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 [C] - La Marche Terne : Plus dure sera ta chute

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 2292
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mar 19 Fév 2019, 00:27



Catégorie de quête : C. Empire
Partenaire(s) : Solo
Intrigue/Objectif : Les Guides lancent l'expédition visant à découvrir Linos, cartographier et sécuriser ses recoins. Une nouvelle Marche pour déterminer qui mérite de porter la couronne du Bleu Roi. Celle-ci signera leur première rencontre avec l'entité qui menace Ciel-Ouvert... Et leur confrontation au véritable passé de leur cité.

~~~


Dans le corps de Léto.

" C’est l’heure. " Ce singulier appel fut aussi lourd à entendre pour toute la clique, qu’à prononcer pour l’instigateur. Mais oui, c’était le moment. Depuis les derniers événements, les vétérans eux-mêmes n’auraient pas su raconter de long en large la toute dernière Marche entreprise. La précédente fut plutôt marquante, dirons-nous, étant donné qu’elle signait l’avènement de l’une de leur plus illustre Guide. Cependant, une Marche pareille était… oppressante. L’ombre de l’entité qui les gangrénait pesait sur leurs épaules, l’espoir de leur maigre patrie s’ajoutait à la balance. Ils étaient déterminés, mais pas moins tourmentés. Affirmer le contraire n’aurait été que pure mensonge pour Latone, bien que sa propre énergie débordât de confiance. Sans grande surprise, elle était de la partie, au front. Parmi les grands pontes, ce furent surtout les plus expérimentés qui accompagnèrent la furie bleutée. Bien que l’aventure le séduisît, Blarorkh ne pouvait mourir ici-bas, il devait rester à la tête de leurs geôles. Tant qu’à Koe, les artistes ne pourraient se remettre d’augures à son sujet. Ils étaient plutôt nombreux à demeurer à Ciel-Ouvert "au cas où", toutefois – conscients de cela – c’était une prévention fortement réfléchie. Les pessimistes qualifieront ces Marcheurs de chairs à canon, ils n’en restaient pas moins menés par la barque de plusieurs Guides loyaux, de leur carte maîtresse répondant au doux nom de Latone, et surtout de l’intransigeante Prune Númendil.

L’Esprit adressa une œillade à l’attention de cette dernière lorsque le groupe franchît la première Porte. Dotée d’un grand sens du devoir, l’Orisha s’était avérée être une excellente remplaçante au trône de Berholt Gandr, le Lion Blanc. Prune a pu s’élever grâce à plusieurs facteurs : le fait qu’elle soit la fille de "Latone", que le Guide Katraht – dit "le vioc" de la Marche – l’ait soutenue, et qu’elle était tout simplement taillée pour le titre. Puissante sur bien des plans, la belle blondinette faisait preuve d’une clairvoyance avisée et d’aucune aversion à se salir les mains. L’Esprit haussa les épaules face à l’indifférence de Prune. Évidemment, celle-ci fut l’une des rares à être au courant que son propre nom n’était qu’une mascarade. Elle n’y pouvait rien : l’inspiration était d’autant plus forte lorsqu’il était question de la mort héroïque de Léto et de sa réincarnation en Latone. De toute manière, ils n’étaient tous que des ignares face au mysticisme des Chamans. Ce masque était parfait et continuera de lui faire découvrir la vie, la dure existence, tout ce qu’elle souhaitait.


" Nous sommes une bonne trentaine avec le groupe de Narn. Le Chaman se tint aux côtés de la furie, à voix basse. Cela sera amplement suffisant pour la première étape.
- Mouais, si c’est un succès.
Le risque zéro n’existait absolument pas en Linos. Ils l’avaient appris à leurs dépends lorsqu’ils tentèrent de localiser les autres Portes en aval. Je me souviens que vous étiez beaucoup plus nombreux la dernière fois.
- Les circonstances sont très différentes. Lorsque tu étais là, c’était une guerre. Pour cette fois…
Tlalee-Aan emboîta le pas à ses camarades. Appelons cela une invasion. Ironique pour des libérateurs autoproclamés. A la première occasion, plante ton drapeau. " Latone ne couvrit le conseil que de dédain. Certes, elle comptait bien découvrir Linos et sauver le peuple qu’elle chérissait, mais sa principale motivation demeurait la suivante : annihiler le Bleu Roi. Que ce quidam parvienne à maudire toute une cité, c’était une idée bien effrayante, mais de là à pouvoir également atteindre l’Esprit… C’en était une toute autre. Sa magie, sa puissance, elles transcendaient le Cycle. Volontairement ou non, le Bleu Roi l’avait visée là où cela lui faisait le plus mal. Latone en avait déjà discuté avec Léto, mais cette dernière n’en avait eu presque cure. Peut-être qu’au fond, elle préférait qu’elle se montre débrouillarde ? Je suis Léto, après tout. En guise d’échauffement, elle balança ses bras telle une victorieuse et s’empressa de rejoindre la tête du cortège.

La Porte de Ciel-Ouvert leur dévoilait un long couloir, enserré par un amas de roches et de glace. Semblable à celui de Rosalie, il s’avérait tout de même plus courbé. Comme si on les menait droit vers le cœur de la montagne. Suivre cette linéarité fut loin d’être compliqué pour des gaillards de leur trempe : c’était lorsque les torches peinaient à leur ouvrir la voie et que le chemin se divisaient en dédales que les premières difficultés émergeaient.
" J'ai entendu un bruit. Cela commençait toujours ainsi. Les lames furent tirées au clair ; le fil du rasoir dans une main, les flammes dans l'autre. Dents serrées, Latone demeura alerte. La plupart de leurs Hommes ne savait point à quoi s'attendre, alors que les plus expérimentés connaissaient la nature du danger. Les iris scintillèrent dans l'obscurité, les cliquetis s'entrechoquèrent en rythme à l'avancée des prédateurs. Ceux-ci se figèrent quand les Marcheurs finirent par les repérer avec leurs torches. Entièrement cristallisées, les créatures semblables à des loups attendirent l'opportunité de se jeter sur eux. Le Voile Blanc accueillait déjà des meutes de ces monstres, l'apparence canidé était la plus commune mais loin d'être unique. Le cristal, les entrailles du Dévoreur, prenait la forme qu'il souhaitait. Sûrement que, plus en profondeur, ils tomberont sur des entités bien pires que de "simples" chiens sauvages. Raaah ! " Le guerrier agita le feu pour éloigner l'animal, mais la fougue enflammée était vaine : le Voile Blanc triomphait toujours. La créature demeura inflexible et chopa son avant-bras en un clin d'œil. L'initiative s'accompagna d'une ruade des autres monstres les encerclant, une mêlée où les épées affrontèrent la solidité du cristal. Latone fit basculer sa lame vers le bas, en position défensive face à celui qui semblait vouloir en découdre avec elle. Toute la technique reposait sur la précision : certes, leur enveloppe minérale pouvait rivaliser avec leur fer, mais comme tout, ils possédaient des faiblesses. La Descente amena le louveteau à charger et elle poussa sur le manche afin que l'estoc atteigne un espace entre les cristaux. Évidemment, avoir la carrure pour le métier ne rimait pas avec expérience : Latone était loin d'être une combattante émérite, elle n'avait que l'audace et l'instinct comme armes. Le coup fut paré par le manteau cristallin et la créature manqua de la mordre. Avec son puissant marteau, Narn écrabouilla la gueule de son assaillant et se contenta d'une bien courte œillade à son attention. " Tu me déranges. " Répliqua-t-elle avant de retourner au casse-pipe, frustrée par ses lacunes en finesse.

Doucement, les armes rencontrèrent de nouveau leurs compagnons pour la vie : leurs fourreaux. " Ils sont plus agressifs que ceux du Voile Blanc.
- Plus intelligents aussi.
Cette constatation naissait de la souffrance du jeune Marcheur qui avait failli être réduit en bouillie. La meute semblait mieux organisée que leurs équivalentes extérieures, mais un détail tracassait leurs esprits : aucune créature n'avait pris la fuite, le combat s'était terminé sur un anéantissement total. À part Blith qui pisse le sang, nous sommes tous en état de continuer. Avec un claquement de ses vertèbres, Latone offrait une réponse claire quant à son implication. Prune apparut à ses côtés, l'air étrangement préoccupée.
- Tout va bien, Latone ? La concernée plaqua ses mains sur ses propres hanches, buste bombé, confiante.
- Ce n'était que dalle ces bidules tout brillants. La Númendil demeura intransigeante et soutint son regard.
- Narn est venu à ta rescousse. Elle n'eut qu'une moue comme réponse. Narn. L'insistance eut raison d'elle.
- J'ai foiré un coup, un seul ! Ce n'est pas comme s'il allait réussir à m'arracher le bras.
- Nous ne savons pas ce que ces créatures sont capables. L'Orisha ne se gêna pas pour réaliser un examen visuel rapide, histoire de s'assurer que le corps de sa génitrice était intact, malgré le bouillonnant Esprit qui l'habitait. Ce n'est pas mon genre de materner mes camarades, mais sois prudente. Elle lui prit le bras et se rapprocha tout en chuchotant : Tu es la clé de voûte de la Marche, tu le sais très bien. Latone fronça les sourcils, se demandant comment Léto aurait réagi à une telle réplique de sa part.
- Je suis surtout ta mère. " Prune tenta de la bousculer en jetant son bras, mais la colosse resta inerte. La Númendil rejoignit le pauvre Blith pour faire avancer la compagnie. Je n'ai même pas réussi à me convaincre moi-même. D'un côté, elle comprenait les sentiments de la fille vis-à-vis de cette histoire de relai entre Léto et Latone. De l'autre, cette dernière peinait à cerner les véritables pensées de Prune. Cette jeune femme était beaucoup trop surnaturelle au beau milieu de ces gaillards tout en barbes et poils. Un peu comme l'Orine Koe, mais en plus… inquiétant. Rien de plus normal de la part de l'hôte d'un Monstre. Prune Númendil, tout comme Latone, possédait des secrets bien sombres. Et les Marcheurs comptaient sur elles…

Katraht finit par relancer la Marche une fois les plaies pansées et les esprits requinqués. Malgré les nombreuses possibilités d'itinéraires, ils demeurèrent groupés. Il était hors de question de perdre ne serait-ce qu'un seul Homme au sein de Linos. Ils reviendront tous, même avec des cadavres sur le dos. Les cartographes s'arrachèrent les cheveux au fil de leurs croquis, mais ils gardaient la tête haute en tant que pivots de leur organisation. Latone avait depuis perdu le chemin inverse pour rentrer, et en toute franchise : elle s'en fichait. La bleue voulait avancer encore plus, toujours plus, jusqu'à ce qu'un point d'intérêt attire son attention. À mesure de leur avancée – plus précisément de leur descente – le froid ambiant semblait laisser place à une étrange tempérance. Les profondeurs paraissaient quasiment agréables, plus ou moins supportables pour des montagnards de leur acabit. Pour les plus adroits, c'était plus que probable que de la magie régnait autour d'eux. Latone commençait même à trouver cette "présence" familière.
" Vous savez, je commence à me dire que… Avec beaucoup, beaucoup de travaux, on pourrait faire quelque chose de ces souterrains.
- Qu'est-ce que tu nous racontes encore comme inepties, Charras ?
La Marcheuse se renfrogna, peu confiante quant à ses affirmations.
- On pourrait, on pourrait… Reprit Narn. Avec un sacré nettoyage.
- Le Bleu Roi ne nous laissera pas faire.
Quelques épéistes échangèrent un regard avec Latone, l'autoproclamée successeure, dont elle ignora purement et simplement.
- C'est bien pour ça que nous sommes là.
- Mais imaginez ce qu'on pourrait…
Latone cessa de suivre le mouvement et bifurqua vers un autre accès. Guide Latone ? " Ils se turent tous et éclairèrent le chemin de l'ahurie. Ils comprirent, au fur et à mesure, qu'ils la ressentaient aussi. Cette force, cette attraction… Cette Porte.


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Latone
Mar 12 Mar 2019, 23:01




Dans le corps de Léto.

L'assaut de la plume sur le parchemin fut incessant. Les cartographes et autres observateurs du terrain s'arrachaient les cheveux autant que lors du précédent dégel, lorsque la Porte de Linos s'était dévoilée à eux. Là, à quelques pas de leur chère cité. Latone était restée plantée face à cette structure, tout près, à évaluer sa taille et sa forme. Parfois, sa main se baladait prudemment sur les gravures. Au toucher, les Marcheurs appréciaient la matière utilisée : de la pierre naturelle, retravaillée. Peut-être de la roche de la montagne, imprégnée d'une antique magie. Ils s'accordaient fort heureusement tous sur un point : elle ressemblait tant à la première Porte. Cependant, les motifs étaient différents. C'était la première fois que les Guides étaient parvenues à s'approcher de l'une de ces fameuses Portes, sans qu'ils ne soient chassés par une nouvelle menace du Bleu Roi ou par d'autres créatures.
" Installez des torches un peu partout jusqu'à la surface. Condamnez les autres issues en attendant. Il faut à tout prix sécuriser ce périmètre. " Les hochements de tête furent timides mais sincères. Tant de temps écoulé depuis que Tlaalee-Aan s'était éloigné des Guides pour arpenter le Voile Blanc, en quête de quiétude. Sans grande surprise, cela datait de la décision de Léto : laisser Latone grandir auprès d'eux, leur offrir cette "arme" en remerciement pour leur bonté. La Chamane ne serait définitivement pas là où elle en était sans eux – surtout sans son mentor – et quoi de plus adéquate pour tous que d'offrir une occasion à Latone de s'épanouir ? De laisser cet Esprit découvrir la Vie ? Il reçut ce cadeau en demi-teinte : si Latone parvenait à élever la Marche, ce ne serait principalement pas grâce à son élève. Léto lui échappait sur tous les plans ; même si, en soi, le vieillard parvenait à comprendre qu'elle en avait clairement bavé toute sa vie. Il était temps pour la guerrière de prendre en main ses responsabilités, de répondre favorablement à l'appel des Ætheri. Quant à Latone, eh ben… Advienne que pourra.

" Allez, refais-nous ton truc. Narn bombait le torse, sa posture typique du gaillard têtu. Latone pivota sur elle-même, fortement exaspérée par cet énergumène.
- Qu'est-ce que tu me craches encore au visage ? Elle s'était rapprochée de lui, leurs fronts respectifs fébriles à l'idée de raccourcir la distance par un bon coup de boule.
- Ouvre-la, ta fichue Porte ! Comme la dernière fois ! L'ermite fit presser le pas aux Marcheurs censés partir d'ici, malgré le spectacle auquel s'adonnaient, encore, la furie et l'enragé. C'était loin d'être la première fois que ces deux-là se prenaient le bec ; et, sûrement, ce ne sera point la dernière. Tlaalee-Aan craignait bien souvent, à raison, que l'Esprit pourrait déraper et laisser son essence de défunte prendre le pas. Donner la mort lui était bien plus naturel que respirer avec ce corps d'emprunt, Narn lui siérait bien mieux dans l'Au-delà que les pieds sur terre.
- Mes braves… Latone fixa quelques secondes la fameuse Porte, puis darda à nouveau Narn.
- Mais j'y pense. Ne serais-tu pas jaloux, Narn ? Tu n'as pas pu ouvrir ta chère Porte, tu es tristounet et grognon depuis ? Sans hésitation, le Guide la chopa par le col, ce qu'elle fit de même en retour.
- Cet excès de fierté te perdra : tu as ouvert la Porte par hasard. En chantonnant. Sa puissante poigne la repoussa en direction de l'édifice. Essaye à nouveau pour voir, le Bleu Roi n'a de yeux que pour toi !
- Je vais chanter en dansant sur ton cadavre !
Tlaalee-Aan et Charras saisirent à temps les bras de Latone, tandis que d'autres Guides s'occupèrent de calmer Narn.
- Ce n'est clairement pas le moment de se chamailler ! Vous voulez tous nous faire tuer ?! " L'Hozro balança son bras en signe de protestation, et retourna vers la Porte. Quant à l'opposant, il se contenta de calmer ses nerfs sur place, sous les représailles de ses confrères.

Le chant, ce fut longtemps l'arme la plus puissante de la Marche Terne. À l'époque où le groupuscule se cantonnait à une petite dizaine de rustres rêveurs, ils se camouflaient sous les traits d'une troupe de chanteurs, bien avant que l'idée de se faire passer pour des marchands germât. Artistes de rue et révolutionnaires, une époque si lointaine que même Tlaalee-Aan ne l'entrevit qu'en visions. Et grâce à lui, il imprégna cette idéologie dans les briques de Ciel-Ouvert. Bâtie sur Linos, il leur était à présent évident que c'était le chant, la clé. Un brin secouée par ce qu'on venait de lui reprocher, Latone s'attarda tout de même à échauffer ses cordes vocales. Enfin, elle se lança, récitant les vers ayant déverrouiller Linos. Elle n'était point sûr du rythme, ni du ton, c'était déjà assez remarquable qu'elle se souvienne de la chanson. Tous respectèrent le silence et apprécièrent l'initiative de leur Guide. En vain, car la Porte demeura scellée, même à la suite d'un second essai.
" Ce n'est pas vrai… " Narn tenta bien évidemment sa chance juste après, puis les autres. Un même poème répété sous différentes voix, sans qu'aucun effet ne soit perceptible. D'autres œuvres furent également entonnées sans plus de succès. Les Marcheurs découragèrent rapidement, certains tentèrent à nouveau de la détruire à coup de massue et de sorts. Toutefois, ce fut toujours aussi vain.

Blith se réveilla tout juste de son état semi-conscient, constatant par lui-même le désespoir ambiant.
" Doucement, ta plaie n'est pas encore refermée. Prune l'aida à se relever et à s'approcher de la Porte pour qu'il puisse, à son tour, observer par lui-même les merveilles de Linos. Si le Bleu Roi était effectivement le maître des lieux, il leur était le seul contact pour comprendre les tenants et aboutissants de cette cité cachée, de sa population si elle était encore présente, de ce système de Portes à vue d'œil infranchissables. Nous avons tout tenté pour la déverrouiller, sans succès pour l'instant. Le jeune Marcheur prit appui sur la Porte pour libérer l'Orisha de son poids.
- Peut-être que le Bleu Roi a tout fait pour nous bloquer le passage à jamais ?
- J'en doute, il ne nous aurait pas laissé ouvrir la première Porte si c'était son intention.
Elle se renfrogna. C'est comme si… Il n'avait aucune emprise sur ces Portes. La blonde fut attirée par l'agitation de Léto – ou plutôt de Latone – en compagnie du Chaman, plus loin. Prune s'assura que le blessé pouvait se débrouiller avant de les rejoindre. Les deux interlocuteurs la fixèrent quelques secondes avant de continuer leur échange, visiblement peu dérangés par le fait d'évoquer le Cycle en présence de l'Orisha. Après tout, en tant que fille de la Chamane, elle était déjà un peu accoutumée à tout ce spiritisme.
- Je n'ai qu'à quitter le corps de Léto, juste le temps de traverser la Porte sous ma véritable forme.
- C'est inutile, cela n'avait pas marché avec la précédente. Puis, Hëarëel a déjà tenté le coup.
Latone s'adressa ainsi visuellement à l'Hozro de Tlaalee-Aan.
- Une magie qui nous annihile est présente. En forçant le passage, il ne demeure que des ténèbres insondables. À cela, Latone fit entièrement confiance au défunt Orisha. Ce dernier était un Esprit bien plus expérimentée qu'elle, plus sage.
- Tout comme avec la première Porte.
- Si je comprends bien…
Elle porta ses doigts fins à son menton. Les Portes sont immuables et nous isolent totalement de ce qu'elles renferment. Le borgne grisonnant acquiesça, une nouvelle fois conquis par la patience de la jeune Númendil. En outre, tout ce que nous possédons, c'est la clé.
- Quelle clé ?
Des petites flammes s'allumaient dans ses yeux, la même étincelle face à la force de Prune.
- Nous l'avons forcément, sinon nous n'aurions jamais pu atteindre cette Porte. L'Orisha caressa la pierre de sa main gantée. C'est le principe même d'une porte d'avoir une poignée, un moyen de l'ouvrir. Il existe forcément un indice qui nous échappe… En se retournant vers l'enveloppe de sa mère, elle commençait à toucher au but. Un indice… Ses prunelles disparates se perdirent alors sur les dessins à même la roche.
- Tout ce que je vois, c'est qu'il n'y a plus de chaînes. L'ensemble des Marcheurs regardèrent l'Esprit, quelque peu déconcertés. Elles devaient être dessinées juste là. Avec des bonhommes. Mais là, ce sont juste des loups. Enfin, des bestioles qu'on a battu tout à l'heure. Prune comprit à cet instant. Même tête, mais pas la même serrure, hein ?
- Les gravures ne sont effectivement pas les mêmes…
La fille rejoignit sa "mère" sur-le-champ.
- Latone, tu as chanté "L'appel des petites mains" plus tôt ? La même chanson qui a précédé l'ouverture de la première Porte. Mais pourquoi tu l'avais chanté, cette fois-là ?
- Parce que… Les dessins sur la Porte, ils m'ont rappelé cette chanson. C'était comme un réflexe.
Prune hocha la tête vivement, un sourire franc aux lèvres.
- C'est ça : la clé. Elle suivit avec ses doigts le contour des motifs. À chaque Porte ses gravures, et à chaque gravures sa chanson. Ses iris bicolores finirent sur leur héroïne, convaincue par son raisonnement. Le chant est bien la clé. Il faut que tu chantes. Chante ce qui te vient à l'esprit lorsque tu la regardes. Latone demeura ébahie par cette trouvaille. Au fond, elle conservait une certaine fierté de côtoyer les descendants de Léto, dont cette ravissante demoiselle qui savait mener tous les Guides par le bout du nez. La Conservatrice finit par lui retourner le sourire avant de s'écarter.
- C'est ton heure de gloire, Prune. À toi de chanter. Elle croisa les bras, peut-être bien que la voix n'eût aucune importante : tout ce qui comptait, c'était le chant. Ne me regarde pas comme ça : tu as trouvé, c'est donc à toi de le faire. Une œillade de travers plus tard : Et si Narn n'est pas content, il n'aura qu'à tenter à son tour si tu échoues. Un clin d'œil, sourire narquois. Ce serait décevant ! " La Númendil se retint le moindre commentaire. En toute franchise, elle ne s'était pas attendue à ça : l'intraitable Latone qui lègue l'opportunité de briller à autrui. Du point de vue de n'importe quel Marcheur, ce ne fut qu'une simple passation d'une mère à sa fille. Mais la vérité, c'était que Prune pensait vraiment avoir affaire à Léto. Ou alors, n'était-ce qu'une illusion, un fantasme refoulé ? Quoi qu'il en soit, sans la moindre appréhension, l'Orisha s'approcha fièrement de leur obstacle et les paroles prirent naissance naturellement au creux de sa gorge.

Ne me laisse pas avec tracas, Ô mon roi ;
Ton parfum m'épate, alors je t'implorerai.
Ne me quitte pas avec fracas, Ô ma proie ;
Ton odeur m'appâte, ainsi je te dévorerai.

À l'instar de la toute première fois que leurs pieds foulèrent ces terres inhospitalières, la Porte s'ouvrit sous l'injonction d'une puissante magie. Ils avaient la confirmation sous leurs yeux ébahis que le chant était la solution, leur arme devenait un moyen de pression sur le Bleu Roi. Ni une ni deux, ils prirent position derrière les barricades soigneusement installées plus tôt. L'ouverture s'agrandit lentement avant de cesser, pour ne laisser régner que le silence pesant et une étrange lueur, quasi naturelle. Avec prudence, leur formation rebascula vers l'exploration, lames bien en mains. Prune s'était avancée aux côtés de Latone cette fois, attirée par cet étrange appel qu'elle ressentait. Plutôt, qu'elle "entendait". Ils n'eurent guère le temps d'analyser leur environnement que des chœurs s'élevaient doucement, partout autour d'eux. Il n'y avait aucune source commune, comme s'ils étaient cernés de toutes parts. Ce couloir s'était tendu en une salle plus grande, bien plus grande. Au-dessus d'eux se tenait un plafond aussi cristallisé que toutes les parois, cependant aussi azuré que leur ciel. Ce fameux cristal serpentait la roche et prenait emprise pour maintenir les fondations visibles. Il fut clair pour tous qu'ils pénétraient enfin sur les premières marches de la cité. Tant de questions pouvaient être soulevées avec autant d'anomalies, mais une seule prenait le pas sur toutes les autres dans l'immédiat : par sa simple présence, il écartait tous les doutes.

Il était là.
" C'est donc toi, le Bleu Roi ? "


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Latone
Mer 10 Avr 2019, 19:10



Dans le corps de Léto.

Le silence s'installa, pesa lourdement sur leurs frêles épaules, affaiblies par toute la pression qu'exerçait cette chose, cet endroit sur eux. Doucement, les ténèbres qui semblèrent régner en maîtres avant leur arrivée se dissipèrent dans les entrailles de la roche et de la glace. Cette même glace qui semblait être la plus pure de toutes, parfaitement réfléchissante. Une lueur ambiante accompagna leurs pas et s'étendit autour d'eux, jusqu'à révéler sa présence. La provocation de Latone fut aussi expéditive que mal avisée, cependant elle était une réponse instinctive face à un danger réel : le Bleu Roi les dominait. En ce sens, le tout premier détail qui leur sauta aux yeux, c'était sa taille titanesque : il ne semblait point costaud – par ailleurs, plutôt squelettique – mais son immensité réduisait même leur propre mastodonte au statut d'insecte ; de deux ou trois têtes de plus, aisément. Ce devait être sûrement cette caractéristique qui avait poussé les nerfs de l'Esprit à vif. Quoi qu'il en soit, outre sa carrure, il n'était point comme eux : à la fois humanoïde et tératologique. Un visage sévère et plat, humainement incomplet, des orbites étincelantes voire ardentes, une longue et ample draperie enserrant le reste de son être jusqu'à ses doigts nus, longs, fins et griffus. Ses mains jointes à l'avant, sa tête se releva face à leur consternation. Les appendices semblant lui faire office de crinière dansèrent avec parcimonie, jusqu'à ce qu'ils remarquent ce fameux halo, cette auréole qui gravitait à hauteur de son front et encerclait les bribes de son crâne. La couronne de Linos, blême et éclatante, toupillait à vitesse régulière, son instabilité avérée se manifestant par des soubresauts ; telles des lames qui entamaient l'estoc, mais toujours de haut en bas, et de bas en haut. Une couronne digne d'un roi, du Bleu Roi.

Déjà, si tôt, impossible, tant de dénis émergea en chacun des Marcheurs face à l'être qui leur barrait la route. Ou alors, le hère qui leur autorisait à fouler ses terres. Prune parût plus blanche encore, et esquissa un seul pas en arrière, consciente que le moindre signe de faiblesse leur serait fatal. À l'arrière, Tlaalee-Aan voulut rejoindre l'Hozro pour parlementer, mais préféra patienter pour ne pas générer d'hostilité. Même Narn n'osa pas faire autant preuve d'audace. Katraht s'immobilisait. Charras tremblait. Blith ploya le genou, écrasé par son état et l'ampleur de la situation. Tous réagirent exactement comme ils pensaient le faire face à un souverain ennemi. Quant à Latone, elle n'aurait pas pu rêver de mieux comme aubaine.
" Je suis le Bleu Roi… Ils tressaillirent. Par Ezechyel, il parle enfin ! Sa voix était caverneuse, l'ouïe la plus distincte pouvait même percevoir plusieurs timbres simultanés, comme s'il représentait à lui seul la totalité d'un groupe, d'un peuple. Un nom qui me sied pour vous, qui vous hante depuis des jours, des nuits. Il vous exaspère et vous fatigue, vous accable et vous affaiblit, vous distrait et vous condamne. Vos ariettes soutiennent d'ordinaire votre acharnement, la cause qui vous pousse à vous lever avec entrain et à accomplir vos affligeants desseins jusqu'à l'avènement de vos ténèbres. Vos litanies inspirent les petites gens, qu'ils soient originaires de vos contrées ou étrangers à vos coutumes arriérées, ils contemplent votre énergie et finissent par être happé par vos caprices. Vos sérénades torturent les âmes que vous asservissez au nom d'une justice enfantine, ternie par la grâce de vos dieux, consolidée par les vestiges d'une tradition fantasque. Vos chants m'ont atteint et je vous ai répondu. Par Ezechyel, il parle beaucoup trop. Mes couplets furent limpides, je l'ai lu en vos fariboles, pourtant vous avez pris l'unique décision qui vous perdra tous. Vous ne comprenez pas, mais vous vous entêtez à creuser votre tombeau. Je ne suis point miséricordieux, Marche Terne, mais je sais faire preuve de patience. Le Ciel de Glace s'abattra sur vos ruines si vous ne rebroussez pas chemin, et engendrera davantage de souffrances qu'il n'en existe déjà. Entendez-vous l'air qui ondule en ce lieu ? C'est le refrain de l'apostasie. Les Marcheurs écoutèrent religieusement, le vide enserrant les germes implantés de force dans leur esprit. Partez. Et ne revenez plus jamais. "

Le poing de Latone se resserra. Ainsi, le Bleu Roi s'entêtait à leur faire abandonner Linos et Ciel-Ouvert. Cependant, c'était loin d'être dans la philosophie des Marcheurs de se faire priver leur liberté et de laisser impuni la contrainte. L'Hozro se tourna en direction de Tlaalee-Aan, comme la plupart des vétérans inspirés par son savoir et sa maturité. Néanmoins, les autres attendaient surtout une réponse commune de la part de leur meilleure arme. Le Chaman fixa intensément celle-ci et se contenta d'un singulier hochement de tête à son égard. Cette approbation lui suffit amplement. En cet instant, c'était tout ce qu'il comptait. Mesquine, Latone fit de nouveau face à leur bourreau : " Les menaces, les visions et cauchemars, c'est terminé. On ne partira pas de Ciel-Ouvert, c'est chez nous. Un pas en avant. Et si cela ne te plaît toujours pas, alors parfait : je suis là pour ta couronne. La hache de guerre s'abattit, Prune retint sa respiration brièvement, avant que les chants environnants semblassent reprendre de plus belle, tout doucement en crescendo.
- Un chef n'aspire qu'à un seul vœu : être obéi. " Deux râles singuliers se distinguèrent des chœurs, deux voix que l'ensemble des Marcheurs ne pouvait que reconnaître, et craindre présentement. Vive, Latone porta son regard du côté de leurs arrières et constata avec effroi le souffle final de deux de leurs hommes : Blith et Tlaalee-Aan. Le premier se noyait dans son propre sang, la gorge déchirée, et rendit l'âme avant même que ses camarades n'aient le temps de l'atteindre. Quant à Tlaalee-Aan, la plaie béante de son thorax eut raison de lui en un court instant ; son Hozro, à ses côtés, secoua piteusement la tête à l'attention des Marcheurs, confirmant l'irréparable. Non. Latone vit rouge, et frémit tout de même à l'idée que cette chose venait de terrasser si aisément un soldat au sang chaud et un ermite dont l'expérience dépassait les attentes. Lentement, elle esquissa un pivotement, ses iris fixées sur lui. Prune s'écarta, apeurée. TU ES FOUTU ! Et Latone cria, plus fort encore, ils crièrent tous avec la plus fervente des ardeurs guerrières, et les lames fusèrent en dehors de leurs fourreaux.

En réponse à leur clameur, le Bleu Roi rompit l'étreinte entre ses mains et repoussa magiquement la première attaque de l'Hozro. Les chœurs reprirent et amplifièrent la pression exercée sur eux, plusieurs de leurs plus frêles combattants ne parvinrent même pas à avancer. Guides et vétérans, en revanche, passaient outre cette force et chargèrent. L'entité déviait autant l'assaut avec un puissant sort de protection, qu'avec une manipulation déconcertante de son environnement. Sous leurs pieds, le sol semblait se mouvoir, les éloigner de leur cible. Latone ressentait que ce phénomène ne se traduisait pas par juste une maîtrise élémentaire : c'était comme s'ils étaient prisonniers de son terrain de jeu. Estocs, par le flanc, à distance, avec la force brute ou la magie, rien ne l'atteignait, il était tout-puissant en Linos. Au cours d'une charge vaine, l'épaule de Narn bouscula celle de l'Esprit.
" Latone, je peine à croire dans quoi Tlaalee-Aan vient de nous embarquer. Il prit sa massue des deux mains. Mais je t'assure qu'il va m'entendre rugir de là où il est ! " L'Eversha fit parler son totem de lynx et redoubla de véhémence face au Bleu Roi. Ivre de sa frénésie, Latone ne ressentait même plus la nécessité de placer des mots sur ses paroles ou ses pensées, une seule idée lui trottait en tête : gagner, gagner, gagner, gagner. Elle invoqua les épées du Temple dans ses deux mains et fonça tête baissée à travers le miasme mélodieux. La brute comprenait qu'il ne fallait pas s'arrêter, juste passer outre ces chœurs et atteindre le Bleu Roi. L'une de ses lames fusa à travers le manteau du souverain, tandis que l'autre fut repoussée d'une main par ce dernier. Narn bondit et abattit son arme en direction de la tête, pour ne finir qu'à rencontrer le sol ; puis, en un instant, il se retrouva éjecté à l'autre bout de la pièce. Le Bleu Roi se retourna vers Charras, ses orbites redoublèrent d'intensité. Katraht s'interposa, mais la Marcheuse reçut tout de même l'affliction, relâchant son arme à cause de ses entailles fraîches et multiples. L'Hozro profita d'une ouverture pour parasiter l'adversaire, sans effet apparent. En retour, elle ressentit une force lui broyer les entrailles et la repousser au loin. Elle roula sur plusieurs mètres avant de se reprendre, la douleur éveillant à nouveau sa fureur.

Des doigts fins se posèrent sur son épaule, coupant court à son combat : Prune
. " Nous n'avons aucune chance contre lui, retraite ! Cette infamie secoua l'Esprit, surtout de la part de la fille de Léto en personne. En regardant autour d'elle, elle comprit son aveuglement et assista à l'hécatombe : soient les Marcheurs faiblissaient, soient ils mourraient. La fuite n'était pas une option pour eux, mais l'abandon tactique…
- Rassemble tout le monde et cassez-vous ! Elle se releva tant bien que mal. Moi, je reste ! " L'Orisha ne parvint à restreindre l'adrénaline s'emparant du corps de sa mère. Son enveloppe entière tremblait encore depuis l'emprise de sa majesté, il lui fallut encore du temps pour se ressaisir et reprendre le contrôle de la situation. Avec un mutisme digne de la Mort, le Bleu Roi les écrasa un à un, une sentence qu'il comptait parfaitement accomplir. Il n'apportait, cependant, pas forcément toujours le trépas, mais aussi l'humiliation, l'agonie. Déterminée à rendre sa justice, Latone fit valser sa lame en sa direction, il esquiva et la renvoya. Elle échappa de peu de la trajectoire et usa de l'autre épée en bondissant vers lui. Sans comprendre comment, l'Hozro se retrouva finalement en un trop bref instant dans une position invraisemblable : dos au sol, la poigne de fer lui vrillait le buste et lui faisait épouser davantage la terre, alors qu'elle était certaine d'être à portée de lui, prêt à lui porter un coup fatal. Une gerbe écarlate lui échappa à mesure que la pression s'exerça, sa main relâchant par ailleurs son arme. Narn reprit les rennes tandis que Latone peinait à se relever et à deviner quelle forme de magie était à l'œuvre ici. Ses tympans captèrent les vives instructions de la Númendil, les lieux furent bientôt désertés par l’envahisseur grâce à l’acharnement de l’Eversha. Irritée par absolument tout – sa faiblesse, la puissance démesurée de l’ennemi, ce carnage – Latone décida de canaliser ses dernières réserves pour lui infliger une bonne correction. Tant que l’autre Guide continuait de faire diversion, cela ne pouvait que passer ! Cela devait…

Narn la frôla à toute vitesse, éjecté sans sommation par l’hôte incontesté. Cette défaite lui fit prendre alors conscience que non seulement elle était l’ultime combattante encore debout, mais de surcroît ils s’étaient diablement rapprochés de la Porte. Impossible, quand on y pensait, ils avaient déjà pas mal marché après l’avoir franchie. Comment cette cité – ou leur réalité – pouvait être aussi "déformée" ? Prune se tenait encore aux abords de la Porte, s’assurant que tout le monde puisse s’en tirer sains et saufs. C’était son tour… cependant, outre son refus, Latone ne put en réchapper indemne. Le Bleu Roi se tenait déjà face à elle, imposant, dominant. Sa main décharnée s’aplatit sur son front ; écrasée par son aura, le corps de Léto ne répondit plus aux directives et se fit également propulser droit vers la Porte ouverte. L’Esprit, lui, était paralysée sur place. À ce moment-là, Latone comprit toute l’ampleur de sa bêtise, de son incapacité à protéger Léto de ses propres problèmes. Alors que l’enveloppe sans vie de cette dernière s’apprêtait à pourrir ici-bas, l’Hozro fixait avec effroi son assassin. Le Bleu Roi ne lui accorda qu’une maigre seconde de repentance avant qu’elle ne se sente disparaître, graduellement, de ce monde.
" E-ENFOIRÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ… ! " Sa voix porta aussi loin qu’elle le pût, jusque dans l’Au-delà.

Tétanisée, Prune regarda avec frayeur le corps inerte de sa mère. Les autres Marcheurs s’étaient déjà éclipsés plus loin. Elle implora les Ætheri de leur accorder une seconde chance. Toutefois, pour son cas, comment lutter seule, avec un cadavre sur le dos ? L’Orisha se tourna lentement vers l’entité, dont les chœurs avaient cessé depuis.
" Ce n'était pas ce que vous m'aviez dit… Elle n’osa point bouger, et le Bleu Roi semblait en faire tout autant. Ses orbites éclatantes la dardèrent durant un moment qu’elle prit pour une éternité, pour enfin se retourner, paisible. La jeune femme demeura étourdie, impuissante. Soudain, il adressa de nouveau son attention, cependant point pour elle.
- Tu n’es pas la fille que j’ai bannie. Prune suivit son regard et assista au retour de la guerrière, amochée par la bataille mais droite, souriante, les mains jointes aux hanches.
- C’est donc toi, le Bleu Roi ? "


2286 mots ~



By Jil ♪
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