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 Niveau VI | In nomine mater, et filii, et spiritus mali

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Mer 17 Juin 2020, 10:01



In nomine mater, et filii, et spiritus mali



« Tu vas y aller ? » demanda la Dame Rouge à son époux. Il la fixa un instant. « Pourquoi irais-je ? » « Tes trois frères et sœurs y seront. Ce serait l’occasion de tous vous réunir en un endroit. » « Ce serait une folie intéressante mais néanmoins une folie. » répondit-il tranquillement. Il ne valait mieux pas. « Elle nous regarde. » fit remarquer Aria. La blonde était, en effet, dans le couloir attenant à la pièce, proche de la porte. Elle n’écoutait pas aux portes. Cette dernière était grande ouverte. Elle était simplement ici. « Elle non plus, n’a visiblement pas de prénom. » « Nous sommes mystérieux, dans la famille. » « Ah oui ? Étonnant ! » s’exclama-t-elle, ironiquement. « Comment se fait-il qu’elle se soit réveillée ? Tu m’avais dit qu’elle ne le faisait que pour le coït. » « Aucune idée. » Si, il avait une idée sur la question, même plus qu’une idée puisqu’il savait, mais il n’avait pas envie de partager cela avec elle.

« Excusez-moi… Vous ne pouvez pas entrer. L’Archimage Masskinn prépare la cérémonie et i… » Il ne finit pas sa phrase et s’écarta de son passage. Elle n’aimait pas qu’on lui résistât de la sorte. Pour qui se prenait-il ? Et, surtout, pour qui la prenait-il ? Elle avait engendré des générations d’Empereurs Noirs et de Sorciers puissants. Elle était pour beaucoup dans le développement de la race et, surtout, Ethelba était bien plus proche d’elle que de n’importe lequel de ces religieux coincés. Elle n’avait aucune envie de débattre sur le bien fondé de sa présence ici. Elle avait quelque chose à faire et elle le ferait.

Lorsqu’elle arriva dans la salle où se tenait le Chancelier, elle s’approcha de lui sans attendre. « Vous êtes démis de vos fonctions le temps de la cérémonie. » annonça-t-elle. « Excusez-moi ? » demanda le concerné, en donnant un rapide coup d’œil en direction de la porte. Normalement, les gardes auraient dû arrêter l’intruse. Il réfléchissait vite. Si elle était ici, c’est qu’elle avait déjoué leur vigilance. « Vous avez parfaitement entendu. Je dois procéder à la cérémonie à votre place. Là est la volonté de la Déesse. Vous seriez bien mal avisé d’aller à son encontre. » Elle marqua une pause. « Résistez et vous serez démis de vos fonctions tout court. » « Qui êtes-vous ? » demanda-t-il sans accepter ou refuser la proposition. « Je suis le berceau de la grandeur, celle à qui la Lune Noire murmure ses desseins. J’écoute mais je ne révèle jamais. Je dors lorsque la noirceur disparaît et me réveille pour fêter ses apparitions. » Il resta silencieux. « Mon nom n’est qu’une légende et mon prénom appartient à Ethelba. » murmura-t-elle doucement. « Je suis l’Oracle du Chaos et il me revient de couronner mon fils. » Il y eut une seconde de silence, où il resta immobile. Il finit par s’agenouiller avec une rapidité étonnante pour un Chancelier des Ténèbres. Il ne pouvait remettre en cause ce qu’elle venait de dire. Elle ne le désirait pas. « Bien. Puisque vous vous êtes montré raisonnable, vous m’assisterez durant la cérémonie. Nous dérogerons aux règles. J’exige l’organisation d’une procession. Réunissez les esclaves et les Sorciers d’Amestris, veillez à faire de Nementa Corum une zone praticable à pieds. Je ne comprends d’ailleurs pas que, vous autres, Mages Noirs, n’ayez pas amélioré la situation de votre territoire avec le temps. » Elle marqua une pause. « Dispersez les Sorciers à travers le monde. Nous allons faire trembler ce dernier quelques minutes afin de fêter l’événement. » Les Humains seuls seraient épargnés, ceux qui vivaient dans les grandes cités, remplies d’un Ma’Ahid difficile à franchir. C’était leur privilège, l’un des seuls qu’ils possédaient encore aujourd’hui.

Le jour du couronnement, elle se plaça devant l’autel, quelque part, au sein de Nementa Corum. L’eau avait été vidé, le terrain asséché, pour l’occasion. Le paysage restait apocalyptique, décharné, à l’image de l’ensemble du continent dévasté. Elle était vêtue d’une robe noire, simple, humble. Elle ne portait aucun bijou. À sa droite, se tenait le Chancelier Masskinn. Autour d’eux étaient réunis tous les enfants d’Ethelba. Ils étaient reconnaissables à leur peau, marquée par d’étranges arabesques. Ces derniers étaient considérés comme les plus purs Sorciers existant, les plus puissants et, aussi, les plus maléfiques. À présent, il n’y avait plus qu’à attendre.

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Mer 17 Juin 2020, 22:07


Mes doigts s’agitaient frénétiquement sur l’instrument de musique. J’essayais de me détendre, en vain. Je me trouvais dans la Maison de Poupées de ma femme, Viviane. Je tremblais presque, malgré toute la force dont je disposais. Les jours à venir seraient sombres. Les jours à venir seraient cruciaux. Il me faudrait démontrer la puissance de ma magie, cette même magie qui m’effrayait parfois. Les Ténèbres étaient bien trop accueillantes et mon esprit était de plus en plus tenté par elles. Je pourrais y glisser totalement au moindre faux pas. Je marchais déjà sur une corde sensible, tendue au-dessus de corps en décomposition. Mes mains se tenaient fermement à la Magie Bleue et à la Magie de la Lumière. Lux in Tenebris n’attendait qu’un faux pas pour me dévorer. Je la sentais, grouillante, puissante, assassine, prête à me rendre fou et dépendant, obsessionnel et violent. Je gardais encore en mémoire l’image de Niklaus dans ses pires instants. Je ne désirais pas devenir ainsi. Lui aussi maîtrisait la Magie Bleue. Nous n’étions pas si différents. Alors que les Mages Noirs avaient soutenu les Ætheri durant la Guerre des Dieux, Lord avait pris une position bien différente, lui et sa famille avec lui, moi aussi donc. C’était un secret.

J’inspirai, mes doigts toujours actifs. Je n’étais pas calme. Je me posais des questions. J’allais devenir Roi. Je le savais, je l’avais toujours su. J’étais le Prince héritier. La finalité était celle-ci, elle l’avait toujours été. Serais-je capable ? Serais-je à la hauteur ? Serais-je un bon Roi ? Aurais-je les épaules pour supporter le poids de tout un peuple ? Pour ne pas faiblir face à la facilité ? Pour ne pas laisser mes jugements personnels prendre le pas sur des positions raisonnables ? « Kaahl ? » La voix de Viviane eut le mérite de me sortir de mes pensées. Ma femme était au courant de ce que j’étais. Nous nous étions rencontrés à Basphel. Elle et moi avions suivi le même parcours. Elle espionnait, tout comme je le faisais. Nous ne nous voyions que très rarement, lorsque nos emplois du temps coïncidaient et le fait que nous n’eûmes qu’un enfant prouvait bien ce fait. La descendance était importante chez les Mages Noirs. La vieillesse de mon identité sorcière était une justification plausible même si, encore une fois, il fallait être bien idiots pour penser que j’étais réellement vieux. J’aurais dû être mort depuis longtemps, à ce stade. Ma magie était trop puissante pour que je ne pusse pas rectifier ce problème. « Oui, Viviane ? » l’interrogeai-je en levant la tête. « Tu devrais sortir d’ici. » Sa voix était douce. Elle comprenait sans mal mon état et ne m’accusait pas de me terrer dans cette demeure, même si c’était exactement ce que je faisais, pendant que je le pouvais encore. « Oui. » Je soupirai et me levai pour la regarder. « Tu sais que tu vas devoir arrêter ton travail, n’est-ce pas ? » lui demandai-je. « Je le sais, ne fais pas cette tête. C’est le devoir d’une Impératrice Noire de s’occuper des Dames Noires, des festivités et d’une partie des relations diplomatiques. J’ai été élevée pour ça. Un autre espion prendra la relève en temps voulu. » « Je suppose que ça va te manquer, l'espionnage. » « Peut-être. Nous verrons. » « Oui, nous verrons. » lui soufflai-je, en m’avançant. « Excuse-moi, je suis… soucieux. » « Je vois ça. Tant que tu parais soucieux ici, ça ne pose aucun problème. Dehors, tu ne devras pas faiblir. » « Je sais. Je ne faiblirai pas. » Elle porta son regard sur mon bureau. « Tu as… fait tout ça cette nuit ? » Il y avait un nombre incalculable de documents sur la table. Je n’avais pas dormi, avais travaillé pour me changer les idées et l’anxiété me rendait toujours étonnement rapide. « Oui. Je vais aller dormir un peu je pense. Ensuite, je sortirai, avant que le tailleur n’essaye de m’abattre de frustration à force de me chercher dans tout Amestris en vain, au lieu de prendre mes mensurations. » Je lui souris. Elle fit de même, avant de redevenir plus sérieuse. « Tu vas continuer à te rendre chez les Magiciens, n'est-ce pas ? » « Oui. » « Kaahl… Je me demande si c’est vraiment raisonnable. » « Ça l’est. » « Tu seras l’Empereur Noir. Si ta couverture venait à tomber… Ce que je veux dire c’est que si ton identité était découverte, ce serait difficile de t’aider. » « Au pire, je mourrai. » dis-je, tranquillement. L’idée me plaisait de plus en plus, parfois, à cause des émotions de Devaraj.

À l’attention de Lysistrate Dogma,

J’ai bien reçu votre paquet et suis ravi que vous ayez eu le courage de vous affranchir du fardeau que représente l’amour. J’accepte vos conditions. Ma réputation est déjà affreuse, de toute façon. Il va sans dire que si l’une des Dames Noires, une étrangère qui plus est, et une Démone, assume ses instincts destructeurs, ma réputation n’en sera qu’encore plus horrible. Vous gagnez la liberté et je gagne un soupçon de peur en plus aux yeux de ceux qui me côtoient. Néanmoins, je vous prierai de ne pas vous en prendre aux Sorciers. Ce serait très mal venu. Nous discuterons davantage après mon couronnement. Si vous n’étiez pas au courant, je vous en informe à présent, et vous invite à y assister si vous avez le temps. Je vous joins les détails en annexes. Si ce n’est pas le cas, je n’en prendrais pas ombrage. Nous n’aurons, qui plus est, très certainement pas la possibilité de parler durant ce dernier puisque le protocole est strict et que je devrais partir juste après pour des affaires urgentes en territoire étranger.

Portez-vous bien.
Elias Salvatore.


Elle n’était pas la seule à qui j’avais écrit. J’avais invité la plupart des participants à la Coupe des Nations ainsi que certains agents diplomatiques à assister à mon couronnement, de près ou de loin. Il y avait également deux femmes qui avaient été conviées, dont une que j’espérais apercevoir pour diverses raisons qui tenaient plus au sadisme pur qu’à autre chose.

À l’attention de Nostradamus Dementiæ,

Je n’avais pas encore pris le temps de vous remercier pour votre intervention. Voilà qui est chose faite. J’espère que nous aurons l'occasion de travailler de nouveau ensemble bientôt. Puisse Ethelba vous garder de me faire des cachoteries à l’avenir. N’hésitez pas à me recontacter afin de me parler de vos éventuels projets. Je suis certain de pouvoir vous aider à les concrétiser si besoin est.

Elias Salvatore.


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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Jeu 18 Juin 2020, 10:35



In nomine mater, et filii, et spiritus mali


« Za ! T’as une lettre ! » « Une lettre ? » Elle était allongée sur le dos, en train de tenir son ventre. Celui-ci ressemblait à une tête de Goled tellement il était gonflé. Erek le fixa. Il se dit que s’il prenait une aiguille et la plantait dedans, le tout exploserait sans doute. Ça le fit rire connement. « Ouais une lettre ! » « Mais j’en veux pas de ta lettre moi ! J’ai le vagin en feu, tu crois que j’ai que ça à foutre de lire ? » « C’est peut-être important… » « Il y a d’autres trucs importants ! Comme Odun do Dur ! » « Oui bah c’est pas avec ton cerveau atrophié que tu vas comprendre quoi que ce soit à ce qu’il s’est passé là-bas ! Lis ta putain de lettre et laisse les mystères aux érudits de Stenfek ! » Za cracha par terre. « Les péteux de Stenfek oui. Ils chercheraient à comprendre comment on plante des betteraves qu’ils n’y parviendraient pas ces cons. » Elle le fixa. « De toute façon, je ne sais pas lire. » « Erza sait lire donc tu sais lire. » « Gnagnagna Erza beuhbeuhbeuh. Et ta sœur ? Je vais bientôt accoucher alors arrête de me faire chier ! Laisse-moi tranquille ! Si tu me donnes cette lettre, je t’assure que je vais trouver la force de me relever, d’allumer un feu et de la cramer ! » « T’es conne ma parole ! » grogna le Démon tout en sortant de la chambre avec la lettre.

Une fois dans le couloir, il la déplia. L’écriture était trop assurée pour qu’elle pût provenir d’un Réprouvé. Lui non plus ne savait pas lire. C’était assez bref. Il y avait bien un nom mais ça ne changeait rien, il ne pouvait pas le prononcer. Il soupira, se grata le cuir chevelu et se dirigea vers la taverne la plus proche. Il entra à l’intérieur du bâtiment et demanda : « Est-ce que quelqu’un vient de Stenfek ici ? Ou est-ce que quelqu’un sait lire ? » Tout le monde parlait du grand combat. Tous avaient un avis dessus. Ils sentaient que quelque chose avait changé, sans être capable de dire quoi exactement. « Moi je sais ! Pourquoi ? » « Za a reçu une lettre. » « De qui ? » « Je ne sais pas justement. » « Viens voir. » Erek s’installa en face du volontaire, un grand type à la peau basanée et aux yeux aussi bleus que ceux de Za. Il lui tendit la missive. L’autre posa les yeux dessus. « Elias Salvatore, c’est pas un putain de Sorcier ça ? » commenta-t-il. Il y eut quelques réactions affirmatives lorsque les mots furent entendus par les tables d’à-côté. « C’est le chien de Lord. » « Et Lord est le chien de la morue des mers. » Il y eut quelques rires gras. Ils retenaient bien ce qui les arrangeait et la mauvaise foi était un art tout réprouvé. « Bon il lui veut quoi ? Elle est allée à Amestris hein ? Peut-être qu’il veut la baiser ? Il paraît que les gamins c’est son truc. Vu qu’elle en a un dans le bide… » « Ta gueule. » souffla le Démon. « Parle pas de mon gamin comme ça ! Aucun putain de Sorcier ne posera le doigt dessus, ou alors le doigt ne sera plus rattaché à son corps et servira de hochet à mon fils ! » « Tu sais même pas si c’est un garçon. » « Bon, cette lettre. Ça dit quoi ? » L’intéressé replongea le nez dedans. « Baaahh… Il veut la voir et si elle vient pas à Amestris, il va venir la chercher. Ça va le melon ? Il croit qu’on va le laisser passer et lui dérouler le tapis rouge ou bien ? » Erek réfléchit. Za n’avait pas été très explicite sur ce qu’il s’était passé à Amestris. Elle avait juste dit que les Sorciers étaient des gros cons, qu’elle avait fait leur épreuve mais qu’elle avait envoyé chier le vieux parce qu’elle n’avait pas que ça à faire de traîner avec la racaille et qu’elle préférerait mourir plutôt que de se marier à un Sorcier. « Je pense qu’il faut prévenir Erza. » finit par murmurer le Démon. « Ça pue cette histoire et Za est trop conne pour s’en rendre compte. » « Laisse tomber. Il viendra jamais ici. » « Ouais. Je suis sûr qu’ils disaient ça à Lumnaar’Yuvon avant que Jun vienne tout cramer. » conclut-il, en se relevant et en reprenant la lettre. « Je préviens Erza, ça ne coûte rien. » « Si tu veux. » « Ouais. »




« Aliénor, ma chérie, arrête de pleurer, voyons. » Lhéasse leva les yeux au ciel. Madame Vaughan était une femme rondouillette, toute en sucre et en jovialité. Néanmoins, le Sorcier s’en méfiait un peu. Elle lui avait asséné son rouleau à pâtisserie sur la tête une fois. Il aurait très bien pu s’en défendre s’il s’était attendu à un tel acte de la part de cette femme. Elle ne payait pas de mine mais il valait mieux ne pas toucher à ses enfants. Telle une maman oie, elle attaquait. « Ce n’est pas si… » Le Mage Noir rit. « Ce qu’essaye de dire votre mère c’est que ça revient exactement au même. Alors, oui, Niklaus est plus séduisant mais il n’y a pas que le physique dans la vie. » Ça l’amusait, au fond. Elias n’était pas connu pour avoir beaucoup de qualités non plus. Au-delà de son amusement, il s’inquiétait quand même un peu pour la Vaughan. Depuis la tempête qui s’était produite dans la baronnie du Baron Paiberym, elle s’était d’autant plus renfermée. Il n’aurait peut-être pas dû lui présenter les choses comme il l’avait fait. Il avait perçu l’espoir dans ses yeux, avant que cet espoir ne s’éteigne complètement. Maintenant, elle pleurait. Pauvre choupette. « Allez, il faut vous préparer. Nous devons nous rendre chez le Duc Conrad Caïn Taiji afin de rejoindre sa petite-fille. Vous ne serez pas seule durant le voyage vers Amestris. » « Je vous déteste ! » lança Aliénor entre deux sanglots. « Si vous voulez. Ça ne change rien. Préparez-vous, c’est tout. » Il tourna les yeux vers la mère de la jeune femme. « S’il vous plaît, aidez-la. Si nous sommes en retard, ce sera d’autant plus terrible. »




Jun était silencieux. « Tu n’es pas obligé d’y aller si tu ne le désires pas. » finit-elle par lui dire. Il sourit. « Ce serait un sacrilège : le noir me va si bien. » Il rit à sa connerie et se déplaça. « Puis je dois y aller. Les anciens Empereurs Noirs encore vivants ne courent pas franchement les rues. » Il la fixa et soupira. « Une partie de moi a envie de voir ça. Une autre non. Devaraj doit déjà subir le fardeau de sa couronne et… » « C’est le Destin et tu le sais. » Le silence s’installa de nouveau. Il baissa légèrement les yeux et décida de changer de sujet. « Cette robe te va bien. » « Merci. » murmura-t-elle, en le fixant dans son costume de cérémonie. Elle n’en dit rien mais l’envie de le lui ôter ne cessait de la torturer. « Hubert ? » appela l’homme. « Oui, monsieur ? » « Si jamais le Marquis et la Comtesse arrivent ici, accueillez-les comme il se doit et dîtes leur que nous aurons, malheureusement, un léger retard. Nous avons des affaires urgentes à régler. » Il avait murmuré le tout sans quitter des yeux Edelwyn. C’était assez clair, tellement que ça fit sourire le majordome. « Bien, monsieur. »

1306 mots

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 18 Juin 2020, 21:48


« Après vous, Prince Noir. » me murmura Viviane. Nous avions pris l’habitude de paraître distants l’un envers l’autre en public. C’était aussi la raison pour laquelle certains hommes avaient cru bon de tenter de la séduire dans mon dos à une époque. Celle-ci était révolue. La future Impératrice Noire avait toujours été libre de ses relations intimes, à condition de museler ses amants. Elle n’avait jamais failli à la tâche. Je déglutis et m’avançai. La marche serait particulièrement longue. J’étais en tête du cortège, entouré du Chancelier Elzagan et du Chancelier Astarté. Viviane marchait juste derrière moi, accompagnée de ma fille et suivie des Empereurs Noirs du passé encore vivants, à savoir son Altesse Niklaus Lord Salvatore et son Altesse Jun Taiji. Derrière eux, se trouvait le reste des Archimages, à l’exception du Masskinn et du Kamtiel. Ensuite venait la famille royale et mes futures épouses. Enfin, les religieux terminaient la procession.

Un pas après l’autre, je m’avançais sur le chemin tracé au cœur même de Nementa Corum. Des efforts considérables avaient été faits pour assécher l’endroit et le rendre praticable. La garde avait sécurisé les lieux et se tenait prête à intervenir au moindre souci. Il n’y en aurait pas. J’étais habillé de jais et portais une cape blanche en fourrure sur laquelle se tenait un rond d'ébène. Il s’agissait d’une représentation de la Lune Noire, symbole majeur d’Ethelba. Les bras le long du corps, je me contentais d’avancer, tête haute, visage neutre. La traine créait une distance de fait entre le reste du cortège et moi-même. Le fait qu’elle fût forcément sale à la fin de la procession me travaillait affreusement. Aujourd’hui, sous un temps gris et menaçant qui invitait progressivement la nuit à le saisir, j’allais devenir Roi. J’allais devenir Roi et tout ce qui m’importait actuellement était le manque de propreté futur de mes vêtements. Je me raccrochais à ce que je pouvais, tentant d’ignorer le poids de la Couronne qui écrasait progressivement mes épaules, à chaque pas en avant. Le chemin serait long jusqu’à l’autel, un chemin que j’allais devoir emprunter sans un faux pas, sans aucune bavure, sans qu’aucun signe de faiblesse n’apparût sur mes traits, jamais. Je pensai brièvement à la lettre de Laëth. Mais on ne peut apparemment pas aller contre soi-même sans se parjurer. Étais-je en train de me parjurer d’une quelconque manière ? Non. J’étais en train de me perdre moi-même. Plus je marchais, plus je sentais mes peurs grandir, ma magie jubiler et mon esprit se noircir. Viviane avait peut-être raison. Peut-être que je ne pourrais plus mentir, faire semblant, à l’avenir. Peut-être que ce simple statut d’Ultimage aurait raison de ma personnalité magicienne, qu’il m’interdirait une aura d’apparente pureté. Je l’ignorais. Seulement, je savais que si je n’accentuais pas les forces d’Umbra in Lucem, Lux in Tenebris me rongerait jusqu’à me faire disparaître. À la fin, je ne serais plus que l’ombre de moi-même, un cadavre déterré des entrailles de la terre, sans volonté propre.

Les paysages d’abord déserts firent place à une haie d’honneur composée d’individus. Il s’agissait, pour le moment, d’esclaves. Ces derniers n’avaient pas le droit de me regarder durant la procession, signe évident de leur infériorité. Je ressentis une certaine fierté en notant l’absence d’enfants de bas-âge. J’avais réquisitionné ces derniers pour mes besoins personnels. Si tous pensaient que je les violais à la chaîne avant de les massacrer, il n’en était rien. J’avais fait en sorte de les sauver de leur condition. Mon amour pour les enfants était trop grand pour que je pusse tolérer le moindre mauvais traitement. Quant au reste des esclaves, les adultes, je n’éprouvais aucun remord particulier. Malgré l’ouverture d’esprit offerte par mon éducation, je restais un Sorcier et l’esclavagisme était presque une religion parmi nos rangs. L’Ange en moi était révolté par cette prise de position. Je comprenais son point de vue. Je ne l’approuvais néanmoins pas.

Une fois les esclaves passés, ce fut le tour des domestiques et des Sorciers de faible condition. Ceux-ci avaient droit de regard sur ma personne. Certains n’osaient pas. Je ne les regardai pas, mes yeux fixant l’horizon de plus en plus sombre. Les Ténèbres marquaient forcément le couronnement d’un Roi Noir. J’aurais préféré être sacré dans un paysage fertile et lumineux.

Après trois heures de marche, je pus enfin distinguer l’autel, en haut d’une petite colline. Les Sorciers présents étaient tous d’une importance capitale, des nobles, des guerriers et scientifiques émérites, des gouverneurs. Il y avait, bien sûr, Kaalh. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire mauvais. S’il savait… Ce merdeux qui se permettait de critiquer ma gestion familiale parce qu’il me pensait Magicien. Il n’était en fait qu’une petite chose, soumise à mon autorité, n’ayant acquis son poste que par ma seule volonté, un poste que j’avais d’ailleurs le pouvoir de lui retirer n’importe quand, d’un simple geste. Je le quittai des yeux pour fixer l’autel. Mes dents se serrèrent lorsque je reconnus ma mère. Mon visage resta impassible mais une furieuse envie de meurtre me saisit. Le Chancelier Masskinn se tenait à côté d’elle.

Arrivé devant elle, je me plaçai sur l’agenouilloir. Ce geste provoqua un mouvement de foule qui s’étendit sur plusieurs kilomètres. Sorciers, invités et esclaves mirent genoux à terre, à l’exception de Jun et Niklaus, du Masskin et de l’Oracle du Chaos. Je baissai la tête et fixai mes yeux sur le sol.

892 mots

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
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Jun Taiji
Ven 19 Juin 2020, 19:30



In nomine mater, et filii, et spiritus mali



Lorsqu’ils se mirent à marcher, Jun lança un sourire en coin à l'attention de Niklaus. Ils n’étaient que deux, signe évident que les passassions de pouvoir se déroulaient bien plus dans le sang que dans la diplomatie chez les Mages Noirs. « Ça doit être les racines magiciennes qui ressortent. » murmura-t-il, joueur, avant de prendre une expression neutre. Il valait mieux avoir une tête d’enterrement à ce genre d’événements, comme si le décor n’était pas déjà assez déprimant.

Edelwyn avançait à côté d’Aliénor. Les deux femmes portaient un voile en dentelle qui descendait jusqu’à leur nez. Elles étaient habillées d’une robe noire qui remontait jusqu’à leurs mâchoires et avaient des chaussures plates, plus pratiques que des talons pour marcher. La blonde nota les mouvements irréguliers du menton de la Magicienne. Doucement, en silence, elle lui prit la main. Elles semblaient condamnées à vivre un grand nombre d’événements ensemble. La tempête d’abord, puis le couronnement. Ce ne serait pas la dernière fois qu’elles se verraient. La Déchue reporta son regard devant elle. Elle pouvait voir Jun, plus loin. Elle sentait que la trêve allait bientôt prendre fin. Quand exactement ? Elle n’en avait aucune idée mais, au fond, elle savait que leurs deux corps risquaient de devoir se dire au revoir durant un long moment.





Lorsqu’Elias se fut agenouillé, la scène se figea. Jun pencha un peu la tête en avant, comme un enfant curieux de savoir si son petit tour avait marché ou non. Ça avait fonctionné, bien évidemment. Le silence était absolu. La nature elle-même ne s’était pas rebellée contre ses désirs. Il s’avança alors et fixa le visage de l’Oracle du Chaos. Il grimaça. Il lui aurait volontiers craché au visage, s’il ne trouvait pas ce genre de comportement répugnant. Ses yeux glissèrent sur son fils et il lui fit un léger signe du menton pour l’inviter à le suivre. Il avait créé un piano, juste devant l’autel. « Ne t’inquiète pas, je suis sûr qu’Ethelba appréciera. » Et si non, il allait la détruire comme tous les autres. Il sourit, s’installa et posa ses doigts sur l’instrument. « Comme tu l’as si bien écrit à Edelwyn, à quatre mains c’est mieux. » De nouveau, il fit un petit mouvement de la tête. « Je dois te parler de quelques petits détails. » Son regard courut vers l’Oracle et son sourire s’agrandit. Il entama la mélodie. Il était certain que le futur Roi la connaissait, premièrement parce que son interlocuteur jouait toutes les nuits ou presque, deuxièmement parce qu’il était un Dieu. Il allait tester ses réflexes, uniquement parce que ça l’amusait. Aussi, après trente secondes de jeu, il leva la main gauche pour remettre l’une de ses mèches de cheveux en place, l’air de rien. Il créa quelques effets, afin de les accompagner, et de rendre la chose plus prégnante. « Cette femme, là-bas, ta mère, c’est ma sœur. » lâcha-t-il. Le morceau serait forcément bien exécuté à présent. Il fallait de la passion et un zeste de désespoir pour que le tout fût cohérent et digne d’intérêt. Jun finit par lâcher complètement le clavier pour se concentrer uniquement sur les pédales. « Edelwyn et moi étions jumeaux à la naissance. Aujourd’hui elle n’est plus ma sœur mais je couche avec, alors je te déconseille de faire la même chose à partir de maintenant. Ça me contrarierait. Tu te rendras compte, de toute façon, que tu la connais déjà. » Il reprit les aigues et fit intervenir des voix pour magnifier le tout. « Il se trouve aussi que je t’ai menti à plusieurs reprises, sur des sujets plutôt importants. » Pas qu’un peu. « Ce n’était pas le bon moment pour la vérité. » Il jouait, sans que son discours n’eût un quelconque impact sur la qualité de ses mouvements. Il finit néanmoins par relever les doigts et se pencha à l’oreille du Chancelier Kamtiel pour lui murmurer ses petits secrets. « D’ailleurs, tu devrais dîner avec Daé. » finit-il par murmurer, avec un petit sourire en coin.




Tout était rentré dans l’ordre. Jun était à sa place. Il cachait parfaitement son dégoût pour la chose qui lui servait de sœur. Celle-ci prit une dague dans sa main droite et s’entailla le poignet gauche. Le sang coula dans une coupelle. Le silence était total. Aucune musique ne ponctuait la cérémonie. Une fois qu’elle fut satisfaite de la quantité présente dans le contenant, elle le tendit au futur Roi afin qu’il bût le contenu. Elle se mit à parler, dans un langage très ancien. Quelques mots filtrèrent, pour n’avoir que très peu changés au fil du temps, mais le reste fut obscure pour la totalité des spectateurs. Il était question de chaos, de Lune Noire, de sang, de destruction. Jamais le prénom d’Elias ne fut mentionné. Celui d’Ârès, oui. Néanmoins, personne ne pouvait le remarquer, pris entre les milliers de mots incompréhensibles tour à tour clamés et murmurés par la jeune femme.

L’Oracle du Chaos contourna son fils. Elle détacha sa cape qu’elle confia au Chancelier Masskinn, avant de lui enlever le reste de ses vêtements, à l'exception de son pantalon. Elias se retrouva torse nu. Elle amena la lame de la dague dans son dos, déjà couvert de cicatrices. Elle savait qu’il n’en possédait aucune en temps normal. Cette apparence-là n’était qu’apparat, une tromperie habile. Lentement, elle entailla sa peau dans un cercle parfait. Le sang commença à couler, donnant à la représentation de la Lune Noire une allure d’autant plus terrible. Des infimes particules du liquide se détachèrent du corps de son propriétaire, pour venir heurter la peau de chaque Sorcier présent, ne laissant aucune marque tant la quantité était minime. Le phénomène fut invisible, la sensation non perceptible. Le sourire de la maîtresse de cérémonie se fit cruelle et malicieux. Elle se déplaça devant le futur Roi et lui demanda de présenter ses poignets. Elle les tailla finement. « Veuillez faire honneur à Ethelba à présent, en joignant votre magie à celle de tous les Sorciers de ce Monde. Si la Déesse ne vous juge pas digne, vous mourrez. Si elle vous juge digne, vous deviendrez le Grand Chaos. » murmura-t-elle, à sa seule attention. « Levez-vous, maintenant. »

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Ven 19 Juin 2020, 21:53


Je relevai les yeux pour les ancrer dans ceux de mon père. Un soupir à peine perceptible sortit d’entre mes lèvres et je me levai. Je fixai la scène. Les corps immobilisés me semblaient si fragiles. Il aurait fallu d’un rien pour tous les éliminer. Impuissants, tout comme devait l’être le clone de l’Impératrice des Deux Rives à ce moment précis. Je n’avais aucunement eu l’intention d’envahir Gona’Halv. Envoyer un Sorcier récupérer une femme qui était presque à terme, en revanche, était d’une facilité déconcertante. Je souris, oubliant un instant le trouble qu’éveillait mon père en moi à cause des souvenirs du Suprême de l’Au-Delà. C’était un sentiment étrange. Devaraj l’avait longtemps admiré. Cette admiration, à la limite du fanatisme, avait été déçue. La haine lui avait succédé, la rage et, à présent, même s’il me semblait entrevoir des éclaircies, les rapports étaient toujours compliqués. Quant à moi, je ne pensais rien de particulier. J’avais appris sa légende en cours et, comme à n’importe quel Sorcier, il m’avait été livré en tant que modèle sur les traces duquel marcher. C’était ce que je faisais, aujourd’hui. Étais-je fier de l’avoir comme père ? Peut-être pas. Il était illustre mais je ne le connaissais pas. Il représentait tout ce que je ne désirais pas être pour mes enfants : absent, insaisissable, mystérieux, agaçant. Pourtant, je savais qu’il me serait difficile de ne pas l’être envers ceux que j’avais en tant que Sorcier. Ma fille aînée et moi ne nous voyions que très rarement. Finalement, je ne pouvais rien lui reprocher. Nous étions tous les deux adultes et notre relation était ce qu’elle était, sans que cela ne me dérangeât.

Je finis par m’asseoir à côté de lui. Mes doigts effleurèrent les touches et se mirent en mouvement dès que je reconnus la mélodie. Elle n’était normalement pas faite pour être jouée à quatre mains mais ma maîtrise de l’instrument et ma connaissance de la partition me permirent de prendre possession des graves et de les amener vers un tout harmonieux. Je continuai, comprenant rapidement qu’il jouait avec moi et ma capacité d’adaptation. J’étais un espion, j’étais habitué à faire face à l’imprévu. De ce fait, mon visage resta impassible lorsque les premières révélations fusèrent. Mon jeu se modifia légèrement néanmoins. Peut-être que la pulpe de mes doigts appuya plus fortement sur les touches. La musique me le permettait. Je n’avais pas envie de réfléchir à ces choses. J’écoutai le reste, ce qui fut murmuré à mon oreille, comme si, malgré la fissure temporelle qu’il venait de créer, il craignait que les Esprits n’entendissent. Mes doigts s’immobilisèrent et mon visage se tourna vers lui. « Elle n’est pas au courant ? » susurrai-je, comme si le reste des révélations n’avait aucune importance. Elles en avaient mais ne changeaient strictement rien, ou presque. Un sourire cynique apparut tout de même sur mes traits. Je me redressai, notant la dernière remarque. « C’est ce que j’avais l’intention de faire, sous une forme ou une autre. » lui répondis-je, avant de me diriger de nouveau vers l’agenouilloir.

La cérémonie reprit son cours. Le regard sur le sol, j’attendis. Ma position signifiait ma soumission à Ethelba. Je devais être humble face à la puissance de l’Æther. Je n’étais qu’un homme, un homme qui s’apprêtait à entrer d’autant plus, comme jamais il ne l’avait été auparavant, au service du Chaos. Ses volontés se feraient connaître, cette nuit. Je pris la coupelle. Le Vampire en moi eut du mal à rester calme. Le sang m’attirait de plus en plus. Je dus me faire offense pour ne pas me jeter sur la coupelle, telle une bête enragée. Mes doigts appuyèrent sur la matière et j’avalai, doucement, le liquide, jusqu’à ce qu’il n’en restât plus une goutte. Le goût âpre ne me dérangeait pas. Je me laissai déshabiller et serrai les dents lorsque la lame mordit ma chair. Je présentai mes poignets, conscient des dangers, ayant soudainement une pensée suicidaire. Le Vampire en moi la chassa. Les bracelets bordeaux qui commençaient à entourer ma peau étaient bien trop tentants. J’écoutai la femme, acquiesçai et me levai. Je pris une grande inspiration, avant de me retourner. Je savais très bien ce qu’il allait se passer. Il me faudrait des jours pour m’en remettre et faire disparaître les stigmates. Lux in Tenebris était mauvaise. J’amenai doucement mes avant-bras devant moi. Bras contre les côtes, je fixai mes poignets un instant. J’inspirai de nouveau et fis naître la magie entre mes doigts. Elle s’étendit progressivement, jusqu’à couvrir une zone importante. Nementa Corum n’avait pas été choisi pour rien. L’endroit regorgeait de cadavres tant il n’épargnait personne. La terre remua et, de ses tréfonds, de la chair en décomposition et des os émergèrent. Mon sang cessa de couler en vain sur le sol. Je traçai une rune en l’honneur d’Ethelba, sans bouger de ma position. J’inspirai et expirai. La chaleur irradiait de mon corps. Mon dos me brûlait. Je sentais les entailles mordre ma chair, la marquer et le cercle se remplir. Je forçai davantage sur Lux in Tenebris. Jamais je n’avais autant fait appel à cette magie. Je la maintenais en temps normal, l’enfermais. Je connaissais que trop bien ses dangers.

Soudain, les nuages s’écartèrent pour laisser place à la Lune Noire. Je sentis ma magie se renforcer d’autant plus. Je finis par céder, laissant les pleins pouvoirs à cette lumière sombre qu’elle représentait. La Lumière dans les Ténèbres, une lumière que n’importe qui pouvait prendre comme salvatrice mais qui, en réalité, s’avérait toujours mortelle, semblable à un Esprit Parasite. Comme mon frère, j’allais devoir trouver un moyen de la dévorer. Mes mains se contractèrent davantage. Mon corps se tendit. Le sang gicla d’autant plus. Il y eut également un autre changement : mes veines ressortirent et se colorèrent d’un noir profond qui marqua chaque parcelle de ma peau, jusqu’à mon visage. Je serrai les dents, continuant à soulever les cadavres. Les Sorciers me rejoindraient bientôt. Le Monde fêterait avec nous cet événement, contre son gré. Lorsque la Lune Noire apparaissait, lorsqu’elle dominait le ciel, notre magie devenait immense. Notre mère nous nourrissait, nous guidait, nous magnifiait, pour que le chaos se répandît avec d’autant plus de force.

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Sam 20 Juin 2020, 08:48



In nomine mater, et filii, et spiritus mali



Jun fixait sa sœur opérer. Elle ne le regarda jamais. Il lui aurait sans doute décerné son plus beau sourire haineux dans le cas contraire. Ses yeux se levèrent vers la Lune Noire un instant, elle était encore derrière les nuages, avant de descendre sur le dos ensanglanté de son fils. Lui-même n’avait pas subi ce type de cérémonie. L’Histoire contait qu’il était devenu Roi par stratégie, en poussant la Reine traitresse à être révélée au grand jour et en l’envoyant servir de catin pour les lépreux en punition. La nuit dissimula son sourire en partie. Il attendait, patiemment, que ce fût le bon moment. Lux in Tenebris fusa. Il la détestait, lui-aussi, pour en avoir éprouvé les effets. Il les sentait lorsqu’Edelwyn et lui-même ne faisaient qu’un. Il l’abhorrait déjà à cette époque. Aussi, il ne put s’empêcher de penser que la Déchue serait ravie de pouvoir l’utiliser. Elle l’adorait, elle. Elle adorait tout ce qui pouvait la détruire, tout ce qui représentait un risque, tout ce qui était susceptible de faire tomber un château de cartes presque inébranlable.

Quand il fut l’heure, Jun accompagna Niklaus. Il libéra la Magie des Ténèbres, à l’image de son homologue, à l’image du futur Empereur Noir. À eux trois, ils auraient pu plonger dans l’horreur des villes entières pour une durée défiant toute concurrence. Lui, seul, aurait pu plonger dans l’horreur l’ensemble des Terres. Les Ætheri auraient crié au scandale mais ça aurait sans doute été édifiant. Metum était une magie intéressante. La peur faisait ressortir les plus bas instincts, défigurait les traits et montrait le vrai visage des individus. Elle n’avait néanmoins pas que des mauvais côtés. La peur permettait d’aller à l’essentiel, d’éveiller les passions et de se sentir plus vivant que jamais. Jun sourit, sentant la magie des Chanceliers des Ténèbres se joindre à la leur, puis, progressivement, celle des autres Sorciers, telle une chaîne que rien ne viendrait briser, si ce n’est le temps. Plus celui-ci passait, plus la Lune Noire grossissait, les nuages eux-mêmes s’écartant pour la laisser se répandre dans le ciel. Ses contours brillaient légèrement, telle une éclipse solaire, lui permettant d’être distincte du reste du ciel, de plus en plus sombre. Elle était le signal pour tous les Sorciers qui n’étaient pas présents à Nementa Corum, ceux dispersés sur tous les continents. L’intervention ne durerait qu’une dizaine de minutes. La peur s’infiltrerait dans les foyers. Les défunts se relèveraient. Des malédictions seraient lancées. Enfin, la population des Terres souffrirait de migraine, de vomissement et de fièvre. Ce ne serait pas grave, pas tant que ça, comparé à ce qu’une telle configuration aurait pu provoquer. Il s’agissait simplement d’avertir, de célébrer.

Edelwyn s’écarta légèrement d’Aliénor. Elles n’étaient pas faites de la même matière. La Magicienne ne pouvait pas participer à l’événement. Elle était, de toute façon, bien trop choquée pour faire quoi que ce fût. La Déchue ferma les yeux, laissant la Magie des Ténèbres l’envelopper. À chaque fois qu’elle l’utilisait, elle se remémorait sa vie en tant que Sorcière, ce trône qu’elle convoitait à l’époque et qu’elle n’avait jamais eu l’occasion d’obtenir. Jun avait essayé de la préserver du mal mais c’était un autre mal qui l’avait fauchée. Elle était devenue une Créature de la Nuit, s’éloignant d’une forme de ténèbres pour se rapprocher d’une autre. Sorciers et Vampires possédaient les mêmes Magies. En épousant Elias, elle se lierait à la Couronne. Peut-être que leur jeu serait dysharmonique, finalement. Elle sourit. Sa Gourmandise la perdrait sans doute. Elle murmura. « À l’aube d’un renouveau, lorsque ce qui appartient à Thanos se donnera à Jolan, commencera une guerre qui durera cent ans. »




« Oh ! Za ! Tu m’entends bordel ? Me dis pas que t’es en train d’accoucher toute seule comme une co… » Erek était entré dans la chambre. Il ne termina pas sa phrase, constatant que l’endroit était désert. Il plissa les yeux. « Za ? » Il regarda un peu partout mais, à vrai dire, il n’y avait pas mille endroits où pouvait se cacher une femme grosse comme une baleine. Il sortit de la pièce pour aller voir aux sanitaires mais ne l’y trouva pas. « Quelqu’un a-t-il vu l’abrutie qui porte mon gamin ? » demanda-t-il à la ronde. Les visages se firent négatifs. Néanmoins, chez les Réprouvés, personne ne se contentait de ne pas savoir. Lorsque quelqu’un manquait, tous partaient à sa recherche. Après plusieurs minutes à fouiller chaque recoin, il fallut bien se rendre à l’évidence : elle n’était nulle part. « Elle s’est peut-être barrée voir Priam ? » « Non, pas dans son état. C’est une débile mais il y a des limites à sa connerie. » « Tu devrais demander à quelqu’un d’écrire une lettre à l’Ange quand même. On ne sait jamais. » « Ouais… Ouais. » « De toute façon, on est sur une île. Elle n’a pas pu aller bien loin toute seule. Peut-être que c’est la faute aux halos ? » Peut-être. Il avait un putain de mauvais pressentiment.

« Priam,

Erek te demande si Za est avec toi. Merci de répondre rapidement.

Don. »





L’Oracle du Chaos reprit la parole lorsque le temps fut écoulé. Elle fit un signe de la tête en direction de son fils pour qu’il s’agenouillât de nouveau. Elle admira les veines qui parcouraient sa peau d’un air satisfait. Dans son dos, la Lune Noire était pleine et entière. La marque ne disparaîtrait pas. Il pourrait la couvrir par magie mais elle demeurerait toujours présente. Ses poignets étaient de nouveau presque intacts. Une fine cicatrice les parcourait, seul vestige des blessures d’autrefois. La maîtresse de cérémonie fit apparaître une couronne entre ses mains, une couronne d’épines et de lierre. Elle sacra l’Empereur, d’abord dans des mots obscurs, ceux qu’elle maîtrisait si bien, puis en Obien Syliath afin que tout le monde comprît. « Nocte luna suscipit in Ponticum sinum Ethelba per voluntatem. » Cette nuit, la Lune Noire t’accueille en son sein, par la volonté d’Ethelba. clama-t-elle. Cette version était bien plus courte que la précédente. Elle posa la couronne sur sa tête, les épines mordant sa chair. Le sang perla.

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Sam 20 Juin 2020, 17:03


« Maman ! Il y a des monstres dehors ! » La femme sourit, se voulant confiante. Son enfant faisait souvent des cauchemars. Comment aurait-elle pu savoir que, cette fois, il n’inventait rien ? Sans doute lui aurait-il suffi de regarder par la fenêtre pour constater la présence de la Lune Noire dans le ciel nocturne. Sans doute. Cette nuit était notre nuit. Lux in Tenebris était à son apogée, se réjouissant des cris de terreur que son œuvre faisait résonner dans le Monde entier. « Ne t’inquiète pas, ce ne sont que des mauvais rêves. » « Non maman ! Je t’assure qu’il y a vraiment des monstres dehors ! » fit le gamin, étrangement virulent. « Nicolas, ça suffit chéri. Tu vas effrayer ta sœur. » « Mais regarde ! » dit-il en pointant la fenêtre du doigt. La jeune femme soupira et posa son livre. Elle se leva et se dirigea vers la vitre. Là, elle essaya de distinguer quelque chose dans l’obscurité. Il y eut un bruit sourd contre le carreau. Elle sursauta et ses yeux s’écarquillèrent d’horreur devant la silhouette décharnée d’un macchabée. Elle recula. « Montez à l’étage ! » ordonna-t-elle aux enfants, ressentant soudainement une peur virulente. Elle vida ses tripes dans la cage d’escalier. Son monde tangua. Cinq minutes plus tard, alors qu’ils étaient tous recroquevillés dans un placard, c’était terminé.

La satisfaction que je ressentis à ce moment précis était immense. Mon peuple était constitué d’êtres fourbes qu’il était bien délicat de manier. La plupart des Sorciers agissait par opportunisme. Certains étaient plus modérés que d’autres mais ils n’étaient pas si nombreux. Concilier des êtres qui ne voyaient que leur unique profit était chose complexe. Pourtant, pendant dix minutes, nous étions absorbés par la même tâche, par le même objectif : provoquer un frisson bref mais existant, un frisson de rappel, afin que la voix de l’instinct chuchote à tous qu’ils pouvaient courir mais que les monstres les attendraient, cachés dans un coin sombre. Peut-être sous leur lit, peut-être au coin d’une rue, peut-être dans l’esprit fou d’un amant autrefois doux, peut-être dans le corps d’un enfant à l’apparente pureté. Nous étions comme une gangrène, persistante, dévorante. Nous existions pour nécroser leur destinée dans l’ombre. Personne ne pensait à amputer. L’esprit aliéné ne pense pas. Ces choses, Lux in Tenebris me les murmurait, de sa voix envoûtante. C’était un murmure rassurant et délicieux. Le Chaos coulait dans mes veines et, un instant, infime, j’eus envie d’ordonner aux Sorciers de continuer leur art toute la nuit. Durant un instant, minime, j’eus envie d’entrer en guerre contre le reste de l'univers. Les conséquences n’importeraient pas car le Chaos régnerait. Je sentais ma respiration, profonde, et mon cœur battre mes tempes. Ma magie n’avait jamais été aussi puissante, portée par la Lune Noire. Mon esprit n’avait jamais été aussi offert aux Ténèbres. J’avais envie de violence et de sang, de chair éclatée et d’os brisés. Je voulais entendre des cris dans la nuit et violer cette putain d’Ange. Le réveil serait difficile, douloureux. J’en avais conscience. Un instant, je compris parfaitement les besoins d’Ârès, ce mal qui l’habitait tous les jours. Les vaisseaux de mes yeux eux-mêmes avaient viré à la noirceur.

Je m’agenouillai, dévoilant aux Sorciers, qui étaient derrière moi, dans une position similaire, la marque de la Lune Noire qui trouvait à présent place dans mon dos. Je fixai ma mère avec un regard mauvais. Si les choses n’avaient tenu qu’à moi, j’aurais coincé cette pute contre son autel et l’aurais sacrifiée en l’honneur d’Ethelba. L’idée n’était pas si mauvaise. Mon regard s’intensifia alors qu’elle continuait la cérémonie, imperturbable. J’avais l’impression que les Ténèbres m’appelaient, toujours plus entêtantes, toujours plus captivantes. Je les entendais susurrer à mon oreille. Elles souhaitaient initier un mouvement de ma part, m’appeler à faire couler le sang. L'Oracle du Chaos le savait. Elle savait que je savais. Il s'agissait d'une douce ironie. La couronne érafla ma chair. Aucun Empereur Noir ne pouvait espérer qu’il en fût autrement. Lux in Tenebris éraflait l’Âme, torturait l’Esprit, marquait le corps. Je levai les yeux vers ma mère. Le temps me semblait s’écouler lentement. Je vis ma main se tendre, la dague y trouver place. Je me vis me relever et l’empoigner par le cou. Je me vis planter l’arme dans son cœur. J’admirai, comme hypnotisé, la vie quitter ses yeux. Je trouvai la chose captivante. N’était-ce pas là l’œuvre du Destin, immuable, ce Destin répugnant contre lequel personne ne pouvait lutter ? Ce n’était pas ma faute, alors, car c’était écrit.

Je la lâchai et me retournai de nouveau, pour faire face à la foule réunie. Son corps tomba lourdement. Je fixai mon père un instant. La Lune Noire était immense. Je m’avançai, confiai la dague ensanglantée à Niklaus et passai au milieu du cortège. Je devais exécuter le chemin inverse, jusqu’à Amestris, à présent. Le sang coulait sur mon front et mes tempes. Je ressemblais à un monstre, celui qui attend au coin de la rue, patiemment, et qui fait disparaître l’imprudent dans l’ombre à jamais.    

839 mots
Fin

Yo  Niveau VI | In nomine mater, et filii, et spiritus mali  2289842337

Comme je l'ai dit dans ce sujet, vous pouvez réagir au couronnement après ce message.
- Soit vous êtes présents dans le cortège ou sur les côtés du chemin (Sorciers, domestiques, esclaves, futures épouses et futurs collaborateurs. Éventuellement des agents diplomatiques invités). Normalement, vous verrez Elias passer deux fois, à l'aller et au retour. À l'aller, il fait peur par son aura magique et son charisme. Au retour il fait peur pour ces raisons et aussi à cause de son apparence. Il est torse nu et la totalité de ses veines et vaisseaux sanguins sont noirâtres. Il a les yeux injectés de noir.
- Soit vous êtes un Sorcier qui s'est rendu ailleurs pour faire œuvre de Lux in Tenebris
- Soit vous êtes ailleurs et subissez Lux in Tenebris ou une de ses spécialités. Le pouvoir est détaillé dans la fiche.
La Lune Noire est visible de partout.

Il n'y a pas de gains associés mais vous pouvez le faire en quête pour avoir un gain si vous le désirez.
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Priam et Laëth
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◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
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Priam et Laëth
Dim 21 Juin 2020, 08:03




In nomine mater, et filii, et spiritus mali

Réaction au couronnement d’Elias


RP précédents : Odon do Dur.
RP liés : LärtneeshVictime de ton crimeSi tu peux conserver ton courage.


Un sursaut la secoua et la réveilla. Des sueurs glissaient dans son dos, griffues, mordantes, terribles. Haletante, la jeune femme tourna la tête vers la fenêtre. Les astres brillaient tendrement et conféraient à la nuit cet aspect doux et mélancolique qui invitait aux confidences. À leur valse silencieuse, ils avaient invité celle qui troublait son repos depuis tant de jours. La Lune Noire trônait. L’Ange n’avait jamais vu le disque d’ébène aussi large et captivant. Cette nuit, il avait gagné en puissance. Une peur panique enfla dans sa poitrine. Son cœur s’emballa tant qu’elle eut le sentiment que le monde perdait en acuité. Tous ses démons l’assaillirent et elle se sentit crouler sous leur poids, au point qu’un sentiment de terreur absolu l’étreignit. L’Immaculée se leva vivement, comme si une bête l’avait piquée, et d’un battement d’ailes, se posta devant la fenêtre. L’orbe sombre se refléta dans ses yeux. L’iris ne formait plus qu’un cercle mince tant ses pupilles étaient dilatées. Les Étoiles sont cruelles.

Elle avait la sensation que le monde se vidait de tout bonheur, de toute bonté, de toute pureté et de tout cœur. Malgré elle, ses jambes plièrent et elle tomba à genoux, fauchée par le mal qui régnait. Autour d’elle, des hurlements perçaient le silence de la nuit. Des lumières s’allumaient aux fenêtres, on fermait les rideaux, on barricadait les portes, on s’entassait dans des armoires, on prenait les armes. La rationalité fuyait les foyers pour laisser tout le loisir au spectre de la peur de jouer avec les cœurs. Laëth essaya de lutter ; elle voulut reprendre le contrôle sur l’angoisse et l’épouvante qui la terrassaient et ramener à la réalité tangible l’Espoir et la Lumière. Elle en fut incapable. Sa magie paraissait drainée. L’univers plongeait dans les ténèbres, et elle avec. Elle clignotait faiblement, comme une luciole qui se prépare à mourir. Ses ailes même semblaient avoir perdu en éclat ; elles pendaient mollement derrière elle. Comme tout ce qui existait, l’Ange se vida. Le goût et l’odeur piquants du vomi accrurent son écœurement, et elle rendit ses intestins une seconde fois. Une migraine atroce martelait son crâne. Pourtant, à travers la peur et la douleur, une pensée claire parvenait à faire son chemin.

Abattue, accablée, atterrée, l’Aile d’Acier parvint à se relever et à se traîner jusqu’à sa table de nuit. Elle ouvrit le tiroir et en sortit le Miroir, avant de choir sur son lit. « Montre-moi Elias Salvatore. » Une image du vieil homme se dessina. Une couronne de lierre et d’épines ceignait autant qu’elle saignait son front. Devant un autel, il soutenait le corps d’une femme mourante. Son sang versé par une dague coulait sur la pierre. Dans un hoquet de surprise, Laëth reconnut la sœur de Jun, celle qu’il avait prise – qu’ils avaient prise – avec horreur sur son bureau. Chez l’Æther, elle s’était demandé s’il pouvait s’agir de la mère de Kaahl, ou si c’était plutôt la blonde qui ressemblait à Paaz Kin’Diin. Le corps chuta ; l’ancien Prince Noir avança, torse nu, entouré de Sorciers et de Sorcières, d’esclaves et de quelques invités diplomatiques. Des veines noircies par le mal couraient sous sa peau, et ses yeux se noyaient dans une encre malsaine – comme dans ce rêve qu’elle avait fait, à Amestris. Laëth plaqua une main sur sa bouche, tandis que de lourdes larmes roulaient sur ses joues blêmes. Il avait eu ce qu’il voulait. Il était Empereur Noir. Il était monstrueux.

« LAËTH ! » Le cri la fit sursauter. Elle eut la présence d’esprit d’enfouir le Miroir sous ses couvertures. La porte s’ouvrit à la volée et Priam entra, visiblement terrassé par la panique. « Tu… tu vas bien. » Il la considéra en silence ; et là où la peur et le désespoir régissaient tout, dans ses iris dorés, elle vit leurs lueurs s’évanouirent aussi vite qu’elles avaient dû apparaître. La tension qui la rongeait se dissipa aussi, ses démons relâchèrent son palpitant terrorisé, et le monde redevint brutalement ce qu’il avait toujours été. Ni blanc, ni noir. Ni bon, ni mauvais. Ni pur, ni perverti. Il était, tout simplement. La réalité n’avait rien de manichéen, et tout comme son frère, elle le savait. Ils avaient vécu là où la Lumière et les Ténèbres dansent ensemble. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Elle se redressa et se rendit compte qu’elle tremblait. Elle inspira. Elle aurait tant voulu pouvoir lui dire. « Les Sorciers ont un nouveau Roi. » Son aîné la dévisagea, muet. Dans la pénombre de la chambre, elle ne vit pas sa mâchoire se resserrer et les veines apparaître à ses tempes, mais elle entendit sa respiration changer, plus lourde et profonde. « Tol nust diren pah. » Qu’ils crèvent tous.



Message unique – 783 mots
(sans la phrase reprise de Jun)

Encore bravo Niveau VI | In nomine mater, et filii, et spiritus mali  1628




Niveau VI | In nomine mater, et filii, et spiritus mali  1628 :


Niveau VI | In nomine mater, et filii, et spiritus mali  2289842337 :
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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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Jämiel Arcesi
Lun 22 Juin 2020, 16:07

In nomine mater, et filii, et spiritus mali


Un hennissement retenti au cœur de Mornhîngardh, fort et strident. Effrayant et effrayé. Ce qui eu pour effet des plus efficace de réveiller le Sarethi au cœur de la nuit, l'animal fauteur de trouble se trouvant, en l’occurrence, juste sous sa fenêtre. C'est donc en pestant contre la bête et avec un air bougon que Lorccán enfila rapidement une veste pour retrouver Nell qui avait éveillé tout l'appartement, et probablement tout le quartier. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui prendre à ce cheval ? Il l'avait cru muet jusqu'à présent tellement ce dernier était docile et calme. Au moins il savait que non à présent. « Hey ! Ça suffit, calme-toi. Tu vas pas continuer comme ça toute la nuit, si ? ». A son approche, le cheval se fut légèrement calmé, mais l'Alfar put le sentir tout de même encore sous tension. Le Déléis fit alors doucement glisser sa main sur l'encolure de l'équidé. La clarté de sa robe immaculée le rendait telle une étoile brillante dans les ténèbres de la nuit. Il fronça des sourcils. C'était étrange. Habituellement les rayons rouges de Phoebe teintait le poil blanc de l'animal en un timide grenat. Pourtant c'était une pâleur stellaire qui l'habillait ce soir-là. Alors il leva les yeux au ciel et la vit, la Lune. Perçante et brillante d'une noirceur sinistre. A peine ses iris carmin croisèrent les ténèbres de la Lune qu'il dût s'écarter vivement de Nell pour vider son estomac.

Ināra caressait les cheveux de sa cadette, la tête posée sur ses genoux. « Demain on ira voir un guérisseur. Je suis sûre que ce n'est pas grand chose. », lui fit-elle doucement. La petite était rapidement venue la rejoindre après le départ de Lorccán. Elle ne se sentait pas bien. Alors elle l'avait allongée sur elle et lui avait parlé avec des mots doux pour la rassurer. Mais elle ne lui avait rien dit de son propre état. Elle non plus n'était pas au meilleur de sa forme. Peut-être un virus s'était-il propagé dans la famille ? Il valait mieux rester prudent. Pourtant, malgré la contenance qu'elle tentait de se donner, cela ne suffit pas. Malgré ses paroles, malgré ses gestes, elle avait toujours plus de difficulté à elle-même se convaincre que ce n'était pas grand chose. « Restes là, je vais voir ce que fait Lorccán. Il met du temps. ». C'était surtout une excuse pour s'éloigner d'elle. Elle ne voulait pas que sa grande sœur, chez qui elle était venue chercher le réconfort et la protection, montre qu'elle était aussi faible qu'elle. Elle croisa leurs parents, dans le salon, discutant à voix basses. Leur père, le visage sévère, en colère et inquiet. Leur mère, tout aussi inquiète et plus encore, le regard perdu dans le ciel nocturne à travers la fenêtre. « Je vais chercher Lorccán. Lya est dans ma chambre. Elle ne se sent pas bien. » - « Tu t'occupes presque plus d'elle que moi. Je vais la voir, mais n'oublies pas que tu es la grande sœur, pas la mère. », répondit Vesna d'une voix blanche en quittant sa position. Ināra marqua un temps avant de quitter l'appartement. A peine eut-elle mit un pied dehors qu'elle y régurgita la totalité de son dîner, les larmes perlant à ses yeux.



Dans le silence de son bureau, un feu crépitant et une plume griffant rapidement un morceau de parchemin en seule source sonore, les mains croisées dans le dos, Cien observait d'un œil soucieux la Lune Noire s'imposer dans le ciel nocturne. Ça ne lui plaisait pas de voir Ethelba prendre le pas si aisément sur son homologue, peu importe l'hémorragie qui l'étreignait. Les Sorciers avaient commencés à leur causer quelques tracas depuis que cette missive leur était remontée et la protectrice de ce peuple qui se dévoilait, si majestueuse, en même temps que les maux qui touchait le peuple n'était pas de bonne augure. D'après l'Uravasa, les choses avaient commencé à s'agiter chez les Sorciers. On parlait d'une passation de pouvoir, une première. Même lui ne pouvait être qu'admiratif. Était-ce pour cette raison que Phoebe s'était effacée ? Suite au premier rapport fourni par les espions de la Reine, la discussion avait prit un nouveau tournant. Aussi se demanda-t-il de quelle façon les choses allaient-elles se dérouler cette fois-ci. Il se détourna de la Lune pour porter son attention sur le papier survolé par la plume. La Faction des Epines avait fait un travail remarquable en cartographiant la Forêt, à peu de choses prêt. Il savait néanmoins que ce n'était pas ça qui sauverait le malheureux qui s'y perdrait. Ce soir encore ils avaient rejoins le terrain en catastrophe, épaulée par le Grand Ordre. Il ne manquerai plus que la Majestueuse se fasse assaillir pour un caprice.
© ASHLING POUR EPICODE




Mots 794
(Le Roi est m... Ah, non, pas cette fois. Vive le Roi o/ ! Bravo en tout cas Niveau VI | In nomine mater, et filii, et spiritus mali  4273374952 )
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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Mar 23 Juin 2020, 20:26

Leigh1150 mots
In nomine mater, et filii, et spiritus mali
-Il m’a répondu.

Elle l’avait déclaré sans exprimer la moindre émotion. Il fallait dire que recevoir une lettre n’avait rien à voir avec une rencontre, alors elle ne se rendait pas compte. Elle venait tout juste de la réceptionner et de prendre connaissance du nom du destinataire. Elle n’en avait pas encore lu le contenu mais c’était ce qu’elle comptait faire sans attendre. Leigh s’assit sur la première chaise qui vînt et déplia vite la lettre. Silence. Ses yeux parcoururent vite l’encre, à deux reprises.

-Il a accepté… et il va devenir roi. Et il m’invite à son couronnement.

Elle posa le papier, laissant son regard aller dans le vague et posa son menton sur sa paume.

-Je vais devenir Dame Noire.

De sa vie de Sorcière, elle n’avait jamais cru prétendre un jour à ce rôle. Elle n’en avait jamais vraiment eu l’ambition, préférant consacrer son temps à des projets plus personnels et expérimentaux. Alors en tant que Démone, c’était qu’elle n’avait pas une seule fois envisagé la chose.

-Tu te rends compte ?

Elle se redressa et tourna la tête, comme pour chercher son interlocuteur. Il n’y avait personne dans la pièce. Il n’y avait jamais eu personne. Elle était en Enfer et cet appartement n’appartenait qu’à elle.

-Hm… je sais bien que tu voudrais que je meure.

Elle pouvait aisément imaginer les systèmes qu’il aurait pu mettre en place pour la faire crever dans d’atroces souffrances. Elle savait à quoi il pensait et la rage et la haine qu’il ressentait envers elle. Cependant, elle savait aussi qu’il savait que la meilleure façon de la faire mourir ignoblement était que lui épargner la souffrance. Une morte rapide et sans douleur.

-Je vais y aller, tu sais. Elle marqua une pause pour réfléchir. Elle voulait le blesser. C’était aussi pour elle, pour se conforter dans le choix qu’elle avait fait. Je crois que c’est la meilleure chose qui me soit arrivée.

S’il en avait été capable, il aurait détruit la terre entière pour annihiler cette phrase. Mais il ne pouvait pas. Il n’était plus là. Elle était seule et elle parlait dans le vide. Elle n’était pas folle, elle le savait parfaitement. Seulement, elle n’arrivait pas à s’habituer à son absence. Elle supposait que ça finirait par venir…

*

Leigh était nerveuse. Elle s’y était attendue, évidemment, mais pas à ce point-là. La femme se tenait droite, les mains jointes et la tête légèrement inclinée. Elle regardait fixement ce qui se trouvait devant elle, à savoir de la terre séchée et infertile foulée par les pieds des personnes devant elle. Elle faisait en sorte qu’on ne la voit pas. La Démone portait une tenue entièrement noire, une robe habillée qu’elle avait acheté à Amestris la veille. Si ce n’était le fait qu’elle était inconfortable à souhait, elle était aussi particulièrement couvrante comparé à ce qu’elle portait en temps normal. Elle se sentait coincée et l’excès de tissu lui donnait trop chaud. Elle avait envie de gesticuler pour libérer ses bras, sa poitrine et ses hanches, mais ce n’était pas le moment. Leigh s’était aussi coiffée. De la même manière, elle avait attaché ses cheveux en une tresse si serrée qu’elle tirait sur l’ensemble de son cuir chevelu. Elle songea qu’elle avait déjà vécu comme ça par le passé. Elle avait perdu des habitudes. Elle ne savait pas si elle comptait les reprendre. C’était certainement la dernière fois qu’elle porterait cette robe. Après cette cérémonie, elle n’en voudrait plus. Outre son inconfort, elle deviendrait aussi le porteur de cette humeur qui l’habitait aujourd’hui et qu’elle détestait déjà. Leigh n’avait jamais ressenti ça. C’était une chose qui n’avait pas de nom. Ce n’était pas de la haine, ni du dégoût, ni de la colère. Ce n’était pas du soulagement, ni de l’excitation. C’était un mélange. De choses. Et c’était détestable.

L’atmosphère était étrange et terriblement pesante. On aurait pu croire à un enterrement, mais en mille fois pire. Leigh tirait aussi la même tête que si quelqu’un était mort. Après tout, ce n’était pas si faux : c’était parce qu’elle avait tué son amant qu’elle était ici en ce jour. Ce « simple » service l’avait propulsée ici… Elle ne réalisait toujours pas. Elle était impressionnée et toujours un peu terrifiée par ce qu’elle avait fait. Elle se trouvait parmi les futures épouses. Elle ne leur avait pas adressé la parole et n’en avait pas l’intention. Tout ce qu’elle comptait faire, c’était fermer sa gueule et suivre la procédure. Dans son cas, elle n’avait pas grand-chose à faire et c’était tant mieux. Elle s’en sentait incapable. De loin, elle avait vu Elias, les anciens monarques et les personnalités importantes qui gravitaient autour du pouvoir. Elle ne les connaissait pas tous, bien sûr, mais elle reconnaissait leur charisme qui défiait toute concurrence à ses yeux. A plusieurs reprises, elle s’était demandé ce qu’elle foutait là. Elle s’était demandé si Agazio était là. Il devait savoir à présent, non ? Pourtant, elle n’avait reçu aucun message. Était-il mort ? Cette hypothèse était improbable. Il n’était pas assez stupide pour mourir. Leigh songea à beaucoup d’autres choses, qui envahirent son esprit comme des parasites venus tourner autour de sa tête alors que le moment était loin d’être opportun. Elle était nerveuse. Elle se sentait mal, crispée, fatiguée. Elle voulait disparaître. Son insignifiance en ces lieux la soulageait autant qu’elle en souffrait. Pour le moment, ici, elle n’était rien. Pour le moment.

Ils avaient terminé la marche. Leigh était fébrile, mais elle n’était pas en état de s’en rendre compte complètement. Il fallait dire qu’elle ne s’était pas alimentée convenablement depuis qu’elle avait rempli les conditions d’Elias. Le rythme de ses repas était devenu archaïque, tantôt insuffisants, tantôt conséquents. La veille, elle ne s’était contentée que d’une tranche de pain. Aujourd’hui aussi.

« Lève les yeux. »

C’est ce qu’elle fit, pour assister au couronnement. Elle ne voyait pas grand-chose à cause des personnes placées devant elle, mais elle ne s’en offusqua pas. Ça ne faisait rien. De toute manière, elle ne se sentait pas assez bien pour manifester quoi que ce fût. C’était même tant mieux. Elle ne voulait pas se sentir encore pire.

« Lève les yeux. »

C’était difficile. Elle était trop faible pour supporter tout ça sans broncher. La Démone avait planté ses ongles dans la chair de son bras, à travers son vêtement. Elle le serrait fort, elle le lacérait et le frottement du tissu accentuait la douleur qu’elle se faisait volontairement subir. Elle ne savait pas si la magie qui était à l’œuvre y était pour quelque chose. Ce qu’elle savait en revanche, c’était qu’elle aurait aimé se joindre à eux pour contribuer à faire répandre la peur et les Ténèbres. C’était aussi de ça dont elle souffrait. Elle aurait aimé pouvoir détruire la joie et l’espoir avec eux. C’était tout ce dont elle avait envie en ce moment.


1150 mots
Bravoooooooo 8D



Bijin
nastae:
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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Dim 05 Juil 2020, 11:30


Un Couronnement




Daé rentra chez lui, ses mains tremblaient encore et rarement il s’était senti aussi épuisé. A l’intérieur de lui, quelque chose avait comme été raclé et tourné, lessivé, essoré, si vite qu’il n’avait pas réussi à vomir. Il s’effondra sur son lit, se tenant la tête à cause de la migraine passée il y a peu et de ce moment si intense. Il hésita à dormir, à se coucher en espérant se réveiller le lendemain ou dans des semaines, dans un meilleur état, mais il savait qu’il devait laisser une trace écrite de ça, il en avait la certitude. Il se saisit, maladroitement, d’un carnet et d’une plume qu’il trempa dans de l’encre. Il était adossé contre son lit, au sol.

« Daé Miirafae, Aurum. Jour du Couronnement du Nouvel Empereur Noir.

Je rentre à l’instant, mes membres sont aussi fatigués que doit l’être le monde entier et je ne sais pas quoi faire pour me calmer. Alors que j’ai commencé à voir des horreurs dans la vie du Rehla que je suis, que j’ai déjà dû tuer et que je suis déjà mort une fois, jamais je n’ai ressenti quelque chose d’aussi intense. Peut-être est-ce dû à ma plus grande sensibilité magique qu’avant ou alors c’est que je commence à comprendre que mon destin est lié à cette race noire. Je n’en sais rien. En tous les cas, ce moment fut un moment d’histoire et il est important d’en garder une trace, aussi subjective soit-elle.

Je ne sais pas exactement pourquoi j'y suis allé, mais je sentais bien qu'il fallait que j'y sois. Je n’ai pas été officiellement invité, Elsa m’a fait entrer dans la ville et m’a clairement stipulé que je ne devais en aucun cas prendre contact avec mes parents. Les choses deviennent étranges ces temps à ce propos, je sens qu’on essaie de m’en éloigner tout en gardant le lien, comme lorsqu’on tire sur un élastique sur le point de rompre, mais qu’il doit rester entier pour tout maintenir ensemble. Alors me voilà à Amestris, en haut d’un bâtiment relativement grand, noir comme Phoebe à venir. Les membres du peuple sombre sont rassemblés le long des rues et j’entends de où je suis les clameurs de la fête et de l’angoisse réunie. Est-ce comme ça que l’on fête chez elleux ? Je ne sais pas. La magie est puissante, mais je ne saurais pas dire pourquoi exactement ou plus spécifiquement, à cause de quoi. A ce moment-là je suis encore relativement bien, je sais que je viens assister à un moment d’histoire, mais je me di que comme tous les autres moments d’histoire, il sera sûrement lent et pompeux avant tout et qu’il faut que je le regarde pour ma culture générale. Et je vois au loin que la procession a déjà commencé. On m’a prévenu. D’abord les esclaves puis les gens de bas étage et ainsi de suite jusqu’à l’autel. De où je suis je ne sais pas exactement combien de temps je peux voir le cortège, mais je le vois marcher pendant une heure, peut-être deux. Le temps semble arrêté et les nuages cachent la Lune. Je ne sais pas alors si elle se prépare à quelque chose ou si elle refuse de voir ça. Je ne vois l’autel que de loin et décide de me rapprocher.

Maintenant que je sais le faire, depuis cet étrange événement à Lumnar’Yuuvon, je fais en sorte que personne ne me remarque, ombre du destin dans la foule et me rapproche un peu plus de l’autel, afin de voir ce qui va s’y passer. Passent devant moi le cortège et c’est là que commence ce sentiment étrange, rongeant de l’intérieur. Comme si la vie qui constamment s’agitait en touxtes était, à ce moment précis, corrompue. Elias Salvatore, Niklaus, ancien Empereur Noir et quelqu’un que je reconnais uniquement à ce moment. Je reste concentré quoi que ce soit difficile, je me rends compte de qui je suis tombé amoureux, de qui j’ai soigné, de qui m’a présenté les intrigues de ce monde il y a quelques temps et de le revoir me remue encore plus. Je ne sais pas pourquoi, mais il faut absolument que je lui écrive, que je lui dise ce qui se passe. Je ferme les yeux un instant et passe, regarde encore ce cortège qui continue sous mes yeux et sous les yeux respectueux et inquiets de toute l’assemblée présente.

Elias s’agenouille, Amestris aussi. Et tout continue. Tout commence. Et c’est cette sensation que j’ai encore au tréfond de moi, alors que la Maîtresse de Cérémonie entaille le dos d’Elias, je sens mon dos s’entailler et je ne comprends pas ou peut-être que je ne veux pas le faire. Je suis donc véritablement lié à cette race, sinon Phoebe ne m’aurait pas envoyé ici, mais je ne sais pas, encore maintenant, alors que j’écris, ce que je dois y comprendre. Car je n’y comprends rien. Le futur Empereur trace un symbole que je connais, qui me rappelle un nom. L’arche de mon peuple. Je me souviens avoir entendu ce nom en boucle « Ethelba ». C’est donc ça que je suis venu faire ici, la voir ? Et à peine pensé-je à Phoebe et à Ethelba que la première apparaît, noire et immense comme je ne l’ai jamais vu. Phoebe, nous as-tu abandonné ? Pourquoi apparaître maintenant et donner tant de puissance à ce peuple sert tes desseins ? Je sais que tu n’as pas de compte à me rendre, mais si un jour j’ai la force de le comprendre, je t’en supplie explique-moi. Explique-moi. En attendant que tu le fasses, l’horreur continue. Le visage d’Elias se pare de veines grisâtres et immondes et je commence à avoir des nausées. Une magie creuse et gratte en moi, je ne la connais pas, je ne sais pas quoi en faire, je ne sais pas la maîtriser, pourquoi tout cela arrive maintenant et pas dans quelques mois ou quelques années ? Je regarde rapidement autour de moi, un tas, un ramassis de sourires satisfaits, elleux savent quoi faire avec ce pouvoir qui les ronge, mais moi pas. Je ne sais pas comment mes parents font depuis le début.

Cela ne s’arrêta comme jamais. Le sang giclait des poignets d’Elias, entaillés pour l’occasion et je titubai, j’avais envie de hurler. Je n’étais pas un sorcier et je le sentais. La terre commençait à grouiller, rien n’allait les arrêter. Cette magie était la pire.

Au bout d’un moment, alors qu’Elias remettait un genou en terre, tout se calma un instant. Bien que la Lune Noire faisait encore palpiter cette sombre magie sur Amestris, les choses prirent comme un temps de pause. Je serais intéressé de savoir, à ce moment-là, ce qui se passa dans le monde, à Lua Eyael. Je serais intéressé de savoir comment ont réagi mes pairs et mes adelphes, s’il y avait quelque chose à faire, si dens personnes furent plus ou moins touchées, je suppose que si nous ne nous sommes pas opposés à ce couronnement, c’est qu’il devait arriver. Et en même temps était-ce si mal ? A force que je commence à entrevoir le présent, cette notion me paraissait s’éloigner.

Une couronne de ronce et d’épine apparut dans les mains de l’officiante, ce ne fut même pas une surprise qu’un peuple aussi vil fasse porter une couronne aussi douloureuse à leur futur Empereur. On ne pouvait pas leur enlever le souci de cohérence. Le dos de l’Empereur avait maintenant une cicatrice qui représentait une sorte de cercle parfait. Il tua la maîtresse de cérémonie en lui plantant une dague à travers le corps. Ce fut, de mémoire, presque le moment le plus rassurant de la cérémonie, car le seul où je comprenais ce qui avait tué celle qui avait couronné Elias. Le meurtre comme élément rassurant. Dans ma torpeur, légèrement calmée, je réussis à sourire. Le cortège repartit, même cérémonial et même lenteur avec une particularité tout de même. Elias était le mal. Dans son incarnation mortelle. Ses veines et ses artères marquaient maintenant un labyrinthe noir pulsant le sang qui y coulait et dans ces yeux il y avait la détermination de celleux qui ne tuent pas, mais qui détruisent.
Je repartis au plus vite et Nyellë me raccompagna par les airs en Lua Eyael d’où j’écris maintenant ces quelques lignes.

Je me fais là une réflexion, si j’ai souffert de cette cérémonie et que je suis dans cet état, je me demande dans quel état est maintenant l’Empereur Noir. Je me demande s’il en a souffert ou s’il n’a fait que le montrer et je me demande si la maîtresse de cérémonie savait qu’elle allait mourir aujourd’hui.

Je rappelle que ce papier n’est pas autre chose qu’un compte-rendu d’un jeune Rehla que Phoebe a poussé à assister à un événement rare. Il ne doit pas remplir une autre fonction que de celle du témoignage. Ce n’est ni un acte scientifique, ni un acte sociologique, ni un acte politique. Si un jour quelqu’un le lit et que, comme moi, vous avez l’impression que les mots « Ethelba » « Sorcier•ère•x•s » et « Amestris » sont trop présents dans votre vie, nul ne sert d’implorer Phoebe de les faire disparaître de votre chemin, mais peut-être que si, comme je vais aller le faire avant de m’endormir, vous la priez de vous donner la force d’affronter un peuple tel que celui-ci, elle vous amènera tous les outils qu’il vous faut.

Signature ».


Jamais Daé n’avait fait ça, il ne savait pas bien pourquoi le faire, ni comment. Il ne savait pas s’il pouvait l’amener aux tours de zéphyr pour que le document soit classé et puisse être utile ou non, en fait il n’en savait rien, mais le besoin irrépressible de raconter avait pris le dessus. De raconter et de souvenir.

Il n’avait pas entendu la discussion qu’Elias et Jun avait entretenu et ne se doutait pas qu’il avait été mentionné à l’intérieur, ne comprenait pas ce qui allait advenir, mais il avait pour la première fois ressenti deux choses. Le manichéisme moral dont il avait pu hériter de par la culture de beaucoup de races dont il avait entendu parler ou de par ce qu’il avait pu associer aux mots « bénéfiques » et « maléfiques » était en train de se détricoter. Deuxièmement, sa vie allait être bien plus chaotique que ce qu’il avait pu imaginer jusque-là.

Il s’endormit en rêvant de meurtre, de cadavres, de sang. Il rêva d’un combat à mort entre Ethelba et Phoebe, il rêva d’une partie de sexe avec Jun au sommet de Celiel, et toute la nuit il rêva, en toile de fond, de ce cercle inscrit par le sang dans sa chair. Plusieurs fois il se réveilla en sursaut et tâta son dos en se contorsionnant pour vérifier qu’il n’y avait rien. Rien.

*Comment dort Elias actuellement ? Est-ce qu’il dort ? Est-ce que ça pleure un Empereur Noir ? *

1820 mots
(Je me suis un peu emballé·e dans la quantité haha ! Grand bravo !!)

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Lun 06 Juil 2020, 21:53




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Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Suite à sa participation à la Coupe des Nations, Léandra reçoit une missive de la part du Prince Noir. Incapable de l'ouvrir, elle devra compter sur l'aide de son Génie Passeur - nouvellement rencontré - pour prendre connaissance d'une étrange proposition.

Dans le même temps, le nouvel Ultimage des Ténèbres est proclamé, Léandra ressent les effets du Lux in Tenebris jusque dans le Rêve. Une nuit de cauchemar et de peur s'ensuit pour elle.


HeianLa brume s’était levée, emportant avec elle l’obscénité des ébats auxquels je m’étais adonné. Je ne m’expliquais toujours pas mon changement de conduite. La bestialité de mes pulsions s’était effacée dès mon retour dans la réalité. Pourtant, je m’étais attendu à ce que cette animosité ressurgît à tout instant. Je n’attendais que la reprise du trafic maritime pour quitter ce lieu de débauche et de dépravation.

Sceptelinôst était en effervescence. Après les événements qui s’y étaient déroulés, les habitants de la ville reprenaient leurs activités. Je m’attendais à ce que savants et théoriciens entreprissent des recherches pour  expliquer le phénomène dont nous avions été victimes, mais ces rustres de réprouvés se plaisaient à vivre dans l’ignorance. Pour ma part, je m’interrogeai sur le lieu qui avait accueilli la bataille. L’illusion collective avait la saveur du Rêve sans pourtant lui appartenir ; je me promis d’éluder ce mystère.

Personne ne crût opportun de nettoyer les rues crasseuses et nauséabondes. Rats, souris et autres vermines n’osaient plus sortir au grand jour, laissant les chairs se putréfier au soleil. Des nuées de mouches circulaient dans la ville comme autant de signes de la putrescence de la cité. Cela ne semblait pourtant pas gêner les clients qui se bousculaient pour acheter les poissons rutilants qui frétillaient sur les étals. Je continuai ma route jusqu’à l’embarcadère. La cohue d’étrangers qui s’y amassait vibrait d’un même désir. Je restai à l’écart, attendant que la foule se dispersât comme pissenlit au vent. Je m’assis en suspension sur un banc, observant l’immensité de l’Océan. Je regrettai de ne pouvoir sentir la souffle iodée caresser ma peau hâlée. En dépit des sensations, mes cheveux d’or ondoyaient sous la brise.

Telle une feuille d’automne soulevée par le vent, la missive décrivit des cercles dans les airs. Si sa trajectoire semblait aléatoire, son but, lui, était bien défini. Arrivant face à moi, elle attira mon attention : le sceau rouge vif qui la cachetait tranchait avec le bleu du ciel. Lorsqu’elle se posa à mes côtés, j’écarquillai les yeux. Une magnifique calligraphie indiquait le nom du destinataire : Heian Berwyn.

Je ne me posai guère de questions sur l’identité de l’expéditeur. Je notai néanmoins qu’il s’agissait d’un idiot. J’étais incapable de m’emparer de l’enveloppe. Pire, son contenu m’était interdit. La curiosité me rongeait comme une lésion viscérale. Mes pensées se bousculèrent, je les chassai d’un geste de la main. Je devais découvrir un moyen de passer cet obstacle. Demander de l’aide m’était inconcevable ; ces imbéciles de bipolaires n’étaient pas reconnus pour leur complaisance. Démuni face à la situation, je décidai de mettre en oeuvre une idée folle : transporter l’épître au sein du rêve. Malheureusement, mon entreprise se révéla être un échec cuisant. Recroquevillé autour de l’objet, la magie tissa sa toile en esquivant ses contours. Je me redressai avec exaspération. Mon contremaître me manqua soudain. ‘Je voudrais savoir ce qu’elle contient’ souhaitai-je bien malgré moi.

DastanUne ombre s’étira au-dessus du banc. Je relevai la tête pour croiser le regard vermillon d’un jeune adolescent. Il attrapa l’enveloppe, la décacheta et entreprit de lire son contenu.

« A l’attention de Heian Berwyn - c’est toi j’imagine ?  

— Et mais arrête ! Qu’est-ce que tu fous ?! protestai-je en essayant de récupérer l’objet

— Bla bla bla. Du baratin de politicien tout ça ! continua-t-il en ignorant ma remarque. Si je n’avais pas entretenu un semblant d’intérêt ahein ahein vous seriez déjà mort. Cause toujours. Bla bla bla Mettre des rêveurs à disposition ? Pouah ! Il déconne du ciboulot celui-là. C’est qui ? Le Prince Noir ? J’aurai dû m’en douter, il est pas net ce type. Bon c’est long son truc quand même » indiqua-t-il en baillant ostensiblement ; il ne prit pas la peine de mettre sa main devant sa bouche.

« Alors en conclusion, reprit-il, le vieux bouc te propose un mariage et veut que ton truc là, le Miroir des Cauchemars, - badass comme nom au passage - ne tombe pas en rade. Si tu veux, je lui répond à ta place ? »

Je m’étais relevé pour faire face au garnement. Mes yeux brillaient d’une colère noire.

« Tu te prends pour qui, exactement ?

— Tu ferais bien de descendre d’un ton, Djinn. Je suis quand même ton supérieur ! m’annonça-t-il, un sourire farceur aux lèvres. D’ailleurs, c’est quand même toi qui voulait connaître le contenu de cette missive, non ? Je réponds à ton souhait et tu fais la tête… C’est pas très sympa… Moi qui voulait qu’on démarre notre relation sur de bonnes bases ! »

Je crus un instant qu’il se foutait de moi. Pourtant, lorsqu’il cessa de camoufler son aura, sa puissance écrasante ne faisait plus aucun doute. J’usai de magie pour masquer ma mauvaise humeur. Il rit devant mon stratagème.

« Bon, le bleu, on va faire un bout de chemin ensemble. Ça sert à rien de me mentir et de te cacher derrière tes apparences miteuses, tu pourras pas me berner. Je m’appelle Dastan, au fait. J’suis ton génie passeur. Officiellement, je suis chargé de veiller à ta perfidie bla bla bla. En réalité, j’en ai rien à foutre. J’suis ici parce que j’ai pas le choix. Donc quitte à passer du temps ensemble, autant s’amuser ! »

Sur les rares Iblis existants, il avait fallut que je tombasse sur le plus insupportable d’entre eux. Je pris sur moi pour m’adapter à son comportement indécent.  

« Évidemment, c’est important de prendre plaisir à ce qu’on fait… Concernant la missive, vous pourriez me la rendre ?

— Et tu vas en faire quoi ? La mettre dans ta poche ? se moqua-t-il »

Il n’avait pas tort. Pourtant je n’avais pas encore eu l’occasion de la parcourir moi-même. Je doutais suffisamment du génie pour ne pas lui faire confiance. Il cligna de l’oeil droit et, soudainement, la lettre disparut. Je ne pus m’empêcher d’afficher un air ahuri qui fit éclater de rire mon interlocuteur.

« Oh ! Tu verrais ta tête ! Trop drôle !! s'exclaffa le petit merdeux avant de reprendre plus sérieusement, t’inquiète pas, je l’ai envoyé dans ton habitacle où tu auras tout le loisir de feuilleter les mots d’amour de ce cher Prince Noir.

— Merci… je suppose, lâchai-je sans aucune conviction.

— Ben dis donc, cache ta joie ! Je suis vexé ! » s'indigna mon mentor.

Il simula une moue boudeuse et croisa les bras sur son torse à la manière d’un enfant. Il détourna la tête vers la gauche pour éviter mon regard. Je levai les yeux au ciel devant le ridicule de la situation.

« Merci d’avoir solutionné mon problème, répétai-je d’une manière plus persuasive. Cependant, j’aurai préféré que tu me préviennes avant d’interférer dans mes affaires.

— Ouais bah on n’a pas tout ce qu’on veut dans la vie, le bleu.

— Tu peux arrêter de m’appeler comme ça ?

— Non, se contenta-t-il de répondre sur un ton sec. »

Il regarda autour de lui, comme s’il cherchait quelqu’un du regard.

« Tu cherches quelque chose ?

— Rien qui te regarde. Mais je dois y aller, j’ai des rêveurs à tourmenter. On se capte plus tard ! »

Sans attendre une réponse de ma part, il fila en toute hâte en direction de la rue principale. Je le perdis lorsqu’il tourna sur la droite. Au loin, je remarquai deux hommes qui semblaient à la recherche de quelque chose… ou de quelqu’un. Décidément, cet Iblis était un sacré personnage !

Je détournai le regard de la scène et portai mon attention sur les quais. Le temps de notre discussion, la foule avait refluée, libérant un accès vers d’imposants navires. Sur le pont du plus proche, des matelots s’activaient. Ils dénouaient des cordages dont je supposais qu’ils maintenaient les voiles fermées. Empruntant la dégaine d’un marin chevronné, je me glissai sur le vaisseau sans grande difficulté. SéparateurLe voyage jusqu’au Spectre de la Dame durerait plusieurs jours, peut-être semaines. Ma dague dissimulée sur la nef, je rejoignis mon habitacle. Je débarquai au milieu de la vaste bibliothèque aux étagères débordantes des milliers de livres que des générations de captifs avaient parcourus avant moi.  Sur la table en face, je remarquai un élément inhabituel : la missive que le Prince Noir m’avait adressée. Dastan ne semblait pas s’être moqué de moi… à moins qu’il n’en ait altéré le contenu ? Cet imbécile me semblait être tout à fait ce genre de personne. J’attrapai la lettre et déclamai son contenu à haute voix.

« A l’attention de Heian Berwyn,

J’ai lu avec une grande minutie votre lettre. L’utilisation d’une encre invisible était particulièrement fourbe. J’attendais en effet que vous apportiez un nouveau souffle aux supplices que nous avons pour habitude d’administrer. Vous vous doutez bien que les Sorciers ont, et ce depuis longtemps, fait le tour de la plupart des techniques de torture, magiques et non magiques existantes. Néanmoins, je dois avouer être plutôt impressionné de ce que semble produire votre Miroir des Cauchemars. J’aime beaucoup ces objets. Ils permettent de percevoir des choses intéressantes, parfois. Je parle bien sûr de mon propre reflet, qui me renvoie l’image d’un patriarche pernicieux depuis plusieurs années.

Comme vous pouvez le constater, je vous contacte avant le délai imparti. N’allez pas croire que votre menace déguisée y soit pour quelque chose. Si je n’avais pas entretenu un semblant d’intérêt pour les Génies, croyez-moi : vous seriez déjà mort. Néanmoins, le zèle est une mauvaise habitude que je tiens en haute estime. Je suis un homme pragmatique et, comme je l’ai dit, je possède quelques fascinations pour votre peuple. Ce n’est d’ailleurs pas une simple collaboration que je désire. Je sais que vous pouvez être ce que bon vous semble et j’espère donc me marier avec une version féminine de votre personne. Les Génies sont des comédiens de talent et, je suis certain que quel qu’ait été votre sexe d’origine, vous pourrez passer pour ce que vous désirerez aux yeux des autres. Plus encore, je désire que vous m’offriez un héritier. Je suis conscient qu’il me faudra patienter jusqu’à ce que vous gagniez en puissance, mais c’est une condition sine qua non à notre union.

Bien sûr, comme vous l’avez précisé vous-même, il serait délicat pour vous de prétendre parler au nom de votre Roi, pas encore. Je vous propose donc de mettre quelques rêveurs à votre disposition afin que votre magie s’épanouisse au mieux. Je désire moi aussi prononcer quelques vœux. Aussi, je vous saurai gré de me conseiller sur les plus à même de convenir à mon statut de Prince Noir. Enfin, nous verrons en temps voulu. En attendant, répondez-moi quant à votre acceptation vis-à-vis du mariage et de la procréation . Si vous refusez, notre échange s’arrêtera là. Si vous acceptez, nous pourrons parler de nos désirs respectifs concernant notre union. Je vous conseille également de faire en sorte que votre machine ne cesse pas de fonctionner comme les lignes précédemment cachées le laissent supposer.

Je me languis de notre future rencontre.

Cordialement. Le Prince Noir, Elias Salvatore. »

Je reposai le document, une expression pensive au visage. Des rides imperceptibles marquaient l’espace entre mes sourcils et mon nez légèrement retroussé. Ce vieillard décrépi voulait que je m’abandonnasse à lui dans un acte de reproduction. Je n’étais pas sûre de vouloir sentir ses mains sur un corps de chair et de sang. Son visage - que je n’avais vu qu’à travers statues et portraits - me renvoyait l’image d’une antique baderne disgracieuse. L’attrait du pouvoir valait-il mon sacrifice ? Je n’étais pas encore prête à répondre à cette question. La magie m’aiderait-elle à altérer son enveloppe corporelle ? Me permettrait-elle de stimuler une vigueur sexuelle tombée en désuétude ? L’esprit embrumé, je quittai la pièce pour me changer les idées dans le Rêve. J’en oubliai presque l’intervention du génie passeur. SéparateurLes jours s’étaient succédés sans que je me décidasse sur la réponse à apporter à Elias. Je brûlais d’envie à l’idée de me mêler au paysage politique. La diplomatie et les relations étrangères faisaient partie des domaines qui m’intéressaient le plus. A mon niveau cependant, cette sphère ne m’étaient pas accessible. Mais, en tant que Dame Noire, je serai certainement en mesure d’user de mon influence. C’était une première étape pour étancher ma soif de domination. En parallèle, mon intrusion dans les affaires des Sorciers m’aideraient sans aucun doute à évoluer également parmi les dignitaires de ma race. Cette simple hypothèse me convainquit de céder aux requêtes du Prince Noir. Mais l’idée d’enfanter avec lui me retint de justesse.

Soudain, les murs de ma demeure s’effritèrent sous l’effet d’une puissante magie. La décoration idyllique prit des teintes cauchemardesques. La lumière s’affaissa jusqu’à s’éteindre totalement. Des yeux rouges et globuleux s’illuminèrent autour de moi. Les corps qui les possédaient étaient recouverts de bubons gélatineux. Je ressentis une vague de peur inexpliquée se répandre dans mon corps. La paralysie m’empêcha de bouger. Je laissai ces êtres abominables prendre leurs quartiers. Leur contact me glaçait le sang. Une impulsion de courage me permit de rejoindre la réalité.

J’étais sur le pont. La navire n’avançait plus ; il se contentait d’attendre, immobile au milieu de l’océan. Le manteau de la nuit avait recouvert le ciel. Pourtant, nulle étoile ne venait troubler l’obscurité. Mon attention fût attirée par les matelots, de l’autre côté de la cabine, qui poussaient des cris de stupeur en pointant le ciel. Un mince halo de lumière blanche encadrait les contours d’une Lune Noire. Le phénomène était aussi rare que surprenant. J’observai l’astre qui irradiait d’une lueur malsaine. Bientôt, la stupéfaction fût remplacée par l’horreur. Des tentacules gigantesques émergèrent à bâbord. Le capitaine aboya des ordres succincts. Les marins s’activèrent en toute hâte, s’accrochant à la vie. La nef reprit sa route mais les scènes d’effroi s’enchaînèrent. La nuit fut difficile. Alors que nous approchions de la terre ferme, les hurlements de terreur qui nous parvinrent nous convainquîmes de poursuivre notre route. Un instant, je songeai à retourner à la Porte des Songes mais une voix me susurrait que la situation était la même dans le monde onirique. Je ne contenais plus mes angoisses. Les larmes coulaient sur mon visage ravagé par la peur. La toile magique était elle aussi perturbée par ce mal qui me torturait de l’intérieur.

La hantise se poursuivit jusqu’à l’aube. Les rayons du soleil furent mon salut. Épuisés et désorientés, nous accostâmes sur le continent naturel. Ce n’est qu’alors que nous eûmes vent de l’événement : le nouvel Empereur Noir venait d’être couronné. Et il s’appelait Elias Salvatore.  



2 386 mots dont 400 repris de la lettre d'Elias.

Bravo pour ton couronnement :)
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Lun 03 Aoû 2020, 19:20

Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Vantelme est marqué pour confirmer son statut d'esclave de Morgane Taïmon. Réactions à la Coupe des Nations Sorcière et au couronnement d'Elias.

~~~


" Pourquoi n'a-t-il pas la Marque ? " Le ton de Lédovinia était sec, amplement adéquate étant donné la situation.

Vantelme fut déshabillé, nu comme un ver. La Sorcière avait insisté, agacé par cette nouvelle qui ne lui plaisait guère. Elle voulait vérifier par elle-même et constaté qu'aucune trace des Taïmon marquait la peau de l'esclave. Même isolé dans sa cellule provisoire, l'Ygdraë se sentait honteux, humilié au plus haut point. Il gardait la tête baissée, le regard aussi. Il préférait se faire tout petit pour que ce mauvais moment s'effaçât le plus vite possible. La mère de Morgane émit un son avec ses lèvres, qui s'apparentaient à un mépris à l'attention de deux autres Sorciers.

" Dépêchez-vous de faire le nécessaire, dans l'heure ! " La sombre femme n'avait pas de temps à perdre avec une telle erreur. Elle refusait que la chair de sa chair côtoie davantage un jeune homme qui pouvait se rebeller n'importe quand. Puis, si Mathias l'apprenait… Inconcevable.

Une fois partie, les deux hommes le bousculèrent et lui gueulèrent dessus pour qu'il se rhabille au plus vite. Hors de question de le maltraiter sans l'accord de sa maîtresse légitime – c'est-à-dire Morgane – mais la tentation de déchiqueter une saleté d'Elfe les titillait. Même si celui-ci semblait plus costaud que ses congénères. Cela faisait déjà quelques années que les espions constataient une inexplicable mutation du côté des Ygdraë. Certains paraissaient plus larges que les autres… Enfin, quand il aura la Marque, ses muscles, entraînés ou non, ne pourront plus rien faire.

Enchaîné, Vantelme se fit aussi discret que tantôt, sur ordre des Sorciers. Apparemment, il ne devrait pas se faire remarquer pendant le transfert. L'éclaireur d'antan ne comprenait pas encore très bien comment fonctionnait cet endroit. Combien étaient-ils, qui dirigeait, est-ce Morgane avait des frères ou des sœurs… Ce n'était pas dans une cage qu'il parviendra à ce genre d'informations, pas plus entre les murs de l'étudiante. Cela était d'autant plus pénible pour l'Ygdraë qui ne parviendra pas à s'extraire de ses tortionnaires sans une vue suffisamment large du domaine.  Il espérait qu'un jour, on le traînerait dehors, juste quelques instants, loin de ces pierres et de ce morbide… Melohorë lui manquait.

La salle dans laquelle on l'immobilisa n'était pas plus éclairée que sa propre prison. Les Sorciers ne vivaient-ils que dans l'obscurité ou s'acharnaient-ils à affaiblir sa vue ? Le Jusilthil espérait qu'admirer le soleil une nouvelle fois lui serait accordé très prochainement. Quitte à en perdre ses yeux sous cette bénédiction. Cette chaleur… Le froid ferrique le ramena à la dure réalité. De la tête aux pieds, il fut couvert de sorte à ne pas pouvoir bouger, même la tête. Son regard plana sur la pièce, on l'avait laissé au centre. Les Sorciers chargés de son marquage farfouillaient dans des affaires et des sortes de fioles sur une multitude de bureaux concentriques. Il entendait des manipulations s'opérer, du liquide plus ou moins visqueux s'écouler dans des coupelles… Plus le temps passait, plus son esprit s'égara. Il était trop fatigué : il ne parvenait pas à trouver le sommeil dans la cellule, les cris et les tourments des autres esclaves hantaient son être et l'empêchaient de trouver la paix. Pourquoi les murs noirâtres hurlaient aussi forts ? Quelle sombre sorcellerie s'opérait chez les Taïmon ?


" On pourrait le faire sur le front. " Déclara l'un des collègues en entrant dans son champ visuel. Il rirait. Ils discutaient tout à l'heure et l'Ygdraë ne les entendait que maintenant.

" Ce ne serait pas très esthétique, Morgane n'appréciera pas. " Parlaient-ils de la Marque ? Ils accordaient réellement une extrême importance aux apparences, même pour leurs jouets…

" Dans ce cas, juste là, sous les cervicales… Un baiser mordant le toucha à cet endroit précis. Un râle fut arraché à Vantelme, sous l'impulsion de la lame. Le Sorcier mesura avec précision la profondeur pour la suite des opérations. Ne serait-ce pas un délice d'être marqué juste ici ? Sans pouvoir la voir, sans pouvoir l'effleurer complètement… " Son camarade vint constater par lui-même. Il sourit à son tour. C'était parfait.

Les gouttes de sang frappèrent les briques à intervalles réguliers. Un millimètre de plus et la lame aurait pu atteindre la moelle épinière. Ce qui aurait été fâcheux. Le Marquage était une opération délicate, les Sorciers commandités par la famille Taïmon suivait un protocole strict afin que l'emblème de la dynastie soit respecté. Tout comme la malédiction à l'œuvre. Vantelme serra les dents et ferma les paupières le plus fort possible. Ce n'était pas la première fois que son épiderme soit malmené par le fer effilé, mais avec son état actuel… Il voulait juste que cela se terminât. Qu'il soit libéré de ces chaînes pour sortir le plus loin possible ou retourner se terrer dans la cage. Qu'importe. Il voulait juste partir.

En réalité, le processus était parfaitement indolore en l'état. Toutefois, en tant que fidèles d'Ethelba, passer outre la partie la plus croustillante était invraisemblable. Ainsi, le dépôt de la Marque fit souffrir l'esclave comme jamais. Il hurla à la Lune, tel un dément bestial. Personne ne pût l'entendre ici-bas.


" J'ai hâte qu'il en découvre les effets. " Il recula. Un succès sans précédent.

" N'est-ce pas ? " Ils savaient qu'il comprenait. Ils savaient qu'il écoutait, et redoutait.

~~~

Durant la Coupe des Nations à Amestris.

L'Ygdraë braqua son regard sur le Réprouvé, installés sur leurs lits respectifs. C'était ici qu'ils passaient le plus clair de leur temps. La pièce à l'étage – qui s'apparentait concrètement à leur chambre – était plus large que la cuisine en bas. Vantelme détestait ces espaces cloisonnés, trop habitué aux environnements vertigineux. Très souvent, les deux esclaves s'entraînaient à discuter. Ce n'était pas encore bien explicite, mais, malgré lui, le Jusilthil était l'intermédiaire entre Shadow et Morgane. Pour éviter une nouvelle catastrophe, et potentiellement finir écartelés, Vantelme s'acharna à parfaire son Zul'dov avec le Réprouvé. Par la même occasion, il tentait d'éduquer son camarade sur le langage commun. Dans les deux cas, cela ne s'avérait pas simple du tout. Les deux esclaves étaient si différents, aussi. Lui encore rebelle, l'autre obéissante, l'un propre, l'autre rustre. D'ailleurs…


" Je ne suis pas un exemple mais… Il renifla, presque à se boucher le nez. Tu pourrais faire un effort. Cela le dépassait de devoir encore lui répéter quand prendre son bain. Ici, les murs sont étroits. " Insista-t-il, ce qui énerva suffisamment le Réprouvé pour qu'il obtempère. Les deux prisonniers n'avaient pas le droit de se battre entre eux – seule Morgane avait un droit de réponse sur leurs blessures – alors ils se canalisaient du mieux qu'ils purent.

Lorsqu'il fut isolé, Vantelme retira aussitôt son haut. Le marquage était encore trop récent et lui procurait des crises d'angoisse la nuit. Il ne parvenait pas à la voir, même dans le reflet d'un bain. Il peinait à l'atteindre avec ses doigts, tant son emplacement fut calculé par les opérateurs. Elle ne lui faisait pas spécialement mal – pas depuis le jour de sa naissance en tout cas – néanmoins, sa présence lui était nuisible. Il ne pouvait pas l'oublier et encore moins s'en passer. Que lui avait-on donc fait ? Que lui avait-on donc fait ?!


~~~

Le soir même.

La silence de l'eau apaisa quelques secondes son for intérieur. Dans la chambre adjacente, Shadow ronflait. Ce qui eut tôt fait de lever Vantelme pour qu'il aille s'aérer l'esprit. Cela tombait bien, en quelque sorte, puisqu'il en profita pour prendre un bain. Contrairement à l'autre esclave, l'Ygdraë s'adonnait à ce rituel d'hygiène tous les jours. Cet endroit lui permettait durant un temps ses tracas et de renouer futilement avec les bienfaits de la nature. Jour après jour, l'Ygdraë peinait à se remettre de sa déconnexion avec l'œuvre de Phoebe. Pas même une plante trônait sur ces meubles morbides. Au fil du temps, il comprenait que ce ne serait pas possible de retrouver son état d'antan. Cela n'était pas pour autant une excuse pour négliger la douche.

Alors que l'Elfe se leva pour quitter le bain et se sécher, il fut arrêté dans son élan par un étrange phénomène. Là, à quelques mètres de lui, Morgane prenait aussi son bain. Vantelme faillit avoir une attaque tant la surprise lui agrippa la gorge. Il étouffa la surprise et baissa piteusement le regard, comme pour s'excuser. Malgré tout, la Sorcière ne sembla pas en faire grand cas ; ce qui étonna le fameux esclave. Il fronça les sourcils, il venait de capter que quelque chose clochait. Normalement, il y avait un miroir sans teint ici – il préférait ne pas imaginer qu'on l'espionnait dans son intimité – pourtant la surface-ci présente était bien différente. En posant sa main sur elle, il comprenait qu'il avait réellement à faire à un mur "invisible". Ses doigts glissèrent doucement du miroir jusqu'à rompre le contact. Pourquoi ne faisait-elle pas attention à lui ? Pouvait-elle-même l'entendre ? Dans le doute, l'Eskët ne tenta rien de déplacer. Il était censé être sage, passif. Il… se surprit à l'observer. À épouser du regard ses courbes juvéniles. Ils devaient avoir presque le même âge, lui peut-être plus vieux. Ses lèvres n'accueillaient plus le rouge sang, toutefois c'étaient ses longs cheveux en cascade qui l'hypnotisaient. L'ébène de sa crinière masquait en partie ses membres interdits. Elle… était…

Désemparé, le Jusilthil retourna aussitôt dans la chambre sans plus de cérémonie. Il s'excusera si son comportement déplût à la maîtresse. Pour l'heure, il voulait juste s'échapper dans les contrées oniriques. Il n'y parviendra pas : l'unique portrait nu de Morgane Taïmon suffisait à alimenter la Marque et à le punir de tourments plus que déplaisants au niveau de son entrejambe.


~~~

Quelque part, au-delà des contrées de Nementa Corum.

" On a suffisamment discuté, partons ! " Filauria refusa de bouger, ce qui immobilisa tout le groupe.

Haut dans le ciel, la Lune Noire accablait les Eskët. Un peu plus et ils pourraient croire que Lucora et Filauria en viendraient aux mains. Néanmoins, le Börak ne fera que d'une bouchée d'elle, malgré sa gnaque toute récente. L'événement déclencheur ? La capture de Vantelme, bien sûr. Depuis cette nuit, la jeune femme ne cessait de remettre en question les décisions de Lucora. Leur groupe fut en grande partie épargné par les esclavagistes, même s'ils déploraient deux pertes. Ce fut l'autre groupe d'Ygdraë qui fut totalement anéanti… Pensant que les Ætheri étaient en faveur de leur prodigieux destin, Filauria était persuadé qu'il était possible de libérer son camarade. Qu'il y avait une chance. Infime peut-être, possible sans doute. Ce comportement exaspérait le Braskä qui peinait à motiver l'ensemble de la cohue. Ils étaient tous exténués, certains malades d'ailleurs, d'où leur manque de mobilité.


" Vantelme rêvait du monde extérieur, il rêvait depuis tout petit de quitter Melohorë et de découvrir les merveilles par-delà les frontières ! Ses risques, ses richesses, ses histoires, ses légendes… L'Ygdraë retenait ses larmes. Au fond, tous savaient qu'elle l'aimait. Et son voyage n'aura été que de courte durée. " Empêtré dans sa lugubre armure, le titan ne répondit pas de suite. Il fixait depuis tout à l'heure le fameux astre de noirceur.

" Il n'est pas mort. "

" Je le sais ! "
Alors pourquoi continuer sans lui ?!

Un craquement interrompit leur prise de bec et alerta tous les jeunes voyageurs. Au loin, des silhouettes déformées se déplaçaient entre les arbres. Lucora avait déjà en main son arme imposante, Filauria ne tarda pas à bander son arc, prête à se défendre. Ils devaient se défendre. Les intrus s'apparentaient à des morts-vivants. Et en nombre. Non, elle refusait de perdre encore ses amis ! Pas encore ! Attends-moi !



2053 mots ~
Bravo pour le couronnement ♪



By Jil ♪
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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Dim 09 Aoû 2020, 10:23


Illustration - Quang Huy-Nnguy
In Nomine Mater et Filii
et Spiritus Mali

Mancinia avait volontairement obstruer les fenêtres, ainsi que les portes, avec des draps, transformant le dortoir en une sorte de cachette secrète où l'on se racontait des histoires. Elle ne désirait pas que les résidents observent la Lune Noire de là où ils étaient, surtout lorsque celle-ci dominait complètement le ciel. Lancinia n'aurait pas cru que son passage à Haute-Terre serait synonyme d'une telle prudence, nouant son estomac aux souvenirs de la Coupe des Nations et de ce qu'il était advenu d'Ella. Qu'est-ce ... qu'il n'avait pas fallu faire. Cela la mettait d'autant plus mal à l'aise, comme s'il n'y avait pas la moindre sécurité dans cet endroit. Malgré tout, le Ma'Ahid centrer autour du bâtiment permettait probablement de protéger la fragilité des Anges présents, à peine remis des horreurs de la Terre Blanche. Voir un autre signe du Chaos aurait sans doute pu en faire vacillé certains et l'ignorance les protégeait. Kamiya discutait avec son Humaine, lui promettant des retrouvailles futures, lorsque Lancinia serait prête. Cela pinçait un peu son coeur, car la Clone était ... semblable. Et la perte du corbeau était pourtant inévitable, c'était son compagnon à elle. C'était le moment de faire des choix de vie. Et si l'Humaine devait être la face cachée de Mancinia, elle serait aussi une part de ténèbres. S'il y avait des choses en commun, d'autres étaient vouées à les désassembler. Tous leurs liens étaient ... différents, combien de fois ne s'était-elle pas posé la question ?

Et Neah, alors ? Il avait du courage et un coeur droit, mais ... l'absence du Lien, lui, était évident. Elle n'avait pas le même regard, ni le même palpitant battant à tout rompre qu'avait Mancinia à son égard. Dans un sens, cela la rassurait. Cela aurait été d'un ennui mortel d'être amoureuse d'une personne aimée qui ne vous regarderait probablement jamais. Les Anges étaient fidèles, en écartant un léger pan de drap, Lancinia observait la Lune Noire dans le ciel, dardant de son éclat sinistre l'ensemble du territoire.

Elias Salvatore est le nouvel Empereur Noir.

D'une certaine manière, c'était une suite logique.

Les Sorciers ont un Souverain digne de ce nom, désormais. Ils vont énormément se renforcer ... Leur démonstration de force sur la Terre Blanche en est la preuve.

Mancinia eu un léger sourire.

Je suis certaine que tu n'as pas plus envie de l'épouser que moi ...
Même sans mariage diplomatique, nous pouvons toujours négocier une sorte de statut quo entre nos peuples. Ça éviterait peut-être ... quelques tracas futurs.

Lorsqu'elle avait reçu la lettre du Prince d'alors, Mancinia avait été convaincue que Lancinia ne tenterait pas le Diable et déclinerait la proposition poliment, mais elle semblait déterminée. Était-ce les rumeurs à l'encontre de l'Écorcheur, totalement aberrantes de noirceur, qui l'incitait à essayer de le convaincre de cesser de malmener leur peuple ? Était-elle si naïve ? Ou seulement animée d'une tentative qu'on obtenait rien sans avoir au moins essayer ?

Je t'aiderais.

Ses projets restaient prioritaires, mais la nécessite de s'ouvrir aux autres races étaient nécessaires. Les Humains étaient méfiants de nature, rancuniers même. Jamais il n'y aurait de réelle alliance emplie de confiance, la fragilité de celle avec les Anges l'avait bien démontrée. Mancinia ne pouvait pas être certaine que cela marcherait, à dire vrai, quelque chose en elle souhaitait seulement que les Mages Noirs subissent également un Génocide ... pour préserver ce soit disant équilibre qui penchait trop en faveur du Chaos, ces dernières années.



Lancinia prit un encrier, une plume et, à la lueur de la bougie, sous les rires de quelques histoires d'aventure, elle se mis à écrire ;

« Elias Salvatore, l'Empereur Noir,

Je vous prie d'accepter mes félicitations quant à votre récent Couronnement, ainsi que mes excuses pour cette réponse tardive.

Je ne peux qu'être d'accord avec vous. Les Humains et les Sorciers ne s'entendront peut-être jamais comme les meilleurs alliés qui soient, mais un équilibre entre nous est nécessaire. Nombreux sont ceux qui craignent le Mal, mais ... Parfois, il arrive qu'une personne en soit séduite. Après tout, que serait un monde sans le moindre risque ?

Si une union maritale n'est pas envisageable pour l'instant, je vous prie de m'accorder un peu de temps dans l'attende d'un projet digne de ce nom qui saura améliorer l'entende entre nos deux peuples. Je m'y emploie, mais il est délicat de convaincre les miens. Si les Sorciers haïssent les Humains, l'inverse est également vrai. La patience sera une valeur essentielle à cette réussite, comme dans toutes les unions, mais je gage que nous la possédons tout deux.

Avec mes salutations les plus respectueuses. »


Lancinia Daphnis

Lorsque la missive était terminée, l'Humaine se promettait de l'envoyer dès que possible. Elle n'avait pas d'idées très claires sur d'éventuels projets permettant un rapprochement, mais elle avait du soutien pour permettre cette possibilité d'alliance. Néanmoins, cela impliquait que le peuple lui soit probablement hostile ... à moins d'imaginer des bénéfices avantageux sur l'état de l'esclavagisme chez les Sorciers. Combien d'Humains étaient là-bas ? ...

D'ailleurs, Lancinia ...

Relevant son regard en direction de Mancinia, elle voyait une expression indéchiffrable sur le visage de celle-ci.

J'ai une mission pour toi.

863 mots


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