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 Les Portes V - La Chute du Roi Sadique

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Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau II ~

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Dorian Lang
Lun 23 Oct 2023, 17:55

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 G7pa
Les Portes V - Le Roi sadique
Dorian, dans le rôle d'Ezidor




Rôle:

Un peu d'eau sur le visage, un tonique avalé à la grande contrariété de son estomac vide, des vêtements propres qui flottaient sur sa carcasse, autant d'ingrédients pour retrouver un semblant d'humanité, superficiels, mais qui devraient suffire au moins pour le court terme. Il évita de s'attarder sur l'étranger dans son miroir, ses cernes froissées de rides sous des yeux hagards, le côté de son crâne révélant une peau calcinée où les cheveux ne repousseraient pas. Il ignorait combien de temps était passé depuis qu'il s'était enfermé dans sa chambre. Un peu plus tôt, il s'était surpris à en sursauter, debout dans la pièce, à moitié habillé, à fixer d'un regard vide le gilet dans ses mains sans se rappeler pendant de longues secondes ce qu'il était en train de faire. Il n'avait pas remarqué tout de suite la répétition de ses absences, le temps s'écoulant différemment dans sa cellule, mais il avait fini par s'en apercevoir et celle-ci le mit particulièrement mal à l'aise. Il s'était juste tenu là, la tête vide, à ne rien faire, comme ses victimes droguées, avec aucun souvenir des dernières minutes.

Une fois prêt, même s'il ne l'était pas vraiment, Ezidor quitta sa chambre. Ses pupilles s'étaient dilatées. Il n'aimait pas consommer les drogues dures, sachant combien l'addiction ne pardonnait pas, mais il n'avait pas le choix. Il se sentait déjà plus alerte, plus conscient. Les substances aiguisaient la perception de son environnement, et une énergie animale, presque indécente, grondait dans ses veines comme un torrent de vitalité. Le pas vif malgré un boitement dû à sa jambe blessée, le médecin gravit les étages d'où il entendait du bruit. Ses muscles ramollis par l'immobilité forcée protestèrent et il dû faire quelques pauses le temps d'accuser la brûlure dans ses membres et d'apaiser ses poumons semblables à deux forges en fin de vie.

Les voix lui parvenaient du dernier étage, celui où il ne s'était pas aventuré, peu intéressé à l'idée de remuer de la poussière et de vieilles affaires abandonnées. Il ne passait finalement que peu de temps chez la d'Errazib. Les délires paranoïaques de Merlin avaient souvent nécessité sa présence à ses côtés, ne lui laissant que peu de temps pour sa fiancée. Ils l'avaient dépensé en l'instruisant sur quelques connaissances de base de son métier, les poisons les plus répandus, les médecines les plus utiles, savoir reconnaître les herbes propres à la région. Aucune minute n'avait été consacrée à jouer au fiancé et il ne l'avait pas touchée depuis la première fois. Son corps consentant n'éveillait aucun désir chez lui et il ne jouait pas à la comédie avec Irène, elle se faisait suffisamment d'illusions à elle toute seule pour qu'il ait besoin d'en ajouter une couche. Sa demeure lui restait donc impénétrable et il commençait à regretter son absence de curiosité. Lui qui se targuait de vouloir tout savoir, il n'avait pas jugé utile de fureter sur ce qu'il y avait juste sous son nez. Il avait sous-estimé Irène. Sa folie n'avait jamais été synonyme de stupidité.

Arrivé aux combles, Ezidor s'appuya à la rampe d'escalier et attendit que les frappements de son coeur cessent de l'assourdir avant de pousser la porte. Il se figea dans l'embrasure, interdit, son regard embrassant une scène inattendue. Arcange Reknofed remplissait toute la pièce de sa carrure de bœuf et Ezidor cligna des yeux, surpris de le voir en ces lieux. Irène en avait-elle fait son amant en son absence ? Il reconnaissait que le blond avait du charme, si l'on aimait les gros spécimens et les expressions dépourvues d'intelligence. Il perçut un mouvement sur le côté et vit trois femmes mais c'est la silhouette la plus maigre qui captura son attention. Au premier coup d'oeil, et sans sa présence à côté, il aurait pu croire voir Irène, mais une Irène qui aurait passé un mois aussi difficile que le sien, une Irène qui faisait horreur à voir. Puis enfin, il vit la soeur Reknofed, plus discrète. « Qu'est-ce qu'il se passe, ici ? » Il ne voulut pas montrer qu'il ignorait qui était cette pâle et maladive copie de la blanche. Son apparence le criait, elle était la soeur, ou peut-être même la jumelle d'Irène.

Ezidor planta son regard sur sa fiancée. Il craignait ses effusions, n'en voulait pas. Tout contact lui répugnait, et celui envahissant d'Irène plus encore. Il garda un visage indéchiffrable. Il n'y avait pas de bonne façon d'annoncer son retour et Ezidor n'essaya pas de faire comme si de rien n'était en étant anormalement poli avec les invités. En fait, leur présence l'irritait, plus qu'il ne s'y attendait, plus qu'il ne pouvait le maîtriser. Et cette soeur d'Irène aussi. Depuis combien de temps logeait-elle au dessus de sa tête ? Pourquoi le lui avoir caché ? Pourquoi la cacher ? Il ne comprenait pas, et il détestait ça. Ses jointures blanchirent sur la poignée de porte, qui lui servait accessoirement d'appui. Il garda son autre main, mutilée, couverte par sa manche, le long de son flanc. Il savait que son apparence allait générer des questions, des théories. Il n'en voulait pas, et il n'allait pas se justifier à ces étrangers. « Pourquoi êtes-vous tous ici ? » demanda-t-il froidement. Il se retint de peu de leur demander de partir, même si le sous-entendu était aisément perceptible.

Message VI | 951 mots

Je n'ai pas précisé quand il arrivait, pour ne pas pourrir le groove (party pooper, c'est lui), je vous laisse voir à quel moment ça vous arrange qu'il surgisse.


Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 O5u6
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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Lun 23 Oct 2023, 21:27



Le Roi Sadique


Lorsqu’Irène souhaita changer de pièce, je me levai afin de la suivre. Je m’arrêtai pourtant quelques instants et portai la fiole qu’Arcange avait bu à mon nez. Je sentis l’odeur du soi-disant médicament d’Ezidor. La fragrance ne m’apprit rien, si ce n’est le fait qu’aucun remède de ma connaissance ne possédait la même. Je repris mon chemin, mes pieds gravissant chaque marche comme si je m’apprêtais à conquérir cette demeure. J’étais bien plus lente que le faux Ezidor et sa femme. Mon regard s’attardait sur les portraits, sur la décoration et les meubles. Je m’en imprégnais. Je savais que les lieux d’habitation en disaient bien plus sur leurs propriétaires que ces derniers pouvaient en avouer eux-mêmes sur leur propre personne. Pénétrer la demeure de quelqu’un revenait parfois à pénétrer son cœur, son esprit et son corps. Tous ces objets pourraient sans nul doute raconter bien des choses, rapporter des conversations, dépeindre des événements. Petite, je m’imaginais souvent en tant que bibelot. Je tentais de me mettre à la place des objets et de me figurer la pire scène qu’ils avaient pu observer. Ensuite, je faisais des croquis des horreurs qui me hantaient.

Je suivis les gestes de mon frère avec beaucoup d’intérêt, tout en me questionnant sur la vie de la clé qu’il tenait entre ses doigts. Quels mystères cachait-elle et, surtout, la blonde était-elle réellement en train de nous révéler un secret inédit ? Je souris. Cela se pouvait. Les esprits dérangés avaient, eux-aussi, leur jardin secret. Il s’agissait parfois d’un jardin bien mieux entretenu que celui d’un être lambda d’ailleurs, un jardin plus riche et plus profond. Tranquillement, je m’assis là où je pus, tout en observant la pièce. Il y avait assez de lumière mais il ne ferait pas bon de rester ici une fois la nuit tombée. Sans me presser, je détaillai la jeune fille qui vivait là. Miroir et rachitique furent les deux mots qui me vinrent. J’écoutai l’étonnement feint d’Arcange. Je pouvais sentir son appétit jusque dans mes entrailles. Je plaçai mon carnet de croquis devant moi et commençai à y promener mon crayon tout en observant l’échange.

Mes yeux verts se déportèrent sur le nouvel arrivant. Je penchai la tête sur le côté, étonnée de voir l’homme de retour. Il revenait d’entre les morts. C’est, du moins, ce que son apparence murmurait. Je sentis une once de désir se frayer un chemin vers mon bas-ventre. « Votre femme désire un portrait et nous cherchons l’inspiration. » lui répondis-je, sans me lever. « Je suis ravie de vous voir sur pieds… lors de notre dernière entrevue, vous étiez inconscient. » Je ne précisai pas mon propos. J’aurais pu décider de lutter contre cette domestique qui désirait l’amener avec elle mais je ne l’avais pas fait. « Voulez-vous nous aider ? Mon frère jouait votre rôle jusqu’à présent et je pense qu’il peut continuer à le faire… sous vos ordres. Ce sera une expérience unique, de vous visualiser sous les traits d’un homme différent. » Plus jeune, plus robuste, mieux monté aussi, bien que mon expertise à ce sujet eût été faite dans de terribles conditions. Certains pénis étaient étonnants tant ils grossissaient une fois en érection par rapport à leur état de repos. Néanmoins, j’avais quelques doutes le concernant. La vérité était malheureusement bien moins clémente que mon imagination. Il n’y avait plus rien à tâter, chose que j’ignorais. « Commandez et il obéira jusqu’à ce que ça ne l’amuse plus. » La phrase était formulée à l’attention de mon frère. S’il s’avérait que le couple était en réalité ennuyeux, il pourrait prendre le relai et imposer l’histoire qu’il désirerait. Je voulais du sang, des cris et des larmes. « Si vous étiez Arcange, aussi jeune que lui, aussi musclé que lui, que voudriez-vous faire à votre femme et à sa jumelle ? Quelle serait votre réaction en apprenant qu’elle vous a caché son existence ? » Je n’avais pas l’intention de l’interroger sur son état. Je tournai le regard vers Irène. « N’arrêtez pas de jouer votre rôle. Gardez en tête que votre mari est représenté par mon frère. Vous aurez tout le temps de vous retrouver plus tard, alors que mon inspiration ne reviendra peut-être pas. » Je sentais l’élan créatif. Il ne manquait qu’une étincelle pour qu’il fût complet : une étincelle de haine, une étincelle de frustration, une étincelle d’audace. Plusieurs possibilités s’offraient à nous. « Irène, que voudriez-vous que votre mari fasse à cette femme ? » demandai-je. « Et vous ? Qu’aimeriez-vous lui faire ? » le questionnai-je encore, en me tournant vers le médecin. J’avais en tête qu’on ne se retrouvait pas aux prises d’une servante, probablement torturé par elle puis relâché sans un terrible secret à cacher. Ce couple me paraissait bien plus complexe qu’il n’y semblait. J’étais certaine qu’il était possible d’oublier l’histoire du vieux docteur célibataire qui décide soudain de se faire butiner le pistil par une jeune abeille naïve et folle avant de mourir.

822 mots
Rose-Abelle (Ange-Lyne):

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Lyz'Sahale'Erz
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Lyz'Sahale'Erz
Lun 23 Oct 2023, 22:39



Le Roi sadique



L’attente se faisait longue. J’inspirai et effectuai une demi-rotation de nuque. Quelque chose n’allait pas, je le sentais. Il y avait quelque chose d’anormale. Travailler avec Ezidor et côtoyer les milieux les plus vils avaient aiguisé mon instinct. Je reconnaissais les signes et avais appris à les suivre. Beaucoup ne faisaient pas de même. Lorsque leur corps leur criait qu’ils étaient en danger, ils luttaient vainement, en tentant de se rassurer. Bien des personnes étaient bloquées dans une relation toxique du fait de cette même propension à ne pas vouloir fuir. L’instinct étouffé, il n’y avait plus rien à faire : la souffrance devenait inéluctable. La souffrance ou la mort. Je commençai à compter dans ma tête, liant le temps une seconde après l'autre. D’ici quelques minutes, si nous étions toujours dans la même posture, je prendrais les devants. Nous n’attendrions pas d’être devant Merlin. J’assommerais le soldat, prendrais son arme et irais chercher l’usurpateur. L’opération serait périlleuse, voire mortelle mais il était hors de question que j’attendisse que la fatalité s’abattît sur moi. « Le Roi est parfois… » commença à m’expliquer celui qui nous avait escorté jusqu’ici. Il n’eut néanmoins pas le loisir de finir. Des murmures nous parvinrent. Des bruits d’armures légères et de pas envahirent les couloirs, jusqu’à ce que deux hommes armés ne se postassent devant nous. « Le Roi a été enlevé. » délivrèrent-ils seulement, avant de s’enfoncer vers une arche surplombant des escaliers. Je n'attendis pas plus. Mon mouvement fut net. Ma main attrapa le pommeau de l’épée du soldat et la pointe de la lame menaça son cou. Devant son incrédulité, je plongeai mon regard ambré dans le sien. « Vous et moi savons parfaitement que Merlin n’est pas plus fait pour être Roi qu’une catin pour clamer la chasteté. Vous êtes un soldat intelligent. Rendez-vous sans chercher à lutter. Je n’aimerais pas avoir à vous tuer. » En réalité, ça m’était égal... ou, plutôt, ça m’aurait été égal si je ne prenais pas mon rôle actuel à cœur. Pour le moment, Zébella ne m’avait pas trahi et elle s’était avérée être une jeune fille compétente et travailleuse durant la traversée. Elle méritait ce trône, bien plus que Merlin, bien plus que Garance, bien plus que beaucoup d’autres. Je voulais réellement croire qu’elle n’était ni comme son frère, ni comme son père. Je désirais qu’elle fût juste, avec des épaules assez solides pour tenir, protéger et élever tout un peuple. Je savais que je pouvais encore reculer et la trahir mais j’avais également conscience que plus nous avancerions, plus les portes de sortie disparaîtraient. Je devais faire un choix et je pensais m’orienter dans le bon chemin en continuant à ses côtés. Montarville avait été un bon Monarque mais la vieillesse l’avait rattrapé et, avec elle, la faiblesse. Zébella n’était pas encore une adulte mais elle le deviendrait. Conseillée et aidée, elle pourrait s’avérer être une Reine d’exception.

Une fois que j’eus lié les poignets de l’homme avec ses menottes de fonction, je me tournai vers elle. « Il a suffi que votre père tue Montarville et pose sa couronne sur sa tête pour que le Royaume plie. Votre frère et vous deviez régner ensemble à la base, n’est-ce pas ? Vu les circonstances, je vous conseillerais d’annoncer votre retour comme si la chose était normale aux soldats qui sont à la botte de votre frère. » Souvent, l’assurance d’un menteur valait cent vérités. Le principal problème restait cet enlèvement et l’opposition qu’avait dû connaître Merlin en s’asseyant sur le trône. Judas aurait fait taire les révoltes d’une manière ou d’une autre. J’ignorais les actes qu’avaient pu avoir son fils. Le peuple de Lieugro restait néanmoins majoritairement défavorable à Uobmab, c’était une certitude. Si Zébella voulait régner sereinement, elle devrait gagner le cœur de ses sujets. Elle ne devrait pas leur mentir, pas articuler de promesses vaines. Elle devrait prendre son rôle à cœur et se comporter en adulte malgré son âge. Elle devrait être solide. « Les autres pourront entendre la vérité. » Mon regard scruta Alembert un instant. Il était à la fois un problème et une solution. Un problème parce que si les gens apprenaient qui il était, il pourrait recevoir de nombreux soutiens. Une solution parce que si nous le forcions à coopérer, la présence d’un enfant de Lieugro pourrait rassurer le peuple. Mes yeux changèrent de cible pour se poser sur la jeune fille. « Je vous laisse décider de ce que nous faisons de lui. Néanmoins, s’il décide de ne pas coopérer au sujet du trône, il vaudrait sans doute mieux le tuer maintenant. » Nous devions également trouver Merlin et l'éliminer. Dans le palais, le chaos régnait de plus en plus. Amis et ennemis seraient difficiles à reconnaître et j'espérais que la Princesse d'Uobmab et peut-être future Reine saurait jouer la comédie et tirer son épingle du jeu.

784 mots

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Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
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Susannah
Mar 24 Oct 2023, 07:57

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 3ev7
Les Portes V - Le Roi sadique
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

La nervosité de Zébella croissait, grossissant à chaque minute absorbée. L'attente pouvait se révéler bénéfique dans certains cas, et elle avait appris à se transformer la tension qui précédait une compétition en explosion d'adrénaline. Elle essaya de tromper son esprit pour lui faire oublier le chanvre collant ses mains entre elles, pour lui faire croire qu'il s'agissait d'une autre traversée de lac à la nage, d'une simple course folle à cheval. Juste une nouvelle épreuve, rien de plus. Et son adversaire avait l'audace de rater le sifflet qui marquait le départ. Est-ce qu'il faisait exprès de tarder à se montrer ? Il était assez mesquin pour désirer lui montrer ainsi combien elle avait perdu en importance, que pendant qu'elle était menottée et réduite à l'immobilité, lui régnait et qu'elle n'était plus rien. Elle commençait à trépigner quand deux soldats apparurent, le front ridé d'inquiétude. « Qu - » Zébella en était encore à se demander qui avait pu quand Childéric passa à l'action. Les questionnements viendraient plus tard. D'un geste vif, répété inlassablement sur le bateau jusqu'à devenir fluide, elle se défit de ses liens et attrapa sa lame.

« Vous êtes bon en improvisation ? » C'était une question rhétorique. Un Chef des Armées qui ne l'était pas ne pouvait espérer voir sa barbe blanchir. Et il avait intérêt à l'être s'ils voulaient voir un autre jour se lever. Elle ignorait ce qu'il se passait, mais son objectif ne bougeait pas. Il leur fallait juste trouver Merlin, et régler son sort avant ceux qui venaient de leur couper l'herbe sous le pied. « Entendu. » Elle sourit en s'entendant lui répondre. Comme un soldat à son général. Durant la traversée, elle avait reconnu son autorité. Elle respectait son expérience et ses compétences, et sans cela, elle n'en aurait sûrement fait qu'à sa tête sans se soucier de ses conseils. Elle se pencha vers lui pour que lui seul l'entende. « Les Reknofed sont peut-être derrière son enlèvement. Il s'agit de mes cousins, nés d'une branche bâtarde à la mienne et il est plus que probable qu'ils désirent le trône. Méfiez-vous d'eux. Ils ne joueront certainement pas à la loyale. » Cela dit, Zébella se tourna vers Alembert. Sa présence ne l'enchantait toujours pas. Il s'apparentait à une épine dans son pied. « Comme s'il avait un autre choix que de coopérer pour le moment. » lâcha-t-elle. « La question n'est pas de savoir s'il nous trahira, mais quand. Au nom de quoi devrais-je lui laisser une chance de vivre ? Ce serait stupide de prendre ce risque. » Elle avança sur le Lieugrois bâtard. « Qu'est-ce que tu en penses ? Est-ce que je suis stupide ? » Elle savait qu'il ne pouvait pas répondre. Elle leva sa lame et trancha ses liens avant de la remonter jusqu'à positionner la pointe sous son menton. « Disparais une seule fois de mon champ de vision, et tu es mort. Fais un seul geste sans qu'on te l'ait ordonné, et tu es mort. Si tu veux me voir faire preuve de clémence, il va falloir que tu fasses un effort et que tu le mérites. » Elle ne le vouvoyait pas. Il n'y avait que ceux qu'elle respectait qui obtenaient ce droit. Alembert actuellement, n'était rien. Isolé des siens, inconnu de son peuple, il n'avait personne. Comme elle à Narfas. Mais son père lui avait inculqué de laisser à chacun l'occasion de montrer son potentiel, c'était ainsi qu'être noble ou non n'avait pas vraiment d'importance à Uobmab. Chacun avait la place qui convenait à ses capacités, pas plus, pas moins. Alembert allait devoir se plier à ce régime s'il voulait survivre. « Prouve-toi aussi utile que Childéric, et peut-être que j'envisagerai de te laisser en vie. Montre-moi que tu peux me servir à quelque chose, car sans ça, tu ne me sers à rien, et si tu ne me sers à rien, les vers de terre seront ravis de t'avoir pour dîner. Simple, non ? Hoche la tête si tu as compris. » Et elle abaissa sa lame pour qu'il ne s'embroche pas dessus tout seul en le faisant. Elle était consciente qu'il n'avait de toute façon pas d'autre choix que d'obtempérer. Dans quelle mesure pourrait-elle lui faire confiance, plus tard ? Elle jeta un coup d'oeil à Childéric. Il assurait ses arrières, normalement. Mais il était Lieugrois lui aussi, et elle n'excluait pas la possibilité qu'il décide finalement qu'Alembert valait mieux qu'elle sur le trône. Uobmab n'avait rien fait sur ce Royaume qui donne envie de ne pas les en éloigner pour revenir à un gouvernement moins sadique. « Allons-y, il faut le trouver. Alembert, devant moi. » Au moins serait-il en première ligne s'il devait y avoir un affrontement.

Le chateau avait subi des changements depuis son enlèvement, mais elle ne prit pas le temps de les observer. Une agitation diffuse régnait et la tension piquait ses nerfs comme des milliers d'épines. Une escouade de gardes surgit des escaliers et freina en les voyant. Elle en connaissait certains, au moins de visage. À Uobmab, quand elle s'ennuyait, elle aimait traîner dans leurs rangs pour les défier au bras de fer et les obliger à se battre avec elle. Son menton se dressa et elle oublia qu'à cet instant, elle avait l'allure dépenaillée d'un mousse et non celle de la princesse d'Uobmab. Sans ambages, la bleue démarra pour ne pas les laisser la questionner en premier en priant que sa voix reste stable. « Puis-je savoir comment vous avez fait pour perdre le Roi ? Je ne suis partie que quelques temps et déjà, tout va à vau-l'eau ? Est-ce que c'est une plaisanterie ? Avez-vous perdu la tête ? Parce que c'est ce qu'il va se produire si vous ne le retrouvez pas immédiatement. Je ne me suis pas débarrassée de mes ravisseurs et ait refait tout le chemin par mes propres moyens pour retrouver mon Royaume dans un tel état, ni pour ne pas retrouver mon frère, vivant et prêt à accueillir mon retour. » La bouche ouverte, les gardes la regardèrent, puis Childéric, puis Alembert, puis elle à nouveau. « ... Je ... Nous... Il... » Les sourcils de Zébella se haussèrent promptement. « Vous êtes conscients que si c'était Judas qui se tenait à ma place, vous seriez déjà mort ? Ou à désirer l'être ? Dépêchez-vous de le trouver. » Il y eut un instant de flottement, une hésitation, puis celui menant les autres les regarda. « On n'a pas cherché l'aile droite, vous, allez-y. Vous, dans les jardins. Nous allons fouiller les sous-sols. » « Parfait. Je vous suis. » « Euh... » « Je crois que ce que vous essayez de dire est "Oui, votre Majesté. Excusez-nous d'être aussi lents et incapables que des cochons d'inde, votre Majesté". » les aida-t-elle d'une voix glaciale. Le soldat piqua un fard et marmotta des excuses en s'inclinant avant d'ouvrir la marche. Avant de leur emboîter le pas, Zébella glissa un sourire en coin à l'attention de Childéric. Elle ne pouvait pas s'empêcher de s'amuser un peu à ce jeu de bluff. Le fait que leurs têtes soient en danger n'ajoutait que du piment à la partie.

Message II | 1262 mots

Au prochain tour, ils trouveront Merlin et l'interrogeront Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 1266825537


Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 7qoc
Merci Jil  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 009 :
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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 24 Oct 2023, 07:58



Unknown

Le Roi sadique

En groupe | Alcide


Rôle - Nicodème d'Ecirava :


Nicodème acquiesça, songeur. Il était un peu surpris par la missive du Reknofed. Ezémone avait évidemment parié sur le fait qu’il finirait par leur envoyer quelques lignes pour remercier leur fille ; mais lui songeait que l’action de Stéphanette tenait plus d’une inconséquence déplacée que d’un héroïsme louable. Visiblement, il s’était trompé. Il haussa les épaules ; en matière d’actes héroïques, il n’excellait qu’à raconter ceux dont s’étaient emparés les plus grands artistes. Il n’avait jamais été un héros et ne le serait jamais. Il n’enviait pas ces hommes et ces femmes qui suscitaient l’admiration de générations entières. Il s’épanouissait mieux dans l’ombre, discret et méticuleux, un peu effacé mais tranquille. La gloire qui aspergeait les exploits, lorsqu’elle aurait dû susciter en lui un émoi admiratif, lui était tout aussi étrangère. Elle ne le touchait que lorsqu’elle s’imprégnait de pigments ou de pierre, de coups de pinceau ou de burin. Outre l’incendie et l’approche douteuse d’Adénaïs d’Etamot, ce qu’il retenait de la soirée n’avait rien à voir avec la vaillance d’Arcange : il se souvenait davantage du jeu de la jeune Yvonelle. Il y avait dans ses notes une mélancolie qui lui avait rappelé ce tableau où explosait la détresse d’un ange nu, pointé du doigt par la mort. Quand il était repassé devant le lendemain, dans son salon, les notes du violon semblaient avoir à nouveau résonné.

Il posa la lettre ouverte sur le bureau d’Ezémone. « Sans doute. » lui accorda-t-il. « Nous devrions peut-être même en profiter pour lui lancer une invitation ? » Le Roi ne l’avait pas encore fait. Il aurait peut-être dû, étant donné les circonstances. C’eût probablement été la moindre des choses pour le service rendu. Le blond ne doutait pas qu’Hermilius lui eût soufflé l’idée – le conseiller était loin d’être bête. Le souverain avait simplement dû refuser, ou repousser à plus tard. Ses préoccupations le torturaient-elles à ce point ? Nicodème s’interrogeait mais ne parlait pas. Il ne se mêlait pas de politique. Ça ne l’intéressait pas, à moins qu’il ne pût établir un pont quelconque avec le domaine de l’art.

La main de sa femme cherchant la sienne le ramena au concret. Il releva les yeux vers elle et caressa délicatement son poignet pour répondre à la tendresse de son baiser. Un sourire affleura sur ses lèvres. Durant ces moments d’émotions débordantes, elle ne pouvait pas lui être plus opposée ; pourtant, il les chérissait à sa façon. Il aimait la voir pétillante, et se couler dans son ombre, caché derrière les étincelles qui griffonnaient son regard de mille mots inachevés. Il n’était pas un homme prompt aux grandes effusions ; il apparaissait parfois si taciturne et si peu souriant que l’on aurait pu croire que tout l’indifférait. En réalité, il trouvait son bonheur dans celui de sa famille, et dans des considérations qui, du point de vue d’Ezémone, l’empêchaient de toucher terre – mais l’art appartenait davantage aux cieux ou à l’étendue infinie des océans qu’à la morosité brunâtre du sol. Il la regarda s’éloigner vers la fenêtre. Pendant quelques secondes, il la contempla, avant de s’avancer pour la rejoindre. Ses doigts effleurèrent brièvement le pourtour de sa manche, tandis que ses iris céruléens se perdaient sur les parterres fleuris. Il repéra les silhouettes de leurs filles, et son cœur palpita de quelque timide félicité. Les flammes avaient soufflé sur son cœur une chaleur inattendue.

« Non, toujours pas. » Il ne précisa pas qu’il était tombé malade, récemment. Son don pour l’économie de moyens s’exprimait aussi dans sa manie de se taire, de ne pas prononcer plus de mots que nécessaire. Ses prunelles quittèrent les jardins pour détailler le profil de son épouse. Jamais il ne lui avait demandé de poser nue pour un artiste ; à cet instant, il y songea. Les coins de ses lèvres frémirent, sans qu’il ne décrochât un véritable sourire. Elle aurait probablement refusé. Avec d’autres, il usait de divers moyens de persuasion, mais avec elle… Il observa à nouveau les jardins, où la silhouette de Doléas se dessinait souvent, penchée sur quelques plantes à soigner. Il y avait dans les mains du jeune homme une délicatesse qu’il rêvait de voir magnifiée en peinture.

Quand la violette reprit la parole, il réorienta son attention sur elle un bref instant, le temps de se raccrocher à ses mots ; puis il scruta le ciel et les quelques nuages cotonneux qui s’y étiraient paresseusement. Il la laissa élaborer, exposer chacun de ses arguments, explorer l’univers de possibilités que son esprit fertile pouvait imaginer. Il voyait ses paroles danser sur l’azur. « Pourquoi pas. » souffla-t-il. « Mais le Roi est souffrant, alors il faudra attendre un peu. » Il laissa planer un silence, avant de reprendre : « Il n’y a pas que son éventuelle impuissance qui m’inquiète. » Le trésorier passa sa main sur le rebord de la fenêtre, comme pour en chasser une couche de poussière imaginaire. Elle allait le contraindre à parler de politique, finalement. « Son père est réputé pour sa violence. Depuis l’assassinat de Montarville, elle n’est vraiment plus à prouver. » Avec sa femme, Nicodème veillait à employer les mots justes, même lorsqu’ils pouvaient paraître désagréables. En société, il devait souvent arrondir les angles. « Sa sœur en a aussi fait une démonstration abjecte lors du bal organisé par Montarville. » Il avait encore en travers de la gorge la mort prématurée d’un garçon aussi prometteur que Déodatus. « Merlin n’est pas connu pour sa candeur. » Il pensa au mariage des deux enfants de la d’Etamot. « Je ne souhaite l’accuser de rien, mais s’il doit se révéler aussi brutal que Judas et Zébella, alors j’aimerais autant qu’il n’abatte pas sa folie sur notre fille. » Il s’humecta les lèvres. « Et bien que je fasse mon possible pour lui assurer mon soutien et garantir au mieux la stabilité du royaume, Sa Majesté se trouve dans une position précaire. Rien ne garantit que les Lieugro ne reviennent réclamer leurs terres. La Princesse Zébella peut très bien rôder dans les parages. Et la lettre anonyme a soulevé quelques questionnements quant à la légitimité de l’un ou de l’autre. Renommer le royaume d’après celui de son père ne m’a pas semblé très opportun non plus. » Il soupira brièvement. « Je ne voudrais pas qu’Olivette se retrouve dans une position défavorable ou la tête plantée au bout d’une pique à cause de fiançailles précipitées. » Il s’arrêta et regarda Ezémone. « Tout cela ne vous inquiète donc pas ? Vos journalistes vous auraient-ils soufflé quelques secrets qui puissent vous rassurer ? »



Message VI – 1098 mots




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Mar 24 Oct 2023, 14:27



Le Roi Sadique


Ses mots sifflèrent à mes oreilles. « Quoi ? » articulai-je, mes lèvres habitées d’un tic nerveux. Elle savait ? Depuis tout ce temps, elle savait. Depuis notre mariage, elle savait. Elle savait et cette chienne n’avait rien dit. Pas un mot plus haut que l’autre. Pas un regard de travers. Juste cet éternel comportement de jeune mariée dévouée. Je serrai les dents, incertain sur ce que cette femme était au juste. « Tu… » Elle me demanda de me taire et j’exauçai son souhait. Intérieurement, une rage froide commença à se distiller dans mes veines. Pour qui se prenait-elle ? Elle me reprochait maintenant mon comportement. Pourquoi pas plus tôt ? Elle avait dû bien rire tout ce temps, comme j’avais pu rire, parfois, de Natanaël qui ne connaissait rien de sa situation. Si elle n’avait jamais cru un mot de tout ce que je lui avais raconté depuis que j’avais commencé à lui mentir, si elle avait connaissance de mes travers, pourquoi n’avoir rien dit ? Pourquoi avoir gardé le silence ? Aimait-elle souffrir, comme notre mère ? Toujours trouver un bourreau par lequel se faire battre ? Si c’était ça, je pouvais parfaitement remplir ce rôle. Elle n’avait qu’à demander. Je balayai Hermilius d’un revers de main. Peut-être s’intéressait-il à elle. Ou peut-être pas. Peut-être que si c’était le cas, c’était entièrement de sa faute. Quelles promesses lui avait-elle faites ? Quelles suggestions avait-elle pu lui murmurer pendant que je n’étais pas là ? Que me cachait-elle ? Parce que, finalement, c’était ça… si elle n'avait rien dit jusqu’ici, c’était peut-être parce qu’elle avait des choses à se reprocher. Si elle disait quelque chose maintenant, c’était peut-être parce qu’elle ne supportait pas de n’avoir plus aucun contrôle sur moi, de constater que je ne la désirais plus comme elle voulait. Je l’imaginai fort bien en petite princesse, à vouloir que tous les princes des environs bavassent sur elle. C’était ça, avant, entre Natanaël et moi. Peut-être était-ce lui qui avait rompu les fiançailles, après tout ? Il était bel et bien parti, sans se retourner. Il n’avait jamais cherché à la rattraper. Peut-être qu’elle mentait, elle-aussi. Peut-être qu’elle avait accepté de m’épouser simplement parce qu’il l’avait larguée. Et maintenant, elle me faisait des reproches, en voulait à mon père pour une raison obscure. En fait, c’était ça… elle ne supportait pas de ne plus être le centre de l’attention. Elle voulait tous les regards pour elle, comme lorsqu’elle jouait sur scène sa musique aussi déplanante qu’elle. Et que disait-elle ? Que devais-je comprendre à présent ? Elle voulait me quitter ? Jamais. Elle ne partirait jamais. Peut-être que notre problème était mon comportement. J’avais cherché à la conserver, je l’avais mise sur un piédestal mais, finalement, elle ne méritait sans doute pas. Je pouvais aisément décider pour deux. Après tout, elle était la fille d’une pute et d’un cadavre. La sœur d’un violeur. J’étais peut-être le fils de cette même pute mais j’étais aussi celui du diplomate royal. Il ne fallait pas qu’elle l’oubliât. Si nous avions cette maison et ces biens, c’était grâce à mon père. Stupide ? Il ne l’était pas. Par contre, elle, elle outrepassait les limites. L’envie de lui foutre une claque pour calmer son hystérie me chatouilla la paume. Je ne fis rien. « Arr… » Toujours ces injonctions de me taire. Qu’elle profitât, parce que lorsque je lui aurais fourré un torchon au fond de la bouche, elle arrêterait de me couper la parole.

« Tu… quoi ? » Enceinte ? De qui ? Depuis quand ? Si elle s’en était rendue compte, ça devait faire plus d’un mois. Un mois… deux mois ? L’ombre de Natanaël s’intensifia dans ma tête. Depuis combien de temps savait-elle et depuis combien de temps me le cachait-elle ? La porte claqua. Les yeux fixés sur l’endroit où elle avait disparu, j’inspirai et expirai. Elle ne l’élèverait pas dans ces conditions-là ? Je me baissai pour ramasser les fleurs et cherchai un autre vase. Je les plaçai dedans. Elle élèverait cet enfant dans les conditions qui me siéraient. Je remarquai que mes doigts tremblaient. Le fait qu’elle me plaçât au pied du mur ne m’avait pas plu. Elle voulait courir ? Partir ? Pour aller où ? Ma femme était complètement folle et les hystériques avaient besoin de se faire soigner. L’extérieur ne leur allait pas. Il y avait bien trop d’éléments troublants à même de leur retourner le cerveau. Il valait mieux qu’elles restassent entre quatre murs, pour se reposer. J’expirai par le nez. Elle resterait ici, avec moi. Elle n’irait nulle part. Et, à partir de maintenant, vu qu’elle se fichait de moi depuis le début et vu sa véritable nature, j’allais arrêter de lui cacher la mienne. Elle aurait intérêt à être heureuse et à en redemander. Et si elle faisait quoi que ce fût avec Hermilius ou un autre, elle comprendrait sa douleur. Au moins, elle pleurerait pour une véritable raison. Je baissai les yeux sur ma tache de naissance et la fixai comme si en elle résidait les racines du mal.

830 mots
Lucius (Elzibert):

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Mar 24 Oct 2023, 20:23

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Le Roi sadique



Rôle:

Hermilius lassa ses chaussures tout en écoutant les sons qui provenaient de la chambre du couple. Il continua son ouvrage, fit quelques pas et s’intéressa aux rosiers. En prenant garde aux épines, il ôta une tige comportant plusieurs roses rouges de l’arbre. Il sortit un mouchoir de sa poche, se dirigea vers le puit afin d’y chercher de l’eau et trempa le tissu dans le seau une fois qu’il l’eut remonté. Il l’entoura autour de la base et, finalement, huma le parfum de ce qu’il avait cueilli. Les fleurs étaient parfaites. Petit à petit, elles avaient éclos et s’étaient développées. Il s’appuya sur la pierre et fixa les alentours. Puis, son regard se posa sur Yvonelle. Il aurait pu lui faire remarquer qu’il avait prévu cette situation depuis le jour où Gustave avait adopté Elzibert mais n’articula rien. Il se leva simplement et se dirigea vers elle sans commenter l’état de ses joues, de ses yeux ou de ses lèvres. Ces dernières, prises individuellement, auraient pu illustrer l’état de celles de ses amantes après l’amour, lorsque les baisers avaient été passionnés et les cris d’extase multiples. Le corps se transformait immanquablement sous le coup des émotions, qu’il s’agît de tristesse ou de joie. « Il fait déjà plutôt chaud mais il vaut mieux aller se promener maintenant que dans l’après-midi. » Il sourit et alla chercher ce qu’il avait préparé dans l’espoir qu’elle vînt avec lui. Il prit deux chapeaux sur les trois et lui en fourra un sur la tête. « Le soleil est traître parfois. » Il fit de même pour lui. La chaleur avait asséché bien des paysages et la pluie tardait à venir depuis des semaines. Elle était éparse, jamais efficace. Les jardiniers devaient avoir bien du travail, à puiser l’eau des puits et à la verser sur les massifs des nobles. « Vous venez ? » lui demanda-t-il, après avoir initié quelques pas lui-même.

Pendant le trajet, Hermilius fit la conversation. La jeune fille regarda plusieurs fois derrière elle. Il n’eut pas besoin de lui faire remarquer qu’Elzibert ne viendrait pas. C’était trop tard et, de toute façon, même si l’adolescent avait souhaité les retrouver, les chances de succès auraient été minces. Le de Tuorp parla donc de tout et rien : de sa fascination pour les jeux de mots divers, d’anecdotes sur les paysages, des appartements qu’il avait visités, de ce costume qu’il aimait beaucoup et qui avait brûlé, de cet étrange oiseau qu’il entendait le matin en se réveillant et qu’il n’avait su ni identifier ni voir, de cet air qui le hantait parfois mais dont il n’arrivait plus à retrouver le titre – et qu’elle connaissait fatalement puisqu’il s’agissait de l’une de ses compositions – et d’autres sujets. Il avait l’habitude de disserter seul dans sa dépendance avant, pour s’entraîner et parce qu’énoncer ses idées et ses répliques à voix hautes l’aidait à réfléchir et à s’améliorer. Parfois, il prenait un livre qu’il lisait à des spectateurs illusoires. Ce genre d’exercices l’avait beaucoup aidé dans la vie. Il était devenu bon orateur et assez souple pour s’adapter à bien des situations. Il imaginait des scénarios, les résolvaient, les modifiait, les travaillait. Il l’avait également fait avec Eléontine mais tout ceci était du passé. Son corps découpé en morceaux avait nourri les cochons. Il n’en restait plus rien à présent. Plus rien d’elle, et plus rien de la victime d’Ezidor non plus. C’était amusant, le fait qu’ils eussent eu la même idée au même moment. Le hasard était perturbant.

« Je viens là de temps en temps. » Ils s’étaient enfoncés dans la forêt. Il était certain qu’elle avait reconnu les environs bien avant que la cabane ne fût visible. « Je n’ai rien dérangé, bien sûr. » Il avait observé l’ensemble, lu ce qu’il y avait à lire, mais c’était tout. Il grimpa et, une fois à l’intérieur, s’assit sur le canapé de fortune. « J’en profite pour faire la sieste parfois. C’est reposant et je sais que personne du palais ne pourra m’y trouver. » Il bascula sur le côté et s’allongea. Il tendit sa main libre vers le plaid qu’il avait laissé sur le dossier, l’ouvrit et le déposa sur lui. Il faisait déjà chaud mais il aimait bien avoir quelque chose sur lui. Il pencha la tête en arrière et fixa le plafond quelques secondes avant de finalement la regarder. « Vous pouvez me parler, vous savez. En plus, je vous ai dit que je ne tenterai rien. C’est vrai que je vous ai conduite dans la forêt, dans cette cabane, que je ressemble sans doute au grand méchant loup et qu’il doit n’y avoir personne à des kilomètres à la ronde mais… j’ai des manières. Parfois. » Il rit et replanta ses yeux sur le plafond et ses décorations. Il aurait aimé avoir une cabane comme ça plus jeune. Il posa ses roses sur son torse et plaça son chapeau sur son visage. « Ne tentez pas de me tuer hein. »

807 mots



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Mar 24 Oct 2023, 22:33

Gustave
Le roi sadique
George Barnett - NOTHING ON THE LINE


La statuette s’éleva dans les airs, puis retomba dans la main de son propriétaire. Gustave traversait le couloir en sifflotant. Il réfléchissait à beaucoup de choses concernant son avenir, sa maison, son travail. Il songeait aussi à Éléontine, pensa furtivement à Ludoric à un moment, mais revint rapidement sur le cas d’Éléontine. Gustave se demandait ce qu’il devait faire : attendre encore quelques mois dans l’espoir vain qu’elle réapparut, ou enclencher un processus de divorce pour manquement au devoir conjugal ? Le de Tuorp doutait. Il avait profondément aimé Éléontine, même après avoir subi tous les coups bas qui les avaient éloignés l’un de l’autre à la fin. Il était certain qu’à cause des événements, elle avait décidé de partir loin. C’était la seule explication, avec la mort, qu’il donnait aux résultats infructueux des enquêteurs et autres chercheurs de tête. Cette fin de leur histoire le décevait. Peut-être était-ce mieux ainsi ? Il l’ignorait. Le diplomate donna un nouvel élan à la statuette, qui défia la gravité quelques secondes avant de rejoindre sa paume. Nouveau fils ; nouvelles fonctions ; nouvelle maison ; il ne restait plus qu’un aspect pour décorer parfaitement sa nouvelle vie et cela s’appelait une femme en chair et en os.

-Monsieur de Tuorp, vous avez reçu une lettre de la part de Dame Adénaïs d’Etamot, la courtisane du roi.

-Merci, je sais qui c’est.

Certains domestiques semblaient être devenus stupides depuis la prise de pouvoir de Merlin. A croire que l’actualité des deux derniers mois leur avait frappé le crâne au point de leur faire subir une commotion cérébrale. Gustave s’empara de la missive. Adénaïs avait été rapide, ce qui le contentait. Le contenu l’enchanta moins, mais il préféra en rire doucement. Au moins, elle n’avait pas refusé. Cela, néanmoins, modifiait quelque peu les plans de sa journée. Une réunion, quelle qu’elle fut, se préparait, et d’autant plus lorsqu’elle requérait autant d’exigences que ce que lui avait transmis la catin.

-Donnez-lui confirmation.

Le garçon se plia en deux et disparut. Gustave appela un nouveau domestique. Il lui tendit la statuette.

-Empaquetez-moi ça et transmettez-la à Nicodème d’Ecivara.

-Très bien monsieur, faudra-t-il un mot ?

-Vous avez de quoi écrire ?

-Oh, euh, je… Il fouilla dans ses poches. Seulement une mine de graphite et ce morceau de papier, mais…

-Ça ira.

Le domestique se précipita vers la première commode qui voulut bien lui accorder un coin.

-Écrivez : ”Pour l’amour du ciel, Nicodème, gardez-moi ça.” Inutile de signer.

Il ne supportait plus de croiser le regard rouge de cette bête sauvage et le trésorier en ferait meilleur usage que lui. Le papier gratta et lorsqu’il ne l’entendit plus, le diplomate pivota sur ses talons.

-Vous préviendrez vos collègues que nous avons une invitée pour le repas.

Au même moment, un grand fracas retentit dans la maison. Le bruit fut suivi de cris que l’on devinait sans problème de l’origine d’Yvonelle. Alors qu’il montait les escaliers, sa belle-fille descendait en furie. Gustave la regarda passer sans un mot. Il frappa à la porte de la chambre conjugale, où il se glissa dans l’entrebâillement. Il la reconnaissait entre mille, l’odeur moite du sexe qui flottait dans la pièce. L’accoutrement de son fils ne l’incommodait absolument pas, en revanche le parfum avait une saveur toute particulière qui le réveillait plus qu’il ne l’était déjà.

-Quoi que tu aies fait, tu n’y es pas allé de main morte.

Il lui épargna un commentaire comme quoi lui-même n’avait jamais fait hurler sa femme ainsi – hormis au lit. Au contraire, c’était plutôt elle qui l’avait déjà fait hurler comme ça, mais peu importait. Est-ce qu’Yvonelle avait découvert qu’il la trompait ? Ou est-ce qu’elle avait appris pour ses petites pratiques d’un autre genre ? A la place de la jeune femme, peut-être que Gustave aussi aurait paniqué et se serait enfui en claquant la porte... Quoi qu’il en fût, il préférait de loin ses petits jeux sexuels que la désastreuse orientation de Ludoric. De loin. Ses poings se serrèrent en y repensant et ses mires coulèrent sur le vase fracassé au sol.

-Ca va aller ?

Elzibert était en colère et le père comprenait qu’il devrait s’arrêter à cette question, bien que la cohésion de leur famille à ce moment-là lui paraissait cruciale.

-J’ai demandé à votre mère de passer à la maison pour le repas. Il y a certains sujets que je souhaite évoquer avec elle. Toi et Yvonelle êtes conviés, à sa demande. Hermilius aussi, si tu le croises. Il n’avait d’ailleurs pas la moindre idée d’où se trouvait ce dernier. Je sais que ce n’est pas un bon moment à passer, mais faites en sorte d’être présents à l’heure s’il-vous-plaît. Et de faire bonne figure.

Il ne souhaitait pas que les affres des uns et des autres ne lui retombassent dessus pour une raison ou pour une autre. Yvonelle pouvait se comporter comme une vipère quand elle le voulait et avec qui elle voulait et cela l’irritait. Il n’avait rien fait pour subir son ire, sinon accéder à la demande des deux amants. A moins qu’Hermilius ne lui eût soufflé de mauvaises idées à son encontre, il supposait qu’elle était instable – sa crise toute récente en était une preuve. C’était un problème.

-Je suis disponible si tu as besoin de quoi que ce soit.

D’un mouvement de tête entendu, il referma la porte et partit superviser le reste de la maisonnée.

903 mots
Du coup en fait c'est trop de bordel pour faire la réunion maintenant donc on verra



Bijin
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Mer 25 Oct 2023, 08:09

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 2bxn
Les Portes V - Le Roi sadique
Ezémone




Ezémone d'Ecirava:

« Souffrant ? » répéta Ezémone. Ce pouvait être aussi bénin que grave. D'une impartialité cruelle, la maladie n'hésitait pas à moissonner dans les rangs les plus juvéniles. Elle aurait voulu en savoir plus à ce sujet. Interroger Irène aurait pu être une option si son futur mari n'avait pas disparu. De son côté, Nicodème avait toujours été avare de détails, ce qui la rendait parfois folle. Lui tirer les vers du nez était plus difficile avec lui qu'avec beaucoup de personnes avec qui elle s'entretenait. « Quelle malchance que cela tombe maintenant. La disparition d'Ezidor en devient aussi ennuyeuse que mystérieuse. » Des étincelles crépitèrent dans sa tête alors qu'elle prononçait ces mots. Oui, cela pouvait faire un bon sujet d'article. Elle rangea la formulation dans un coin de sa tête pour la remanier plus tard en intitulé accrocheur et se tut, attentive à ne pas interrompre le flot miraculeux de paroles de son époux. Depuis combien de temps ruminait-il pour se montrer aussi expansif ? Elle devina qu'il avait dû longuement étudier ses propres doutes avant de juger utile de les lui présenter. Ezémone ne faisait pas toujours attention à lui. Ils menaient une vie en parallèle, chacun asservi à sa propre fonction et leurs passe-temps respectifs ne se rejoignaient que rarement. Ces moments où ils discutaient étaient finalement rares. Ezémone était si souvent occupée à finaliser la nouvelle parution de Pépites & Épines qu'elle ne retrouvait leur lit que vers le milieu de la nuit et leur chambre à coucher accueillait aussi souvent leurs discussions que leurs moments d'intimité, soit à peu près jamais. Elle ne blâmait pas Nicodème pour la rareté de leurs unions. Elle ne l'avait pas épousé pour la passion de la chair, fuyant au contraire cette inclinaison qui lui avait tout coûté plus jeune. Ses désirs n'avaient pas disparu pour autant. Son regard s'attardait parfois un peu trop longuement sur la silhouette de Doléas, quand la chaleur collait sa chemise humide de sueur à son dos. Lors des réceptions mondaines, Gustave de Tuorp était loin de la laisser indifférente mais elle n'avait jamais failli, jamais dérivé jusqu'à donner acte à ses envies. La notion de fidélité à son époux n'y était pour rien, elle refusait simplement de reproduire les erreurs du passé, pas alors qu'à nouveau, elle réussissait à s'approcher du but. Il ne restait que peu d'obstacles entre la salle du trône et elle : les années qui séparaient ses filles de leurs épousailles, et les doutes de Nicodème. Autant dire, pas grand chose qu'elle ne puisse résoudre en un tour de main. Avec beaucoup de bon sens, le trésorier ne s'était jamais immiscé dans leurs affaires avec autant d'investissement qu'elle. Sa confiance lui avait été acquise depuis le début, et Ezémone avait géré sans sourciller ni se plaindre leurs quatre vies, son travail et leur foyer. Lui gérait l'or de l'état et le reste du temps, papillonnait devant ses œuvres d'art. Cela avait toujours fonctionné, et elle allait le lui rappeler.

La violette commença par lui sourire avec affection. « Mon tendre, vous me connaissez assez pour savoir déjà la réponse à ces questions, je pense. Vous devez vous douter que je n'oublie pas ce qu'Uobmab a fait à Lieugro et ses sujets. Ces évènements ont rempli les colonnes de mon journal pendant des semaines et des semaines. » Quelle frénésie alors, tout cela avait été terriblement excitant et Ezémone avait souhaité être partout à la fois pour ne rien rater des évènements. Oh comme elle avait espéré chaque fois qu'on lui rapportait des informations que l'une d'entre elles soit le décès de Garance de Lieugro. « Je suis consciente du caractère de sa Majesté, des faits et des rumeurs. Votre inquiétude est la mienne. Je ne veux qu'aucun mal ne soit fait à Stéphanette et Olivette, ou me croyez-vous dépourvue de cœur ? S'il doit battre pour quelqu'un, c'est pour elles. » Un soupir las lui échappa et elle s'assit sur le rebord de la fenêtre. Sa main chercha celle du blond et elle le tira pour qu'il prenne place à ses côtés. Sans le lâcher, elle entrelaça leurs doigts et se souvint de la première fois qu'elle avait fait ce geste. « Vous savez, de nos deux filles, je crois que c'est Olivette qui me ressemble le plus. » Stéphanette elle, ressemblait plus à son père. De lui, elle avait la blondeur et une propension démesurée pour les belles choses. « Je me vois beaucoup en elle. » confia-t-elle. « Elle est si jeune, mais ses yeux ne le sont pas. Elle sait ce qu'elle ne veut pas. » Ezémone ne croyait pas si bien dire. Doucement, elle caressait les phalanges de son époux. L'affection qu'elle lui portait ne lui avait jamais fait tourner la tête, et elle le regrettait parfois. C'était ce qui lui manquait, cette chaleur déraisonnable. Il méritait d'être aimé. Elle se demandait parfois si ce qu'il cherchait dans ses tableaux n'était pas la seule chose qu'elle ne lui ait jamais donné. « Ce que j'essaie de vous dire, c'est qu'Olivette a déjà les armes pour faire face à quelqu'un comme Merlin d'Uobmab. J'en suis convaincue. Ma foi, quand je vois comment elle réussit à manier sa soeur aînée, je pense que ce garçon ne sera que du menu fretin à côté. Plus sérieusement, je doute que Merlin se montre aussi cruel envers sa reine, qui sera par ailleurs la fille de son trésorier. Auquel cas, ses conseillers sauront le lui déconseiller, pour son image. Le peuple ne verrait pas d'un bon oeil que le Roi maltraite la Reine. De plus, Olivette ne se laissera pas faire, elle est intelligente, elle saura l'influencer de façon à ce que ça ne lui traverse jamais l'esprit. C'est dans son intérêt d'épouser une Lieugroise, s'il veut apaiser les tensions résiduelles. Quant au reste de vos préoccupations, cela relève de pures conjectures. Les probabilités d'un retour des derniers membres de Lieugro est moins que probable, celle de Zébella d'Uobmab également. En outre, les rumeurs sur la légitimité de Merlin d'Uobmab ne sont pas fondées, il n'y a aucune preuve tangible et je ne souhaite pas me rendre à Uobmab pour obtenir la confession de Judas à ce sujet. Nicodème, bien sûr, tout peut arriver, nous l'avons bien vu avec la chute de la maison Lieugro. Nous ne pouvons pas tout anticiper, et je refuse que nous restions passifs dans la crainte de quelque chose qui pourrait survenir. Nous saurons quoi faire si quelque chose devait arriver, nous improviserons, nous sortirons notre épingle du jeu. De plus, je ne comptais pas abandonner nos filles une fois mariée. Il faudrait que je sois dans la tombe, et encore, pour me retenir d'interférer dans leur vie. Que le ciel m'en soit témoin, mais je crois que Merlin d'Uobmab n'a pas conscience de ce qui l'attend avec moi-même comme belle-mère. Il apprendra très vite qu'il en va de son intérêt et de sa tranquilité d'esprit de ne pas toucher un seul cheveu de ma chérie. »

Message VI | 1230 mots


Merci Jil  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 009 :
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Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes V

Adénaïs fronça des sourcils avant de se tourner nouvellement vers Merlin en constatant son manque de réparti. Se moquait-il encore d'elle ? Non, ce n'était pas ça. Elle l'avait assez côtoyé ces dernières semaines pour apprendre de ses réactions et le mutisme ne faisait pas partie de son tempérament. Elle initia ainsi un rapprochement, le claquement de ses talons raisonnant dans la pièce silencieuse. Elle ne le demeura pas plus longtemps. Tout se déroula si rapidement qu'elle n'eut l'occasion de réagir qu'une fois l'action passée. Il y eut d'abord le fracas de la porte s'écrasant contre le mur sous la brutalité d'une armada de soldat. Il y eut l'affrontement entre une partie du groupe et le garde de Merlin pour le maîtriser et l'empêcher d'agir. Il y eut la disparition soudaine de Merlin, embarqué sans ménagement par la troupe. Puis à nouveau le silence. La pièce redevint aussi calme que précédemment, comme si rien de cela n'avait eu lieu, hormis qu'à présent le lit royal était vide et que le soldat d'Uobmab était tombé dans l'inconscience. Dans un de ces rares réflexes de préservation que la veuve pouvait encore avoir, elle s'était reculée de plusieurs pas jusqu'à rencontrer la froideur du mur de pierre lors de l'invasion de la pièce. Là, elle s'était enfermée dans un mutisme tel qu'elle semblât être une simple statue. Il s'était ainsi écoulé plusieurs secondes après la disparition du monarque avant qu'elle ne bougeât ne serait-ce qu'un cil, et autant de temps pour qu'elle ne quittât sa position et entame un état des lieux. Dans un même temps, elle se repassa le fil des événements pour comprendre ce à quoi elle avait assisté. Seulement alors, une fois chaque scène remise à sa place, elle fut frappée par ce qui était en train de se passer. D'un pas vif elle rejoint le couloir. Déjà les conséquences de cet événement se faisaient entendre entre les murs du palais. Il y avait le bruit des affrontements, ce qu'elle supposa être les ravisseurs protégeant leur prise des soldats loyaux à Merlin. Il y avait des ordres beuglés aux subalternes. Et au milieu de tout ça il y avait un nom qui fut prononcé plus tôt et qui percuta l'âme de la blonde avec la force d'un bélier chargeant la porte d'une forteresse, celle de son cœur qu'elle avait souhaité voir devenir de pierre. Adénaïs déglutit en sentant la fêlure qui venait de s'y former. Était-ce vrai ? Était-il revenu ? Pourquoi ? Cela voulait-il dire que la famille royale était présente également ? Avaient-ils réussi à convaincre le peuple de Narfas de reprendre cette terre ? Assaillie par ces questionnements, c'était comme si le monde s'était arrêté de tourner autour d'elle. Fixant un point invisible dans son horizon, elle ignorait l'agitation autant qu'on l'ignorait elle.

Ce ne fut que lorsqu'un garde bouscula la blonde avec la délicatesse d'un bœuf qu'elle retrouva l'instant présent et le cœur des événements. « Vous ! » interpella-t-elle l'un des soldats en accélérant le pas pour se planter devant celui-ci, l'obligeant de ce fait à ne pas pouvoir l'ignorer. « Que se passe-t-il ici ? Où est passé Merlin ? » interrogea-t-elle avec autorité. Au plus profond d'elle pourtant, une vague ravageuse se faisait pressentir. Sa force de destruction ne dépendrait que de la réponse de son vis-à-vis. « Sa Majesté a été enlevée et est à présent portée disparue. » contenta-t-il la courtisane avant de la quitter. « Disparue... » répéta-t-elle dans un souffle. La vague s'écrasa alors avec force contre sa poitrine, emportant avec elle le mince espoir d'apaiser la rage et le désespoir qu'avait causée la perte de Déodatus. Non. Il n'avait pas le droit. S'il devait disparaître, ce ne serait qu'enterré six pieds sous terres une fois son courroux et son chagrin lénifié. Elle ne serait apaisée qu'à la seconde où elle assisterait au dernier souffle de Merlin comme lui s'était repu de celui de son fils. Le couloir se mit alors à tourner autour d'elle et elle manqua perdre pied si elle ne s'était pas raccrochée au mur. Son souffle déjà restreint par la pression du corset sur sa poitrine la fatiguait atrocement. Le tourbillon émotif qui était en train de la saisir n'arrangea pas les choses. Elle porta une main à son ventre, plus paniquée pour ce petit être que pour sa propre personne. Il lui fallut quelques minutes pour retrouver un rythme de respiration correct et que les palpitations de son cœur se calment assez pour qu'elle puisse agir.

Après une longue expiration, elle se redressa puis se saisit à deux mains de son jupon, partant à la recherche des responsables de cette panique générale. C'était cependant comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Le méfait accompli, dissimulés derrière leur armure, il leur était si aisé de se mêler au reste de l'armée en déroute. Néanmoins, au détour d'un couloir, elle s'arrêta brusquement, l'intention accaparée par toute autre chose. Une voix, étrangère de celles qui emplissaient normalement le palais, se fit entendre. Une voix difficile à oublier. Bien plus raisonnablement, mais le cœur s'affolant, elle approcha la place où devait se tenir Zebella. Pourquoi était-elle là ? Comment pouvait-elle faire preuve de cette autorité qu'Adénaïs pouvait entendre dans le ton de sa voix ? Le déni d'une terrible vérité lui fit omettre la pire des suppositions à ses yeux. Du moins, jusqu'à apercevoir la demoiselle en contrebas de sa position. Les traits de son visage se défirent en subissant ce terrible constat. Childéric était à sa suite. Non pour la faire captive. Non pour achever la lignée d'Uobmab. Simplement à sa suite. Tremblante, elle eut la sensation que le sol se dérobait sous elle. Elle lutta pour tenir debout encore un temps et tourna les talons, rejoignant la pièce la plus proche vidée de ses résidents s'étant déjà mis à l'abri ailleurs dans le cas où le pire pourrait arriver à Merlin. D'un geste mesuré, elle poussa le battant de la porte et s'avança jusqu'à la fenêtre qu'elle ouvrit grand. Les secondes s'égrenèrent lentement tandis que sa conscience se perdait dans l'horizon lointain. Cette situation était improbable. Ce ne pouvait être qu'un rêve. Elle avait besoin d'air. Plus que jamais. Ce n'était toutefois pas suffisant. Ses forces l'abandonnèrent et, épuisée, elle s'effondra, se laissant glisser contre le mur sur lequel elle trouva appui. Ce n'est qu'un cauchemar. Qu'un cauchemar. C'est ce qu'elle se répéta, encore, et encore, et encore. Un haut-le-cœur la saisit.
© ASHLING POUR EPICODE




Post VI | Mots 1084 | c'est peut-être une bonne chose en fait qu'on reporte cette réunion /sbam
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Seiji Nao
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Seiji Nao
Mer 25 Oct 2023, 16:07





Rôle:

Il ne fallut pas plus de quelques instants à la studieuse pour rejoindre le jardinier et son aînée. Cette dernière, tout sourire, tâchait en vain de dissimuler la joie qui lui étreignait la poitrine. Ses manigances, si superbement orchestrées, étaient sur le point d’aboutir ; bientôt, ils roucouleraient comme des tourtereaux, le regard tourné vers l’avenir avec confiance, la tête sur l’épaule de l’autre. Fière de son stratagème, elle s’efforça de ne pas glousser de plaisir lorsque la brune invita d’elle-même le jeune homme au pique-nique. C'était parfait.

« Olivette a raison. Vous donnez tellement de votre personne pour le jardin… Ce serait un crime de ne pas vous remercier comme il se doit. »

Peut-être avait-elle finalement trouvé sa manière d’exceller, en réunissant les amoureux que le destin cherchait à séparer. Teinté de tendresse, son regard passa de l’un à l’autre, imaginant quelle robe sa sœur porterait pour les fiançailles : il faudrait assurément la conseiller.

« Ne tardez pas trop à nous rejoindre. Vous méritez bien un peu de repos, vous qui travaillez tant. »

Stéphanette ne comprenait pas très bien ce que les jeunes femmes pouvaient lui trouver. Toutefois, elle reconnaissait volontiers qu’il se montrait d’une délicatesse admirable envers les plantes, et qu’il se dévouait corps et âme à son métier ; un point commun qu’il entretenait avec leur père. Etait-ce cette ressemblance qui faisait fondre sa cadette ? Elle n’eut pas l’occasion d’y réfléchir davantage, entraînée à travers le sentier par une poigne douce mais ferme.

Aussi guillerette qu’une fleur de printemps, la blondinette sortit les premières friandises du panier. Quelque peu interloquée par la question de la studieuse, elle manqua faire tomber une tablette de chocolat au gingembre des plus précieuses.

« L’idée ne te plaît pas ? Tu n’aimes pas les repas en plein air ? »

Se pouvait-il que, prise dans l’enthousiasme des préparatifs, elle eût oublié un détail d’une telle importance ? Catastrophée à la perspective d’avoir ruiné les chances du jardinier, sa main s’immobilisa au-dessus du panier. À son grand soulagement, le discours d’Olivette s’orienta vers une théorie sensiblement plus farfelue. De toute évidence, elle n'y voyait que du feu. C'était à mourir de rire.

« Comment peux-tu être aussi brillante et aussi aveugle à la fois ? »

Peinant à contenir son hilarité, elle disposa tant bien que mal un bol de fraises sur la nappe fraîchement étendue, les épaules agitées de soubresauts. Quelques perles de rire naquirent au bord de ses yeux.

« C’est ce que j’aime chez toi. Tu as beau avoir la tête bien remplie et réfléchir autant que Maman, il y a quand même des choses que je comprends mieux que toi. Et surtout, tu me surprends toujours. »

Etait-ce pour cela qu’elle n’avouait pas ses sentiments à l’adolescent ? Craignait-elle qu’en épanchant son coeur, elle briserait celui de son aînée ? Le regard d’Olivette, obscurci par une inquiétude qu’elle ne perçut pas, se glissa dans le sien. Poussant un soupir, elle capitula ; cela faisait déjà trop longtemps qu’elle gardait le secret. De toute manière, sa sœur mettrait probablement la révélation sur le compte de son imagination débordante et de ses déplorables lectures.

« La seule chose que Doléas ait faite, c’est me confier son affection pour toi. Et je crois bien que toi, tu l’aimes, même si tu es trop fermée d’esprit pour t’en apercevoir. Il n’y a qu’à voir comme tu as crié son prénom la dernière fois, et comme tu t’es apprêtée aujourd’hui. »

Sûre de ses conclusions, la frivole n’envisageait pas une seconde faire fausse route. Bien sûr, le jardinier n’avait pas confirmé ses dires, et, du côté de la brune, les preuves se comptaient sur les doigts de la main, mais, mieux que quiconque, elle savait déceler les signes. Au-delà de sa passion pour les ragots, aucune histoire d’amour, fût-elle prémice d'un mariage ou liaison d’un soir, n’échappait à son regard attentif. L’année passée, elle avait découvert l’aventure de Geneviève, sa couturière, avec un noble de la cour, et, depuis, celle-ci, non contente de recevoir de splendides sommes pour ses créations, se pliait sans broncher à ses volontés.

« Je voulais simplement passer un bon moment avec vous. Il est d’une compagnie agréable, et… Tu sais… Si tu te maries, tu n’auras sûrement plus l’occasion de passer du temps avec ceux que tu aimes. Pas de cette façon, en tout cas. »

Une brume passa sur les prunelles de l’adolescente, saisie par un éclair de lucidité. À formuler les choses ainsi, elle s’aperçut que le même sort l’attendait. Si leurs parents maintenaient une surveillance ferme sur leurs filles, elles employaient leur temps libre selon leur bon vouloir. Sans doute n’aurait-elle plus l’occasion de passer des heures à se piquer les doigts, cousant des mètres et des mètres de tissu, avec pour seule compagnie Olivette et le froissement des pages lorsqu’elle les tournait. Tant de choses allaient changer…

« Oh, mais non ! Quelle idiote je fais ! »

Dans un geste aussi spontané que ridicule, Stéphanette se frappa le front de la paume. Toutes les victuailles sorties du panier, elle venait de s’apercevoir que le cadeau ne s’y trouvait pas. Comment avait-elle pu se montrer aussi étourdie ? Relevant ses jupons, elle partit d’un pas vif à l’assaut du sentier, rebroussant chemin. Apercevant le jardinier qui venait à leur rencontre, elle s’exclama à plein poumons, en oubliant les bonnes manières.

« Doléas ? Pourriez-vous tenir compagnie à ma soeur un instant ? J’ai un présent à lui offrir, mais je l’ai laissé sur ma coiffeuse. Je ne serais pas longue. »

Comme elle passait à côté de lui, elle baissa le volume. Douceur et espoir vinrent envelopper sa voix ; les domestiques manquaient trop souvent de confiance en eux.

« Saisissez votre chance, je vous prie. Si ce n’est pas vous, qui d'autre pourrait la rendre heureuse ? »

Sans attendre sa réponse, elle se précipita vers l’entrée, traversa le salon en trombe et grimpa tranquillement les marches de l’escalier. Au loin, il lui sembla entendre le timbre de son père s’élever : sa mère lui répondit, se confondant dans un des monologues dont elle avait le secret. Sans doute prévoyait-il un nouvel achat qu’elle désapprouvait : la maison débordait déjà d'œuvres d’art en tout genre.

En passant dans le couloir qui menait à sa chambre, la blondinette prit soin de ne pas regarder les tableaux pendus à la tapisserie. Ces dernières semaines, de curieuses sensations s’invitaient dans son ventre à leur seule vue : c’était tout à fait inacceptable. Parvenue à destination, elle fut déçue de découvrir qu’aucun emballage ne se trouvait sur la commode. Où l’avait-elle donc rangée ? Sans se presser, elle entreprit de fouiller ses placards : si elle savait où dénicher chacune de ses tenues, pour le reste, elle se montrait sensiblement moins ordonnée.

Au bout d’une dizaine de minutes à retourner ses affaires, elle tomba sur le précieux sésame : un écrin de velours noir, aussi sobre qu’élégant. À ses côtés reposait une pochette d’un blanc céleste, que la frivole effleura du bout des doigts. Son cher admirateur supporterait-il l’annonce de son mariage ? Un pincement au coeur, elle glissa son index à l’intérieur, effleurant le tissu. Nostalgique, elle songea au jour de leur rencontre. Le souvenir de leur conversation se faisait fugace ; elle se rappelait surtout les bulles de champagne qui pétillaient sur sa langue, et la chaleur de ses lèvres sur le dos de sa main. Elle n’avait su discerner quels traits se cachaient derrière le loup qu’il portait ce soir-là ; seuls sa voix et le désir dans son regard accompagnaient encore ses rêveries. Ce qu’elle avait ressenti en enlevant sa culotte, craignant à tout instant d’être surprise par les autres invités, pour la lui offrir, et le plaisir dans ses yeux…

En l’honneur de cette soirée si particulière, et inspirée par la malice qui drapait leur relation, elle avait fait broder un masque sur une culotte, taillée dans la dentelle la plus fine du royaume. Combien de fois elle l’avait étreinte, dans le secret de sa chambre, rêvant de l’heure où il la demanderait en mariage, et où elle la lui offrirait sans un mot ! Jamais elle n’avait posé la question de son identité, laissant à son imagination le soin de lui inventer un statut et une lignée d’exception. Bien des semaines avaient passé depuis, et bien des sous-vêtements avaient atterri de son tiroir à la cabane dans les bois. Assurée de son amour, elle songeait souvent aux présents qu’ils s’échangeaient, aussi heureuse d'offrir que de recevoir, et, à chaque paquet, redoublait d’inventivité ; motifs, matières, formes, elle ne ménageait pas ses efforts pour le surprendre. Depuis quelques semaines, elle fournissait sans vergogne les sous-vêtements d'une amie, qui avait eu l’audace de lui dire que le Roi ne s’enticherait jamais d’elle. Des propos intolérables, qu’elle punissait à raison.

Abandonnant la pochette au placard, l’adolescente redescendit dans les jardins, l’écrin à la main. Tranquillement, elle approcha de l’étang, ses palpitations accélérant à chaque pas. Que s’étaient-ils dit, en son absence ? Avaient-ils échangé des vœux d’amour éternel ? Certaine qu’une complicité sans failles les unissait désormais, elle tendit le présent à la concernée, un sourire aux lèvres.

« Tiens. C'est du sur mesure. On l'a achetée avec nos économies à tous les deux, mais c'est l'idée de Doléas. »

Ou plutôt, le genre d’idée qu’il aurait dû avoir. Pressée de découvrir la réaction d’Olivette, elle s’agenouilla sur la nappe, bien décidée à profiter du repas. Dans le coffret reposait un stylo, superbement taillé dans du bois vert. À son sommet se trouvait une fleur d’aubépine en cristal ; sous la pierre précieuse, des pétales immaculés en reconstituaient l’essence. Stéphanette les avait cueillis elle-même, avant de les porter au joaillier. L’un d’entre eux ornait d'ailleurs la pointe translucide, et ne perdrait jamais sa blancheur malgré les flacons d’encre dans lesquels elle serait dûment trempée. Satisfaite, la frivole porta un morceau de chocolat à ses lèvres. La journée se déroulait à merveille.

1 587 mots | Post V

Résumé:

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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Sam 28 Oct 2023, 13:42


Les Portes V


Aucun son ne sortit de tes lèvres entre ouvertes pourtant chatouillées par le désir de contester la décision des deux sœurs. Sans compter le fait qu'elles ne semblaient pas décidées à te laisser le choix — entre l'obstination débordante d'une bonne humeur excessive de l'une et l'œil insistant de l'autre —, tu ne pouvais te permettre de t'opposer à leur autorité. « Si c'est ce que désirent Mesdemoiselles, je me joindrais à vous alors. » abdiques-tu en courbant légèrement la nuque, ne relevant le visage qu'à la seconde où elles te tournèrent le dos. Seulement alors tu exhales un long soupir ennuyé. Voilà bien une situation dont tu te serais bien passé. La gêne marquant chaque trait de ton visage, tu remets le chapeau sur la tête et t'agenouilles nouvellement devant le bosquet pour finir de l'en débarrasser des feuilles abîmées. Grands dieux, dans quelle position inconfortable te mettaient-elles ? Tu soupirs à nouveau cette fois-ci gêné par avance de cette pause inattendue. Tu préférerais encore mille fois être en compagnie du légiste à vider un cadavre de ses entrailles que de profiter de la météo clémente au cœur d'un jardin vibrant de vie. Au moins les morts ne prenaient plus beaucoup d'initiative du genre de celles des demoiselles d'Ecirava et ne se souciaient que peu des états d'âme des vivants.

Avant de rejoindre Olivette et sa sœur, tu fais un détour par le puits. Le bac en équilibre sur le rebord de pierre, tu jettes un œil supplémentaire à tes mains noires de terre avant de les y tremper et les rincer. Tu fais de même avec le chiffon pendu alors à ta ceinture afin de te rafraîchir rapidement le visage et la nuque. Tu ne pouvais décemment pas retrouver les demoiselles ainsi couverts de terre et de sueur. Ce n'était cependant pas avec cette vive toilette que tu pourrais effacer les traces du travail. La terre s'accrochait à tes ongles comme une tique à la peau. Tu devrais te contenter de ça, faute de mieux. Alors tu décroches le bac pour verser le contenu au pied de la roseraie à proximité. Ceci fait, tu te tournes vers le duo visible à plusieurs mètres. À cet instant, tu te mets à prier tous les dieux, existants ou non, de t'assister dans ce qui te paraissait être une véritable épreuve.

Le chapeau un peu plus enfoncé sur le crâne que précédemment, comme cherchant à te dissimuler dessous, tu ralentis le pas à l'approche de Stéphanette. Ses paroles te figèrent sur place et ton fort malaise déjà présent prit des proportions plus grandes encore, pesant comme une pierre sur ton estomac. « Quoi ? Mais... Vous... Enfin... ». Les mots se bousculaient dans ton crâne si vite et si fort que tu étais incapable d'articuler correctement la moindre phrase, l'ensemble se mélangeant en une pelote mal ordonnée. La blonde ne devait pas avoir la fichtre idée de ce qu'elle était en train de t'imposer. Aurait-elle été là, tu aurais pu faire en sorte de t'effacer et te faire oublier en t'installant un peu à l'écart et en les laissant papoter entre elles. Le malheur du tête-à-tête résidait dans le fait que rien de cela n'était possible. Encore moins serein que tu ne l'étais déjà, tu reprends la marche. « Hum... Mademoiselle Stéphanette ne devrait pas tarder à revenir. » déclares-tu d'abord en te massant la nuque, peu à l'aise avec le silence qui aurait pu s'installer. Après un temps d'hésitation — devais-tu rester debout ? T'asseoir ? — tu t'agenouilles légèrement en retrait et le regard rivé au sol. Tu hasardes tout de même une œillade sur l'adolescente. Une douce chaleur se fraye alors un chemin au milieu du marais de malaise qui te pesait dessus. « Votre sœur m'a appris que vous aviez commencé à vous intéresser à la botanique ? ». Elle n'était qu'à une portée de bras. Si proche et en même temps si loin. D'un regard extérieur, un pas seulement vous séparait. En vérité c'était un ravin qui se trouvait entre vous. Aussi proche pourriez-vous vous trouver, jamais tu ne pourrais seulement l'effleurer. Si cette pensée avait été douloureuse au début, tu t'y étais faite et elle t'avait été devenue supportable. Tu trouvais ton réconfort en prenant soin de ce qu'elle affectionnait et en prenant garde à ce que son esprit ne lui brûle pas les ailes trop vite. Tu savais te contenter de ça. Jusqu'à ce que Stéphanette ne décide t'intervenir. « Vous... Si vous avez besoin de conseils ou... Enfin, ce que je veux dire, c'est que je suis à votre service. ». Les paroles de la blonde revinrent en écho à ton esprit. Bien sûr que tu voulais son bonheur. La pauvre s'illusionnait toutefois en imaginant que tu puisses le lui offrir en te plaçant à ses côtés. Il t'est pourtant difficile de retenir un sourire lorsqu'Olivette montra de l'intérêt à ta proposition. Un sourire qui se fana aussi vite qu'il était apparu, quand bien même son interrogation ne t'étonna nullement. « Oh. Eh bien, une certaine partie j'imagine. Je ne suis malheureusement pas assez connaisseur de gastronomie florale pour vous conseiller quoi que ce soit. » te permets-tu de lui mentir. En tant que jardinier, tu n'étais pas censé avoir une connaissance culinaire ou médicinale poussée de ces fleurs, sinon les plantes dont il était de notoriété qu'il fallait faire attention avec et dont les d'Ecirava avaient eux-mêmes connaissance. Un silence ponctue ta réponse. Tu sens qu'elle n'est pas satisfaite par ce que tu lui avais dit. Peut-être même avait-elle deviné le mensonge qui habillait tes mots. Ça n'avait aucune importance. « En cuisine ils sauront peut-être mieux vous aiguiller. Mes connaissances s'arrêtent à la soupe d'orties et à la salade de pissenlit. » plaisantes-tu en continuant à feindre l'ignorance, cherchant une issue à cette conversation en promenant ton regard tout alentour.

Probablement était-ce à cause de ton refus d'obtempérer que la cadette enchaîna sur un sujet bien moins pastoral et dont tu fuyais les débats pour sa complexité et, surtout, parce que ton avis importait de toute façon peu auprès des preneurs de décisions. De surprise, tu redresses la tête pour détailler les traits de son visage. Son regard brûlait d'un avis tranché sur la question et dont personne ne pourrait la faire dévier. Quelques résidus de candeur persistaient tout de même à la commissure de ses lèvres ou dans la lumière de ses yeux malgré le sérieux dont elle faisait preuve. On ne devenait pas adulte du jour au lendemain, quand bien même on le désirait ardemment. « Je ne pense pas êt– ». Tu fus coupée dans ta réponse par le retour de Stéphanette, et bien malgré toi un soupir soulagé t'échappe. Un soulagement qui ne dura que le temps de la distance que la rêveuse avait à parcourir. À peine eut-elle ouvert la bouche que tu la fixes avec un étonnement difficilement dissimulable. Ton idée ? Du sur-mesure ? Ton regard se pose sur l'écrin puis sur l'objet qu'il contenait. Parbleu, ce n'est pas seulement la moitié de tes économies que tu y aurais laissé, mais bien six mois de salaire complets avec extra. Fallait-il d'ailleurs qu'il y en ait, des économies. Si une partie de ta paye partait dans de quoi te sustenter, l'autre te servait à approfondir tes connaissances médicales. Le peu qu'il te restait, tu le cédais à des êtres moins bien lotis que toi, ces personnes errant dans les rues et vivant de maigres larcins. Tu ne pouvais néanmoins pas critiquer Stéphanette pour l'ignorance de ce fait. Vous côtoyiez des mondes bien trop différents pour qu'elle ait connaissance des préoccupations des gens comme toi. Qui plus est, il était plus aisé pour un domestique de saisir les tracas des gens aisés que l'inverse. Les premiers devant subvenir aux besoins des seconds, c'était même une question de nécessité. « Mademoiselle... » articules-tu difficilement. « Vous n'avez pas à mentir ainsi à Mademoiselle Olivette. Quand bien même j'aurais eu l'idée de ce cadeau, vous avez été la seule à y avoir mis les moyens. Je ne peux accepter le fait que vous m'en donniez les honneurs. ». L'échine courbée, tu attends le verdict de cette remarque.
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Post VI | Mots 1371
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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Dim 29 Oct 2023, 18:58


Les portes - Chapitre V
Stanislav

Rôle - Alembert De Lieugro:
Il y a tout un univers entre l'espérance et la réalité. Alembert s'était imaginé évoluer au sein du palais royal un nombre incalculable de fois. Il l'avait fantasmé, désiré, puis cette obsession s'était tellement ancrée en lui, appuyée par les paroles de Garance, qu'il en avait décrété être un droit lui revenant de naissance. Oui, le De Lieugro avait toujours su qu'il lui serait un jour permis de fouler les couloirs du château. Il n'avait simplement jamais imaginé cette configuration, celle où il jouait le rôle du prisonnier et non pas du Monarque absolu. Il était partagé entre la nervosité de la situation, et l'émerveillement d'enfin parvenir à cet objectif qu'il avait tant souhaité. La gorge nouée, le cœur affolé, les yeux en alerte, il observait les tableaux, les soldats, les petits gens qui arpentaient les couloirs, leur lançant parfois des regards interrogateurs ou curieux ; et au travers de cette découverte, il essayait de ne pas laisser paraître son malaise. Il ne voulait pas trahir son ignorance, sa naïveté peut-être. Il voulait apparaître comme à sa place, puisque c'est ce que sa mère lui avait toujours assuré. Tel était son destin.

Pourtant, le gouffre séparant les leçons et la vraie vie était peut-être plus suffocant encore. L'héritier avait longuement étudié les coups d'états, qu'il se fusse agis de ceux ayant menacé la nation ou celles subies par d'autres royaumes. Beaucoup de ces cas d'études, voire la quasi totalité, étaient d'ailleurs tombés sous le contrôle d'Uobmab. Sa mère avait voulu le préparer, lui permettre de repérer les signes qui fuitent toujours avant que l'orage n'éclate. Aussi discrète soit-elle, une révolte laissait toujours des traces, des indices permettant de déjouer les plans de ses ennemis. Alembert avait bien l'intention de monter sur le trône et il était hors de question qu'il en soit éjecté par manque de jugeotte aussitôt après avoir atteint son objectif ultime. L'adolescent pensait donc connaître ce genre d'évènement. Pourtant, rien ne l'avait préparé à se trouver au cœur de l'action. Garance l'avait couvé, protégé peut-être, mais sa prison dorée se révélait aujourd'hui être une malédiction : enfermé durant des années, il se trouvait dépassé en devenant témoin de scènes déstabilisantes. Aussi, lorsque Childéric dégaina sa lame pour la brandir face à l'un des gardes, Alembert n'eut pas d'autre réflexe que celui de se figer et d'écarquiller les yeux. Il lui fallut remarquer que Zébella s'était défaite de ses liens pour vouloir en faire de même. Affolé, il tira sur les liens de ses mains, comme le lui avait montré l'ancien chef des armées. Il voulut répéter l'opération pour l'entrave de ses jambes mais la chose ne se déroula pas comme prévue, et il ne parvint pas à se libérer totalement. Ne souhaitant pas se ridiculiser devant l'usurpatrice, il s'immobilisa lorsqu'il fut évoqué et que la jeune femme s'adressa à lui. Défiant, il aurait aimé pouvoir répondre que oui, que la bleue n'avait aucune once de jugeote, en témoignait le traitement qu'elle lui réservait. Evidement, il n'aurait jamais laissé ces paroles dépasser sa pensée, même si sa langue avait cessé d'être engourdie. Cela aurait signé son arrêt de mort ; ou lui aurait au moins valu un coup de tête en plein nez. Lui non plus n'était pas idiot, du moins se le répétait-il. N'ayant d'autre choix, le brun passa devant. Il avait récupéré la petite lame mise à sa disposition par le d'Ukok. Elle était ridiculement petite en comparaison de celles de ses bourreaux, mais il n'envisagea pas une seule seconde de demander une réelle arme : il savait que la susceptible userait du moindre prétexte pour l'exécuter. Il ne tenait pas à lui faciliter la tâche en agissant comme une rebel. Il se déplaça donc le plus vite que ses jambes tremblantes le lui permettaient. Il usait de ce temps pour réfléchir à un plaidoyer, une façon de lui faire comprendre qu'il pouvait se révéler utile. Evidemment, cela lui paraissait aberrant puisqu'il s'était entendu répéter depuis l'enfance être légitime par sa seule existence, devoir la justifier était un exercice nouveau et fort désagréable.

Lorsque les gardes les interpelèrent, Alembert sentit son sang fuir jusqu'à ses jambes, dans un réflexe instinctif. Heureusement, la sœur de Merlin s'interposa en suivant le conseil de l'adulte. Son audace paya, et les subalternes obtempérèrent. Alembert resta attentif à la scène mais n'intervint pas. Du coin de l'œil, il capta le mouvement d'une dame. Elle parut horrifiée, et prit la fuite. Le garçon n'en pensa rien : voir le château secoué par cet évènement devait être bouleversant pour tous les nobles de la cour.
816 mots.



Merci Kyky  nastae
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Mitsu
Lun 30 Oct 2023, 07:03


Image par Dominik Mayer

Explications


SHOW MUST GOOO OOONNNNNN ! Tour n°7 !!  

En fonction de l'évolution de ce tour, je referai des objectifs/secrets à certains personnages !

Rps importants
----- Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectif secret : N'hésitez pas à le relire et à mettre tout en œuvre pour le réaliser.

Secret : Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement.

Voilà !  

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  

Participants


En jeu :
- Faust (Gustave) : XI
- Laen (Hermilius) : VII
- Eibhlin (Adénaïs) : X
- Lucius (Elzibert) : VII
- Lana (Yvonelle) : X
- Thessalia (Irène) : XIV
- Dorian (Ezidor) : XVI
- Wao (Merlin) : XXII
- Perséphone (Ezémone) : VI
- Alcide (Nicodème) : VI
- Lenore (Stéphanette) : VI
- Aubépine (Olivette) : V
- Rose-Abelle (Ange-Lyne) : VI
- Cal (Arcange) : VI
- Jil (Noée) : V
- Nefraïm (Doléas) : VI
- Tekoa (Childéric) : IV
- Susannah (Zébella) : XIII
- Stanislav (Alembert) : XII

Deadline Tour n°7


Dimanche 5 novembre à "18H"

Il reste 6 tours.

Gain Tour n°7


- 1 point de spécialité au choix
ET
- La Clef magique : Il s'agit d'une clef qui peut entrer dans toutes les serrures. Elle ne sert pas à ouvrir les portes de base mais plutôt à les fermer. Quand on tourne la clef dans une serrure, la pièce dans laquelle la personne se trouve devient protégée magiquement des intrusions extérieures. Il suffit de la tourner dans l'autre sens pour que le sort cesse de fonctionner.

Bien sûr, comme d'habitude, tout dépend des stats !   (ouais en fait faut que j'arrête de radoter avec ça /sbaf).

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Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Susannah
Lun 30 Oct 2023, 08:00

Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 3ev7
Les Portes V - Le Roi sadique
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

En descendant jusqu'aux cachots, Zébella eut le désagréable sentiment de s'enfoncer dans son passé, comme lorsqu'ils jouaient à se cacher dans le château de leur père et que Merlin l'y avait entraînée pour une de ces plaisanteries qui ne faisaient rire que lui. Elle se souvenait comme si c'était hier combien elle détestait cet endroit, combien elle lui en avait voulu. Les plaintes des suppliciés avaient longtemps résonné dans ses oreilles. Ce qu'elle y avait vu alimentait encore ses cauchemars aujourd'hui. Dans les pires d'entre eux, c'était elle sur la chaise et son père qui se penchait sur elle avec des lames de rasoir et des crochets aiguisés, riant de ses suppliques. Son regard passa de cellule en cellule. Du temps du règne de Montarville, elles avaient dû être moins occupées, mieux entretenues. À présent, des remugles de chair à vif, d'excréments et de sang malade saturaient l'air. Les yeux d'êtres mutilés, à peine humains, suivaient la progression du cortège. Non, Merlin n'avait pas perdu de temps à copier leur cher père en tous points. Peut-être pensait-il ainsi s'attirer sa sympathie, mais Zébella n'avait jamais adopté cette stratégie. Ce n'était pas ainsi qu'elle comptait trouver grâce à ses yeux. Elle voulait croire en sa propre force, en elle-même, et elle ne pensait pas la trouver entre des viscères mises à nu par pur plaisir ou en arrachant des membres pour faire passer le temps.

Il y eut du mouvement à l'avant, elle entendit le nom de son frère prononcé, puis l'éclat chantant de l'acier contre l'acier. Le couloir était étroit mais Zébella bouscula sans ménagements les gardes qui se tenaient entre elle et le lieu de l'affrontement, poussant Alembert devant elle. Elle le repoussa sur le côté dès qu'elle vit les gardes qui s'affrontaient. « Ne les tuez pas. Contentez-vous de les maîtriser. Qu'ils se tiennent immobiles. » ordonna-t-elle. « Je m'occuperai du sort des traîtres plus tard. Je dois d'abord voir mon frère. » Sans attendre de vérifier qu'ils obéissaient, elle attrapa Alembert par la manche et le poussa à l'intérieur avant de s'y engouffrer à son tour. La porte se referma dans son dos mais elle conserva son regard rivé sur la forme allongée de Merlin. On lui avait dit qu'il avait abusé de drogues médicinales. Il y avait quelque chose de décevant à le trouver ainsi, affaibli et inerte, ne daignant même pas être conscient pour son retour. Après avoir passé tant de temps à orchestrer sa mort, à prier pour être délivrée de lui, après tout le mal qu'il avait fait, c'était inacceptable. « Réveillez-le, s'il vous plaît. » demanda-t-elle à Childéric. Elle savait qu'il possédait sur lui un arsenal inquiétant de produits aux diverses propriétés. « J'ai des choses à lui dire et à entendre. Je veux qu'il me voit, qu'il me regarde dans les yeux en mourant. »




Zébella se tenait assise à une table ovale, dans la salle où Montarville tenait conseil par le passé. Sur les hauts murs, les vastes portraits des aïeuls de l'ancienne famille royale avaient été décrochés, ne laissant que des rectangles vides. Elle se souvenait quand Merlin lui racontait ses projets pour le château, pour qu'il soit davantage à leur image et qu'il soit entièrement redécoré pour leur mariage. Elle n'avait pas articulé un mot depuis qu'elle avait quitté la cellule de son frère. Ses yeux fixés sur ses doigts tâchés de sang remontèrent enfin sur ses deux acolytes. Ils étaient seuls dans la salle. En constatant la mort du Roi, les soldats qui l'avaient cherché activement s'étaient trouvés désœuvrés, dans la confusion la plus complète, tout comme ceux qui avaient pris l'initiative d'enlever Merlin en apprenant la venue de Childéric. Le silence était retombé sur le château, le malaise avait envahi les couloirs, la tension toujours là, en filigrane. « Je ne veux pas mentir. » déclara-t-elle soudainement pour briser le silence. « Je veux endosser la responsabilité de la mort de Merlin. Je ne m'en cacherai pas, et tant pis si cela rend ma position difficile à tenir auprès du peuple. Nous aviserons, nous improviserons. Les espions doivent déjà être en route pour informer mon père, mais j'aimerais le faire officiellement, par simple courtoisie. J'adopterai son langage et lui enverrai la tête de son soi-disant fils. » Elle frotta ses mains entre elles sans que cela n'enlève en rien les marques brunâtres formant comme des gants sinistres. Elle avait besoin de se laver. Après la traversée en bateau où l'hygiène était relative et optionnelle, la sueur et le sang des dernières heures, sa propre odeur l'indisposait. Mais il y avait tant à faire. « J'ai entendu ce soldat vous dire que mon cousin était devenu le héros du peuple. C'est ennuyeux, j'aurais voulu m'en débarrasser. Il va falloir trouver un terrain d'entente avec eux. J'aimerai les chasser du Royaume, qu'ils retournent à Uobmab, mais cela risque d'être compliqué. Ce n'est pas nécessaire de leur demander ce qu'ils veulent, c'est assez clair selon moi. » Elle posa les mains à plat sur la table et se leva, incapable de réfléchir en restant assise. « Je n'oublie pas les termes de notre marché. » Elle se rendit à une porte qu'elle ouvrit et interpella l'un des gardes. « Allez chercher Ezidor de Xyno. Amenez-le au château, sans tarder. »

Zébella revint et s'appuya contre la table. Son regard tomba sur Alembert. Depuis le temps, il avait retrouvé l'usage de sa langue. « J'ignore toujours quoi faire de toi. Tu as des suggestions, peut-être ? Je ne vais pas te séquestrer aux cachots, ce serait occuper de l'espace pour rien. » Elle les regarda tous les deux. « Garance viendrait-elle récupérer son fils ? Quand j'ai quitté Narfas, la ville était en proie aux flammes et à la révolte. Elle est peut-être déjà morte, mais tant que je n'en ai pas la preuve, je pars du principe que non. » Elle soupira. « On m'a aussi dit qui étaient les conseillers proches de Merlin. Je ne connais pas Gustave de Tuorp et Nicodème d'Ecirava mais Hermilius de Tuorp n'aura certainement pas sa place à mes côtés. J'ai des comptes à régler avec lui. Nous devrions envoyer des messagers pour annoncer la mort du Roi et mon retour. Reconsolider l'armée. Trouver des conseillers, des alliés et identifier ceux qui voudraient me voir tomber. » Ses épaules s'affaissèrent un peu. L'épuisement la guettait. Maintenant que son but était atteint, elle rêvait de dormir plusieurs jours de suite, de sombrer dans l'oubli et ne plus réfléchir à rien. « Ah, et il y a Adénaïs d'Etamot. Nous devrions la renvoyer chez elle. Sa place n'est plus ici et je ne souhaite pas avoir en ma présence la mère de Déodatus. J'imagine qu'elle ne porte pas Uobmab en son coeur, surtout si elle a été auprès de Merlin tout ce temps. »

Message III | 1212 mots

Merlin est mouru, on a ellipsé pour le jouer éventuellement plus tard o/


Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 7qoc
Merci Jil  Les Portes V - La Chute du Roi Sadique - Page 7 009 :
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