Cela froissait presque son cœur de voir l’étudiante aux cheveux bleus enfin ouvrir les yeux sur la véritable nature des commères qui l’entouraient. Leigh aimait quand la naïveté miroitait dans les pupilles brillantes des bénéfiques. C’était ce qui les rendait attendrissants. Tellement attendrissants qu’elle devait serrer la mâchoire pour retenir qu’une caresse sur le haut du crâne ne devînt une poigne capable de le broyer en mille morceaux, ou qu’une tape amicale sur l’épaule ne se transformât en une mort par étranglement. Leigh se tourna vers les deux interlocutrices qu’il lui restait. Le sujet de la royauté avait marqué les esprits de la Magicienne comme des pestes.
-Moi ? Elle sourit. Naturellement.
Elle avait déjà été proche de la royauté. Ce n’était plus le cas et elle n’aspirait pas à retrouver une place dans ces hautes sphères-là. En réalité, Leigh désirait s’avancer vers d’autres sommets. Seulement, les deux jeunes femmes ne se doutaient probablement pas de la nature du royaume qu’elle souhaitait détruire pour mieux le reconstruire. Bien qu’il le fût, il n’avait rien d’aussi politique qu’elles. La bleue avait dû avoir recours à ces mêmes conceptions lorsqu’elle avait elle-même rétorqué être monarque, puisqu’elle n’avait rien eu d’une stratège ni d’une intellectuelle, et ses manières n’avaient pas témoigné d’un sang particulièrement rare.
-De quoi pensez-vous que notre précédente compagne est la reine ?
La reine des pâquerettes probablement. Quant à Leigh, elle serait la reine des putes. Elle rêvait de s’élever au sommet d’un empire économique de tentations et d’asservissement, où la chair et les supplices seraient la monnaie d’échange. Les hommes et les femmes crouleraient sous leurs propres désirs pour elle, l’envie de la faire sienne de toutes les manières possibles et de la punir pour avoir fait l’affront de ne pas faire partie d’eux.
-Quel serait votre premier acte en tant que reine ?
Outre écraser la gent masculine, elles devaient avoir d’autres projets. Beaucoup érigeaient des statues à leur effigie, bousculeraient l’ordre établi par leurs prédécesseurs. Seraient-elles capables de faire table rase afin d’instaurer pleinement leur volonté ? Allaient-elles se marier et avoir des enfants en dépit de leur dégoût pour l’autre sexe ? Exécuteraient-elles toute la cour de l’ancien règne pour y placer leurs pions ? Pour sa part, Leigh n’en avait pas la moins idée. Sa situation actuelle était trop misérable pour qu’elle ne pût faire davantage que de fantasmer. Elle était au bas de l’échelle sociale et parfois, elle voulait se suicider. Elle était loin de ce dont elle prétendait être capable.
-J’ai également hâte de lire ces journaux. La Vile leva son verre. A nos règnes, mesdemoiselles. J’ose espérer qu’ils seront terrifiants.
Elle but sincèrement à leur santé. Si ces femmes pouvaient proférer du chaos, où que ce fut, alors elle leur souhaitait toute la réussite du monde.
Aliénor fit la moue. Avait-elle l’air de plaisanter ? Absolument pas. Elle se demanda si c’était le masque ou la nouvelle de sa future paternité qui altérait les sens de Priam. Elle ne se rendait pas compte que tout ce qu’elle prononçait pouvait lui paraître lunaire. Néanmoins, les Anges n’y connaissaient rien, ni en Lune Bleue, ni en Lune Noire, ni en Lune Blanche. « Hum ? » demanda-t-elle, troublée par sa soudaine interruption. Sa moue s’accentua. « Je ne crois pas. » La réponse était néanmoins teintée du voile de l’ignorance. Elle n’était pas sûre. Il faut dire qu’elle n’avait fait que survoler les clauses sans réellement s’y arrêter. Et puis, des années s’étaient écoulées depuis qu’elle avait signé le contrat qui l’avait liée à Niklaus Salvatore. Elle avait même du mal à se remémorer son visage. Elle était déjà bien contente du fait qu’il ne l’eût jamais touchée. « Quoi ? Mais bien sûr que non ! » s’insurgea-t-elle lorsqu’il lui demanda si elle avait couché avec Cyrius Windsor. Ils n’étaient même pas encore mariés officiellement. Elle soupira. Toutes ces histoires étaient anormalement complexes. Elle devait être mariée à la Couronne Noire mais il fallait tout de même que chaque Souverain reprît le contrat de mariage à son compte. À combien d’entre eux serait-elle mariée, finalement ? Qui serait le prochain ? « Mais j’en sais rien moi pourquoi… Il est plus gentil que tu ne le penses, c’est tout ! Il a bien compris que… » Elle s’interrompit. C’est vrai qu’elle n’en avait jamais véritablement parlé avec l’Ange, du fait qu’il ne s’était rien passé quoi que ce fût entre Elias et elle depuis qu'elle était sa femme et qu’il ne lui accordait aucune importance autre que celle qu’il convenait de montrer en public. Le reste du temps, son mari était un fantôme. La seule fois où elle avait passé un peu de temps en sa compagnie avait été le jour de la conception de leur fils. Depuis, plus rien. « Je ne sais pas, Priam. Je ne sais pas comment tu pourrais m’aider… » S’il voulait devenir Roi, il ne l’était pas encore. Quelles ficelles pourrait-il tirer ? Il n’était, en plus, ni Sorcier ni Magicien. « En tout cas, je n’ai jamais parlé à Cyrius Windsor et je suis toujours mariée avec Elias Salvatore avec qui je n’ai jamais fait l’amour non plus figure toi. À croire que les Sorciers ne couchent jamais… » Peut-être qu’ils étaient tous comme Elias, à mettre leur semence dans une pipette et à inséminer leur femme froidement. « Qu’est-ce que tu proposes ? » lui demanda-t-elle, après son égarement passager sur la reproduction des Mages Noirs.
442 mots
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Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4732 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
La réaction du garçon aux mots que prononça Oriane ne se fit pas attendre. Elle alla même au-delà de ses espérances, ce qui la mena à un rire amusé. L'assurance du garçon avait disparu à la manière d'une bulle qu'elle aurait éclaté. Qu'il se serait mit à genoux pour la supplier de lui excuser son comportement passé ne l'aurait pas étonné. Et pourtant, rapidement après la nouvelle prise de parole de l'étudiant, ce fut à son tour d'être saisi par la stupeur. « Comme– ». Oups. Pauvre petit. L'infortuné s'emballait bien vite. La chute allait être violente. Elle l'écoutait en silence plaider sa cause, songeant à ce caillou qu'elle avait involontairement jeté sur le chemin du garçon et qui était en train de rouler jusqu'à ses pieds à mesure qu'il étalait son ambition, et à la façon dont il risquait de trébucher dessus lorsque viendrait le moment de sa réponse. Ainsi elle laissa un silence courir lorsqu'il eut enfin terminé son discours. « Voilà bien une réaction à laquelle je ne m'attendais pas. » commença-t-elle à exprimer son ressenti. Elle remonta une main jusqu'à la joue du jeune Sorcier, le regard plongé dans celui suppliant de ce dernier. Alors elle lui offrit un sourire compatissant. « Je crains de ne pouvoir répondre à tes attentes, malheureusement. ». Elle sentait sous ses doigts la détermination du garçon s'effilocher sous l'effet de cette simple phrase. « Ce n'est pas une question de volonté. Simplement d'impossibilité. » précisa-t-elle. Il était probable que, de déconfit, son cavalier devienne irascible. Probablement songerait-il même qu'elle l'avait dupée. « Sympan soit témoin, tu te méprends sur mon compte. » continua-t-elle en posant un à un ses mots, de sorte à ce qu'ils ne lui tombent pas sur la tête comme les débris d'un éboulement. « Quand bien même mon nom peut leur être connu, je n'appartiens pas à leur peuple. Mon titre n'a rien de nobiliaire ou de hiérarchique. Il est seulement honorifique. ». L'honneur d'avoir survécu. Elle s'excusa d'un regard. En même temps, elle songea qu'elle venait — à nouveau — de se mettre dans une situation délicate. Les Sorciers n'étaient pas les plus réputés pour faire preuve d'indulgence, surtout lorsqu'on venait à toucher à leur dignité. Elle n'avait plus qu'à espérer qu'il ne soit pas trop rancunier et que dans un an ou deux il ait oublié. D'autant plus qu'elle n'était pas directement fautive de cette déception qu'il avait pu subir. Il avait bien mal interprété ses mots et s'en était réjoui trop vite. « Ils sont cependant nombreux ici. L'un d'eux aura peut-être entendu ton appel. Il peut être parfois plus payant de dire haut ce que l'on pense bas. ». Parfois. Pas toujours. Il s'agissait surtout, dans le cas présent, d'atténuer la déception du garçon.
Phèdre et Iphigénie se regardèrent. Empoisonner pouvait être très amusant. Dans plusieurs livres d’histoires, et même dans des manuels, elles avaient pu admirer les effets de divers poisons. Certains étouffaient : le visage, comme chauffé à vif, rougissait, avant de bleuir. D’autres faisaient tellement vomir que la bile se diluait dans des éruptions de sang. Des contractions et des spasmes pouvaient secouer tout le corps. Parfois, des pustules apparaissaient à la surface de la peau, et éclataient dans un bruit entre la succion et le crépitement, répandant dans l’air des postillons gluants et malodorants. Des poisons pouvaient broyer de l’intérieur, dévorer les entrailles, briser les os, nécroser les chairs. La magie repoussait les limites du possible ; finalement, chaque empoisonneur y trouvait son compte et pouvait ajuster sa manœuvre à ses goûts, à son sens de la discrétion et à sa victime. Aucune des jumelles ne prit cependant la peine d’exposer les avantages et les fantaisies propres à l’empoisonnement. Noyer, c’était bien aussi.
« Ah oui, si c’est une Sirène… » Elles n’y avaient pas pensé. Iphigénie fit la moue et Phèdre fronça le nez. Le peuple des mers n’était composé que de petites garces mal élevées, de putains qui se pensaient princesses et d’eunuques adorateurs de la soumission – c’était mot pour mot ce que clamait leur cousin, Théodore. « Oui, cela doit pouvoir se faire. » L’excitation brilla dans leurs yeux clairs, avant de laisser place à l’incertitude. « L’égorger ? » - « C’est peut-être un peu… » - « Mais si ça fait de la grenadine ? » Elles échangèrent un coup d’œil. Chez leurs parents, les boissons sucrées étaient bannies. Elles y avaient goûté quelques fois, lors de réceptions, mais le reste du temps, elles n’avaient le droit qu’à l’austérité de l’eau. « Mais du sang et de l’eau, ça ne fait pas… Oh ! » Les prunelles rondes, elles fixèrent les bâtonnets de chocolat avec émerveillement. C’était indubitablement l’œuvre d’une femme capable de changer l’eau et le sang en grenadine. Se saisissant de son cadeau, elles la remercièrent, puis le croquèrent. Du chocolat, pour de vrai ! « Si on avait eu une gouvernante comme ça, on aurait pu manger des tonnes de sucreries. » s’extasia Phèdre. « On serait obèses. » répliqua Iphigénie en cassant un nouveau morceau entre ses dents. « Bon allez, viens ! » De sa main libre, elle saisit celle de son double, et se dirigea vers les danseurs. En chemin, elles achevèrent de dévorer le présent de leur commanditaire. « Qu’est-ce qu’on lui dit, pour l’attirer ? » - « Euh… » Elles s’approchaient, trop vite. Trop tard. « On improvise ? » grinça-t-elle entre ses dents.
Plantées devant le duo de danseurs, les jumelles, main dans la main, papillonnèrent des yeux. De près, la dame ne paraissait plus si laide. Comme le silence menaçait de les engloutir, Iphigénie se racla la gorge et donna un coup de coude à Phèdre. Celle-ci se redressa vivement, et dit, un peu trop fort pour que cela pût sembler naturel : « Bonsoir, madame. » Elle sourit, et coula un regard vers l’homme. « Et euh, monsieur. » Quel était le plan, déjà ? L’attirer dehors ? Elle lâcha la main de sa sœur et joignit les siennes sur le devant de sa jupe. « Veuillez nous excuser pour l’interruption. » - « Un jeune homme, dehors, nous a dit qu’il vous cherchait. » Phèdre se mordit la lèvre, ravie par l’idée de sa jumelle. « Selon ses dires, il tient à vraiment vous voir. » - « Oui, il a même dit : « c’est extrêmement urgent ». » mima l’improvisatrice en essayant de prendre une voix grave. « Nous pouvons vous conduire jusqu’à lui. » En chœur, elles sourirent. Qu’Ethelba fît que le plan fonctionnât, en l’honneur du Chaos.
Message III – 639 mots
Phèdre et Iphigénie vont voir Oriane et Eutropius.
Dorian Lang ~ Vampire ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 227 ◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022◈ Activité : Chômeur grincheux
Eutropius tressaillit, non pas troublé par le contact sur sa joue, mais sa cicatrice restait sensible, pas encore complètement refermée. Il ne l'avait pas faite soigner, par manque de temps et d'intérêt. Personne n'y prêtait véritablement d'attention, le garçon ne faisait pas partie du gratin populaire de l'école et il marquait si clairement son asociabilité avec tous ses camarades, y compris ses colocataires, qu'ils étaient rares ceux à lui avoir posé des questions. Douce ne s'y était pas risquée. Récemment, la nouvellement Sorcière l'évitait. Le suspectait-elle d'être à l'origine de son mal-être ? Il avait beau être précautionneux, ses intrusions entre ses fesses avaient peut-être laissé des lésions internes. Cela, il y avait songé, mais il n'y pouvait rien. Quant aux professeurs, il leur avait servi une excuse sur une malencontreuse rencontre avec un chat enragé sur lequel il aurait marché une nuit. Un chat de plus de cinquante kilogrammes, la tignasse et la pupille noire et la magie plus noire encore. Il s'était renseigné sur Mélusine et sa rare magie et avait commencé à inventorier des informations sur la soeur de Marie-Jane. Il suffirait de quelques gouttes dans son thé pour se venger mais il ne voyait pas comment l'approcher sans éveiller ses soupçons. Marqué comme il l'était par sa faute, elle saurait immédiatement qui il était et il n'était pas entièrement certain qu'elle ne chercherait pas à l'achever.
Eutropius regarda sa partenaire de danse sans comprendre et ses pas se ralentirent jusqu'à cesser complètement. Puis les explications arrivèrent et son visage se ferma pour devenir de pierre. La putain. Elle se moquait de lui depuis le départ, avant même qu'ils ne commencent à danser. Autour de sa taille, ses doigts se crispèrent. Il avait bien envie de la tuer, ici et maintenant. Il se contraignit au calme. On lui avait toujours appris à ne pas réagir sous le coup de l'émotion. Ce n'était pas ainsi que son peuple étendait ses tentacules sur le monde. À la place, il savoura l'humiliation vécue, imprima en lui toute l'indignation ressentie pour être certain de ne jamais l'oublier et de s'en nourrir, pour que le moment venu, il puisse jouir entièrement de provoquer la perte de cette petite catin qui croyait se payer sa tête gratuitement. À présent, elle osait compatir. Est-ce qu'elle cherchait à le réconforter de sa déconvenue ? Etranglé par la colère, il ne put répondre et c'est l'arrivée de deux invitées qui le sortit de sa prison de rage.
Lentement, sa tête pivota pour les regarder. Il haussa un sourcil à leurs mains soudées. De même taille, menues, blondes. Décidément, ce bal était en fait le festival des emmerdeuses et chacune avait pour mission de lui gâcher ce qui aurait dû être la meilleure soirée de sa vie. Il ne prit pas la peine de leur répondre. Au moins avaient-elles la décence de s'excuser du dérangement. Elles ignoraient sans doute lui offrir une porte de sortie à cette mascarade, mais il n'allait pas les en remercier pour autant. « Nous avions terminé de toute façon. » C'était faux, ce serait terminé lorsque ses doigts palperaient le corps sans vie de cette menteuse qui ne perdait rien pour attendre. « Je vous remercierai bien pour cette danse, mais vous comprendrez si je m'en abstiens. » Il inclina la tête de quelques millimètres par soucis des convenances et tourna froidement le dos au trio pour s'éloigner.
Message V | 599 mots
Eutropius maudit en silence Oriane. Il profite de l'arrivée des jumelles pour prendre la tangente.
Jun glissa dans le dos de Freyja subrepticement. À son oreille, il murmura quelques mots. « Vous devriez partir. » Il l’avait fait à l’attention d’Oriane quelques secondes plus tôt. Un sourire se dessina sur ses lèvres et il se perdit dans la foule. Il retrouva Dei juste à temps. Les deux protagonistes levèrent les yeux vers Clauswitz Eorgor et sa femme. Il avait beau savoir qu’Edelwyn Eorgor n’était qu’un clone de sa sœur, la partie de lui qu’il maintenait dans le monde des Mortels réagissait toujours. Habillés tous les deux de la couleur du sang, ils irradiaient d’une aura semblable à une éclipse. C’était même plus que ça. Tout Sorcier un minimum honnête aurait avoué qu’ils ressemblaient à la Lune Noire : ils auraient été invisibles dans l’immensité du ciel si une clarté hypnotique ne les entourait pas. Clauswitz semblait à la fois aussi vieux que les Terres de Sympan et aussi jeune que son âge apparent traduisait, un homme éternellement figé entre la trentaine et la quarantaine. Quant à sa femme, elle suivait le même processus. Le charme vampirique faisait toujours son effet. Les Enfants de la Nuit n’avaient que peu d’efforts à faire pour attirer l’attention. Ils étaient charismatiques, maîtres d’une magie addictive pour les autres.
« Il a donné les ordres. » susurra Dei à l’oreille du brun. Il était au courant. Néanmoins, il valait mieux oublier qu’il était divin et lui tenir une conversation normale. Sinon, nulle conversation n’aurait été intelligente. Il semblait le préférer aussi. Les réactions des invités parlaient d’elles-mêmes. Peut-être ne s’en rendaient-ils pas compte mais certains étaient plus extatiques qu’avant ou, au contraire, perdus dans des pensées à l’apparence de labyrinthe. L’Aliénation avait été augmentée et la drogue placée dans les aliments et aspergée dans l’air n’arrangeait pas les choses. Clauswitz pensait à tout, même aux Humains. Il les avait aidés, jadis, et cet acte lui avait valu le désaveu de sa Souveraine. Heureusement, il n’avait jamais jugé bon de se conformer à sa « hiérarchie ». Il ne respectait pas les titres. Il respectait les personnes et leurs actes. Était-ce sa faute s’il n’y avait rien à respecter chez certains Grands ? Son discours fut à la hauteur de sa fonction, un discours répondant pleinement aux attentes : de la jovialité, un trait d’humour par ci par là, la présentation des organisateurs, dont sa délicieuse épouse. Jun sourit. Aussi délicieuse qu’une tarte empoisonnée. Doucement, il retira son masque, jusqu’à ce qu’elle le remarquât. Du haut du balcon intérieur, l’air hautain qui siégeait sur les traits de la blonde ne changea pas. Seuls ses yeux s’animèrent d’un semblant d’intérêt. Ils ne se verraient pourtant pas ce soir. Il remit son masque en place et se tourna vers Dei. « Nous devrions nous éclipser. » « Certainement. » Le bain de sang allait commencer mais dans un sens non encore synonyme de mort. La drogue et l’Aliénation avaient déjà plongé les invités dans un état second, si bien qu’ils ressortiraient du bal avec des souvenirs brouillés, ceux d’un rêve… ou d’un cauchemar lointain.
Des fontaines de sang coulèrent dans la salle, s’abattant dans des rigoles qui serpentaient entre les murs. Le sol s’ouvrit à certains endroits afin de découvrir des bassins au liquide rougeoyant. L’orchestre changea de ton, pour jouer des sons plus sensuels. Une Vampire s’approcha de Jun, convaincue du pouvoir de l’Aliénation sur lui. Il sourit lorsqu’elle lui demanda de la suivre. Elle voulait qu’il se déshabille pour entrer avec elle dans le bassin. Elle désirait le mordre. Il vit ses crocs briller à la lumière, blancs et aiguisés. Élégamment, il retira de nouveau son masque. Ce qu’elle vit en dessous l’effraya tellement qu’elle en tomba par terre. Il sourit, son visage recouvrant son apparence habituelle. « Il vaut mieux ne pas tenter de s’en prendre aux monstres, Ma Dame. » murmura-t-il tranquillement. Il ne se baignerait pas. Ne danserait pas. Ne se laisserait pas mordre. Il était là pour tuer.
Plus tard, lorsque Clauswitz réapparut au balcon, il tenait entre ses doigts un verre de sang. À ses côtés, il ne s’agissait plus de sa femme mais d’une Vampire brune : Alteïs, l’Iskahrin Zul Douria. Il leva son verre vers elle et elle en fit de même. Ils trinquèrent. C’était le signal. Chaque Vampire Ksenia présent à Seaghdha – une très grande majorité – allait être exterminé ce soir. La raison ? Le génocide des Gabor. C’est ce qu’il évoquerait ensuite devant l’Empereur de la Nuit. Le faux Empereur de la Nuit. Grâce à leur habileté, ils avaient réussi à faire accepter ce massacre à tous les Seigneurs vampiriques, sans même que ces derniers ne se doutassent être également dans le collimateur. Néanmoins, il savait qu’après ce soir, les questions commenceraient à émerger dans leurs esprits. Ce serait une guerre sans merci. Pour le moment, ça allait. Beaucoup de Vampires louchaient depuis longtemps sur les compétences des Ksenia. Les survivants seraient obligés de se rallier aux autres Lignées et ils partageraient leur savoir-faire. Tout n’était que politique et l’heure du véritable bain de sang, celui qui mettrait fin à des centaines de vie venait de sonner. Clauswitz chercha une silhouette dans la salle, celle de Jun, qu’il trouva. Il leva également son verre vers lui. Il savait que le Destin était de son côté ce soir. Il n’avait aucune certitude pour demain. Ce soir, les Ombres danseraient parmi les convives.
899 mots
Explications
Bonjour !
Partie II : L'Aliénation est davantage poussée par rapport à la partie I. Il y a également de la drogue dans l'air et dans l'alimentation. Les Vampires sont aussi concernés par les effets des drogues s'ils boivent le sang des convives. La fête paraît être un rêve. Il se peut que votre personnage adopte des comportements plus sensuels ou autres (ça peut être de la joie, de la dépression ou tout à la fois xD). Néanmoins, la rencontre d'un Vampire, par le jeu de l'Aliénation, va jouer un grand rôle dans son comportement. Les Vampires sont des séducteurs et savent arriver à leur fin. De grands bassins de sang ont fait leur apparition dans l'université, au milieu de la piste de danse ou dans des coins plus reculés. C'est le cas dans les autres lieux de Seaghdha, tout comme la propagation de l'Aliénation et de la drogue. Clauswitz a essayé de regrouper autant que possible les Vampires Ksenia dans l'université. Voyez ça comme une orgie mais très peu tournée vers le sexe (enfin après si des non-Vampires veulent s'envoyer en l'air, pourquoi pas. L'ambiance s'y prête bien quoi) et très mystique. Vos personnages sont envoûtés et les drogues peuvent leur faire avoir des hallucinations. Clauswitz fait un discours normal (bienvenue bla bla bla blague bla bla bla je remercie les organisateurs bla bla bla amusez-vous bien bla bla bla).
Partie III : L'Aliénation est poussée à son paroxysme. Il peut y avoir des évanouissements à cause de ses effets. Surtout, les Vampires en jouent pour convaincre et donner des ordres. Votre personnage est plus que dans un état second. Il se laisse guider. Il peut même ne pas s'apercevoir qu'entre les valses, les bains et les morsures, des silhouettes tombent comme des mouches. Le sang coule à flot, les bassins débordent et ça paraît totalement surréaliste. La plupart des invités ont perdu leurs masques. Les Vampires qui obéissent à Clauswitz et à Altéïs n'étaient pas à la fête et ont pris de quoi ne pas ressentir les effets des drogues. ils sont donc sobres et très efficaces. Pour information, les Vampires des différentes Lignées sont repérables par les autres Vampires expérimentés. Le fait qu'il y ait des branches, l'échange de sang entre le Créateur et l'Enfant, tout ça donne une marque distinctive à la famille en question qui est olfactivement repérable pour quiconque est entrainé. Bref, c'est la fête du sang. Les Vampires peuvent conduire vos personnages hors de la salle principale pour tenter de s'abreuver dans des salles plus intimistes. Il n'y a pas de mouvements de panique. C'est comme si tout allait bien. Il peut y avoir un malaise inconscient mais sinon c'est la fête. Même les morts semblent irréalistes, simplement en train de dormir. Le sang ressemble à du coulis de fraise, toussa toussa. Bon, vous avez compris, c'est pas du tout traumatique xD
Avatars : - L'homme = Clauswitz - La femme = Edelwyn - Et ça c'est Altéïs = Ici
Gains
Alors, vous avez deux possibilités de participation et ce serait gentil de mettre en haut de votre message ce que vous faites pour que les autres puissent savoir ^^
Soit votre personnage ne vient pas à Seaghdha et dans ce cas là vous devrez faire un unique message de 900 mots qui parlera des Ondins, des Alfars, des Vampires et des événements d'actualité que vous voudrez traiter. Dans ce cas, votre gain sera un point de spécialité. D'ailleurs, ceux qui ne veulent pas amener leur personnage dans la salle de bal principal mais à côté peuvent toujours poster via cette voie là, avant ou après être venu à Seaghdha.
Soit votre personnage vient au bal et, dans ce cas, vous pouvez choisir votre mode de participation :
1° Vous faites des messages unique de 900 mots. Dans ce cas, vous aurez le droit à un message unique par partie, donc trois au total. Vous jouez solo dans votre coin quoi. Chaque message unique vous donnera le droit à 1 point de spécialité.
2° Vous faites des messages multiples et participez comme à un rp pour tous, c'est à dire en entrant en interaction avec d'autres personnages. Dans ce cas, vous aurez le droit à un point de spécialité tous les deux messages de 720 mots minimum (ou tous les quatre messages si vous faites des 400 mots minimum).
Pour les personnages qui seront là en messages multiples type rp pour tous (donc le 2°), il y aura des gains supplémentaires, notamment le fameux masque qui cache l'identité ^^
Adam Pendragon ~ Déchu ~ Niveau V ~ ◈ Parchemins usagés : 1017 ◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Dim 30 Juil 2023, 16:22
Le Bal de Seaghdha
« Lui, il ne le ferait peut-être pas, c’est vrai. »
Je n’en étais pas sûr. Il y avait ce qu’il faisait officiellement et ce qu’il faisait officieusement. Parfois, il y avait un air sur son visage qui indiquait qu’il en savait plus que les autres et qu’il n’était pas étranger à certains événements. Savoir ce dont il s’agissait exactement était plus délicat. Ça demandait un certain doigté. Je souris à cette pensée.
« Mais moi par contre… Ce n’est pas comme si les Déchus avaient à perdre quoi que ce soit dans l’histoire. »
Au contraire même. Depuis le début de l’Ère de la Conciliation, les Anges étaient les seuls qui maintenaient un froid glacial avec mon peuple. Le fait que la déchéance n’existe plus confinait chacun dans ses positions et attisait la haine et la défiance. L’Agbara était un insulte envers les Déchus et envers l’Histoire. Jadis, les Anges avaient le droit d’être déchus. C’était à la fois une sentence et une libération. Une sentence pour certains. Une libération pour d’autres. Ce n’était pourtant pas un point final car la repentance pouvait être accordée après un travail sur soi. Main dans la main, Anges et Déchus œuvraient pour que chaque individu puisse être où il le désirait, être accepté ou être pardonné.
À présent, le peuple des Anges ressemblaient à une secte morbide. Je savais que certains Déchus espéraient qu’ils se fassent de nouveau rouler dessus. Les plus extrêmes, surtout des Colériques et des Orgueilleux, attendaient avec impatience le moment où un faux pas serait effectué envers une race peu encline à pardonner. J’avais plus de nuances.
« Je ne m’inquiète pas trop. Les Réprouvés et leurs enfants ont les pieds durs. »
**
« Ma porte est toujours ouverte aux personnes dans le besoin. »
Je lui souris, avant de poser mes yeux sur le Vampire.
« Je préfère qu’on me vide autrement si jamais… Je sais que vous savez faire… »
Un rire taquin sortit de mes lèvres et je basculai de nouveau mon regard sur l’Ange.
**
« Freyja la journaliste. J’ai hâte. »
Je ris.
« Ce plan n’est pas si fou… ils en seraient capables. C’est d’ailleurs étonnant qu’aucun Démon ou Sorcier n’ait essayé de te tuer jusqu’ici. Ça doit être grâce à mon charisme légendaire. »
Je la ramenai à moi. Tout ça me paraissait naturel. À force de la voir chez moi, de lui parler ou même de continuer à vivre comme je le faisais lorsque j’étais seul, j’avais fini par m’habituer. Maintenant qu’elle était mariée, elle allait peut-être vivre avec lui. Il me faudrait inviter beaucoup de gens pour pallier le manque.
« Si tu devais m’oublier, je me présenterais à toi en Humain. Tu serais obligée de m’aimer. Pas le choix. »
Je n’avais pas mis la bague depuis un certain temps. C’était comme forcer les choses. Je n’aimais pas ça. Surtout, lorsque je la mettais, je n’étais plus moi-même. Plus vraiment.
« Tu me préférerais peut-être même à lui. »
Un grand sourire joueur apparut sur mes lèvres. Je ne parlais pas sérieusement. C’est ce que je pensais du moins.
« Mais t’as raison, on se fait chier. Si on jouait à cache-cache ? Je vais me cacher et t’essayes de me retrouver. Si t’y arrives, t’auras le droit à ce que tu veux. »
Je ris et, sans la laisser accepter, partis en courant me perdre dans la foule. Ce serait dur parce qu’il y avait beaucoup d’invités. Réussirait-elle ?
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« Un peu alors… Je dois me cacher je vous rappelle. »
C’était bien la seule chose que j’avais retenue. Dans les bains en sous-vêtements, deux Vampires à mes côtés, je tentais de discuter avec peu de conviction les volontés de ces derniers. Qu’ils me mordent ne me dérangeait pas. J’aimais ça. Néanmoins, rester immobile au milieu de la pièce n’était pas la meilleure cachette possible. Je voulais voir l’Ange, pas eux.
« Je choisis où vous mordez, d’accord ? Et après vous me laissez filer. »
Je désignai mon épaule gauche et mon avant-bras droit. C’était plaisant mais ça l’aurait été davantage avec l’Ange. Savait-elle que le sang était un lubrifiant naturel particulièrement efficace ? Il fallait que je lui dise.
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Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 4025 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
Je fermai les yeux et m’appuyai sur un support quelconque. Le mur peut-être ? Doucement, mes paupières papillonnèrent. Je me sentais flotter, comme lorsqu’il m’arrivait de ne pas manger plusieurs jours d’affilés. Le monde partait à vau l’eau. Tout dérivait dans des flots menant à des contrées mystérieuses. Ce qui se trouvait sous la paume de ma main aurait pu être une personne que je ne m’en serais pas aperçue. Je devais me ressaisir. Mon instinct de survie me le murmurait. Son écho me semblait pourtant lointain, en provenance de montagnes perdues à l’horizon. Mes lèvres s’entrouvrirent. Ma gorge était sèche et je cherchais à avoir plus d’air. Je pensai que je n’aurais jamais dû venir. Ma robe m’étouffait. J’entrepris d’en défaire le col, tout en tentant de stabiliser mon corps pour rester droite. Je finis dos contre le mur. Mes mains s’activèrent sur les agrafes de ma nuque. J’avais besoin d’air. J’ôtai la partie haute du vêtement, celle qui couvrait ma gorge. J’aurais volontiers desserré le reste mais n’en fis rien. L’indécence avait ses limites, même dans mon état. Beaucoup de Sorcières auraient préféré mourir d’étouffement plutôt que de montrer leur décolleté à des inconnus. Certaines mouraient mystérieusement après l’avoir fait. Des hommes étaient possessifs, trop pour le bien de leur épouse. Plus une femme était belle et plus elle devait se montrer pudique, à moins que ce ne fût une stratégie de couple dans l’objectif de tromper le tenté. La méfiance devait toujours être de mise. Quant à moi, je ne pouvais pas jouer avec le feu. Ma relation avec Lucius était déjà problématique. Elle l’était devenue dès qu’il avait pris ses aises. J’espérais que le couteau que je lui avais planté dans le ventre l’avait fait réfléchir. Plus que cela, si j’épousais Elias, ça signifiait épouser Kaahl. Un sourire vague s’accrocha à mes lèvres. Penser à des problématiques complexes m’aidait à lutter contre mon malaise. J’avais l’impression que je n’étais pas la seule à tanguer mais je ne pouvais en être certaine.
Lorsque ma respiration se fut calmée, je quittai le mur pour tenter de trouver un endroit plus confortable et propice à mon repos. Le col de ma robe dans une main, marcher avec des talons me paraissait des plus périlleux. Je devais pourtant m’y soumettre. La vie d’une Sorcière était une vie de contrôle permanent. Un pied après l’autre, tout en gardant la taille rentrée, les épaules droites et la tête haute. L’impression de quitter le sol me reprit. Je basculai et me rattrapai à la première chose venue : un homme duquel j’empoignai le haut pour empêcher ma chute.
436 mots Pour Leigh et Lana : j'ai fait une ellipse le temps que Stanislav réponde. Je répondrai à vos messages dès que ce sera bon de son côté
Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4732 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Il y avait des signes qui ne trompaient pas. Les traits durcis d'un visage. La crispation d'un corps. L'aigreur d'un regard. Oui, ce garçon venait de se prendre une rude douche froide dont Oriane était en partie fautive. L'autre partie relevait pleinement de la faute de son cavalier — ex-cavalier plutôt, aux vues de l'allure que prenait leur danse — qui avait bien trop extrapolé ses mots. Ce fut une intervention extérieure qui brisa la glace qu'avaient instaurées ses excuses. L'attention de l'Abjecto se porta donc sur les deux fillettes qui venaient de s'introduire auprès d'eux, la surprise marquant ses traits à l'énoncé de la raison de leur présence. La Luxurieuse posa tout de même un ultime regard sur le garçon dont le ton de voix laissait deviner l'amertume d'un espoir anéanti. « Et j'en suis navrée. » répondit-elle avec un sourire désolé avant de revenir sur les jumelles lorsque sa silhouette disparut dans la masse de la foule. « Bien, puisque je me retrouve sans partenaire, guidez-moi jusqu'à cette personne. » répondit-elle positivement à celles-ci. « Vous a-t-il précisé quelle était cette raison extrêmement urgente pour chercher à me voir ? Vous a-t-il même seulement laissé un nom ? ». À l'heure actuelle, elle ne pouvait songer qu'il ne s'agissait que d'une excuse de Jan. Elle n'avait révélé son identité à personne d'autre encore. Il était le seul au courant de la façon dont elle était coiffée et habillée. Si elle faisait erreur, eh bien, ce devait juste être un homme sans cavalière au bras qui cherchait un peu de compagnie. Le trio dépassa la table de banquet pour rejoindre les jardins.
Un doux frisson couru alors son échine. Le souffle délicieux dans son cou d'une voix murmurant à son oreille la laissait rarement indifférente. Moins encore lorsqu'il s'agissait d'une personne comme Jun. Il y avait pourtant dans l'intonation de sa voix quelque chose de singulier, quelque chose qu'elle n'avait pas mémoire avoir déjà entendue de sa bouche à lui. Elle se retourna, d'abord souriante, puis plus confuse ensuite lorsqu'elle croisa le regard de son Orine qui disparaissait déjà dans la foule des danseurs. Oriane avait, sur l'instant, supposé qu'il lui conseillait de ne pas suivre les jumelles, ce qui pouvait s'avérer de bon conseil. Elle n'y avait pas songé jusqu'alors mais ces fillettes pouvaient très bien appartenir à la race de leurs hôtes. C'était même fort probable. Toutefois sa façon d'agir la laissait à supposer qu'il n'y avait pas que ça. Elle n'arrivait pourtant pas à être inquiète, l'urgence de la situation lui échappant totalement. Elle songea à Jan. Elle devait le trouver. Elle n'allait pas partir sans lui. Ce n'était pas correct. « Allons-y. » reprit-elle en se retournant vers les petites. « Je dois retrouver mon ami rapidement. Faisons ça vite. ». Parce qu'elle savait que l'avertissement de Jun avait quelque chose d'impérieux, bien qu'elle n'en montrât rien.
« Ah, oui, ça doit être ça… Tu les impressionnes trop, avec tes muscles en carton. » Elle pinça doucement son avant-bras. Son tissu musculaire n’était en rien une contrefaçon, mais Adam n’avait suivi aucun entraînement militaire qui pût le faire paraître pour une menace. Le fait qu’elle fût saine et sauve, néanmoins, l’intriguait. Depuis sa libération, elle restait sur ses gardes. Pourtant, elle n’avait eu à essuyer que peu d’agressions, comparativement à la qualité des mandats qui mettaient sa tête à prix. L’explication la plus logique était que les espions que Kaahl avaient chargé de la surveiller agissaient dans l’ombre, éliminant un à un les tueurs à gage. Sa colère et leur rupture n’avaient pas dû constituer des raisons suffisantes de les mettre à pied. Parfois, elle se disait que même si elle mourait, il aurait la folle obsession de faire surveiller sa tombe. « T’aimer, carrément ? Je te tolérerais, oui. Pour le reste… » Elle s’interrompit, son regard rivé au sien, peut-être un peu troublé, avant de répliquer : « Ça, c’est impossible. Il est insupportable, mais tu es bien pire. » Elle lui décocha un sourire espiègle.
Condamnée à participer au cache-cache initié par le Déchu, l’Ange fendait la foule, à la recherche de sa silhouette avalée par les flots d’invités. Dans ses yeux, l’amusement pétillait. Il s’évanouit à la seconde où elle entendit la voix d’Ezechyel. Freyja se figea abruptement, avant de se retourner. Elle n’eut que le temps d’apercevoir son sourire ; il s’évapora dans la mêlée des danseurs. Le palpitant tambourinant, elle le chercha des yeux. Elle devait le voir, elle devait lui parler. Lui dire qu’elle avait compris. Juste ça, sans hurler le champ de bataille qu’était son cœur depuis qu’il l’habitait. Mais il avait disparu, comme la dernière fois. L’évidence la happa ; ses mots la heurtèrent. Vous devriez partir. Un sentiment d’urgence frappa l’Aile d’Acier. Adam. Elle reprit sa course entre les convives, plus violemment. À chaque pas, elle avait la sensation que le sol et les corps tentaient de l’engloutir. Autour d’elle, le monde se métamorphosait. Sa magie fouettait l’air, inefficace. Bientôt, la vapeur des rêves étoufferait ses volutes incandescentes.
Assise sur les genoux d’un Vampire, Freyja avait resserré ses poings sur des pans de sa chemise. Les crocs plantés dans son cou, il gardait une main fermée sur sa taille, tandis que d’autres Enfants de la Nuit profitaient des parties dénudées de son corps. Elle avait du mal à maintenir ses paupières ouvertes. Pourtant, elle sentait un flot d’énergie circuler en elle. Une pointe acérée saillit ses côtes. Un gémissement étouffé s’échappa de sa gorge et elle enfonça ses ongles dans les vêtements du buveur de sang, tandis que des lèvres quittaient sa peau et que des mouvements vifs altéraient la fixité du décor. Elle sentit qu’on lui arrachait quelque chose, une douleur aigue, incisive. Adam. « Je dois le retrouver. On doit partir. » souffla-t-elle. Le contact glacé d’une main. Sa nuque libérée. « Vous devriez surtout vous soigner. » Un frisson courut le long de son dos. De gestes doux, il la dégagea de ses jambes et l’aida à se mettre debout. « Il ne vous a pas ratée. » Il prit sa main et la posa contre ses côtes. « Utilisez votre magie. » Au bout de ses doigts, elle pulsa. « Ne partez pas trop vite. Profitez de votre soirée. Je serais triste de ne pas vous recroiser. » De son visage, elle ne perçut que son sourire.
Sa robe tomba à ses pieds. Peinte de traces vermillon, Freyja pénétra dans le bassin. Plusieurs Vampires se repaissaient du sang d’Adam. Certains levèrent la tête vers elle. Elle les ignora, fendant les eaux rouges jusqu’au Déchu. Sa silhouette s’imprima contre la sienne. Sa peau, chaude, lui rappela le contact froid du Vampire. Avec naturel, elle noua ses bras autour de son cou et colla sa joue contre la sienne. « Trouvé. » Elle sourit. « Jun m’a dit qu’on devrait partir. » Elle avait pourtant tout oublié du sentiment d’urgence que son conseil avait suscité. « Il y a quelque chose qui cloche, mais je n’arrive pas à savoir quoi. » Une alarme légère, à peine audible, ensevelie sous la magie et les drogues. Ses jambes remontèrent le long des siennes, jusqu’à s’enrouler autour de sa taille. « Mais l’essentiel, c’est que je t’ai retrouvé. Maintenant, je ne te lâche plus ! Si je dois profiter de la soirée, c’est juste avec toi. » Du bout du nez, elle caressa le lobe de son oreille. « Tu devrais enfiler ta bague. Ce serait amusant. » Il ne l’avait pas mise depuis longtemps et, parfois, la sensation lui manquait. Quand elle le laissait agir pleinement, le Lien la grisait.
Message V – 793 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Adam Pendragon ~ Déchu ~ Niveau V ~ ◈ Parchemins usagés : 1017 ◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Ven 04 Aoû 2023, 09:04
Le Bal de Seaghdha
« Freyja ! »
Je l’avais reconnue sans aucune difficulté.
« Frey… »
Ma tête se pencha en arrière sous l’étonnement. Elle venait de retirer ses vêtements. Les Enfants de Réprouvés ne connaissaient pas les sous-vêtements. Ils naviguaient cul nu sous leurs habits. C’était pratique dans bien des cas.
« Jun ? Il est ici ? »
Je ne l’avais pas vu. En même temps, je ne voyais plus grand-chose. Mon monde n’était qu’un flou artistique de mouvements et de couleurs. Dans ce flou, Freyja me paraissait pourtant étrangement nette. À force de l’avoir chez moi, mon corps avait mémorisé son essence. Son odeur, ses formes, sa voix, tout ce que mes pouvoirs me permettaient de capter et que d’autres ne ressentiraient jamais. Par exemple, d’autres auraient ressenti son corps contre le leur mais pas avec autant d’intensité que moi.
« Je ne vois aucune cloche, non. »
C’était une plaisanterie qui avait sonné bien plus drôle dans ma tête. Ça me fit rire quand même. De base, je voulais rajouter « aucune cloche autre que toi » mais je ne l’avais pas fait pour une raison inconnue. J’avais envie de la taquiner mais gentiment. Peut-être était-ce dû au fait qu’elle était pendue à mon cou, les cuisses écartées autour de mon ventre ?
« Je le savais que tu m’aimais. »
Je refermai mes bras autour d’elle. Mes mains se placèrent sous ses fesses pour éviter qu’elle tombe. Cette position n’était pas si facile à tenir. Aile d’Acier… ? Elle aurait dû être surnommée Cuisses d’Acier ou Fesses d’Acier.
« Ah non hein ! »
Je venais de m’insurger comme un écolier qui ne veut pas aller à l’école. Je n’aimais pas mettre la bague. Elle me changeait et, parfois, je ne parvenais plus à la retirer.
Les Vampires s’étaient écartés. J’avais l’impression que l’Ange prenait toute la place. Je soupirai contre son cou et restai là quelques secondes, à ne rien dire. Puis, je me rappelai de ce que je désirais lui confier plus tôt.
« Tu savais que le sang est un bon lubrifiant ? Même si je doute qu’on soit dans du sang… ça doit être une sorte de liquide qui y ressemble, a la même texture, la même odeur et le même goût ! »
J’avais dit ça avec un air d’expert en liquides. Puis, l’une de mes mains remonta dans son dos. Mes doigts caressèrent sa peau. J’étais tactile. Je l’avais toujours été. Elle était nue. Elle ne pouvait pas y échapper. Pourtant, ce qui était amusant, c’est que malgré l’état de mon entrejambe, je n’avais pas du tout envie de faire l’amour.
J’avançai dans le bassin, en tentant de ne pas rentrer dans les gens qui s’y trouvaient aussi, et la posai sur le rebord. Je restai entre ses cuisses, posai ma tête contre ses seins et l’enlaçai pour un câlin.
« T’es trop confortable. »
Je souris.
« Je crois que tu me guéris de la Luxure. »
D’une certaine façon. Tout ça était bien pire que la Luxure.
« Oh… On n’avait pas dit que je te devais un service si tu me trouvais ? »
Tout se mélangeait dans ma tête. J’avais tellement joué à cache-cache que je n’étais plus sûr d’avoir fixé une telle règle entre nous.
542 mots
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Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 3849 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Freyja roula des yeux. « Non, je t’aime pas, tu veux jamais mettre ta bague. » Elle lui tira doucement sur l’oreille, comme pour le réprimander. Elle ne lui en voulait pas vraiment. C’était bien aussi comme ça. Bizarre, parce qu’encore quelques années plus tôt, jamais elle n’aurait pensé qu’ils pussent s’entendre, mais bien quand même. « Comment je fais, moi, pour être une bonne Ange Gardienne, si j’ai pas d’Humain à protéger, hm ? C’est à cause de toi qu’ils vont m’envoyer à l’Agbara. J’espère que tu t’en mordras bien fort les doigts ! » L’Ailée se blottit pourtant un peu plus contre lui. Elle inspira son odeur mâtinée des parfums ambiants. C’était la fragrance du réconfort, pareille à la senteur d’une lessive d’enfance. Une émanation coutumière et rassurante, qui à elle seule avait créé un chez soi que Freyja pouvait emmener partout avec elle. « C’est vrai ? » Elle détacha l’un de ses bras de l’étreinte pour plonger sa main dans le liquide du bassin. D’une torsion de la paume, elle produisit des vaguelettes. « T’es un Déchu-Vampire, en fait… Je savais que t’allais me suc- non, m’user jusqu’à la moelle. » accusa-t-elle tandis qu’il les entraînait de l’autre côté du bain.
L’une de ses paumes remonta dans ses cheveux, où ses doigts décrivirent des cercles concentriques, tandis que son autre main caressait sa nuque. « Ravie d’être un super polochon. » Un sourire amusé flotta sur ses lèvres. « T’es super confortable aussi. Quand on est dans un lit, ça fait deux gros polochons au milieu de polochons. Un champ de polochons. » Elle leva le bras pour balayer l’horizon, comme si la ligne de cette parcelle imaginaire s’y dessinait. La remarque d’Adam lui vola un rire qui l’arracha à son illusoire contemplation. « Je savais que j’étais une vraie Ange ! » Joyeuse, elle l’enlaça et le repoussa légèrement vers l’arrière pour replonger dans le sang qui n’était pas du sang. Collée à lui, elle sourit, avant de relever un visage mutin vers le sien. « Enfin, de ce que je constate, vous avez encore des progrès à faire, Monsieur Pendragon. » Les mots pouvaient tromper, mais les messages du corps étaient sans équivoque. « Ah ? Ah oui, peut-être. Je ne sais plus. Hum… » Elle tapota ses lèvres du bout de l’index, tandis que son regard vert se promenait autour d’eux. Tout lui paraissait flou. Elle avait l’impression de se trouver dans une bulle où ils n’existaient plus que tous les deux. Cette sensation s’emparait régulièrement d’elle, quand ils étaient ensemble. Elle aimait sa compagnie pour cela aussi. Parce que quand il la prenait dans ses bras ou qu’elle se lovait contre lui, le reste du monde s’embrumait. Ce qui était pénible ou douloureux perdait en consistance. Adam était un gros polochon de bonheur moelleux et qui sentait bon. Cette image la fit sourire. « Il faut que j’aille à Lumnaar’Yuvon. T’as qu’à venir avec moi. » proposa-t-elle en ramenant ses prunelles dans les siennes. « Faudra que je parle à Hazaan, mais le reste du temps, on pourra se baigner dans la rivière, faire des siestes sous les arbres et monter des bicornes. Je te montrerai des endroits secrets que t’as jamais vus. » À mesure qu’elle parlait, son visage s’éclairait. Une expression espiègle le traversa. « Et puis tu peux me faire un bisou. Je mérite au moins ça, vu tous les efforts que je fais pour te supporter. » Elle lui offrit son plus beau sourire, des étincelles malicieuses au fond des yeux.
Message VI – 593 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 4025 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
Rp précédent : Le désordre, quand il sera terminé.
J’étais assis à mon bureau, mon front reposant sur mon index, mon majeur et mon annulaire. La situation n’avait jamais été aussi mauvaise. Mon pouce se cala sur ma tempe. Les Archimages Nylmord et Arkas avaient cosignés une lettre qui venait de me parvenir. Jusqu’ici, j’étais resté statique. Soudainement, mes mâchoires se serrèrent et mon poing finit par s’abattre sur la table. Je jurai. L’armée faisait tout son possible pour les retrouver ? Mon crâne se redressa légèrement puis s’abattit contre ma paume. L’armée ne retrouverait rien. Un râle de rage sortit d’entre mes lèvres. L’envie de faire exploser ces incapables et une partie des terres Magiciennes s’infiltra en moi comme une nécessité impérieuse. Cette envie ressemblait à une vieille amie qui cherchait à reprendre contact. Je la balayai. Ma paume contre le bas de mon visage, mes doigts se resserrèrent sur ses contours. Je n’aurais jamais dû les laisser y toucher. Ils pensaient qu’ils me rendaient dangereux ? Vraiment ? J’inspirai et tentai de me calmer. Pourtant, la colère revenait me heurter comme des vagues s’écrasant sur une falaise. Pour l’instant, la falaise était haute et tenait bon mais ce n’était qu’une question de temps. Un jour, les déferlantes auraient raison d’elle. Elle s'effriterait dans l’océan et les eaux envahiraient tout.
J’interrompis ma réflexion lorsque l’air autour de moi changea d’odeur. C’était léger et ça l’était toujours. Je traçai un pentacle de protection et accueillis l’espion avec un air déjà passablement irrité. « Quoi, encore ? » Ma voix avait claqué comme le fouet tenu par un dompteur assez désespéré et exaspéré pour songer à devenir sadique. Il dut comprendre que rajouter une couche par-dessus celles qui existaient déjà avait la saveur du danger parce qu’il mit cinq secondes à choisir ses mots. « Adam est avec Freyja au Bal de Seaghdha. La situation là-bas va devenir hors de contrôle. » Mon index et mon majeur rencontrèrent de nouveau mon front. Je n’avais pas envie d’entendre parler d’elle et encore moins d’elle avec lui. Je fis apparaître le Miroir dans ma main libre. La magie de l’artefact s’activa. Mes yeux s’écarquillèrent d’une surprise jalouse et mordante. Coude sur le bureau, mon avant-bras à la verticale, mes doigts bougèrent, tantôt en poing, tantôt en griffes. La tension qui m’habitait me fit grogner légèrement sur l’expiration. Je devais prendre une décision. « Vous prenez Freyja et vous l’amenez à Lumnaar’Yuvon. Je m’occupe d’Adam. » Je me levai et me dirigeai vers lui. Il connaissait les coordonnées précises. Il m’y téléporterait.
Une fois dans la salle de bal, je fus heurté par l’ambiance et l’odeur qui se dégageait de l’ensemble. Ça puait la drogue, la magie hypnotique et la mort. Je lançai une œillade entendue à l’homme qui s’empara de Freyja. Une fois le premier problème résolu, je réglai le second.
De retour chez moi, je restai immobile un temps, celui de reprendre mes esprits. Les sorts employés dans l’université étaient puissants et il me fallut quelques minutes avant de m’en défaire complètement. Finalement, je levai les yeux vers le Déchu. Je sentis la colère m’envahir de nouveau. J’avais assez de problèmes pour qu’ils m’en rajoutassent d’autres. Agacé, je me ruai sur lui pour le plaquer contre le mur, mon avant-bras contre sa gorge. « À quoi est-ce que vous jouez tous les deux ? » Je savais parfaitement à quoi. Je n’avais pas encore décidé quoi faire de ce mariage alors comment pouvais-je traiter le reste ? Je le refusais. « C’est à cause de la bague des Humains, c’est ça ? » Ce n’était pas ça. Je fermai les yeux, inspirai et m’écartai. J’allai appuyer mes paumes contre mon bureau. Mes yeux fixèrent le bois et ses rainures avant que je ne laissasse tomber ma sentence en redressant le visage vers lui. « Va-t’en. Je ne veux plus vous voir. Ni elle, ni toi. »
Priam s’attarda à peine sur les révélations d’Aliénor. Il réfléchissait à toute vitesse, à la recherche d’une solution. D’un miracle. Quelque chose qui pût les sauver, elle et l’enfant. Ses souvenirs entortillés distillaient une angoisse qui nouait ses tripes. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à Za et à la fille qu’elle disait être de lui, à ces deux êtres pour qui il n’avait pas assez bataillé, à ces deux remords coupables collés au fond de la poitrine, refoulés pour qu’ils ne devinssent pas insupportables. Il leva la main et l’abattit vaguement dans l’air, comme s’il cherchait à stopper le cours d’une pensée. « Je connais quelqu’un. » Florance. Une diplomate qu’il avait rencontrée lors des événements liés à Hébé. Sa langue déliée et ses manières franches avaient marqué l’esprit du Belegad. Il ne la connaissait pas beaucoup et rien ne garantissait qu’elle acceptât de l’aider. Néanmoins, les questions qu’elle lui avait posées, à l’époque, avaient instillé quelque chose entre eux. Une complicité muette, une reconnaissance tacite. « Quelqu’un qui pourrait servir d’intermédiaire, une diplomate. » C’était un tir de longue portée ; rien ne garantissait qu’il atteignît sa cible. « Et je demanderai à Nalim. Il a plein de relations. Il pourra t’aider, lui aussi. » Il déglutit. « Nous aider. » Elle semblait à peine s’en rendre compte, mais elle venait de faire chavirer sa vie. Son bouleversement intérieur ne formait que les prémices de ce qui allait advenir. « Fais-moi confiance. » Il prit ses mains dans les siennes et les serra, galvanisé tant par la ferveur que par la fébrilité.
Il avait été séparé d’Aliénor. Dans son esprit, son visage demeurait en arrière-plan. Absent mais inoubliable. Les yeux de l’Ange flottaient sur le décor. Les invités s’enlaçaient, s’entremêlaient, se fondaient les uns dans les autres. Partout, le rouge dominait, fort et vibrant. Une morsure enceignait son poignet. Le sang gouttait jusqu’au sol. Il ne s’en rendait pas compte, absorbé par le mélange sulfureux des drogues et de l’Aliénation. La sensation d’évoluer dans un rêve avait capturé sa conscience ; pourtant, il savait qu’il parcourait le dédale de la réalité. Les émotions coulaient sur lui sans s’accrocher à son cœur. La sérénité dominait et répandait ses cascades tranquilles dans tout son être. Il retira sa veste et la jeta plus loin, pour mieux déboutonner le col de sa chemise. Il devait rejoindre la Magicienne. Un vague sentiment de nécessité s’immisça en lui, et prit de l’ampleur jusqu’à ce qu’il ne pût plus l’ignorer. Il y avait cette histoire de bébé. Il se faufila entre les convives. Ils étaient nombreux. Des centaines. Peut-être même des milliers. Ils semblaient se multiplier. Il erra ; le temps s’écoulait mais personne ne parvenait à le mesurer.
Kaahl Paiberym. Sa silhouette frappa sa rétine si fugacement qu’il crut avoir rêvé. Néanmoins, le mirage réactiva la nécessité de retrouver Aliénor. Où était-elle ? L’avait-il emmenée ? La lui arracherait-il définitivement, comme il lui avait volé tout le reste ? Son palpitant bondit, ses artères rugirent. Il resserra sa prise sur la taille du Vampire qui s’abreuvait contre son cou. « Je dois y aller. » L’Enfant de la Nuit ne bougea pas immédiatement ; l’Ailé tenta de se dégager, mais ce qu’il croyait être des ruades féroces n’étaient que de molles tentatives. Lorsqu’enfin ses crocs se retirèrent, le chasseur releva son visage lunaire vers lui. « Où veux-tu aller ? Je t’accompagne. » - « Je dois trouver Aliénor Vaughan. » s’entendit-il répondre. Il serra les dents. Il sentait qu’une magie puissante était à l’œuvre. De qui provenait-elle ? Elle était bien trop asservissante pour être celle d’un seul individu. Il était incapable de s’y soustraire. En avait-il seulement envie ?
Dès qu’il la vit, il se précipita vers elle. C’était comme courir dans l’eau. Il se sentait à la fois ralenti et léger, presque en apesanteur et pourtant embourbé. Ses bras se refermèrent autour de la silhouette de la jeune femme. « Aliénor. » Des larmes ourlèrent ses cils. Derrière lui, le buveur de sang les observait. « J’ai cru t’avoir perdue. » Son cœur battait la chamade. Plus les minutes avaient défilé, plus son délire l’avait imprégné. Les drogues l’avaient persuadé que les Sorciers l’avaient enlevée et qu’il ne la reverrait plus jamais. Une mélancolie profonde et gluante avait pétri sa poitrine. Mais quand il l’avait aperçue, elle avait volé en éclats. Il cala une main sur sa nuque et fondit sur ses lèvres, avant de se détacher pour mieux la serrer contre lui. « Je ne les laisserai pas faire. Je vous sauverai tous les deux. » affirma-t-il. « Je ferai rompre le contrat de mariage et on vivra ensemble. On les emmerde, tous ces types. » Il prit son visage entre ses mains et lui sourit. « Nous pourrions aller dans une pièce à part, tous les trois. » intervint le Vampire. Il regarda la jeune femme, avant d’embrasser le duo du regard. D’autres de ses semblables s’approchaient, attirés par le couple telle des abeilles par du miel.
Message VI – 840 mots
Priam est avec Aliénor et des Vampires.
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Dorian Lang ~ Vampire ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 227 ◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022◈ Activité : Chômeur grincheux
Je décrochai mes crocs de la généreuse veine nichée au milieu d'autres dans le cou de ma proie. Quelque chose me chiffonnait. Mon regard vague eut du mal à se fixer sur l'homme que j'étreignais. Ses cheveux bouclés, qu'il portait mi-longs, chatouillaient le bas de mon visage. Je n'étais pas sûr de grand chose. Où était Bae ? L'inconnu remua et j'aperçus son profil. Une fine moustache surlignait sa bouche. Avec dégoût, je le lâchai et le laissai s'effondrer là où nous étions. Comme une poupée de chiffon, il dégringola sur ses genoux en gémissant mollement. Je ne vis pas un autre Vampire prendre le relais en le relevant avec une tendresse feinte. J'avais déjà tourné le dos à ce tableau. Je déglutis et une grimace plissa ma bouche vers le bas. Bae avait meilleur goût. Je me souvenais avoir bu le sang de l'Orine, juste parce que le contexte s'y prêtait, et avoir noté des remugles étranges dans le parfum habituellement floral de son sang. Puis le monde s'était déformé, comme un élastique pincé aux deux extrémités qui l'aurait trop étiré. L'université s'était creusée de bassins rougeoyants à l'arôme grisant. Saturé de sang, mon odorat en surcharge avait envoyé un grand coup de pied dans la muraille de contrôle que je croyais, assez vaniteusement, avoir rendue assez solide pour ne plus me faire avoir.
Trop floues pour être soigneusement décomptées afin de remonter jusqu'au moment où j'avais été séparé de l'Orine, mes actions ne poursuivirent pas un chemin beaucoup plus clair et réfléchi ensuite. Je déambulai dans la salle, me fiant davantage à mon nez qu'à mes autres sens pour me déplacer. Au bout de quelques pas, j'avais oublié ce que je cherchais. Mes pieds venaient de buter sur un corps. Immobile, il ne parut pas me tenir rigueur de lui avoir à moitié marché dessus. Son visage, blême, me fit froncer les sourcils. Ce n'était pas la mort qui avait donné cette absence de pigmentation à son teint. Il était des miens. Je pris note de cette information et l'enjambai distraitement pour échapper à ses yeux grand ouverts. J'aurai dû être alarmé par ce que je venais de voir mais ce n'était plus la raison qui commandait à mes muscles ou à mes pensées. Je n'avais pas faim, mais mes crocs prenaient trop de place dans ma bouche, sur-stimulés par les flots sanguins embaumant l'air. Ça et là, je voyais mes congénères s'amuser et je voulais moi aussi participer au festin.
Jugeant les bassins trop peuplés à mon goût, je m'en détournai pour trouver mon bonheur ailleurs quand je penchai brusquement vers l'avant, tiré par deux mains solidement cramponnées à moi. Je baissai les yeux sur un visage exsangue, à moitié mangé par un masque. Elle avait les lèvres décolorées, maladives. Une petite chose que la sélection naturelle avait choisi d'épargner mais qui dégageait pourtant une aura qui forçait l'attention. Je la pris à la taille pour soutenir l'égarée et son odeur me parvint, à la fois fraîche et acide. Curieuse combinaison, qui me rappelait une connaissance du passé. Une petite teigne de sorcière qui avait cru faire de moi son esclave. Son simple souvenir me crispait. Il arrivait qu'elle me hanta encore. Je n'étais pas encore guéri de mon obsession. D'une certaine façon, et sans doute sans le savoir, Isahya avait réussi à m'emprisonner dans ses chaînes. Je chassai d'une pichenette mentale les iris lavande de la bigote pour me recentrer sur l'autre phénomène dans mes bras mais mon esprit rechigna à dissocier et ne vis pas les différences physiques pourtant flagrantes, obnubilé par les réminiscences de mon ancienne maîtresse. « Toi, ici. C'est fou comme le monde est petit. » Sèchement, je refermai ma main sur son bras et la soutins en la traînant à moitié à l'extérieur de la salle de réception pour nous trouver un endroit plus calme. J'ouvris la première porte venue qui déboucha par chance sur un bureau vide plongé dans la pénombre, et l'y envoyai trébucher avant de refermer la porte. « Nous avons à parler, toi et moi. Mais avant ça. » J'avançai sur elle et me débarrassai de mon masque au passage. « Tu me reconnais ? » Je la poussai contre le mur le plus proche et lui pris le menton dans une main. « Tu m'as manqué. » Je n'éprouvais que soulagement à cette confession, comme si elle débarrassait mes épaules d'un énorme poids. Allais-je enfin me sentir complet ? « Et moi ? Je t'ai manqué ? C'est pour ça que tu es là ? » J'articulais avec de plus en plus de difficultés. Si j'avais été une bête, je lui aurai salivé dessus. Je lui relevai davantage le menton et pris sa gorge avec une délicatesse que je n'avais jamais eue avec la sorcière auparavant. J'avais évolué, et je voulais le lui prouver. Il y avait des touches salées dans les longues gorgées que j'avalais. Plus je m'y attardais, moins j'en reconnaissais l'essence. Je finis par me détacher, la lèvre inférieure maculée de rouge. « Qui êtes-vous ? »
Message V | 886 mots
8D:
Drogué après avoir bu le sang de Bae et d'une autre personne, Dorian réceptionne Eméliana et, pris dans une hallucination à cause de son odeur, la confond avec Isahya.
@Nostra, je suis restée vague sur les circonstances de la séparation avec Bae, on pourra l'écrire inrp si tu veux. Sinon, on dira juste qu'il est allé aux toilettes et que Dodo s'est égaré /sbaf
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gotheim pour 
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Phèdre et Iphigénie se regardèrent. Empoisonner pouvait être très amusant. Dans plusieurs livres d’histoires, et même dans des manuels, elles avaient pu admirer les effets de divers poisons. Certains étouffaient : le visage, comme chauffé à vif, rougissait, avant de bleuir. D’autres faisaient tellement vomir que la bile se diluait dans des éruptions de sang. Des contractions et des spasmes pouvaient secouer tout le corps. Parfois, des pustules apparaissaient à la surface de la peau, et éclataient dans un bruit entre la succion et le crépitement, répandant dans l’air des postillons gluants et malodorants. Des poisons pouvaient broyer de l’intérieur, dévorer les entrailles, briser les os, nécroser les chairs. La magie repoussait les limites du possible ; finalement, chaque empoisonneur y trouvait son compte et pouvait ajuster sa manœuvre à ses goûts, à son sens de la discrétion et à sa victime. Aucune des jumelles ne prit cependant la peine d’exposer les avantages et les fantaisies propres à l’empoisonnement. Noyer, c’était bien aussi.
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Eutropius tressaillit, non pas troublé par le contact sur sa joue, mais sa cicatrice restait sensible, pas encore complètement refermée. Il ne l'avait pas faite soigner, par manque de temps et d'intérêt. Personne n'y prêtait véritablement d'attention, le garçon ne faisait pas partie du gratin populaire de l'école et il marquait si clairement son asociabilité avec tous ses camarades, y compris ses colocataires, qu'ils étaient rares ceux à lui avoir posé des questions. Douce ne s'y était pas risquée. Récemment, la nouvellement Sorcière l'évitait. Le suspectait-elle d'être à l'origine de son mal-être ? Il avait beau être précautionneux, ses intrusions entre ses fesses avaient peut-être laissé des lésions internes. Cela, il y avait songé, mais il n'y pouvait rien. Quant aux professeurs, il leur avait servi une excuse sur une malencontreuse rencontre avec un chat enragé sur lequel il aurait marché une nuit. Un chat de plus de cinquante kilogrammes, la tignasse et la pupille noire et la magie plus noire encore. Il s'était renseigné sur Mélusine et sa rare magie et avait commencé à inventorier des informations sur la soeur de Marie-Jane. Il suffirait de quelques gouttes dans son thé pour se venger mais il ne voyait pas comment l'approcher sans éveiller ses soupçons. Marqué comme il l'était par sa faute, elle saurait immédiatement qui il était et il n'était pas entièrement certain qu'elle ne chercherait pas à l'achever. ![[EVENT Mai & Juin] - Le Bal de Seaghdha - Page 6 O5u6](https://zupimages.net/up/23/39/o5u6.jpg)
Jun glissa dans le dos de Freyja subrepticement. À son oreille, il murmura quelques mots. « Vous devriez partir. » Il l’avait fait à l’attention d’Oriane quelques secondes plus tôt. Un sourire se dessina sur ses lèvres et il se perdit dans la foule. Il retrouva Dei juste à temps. Les deux protagonistes levèrent les yeux vers Clauswitz Eorgor et sa femme. Il avait beau savoir qu’Edelwyn Eorgor n’était qu’un clone de sa sœur, la partie de lui qu’il maintenait dans le monde des Mortels réagissait toujours. Habillés tous les deux de la couleur du sang, ils irradiaient d’une aura semblable à une éclipse. C’était même plus que ça. Tout Sorcier un minimum honnête aurait avoué qu’ils ressemblaient à la Lune Noire : ils auraient été invisibles dans l’immensité du ciel si une clarté hypnotique ne les entourait pas. Clauswitz semblait à la fois aussi vieux que les Terres de Sympan et aussi jeune que son âge apparent traduisait, un homme éternellement figé entre la trentaine et la quarantaine. Quant à sa femme, elle suivait le même processus. Le charme vampirique faisait toujours son effet. Les Enfants de la Nuit n’avaient que peu d’efforts à faire pour attirer l’attention. Ils étaient charismatiques, maîtres d’une magie addictive pour les autres. 
« Il a donné les ordres. » susurra Dei à l’oreille du brun. Il était au courant. Néanmoins, il valait mieux oublier qu’il était divin et lui tenir une conversation normale. Sinon, nulle conversation n’aurait été intelligente. Il semblait le préférer aussi. Les réactions des invités parlaient d’elles-mêmes. Peut-être ne s’en rendaient-ils pas compte mais certains étaient plus extatiques qu’avant ou, au contraire, perdus dans des pensées à l’apparence de labyrinthe. L’Aliénation avait été augmentée et la drogue placée dans les aliments et aspergée dans l’air n’arrangeait pas les choses. Clauswitz pensait à tout, même aux Humains. Il les avait aidés, jadis, et cet acte lui avait valu le désaveu de sa Souveraine. Heureusement, il n’avait jamais jugé bon de se conformer à sa « hiérarchie ». Il ne respectait pas les titres. Il respectait les personnes et leurs actes. Était-ce sa faute s’il n’y avait rien à respecter chez certains Grands ? Son discours fut à la hauteur de sa fonction, un discours répondant pleinement aux attentes : de la jovialité, un trait d’humour par ci par là, la présentation des organisateurs, dont sa délicieuse épouse. Jun sourit. Aussi délicieuse qu’une tarte empoisonnée. Doucement, il retira son masque, jusqu’à ce qu’elle le remarquât. Du haut du balcon intérieur, l’air hautain qui siégeait sur les traits de la blonde ne changea pas. Seuls ses yeux s’animèrent d’un semblant d’intérêt. Ils ne se verraient pourtant pas ce soir. Il remit son masque en place et se tourna vers Dei. « Nous devrions nous éclipser. » « Certainement. » Le bain de sang allait commencer mais dans un sens non encore synonyme de mort. La drogue et l’Aliénation avaient déjà plongé les invités dans un état second, si bien qu’ils ressortiraient du bal avec des souvenirs brouillés, ceux d’un rêve… ou d’un cauchemar lointain. ![[EVENT Mai & Juin] - Le Bal de Seaghdha - Page 6 002](/users/3014/30/04/80/smiles/002.gif)
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Je fermai les yeux et m’appuyai sur un support quelconque. Le mur peut-être ? Doucement, mes paupières papillonnèrent. Je me sentais flotter, comme lorsqu’il m’arrivait de ne pas manger plusieurs jours d’affilés. Le monde partait à vau l’eau. Tout dérivait dans des flots menant à des contrées mystérieuses. Ce qui se trouvait sous la paume de ma main aurait pu être une personne que je ne m’en serais pas aperçue. Je devais me ressaisir. Mon instinct de survie me le murmurait. Son écho me semblait pourtant lointain, en provenance de montagnes perdues à l’horizon. Mes lèvres s’entrouvrirent. Ma gorge était sèche et je cherchais à avoir plus d’air. Je pensai que je n’aurais jamais dû venir. Ma robe m’étouffait. J’entrepris d’en défaire le col, tout en tentant de stabiliser mon corps pour rester droite. Je finis dos contre le mur. Mes mains s’activèrent sur les agrafes de ma nuque. J’avais besoin d’air. J’ôtai la partie haute du vêtement, celle qui couvrait ma gorge. J’aurais volontiers desserré le reste mais n’en fis rien. L’indécence avait ses limites, même dans mon état. Beaucoup de Sorcières auraient préféré mourir d’étouffement plutôt que de montrer leur décolleté à des inconnus. Certaines mouraient mystérieusement après l’avoir fait. Des hommes étaient possessifs, trop pour le bien de leur épouse. Plus une femme était belle et plus elle devait se montrer pudique, à moins que ce ne fût une stratégie de couple dans l’objectif de tromper le tenté. La méfiance devait toujours être de mise. Quant à moi, je ne pouvais pas jouer avec le feu. Ma relation avec Lucius était déjà problématique. Elle l’était devenue dès qu’il avait pris ses aises. J’espérais que le couteau que je lui avais planté dans le ventre l’avait fait réfléchir. Plus que cela, si j’épousais Elias, ça signifiait épouser Kaahl. Un sourire vague s’accrocha à mes lèvres. Penser à des problématiques complexes m’aidait à lutter contre mon malaise. J’avais l’impression que je n’étais pas la seule à tanguer mais je ne pouvais en être certaine. ![[EVENT Mai & Juin] - Le Bal de Seaghdha - Page 6 943930617](/users/3014/30/04/80/smiles/943930617.gif)
« Ah, oui, ça doit être ça… Tu les impressionnes trop, avec tes muscles en carton. » Elle pinça doucement son avant-bras. Son tissu musculaire n’était en rien une contrefaçon, mais Adam n’avait suivi aucun entraînement militaire qui pût le faire paraître pour une menace. Le fait qu’elle fût saine et sauve, néanmoins, l’intriguait. Depuis sa libération, elle restait sur ses gardes. Pourtant, elle n’avait eu à essuyer que peu d’agressions, comparativement à la qualité des mandats qui mettaient sa tête à prix. L’explication la plus logique était que les espions que Kaahl avaient chargé de la surveiller agissaient dans l’ombre, éliminant un à un les tueurs à gage. Sa colère et leur rupture n’avaient pas dû constituer des raisons suffisantes de les mettre à pied. Parfois, elle se disait que même si elle mourait, il aurait la folle obsession de faire surveiller sa tombe. « T’aimer, carrément ? Je te tolérerais, oui. Pour le reste… » Elle s’interrompit, son regard rivé au sien, peut-être un peu troublé, avant de répliquer : « Ça, c’est impossible. Il est insupportable, mais tu es bien pire. » Elle lui décocha un sourire espiègle.
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Priam s’attarda à peine sur les révélations d’Aliénor. Il réfléchissait à toute vitesse, à la recherche d’une solution. D’un miracle. Quelque chose qui pût les sauver, elle et l’enfant. Ses souvenirs entortillés distillaient une angoisse qui nouait ses tripes. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à Za et à la fille qu’elle disait être de lui, à ces deux êtres pour qui il n’avait pas assez bataillé, à ces deux remords coupables collés au fond de la poitrine, refoulés pour qu’ils ne devinssent pas insupportables. Il leva la main et l’abattit vaguement dans l’air, comme s’il cherchait à stopper le cours d’une pensée. « Je connais quelqu’un. » Florance. Une diplomate qu’il avait rencontrée lors des événements liés à Hébé. Sa langue déliée et ses manières franches avaient marqué l’esprit du Belegad. Il ne la connaissait pas beaucoup et rien ne garantissait qu’elle acceptât de l’aider. Néanmoins, les questions qu’elle lui avait posées, à l’époque, avaient instillé quelque chose entre eux. Une complicité muette, une reconnaissance tacite. « Quelqu’un qui pourrait servir d’intermédiaire, une diplomate. » C’était un tir de longue portée ; rien ne garantissait qu’il atteignît sa cible. « Et je demanderai à Nalim. Il a plein de relations. Il pourra t’aider, lui aussi. » Il déglutit. « Nous aider. » Elle semblait à peine s’en rendre compte, mais elle venait de faire chavirer sa vie. Son bouleversement intérieur ne formait que les prémices de ce qui allait advenir. « Fais-moi confiance. » Il prit ses mains dans les siennes et les serra, galvanisé tant par la ferveur que par la fébrilité.![[EVENT Mai & Juin] - Le Bal de Seaghdha - Page 6 Mv2f](https://zupimages.net/up/23/18/mv2f.jpg)
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