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 [Event septembre-février] - À la découverte de Juvaniel !

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 3850
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 28 Jan 2024, 11:44




À la découverte de Juvaniel !

En groupe | Dastan & Yngvild



Ikar était jeune. Cela s’entendait dans le choix de ses mots, les inflexions de sa voix, ses préoccupations, se voyait dans ses manières, ses gestes, ses regards. Cette jeunesse crépitante, parsemée d’innocence, de honte et de rêve de maturité, Dastan la percevait et, s’en rendant compte, éprouvait un sentiment d’expérience, d’âge, de vieillesse auquel il ne s’était pas attendu. Ils ne devaient avoir que quelques années d’écart, peut-être Ikar était-il même plus vieux que lui, qui avait grandi si vite, et pourtant les reflets de la vie du blond nappaient la sienne du voile révélateur d’une candeur perdue. Il avait vécu la guerre, la défaite, l’humiliation, la perte, la colère, la trahison, le dilemme, la douleur, la condamnation ; en l’espace de quelques maigres années, il avait déjà éprouvé ce qu’une existence entière ne parviendrait pas à soigner. Les rêves persistaient, mais la réalité demeurait – franche, solide, tranchante. Les paroles d’Ikar s’enrobaient de douceur, et cette douceur écorchait ses plaies à vif. Il inspira et regarda dehors. La fenêtre découpait un carré de rue. Les gens allaient et venaient, en mouvement et en couleur. Ils semblaient indifférents à tout, leurs tourments bien cachés au fond de leurs cœurs. C’était peut-être aussi ça, vieillir : tout réussir à cacher au fond de son cœur.

Ses iris se déportèrent à nouveau sur l’adolescent. Pour donner le change, il lui souriait ou hochait la tête, mais il le laissait parler. Il ignorait s’ils se reverraient, s’il l’écouterait encore lui lire ce conte ou un autre, s’il supporterait l’insoutenable légèreté de sa compagnie ; il n’aurait pas dû rester là, il n’aurait pas dû lui demander de l’aider à trouver un médecin, il n’aurait pas dû discuter et plaisanter avec lui. Priam et Freyja avaient le droit de côtoyer le monde d’ailleurs, parce qu’ils ne faisaient qu’à moitié partie des Réprouvés. Ils avaient ce privilège de ne pas être intégralement engloutis par leur peuple, ce privilège qu’ils avaient porté comme une malédiction mais dont Dastan mesurait toutes les délices. Ils pouvaient aimer ailleurs, s’unir ailleurs, créer ailleurs, construire ailleurs. Lui, il était coincé entre les murs d’une prison qu’il adorait trop pour vouloir l’éclater, une geôle qui l’avait façonné, des chaînes qui guidaient chacun de ses pas. Sa place était parmi les Manichéens. Pas ailleurs. Et chaque millimètre de cette frontière franchi vers lui s’apparentait à un pacte conclu avec l’ennemi.

« Si tu veux. » parvint-il à souffler. Il baissa la tête. Les avant-bras appuyés sur ses cuisses, les mains pendantes, les cheveux tombants, les épaules voutées et le dos fatigué, il ressemblait à ces carcasses vides que dépeignent les tristes artistes. Une larme roula jusqu’à la pointe de son nez. Une autre suivit, puis elles affluèrent tant qu’elles se confondirent les unes aux autres. Elles dessinaient sur sa peau de petites rivières dont le sel dévorant rongeait sa poitrine. Elles noyaient son attitude bravache, son espièglerie, son assurance, ses certitudes, ses joies ; elles emportaient tout dans leur torrent d’incompréhension, elles coulaient parce qu’il ne comprenait pas, parce qu’il était sourd aux murmures qui hurlaient près de son cœur, parce qu’il ne voulait rien entendre et que le moindre bruissement arrachait son palpitant. Il passa sa main sous ses narines et renifla. Ses doigts s’enfoncèrent dans ses cheveux, s’entortillèrent autour de ses mèches et tirèrent, juste assez pour le rattacher au monde, pas assez pour lui faire oublier ses peines. Ses paupières se fermèrent et il les pressa si fort qu’il en eut presque mal. Il renifla encore. D’un bond, il se leva, à l’image de ces bêtes blessées qui ne veulent pas se laisser abattre. Il se dirigea vers la fenêtre, l’ouvrit, fixa ses mains sur son pourtour, regarda en contrebas.

La porte s’ouvrit et le médecin ressortit, tenant tant bien que mal une Yngvild qui se tortillait en grognant pour lui échapper, pleine de hargne, de vigueur et de jeunesse. Comme Dastan lui tournait le dos, il s’adressa à Ikar : « Je pense qu’elle… aïe ! Elle est largement remise. » La gamine s’arracha à la poigne du docteur et se précipita vers son frère. Elle se jeta contre ses jambes et les enserra de toutes ses forces. « On rentre à la maison ! » brailla-t-elle en Zul’Dov, la mine renfrognée. Lentement, il fit pivoter son buste pour la regarder. Ses yeux baignés d’un océan la laissèrent coite. Il releva la tête vers le praticien. « Combien je vous dois ? » Le prix énoncé, il décrocha une bourse de sa ceinture et versa quelques pièces dans la paume de l’homme. Celui-ci le remercia. Il l’observa, peut-être préoccupé par sa figure ; mais le regard farouche du Réprouvé et l’attitude sauvage de sa sœur le dissuadèrent de poser des questions. Il salua les trois jeunes gens et disparut dans son bureau. Le roux s’anima faiblement pour regarder Ikar. Il attrapa Yngvild, la souleva et, avec une démarche étrangement calme, sortit du cabinet. Dehors, il leva le visage vers le ciel. Le soleil lécha ses larmes et jeta ses feux au fond de ses yeux. Il inspira et tourna la tête vers l’Ondin. « Chez nous, c’est loin. » Par les kilomètres, par la pensée, par le mode de vie, par tout. « C’est Lumnaar’Yuvon. Bouton d’Or. On doit y rester. C’est comme ça. » Il haussa les épaules, marqua une pause. Sa langue répétait une mécanique habituelle, elle se mouvait sans frémir sous le coup des émotions. « Ton père vient, des fois. T’auras qu’à venir avec lui, si tu veux. J’y retournerai, après mon service militaire à Gona’Halv. Je deviendrai Seigneur des Deux Rives, et après, ce sera moi qui pourrai venir, ailleurs. » Il renifla encore, passa une nouvelle fois sa main sous son nez, et dégagea péniblement sa vieillesse pour adresser un sourire à l’adolescent plein de jeunesse.



Message IX – 973 mots

Personne ne m'a empêché de rp avec cette musique et ça a été fatal.




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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Dim 28 Jan 2024, 15:37



Unknown

À la découverte de Juvaniel !

En groupe | Eméliana, Érasme, Ilias, Jude, Lucius & Hélène



Elle mentait. Cette certitude s’ancra en Hélène avec la force d’une conviction. Une affaire politique. Que souhaitait-elle provoquer ? Cherchait-elle véritablement leur père ? Ou manigançait-elle pour qu’un bruit courût à ce sujet ? Pourquoi ne pas lui envoyer une lettre ? Pourquoi ne pas essayer de le joindre chez les Sorciers ? Elle n’avait rien de plus à craindre qu’ici : elle s’adressait à des inconnus, ils pouvaient très bien parler de ce rapide échange, et l’Humaine était persuadée qu’on ne laissait pas une Princesse Noire galoper dans les rues sans assurer solidement sa surveillance. Elle jeta un regard circulaire à leur environnement, mais ne repéra rien. Ses iris se fixèrent sur la rousse. Son frère, son père. Dernièrement, il s’était déroulé trop de choses étranges pour que l’adolescente ne fît pas preuve de méfiance. Et ça ne remontait pas qu’aux mariages, c’était bien avant, c’était déjà au moment de la guerre qui avait opposé les Mages Noirs aux Réprouvés. Elle inspira, le bout des doigts tremblant. « Je le lui dirai. » répondit-elle sobrement. Comment réagirait-il ? Feindrait-il la surprise ou le serait-il réellement ? Savait-il qu’elle connaissait Lucius ? Pourquoi Eméliana leur proposait-elle son aide ? Pourquoi retourner vers le Magicien alors qu’ils se trouvaient ensemble quelques instants auparavant ? Lui avait-il échappé ? Voulait-elle le lui faire payer ? En s’entretenant avec leur père ? Non. Alors quoi ? Silencieuse mais attentive, elle se fondit dans les pas de la rousse. Hélène était consciente de ce dont nombre de ces frères et sœurs ne semblaient pas se soucier : leur père avait gagné en importance sur l’échiquier politique, et cette ascension les impliquait tous, qu’ils le voulussent ou non. Ils n’étaient plus n’importe qui. Ce n’était pas qu’une question d’image et de réputation – puisque de toute façon Kaahl s’évertuait apparemment à ruiner les siennes. Il y avait un enjeu de sécurité et d’intégrité.

Par-dessus l’épaule d’Eméliana, la jeune fille jeta un coup d’œil au plan. Le nom de Lucius Paiberym lui apparut rapidement, habituée qu’elle était à l’entendre, le voir, le formuler. Elle ne perçut qu’à moitié ceux des propriétaires des maisons avoisinantes – Éra- ? –, mais sut qu’elle avait manqué une information capitale sous le souffle du sarcasme de la Princesse. Elle releva la tête et scruta les alignements de bâtisses. Toujours sans un mot, elle suivit le trio. Jude possédait une assurance propre aux enfants, qui faisait d’autant plus rayonner la faiblesse d’Ilias. Eméliana les surpassait tous les deux – tous les trois. Régulièrement, Hélène lançait des regards dans son dos, mais il n’y avait rien. Rien qu’elle pût percevoir. En revanche, le bruit émanant de la maison de Lucius était, lui, largement perceptible. Il n’était pas seul. Le cœur battant, elle fronça les sourcils. Elle adressa une œillade à la rousse, sans interrogation mais piquetée de défiance et de curiosité mêlée.

Érasme. Érasme Salvatore. C’était donc ça, la coïncidence. Quand elle le vit, elle comprit toutes les rumeurs qui couraient au sujet des deux garçons. On aurait dit Lucius, en à peine plus grand, en largement plus osseux. Plus ténébreux, aussi, malgré son regard si clair et criblé des effets de l’alcool. Sa méfiance et ses doutes ne firent que s’accroître. Ses iris céruléens glissèrent jusqu’à son frère. Elle le toisa sans rien dire. Elle cherchait dans ses yeux une réaction à la présence d’Eméliana. Le ton sec de cette dernière fouetta l’air chargé des vapeurs de l’alcool et de cette odeur propre aux garçons qui devenaient des hommes. Ça ressemblait à celle qui régnait, parfois, dans les vestiaires de Basphel. L’Humaine fit quelques pas de côté, pour contourner le canapé. Elle avait pris l’habitude de louvoyer entre les êtres doués de magie, à Basphel. Ceux qui n’étaient pas coutumiers de son Ma’Ahid avaient tendance à mal le supporter. À mi-chemin, elle s’arrêta. Elle croisa les bras et observa à nouveau les différents protagonistes. Cette pièce devait aussi grouiller d’espions invisibles – ceux des Sorciers, et les leurs. Longtemps, les enfants Paiberym avaient dû se promener avec des chaperons. C’était après le meurtre de Constantine. Ils n’étaient désormais plus accompagnés, mais Hélène doutait qu’ils ne fussent plus suivis. Son père, si elle pouvait se targuer de le connaître encore un peu, ne se serait pas permis de les laisser sans surveillance, alors que le meurtrier n’avait toujours pas été retrouvé. Dans un monde où la magie modulait les effets du temps sur les individus, il pouvait très bien attendre des années avant de frapper à nouveau. La majorité des gens n’était pas comme elle. Ils ne vieillissaient pas aussi vite. Elle s’humecta les lèvres. Puis sa décision fut prise, et en cinq pas, elle fut juste à côté de Lucius. Elle s’assit sur le bras du canapé, l’air de rien. Ils ne s’étaient pas vus depuis un moment. Elle espérait que son anti-magie le mettrait très mal à l’aise. Et sa phrase aussi. « J’ai croisé Kiara, tout à l’heure. »



Message III – 826 mots




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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Dim 28 Jan 2024, 17:35



Quelque chose semblait s'éteindre. Une tempête effroyable s'écrasait sur les pierres inflexibles de la Vigilante, les prémices d'un nouveau cycle de Faugmi. Couramment, les premiers orages de la saison tranchaient violemment avec la sérénité poétique de Shakluth, désarçonnant la plupart des locaux peu habitués aux caprices imprévisibles du Voile Blanc. Latone rentrait tout juste de la dernière expédition en Linos, accueillie comme il se doit par les vents enneigés et le froid mordant d'une Ciel-Ouvert méditative. À peine de retour, on la bombarda de nouvelles en pagailles, l'impression grandissante d'être restée des mois sous terre : la plus pressante de toutes étant les répercussions du Sommet des Étoiles. Toujours tournée vers l'action, la Rouge accepta toute la pile de rapports à son attention et s'empressa de réunir ses prochaines lectures dans ses quartiers, non sans avoir passé un certain temps en compagnie de ses deux garnements, bien évidemment.

À cette heure précise, tardive, son fond de tasse était froid, négligée du fait des préoccupations mêlées à la fatigue de l'Orisha. En lotus sur son lit, face à la tonne de parchemins éparpillés un peu partout sur les draps, elle chassa une nouvelle paperasse pour retourner sur cette invitation à la dénommée Juvaniel. Étant donné son absence, elle avait raté le coche de l'inauguration de la cité, de surcroît les festivités de la coopération. Ceci n'était peut-être pas si mal, puisqu'un certain Hurabis – Kerby – barde éloquent à ses heures perdues, sauta sur l'occasion pour s'y rendre en tant que délégué de la Marche Terne. Entre les Guides, la plaisanterie affirmant que Kerby cherchait une échappatoire aux problématiques de Linos et du Bleu Roi se muait en une certitude instaurée. Toute cette machinerie ne dérangea point Latone ; bien que les sujets soulevés par le Sommet l'intriguassent, comme toute régence en place : il lui fallait régler ses soucis en interne.

Une nouvelle bourrasque s'entrechoqua contre le bouclier impénétrable de la Vigilante, ses iris dorées se soulevèrent sur l'extérieur, comme un appel. Où devrait-elle vraiment aller ? Cette coopération était-elle une véritable solution ? Était-ce une mascarade, un piège ? Devrait-elle demeurer ici, afin d'en finir avec les cauchemars assourdissants des Marcheurs ? Tout était confus pour la guerrière hissée en symbole de leader. Mais s'il y avait bien une certitude qui la glanait durant chacune de ses indécisions, c'était que les Ætheri guidaient en fin de compte. La question sous-jacente étant la suivante : lesquels d'entre eux auront la main mise sur ces Prophéties ? Vers qui les prières devaient-elles se tourner ? Sur qui le Panthéon avait daigné poser un regard empli d'espoirs ? À travers le firmament des valses étoilées, Latone ne parvenait pas encore à déceler ne serait-ce qu'un fond de réponse. Mais tout comme au sein de cette tasse encore remplie, il lui serait bientôt possible d'entrevoir ce que l'Invisible renfermait ; et avec lui, son lot de réactions.

~~~

Des réactions, certaines figures en créaient en pagaille. Léthargique, à l'image d'une statue de marbre, cette patiente tirée des effrois abyssaux soulevait bien trop de songes pour les Anges d'Orhmior depuis son sauvetage. On ignorait encore sur quels pieds danser avec elle, puisque son orchésographie leur était encore inconnue tant que son réveil sera retardé de la sorte. Une certaine réputation commençait à peser sur ses épaules craquelées, néanmoins on restreignait avec une main de fer les bruits de couloirs sur sa personne, afin d'éviter le moindre – et possible – incident diplomatique. Après tout, son accoutrement initial et sa corpulence prononcée laissaient croire aux primordiaux guérisseurs qu'ils avaient affaire à une Réprouvée de Gona'Halv. Pour autant, les jours suivants, le doute s'installait en continu. Il était après tout difficile de nier la blancheur immaculée des quelques plumes extraites de son omoplate, lors d'une opération on ne peut plus dangereuse étant donné son état, accablé par un occultisme méconnu. Tout comme il était déconcertant d'y découvrir des plumes écarlates, aussi sanguinolentes que ses plaies initiales… Sa survie était assurée. Du moins, c'était la conclusion acceptée par les soigneurs après plusieurs séances de lutte acharnée. Et si son corps aurait dû être déplacé pour diverses raisons, il n'en fut rien tant que la magie sauvage en son être ne sera pas contenu. Il était encore difficile de prévoir ce que son séjour prolongé provoquerait, alors il valait mieux la maintenir du côté portuaire de l'Île. Qui sait, peut-être finira-t-elle par devoir reprendre le large, de son plein gré ou contre ?

Des Esprits l'épiaient plus souvent à son arrivée, ils n'avaient eu après tout que de bribes d'échos de l'incident à Unum Prior. En vérité, aucune âme – vivante comme morte – n'était ressortie de cet Ouragan hormis elle. Petit à petit, en la côtoyant, ils comprenaient à l'instar des Anges que ces ronces ne leur étaient aucunement favorables. Ils désertaient alors un à un, laissant la Chamane de toute manière destituée à la merci d'un peuple qui n'accordera ô jamais sa rédemption. Sur son sillage, goutte à goutte, elle était vouée à poursuivre le sacerdoce d'une divinité, à son image, déchue. C'était ainsi qu'on décrirait la fin d'une glorieuse Hǫfðingi ; dans l'indifférence la plus macabre. Au fil des jours, au fil des pas…

" … ! "

Ses paupières s'ouvrirent soudainement en parallèle de son inspiration soudaine. À ce moment-là, le sang du seul guérisseur présent ne fit qu'un tour et crût à une attaque aussi sournoise que monstrueuse. Rien n'indiquait un réveil aussi abrupt que non préparé, et la panique le gagna dès lors que la première décharge des ronces frappa son âme.

" ELLE SE RÉVEILLE ! Se précipita-t-il en dehors de la chambre. Elle se réveille ! " Fit-il écho dans les couloirs à la recherche du personnel plus expérimenté.

Au même instant, les soldats assignés à sa porte pénétrèrent dans la pièce, paumes aussitôt enserrées autour du manche de leurs épées : la survivante n'émergeait pas de son coma dans une douceur olympienne. La Titanide trébucha de son lit, un genou à terre. De nouveau, l'énergie pernicieuse qui s'écoulait en elle cherchait à l'assaillir, lui provoquant des maux effroyables, des résurgences traumatiques. Mais ce qui entretint sa propre terreur, c'était cette impossibilité de respirer convenablement avec ce casque sur la tête. Ses yeux dardèrent les armures éclatantes puis les médecins en trombe, lui barrant la route vers l'échappatoire. Des pépites flamboyantes, éphémères, se multiplièrent dans son regard ; elle sut dès lors qu'au moindre écart magique, la Folie qu'elle s'évertuait à maintenir implosera. Elle chercha à nouveau à prendre une inspiration, en vain.

" Laissez-nous faire ! On peut vous aider ! "

Elle recula aussitôt, de peur de laisser l'opportunité aux ronces de les ronger. Ils avaient beau vouloir la sauver, elle se recroquevillait sur elle-même. Soigneurs et militaires s'engonçaient dans des débats interminables sur comment procéder, mais elle était si imposante et incontrôlable… Elle porta ses mains jusqu'au casque fracturé, l'artefact agissait encore sur les germes en elle : il lui fallait s'en débarrasser au plus vite. Bientôt en manque d'oxygène, l'Ange tenta le tout pour le tout et fit face à l'un des murs pour s'y agripper. Elle rassembla ses maigres forces et balança sa tête en arrière avant de la fracasser contre la paroi. Par sa fonction primaire, le casque encaissa une grande partie du choc… et chuta en morceaux éparses le long de son corps. Certains d'entre eux se raccrochaient à sa chair mais ils ne purent restreindre sa respiration, enfin. Peu à peu, la miraculée d'Orahza se calma, ses stigmates satinés perdirent un brin de leur éclat alors que les ronces apparentes – pour la plupart – se rétractèrent à l'intérieur de son corps. Ce nouveau déséquilibre lui fit perdre pied, elle eut tout juste le temps de se retourner vers l'assemblée effarée.

" Ne… m'approchez… pas… "

Elle chuta à nouveau dans les ténèbres, cependant démasquée. Et ce visage… Sans une once de doute, à leurs côtés, un nouvel être s'élevait au sein des Vertus : Léto Sùlfr.


1384 mots ~



By Jil ♪
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 28 Jan 2024, 18:28



À la découverte de Juvaniel


David Kushner - Burn
Eméliana, Ilias, Jude, Hélène, Lucius et Erasme

« Ne me dis pas que t’as vraiment un faible pour elle ? » lui demandai-je. L’expression sur mon visage le trahit immédiatement. « … C’est ta belle-mère. » fis-je. « Et alors ? T’as violé ta sœur. » « C’est pas ma vraie sœur, sinon je ne l’aurais pas fait. » « C’est pareil. Elle et moi ne sommes pas liés par le sang. » Il marquait un point. « Et ton père, il le vit comment ? » « Il n’en sait rien. » Si ce n’était pas un mensonge, c’était de la stupidité. Si j’avais pu deviner aussi facilement, le Duc Paiberym le savait aussi. « À toi de dévoiler un secret gênant. » Mon regard se fixa sur le dossier du canapé. On jouait depuis un certain temps. L'inspiration se tarissait. « Je prends du plaisir quand on me fait mal. » Il me fixa, un air moqueur sur le visage. « T’es maso ? » Il se mit à rire. Je ris aussi, à cause des effets de l’alcool. « Je suppose que ça doit être ça… » « Dastan va pas en revenir putain… Tu vas boîter pendant trois semaines ! » Je l'aurais assassiné. Le pire c'est que ça m'arracha un nouveau rire, à l'image du sien. Je tentai de reprendre mon sérieux et me plaignis dans le vent. « On a dit que ça restait entre nous. » « T’es un Sorcier, tu devrais savoir que rien ne reste jamais secret bien longtemps. » Je levai les yeux au ciel pour l'image. Forcément que nous allions tout dévoiler aux autres. « Comment tu l’as su ? » Je passai mes doigts dans mes cheveux, mes ongles se plantant doucement dans la peau de mon crâne. « Avant ce n’était pas si flagrant mais Val’Aimé a tenté une thérapie de conversion. Le truc c’est que ce qu’il me faisait ne provoquait pas l’effet escompté. » « Tu t’es fait torturer ? » « Vite fait. » Même ivre, je préférais ne pas en parler. Il y avait eu tous ces instants où ma magie m’avait lâché et où la douleur était devenue réelle, insupportable. Heureusement, du fait de mon rang, il m’avait toujours soigné. Les séquelles n’étaient plus que psychologiques, si séquelles il y avait. Je n’arrivais pas à déterminer. Moi-aussi je pouvais faire subir à autrui d’horribles sévices alors... « Et ça te fait du bien ? » « Ouais… » « Du bien comment ? » Je soufflai par le nez pour ne pas répondre. « À toi du con. » « Ok alors… » Il réfléchit. « J’ai surpris… » Il se tut et se redressa légèrement lorsqu’il aperçut Eméliana accompagnée de sa réplique cinglante. Je jetai une œillade à Lucius. Nous avions convenu de jouer à être l’autre. C’était le moment d’essayer. Notre sang n’était plus qu’alcool mais ça rendait la chose d’autant plus drôle.

Je sentis rapidement le Ma’Ahid contre moi. Je me redressai prestement pour m’éloigner de la blonde. Ça devait être l’une des sœurs de Lucius. Il n’avait que deux sœurs Humaines. D’après les descriptions qu’il m’avait faites, il n’y avait aucun doute : il s’agissait d’Hélène. « C’est vrai ? » fis-je, comme si j’étais réellement intéressé. « J’espère qu’elle va bien. » Sur le canapé, Lucius se mit à rire. « Qu’est-ce que t’as ? » lui demandai-je. « Non, c’est rien. C’est juste que tu dis ça comme si t’en avais quelque chose à faire. » Soit il jouait à être moi, soit l’alcool était en train d’avoir raison de lui. Les deux possibilités n’étaient pas à exclure. Dans tous les cas, il faisait n’importe quoi. Sa posture n’était pas assez rigide, alors que j’essayais de prendre la sienne et de détendre mon corps au maximum. « Elle m’importe un peu quand même. Je ne l’aime pas mais elle a l’air gentille. » J’imaginais sans mal le style de filles que ça devait être : plutôt jolie mais assez sotte pour se laisser séduire par la forêt des yeux du Paiberym. Trop manipulable ou amoureuse pour oser refuser le mariage aussi. L’autre se mit à rire, ce qui n’agaça pas que moi. Ma magie commençait à ne pas apprécier le cadenas que je lui avais imposé. « Érasme ? » Je retins le réflexe malheureux qui aurait pu me faire tourner la tête vers Eméliana. Lucius, lui, ne réagit pas du tout. Quel crétin. « À quoi est-ce que vous jouez tous les deux ? » Il fut évident que la Sorcière avait compris. Les bras croisés, son regard alla de lui à moi. « On testait un truc, c’est tout. » se défendit Lucius, avant de se rapprocher d’Hélène. Il fit une grimace. Ma magie sur lui se fractionna, laissant percevoir des bribes de réalité. Il fut pris d’un haut le cœur soudain mais réussit à ne pas rendre les bouteilles ingurgitées. Il finit par se lever et par serrer sa sœur dans ses bras. « Tu m’as trop manqué ! J’ai l’impression qu’on ne s'est pas vus depuis des années ! » laissa-t-il échapper, visiblement émotif. « Ne me quitte plus jamais. Papa est méchant avec moi ! » Il semblait plaisanter mais vu la discussion que nous avions eue précédemment, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de la réalité qu’il vivait. Je levai les yeux au ciel et me dirigeai vers mon sort pour défaire les runes. L'illusion cessa. « Franchement, Lucius, si tu veux vraiment te faire passer pour moi, il va falloir t’entraîner. » Je trouvais ça drôle, tellement que je me dirigeai vers le canapé pour l’embêter. J’attrapai Héllène par la taille et la tirai vers moi tout en me jetant sur les coussins. Je la serrai contre moi et approchai mes lèvres de son oreille. « Tu ne veux pas être ma sœur ? » lui demandai-je. « Je t’échange contre Eméliana. » Ilias s’était assis en silence. Jude nous fixait d’un air intéressé. Le chaos potentiel le tenait alerte. « Vous êtes réellement pitoyables. » articula la rousse, en nous fixant d'un air supérieur. « Quoi ? Toi aussi tu veux un câlin ? » demandai-je. « Quoi ? Nooooonn… » Son dernier mot fut étiré par la surprise. « Tu es à moi maintenant ! » s’amusa Lucius qui s’était déplacé pour réceptionner la rouquine, emportée par ma télékinésie, dans ses bras. Son nez se fraya un chemin dans son cou. « Tu sens bon. » « Lâche-m… » Ce fut le moment que choisit Jude pour se jeter à son tour sur le canapé à grands cris et pour escalader Hélène. Je me mis à rire doucement, comme si jouer les Magiciens avait atteint mon cerveau. J’avais envie de dormir. L’alcool faisait tanguer la scène, à moins que ce ne fût le Ma'Ahid ?Dastan apparut dans mes pensées et je resserrai mon emprise sur Hélène. L'envie de pleurer revenait s'échouer inlassablement sur la plage de mon indifférence illusoire. Je venais de le quitter et il me manquait déjà. Les divertissements et l'alcool n'y changeaient rien.

1032 mots
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Lana Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Lana Kælaria
Dim 28 Jan 2024, 21:26



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À la découverte de Juvaniel !

En groupe | Adriæn, Læn, Alcide & Kiara



« Moi non plus. » répondit Alcide, sincère, loin de se douter que le Magicien subissait le mariage et que l’Ondin manipulait la jeune fille. Kiara était prise entre deux feux et, inévitablement, elle brûlait. Il se gratta le dessus du crâne. Ses cheveux avaient recommencé à pousser. Il avait hâte qu’ils fussent plus longs. « En fait, je pensais qu’Adriæn était un peu amoureux d’Hélène… » laissa-t-il échapper. Et elle aussi. L’Humaine faisait semblant de rien, mais quand le nom du blond était prononcé dans une conversation, elle prêtait un peu plus l’oreille, quand elle le croisait, elle le saluait, et quand il passait au loin, elle le suivait des yeux durant quelques secondes. Elle se détachait de ses livres ; Alcide avait l’impression qu’Adriæn l’arrachait un peu à son monde, qu’il arrivait à souffler sur les piles de feuilles, de stylos et de manuels qui recouvraient le cœur d’Hélène. Du moins, jusqu’à quelques semaines auparavant. Depuis la soirée pyjama, elle avait replongé tête la première dans l’océan des études. Par moment, il avait l’impression qu’elle les évitait, lui et Rose-Abelle. Il avait essayé de lui parler un peu, notamment des rumeurs et des articles de journaux sur son père, afin de sonder son état, mais elle s’était fermée comme une huître. Il n’avait pas pensé à parler de l’Ondin. C’était peut-être ça, le fond du problème. Peut-être qu’elle s’était aperçue qu’il aimait Kiara ? Son cœur se comprima de tristesse pour son amie. Il était désemparé.

Kiara avait à la fois envie de le frapper de toutes ses forces et de s’enfuir aussi loin que possible. Il ne comprenait rien. Il n’était qu’un homme, un homme salement corrompu par l’éducation gælyan, un homme incapable, un homme comme tous les autres. « C’est toi qui m’humilies. » siffla-t-elle, les yeux saturés de larmes. Elle serra les poings, releva le menton, darda sur lui son regard de bête blessée. Elle n’avait rien choisi. C’était le Destin. Le Destin qui traçait sa route, qui fendait les oppositions, qui balayaient les protestations. Qui ravageait tout. Elle pinça les lèvres. Dans sa poitrine, le Spleen explosa. Les larmes dévalèrent ses joues. Elle renifla et secoua la tête, les deux pieds plantés dans le sol, alourdie par un cœur de plomb. Ses yeux tombèrent sur son mouchoir tendu. Elle ne le prit pas, elle ne le prendrait pas, elle le refusait. « T’es qu’un abruti. » Sa voix n’était plus qu’un mince filet, un son ténu, comme étouffé par les eaux qui l’envahissaient.

« Oui… » Alcide n’était pas très convaincu par l’idée de Johannês. Il aurait peut-être pu tenter un placage au sol, comme au Puffball, mais il n’avait pas très envie de blesser l’Ondine. Il n’était pas sûr de vouloir intervenir. Il avait l’impression d’assister à quelque chose qui ne le regardait pas ; toutefois, il avait le sentiment que partir, ce serait abandonner l’adolescente, et il était persuadé qu’elle n’avait surtout pas besoin de ça. Sa férocité cachait une fragilité que ses larmes dévoilaient. Il l’aurait bien prise dans ses bras, mais il avait peur de sa réaction. Il avait peur qu’elle se comportât comme un fauve en danger, et qu’elle cherchât davantage à mordre qu’à se laisser guider. Alors, il demeurait là, comme Johannês, et il se sentait inutile, terriblement inutile, d’une passivité aussi accablante qu’inévitable. Il renifla et chassa l’humidité qui auréolait ses narines, avant de cligner des yeux. Il voyait trouble. Des sillons salés menaçaient de creuser ses joues. Il redressa la tête, s’humecta les lèvres, battit des paupières, et ravala toutes les larmes qui auraient voulu naître. Il déglutit. Il ne se sentait pas bien.

Le Spleen avait explosé dans sa poitrine, puis il s’était répandu autour d’elle. Il était vorace, mais il ne s’attarda pas sur Alcide et Johannês. Toute l’attention de Kiara était concentrée sur Adriæn ; il coula vers lui et voulut l’engluer, l’empoisonner, l’agenouiller. La colère de la Rehla s’était écrasée, elle suffoquait sous le poids du désespoir et de la souffrance. « Tu ne comprends rien. » Ses lèvres tremblaient, ses mains aussi. « Moi je suis tombée amoureuse de toi. » Les mots s’échappaient avec une facilité déconcertante. Tout lui échappait. Elle n’en rougissait pas. Le seul vermeil qui couvrait les condamnés, c’étaient les marbrures de leur sang, à vif sur leur peau. C’était vers cela qu’elle marchait, vers sa condamnation. La seule chose qui sauvait de la souffrance, c’était la mort. « Et toi tu ne m’as rien montré. Tu t’es juste comporté comme ça. Comme un « ami ». C’est sans doute tout ce qu’on est destinés à être. » Sa voix s’érailla. Avec le poids du monde sur les épaules, elle fit demi-tour et s’éloigna, cette fois en marchant. Alcide la suivit des yeux, muet de stupéfaction et d’embarras.



Message IV – 801 mots


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Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau II ~

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Dorian Lang
Dim 28 Jan 2024, 21:55



À la découverte de Juvaniel
Oriane & Eutropius



Eutropius manqua de peu de laisser s'échapper un rire incrédule. Il ne pensait pas que quiconque ait pu venir à ce bal en espérant une "sympathique rencontre". Les Vampires, raffinés, restaient des prédateurs. À quoi s'attendait-elle ? Une partie de criquet et une conversation plaisante ? Décidément, il ne comprenait pas cette femme. Peut-être le gouffre culturel l'empêchait de réussir à saisir les articulations de son esprit. Il repensa à la coopération raciale et douta plus sérieusement que jamais de la faisabilité du projet.

Sans rien voir de l'air entendu qui déridait son interlocutrice, le Sorcier se concentra sur les informations délivrées. La déception pinça ses lèvres. Quelle femme inutile. Il n'en attendait pas beaucoup, mais elle échouait malgré tout à satisfaire le peu qu'il pouvait lui demander. En dehors de l'emmener jusqu'au château, elle ne faisait que l'encombrer de ses questions indiscrètes en plus de sa présence. Une fois de plus, son regard glissa de ses épaules nues jusqu'à ses poignets. Elle ne le laissait pas indifférent, mais ainsi étaient faits les Déchus, taillés pour verser dans les Péchés, et inciter les autres à faire de même. Toutefois, Eutropius n'avait rien d'un Ange. Il cédait parfois à la luxure et n'en ressentait ni honte ni culpabilité. La chose était naturelle, hormonale et de préférence se passait dans le silence et sans qu'aucun souvenir ne subsiste, pour l'autre partie. La réciprocité dans l'acte n'était d'aucun attrait, il ne cherchait pas le plaisir de l'autre, ni même sa douleur. Le problème n'était pas le consentement, Douce avait laissé entendre plusieurs fois qu'elle voulait modifier la trajectoire de leur amitié sur son chemin jumeau, mais il ne voulait pas s'embarrasser de sentiments, d'attentes de l'autre partie, de toutes ces futilités. Il n'avait pas besoin de s'attacher le coeur de quiconque, un simple assouvissement de besoins suffisait, et une fois Vampire, ce ne serait plus un sujet tout court. Libéré de ces pulsions, il aurait davantage de temps et l'esprit plus clair pour le reste, l'obsession pour le sang mise à part.

Pas plus avancé qu'il y a quelques minutes, Eutropius soupira sans chercher à retenir l'expression de sa frustration cette fois. « Je vois. » Il ne voyait rien du tout, et c'était tout le problème. Pourquoi cet homme était-il si insaisissable ? Pourquoi hantait-il ses pensées à ce point ? « Èibhlin ? L'une des futures Dames Noires ? » N'importe qui à Amestris connaissait ces femmes tombées dans le piège lors de la Coupe des Nations Sorcières, mais il était étonné de l'entendre évoqué lors d'une conversation au sujet d'un Vampire qui se cachait dans le décor. « Ça n'a rien à voir avec le charme. » s'agaça l'adolescent. Il commençait à perdre patience avec cette femme qui ne comprenait rien. Il lui semblait qu'elle ne prenait rien au sérieux et ça l'horripilait. S'il réussissait, lors de la colocation, à glisser un somnifère dans son verre ou sa nourriture, peut-être trouverait-il un exutoire à toute cette contrariété qu'elle levait en lui, comme une façon de la punir. Ce ne serait qu'un soulagement passager, mais le plaisir de la prendre sans qu'elle ne le sache jamais serait une jouissance éternelle. « J'ai des questions à lui poser. Des questions urgentes, et personnelles. » dit-il, mentant à moitié. « Si vous le revoyez, pouvez-vous lui dire que je cherche à le contacter ? Dites-lui que je suis à Basphel, ou ici à Juvaniel. » Pouvait-il creuser du côté de la fiancée Alfar ? Elle serait difficile à approcher. Elle n'avait pas remis le pied à la capitale depuis son épreuve et le souverain des Mages noirs avait changé depuis, ce qui n'annulait en rien leur engagement. Néanmoins, son statut la gardait inaccessible pour qui n'était pas de la noblesse. Il n'allait pas attendre d'être noble pour avoir une chance, infime et peu fiable, de revoir le Vampire. Dans son esprit, des plans s'échafaudaient, mais tous présentaient des défauts trop saillants pour se révéler satisfaisants. Il ne pouvait rien faire avec ces informations. « Vous allez souvent rester dans cette colocation ? » demanda-t-il à brûle-pourpoint. Il chercha son regard. « Pourquoi souhaitez-vous intégrer cette colocation ? » Sinon pour ennuyer des adolescents, ajouta-t-il intérieurement.

Message V | 746 mots


[Event septembre-février] - À la découverte de Juvaniel !  - Page 8 O5u6
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Eiko
~ Orine ~ Niveau I ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : Aurel
◈ Activité : Manger des mochis avec Papa Jun, chanter, danser, et remanger des mochis
Eiko
Lun 29 Jan 2024, 08:46


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A la découverte de Juvaniel
Eiko

Duo avec Jun.
Réponse précédente : #
« Oh oui ! On pourra tous s’amuser ensemble comme ça ! » avait scandé la petite fille lorsque le Directeur lui avait proposé de devenir professeure d’Origamis. Pour la jeune fille, l’école était encore synonyme d’amusement plus que d’angoisses ou de devoirs. « Trop chouette ! » s’était-elle ensuite enthousiasmé lorsque son papa lui avait proposé une liste de matières. Elle était toute excitée à cette idée. Elle avait hâte de recevoir sa propre Liste, celle qui lui révèlerait les noms de ses futurs potentiels Aisurus. Celle que lui proposait l’adulte était différente mais lui procurait le même sentiment d’impatience passionnée. Elle pourrait choisir ce qui l’intéressait, et il lui enseignerait cette discipline. Non seulement elle apprendrait quelque chose de passionnant, mais en plus, elle passerait du temps avec Papa Jun. Si ça, ce n’était pas super bien, elle ne savait pas ce qui pouvait l’être dans tout l’univers entier, songea-t-elle. « Est-ce que tu penses que tu pourras ajouter jouer le Kalimba, sur ta liste dis ? » avait-elle demandé. On lui avait récemment offert ce petit instrument de musique. Elle passait depuis son temps à en faire vibrer les notes dans toute la maisonnée. Elle savait néanmoins que ce n’était pas suffisant pour prétendre maîtriser sa pratique.

« Des Weltpüffs ? » répéta l’enfant d’une petite voix curieuse. C’était la première fois qu’elle rencontrait un ami de Papa Jun. Il devenait un peu comme un animal rare à ses yeux, aussi s’était-elle mise à le détailler scrupuleusement avec ses yeux innocents. « Mmh… Non. » répondit-elle en secouant la tête, visiblement un peu déçue. « J’ai vu des dessins dans les livres, mais jamais en vrai. » avoua-t-elle avant de hausser les épaules. « Est-ce que tu pourras me montrer ton troupeau ? » demanda-t-elle au très grand monsieur, pleine d’espoir. S’il était berger et qu’il était ici, c’était que ses animaux ne devaient pas être très loin.

« C’est qui tu-sais-qui ? » interrogea la brune sans pudeur. « Est-ce que c’est Jiyû ? » demanda-t-elle en se retournant vers son papa. « Est-ce qu’elle est ici ? » fit-elle en sautillant sur place, le visage éclairé par un sourire enthousiaste. « Est-ce que je peux la rencontrer ? » Depuis le temps qu’elle avait envie de rencontrer l’amoureuse de son papa, ç’aurait été merveilleux.

L’attention de la fillette se focalisa cependant sur Alaster lorsque celui-ci lui demanda son prénom. C’était drôle. Il avait beau être très grand et très impressionnant, sa voix était douce et apaisante. Il dégageait un peu ce que la plus jeune imaginait chez les animaux qu’il gardait et protégeait. « Je m’appelle Eiko ! Mais puisque tu es un copain de Papa Jun, tu peux m’appeler Koko si tu en as envie. » répondit-elle en tendant sa main afin qu’il la serre. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il s’en saisi pour échanger une poignée de mains. « Je suis venue voir une maison avec Maman. Et maintenant, on visite la ville. » Sans s’en rendre compte, la timide avait abandonné sa cachette et s’était approchée vers l’homme qu’elle venait de rencontrer. « C’est très très grand, je pourrais m’y perdre, alors je dois toujours donner la main à un adulte. » fit-elle, ignorant le fait qu’elle avait lâché celle de sa mère un instant plus tôt pour rejoindre son père. A la place, elle glissa sa main dans celle, géante en comparaison, d’Alaster. « Est-ce qu’on peut visiter la ville dis, Papa Jun ? »

Message II - 569 mots
(1832+569 = 2401 mots)



[Event septembre-février] - À la découverte de Juvaniel !  - Page 8 B6vi

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Sól
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Sól
Lun 29 Jan 2024, 10:21


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A la découverte de Juvaniel
Jämiel & Bellone

Bellone devait se retenir de ne pas admirer les alentours. Les bâtiments neufs luisaient encore de leur éclat de propreté. Mais c’était par leur grandiose que la Fille des Arts était subjuguée. Elle ne savait de qui elle devait être le plus impressionnée, entre les Enfants de Yanna ou les Magiciens. Les premiers parce qu’ils avaient confectionné les plans, imaginé une cité si ingénieusement bâtie à partir d’un rien. Quand aux seconds, ils étaient parvenus à donner vie à ces pensées couchées sur le papier, ils avaient donné une âme et un caractère aux murs, aux arches et aux vitraux. La réalisation était tout autant époustouflante que la conception dans un projet d’une telle envergure, et l’Orine se sentait humble face au travail colossal qui avait été mis à l’œuvre par l’Empire et la nation des Mages Blancs.

En tant qu’apprentie architecte, il lui était donc rendu difficile de ne pas s’arrêter tous les cent mètres. Elle avait envie de prendre des notes, de dessiner des croquis dans son carnet, de trouver les esprits touchés par le Dakao qui avaient donnés naissance à de telles œuvres d’arts. Pourtant, la brune résistait à chaque tentation, continuant d’avancer de son petit pas pressé. S’il y avait bien une raison pour laquelle elle ne souhaitait pas ralentir, c’était bien la personne qui l’attendait au lieu de rendez-vous vers lequel elle se dirigeait. Après ce qui lui avait paru une véritable éternité, l’Orine allait enfin pouvoir retrouver son Aisuru.

« Jämiel ! » héla-t-elle en apercevant la silhouette de l’Alfar installée à une table. « Je suis heureuse aussi. » répondit-elle, enlaçant ses doigts à ceux de son protéger. Elle se plaça naturellement à son côté et, sous son impulsion, marcha à son rythme. « La visite d’une nouvelle cité en ta compagnie… » lâcha rêveusement la brune. Elle esquissa un sourire complice tout en jetant un coup d’œil à son voisin. « J’ai l’impression d’être à nouveau le jour de notre rencontre. » Lorsqu’il lui avait fait découvrir Drosera, son premier plateau, et qu’elle avait sentit une connexion se créer entre eux avant même d’établir leur Lien. « C’est excitant. » s’amusa-t-elle tout en remontant sa main pour enrouler son bras autour de celui du Nerethi.  

« Alors ? » voulut-elle savoir. « Comment se passe ton acclimatation à Boraür ? » Ils s’étaient écrit par lettre, mais ce n’était pas pareil que d’obtenir la réponse de ses lèvres directement. « Il n’y fait pas trop froid ? La nature de Drosera ne te manque pas trop ? » Dans son cas, retrouver sa terre natale avait été plus dépaysant qu’elle ne s’y était attendu. La nature propre à la cité des Elfes Noirs était différente de celle connue des Orines. Distraitement, elle passa une main dans ses cheveux. Elle les avait de nouveau coupés courts, retrouvant l'apparence qu'elle avait avant de se retrouver coincée dans son rêve.

464 mots
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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Lun 29 Jan 2024, 21:28

[Event septembre-février] - À la découverte de Juvaniel !  - Page 8 Zwbn
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À la découverte de Juvaniel !



« Hélène ? » Læn ne savait pas trop. Le cœur d’Adriæn était souvent inaccessible. Il plaisantait beaucoup et, maintenant qu’Alcide en parlait, le faux Magicien prenait conscience qu’il lui posait plus de questions qu’il ne se confiait lui-même. Il fit la moue. Le bleu n’avait pour ainsi dire jamais interrogé le blanc sur les filles qui auraient pu potentiellement l’intéresser. Il évitait scrupuleusement ce genre de sujets parce qu’ils le mettaient mal à l’aise. Il pensait, en plus, être bien plus un homme d’action qu’un homme de paroles. Parfois, il se laissait aller à quelques confidences mais c’était rare. Tout le monde finissait immanquablement par le détester à cause de son caractère. Adriæn, pourtant, durant toutes ces années, était resté à ses côtés. Il aurait pu se trouver d’autres amis, plus affables, moins grognons. Il avait toujours été le plus populaire des deux. Il n’avait d’ailleurs aucun effort à faire pour que tout le monde l’appréciât, juste se tenir quelque part et sourire. « Peut-être. C’est jamais facile à dire avec lui. Il est ami avec tout le monde. Les filles ont tendance à penser qu’il y a plus… » À tort probablement. « Ça l’a fait avec ma sœur… Depuis, elle ne veut plus le voir. » mumura-t-il. Il pensait que l’Ondin l’avait éconduite et que c’était la raison de son comportement à son égard. Là encore, il n’avait jamais cherché à creuser. Bizarrement, toutes ces pensées le rendirent triste.




Adriæn expérimentait quelque chose de nouveau. Ça l’intriguait, bien plus que la crise de larmes de Kiara. Il ressentait un sentiment étrange. Ça lui donnait l’impression d’être là tout en étant absent. Son cœur était lourd et son estomac en vrac. La sensation d’être un monstre le percuta. Ça ne le contrariait pas mais il ne l’avait jamais envisagé réellement avant. Il voyait bien qu’il la faisait souffrir. Elle n’avait qu’une importance minime pour lui. Il la voulait, comme il voulait le monde entier. Il n’avait jamais eu de regrets ou de remords. Était-ce ça qu’il éprouvait maintenant ? Pourquoi maintenant ? Il ne l’aimait pas. Il le savait. Il n’avait jamais aimé personne. Il n’y avait que Johannês qui lui importait. Johannês et sa sœur, parce qu’elle faisait partie de lui. Alors quoi ? Il fronça les sourcils. C’était elle. Elle lui faisait quelque chose, consciemment ou non. Muet, il l’écouta avouer ce qu’il savait déjà. Il avait fait en sorte qu’elle fût amoureuse de lui. En temps normal, il en aurait tiré une certaine jouissance. Lorsque les autres se pliaient à ses volontés, il était toujours partagé entre deux pensées : celle de la normalité et celle d’un amusement malsain. Ça lui procurait de l’adrénaline. Il se sentait vivant lorsqu’il arrivait à ses fins et créait les réactions qu’il désirait chez les autres. Il aimait les voir plier, les voir souffrir pour lui. Tous ces étudiants qui étaient prêts à l’aider à n’importe quel moment, toutes celles qui tombaient sous son charme sans qu’il n’eût presque rien à faire… Tout ça lui parut pourtant vain soudainement. Il ne voyait plus que son incapacité à ressentir vraiment. Il avait toujours été jaloux de Johannês, cruellement jaloux. À chaque fois qu’il le voyait sourire, rire ou s’énerver, il l’enviait. Il le trouvait vrai, alors que lui n’était qu’une coquille vide qui ne cherchait qu’un moyen d’exister, souvent au détriment d’autrui. Il n’y avait que le danger qui réussissait à le ranimer. Plongé à l’intérieur de lui-même, étonné par ses propres sentiments, il avait probablement l’air désemparé. Ce qu’elle disait ricochait sur sa peau. Elle avait raison. Il n’avait rien montré, ou si peu. Il avait fait exprès, pour ne pas franchir la frontière entre l’amitié et l’amour. Il préférait qu’elle doutât, que tout le monde doutât. Ainsi, il pouvait tout avoir en ne renonçant à rien. Ainsi, il n’était le méchant de personne. Kiara le haïssait maintenant mais ce n’était qu’une réaction amoureuse, parce qu’elle s’était condamnée à se marier à un homme qui ne l’aimerait pas, parce qu’elle était enceinte d’un type inconséquent qui n’aurait jamais les épaules pour assumer la situation. Parce qu'elle le perdait, lui. Lucius était immature aux yeux d’Adriæn. Il suffisait de l’observer cinq minutes pour le comprendre.

Une fois qu’elle eut tourné le dos, l’Ondin amena la paume de sa main devant lui et la regarda. Il sentait les larmes sur ses joues. C’était une sensation à la fois agréable et désagréable. « Alors c’est ça ? Être triste ? » murmura-t-il, incertain. Il soupira et tourna les talons pour partir dans la direction opposée à celle de Kiara. Læn en profita. « Suis-la. Moi je m’occupe de lui. » C’était le moment.

S’il avait su que se retrouver seul avec son ami ne lui apporterait rien de bon, il se serait probablement abstenu.

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[Event septembre-février] - À la découverte de Juvaniel !  - Page 8 4p2e
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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam et Laëth
Lun 29 Jan 2024, 21:53



Unknown

À la découverte de Juvaniel !

En groupe | Eméliana, Érasme, Ilias, Jude, Lucius & Hélène



La vérité la percuta à la seconde où elle daigna reposer son regard sur « Lucius ». Ses mots ne firent que confirmer son ressenti. Son intonation, son phrasé, ses respirations. Elle fronça les sourcils, et déporta aussitôt son attention sur l’autre garçon. Elle aurait pu les traiter d’abrutis, mais maintint le silence. Hélène était réputée pour sa discrétion ; ses colères résonnaient de mutisme. Ses états d’âme glissaient sur le monde sans jamais le heurter. Une part d’elle, motivée par son ire et sa propre détresse, se satisfaisait de les voir s’enfoncer dans ce jeu dont ils se croyaient les rois. Dans d’autres circonstances, elle aurait sans doute ri des facéties d’Érasme et de Lucius ; à cet instant, elles n’invoquaient qu’agacement et réflexion – l’un et l’autre se motivant. Les deux adolescents se ressemblaient. Trop. Si l’on pouvait attribuer au hasard les nombreuses similitudes qui unissaient Kaahl et Lucius, l’apparition du Sorcier ajoutait trop de trouble pour qu’aucun questionnement ne fût soulevé. D’une manière ou d’une autre, leur père mentait. Cette évidence supplémentaire de sa duplicité lui renversa la poitrine. Elle en eut presque envie de vomir, et se sentit prise d’un vertige qui l’obligea à resserrer ses phalanges autour des plis de sa jupe. Si le lien de parenté existait, alors pourquoi Kaahl avait-il séparé les garçons ? Pourquoi ne les avait-il pas reconnus comme étant ses fils, au lieu d’en adopter un et d’abandonner l’autre à la couronne noire ? Dans quel genre d’affaires trempait-il ? Et qui était la mère ? Ça ne pouvait pas être Laëth.

Face à la grimace de Lucius, son visage se ferma d’autant plus. Elle inspira et se redressa, juste avant que les bras de son frère ne se refermassent autour d’elle. Il empestait l’alcool. Raide, droite, tendue, elle ne bougea pas. « Lucius, arrête. » ordonna-t-elle, fermement mais sans énervement perceptible. Le feu aux joues, elle esquissa un mouvement pour se dégager. Une bouffée de colère embrasa son ventre : pourquoi leur père l’avait-il marié ? Pourquoi le laissait-il devenir père à son tour ? Il était incapable de se gérer tout seul. Alors une épouse et un enfant ? « Il faut qu’on- » Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase ; elle fut soulevée et tirée en avant, ce qui ne manqua pas de lui arracher un petit cri de surprise. Elle s’étala de tout son long sur l’ancien Prince Noir, la figure embrasée. L’Humaine se redressa tant bien que mal. Ce contact la mettait profondément mal à l’aise. Elle acceptait peu d’étreintes, et jamais de la part des étrangers. « Non. » réussit-elle à souffler, l’hébétude passée. « Et j’aimerais que tu me lâches. » Il n’en fit rien. Eméliana vola dans les bras de Lucius, qui plongea son nez dans son cou, sous le regard glacial de sa sœur. Elle en oublia presque le contact des bras d’Érasme autour d’elle. Son odeur, cependant, le rendait ineffaçable. Il puait, autant que le Magicien. Ils avaient trop bu, trop bu pour se comporter de façon convenable ou, au minimum, rationnelle. La prison de chair se referma un peu plus autour d’elle. Dans son dos, ses ailes pesaient de tout leurs poids, rendant difficile toute tentative de libération. L’ajout de Jude n’améliora rien. « Aïe, Jude, tu me fais mal ! » geignit l’adolescente, en tentant de remuer pour faire basculer l’enfant. « Ilias ! » Ne pouvait-il pas intervenir ? Était-elle la seule adolescente un tant soit peu responsable, ici ? Elle serra les dents. À sa peine se superposait la colère. Elle essaya de se dégager à nouveau, mais le brun conservait l’avantage. Elle leva le regard vers Lucius. Une idée la percuta. Elle se tortilla pour se redresser et planta son regard dans celui du Sorcier. Il était magnétique. Une tristesse profonde semblait peindre ses iris. Elle hésita un peu. À quoi aurait-il ressemblé, s’il avait vécu parmi eux ? S’il avait été son frère comme l’était Lucius ? « Si tu continues de me serrer comme ça, tu vas finir par devoir m’épouser. » lança-t-elle finalement. « Et il vaut mieux que ça n’arrive pas. » Elle ne pouvait décemment pas s’aventurer sur le terrain de la fraternité. Pas sans posséder plus de preuves que celles que ses yeux croyaient percevoir. « Je n’ai pas envie de me retrouver comme Lucius avec Kiara, qui serait sans doute ravie de le voir vautré sur un canapé, le nez fourré dans le cou de la Princesse Eméliana Salvatore. Sans offense, votre Altesse. » ajouta-t-elle à l’égard de celle-ci. « J’imagine que le gouvernement de votre peuple serait tout aussi ravi de vous trouver dans cette fâcheuse posture. Je ne crois pas que mon frère ait déjà envie de mourir. Et moi non plus. » Elle s’appuya à nouveau sur le torse du brun, dans l’espoir de lui faire lâcher prise. Elle voulait juste se lever et retrouver son unicité.



Message IV – 824 mots




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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Lun 29 Jan 2024, 22:22


Illustration - Kadeart

Juvaniel


À Haute-Terre

Les cris résonnaient dans toute la salle et rien ne semblait parvenir à apaiser l'enfant. Neah ne savait comment réagir dans ce cas précis, tant les pleurs de Sif lui paraissaient insurmontables. Il ne savait que dire d'apaisant, puisque ce n'était pas un caprice pour ne pas dormir, ou pour ne pas manger un quelconque aliment, non, ce que voulait l'Ygdraë, c'était avant tout sa mère. Cela faisait presque un mois que cette dernière était partie et elle n'était pas encore revenue de son périple au sein de Juvaniel. Son absence commençait à peser sur le coeur de la cadette, qui prenait de plus en plus conscience de la longueur du temps passant. Tout ce qu'il pouvait faire, en tant que père, c'était de la tenir dans ses bras en lui disant que tout irait bien, peu importât que ses oreilles en souffrit. Le Gardien se savait chanceux de pouvoir communiquer avec son Humaine depuis que cet étrangeté avait émergée de leur Lien, rendant leur éloignement plus supportable, mais ce n'était pas le cas de leurs enfants. Ils ne mesuraient pas les enjeux et il était regrettable que ce soit leurs parents qui en soient les rouages. C'était un Devoir nécessaire, mais les sacrifiés étaient bel et bien eux.

Mamaaaaaan !

À chaque fois que Mancinia s'engageait dans un long voyage, leurs mini-eux restaient en charge de l'un ou l'autre de leurs parents, principalement Sylvia. Et Neah venait les voir comme à son habitude, tout en restant le plus longtemps possible à s'occuper d'eux pour que l'Humaine puisse se reposer un peu. Et comme à chaque fois, il se demandait comment son épouse pouvait gérer de telles situations, en plus de ses différentes charges. Il n'avait pas l'impression d'être un mari soutenant et un père très présent. Quel brutal rappel à la réalité que leur Famille se voulait fragmentée. Et dire que sa bien-aimée ne le lui reprochait jamais.

Maman va revenir, ma chérie. Elle travaille.

Il n'était pas certain que celle-ci comprenne ses paroles, mais son ton doux et la magie angélique diffuse émanant de lui apaisait son esprit tourmenté. Les cris devinrent sanglots tandis qu'elle tremblait de tristesse dans ses bras. Comment être insensible à pareil spectacle ? Il sentait alors une petite main tirer sur le tissu de son uniforme.

Oui, Ihsan ?

Posant un genou au sol tout en tenant la petite dans ses bras, il se mit à hauteur de son fils pour qu'il lui pose sa question. Pour toute réponse, ce dernier donnait un bisou à sa soeur. Les pleurs de la petite furent tout de suite apaisés.

Je suis là ! Maman veille sur moi et moi je veille sur toi !

Il y avait des miracles dont même un Ange pouvait être témoin.



Aux Jardins de Jhēn

Si l'on savait à quel point il pouvait être matinal, l'on ne pouvait ignorer que le Capitaine n'avait pas dormi de la nuit - ce qui ne l'empêchait pas de se rendre au travail. Lorsque Sif s'était apaisée, elle s'était tout de suite endormie dans ses bras et ni les Jumeaux, ni Emelyn n'avaient voulus être difficiles pour se coucher lorsque vint leur tour. Une main dans sa nuque pour masser la tension, son visage portait des marques de fatigue, accumulées au fil des semaines depuis l'annonce retentissante de la création de Rivellon et il n'avait guère le choix que d'en assumer la charge. Il avait délégué certaines affaires à des personnes fiables, au fil du temps, mais il demeurait seul aux commandes des principales décisions de son territoire. Sans Olori. Ils n'étaient pas tous occupés ailleurs et il n'osait pas demander quoi que ce fût de crainte que l'on y voie un aveu de faiblesse dans sa gestion ; ce qui le poussait réellement à s'interroger sur qui en aurait la charge. Ils devraient composer ensemble et la direction choisie par ce dernier serait celle de tout ce qu'il bâtissait. S'ils ne s'entendaient pas ... Pas de panique. Il n'en était pas encore là. Tout ce qui était en cours n'était qu'une cartographie des routes et le prolongement du Port. Il devait sélectionner le meilleur terrain pour la cité centrale et n'avait pas encore arrêté son choix. En parcourant les rues désertes des Jardins de Jhēn, l'Ange mesurait à quel point ses décisions auraient un impact sur la vie de tous ces gens. Pour l'instant, peu de monde semblait lui accorder de l'importance au profit de l'édification de Juvaniel. Et ce n'en était que mieux. Cela détournait le regard des autres des richesses à saisir et les Anges pourraient les exploiter à leur profit, puisque l'appui de Mancinia le permettait. Envisager l'avenir sereinement sans cumuler des dettes le soulageait. Son peuple n'avait plus besoin de ça.

Vous rendez-vous au travail de si bon matin, Capitaine Katzuta ?

Cet endroit n'était pas si endormi que prévu, mais ce n'était rien. Il avait un peu de temps devant lui pour bavarder, même si cela ne présageait rien de bon.

Ogbeni banọ Miaoúlis.
Vous vous souvenez de moi.
Je me souviens de tous mes compagnons.

Demosthène Miaoúlis. Un Ange de haute stature dont la finesse ne laissait rien présager de sa force, dissimulée sous ses longs habits et dont la carrure était adoucie sous sa longue chevelure ébène. Cet ancien militaire avait combattu à ses côtés lors des incursions adverses sur la Terre Blanche lors de la Guerre des Dieux et avait démissionné depuis pour se consacrer ... Neah ne savait pas trop ce qu'il faisait à présent. Ce qui était notable, à ses yeux, c'était qu'il s'agissait d'un ancien allié de Gilgamesh. Ce dernier point le contraignait à se méfier. Il partageait certainement la vision de son ancien mentor sur les Humains et il ne se contiendrait pas si l'on venait à s'en prendre à son aimée en raison de ses origines raciales.

Vous étiez au Bal d'Encens récemment, n'est-ce pas ? C'était bien ?

Comme il le pensait, le terrain devenait de plus en plus glissant, tandis que le regard acéré de son interlocuteur l'observait comme une proie qu'il désirait déchiqueter. L'éclat émeraude aurait mis n'importe qui mal à l'aise s'il n'avait pas été habitué. Pas lui. Tout cela le rendait las. Quant au Bal des Humains ... Ils avaient dansé. Ils ont mélangé leurs sueurs et leurs joies sous le Soleil et, jusqu'au bout de la nuit. Ils ont dansé et il a dansé avec eux. Comment quelqu'un comme lui pourrait-il comprendre ?

C'était assez inédit, cette année.
J'imagine que vous avez fait honneur aux Anges, comme toujours.

Neah avait tout de suite noté cette pointe de mépris dans sa voix. Il devait certainement être au courant de tout ce qui s'était produit là-bas, mais ce n'était pas pour autant que la honte l'étreignait. Ce n'était pas à un homme comme lui qu'il rendrait des comptes. Ils avaient beau avoir des convictions similaires, leur manière de voir les choses était radicalement opposée. Les Anges se devaient d'être immaculés dans leurs ailes et dans leur sang. Une pureté si claire que même un Enfant de Reprouvés ou un Repenti n'avait nullement sa place dans leurs rangs, peu importe sa volonté et sa clarté, ce ne serait jamais assez. Quant au respect des codes à la lettre sans se soucier du partenaire ou de l'interlocuteur ... Même lui n'avait su tenir. Que se passerait-il si un homme comme lui découvrait qu'il dormait dans le même lit que sa femme bien avant leur mariage ? Certainement un arrêt cardiaque qui lui aurait été plaisant de voir.

Je ne vois pas pourquoi il en serait autrement.

L'Ange se surprenait souvent de répondre aussi effrontément, avec le sourire qui plus est, à des personnes qui voulaient le faire sortir de ses gonds. Il ne lui en donnerait pas le plaisir.

On ne sait pas vraiment à quoi s'en tenir avec les Humains. Ils sont si imprévisibles.

Comment ne pas voir où il voulait en venir ? Son choix des mots était délibérément orienté dans cette direction.

... Je ne peux pas remettre en cause votre sélection d'une partenaire, mais vous ne pouvez pas être aussi insouciant quant au devenir.

Neah fermait les yeux en prenant une grande bouffée d'air frais, avant de les rouvrir pour écouter la suite de sa complainte.

Les hommes sont les gardiens du mariage et les femmes, les gardiennes de la reproduction.
Mon épouse n'est pas une gardienne de la reproduction, il s'agit de Mancinia Leenhardt.

Sa réponse avait claqué comme un fouet. Il était insultant de de ne voir une femme qu'au travers sa capacité à concevoir, une véritable étroitesse d'esprit qui n'était pas sienne. Non. Seules les épouses étrangères n'étaient bonnes qu'à donner des Anges.

C'est l'une des bienfaitrices des Anges, connue et reconnue par tous comme tel, au sein de notre peuple.
J'ai l'espoir que sa bienfaisance ne se limitera pas qu'aux adultes.

Leur Malédiction faisait en sorte qu'aucun Ange n'était né depuis des décennies. Attendait-il de la Prophétesse une sorte de miracle ? Il y avait des limites à l'indécence. Peu importait ce que réalisait Mancinia, il y aurait toujours des personnes pour qui ce ne serait pas assez.

N'importe lequel d'entre nous pouvons vous soutenir, que ce soit dans la richesse ou dans les relations. En quoi est-ce si impressionnant que ce soit une Humaine ?
Faites attention aux personnes que vous piétinez en cherchant à vous élever, car peut-être les croiserez-vous de nouveau en redescendant, Miaoúlis.
Anjonù Katzuta.

Sans être menaçant physiquement, le regard de Neah s'était durci pour bien lui faire comprendre qu'il ne valait pas mieux s'aventurer plus loin.

Vous vous éloignez des principes célestes en raison de son ingérence dans votre vie. Ce n'est qu'éphémère, nous en avons conscience, mais ... ne sacrifiez pas votre avenir prometteur pour soutenir le sien, dont le souvenir ne tiendra pas une ère. Rien de bon n'en ressortiras.

Son audace le laissait muet de stupéfaction.

Tâchez de ne pas oublier pour quoi vous vous battez.

Lorsque ce dernier tournait les talons, le Capitaine ne le retenait pas et posait dans son dos un regard frétillant de Colère. Comment pouvait-on penser qu'il ne se battait pas pour les Anges ? Cela faisait des décennies qu'il avait pris les armes, on lui avait accordé assez de confiance pour lui donner cette position et maintenant, ses pas le conduisaient vers Rivellon. Vers des devoirs plus élevés qu'il était prêt à assumer malgré tous les doutes, malgré toutes les erreurs potentielles et les maladresses inévitables. Quel genre de territoire voulait-il construire là-bas ? Voulait-il bâtir sur d'anciennes idées en répétant ainsi les erreurs du passé ? Ce qu'il venait de voir était un reflet de ce qu'il avait été, de ce que certains des siens étaient. Une perfection vers laquelle il avait voulu s'élever, mais Mancinia ... lui avait empêché de faire cette erreur. Neah n'était pas parfait. Au fil des ans, il avait fait le constat que le rêve des Anges s'était brisé. Il ne les représentait plus vraiment, en s'éloignant des idées préétablies dans lesquelles il avait grandi. Lui-même n'était plus qu'une idée. Il est, comme on l'a formé, une vague idée. Il est l'idée que l'on peut être rassemblé sous une même bannière de Vertus, de Tolérance et de Courage. Sincèrement, est-ce que l'étendard tenait encore debout ? Où étaient ses Vertus s'il ne pensait qu'à eux sans se soucier de ceux qui devaient être guidés, de ceux qui voulaient l'être ? Où était la Tolérance lorsqu'on refusait d'accorder sa chance à une âme nouvelle ? Où était le Courage lorsqu'on ne se levait pas contre des idées en décalage avec l'évolution de sa race ?

Lui, il ne voulait plus de ça.

Était-ce vrai ? ... Avait-il tellement changé que même son entourage ne le reconnaissait pas ? Ses parents semblaient ravis de son changement, Florine le trouvait meilleur maintenant et tous ses collègues n'avaient rien à redire sur ses engagements récents. Ils étaient tous unis dans la même inimitié des Démons, mais tout ce qui avait trait aux autres ne valaient plus sa rancoeur envers les Vils. Il avait changé. Tout le reste n'était que de la mauvaise foi. Il l'avait bien senti en présence d'Oriane, tout lui avait semblé d'une simplicité déconcertante. Avoir suivi Mancinia lui permettait de voir plus clair. Il essayait désormais de comprendre plutôt que de suivre. Si même lui était en mesure de voir les choses sous un nouveau prisme, alors la Reine des Orines avait eu raison de vouloir pousser à une coopération. Pour autant, l'échec serait sans doute inévitable.

Capitaine ?
Tu es là, Fiecke.

Sa réaction donnait l'impression que ce dernier l'attendait, mais Neah s'était perdu dans ses pensées au milieu de la rue. Son Soldat devait certainement revenir de sa permission. Et il lui accordait un sourire ravi, comme s'il était heureux de le voir là. Il n'y avait pas de raison particulière. Quoiqu'il était conscient de son statut. Il n'était plus le militaire relativement apprécié, il était devenu beaucoup plus. Une icône sociale, dont des êtres comme Miaoúlis détournait l'image pour modeler autre chose. En observant Fiecke, le Capitaine se souvenait pourquoi son métier lui était précieux. Il ne voulait pas être là pour imposer quoi que ce fût, mais guider autrui à être meilleur, plus grand. Un Ange respectable, qui serait ensuite l'un des boucliers de leur nation.

Dis-moi, reprit-il sans fioritures. Quand tu es parti de Stenfek ... Tu n'as pas eu de regrets ?

La question était laissée en suspens dans les airs.

Des tonnes, admit-il en soupirant, mains sur ses hanches. Cependant ... Je me sens bien mieux ici. Je me sens à ma place, vous voyez ?
Tu te sens encore lié aux Réprouvés ?
Je suis un Ange, pas un Réprouvé, Capitaine. Si je voulais l'être, je serai resté là-bas.

C'était une bonne réponse. Une réponse attendue. Une réponse qu'il voulait entendre ? Elle donnait l'impression de sonner comme une justification émise plusieurs fois devant la même interrogation.

Ma famille peut me manquer, mais je dois être résolu. Je ne peux pas y retourner, revenir chez eux serait un signe d'échec et on déteste ça là-bas. Les Réprouvés voient les choses différemment, je l'accepte, c'est tout. Et puis, j'ai une super nouvelle famille grâce à vous, hé hé !

Il prit conscience ensuite du problème.

Ah ... Ah ah ah ! Je ne devrais pas être aussi familier, veuillez m'excuser !
C'est moi qui ai été impoli en te posant une question aussi indiscrète. C'est à moi de te présenter des excuses.

En détournant le regard, ce dernier se posait sur un tas de feuilles dans la main du Soldat.

Tu lisais le journal ?
Ah, heu ... Je cherchais à savoir si des nouvelles étaient passées.

Peu importe ce qu'il lui disait, l'inquiétude était évidente.

Les frontières sont fermées et même nos diplomates ne sauraient avoir le moyen de connaître la situation. Tout ce que tu peux lire ne sont que des racontars idiots, d'accord ?

Ce dernier acquiesçait, avant d'observer son supérieur avait cet air d'hésitation qu'il avait souvent avant une demande saugrenue, tandis qu'ils reprenaient leur marche vers la Caserne.

Vous me permettez une question en retour ?
Je t'écoute.
Pourquoi avoir fait une cérémonie pour nos familles tombées ?

Pour quelle raison tout le monde semblait si surprit ?

Parce que c'est mon devoir de Prophète.
Vous savez que ce n'est pas ce que je veux entendre.

Toutes ces réponses préfabriquées qui ne lui permettaient même pas d'être honnête, Neah eu un soupir en relâchant un rire.

J'imagine que mourir au combat est un honneur pour un peuple qui ne vit qu'à son travers, c'est un sentiment que je partage en tant que militaire. Cela étant dit, ce qu'il s'est passé sous les remparts d'Amestris était un massacre, ni plus ni moins, peu importe comment la fierté le tourne.

Fiecke ne disait rien, qu'il soit d'accord ou non.

Je sais seulement ce que ça fait lorsqu'on perd tout, Fiecke. C'était également un moyen de faire le deuil de votre ancienne vie sur les Terres d'Émeraude et d'embrasser pleinement la Cause des Anges.
... Ouais, c'est bien ce que je me disais.

L'étonnement se voyait dans les yeux du Capitaine, dont les paupières papillonnaient.

Vous ne vous en rendez pas compte parce que vous nous avez toujours traités de manière équitable, mais tous les Extrémistes ne sont pas comme vous.

Neah avait le réflexe de poursuivre sa route au lieu de s'interrompre, mais son coeur ratait un battement. C'était bien la première fois qu'on le qualifiait comme tel depuis longtemps, maintenant qu'ils étaient plus nombreux que les Pacifistes et qu'une large domination de la race tendait vers cette volonté. Ou plutôt ... la sienne ? Le manque de sommeil n'était pas bon. Était-ce parce qu'il avait vu la différence ? Parce qu'il avait vu Mancinia s'imposer pour être acceptée ? Il ne voulait pas imposer cela à des personnes qui se voulaient volontaires et qui faisaient des efforts. Cet aspect devait aller dans les deux sens.

Pour eux, nous resterons des incapables toute notre existence.
Des cas comme Belegad, certainement, mais tu es un Soldat sérieux. À mes yeux, tu es un Ange au même titre que nous. Si tu le ressens autrement, il vaut mieux que tu t'en ailles ... comme elle l'a fait.
Même si l'on devient des Déchus ? Vous ne nous enverriez pas à l'Agbara ?
Oh, si, bien sûr, se mit-il à rire. Je vous apprécie trop pour vous laisser partir.

Il reprit son air sérieux.

... Quel intérêt si vous n'aimez pas être ici ? Toutefois, si vous le faite, faites-le avec dignité et discrétion.
Je verrais ce que je peux faire, sourit-il. Merci de vos paroles, Capitaine, c'est un honneur pour moi d'être à vos côtés.

Mancinia ... l'avait changé. Sans jamais l'avoir nié, il en prenait toute l'étendue en cet instant. Toutes ses tentatives de se dissimuler derrière son Devoir, ou l'imposition de tel ou tel titre ... se révélait simplement être lui. Sans être redevenu l'Ange de leur rencontre, sa mission de Gardien s'était étendue et il avait toute la prétention de la mener à bien ; s'il n'était que l'idée d'un passé révolu, soit, son esprit devait tout simplement suivre le courant emprunté depuis bien longtemps. Neah assumerait ce choix, puisqu'il agissait ainsi depuis un long moment.

Vous n'allez pas m'entraîner plus durement que d'habitude, n'est-ce pas ?
Si c'est cela qui t'inquiète, je peux même augmenter de deux crans.
Oh, non ...

3097 mots


[Event septembre-février] - À la découverte de Juvaniel !  - Page 8 Chriss10
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Mar 30 Jan 2024, 21:58



À la découverte de Juvaniel


Isak Danielson - Afterparty
Eméliana, Ilias, Jude, Hélène, Lucius et Erasme

Le commentaire de l’Humaine ailée me tira légèrement de ma bulle. Dès que je me laissais aller à la solitude, entouré ou non, je pensais à Dastan. J’y pensais tout le temps. Lorsque Val’Aimé me faisait mal. Lorsque je m’ennuyais. Lorsque je me lavais. Lorsque je rêvais. Mes yeux s’accrochèrent aux siens. « Pourquoi ? J’ai déjà deux femmes. Une de plus, une de moins… qu’est-ce que ça changerait ? Je ne te plais pas ? » Je souris sans joie. Les filles ne me faisaient pas envie. Parfois, il m’arrivait de les haïr simplement à cause de leur sexe, parce que j’étais incapable de les aimer. Elles me torturaient. Je penchai la tête dans l’objectif de constater la situation de Lucius et d’Eméliana. Il continuait de la serrer contre lui malgré la volonté plus qu’évidente de la rousse de s’extirper d’entre ses bras. Ça me fit sourire. « Il est amoureux, ce n’est pas sa faute. » avançai-je, d’un ton moqueur. « N’importe quoi. » se défendit Lucius. « Lâche-moi. » « Mais non, allez… On peut rester comme ça encore un peu… » Sa voix avait l’intonation typique des personnes ivres. Entre mollesse et caprice, il geignait comme un enfant. C’était moche à voir, tellement moche que ça me rendait heureux. Les joues de la Sorcière avaient pris une teinte cramoisie. Vu leur position, il ne faisait aucun doute qu’elle devait prendre la mesure des émotions qu’elle provoquait chez lui. Jude tomba sur le côté. Je le regardai. Il commença à chouiner. Il m’inspirait le chaos, un chaos minuscule, en devenir. Hélène était différente. Ses paroles me ramenèrent à Dastan, à nos gouvernements respectifs, à nos adieux, à notre rupture silencieuse. C’était ça, non ? Je fronçai les sourcils et détournai les yeux. Ils tombèrent sur Ilias. Toujours assis, il semblait troublé, incapable de gérer la situation. À moins que ce ne fût mon propre trouble qui se reflétât sur ses traits ? Mes paupières se fermèrent une seconde. J’étais con. J’étais le dernier des abrutis. D’un geste ample je me redressai, me débarrassant en même temps de l’Humaine. Je me levai, prenant la mesure de mon ivresse. Tout ça ne m’importait pas. Je me fichais de tomber au beau milieu de la rue. Je me fichais d’avoir l’air d’un fou, à crier un unique nom dans les rues de cette foutue ville qui était censée représenter l’union de tous les peuples. Je ne désirais qu’une seule union, une union qui survivrait au milieu du chaos, au milieu des débris, au milieu du sang. Je voulais tout détruire pour qu’il ne restât plus que lui et moi, pour pouvoir l’embrasser sans avoir besoin de me cacher, pour pouvoir être moi-même sans avoir l’impression d’être un raté. Je les haïssais tous. Je passai la porte et me mis à courir avec l’espoir fou de le heurter par hasard. Si j’arrivais à le trouver, je lui avouerais tout, je m’agenouillerais devant lui pour le prier de me faire une place dans sa vie. Juste un peu. Juste un regard de temps en temps. Juste un sourire parfois.

_____________

Mes lèvres volèrent celles d’Eméliana. Je n’en pouvais plus de la voir m’échapper à chaque fois. Je savais qu’elle le voulait aussi. Pourtant, comme une habitude imbrisable, la douleur fut sa seule réponse. Je dégageai ma bouche afin de libérer ma lèvres de ses dents. La déchirure n’en fut que plus grande. Le sang imbiba ma langue. Je déglutis, vexé. Finalement, dans un geste d’agacement, je la repoussai violemment, mes paumes rejetant son buste. Précédemment sur mes genoux, elle tomba par terre dans un cri de surprise. Je me levai. « Tu ne comprends rien ! » Mon regard sur la rouquine était empli de reproches. « Et toi non plus ! » fis-je, en direction d’Hélène, avant de remarquer les chaussures d’Érasme à côté du canapé. « Et ce connard qui se barre sans ses chaussures ! » L’insurrection teintait ma voix. « Pourquoi est-ce que tu parles de gouvernements et de mort ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre de tout ça, moi ? Tu crois que ça m’amuse de me marier avec cette nana ? Tu crois que je l’aime ? J’en ai rien à faire ! Elle pourrait bien crever dans un fossé que ça ne me ferait ni chaud ni froid ! » Ce n’était pas vrai. L’alcool se mêlait à une colère qui ne me ressemblait pas. J’en avais marre qu’on jugeât ma façon de vivre, qu’on voulût m’enfermer dans une université à étudier, qu’on m’obligeât à prendre des responsabilités dont je ne voulais pas. « Et toi ? Quoi ? Je ne te conviens pas ? T’as peur qu’Elias se fâche ? Tu sais quoi ? Je l’emmerde ! Il a qu’à venir me tuer s’il n’est pas content ! Il pourrait être ton grand-père ! C’est dégueulasse ! Et moi… moi ce que je ressens pour toi c’est… » J’inspirai. J’avais envie de pleurer. Pour me soustraire à mes émotions, je me penchai, ramassai les chaussures d’Érasme et sortis à mon tour. « Érasme ! Tes chaussures ! » La vision de ce qui m’entourait était floue. Ça ne m’empêcha pas de me mettre à trotter à mon tour, pieds nus. Mes chaussures étaient restées à côté du canapé. Dans la maison, Jude versait des larmes de crocodile. Eméliana chercha le regard d’Hélène, tout en se relevant. Elle demeura silencieuse un temps, avant qu’un éclat de rire nerveux ne franchît la barrière de ses lèvres, un éclat de rire qui se transforma en fou rire. Elle n’en avait jamais eu de semblable. La situation était bien trop incohérente et folle pour elle. Ilias était blanc comme un linge. Jude continuait sa symphonie désaccordée. Cyrius aurait aimé.

941 mots
L'alcool, ce fléau  [Event septembre-février] - À la découverte de Juvaniel !  - Page 8 943930617

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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Ven 02 Fév 2024, 15:38


message multiple en 400 mots


Mais oui. La Coupe des Nations. C'était là, suite à cette épreuve, qu'elle avait pour la première fois entendu parler de cette fille. Elle aurait pu plaindre les participants — et surtout les participantes — si elle-même n'avait pas manqué de mourir en concourant chez les Vampires. Quel était le pire ? Passer une semaine incertaine dans une forêt loin d'être amicale, poursuivie sans relâche par une meute sauvage de Vampires assoiffés, à craindre chaque fruits ou racines cueillies afin de se sustenter, à ne pas pouvoir dormir correctement à cause des sens en constante alerte ? Être nourrie et logée pendant jusqu'à un mois en faisant appel à son imagination la plus cruelle pour offrir de plein gré aux Sorciers un nouveau moyen de causer la souffrance d'âmes innocentes, se trouvant alors complice de l'horreur humaine, forcée à se donner au Mal pour espérer une victoire qui n'avait rien d'assurée ? Une semaine au sein de Myngrimu avait convaincue Oriane que la seconde proposition était préférable. Pourtant... Y songer la projeta au bal des Douze Cycles Lunaires. Au souvenir des évènements, ses doigts glissèrent à sa carotide. Elle aurait dû le craindre et le haïr. Fuir sa présence. Il n'en était rien. Ça avait tendance à la perturber d'autant que ce genre d'émotion contraire à ce que le bon sens intimait devenait trop récurrente. Heureusement, le caractère d'Eutropius et ses réactions vis-à-vis d'elle et de ses remarques la ramenèrent à des idées moins sombres et prises de tête. Tout semblait si sérieux à voir et entendre l'adolescent. Elle n'aurait jamais cru qu'un garçon puisse être aussi rasoir qu'un vieillard incapable de s'émerveiller des choses les plus simples. Rasoir, sexiste, fermé d'esprit, violeur... La liste des défauts continuait de s'allonger et pas en bien. Peut-être devrait-elle prendre le temps de sonder chacun des individus occupant le château. Le plus possible en tout cas. S'ils avaient tolérés qu'un tel individu rejoigne une colocation mixte et multiculturelle, qui sait quel genre d'énergumène pouvait bien s'y trouver. « Lui en parler... » répéta-t-elle, gardant un sourire malicieux quand bien même son alarme de méfiance interne lui soufflait de mettre un terme à cette mascarade qu'elle avait initiée. « Très bien. Cependant, lorsque ce sera fait, tu me devras une faveur. ». En même temps elle croisa les bras sous sa poitrine en s'appuyant sur le meuble derrière elle. « Échange de bon procédé. Je ne vois pas pourquoi je devrais honorer un dieu Vertueux alors que la Charité n'est pas votre plus grande qualité à vous, les Sorciers. » déclara-t-elle avec bien plus de sérieux qu'elle n'avait pu en faire preuve jusqu'alors, qu'il comprenne qu'elle ne se moquait pas de lui et que c'était une condition qu'elle avait l'intention d'appliquer. Néanmoins, lorsque le garçon ramena le sujet sur la colocation, les traits de son visage se détendirent. « Je ne sais pas. Je viendrais assez régulièrement j'imagine. Il serait idiot de ne pas profiter de ce genre d'établissement alors que l'on y est logé à titre gratuit. Qui plus est... ». Elle marqua un temps, particulièrement amusée par l'idée car elle n'excluait pas la possibilité qu'il ait envisagé lui aussi la chose. « Peut-être vais-je venir étudier à Basphel université. Ça n'existait pas encore quand j'ai fini ma scolarité. Et j'ai pu apprendre qu'il y avait bien des choses qui demeuraient inconnu, même pour les diplômés de la prestigieuse école de. Basphel. ». Elle avait cru avoir la Connaissance du monde en quittant Basphel. Elle avait prit conscience, avec Jun principalement, qu'ils n'effleuraient que la surface de la Réalité. « Et puis, ce sera l'occasion de passer un peu plus de temps avec mon Orine. Je n'en profite pas assez, c'est dommage. ». Un sourire en coin souligna cette dernière réplique. Elle s'amusait chaque fois des réactions des autres lorsqu'elle révélait l'identité de l'Orine dont elle était Aisuru. « Quant à ma venue ici, il s'agit de pure curiosité. L'aventure dans l'inconnu à une saveur délicieusement pimentée qui relève parfaitement la platitude monotonie du quotidien. Et puis, ça forge des expériences insolites et inoubliables. Le genre d'expérience que l'on ne peut pas vivre dans un environnement contrôlé. ». Oriane pointait indirectement du doigt le jeune Sorcier avec cette remarque. Elle n'était peut-être pas célèbre, ni influente. Elle pouvait néanmoins se targuer d'avoir pu pique-niquer sur les Terres Blanches sur fond de bataille entre l'alliance des Anges et des Sorciers contre les Démons ; elle avait eu le luxe de se trouver avoir la charge d'apprendre à un individu appartenant à une race d'extra lucide à se comporter comme un Luxurieux ; elle pouvait se rire d'avoir eu à simuler une relation charnelle avec l'un des hommes les plus crains aujourd'hui ; elle pouvait se vanter d'avoir partagé un verre avec une envoyée des Ætheri qui, elle-même, lui avait offert un présent. Non, clairement, elle ne regrettait pas son anonymat. « Il est parfois bon de savoir lâcher prise. » ajouta-t-elle avec un clin d'œil en plaquant les mains sur le meuble derrière et se penchant légèrement en avant, comme lui faisant une confidence.

Post V | Mots 857
(J'ai oublié que j'avais pas mes avatars à portée de main, du coup elle cette tête-là, sans les cornes)
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Ven 02 Fév 2024, 16:17

A crow under the snow par Anato Finnstark
À la découverte de Juvaniel !
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The Devil is Human | AURORA

Son regard descendit sur Bellone lorsque Jämiel la sentit se rapprocher, se raccrocher un peu plus à lui. La vérité lui explosa alors au visage et une pointe de culpabilité se ficha dans son être comme une vilaine écharde. Il prenait conscience qu'il avait été idiot et égoïste en s'énervant de la décision de la brune partir loin de lui alors qu'ils s'étaient à peine retrouvé, qu'elle veuille aller jusqu'à une terre habitée par ce qu'il considérait encore moins que la vermine. Après tout, elle semblait aller beaucoup mieux aujourd'hui. Ses iris étaient plus vives. Son visage moins tendu. Son corps plus serein. Il se rendait véritablement compte que ce renouveau, loin de l'air oppressant de la Majestueuse, avait été la meilleure décision qu'elle avait pu avoir suite à son retour parmi les vivants. « Ça me paraît à la fois si proche et si lointain... ». Il avait l'impression que s'était écoulé le double du temps réellement passé entre la création de leur Lien et ce jour-ci. En même temps, il se souvenait de cette journée comme si elle s'était déroulée la veille. « Il y a tout de même une grande différence entre le jour de notre rencontre et aujourd'hui. ». Il tourna le visage pour détailler l'architecture des bâtiments et tenter de deviner s'il s'agissait d'une habitation, d'un commerce ou d'un lieu administratif. « Cette fois, je découvre la ville en même temps que toi. ».

Vint le moment des nouvelles. Le Nerethi exhala un soupir en songeant à Boraür. « C'est trop différent de la Forêt des Murmures pour s'acclimater à cette île comme ça. La nature y est assez monotone et figée, la température glaciale et les locaux trop gentils, dénués de mauvaises intentions. Pire que les Anges. ». C'était peut-être ça le plus compliqué à gérer d'ailleurs. Il était persuadé que l'être humain était trop égoïste pour ne pas profiter, s'il en a l'occasion, de l'autre. Or, ceux-là semblaient imbus de compassion, d'amour et de générosité, ce qui avait de quoi le mettre particulièrement mal à l'aise parfois. « Ça a un côté reposant, mais ça devient assez dérangeant aussi quand on est trop sollicité par tant de rires, de sourires, de dons de soi. ». Son regard se posa sur un groupe d'étudiants qu'ils dépassaient. Tous étaient costumés de vives couleurs avec, chacun, un masque différents à l'effigie d'animaux en tout genre. Ils défilaient dans la rue en faisant des tours aux visiteurs, des acrobaties en tout genre et en jetant en l'air une sorte de poussière scintillante qui explosait au-dessus de la tête de la population en de petits artifices colorés. C'était un véritable charivari qu'ils causaient dans leur sillage. « Il y a néanmoins un avantage, qui est aussi un inconvénient, là-bas. » reprit-il une fois la cohue du groupe atténuée par la distance. « Avec la magie de l'île, il est compliqué de mentir. ». Pour un peuple dont la sincérité n'était pas le maître mot, c'était un inconvénient, oui. Cependant, il avait comprit pourquoi, une fois entré dans la vie active, chacun se méfiait de tout le monde en acquérant son Anoraë et en constatant que Noírin avait obtenu le même. L'Esprit de Dothasi pouvait rapidement rendre paranoïaque. Là, à Boraür, il n'avait pas à passer son temps à se méfier des paroles des autres. « Et toi ? Tu as pu trouver cette Orine que tu souhaitais voir ? ». Alors il s'arrêta pour mieux regarder la brune. « Tu sembles aller beaucoup mieux que lorsque l'on s'est séparé. C'est agréable de te voir comme ça. » déclara-t-il alors embrassant d'une caresse de la main la joue de Bellone.
© ASHLING POUR EPICODE




Post II | Mots 658
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Ven 02 Fév 2024, 20:08



À la découverte de Juvaniel


J’acquiesçai à mon tour lorsqu’elle accepta et repartis en direction de mon habitation. Je ne fermai pas plus la porte qu’auparavant, enlevai mes chaussures et m’engouffrai dans la pièce principale. Je fixai la table un moment. Elle ferait l’affaire. Je n’en avais pas besoin. Je préférais manger par terre.

Lorsque la fille parla, je me concentrai sur elle. « D’accord. » Je pensais avoir compris les termes du contrat. Quant à lui expliquer exactement ce que j’allais faire, c’était une autre histoire. « Tu vas voir. » Il valait mieux éviter les longues explications. Mes yeux s’attardèrent sur le sang qu’elle perdait. Je n’en fus pas alarmé. C’était normal chez moi. Vénérer les Ætheri demandait souvent des sacrifices. « Basphel ? Oui. Toi aussi ? C’est quoi ton nom ? » lui demandai-je, tout en me dirigeant vers mon sac. J’en sortis un paquet d’herbes que je lançai sur le sol ainsi que quelques outils. Je m’approchai ensuite de la table et commençai à la démonter, brisant ses pieds et son plateau pour créer de quoi nourrir le feu que j’allais ensuite allumer à sa place. Même après avoir ouvert les deux fenêtres, la pièce serait toujours un peu enfumée. Ce n’était pas grave. Ce serait même mieux.

Une fois que les flammes jaillirent, je pris un couteau, coupai une mèche de mes cheveux ainsi que ma paume. Je passai l’un dans l’autre avant de jeter le tout dans le feu. Une odeur désagréable s’éleva brièvement du brasier. J’essuyai ensuite le sang sur mon torse, au niveau du cœur, avant de nouer un morceau de tissu autour de ma main pour arrêter l’écoulement du liquide. Puis, je relevai les yeux vers la fille. J’avais remarqué son maquillage plus tôt, mais il n’avait réellement rien à voir avec celui que je portais habituellement lorsque j’étais à Awaku No Hi. Je repensai à Dastan. Si j’arrivais à le revoir, je pourrais le convertir à mes croyances. Lui faire oublier ses faux dieux serait pour le mieux. Et cette fille, qui priait-elle ? Je me levai et me dirigeai de nouveau vers mon sac pour en sortir mon nécessaire à peintures. La palette de couleur ressemblait à celle d’un peintre : teintée par l'usure et irrécupérable depuis des années. « Je vais t’apprendre pour la cuisine. Pendant que ça cuira on pourra se maquiller. » Je parlais toujours de façon étrange mais le sens devait tout de même réussir à se frayer un chemin parmi mes mots chaotiques et leur ordre douteux.

Mes pas me conduisirent dans la cuisine. Je fouillai dans les placards et en sortis des ustensiles. Un faitout dans une main, une cuillère en bois et une planche à découper dans l’autre, je revins et posai le tout sur le sol. « Viens… » lui fis-je. J’attrapai les légumes qu’elle avait amenés et lui montrai le geste avant de la laisser faire. Je sortis ma pipe de mon sac avec le nécessaire pour fumer. Les herbes, toujours par terre, iraient dans le plat. Elles me détendraient pour la prière, à la manière de celles que je fumerai. J’amenai diverses figurines avec moi et les disposai autour du feu. Le plafond noircissait sous l’effet de la fumée qui le heurtait. Je fis en sorte de calmer l’intensité des flammes pour que la nourriture ne cramât pas.

« Je vais me préparer pour le rituel. Tu n’es pas obligée de le faire. De toute façon, t’es trop habillée pour. » Elle avait surtout l’air trop coincée pour réussir à se relâcher. C’était nécessaire pour prier, de se donner en entier, sans concession. De s’oublier et de se laisser guider vers ce qu'il y avait de plus primaire en soi. L'esprit devait se libérer. Le corps ne devait plus qu'être sensation. Tout devait vibrer pour communier. « Je vais fumer, peindre mon corps, fumer, jouer de la musique, chanter, danser, prier et fumer encore. Tu veux ? » Je lui souris, tout en allumant ma pipe. L’odeur de l’herbe embauma l’air. Je tirai dessus et lui tendis l’objet. « Ça te détendra. » lui confiai-je. Elle allait planer, surtout si elle n’était pas habituée. Peut-être qu’elle pourrait participer au rituel ainsi, en ne pensant plus à ses carcans.  

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