser gagner par la tristesse.

À l'égal de ta maitresse, tu tournes le visage vers la silhouette qui s'approchait à pas vif de votre position. Tu dissimules difficilement un sourire en voyant qu'il s'agissait d'Olivette, rassuré de la voir en pleine forme quoique surpris aussi de son retour si précipité. Un qui s'évanouit bien vite à mesure qu'elle approchait et que tu pouvais constater l'air sévère sur son visage. Qu'est-ce qui s'était passé chez Irène ? Mille hypothèses se bousculent dans ton esprit, chacune plus folle que la précédente. Alors, lorsqu'elle arrive à proximité, tu te glisses hors de ton assise pour saluer le retour de la demoiselle correctement, celle-ci semblant peu encline à l'humour pour l'instant, d'autant plus que tu avais vu le regard critique qu'elle vous avait mutuellement porté, à Ézémone et toi. Le ton d'Olivette à ses premiers mots te pousse à reculer d'un pas. Cette conversation se ferait exclusivement entre la mère et sa fille, et les accusations de cette dernière à l'endroit de sa mère te le confirmèrent. Pourtant , bien que tu sois exclu de l'échange, tu ne peux qu'écouter avec attention les revendications de la plus jeune. Ce qu'elle exprimait de vives voix c'était tes propres craintes qui avaient inondé ta poitrine le jour où tu eus appris l'existence du Cercle des Amis d'Eliséa. Une crainte qui n'avait fait que gonfler lorsque Stéphanette t'eut dévoilé, entre autres révélations aussi troublantes qu'elles pouvaient être gênantes, qu'Ézémone prévît de marier sa cadette à Merlin. Lové dans ton mutisme, tu jettes à intervalles réguliers de vives oeillades sur la matriarche. À en juger par la raideur de ses traits, elle n'allait probablement pas prendre les caprices de sa fille comme celle-ci l'aurait souhaitée. Ce fut même bien pire que ce à quoi tu avais songé, sursautant au claquement sec de la main sur la joue d'Olivette. Sans relever les yeux, tu t'obliges à garder les pieds ancrés au sol et la bouche close. Tu aurais voulu prendre la défense d'Olivette, mais est-ce que ça aurait été utile ? Rien n'était moins sûr. Discrètement tu suis la demoiselle du regard avant d'être interpellée par Ezémone. « O... Oui Madame. ». Et, après un signe de la tête, tu gagnes la partie de la demeure réservée aux domestiques.

Malgré la suggestion d'Ezémone, tu avais plutôt envisagé reprendre le travail où tu l'avais arrêté plus tôt. Cependant, ton cerveau bouillonnait trop des événements de la matinée et il t'était impossible de te concentrer pleinement sur ce que tu faisais, preuve en était les perles rouges qui perçaient ton épiderme suite à une mauvaise manipulation des fleurs dans la roseraie. Parmi tes tourments, il y avait bien sûr l'état dans lequel s'était trouvée Ezémone suite à l'annonce de la mort de Merlin, ainsi que la dispute initiée par les idées d'Olivette. Mais, et surtout, il y avait aussi Noée. Elle travaillait pour les Tuorp. Si Merlin était mort, l'avenir de Gustave et Hermilius se trouvait à présent incertain. Par effet domino, celui de leurs domestiques aussi. Celui de Noée. Pour cette raison tu avais finalement mit en application la suggestion de ta maîtresse, non pas pour rejoindre la ville, mais pour aller jusqu'à la demeure des Tuorp. La première chose qui t'interpelle sur place fut la présence d'une voiture marquée de l'armure de la couronne. Zebella était-elle déjà sur place ? L'inquiétude croît à mesure que tu approches la demeure. « Excuse-moi. Bonjour. » interpelles-tu le premier domestique que tu vois. Un jardinier, comme tu l'étais. Après un regard sur la haie qu'il taillait en des lignes géométriques parfaites, tu l'interroges sur la présence de Noée. « Noée ? Pourquoi tu la cherches ? » - « Je m'inquiète pour elle. ». Le regard interrogatif qu'il te jette te pousse à continuer. « Merlin a été tué. » commences-tu sur le ton de l'évidence, persuadé que la nouvelle reine était présente. « Du coup- » - « Ah ! Enfin ? » t'interrompt-il. « Je comprends mieux le départ précipité des Tuorp. ». Tu marques un temps d'incompréhension. « Comment ça "le départ" ? Et la calèche dans l'allée ? ». Le jardinier se tourne vers le véhicule. « Ça ? C'est Adénaïs d'Etamot. Si elle est toujours là, Noée doit être avec elle. ». Il te dévisages longuement avant de soupirer, convaincu par ton air déterminé. « Contournes le manoir par l'est du jardin. Y a une petite porte au pied de la tour là-bas. Vois avec les domestiques. ». Tu hoches de la tête et, sans perdre un instant, suis la direction indiquée.

La surprise marque le visage de la demoiselle que tu manques d'assommer en ouvrant la porte. « Ah ! Désolé. » - « Qui êtes vous ? » t'interroge-t-elle vivement, entre défiance et méfiance. « Doléas, le fils de Noée. J'aimerais lui parler. ». Une forme de gêne dessine le visage de la servante. « Je crois pas que ce sera possible pour l'instant... » articule-t-elle lentement, ses doigts tapotant nerveusement le plateau qu'elle avait sous le bras. Un laps de temps s'écoule avant que tu ne reprennes la parole. « Comment ça ? Pourquoi ? ». Chaque refus que l'on t'accordait accélérait un peu plus ton rythme cardiaque. Qu'est-ce qui se passait dans cette maison bon sang ! « C'est... Enfin... C'est que... » - « Que quoi ? » t'agaces-tu finalement. Toi-même était surpris de ta propre réaction en fait, aussi prends-tu une longue inspiration avant de reprendre, plus calmement. « Je dois la voir. Je vous en prie. ». Qu'est-ce qui l'empêchait de s'exprimer ? C'était la question qui tournait en boucle dans ta tête depuis une minute maintenant. Ce n'était forcément pas un bon signe. La domestique inspira profondément. « Très bien. » soupira-t-elle, baissant les bras en constatant qu'elle n'arriverait pas à te faire changer d'avis. « Suivez-moi. » t'intime-t-elle donc en tournant les talons. « Le seigneur Gustave a ordonné de l'enfermer. ». Tu papillonnes des yeux. C'était quoi encore ça ? « Elle s'en est prise violemment à lui. Et à Dame d'Etamot également. ». On pouvait sentir la difficulté avec laquelle elle te fais cette révélation comme l'incompréhension déforme ton visage. C'était une blague. Tu ne voyais que ça. « C'est là. Peut-être que tu arriveras mieux que les autres à savoir pourquoi elle a fait ça. » te souffle-t-elle ensuite en tournant la clé dans la serrure. A peine le cliquetis du verrou eut-il retentit que tu pousses la porte pour traverser la pièce et rejoindre ta mère. « Maman ! ». Malgré ce que t'avais raconté la domestique, tu défais les liens qui la maintenait immobile. « Maman ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
©gotheim pour epicode


Post X | Mots 1281+


We were never welcome here ~ Night time or morning time, we're going strong

Don't you tell me what you think that I can be

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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Dim 03 Déc 2023, 00:44




Le Roi sadique

En groupe | Lana


Rôle - Yvonelle d'Etamot (mariée de Tuorp) :


Le cœur d’Elzibert battait-il encore ? Il lui semblait qu’il n’en demeurait qu’un tas de cendres glacées. Avait-il brûlé trop vite et trop fort, dévoré par une insatiable passion ? Avait-il épuisé tout l’amour qu’il éprouvait pour elle ? Quand il avait parlé d’elle, dans la calèche, Yvonelle s’était sentie à la fois méprisée et rabaissée. Elle avait essayé de se souvenir de la première fois que ce ressenti l’avait frappée, sans succès. L’habitude avait tranquillement pavé son chemin, jusqu’à se fondre dans la normalité du quotidien. Alors que quelques minutes plus tôt, elle croyait impossible qu’il levât la main sur elle, il avait clairement menacé de la tuer – de les tuer. Ses propos l’avaient tant sonnée qu’elle avait été incapable de formuler la moindre réponse – Hermilius l’avait fait pour elle, provocant comme il savait si bien l’être. Elle s’était contentée de fixer son frère, ébahie ou blessée – les deux, sans doute. La peur avait tenté de se faufiler jusqu’à sa poitrine : un refus catégorique lui avait barré la route. Ce ne pouvaient être que des paroles en l’air. Comment aurait-il pu vouloir l’assassiner ? Il était juste en colère, agacé, vexé ; il ne le pensait pas vraiment. Elle ne voulait pas y croire, comme elle ne voulut pas croire la petite voix qui lui souffla qu’il se moquait totalement de sa musique et de tous ses projets. Elle releva les yeux vers lui. « Oui, je me rappelle. Pourquoi ? » Ce soir-là, elle avait beaucoup ri. Rosette pulsait d’une telle énergie qu’elle semblait inarrêtable, Natanaël l’avait fait danser jusqu’au bout de la nuit, Déodatus était toujours en vie, et Elzibert était encore lui-même. Si elle avait été d’humeur plus joviale, elle aurait sans doute évoqué ce moment où la rousse avait glissé une poudre laxative dans le verre de la vieille Esueich. Cependant, à cet instant, toute notion de joie lui échappait. Elle faillit se frayer un chemin dans sa poitrine – mais l’échec fut presque immédiat. « J’aimerais aussi que ce soit comme avant. » Ses prunelles brillèrent d’un espoir craintif. Elle s’apprêtait à enchaîner sur ce qui pourrait, à son sens, arranger leur situation, mais dès qu’il reprit la parole, tous ses mots se brisèrent dans sa gorge. Elle fronça les sourcils, le palpitant froissé par la poigne terrible de la trahison. « Comment ? » Hermilius choisit ce moment pour les quitter. Elle le suivit des yeux. Lui, il plaçait sa foi en elle. Il l’estimait. Ses propos résonnèrent dans sa tête et dans son cœur. Ils étaient aussi encourageants que douloureux – parce que ce n’était pas lui qui aurait dû les prononcer, tout comme ce n’était pas lui qui aurait dû lui racheter des instruments après l’incendie, pas lui qui aurait dû l’écouter jouer durant des heures, pas lui qui aurait dû aimer passer du temps avec elle et prendre la peine de lui changer les idées. Le conseiller disparut, avalé par la salle de réunion, et dans son sillage restèrent suspendus ses mots : ceux qui n’ont pas la musique dans le cœur sont déjà morts intérieurement.

Le contact du corps d’Elzibert contre le sien lui parut glacé. Le regard fixé sur la porte, elle ne réagit pas tout de suite. Ses pensées défilaient, s’entremêlaient, s’empêtraient, engluées par ses émotions et ses sentiments. « Je ne sais pas. » finit-elle par dire. « Je voulais qu’on discute aussi. Comme tu l’as proposé pendant le repas… » Ses iris coulèrent jusqu’à lui. « Mais si depuis le début tu n’es pas capable de faire la différence entre moi et une autre femme, alors peut-être que ça ne sert à rien de parler. » Elle se fit violence pour ne pas lâcher sa main. Elle avait l’impression que si elle rompait le contact, tout serait perdu. Dès que ses prunelles se fondaient dans les siennes, elle se mettait à croire que tout était possible, qu’ils pouvaient tout arranger, puisqu’ils le désiraient tous les deux. Puis le souvenir de la violence de ses paroles heurtaient ses idéaux. Les théories d’Hermilius l’effrayaient, et elle se surprenait à regretter qu’il ne l’eût pas emmenée avec lui. Tout se troublait, et dans ces eaux noires, elle se noyait. Elle se cramponnait un peu plus fort à une illusion qu’elle aimait mais qui n’avait peut-être jamais existé. Elle oscillait, encore. « Ce n’était pas moi, ce soir-là. Apparemment, j’étais déjà parfaitement interchangeable à l’époque. » En dépit de sa bonne volonté, l’amertume tenait sa gorge dans un étau. Allait-il la frapper ou pire, la tuer, comme il l’en avait menacée dans la calèche ? Son déni avait lutté contre la peur ; mais les murailles avaient cédé, et désormais, elle était là, installée bien au chaud entre les valves de son cœur. Elle bataillait contre son ire, qui ne demandait qu’à exploser et se planter en millier d’éclats dans la poitrine de son amant. Sa main abandonna la sienne. « Moi au moins, j’ai toujours eu la décence de savoir quand je couchais avec Natanaël ou avec toi, et de marquer la différence entre vous deux. Ça te coûte trop, de me respecter ? De me considérer ? » La désirait-il seulement ? Ou voulait-il juste coucher ici parce que l’interdit l’excitait ? Était-ce pareil avec les autres, étaient-elles attrayantes parce qu’illicites ? Tiendrait-il la cadence ou l’abandonnerait-il en cours de route ? Avait-elle vraiment envie de faire l’amour avec lui, alors qu’elle semblait à peine exister à ses yeux ? Elle se remémora sa conversation avec Hermilius. Sa certitude qu’il n’y avait rien à sauver. Les doutes de la nuit et l’espoir du lendemain. Était-ce de la stupidité ? « Tu comptes passer ta vie à m’humilier ou tu vas enfin décider de me soutenir dans mes projets, de passer du temps avec moi, de m’aimer ? »



Message XI – 974 mots


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Aubépine Percefeuille
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◈ Activité : Étudiante à Basphel
Aubépine Percefeuille
Dim 03 Déc 2023, 19:42


Les Portes V - Le Roi sadique
Aubépine dans le rôle d'Olivette

Rôle:
Le bruit de l’impact précéda la douleur du choc de quelques secondes, si bien qu’Olivette se retrouva à fixer un coin du jardin sans avoir tout à fait bien compris ce qu’il s’était passé. Son oreille sonnait comme si un oiseau était venu se percher sur son épaule pour s’y égosiller d’une voix stridente. D’abord aiguë, la douleur de la gifle s’était ensuite éparpillée sur sa joue en petits picotements avant de se diffuser vers le reste du visage en une chaleur cuisante. La jeune fille refusa d’y porter la main pour en atténuer la morsure ; elle cligna des yeux, chassant ainsi les larmes qui y étaient montées, et reporta son attention vers la matriarche. Sans piper mot, elle la suivit d’un pas plus mesuré – mais tout de même assez rapide pour éviter de se faire tirer de force à l’intérieur de la maison. Elle observait les boucles rebondir en saccades brusques dans le dos de sa mère tandis qu’elle tentait de démêler ses émotions. Plus que la gifle, c’était son image qu’Olivette garderait en mémoire pendant longtemps : échevelée, furibonde, son masque de glace parcouru de fissures fumantes. Que penser, que ressentir devant pareille réaction ?
Sans doute avait-elle commis une erreur en lui parlant ainsi devant Doléas. Non seulement c’était un domestique - proche de son âge, qui plus est - mais c’était aussi l’amant de sa mère. Celle-ci cultivait son ego comme lui cultivait leur jardin et y porter atteinte devant autrui ne pouvait que résulter de façon désastreuse. Dans le petit cercle clos de leur famille, c’était déjà une entreprise extrêmement dangereuse ; on en ressortait rarement indemne. C’était l’une des raisons pour laquelle elle s’était tue si longtemps malgré le potentiel d’une alliance avec une journaliste si influente. Un rictus amer tirailla la commissure des lèvres de la petite brune. Le soulagement teinté d’espoir qui l’avait envahi après son emportement n’avait pas duré bien longtemps. La colère l’avait remplacé et était en grande partie dirigée contre elle-même. Avait-elle vraiment cru pouvoir faire entendre raison à sa mère ? S’était-elle mis à croire aux contes de Faes pour de bon ?

Sagement, elle s’assit sur le fauteuil indiqué par sa mère et posa les mains à plat sur ses genoux, bien droite. Elle attendit. Quelques minutes plus tôt, elle aurait refusé, mais la claque avait agi sur elle et ses idées enflammées comme une douche froide. Elle serait plus vite sortie de là si elle encaissait docilement les remontrances de sa mère. Ce n’était pas si difficile, toute sonnée qu’elle était.
D’ailleurs, ses hochements de tête contrits étaient sincères, du moins au début ; les premiers reproches faisaient mouche. En effet, elle avait pris un gros risque en se déchaînant ainsi en présence du jardinier. Même si elle était presque certaine qu’il ne présentait pas de danger, au point où elle avait même envisagé de lui proposer de rejoindre le Cercle, on ne pouvait pas nier que ça avait été stupide de sa part. Le jardin était l’endroit idéal pour faire traîner des oreilles. Si elle avait effectivement pris la décision de s’entretenir avec sa mère, ce n’était pas les conditions qu’elle avait imaginées. La journée éprouvante qu’elle venait de passer lui avait fait perdre ses moyens. Ça, elle pouvait le reconnaître. Ses acolytes auraient été mortifiés si ils avaient eu vent de ce qu’elle venait de faire.
Contre toute attente, les paroles de la matriarche ravivèrent le fol espoir que peut-être, celle-ci partageait son opinion. Olivette crispa ses doigts sur le tissu de sa jupe et releva imperceptiblement les yeux. Elle croyait déceler dans toutes ces exhortations à la prudence des sous-entendus qui faisaient écho à ses désirs les plus profonds. La journaliste avait-elle caché son jeu depuis tout ce temps ? « Maman... » murmura-t-elle, dans l’expectative.

La suite tua dans l’œuf les attentes qui s’étaient remises à bourgeonner dans son esprit. Ou, pour être plus exacte, elle les anéantit, les écrabouilla, les carbonisa.
Tout va très bien ? Tout va très bien ? La phrase ricochait dans sa tête, plus abrasive et dissonante à chaque collision. Olivette dut enfoncer les ongles dans la chair de ses cuisses pour ne pas se lever d’un bond. Comment sa mère pouvait-elle être aussi aveugle ? Malgré leurs accrochages, la jeune fille avait toujours estimé la matriarche pour son intelligence, son flair et son sang-froid dans les situations sociales qui réclament un certain doigté. C’était son journal qui l’avait poussée à développer un esprit critique dès le plus jeune âge. Désillusion ou stupidité, qu’importe ; quelle que soit la cause de cette déclaration, l’adolescente la vivait comme une profonde trahison. La rage qu’elle pensait éteinte inondait de nouveau son corps, se déversant en vagues brûlantes dans ses veines comme si un barrage avait brusquement cédé.
Et elle osait la qualifier d’égoïste ? Elle était comme tous ces autres nobliaux désireux de se voiler la face tant qu’ils y trouvent leur compte. Elle ne lui ferait pas croire qu’il ne s’agissait que de mettre leur famille en sécurité ; ce qu’elle voulait, c’était se mettre dans la poche des usurpateurs pour continuer à jouir de ses richesses et de son statut. Ses tentatives pour la faire culpabiliser ne la touchaient pas. Leur père était aussi intelligent que son épouse, si ce n’est plus perspicace. Il saurait gérer la situation. Quand à ses leçons sur la politique, elles n’étaient que de la poudre aux yeux.

Lorsque la matriarche évoqua de nouveau ses ridicules desseins de fiançailles avec Merlin, la jeune fille se couvrit le visage de la main, feignant de masser sa joue endolorie. Une crise d’hilarité nerveuse menaçait de la faire craquer à tout moment. Alors, même après le brutal assassinat de l’avorton, elle pensait encore que son fantasme absurde avait eu du sens ? Stéphanette et elle avaient peut-être plus de points communs qu’elle ne le pensait. Combien de verres d’alcool avait-elle ingurgité, au juste ?
La menace coupa court aux soubresauts qui l’agitaient. Alors, elle prit une profonde inspiration et desserra les mains, qu’elle avait jointes en un étau de chair qui faisait blanchir les os de ses doigts.
Calmement, les traits lisses et recouverts du voile de la soumission feinte, elle prit la parole.

« Je crois qu’il va malheureusement falloir que vous mettiez votre menace à exécution, mère. » Elle sourit tristement, l’air désolé. « Vous devriez même me battre jusqu’à l’inconscience et m’attacher dans mon lit comme le fait le bon docteur avec sa folle de femme. » Elle soutint un instant le regard de sa mère. Il lui était évident qu’elle n’avait pas eu vent d’actes d’une telle barbarie, sans quoi elle n’aurait jamais envoyé une de ses filles là-bas. « Il n’y a que comme ça que vous pourrez me garder sous votre contrôle. C’est bien ça que vous voulez, n’est-ce pas ? Que Stéphanette et moi restions vos petites poupées de porcelaine, jolies et muettes, jusqu’à ce qu’un homme ne nous emporte en échange d’un peu de notoriété supplémentaire pour les d’Ecirava ? J’admets avoir manqué de prudence, mais je ne m’excuserai pas d’avoir pris la décision de penser par moi-même. J’ai ouvert les yeux et vous ne pourrez pas me les refermer de force. » Sans savoir comment, la petite brune s’était retrouvée debout. Son calme de façade avait déjà volé en éclats. Elle avait envie de hurler. « Nous sommes nombreux à croire en notre royaume. Au royaume de Lieugro. » Elle grossissait un peu le trait, mais sa mère ne pouvait pas le savoir. « Faites ce que vous voulez de moi, mais la révolution est déjà en marche, que vous le vouliez ou non. Qu’est-ce qu’un coup d’état si ce n’est une révolte menée par la bonne personne ? Si vous m’aviez écoutée, vous auriez compris que je ne vous demandais pas de traîner dans la poussière le nom des usurpateurs dans votre prochaine tribune. Tout ce que nous cherchons à faire, c’est préparer le terrain en attendant le retour des véritables héritiers. Que notre peuple n’oublie pas un instant le danger dans lequel il se trouve. Comment pouvez-vous penser être en sécurité dans le camp de ceux qui sont prêts à massacrer leur propre famille pour plus de gloire et de pouvoir ? » Des larmes de rage faisaient briller ses iris. Un éclat de rire acerbe jaillit de sa gorge comme un crachat. « Remarque, n’est-ce pas ce que vous aviez en tête en me vendant à Merlin ? D’un côté, vous me jugez trop sotte pour me forger mes propres opinions et vous tenir tête mais de l’autre, vous m’estimez capable d’empêcher un tyran connu pour ses pulsions de violence de m’arracher la tête si l’envie lui prenait après m’avoir utilisée comme bon lui semble ? Même si il avait décidé de me garder en vie pendant quelques temps, j’aurais sans aucun doute fini enceinte avant la fin de sa cour officielle. On dirait bien que je ne suis une enfant de douze ans que lorsque ça vous arrange. » Elle ravala un sanglot hargneux et détourna vivement le regard. La vision du corps meurtri d’Irène dansait devant ses yeux. Cette pauvre femme aurait pu être elle – ou Stéphanette. Ses doigts, agrippés à ses coudes, tremblaient. «...Ce que je vous ai dit à propos Irène d'Errazib est vrai. Je l’ai trouvée enchaînée dans son lit, couverte d’hématomes, fiévreuse. Selon les domestiques, c’est Ezidor De Xyno qui a ordonné son enfermement. Il est vivant. Je lui ai promis de lui envoyer de l’aide, mère. » Elle se mordit les lèvres, embarrassée de devoir lui demander de l’aide après un tel esclandre. Si la matriarche confirmait posséder un cœur de pierre, elle se tournerait vers son père. Elle avait d’autres contacts, mais qui sait quand elle serait de nouveau autorisée à mettre un pied hors du domaine familial ?

Message X - 1645 mots


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Explications


Bonjour/soir 8D

Et voilà, nous sommes au dernier tour du RD avant la pause hivernale  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 13 4116475107

Merci à tous d'avoir participé  nastae

Rps importants
----- Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectif secret : N'hésitez pas à le relire et à mettre tout en œuvre pour le réaliser.

Secret : Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement.

Voilà !  

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  

Participants


En jeu :
- Faust (Gustave) : XVI
- Laen (Hermilius) : XII
- Eibhlin (Adénaïs) : XIV
- Lucius (Elzibert) : XII
- Lana (Yvonelle) : XV
- Thessalia (Irène) : XV
- Dorian (Ezidor) : XVI
- Wao (Merlin) : XXII - Mort
- Perséphone (Ezémone) : XI
- Alcide (Nicodème) : XI
- Lenore (Stéphanette) : X
- Aubépine (Olivette) : X
- Rose-Abelle (Ange-Lyne) : XI
- Cal (Arcange) : XI
- Jil (Noée) : VIII
- Nefraïm (Doléas) : X
- Tekoa (Childéric) : IX
- Susannah (Zébella) : XVIII
- Stanislav (Alembert) : XIV

Deadline Tour n°12


Dimanche 10 décembre à "18H"

C'est le dernier tour !

Gain Tour n°12


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Un pouvoir majeur en rapport avec votre personnage. (On se met bien pour la fin o/)

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Les Portes V - Le Roi sadique
Ezémone



Ezémone d'Ecirava:

Résumé qui spoile pour ceux qui ont la flemme de lire cette affreuse tartine:

C'était un de ces jours. Un de ces jours où tout allait de travers, où un homme sage aurait recommandé de baisser les bras en attendant que l'orage passe, où le monde entier invitait chacun à aller se faire voir, et Ezémone était tentée de faire de même, avec sa plus jeune fille en l'occurrence. Olivette pouvait-elle choisir pire jour pour décider de tenir tête à sa mère ? Ses seins poussaient un peu, un peu de rose sur ses joues, et elle pensait que cela lui donnait d'office le droit d'imposer ses opinions comme si c'était un dû et qu'elle était déjà une dame. Elle la ramenait à sa propre adolescence, à ses propres certitudes et croyances, et ça lui était odieux. Sa jeunesse avait été semée d'erreurs, qu'elle avait été prompte à mettre sur le compte de l'absence de ses propres parents car il était facile de blâmer les parents plutôt que porter sur ses épaules la charge de ses responsabilités. Qu'ils soient là ou non, sévères ou laxistes, fortunés ou pauvres, tous les maux leur appartenaient, et si tout allait mal, c'était nécessairement eux les fautifs.

Les mâchoires contractées, la violette se mura dans un silence hostile en accusant l'une après l'autre les flèches tirées à son encontre. Certaines faisaient plus mouche que d'autre mais Ezémone s'apitoierait un autre jour sur le portrait qu'Olivette peignait d'elle. Cela lui passerait, avec le reste de ses illusions. Avec un calme qui contrastait avec la farouche plaidoirie de sa fille, la mère appuya son dos contre son fauteuil, ses mains sur les accoudoirs, comme faussement indifférente. Les mots claquaient, emplis de violence et de rage. Au milieu de cette tempête, Ezémone décelait une frustration jumelle à la sienne, bien que provenant de sources totalement opposées. Peut-être était-ce l'alcool, peut-être était-ce sa conversation avec Doléas, peut-être avait-elle déjà évacué sa colère dans la gifle envoyée plus tôt, toujours est-il qu'elle ne lui fit pas le plaisir de l'accompagner dans son escalade d'accusations et de doléances. Son regard se fit calculateur. Tout cela était manifestement le fruit de réflexions approfondies qui ne dataient pas d'hier. Comment avait-elle pu ne pas voir ce qui se produisait sous son propre toit ? Son aveuglement la mit face à ses défaillances de mère. Elle n'avait pas prêté suffisamment attention à ses filles. Endormie par leur apparente docilité, elle n'avait pas vu leurs désirs personnels se développer, leurs idées germer et croître comme des mauvaises herbes. Les brûler et jeter du sel sur ces racines requerraient un doigté qui dépassaient les compétences d'un jardinier mais elle vivante, jamais elle ne laisserait ses enfants soutenir la famille royale déchue, pas tant qu'elle n'avait pas sous les yeux le cadavre de Garance. Elle se fichait de qui ceignait la couronne tant que ce n'était pas cette harpie. Elle se doutait que la maison de Lieugro avait encore du soutien au sein du Royaume, mais qu'Olivette en fasse partie était inacceptable. Elle tuerait dans l'œuf ses idéaux, quitte à se faire haïr de sa propre fille.

Ses sourcils frémirent de surprise à la mention d'Irène d'Errazib et du retour du médecin. Ses réflexions adoptèrent un virage éloigné des plaintes de sa fille pour se concentrer sur ces nouvelles informations. Ses ongles grattèrent l'accoudoir. Le retour d'Ezidor avait-il quelque chose à voir avec la mort de Merlin et le retour de Zébella ? Qui fallait-il contacter pour libérer et sauver Irène ? Devait-elle le remonter aux autorités ? Ezidor restait-il médecin royal ? Depuis combien de temps enfermait-il sa fiancée ? Chaque question en amenait une autre. « Je ne prendrai pas de décision à la légère. » fit-elle enfin en relevant les yeux sur sa fille. « Nous ne laisserons pas Irène aux mains d'un homme violent qui abuse d'elle. Cela dit, son statut interdit que nous précipitions les choses. Mais ce sujet n'est pas de ton ressort. Nous avons eu de la chance qu'Ezidor de Xyno n'était pas présent au domicile d'Irène quand tu t'y es présentée. Cela dit, il apprendra ta présence par les domestiques, et remontera aisément jusqu'à nous si nous agissons. Il ne sert donc à rien d'agir dans l'ombre. » Songeuse, Ezémone se mordilla la lèvre inférieure. Un plan prenait forme dans son esprit. Il était dangereux, mais toutes les options sauf celle de la lâcheté l'étaient. Or elle n'était pas devenue une journaliste populaire en se montrant lâche. « Je m'en occupe, Olivette. Pour le reste... » Son visage se ferma et ses pupilles se durcirent. Plus qu'elle n'osait l'affichait, plus qu'elle n'osait l'assumer, ses propos chargés de poison l'avaient blessée. Elle voulait oublier, se convaincre que c'était la colère qui avait animé les lèvres de sa fille et qu'elle ne pensait pas réellement tout cela. L'inquiétude de la savoir soumise à des idéaux rebelles rongeait son coeur comme si son sang s'était transformé en acide dans ses veines. Elle détourna son regard qui s'embuait malgré ses efforts pour maîtriser ses émotions. « Tu te trompes. Je ne vous considère pas comme de petites poupées. Je souhaite que, comme moi, vous sachiez réfléchir et qu'un jour, vous soyez capable de prendre les meilleures décisions pour vous-mêmes. En attendant ce jour, c'est moi qui décide, que cela vous plaise ou non. Tu peux crier plus fort encore, et me détester, ça ne changera rien. » Elle ne perdit pas de temps à lui expliquer que c'était pour elle qu'elle le faisait. Il y avait bien sûr de l'égoïsme dans ses choix, mais c'était avant tout pour leur avenir qu'elle s'échinait autant. Elle le réaliserait plus tard, peut-être. Elle ne le faisait pas pour obtenir leur gratitude de toute façon. Les enfants étaient ingrats par essence. Il y avait des jours comme aujourd'hui où elle détestait ses filles. Elle ne les aimait pas tous les jours. Souvent, elles ne provoquaient chez elle que de l'épuisement ou de l'énervement. Il y avait des jours où elle avait envie de les secouer pour leur mettre du plomb dans la tête, où elle aurait même voulu ne jamais être leur mère. Mais ces instants étaient toujours engloutis par son amour inconditionnel et incontrôlable pour elles. Elle savait qu'elle se sacrifierait pour elles s'il le fallait, qu'un monde sans elles ne valait rien. Une partie d'elle était déjà morte auparavant en abandonnant son premier enfant. Perdre ses deux dernières n'était pas envisageable, elle ne le supporterait pas. « Nous reparlerons plus tard de tout cela. Va dans ta chambre pour le moment, je dois m'occuper d'Irène et je dois me rendre en ville pour le journal. »




« Comment ? » Ezémone enfilait ses gants pour quitter leur maison quand Eugène vint la prévenir des visiteurs ramenant Stéphanette. Blanche comme un linge, elle serra de toutes ses forces les poings jusqu'à sentir un éclair de douleur traverser ses phalanges. « Et moi qui pensait que la journée ne pouvait pas plus mal se poursuivre. » marmonna-t-elle. « Accompagnez-moi, je vais les recevoir. » Vivement, elle se hâta sur le chemin en gravillons et aperçut les silhouettes du frère et de la soeur Reknofed, suivie de son domestique. Son coeur cessa de battre en apercevant la tête blonde dans les bras du plus grand. Éprise d'un affreux pressentiment bien qu'Eugène lui eut répété les mots d'Ange-Lyne, elle se précipita sur Arcange pour prendre la main de Stéphanette. Le visage de l'aînée avait perdu ses couleurs et la voir inerte figea son sang en glace. « Est-ce qu'elle va bien ? » balbutia-t-elle tout en vérifiant que sa poitrine se soulevait toujours. Elle prit sa main et la serra, le visage transfiguré d'angoisse, avant de sembler se souvenir de la présence des deux blonds. « Pardonnez-moi. J'en oublie tout sens des convenances. En la voyant ainsi, j'ai eu peur que... Merci. Merci infiniment d'avoir pris le temps de la ramener chez nous. Je suis si heureuse qu'elle ait été entre de bonnes mains avec vous. Votre présence est une bénédiction pour nous tous. De savoir qu'il y a quelqu'un sur qui l'on peut compter n'a pas de prix. Je ne sais pas comment vous en être reconnaissante. Eugène, voulez-vous bien porter Stéphanette jusqu'à sa chambre et contacter un médecin pour qu'il vienne l'examiner, s'il vous plaît ? » Elle suivit un instant du regard la silhouette tordue du domestique transporter sa fille avant de revenir sur les étrangers. Encore tremblante de la peur bleue et déraisonnée qu'elle venait d'avoir, elle peinait à ne pas tenir des propos décousus. Elle se râcla la gorge et cessa de se tordre les mains de nervosité pour lisser le jupon de sa robe. Elle esquissa un sourire vacillant. « Peut-être puis-je vous inviter à dîner dans les prochains jours ? Nous en parlions avec mon époux en recevant vos lettres. Et après ce que vous venez de faire pour notre fille, ce serait une offense grave de ne pas le faire. J'ose ajouter que Nicodème a grand hâte de vous parler, Ange-Lyne. Je ne sais pas si vous le savez mais c'est un grand amoureux des arts, il connaît déjà vos travaux, naturellement. Votre présence l'enchantera au plus haut point. Je songeais à acquérir l'un de vos tableaux en guise de cadeau pour une surprise, peut-être pourriez-vous me conseiller l'une de vos peintures ? » Elle jeta ensuite un coup d'oeil à sa montre à gousset et prit une courte inspiration. « Pardonnez mon impolitesse, mais j'ai beaucoup à faire étant donné la situation actuelle du Royaume. » À quel point étaient-ils proches de Merlin ? Et de Zébella ? Craignant de commettre un impair maladroit, Ezémone préféra passer sous le silence le sujet houleux du moment. « Je vous enverrai un courrier pour vous proposer plusieurs dates pour ce dîner. Vous choisirez celle qui vous conviendra le mieux. J'ai très hâte de vous recevoir. » Ses dernières salutations effectuées, Ezémone revint à l'intérieur le temps d'instruire les domestiques de recevoir le médecin pour sa fille et de garder un oeil sur les deux en son absence.




Les heures défilèrent, si rapidement qu'il faisait déjà nuit lorsqu'Ezémone prit sa calèche pour revenir chez elle. Elle étouffa un bâillement épuisé en laissant Suzette la débarrasser de ses affaires dans l'entrée. « Nicodème est-il rentré ? » « Oui, madame, il est dans ses quartiers. » Elle la remercia et rejoignit Nicodème. Elle avait pour règle tacite de le laisser à sa solitude et sa tranquillité lorsqu'il s'isolait dans ses quartiers où chaque mètre carré était occupé par une œuvre d'art, mais les circonstances les forçaient à faire des exceptions. Elle poussa la porte et s'introduisit là où le trésorier se cachait. Elle sonda les pièces jusqu'à le trouver. Une vague de soulagement la parcouru. En silence, elle vint s'asseoir sur un banc dans la pièce et laissa ses épaules redescendre. Un soupir gravit ses lèvres alors qu'elle regardait sans vraiment la voir la peinture face à elle. « Je me suis disputée avec Olivette aujourd'hui. » lâcha-t-elle. Ce n'était pas ce qu'elle avait eu l'intention de dire en premier mais le sujet l'avait préoccupée toute la journée, l'empêchant de se concentrer aussi efficacement qu'elle l'aurait voulu. « Il semblerait qu'elle ait rejoint un groupe de rebelles qui complotent pour faire revenir les héritiers de Lieugro au pouvoir. J'ignore qui l'a endoctrinée, mais j'ai mis l'un de mes employés au journal sur l'affaire. Je vais les anéantir. Au nom de quoi se permettent-ils d'entraîner une enfant dans des problèmes bien trop gros pour elle ? Le plus important cependant, est de sécuriser Olivette. Avec Uobmab au pouvoir, c'est trop dangereux de la laisser poursuivre ces activités. » Elle ficha son regard dans le sien. « J'ai de la famille à la campagne. Mon oncle et ma tante. » Présents à leur mariage, ils leur rendaient également parfois visite. Ezémone rechignait à quitter la capitale de peur que ses employés fassent n'importe quoi avec son journal, mais elle leur était trop reconnaissante pour les ignorer après ce qu'ils avaient fait pour elle. « Ils m'ont accueillie par le passé, peu avant notre rencontre. Je pense que l'air de la nature, loin des intrigues de pouvoir, coupée des influences néfastes, lui feront le plus grand bien, comme pour moi auparavant. » Elle examina ses doigts maculés d'encre et frotta distraitement bien que les tâches ne partiraient pas si facilement. « Peut-être que tu devrais aller lui parler. J'ignore si elle a mangé aujourd'hui. Et Stéphanette a fait un malaise en ville, je ne sais pas si nos domestiques te l'ont dit. Arcange et Ange-Lyne Reknofed ont eu la gentillesse de nous la ramener. Elle doit être réveillée maintenant. J'irais voir comment elle va. Elle doit avoir très mal pris le trépas soudain du Roi. » Elle n'était pas la seule dans ce cas, songea-t-elle intérieurement. « Comment est notre nouvelle Reine sanguinaire ? » demanda-t-elle avec une pointe d'humour un peu noir. « J'espère qu'elle a le sens de la justice, parce que j'ai chargé un coursier de lui porter une note signée de mon nom. Tu savais qu'Ezidor de Xyno était réapparu ? Je pensais qu'il était mort, depuis le temps. J'ai pensé que notre souveraine me serait reconnaissante si je lui apprenais que le médecin royal tenait en captivité sa fiancée, battue et mal en point. » articula-t-elle avec froideur. « Je suis curieuse de voir comment elle réagira et quelle action elle entreprendra. Ce sera assez révélateur. Heureusement pour Olivette, ce médecin fou n'était pas présent quand elle s'est présentée chez la d'Errazib, sinon je n'ose imaginer ce qu'il aurait pu lui faire. Tu te rends compte ? On disait d'Irène qu'elle était folle. On ne se méfie jamais des bonnes personnes. »

Message XII | "C'est comme une série, le dernier épisode est toujours plus long" mots

Pour le dernier point sur le message qu'Ezémone fait à Zébella, j'ignore encore comment Zébella va réagir car elle a promis de laisser Ezidor à Childéric. Sans cela, elle aurait certainement ordonné la mort d'Ezidor. À la place, elle verra certainement avec Childéric ce qu'il convient de faire et peut-être proposer de faire croire à la mort d'Ezidor et de lui faire quitter le Royaume, je ne sais pas. Tout ça est hypothétique car Ezidor va peut-être de toute façon mourir s'il n'accède pas à l'antidote de Noée avant la fin de la journée 8D C'est donc sans doute mieux qu'on décide de ça en HRP pour l'an prochain en fonction de ce qu'il se passe ce dernier tour xD


Merci Jil  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 13 009 :
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Mer 06 Déc 2023, 23:19

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes V

La première chose qu'Adénaïs ressenti en sortant de l'inconscience fut la douleur lancinante comme une masse qui se fracassait sur crâne. Portant la main à sa tempe, son visage se déforma en une grimace de douleur. Elle pouvait déjà sentir sous ses doigts une bosse s'être formée. « Madame, vous êtes réveillés ? ». La blonde papillonna longuement des paupières en appuyant d'une main sur le lit pour se redresser. « Tenez, prenez ça. » ajouta le garçon en lui tendant un verre d'eau. D'un geste lent elle referma ses doigts sur le récipient avant de lever les yeux sur le domestique. « Comment vous sentez-vous ? ». Le ton se faisait inquiet. Pourtant Adénaïs ne répondit toujours pas à son vis-à-vis. Au lieu de ça elle porta son regard sur la pièce, les éléments qui la décoraient, la couleur des murs, la lumière qui filtrait par la fenêtre. Enfin elle se resitua dans l'espace. « Que s'est-il passé ? ». Un soupir de soulagement échappa au domestique en entendant l'agressée prononcer ses premiers mots. « Vous avez été agressé dans la salle de réception. » - « Agressée... ». Adénaïs ferma les yeux pour plonger entièrement dans les derniers souvenirs qu'elle avait imprimés avant de s'évanouir. Ils surgissaient de façon chaotique dans son esprit et il lui fallut un effort de plusieurs secondes pour replacer chacun d'eux à sa place et retracer la chronologie des événements. Le repas. La colère de ses enfants. Les déclarations aberrantes de Gustave. « Gustave ? » questionna-t-elle le domestique en posant son regard sur lui. « Il a rejoint le château et a demandé que l'on vous veille durant votre coma. » - « Je vois... ». Elle reprit le tracé des événements en sirotant un peu de son eau avant de coller le verre frais à sa tempe douloureuse. Il y avait eu sa propre solitude une fois Gustave partie. Ses requêtes auprès de Noée. « Ah. ». Oui, ça lui revenait à présent. « Et la domestique, Noée ? » - « Monsieur à ordonné de l'enfermer après qu'elle s'en soit prit à lui. » - « À lui ? ». Elle pouvait entendre les multiples raisons qui auraient poussé la domestique à l'assommer comme elle l'a fait. Elle pouvait comprendre qu'une femme désire se venger de Gustave. Elle ne voyait cependant pas la cause commune à eux deux pour qu'ils soient mutuellement victimes de la folie de cette femme. Elle se souvint avoir vaguement entendu le nom de Childéric avant de sombrer. Avait-ce rapport à lui ?

Adénaïs posa son verre sur la petite table de chevet pour prendre appui à deux mains sur le lit. « Aidez-moi à me lever. » ordonna-t-elle à son tour, ce à quoi le domestique voulut s'opposer. « Vous ne devriez pas. Le coup a été violent, vous devriez vous reposer. » - « Ce n'était pas une suggestion. » siffla la veuve avec autorité, ce à quoi il répondit en courbant l'échine avant de la soutenir sous son bras quand bien même il était opposé à cela. Enfin sur deux jambes, Adénaïs resta un instant immobile, le temps de stabiliser son corps et son esprit dans l'espace. Alors, après une profonde inspiration, elle s'engagea dans le couloir. « J'insiste, vous ne devriez pas partir comme ça. ». Conseil qu'Adénaïs ignora à nouveau royalement. Au lieu de ça elle continua son chemin en silence, la main glissant sur le mur comme se tenant à une corde de survie, jusqu'à atteindre l'entrée. Là, elle se saisit à deux mains de la poignée pour tirer l'épaisse porte. L'effort lui scia le crâne et elle dut prendre appui sur le battant pour ne pas perdre pied et s'effondrer de nouveau. Après quelques respirations, elle se redressa et finit par enfin rejoindre le cochet. « Nous ne retournons pas immédiatement au château. » lui glissa-t-elle tandis qu'il maintenait la porte de la voiture ouverte. « Nous allons d'abord faire un détour par le domaine d'Etamot. » - « Bien Madame. »



En descendant de la calèche, la veuve attarda son regard sur le jardin devenu sauvage et la bâtisse dévorée par le lierre. Plus personne n'y résidant, tous les domestiques, ce qu'il en restait du moins, avaient été congédiés. Avaient-ils su retrouver un maître ou une maîtresse à servir pour leur éviter la rue ? « Ne bougez pas. » fit-elle en s'éloignant du carrosse. Son cœur se serrait chaque fois que son regard tombait sur le lieu d'un souvenir lointain, comme ce petit salon de jardin qui se tenait devant la propriété où elle y passait régulièrement son temps, un livre en main, attendant avec impatience le retour de son époux. Elle poussa la porte déjà entrouverte. Les murs étaient nus et le mobilier vide. Les bandits avaient profité de l'absence des propriétaires pour venir se servir. Ils avaient eu raison. Les bibelots étaient bien plus utiles à la revente pour nourrir un estomac en peine qu'à prendre la poussière ici. La musique d'un piano s'immisça dans sa tête tandis qu'elle escalada l'escalier abîmé par l'absence d'entretien. La mélodie disparue à la seconde ou Adénaïs passa devant la chambre vide d'Yvonelle. Plus loin, son attention se tourne vers des feuillets de croquis éparses au sol. Ceux de Déodatus. Le plancher grinçait sous ses pas, telle une lamentation, un râle implorant qui accompagnait son voyage dont elle toucha le bout en faisant face à ses propres appartements. Elle en balaya chaque recoin du regard jusqu'à s'attarder sur une toile au sol dont on avait retiré le cadre. Elle s'en approcha, la redressa avec soin. Avec affection elle redécouvre la peinture, caressant de ses iris chacune des figures présentes. Yvonelle, dans ses bras, âgée d'à peine un mois. Matthias, à ses côtés, une main dans son dos. Déodatus entre ses parents, une main fermement accrochée au costume de son père tandis qu'il commençait juste à tenir en équilibre sur ses jambes. L'innocence et le bonheur éclairait la peinture ternie de saleté. Après un temps, la blonde se redressa, le tableau retombant dans un souffle rauque au sol tandis qu'elle rejoint la porte grande ouverte d'une armoire. Nul vêtement ne s'y trouvait. Il s'agissait là de son meuble à remonter le temps. Celui où elle avait entreposé tous ces objets dont ses enfants ne voulaient plus mais pleins de souvenirs. Un triste sourire peint son visage comme elle se saisit d'une poupée perdue au milieu de breloques en tout genre. À reculons elle rejoint le lit sur lequel elle s'assit, incapable de détacher son regard de ce qui fut autrefois le doudou d'Elzibert. Là, immobile et muette, elle ressassait tous les événements de la journée et de celles passées. Quand est-ce que tout était parti en vrille ? Ce fut la question qui émergea de cette réflexion.

Combien de temps s'était-il écoulé ? Quelques minutes ? Plus ? Une heure ? Adénaïs aurait été incapable de le dire en quittant ses songes. Le fait était qu'elle était étonnamment sereine, enfin. Dans le calme et loin du tumulte, elle avait pu réfléchir à tout sans se soucier ni des uns, ni des autres. La réponse qui en était sortie lui paraissait maintenant évidente. Elle avait lutté trop longtemps contre le vent. Trop longtemps elle avait fait semblant. Tranquillement, elle reposa la peluche à ses côtés. Tout de même, elle quitta le lit pour rejoindre la cheminée et en fermer la trappe avant jeter dans l'âtre les quelques jouets de bois, livres et dessins qui traînaient dans la pièce. Elle avait pris une décision, et celle-ci commençait par ce premier acte. Elle fit glisser le briquet sur le silex jusqu'à ce que les étincelles embrasent le combustible improvisé. Ceci fait, elle quitta la pièce et s'affaira à fermer les trappes de toutes les cheminées de la demeure. Lorsqu'elle en eut terminé avec la dernière, elle pouvait déjà sentir les picotements sur sa nuque d'un courant d'air chaud. Au-dessus de sa tête, le plafond commençait doucement à noircir et le bois à gémir. Alors elle tourna les talons, se confrontant au cochet lorsqu'elle se trouva dans le hall principal. « Madame ! L'étage prend feu ! Vous– » - « Oui. Je sais. » lui coupa-t-elle la parole en le dépassant pour sortir de là. Il fallut un temps au cochet avant de réagir, trop prit au dépourvu par la réaction de la courtisane. Ce ne fut qu'à une distance raisonnable de l'habitation qu'Adénaïs se retourna pour constater les dégâts. C'était un sentiment étrange qui la gagnait. Cet endroit avait été le seul endroit où elle s'était sentie bien malgré les affres de la vie. Encore aujourd'hui elle y tenait. Et pourtant, le voir se consumer l'allégeait d'un poids énorme. Les fantômes qui s'y trouvaient été aujourd'hui trop nombreux. Trop envahissants. Ils avaient colonisé son esprit et fait perdre pied dans la réalité. Cette maison et tout ce qu'elle renfermait était comme une prison pour son cœur. Il lui suffisait de se remémorer ce qu'elle avait ressenti en parcourant la bâtisse. La nostalgie. L'envie de conserver les choses comme elles étaient avant tout en sachant que c'était impossible. Or, Gustave avait raison sur une chose : elle ne pouvait s'attarder plus longtemps sur un passé révolu. Cette réalité lui était tombée dessus, saccageant toutes les fondations de ses croyances. C'était peut-être ce qu'il lui fallait en réalité. « Nous pouvons y aller à présent. » déclara-t-elle en tournant le dos à l'incendie. Certains diront que c'était une façon un peu extrême de faire table rase du passé. Cependant, c'était pour elle le seul moyen qui existât.
© ASHLING POUR EPICODE




Post XI | Mots 1611 | Adé est officiellement SDF, ça y est /sbam
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Note de fin de chapitre et en prévision de la suite : Adé dira à Zebou qu'elle est ok pour faire la paix, youhou ! Et je devais parler d'autre chose mais je sais plus, je vais espérer que ça me revienne d'ici demain
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Orphée Dasgrim
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Orphée Dasgrim
Jeu 07 Déc 2023, 08:28



Unknown

Le Roi sadique

En groupe | Cal


Rôle - Arcange Reknofed :


« Vraiment ? » Arcange sourit. « Ça ne me surprend pas. Les gens de notre famille sont malheureusement davantage réputés pour leurs méfaits que pour leurs bonnes actions, bien que ma sœur et moi essayions d’inverser la tendance. Cela dit, c’est très aimable à vous de prendre la peine de nous défendre, et je vous en remercie. » Il songea qu’il aurait probablement pu briser sa frêle silhouette en deux rien qu’avec ses mains. Les filles de Lieugro possédaient toute une fragilité telle que l’on était en droit de se demander comment elles parvenaient à tenir des grossesses et à enfanter. Il imagina un bâtard de son sang grandir entre les entrailles de Stéphanette d’Ecirava. Il les dévorerait probablement, avant de lui éclater les os et de lui déchirer le vagin pour arracher sa naissance à la vie. Il doutait qu’elle pût y survivre. La nature, en revanche, avait doté Ange-Lyne d’une carrure et de hanches suffisamment larges et solides pour accueillir même la semence d’un taureau. « Je vous intimide ? » répéta-t-il, en laissant un rire léger s’échapper d’entre ses lèvres. Elle avait raison. Elle aurait même dû trembler de peur et d’horreur. Néanmoins, cette évidence ne se révélerait à elle que dans ses derniers instants, quand la toile des Reknofed l’asphyxierait déjà trop pour qu’elle pût tenter la moindre résistance. « Ne rougissez pas comme ça. » la taquina-t-il, tandis qu’elle bafouillait des mots dont il n’obtint jamais le sens final. Il la vit filer vers un étal de fleurs. Une pointe d’agacement picora sa poitrine. Il fronça les sourcils. Quand le nom de Merlin résonna, ses consonances agirent tel un levier sur sa mâchoire, qui se ferma en un étau solidement serré. Même mort, son ombre planait. Il jeta un coup d’œil à Ange-Lyne. Son expression le calma. Il inspira. Il accorda un bref regard au vermisseau qui accompagnait la fille du trésorier, puis aux deux gardes, légèrement en retrait.

« Vous devriez vous asseoir. » proposa-t-il, après sa sœur, en avançant vers l’adolescente. Il eut à peine le temps d’esquisser quelques pas que les jambes de Stéphanette se dérobèrent sous elle. Son bras s’enroula autour de sa taille et il la réceptionna avant que sa silhouette ne ricochât contre les pavés. Il posa instantanément deux doigts sur son cou. Sous la peau douce et chaude, le cœur marquait un rythme régulier. En prenant un air préoccupé, il acquiesça aux propos de son aînée. Son bras remonta entre les omoplates de la blonde, tandis que l’autre se glissait sous ses genoux. Il la souleva sans aucune difficulté. Elle était encore plus légère que ce qu’il avait imaginé. Peut-être pourrait-il la briser en deux à l’aide d’une seule main ? Sous ses doigts, la dentelle de ses côtes semblait déjà chanter la mélodie de ses ruptures.



Le regard céruléen d’Arcange détailla le visage de la mère d’Ecirava. La sienne se serait-elle inquiétée de la sorte, s’il s’était évanoui ? C’était peut-être déjà arrivé. Il ne se rappelait pas. Elle n’avait pas dû se précipiter vers lui pour constater son état. Il la voyait rire et lui dire de devenir plus fort, s’il voulait avoir ne serait-ce que l’espoir de survivre – l’espoir, pas même la possibilité. Ces pensées l’assaillirent avec brutalité, désagréables et piquantes. Il pinça les lèvres pour les renvoyer dans les tréfonds de sa psyché. « Elle est vivante. » certifia-t-il, avant d’ajouter humblement : « C’est bien normal, madame. » Précautionneusement, il déposa le corps de la blonde entre les bras du domestique. Ceux-ci lui paraissaient malingres, presque rachitiques, si bien qu’il se demanda s’il parviendrait à gravir les escaliers chargé de l’âme endormie. Peut-être entendrait-on un grand fracas et les retrouverait-on tous les deux au bas des marches, la nuque brisée ? Ce serait décevant et agaçant, mais aussi un brin amusant, il fallait le reconnaître.

Ses iris naviguèrent jusqu’à Ezémone. Bien que l’on devinât la finesse de son ossature, les années et les grossesses avaient élargi son bassin et auréolé sa silhouette d’une stature qui paraissait plus viable au Reknofed. Cependant, il imaginait mal son mari la pourfendre de puissants coups de reins – sa carrure semblait à peine suffire à le faire tenir debout. Combien de temps aurait-elle pu résister à ses assauts ? Jusqu’où allait l’amour de Nicodème pour la peinture ? Aurait-il abandonné sa femme aux pinceaux experts d’Ange-Lyne pour satisfaire son appétence pour les arts ? Quelle mise en scène sa sœur aurait-elle pu imaginer ? La journaliste pourfendue de plumes et couverte d’encre ? L’épouse du trésorier étouffée par une montagne de pièces d’or enfoncées dans sa gorge ? « Dîner avec vous serait un réel plaisir. » Il regarda vers la demeure, où il devinait que Stéphanette reposait. « Si je puis me permettre, j’aimerais que vous nous teniez au courant de l’état de votre fille, dans votre prochaine lettre. » la sollicita-t-il, en baissant vers elle des yeux saturés d’une factice sincérité.



Message XII – 826 mots



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Susannah
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Susannah
Ven 08 Déc 2023, 12:07

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 13 3ev7
Les Portes V - Le Roi sadique
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

« Je vois. » Zébella avait levé les yeux au ciel à la liste des dépenses de Merlin. Comment avait-il pu tomber aussi bas et salir autant leur nom dans la boue en s'acoquinant avec des filles de joie ? Combien de temps pensait-il encore régner ainsi avant que Judas ne sévisse ? Et que pensait le Roi d'Uobmab d'un aussi mauvais investissement ? Tout ce temps et cet argent gaspillé à éduquer cet imposteur qui n'avait même pas leur sang, et tout ça pour quel résultat ? Roulant à nouveau des yeux, Zébella avait soupiré. Au moins maintenant, il n'avait plus la possibilité de leur faire honte.

En décalage total avec l'accueil glacé dispensé à Hermilius de Tuorp, ce dernier paraissait beaucoup trop détendu. En ricochet, Zébella s'en raidit plus encore. Pincées, ses lèvres finirent par disparaître, remplacées par une fine ligne pâle à mesure qu'il parlait. Chargé d'orage, son regard semblait vouloir le découper en deux. Se moquait-il d'elle ? Elle regarda rapidement Ezidor lorsqu'il fut mentionné mais celui-ci lui retourna un regard troublé, comme s'il cherchait dans sa mémoire de quoi il était question. Elle trouvait surprenant vu son aspect qu'il tienne encore debout. Ses sourcils se froncèrent. Le nom du médecin revenait trop souvent dans des sujets fâcheux. Peut-être avait-elle accepté trop vite de le délivrer aux mains de Childéric, sans savoir qui était réellement cet homme.

Son attention revint sur Hermilius qui continuait à s'expliquer en fournissant quantité de détails dont elle se moquait, au moins autant que le mal fait à son entrejambe. Depuis toute petite, ses colères s'étaient toujours exprimées avec violence. Elle se souvenait avoir planté une branche dans l'oeil d'une fille qui avait eu le mauvais goût de se moquer d'elle. Plusieurs exemples similaires s'étaient produits, et son caractère ne s'était pas pacifié avec le temps. Le brun devait s'estimer heureux d'avoir encore ses attributs en état de fonctionnement. Alors qu'il développait son plaidoyer, elle prit place dans un fauteuil et croisa les bras. Son discours la laissait interdite. Disait-il la vérité ? Il lui semblait discerner des accents de sincérité et il avait annoncé être drogué. Dans la bouche de cet individu, tout lui paraissait suspicieux. Il y avait une chose dont elle était certaine, c'est qu'elle ne lui ferait pas confiance. Ni à lui, ni aux minauderies de Gustave, ni au mystérieux médecin, ni même au taciturne Nicodème. Sa situation demeurait trop précaire pour qu'elle puisse se le permettre. Sans prendre la peine de réagir immédiatement à sa question, elle tourna la tête vers le trésorier, puis vers Childéric alors qu'ils prenaient successivement la parole. Elle soupira. Ce conseil était une parfaite représentation du Royaume. Entre ceux qui étaient drogués et ceux qui semblaient être passés sous les roues d'une calèche, l'absurdité de la situation prêtait presque à sourire mais Zébella n'avait pas envie de rire. « Vous êtes un agent de mon père ? » releva-t-elle. Cela changeait les choses. Depuis combien de temps travaillait-il pour lui ? Le médecin regarda successivement le soldat, puis la reine, puis les autres. Elle voyait la sueur briller sur son front blême et ses lèvres décolorées agitées de tics nerveux. « Eh bien ? C'est une question simple, non ? » le relança-t-elle avec impatience. « Il est arrivé qu'il fasse appel à mes services, votre Majesté. » finit-il par articuler du bout des lèvres. « Allez-y. » fit-elle à Childéric après avoir laissé passer quelques secondes de silence. Elle aurait voulu connaître la nature exacte de ce qu'il avait fait, mais il n'avait pas l'air en état de fournir des explications aussi détaillées qu'Hermilius. Ses heures semblaient comptées.

« Quelqu'un d'autre veut-il révéler travailler pour mon père tant que nous sommes sur le sujet ? » lança Zébella d'une voix doucereuse une fois que les deux hommes quittèrent la salle. Childéric en faisait-il partie ? Pourquoi ne pas le lui avoir dit ? Combien d'espions à la solde de Judas l'observaient en ce moment-même ? Le vieux dément préférait la faire surveiller plutôt que lui parler en face. Peut-être même était-ce lui qui avait envoyé les Reknofed sur Lieugro pour tester ses enfants. Elle n'était pas dupe, ce Royaume lui-même n'était qu'une façon pour lui de voir ce qu'ils valaient réellement. Il avait la réponse pour Merlin. Hermilius avait raison. La plupart des hommes étaient décevants, et ceux de sa famille plus encore. Elle le regarda et croisa ses jambes. « Merci pour votre honnêteté. Ou peut-être faut-il remercier cette drogue plutôt. » Elle comprenait surtout qu'il se dresserait contre elle sitôt que sa mort lui profiterait plus que sa vie. La loyauté n'était pas un concept qui devait beaucoup l'étouffer. « Vous n'êtes pas un homme très recommandable, n'est-ce pas ? Les égoïstes comme vous le sont rarement. Vous avez déjà tué, je suppose ? Ou ce ne sont que des mots ? Au moins, vous n'avez pas froid aux yeux. C'est une qualité que j'apprécie dans mon entourage, mais seulement quand leurs intérêts servent les miens plutôt que les leurs. » Ce n'était pas son cas, et ça le rendait problématique. Cela étant, la majorité de ses sujets souffrait des mêmes travers. Chacun œuvrait pour soi-même. Elle trouvait ce type d'individu détestables, mais ils avaient l'avantage d'être prévisibles à partir du moment où on avait connaissance de ce qui leur tenait à coeur, et il venait de le révéler.

« Je souhaite aussi la stabilité. Le chaos actuel n'est pas viable et si je n'avais pas tué Merlin, quelqu'un d'autre s'en serait occupé vu ce que vous m'avez révélé. Vous devez savoir que je ne souhaite pas reproduire le Royaume que vous aviez connu sous Montarville, encore moins celui qui se profilait sous Merlin. J'ai d'autres ambitions. La stabilité n'est qu'une condition nécessaire pour la suite. Que ferez-vous si mes projets ne vous satisfont pas ? Comploterez-vous pour me tuer car nos intentions ne convergent plus ? » Elle n'avait pas peur de se faire un ennemi de lui. Sa main crochetée sur son entrejambe avait déjà prouvé ça. Elle pouvait ordonner aux gardes de le faire passer par la fenêtre s'il avait besoin d'une piqûre de rappel. Alité avec une jambe cassée, il aurait tout le loisir de reconsidérer ses priorités.

« Vous avez dit avoir voulu m'aider. » Elle avait bien noté l'emploi du passé. « Le problème, Hermilius, c'est que je ne suis pas sûre d'avoir besoin de vous. Si cela avait été le cas, je me serais débrouillée pour vous faire plaisir en assurant à cette musicienne dont vous êtes entiché qu'elle rencontre la gloire et tout ce dont elle rêve. Ou je pourrais simplement vous promettre de ne pas la tuer en échange de votre collaboration parfaite avec moi. La vérité, c'est que je ne vois pas en quoi vous pouvez m'être utile. En quoi pourriez-vous m'aider ? Vous n'avez qu'à réfléchir à ça et me présenter vos idées quand vous ne serez plus drogué. En attendant, Messire d'Ecirava a raison. Vous n'êtes pas en état de me servir de me façon efficace. Mieux vaut que nous reparlions de tout cela plus tard. » Son regard englobait les deux de Tuorp. « Gustave, j'ai entendu que votre demeure avait brûlé. Mes conseillers ne devraient pas se trouver sans domicile. Prévenez le service administratif que vous êtes désormais le propriétaire d'une des demeures secondaires que possédaient la maison de Lieugro. Considérez cela comme un gage de ma reconnaissance en avance de vos services. Vous pouvez disposer maintenant. » Elle avait hâte qu'ils partent. Ses jambes fourmillaient de rester si inactives alors que sa tête bouillonnait comme une marmite. Il lui tardait de retrouver ses routines quotidiennes d'exercice physique pour remettre de l'ordre dans ses pensées.

Message VIII | 1362 mots


Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 13 7qoc
Merci Jil  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 13 009 :
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Seiji Nao
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Seiji Nao
Ven 08 Déc 2023, 15:57





Rôle:

Les brumes de l’inconscience engourdissaient le corps de Stéphanette. Incapable d’être ou de penser, plongée dans un noir si profond qu’elle ne se sentait plus vivre, elle reposait mollement entre les bras d’Arcange. Poupée de chiffon, aucun désir ne venait plus colorer ses joues. Pourtant, le sang pulsait encore sous la chair : peu à peu, le mouvement la rappelait à l’existence. Un orchestre de tambours, qu’elle était seule à percevoir, battait la mesure. Au rythme d’un torrent dévalant la montagne, le son éclata comme une bulle. Quelque chose en elle s’arracha au néant, dans une lenteur à couper le souffle. À ses heures perdues, la blondinette avait dévoré bien des romans à l’eau de rose, où l’héroïne, terrassée par une tragédie ou une autre, tournait de l’œil. L’impression de tomber, si abondamment décrite dans ces petites merveilles, ne venait pas ; elle se sentait flotter loin de tout, baignée dans une chaleur si douce qu’elle lui remémorait le ventre de sa mère. Au lieu de revenir au monde, elle refusa d’ouvrir les yeux, laissant son esprit se gorger de sérénité. La réalité, de toute façon, était trop laide pour qu’elle eût envie d’y revenir. Hélas, elle revenait déjà : ses neurones s’éveillaient les uns après les autres, chassant l’obscurité contre une forêt de lumière.

Contrariée de reprendre connaissance, la frivole demeura immobile, les yeux clos. Le décès du souverain lui meurtrissait le cœur : qu’allait devenir le royaume, en son absence ? Son malaise ne tenait pas à la tristesse de perdre le monarque qu'à la perspective de devoir reprendre ses projets à zéro. Des mains puissantes entouraient sa taille. La tension des muscles révélait les efforts de leur propriétaire, non pour la porter, mais pour ne pas la briser comme du verre. Par la fermeté de sa poigne, il assurait cependant qu’il ne la laisserait pas tomber. Charmée d’être ainsi portée, elle se garda bien de manifester son éveil. Des bruits lui parvenaient de l’extérieur, confusément. Le claquement régulier des sabots d’un cheval, les réclames nasillardes d’un marchand de poisson, le froissement de son jupon contre la tenue de son sauveur. Le parfum d’un héros chatouilla bientôt ses narines. Résistant à l’envie de se redresser pour s’enfuir à toutes jambes, la figure rougie de honte, elle n’esquissa pas le moindre geste. Il lui fallait profiter de l’occasion : elle n’avait pas tous les jours l’occasion d’être si proche d’un homme, encore moins d’un homme de la trempe d’Arcange Reknofed. Des papillons s’envolèrent dans son estomac. Sans doute n’aurait-elle plus jamais l’occasion de goûter au plaisir de son contact _ aussi s’efforça-t-elle de ne pas bouger un cil.

Si détendue qu’elle finit par s’endormir à moitié, l’adolescente finit par reconnaître la voix de sa mère, stridente d’inquiétude. Les Reknofed l’avaient ramenée chez elle, en sécurité : depuis le premier regard posé sur eux, elle avait su pouvoir compter sur leur générosité. Il lui semblait criminel que des cœurs si nobles n’eussent pas une position plus élevée à la cour. À son grand regret, l’étreinte du blond s’acheva. Avec la tendresse qu’il aurait manifestée à un chaton, il la déposa au creux de bras osseux comme des branches. Elle s’attendait presque à ce qu’il déposât un baiser sur son front. Hélas, il n’en fut rien. Une odeur de menthe poivrée et de linge frais l’enveloppa toute entière. Eugène. Toutefois, elle ne protesta pas. Masque de marbre, son visage portait toutes les marques de l’inconscience : la journalise n’aurait sans doute pas apprécié sa comédie. Alors que le domestique l’éloignait de ses héros du jour, l’ombre d’un sourire passa sur ses lèvres lorsque sa mère suggéra de les recevoir dans les prochaines semaines.

~ . ~

Quelques instants plus tard, la blondinette qui, tantôt se mordait les joues en s’imaginant remercier Arcange, tantôt se désolait de la mort du Roi, reçut la visite du médecin. Un idiot du nom de Stéphane Grognon l’examina sous toutes les coutures en marmonnant dans sa barbe. Au grand déplaisir des yeux, son visage disparaissait dans des replis graisseux. Dégoûtée, elle ne cacha pas son soulagement lorsqu’il la quitta enfin, après lui avoir enfourné un sucre dégoulinant d’un liquide verdâtre dans la bouche, et lui avoir recommandé de manger davantage, ce qui, de sa part, lui fit hausser un sourcil de perplexité.

Lorsque sa mère franchit finalement la porte de sa chambre, l’adolescente s’extirpa de ses couvertures pour se jeter dans ses bras. Alors, elle éclata en sanglots, couvrant la robe d’Ezémone de ses sanglots. Mue par son instinct maternel, cette dernière porta sa fille jusqu’à son lit, et la serra contre elle. D’un geste distrait, elle entreprit de lui caresser les cheveux.

Stéphanette peinait à démêler les émotions qui s’entrechoquaient en elle. Curieusement, il lui semblait éprouver plus de rage que de chagrin : la nouvelle ruinait ses espoirs d’accéder au trône. Imaginer la jubilation d’Olivette, riant sans doute de la chose autour d’une tasse de thé avec ses épouvantables camarades, la rendait plus amère encore.

« J’ai rencontré un jeune homme de très bonne compagnie, aujourd’hui. Il se dit parent de l’ancien conseiller, mais je n’avais jamais entendu parler de lui. Alembert d’Exurul. Vous devez certainement le connaître. »

Songer au brun et à sa présence apaisante détourna un instant la fillette de ses tracas. Ne rien savoir de lui jetait sur sa personne le charme de la curiosité. En outre, il appréciait de toute évidence ses bavardages : elle n’était pas sûre d’avoir rencontré un jour un homme capable de l’écouter avec tant d’attention. Les doigts de Stéphanette enserrèrent la main d’Ezémone, fixant les lignes de sa paume. Avec les années, la surface en devenait plus rugueuse, maltraitée par des milliers d’heures à manier la plume, et par les affres du temps.

« Je suis désolée. Je sais que vous aviez de grands projets. Pour tout vous dire, je suis un peu soulagée. Je n’étais pas amoureuse de Sa Majesté, mais de penser qu’il… Qu’il est... »

Saisie d’une nouvelle crise de larmes, la fillette s’interrompit. D’horribles images apparaissaient derrière ses paupières. Des silhouettes ricanant dans la nuit se mêlaient aux flammes de l’incendie du mois dernier. Un couteau avançait dans le noir, en quête d’un ventre à taillader. Éplorée, elle se demanda si Merlin avait souffert. Tremblante, elle ramena un genou sous sa tête, chagrinée par la conclusion à laquelle toute cette affaire l’avait menée : les monstres n’existaient pas seulement dans les contes de fées ou les histoires d’horreur.

Alors, elle remarqua une petite tâche brune sur son jupon. Sans la moindre pudeur, elle remonta le taffetas, suivant le tracé jusqu’à l’intérieur de ses cuisses. La dentelle avait rougi ; elle était pourtant certaine de ne pas s’être coupée. Le parfum du fer lui sauta à la gorge. Craignant le pire, elle redressa la tête, cherchant réconfort dans les vrilles azurées de sa mère.

« Est-ce que je vais mourir, moi aussi ? »

1 117 mots | Post XI

Résumé:

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Dorian Lang
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Dorian Lang
Ven 08 Déc 2023, 16:28

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 13 G7pa
Les Portes V - Le Roi sadique
Dorian, dans le rôle d'Ezidor



☙ Sevdaliza - Who Are You Running From + The Newton Brothers - I'm The Candy Man
(Ma nouvelle passion, écouter plusieurs musiques en boucle pour écrire)

Rôle:

La porte se referma dans leur dos dans un claquement feutré. « Elle est très autoritaire. » commenta simplement Ezidor, qui reconnaissait là une tare généralisée chez les enfants royaux. Ça ne le gênait pas outre mesure, il n'était pas de nature à se révolter ouvertement pour si peu. Ce n'était rien de plus qu'une façon pour elle de s'imposer dans une pièce pleine d'hommes qui avaient plus du double de son âge pour la plupart. « Et jeune. Tu penses qu'elle est faite pour le trône ? Ou tu l'épaules pour Judas d'Uobmab ? »

Il se mit à marcher mais quand le sol lui parut se dérober sous ses pieds, il agrippa de sa main valide la manche de Childéric et s'appuya lourdement sur lui. Il ne servait à rien de lui dissimuler sa faiblesse. Les commissures des lèvres plissées vers le bas, il prit quelques secondes pour respirer et chasser les tâches d'encre étoilant sa vision. Une domestique qui passait par là, les bras chargés de draps pliés loucha curieusement sur eux et ses pieds dessinèrent une large courbe pour les éviter. Ezidor savait que son apparence avait de quoi effrayer. Il avait vu le dégoût sur le visage d'Irène, il avait vu l'horreur s'imprimer dans ses propres yeux en croisant le miroir. Il ne s'était pas rendu compte attacher autant d'importance à son apparence jusqu'à la voir aussi odieusement dévastée. « Allons dans tes quartiers, il faut que je te parle. Je n'ai pas beaucoup de temps. » souffla-t-il.

Avec un grognement, le médecin s'affala sur la méridienne. Le soleil répandit ses rayons sur son profil et il ferma les yeux. Son dos le démangeait terriblement, lui rappelant la malédiction proférée par Noée. Elle l'avait condamné. Tout ce qu'il lui restait à faire, c'était compter les tours d'aiguilles qui le séparaient de la mort. Il ne pensait pas qu'elle le garderait bien longtemps en vie. Le retour de Childéric changerait peut-être la donne, pour le meilleur comme pour le pire. Depuis qu'il l'avait drogué ce soir-là, il ne savait plus vraiment à quoi s'en tenir. Il rouvrit les yeux. « Ne te fatigue pas à chercher de quoi me soigner. Je n'ai pas encore reconnu quel poison elle m'a fait prendre. J'ai déjà pris de quoi tenir, mais c'est temporaire et mon organisme ne supportera rien de plus. C'est l'antidote qu'il me faut. Il faut que j'aille la retrouver. Aujourd'hui. Je vais mourir sinon. » Il observa la lente retombée de l'astre. La cime des arbres chatouillerait bientôt sa rondeur et son déclin marquerait le sien s'il restait ici. « Noée. Ta petite admiratrice. J'ignore si c'est son vrai prénom. Peut-être l'as-tu connue sous une autre identité. Elle avait l'air de bien te connaître en tout cas, bien mieux que beaucoup d'autres. Mais pas aussi bien que moi. C'est sans doute ce qui l'a poussée à m'approcher. » Il releva les yeux sur Childéric pour le sonder. « Quand elle s'est présentée à moi, c'était sous les traits d'une domestique travaillant pour Gustave. C'est forcément une couverture. Je ne crois pas que Gustave soit au courant, ni qu'ils soient de mèche. Il n'en est pas capable. S'il avait voulu s'en prendre à moi, il l'aurait fait frontalement. Non, ça semblait personnel. Elle savait déjà qui je suis et ce que j'ai pu faire. Elle sait ce que j'ai fait à Gustave, aux autres. Elle sait que tu as passé du temps auprès de moi, ce que je t'ai appris, ce que nous avons fait ensemble. Elle m'a forcé à tout avouer. » Il évita son regard. Presque tout. Il y avait des choses qu'il préférait emporter dans la tombe, des choses qui n'appartenaient qu'à lui comme il aurait voulu que Childéric lui appartienne toujours. Ce qu'il lui avait fait quand il gisait, inconscient, ce qu'il avait fait à Natanaël et à Clémentine parce qu'il ne pouvait plus le toucher lui. Il ne pourrait plus toucher personne désormais. Il réprima un haut-le-cœur d'horreur. Bien qu'un mois soit passé depuis, la réalité de l'absence le frappait toujours aussi brutalement.

Il laissa ses yeux errer sur la chambre décorée aux armoiries royales d'Uobmab sous la demande de Merlin. « Te voilà promu à... Qu'est-ce que tu es pour Zébella ? » Il se demanda vaguement s'il s'était glissé dans son lit à elle aussi pour regagner son statut. Un pli ferme barra sa bouche. « Quelle que soit ta stratégie, ne te fais pas tuer pour elle. » C'était une prière inutile. Childéric n'en avait toujours fait qu'à sa tête. Ezidor n'avait pas immédiatement envisagé de le prendre sous son aile comme disciple. Il préférait travailler en solitaire. Puis il s'était laissé convaincre, tenté de voir comment il pouvait façonner le jeune noble, curieux de voir s'il existait quelqu'un qui pouvait le comprendre et voir le monde comme lui le voyait. « Ne t'attribues pas des qualités nobles telles que la loyauté. Tu n'es pas juste un soldat. Tu pourrais être plus que ça. Tu es déjà plus que ça, même si peu de monde le sait. Alors ne meurs pas pour une adolescente qui a déjà trop d'ennemis. Les Reknofed sont bien pires qu'ils n'y paraissent et s'ils s'opposent à Zébella... » Le médecin s'y connaissait peu en techniques de combat, mais quand il voyait le physique de colosse du blond, il n'était pas certain de l'issue d'un combat s'il devait se mesurer à Childéric. « Ils étaient chez Irène quand je suis revenu. Ils ont... Arcange a violemment battu Irène. J'ai peur qu'elle perde le bébé. Elle était folle de rage qu'ils aient tué sa soeur et j'ai dû l'attacher pour l'empêcher de se mettre à leur poursuite. Je ne peux pas la laisser mourir, pas tant qu'elle porte mon enfant. »

Message XII | 1048 mots

Je ne sais pas ce que je fais, mais je le fais.


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Priam et Laëth
Sam 09 Déc 2023, 09:13



Unknown

Le Roi sadique

En groupe | Alcide


Rôle - Nicodème d'Ecirava :


Le livre de comptes se referma dans un claquement mat. Nicodème le repoussa vers l’arrière du secrétaire, là où une ombre le couvrait à demi, à l’image d’un édredon tendu sur un lit. Le trésorier bascula son torse vers l’arrière, joignit ses bras au-dessus de sa tête et s’étira. « Je relirai demain avant de le lui donner. » formula-t-il pour lui-même, les yeux rivés sur le plafond aux riches motifs floraux. Un essaim de pensées vrombissait encore dans son esprit. Le sentiment d’étrangeté que lui avait laissé la réunion ne le quittait pas. La faiblesse d’Ezidor de Xyno ; les marques sur le visage de Gustave ; les paroles d’Hermilius ; le flou de Childéric d’Ukok au sujet de la famille de Lieugro. Et Zébella d’Uobmab, bien sûr, l’adolescente qui voulait être une Reine à la poigne de fer. Que des conseillers servissent des monarques plus jeunes qu’eux n’avait rien d’exceptionnel. C’était même une norme ; quand le Roi mourait, son successeur changeait rarement la totalité du gouvernement. Cette fois, comme avec Merlin, c’était différent. La fille de Judas aurait pu choisir de faire table rase du passé. Elle ne semblait pas s’engager dans cette voie. Les iris du blond suivirent les échancrures de fleurs de magnolias. Avec les années, la peinture était un peu passée. Il se leva, puis monta sur son fauteuil et, de son perchoir, accorda un regard plus aiguisé à la voûte. Il allait devoir recourir au travail d’un artisan de qualité. Il tenait à ce plafond. Faire un tour de ses œuvres pour dresser une liste de celles qui devaient être restaurées lui parut être une bonne idée. Cela le détendrait, en plus de lui changer les idées.



Muni d’un carnet, il notait les défauts infligés par le temps à un tableau de sa collection – Le Vol du héron – lorsque le tintement des talons d’Ezémone lui parvint avec clarté. S’il avait parfois du mal à déchiffrer l’état émotionnel de sa femme, le rythme de ses pas était un indice qui ne trompait jamais. Puisqu’elle s’était rendue en ville, elle avait dû apprendre la mort de Merlin d’Uobmab. Il referma son calepin et le glissa dans la poche de son veston, avant de se tourner vers la porte, prêt à accueillir la violette. Il suivit du regard sa silhouette encombrée d’un poids auquel il imputait la mauvaise origine. Silencieux, il l’écouta, un peu étonné d’apprendre ce dont il retournait. Lorsqu’elle le noyait sous des myriades de babillages sur le dernier scandale mondain, les mariages de leurs filles, les espoirs qu’elle portait sur un Roi qui n’était plus, tout le distrayait avec une facilité déconcertante. Néanmoins, quand elle avait la mine si triste qu’elle lui rappelait le pétale bruni du magnolia, il consacrait son attention à ce qu’elle disait. Les colères d’Ezémone pouvaient être régulières, implacables et particulièrement détestables, mais ses peines étaient souvent discrètes et, parce qu’elles étaient tenues si secrètes, s’auréolaient d’une sincérité et d’une rareté qui les rendaient d’autant plus importantes aux yeux de Nicodème. En quelques pas, il la rejoignit pour s’asseoir à ses côtés. L’âme d’Olivette avait toujours été plus revêche que celle des autres enfants de son âge. Ce trait de caractère lui faisait penser à son épouse, et quand leurs deux esprits se confrontaient, il ne pouvait retenir une étincelle amusée de flotter dans ses iris. Ezémone n’avait jamais rien fait comme personne ; voir sa fille emprunter le même chemin la troublait tant que l’on aurait pu croire qu’elle avait toujours suivi les conseils et les ordres prodigués par les autres. Il savait, lui, qu’elle n’en faisait qu’à sa tête. « J’irai la voir. » assura-t-il. « Oui, ils me l’ont dit. » Inquiet, il était passé dans la chambre de Stéphanette, assez tard dans la soirée, après son rendez-vous avec le chef des armées. La jeune fille dormait encore, paisible.

L’attaque directe d’Ezémone à l’encontre de Zébella lui arracha un sourire. « J’ai dû changer trois fois de costume en pleine réunion à cause de tout le sang qu’elle a fait gicler dans la pièce. » répondit-il, aussi sérieux que possible – en la matière, il savait y faire, car sa capacité à rester de marbre était sa qualité la plus frappante. Toute trace d’humour quitta ses prunelles lorsque la violette aborda le sujet d’Ezidor de Xyno. Il cligna des yeux, étonné. « Considérant l’état de faiblesse dans lequel se trouvait le docteur – il était présent à la réunion –, j’ai du mal à croire qu’il ait pu battre son épouse de quelque façon que ce soit. Il tenait à peine debout. Et si c’est Irène qui a raconté cette histoire à dormir debout à Olivette… » Il ne termina pas sa phrase, qu’il chassa d’un geste bref de la main. Peut-être leur était-il arrivé autre chose, à tous les deux ?  Il passa deux doigts sur ses lèvres, songeur, avant de reprendre : « Tu pourras te faire ton propre avis sur la Reine. Elle souhaite te rencontrer pour un entretien. » Il tourna la tête vers le tableau qu’il étudiait, un peu plus tôt, et qui faisait face au banc sur lequel ils étaient assis. La pièce n’était pas très grande, mais les multiples toiles créaient tant de perspectives différentes que l’on pouvait se croire à mille endroits à la fois. « Je compte sur toi pour faire en sorte qu’elle n’ait pas envie de me trancher la tête. » Un brin de sourire piqua ses joues. « Tu pourrais venir au palais avec moi, demain. » suggéra-t-il, avant de se lever. Sous ses yeux, sa peau avait bleui, marquée du tampon de la fatigue. « Je vais parler à Olivette. J’espère que nous n’aurons pas besoin de l’envoyer au loin. » Il n’aimait pas l’idée de savoir sa famille défaite, éloignée. Alors qu’il s’apprêtait à partir, il interrompit son mouvement. Sa main se posa délicatement sur l’épaule d’Ezémone. « Repose-toi. » Il la sonda, silencieux, puis ajouta : « Je te rejoins tout à l’heure. Nous parlerons du reste demain, à tête reposée. Sinon Zébella n’aura même pas la possibilité d’exploser la mienne. » Il sourit encore, de ses sourires énigmatiques et inadéquats, puis partit ; ses doigts glissèrent le long de la clavicule de son épouse pour n’y laisser qu’une empreinte fantôme.



« Olivette ? » Nicodème toqua à nouveau à la porte de la chambre de sa fille. Quand une réponse étouffée lui parvint enfin, il ouvrit et entra. Ses iris clairs dévisagèrent sa fille, puis il effectua quelques pas dans la pièce pour se rapprocher d’elle. Il jeta un rapide coup d’œil aux meubles, aux murs, aux décorations, aux feuilles qui traînaient sur le bureau. De ses gestes tranquilles, il referma sa poigne sur le dossier d’un fauteuil et le tira délicatement vers le lit où se trouvait son enfant. Il le tourna vers elle et s’y assit. Coudes sur les genoux, il joignit ses mains devant lui, son regard posé sur l’adolescente. « Ta mère m’a dit que vous aviez eu un désaccord. Que s’est-il passé ? » demanda-t-il avec douceur. Les histoires ressemblaient aux pièces de monnaie : deux faces les composaient, et ignorer la seconde au profit de la première rendaient incompréhensible la valeur du tout. Le trésorier savait, aussi, que si lui avait du mal à comprendre ce que les autres ne disaient pas, ces autres peinaient souvent à entendre ce qu’ils se disaient. Ils employaient des mots inadaptés, interprétaient de travers ce qui aurait pourtant dû être clair, s’arrêtaient au milieu d’une phrase, stupéfiés par un verbe parmi des dizaines, et n’en cherchaient pas la fin. Il ne comptait plus le nombre de fois où des paroles mal employées, viciées, avaient mis à mal son jugement ou toutes les occasions où on lui avait fait dire ce qu’il n’avait jamais prononcé.



Message XII – 1304 mots




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Kitoe
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Kitoe
Sam 09 Déc 2023, 14:25

Gustave
Le roi sadique
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L’aplomb de son regard se posa définitivement sur la personne de Zébella lorsqu’elle lui répondit. Autour de lui, une sorte d’étau de fer se resserrait à mesure que les remarques désobligeantes fusaient sur lui comme des épines juste assez pointues pour transpercer ses vêtements, son égo, et lui faire mal. La réponse provocatrice du vieux débris qui servait de médecin royal avait déjà ravivé une flamme de colère en lui, qu’il n’avait pu calmer en ripostant. Sa mâchoire se contracta au même titre que ses poings cachés derrière son dos. Néanmoins, son sourire ne disparut pas : il était primordial de faire croire qu’il n’était pas vexé par les paroles acerbes d’une gamine dont il aurait pu être le père. Merlin avait été insolent ; Zébella l’était d’une toute autre manière qui lui plaisait beaucoup moins. Peut-être parce qu’elle se donnait des airs de ne pas être stupide, alors qu’au fond, ne restait-elle pas qu’une bonne femme en devenir ? Deux choses empêchaient Gustave de lui dire sa façon de penser : sa préférence à garder ses fonctions, et aussi sa tête.

-Ce travail est en voie. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un pays limitrophe, nous entretenons des relations positives avec le royaume de Vésatie, au nord des conquêtes de votre père. Le royaume de Pærsphöresst n’a pas souhaité se prononcer sur la conquête de Lieugro. Nous avons certainement nos preuves à faire pour entretenir des relations à minima cordiales avec son dirigeant. Par ailleurs, je vais me rendre à Erréil dans les prochains jours. Ceux-ci n’avaient pas émis de position claire depuis que votre frère gouverne. Quant à Narfas… je ne vous ferai pas l’affront de vous expliquer la situation.

Contrairement à ses collègues, il n’avait pas de longue carrière dévouée à la royauté derrière lui. Le diplomate acquiesça sans rien ajouter. Il n’en pensait pas moins. Cette saloperie aux cheveux anormalement bleus croyait qu’il n’y connaissait rien à Uobmab ? Pensait-elle réellement qu’il n’avait rien fait ces deux derniers mois ? Il s’était peu déplacé, certes, mais il avait passé beaucoup de temps à se former avant tout. Il connaissait tout d’Uobmab à présent. Tout. Il s’était préparé pour ce poste par ses propres moyens. N’avait-elle pas vu à quel point il était devenu classe et musclé à la fois ?

-Ce sera fait.

Avait-elle tenté un sous-entendu salace ? Il n’était pas certain de vouloir se taper la Reknofed. Si elle était effectivement bonne, il ne souhaitait pas s’immiscer entre elle et son amant de frère. Il ne souhaitait pas non plus terminer sur l’un de ses tableaux, pour des raisons évidentes. Trop de choses le dérangeaient chez cette femme pour qu’il ne put se laisser aller à ses activités naturelles sans la moindre pensée parasite. Déjà, il se demandait comment il avait pu avoir un rapport avec Irène, à l’époque où celle-ci était considérée comme la personnalité la plus flippante de ces terres. Il ne voulait pas se rappeler de ce soir-là.

-Un tournoi est une excellente idée. Je m’en occupe dès à présent.

Au même moment, Hermilius faisait enfin son apparition. Gustave se fit la réflexion que cette réunion était drôlement chaotique et cela manqua de le faire rire. Le diplomate fit volte-face vers la reine. Un abortif ? Elle était enceinte ? La défense de son cousin était curieuse et Gustave choisit de retenir ces informations dans un coin de sa tête sans les contester. Son attention, néanmoins, se posa sur son hypothèse d’avoir lui aussi été drogué. Les sourcils haussés, il se pinça les lèvres. Il voulait renchérir avec humour mais ne devait pas. Leur repas avait donc bel et bien été saboté. Par Noée. Avaient-ils été les seuls à ingurgiter un poison, ou Adénaïs et leurs enfants en étaient-ils aussi victimes ? Gustave leva une main de refus poli à la suggestion de Nicodème : lui-même ne ressentait pas le besoin de consulter un médecin. Par ailleurs, autre chose avait retenu son attention : qu’est-ce que c’était que cette histoire de jeune musicienne ? Hermilius et lui devaient avoir une discussion. S’il y avait un homme qui devait s’occuper d’Yvonelle, c’était Elzibert, ou bien lui-même. Mais pas Hermilius. Il refusait de voir naître une foutue liaison qui allait, encore une fois, faire de son cercle familial une sorte de boule lugubre de colère incestueuse. Il songea une seconde à tuer son cousin, puis estima que c’était peut-être exagéré. Quoique. Il aviserait.

Pour le reste, Gustave se contenta de la fermer. Il ne voulait pas être pris dans l’engrenage de ces histoires d’espionnage ou autre complot. Il n’était pas de cette trempe-là. La simplicité d’une vie idéale lui seyait bien mieux : une grande maison, une famille, des domestiques, un cheval, des terres, quelques prostituées… rien de plus simple.

-Vous avez toute ma gratitude. Fit-il à l’attention de la reine, baissant la tête en guise de respect.

Il était curieux d’observer comme son bonheur total et complet ne dépendait plus que de deux femmes : Zébella et Adénaïs. Il n’était pas sûr d’apprécier cela mais préférait rester aveugle. Au-delà de ses principes, il devait admettre que dernièrement, Hermilius avait déteint sur lui par plusieurs aspects. L’opportunisme en faisait partie.

864 mots
Bon chien-chien



Bijin
nastae:
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Sam 09 Déc 2023, 22:28



Le Roi Sadique

Kendra Dantes, Pei Pei Chung - Let It Rain
Âmes sensibles s'abstenir.
On a écrit nos messages en miroir.

Mes yeux se firent glace. « Quoi ? » Je ne sais pas équivalait à un non. « On pourra discuter après. » lui fis-je savoir. L’idée même de converser me révulsait. Je voulais la faire céder à mes envies, la voir s’abandonner à mes désirs. Si nous engagions la conversation, elle repartirait dans ses reproches incessants, elle me blâmerait pour mon comportement à son égard comme une mère réprime son enfant. Elle parlerait d’elle, encore et encore. Je ci, je ça, tu ci, tu ça. Elle m’accuserait, se ferait avocate, juge et bourreau. L’envie de lui enfoncer mes doigts dans la gorge me saisit les tripes, juste avant qu’elle ne prononçât des paroles qui instillèrent la surprise en moi. « Pardon ? » Je fronçai les sourcils, me remémorant cette soirée. « J’ai dit ton nom et tu as opiné ! » C’était impossible que ce fût une autre qu’elle. Elle possédait le même parfum, la même peau douce… J’avais bu mais l’alcool n’avait pu entraver mes sens à ce point-là. J’étais certain qu’il s’agissait d’elle. Sinon je n’aurais rien fait. Pas à ce moment. Je lui étais dévoué et cherchais à la soustraire des bras de Natanaël. Les critiques ne tardèrent pas à fuser. « Je ne te respecte pas ? Je ne te considère pas ? Je ne fais que ça ! C’est toi qui dramatises tout ! » me défendis-je. Je n’aimais pas son ton, ni la façon dont tournait cet échange. Elle parlait de plus en plus de Natanaël. Le regrettait-elle à ce point ? S’imaginait-elle parfois dans ses bras ? Réfléchissait-elle à la vie à laquelle elle avait renoncée en me choisissant moi plutôt que lui ? Je serrai les dents et fixai un point sur le mur en tentant de garder mon calme. « Excuse-moi. Je ne devrais pas m’emporter. Allons discuter… mais pas ici. » Lorsqu’elle refusa encore, je sentis une tension désagréable me saisir. « Quoi ? Tu ne veux pas être seule avec moi ? Je suis ton mari. On vit ensemble ! » Je saisis ses bras avec mes mains. « C’est quoi le problème ? C’est Hermilius qui t’a mis des idées dans la tête ? Tu me prends pour ton ennemi ? Je veux régler nos problèmes autant que toi, Yvonelle, mais on ne va pas discuter au milieu du couloir quand même… » Il fallait que je la convainquisse de me suivre. « S’il te plaît. Je crois que cette histoire prend vraiment des proportions anormales. Discutons et si tu veux me quitter ensuite, je te laisserai partir. D’accord ? » Je n’en pensais rien. J’allais lui faire regretter sa conduite.

« Je t’ai menacée ? Quand ? » la questionnai-je, de mauvaise foi. Tout était de sa faute. C’était elle qui cherchait. Elle qui jouait avec mes nerfs. Elle minaudait devant les autres hommes. Elle avait beau dire mais elle aimait monter sur scène pour sentir leurs regards sur elle. Son comportement avec Hermilius en disait long. Elle avait joué et il lui avait répondu. « Quoi ? » La tension s’accentua en moi. Mes lèvres tressautèrent sous les émotions négatives qu’elle créait à l’intérieur de ma poitrine. Un rictus se dessina et déforma ma bouche. Ma main partit violemment s’écraser contre sa joue. « Qui ne considère pas l’autre ? » m’emportai-je, tremblant. Je serrai les dents. « Maintenant tu me suis sinon je te tue pour de vrai ! » la menaçai-je. J’empoignai ses cheveux et la tirai vers la porte la plus proche après celle où se tenait la réunion. J’entrai dans la pièce, avisai un canapé et l’y amenai d’un pas rapide et sec. Je l’y lâchai et restai debout. Ma respiration n’était plus qu’un torrent sauvage. « Tu vois ce que tu m’obliges à faire ? » lui demandai-je. « Tu vois à quel point tu me rends fou ? » Je serrai encore les mâchoires. « Tu crois vraiment que je ne t’aime pas ? » Je m’approchai, pour tenter de constater les dégâts. La vérité c’est que ça m’avait plu.

Elle se releva, ce qui créa en moi d’autant plus de contrariété. Je voulais qu’elle restât sur ce canapé, assise, qu’elle m’écoutât et qu’elle avouât ses torts. Parce qu’elle avait tort. « Tais-toi ! » lui fis-je, tout en attrapant le tissu de sa robe au niveau de sa poitrine. Je la tirai et la jetai cette fois complètement dans le canapé. Je ne la laisserais pas se relever. Pour éviter sa fuite, je l’accompagnai sur la couche. Mes doigts trouvèrent sa gorge et la serrèrent. J’avais besoin qu’elle me fût soumise, qu’elle acceptât cette condition. « Tais-toi. » répétai-je, les yeux emplis d’ombres. Je bandais contre elle. Une idée s’inséra dans mon esprit. « Enceinte oui… mais rien ne me dit qu’il est de moi. T’es qu’une salope. » lui dis-je, tout en ouvrant mon pantalon de ma main libre. J’allais la prendre. Ça lui apprendrait. « Bouge pas. » Mes phalanges appuyèrent davantage contre son cou. Bientôt, elle ne dirait plus rien. Elle se rendrait à l’évidence : elle était à moi et rien qu’à moi. Elle m’appartenait et si elle cherchait à me fuir, je la retrouverais toujours. J’écartai sa culotte et m’enfonçai en elle malgré l’aridité de son entrejambe. Je m’en fichais. Ce n’était pas une question de plaisir sexuel. C’était différent. « T’es ma chose. » lui murmurai-je, la respiration haletante. « T’es à moi. » Je cherchai ses lèvres puis descendis dans son cou. Mon souffle ricocha contre sa peau. « Dis-le. » exigeai-je, alors même que je l'étranglais. Je l’imaginai l'articuler sans peine. Un son rauque sortit d’entre mes lèvres lorsque je jouis en elle. Essoufflé, je me retirai et la regardai en remettant mon pantalon. Le spectacle qu’elle m’offrait était au-delà de mes espérances. Mon regard se fit menaçant. « Et ne t’avise pas d’essayer de me quitter. Je te jure que je vous tuerai, toi et le bébé, si je te vois seulement essayer. » Je l’abandonnai là. Elle apprendrait à n'être qu'à moi.

1013 mots
Lucius (Elzibert):

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