Bienvenue chez vous !

Musique

Sympan portait plusieurs sacs. Il avait amené des documents et d’autres choses avec lui, afin de faire des expériences. Depuis qu’il était sur Boraür, plusieurs questions le taraudaient. Pas au point de l’en rendre soucieux, mais il était simplement curieux. Est-ce que deux personnes qui faisaient l’amour sans se protéger risquaient quelque chose ? Un bébé alors qu'elles n’en voulaient pas, par exemple ? Il avait lu quelque part que l’île avait le pouvoir de rendre parents des individus de même sexe. Tout ceci l’intéressait au plus haut point, tout comme l’absence de magie individuelle combinée à la réalité d’une magie globale omniprésente. Il sourit en apercevant la silhouette d’Alcide se diriger vers lui. Au début, il avait douté. Puis, il avait reconnu les traits du visage du Taiji. Il avait grandi, ce qui n’était pas plus mal puisque l’objectif du groupe était, à termes, d’avoir la main mise sur tous les peuples. Ils devaient tous devenir adultes pour ça. Ils avaient pourtant encore un long chemin à faire, lui le premier. Néanmoins, à force de rencontres et de perfectionnement, l’Ygdraë était convaincu qu’ils arriveraient à leurs fins. Il sourit encore tout en regardant autour de lui. « C’est fou ce que cette île est capable de faire. Drejtësi n’est pas là mais si elle était venue, elle aurait adoré cet endroit, c’est sûr. » Sympan était en couple libre. Il parlait rarement de sa copine. Lorsqu’il le faisait, c’était toujours pour évoquer leurs expériences étranges et, bien souvent, dangereuses. Se tenir ici ravivait néanmoins sa passion pour la jeune fille. Il pensait davantage à elle en tant que personne, et non seulement en tant que partenaire d’idées saugrenues.

Le blanc passa la main dans ses cheveux. Il avait opté pour des vêtements duveteux qui ne suffisaient pas à rendre sa silhouette plus consistante. Grand et maigre, il avait l’air d’un épouvantail hyperactif. « Oui, normalement. J’ai donné des rendez-vous différés à tout le monde, pour que ce soit plus facile. Vu qu’on sera beaucoup plus cette fois… » articula-t-il, tout en entrant à l’intérieur. C’était un vrai paradis. « J’ai prévu des jeux si jamais on s’ennuie. Oh et je dois faire quelque chose aussi. » Il s’expliqua. « J’ai croisé Dastan à Juvaniel. Il a dit ne pas vouloir venir mais je suis certain qu’il est dans le déni. Alors… » Un petit sourire malin se figea sur son visage. « Boraür ? Peux-tu téléporter Dastan Belegad ici s’il te plaît ? » Il lui en voudrait sans doute mais plus tard. L’Ygdraë jugeait, pour l’heure, qu’un séjour ici serait profitable au Réprouvé. Il avait besoin de se détendre d’après lui. « Est-ce qu'il y a des sources chaudes dans le jardin ? J'ai vraiment très envie de me baigner avec tout le monde une fois que la nuit sera tombée. » Il rigola. « Après le rituel qu'on a fait, je pense que se baigner nus avant d'aller dormir ne dérangera personne. Ce sera une sorte d'épreuve de l'amitié ! » Ses souvenirs de Seaghdha étaient flous mais pas assez pour qu'il oubliât tout.

442 mots

Mes mains écrasaient la matière afin de la faire tenir. Le bonhomme de neige prenait forme. « Tu devrais mettre de la neige ici aussi ! » indiquai-je à l’enfant. « D’aaaccooord ! » me répondit-il, un sourire contagieux aux lèvres.

Quand nous eûmes fini, sa mère nous rejoignit et regarda notre œuvre. « C’est vraiment très beau, bravo ! » Pensive après sa déclaration, je la regardai, attentif, jusqu'à ce qu'elle exprimât ce qu'elle désirait me dire. « Il y aura un concours de bonhommes de neige d’ici quelques jours. Est-ce que ça vous dirait de participer ? » Mon regard plongea dans les prunelles de l’enfant. « Moi j’y vais ! » dit-il, comme si l’argument suffirait à me convaincre. « Je ne sais pas si… » « Ne soyez pas timide. Je suis certaine que vous ferez des merveilles. » « Mais oui viens, Érasme ! » « Bon… Peut-être… » « Peut-être ? » « D’accord, je viendrai. » finis-je par capituler. Le gamin laissa éclater sa joie dans un grand cri. « Oh d’ailleurs, vous ne deviez pas vous rendre chez un ami ? » « Si. » À force de jouer dans la neige, j’en avais presque oublié l’heure du rendez-vous.

Au moment du départ, je serrai les mains de la jeune femme dans les miennes. « Je vous remercie tous les deux pour votre accueil. » « Tout le plaisir est pour nous. Revenez vous amuser avec Mathéo quand vous voudrez. » Je souris.

____________

Mon regard observa la maison en construction tout le long de mon parcours dans la poudreuse. J’inspirai, l’air de Boraür s’infiltrant dans mes poumons déjà gorgés d’un bien-être que je n’avais plus connu depuis longtemps. L’avais-je au moins expérimenté sans artifices ? Mes émotions durant le Fessetival étaient dues à un produit. Le reste des sensations agréables que j’avais déjà perçues dans ma vie provenaient de l'alcool, de la drogue, de ma magie ou du corps de Dastan contre le mien. Mes lèvres s’étirèrent doucement en pensant à lui. Il ne serait pas là, me rappelai-je à contre cœur. « Il… » Le mot sortit de ma bouche juste après ma pensée, lorsque mes yeux accostèrent la silhouette du roux. J’eus un léger mouvement de recul, comme si je craignais de me tromper. Mais non. Il était réel. « Il est là... » susurrai-je tout en prenant conscience des battement soudain dans ma cage thoracique. Pour les oublier, j'eus une idée.

Quelques secondes plus tard, après avoir fabriqué mon arme à l'aide de mes deux mains, je visai le corps en mouvement du Réprouvé. La boule de neige s’aplatit sur son nez. Je me mis à rire et avançai. Une fois à sa hauteur, j'émis un « Tss. » taquin, avant de saluer Alcide et Sympan. J'ajoutai : « Quelqu’un peut-il lui dire qu’être nu dans la neige ne le mettra pas en valeur ? » Mon amusement était aussi certain que la brûlure que je ressentais au niveau de ma ceinture. Je détournai les yeux pour faire mine de m’intéresser à l’architecture. « Je pensais que tu ne viendrais pas. » fis-je tout de même remarquer, l’air de rien. « Mais je suis content de te voir. » L’aveu était sorti tout seul, tellement naturellement que j'en écarquillai les yeux de surprise.

496 mots

Bienvenue chez vous !

Musique

Sympan sourit, ravi de constater l’apparition de Dastan. « Intéressant. » Le pouce et l’index sur son menton, il détailla le roux. Il ne semblait pas heureux – étonnant – et ses muscles bandés le firent frissonner. Un murmure commença à lui signaler qu’il devrait probablement l’éviter en dehors de l’île à l’avenir, au moins le temps pour sa cervelle d’oublier sa traîtrise. « Je ne savais pas que ça marcherait. » mentit-il, afin de commencer à couvrir ses arrières. Boraür rendait son inquiétude diffuse sans pour autant l’effacer totalement. En visualisant la carrure du Bipolaire, l’Ygdraë était ravi de son habilité naturelle pour passer inaperçu. L’œil expert du scientifique détailla les mensurations de l’exhibitionniste. Il fallait qu’il mît à jour ses carnets. Avec la croissance de chacun, les données changeaient souvent. Celles qu’il avait récoltées sur Alcide n’étaient visiblement plus à jour non plus. « Ils ont pris du muscle tous les deux… » articula-t-il, pour lui-même. De son côté rien ne bougeait. Il ne s’en sentait pas mal. Il s’aimait bien à la limite de la maigreur. Ça l’amusait de voir ses côtes et de constater le creux de son ventre.

« Bonjour Érasme. » Lui aussi l’avait vu venir, l’autre cure-dent du groupe. Contrairement à lui, il était difficile de le manquer. « L’air de Boraür te va bien. » Il semblait presque dans son élément. Sympan s’adressa ensuite à Dastan. « C’est vrai que pour certaines parties de ton anatomie, ce n’est pas le mieux. Mais bon, d’après mes études, les Réprouvés sont favorisés quoi qu’il en soit. Ça paraîtra toujours de bonne facture. » Il lui fit un clin d’œil et rit.

Lorsqu’Alcide émit sa proposition, Sympan acquiesça. « Parfait ! Je vais pouvoir étudier tout ça ! » Plusieurs idées lui trottèrent dans l’esprit. Il partit devant et ouvrit les portes. Il constata les différences entre les chambres et, puisqu’il en gardait toujours sur lui, sortit un carnet et un stylo. Il entreprit de noter des éléments. Nul doute qu’il pourrait en apprendre plus sur chacun des membres du groupe ainsi. « Je me demande si les matelas sont de consistance différente… » Il sourit. « Dastan ? Érasme ? Vous ne voudriez pas les tester et me dire ce que vous en pensez ? » S’il les avait désignés, ce n’était pas pour rien. Il savait parfaitement sa question tendancieuse. Il n’avait pas oublié le comportement des deux garçons à Seaghdha et espérait secrètement qu'ils iraient plus loin à Boraür ; pour encore plus de chaos en dehors.

Il tourna quelques pages de son carnet. Il y avait mis la liste. « Alors, il manque… Tekoa, Pieris, Makoto et Haru… » Il réunissait parfois certaines personnes automatiquement, comme si les deux faisaient partie d’un tout. « … Lucius, Lazare, Johannês et Adriæn, Aäron et Ikar. » Il précisa. « Haru est une fille mais j’ai décidé que les Orines formaient une catégorie à part et bienvenue. » Il barra les noms des trois garçons déjà sur place. « Il y a donc quelques nouveaux : Lazare, Aäron et Ikar. Je pense qu’on devrait leur trouver un test d’entrée. Une idée ? » Il avait aussi parlé à Alcide de l’idée de se fabriquer des costumes. À l’ordre du jour, il avait fait figurer plusieurs sujets, dont Kiara et Susannah. « Oh d’ailleurs, je dois récolter les sujets desquels vous désirez parler afin de les rajouter à la liste. Si vous avez des désirs, des préoccupations, tout ça… Il faut absolument qu'on se tienne au courant de certaines choses, dont des choses intimes. Mais c'est essentiel pour le bon fonctionnement du groupe. »

538 mots

Le clin d’œil me fit détourner les yeux. Je posai mon regard d’abord sur Sympan, avant de harponner Alcide. L’absence de ma magie n’était pas douloureuse mais je la suspectais d’être en partie à l’origine de mon état. L’île y était pour beaucoup également. Les sensations à l’intérieur de ma cage thoracique m’étaient jusqu’ici en partie inconnues. Elles n’avaient jamais été si dénuées de vices. Elles étaient trop fortes, tellement que je devais fournir un effort conséquent pour ne pas sourire bêtement, le regard planté sur le rouquin. L’adrénaline parcourait mes veines. J’avais l’impression d’être sur le point de suffoquer, sans que ce ne fût tant désagréable. C’était même tout le contraire, à l’exception près qu’il me semblait ressentir un trop plein. Ma main remonta sur mon épaule, comme si elle cherchait à faire disparaître les traces laissées par le poing du Bipolaire. Rien n’allait lorsqu’il était là. « On a chacun une chambre ? » questionnai-je Alcide, avant de suivre Sympan à l’intérieur. C’était pour le mieux, bien que l'idée de dormir dans les bras du Belegad me taraudât l'esprit.

Si je demeurai muet à la question de l’Ygdraë, Dastan choisit une approche différente. Je croisai les bras sur mon torse. Le sous-entendu était trop évident pour que je l’ignorasse. Boraür me sauvegardait de la jalousie mais le fond restait le même : je n’aimais pas le voir si proche des autres. Ça me paraissait simplement moindre grave, ici, bien plus supportable, presque normal en y pensant longuement. « Comme le mariage de Lucius ? » proposai-je. Le Magicien ne le désirait pas et peut-être pourrions-nous trouver un moyen de l’éviter ? Si nous continuions sur notre lancée et échangions réellement nos places, je pourrais peut-être le remplacer le jour de ses noces. J’avais déjà deux femmes. Une troisième ne changerait rien à l’équation. Dans mes pensées, je me laissai happer par le Réprouvé sans être capable de résister. La surprise me fit juste pousser un cri discret. Discret au début, plus bruyant lorsque le roux sauta par-dessus le balcon en m'entraînant dans sa chute. Ma détresse, couplée à son rire, ne fut bientôt qu’un groupement de bulles d’air au milieu de l'eau. Je remontai à la surface. Lorsque mon assaillant émergea à son tour, mes mains trouvèrent un appui sur ses épaules. Je le fixai, d’abord interdit. Puis, le coin droit de mes lèvres s’étira. Je finis par laisser échapper un rire par inadvertance. « Je suis trempé maintenant. C’est malin. » lui fis-je remarquer, avant de passer mes doigts dans mes cheveux pour dégager les mèches qui me tombaient devant les yeux. Je l’observai : sa mâchoire, son cou, les courbes menant à ses bras. Je me tendis. La chaleur des sources rendit vite ma fièvre totale. J’inspirai et mes mains s’appuyèrent plus sur lui pour me permettre de m’écarter. Plus il était loin, moins je suffoquais. Mon visage disparut en partie sous l’eau pour cacher mon trouble puis, lorsque j’eus une idée pour me changer les idées, mon sourire. Finalement, je me redressai d’un coup pour lui envoyer une salve d’eau dessus. C’était tout ce qu’il méritait. « C’est toi le clitoris ! » m’exclamai-je, en riant. Si un Sorcier quelconque m'avait entendu, il se serait sans aucun doute insurgé.

499 mots

Bienvenue chez vous !

Musique

« Je n’ai jamais étudié le clitoris des Réprouvées alors peut-être. » Sympan avait répondu on ne peut plus sérieusement, malgré la plaisanterie évidente de Dastan. Ça lui donnait des idées d’études, même s’il n’avait jamais lu nulle part que les femmes réprouvées eussent pu avoir une hypertrophie clitoridienne. Il faudrait qu’elle fût très marquée pour pouvoir rivaliser avec un pénis quelconque. Il n’était même pas sûr que les Nains possédassent un organe si petit. Néanmoins, il n’avait jamais réellement poussé la question. « C’est vrai, vous devriez tous les deux me remercier. » Il sourit, sa petite idée toujours en tête. Son objectif actuel était de faire en sorte que les deux garçons s’emboîtassent pour de bon. Ce serait de salut public, sans parler de ce qu’une telle union pourrait apporter sur le plan politique et diplomatique. S’ils ne mourraient pas tous les deux, forcément. Cependant, Boraür était l’endroit idéal pour ça. Il avait lu qu’aucun espion ne pouvait s’y rendre. C'était donc parfait, bien que l’Ygdraë se demandât si l’île, en favorisant les choses, ne jouait pas sur une version édulcorée du consentement. Cela dit, cette notion ne l’avait jamais intéressé.

« Je teste avec vous quand tu veux. » Au sens propre comme au figuré. Le Basphélien soupesa le bras de Dastan sur lui. Il était lourd. « Nous pourrons trancher la question de Makoto lorsque nous serons tous ensemble mais ajouter une Orine à notre groupe me semble capital pour notre objectif. » Sympan regarda la liste et sourit. « Fais attention à ne pas les confondre. » Le quiproquo serait fâcheux bien que peu probable puisqu’Aäron semblait être une version au rabais d’Érasme. « Demander à Boraür est une bonne idée oui, même si le concours de luge pourrait marcher. » L’Ygdraë s’amusait de constater à quel point les épreuves proposées auraient pu être différentes à l’extérieur de l’île. « J’avais déjà inscrit cette question à l’ordre du jour, vu qu’elle concerne plusieurs d’entre nous. » Adriæn n’en avait pas parlé depuis mais Johannês lui avait raconté ce qu’il s’était passé à Juvaniel dans les grandes lignes, sans s’attarder sur les émotions de chacun. Pour en parler, ça avait dû le troubler. Il était plutôt secret en temps normal.

« C’est sûr. » Il commença à réfléchir à un nouveau plan, lorsqu’Alcide continua. « Hein ? » Il écarquilla les yeux au début puis, finalement, décida de se laisser faire en les imaginant tous les deux d’un point de vue extérieur. Ils devaient paraître comiques. « Je veux bien être ta princesse pour aujourd’hui. » dit-il, un sourire plaqué sur le visage. Vu qu’Alcide avait grandi, il allait commencer à s’intéresser aux choses de la vie. Sympan se demanda s’il devait lui parler tout de suite de protection ou s’il valait mieux faire un rappel général lorsqu’ils seraient en groupe. Il en avait apporté pour les distribuer – histoire que l’épisode Johannês ne se répétât pas. « Hé ! » râla l’Ygdraë lorsque leur trajectoire fut bousculée. En réalité, il était bien content de laisser les deux couillons seuls dans les bains.

Sur la glace, il fixa ses pieds. Il ne se sentait pas stable. « Pas vraiment… » Il avait lu des revues sur le patinage artistique mais ne l’avait jamais pratiqué lui-même. « Ce serait peut-être favoriser les Magiciens, tu ne crois pas ? » Vu qu’ils étaient tous plus ou moins entraînés. « En parlant du loup… » Adriæn et Johannês se tenaient sur la berge, en compagnie d’un autre garçon.

588 mots

Dès que je tentais de me redresser, mon pull me rappelait les effets de la gravité. Il était gorgé d’eau. Dans les bains, il devenait énorme, entourant ma silhouette comme l'ombrelle d'une méduse. En dehors, il collait à ma peau. Je pensai à m’en débarrasser mais renonçai. Dastan était bien moins pudique que moi. Des images de Seaghdha, pourtant, s’imposèrent à moi, comme si un Dieu quelconque avait soudainement souhaité me contredire. La chaleur des vapeurs s’infiltra dans mes poumons. À la différence de notre rencontre en territoire vampirique, j’étais parfaitement sobre. Cet état était devenu si rare ces derniers temps. Malgré les menaces de mon père, je n’arrivais pas à me sevrer totalement. Je me mettais à trembler, à délirer, et trouvais toujours de quoi combler le manque, au moins un peu. Ces questions s’effacèrent. Elles étaient trop toxiques. Toxiques comme ma relation avec le Réprouvé en dehors de Boraür. « À qui la faute si je suis trempé, hein ? » lui demandai-je. Le sens grivois était évident. Il ne m’avait pas échappé depuis le début. Je n’étais pourtant pas une fille. Je n’étais pas de celles qu’il avait l’habitude de serrer dans ses bras. Mes idées sombres s’éclaircirent une nouvelle fois. L’île ne désirait pas les laisser s’immiscer. Elles revenaient à la charge mais n’arrivaient pas à gagner. Le combat était perdu d’avance, même si la lutte ne cessait jamais vraiment de s'engager pour me faire retrouver mes esprits. « Qu’est-ce que tu… ? » Mes doigts se refermèrent contre lui. L’air de ma cage thoracique se vida d’un coup, expulsé d’entre mes lèvres. Je sentis le coup de chaud me saisir. « Sale fourbasse de Réprouvé ! » repris-je ses termes lorsqu’il s’éloigna en riant. Je fis de même et me calai contre les pierres du rebord sans le quitter des yeux. Je déglutis et remontai mes bras pour les étendre autour de moi comme si j’espérais qu’un peu d’action empêcherait mon imagination de se mettre en branle. Mon pull goutta, créant un léger bruit d’eau. Mes incisives attrapèrent le côté gauche de ma lèvre inférieure avant de la laisser retrouver sa juste place. « C’est ce que tu veux ? » le questionnai-je, soudainement plus sérieux. Les mêmes sensations que plus tôt me parcouraient, centralisées dans ma poitrine et en dessous de ma ceinture. « Tu veux que je te fasse un câlin ? » Dit à voix haute, c’était presque ridicule, trop enfantin. Je n’avais pas envie de lui faire un simple câlin. Je baissai légèrement la tête avant de remonter les yeux vers lui, un sourire aux lèvres. « Dans tous les cas, je ne suis pas un clitoris. Si tu veux quelque chose, tu n’as qu’à venir le demander sérieusement. On verra si je t’exauce. Je suis Roi après tout. » plaisantai-je, un air faussement supérieur sur le visage. Lui aussi était Roi. Reine. Je ris. Savoir qu’il existait un endroit en ce monde où nous étions mariés me rendait heureux de façon disproportionnée.

498 mots
C'est sûr. D'ailleurs je suis choqué. Je vais faire des cauchemars cette nuit 

Bienvenue chez vous !

Musique

Læn tenait la main d’Adriæn dans la sienne. Il ne savait pas pourquoi l’Ondin avait désiré qu’ils marchassent ainsi mais ça ne le dérangeait pas. Depuis Juvaniel, il faisait plus attention au blanc. Il s’en voulait de s’être endormi au beau milieu de leur conversation sur Kiara et Lucius. Il s’était réveillé au beau milieu de la nuit, dans le lit de son ami. En se levant, il avait trouvé le concerné endormi dans le canapé. Depuis, il culpabilisait de l’avoir forcé à le monter à l’étage. Le Kælaria n’était pas solide. Ça avait dû lui demander du temps. Ce qu’il ignorait c’est que Sympan avait rejoint l’Ondin plus tard et qu’il l’avait aidé à hisser le corps inconscient en utilisant la télékinésie. Il ignorait également ce qu’Adriæn avait fabriqué avec ce même corps. Il n’avait que des sensations diffuses, parfois mal au ventre, mais pour rien au monde il n’aurait pu imaginer être la victime de celui qu’il considérait comme son meilleur ami. Cette fois-là n’avait pas fait exception, quand bien même le frère de Lana n’y était-il pas allé de main morte. Les frustrations accumulées l’avaient rendu plus rude que d’ordinaire. Sur Boraür, son obsession malsaine s’était transformée en un sentiment d’attachement profond. Læn n’y voyait qu’une illustration de sa peine de cœur et faisait tout pour consoler l’autre, bien qu’il ne fût pas très tactile en temps normal. Ils n’avaient toujours pas parlé de Susannah et ça l’arrangeait bien. La présence de Makoto à leur côté était une aubaine.

Quand ils s’approchèrent, ils aperçurent deux silhouettes en train de patiner sur le lac gelé. Læn reconnut Sympan tout de suite mais pas le deuxième. « C’est Alcide. » trancha Adriæn quand il fut plus proche. « T’es sûr ? » « Oui. » « Bon… si tu le dis. » Le faux Magicien finit lui-aussi par en être convaincu. Même si sa voix avait mué, sa façon de parler était reconnaissable. « Pieris voulait se trouver une ombrelle et a dit qu’il nous rejoindrait ensuite. » « Je lui ai dit que je lui en fabriquerais une. » « Je crois qu’il ne te fait pas confiance. » s’amusa Læn. « Érasme et Dastan sont ensemble ? » « Comme d’habitude. » Sympan fixa l’Ondin qui le fixa en retour. Puis, le scientifique descendit son regard sur les deux mains liées. « Vous êtes en couple ? » « Quoi ? » s’insurgea le faux Magicien, avant de retirer sa main. « N’importe quoi ! Les amis font ça parfois ! » « Ah bon ? Je pensais que ça ne se faisait plus après six ans moi… » Il sourit, espiègle, et appuya les dires d’Alcide pour changer de sujet. « Allons visiter ! Tout à l’heure, on n’a pas vraiment eu le temps. » Il tourna les yeux vers Makoto. « Au fait… il faudra que nous discutions de ton cas, si tu viens en tant qu’homme ou en tant qu’Orine. » Quand Sympan sortit du lac gelé, les patins disparurent au profit de ses chaussures.

510 mots