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 [Event février-avril] - Le temps des dragons

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Sam 10 Fév 2024, 12:55

Le temps des dragons


Image par Kate Pfeilschiefter
Rédaction par Mitsu (Cerbère) et Alvine (Cal)




La bête était énorme. Ses écailles noires luisaient dans la pénombre. Des jetés d’étoiles scintillaient à leur surface ; elles s’y reflétaient comme elles le faisaient sur l’océan, emportées par la danse respiratoire. Les flancs de l’animal se creusaient telle la mer sous les vagues. Cal s’approcha et posa sa main sur l’un des naseaux de la créature. Ses yeux s’ouvrirent d’un coup. Elle émit un souffle rauque tandis que sa pupille reptilienne s’ancrait sur le Génie. Elle n’était pas un Æether, mais elle ressemblait aux leurs. Elle n’était que le produit d’une imagination, un ersatz d’esprit abandonné au monde onirique, le fragment esseulé d’un rêve ou d’un cauchemar. Elle pouvait vivre et mourir tout à la fois, être ou disparaître dans un même mouvement. Elle n’existait réellement que lorsqu’elle s’incarnait dans un songe. L’une de ses lourdes pattes racla le sol. Cal observa le tranchant de ses griffes. Il recula de quelques pas et l’admira dans son ensemble. Sa large tête dont la gueule pouvait broyer dix hommes d’un seul coup de crocs. Sa longue encolure hérissée de piques qui couraient encore sur son dos et presque jusqu’au bout de sa queue. Ses ailes, d’une envergure étourdissante, capables de la porter au bout du monde et de la ramener jusque chez elle sans encombre. Le dragon, dans son ensemble, était vertigineux. Et c’était ce vertige qui devait s’enchaîner à l’esprit des rêveurs. Pour honorer les Ætheri. Pour montrer, surtout, la puissance des Génies. « Envole-toi. » souffla le Sylphe. Un grondement sourd ébranla la cage thoracique de la créature. Avec lenteur, elle quitta sa position de repos. Plantée sur ses quatre pattes musculeuses, elle ébroua tout son corps, tendit le cou pour pousser un rugissement, puis déploya ses colossaux appendices de chair et d’os. D’une poussée, elle quitta le sol.

L’éthéré se glissa derrière l’un de ses semblables. Le décor mouvant qui les entourait rendait difficile de savoir où, exactement, ils se trouvaient. Le Monde des Songes appartenait aux Dieux. Les Génies en avaient fait leur terrain de jeu. Les lois qu’il subissait néanmoins restaient attachées au domaine divin, et à celui de l’inconscience. Rien n’y était constant. Ce jour-là, un seul élément récurrent : les dragons. Ils volaient, nageaient, marchaient et rampaient tout autour d’eux, dans un entrelacs de couleurs, de textures, de formes et de murmures. Peu à peu, ils étaient guidés ailleurs, vers l’esprit des rêveurs. D’autres y naissaient directement, alimentés par l’imagination des dormeurs. Ils s’implantaient dans leurs songes et insufflaient aux âmes au repos la passion de leur espèce. Au réveil, les mortels n’auraient d’autres choix que d’en parler. Leurs langues se délieraient pour créer des contes, des légendes, des histoires inspirées de ces créatures. La plupart d’entre eux ne percevraient même pas la contrainte qui pèserait sur eux. Cal s’inclina contre l’oreille de son congénère et souffla : « Enchaîne-les à l’imagination des rêveurs. »

482 mots





Dans le monde onirique, les manches du vêtement du Génie voletaient autour de ses bras, comme s’il était en train de tomber ou en prise au vent. Il n’était pourtant soumis à aucune de ces deux situations. Fouler cet endroit lui était nouveau ; nouveau et plaisant. Il sentait un ersatz de sa puissance d’antan le saisir. L’adrénaline pulsait dans ses veines. Il se sentait vivant, bien plus qu’au cœur de son habitacle où ses constructions avaient tendance à s’effriter, rochers tombant dans l’océan de ses secrets. Ici, tout lui semblait possible. Ici, il avait l’impression de pouvoir dominer à nouveau. Ses yeux s’attardèrent sur les nombreux dragons qui parcouraient les cieux du royaume de l’inconscience. Il ne comprenait pas encore tout mais des liens se tissaient dans son esprit, entre ses connaissances passées et la situation présente. Sa poitrine vibra en même temps qu'un rugissement rauque retentit, comme si le son faisait partie de lui, comme si l’animal jaillissait de son propre corps, comme un feu qui aurait embrasé son estomac. Il se redressa alors que son regard se posait sur son semblable. Il ne le connaissait pas et, pourtant, ils faisaient partie du même tout, de cet empire au sein duquel ils acquéraient l’hégémonie. Le Génie pensa à ces individus qui trépassaient dans leur sommeil. Pourrait-il produire de tels effets ? S’il trouvait Cyrius Windsor, pourrait-il l’assassiner ? S’il traquait cette femme, celle qu’il avait aimé à s’en brûler les ailes, pourrait-il remonter le temps et la convaincre de ne plus frôler la peau du Sorcier mais bien la sienne ? Que pouvait-il faire ? Où se situaient les frontières des possibles ? Il sourit, ses instincts perfides nourris par ce lieu propice à l’imagination et à ses dérives. Au fond de lui-même, il savait qu’il n’était pas ici pour servir ses propres intérêts. Si les dragons volaient, nageaient, marchaient et rampaient, c’était avant tout pour honorer les Ætheri, celui des Cauchemars et celui des Rêves. Il le sentait, comme un venin dans ses artères. Il ne pouvait s’y soustraire et n’en avait pas envie. C’était comme si sa vie en dépendait, comme si sa puissance en dépendait. Le souffle de son semblable l’anima davantage. Il bougea doucement la tête, afin d’être capable de murmurer à son tour au creux de son oreille. « À qui désires-tu les enchaîner, toi ? » La question n’était pas si anodine. Elle supposait qu’un choix pût être fait. C’était une autorisation qu’il demandait, en plus de la satisfaction de sa curiosité. Quant à savoir s’il pourrait arriver à ses fins, c’était une tout autre histoire. Il ignorait comment trouver les Rêveurs qu’il désirait contaminer. Peut-être que le gris pourrait le lui montrer ?

450 mots






Ils résonnaient l’un dans l’autre. Les songes étaient affaire de communion ; il en allait de même de certaines de leurs missions. Cal laissa le chuchotement du brun infuser en lui, remuer les tréfonds de son esprit, faire sursauter ses désirs. Un sourire ourla ses lèvres. Sa main se referma sur le poignet du Sylphe. Il l’entraîna en avant ; le sol céda sous leurs pieds et ils tombèrent dans une masse grouillante de reptiles. Leurs corps furent aspirés par leurs anneaux, frôlés par leurs serres, humés par leurs gueules. Ils chutèrent ; le temps aussi. Son infinité s’éparpilla autour d’eux, rebondit sur les écailles, se noya dans les fourrures. Le Génie raffermit sa prise sur le bras de son semblable. Les dragons disparurent. « Ici. » dit-il. La salle d’escrime de Basphel baignait dans la lumière crépusculaire. Une adolescente blonde s’y entraînait, frappant un mannequin. « Elle. » Rose-Abelle. Il l’avait trouvée par hasard. Depuis, son nom roulait sur sa langue. Il ne parvenait pas à l’extraire de son cerveau. Il le hantait, presque aussi fort que celui de Svana. « Il est déjà en route. Je l’ai envoyé, tout à l’heure. » Mais il ne pouvait s’incarner qu’en sa présence ; et il était là. Une ombre gigantesque passa devant les fenêtres de l’école, obstruant toute lumière. Cal sourit. Il s’éleva jusqu’à l’une d’elle et, d’un coup de pied, la fit voler en éclats. Il reviendrait. « Ici. » Le navire voguait, paisible. Les voiles bruissaient tendrement sous la caresse du vent. Sur le pont, elle était toujours là. Lui aussi. La lune magnifiait encore la chevelure de Circë. « Il viendra des eaux. Et c’est là-bas que nous, nous allons. » Le bois céda sous leurs pieds et ils plongèrent à nouveau. L’océan les accueillit sans les éclabousser. La barrière de sauge se dessina sous leurs yeux. Ces derniers temps, elle peuplait trop de rêves pour que l’on se privât d’en jouer. Il avait entendu Ulysse en parler plusieurs fois, aussi. À cause de ce qu’elle pouvait créer, elle terrifiait les marins. Mais elle était plus crainte encore par les Ondines. La silhouette d’une Sirène se dessina, toute proche. Elle était coincée dessous et tentait de percer le maillage d’herbes pour ressurgir du bon côté. « Il viendra des profondeurs et il la dévorera. » souffla-t-il, son regard acéré planté sur l’adolescente. Progressivement, il se tourna vers le Génie. Les abysses disparurent. Il n’y eut plus que la lueur douce que produisait parfois le Monde des Rêves. Candide, diffuse, entre le rose et l’orange. « Montre-moi où tu souhaites implanter des dragons. Tu n’as qu’à y penser. Je t’aiderai. » Il était faible, mais moins que lui. Demeria n’apparaissait pas. Cela signifiait qu’elle le laissait libre. Il sourit. Dévoile-moi tes souhaits et je les exaucerai.

468 mots





Le patchwork des situations raviva l’idée de toute puissance dans le cœur du Génie. Tous ces lieux faisaient partie du Monde des Songes mais ils reflétaient la réalité. Il avait assez foulé Basphel pour réussir à la reconnaître sans difficulté. Il commençait à comprendre, sans en être certain. Il lui semblait que les Rêveurs reproduisaient le réel dans l’onirique et qu’il leur appartenait à eux, les enfants de l’inconscience, de les torturer. Que ce fussent la blonde, l’argentée ou la bleue, ces trois filles appartenaient sans conteste à l’univers de son interlocuteur. Qui étaient-elles pour lui ? Pourquoi choisir de les malmener elles plutôt que d’autres ? Leurs peaux l’une contre l’autre avaient éveillé en lui un sentiment depuis longtemps oublié : celui d’agir de concert, dans un objectif partagé. Il n’était plus ce qu’il avait été jadis mais s’il avait appris plus tôt à servir un intérêt commun plutôt que son intérêt propre, sa vie aurait probablement pris une tournure différente. Il sourit, l’air du mal accroché à ses lèvres. Il ne savait pas qui était cet homme ou cette illusion d’homme, mais son aura lui plaisait. Ensemble, ils pourraient peut-être construire un monde bordé d’un océan meurtrier. Il visualisa un instant l’eau s’écraser sur des rocs aussi sombres que l’obsidienne des Mages Noirs et cette vision résonna en lui, faisant teinter les cloches de son cœur empli de ténèbres.

Le regard du Génie se leva pour se planter dans celui de son interlocuteur chimérique. Une volonté crasse s’y lut, ancrée au fond de ses pupilles sombres. Il percevait les possibilités, en ressentait les contours. Ici, le Temps ne semblait avoir aucune assise, n’être que secondaire, parcellaire… pliable et malléable à souhait. Proche de l’inconnu, il le fixait toujours. Il laissa la possibilité que ce dernier pût tenter de le tromper ou de profiter de son ignorance de côté. Un murmure lui assurait qu’il n’avait pas le choix et qu’il sortirait grandi de cette expérience, capable d’agir de son propre chef. Il ne voulait cependant pas le quitter, pas encore, pas maintenant. Il voulait le revoir. « Parfait. » lui glissa-t-il une nouvelle fois à l’oreille, avant de plonger en lui-même. La sensation fut aussi prégnante que celle de la chute libre. En choisissant ses victimes, il lui parlait de lui. Basphel se dessina de nouveau. Une jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux verts y apparut, concentrée sur les partitions fraîchement écrites par un musicien à la peau diaphane. Il n’avait d’yeux que pour les parchemins et ne semblait pas mesurer sa chance. « Ici. Je souhaite que la gueule béante d’un dragon le dévore. » articula-t-il comme si sa vie en dépendait. Il le haïssait tellement, parce que le Sorcier, contrairement à lui, réussissait à ravir l’intérêt de la blonde. Il n’eut cependant pas le temps d’éprouver la moindre satisfaction. Le regard doré de sa victime le heurta avec fracas. Il se sentit transpercé par une conscience malvenue. Le rêve se rebella et ils en furent chassés. Depuis sa transformation, il ressentit pour la première fois une forme d’essoufflement. Ses sourcils se froncèrent. Ce sale…

514 mots

Explications


Bonjour ♪

Bienvenue dans ce rp qui célèbre le Nouvel An Chinois et donc l'année du DRAGON ! [Event février-avril] - Le temps des dragons 1628 Avec Mitsu, nous avons imaginé un petit événement pour fêter celui-ci. Votre personnage est plongé dans un rêve, rêve que les Génies peupleront de dragons (pour honorer les Aetheri des Rêves et des Cauchemars - qui ont, pour eux, l'apparence de dragons - mais aussi et surtout pour gagner collectivement en puissance). Le but, pour les Génies, est d'influencer les rêveurs. Ainsi, à son réveil, votre personnage racontera/créera/entendra une légende/un conte qui parle de dragons.

Les Génies
Votre personnage est téléporté dans le Monde des Songes. Les Génies sont beaucoup plus puissants dans le Monde des Songes que dans la Réalité. Pour eux, l'objectif est d'implanter des dragons dans les rêves des individus.

Les Autres - hormis les races qui ne rêvent pas
Votre personnage est plongé dans le Monde Onirique. C'est un rêve donc il peut être fait de n'importe où dans le Monde. Il ne répond pas nécessairement aux règles de temporalité et de spatialité, puisque c'est un rêve. La seule obligation est que votre personnage doit rêver d'un ou plusieurs dragons.

Conséquences du rêve dans la réalité
Votre personnage, après avoir rêvé de dragons, ressentira une forte envie d'en parler. De fait, un peu partout sur les Terres de Sympan, les gens vont se mettre à créer des légendes et des contes sur les dragons. Vous pouvez aussi mettre en scène une coutume ou une festivité autour des dragons.
N'hésitez pas à regarder les fiches de races, car certaines mentionnent déjà la présence de dragons (notamment dans la mythologie/les croyances). C'est notamment le cas chez les Dragonniers (évidemment 8D), les Orines (les Aetheri Soro et Cha), les Magiciens (l'Aether Suris), les Réprouvés (la Zaahin Anha'Sona), etc.

Organisation du RP
On vous laisse deux mois, soit jusqu'au 15/04 23h59 pour poster nastae
Vous pouvez évidemment rp à plusieurs si vous souhaitez créer des légendes communes ou que vos personnages rêvent ensemble.

Bonne écriture [Event février-avril] - Le temps des dragons 009
Gains de l'événement

Message unique, 900 mots minimum
- Un point de spécialité
- Un talisman de dragon qui assure à son porteur, au choix parmi cette liste : prospérité, faillite, bonne récolte, mauvaise récolte, santé, maladie, sécurité, danger, protection, persécution, force, faiblesse, fertilité, stérilité, noblesse, bassesse, bonne fortune, mauvaise fortune, gentillesse, méchanceté.

Messages multiples, 450 mots x 2 minimum
- Un point de spécialité
- Un talisman de dragon qui assure à son porteur, au choix parmi cette liste : prospérité, faillite, bonne récolte, mauvaise récolte, santé, maladie, sécurité, danger, protection, persécution, force, faiblesse, fertilité, stérilité, noblesse, bassesse, bonne fortune, mauvaise fortune, gentillesse, méchanceté.
/!\ Ces gains ne sont pas cumulables. Même si vous faites 8x450 mots, vous n'aurez qu'un point de spécialité et un talisman.





[Event février-avril] - Le temps des dragons 1628 :


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Ljund & Ni'Obë
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Ljund & Ni'Obë
Sam 10 Fév 2024, 20:00


Message unique

J’étais allongé de façon à pouvoir laisser mon bras pendre dans le vide au dessus des eaux glacées du large. Distraitement, je regardais ma main creuser un sillon dans la mer d’huile. Quelqu’un jouait du tambour mais le son était comme étouffé, lointain, la mélodie impossible à reconnaître. Il n’y avait pas de vent pour encombrer le ciel de nuages mais notre voilier filait à grande vitesse, comme poussé par la volonté des Ætheri. Nous touchions bientôt au but. Je levai le nez pour observer Ni’Obë. Dos à moi, sa silhouette se découpait sur l’immense disque luminescent de la lune tranchant sur la nuit d’encre. Elle se taisait, mais je devinais qu’elle aussi pressentait que nous y étions presque.

La coque du bateau heurta mollement une bande de terre qui n’était pas là auparavant. Les tambours s’étaient tus et un silence sépulcral étouffait tous les bruits, comme si le monde retenait son souffle. Je descendis et, une main amicalement posée sur la tranche du bateau, je franchis les pieds dans l’eau les derniers mètres qui me séparaient de la berge. Le sable était d’un blanc pur ; il était froid sous mes pieds. Il n’y avait rien sur l’îlot, sinon moi et Ni’Obë. Le voilier avait disparu quand je me retournais. Nous étions seuls. Je ne m’en inquiétais pas. J’étais serein. Je ne savais pas ce que je faisais, mais les Ætheri, eux, le savaient. Je me défis de mes vêtements, superflus sur ce sanctuaire. Ils glissèrent jusqu’à l’océan et se fondirent dans l’eau. Je ne gardais que mes amulettes, qui ne me quittaient jamais.

Je pris la main de Ni’Obë et nous nous engageâmes ensemble jusqu’au centre de l’île. Elle n’était pas plus grande que la place commune du village, je pouvais voir les vagues en lécher les contours partout où je portais mon regard. Je fis face à ma sœur et levai deux doigts au niveau de son visage. Leur extrémité luisait de peinture noire. J’attendis qu’elle ferme les yeux pour tracer les symboles sur son visage et sur son corps. Quand j’eus terminé, elle fit de même avec moi, ses doigts enduits de pigments blancs. Je rouvris les yeux. Mon reflet se dessinait avec précision dans ses prunelles sombres élargies.

La terre gronda sous nos pieds. J’avais de nouveau pris la main de Ni’Obë et nous nous tournâmes vers la lune. Elle avait encore grossi et s’était approchée de nous. J’aurais presque pu lever le bras et la toucher. Bientôt, un fin segment noir coupa l’orbe sur toute la longueur. D’abord fin, il grossit et s’anima, d’une intelligence d’un autre monde. La lune nous regardait de sa pupille fendue. Une membrane translucide la voila quelques secondes avant de se retirer. Une paupière écailleuse nous sépara de la lune, nous plongeant dans l’obscurité. J’entendis quelque chose racler sur le sable, le souffle d’une bête énorme modifia l’air que nous respirions et joua avec nos cheveux. Une odeur de terre et de sang charria nos narines, avant de se densifier en quelque chose de plus complexe, comme si le temps lui-même soufflait sur nous. J’avais la chair de poule et mes tatouages me brûlaient. Je les sentais se graver dans ma chair comme au fer rouge. La paupière se rouvrit et nous croisâmes le regard ancien de la lune. À la lueur surnaturelle de son œil unique, je distinguai au niveau où l’océan touchait le sable la ligne déchirée de crocs de sa gueule démesurée. Les babines noires étaient retroussées et j’aperçus sur l’émail d’un blanc anormal des motifs gravés, les mêmes que ceux sur nos corps. Je notai vaguement que Ni’Obë était devenue intangible. Je sentais toujours sa main dans la mienne, mais sa peau avait un côté translucide sinistre. La bête bougea légèrement mais ses dimensions firent trembler le sol où nous nous tenions et je tombais à genoux. L'œil pâle se darda sur nous. Un remous écarlate germa sur la cornée bordée d’écailles noires. Une première larme roula et tomba sur l’île. D’un rouge virant au noir épais, elle submergea presque entièrement l’île. Je me penchai pour la goûter et reconnu le goût du sang. Le dragon versa d’autres larmes et les vagues de sang se succédèrent, m’inondant jusqu’à la taille. Sous le liquide épais, mes doigts rencontrèrent un couteau. Je fis glisser la lame sur la paume de ma main, entaillant profondément la chair pour mêler mon sang à celui dans lequel je baignais. Je tendis le couteau à Ni’Obë afin qu’elle fasse de même. Je savais qu’à l’inverse de tout le reste, elle pourrait toucher cette arme. Le sang qui coula de sa paume était d’un noir brillant et assombrit l’océan rouge autour de nous. Je récupérai la main de ma sœur et l’entraînai avec moi sous les flots de sang, là où nous pourrions nous lier et trouver une unicité parfaite.




Je sursautai en me réveillant. Je n’avais jamais su me réveiller autrement, comme si j’étais pris en faute en train de dormir au lieu d’être en train de courir sur le pont pour accomplir une tâche donnée par le second. Mais je n’étais pas sur le bateau. La tente tendue au-dessus de ma tête jetait des lueurs orangées. Malgré la chaleur estivale et la couverture sur moi, un frisson me glaçait les os. Je tournai la tête et aperçus Ni’Obë endormie sur sa propre paillasse de l’autre côté de la tente. Je soupirai en voyant sa poitrine monter et descendre au rythme de sa respiration. Silencieusement, je me glissai hors de ma couche et me rendis jusqu’à la sienne. J’étais encore assez petit pour qu’il y ait de la place pour moi. Je me faufilai sous ses couvertures, puis me collait de tout mon long contre son dos. Mon bras se plaça dans le creux de sa taille. Je l’entendis se réveiller.

- Nini, j’ai fait un cauchemar. Je crois. C’était un rêve aussi. J’ai rêvé que tu étais morte. On nageait sous une mer de sang de dragon de lune et quand on est ressortis, il n’y avait plus ni toi, ni moi. Mais c’était quand même toi et moi.

1097 mots

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Bellada Ward
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Bellada Ward
Sam 10 Fév 2024, 20:34


Le temps des dragons
Jämiel & Phobos

« Pourquoi des dragons ? » Le Sylphe avait déjà aperçu ces créatures dans les mondes oniriques qu'il était allé visiter. Ils pouvaient être tour à tour fabuleux ou bien terrifiants, symbole d'émerveillement autant que d'effroi. Cette fois-ci néanmoins, leur diversité devenait vertigineuse. L'être immatériel n'en avait jamais vu une aussi grande quantité d'un seul coup. A ses côtés, une silhouette commençait à se dessiner. Lorsqu'il apparaissait dans ce monde chimérique, Nesloo parvenait toujours à le retrouver. « Ils sont le symbole de nos Maîtres absolus. » À la manière dont la voix féminine avait prononcé ce mot, Phobos compris qu'elle ne faisait pas allusion aux rêveurs, mais à une puissance supérieure, plus écrasante, plus mystique. Il y avait autant d'adoration que de crainte et de respect dans l'intonation de son élocution. Phobos se demanda pourquoi, exactement, leurs Ætheri avaient revêtu cette forme, mais ne prit pas la peine de partager son interrogation avec sa paire. Il fut captivé par l'une des créatures qui passa devant lui. Sans demander son reste, il se mit à la suivre.

S'il avait eu un cœur, le génie aurait peut-être senti son organe de serrer, ou bien manquer un battement en apercevant la silhouette. Bellone se trouvait dans un bois sombre. Pourtant, il n'avait aucune difficulté pour la voir. Elle était assise par terre, dans une herbe noire comme l'ébène de ses cheveux, des arbres tout aussi obscures entourant la scène. Sur ses genoux, elle caressait le visage du garçon dont l’illusionniste avait si souvent volé l'apparence - tellement qu'il lui semblait connaître cette enveloppe mieux qu'aucune autre. « Sais-tu pourquoi les dragons sont recouverts d'écailles ? » demanda l'Orine. A l'évocation des créatures, Phobos se demanda où était passé celui qu'il avait suivie jusque dans ce rêve. Il eut la réponse en observant la peau de la jeune femme, qui tendit le bras pour continuer d'asséner des caresses à celui qu'elle chérissait - aussitôt, le Sylphe éprouva une jalousie maladive, qui fit trembler son âme à défaut de pouvoir troubler sa chaire. Là, sur son épiderme, le dragon s'était enroulé autour de son bras - il remontait jusqu'à ses épaules, puis venait embrasser sa nuque : Phobos en prenait conscience sans avoir besoin de le voir.

« C'est à cause des hommes. » continua la brune. Phobos s'apaisa légèrement en comprenant qu'il ne s'agissait pas réellement de celle qu'il convoitait. Il ne s'agissait pas de son inconscient à elle, qu'il avait déjà envahi par le passé. Non, il s'agissait du songe de ce garçon. Jämiel. « Au commencement du monde, les dragons étaient dépourvus de cet attribut. Leurs cœurs, que l'on disait détenteurs d'éternité, étaient convoités par les frêles humains peuplant la terre que ces Créatures avaient longuement habité avant eux. Mais la cupidité de nos ancêtres les poussa à défier ces êtres purs. Ils les chassèrent, les traquèrent pour leur arracher le cœur et le dévorer. » raconta la fille de la nature avec une fêlure dans le timbre, une douleur apparente, amère, comme si elle semblait se remémorer des souvenirs difficiles, comme si elle avait été témoin de ces outrages.

Phobos s'était approché du couple. Il était là, sans vraiment l'être. Il était pratiquement impossible de le percevoir. Il semblait se fondre dans le décor, sa présence presque un mensonge. Il était intangible, mais bien réel. Ses émotions le guidaient, et ce furent elles, plus que lui, qui insufflèrent au rêve le tournant suivant.

« Je le vois, tu sais. » fit la jeune femme. Son ton s'était fait grave. Sa voix, d'ordinaire mélodieuse, était presque devenue rauque. De sa main qui s'était faite délicate quelques secondes auparavant, elle fit mine de marcher de l'index et du majeur, appuyant progressivement à chaque pas sur le torse de l'Alfar. Elle s'était dirigée vers sa poitrine. « Le cœur de mon frère. » lâcha-t-elle dans un souffle, qui s'était fait caverneux. La jeune femme déploya sa main, écartant tous ses doigts au-dessus de l'emplacement où se trouvait le palpitant de son amant. « Celui que tu lui as voler pour s'octroyer sa vie. » gronda-t-elle. Et, alors que les accusations tombaient, les ongles de la brune s'étaient transformés en griffes acérées, qui s'étaient plantées au travers du tissu et de l'épiderme. A bien y regarder, la mutation ne s'arrêtait pas seulement là. Le tatouage avait gonflé, pour monter sur son visage, sa gueule venant englober l'œil de sa porteuse. De partout où l'encre avait dessiné la forme de l'animal, des écailles charbonneuses étaient apparues. Quant à la pupille émeraude, elle avait également muté pour prendre une forme reptilienne, au couleur de l'ambroisie.

Message I - 809 mots


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Avatar de noël : LINOK_SPB
[Event février-avril] - Le temps des dragons 2exr
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Eden & Philomena
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Eden & Philomena
Sam 10 Fév 2024, 22:28

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Le temps des dragons


Philomena attrapa son verre. Maman lui avait préparé une boisson énergisante. Les examens approchaient. Elle renifla et se mit à laper dans le verre, éclaboussant ses notes de vilaines gouttes vert vif. « Oh non ! » L'encre se brouillait déjà. Plus elle essuyait avec sa manche, pire c'était et maintenant, son uniforme tout neuf de Puff-puff Gueurl était tâché. Tristement, elle songea que Cyrielle allait probablement lui demander de quitter son équipe pour être remplacée par une fille plus propre qui ne sentait pas le chien. Elle se mit à pleurer, ruinant définitivement ses fiches de révision. Le problème, quand elle pleurait, c'est qu'elle n'avait plus rien de la jeune fille bien élevée que ses parents s'étaient efforcés d'extraire de l'Eversha. Quand ses émotions reprenaient le dessus, le chien aussi reprenait le dessus. Philomena gémissait donc, assez fort pour alerter tous ses frères et sœurs qui, à leur tour, se mirent à hululer à la mort autour d'elle. Alarmée par ce vacarme, la baronne Hanove surgit dans la pièce, la perruque de travers. « Qu'est-ce qu'il y a ? Pralinette ? Oh ma Pralinette, viens ! Viens sur les genoux ! » Gémissant plus fort encore, l'adolescente se jeta dans les jambes de sa mère adoptive et étala sa morve sur le jupon. La Magicienne tordit un peu le nez, car il s'agissait d'une toilette dernier cri qui lui avait coûté les yeux de la tête, mais son amour pour son ancienne chienne prévalait sur ces problématiques textiles. « Allons, allons, arrête-moi ces grosses larmes de crocodile. Tu peux pleurer, mais fais-le dignement. Regarde, je vais te montrer. » La baronne fit une affreuse grimace et soudain, ses yeux s'emplirent de larmes délicates qui roulèrent discrètement à l'extrémité de ses yeux, là où cela ne risquait pas de ruiner son maquillage. Elle battit des cils, fit jaillir un mouchoir brodé de sa manche et se tamponna le coin des yeux avec une grâce exquise. Émerveillée par ce véritable tour de magie, Philomena en oublia presque de pleurer. « Ma chérie, rappelle-toi toujours que tu es une bonne fille. » Le compliment chasse du visage de l'étudiante les dernières traces de tristesse. Transfigurée de bonheur, elle se mit à haleter et lécha la main de sa mère. « Praline ! Non ! Voyons ! Qu'est-ce qu'on a déjà dit ! Les léchouilles, c'est fini ! Va m'écrire sur une feuille dix fois : "Je ne dois pas lécher les autres quand je suis heureuse, même si je les aime très fort." » « Mais, Maman, je... Oh ! Oh mais je n'ai pas le temps ! Mon examen ! » Affolée, Philomena quitta le giron de la baronne et revint à son bureau. Ses notes étaient toujours fichues, mais elle n'avait de toute façon plus le temps d'étudier. L'angoisse mordit son ventre et elle dut se pincer les lèvres pour se retenir de gémir sourdement à nouveau. On la bouscula alors qu'elle essayait vainement de pénétrer dans la salle d'examen. « Mais laissez-moi passer ! Je vous en prie ! Un peu de discipline ! » Mais la masse d'élève se pressait à la porte, chacun essayant d'entrer le premier car les premiers arrivés avaient les meilleures notes, c'était bien connu. Philomena, au bord des larmes face à une telle injustice, serra son sac contre elle. C'était si frustrant, elle avait presque envie de leur mordre les mollets pour les forcer à tous se mettre en rang.

Finalement, elle réussit à s'introduire à l'intérieur. Une âcre odeur d'encens alourdissait l'air, générant chez la jeune fille une quinte de toux. Vacillant, à l'aveuglette à travers les lambeaux de fumée, elle chercha une table où s'installer pour son devoir surveillé. Toutes les bonnes places étaient prises et elle finit par se trouver un pupitre ridiculement petit, qui aurait sans doute mieux convenu à César qu'à elle. C'est à peine si elle avait la place pour sa feuille. En cherchant sa plume, elle se rendit compte qu'elle avait oublié ses fournitures dans sa chambre. Son coeur martela de panique dans sa poitrine et elle leva une main tremblante pour demander la permission d'y retourner. « Vous allez garder ma place, n'est-ce pas ? Et vous allez m'attendre avant le début du devoir ? S'il vous plaît, je suis vraiment désolée, je vais faire vite, c'est promis. » En coup de vent, elle se rua jusqu'à sa chambre et se trompa de dortoir deux fois. La première fois, elle tomba sur un dortoir rempli de garçons nus qui voulurent lui proposer de passer du temps avec eux au lieu d'aller passer ses examens. « Non ! Non, je refuse ! Je ne peux pas ! Je dois être la première de la classe ! Rhabillez-vous ! Juste ciel ! » Le souffle court, elle referma la porte et en ouvrit une autre. Un chat lui sauta à la figure. Elle aboya de frayeur et de surprise et tomba sur les fesses. Les chats à l'intérieur se mirent à rire et l'un d'entre eux lui jeta une chaussette. « Vous êtes vils ! Méchants ! Cruels ! » Leurs rires redoublèrent et la porte se referma d'elle-même.

Tremblante, Philomena revint en salle d'examen munie de sa plume et de son pot d'encre. Quand elle entra, les élèves étaient tous partis et les tables avaient été repoussées sur les côtés, comme pour laisser plus de place à son imposant occupant. Son coeur sombra dans ses souliers. Le dragon installé sur des monceaux de livres la considéra avec gravité. « Vous êtes en retard, mademoiselle Hanove. » « Je sais, monsieur, je suis navrée. » couina-t-elle, suffoquant presque à cause de l'odeur de brûlé et de peur à l'idée d'avoir raté son examen. « Est-ce que vous allez me demander de partir de Basphel ? » Le dragon posa une griffe sur la page qu'il lisait pour ne pas perdre sa ligne, puis lissa dignement une pampille sur le coin de sa gueule. « Non, voyons. Vous allez passer un examen oral de rattrapage. » « Oh. Oh d'accord. » Ne sachant pas si elle devait en être effrayée ou soulagée, elle s'installa dans un fauteuil trois fois trop grand pour elle. « Commençons. Quelle est la première étape à respecter lors d'un repas ? » Philomena réfléchit avec intensité. Elle savait la réponse, c'était certain, elle avait tellement relu cette fiche qu'elle avait fini en morceaux. « Attendre que les autres se mettent à manger avant de commencer soi-même. » dit-elle, confiante. « Erreur. Il faut doubler sa serviette, et la déposer sur ses cuisses. » Philomena se décomposa et se mit à transpirer. Un halo de chaleur entourait le dragon et lui donnait envie d'ouvrir les fenêtres pour faire pénétrer de l'air frais à l'intérieur. Une telle température, c'était très mauvais pour la truffe. « Quelles sont les dix règles pour être populaire à Basphel ? » « Faire du Puffball ou intégrer l'équipe des Puff-puff Gueurles ou Boïses, prendre la tête d'un des clubs, participer aux évènements de l'AAAP. » commença à réciter sérieusement l'étudiante. Encouragée par le silence du dragon, qui trempait ses lèvres écailleuses dans une tasse de thé fumante, elle poursuivit. « Être en couple, faire des sorties avec ses amis, ... » « Et l'êtes-vous ? » la coupa le dragon. « Plaît-il ? » fit Philomena, décontenancée. « En couple ? » « ... Je... Non, pas pour le moment. C'est que je veux surtout réussir mon parcours scolaire, vous savez. » La fin de sa phrase se perdit dans un filet de voix inaudible. Avec terreur, elle voyait le fond de la gueule du dragon s'illuminer comme des braises. La chaleur augmenta d'un cran et Philomena ne put plus se retenir, elle se mit à haleter pour tenter de réguler sa température corporelle. Le dragon fit claquer le livre entre ses pattes, scandalisé. « Sortez d'ici ! Vous êtes une ratée ! Vous échouerez toujours ! Zéro ! Zéro ! Voici votre note ! Zéro ! » Les montagnes de livres tremblaient et se mirent à tomber sur Philomena qui hurla de frayeur et de douleur. Elle voulut sortir du fauteuil mais il était trop grand et elle n'arrivait pas à se mettre debout. Livrée à la panique la plus complète, elle se laissa tomber par terre et prit la fuite à quatre patte, la queue entre les jambes.

1401 mots
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Dim 11 Fév 2024, 10:08

[Event février-avril] - Le temps des dragons Twsl
Le temps des dragons
Aristia & Persée



La cité ravagée tremblait sous les pas des mastodontes. Près de moi, une échine hérissée de pointes acérées déchira un lambeau de nuages avant de plonger pour hanter l'esprit d'un rêveur. Je me sentais contaminé par l'excitation de mes congénères. Ici où nous étions Seigneurs, nous pouvions modeler le monde selon notre bon vouloir. Ivres de ce pouvoir apparemment sans limites, ils étaient plusieurs à ne pas s'en priver pour tourmenter les êtres vivants. J'étais moi-même tenté d'en faire autant mais ne parvenais pas à me décider.

Je me laissais flotter au hasard entre les allées déchiquetées de Somnium, désœuvré et en quête d'inspiration. Je me demandais comment Perséphone réagirait à l'apparition d'un dragon dans l'un de ses rêves. La jalousie me rongeait et je voulais lui faire payer de me prêter si peu d'attention. Je me détournai cependant de cette idée. J'aurais pu bercer les rêves de Marie-Jane, la rendre heureuse de nouveau. J'écartais les nuages qui masquaient ma vue mais c'est l'esprit d'une enfant qui m'aspira dans son rêve. Son inconscient lui présentait des scènes hâchées sans réel sens et je ne pus m'empêcher d'y mettre un peu d'ordre.

Je fixai la scène sur un jardin dans lequel elle trottinait sur ses petites jambes encore dodues. Entre deux doigts, je pinçai le terrain pour qu'il se gondole de collines où elle pourrait effectuer quelques roulades et cabrioles. Je la laissai s'y amuser le temps de réfléchir à la suite. Au sein des paumes de mes mains gonfla une bulle translucide. Le minuscule dragon à l'intérieur m'observa avec intérêt, attendant mes ordres. Je soufflai dessus, la bulle éclata ainsi que son contenu.

Je descendis dans le jardin et y fit pousser plusieurs fleurs. Leur tige était longue, épaisse, et chaque fleur à leur extrémité était unique par sa couleur et sa forme. Les pétales s'ouvrirent et des bulles irisées naquirent au milieu de chacune. À l'intérieur, de petits dragons sortaient de leur sommeil et s'étiraient avec un plaisir manifeste. Il y en avait des verts, des ailés, d'autres comme des serpents, des violets, des roses, des ronds comme des oursins, et chacun réclamait leur liberté.

Invisible, j'attrapai la main de la rêveuse, la fit tourner sur elle-même avant de la pousser avec douceur au milieu des fleurs. Dans son dos, intangible, mon murmure commanda à la fillette de souffler sur les fleurs. Les bulles éclatèrent et les dragons prirent leur envol. Ils formèrent une nuée colorée au dessus de la blanche avant de fondre sur elle pour se poser sur sa tête et chatouiller ses joues de leurs museaux.

Message I | 463 mots


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Dim 11 Fév 2024, 22:00


Illustration - Inconnu

Le Temps des Dragons
Aristia & Persée


Comment avoir envie de dormir en ayant autant d'énergie ? La Magicienne voulait encore s'amuser et s'était soustraite au regard de sa Famille pour courir à travers les champs. Elle avait la vague impression de se mouvoir au ralenti, presque en canardant, mais ce n'était pas ce qui stopperait sa volonté. Elle en perdit l'équilibre et se laissait rouler en contrebas tout en éclatant d'un rire cristallin, sans se soucier que le terrain plat soit devenu ondulé pour l'encourager à muscler ses petits gambettes pour ensuite savourer le plaisir de glisser sur la pente, sans se soucier que ses vêtements ne soient salis. Une Dame se devait d'être impeccable, en temps normal, peu importât son âge, mais Aristia ne voulait pas être une enfant comme les autres. Elle voulait se salir, se battre et montrer qu'elle était la plus forte. Elle voulait l'être ! Comme inspirée et menée par un cavalier invisible, elle tournait sur elle-même en appréciant de ne pas se prendre les pieds dans l'herbe. Une herbe devenue haute et qui la stoppait dans son élan.

La Magicienne était émerveillée par le Jardin qui se dressait désormais devant ses yeux, sans savoir ni se souvenir si elle l'avait vu auparavant. Les fleurs faisaient presque sa taille et reposaient sur des bases solides pour soutenir des perles translucides où des ombres se mouvaient. Ce n'était pas effrayant. Par instinct, elle soufflait dessus. Et tout éclatât à son visage en l'aspergeant d'eau de rose. Loin de se formaliser de son visage humide, ses yeux étaient grands ouverts pour voir le spectacle coloré au-dessus de sa tête. C'était trop beau !

Vous êtes aussi petits que moi ! s'exclama-t-elle.

Ils tournoyaient autour de sa tête et elle suivait le mouvement en tournant sur elle-même. C'était vraiment rare d'observer des bébés à peine éclos ! Certains venaient se poser sur l'enfant, profitant de ses épaules, de ses bras et de ses cheveux pour sortir leur langue rugueuse et lui donner un semblant de bisou. Jamais elle n'aurait cru que des bêtes aussi effrayantes d'ordinaire puissent être aussi attendrissantes !

Quand vous serez grands, beaucoup plus grands que maintenant, vous serez encore plus incroyables !

Elle avait eu l'occasion de voir des Dragons adultes à Cael. Personne n'osait les déranger ou même s'en approcher, mais ils étaient communs dans la Capitale des Magiciens. Cela la fit encore plus rêver à l'idée de pouvoir dompter une telle bête à la force de ses talents. Elle bombait son torse, fière, levant sa main tendue vers le soleil, presque inatteignable.

Moi aussi, je vais grandir ! J'aurais une grande épée, presque aussi grande que moi ! Et vous savez ce que je ferais avec ?

Sa main tendue se serrait en poing dans un effet dramatique impressionnant.

J'irai botter le cul de ceux qui sont vilains !

Aristia pouffait de rire avant de mettre un doigt sur ses lèvres, comme pour partager un secret.

Ne dites pas à mon cousin que j'ai été vulgaire, il n'aime pas ça !

Post I - 500 mots


◊ DC de Mancinia Leenhardt ◊
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Persée
Lun 12 Fév 2024, 08:43

[Event février-avril] - Le temps des dragons Twsl
Le temps des dragons
Aristia & Persée



Les dragons traversaient mon enveloppe sans effort. Je n'étais pas vraiment là, j'aurais pu choisir de l'être mais la rêveuse devait rester reine de mon univers. Je ne voulais pas troubler ses songes par une présence inconnue et incohérente mais je mourrais d'envie d'interagir avec elle, de partager sa joie. Séduit par ses ambitions, je cédais et commençais à prendre substance. Mes contours se solidifièrent en une forme trapue. Mon cou sinueux se releva en point d'interrogation pour révéler un poitrail aux écailles brillant comme des diamants. Je ne m'étais pas fait très grand, mais je l'étais plus que les dragonneaux avec lesquels la petite jouait. Je menai mon nez jusqu'à elle et soufflai par mes naseaux sur elle. La bourrasque ébouriffa ses cheveux de lune et soudain, elle fut plus âgée, dans la force de l'âge, respirant l'énergie et la santé. Je l'avais souhaitée vêtue d'une armure accordée à ma robe, d'ivoire et incrustée de diamants. Elle avait une épée d'acier blanc dans la main. Mes pattes ployèrent pour la laisser se hisser sur mon dos.

Une clameur retentit au loin, née de ma volonté. Les limites du Jardin s'étaient évanouies et une immense plaine aux herbes hautes ondulait sous les rayons du soleil. Le grondement s'intensifia et une armée noircit la ligne de l'horizon. Je ne m'attardai pas sur le détail de leur apparence et ne leur accordait que quelques caractéristiques vagues, à mi-chemin entre l'homme et le monstre. Les dragonneaux avaient grandi eux aussi. Ils nous encadraient, la gueule fumante et les yeux de braise fixés sur l'ennemi, attendant le signal de la rêveuse pour fondre sur l'attaquant. La masse grouillante se rapprochait et mes griffes s'enfoncèrent dans la terre que nous devions protéger.

Dès que ma cavalière lança l'offensive, les dragons prirent leur envol, trompetant leur défi au ciel. Je me joignis à eux et me hissai à mon tour en quelques battements d'ailes. D'un rugissement, je relâchai une gerbe de feu. Mes congénères m'imitèrent et nous plongeâmes sur les vilains, comme la fillette les avait prénommés plus tôt. La scène se flouta. Je ne voulais pas que la rêveuse ne retienne que la violence de la bataille, et je n'avais de toute façon pas l'imagination nécessaire pour tisser le rêve dans cette direction. Tout ce que je savais des guerres, je le savais de ce que Perséphone avait pu me raconter lorsqu'elle étudiait l'histoire et la stratégie. J'estimais toutefois que ces sujets ne devaient pas encore préoccuper la fillette et j'accélérai le temps jusqu'à la fin où, auréolée de gloire, elle se tenait à mes côtés sur un promontoire. De simples tâches noires informes salissaient l'herbe à nos pieds, seuls restes évocateurs de nos ennemis défaits. Allongé, le nez dans l'herbe, j'observai la femme avec curiosité. Je l'avais dessinée en tentant de respecter ce que j'avais deviné d'elle et elle était belle, forte. Dans son armure lisse de toutes traces de la bataille, elle resplendissait et ses longs cheveux capturaient les rayons du soleil. Alors que le rêve s'éteignait, je lui soufflai le titre qu'elle m'avait inspiré, celui de Dragonne Blanche et embrassai sa silhouette une dernière fois avant de revenir hanter mon monde dévasté, à peine plus dense qu'une écharpe de brume.

Message II | 583 mots


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Sól
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Sól
Lun 12 Fév 2024, 08:52


Le temps des dragons
Élise & Sól

« T'es prêt ? » demanda Sól. « Vas-y, envoie au lieu de parlementer. » maugréa le démon, à quelques dizaines de mètres de la blonde. Il avait perdu le pari et devait à présent en payer les conséquences. Quelles avaient été les règles exactement, la Kendov ne s'en souvenait plus très bien - ses idées étaient floues sur les évènements qui avaient précédés cette scène mais elle était persuadée d'une chose : elle avait gagné, et elle adorait ça. Profitant de son instant de gloire, la Réprouvée s'arma de la tête de Goled, qu'elle fit rouler entre ses mains. Elle était lourde, plus due à l'épaisse ossature qu'à l'intelligence que ce crâne avait recelé de son vivant. La lanceuse prit ses marques, prête à tirer, mais s'arrêta en remarquant quelque chose. « Eh, vire tes mains de là ! On a dit pas de triche ! » protesta-t-elle véhément, pointant de l'index les mains que Máni avait placé stratégiquement devant son entrejambe. « Et si tu vises mal hein ? » Un sourire mauvais s'étira sur le visage de la tortionnaire. « Dommage pour toi. » « T'es sérieuse, bordel ? Et si tu m'arrache une couille, hein, t'y as pensé ? » Sól leva les yeux en l'air, excédée, agrippant la tête par sa tignasse parsemée et laissant son poids pendre au bout de son bras droit. « T'en fais pas c'est pas pour ce que tu l'utilises qu'elle te manquera. Et puis, si une simple tête de Goled réussit à te mettre hors fonction, tu mérites pas de te reproduire. » nargua la manichéenne, riant de bon cœur lorsque son jumeau lui répondit par un geste grossier du majeur.

La blonde s'apprêta à tirer au pied. Finalement, elle changea d'avis au dernier moment, braquant le bras qui avait tenu la tête en arrière, pour lui donner de l'élan. Lorsqu'elle lâcha la masse qui avait pesé sur sa main, il ne s'agissait plus d'une chaire putride viciée sous la chaleur, fonçant sur le Tynath'thuk. A la place, ce qu'il restait du Goled avait été remplacé par un dragon aux écailles bleutées, le dos hérissé de pics. Sól gonfla ses muscles et le propulsa le plus loin possible. « Vole ! » l'encouragea-t-elle. La créature s'éleva dans les airs et commença à décrire des cercles autour de la jeune femme. Celle-ci déploya ses ailes et la rejoignit dans les cieux, un rire venant ponctuer son envolée. Le décor avait lui aussi changé : il n’y avait plus de ferme, plus de démon ni de champ : ce dernier avait été remplacé par une prairie envahie de colza. Les deux ailés entamèrent une danse paisible.

Puis, soudainement, la blonde remarqua qu’elle était seule. A cet instant, elle fut prise d’une vive angoisse qui lui serra les entrailles. Un sentiment d’urgence lui malmena la gorge. Elle avait la sensation d’avoir oublié quelque chose d’important, qu’on lui avait arraché une part d’elle-même. Tournant la tête en tous sens, affolée, elle scruta l’horizon, à la recherche du dragon, sans plus le trouver. Elle prit une direction au hasard et battit des ailes pour se propulser le plus rapidement possible, ses yeux fouillant le panorama désespérément vide.

Le temps sembla s’étirer dans une éternité suffocante, où la solitude se mêla à l’angoisse d’avoir perdu quelque chose de primordial – seulement, elle ne parvenait toujours pas à se souvenir de quoi il s’agissait. Sa délivrance arriva néanmoins, sous une forme inattendue : en contrebas, dans le champ doré, une silhouette attira son regard. Sans hésiter un instant, la Manichéenne fondit vers elle. Son visage lui était familier et en la reconnaissant, la blonde sentit un sentiment doux, chaud, commencer à repousser lentement les émotions négatives qui l’avaient contaminé. Elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. « Élise ! » s’exclama-t-elle en reprenant pied à terre, étirant un bras pour capter son attention. « Est-ce que tu l’as vu ? » demanda-t-elle en s’approchant. « Le dragon, tu sais où il est parti ? » fit-elle. Elle n’était pas essoufflée, bien qu’un tel effort de voltige aurait dû lui enflammer les poumons. Peut-être était-ce sa camarade qui apaisait tous ses maux. « Tu veux bien m’aider à le retrouver, s’il te plait ? »

Message I - 705 mots
Anha’Sona:
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Lun 12 Fév 2024, 17:00

G E M I N I par Adrian Mangili
Le temps des dragons
Phobos & Jämiel

C'était l'un de ces rares moments de paix qu'il arrivait à s'accorder. Bellone avait cet effet immédiat chez lui d'apaiser son esprit, qu'importait la situation. Isolés au cœur de la forêt, seuls au monde, sans un bruissement de feuilles pour perturber cet instant, sa poitrine se levait lentement et s'affaissait de même, calquée sur la respiration de l'Orine. Une main enveloppant celle de la brune, Jämiel se laissait bercer par la voix de sa Rose Noire et les caresses de ses doigts sur son visage. Une vague glacée vint troubler la nature, soulevant l'herbe sauvage et s'engouffrant à travers le feuillage de la canopée. Une vague à peine sensible mais qui interpella assez l'Alfar pour qu'il rouvrit les yeux. Un sourire flotta sur les lèvres tandis qu'il dessinait du regard les traits de Bellone. Ses mots le firent cependant réfléchir en même temps qu'il pouvait comprendre la peine qui animait la Muse. « La Nature a trop peu d'importance pour l'Avare et l'Égoïste. Elle ne lui apparaît que comme une simple ressource qu'il peut épuiser impunément jusqu'à en tarir la terre. » commenta Jämiel en réponse à la tristesse de Bellone. Le problème était qu'ils étaient nombreux à mépriser la terre nourricière.

Ses yeux revinrent trouver le visage tendre de Bellone. À la surprise du Nerethi, il n'avait plus grand chose de tendre. Il voulu tendre une main vers sa joue pour apaiser son malheur. Il se trouva cependant confronté à une colère sans nom le figeant de stupéfaction. Une haine qui transparaissait dans toute la posture de l'Orine, dans son regard, dans la tonalité de sa voix. « Qu'est-ce que tu vois ? » s'inquiéta-t-il. Il n'avait jamais vu Bellone dans un tel état. Il craignit alors qu'il ne lui soit de nouveau arrivé malheur. Qu'elle n'ait à nouveau été touché par une malédiction. « Ton frère ? ». Il ne l'avait jamais vu. Jamais rencontré. Ou il n'en avait pas mémoire. Même son nom il l'avait oublié. Ça n'était pas correct. Lui en voulait-elle pour ça ? Quoi ? L'interrogation, quand bien même demeurant silencieuse, dépassa les frontières de sa pensée pour parvenir à l'esprit de chaque être, vivant ou non. Il se rendit alors seulement compte qu'il n'y avait pas que son Orine qui s'était faite particulièrement menaçante. L'herbe dans son dos lui était devenue douloureuse, comme s'il était allongé sur un millier de longues aiguilles aiguisée. Le silence de la forêt était devenu lourd et lui pesait sur le corps, comme écrasé par un monolithe. Les ténèbres n'avaient jamais été aussi obscure. C'était comme s'il s'enfonçait dans un vide infini, une nuit éternelle dépourvue d'étoiles, plus sombre et asphyxiante que les abysses elles-mêmes. Avant qu'il ne put réagir, les ongles de l'Orine métamorphosée s'ancrèrent avec violence dans sa peau. Il les sentait traverser ses côtes, percer ses poumons, serrer son cœur. Ses os craquèrent, sa peau se déchira, son habit se fit poisseux. Dès qu'il le put, il se détacha de Bellone et se redressa pour lui faire face, une main sur la blessures. Puis il le vit. Il battait encore à l'intérieur de la main de celle qu'il chérissait plus que sa vie. Son vêtement déchiqueté, sali de la terre, du sang et de la chaire, laissait voir un trou béant dans son torse. Sa cage thoracique, rougeoyante et dégoulinante de lymphe et de sang, était exposée à la vue de tous. Ses poumons déchirés pendaient mollement sur ses os et son habit. Ces organes continuaient à se gonfler et se vider d'air malgré les tissus en peine dont certains s'étaient écroulés à même le sol. Déjà on pouvait voir fourmis et vers s'agglutiner autour pour s'en délecter. Un râle de souffrance s'extirpa de son oesophage, faisant trembler sa trachée à nue et lacérée comme le roseau sous la brise glacée de l'hiver. Cette souffrance, elle n'était pas dûe à la plaie, mais au cœur qui lui avait été arraché et à présent malmené par Bellone.

Un souvenir surgit de nul part et prit forme à côté de l'Aisuru et son Orine reptilienne. Il y avait cette créature, identique à celle que devenait Bellone. Il y avait lui. Il lui faisait face comme il faisait face à la brune. Là où elle se montrait dominante, c'était lui qui l'était devant la créature au sol. Il y avait le feu, il y avait le sang. Il y avait la rage, il y avait la douleur. Sans une once de pitié pour le dragon encore en vie, il avait déchiré le cuir de sa peau pour en arracher le cœur comme l'Orine l'avait fait avec lui. Il l'avait regardé expirer, victorieux, le sang du monstre ruisselant entre ses doigts et sur ses lèvres, dévorant avide l'organe de l'éternité. « C'est trop tard. Il n'est plus à toi. ». La réplique, acerbe, avait été prononcé dans un râle caverneux. Il croisa le regard de sa silhouette. C'était ça. Il ne suffisait que d'un cœur. « Tu n'auras pas ma mort. ». Il l'avait déjà fait. Il le ferait encore si c'était nécessaire. Soit elle lui rendait ce qu'elle lui avait volé. Soit... Sa propre attitude se fit animale. Comme un prédateur agressé et acculé. Comme un lion dont la rage le menait à des actions excessives et, surtout, irrémédiables. Comme une bête que l'on voulait abattre, prête à tuer en représailles et pour sa survie. Il n'admettrait la mort qu'une fois le monde à ses pieds. S'il devait massacrer cette race de cracheur de feu pour ça, il le ferait. S'il devait saigner Bellone pour ça, il le ferait.


© ASHLING POUR EPICODE




Post I | Mots 938
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Ssyi'hæ
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Ssyi'hæ
Lun 12 Fév 2024, 17:35



Le temps des dragons
Khelil & Jezeṃiās



« C'est à ton tour de compter, Jezz ! » « Ouais ! » répliqua Jezeṃiās avec enthousiasme. Au jeu de cache-cache, il préférait être celui qui traquait les autres. « Vous êtes prêts ? » Malgré la pluie qui s'abattait sur Liluvel, froide et décourageante, les enfants préféraient jouer en extérieur. L'intérieur du bâtiment devenait plus que lugubre quand le mauvais temps s'abattait sur le domaine et ils n'avaient pas le droit de courir ou de jouer dans les couloirs. Personne ne se risquait à transgresser le règlement établi par Madame Verroncel.

Jezeṃiās plaqua ses paumes de main sur ses yeux et se mit à compter à voix haute. Il entendit les pas des enfants s'éloigner de lui. Avant d'arriver au terme de son décompte, le Démon rouvrit les yeux. Personne ne pourrait prouver qu'il trichait. Autour de lui, le paysage avait changé sans que cela ne le trouble particulièrement. Il baissa les yeux, ses chaussures usées s'enfonçaient dans la terre devenue spongieuse de boue par la pluie. Il s'en débarrassa et tâcha de marcher en gardant son équilibre, focalisé sur sa mission de retrouver tous les enfants. Tant bien que mal, l'enfant longea une allée bordée de lavande sauvage. L'odeur lourde et entêtante des fleurs l'incommodait. Il n'avait jamais aimé les fleurs et quand le vieillard Bienaimé venait leur rendre visite, il refusait tout net de participer à l'entretien des parterres de fleurs avec les autres orphelins. Dès que le Magicien âgé quittait enfin Liluvel, Jezeṃiās sortait la nuit pour aller réduire en bouillie les végétaux. À l'inverse des autres orphelins, il n'appréciait pas le vieil homme. Il puait la bienveillance gratuite et son air calme déclenchait en son âme le besoin de tout saccager pour briser cette insupportable sérénité. Il n'osait jamais s'en prendre à lui frontalement, alors il s'efforçait de tout gâcher par derrière une fois que Bienaimé n'était plus là pour le surprendre. La directrice, elle, l'avait pris sur le fait. Il l'avait vue le regarder par la fenêtre de son bureau, une nuit où il arrachait violemment les plants de tulipes. Elle ne l'avait jamais convoqué, ni mentionné quoi que ce soit à ce sujet et il avait fini par croire avoir rêvé cette nuit.

Jezeṃiās se trouvait maintenant au milieu d'arbres fruitiers, près de hauts remparts d'un blanc vieilli. Il se souvenait qu'il devait débusquer les enfants cachés, mais son regard ne cessait de revenir sur des fruits d'un rouge presque noir comme des cerises. Il s'avança et tira sur une branche pour en arracher le fruit. Mûr, celui-ci se déchira sous la pression de ses doigts et un liquide épais comme du sang goutta entre ses doigts. Il mordit dedans et ses yeux s'arrondirent de surprise quand un goût non pas sucré, mais métallique envahit sa bouche. Quand il regarda à nouveau, il vit un coeur, à moitié déchiqueté par sa bouchée. Encore tiède, il frémit d'une dernière pulsation dans ses mains. L'enfant se passa sa langue sur ses lèvres et dévora le reste de l'organe. L'orphelinat le laissait toujours affamé, ils ne sortait jamais de table rassasié. Cette nourriture-là était chaude, nourrissante, agréable en bouche. Il releva les yeux de son festin pour voir un autre garçon qui l'observait. Sans un mot, il détacha un autre fruit de l'arbre et le lui lança. « Mange. C'est bon. Tu sais où sont les enfants ? » Au moment où il posait la question, des cris étouffés jaillirent du sol qu'ils foulaient. La terre molle et humide aspirait les pieds des garçons comme des sables mouvants. Quand ils furent ensevelis jusqu'à la taille, Jezeṃiās commença vaguement à s'inquiéter. Les hurlements s'intensifiaient sous terre. Il oublia de fermer la bouche quand il sombra sous la masse grumeleuse brune. Forcé d'avaler ce qui avait pénétré sa bouche, il fut surpris de découvrir qu'elle avait aussi un goût de sang.

Il tomba dans une pièce à plafond bas où régnait une vague odeur de renfermé et de moisissure. Les orphelins étaient là, blottis dans un coin. Frissonnants, ils tressaillaient chaque fois qu'un cri inarticulé traversait le mur depuis une salle adjacente séparée par une porte en bois. Le sol tremblait, comme sous l'effet d'un poids à la volumétrie aberrante se déplaçant avec lourdeur. L'odeur de la mort et de la peur suintait de partout. Le Démon s'approcha du garçon aux cheveux pâles. « Ce sera notre tour, après. » lui apprit-il, confiant. Il lui décocha un sourire rassurant. « Mais ça ira. On est protégés. » Ils avaient mangé les fruits, l'essence même de l'entité tout autour d'eux vibrait en harmonie avec eux. Ils formaient un organisme unique désormais. Il respira et entendit les murs respirer en rythme avec lui.

Message I | 833 mots


[Event février-avril] - Le temps des dragons 90xy
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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Lun 12 Fév 2024, 21:58

Le temps des dragons
Pulsar & Alþjófr


La braise brûlante. Le souffre pestilentiel. La chaleur écrasante. L'air asphyxiant. L'éclat terrifiant d'une lumière ravageuse.

Non. Ce n'était pas ça.

La braise crépitante. Le souffre capiteux. La chaleur apaisante. L'air vivifiant. L'éclat dansant d'une lumière pleine de vie.

Et pourtant un terrible spectacle.

La terre était noircie par les flammes. Les arbres abattus par la guerre. La vie anéantie par la haine. C'était le silence qui accompagnait les pas du Nain et la détresse qui illuminait son regard. Le marteau dans une main, une épaisse pince dans la seconde, il parcourait le paysage depuis un certain temps. Nulle fatigue dans ses muscles. Nulle douleur dans ses pieds. Il avançait encore et encore. Il était seul, au milieu du paysage en ruine, à chercher. Seulement chercher. Il n'avait aucun nom à mettre sur cette chose. Ni aucune forme d'ailleurs. Mais c'était important. Alors il continuait à marcher.

Encore.

Toujours.

Mótsognir lui avait tenu compagnie pour un temps. Ils s'étaient séparés au milieu de la toundra en cendre, celui-ci disparaissant simplement. Un grondement sourd parvint aux oreilles d'Alþjófr, là, à quelques pas de sa position. Encore un tremblement de terre ? Oui. C'était pour ça qu'il était ici.

La terre tremblait.

Les continents s'effondraient.

L'océan s'asséchait.

Quelqu'un avait subtilisé le Cœur de la Terre. Quelqu'un avait été trop avide. Il avait creusé, creusé, creusé, creusé encore, plus profondément que n'importe quel être en ce monde ne l'avait fait. Il avait creusé jusqu'à mettre la main sur le joyaux intouchable du monde. À présent, la terre se mourrait. Un nouveau grondement retentit, plus intense.

Mais cette fois, la terre ne trembla pas.

Elle se souleva, flotta, s'éleva, s'amoncela.

Un monticule informe commença à prendre naissance dans les airs. Il grossit et grossit et grossit encore jusqu'à toucher la terre et le ciel. Il s'allongea, s'étira, en longueur, en largeur et en hauteur.

Doucement la créature pris forme. Noire comme la nuit.

Deux immenses ailes griffées et greffées à même les membres antérieurs de ce qui commençait à ressembler à un animal brassèrent l'air. Une tête s'allongea et se forma. Un alligator. C'est à ça que pensa Alþjófr en voyant la rangée de dents pointues et acérées qui dépassaient de sa mâchoire fermée. Le dragon enfin formé tourna son long cou vers le Petit Être à ses pattes. Il paru encore plus petit qu'habituellement. Ses yeux, comme deux rubis en feu s'ancrèrent à l'émeraude de ceux du guerrier. Ce dernier ne fut pourtant pas effrayé par cette présence nouvelle. Non. Malgré la colère qui enflammait les iris du dragon, malgré la défiance que sa posture laissait deviner, Alþjófr n'avait pas peur. Il n'avait pas peur parce qu'ils étaient les mêmes. Tous deux étaient nés du feu et de la terre. Tous deux trouvaient leurs racines dans la guerre et l'espoir. Alors il s'approcha, encore, jusqu'à pouvoir poser sa main sur les écailles comme des morceaux de charbon. Sous sa paume, elles prirent l'éclat du fer et scintillèrent des flammes qui se dégageait de sa cuirasse.

Un grondement étranger tonna dans les cieux. Alþjófr leva la tête vers les nues éclatantes et lumineuses, en parfaite opposition à la terre sombre et terne qu'elles surplombaient. Une silhouette se dessinait entre les rayons d'un soleil absent.

Grande.

Majestueuse.

Mais étrangère.

Était-ce ce voleur qu'il avait cherché puis attendu tout ce temps, terré dans la poussière et les décombres d'un monde dont on avait dépouillé l'âme ? Alors il gronda, se redressa et déploya ses ailes de toutes leur envergure, prêt à cueillir l'étranger.

©gotheim pour epicode


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Khelil et Maëra
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Khelil et Maëra
Mar 13 Fév 2024, 11:33


Image par Caemi.
Le temps des dragons
Jezeṃiās & Khelil

Tu te tiens devant l’arbre des ancêtres. Il se découpe sur le ciel grisâtre, fond monochrome faisant ressortir cette silhouette squelettique et sombre. Des cordes pendent de ses branches, ici et là, dansant sous une brise qui n’atteint pas ta peau. Certaines sont décorées de fleurs, d’autres arborent des couleurs vives, les dernières laissent transparaitre leur simplicité, leur nature véritable dans leur parure funeste faite de chanvre. Des cadavres s’y balancent, faisant ployer leur support sans le faire céder, les branches grinçant sous le poids des remords qu’elles exhibent. « Suis-nous. » semblent te murmurer les pantins à la nuque brisée. Ton regard s’abaisse. Au loin, derrière, tu aperçois la forêt. Devant elle, des silhouettes vêtues de blanc semblent s’adonner à une farandole. Leurs éclats de rire t’intriguent. « Viens à nous. » t’appellent-elles. Alors tu t’exécutes et les rejoint, en quelques foulées aériennes. Leurs visages t’échappent, mais ce détail ne te préoccupe pas – tu sais d’instinct les reconnaître, Maëra, Dogma, Mathilda, et d’autres femmes de la communauté. « Qu’y a-t-il là-bas ? » demandes-tu en regardant l’épais bois devant lequel tes sœurs dansent. « Je ne sais pas. Seuls les élus de Bahäany ont le droit de s’y rendre. » Une main se pose sur ton épaule, des lèvres s’approchent de ton oreille. « C’est toi qu’elle a choisi. » susurrent-elles. Elle a raison. Tu le sens, cet appel qui résonne jusqu’au plus profond de toi-même, qui te pousse à t’aventurer par-delà la limite de votre terre. Est-ce le domaine de la Bienfaitrice, qui se trouve derrière ?

Tu déambules à travers la forêt, promenant tes mains sur les troncs, tes doigts s’éraflant contre l’écorce avide, qui semble prête à t’absorber si tu t’attardes trop. Il y a quelque chose d’oppressant. Et pourtant, tu ne peux t’empêcher de flirter avec cette frontière du raisonnable. Chaque seconde est décisive, menacerait presque de te faire basculer dans le néant. Tu sens un froid t’engourdir à chaque fois, te paralyser presque, mais un sentiment de puissance et d’euphorie balayer le cauchemar à chaque fois que tu parviens à t’échapper à cette prise.

Le garçon met un terme à ton jeu. Lorsque tu l’aperçois, tu te contentes de l’observer en silence. Tu attrapes d’une main le fruit qu’il t’a cueilli. Tu le regardes, curieux, pulser entre tes doigts ; son jus est poisseux et tiède, il trace un sillon le long de ton avant-bras, comme s’il essayait de se superposer à tes veines. Tu croques. Était-ce bon ? Tu ne sais pas vraiment. Mais tu sais qu’il te faut le dévorer jusqu’au bout, alors tu plantes à nouveau tes dents dans la chaire, la déchire, la mastique et déglutis, répétant le processus jusqu’à ce que le cœur ait disparu de l’intérieur de ta paume. « Tu les a perdus ? » demandes-tu. Ce n’est pas bon. Vous avez besoin de ces enfants. Ils sont importants.

La terre t’absorbe. Tu baisses les yeux, spectateur impuissant de ton destin. Finalement, l’écorce aura sa vengeance. Est-ce de trop l’avoir nargué qui a déclenché cette situation ? Tu sens ton propre cœur s’affoler dans ta poitrine. Non, tu ne veux pas mourir étouffé. Tu ne veux pas sentir la terre s’infiltrer dans ta gorge tandis que tu hurles pour appeler à l’aide. Tu ne veux pas sentir les vers ramper contre ton corps, creuser un réseau de galeries dans ta chaire. Tu ne veux pas disparaitre. Et Maëra ? Comment vivrait-elle sans toi ? Et puis, tu ne peux pas mourir avant d’avoir vu Bahäany. L’angoisse grandissant en terreur, tu essayes de te débattre, de repousser la terre, de t’accrocher à une branche : tes mouvements ne font qu’accélérer ta descente en enfer, tes ongles se gorgent de cette matière mortelle, et les branches semblent se dérober hors de ta portée – qui nargue qui, à présent ?

Tu respires à nouveau. Tremblant, une perle de sueur se matérialisant sur ta tempe. Tu ne reconnais pas la cave où vous avez atterri. Pourtant, ton camarade te fait remarquer la connexion qui vous unis à ce lieu. A ton tour, tu inspires – les murs semblent se contracter, frémir. « Tu as raison. » approuves-tu. « Mais eux… » Tu te retournes vers les orphelins apeurés. « Les pauvres… Ils ne peuvent pas comprendre. » dis-tu avec une pointe de pitié pour eux. Ils ne sauront jamais ce que c’est que de se sentir gracié par la Bienfaitrice. Tu t’approches de l’un des garçons recroquevillés dans un coin. « N’ai pas peur. » dis-tu d’une voix que tu veux apaisante. Tu tends une main dans sa direction. « Tout se passeras bien. » assures-tu. « N’as-tu pas hâte de rencontrer Bahäany, toi aussi ? » te confies-tu à l’enfant avec une pointe d’excitation. L’ingénu noue vos mains. Le contact de vos peaux t’affame. Tu ne peux t’empêcher de passer ta langue sur tes lèvres, comme si tu te réjouissais d’avance du repas qui t’attend. « Viens… » murmures-tu, devenant à ton tour cette voix tentante qui t’a attiré dans ces bois maudits. Tu te lèves et vous diriges vers le mur : à ton approche, une crevasse se dessine. « Venez-tous. » les encourages-tu. Un à un, les âmes perdues se redressent et suivent le chemin que tu dessines.

La salle voisine est plus saturée encore des odeurs de mort et de peur. Tu prends une grande goulée d’air : ton épiderme est parcouru de frissons délicieux, dû à l’excitation. Tu sais ce qu’exige le rituel. Tu conduis le groupuscule de gamins au centre de l’étoile à seize branches incrustée dans le sol. « Restez ici. » leur indiques-tu avant de rejoindre le côté de l’invocateur. « Ca va ? Tu vas perdre tous tes amis. » lui rappelles-tu. « Es-tu prêt à les sacrifier ? » Et toi, te demandes-tu. Qui vas-tu sacrifier, pour la gloire de ta déesse ? Okhadja apparait alors, au milieu des orphelins : certains enfants l’ont repéré et déjà commencé à la caresser, comme pour s’octroyer le réconfort qu’elle t’apportait habituellement. La voir ici, cependant, t’arrache le cœur. Une larme coule le long de ta joue – tu ne souris plus du tout. « Je suis désolé. » lui souffles-tu. Puis tu lèves ta main gauche, pour que ton partenaire s’en saisisse. Dès que vos doigts s’entremêlent, tu commences la prière. L’invocation peut enfin débuter.
Message I - 1037 mots
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Seiji Nao
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Seiji Nao
Sam 17 Fév 2024, 10:29





La tête dans les nuages, Seiji observe la danse des flocons. Peut-être seront-ils les derniers de l’année ; annoncé par de timides excroissances sur les arbres du jardin, et par des nuits de plus en plus courtes, le printemps approche. Bientôt, l’esprit de l’hiver cédera la place à sa petite sœur. À la pensée du défilé des saisons, son cœur se gonfle de joie. Souveraine de toutes choses, la nature étend son emprise sacrée bien au-delà du village. Parfois, il se demande à qui ressemble le monde, loin des vergers. Son regard se perd dans l’horizon, mais, presque aussitôt, la curiosité se détourne de lui, chassée par son amour des environs : la chaleur d’un foyer protège de bien des dangers. Des toitures parées de neige aux chemins glissants, la bourgade dégage à ses yeux un charme que rien ne saurait ébranler. D’ici quelques semaines, des parterres de fleurs égayeront les rues, et les premiers pétales s’épanouiront au verger, pointes de couleur sur des branches frémissant de vie.

Pour l’heure, tout est calme. L’obscurité enveloppe encore les bâtisses, rompue seulement par le grand brasier du temple. Gardien des flammes, il s’élève fièrement face aux derniers frimas, jetant un défi à leurs reflets blancs. La fraîcheur de l’air glace les poumons du violet. D’un geste machinal, il s’emmitoufle dans son châle doublé de laine. Une étoile de givre lui tombe sur le nez, poudrant sa peau d’humidité. Retenant un éternuement, une voix criarde résonne soudain.

« Seiji, vite ! La prêtresse dit que c’est le grand jour ! »

Les contours flous de sa sœur s’agitent autour de lui. De son visage, il n’aperçoit que le rouge de ses joues et son expression mécontente.

« Et tu n’es même pas habillé ! Enfile ta tenue, dépêche-toi ! »

Sans ménagement, elle le pousse à l’intérieur de la maison. Son pied heurte le bord de la cloison. Emporté par son élan, il se sent basculer, mais n’atteint jamais le sol.

Lorsque ses yeux s’ouvrent à nouveau, Seiji se tient très droit sur la place principale. Emmailloté dans un kimono, il devine aux figures béates de ses voisins que la cérémonie a commencé. De la gorge de la prêtresse monte une mélodie aussi délicate que le murmure du vent, répétée par tant d’autres avant elle. À ses côtés se tient une vieille femme à l’air revêche, qu’il n’a jamais vue. Ses mains osseuses s’agrippent au registre. Il sait qu’elle sera sa partenaire pour la journée à venir, détentrice des précieuses recettes. Soucieux de ne pas interrompre les festivités, il lui adresse un sourire radieux. Des fourmillements lui picotent les doigts. D’ici le coucher du soleil, il leur faudra accomplir leur mission. Quelques heures pour satisfaire l’estomac d’un esprit, et assurer au village la venue du printemps.

Soudain, le brasier s’emballe. Les flammes montent dans les airs, cherchant à se dévorer les unes les autres. Le violet se demande quel animal choisira l’hiver, cette année. Secrètement, il espère avoir affaire au tigre dévoreur de framboises, ou au lapin amateur de bière. Depuis l’enfance, il rêve de les apercevoir. De la sueur perle sur e front de la prêtresse. Alors que la litanie s’achève, un éclair de feu aveugle le public. La lumière ne blesse ni les yeux de Seiji, ni ceux de sa camarade du jour. Fierté et joie se succèdent sur les traits du premier.

« Nom d'un petit bonhomme ! Je n’ai jamais vu de forme aussi majestueuse. »

Une créature gigantesque se tient au milieu du foyer. Couverte d’écailles, elle agite puissamment sa queue. Les iris teintés de sagesse et de sérénité, elle observe ses serviteurs sans piper mot. Frétillant d’impatience, l’Hanatsu se penche vers la vieille femme.

« Alors ? Comment va-t-on satisfaire son appétit, aujourd’hui ? Dites-moi tout, brave dame ! »

Dans son ravissement, le violet ne remarque pas le silence plein d'appréhension qui s'étire autour d'eux.

624 mots | Post I

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Kitoe
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Kitoe
Sam 17 Fév 2024, 17:21

Claer & Blu
le temps des dragons
League of Legends - Milio, the Gentle Flame


Tout le monde ne parlait que d’une seule chose à Basphel. Du moins, c’était ce que laissait suggérer le comportement de tous les étudiants autour de Blu. Quand elle passait dans les couloirs, quelques regards se tournaient dans sa direction. Elle ne comprenait pas pourquoi : elle n’avait rien fait de particulier dernièrement. Décidant qu’elle finirait quoi qu’il en fût par savoir ce qu’il se tramait ici, la Magicienne poursuivit sa route vers son cours d’ophtalmologie-environnementale.

Arrivée à la porte de sa classe, Blu réalisa qu’elle était la seule étudiante. Elle n’était pourtant pas en avance et la salle aurait déjà dû être occupée par d’autres élèves plus assidus qu’elle. Elle interrogea sa professeure, une grande dame aux cheveux blancs dont elle ignorait le nom - c’était simplement sa professeure et il n’y avait rien d’autre à savoir.

-Où sont les autres ?

La scientifique lui répondit d’abord par un sourire.

-Je devrais te retourner la question : qu’est-ce que tu fais ici ?

Blu resta pantoise d’incompréhension. La femme brandit une feuille colorée, pliée en trois. En la prenant entre ses mains, la Mage bleue découvrit qu’il s’agissait d’un prospectus.

-Safari Magique…

C’était écrit en grand sur la première page. Les lettres se mouvaient et changeaient de couleur. Le S n’était autre qu’un serpent camouflé dans la police d’écriture, qui glissa et chuta sur le carrelage. Sans y prêter plus d’attention, Blu déplia la brochure. Ses yeux se mirent à briller.

-Par Suris ! C’est génial !

Cette aventure était faite pour elle. Il fallait qu’elle y aille !

-Je dois y aller. Indiqua-t-elle d’ailleurs à la professeure.

-Vas-y ! L’encouragea cette dernière.

Blu ne se le fit pas dire deux fois. Elle s’élança en sens inverse dans les couloirs. Il lui fallait absolument trouver Claer pour lui parler de cette aventure. Les élèves s’écartèrent sur son passage. Tous souriaient et certains clamaient même des encouragements à son attention, comme des “Ouais !” ou “Tu peux le faire, Blu !” qui la galvanisaient. Pour autant, elle ne savait plus par où passer pour rejoindre sa camarade. Plus ça allait et plus le flot d’étudiants, dense au départ, s’étiolait, pour qu’à la fin, il ne restât plus personne. L’école, quant à elle, était devenue labyrinthique. Les couloirs droits devinrent de plus en plus biscornus, puis des échelles et des escaliers, des trappes et des pièges apparurent progressivement avec son avancée.

-Claer ! Appela-t-elle, ne sachant plus trop où donner de la tête.

Tout à coup, le couloir s’élargit. C’était la sortie et Blu comprit qu’elle avait passé le test d’aventure avec brio, celui-ci même qui se déclenchait quand on décidait de partir en safari magique. Elle déboula directement dans le dortoir que les deux adolescentes partageaient.

-Claer ! Elle colla le prospectus sous son nez. Il faut qu’on y aille ! Maintenant. On va pouvoir explorer des terres exotiques ! Il y aura des Mériflons ! Des Scornettes cornées ! Et même des Arjibelles d’or !

Se laissant tomber sur ses genoux, la bleue extirpa un sac à dos d’expédition de sous son lit et commença à préparer ses affaires. Dans sa tête, elle se trouvait déjà dans la jungle épaisse qui les attendait.

534 mots



Bijin
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Persée
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Persée
Sam 17 Fév 2024, 18:54

[Event février-avril] - Le temps des dragons O8at
Le temps des dragons
Faust, Perséphone & Persée



Si j'avais eu un cœur, il aurait été léger, comme une bulle d'air flottant joyeusement. Je pouvais être fier de moi. Ce n'était qu'un rêve, trois fois rien pour nous, mais pour l'enfant, ce serait une nuit unique, dont elle se souviendrait plus tard, qui lui donnerait du courage quand elle en manquerait et qui nourrirait ses ambitions. Quelque part, ce serait graâce à moi si le futur lui souriait. Je ris à ma propre réflexion. Absurde. Mon bonheur se ternit cependant alors que mes réflexions reprenaient leur cours. Elle ne saurait jamais qui était l'artisan derrière ce rêve. Au final, je n'existais pas davantage dans les rêves que dans le monde réel. Ici ou là-bas, je n'étais rien. Je pouvais avoir une influence, mais sans jamais pouvoir m'en attribuer le crédit. Il n'y aurait jamais personne pour saluer mes réussites.

En chemin, des notes familières happèrent mon enveloppe et, sans réfléchir, je me laissais dériver jusqu'à elles pour m'en rapprocher. Un nouveau rêve m'aspira et je découvris un décor sensiblement différent de celui d'Aristia. Je me trouvais dans une petite chambre douillette, éclairée par de chaleureux rayons de soleil filtrés par une fenêtre entrouverte. J'analysai tout cela en une fraction de seconde et il m'en fallut autant pour trouver l'hôte qui rêvait. Les hôtes. Sous le choc, je me sentis vaciller et ma substance se délita, au bord de l'annihilation. Je comprenais mieux ce qui m'avait attiré ici. Son regard était cloué au plafond, sans ciller ; son visage, taillé dans le marbre, refusait d'exprimer la moindre émotion. Seule manifestation qu'elle était, de fait, vivante et non pas une poupée informe sans âme, ses doigts se crispaient comme des serres sur la nuque du garçon au dessus d'elle. Sous ses coups de reins, la tête de Perséphone avançait et reculait sur l'oreiller avec une passivité et une absence de réaction caractéristique de sa façon de se replier en elle-même quand il lui fallait gérer une situation ingérable. Tétanisé par l'horreur, je restai là, inutile témoin de quelque chose que je n'avais jamais eu envie de voir, que j'aurais préféré ignorer pour toujours.

Je n'avais jamais vu ce que son géniteur lui faisait subir, mais elle s'était confiée à moi, me laissant deviner à demi-mots la teneur de leurs rencontres quand il lui rendait visite. Il ne s'agissait cependant pas de lui, l'adolescent semblait avoir le même âge que ma Perséphone. Aussi discret qu'un ruban d'air, je me déplaçai pour mieux voir son visage alors qu'il s'affalait lourdement sur elle et reconnu un élève de Basphel que j'avais déjà croisé. Machinalement, j'avais gravé son visage dans ma mémoire, pour le réutiliser en cas de besoin, sans savoir qu'il connaissait si bien Perséphone. J'en étais là, à remâcher ma rancœur qu'elle n'ait jamais parlé de lui quand je découvris avec une surprise plus grande encore l'expression de Per' se modifier pour prendre des accents tendres comme je ne lui en avais jamais vu, pas même avec moi, moi qu'elle avait juré de ne jamais quitter, moi qu'elle était le seul à aimer. Elle ne me l'avait jamais dit, ça n'avait jamais été nécessaire entre nous. Nos silences étaient plus significatifs que tous les mots que nous aurions pu échanger.

Doucement, elle caressait la nuque du brun. Elle orienta le visage du garçon vers le sien pour caresser ses lèvres d'un baiser. J'en frémis comme si un coup physique venait de me scier en deux. Je n'en revenais pas. C'est à peine si je la reconnaissais. Spectateur, le choc me faisait oublier que j'avais le don de modifier cette scène à ma guise. Je les vis prolonger leur baiser et recommencer à bouger, ensemble cette fois. Le plaisir faisait onduler le corps de la Sorcière comme s'il était soumis à une houle irrésistible et la nausée m'envahit en la voyant s'accrocher à Faust, l'étreignant comme pour qu'il se fonde davantage en elle. C'était trop. J'étouffais sous une véritable poix de jalousie, si intense que c'en était insupportable. Je songeai à cette nuit où elle m'avait appelé à elle. Nous n'étions plus à Basphel et elle était aux prises d'une profonde crise de mélancolie. Je lui avais tenu compagnie, sans rien savoir des raisons de son mal, priant qu'elle se sente mieux au matin. Comme j'avais été stupide. Je m'en serai giflé si je l'avais pu. Je comprenais désormais mieux d'où venait le problème, je comprenais bien mieux aussi la distance qu'elle avait imposée entre nous, ses confessions de plus en plus rares, la platitude de nos conversations parce qu'elle avait l'esprit ailleurs. Je n'avais pas forme humaine et le tissu magique dont j'étais fait se contracta en une boule difforme et nerveuse. Je voulais hurler, donner des coups, blesser pour soulager mon propre mal et le répandre dans leurs cœurs. Le meurtre noircissait ma magie et un craquement sonore retentit. Les deux silhouettes enlacées sursautèrent en chœur et je notai avec un intérêt calculateur que Faust jetait un regard angoissé sur la porte de la chambre. Visiblement, il avait associé le bruit avec un élément suffisamment problématique pour qu'un vent de panique souffle sur cette petite scène écœurante.

Satisfait bien que je n'eus pas vraiment fait exprès, je les regardais s'agiter, gigoter comme des petites fourmis désirant fuir l'incendie qui gagnait leur maison. C'était trop facile, et je ne cherchais même pas à me retenir. Dominé par une rage glacée et implacable, je pris un malin plaisir à les maintenir collés ensemble pour empêcher leurs efforts de se séparer, apposant sur le dos de Faust une pression invisible qui le plaqua contre la Sorcière. Ils étaient livides, Perséphone gémissait, écrasée sous le poids de l'adolescent et je l'entendis lui dire qu'elle avait mal. Froid à ses suppliques, j'appuyai davantage. Au loin, des pieds gravissaient lourdement l'escalier. J'ordonnai mentalement au troisième acteur de se hâter à nous rejoindre et les pas se précipitèrent, bruyamment, impossibles à ignorer, ils couvraient même les gémissements des deux amants. La porte claqua et je découvris avec curiosité une femme. Je compris de qui il s'agissait et une joie mauvaise anima les tentacules de ma magie. D'une suggestion de ma part, la femme pénétra dans la chambre et la porte se referma dans son dos. La scène lui déplaisait manifestement et je l'autorisai à déverser tout son fiel sur son fils et ma Perséphone qu'il n'aurait jamais dû toucher. Je me laissai flotter, me délectant de ce spectacle réjouissant. Je n'avais pas oublié ce que nous, Génies, célébrions. J'attendais juste le bon moment pour débuter la transformation de la mère en monstre débordant d'écailles, de dents et de crocs pour enfermer le couple dans les flammes du dragon.

Message I | 1207 mots

J'ai pas réussi à faire plus court lalala


Merci Jil  [Event février-avril] - Le temps des dragons 009 :
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