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 [Event février-avril] - Le temps des dragons

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Ssyi'hæ
~ Eversha ~ Niveau I ~

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Ssyi'hæ
Sam 02 Mar 2024, 09:07

[Event février-avril] - Le temps des dragons - Page 3 Xy9r
Le temps des dragons
Lenore & Ssyi'hæ



Je ne pris pas le risque de répondre à sa remarque. L'avis d'une esclave n'avait aucun impact, mais mieux valait pour ma survie que je ne leur donne pas de raison de songer que je serai un bon cobaye. En être un était un honneur, mais je ne faisais pas non plus confiance aux femmes et aux hommes qui grouillaient dans les laboratoires. Mon Maître, Tarsile, avait obtenu un peu de cette confiance, mais pas suffisamment pour que la perspective de m'allonger sur une de leurs tables sous ses mains ne m'emplisse d'effroi.

Le plateau céda sous la colère de la femme et je tressaillis quand la vaisselle se brisa au sol. Aussitôt, je m'agenouillai pour rassembler les débris en songeant au gâchis que c'était. Et surtout, à la réprimande que j'allais essuyer en rapportant qu'elle ne s'était pas alimentée. Les ordres avaient éclairé la menace : si elle s'affaiblissait et que cela affectait le fœtus, je serai responsable. Je craignais qu'il naisse, sans vie, car cela signifiait ma mort. « Non, madame. C'est le régime recommandé pour le fœtus. » répliquai-je mécaniquement. C'était aussi le régime adopté par presque tous ici. Je m'y étais rapidement habituée. Par ma nature, le sang ne me rebutait pas, même si le goût était à part de tout ce que j'avais pu connaître auparavant. « Il faut que vous mangiez. » Je me relevai. Sur le plateau, j'avais pu sauver les tranches de pain et un pot de confiture dont le pot avait survécu sans libérer son contenu. « C'est important, pour le fœtus. Pour tout le monde. » Selon certains, ce qui s'éveillait à la vie en ces entrailles pouvait incarner l'esprit de Rhéa Latia. D'autres prétendaient que la créature qui naîtrait serait la matrice dont les gènes serviraient, par le biais de futurs accouplements, à réincarner la Prophétesse.

Je baissai les yeux avec humilité face à ces attaques. Qu'elle ait raison ou non, je n'étais pas libre de me défendre. Tout ce qui m'importait, c'était de la garder en vie jusqu'à ce qu'elle donne naissance à l'être. Sans avoir le temps d'esquisser un mouvement de recul, la femme à l'aspect rendu monstrueusement grotesque par la grossesse était sur moi et fouillait mes poches, m'écorchant au passage. J'étouffai un petit cri de surprise plus que de douleur. Ce n'était pas grand chose, en comparaison de ce que je pouvais subir avec Achilas. Mais Lenore ne possédait pas le sadisme du Sorcier. Je plaquai une main sur la plaie et tentai de ne pas la dévisager. Seuls les bruits de déglutition m'apprirent lorsqu'elle eut terminé le repas qu'elle avait choisi. « Il faut que vous mangiez aussi quelque chose qui a été préparé. » insistai-je, avec un soupçon de reproche dans la voix. « S'il vous plaît. » ajoutai-je.

Cette fois, je ne pus retenir un mouvement de recul quand ses lèvres effleurèrent mon front. Des frissons frémissaient sur ma peau face à cette invasion et à sa prière solennelle. Je n'étais personne, je ne méritais pas d'attirer l'attention de la Déesse. En mon coeur, il m'arrivait d'imaginer que j'étais ici pour une raison, que peut-être, j'étais plus qu'un objet utile entre les mains des Merisi et du Temple, que peut-être, je pouvais être plus que cela. « Merci. » murmurai-je alors qu'elle terminait de nouer le nœud sur mon bras. « Oui, avec plaisir. » Je lui présentai mon bras, celui qui n'était pas blessé, pour qu'elle s'appuie sur moi.

Sous nos yeux, les champs s'étiraient. Les céréales et la lavande ployaient sous la main du vent. Je voyais les têtes couronnées de chapeaux osciller dans les sillons de terre pour récolter les fruits de leurs efforts. Quelques pas derrière nous, des gardes nous suivaient. Nous avions quitté l'enceinte de pierre blanche de la petite cité mais nous restions sur le domaine du Temple. Les alentours étaient déserts. Ils étaient rares à s'aventurer par ici. Je levai mon visage pour l'offrir à la caresse du soleil. Je me souvenais les longs après-midi passés, étendue nue sur un rocher pour baigner dans la chaleur de l'astre et m'en remplir comme on se gorgeait d'oxygène.

Message II | 744 mots



[Event février-avril] - Le temps des dragons - Page 3 90xy
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Seiji Nao
~ Orine ~ Niveau I ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : La poupée de Maman
Seiji Nao
Lun 04 Mar 2024, 15:03





Toute de modestie vêtue, la servante répondit aux sollicitations de la Démone avec un calme à toute épreuve. Des scènes de ce genre se répétaient régulièrement, au grand dam de cette dernière. À mesure que les hormones pleuvaient dans ses veines, des souvenirs de jeunesse lui revenaient, porteurs d’une violence qui ne demandait qu’à être rappelée. Absorber le sang ne l’intéressait guère ; l’idée de le faire couler, en revanche, lui mettait presque l’eau à la bouche. Les lèvres pincées, elle dévora de mauvaise grâce une tranche de pain au goût de poussière, imaginant la nuque du cuisinier craquer sous ses dents.

Le bandage confectionné, Lenore s’empara doucement du bras de la brune. Il lui fallait se concentrer pour ne pas serrer plus que nécessaire. Aussi sûrement que la graine dans son ventre, sa force avait mûri, et elle craignait de briser la jeune femme comme une brindille trop sèche. Ainsi garda-t-elle le silence, se gorgeant les poumons des effluves pleines de vie de la cité ; le parfum de l’encens dans sa chambre lui donnait la nausée.

Dehors, le monde serpentait en nuances de couleur. Du gris des juges, le ciel reposait sur leurs épaules, tandis qu’à l’arrière, la cité blanche attendait son heure, prête à refermer ses griffes de pierre. Et, partout autour d’elles, entre des touches d’or et de mauve, des silhouettes aussi fines que des fourmis se mouvaient. Leur ballet attendrit la future mère, ajoutant la nostalgie à la liste de ses tracas.

« Avant mon arrivée, je vivais comme ces gens. Je passais mes journées à quatre pattes dans la terre, à enfouir des semis dans l’humus, en priant pour que la nature leur transmette sa vigueur. »

De cette époque, rien d’autre ne lui manquait ; même les visages de sa famille avaient perdu leurs contours. La Déesse avait envoyé un protecteur sur son chemin, la prenant sous son aile fantôme avec l’amour d’une mère. À l’instant où les prunelles de la jeune femme s’étaient posées sur la page du journal, tout avait changé. Contrairement à bien des siens, nés dans l’étreinte du Temple, elle avait eu le bonheur de connaître une Révélation.

« Toi aussi, tu avais une vie, avant. Je le vois dans ton regard. Raconte-moi. »

La réponse de la jeune femme se perdit dans les brumes du temps. Quelque peu distraite, la blonde n’écouta pas grand-chose, engloutie par sa propre mémoire. Le bras d’Alma glissé sous le sien, elle marcha longtemps, bien plus longtemps que les femmes dans son état le supportaient habituellement.

Ce fut un garde qui interrompit sa rêverie, en trébuchant sur le gravier. Lenore se retourna, une envie de meurtre au regard.

« Je n’ai pas besoin de votre compagnie. Je suis assez grande pour me défendre, et cette demoiselle veille sur moi. »

Loin de balbutier une excuse pour avoir interrompu ses pensées, le maladroit refusa, grommelant quelque chose à propos de leurs devoirs respectifs. La future mère se planta devant lui, dressée de toute sa hauteur. La colère gonflait dans sa gorge, remontait jusqu.

« Tirez-vous avant que je vous fasse fondre. »

Les mots à peine prononcés, une gerbe d’acide jaillit de sa bouche. Le plastron du malheureux grésilla furieusement, la substance dévorant avidement le métal. Reprenant ses esprits, il se débarrassa de sa cuirasse et s’enfuit à toutes jambes, bientôt suivi par son camarade. Une bonne étoile avait heureusement dévié le liquide de son visage à nu ; la cracheuse n’avait pas eu cette chance. Tremblante, elle essuya ses lèvres de la manche de sa robe. Des tâches rosâtres apparurent en plusieurs endroits, prenant vite la teinte de fleurs de sang prêtes à s’ouvrir. De l’autre côté, ses muqueuses brûlaient, rongées par un feu caustique. Les cris moururent dans la gorge de Lenore.

Sans comprendre ce qui lui arrivait, cette dernière eut soudain la conviction d’avoir souffert d’une hallucination. Plus aucune lésion ne la meurtrissait ; à peine un léger engourdissement dans la mâchoire. Débarrassée de toute douleur _ et des gêneurs que son coup d’éclat avaient chassé _, elle attrapa la main de la servante, les yeux brillants.

« Tu voudrais le toucher ? Allez, ne sois pas timide. Tu ne connaîtras peut-être jamais ça. Tu n’es pas curieuse ? »

De petites écailles affleuraient sous la peau distendue, si fines qu’elles n’étaient perceptibles qu’au toucher. Gonflée d’admiration, la Démone se montra patiente, laissant sa camarade prendre la mesure de l’effort imposé à son corps. Hélas, lorsque la caresse cessa, un jet écarlate lui éclaboussa les chaussures.

« Merde… Qu’est-ce que t’as fait ? C’est pas drôle, comme blague ! »

Les prunelles étrécies par la peur, Lenore poussa brusquement la jeune femme en arrière. Une secousse vrilla soudain ses entrailles. Sa main se glissa entre ses cuisses, et en ressortit d’un rouge vif.

« Non, non, non… Pas maintenant, c’est trop tôt ! J’ai encore besoin de lui ! »

L’hystérie déferla sur la Démone. Ses bras entourèrent son ventre, comme pour le protéger du monde. Chancelante, elle reprit sa progression sur le sentier. Grognements et gémissements s’entrechoquaient sur son palais.

« Je ne veux pas qu’ils le prennent, tu m’entends ? Il est à moi ! »

Une seconde contraction la plia en deux. Peinant à reprendre son souffle, elle rassembla ses mèches blondes entre ses phalanges ensanglantées et tira de toutes ses forces dessus pour appeler une autre forme de douleur. Sa stratégie échoua. La sueur au front, elle se mit à sangloter.

« S’il vous plaît… Tout mais pas ça… »

La future mère glissa au sol, incapable de tenir sur ses jambes. Alors que son corps disparaissait entre les doux brins de lavande, l’os de son bassin se fendit.

« Alma… »

Misérable, Lenore se recroquevilla comme une bête blessée. Lutter ne servait plus à rien : trop à l’étroit dans son utérus, le bébé dépliait ses ailes.

962 mots | Post II

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
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◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Mar 05 Mar 2024, 00:03

Le temps des dragons
Pulsar & Alþjófr


Le bleu du ciel avait tourné au rouge ardent et au noir charbonneux. Avant même que le dragon flamboyant ne s'écrase au sol, celui de ténèbres avait saisi le semi-homme pour le jeter sur son dos et rejoindre les nues. Alþjófr n'avait pas eu besoin de plus d'explications pour confirmer que la bête n'était pas venue en allié, quoiqu'il eût espéré se tromper. Instantanément, les plaques métalliques des armures des héros de jadis avaient recouvert son corps. Sa pince était devenue bouclier et son marteau s'était vu parer des symboles de ses ancêtres victorieux. La confrontation était inévitable, malheureusement. Ce que le dragon confirma en prenant son envol dans leur direction pour se jeter, crocs apparents, sur le duo. De sa hauteur, Alþjófr put voir la gorge du dragon écarlate s'embraser et se peindre des mêmes teintes que les forêts de flammes en contrebas. Une esquive permit d'éviter l'attaque. Mais l'ennemi était plus grand. Plus large. Plus fort. Son souffle également. Il leur fut compliqué de trouver une parade efficace à ses agressions, ou même un moyen de le toucher directement. Leur première tentative s'avéra d'ailleurs être un échec total. La créature les repoussa sans difficultés, causant même quelques dégâts au reptile que le Nain chevauchait. L'aile touchée, ils ne volaient plus que par la volonté du blessé, jusqu'à ce que le dragon rouge ne le charge. Le duo s'écrasa alors dans un lourd fracas.

Une voix. Elle était étrangère.

Dans un même mouvement, le guerrier et le dragon se relevèrent en s'aidant du poing sur le sol. L'un comme l'autre avaient été rudement amochés lors de la chute, et l'un comme l'autre portèrent son attention sur le nouveau venu. Un être habité de la même matière que celle qui constituait l'être du Nain et de son compagnon. « Toujours. » avait répondu le dragon noir d'une voix rocailleuse en relevant la tête vers son adversaire en approche. Le Nain fit de même, se protégeant le visage d'un bras pour se prémunir de la poussière soulevée par l'impact de l'imposante stature du reptile sur la terre de cendre. Pour la première fois alors il s'exprima, suivit de l'inconnu. Qui était-il ? Le monstre ne l'avait pas attaqué lui — pas encore. Il aurait pu partir comme le lui avait suggéré le dragon. Il avait pourtant préféré le provoquer, ce qui, au demeurant, était une pire idée que celle de simplement rester l'affronter. Agissant de concert, comme si l'esprit du dragon allié et du Nain ne faisait plus qu'un, la créature et son cavalier fixèrent avec effarement le Magicien et la colère qu'il suscita chez leur adversaire. Vivement, le dragon noir leva son aile la plus valide devant lui, s'interposant entre son pair et son allié miniature pour le protéger de l'impulsivité du premier. Fort heureusement pour son aile, le rouge s'était contenté de punir uniquement le provocateur. Alþjófr, ayant une totale confiance envers son partenaire écailleux, porta son intention totale sur le Magicien. Il n'avait aucune idée de la puissance du monstre, c'était une certitude. Il n'aurait pas agi ainsi sinon.

Le Nain se décala de quelques pas pour retrouver le dragon rouge en visuel. « Tu as oublié l'ordre des choses, frère. ». Le dragon noir avait repris le premier la parole. « Nous ne voulons pas la guerre. » s'exprima-t-il ensuite de concert avec Alþjófr. « N'est-ce pas ? ». Cette fois, le semi-homme fut seul à s'exprimer en se tournant vers le Magicien. Il préférait s'assurer de la bonne coopération de l'homme afin que les propos n'entrent pas en contradiction avec les actes. « Tu es un être intelligent dragon. Tu sais pourquoi nous deux sommes présents. ». Il y eut un court silence avant que leur allié reptilien ne réponde à la place de son confrère. « La Prophétie. ». L'autre grogna en se mettant en position d'attaque. « Je connais la Prophétie. » gronda-t-il alors. « Et elle est annonciatrice de mort. ». Il se hissa alors sur ses membres inférieurs, se redressa de toute sa hauteur, et prit une profonde inspiration. Dans un vif mouvement, le dragon noir se précipita sur les deux humanoïdes qu'il saisit rudement avant de plonger dans la terre avec eux, à défaut de pouvoir les entraîner assez haut dans le ciel. Toutefois, la force du souffle était si importante qu'elle fit craqueler le sol et révéla au grand jour le trio dissimulé. Alþjófr leva le visage vers le dragon rouge qui les surplombait, fier, noble, et, surtout, dangereux. « Je ne vois qu'un seul semeur de mort ici. » assena le guerrier d'une voix grave. « Elle ne sied guère au pacifiste– » - « Un pacifiste qui apprend l'art de la guerre dès l'enfance et porte le titre de Guerrier dans sa race. » répliqua le dragon avec cynisme. Le Nain préféra ignorer la remarque plutôt que la contredire, notamment parce que le raisonnement n'était pas dénué de sens. « Ni au Juste. » - « Être Juste ne veut pas dire être incorruptible. L'Histoire a montré à plusieurs reprises que la fidélité à Déiopéa est une illusion. » contredit-il à nouveau le Nain, avec rage à présent. Oui, ce dragon était intelligent. Il connaissait l'Histoire et savait retourner un argument adverse en sa faveur. Ça n'allait pas faciliter les choses. « Tu ne vois plus que le mal chez ces êtres, frère. Je comprends à présent la mauvaise interprétation de la Prophétie que tu défends. ». Alþjófr décela de la pitié chez son ami. « Pourtant tu es le seul à interpréter la Prophétie comme tu l'entends,frère. ». Sur ces paroles, la terre se déchira encore, jusqu'à ce qu'il puisse entièrement y plonger pour planter ses crocs dans le trio et les faire disparaître à jamais. À nouveau le dragon noir voulu s'interposer. Alþjófr réagit plus rapidement. La créature qui leur faisait face avait perdu confiance en l'humanité et rien ne semblait plus pouvoir la lui rendre. À son tour, le Nain eut pitié de cet être qui n'était plus que haine et défiance. Il avança d'un pas et leva son bouclier. « Baissez-vous. » ordonna-t-il à ses coéquipiers. Une armée de semblable survenue de nulle part fit de même, à ses côtés et derrière lui, créant une gigantesque carapace de titane aussi impénétrable qu'imperméable. Un poids immense, suivi d'un crissement strident, martela le bouclier géant. « C'est le moment d'agir. On ne va pas pouvoir tenir l'éternité. » fit-il au Magicien dans un râle contenant l'effort fourni pour mettre à l'abri le groupe.

Ils devaient récupérer le Cœur, le rendre à la terre, ramener la vie sur terre et dans les cieux. Si le dragon l'avait retiré au monde, c'était parce qu'il craignait la convoitise des bipèdes. Il craignait qu'ils ne le dérobent en premier pour assouvir une soif excessive de pouvoir destructeur. Alþjófr comprenait ce point de vue. Il ne pouvait cependant accepter le sacrifice de tous pour les péchés d'une minorité. « Faites ce qu'il faut. On vous couvre. ».
©gotheim pour epicode


Post II | 1173 mots (chut, je suis pas la première comme ça de toute façon)
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Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
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Susannah
Jeu 07 Mar 2024, 17:42

[Event février-avril] - Le temps des dragons - Page 3 Qrp9
Le temps des dragons
Cal & Susannah



Susannah redressa le buste. Quelques mètres plus haut, une flaque de lumière s'étirait mollement. L'Ondine devinait que pour être aussi intense, le ciel devait être dégagé et couronné par les rayons de l'astre. L'Ondine rêvait d'en sentir les caresses agréables sur sa peau égrainée de sel. Elle désirait s'étendre sur un ruban de sable brûlant et de se laisser envelopper par cette chaleur réconfortante, comme une couverture douce. Dans les profondeurs d'où elle venait, il faisait froid, si froid que les extrémités de ses doigts avaient bleui et que sa peau apparaissait blême, maladive comme les créatures albinos qui peuplaient les bas-fonds. On disait des Sirènes qu'elles étaient les Vampires des Mers, goules hantant les abysses dans l'attente du passage d'une proie qu'elles pourraient déchiqueter cruellement. C'était vrai, Susannah adorait provoquer la peur des marins et des voyageurs, sentir leur appréhension en voyant les silhouettes filiformes déchirer la surface de l'océan autour de leurs navires en attendant de les attirer dans leur royaume.

En cet instant cependant, un instinct avait chassé l'Ondine des glacials et inhospitaliers gouffres marins. Elle ne voulait pas rester seule ici. La vie ici bas n'avait aucune saveur sans ceux qui s'étaient incrustés dans son coeur comme des bernacles greffées sur les rochers. Sans Lana pour égayer le siège d'Aylidis à ses côtés, sans l'odeur de la peau de Johannês contre la sienne dont elle s'enivrait si facilement, sans eux, elle n'était plus rien qu'une coquille vide qui errait, perdue et sans but, pitoyable de solitude. Pourquoi ne leur avait-elle jamais dit à quel point elle avait besoin d'eux ? Pourquoi devait-elle toujours se protéger derrière ses murailles de glace, à les regarder de haut comme si rien ne la satisferait moins que de rester solitaire sur son rocher ? Sans eux, elle n'était pas heureuse. Sans eux, elle ne voulait pas vivre. La gorge serrée, elle sentit des perles salées se mêler à l'onde supportant son poids. Elle devait les retrouver, et le leur dire, avant qu'il soit trop tard. Qu'ils sachent, même si ça lui coûtait sa dignité et sa fierté, même si ça lui coûtait tout.

D'un mouvement énergique, sa queue fendit les courants et la propulsa vers les branchages verdâtres maudits. Déterminée, elle s'en saisit et convoqua toute sa force pour les déchirer. Des feuilles commencèrent à flotter autour d'elle. Elle sentait ses paumes la brûler, des cloques douloureuses gondoler sa peau mais elle ne s'arrêta pas. La bleue n'avait jamais craint la douleur dès lors qu'il s'agissait d'arriver à ses fins. Un sentiment d'urgence la poussait à accélérer car seule, elle ne l'était plus. Un changement imperceptible venait de troubler le calme trompeur des profondeurs. Elle jeta un coup d'oeil par dessus son épaule mais ne vit rien sinon cette nappe d'encre, comme une gueule énorme qui attendait patiemment de l'avaler. Son coeur cognait dans sa poitrine comme des coups de marteau sur une enclume et malgré ses efforts, la sauge ne laissait aucun interstice se créer pour lui laisser un passage par lequel s'enfuir. Un grondement sourd secoua les courants et lui fit serrer les dents. Alors qu'elle se retournait à nouveau, une nuée de bulles brûlantes comme de l'acide se referma sur sa silhouette. La souffrance éclata, vrilla sa chair à vif. Sa peau fondit sous les impitoyables jets et elle hurla d'horreur en découvrant l'auteur de son supplice. Monstrueuse, la masse noire sous elle n'était plus immobile. Dans ses tréfonds, une pupille fendue s'était ouverte, malveillante et vicieuse, affamée. Des crocs comme des dagues d'ivoire se dévoilèrent, relâchant de nouvelles bulles d'acide jusqu'à elle.

Plaquée contre la sauge malgré la douleur que son contact provoquait, malgré les entrelacs qui venaient encercler sa taille et sa gorge, Susannah s'y blottit, terrifiée par le monstre aux écailles d'ébène. D'une poussée de ses pattes, il quitta son berceau ténébreux. Ses griffes déchiraient l'onde comme du papier et quand la bête fut tout proche, l'Ondine vit son propre reflet dans la pupille énorme. Son corps était écorché, déformé, bouillie de chair et de muscles, piégé par la barrière végétale. La gueule s'ouvrit et Susannah sursauta d'un coup en étouffant un cri contre son poing. Les yeux écarquillés de terreur, elle se débattit avec l'énergie de désespoir pour se libérer de l'étau de ses draps entortillés autour d'elle. Des larmes coulaient incontrôlablement sur ses joues et elle transpirait malgré le froid qu'elle ressentait. Avec un hoquet, elle réussit à s'extirper de sa prison de draps et son regard tomba sur ses colocataires. Des draps dépassaient les mèches couleur de neige de Lana. Susannah s'immobilisa, soulagée mais choquée par l'envie qu'elle ressentait de se lever pour rejoindre son amie dans son lit et quêter le réconfort de ses bras. Elle n'était pas sûre de l'accueil qui lui serait réservé, même pour un mauvais rêve. Elle ne pouvait pas non plus montrer à la Kælaria ses faiblesses. Secouée de frissons, la chair de poule recouvrant tout son épiderme, elle se rallongea et fixa le plafond jusqu'à ce que les battements de son coeur cessent de trahir sa peur.

Message unique | 912 mots



[Event février-avril] - Le temps des dragons - Page 3 7qoc
Merci Jil  [Event février-avril] - Le temps des dragons - Page 3 009 :
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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Sam 09 Mar 2024, 18:13




Ô Dragon, ô Dragon, emporte-moi.

Jadis, les tambours la berçaient. Autrefois, le tumulte des mers fracassait le bois des coques. En temps reculés, elle dansait encore. Sur le socle de son imagination, Léto espérait trouver un réconfort, une échappatoire aux chaos qui environnaient sa vie et cherchaient à repousser sa libération ; sa véritable mort.

Il n'en fut rien. Le Dragon la saisit et l'encagea dans ces abysses qu'elle redoutait tant ; ces mêmes ténèbres dont elle s'était échappée par une prompte ascension. Ici, elle chût et s'éveilla au beau milieu des flots dorés. Les vaguelettes vrombirent au rythme des percussions, les mélodies sauvages d'une identité refoulée, enchaînée aux confins de son Esprit. La jeune fille émergea et se releva en panique, hélas ses pieds nus toucheront où qu'elle irait les eaux mordorées. Au sein de celles-ci, des multitudes d'épines attendaient l'offrande sa peau pour y récolter le graal ; le prix de sa félonie. Un pas en arrière et les ronces camouflées sous la surface lacéraient sa cheville, lui arrachant l'horreur à fleur des lèvres. Son souffle s'accéléra à juste titre et la demoiselle observait en hâte ses mains et ses bras, touchaient son visage en quête d'une éventuelle emprise sur lui. Elle était cernée par la monochromie, où l'horizon ne se teintait que de noirceur insondable, les impulsions acoustiques continuèrent de la tenter, de lui arracher son for intérieur. Mais elle vivait encore. Toujours.

Bientôt, la lueur céleste transperça sa prison et le halo bleuté la noya. Il était acéré et elle discerna à travers la protection de ses doigts la silhouette de l'inconnu. Il la rejoignit ici-bas, en cette fontaine des interdits ? Était-il Fou… ? Oui, il en portait le masque et elle la marque. Il apparaissait comme son salut et tous les signes – visibles comme invisibles – penchaient la balance de son côté. À ses poignets, les chaînes pendaient dans le vide, brisées, mais elles pourraient fusionner à nouveau si les filaments menaçants du Destin, telles des comètes dansantes, en décidaient autrement. Léto exécrait la chaleur et se contentait très bien du froid de sa cachette. Elle pourrait demeurer ainsi, statique, dans l'œil d'une tempête qu'elle avait alimentée, afin de ne faire plus qu'une avec l'inexistence. Néanmoins, les tentations continueront de valser autour, la narguant et la hélant sans cesse, jusqu'à qu'une faille se créer en son cœur. Présenter ainsi, l'inutilité de son combat n'en devenait que grandissante, l'ineptie de son parjure se révélait au grand jour sous l'éclat de la Folie irradiante. Alors, il lui fallait céder…

Lorsque ses tympans embrassèrent la beauté des chocs, la tentation lui fut plus douce. Détournée de son serment, la jeune fille tendit la main au voyageur. Il l'accompagnerait sur ces notes de piano, car tel était le but de sa venue. Soudain résolue, toutes les maîtrises passées et futures anéantirent sa mascarade. Léto dansa, les pas et les valses chamaniques lui vinrent comme une évidence. Comme elle l'avait toujours faite : agir pour la complaisance des Ætheri. À chaque prise de décision, les eaux se soulevèrent et les ronces la récompensaient d'un baiser vorace. L'or se teignait de rouge sur son passage, tandis que l'inconnu immaculé était épargné, comme protégé par l'abnégation de sa proie. Elle lui montrait le chemin et les gestes à esquisser, il suivait d'une volonté de fer, animé par une force à laquelle elle s'était déjà trop confrontée. La danse aux connotations à la fois tribales et délicates entredéchirait son enveloppe charnelle, sans qu'elle n'ait eu à soupirer le moindre mal ; déjà inoculé en elle. Parfois, ses iris espéraient trouver de la compassion dans le regard de son accompagnateur. Mais il n'en fut rien. Seule la frénésie la cueillerait au bout de la chorégraphie.

Sur la dernière note, la jeune fille s'immobilisa. Ces terres fertiles se nourrissaient de son sang et elle ne tiendra bientôt plus debout. De ses plaies, le doré perlait à son tour, tel un cycle des Élus. Elle était la prochaine et ne serait plus. Il serait temps de clore ses paupières.

" Ô Dragon, ô Dragon… Son regard, catalyseur de sa toute-puissance, soutint le lapis incandescent. Emporte-moi. " Un ordre, un supplice… un ultime sacrifice.


731 mots ~



By Jil ♪
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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
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Kitoe
Mar 12 Mar 2024, 21:49

Oriane & Helsinki
Le temps des Dragons
Jean Castel - The swans


Il y avait cette femme qu'elle connaissait sans pour autant se souvenir de son nom. Ça n'était pas très grave. Les circonstances de leur première rencontre étaient floues mais Helsinki ne s'en souciait pas. Elles se connaissaient, peut-être depuis toujours, et ça suffisait.

L'Ange avait quitté les Jardins de Jhen plusieurs mois auparavant. Maintenant qu'elle était forte et avait appris à se battre, elle pouvait se permettre de voyager en solitaire. Helsinki avait des choses à faire, des comptes à rendre, des promesses à tenir. Toutes ces choses qu’elle avait mises de côté durant sa longue convalescence, elle avait décidé de les accomplir.

La jeune femme s’était levée aux aurores ce matin-là pour poursuivre sa route, désireuse d’attendre le prochain village de l’autre côté de ces contrées, à la frontière vers une nouvelle région qu’elle devrait traverser par la suite. Son périple l'avait menée au cœur d’une région rocailleuse. Montagnes, ravins, falaises se mélangeaient et formaient un enchevêtrement étrangement harmonieux et verdoyant. Les nuages s’invitaient sur certains sommets et rendaient l'avancée vertigineuse. Sur certains points culminants ou dans les crevasses, le vent d'engouffrait avec force et Helsinki devait veiller à ne pas perdre l'équilibre et tenir son chapeau d'exploratrice, une acquisition qu’elle avait faite pour se protéger du soleil.

C'était sur une crête, après l’un de ces violents couloirs d’air, qu'elle avait trouvé cette femme. Sa présence l'avait surprise, car jusqu'ici elle-même s'était crue dans un désert de civilisation. Jusqu’ici, les collègues s’étaient faits plus que rares.

-Bonjour.

Et c'était lorsque cette femme s'était tournée vers elle pour lui révéler totalement son visage que l'Ange l'avait reconnue. Elle s'était rapprochée avec une amicalité nouvelle et avait senti son cœur battre plus fort. Elle avait perçu du danger à cette proximité mais avait mis ce sentiment sur le compte de la localisation escarpée et hasardeuse où elles s'étaient retrouvées.

-Est-ce que tu t’es perdue ?

Soudain, l'air gronda au-dessus de leurs têtes. Impressionnée par le bruit, Helsinki s’écrasa légèrement en dirigeant son attention vers le ciel. Le dragon battit des ailes et s'élança dans le lointain. Il était majestueux, impressionnant, hypnotique. Ses écailles blanches aux teintes légèrement bleutées le rendaient presque invisible dans le ciel clair. L'Ange s’avança sur la roche, à quelques dizaines de centimètres du vide. Sur la ligne d’horizon, le reptile effectua une pirouette en poussant un rugissement. Il revînt quasiment jusqu’à elles avant de faire demi-tour. Les invitait-il à le suivre ? Elle avait envie de le rejoindre.

-C’est la direction où je dois aller. Précisa-t-elle. Elle pivota vers sa camarade. Ses ailes immaculées s’étaient déployées sans même qu’elle n’eût besoin d’y penser. Mais je ne suis pas très douée au vol…

Ce voyage, elle l'avait commencé à pied, bien qu’elle aurait été plus rapide par la voie des airs, ou même à cheval. Seulement, elle s’était considérée trop maladroite pour maîtriser un autre élément qu’elle-même. De plus, le temps lui avait donné le goût de la marche. Ca l’aidait à se vider la tête et elle prenait le temps de contempler ce qui l’entourait.

-Et toi, par où dois-tu aller ? Est-ce que… tu veux m’accompagner ?

521 mots



Bijin
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Maximilien Eraël
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Maximilien Eraël
Mer 13 Mar 2024, 15:25

Le temps des dragons
Idril, Naveen & Sharihzad

Allongée sur le ventre à même le sol, Sharihzad crayonnait à la craie grasse sa feuille. Elle chantonnait un air enfantin, une comptine, comme elle apposait mille couleurs sur sa page blanche. Son ouvrage fini, elle s'assit récupéra son dessin, puis le brandit devant elle pour l'exposer fièrement aux deux Humains ailés à ses côtés. « Regarde ! Il est beau hein ? » fit-elle tout sourire. « Oh-ah ! » s'exclama-t-elle finalement avec des yeux ronds. Ses amis n'avaient même pas eu le temps de lui répondre qu'elle se vit contrainte à lâcher le papier gribouillé. Il était devenu soudainement très lourd. Elle l'avait même senti bouger entre ses mains. Et en effet, surgit du dessin la représentation même de ce qu'elle avait voulu dessiner. Un grand dragon tout doré apparut comme s'il venait de passer une porte et s'envola haut dans les airs, tant qu'elle n'arriva plus à le voir. Elle baissa les yeux sur le dessin. « Hé ! » Il avait disparu ! « Il est parti. ». D'abord triste et vexée d'avoir vu son dragon s'échapper, elle prit conscience d'une formidable chose. Elle pouvait faire apparaître en vrai ce qu'il y avait dans les dessins ! « Je peux faire apparaître en vrai les dessins ! ». Sans plus de cérémonie, ni même s'inquiéter du consentement d'Idril, Sharihzad s'empara du dessin de celle-ci qu'elle tint face à elle. Avec toute la concentration du monde, elle le fixa de façon à ce qu'à nouveau son contenu se matérialise. Il ne se passa cependant rien. Alors, déçue, elle rendit l'œuvre à sa propriétaire et se rassit sur le sol, boudeuse. « Moi je voulais faire apparaître en vrai les dessins... ». Et en plus, le sien était à présent vide et moche puisque son dragon n'y était plus. Elle prit ainsi une nouvelle feuille et un crayon bleu, sans grande conviction. Elle commença à faire un nouveau croquis, mais elle ne l'aimait déjà pas. Elle n'irait de toute façon pas plus loin dans le travail de son ouvrage. À nouveau son dessin précédent se vida de son contenu. Un grand chevalier en armure se tenait à présent au milieu du groupe. Il n'était pas très épais cependant. « Mesdemoiselles, monseigneur, bien le bonjour. ». Sharihzad rit. Il était bizarre le monsieur. « Peut-être sauriez-vous m'aider, mon destrier s'est enfui. » - « Ton quoi ? » interrogea la brunette. « Mon destrier. Ma monture voyons ! Il me faut la retrouver. Un chevalier sans monture n'a rien d'un chevalier. Je suis à peu près certain qu'elle soit  passée par ici. ». Avec son air maniéré, le ton guindé de sa voix, cet homme amusait beaucoup la petite ailée. Ce fut à Naveen d'intervenir cette fois, le questionnant sur l'allure qu'avait l'animal disparu. « Ah ! Mais c'est mon dragon que j'ai dessiné ça ! » s'exclama Sharihzad lorsque l'homme eut décrit la bête. « Votre dragon ? Parbleu, voilà une bien lamentable action que de voler ce qui appartient à autrui, surtout provenant d'une enfant. ». L'orpheline fronça des sourcils, jetant un regard mécontent à l'intru. « C'est pas vrai, je suis pas une voleuse. Même que nous on sait où il est mon dragon monsieur ! » répliqua-t-elle en tirant la langue, quoiqu'elle n'ait aucune idée précise.
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Post I | 552 mots


We were never welcome here ~ Night time or morning time, we're going strong

Don't you tell me what you think that I can be

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Bran & James
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Bran & James
Mer 13 Mar 2024, 22:24

James
Le temps des Dragons
Curtis Harding ft. Jazmine Sullivan - Our Love
(bon c'est surtout pour le début, ça m'a mise dans le mood /sbaf/)


Une main se cala tendrement derrière ma nuque et caressa mon épaule.

-Bonjour mon Ange.

Je m’épanouis pleinement et levai la tête avec malice pour chercher un baiser de la part de la femme de ma vie.

-Bonjour ma colombe.

Ses lèvres contre les miennes étaient douces et je savourai chaque instant de notre étreinte. Nous étions ensemble, car rien n’avait jamais été autrement. Nous étions amoureux et nous vivions à Vervallée. La vie était belle, je l'adorais, autant que j'adorais Lauréade et Erin, ma fille que j'avais vu grandir. Ma fille, dont j’étais officiellement le père.

-Erin n'est pas encore levée ? S'étonna ma femme.

D’usuelle, celle-ci n'était pas tout à fait du genre à traîner au lit. Elle avait à cœur d'être ponctuelle malgré les rêveries dans lesquelles elle s’embarquait souvent.

-Je ne l'ai pas vue.

Maintenant que Lauréade le relevait, il était vrai que c’était inhabituel. Je ne m’inquiétais pas pour autant ; les écarts faisaient partie de la vie. Il suffisait qu’Erin eût veillé un peu tard pour peine à sortir du lit ce jour-là, ou peut-être mettait-elle plus de temps à choisir la tenue qu’elle allait porter aujourd’hui.

-Elle ne devrait pas tarder. La rassurai-je en sirotant ma tasse de thé.

J’aimais les petits-déjeuners plus que n’importe quel autre repas. Les boissons chaudes, le pain frais et la confiture faite maison, l’entrée des deux femmes de ma vie dans la salle à manger, le chant des oiseaux à l’extérieur alors que le jour se levait paisiblement… Je ne trouvais pas instant plus parfait. Ma compagne s’installa face à moi. Je la dévorai des yeux. J’avais préparé la table de sorte qu’elle n’ait que les pieds à mettre sous celle-ci. J’aimais cuisiner et saupoudrer ces moments privilégiés de petites attentions. Aujourd’hui, je lui avais fait son thé favori : celui à la bergamote.

-Que fait-elle ? S’agaça soudain la Magicienne avant même d’avoir trempé ses lèvres dans sa tasse.

Elle n’était pas une femme patiente et elle appréciait la discipline. Je respectais cela. Elle se leva, déterminée à aller chercher la fautive pour l’extirper de son lit. Je la laissai monter à l’étage. Le parquet au-dessus de ma tête grinça sous ses enjambées. J’entendis soudain un cri strident. Je sursautai et bondis aussitôt sur mes pieds. J’avalai les marches de l’escalier et me retrouvai en un rien de temps sur le palier.

-Jemimah ! Il a Erin, il… S’étrangla Lauréade.

Elle était en larmes, prostrée devant l’encadrement de porte. Je me précipitai dans la chambre de ma fille. Il en provenait un grondement rauque, comme si des flammes en dévoraient les parois.

Mais ce ne fut pas dans la chambre d’une adolescente que je m’engouffrai ; ce fut dans un antre. Erin s’y trouvait bien : elle était au centre du tableau. Mais ce qui se dressait autour d’elle relevait de l’horreur la plus totale. Ma fille en pleurs était emprisonnée entre d’immenses serres. Une créature rougeoyante et gargantuesque la prenait en otage, lézardait de droite à gauche, de haut en bas, entre les murs de la pièce et voûté sous le plafond dont la hauteur avait pourtant doublé. Ses écailles frémirent en m’apercevant. Le dragon me darda et ses babines s’étirèrent dans ce que je devinai être un sourire sardonique. Un nuage de vapeur sortit de ses naseaux. Aussitôt, je me mus dans une rage terrible.

-Lâchez ma fille tout de suite !

La créature ricana. Cela ne fit qu’accentuer ma colère et je serrai les poings. A l’évidence, je n’étais ni équipé, ni aguerri pour combattre une telle bête, aussi je réfléchissais à la manière dont m’y prendre.

-Je vous ai ordonné de la lâcher ! Fichez le camp !

Cette fois-ci, sa gueule fumante s’ouvrit en grand et il s’esclaffa franchement.

-Oooh James… Ce surnom suffit à me hérisser le poil, alors que je comprenais que cette bête n’était pas n’importe qui. Sa voix était rauque et si grave qu’elle faisait trembler à elle seule les murs de la maison. Viens la chercher.

Le corps longiligne du diable se mut et je perçus son mouvement vers l’arrière. Malgré la peur et mon cœur qui battait à tout rompre, mon réflexe fut d’effectuer un pas en avant. J’en fis même deux, car il était urgent de réduire la distance qui nous séparait et d’arracher ma fille de ses viles griffes. Mais à mesure que j’avançais, la chambre s’allongeait et le bête rampait vers l’arrière.

-Bran, cessez vos idioties.

-Quelles idioties ?

J’accélérai les pas. J’étais persuadé qu’à la longue, je pourrais l’avoir de vitesse. Ou peut-être que cette pièce finirait par avoir une fin.

-Bran !

-Quoi ?

-Rendez-moi ma fille.

Il s’immobilisa. Il semblait réfléchir. Je ralentis, de manière imperceptible, mais suffisamment pour que cela me mit en tort. Erin était paralysée par la peur. Elle n’était pas même capable de crier. Elle ressemblait à un pantin et cette vision m’insupportait : je refusais de me la figurer ainsi tétanisée, avec dans son regard de mort la confirmation que je n’étais qu’un mauvais père.

-Hmmmm… Nan. Finit par siffler le lézard.

A ce moment-là, le monstre bascula en arrière, emportant Erin dans sa chute.

-Non ! Hurlai-je.

Je me jetai au bord du précipice, qui baignait dans une atmosphère de poix. Malgré l’obscurité, je discernais parfaitement l’immense dragon rouge et ses ailes déployées en contrebas. Erin était plaquée contre son ventre, entre ses griffes acérées.

-Bacchus ! Rugis-je. BACCHUS !

Je voulus déployer mes ailes mais en fut incapable. Si je voulais les rejoindre, je devais purement et simplement me jeter dans le vide, ce qui était insensé. Mais pouvais-je seulement rester là, les bras croisés, à ne rien faire ? Ma fille était en danger, en la possession de l’être le plus abominable qu’il m’avait été donné de connaître. Je me redressai et reculai de quelques pas. Là, je m’élançai, poussant un cri animal pour me donner du courage. Le sol se déroba sur mes pieds et je battis ses bras et des pieds quelques temps. Je parvins enfin à me réorienter et tentai de viser le dragon, sur lequel je comptais atterrir. Mes quatre membres prêts à s’accrocher de toutes leurs forces, je tâchai de rester concentré et de me préparer à l’impact. Je ne devais pas glisser, ni trébucher. Je discernai de mieux en mieux les écailles du monstre. J’ignorai toujours comment faire pour sauver ma fille exactement : serais-je capable de tuer son assaillant ? Et comment remonterai-je à la surface après l’avoir fait ? J’essayais de ne pas trop y réfléchir : chaque chose en son temps. Je positionnai mes jambes fléchies, mes bras déployés et mes doigts prêts à s’agripper à la moindre prise. Maintenant, j’étais assez proche pour percevoir les détails les plus infimes de l’épiderme de cette créature. J’allais atterrir dans une seconde.

1138 mots
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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 16 Mar 2024, 19:50



Et dans le silence le plus poignant de la terre, son être retourna aux ténèbres qui l’ont vu naître. La curiosité nous saisit alors, jetant notre regard dans le cœur de la noirceur. La jeune femme ressemblait à une poupée que l’on échappait au-dessus d’un puits : elle se laissait tout simplement emporter, sans lutter. Nous sourîmes tout en nous redressant, posant une dernière œillade sur l’immaculé de plus en plus dénaturer de la salle; là où l’or et le noir avançaient sans crainte, ancrant leurs empreintes sur son havre de paix. Puis, nous nous retournâmes en direction des ténèbres, perçant à notre tour l’immuabilité de leurs entrailles. L’ombre était éternelle sous nos pieds, s’étendait aussi loin que l’œil portait nos sens. Pourtant, cette obscurité universelle ne nous empêchait pas d’apercevoir la frayeur qui pinçait hideusement les traits de son faciès – une réaction qui le surprit franchement. Avait-elle maintenant peur pour sa misérable vie? En atterrissant sur l’ambre des flots, il ressentit une certaine impatience en l’examinant de plus près; l’impatience de connaître la réponse. Boum, boum, boum. Sur le rythme des battements qui retentissait dans l’atmosphère, notre poitrine tremblait. Malgré la façade qui s’appropriait notre visage, il ne réussissait pas à cacher le ravissement que cette vision lui procurait, car peu importe le nombre de fois qu’il l’observait dans cette posture, sa désolation le grisait. Mais jusqu’où son désespoir s’élèverait cette fois?

Nous le mesurions petit à petit, dès qu’elle traça ses tous premiers pas. L’eau éclatait en perles d’obsidienne et d’or sous ses orteils, arrachant à ses mouvements d’importants bouts de chair. Pourtant, elle n’arrêtait pas de danser. En dépit de la douleur et du sang qui s’échappait de tous les pores de sa peau, elle laissait l’écho des martèlements guider ses déplacements. Nous la regardions sans bouger, intrigués par l’esquisse bestiale de sa valse, mais plus les secondes passaient et plus son intérêt se transformait : notre propre pied se mit alors à trépigner, nos propres mains se mirent à taper, et devant sa paume tendue, nous la rejoignîmes sans hésitation afin de l’accompagner dans le déchirement de son dernier ballet. Il accueilli cette invitation en brisant le silence des lieux, nos voix portant jusqu’aux confins de l’univers des rires distordus. Il était temps de soulever les marées! De multiplier les vagues sous nos pieds! Les vibrations engendrées par notre chorégraphie réveillaient les fonds marins, qui répétaient sa litanie en rugissant. C’était si enivrant, ridicule et pitoyable en même temps! L’esprit de l’hérétique se rompait progressivement – jusqu’au bord de la fracture – plus la brûlure du supplice la consumait. Pourtant, durant une éternité, il nous sembla que nous ne terminerions jamais de danser. Même quand l’harmonie de la musique s’épuisa tout autant que son artiste, il redoublait d’intensité pour en augmenter le tempo… Mais elle finit par s’arrêter.

Froissé. Irrité. Un grincement prit soudainement notre mâchoire d’assaut. Arrogante. Ne put-il réprimer. Nous nous rapprochâmes en quelques foulées, tendant notre bras dans sa direction. Nous coinçâmes notre majeur contre la pointe charnue de notre pouce, avant de les suspendre à quelques millimètres de son visage.

« Pourquoi es-tu toujours si dramatique? Dans une violente impulsion, le doigt s’enfonça sur son front, initiant un nouveau battement dans les environs. Qui t’as donné l’ordre de fermer les yeux? Notre semelle s’écrasa contre son pied, regorgeant l’or des flots d’une énième explosion rosée, éveillant dans les ténèbres un second coup tonitruant. Je ne me rappelle pas de t’avoir donné la permission d’arrêter de danser. »

Notre main saisit brusquement la sienne pour la soulever, et dans nos environs, une autre pulsation se fit entendre bruyamment. Engagées dans ce nouveau rythme, les ronces s’élancèrent, avides, hors de l’eau. Elles se frayèrent un chemin autour de ses chevilles, autour de sa taille, autour de ses bras, pour en mordre chaque centimètre de peau. En enroulant nos doigts sur sa main, nous sourîmes derrière le masque : cette fois-ci, il mènerait la danse. Il dirigeait chacun de nos déplacements, la dépouille se peignant d’encore plus d’écarlate selon l’excentricité de nos mouvements. Dans cette valse, elle devenait sa marionnette, sa petite ballerine d’épines et de sang. C’est ce qu’il lui avait promis : il ne lui permettrait pas de l’échapper encore une fois. Elle allait payer et succomber, comme tant d’autres avant elle.

« Car nous terminons toujours, toujours, par céder à mes plaisirs! » susurra-t-il en l’entraînant dans une ronde phénoménale.

Il eût un rire démesuré, alors que nous tournions et tournions, jusqu’à en perdre la tête. Puis, dans nos bras, le corps de la jeune femme s’ouvrit doucement, telle une fleur au printemps – une éclosion – et les épines transpercèrent l’intégralité de son être. Elles traversaient ses muscles, transperçaient l’ocre et le vermeil de ses iris; elles forçaient leur passage sous ses ongles, mais trouvèrent aisément leur chemin jusqu’à la bordure de ses lèvres. La blonde se débattait. Son corps était aussi bien mu par son statut de martyr que par son naturel instinct de survie. Mais bientôt, un nouvel éclat de rire troubla le cœur du cauchemar. La tenant par le poignet, comme si nous tenions un vieux chiffon, nous nous mîmes à la contempler, médusés.

« HAHAHAHAHAHA! Notre corps se tordait de plaisir – hilare et douloureux. Au moins, elle a tenu plus longtemps que la dernière fois. Curieux de savoir si elle allait le surprendre en se réveillant soudainement, il attendit quelques instants, perdant, cependant, rapidement patience. Tch! Tant pis! Avec indifférence, nous rejetâmes son cadavre derrière nous, la gueule du dragon apparaissant soudainement pour broyer entre ses crocs le reste de sa chair et de ses os. Nous pourrons renouer ensemble dans le prochain rêve. »

Il jubilait, tout en posant nos doigts sur le masque. Ni une ni deux, nous brisâmes ce dernier dans un furieux craquement et un rire pervers engloutit mes tympans. J’expirais, l’œil hagard. Il me laissait enfin reprendre le plein contrôle de mon esprit.



Et j’ouvris les yeux, observant le plafond au-dessus de ma tête. Ma poitrine se soulevait à toute vitesse sous mes draps, d’autant plus lorsque je perçu une chaleur incommodante couvrir une partie de mon visage. Je me redressais prudemment, vigilant, distinguant dans la pénombre de la nuit, sur mon oreiller, la silhouette d’un Pepito profondément endormi. Je relâchais ma nervosité par mon nez, abandonnant mon corps contre le mur à proximité. Les ronces dorées, le masque et cette femme aux cheveux clairs… J’enfonçais ma face dans le creux de ma main, ressassant, malgré moi, les nombreux contacts que j’avais eu avec la rescapée à l’armure de réprouvé. Je l’avais transporté de mon peloton jusqu’au bateau du Capitaine Sevile, n’ayant de protection que le tissu de mes vêtements. J’avais été exposé un long moment au mal qu’elle recelait… Et maintenant? Est-ce que ce mal avait également laissé sa marque sur moi? Est-ce qu’il était en train de me ronger de l’intérieur, sans que je m’en aperçoive? Et cette femme… Je serrais les dents. Ma tête me faisait mal. Ce qui s’était produit dans ce rêve était dangereux.


1 190 mots | Post II | FIN



It's a little price to pay for salvation
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[Event février-avril] - Le temps des dragons - Page 3 Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
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Kaahl Paiberym
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Sam 16 Mar 2024, 22:07



Le temps des dragons



Rp précédent : Portrait de Boraür

Je m’étais endormie sans presque m’en apercevoir après mon cours d’escrime. Mon rêve n’avait été que la continuité de la réalité. Pourtant, il reflétait davantage mes peurs. Maintenant que j’étais considérée comme une femme et que je ne pouvais plus cacher les ravages de la croissance sur mon corps, les discussions à propos de mon mariage étaient de plus en plus nombreuses. Je recevais des courriers émanant de Sorciers rivalisant de titres nobiliaires. Ces courriers n’étaient qu’un aperçu de ceux que devait recevoir mon père chaque jour. Généralement, le Duc, le Marquis, le Baron, le Vicomte, etc. me faisait ses hommages en première page. Une lettre suivait, écrite par l’un des fils du concerné. Je les lisais toujours par politesse mais les émotions que ces lignes provoquaient chez moi me mettaient dans tous mes états et il me fallait plusieurs heures pour tenter de rationnaliser et de me calmer. Je n’avais aucune envie de me marier. Réta ne l’était pas encore, elle. Eméliana non plus. Il n’y avait donc aucune raison pour moi de paniquer. Pourtant, je n’arrivais pas à m’en empêcher. L’escrime était devenue mon exutoire. Le sport me poursuivait jusque dans mes songes où mes prétendants se substituaient souvent au mannequin d’entraînement. Je les réduisais en pièces.

La lame de l’arme qui s’était substituée à mon fleuret venait tout juste d’entrer dans la gorge d’un garçon qu’un autre apparut. J’écarquillai les yeux mais n’eus pas le temps de dire quoi que ce fût. Une ombre traversa la pièce, en provenance de la fenêtre. Je tournai la tête vers elle. Les verres explosèrent. « Quoi ? Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je, sans oser m’approcher de l’ouverture. Pourtant, la présence d’Alcide ne me semblait être d’aucune aide. J’avais l’intime conviction que s’il était ici, c’était parce qu’il désirait obtenir ma main, comme les autres. Il n’en était pas question. Je fronçai les sourcils et fis un mouvement de façon à le tenir en joug. « Ne m’oblige pas à te tuer, toi aussi. » le menaçai-je, alors que l’ombre passait de nouveau devant le bois de la fenêtre aux vitres brisées. Un rugissement retentit, puissant. Je frissonnai. « Je ne veux pas me marier ! » clamai-je, autant en colère que l’animal qui volait dehors. J’avais même commencé un jeu, avec les lettres de mes prétendants. Je les accrochais au mur de ma chambre et tirais dessus avec des fléchettes. Récemment, je m’étais dit que je pourrais aussi dessiner leur portrait et leur réserver le même sort.

417 mots

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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Lun 18 Mar 2024, 14:49

Le temps des dragons
Helsinki & Oriane


Le paysage s'étendait à ses pieds en une immense contrée inconnue. De son point de vue, Oriane se sentait comme maîtresse de ce monde dont elle ignorait tout. Elle ferma les yeux et prit une longue inspiration. L'air pur était revigorant. Elle écarta les bras en grand, prête à embrasser cet air sauvage et glacé puis porta la main à son cou pour se défaire de son foulard. Le bras tendu en l'air pour le lui offrir, elle relâcha la pression de sa main sur le tissu après quelques secondes à le sentir flotter au bout de ses doigts. Seulement alors elle rouvrit les yeux pour voir le foulard s'envoler comme un grand oiseau et se fragmenter en une dizaine de petits dragonneaux aussi blancs que l'était le tissu avant sa métamorphose. Elle les fixa s'éloigner et ramena son regard sur la terre qu'elle surplombait. Si elle s'en sentait maîtresse, eux, les dragons qui survolaient régulièrement la montagne et ses alentours, étaient véritablement les maîtres du ciel. Un son brisa le calme ambiant. Elle se tourna, et fit alors face à une humaine. Elle avait l'impression de la connaitre. Non, elle la connaissait, c'était certain. « Bonjour. » lui retourna-t-elle amicalement la salutation. Elle ne pensait pas la trouver ici. C'était si loin de tout. Elle restait néanmoins heureuse de la savoir présente, de se trouver juste elles deux, ensemble, sans personne d'autre à des centaines de lieux à la ronde. L'interrogation fut presque inaudible, recouverte par le grondement de l'air frappé par la puissance des ailes du géant. Oriane le suivit du regard, cet être majestueux. Dire qu'il avait été un jour pas plus grand que les petits dragons qu'elle avait libérés plus tôt. Son intention revint à la blonde. Là-bas ? Allait-elle déjà s'en aller alors qu'elles venaient de se retrouver ? La Déchue dissimula difficilement la tristesse d'être séparée si tôt de sa paire. Une tristesse vite balayée par la proposition qui s'ensuivit. « Je ne vais nulle part en particulier. ». Tout ce qu'elle avait fait c'était suivre le murmure du vent. Il la guidait et elle le suivait, aveugle mais pleinement confiante. « Je veux bien t'accompagner donc, oui. ». Pourtant, le vent ne lui avait pas suggéré d'agir ainsi. Elle l'entendait souffler sa volonté, mais elle ne l'écoutait pas. Son regard se posa sur le reptile qui virevoltait dans l'horizon. « Allons-y. » fit-elle en déployant ses propres ailes. Elles avaient la forme de celles du dragon, mais couvertes de plumes obscures dans son cas. « Ensemble. » ajouta-t-elle ensuite en se plaçant derrière pour enlacer sa taille. Elle aimait son parfum, le contact de son corps contre le sien. Ça ne s'expliquait pas. Elle aimait la douceur de sa peau et la finesse de son sourire. C'était ainsi qu'elle était capable de capter toute son intention et la détourner du vent. Elle aurait aimé qu'elles demeurent seules encore un peu ; l'embrasser une fois sans outrepasser les vertus qui la caractérisaient. « Je vais t'aider. » déclara-t-elle alors avant de battre lourdement des ailes pour quitter le sol, l'Ange toujours entre ses bras. Ce ne fut qu'une fois à une altitude égale à celle du dragon qu'elle se sépara de l'Ange pour se placer à ses côtés, la maintenant par ses doigts entrelacés aux siens.

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Post I | 556 mots
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 18 Mar 2024, 21:56



Unknown

Le temps des dragons

En duo | Rose-Abelle & Alcide


RP précédent : Bienvenue chez vous !


Rose-Abelle était-elle amoureuse de lui ? Alcide fixait le plafond aussi intensément que si une réponse avait pu s’y inscrire en lettres scintillantes dans la pénombre du dortoir de Basphel. Il entendait les souffles réguliers de ses colocataires, parfois assortis de quelques ronflements. Aäron, Faust, Taj, Tekoa. Il n’avait pas osé les interroger sur le mystère qui le taraudait, ni leur demander ce qu’ils pensaient des filles – Faust sortait avec Perséphone et Tekoa connaissait un certain succès, alors ils auraient sûrement eu des choses à lui expliquer, mais le blond n’avait pas osé. Sur Boraür, il avait nié toute ambiguïté avec sa meilleure amie, mais depuis, Sympan avait réévoqué le sujet, et il avait observé les quelques couples de l’école. Il avait regardé les filles, aussi. Un peu plus que d’habitude ou, en tout cas, différemment. Il s’était senti saisi d’un émoi singulier. Il avait commencé à se poser des questions, à se demander s’il tombait amoureux, et ça avait été pire quand il avait revu son amie. Son cœur avait tambouriné et il s’était trouvé affreusement démuni, déboussolé, incapable d’identifier clairement la source de son trouble : s’agissait-il d’un embarras créé par les mots de Sympan et qui n’avait pas lieu d’être, ou ressentait-il cette vibration qui habitait les cœurs tremblants d’amour ? Il avait eu peur, il avait tourné les talons, et il avait pris soin de l’éviter. Il s’était senti lâche et ça ne lui avait pas plu. Il sombra dans le sommeil sur cette pensée.

L’explosion de la vitre résonna dans sa poitrine. Ses iris bleus s’arrimèrent aussitôt au visage de Rose-Abelle. Dur, déterminé, surpris aussi. « Quoi ? » Il voulut avancer. Une pointe acérée pinça la chair de son cou : il baissa les yeux sur la lame qui le séparait de la blonde, que sa main tenait fermement contre sa gorge. Il n’essaya pas d’approcher davantage. Le rugissement vrombit contre ses tempes. Il n’osa pas lever les yeux, comme si le moindre mouvement pouvait faire plonger l’épée entre ses artères. « Tu n’es pas obligée. » répondit-il avec conviction. Les mots, pourtant, lui éraflèrent la trachée. Un sentiment d’urgence le frappa. « On n’a qu’à s’enfuir. » Il tendit la main vers elle. « Rose-Abelle. » La bête hurla à nouveau, de ce cri qui semblait provenir des entrailles de la terre. « On peut aller quelque part où personne ne nous retrouvera. Où ton père ne nous retrouvera pas, jamais. Où on sera juste tous les deux, pour toujours. » Les syllabes s’enchaînaient les unes aux autres sans qu’il ne les contrôlât.

Un silence assourdissant pesa sur ses tympans. Puis, d’autres fenêtres éclatèrent ; tout un pan de mur s’écroula. Faisant fi de la déchirure carmine qui s’imprima sur sa gorge, il pivota, et découvrit avec une horreur teintée d’émerveillement l’énorme silhouette noire d’un dragon qui fondait droit vers eux. En deux battements d’ailes, elle fut sur eux. Le blond se retourna et se jeta sur son amie pour la plaquer au sol. La gueule de l’animal effleura leurs cheveux.



Dans un coin de la salle d’escrime, Cal sourit. « On peut aller quelque part où personne ne nous retrouvera. Où ton père ne nous retrouvera pas, jamais. Où on sera juste tous les deux, pour toujours. » Il faisait rouler les mots sur sa langue comme il les avait fait rouler à l’oreille d’Alcide. Il y avait quelque chose, chez ce garçon, qui trouvait un écho en lui. Sans qu’il sût dire de quelle façon, il lui paraissait évident qu’ils se ressemblaient.



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Kaahl Paiberym
Jeu 21 Mar 2024, 22:22



Le temps des dragons



« Si, je suis obligée. » répondis-je, entre mes dents. Mes yeux, rivés dans ceux d’Alcide, lançaient des éclairs ténébreux. Tous ces garçons me donnaient la nausée. Je ne désirais pas qu’ils posassent leurs prunelles malaisantes sur moi. S’ils continuaient, je sentais que j’allais finir par les leur arracher. Leurs orbites vides du trésor qui conférait la vue, ils arrêteraient peut-être de se vanter de qualités qu’ils ne possédaient pas. Je ne voulais pas d’eux. Je voulais rester libre. « Quoi ? » S’enfuir ? Pour aller où ? Je déglutis. Je me sentais prise au piège. Les Sorciers jamais ne me laisseraient en paix. Si je tentais de partir, ils me rattraperaient. L’ombre des ailes de mon père s’abattrait sur ma silhouette en fuite. Le Vautour me dévorerait. « Tu ne sais rien. Tu ne comprends rien. » fis-je, les sourcils froncés. C’était comme si un fossé se creusait entre nous. Je trouvais injuste que nos deux existences fussent si différentes. Lui avait grandi à Boraür où sa seule préoccupation devait être de savoir s’il désirait des guimauves dans son chocolat chaud. Il faisait ce qu’il voulait, quand il voulait. Il était ignorant des volutes noires qui tournoyaient autour de moi. Il me parlait de rester ensemble, tous les deux, pour toujours. Si je partais avec lui, il finirait pendu au bout d’une corde ou décapité sur la place publique. On l’accuserait d’avoir tenté d’enlever la fille d’un ancien Empereur Noir. Était-ce ça, qu’il souhaitait ? Il ne se rendait pas compte du poids de ses mots. De toute façon, je ne voulais pas disparaître ainsi, en faisant de lui un complice de mon crime. Si je devais m’évanouir dans la nature, je le ferais seule.

Le bruit s’intensifia et les vitres explosèrent. Je sursautai. Une angoisse sourde emplit ma cage thoracique en constatant le mouvement du dragon. Paralysée, je crus mourir. Mon corps chuta en un clin d’œil. Lorsque je rouvris les yeux, Alcide était sur moi. Mes yeux s’écarquillèrent de surprise. Je ne savais plus comment faire, quoi penser et quoi éprouver. La vitesse de l’animal fit vibrer l’air autour de nous. Ma stupeur fit ensuite place aux tremblements. Mes bras se refermèrent dans le dos du garçon, comme pour vérifier que la bête ne l’avait pas tué et qu’il était bel et bien là. J’entendis un rugissement. Cette fois, le son venait du plafond. La masse sombre se fraya un chemin jusqu’à nous. Cette fois, nous ne pourrions pas nous en sortir. Je criai.

Le cri se répercuta dans ma chambre à Basphel. Je me redressai dans mon lit, apeurée. Je cherchai autour de moi la silhouette d’Alcide. Il n’y avait que celles de mes colocataires endormies. Je sortis du lit, passai ma robe de chambre sur mes épaules et me perdis dans les couloirs de l’école, à la recherche du blond.

470 mots

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Priam et Laëth
Ven 22 Mar 2024, 13:04



Unknown

Le temps des dragons

En duo | Rose-Abelle & Alcide



Cal fixait le duo. Si elle n’obtempérait pas, elle devrait mourir. C’était aussi simple que cela. Son regard monta vers le dragon, dont l’énorme corps décrivait des arabesques dans les airs de la salle d’escrime, en attente d’un signe de sa part. Il leva la main, puis l’abattit d’un coup sec en direction des deux adolescents. Il instillerait tant de peur chez cette fille qu’elle finirait par se plier à tous ses désirs. Et quand elle n’aurait plus d’autre choix que de s’en remettre à lui, il maintiendrait son emprise en exauçant ses souhaits. Elle le rendrait puissant.



Il y eut l’étreinte de Rose-Abelle, ses bras qui se refermèrent sur lui à la manière de la terreur sur son cœur ; puis son regard strié de panique, dans lequel le rugissement du dragon fit vibrer des étincelles de peur. « Ça va aller. » lui promit Alcide, le palpitant battant, l’esprit tétanisé. Au-dessus d’eux, une ombre s’étendit, et il devina les volutes sombres des ailes de la bête. Il se sentait incapable de se mouvoir. Pourtant, les mots venaient d’eux-mêmes : « On aurait dû s’enfuir. » Sa phrase s’acheva sur le hurlement de son amie. Il la serra plus fort contre lui. Les murs tremblèrent, exsudant d’une poussière lourde et étouffante. Il entendit un craquement sinistre, puis il sentit l’odeur de la mort ; fétide, poisseuse, humide. Un grand claquement à percer les tympans, une douleur aiguë, du rouge dans les cheveux d’or de son amie, puis plus rien.



Alcide se redressa d’un bond, haletant. La sueur collait son pyjama à sa peau et ses cheveux à son front. Il rabattit les couvertures et se leva. Sous ses pieds, le sol froid peina à le raccrocher à la réalité. Chacun de ses muscles tremblaient, encore en proie à la pression de la gueule de l’animal prête à broyer ses os. Il quitta précipitamment le dortoir et se mit à courir dans les couloirs de l’école. Le rêve maintenait prisonnière sa lucidité. Il ne pensait qu’à retrouver son amie, à vérifier qu’elle était bien en vie, à faire taire l’angoisse qui lui nouait l’estomac. Il courut comme si le dragon était encore à ses trousses. « Rose-Abelle ! » Il ne s’arrêta que lorsqu’il l’eut saisie entre ses bras. Son étreinte éprouva sa silhouette, la chaleur de ses vêtements, leur drapé qui suivait les courbes d’un corps vivant. Alors, seulement, la clarté lui revint. « Je… » Il recula d’un pas, sans la lâcher. « J’ai fait un cauchemar, et j’ai cru que… » Il se tut. Les yeux de son amie semblaient briller de la même façon que les siens. Il déglutit. « Ça avait l’air trop réel. » Il la regarda, avec la pensée qu’il n’aurait pas dû la fuir ces derniers temps. Il tenait trop à elle. Il la regarda, et pour la première fois, il la perçut comme Sympan l’avait décrite ; plus seulement comme une amie, mais comme une femme. Il inspira et détourna le regard. Son corps lui criait de fuir, mais il refusait de se sentir lâche comme cela avait été le cas ces dernières semaines. « Je voulais te dire… Tu sais que je suis là si tu en as besoin, pas vrai ? » Ses iris revinrent dans les siens. Il se souvenait du dragon, mais aussi du reste.



Message II – 558 mots




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Kitoe
Ven 22 Mar 2024, 14:50

Kitoe
Le temps des Dragons
FLAVIA - Gourmet


C’était un grand festin qui se préparait. La cuisine de Kitoe était en effervescence. Pour l’espace de cette soirée très très spéciale, celle-ci avait décuplé de volume. Les fourneaux ronflaient par dizaines, le plafond avait pris des allures de cathédrales. Les fumées, les vapeurs et les arômes se mélangeaient par milliers. La Démone avait aussi hérité d’un équipage de commis hors-pair qui l’aidaient à réaliser tous ses plats. Ils répondaient aux noms de Valentine, Orlane, Hugo ou encore Gontrand. Bellada lui avait prêté tous ses petits-enfants.

-Rose, où en sont les carottes ?

-Je finis de les éplucher avec Paulin.

-Très bien. Ensuite, vous les couperez en rondelles et vous les étalerez dans ce plat. Il ira au four avec le gigot.

La petite Magicienne hocha vivement la tête et se remit à l’ouvrage. Plus loin, d’autres apprentis cuistots se relayaient pour faire tourner un cochon à la broche. L’animal grillait déjà depuis de nombreuses heures, car c’était de loin l’une des pièces les plus longues à cuire. Kitoe poursuivit son tour. Arthur et Marta massaient les poulets et les filets mignons avec de l’huile et des petits oignons, et justement, l’atelier oignons était géré par Amandine juste à côté. Ces commis-là étaient tous en larmes, les yeux brûlants, et ils achevaient un travail de longue haleine. Encore après, Valentine se chargeait de produire d’immenses miches de pain et Hugo animait l’équipe de pâtissiers pour le dessert. Une pièce-montée était en train de voir le jour sous ses ordres.

Tout se passait donc à merveille. Sa cuisine était une énorme machine, complexe, mais bien huilée. Satisfaite, Kitoe se dirigea à l’autre bout de la grande pièce en longeant les murs. Tout était en ordre, ce qui voulait dire qu’elle pouvait s’atteler à sa tâche toute particulière : le plat de résistance. La Démone s’arrêta devant une porte. Elle était simple, si simple qu’on la remarquait à peine. Elle ressemblait à une porte de placard. C’était derrière celle-ci qu’habituellement se trouvait l’escalier qui descendait à la cave. Kitoe l’ouvrit avec énergie. Cette fois-ci toutefois, il s’agissait bien d’un placard. Elle réceptionna le corps vertical qui s’affaissa sur elle et le hissa sur son épaule comme un sac à patates. Elle installa le cadavre sur un plan de travail. La viande était de première fraîcheur. La Démone avait chassé ce type elle-même, après avoir cherché des jours l’individu le plus appétissant. S’armant d’un gros couteau, la bouchère le découpa méthodiquement. Il s’agissait avant tout de le désosser entièrement. Le reste du corps ne serait aucunement gaspillé. Les muscles comme les organes constitueraient un seul et unique plat. La Démone disposa les morceaux de chair sur la vaisselle gigantesque prévue à cet effet. Rien n’était laissé au hasard. Quand elle eut totalement dépecé le squelette, elle s’occupa de garnir la panse et de travailler les boyaux. Ceci fait, elle attrapa des herbes aromatiques qu’elle saupoudra sur l’ensemble de son œuvre avec un filet d’huile. Elle cacha des tranches de légumes et d’autres aromates entre les chairs, harmonisa l’ensemble visuellement, puis le plat partit au four.

L’avantage de la cuisine était qu’une partie de ses équipements étaient magiques et permettaient d’obtenir une cuisson aussi rapide que parfaite. En un rien de temps, tous les mets furent prêts à être servis. Kitoe tapa alors bien fort dans ses mains.

-C’est l’heure, tous en place !

La cheffe n’avait pas besoin de s’égosiller pour faire porter sa voix et aussitôt, tous ses commis se mirent en ordre. Kitoe refit le tour des fourneaux afin de s’assurer que rien n’avait été oublié. Elle était nerveuse, car elle voulait que tout soit parfait pour leur invité. Les enfants s’alignèrent en deux colonnes parfaitement droites. Chacun d’entre eux tenait à bout de bras un plat encore fumant et prêt à être dévoré. Le silence s’imposa dans l’assemblée. Kitoe se positionna à l’avant de ses troupes.

-Allons-y.

Le signal donné, les portes de la cuisine s’ouvrirent en grand. La salle à manger était somptueuse. Encore plus immense que la cuisine, le plafond s’élevait jusqu’à la voûte céleste. Les murs étaient ornés de riches décorations et de tableaux. Des lustres scintillants étaient suspendus dans les airs par magie. Tout était en or et en pierres précieuses. La table à manger, au centre de la pièce, était d’une longueur sans égale, permettant d’accueillir tout un régiment de nobles. Il n’y avait pourtant qu’un seul invité, qui se situait tout au bout de celle-ci. Kitoe s’avança et offrit au dragon sa plus belle révérence.

-Monsieur, le dîner est servi.

Alors que ses petits acolytes déposaient les plats avec une gestuelle précise, comme Kitoe le leur avait enseigné, cette dernière présenta à haute voix la nature de chaque mets. La nourriture était minuscule en comparaison à celui qui allait engloutir ce festin. Les volailles, les venaisons et même le cochon à la broche n’étaient qu’une entrée qui suffirait à peine à le rassasier.

-Et voici le plat de résistance !

Ils étaient quatre à tenir ce plateau en or. Au-dessus de la tête d’Orlane, Valentine, Hugo et Gontrand gisait la viande assaisonnée de l’être humain que la Démone avait soigneusement préparé. Le dragon gronda son contentement. Dès qu’il fut à portée de son énorme gueule, le repas commença.

Les plats furent dévorés en quelques minutes à peine. Kitoe se tenait à disposition de son invité en cas de besoin, mais celui-ci mangea tout en silence et avec appétit. Les desserts furent aussi vite avalés. A l’issue du repas, la bête se lécha les babines.

-Mes compliments à la cheffe.

Kitoe sourit, émue, puis s’inclina profondément, les mains dans le dos.

-Pour ce succulent repas, vous serez récompensée.

Elle releva vers lui des yeux émus. Elle n’avait rien attendu en échange de cette soirée, sinon sa reconnaissance. Le reptile se pencha vers elle. Il brandit l’une de ses pattes avec une vivacité fulgurante. Sa griffe recourbée comme celle d’une serre s’arrêta juste au niveau de la jeune femme. Elle considéra celle-ci avec étonnement. A la vitesse avec laquelle il avait procédé, elle avait pensé qu’il allait l’écraser ou lui ouvrir l’abdomen. Mais la griffe frôlait maintenant sa poitrine et touchait son ventre. Elle chercha le regard du dragon sans comprendre.

-Proliférez. Répandez votre savoir-faire dans le monde entier.

La voix rauque vibra dans sa poitrine et elle se sentit subjuguée. Elle ne comprenait pas le sens de ses paroles. Elle acquiesça malgré tout.

-Merci. Souffla-t-elle.

Une larme d’émotion coula sur sa joue et tout à coup, tout l’univers se résorba.

1085 mots



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