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 [RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue

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Mar 09 Mar 2021, 12:19

[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 4 8l0a
Image par Re°
Aegeri
Sam et Daé



Sam était debout, en haut du Rocher au Clair de Lune. Dans son dos, ondulait une cape couleur de Lune. Des Étoiles y scintillaient de mille feux, emprisonnées au sein du tissu. Emprisonnées, non. Elles avaient fait le choix de se trouver ici. Le jeune homme à la peau laiteuse tenait dans ses mains un bâton sur lequel avait été fixé un objet plus gros, en forme d’étoile. Les astres du ciel nocturne répondaient au langage des milliers de points argentés et dorés qui parcouraient le vêtement magique. Comme une danse exécutée par deux individus en non simultané, les lueurs s’intensifiaient sur la cape, puis dans le ciel. Une phrase entraînait une réponse, qui était de nouveau à l’origine d’un message. L’ensemble, parfaitement coordonné, produisait des sons d’une pureté inégalée. Le tout semblait venir d’un autre Monde, tant cette langue particulière ne ressemblait à aucune autre. Elle était Musique et Beauté. Comme bercés par une vague de magie, les cheveux mi-longs de Sam ondulaient autour de son visage poupon. Il ressemblait à un bourgeon de rose claire, quelque chose d’arrondi et de fragile. Pourtant, au sein du Monde des Songes, et de ce Rêve en particulier, son pouvoir était bien réel. Il était le Gardien d’un Monde de Secrets, comme si les Étoiles s’étaient mises d’accord pour l’élire à ce poste si singulier. Il n’avait pas à se forcer pour comprendre le langage des Astres. Il l’entendait. Il résonnait au sein de sa tête, avec une limpidité bouleversante.

Le ciel nocturne inaccessible ne dura qu’un temps. Sam frappa le bas de son bâton sur le sol rocheux. La voûte muta et, bientôt, des représentations d’étoiles descendirent depuis l’infiniment grand, pendues à des fils nacrés. Celles qui formaient les constellations n’étaient plus que des objets presqu’enfantins, à cinq branches. Leur couleur dorée avait l’apparence du miel pour certaines, l’apparence de la guimauve pour d’autres. Elles étaient toutes devenues des friandises, accrochées à un plafond bleu marine et attendant d’être dévorées par leurs Enfants.

Sam retira sa cape. Il la lança sur le sol. Elle s’agrandit sur des kilomètres et, lorsque le tissu toucha l’asphalte, la roche, la terre et même l’eau se noyèrent sous une surface lisse et mauve. Le bâton claqua de nouveau, un bruit de carillon en résultant. Cette fois, de longues tiges bicolores se frayèrent un chemin, comme si la nature, toujours, devait reprendre ses droits. Les tiges s’ouvrirent et des fleurs en forme de lune et de soleil s’épanouirent, dans des matières toujours différentes et revisitées. Des arbres s’élevèrent et donnèrent naissance à des fruits rappelant vaguement des sabliers et des horloges. Dans son monde chimérique, l’esprit du Rehla avait décidé de se prendre pour un Æther Créateur. Il façonnait un endroit parfait, sucré et de paix perpétuelle, un endroit trop accueillant pour être réel. Et dans ce lieu aux mille saveurs, il se sentait lié à chaque chose : à chaque plante, à chaque être, à chaque infime particule.

Finalement, les cheveux de l’Enfant des Étoiles poussèrent davantage, comme si lui-même était une sorte de végétal. L’odeur de son corps entier devint onctueuse et douce, en parfaite harmonie avec celle qui se dégageait de l’ensemble. Les couleurs étaient apaisantes et gourmandes et la mélodie de cet univers n’était ni trop forte ni trop basse. Elle était Harmonie.

Sam se mit à marcher. Il se délesta du reste de ses vêtements, ce qui libéra son corps de ses dernières entraves. Il n’avait ni froid ni chaud. Il était simplement à l’aise. Rien ne venait agresser son épiderme car tout ce qu’il rencontrait sur son chemin était porteur d’une caresse voluptueuse. Il ne lui manquait plus qu’une chose : lui. Le Rehla ne savait pas qui était ce lui mais il était convaincu que l’évidence lui sauterait aux yeux dès qu’il le verrait. Son cœur, partie intégrante de son corps, le réclamait. Il désirait le rencontrer et le toucher, effleurer sa peau avec douceur, jusqu’à constater ses frissons, jusqu’à créer son bien-être, jusqu’à ce qu’il se rendît et s’abandonnât dans ses bras. Il souhaitait l’aimer au milieu de ce monde créé pour eux, lécher ensemble les tiges des plantes de sucre d’orge et se découvrir parmi les étoiles de coton. Il voulait lier leurs mains, leur corps et leur être tout entier, transcender l’ordre établi et les limites imposées. Il voulait fusionner.

724 mots
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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Mar 09 Mar 2021, 21:53


Neru
Oriane & Nostradamus


Nostradamus s'arrêta au milieu de la roserai. La couleur carmine des roses l'intrigua un instant, si bien qu'il pencha légèrement la tête se le côté avant de s'en approcher. Le rouge pouvait signifier tant d'émotions à la fois : la haine et la colère ; l'amour ou l'envoûtement ; le sang et la vie. Toutes étaient débordantes de passion. Une ivresse fougueuse qui occulte tout le reste, efface les doutes et ne laisse place qu'à l'action irréfléchie, gouvernée par un instinct primitif. Le sorcier pouvait, de bien des façons, être comparé à un être bestial, gouverné par ses pulsions irrépressibles. Il était familier avec cette couleur : elle régissait sa vie.

Ne pouvant résister à l'appel, l'homme leva l'une de ses mains pour s'emparer de l'une des roses. Sans l'arracher de ses racines, il l'approcha de son nez pour en humer le parfum entêtant. La fragrance, bien qu'elle n'ait rien en commun avec les fleurs qu'il avait l'habitude de sentir, lui arracha un sourire. C'était là le parfum de celle qu'il cherchait aujourd'hui - un mélange subtile de cacao, de lys et de vanille. Elle ne lui était pas totalement inconnue, bien qu'il ne l'ait jamais vraiment rencontré pour autant : ils s'étaient déjà vu, ici même, dans ce monde de mensonges et d'illusions. Ces souvenirs étaient troubles, presque irréels. A vrai dire, il aurait tout bonnement été incapable de décrire les traits de son visage ou encore quel avait été la nature de leur échange. Le sorcier était simplement persuadé d'être connecté à la femme qu'il s'apprêtait à trouver ici - ça aussi, il ne savait pas comment il le savait. Il s'agissait simplement d'une intuition, comme une évidence qu'il ne savait comment formuler. Les doigts du mage noir descendirent sur la tige et, oubliant la menace, sa chaire s'entailla sur l'épine cachée par les pétales. Dans un grognement, il retira sa main, observant la pulpe de son doigt : une perle écarlate y naissait. Comme un écho de leur précédent songe, il porta le sang à ses lèvres. Si cette rose représentait sa partenaire, il avait intérêt à se méfier des apparences.

La voix de la rousse lui fit relever la tête. Il se tourna face à elle puis, finalement, attendit qu'elle vienne jusqu'à lui. Lorsque leurs corps entrèrent en contact, sa main intacte vint se glisser naturellement sur sa hanche, tandis que l'autre passa dans sa chevelure. Lorsqu'elle lui ordonna de l'embrasser, il s'exécuta : il était, après tout, son Orine. Ses désirs étaient  des ordres et puis, dès l'instant où ses yeux s'étaient posés sur sa silhouette, l'envie d'apposer sa marque sur elle s'était faite ressentir. Rouge. Passion. Leurs lèvres scellées lui donnait envie de tout recouvrir de cette couleur. Sa main gauche courut le long de ses courbes, effleurant la robe en soie rouge qu'elle portait. Lorsque la femme rompit le lien pour loger son visage dans son coup, il se contenta de relever la tête pour lui y laisser la place, étrangement calme et docile. « Je ne suis pas Jun. » confirma-t-il à voix basse, se mettant à la contourner lentement sans jamais rompre le contact de sa main contre ses hanches - ses bras - ses côtes -  sa clavicule.  Il se plaça dans son dos. « Un chasseur doit toujours connaître la proie qu'il suit. » avertit-il sans pour autant retirer le tissu qui lui couvrait les yeux : il voulait garder le mystère plus longtemps. Aussi, lorsqu'elle le questionna sur son identité, il se contenta de répondre : « Vous l'avez dit vous-même : je suis votre Orine. » murmura-t-il contre son oreille. A l'évocation de la spectatrice, son regard s'était porté sur les horizons sans qu'il ne perçoive personne : il ne désirait être qu'avec sa Maîtresse. La vue de la fille de Maëlith lui était donc impossible.

« Me faites-vous confiance ? » demanda-t-il d'une voix posée et apaisante. Il attendit sa réponse avant de sourire et de défaire le lien qui liait les mains de la rouquine dans son dos. Il ne la laissa pas libre de ses mouvements pour autant : nouvellement exempt de contraintes, ses poignets furent presque aussitôt entravés, accrochés au pergola qui était soudainement apparut sans que cela choque le sorcier. Ses doigts, agiles, nouèrent les mains de sa Maîtresse au dessus de sa tête. Encore une fois, il ne se rendait pas compte de la présence de celle qui l'inspirait, lui murmurant discrètement la marche à suivre pour que son tressage reste esthétique. Une fois terminé, il tira sur les liens pour en tester la résistance. « Est ce trop serré ? » demanda-t-il, s'assurant du confort de celle qu'il attachait.

Les yeux sombres du Dementiæ descendirent sur le corps de sa partenaire. En un clignement de cils, il fit disparaître la robe, sans se débarrasser de ce qu'il y avait en dessous. Toujours guidé par la protégée de l'Æther, il continua à ligoter la femme dans un corset de cordes, dessinant un diamant sur sa poitrine ; puis s'affaira à continuer son oeuvre sur ses hanches, demandant régulièrement à la concernée si les liens étaient serrés trop fortement. Une fois son travail terminé, l'homme claqua des doigts. Aussitôt, des roses dont les tiges étaient vierges d'épines apparurent entre ses doigts. Il commença à caresser les pétales le long de la colonne de la jeune femme. « Alors, Oriane. Voulez-vous deviner qui je suis ? » demanda-t-il tout en tournant autour de la silhouette de la pendue.

Post I:



Merci Kyky  nastae
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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Mer 10 Mar 2021, 12:11

Le Rêve II : Geminae




Jun fixait le Rêve d’un air circonspect. Ça allait se produire, très bientôt. Il ne se l’était pas expliqué de nombreuses années après l’avoir remarqué. Aujourd’hui, ça n’avait plus aucune importance, car il était un Ætheri et son Âme n’était plus qu’un lointain souvenir. Néanmoins, chez les Eorgor, l’Âme avait une importance capitale. La gémellité des enfants conférait à ces derniers leur place au sein de la famille. Les hommes étaient des Rehlas. Les femmes appartenaient généralement à d’autres races. Le Rehla protégeait l’autre et, contrairement à ceux qui avaient traversé les Ères, eux, n’avaient jamais perdu la capacité d’avoir des visions colorées. La question qu’il s’était longuement posée était celle-ci : pourquoi ? La réponse lui était parvenue en même temps que la Divinité. Toute sa vie durant, il avait recherché l’Âme d’Edelwyn. Au plus profond de son amnésie, il ne s’était jamais senti entier sans elle. Et pourtant. Pourtant, il y avait autre chose, un élément singulier dont il était le seul détenteur du secret. C’était un secret qui se passait à la fois dans le passé et dans le futur. Il avait déjà vécu le fil des événements. Ce n’était pas le cas de l’autre. Ça n’avait fait que commencer pour lui. Il faudrait du temps pour qu’ils fussent sur la même longueur d’onde. Raanu veillait. L’Æther de la Mémoire ne pouvait laisser pareil constat percuter un individu de plein fouet au réveil. Ce ne serait que des éléments fugaces, des actes, des comportements, des goûts. L’inconscience devait demeurer chez chacun. Il ne s’en était pas rendu compte non plus de son vivant, pas à ce point-là. Il savait qu’il avait un autre, parce que sa jumelle ne lui suffisait pas. Il savait qu’il y avait un autre, parce que les faits parlaient d’eux-mêmes. Elle-même n’avait eu de cesse de rechercher la compagnie de leur autre. Pourtant, jamais, lui ne l’avait croisé avant de s’élever. Leur temporalité n’avait pour ainsi dire jamais été la même. Et, lorsqu’elle l’avait été, il n’avait pu le repérer. Il ne cherchait pas un enfant. Il ne cherchait pas un adolescent. Il cherchait un adulte, puissant. Ils auraient pu se rencontrer bien plus tôt que dans ces appartements froids de Valera Morguis où le principal concerné avait si justement remarqué qu’ils se ressemblaient. Jun sourit, sachant pertinemment que ce Rêve-ci n’était pas la seule cause du lien qui les unissait. Ce n’était que remettre une couche sur une base déjà solide. Il était bien plus que son fils. Il finit par rire, devant la complexité de l’ensemble. « Ce n’est pas drôle. » argumenta son frère. « Oh si, très. » Parce que, entre-temps, ils avaient tous les deux pris une autre décision. La mort de Devaraj avait laissé dans son sillage un autre bastion d’intrications. Sur ce terrain-là, les deux Ætheri ne parlaient pas de la même chose. Ils avaient promis de ne pas regarder. La réalité était d’un comique sans précédent. « Tu es venu m’espionner ? » demanda tranquillement Jun. « Exactement. » « Hum… Dommage. Je n’ai pas envie de te voir. » Il leva la main. L’autre disparut, éjecté du Monde des Songes.

Le nouvellement Dieu des Rêves posa son regard sur la scène qui était en train de se dérouler en-dessous de lui. Il se voyait, lui, enfant, petit blondinet aux yeux aussi verts que les Terres d’Émeraude. Il était en train de rêver, depuis une Ère si ancienne que l’Histoire l’avait en partie oubliée. Il avait eu plusieurs enfances. L’Éternité du Phénix coulait dans ses veines. Il n’y avait aucun moyen d’arrêter les Phénix en dehors de l’enfermement et du suicide. Ils étaient une plaie pour l’Univers, un dysfonctionnement. Certains parlaient de malédiction, d’autres de bénédiction. Cependant, un Phénix ne retrouvait pas forcément la mémoire après sa mort. C’était variable. Il avait expérimenté ce phénomène si souvent qu’il avait fini par prendre ses dispositions. Jun repensa à son essai, celui de retrouver l’origine de l’Univers, l’origine des Mondes enchevêtrés les uns aux autres. Il avait fini dans un piètre état, pour un Dieu. C’était ce jour-là qu’il avait rencontré Daé, dans une auberge quelconque. Depuis, il n’avait plus tenté mais il avait à présent la certitude que même les Ætheri avaient des limites. Il se concentra sur le gamin qu’il avait été.

L’enfant marchait. Il n’était pas assuré, une vraie petite crevette. « Ohé ? » demanda-t-il, comme s’il s’attendait à voir quelqu’un. Il ne portait qu’un pantalon bouffant et des babouches couleur terre. Ses petits doigts trituraient le tissu d’un geste anxieux. Il ne savait pas où il était. Il n’avait pas forcément peur mais il ne comprenait pas. Il se demanda s’il ne s’agissait pas d’une vision. C’était impossible car il était chez les Humains normalement. L’était-il ? Tout lui semblait brouillé. « Ohé ? » réitéra-t-il, en se dirigeant vers un point pris au hasard.

811 mots

Explications


Coucou ♪

Voici la coutume des Ombres, troisième coutume de notre petit parcours onirique <3 Bien entendu, vous pouvez toujours faire la coutume des Déchus et des Orines sans souci ! Je les mets simplement au fur et à mesure =)

Coutume Ombre : Geminae
Geminae est une coutume très ancienne et aujourd'hui perdue. Etant donné l'aspect secret du peuple des Ombres, personne ne peut savoir à quoi elle correspond. C'est donc non identifié et il n'existe aucune trace de celle-ci dans un quelconque registre (ou de façon très très très très rare, dans des lieux de haut savoir). Les Rehlas peuvent en retrouver la trace. Geminae a plusieurs implications, qui dépendent du degré de la relation mais, globalement, il s'agit d'une fusion des Âmes et des Esprits de deux individus pour le reste de leur existence. Plus que de lier les Esprits actuels, elle peut aussi lier les Esprits passés de l'Âme entre eux, donc tous les détenteurs de l'Âme. Néanmoins, ce phénomène se fait de façon inconsciente en grande majorité. Des souvenirs peuvent ressurgir mais généralement ça se limite à un alignement de la personnalité actuelle sur toutes les autres (ce qui rend les individus semblables dans leurs choix, dans leurs goûts, dans leurs vies et rend le détenteur actuel de l'Âme habile dans plusieurs domaines et intéressé par de multiples choses - qui appartiennent aux Esprits qui étaient auparavant dans l'Âme). Les deux individus qui font le Geminae voient leurs Âmes mélangées et reformées pour ne donner qu'une seule Âme qui se divisera en deux. Si l'un meurt, l'autre meurt aussi. Ils sont donc liés à jamais, jusqu'à la mort.

Pour rappel : l'Âme (moteur et lien entre le Corps et l'Esprit) contient l'Esprit (l'Esprit contient la personnalité, tout ce qui fait la personne, sa race, son histoire, ses goûts etc). À la mort d'un individu, l'Ombre vient chercher l'Âme ; le corps meurt pour de bon. L'Esprit est ôté de l'Âme qui est ensuite recyclée et placée dans le corps d'une femme. Au sein de son ventre, un nouvel Esprit naît, qui formera un autre individu, avec d'autres gènes, avec une autre personnalité etc. L'Âme suit donc plusieurs individus au fil du temps et, généralement, les Âmes sont trèèèèès vieilles et ont donc contenu plusieurs Esprits. Normalement, aucun Esprit  neuf ne se souvient des Esprits passés (car l'Âme est vidée avant d'être réutilisée). Néanmoins, parfois, il arrive qu'une Ombre fasse mal son travail et qu'un morceau demeure, ce qui peut donner lieu à des dédoublements de personnalité ou des impressions de déjà-vu.
Il existe quelques cas spécifiques :
- L'Âme des jumeaux est divisée en deux, ce qui fait que lorsque l'un meurt, l'autre meurt aussi (à moins de posséder une Orine). C'est valable pour les triplés, les quadruplés (bon tous les enfants nés en même temps).
- Les personnes qui possèdent l'éternité du phénix ont une Âme attribuée qui ne se recycle plus. C'est à dire qu'à chaque fois que la personne meurt, elle se réincarne avec la même Âme et généralement le même Esprit (qui peut être amputé dans le processus ou modifié ou passé sous silence, ce qui explique les amnésies, les changements de race post-mortem etc. C'est très rare que l'Esprit soit effacé totalement mais ça peut arriver).

Bien, maintenant, le Geminae contient plusieurs degrés, que je vais vous expliquer (ce sera plus concret, promis). Chaque degré supérieur comprend le degré inférieur. Il faudra que vous choisissiez où vous vous arrêtez dans la coutume :
- Degré un : Fusion des Âmes. Il s'agit de la rencontre de deux individus dans le Monde des Songes. Vous devez établir un lien entre les deux de la façon que vous le désirez. Les Âmes (ça ressemble à des sphères lumineuses, blanches pour les Âmes entières, dorées pour les Âmes qui ont déjà été divisée - donc les jumeaux, ceux qui feront la coutume, les Eorgor) vont fusionner et se diviser en deux. La conséquence sera que vos personnages marcheront dorénavant comme des jumeaux. Si l'un meurt sans posséder l'éternité du phénix, l'autre mourra aussi. Aussi, quand l'un est en danger, le phénomène fera trembler l'Âme de l'autre pour l'avertir. C'est une sensation assez affreuse : votre personnage va se sentir mourir un court instant, à la limite de l'évanouissement, incapable de bouger, comme si on lui plantait un pique à glace dans le cœur. [Les Ombres adorent faire ça, ça les fait marrer 8D /sbaf]
- Degré deux : Fusion des Esprits. Il s'agit d'une version beaucoup plus profonde du lien. Les Esprits vont également se mélanger, pour le présent et pour le futur. C'est à dire qu'inconsciemment, les deux individus deviennent la même personne. Le lien des Esprits n'emporte pas une conscience de la vie de l'autre mais ils en viennent à se ressembler plus ou moins dans différents domaines : les goûts, les réactions, les schémas d'existence. S'ils avaient pleinement conscience du phénomène, ils seraient en tout point semblables. La principale conséquence est un besoin de l'autre, un manque quand il n'est pas là, quelque chose de totalement inexplicable. De temps en temps, des morceaux de souvenirs de l'autre peuvent resurgir, surtout en rêve puisque c'est le monde de l'inconscience.
- Degré trois : Fusion de l'Histoire de l'Âme. C'est le degré ultime du lien. Ce n'est pas simplement l'Esprit des deux individus qui fusionnent mais les Esprits de tous les individus qui ont partagé l'Âme nouvellement formée (donc toutes les vies antérieures de l'Âme de l'un et de l'autre). Là encore, c'est inconscient mais ça aura des conséquences. En plus des conséquences déjà évoquées dans le degré deux, cela façonnera souvent des individus intéressés par énormément de choses et pouvant réussir dans tous les domaines. Certains secrets de l'Univers découverts par les Esprits précédents deviendront des intuitions inexplicables. Là encore, c'est inconscient, l'individu n'aura jamais accès aux souvenirs des Esprits antérieurs de façon claire. Le lien entre les deux détenteurs de l'Histoire de l'Âme est d'autant plus fort. Ils sont la même personne (fruits de l'existence de tous les Esprits) sans s'en douter, ont besoin l'un de l'autre, de passer du temps ensemble. S'ils ne se côtoient pas, un fort sentiment de solitude en découle, ainsi que l'impression d'avoir perdu la chose la plus précieuse au monde. Aussi, parfois, ils peuvent être amenés à percevoir la voix des Esprits qui ont séjourné dans l'Âme (les morts quoi).

Note : Une partie de la coutume sera reprise par Léto et intégrée au BG des Chamans selon ses envies o/

Conséquences des vœux dans la réalité
Plus un personnage fait de vœux dans le Rêve, et plus il sera témoin d'événements paranormaux et effrayants dans la réalité (genre une main qui sort de dessous le drap soudainement avec une musique de film d'horreur 8D)

Conséquences de la Coutume des Ombres dans la réalité
Cf les gains

Organisation du RP
Vous avez le choix, avec un même personnage et pour chaque coutume, entre :
- Faire des messages multiples.
- Faire un message unique de 1350 mots minimum

Enjoy  nastae
Gains

Messages multiples, 720 mots chacun minimum
- Le gain associé à la coutume en question du thème où vous avez posté. Ce tour-ci c'est ça :
> Vous prenez les degrés que vous avez choisis (vous ne pouvez pas prendre le degré 2 sans le degré 1 par exemple, ça rajoute des paliers)
- 1 point de spécialité tous les trois messages

Message unique, 1350 mots minimum ; un par coutume
- Le gain associé à la coutume en question. Ce tour-ci c'est ça :
> Vous prenez les degrés que vous avez choisis (vous ne pouvez pas prendre le degré 2 sans le degré 1 par exemple, ça rajoute des paliers)
- 1 point de spécialité

Pour les Génies
- Pareil que plus haut pour les spécialités, en fonction de votre format.
- Si votre Génie se prête à la coutume, il prend le gain de la coutume o/
- S'il ne fait que réaliser des vœux => Lien des Mirages : Le Génie devra choisir un individu avec lequel se lier. Un morceau de son Âme lui sera confié et placé au sein de Somnium sous la forme d'une représentation - souvent une créature - chimérique. La créature en question conférera au Génie un lien encore plus fort avec l'île volante et plus le Génie gagnera en puissance et exaucera les vœux de l'individu choisi, et plus la créature chimérique deviendra puissante, conférant son énergie à Somnium. Elle en deviendra un Gardien et Protecteur. Néanmoins, si l'individu qui a confié un morceau de son Âme vient à mourir, la représentation s'éteindra aussi et, avec elle, une partie de la magie de l'île sera amputée. Il est donc important de protéger le donneur.

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Daé Miirafae
~ Rehla ~ Niveau IV ~

~ Rehla ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 757
◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Daé Miirafae
Mer 10 Mar 2021, 16:22


[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 4 Alone-10
Aegeri - Sam & Daé




Je ne sais pas ce qui m'arrive. Mes nuits sont décidément bien agitées et bien tendres à la fois. Je ne sauis même pas exactement si je parle de la même nuit que la dernière fois ou si je parle d'un moment ailleurs. Est-ce vraiment la nuit ? Oui. Non ? J'en suis à un stade où mes certitudes s'effilent aussi rapidement que les rêves peuvent se succéder, autant dire à un rythme effréné. Un rythme qui s'étend parfois.

Le rocher au clair de lune. Je sais que nous sommes ici, alors que j'ai l'impression d'être dans le ciel. Dans le ciel. Dans le ciel. Je me répète. En fait, j'ai, la sensation étrange d'être constamment légèrement en décalage. Et cette musique dans ma tête qui n'est pas celle des étoiles. Concentre toi, Martyr. Si tu écoutes attentivement, la musique des étoiles revient, mais elle s'incarne différemment de d'habitude.

Elle est.
Incarnée.
En toi.
Sam.

Sam ? Encore cette étrange sensation de connaître des noms avant de connaître des visages. Et tu es là, tu attends, je crois, tu m'attends. Tu es beau, tu me ressembles, comme tous les Rehlas se ressemblent certes, mais tu me ressembles plus. Ton enveloppe ressemble à celle des autres comme iels se ressemblent, mais nos mondes intérieurs, nos imaginaires, nos univers, ce qui se matérialise sous nos yeux et dans nos mains alors que j'avance vers toi sur ce plancher d'étoile, ça, cette vie là, se ressemble.

On se ressemble, Sam. Et j'ai envie de t'admirer comme je regarde, effrayé, mon reflet dans un miroir.

Ici tu es Sympan, et tu un magnifique Sympan. Un Aether de la création doux et sucré. Dans certaines langues, doux et sucré sont signifiés par le même mot, mais ici la langue que nous parlons n'utilise pas de concepts aussi barbares que les sons. Ici les étoiles communiquent pour nous. Alors quand j'arrive près de toi et que je sens l'odeur des pommes d'amour qui sortent de leur bain de sucre qui t'entoure. Quand je saisis une étoile pour la croquer et la défaire, tranquillement du fil qui la retenait à la Voûte, tu sais comment je m'appelle. Te le dire serait rompre l'instant magique.

Je me leurre ?

Peut-être qu'il faut parler ? Peut-être que le fantasme n'a de sens que si l'on parle parce que ce qu'on dit ici aura une valeur bien plus grande, bien plus infinie que ce qu'on peut dire partout ailleurs. Oui. Je vais te le dire, mais avant tiens. Je te tends un bout de l'étoile.

"Tu l'as entendue toi aussi ?"

Je les entends tout le temps, mais rarement aussi distinctement. Et même si j'ai l'impression de tout savoir de toi, je crois qu'en fait, si je ne rêvais pas, je ne saurais rien. Parce que nous n'avons pas besoin de ça.
Le carnet. Prendre mes notes. Je fais ça d'habitude. Non, Daé Miirafae, tu te souviendras de ce dont tu dois te souvenir, pour l'instant le sens est à l'instant.

Et nous mangeons. Nous mangeons l'éternité pendant un temps doux. L'inverse. Parfois j'ai l'impression que ta tête est à l'envers, parfois c'est moi. Et cette pulsion, j'ai envie de te toucher. Et les étoiles ne le savent pas encore, car je crois que je le leur cache.

Je peux ?
Cacher des choses ?
Aux étoiles ?

Souviens t'en Daé, par pitié. Souviens t'en. Ou tente du moins. N'y pense plus, tu le sauras. Donc elles ne le savent pas ou elles-mêmes le cachent. La question n'est pas là. Inspire, mâche, n'oublie pas de mâcher, même si la légèreté de ce sucre qui t'envahit te donne l'impression de ne faire qu'un avec toi. Quelle étrange sensation d'être du sucre.

J'avance. Je regarde Sam d'un peu plus près. Il est magnifique, j'ai rarement vu de Rehlaids. Comme si la beauté de Phoebe irisait tous nos adelphes. "Je peux t'embrasser ?"

Ah oui Daé, c'était soudain. Au moins c'est fait. Et quel que soit sa réponse, ce sera un cadeau que de passer un moment avec.


742 mots
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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mer 10 Mar 2021, 19:16



Neru
Léto & Miles


D’un rythme anarchique, ses lèvres goûtèrent la chair de sa bouche, tantôt doux, tantôt effréné. Il l’attira à lui pour la renverser sur les fourrures, le mistral fit danser le tissu de leur tente isolée. La lueur de l’aube les aidait à se voir, se chercher et se trouver. Il se sentait capable de ne compter que sur son sens du toucher, mais à quoi bon se priver d’une vue pareille ? Il était amoureux et il s’y complaisait à la perfection. Ses mains exploraient le contour de sa partenaire, sa langue s’acharnait à ne faire qu’un avec la sienne, les baisers langoureux amenant – inévitable – des caresses plus avides. La chaleur engendrée par l’exercice leur fit totalement ignorer le froid montagnard, comme si ce dernier n’existait pas. Ce décor les excitait d’autant plus, se remémorant leur première tentative en plein devoir. Ils n’étaient pourtant que tous les deux ; pas de collègues, pas un badaud à l’horizon. Cette fois, c’était comme si c’était la bonne : ils étaient livrés à eux-mêmes et personne ne les séparera.

Suite à une puissante étreinte, Léto se dégagea de manière provisoire pour admirer sa compagne. Depuis ses tous premiers souvenirs, les afflictions physiques de Miles lui provoquaient autant de curiosité maladive que de stimulations incontrôlées. Pour le Chaman, son Orisha était belle. Elle se confortait aux codes de beauté selon les standards du premier, provoquant par sa simple présence une fièvre affective chez celui-ci. D’un geste charmeur, il dégagea sa mèche rebelle, ce qui entraîna une initiative de la part de Miles : elle se jeta contre sa joue pour y frotter, toute amoureuse, son nez. Léto ferma les yeux et caressa sa crinière argentée. Il se mordit la lèvre pour réfréner un peu plus ses pulsions afin de profiter au maximum de ce doux moment fusionnel. Il aimait, adorait, raffolait lorsqu’elle se comportait ainsi avec lui, ce petit côté bestial ajouté à la tendresse d’une femme. Un baiser à la volée la chassa et il la contempla davantage. Ses doigts calleux dessinèrent le long de ses traits, toujours doux et tantôt intrusif vis-à-vis de ses fissures. Depuis bien longtemps, Léto prouva sa capacité à voir par-delà les blessures, à trouver l’éclat de sa compagne. Si son intérêt pour ses déchirures s’était ajouté à son attachement, il n’en demeurait pas moins que le Souriant trouvait la Molosse comme la plus belle des femmes. Que Raya ne sût pas. Un sourire narquois apparut sur son faciès, alors qu’il effleurait le coin de ses lèvres charnues, puis la pointe de ses cheveux ; et qu'elle venait à peine de commencer à explorer ce qu'il cachait sous sa chemise entrouverte. Elle savait pertinemment ce qu’une telle apparente effronterie impliquera.


" Milesette. Elle lui pinça le téton en représailles à ce surnom ridicule. Aïe. " Émit-il faussement, l’ironie une fois de plus punie par un second stimulus.

Enhardi, le blond saisit sa femme par les hanches et l’accompagna sur le tas de peaux. Il la domina qu’un bref moment pour la frustrer, leurs ardeurs mutuelles les amenant bien souvent à trouver un entre-deux. Ils se retrouvèrent chacun couchés sur le côté, à se coller le plus possible à l’autre. À l’embrasser, le caresser, l’étreindre, le mordre. C'était un jeu constamment en évolution.

Mais cette fois, Léto avait un besoin à assouvir. Durant leurs galipettes, plusieurs liens apparurent au sein de la chambre, comme apportés par Ajrov en personne. Le Chaman cessa de lutter et observa, avec l'Orisha, ce phénomène singulier. D'instinct, sa main attrapa l'une des cordes, la matière rugueuse opéra un fugace frisson. L'ocre et le sanglant tentèrent de capter l'attention de sa compagne, sans un mot, sans une expression particulière. Ils se fréquentaient depuis si longtemps, ils avaient fini par fonder une famille, puis même jusqu'à se lier sous la bénédiction des Ætheri. Pourtant, Léto ne s'était jamais senti capable de franchir une telle limite avec elle. Ce n'était ni par honte, ni par obligation ; ce genre de pratique faisait écho avec ses précédentes expériences. Elles étaient différentes et les mutations de Miles – tout comme leur propension à l'ascendance – lui firent rejeter une telle possibilité. Ses souvenirs paraissaient mystérieusement flous, car il ne sut construire sa propre réponse. Il avait besoin d'elle pour savoir. En ce sens, le Hǫfðingi se revoyait la provoquer à plusieurs reprises durant leurs ébats, par désir d'exciter et d'atteindre leur objectif commun. Au fond, il voulait juste qu'elle le domptât.


" Fais attention, les Ætheri se sont égarés dans la partie "fantasmes" de nos cerveaux. Il rit, sans pour autant lâcher cette attache entre les mains. Je… Dans d'autres circonstances, cela aurait été presque impossible d'émettre une telle demande. Ici, tout lui semblait à portée, imaginable. Je veux que tu m'attaches. Les yeux dans les yeux, sa voix était sincère. Attache-moi. Il voulait être marqué à jamais par leur lien. Attache-moi, je veux être tien. Je veux être à toi et avec toi, pour toujours ! "

Plus le supplice se réitérait, plus l'adversité lui apparaissait insupportable. Ses doigts se resserrèrent d'autant plus sur cette entrave, son espoir encore plus incontrôlable. Laver les vestiges, s'offrir pour le meilleur.


906 mots ~



By Jil ♪
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mer 10 Mar 2021, 20:01



by je sais pluuus

Soumission et culpabilité

En duo avec Kaahl



Un cerisier en fleurs trônait au centre de la pièce, éclairé par un puits de lumière percé dans le plafond. Un cercle d’eau l’entourait. Des branches aqueuses en partaient, longues et rectilignes, pour se fondre dans la pénombre, dans des tréfonds où l’on n’entendait plus que leur clapotis chantant. Çà et là, des points lumineux dansaient. On aurait pu les confondre avec des lucioles. Il n’en était rien. Leur aspect empreint de vitalité masquait une nature morte.

Au creux des mains de Priam, des pétales de cerisier suffoquaient, étouffés par ses poings fermés. Des chaînes mordaient ses poignets et maintenaient ses bras vers le haut. Sa peau rougeoyait contre les fers. Ses chevilles étaient, elles aussi, immobilisées. Il avait essayé de soulever les boulets mais n’avait fait qu’aggraver ses douleurs. Ses articulations le faisaient souffrir ; sa position forçait dessus. C’était comme si ses cartilages essayaient de s’étirer.

Ses iris dorés montèrent vers le visage de celui qui l’avait emprisonné. Une corde glissait derrière lui, tel un serpent. Il avait l’air immonde. Il était le monstre qu’il incarnait parfois, pour ce fils de Réprouvés qui n’acceptait pas ses impairs, ses fautes et ses excuses ; sa race, son ascendance et sa nature. Pourtant, il n’avait rien de l’image qu’on lui prêtait, usuellement. L’Ange de Volatys. L’Honorable. Le Baron Paiberym. L’enfant de Sorciers qui s’élevait chez les Magiciens. Le père adoptif de tous ces orphelins. L’amoureux éperdu d’une militaire angélique – sa sœur. Le musicien émérite qui par ses notes avait concilié l’inconciliable.

Sa question perça son esprit ; elle chassa tout le flot de réflexions qui s’y entremêlait. L’Immaculé fronça les sourcils. La situation lui échappait. Quelque chose clochait. Il y avait une résonance en trop, qui persistait et s’intensifiait, avant de disparaître tout à fait, pour mieux resurgir. Il n’y avait aucun ordre, comme s’il n’y avait aucune règle. Un sourire sombre éclaira le bas du visage de Priam. « J’ai entendu cette remarque toute ma vie. Tu n’es pas très original. » Il immisçait entre eux son sarcasme. C’était la traduction de sa position vis-à-vis de Kaahl – de son opposition. Ils auraient pu être n’importe quoi. Ici et maintenant, ils seraient antagonistes, au moins pour un temps. « Je me verrais mal être châtié par quelqu’un comme toi. » Les gens bons ne plongent pas les autres dans d’abominables tourments. L’image du désespoir de sa cadette martelait son esprit. Il ne parvenait pas à s’en défaire.

Le contact de la main du Magicien le fit sursauter. Brûlure intense de l’indésirable, jusque dans ses tripes. Ses yeux se muèrent en meurtrières : pourtant, rien n’en sortit. Il tenta de se dégager, mais la poigne était trop féroce. Sa force s’agenouillait. Sa sauvagerie s’excitait. Le regard du brun lui donnait des envies de meurtre – de celles qu’il avait refoulées lors du dîner, de celles qu’il avait crues oubliées au profit d’une entente cordiale. Mais non. Là où Laëth avait oublié et pardonné, il se souvenait et il luttait. Il avait repris ses plaies et ses combats avec. Néanmoins, toute sa colère se dilua dans une surprise brute. « Quoi ? » Son cœur détala, et ses mains se desserrèrent. Quelques pétales tombèrent. Comment pouvait-il savoir ? Qui le lui avait dit ? Avait-il manqué de discrétion ? S’était-il fourvoyé ? Il n’y avait eu que cette fois, à Avalon… La rumeur avait-elle couru ? Pourquoi n’était-elle pas revenue jusqu’à ses oreilles ? Pourquoi les personnes les plus proches de lui n’étaient-elles pas au courant ? Sans compter qu’à l’époque, sa notoriété était moindre. Za, qui lui avait offert la bague, avait-elle parlé ? Ils ne se connaissaient pourtant pas. Les interrogations s’accumulaient, sans qu’aucune réponse ne se dégageât.

Un frisson déchira son échine et interrompit toutes ses pensées. Une violente secousse assaillit son corps. Il ressemblait à une bête qui refuse d’être domptée. Déjà placée sous la coupe de l’humain, elle se débat contre ce que le dresseur croit inévitable. Il est trop sûr de lui. Il est des forces qui ne ploient jamais. « Ney Dov ni fun bakom non’na. » Les Réprouvés ne s’agenouillent devant personne. Un grognement ripa ses cordes vocales quand Kaahl l’attrapa par les cheveux. Il allait l’écraser. Lui faire payer son affront. Supprimer son envie de voir les Réprouvés s’agenouiller. Son œil coula vers l’extérieur, comme s’il essayait de voir son tortionnaire, toujours campé dans son dos. Une grimace d’inconfort et d’agacement pliait sa bouche. « Je n’aime pas ça. » affirma-t-il. Cependant, cela n’empêcha pas son interlocuteur de poursuivre. Il l’écouta, malgré le bouillonnement de ses artères. À mesure qu’il parlait, un rictus moqueur étirait ses lèvres. Progressivement, une pensée se formait.

La nuque plus encore pliée, il gronda à nouveau. Toutefois, ses prunelles pouvaient désormais se plonger dans celles du Magicien. Il le sonda, puis il déclara : « Tu parles comme un Sorcier. » Ici et maintenant, la possibilité qu’il en fût un ne le rebutait pas du tout. Cela s’apparentait même plutôt à une évidence. S’il avait su comme il effleurait la vérité ! Priam renifla, signe de son mépris. « Sais-tu comment les Réprouvés les aiment, les gens comme toi ? Morts. Ils gardent la tête pour jouer avec. » Son rictus revint, imprégné de détestation. « La tienne doit être un peu vide. Elle sera plus facile à lancer, mais il y a le risque de la voir s’envoler… » Depuis qu’il existait, le Réprouvé avait des droits. Depuis qu’il existait, il revendiquait ce que l’Ange avait si longtemps terré. Depuis qu’il existait, la colère était légitime. L’injustice devait périr. Son feu nourrissait le Bien. Et puis, parfois, il ravageait tout. Il prenait le dessus et il faisait ressortir les bas instincts. « Ce que je pense, commença-t-il, c’est que la soumission s’accepte. Elle n’est jamais totalement imposée. On a toujours le pouvoir de dire non, ou de garder un esprit libre, de préparer le temps de la rébellion. On peut être physiquement soumis et subir cette soumission-là, oui, mais la soumission de l’esprit, c’est quelque chose qui s’intègre et qui s’accepte. » Il inspira. « Alors on peut être coupable de ne pas prendre ses responsabilités. On peut être coupable d’avoir choisi de rester passif. Parce qu’on peut être coupable d’avoir accepté de se soumettre. » Un silence s’invita, qu’il congédia rapidement, sourire narquois à l’appui : « C’est peut-être toi qui t’es soumis à quelqu’un ou quelque chose, et qui as besoin de te rassurer, en te disant que ce n’est pas de ta faute, que tu n’as pas choisi de l’être, qu’on te l’a imposé, et que tu es obligé de te laisser porter par le courant. C’est peut-être ce que tu t’es dit, quand tu as foutu ma sœur dans tous ses états. « Ce n’est pas de ma faute, c’est une conséquence de ce que l’on m’a imposé, c’est un dommage collatéral, je n’y suis pour rien, bouhouhou. » » Un rire cynique chatouilla sa gorge. « Tu as choisi de vivre tout ce qu’il t’est arrivé de la façon dont ça t’est arrivé. Tu es responsable. »



Message I – 1178 mots

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 10 Mar 2021, 21:36



Le rêve qui soumet



Mes yeux s’écarquillèrent un instant, avant de redevenir parfaitement impassibles. Je ne lui avais jamais demandé une diatribe sur la soumission, ni même une argumentation. Tout ce que je désirais, précédemment, c’était savoir si oui ou non il désirait se prêter au jeu. Je souris, devant son incapacité à me répondre simplement par oui ou non. « Oui, je désire essayer la soumission. » « Non, crève ! » Le résultat allait être le même, parce que je ne m’encombrerais pas de son consentement au sein d’un Rêve. Je n’avais pas non plus la certitude qu’il ne fût pas un tour de mon esprit, un mirage plus réel que nature que je me serais moi-même créé pour m’amuser. « Je sais déjà tout ça. » murmurai-je doucement. Que croyait-il ? Qu’en étant le Roi d’un peuple d’esclavagistes, j’avais omis de m’informer sur la pensée rebelle de ceux qui étaient trainés dans la boue comme des moins que rien chaque jour ? Si le désespoir marquait le regard de certains, d’autres possédaient les yeux de la détermination. Leur corps était soumis mais leur psyché demeurait insoumise, dans l’attente d’une opportunité de fuite ou d’action. Je n’étais pas pour l’esclavagisme en soi mais changer une mentalité millénaire prenait du temps. À trop vouloir démontrer son insoumission, les êtres finissaient sur le gibet de potence. Les Réprouvés étaient la parfaite illustration de la rage de vaincre à outrance. Leur manque de subtilité conduisait à des incendies tragiques.

Sans répondre, je liai ses mains derrière son dos et fis s’affaisser ses genoux d’un coup bien placé à l’arrière de ceux-ci. Je le contournai et m’assis par terre. S’il désirait se jeter sur moi, il le pourrait parfaitement. Sans ses bras, l’opération risquait d’être périlleuse mais je n’étais pas fermé à lui en mettre une gratuitement. Je finis même par m’allonger et à fixer le plafond. Le sol ne comportait aucune trace de poussière. « Toi et moi avons de multiples problèmes à régler. » lui concédai-je. « Je vais te faire la liste. Tu verras, c’est à mourir de rire. Nos existences sont si liées que même si je voulais effacer ta face de ma vie, il me serait impossible de le faire. » Ma jambe droite se leva afin de se caller sur ma cuisse gauche. J’observai les plinthes du plafond, comme si j’essayais d’y puiser l’inspiration nécessaire. Nous étions dans un Rêve et je savais que les Génies pouvaient y rôder, tels des rapaces. « Je souhaite que cette conversation soit confidentielle : seuls Priam et moi devons être amenés à en avoir connaissance. » chuchotai-je alors. Je ressentais la Magie Bleue avec facilité, pour en être moi-même un haut détenteur. Quand je fus sûr de moi, je tournai le visage vers l’attaché. « J’ai déjà dit à ta sœur qu’il serait plus simple de te parler de ce qu’elle sait. Cependant, là où tu te trompes c’est que je ne suis pas responsable de ses émotions. Elles lui appartiennent. Ce n’est plus une enfant. Si je la fais souffrir bien plus que je ne la fais rire, alors elle peut choisir de partir. Ce serait mieux pour nous deux car mes proches ont la fâcheuse tendance à mourir ou à me trahir ces derniers temps. » Le visage de Priam me rappelait la fougue de certains chevaux. Il ne désirait pas se soumettre. Crinière au vent, il me semblait qu’il serait bien plus majestueux en liberté qu’attaché à mon bon plaisir. « Je pourrais la laisser sans me retourner. Je sais que j’en serais capable, pour son bien. Ce serait néanmoins égoïste de ma part. Endosser le rôle du sauveur alors même que personne ne me demande de le jouer me conférerait une importance que je n’ai pas. Puis je suis convaincu qu’attendre qu’elle ait un motif de me haïr véritablement est la meilleure solution. Lorsque son cœur sera en cendres de s’être trop brûlé, elle ne cherchera plus à toucher les flammes. » Je tournai les yeux vers lui. « Ne t’inquiète pas, ta sœur finira par comprendre qu'elle n'a rien à faire avec moi. » Peut-être. Si Laëth se montrait réaliste. Il n’y avait aucune voie possible. En admettant que nous nous mariassions, que ferions-nous ensuite ? Des enfants ? Nous nous aimerions, en oubliant le reste ? C’était impossible. Le plan que j’avais prévu était tombé à l’eau au moment même où j’avais commencé à éprouver quelque chose pour elle. Sans parler du fait qu’elle n’était pas la seule dans mon cœur.

Je fis un geste de la main, ce qui supprima les liens de Priam. « Je n’ai plus envie de t’attacher. Tu me lasses. Les choses étaient bien plus amusantes lorsque tu étais un Réprouvé et moi une Déchue, même si je regrette ce qu’il s’est passé à Avalon. Si j’avais su que c’était toi… » Je souris puis ris dans un soupir désabusé. « En fait, je ne sais pas si ça aurait changé quoi que ce soit. Je ne la contrôle pas encore. Ses pulsions priment sur sa raison. Le hasard est vicieux car, sur tous les hommes qui peuplent le monde, il a fallu que ça tombe sur toi. Je me suis dit qu’il valait mieux ne pas en parler à Laëth mais peut-être qu’en parfait petit Ange, tu décideras de le faire pour moi. Ce serait une carte puissante pour obtenir ce que tu veux, non ? « Au fait, Laëth, j’ai failli coucher avec le Baron une fois. » est le parfait argument de rupture. » dis-je. « Tu pourrais aussi lui signaler que je préfère les hommes de façon générale. » Mon ton reflétait la dérision dont je faisais preuve envers moi-même.

940 mots
Je sais qu’il faut attacher Priam mais Kaahl a décidé que non. On verra si on réussit la coutume ou pas [RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 4 943930617
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Eiko
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Eiko
Mer 10 Mar 2021, 21:41


Image inconnue ; trouvée sur Pinterest
Ægeri
Lucius & Eiko


« Kôta ? » appela la fillette pour se faire entendre malgré l'abondante végétation qui l'entourait. « Monsieur Noisette ? » héla-t-elle, levant la tête pour mieux observer les hauteurs de la forêt de bambous, à la recherche de son animal de compagnie. « Où est ce que vous êtes ? » demanda-t-elle tout en continuant d'avancer. Elle releva son kimono pour ne pas s'entraver dedans et tomber puis se mit à trottiner. « Est ce que vous jouez à cache-cache ? » demanda-t-elle avec enthousiasme. Il s'agissait de l'un de ses jeux préférés : c'était là l'occasion de trouver de nouvelles cachettes et, bien souvent, d'explorer de nouveaux coins qui lui étaient inconnus. Bien sûr, elle préférait davantage être celle que l'on cherchait : se dissimuler était bien plus amusant que de devoir courir après ses camarades. Et puis, dans ce rôle, on avait pas tout le loisir de découvrir les alentours. Cependant, cela ne l'importunait pas tant que ça : la forêt lui semblait familière, comme si elle en connaissait tous les recoins - à sa droite, elle savait pertinemment qu'elle trouverait un petit ruisseau qui, plus loin, se terminait en torrent ; à sa gauche se tenait un temple en l'honneur de Línggǎn. Et devant elle : une surprise l'attendait. Elle en était persuadée. Elle y retrouverait sans doute ses deux amis en train de jouer, puisque c'était eux qu'elle recherchait. Sans la moindre hésitation, la petite Orine se dirigea donc droit devant elle.

« Oh ! » s'exclama la Hanatsu lorsqu'elle aperçu, posé au sol, une assiette remplie de biscuits aux pépites de chocolat noir. Sans se demander d'où ils pouvaient provenir, elle se baissa pour s'en emparer d'un. « Mmmmh... » laissa-t-elle échapper, un sourire béat sur son visage poupon. Ils étaient encore chaud, ce qui lui arracha un petit rire de contentement. Alors qu'elle n'avait même pas terminé le premier, elle en chaparda un second puis se remit en marche. Quelques mètres plus tard, la gourmande s'arrêta devant un rocher où avait été disposé, cette fois-ci, une coupelle remplie de bonbons aux emballages colorés : des roses, des violets, des dorés, des verts. La fillette n'avait pas besoin de les goûter pour savoir quels parfums ils incarnaient - la fraise, le cassis, le miel et la menthe : ses préférés. Alors qu'elle terminait de se lécher les doigts pour être certaine de ne pas perdre la moindre goutte de chocolat, elle picora quelques sucreries, s'emparant d'une poignée qu'elle glissa dans ses poches puis se remit à avancer en sautillant. Alors même qu'elle se disait vouloir manger quelques mochi, elle en trouva sur son chemin. Avec une exclamation de joie, elle fit une pause pour en dévorer quelques uns avant de se remettre, une fois de plus, en route vers cette surprise qui l'attendait.

Eiko déboucha sur une grande plaine. La forêt s'arrêtait nette : de l'autre côté de l'étendue verdoyante, un paysage qu'elle ne reconnaissait pas s'étirait à perte de vue. Une cité : peut-être déciderait-elle d'aller l'explorer plus tard. Pour le moment, son attention était accaparée par la couverture qui avait été étendue par terre et qui était recouverte de victuailles. « Un pique-nique ! » s'émerveilla-t-elle en s'asseyant. Ses yeux virevoltants d'un plat à l'autre sans savoir sur quoi s'arrêter, elle resta en contemplation de ce repas gargantuesque pendant plusieurs longues secondes. Finalement, la petite Orine s'approcha des coupelles de fruits. Là, elle commença à les disposer en arcs de cercle au centre de son assiette creuse : d'abord des prunes coupées en petits morceaux, puis des myrtilles, des tranches de citrons verts, des mirabelles puis, pour terminer, des cerises. Puis elle disposa un peu de crème fouettée sur les côtés, comme pour former de petits nuages. Satisfaite, elle admira son travail : chez elle, tout devait être beau, même son repas, afin qu'elle ait envie de le déguster avec appétit !

Alors qu'elle s'installait en tailleur pour profiter de son dessert, la fille d'Onikareni aperçut une silhouette qui lui fit dévier le regard de son goûté. « Oh. » fit-elle, surprise de ne pas reconnaître Kôta : elle ignorait qui était le garçon qui se tenait face à elle. Cela ne lui empêcha pas de le saluer avec un sourire éclatant : sa nature était loin d'être farouche. « Coucou ! Dis, tu veux manger un arc-en-ciel avec moi ? » demanda-t-elle en tendant son assiette vers son nouveau camarade. Avec une agilité surprenante, elle se redressa d'un petit bon puis approcha du brun, oubliant les bonnes manières qu'avait pu lui inculquer ses parents en se collant presque sous le nez du mage, rendant leur proximité presque embarrassante. « Et tu t'appelles comment ? Moi, c'est Eiko ! » déclara-t-elle.

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Mer 10 Mar 2021, 22:21


Neru - Daé & Ahdriàan




Ce rêve… Mes yeux s’ouvrirent sur le plafond de ma chambre. J’observai les ombres projetées sur les poutres de bois, perdu dans les méandres de mon esprit. Je luttai contre ces souvenirs qui cherchaient à s’ancrer plus profondément dans ma mémoire. Le fantôme de mon agresseur continuait de me hanter. Ce n’était qu’un horrible cauchemar et, pourtant, tout paraissait si vrai, si réel. Je sentais encore la caresse de Ses mains sur ma peau. J’humais toujours Son parfum entêtant, mélange de bergamote et de petrichor . La vision de Ses cheveux d’argent, éclairés par les reflets de la Lune, tandis qu’il posait Ses yeux sur mon intimité, était gravée à jamais sur ma rétine. Ma bouche meurtrie se rappelait le goût métallique du sang, tandis que je me mordais la langue pour échapper à cette fausse réalité. Et les mots qu’Il avait prononcé sonnait à mes oreilles comme un écho grisant. Je me levai soudain, abandonnant la trahison de ce lit pour quérir le réconfort ailleurs. Je quittai la pièce pour parcourir les couloirs ténébreux qui menaient au reste de la maison.

Je m’en voulais de ressentir cette douleur qui me poignardait le coeur. Je me sentais sale, souillé, répugnant. Le simple fait de savoir que mon esprit avait pu imaginer de telles abjections me donnait la nausée. Il ne s’était rien passé et c’était ce qui rendait ce constat encore plus difficile à accepter. Je ne pouvais pas me cacher derrière la certitude que j’étais innocent ; je ne pouvais pas haïr mon agresseur et lui reprocher ce qui s’était passé. Et pour cause, c’était moi et moi seul qui était à l’origine de cette perversion. Je constatai avec amertume les ravages causés par l’évènement, la conscience empreinte d’un chaos absolu.

Mes pas me menèrent vers la salle de bain, comme si mon inconscient cherchait à me laver de ce pêché. Je me hâtai de me déshabiller, observant les marques éphémères de mes ébats récents. Les suçons illusoires, projetés sur ma peau par l’aliénation de ma psyché, me narguaient de leurs couleurs violacées. Je sautai dans la baignoire et activai le mécanisme. Il plut sur moi. Une bruine d’abord, un torrent ensuite. L’eau tombait en cascade, ruisselant le long de mes cheveux, de mon cou, de mon corps. Je tressaillis. Le parcours du liquide me ramena des effluves de ce songe atroce. La sensation de cette corde, rêche et épaisse, enroulée autour de mes poignets et de mes chevilles s’imposa à nouveau à moi. Je m’agitai pour m’assurer de ma liberté. Mes doigts effleurèrent l’une des ecchymoses, tâtant son existence fantasmagorique.

« Assez ! » criai-je face au jeu cruel du Destin.

J’attrapai un gant de toilette pour frotter avec vigueur chaque parcelle de mon corps. La mousse couvrait le rouge de ma peau, alors qu’elle subissait la violence de cet écurage. La souffrance physique suivi celle de mon esprit. La douleur des meurtrissures, accentuée par la chaleur de l’eau, me lançait tel un million d’aiguille chauffée à blanc. Mais ce n’était pas suffisant pour calmer mon émoi. Les larmes perlaient sur mes joues, en réponse à ce mal qui me rongeait les entrailles. Je me battais contre les échos de moi-même, rejetant l’idée même de ce que je pouvais être. Je répétai mon credo comme une prière aux Aetheri. Mais ces derniers restaient sourd face à mon état.

‘Avoue, ce n’était pas si mal. Tu as même grave pris ton pied.’

La voix de l’Autre, douce et attendrissante, ne cessait de me harceler de ses commentaires salaces. Je me bouchai les oreilles, comme si ce geste pouvait dresser une barrière mentale face à ses palabres. Je voulais que tout s’arrête. Je voulais qu’Il parte, qu’Il retourne dans les limbes de ma création.

‘Tu m’as pourtant donné ton consentement. Tu ne peux pas me le reproche.’

La scène m’attira à elle de son étreinte empoisonnée. Nous étions dans cette immense salle, plongée dans une pénombre glaciale. Les rayons lunaires filtraient à travers l’immense machine à laquelle j’étais attaché. L’homme était debout, à quelques mètres de moi. Il m’observait avec tant de lubricité que je détournai le regard. Je sentais ses yeux de cristal s’attarder longuement sur mon torse, avant de descendre sur mon sexe dressé par son oeuvre. Je ne pus qu’imaginer le sourire qui étira ses lèvres lorsqu’il demanda mon consentement. Je voulais rire de sa bêtise mais j’en étais incapable. N’était-il pas un peu tard pour les regrets ? Je tentais de me relever, de protester. Mon être tout entier criait à l’affront, revendiquait ma liberté. Mais mon corps torturé hurla plus fort, implorant à l’inconnu de lui faire rejeter son infecte semence. Les doigts experts de l’individu se resserrèrent autour de mon membre turgescent. Ils glissèrent dans un mouvement de va-et-vient qui me procurait le plaisir que je refoulai. Je ne voulais pas.

Ma main avait remplacée celle de l’indésirable. Mon corps tentait de se rappeler les sensations de cet instant précis. Les frottements m’arrachèrent des gémissements que je m’interdisais. Le feu naquit dans mon bas ventre, irradiant d’une chaleur agréable. L’eau continuait de couler le long de ma nuque, s’ajoutant à mes caresses et à celles de ma réminiscence chimérique. Elles se superposaient pour m’offrir, ensemble, une jouissance multiple. Je tremblais encore de plaisir lorsque je relâchai la prise sur ma verge exténuée. L’euphorie du moment s’étira durant quelques secondes qui me parurent des minutes… jusqu’à ce que la réalité me rattrapa.

La honte me réceptionna dans ses filets. Je me débattais pour refuser l’évidence, m’empêtrant toujours plus profondément dans cette bourbe écoeurante. Je n’aimais pas les garçons. Je les exécrais. Je les haïssais. Je ne voulais pas être de ces mâles sans aucune virilité. Il était hors de question que je me ridiculise en m’affichant avec un homme. J’aimais les femmes. J’appréciais leurs formes pulpeuses. Je les vénérai, les idolâtrai. Et je les féconderai toute s’il fallait que je prouvasse quel genre de gars j’étais.

Je m’essuyai quand Il revint me hanter.

‘Pourquoi est-ce que tu refuses d’entendre la vérité ?’

Je serrai les poings en entendant les notes aiguës de Sa voix. Passé la tristesse, c’était la violence qui faisait vibrer mon âme. Il faisait tout son possible pour lever l’épais rideau qui dissimulait ma véritable nature. Mais je m’y opposais de tout mon être. Je refusais de prendre conscience de ce penchant qui m’écoeurait. Il continuait de parler, encore et encore, dans bourdonnement incessant. Quoi que je fisses, Ses paroles poursuivaient leur flot ininterrompu. Je saisis la première chose qui me passa sous la main - un petit tabouret de bois - et le balançai face au grand miroir qui reflétait l’image de l’adolescent brisé que j’étais.

« TA GUEULE DAE, SORS DE MA TÊTE SALE SUCEUR DE BITES ! »

L’impact fut foudroyant. Le hurlement éclata tel le tonnerre en pleine tempête, mais fût bien trop faible pour masquer celui du choc. Mon reflet explosa en un million de paillettes acérées. Les fragments tombèrent sur le sol en une pluie cristalline. Et soudain, Il n’était plus. Je me délectai de ce calme retrouvé. Mais pour combien de temps ?

Des pas précipitées retentirent dans le couloir et la porte coulissante s’ouvrit en trombe.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Ma mère m’observait d’un regard embrumé par la fatigue. Le raffut n’avait pas suffit à la sortir totalement de son sommeil. Elle croisa les bras sur sa poitrine, contemplant la scène.

« Rien qui te regarde, répondis-je, plein d’effronterie

— Je suis ta mère ! rétorqua-t-elle d’un ton ferme. Ce qui te concerne me regarde, au moins jusqu’à ce que tu aies quitté cette maison.

— Ouais, c’est ça. Retourne donc te coucher. »

Elle n’appréciait guère le ton que j’employais. Je le savais. Et je m’en foutais royalement. Ses traits s’étirèrent en une mine contrariée. En deux pas, elle fût sur moi.

« J’attends plus de respect de ta part, jeune homme ! »

Je fis mine de la contourner pour quitter la pièce.

« Je t’interdis de partir, nous avons une discussion. »

Mes lèvres se contorsionnèrent en un rictus arrogant. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait plus prise sur moi.

« Et qu’est-ce que tu vas faire ? »

Ses poings se crispèrent. L’agacement ne luit allait pas au teint. Elle carra les épaules et essaya de se faire la plus intimidante possible, puis abandonna face à mon aplomb.

« Si ton père était là… commença-t-elle

— Oui, mais il est mort. »

Profitant de sa faiblesse, je l’abandonnai à ce dramatique constat. Elle avait voulu s’interposer, elle avait perdu. Encore.  


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mer 10 Mar 2021, 23:09




Les chocolats

En duo avec Adriæn



Toutes les adolescentes ont un jardin secret. Tout le monde, même. Enfants, jeunes, adultes, vieux, hommes, femmes, autres. Tout le monde. Les Rehlas, sans doute encore plus que les autres. Kiara naviguait en s’aidant de la barre du mensonge. Elle n’était pas une Ondine, mais cette imposture devait rester la vérité des autres. Bien qu’elle manquât de finesse et de discernement, elle comprenait parfaitement que ce secret était intrahissable. Loin d’en mesurer le poids et l’ampleur, elle le vivait au quotidien comme une étrangeté à dissimuler. Dans ses rêves, il prenait des aspects bien plus menaçants. Ses cauchemars le transformaient en danger et en fardeau. Il creusait sa différence. Il accentuait son isolement. Jetée dans le monde onirique, elle se retrouvait seule au milieu de salles combles. Elle subissait les regards écœurés, méfiants, apeurés ou moqueurs. Elle était mise au ban, alors même qu’elle désirait si ardemment être intégrée. À quinze ans, elle avait l’esprit et le cœur de la plupart des jeunes filles : elle rêvait de faire partie intégrante du monde qui l’entourait, elle rêvait d’être acceptée par ses pairs, elle rêvait d’appartenir à un petit tout. Elle ne voyait pas le grand tout et ses multiples rouages. Elle ne voulait pas changer la face de l’univers. Elle ne s’insurgeait pas contre les injustices – mais peut-être que dans son peuple, ce concept n’existait même pas. Peut-être que la loi du Destin supprimait tout le reste.

Des livres de cours serrés contre elle, Kiara poussa la porte de sa chambre. Alors qu’elle relevait la tête, elle croisa le regard d’Adriæn. Quelque chose, dans ses yeux, lui fit baisser les siens. Aussitôt, elle blêmit. Devant lui reposait son journal intime, grand ouvert. La couverture rose et or éventrée déversait le contenu des pages noircies par l’encre de son cœur. La stupeur emplit les iris de l’adolescente, qui remontèrent aussitôt sur le visage de l’intrus. Un vent de honte et de colère souffla sur son cœur. Pétrifiée, elle ne bougea pas jusqu’à ce qu’il prît la parole. À cet instant, ses pieds semblèrent se décoller du sol, et elle se précipita vers son bureau. Elle arracha le carnet des griffes de son agresseur. « Tu n’aurais pas dû lire. C’est personnel… » souffla-t-elle, en plaçant son journal sur le dessus de la pile d’ouvrages qu’elle tenait contre elle. Ainsi, il était au plus près de son cœur. Elle avait vu les ratures qu’il avait effectuées sur certaines pages. Elle ne les avait pas véritablement regardées. Elle savait que ce serait un spectacle trop cruel et douloureux pour elle. Il avait doublement violé son intimité. Même si cela partait d’une forme de bon sentiment.

Au demeurant et en un sens, elle préférait que ce fût lui qui eût lu ses pensées plutôt que quelqu’un d’autre. Elle comptait vraiment pour lui. Elle comptait et… Les dents de sa sœur. Ses joues s’empourprèrent. La honte d’être découverte, d’abord, puis celle de subir son jugement. Machinalement, la Rehla passa une main dans son cou, là où les dents de Lana venaient habituellement cueillir son sang. « Ce n’est pas ce que tu crois… » Elle frémit. « Oui. » Il avait raison. Elle n’osait pas demander : « Tu ne diras rien, hein ? » mais ses yeux le hurlaient. Elle avait de la chance que ce fût lui, parce que Lana était sa jumelle et qu’il l’aimait. Et parce qu’elle comptait vraiment pour lui. « Tu-tu crois que quelqu’un d’autre a vu ? » bafouilla-t-elle, terrifiée à cette idée. Imaginer ce que diraient ses parents, ses professeurs, ses amis, Lana, ou même n’importe qui d’autre la plongeait dans un intense état de détresse. « M-mon attirance pour-pour toi ? » Étrangement, Kiara avait complètement oublié avoir traité de ce sujet. Sans s’en rendre compte, elle s’était mise à trembler. Il avait donc lu jusque-là. Elle n’était pas arrivée à temps et maintenant… Mais elle comptait vraiment pour lui. Peut-être qu’il l’aimait, lui aussi ? « Non… Jamais. » Elle déglutit, puis avoua dans un souffle : « Je n’en ai parlé à personne. » Ses yeux ne pouvaient pas se détacher des siens. Ils y étaient ancrés. Elle avait l’impression que si elle s’en détournait, elle allait se noyer.

Le souffle court, elle hocha frénétiquement la tête à ce qu’il disait. Elle était trop mortifiée de honte pour vouloir en parler, même à Lana. Surtout à Lana. C’était prendre le risque qu’elle posât des questions à son frère. Elle n’avait aucune envie qu’il lui livrât le contenu de son journal intime. C’était personnel. C’était privé. C’était intime. Il avait bafoué tout ça. Par accident, certes. Pourtant, une petite voix lui martelait que c’était inadmissible et qu’elle aurait dû le lui faire comprendre. Qu’elle aurait mieux fait de couper les ponts avec lui. Mais quand elle scrutait ses yeux… Elle comptait vraiment pour lui. Avec timidité, elle lui rendit son sourire.

Ses iris dorés se posèrent sur la boîte de chocolats. « Ah, merci, c’est gentil. » La gêne tintait encore sa voix, mais le naturel tentait de reprendre le dessus. Manger lui semblait être une excellente façon d’oublier son malaise. Rien de tel que de dévorer ses émotions pour mieux les digérer. La fausse Ondine tendit la main et en prit un. « C’est vrai qu’ils sont très bons. » Son regard allait des sucreries aux prunelles d’Adriæn. Paradoxalement, elle se trouvait désormais incapable de soutenir un contact visuel. Elle aurait tellement voulu qu’il ne tombât jamais sur son carnet et ses secrets. Heureusement, dans un élan d’intelligence, elle avait pris garde de ne jamais mentionner sa véritable nature. Le soulagement que distillait cette pensée l’apaisait.

Puis, le tourbillon émotionnel qui lui succéda chassa tout le reste. « Quoi ? » Durant un instant, elle demeura immobile. Enfin, ses jambes se murent. Elle posa ses livres et contourna le bureau pour faire face à l’Ondin. Sa main monta jusqu’à sa bouche et ses doigts effleurèrent le chocolat. Prise d’une hésitation, elle les replia sur eux-mêmes et se mordit la lèvre. Ce n’était pas ça. Ce n’était pas ce qu’il attendait. Elle comptait vraiment pour lui. Il la désirait aussi, sinon, il ne l’inviterait pas à venir chercher le carré entre ses dents. Il devait l’aimer. Son cœur papillonna. Doucement, elle se pencha. S’il n’était jamais tombé sur son carnet, elle n’aurait peut-être jamais su. Et si cet incident était ce qu’il manquait pour déclencher une belle histoire d’amour ? Et si c’était le début de tout ? Elle posa ses lèvres sur les siennes et croqua le chocolat. Enfin, elle l’embrassa.

La Rehla posa ses deux mains sur le dossier de la chaise et la fit pivoter pour tourner l’adolescent vers elle. Ses bras encadraient sa silhouette. En se redressant, elle le regarda, et se sentit terriblement fébrile. Un soupçon de crainte lui fit tourner la tête vers la porte. Elle ne l’avait pas fermée. Que faire si quelqu’un s’immisçait à nouveau dans son intimité ? Avant même qu’elle n’eût engagé un mouvement vers la sortie, celle-ci se ferma et se verrouilla. La main de Kiara s’égara jusqu’à la boîte de confiseries. Elle en prit une autre et la glissa entre ses propres dents. À nouveau, elle se pencha vers le jeune homme, et unit ses lèvres aux siennes. Elle avait envie d’engloutir le coffret entier de cette façon, et de goûter à d’autres plaisirs. Comme mus par ses pulsions, ses genoux cédèrent, et elle se retrouva assise sur les genoux d’Adriæn. Un long et chaud frisson la parcourut. Elle attrapa à nouveau un chocolat. C’était une étoile blanche saupoudrée d’éclats de noisette. Elle la porta devant la bouche de son partenaire. « Mange. » C’était un ordre, et ça sonnait comme tel.



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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 11 Mar 2021, 22:19



by je sais pluuus

Soumission et culpabilité

En duo avec Kaahl



Priam chuta dans un grognement. Le tissu de son pantalon protégea à peine ses genoux. Il sentait les égratignures s’imprimer sur sa peau. Son regard revêche remonta vers Kaahl. Ce type était en fait intarissable. Il ne s’arrêtait jamais de causer. « Je n’ai pas besoin de ta liste. » rétorqua-t-il, agacé. Il savait quels problèmes les opposaient. Les nommer ne mènerait à rien. Ce qu’il aurait souhaité, c’était qu’il répondît à ses propos – ses attaques, car ce n’était rien d’autre. Face à ce qui allait suivre, l’Ange se trouvait désarmé. Ses sourcils se froncèrent. Ce qu’elle sait. Que savait-elle ? Pourquoi ne le lui avait-elle jamais dit ? Pour protéger Kaahl ? Parce que ça ne le regardait pas ? Parce que c’était dangereux ? Parce que c’était insupportable ? Pourtant… il se rappelait de ses pleurs, de cette difficulté qu’elle avait éprouvée à ne pas lui parler, de ses signaux de détresse qu’elle laissait se perdre dans le néant. Si elle avait désormais la permission – cette idée le dégoûtait – de lui dire ce qui lui pesait, pourquoi ne l’avait-elle pas fait ? Ses traits se crispèrent. « Si elle meurt par ta faute, je viendrai moi-même te tuer. » C’était une promesse. Une promesse édictée par ses émotions et son impulsivité. Il savait, au fond, que Kaahl avait raison, et que si Laëth était trop malheureuse, elle pouvait faire le choix de partir. L’admettre lui était insupportable, car il ne la voyait pas aussi heureuse qu’il ne l’aurait voulu : comment accepter que sa sœur, cet être qu’il aimait tant, pût se détruire de la sorte ? Comment accepter de la voir se donner pour quelqu’un qui ne la méritait pas ? Comment accepter sa souffrance comme elle le faisait ? Comment ne pas lui hurler qu’elle mourrait de douleur et de chagrin ? Comment ne pas essayer de lui faire comprendre que la peine l’amputerait du meilleur d’elle-même ? L’image de l’Aile d’Acier, recroquevillée, ensanglantée, meurtrie, le frappa, et il eut envie d’étrangler la potentielle source de sa chute.

L’Immaculé secoua rageusement la tête. Les paroles du Baron le révoltaient ; pourtant, n’aurait-il pas fait de même, pour Aliénor, par exemple ? Par ailleurs, n’aurait-il pas dû cesser tout contact, pour son bien – et le sien ? La repousser pour lui éviter plus d’ennuis qu’elle n’en aurait sans lui ? Des scènes imaginaires défilèrent devant ses yeux. Non. Parce qu’il voulait l’aider à se sortir de là. Il n’était pas juste présent. Il était présent pour agir. C’était quitte ou double. Soit il la sauverait, soit il la condamnerait. Mais la rejeter, c’était se confronter à la culpabilité de n’avoir rien fait. De s’être soumis. Dans le cas du Magicien et de sa sœur, c’était bien différent. « C’est d’une cruauté méprisable. » Une douleur irradiait son dos crispé par ses émotions. Elle s’atténua lorsque ses poignets furent libérés. Ses mains plaquées au sol répandirent les pétales. Aussitôt, l’Ange se leva. Il toisa le brun, puis s’éloigna, comme si cela pouvait l’aider à calmer ses pulsions meurtrières. Qui faisait souffrir ses proches sans chercher à l’éviter ? Qui accueillait la souffrance des siens à bras ouverts ? Qui s’y résignait de la sorte ? Pourquoi ? Sa sœur n’était-elle qu’un pion, une figurine remplaçable ? Quel jeu menait le Baron Paiberym ? Quels en étaient les tenants et les aboutissants ? Pourquoi ses proches le trahissaient-ils ? Pourquoi trahir l’homme qu’il était supposé être ? On ne trahit pas ceux qui- Ses pensées s’interrompirent. Lentement, il se retourna. Sur son visage, le choc le disputait à la honte. « Qu’est-ce que tu dis ? » Avalon… Tout s’imbriqua, et tout s’effondra. L’envie de crier qu’il mentait l’assaillit, mais les preuves et le rêve le maintinrent à la raison. Son cerveau pédalait dans des sables mouvants, à la recherche d’un sens auquel s’accrocher. Il n’y avait rien. Alors, il se contenta de le dévisager, silencieux, à l’écoute, sans savoir si les sentiments qu’il lui inspirait se dirigeait aussi à son encontre. Dégoût, colère, haine, mépris.

« Tais-toi. » La phrase trancha l’air. Priam tremblait. Sa peau, ses muscles, ses os, son esprit, son cœur, son âme ; tout tremblait. Kaahl l’avait mis face à l’intenable. Trop d’incohérences s’accumulaient. Réordonnées, elles esquissaient un schéma repoussant. Les questions qu’elles soulevaient lui donnaient envie de vomir – mais elles étaient encore plus supportables à endurer que de lever le voile sur le déni qui s’installait progressivement en lui. Il voulait oublier Avalon. Il pensait à sa sœur. Il imaginait sa douleur si elle entendait son futur mari dire toutes ces choses. Devrait-il le faire à sa place ? Il ne voulait pas la torturer. Laconiquement, il souffla : « Et dire qu’elle, elle t’aime vraiment. » On ne connaissait aucune aventure homosexuelle au Baron Paiberym. Selon l’opinion publique et ces commères de Magos, il était hétérosexuel. Il avait eu des amourettes, à Basphel. Il avait aimé l’Impératrice Blanche. Il aimait l’Aile d’Acier. Pourtant, il venait de lever le rideau sur ce qui n’était apparemment que des faux-semblants. « Pourquoi être avec elle si tu préfères les hommes ? Les Magiciens sont libres de leurs mœurs, non ? » D’après les on-dits, le Nylmord et le Sirigon entretenaient une liaison. « Tu as quelqu’un d’autre à côté et tu veux sauver les apparences, peut-être ? » Un sourire mi-narquois mi-désabusé peignit ses lèvres. Il n’y croyait pas vraiment, mais parce qu’il n’avait pas envie d’y croire. Cela n’avait néanmoins rien d’impossible, ni même d’improbable. « Pourquoi t’être engagé auprès d’elle si tu savais que c’était perdu d’avance ? » Un étrange calme l’auréolait. Néanmoins, plus il mettait les choses en perspective, plus ses iris dorés se gonflaient d’orage. Sa voix prit des accents plus toniques. « Tu es plein d’incohérences. » lâcha-t-il. « Tu possèdes un artefact qui te permet de te changer en Déchue. Pourquoi ? Dans quel but ? J’ai eu le mien par hasard, et il me permet de renouer avec mes racines. Mais toi… Pourquoi l’utiliser, au risque de perdre le contrôle, et de faire souffrir les autres ? » Il s’avança vers le Magicien. « Autour de toi, les gens meurent ou te trahissent. Pourquoi ? On ne meurt pas pour n’importe qui et on ne trahit pas n’importe qui non plus. Pas un simple Baron magicien, qui se tient a priori éloigné des intrigues politiques et qui semble jouir de relations sociales saines – hormis sa famille sorcière, avec laquelle il évite peu ou prou les contacts. » Plus il parlait, plus il avait l’impression de voir la surface qu’il grattait se fendiller. « Qu’est-ce que tu caches ? Qu’est-ce que Laëth sait et ne m’a pas dit ? » Il plissa les yeux. « Et pourquoi est-ce que tu m’as demandé de te chercher, à Avalon ? » Il n’oublierait jamais Avalon. Elle lui donnait l’impression que le Baron s’amusait à créer des failles dans son propre jeu.



Message II – 1161 mots

La coutume ? Pour quoi faire ? 8D (la propension à poser des questions aussi, c'est familial, en fait /sbam)




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Ven 12 Mar 2021, 00:19



Le rêve qui soumet



« C’est ça. » soufflai-je aux menaces proférées. À chacune des paroles de Priam, je me contentais d’acquiescer avec légèreté. Je lui donnais raison sans le faire. Peut-être que, au fond, je me fichais éperdument de son argumentaire. Il ne savait rien. Il était ignorant. Il laissait parler ses émotions bien plus que sa raison. Il était ce cheval fougueux qui s’épuisait à s’en briser les pattes. « Tiens donc. Il faut savoir : soit je me tais, soit je parle. » Je souris, sans fournir plus d’explications. J’écoutais ses questions d’un air le plus souvent apathique. Qu’y comprenait-il ? « Tu ne désires pas ma liste mais tu me couvres de questions. Crois-tu être le seul que la situation glace d’effroi ? » Je l’aurais bien applaudi pour ses trouvailles mais il ne le méritait pas. « Tu es tellement loin du compte. Je devrais te protéger de la vérité. Elle va te détruire. » Je tournai doucement la tête vers lui. Mes doigts étaient noués entre eux à la frontière entre mon ventre et ma cage thoracique. Je soupirai. Ma respiration se suspendit à la fin de mon expiration un instant. Une fraction de seconde plus tard, je m’étais relevé vivement, avais balayé les jambes de l’Ange et lui étais monté dessus. Ses poignets enfermés dans la paume de mes mains, j’avais placé mes pieds de façon stratégique sur ses jambes pour l’empêcher de se rebeller. La pression le tiendrait tranquille. S’il forçait, il souffrirait. Mes prunelles le toisèrent. Sur lui, j’étais dominant. Quelques mèches de mes cheveux tombaient sur mes tempes. « Si je n’aimais pas ta sœur, les choses seraient bien plus faciles, sombre crétin. » murmurai-je, sans me départir de ma poigne. « À ton avis, que sait ta sœur ? Des choses sans doute inavouables pour te les cacher. Et si elle te les cache, c’est peut-être pour une bonne raison. » Peut-être parce qu'elle ne pouvait pas en parler, tout simplement. Je n’étais moi-même pas certain de détenir la totalité des informations en possession de Laëth. Notre relation se basait de plus en plus sur des non-dits et des acceptations silencieuses. Pour le Roi des Sorciers, je n’étais pas aussi terrible que j’aurais dû l’être. Pour un Magicien, j’étais cruel. Cependant, la thèse de l’espion corroborait certaines choses. Je devais me montrer convaincant, quitte à y perdre mon humanité. J’étais réellement un espion, de l’autre camp, certes, mais un espion quand même. J’avais perdu dans le processus. Pourtant, au fond, je savais que je pouvais illustrer l’horreur sans sourciller extérieurement.

Je soupirai une nouvelle fois et me laissai glisser sur le côté. De nouveau sur le dos, mon visage refléta la même expression désabusée que j’avais déjà revêtue plus tôt. « Tu as raison. On ne meurt pas pour n’importe qui. On ne trahit pas pour aucune raison. » Je souris sans joie. « Le fait est que je suis un espion depuis que je suis enfant. Mon statut tout particulier m’a permis d’intégrer les rangs ennemis sans trop de difficultés. L’objectif était, depuis le début, de m’élever le plus haut possible dans la hiérarchie du peuple adverse. Ce que j’ai réalisé. » Je tournai la tête vers lui. « La suite ne va pas te plaire. Je crois que Laëth n’aurait jamais osé te l’avouer, parce qu’elle est terrible. Le poids qui tombera sur tes épaules sera tel qu’il t’étouffera, comme mes responsabilités me noient aujourd’hui. » Je glissai mes mains derrière ma tête. « C’est bien pire qu’un baiser volé au cœur d’Avalon. Laëth sait qu’elle n’est pas la seule à partager ma vie. Toute mission requiert un alibi et des liens. Je suis déjà marié et elle en a conscience. J’ai déjà un enfant et elle est au courant. » J’en avais plus d’un mais ce n’était pas la question. « On va jouer aux devinettes. » Je fis tressauter le songe. Une voix venue de nulle part fendit l'air. C'était la voix de Priam, s'adressant à Priam. « De toute façon, je ne suis que le fruit de ton imagination. Tu finiras bien par trouver ce que tu voudras. Ta haine envers moi n’a aucune limite. Tu pourrais m’affubler de tous les maux pour faire passer ta frustration, comme cette histoire de Déchue à Avalon. Tu n’assumes pas. Mais m’octroyer l’image de la Déchue est préoccupant. Est-ce que tu ne me désirerais pas un peu malgré toi ? Avais-tu prévu de la retrouver ? Pourquoi faire ? C'est toi qui es incohérent. » C’était un Rêve, après tout. Tout ce que je pouvais lui dire n’avait aucune importance. Il s’en rappellerait peut-être, ou peut-être pas. Il se remémorerait la totalité ou non, s’il était seulement réel. Je pouvais souhaiter qu'il ne s'en rappelât pas. « Je détiens actuellement Za et ton enfant. La Comtesse Vaughan est mienne également. Qui suis-je ? » J’aurais pu mentionner d’autres détails de ma fonction mais ceux-là me semblaient tout aussi parlants.

« Je souhaite qu'il ne se souvienne pas de ce rêve. » pensai-je. Si aucun Génie ne venait me réaliser, je viendrais m'en occuper moi-même. Peut-être pourrions-nous nous amuser un peu à partir de maintenant.

769 mots

On finira bien par y venir à un moment. En attendant, on reste dans le thème des Orines avec l'énigme [RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 4 943930617
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Astriid
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Ven 12 Mar 2021, 22:18

[RPPT] - Le Rêve qui aime, le Rêve qui soumet, le Rêve qui excite, le Rêve qui tue - Page 4 P0bm
Neru
Aariel & Grendel
ft Wakiya




Je caressais des yeux la silhouette menue de la nouvelle venue. Mignonne. J'aimais l'innocence dans ses yeux en amande. Peut-être lui donnerai-je l'emplacement de ma caravane pour plus tard entailler un peu cette candeur et exhumer la perversion. «Viens m'aider petit coeur, c'est une position un peu compliquée.» J'étais animée par un désir ardent de destruction ; le monde était mon miroir et je devais y voir la même souffrance qui embrasait mes veines. Toutefois, j'avais des sentiments partagés pour Aariel. Il était le pantin de mon succès mais au delà de ça, il y avait chez lui un côté indéfinissable qui me troublait. J'étais indécise. Quel sort lui réserver ? Quelle serait sa place dans mon univers ? Je décidais qu'il serait pour le moment préservé de ma colère mais je n'étais pas une Ange. Il allait goûter à la douleur aussi. J'allais faire chanter les cordes en transe sur son corps étiré. Il serait beau.
Je renversais sa tête en arrière pour qu'il soit forcé de basculer complètement contre moi afin de conserver son équilibre. Je serai son point d'ancrage. Avec une douceur presque maternelle qui tranchait avec la brusquerie de mon geste précédent, je coulais ma main autour de son cou pour l'orner d'une nouvelle corde. «Si tu es sage seulement.» Murmurais-je à son oreille en réponse à sa requête. Mes lippes s'étirèrent en un vilain sourire. Il n'était pas en mesure de demander quoi que ce soit. Je tirais sur la corde pour accentuer la cambrure de son dos et qu'il offre pleinement sa gorge. Me préférait-il sauvage ? Tendre ? Ce qu'il voulait ne changerait rien à la suite mais j'étais curieuse. Je surpris le regard chargé de reproches de la jolie brune et lui tirais la langue. «Il est si malléable. Tu ne trouves pas qu'il est à croquer ?» Lançais-je sur un ton sucré à son attention avant de poursuivre. «Je le mangerais bien mais je crois que je vais laisser aux cordes ce plaisir.» Ou pas. Mes envies étaient changeantes, je ne les contrôlais pas plus qu'Aariel ne contrôlait la situation. Nous étions tous deux soumis à mon esprit défectueux. Je nouais la corde pour lier son cou et ses poignets, lui laissant assez de mou pour ne pas l'étouffer - jouer avec les cadavres, ce n'était pas très drôle - mais suffisamment court pour l'empêcher de se tenir droit.
Avec l'aide de Miss Yeux de Biche, le tissage prit forme aisément. Aussi sûrement que les liens qui l'entravaient, mon regard était ancré sur lui. J'étais attentive à l'écho de sa respiration quand elle s'accélérait ou au contraire s'apaisait, au pli que prenait sa bouche quand le chanvre froissait son épiderme. Forte des conseils de la brune, je veillais à mesurer la profondeur de l'empreinte des liens, à la résistance de ses muscles qui se tendaient avant de se relâcher mollement. Je ne voulais pas que l'inconfort remplaçât l'abandon extatique dans lequel je souhaitais plonger le jeune homme. La torture n'était pas mon objectif, il n'y aurait aucun réconfort à cela, aucune beauté ni satisfaction. Je ne voulais que sa soumission.
Peu à peu, la toile inquiétante marquait sa peau d'ivoire, son corps ployait sous les torsions des lianes. J'étais hypnotisée par le ballet enchanteur de ses réactions; ses soupirs emplissaient mes oreilles comme une musique suave. Je me sentais affamée, je voulais posséder tout ce qu'il pouvait m'offrir et je me surpris à effleurer sa peau de légères caresses pour provoquer ses sens. La fascination qu'Aariel exerçait sur moi me rendait sourde et aveugle à tout ce qui n'était pas lui. Suspendu par un harnais entremêlé sur ses hanches et ses cuisses, il apparaissait verticalement comme un reflet inversé flottant face à moi. Tableau vivant et éphémère, il était mien. Il n'appartenait qu'à moi. Pour le prouver comme pour accéder enfin à son désir évoqué plus tôt, je glissais avec autorité une main jusqu'à sa nuque pour l'approcher de moi et j'avançais mes lèvres à la conquête des siennes. Ce n'était pas un baiser amoureux, j'affirmais mon ascension sur lui. Je mordillais sa lèvre inférieure quand soudainement, j'entendis les clameurs déplaisantes du public. Il fallait en finir avec ces sans-visages qui me donnaient la nausée. Je me détachais d'Aariel, hésitais, puis enlevais le bandeau qui recouvrait ses yeux. Les cordages se détendirent progressivement pour délivrer et déposer avec douceur mon partenaire sur la piste. Espiègle, je lui pris la main en souriant et lui chuchotait d'une voix rendue tremblante par l'excitation : «Regarde ! Place au deuxième acte !» À cet instant, l'ombre dans laquelle était plongée notre auditoire se moucheta de flammes qui s'élevèrent rapidement. Je me réjouissais de cette vision infernale. «Tu ne trouves pas qu'on dirait des rangées de marrons grillés. Je me demande s'ils ont le même goût, tu veux qu'on essaye pour vérifier ?» Je gloussais, amusée par ma propre plaisanterie. Tout le chapiteau prenait feu et nous nous tenions au milieu de cette gigantesque bouche incandescente. Je n'arrivais plus à m'arrêter de rire devant cette mascarade qui s'effondrait. Tout me paraissait ridicule, j'étais moi-même une farce et Aariel n'en avait même pas encore conscience. Mon hilarité cessa aussi rapidement qu'elle était apparue. Je fis face au jeune homme qui avait été si généreux. Ne méritait-il pas un ultime remerciement pour son authenticité ? Il s'était mis à nu pour moi, ne devais-je pas en faire autant ? Serait-ce cruel de lui révéler la supercherie ? Mais je me refusais de le duper plus longtemps.
Tout n'était que tromperie. Tricherie. Je plantais mes yeux déterminés dans les siens. Il fallait qu'il sache. La vérité était laide. Ma peau commença à durcir, à prendre une teinte terne et cendrée. La vérité était cruelle. Ma chevelure soyeuse s'effrita et tomba en poussière fine à mes pieds. Je me craquelais comme de la terre trop sèche. Il y eut un coup de vent et mon enveloppe éclata.
Je dus lever les yeux pour croiser son regard. Il me voyait sans artifices. C'était plus juste ainsi. J'étais soulagée de me défaire de ces mensonges. Le ressentiment qui m'alourdissait s'était envolé avec le Cirque dans les flammes. Je n'avais plus besoin de me rassurer, je n'avais plus honte. Soudain guillerette, je lui fis un clin d'oeil amusé et coinçait le bout de mon pouce dans ma bouche. «Surprise !»

Message II | 1127 mots


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Ven 12 Mar 2021, 23:10



Aegeri



Un sourire satisfait s’installa sur mon visage. Mes doigts s’enfoncèrent dans le sol, comme si je cherchais un contact supplémentaire avec la nature. L’ensemble de ce qui nous entourait était Vie. Je voulais la ressentir avec d’autant plus de force, comme une communion avec les Ætheri. Je ne me reproduisais pas pour moi uniquement. J’honorais les Dieux. Le rythme de mon bassin, qu’il fût incarné dans la danse ou dans le sexe, chaque parcelle de mon être, était voué à la grandeur de ceux qui régissaient ce monde. Lorsque mes muscles se bandaient, c’était pour eux. Lorsque je respirais, c’était pour eux. Jusque dans l’éclat vert de mes prunelles, ma dévotion brillait. Je ne voyais mon environnement qu’à travers ceux qui guidaient mes pas et régissaient le tout. Je bâtissais à leur gloire et chassais ce qu’ils m’offraient. Chaque être vivant avait une fin préprogrammée. C’était le Destin. Lorsque ma flèche traversait le crâne d’un cerf, j’accomplissais le Cycle. Il m’était offert, à moi et à tous ceux qui viendraient à dévorer sa chair. Il n’y avait pas de hasard dans la vie et dans la mort, pas plus qu’il n’y en avait dans la situation présente. Mon corps frémit depuis mon lobe jusqu’au bas de mon dos. L’éclair sensitif se fraya un chemin jusqu’à mon bas-ventre. Je ris. J’étais sûr qu’elle n’avait pas perdu la main. Elle ne l’avait jamais perdue pour reprendre le dessus. Je la laissais faire volontiers. J’aimais bien lorsque ses cuisses passaient de chaque côté de mon anatomie. Elle m’enfermait dans un cocon chaud. Il n’appartenait qu’à moi, ensuite, d’enserrer sa peau entre mes doigts, de lui agripper les fesses et de la diriger rapidement contre mon bassin. J’avais appris à aimer les danses, à me coller à elle, jusqu’à ce que la finalité soit inéluctable. Les huiles qui couvraient nos corps lors des cérémonies leur donnaient un aspect glissant. J’aimais toucher sa peau, la sentir couler sous, contre et sur la mienne.

Mes yeux admirèrent son corps lorsqu’elle se redressa. Mes doigts cherchèrent l’herbe pour s’occuper, le temps qu’elle trouvât la peinture. Ça n’aurait tenu qu’à moi, j’aurais empoigné sa poitrine et inversé nos positions. La fièvre de l’excitation me donnait des idées de chasse. La patience dont je faisais preuve était un défi en soi. Il s’intensifia lorsque le pinceau s’abattit sur ma peau, bientôt suivi de la langue de la Chamane. Ma mâchoire se serra. Mes iris ne quittèrent pourtant pas la silhouette d’A’Hawé. Je préférais voir ce qu’elle me faisait, quoi qu’elle fît. Mon bras finit par l’enlacer. Ma paume embrassa son crâne, pour la serrer davantage contre moi. Mes lèvres cherchèrent les siennes à n’en plus pouvoir respirer, jusqu’à ce qu’elle brisât le contact. Son commentaire m’arracha une interjection. Mon regard se fit plus profond. L’air malin qui s’afficha sur mon visage ne présageait qu’une seule chose. Dommage qu’elle ne pût pas le constater. Mes mains se refermèrent sur ses fesses et je me redressai brutalement pour l’asseoir sur moi. « Silence, femme. » lui intimai-je en plaisantant. Je la poussai pourtant, pour la faire retomber dos contre terre. Je pris un pot de peinture au passage et lui renversai le liquide dessus. Je regardai longuement le rouge s’échapper de son contenant pour se frayer un chemin vers son nombril. La peinture percuta son ventre et coula sur sa taille. Je déposai l’objet au sol et posai mon index sur elle. Du dessous de son nombril, il descendit sur son pubis, puis plus bas. Mon corps domina le sien de nouveau et mes lèvres rejoignirent les siennes sans que ma main ne bougeât d’entre ses cuisses avant de longues minutes. Mes dents s’attachèrent à marquer chaque parcelle de son cou et de ses épaules. Mon souffle s’attarda sur sa peau. C’est vrai, j’étais très loin de l’adolescent boudeur que j’avais incarné par le passé, lorsque nous nous étions rencontrés. J’avais appris à honorer la Vie et à porter d’autres espoirs que les miens propres. J’étais devenu adulte et pensais bien plus au développement des Chamans. J’avais plus de moyens.

Je finis par grogner, impatient. Mes doigts se retirèrent pour mieux se refermer sur ses hanches. Je l’attirai à moi encore plus. Ce soir, j’allais la monter, pour me venger de toutes les fois où c’était elle qui m’avait chevauché. J’étais certain que les Dieux se réjouissaient de nos unions et qu’ils les bénissaient à chaque fois qu’elles se profilaient. Cette fusion des corps serait bestiale. Je voulais la dévorer.  

741 mots
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Pulsar Verhoeven
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Pulsar Verhoeven
Sam 13 Mar 2021, 11:50


Illustration - Maureen Leymet
Aegeri
Aylivae & Pulsar

! Ce RP aborde des thèmes adultes et pourrait heurter
la sensibilité de certains lecteurs !

Le Magicien n'avait pas vraiment compris l'invitation sur sa table de déjeuner, mais avant même qu'il ne cligne des yeux suite à la lecture du dernier mot, il se retrouvait dans un carrosse d'ivoire et d'or à destination du Palais de Cael, en compagnie des siens. Pulsar ne se souvenait que vaguement de ce long trajet sur une route soyeuse et argenté, naviguant dans le néant en toute sécurité, avant de voir la somptueuse salle s'animer autour des convives dansant autour des tables en cercles concentriques extrêmement précis. Quelle maîtrise, quelle grâce. Toute l'éducation des Mages Blancs dans le domaine poussé dans sa perfection. Amicia en vint à le complimenter sur son travail, enchantée d'être dans un lieu aussi splendide, amusant et brillant. Pulsar sourit, il était si étourdit ! C'était lui, l'organisateur de cette soirée, il l'avait presque oublié, certainement à cause de la pression. Ses subordonnés s'étaient tenus prêts à accueillir les invités, ayant envoyé des missives à plusieurs personnes, n'ayant pas hésité à compter sur le bouche-à-oreille et aux annonces chez les commerçants des environs. Ce serait grandiose. Il ne réalisait pas vraiment l'événement, mais est-ce que cela avait une quelconque importance ? On l'avait enlevé avant même qu'il n'avale la moindre tartine beurrée et il était enivré par les senteurs variées de l'endroit. Dégustant un gâteau à la vanille, volé sur un plateau volant, il eut l'excellente surprise d'entendre une voix dont il rêvait de revoir la propriétaire.

Mademoiselle ! s'exclama-t-il, enchanté.

Un chemin se dessinant vers les deux amis, les invitant à aller à la rencontre de l'autre. Visiblement, la Magicienne appréciait son odeur et vint se coller dans ses bras dans un enlacement bien peu convenable, mais pourquoi s'en soucier ? Ces retrouvailles étaient douces. Lui, il était submergé par sa beauté époustouflante. Il connaissait peu de demoiselles aussi charismatiques ... Peut-être une, mais il y avait son vécu derrière elle.

Votre tenue n'est pas mal non plus, elle me donnerait presque envie de manger quelques endroits gourmands.

Pulsar désignait sa robe de la main, la tenant tout de même à une distance respectable. Il y voyait bien l'aspect aussi esthétique que ses propres habits en pâte d'amande et autres sucreries bleuté, mais pour lui, ce n'était tellement pas pratique de se vêtir d'un ornement si fragile, capable de se disloqué au moindre coup de dent. Quand Aimée se tenait à lui, il ne pouvait se retenir l'envie de la prendre dans ses bras et de la faire tournoyer dans les airs. Ils étaient décidément bien entreprenants l'un envers l'autre en cette douce soirée, comme deux vieux amis de longue date se retrouvant après une longue séparation.

Je vais très bien et vous-même ? Pas encore marié, non. D'ailleurs, avez-vous su dompter le Kurbus, ou le Vaakum ? Les deux ?

Il se souvenait aisément de sa déchirure entre deux hommes, la raison lui imposant d'aimer un promis royal, mais son coeur lui dictant une autre voie. C'était comme choisir entre deux maladies. Pourquoi se contraindre à ce choix, d'ailleurs ? Ne valait-il pas mieux aimer sans barrière, dans le respect de tous ? Ses pensées décousues étaient interrompues lorsque la Magicienne se mis à dévorer goulument la partie haute de son costume, comme une vampire assoiffée de sang. Il ignorait un peu la conception des friandises composant sa tenue, se demandant lui-même quel pouvait en être le goût. Alors ...

... Ou vous n'avez personne, encore ?

C'était tout aussi vrai. Peut-être en avait-elle eu marre des convenances d'un mariage, peut-être que l'homme pour qui courrait son coeur n'était pas à la hauteur, lui rendant sa liberté dans tous les domaines. Libre et indomptable, curieusement, Aimée semblait l'être. Son souffle dans son cou avait quelque chose de très agréable, comme une brise caressant les vagues. Son bisou était aussi doux que le toucher d'une pétale de rose. Elle s'écartait doucement de lui, s'amusant de ses bêtises, mais Pulsar était loin de lui en tenir ombrage, se retrouvant dans le même état d'euphorie que sa partenaire.

Aaah, vous avez faim, Aimée ? irionisa-t-il, amusé, en prenant quelque chose sur l'un des plateaux volants avec quelques mets. Dans ce cas, laissez mes torrents intimes éroder la berge humide de votre îlot secret ...

Et il collait une madeleine au chocolat contre ses lèvres, avec un rire amusé.

Post I - 773 mots


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