« Le coup de la robe c’était du génie. » Je souris. Je n’avais pas monté le coup tout seul mais me gardais bien de le dire. Cette grosse truie de Muscarine n’avait pas pu aller au bal et j’étais ravi de l’avoir privé de ce moment. Elle était tellement facile à divertir... Comme une chienne, il suffisait de lui balancer de la nourriture pour qu’elle courût s’en emparer. La robe violette de son colis avait été remplacée par une affreuse robe orange, avec des ailes de Fae dans le dos et des étoiles au niveau de la taille. J’avais dépensé une fortune pour trouver un vêtement qui lui allât presque mais ça en valait clairement la peine. Je pris entre mes doigts un bonbon chocolaté. Contrairement à elle, je mangeais peu et appréciais cette façon de faire. Les plaisirs n’en étaient que meilleurs. « Tu devrais mettre des somnifères dans sa nourriture… » « Ou des diurétiques dans ses chocolats préférés. » « La grosse défoncerait les toilettes ! » Je ris avec eux en l’imaginant. J’avais envie de lui faire du mal et cette envie ne faisait que croître à chaque fois que je croisais son chemin, tout comme la haine que je ressentais pour ma mère. « J’aimerais bien m’amuser avec Lana aussi… » laissai-je planer. « Une Sirène ? » « Leur fierté en font des esclaves divertissantes, non ? » Ils ricanèrent. « T’as raison ouais ! » « T’en ferais quoi ? » « Oh je trouverais bien… » « Tu pourrais lui faire avaler des bonbons spéciaux aussi. » « Ou l’attacher. » Ou ne pas en faire une esclave mais l’épouser… mais je ne pouvais pas laisser ma pensée dépasser la barrière de mes lèvres. Ils n’auraient pas compris à quel point ses hanches étaient parfaites et ses manières exquises.

Bien plus tard, je tournai les yeux vers ma partenaire de recherches. « C’est étrange de te voir sans ta sœur. » lui dis-je. « Je ne vous ai jamais vues l’une sans l’autre. » Les deux blondes étaient plus jeunes que moi mais nous nous connaissions pour être ensemble dans l’obligation de fréquenter certaines soirées mondaines. Une fois, nous avions fait une petite plaisanterie à une autre fillette. La pauvre avait reçu accidentellement de l’huile de cuisson dans les cheveux. « Tu sais… » commençai-je, de plus en plus convaincu que mon idée était excellente. « … parfois on se réunit avec quelques autres Sorciers. On cherche des recrues intelligentes pour nous aider à rendre une certaine justice. Il y a vraiment des élèves qui ne méritent pas de vivre en paix tellement ils sont détestables… Bien sûr, c’est officieux et seule l’élite peut rejoindre notre cercle. Si ça t'intéresse... » Mes camarades étaient toujours partants pour fomenter de mauvais coups.

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« Bien sûr que ta sœur est invitée. » lui précisai-je. C’était déjà étonnant de les voir l’une sans l’autre. Surtout, plus nous étions, plus nos ennemis plieraient le genou. « Plusieurs choses. Déjà, on s’entraîne à la magie : on fabrique des potions, on s’entraîne aux runes et on lance des sortilèges. Comme s’exercer dans le vide n’apporte pas grand-chose, on a effectivement des cibles : les élèves de la Craie, les Sirènes… » Pour le moment, nous n’avions rien fait contre elles mais ça ne saurait tarder. Je voulais Lana et, pour l’avoir, il me faudrait l’isoler. Si nous pouvions rejouer la guerre entre nos deux peuples à Basphel et gagner celle-ci, alors nos ancêtres seraient partiellement vengés. Une fois le diplôme de l’école obtenu, nous reproduirions notre victoire sur le plateau d’échecs des adultes. Nous les écraserions. Elles étaient déjà affaiblies à cause de la sauge. Nous les finirions. « … et Muscarine. Rien de trop méchant mais ma fiancée fait honte aux Sorciers. Elle ressemble à un pachyderme et je pense qu’elle gagnerait à maigrir. Le problème c’est qu’elle n’entend pas mes arguments. La manière forte semble la plus appropriée. » Quand tout le monde la haïrait, quand tous se moqueraient d’elle, quand ils la critiqueraient, la rouleraient dans la farine, alors peut-être qu’elle mettrait fin à sa vie. Je n’aurais plus à supporter son affreuse silhouette et l’ombre de notre alliance future. Ce gros tas ne me survivrait pas. La robe, ce n’était rien à côté de ce que j’avais prévu pour elle. J’allais lui faire la misère. Obèse, elle faisait le bouc-émissaire parfait. « Peut-être qu’on pourrait. Il y a cette professeure qui n’est jamais bien habillée… » Je n’aimais pas trop que les femmes portassent des vêtements découverts. C’était honteux. Il ne fallait pas s’étonner qu’elles se fissent violer ensuite. Elles le cherchaient bien. Au moins, à ce niveau-là, Muscarine était la Reine : qu’elle fût couverte ou non, personne ne voudrait jamais la toucher.

Mes yeux rejoignirent les seringues. Un petit sourire s’arrima à mon visage. « Oui, on pourrait faire ça. Ou de la drogue. Ou du sang contaminé… » Les romans que je lisais étaient une source d’inspiration infinie. « Je pense qu’on devrait se les partager et les ramener à notre prochaine réunion. On trouvera bien quoi en faire collectivement. » L’image de Lana à ma merci me traversa l’esprit. Elle aussi avait un comportement problématique. Ses longs cheveux appelaient la Luxure. Je pensai vaguement qu’il faudrait que les femmes se couvrissent la tête et le visage en public. Les hommes avaient besoin de rester concentrés pour gouverner le monde.

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