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 [RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage

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Persée
~ Génie ~ Niveau I ~

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Persée
Sam 01 Avr 2023, 19:44

[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 7 43x1
Le Jeu du Mariage
Faust & Persy



Perséphone avait l'habitude de vivre avec un brouhaha incessant dans sa tête. Il ne s'agissait pas de voix lui susurrant d'agir, mais plutôt un bruit incessant et irrégulier de sorte qu'elle ne s'y habituait jamais vraiment, le rythme trop indéfinissable pour jouer sur sa cadence. Parfois, ça débordait et recouvrait la réalité, la forçant à se replier en elle-même en attendant que l'orage passe. Parfois, elle visualisait son esprit comme une bulle dans laquelle elle se recroquevillait pour échapper à ces sons lui harponnant l'âme. Y trouver un sens était impossible, le chaos ne se définissait pas, son existence même se délitait dès lors qu'on tentait de l'enchaîner avec des mots. Sous le joug de ce concert entropique qui ne suivait aucune partition, elle voyait les portes de la folie se rapprocher un peu plus chaque jour. Leur chute depuis l'étage avait suspendu cette cacophonie. Le contact des bras de Faust autour d'elle la tenait à distance. En se concentrant, elle pouvait presque l'entendre au loin, comme un déferlement sourd cherchant le faîte du mur pour le submerger et de nouveau noyer l'esprit de sa victime.

La violette baignait dans un silence anormal et la voix de Faust, trop forte sans le matelas des sons pour l'amortir, fit vibrer ses tympans et la pénétra jusqu'à l'organe enterré plus profondément en elle. Aussi, c'est dans un chuchotement ténu qu'elle lui répondit, glissant du baiser de ses lèvres à son oreille. Les mots étaient des véhicules médiocres pour transmettre précisément ce qu'elle taisait depuis trop longtemps mais elle s'y efforça. Il ne s'agissait pas juste de ce qu'elle serait capable de faire, il y avait tout ce qu'elle promettait de faire, il y avait la beauté du don de soi, les sacrifices qu'elle n'hésiterait pas à faire, le monde qu'elle transformerait pour le plier à ses désirs, uniquement pour lui, il y avait ce monde qu'elle anéantirait s'il n'y était plus car elle savait désormais à quoi ressemblerait son existence quand il n'était pas près d'elle : un ensemble cotonneux et désorganisé, hurlant à ses oreilles jusqu'à la surdité. Pour la première fois, elle se découvrait elle-même, comme découvrir son corps nu dans un miroir. Il lui prouvait qu'elle existait, qu'elle s'ancrait dans cette réalité mais surtout à lui.

Assise sur le canapé, c'est à peine si Perséphone avait pris note de leur atterrissage ou du lieu où ils se trouvaient. Elle ne quittait plus Faust du regard et c'est avec empressement qu'elle prit sa main. Debout face à lui, elle prit son autre main, le ruban pris entre leurs paumes de main. Ses doigts se frayèrent un chemin entre les siens et une ombre de sourire germa au coin de ses lèvres, comme une ébauche timide reflétant mal l'emportement de son palpitant. « J'aimerais te faire découvrir mon monde. » Murmura-t-elle enfin. Elle s'empara de ses avant-bras et l'attira vers elle, basculant son poids vers l'arrière. « Fais-moi confiance. »

Soumis à l'impulsion de sa volonté, ils traversèrent le parquet du salon et se retrouvèrent assis à même le sol d'une minuscule chambre ascète et dénotant un léger délabrement. Les murs en pierre grisâtre affichaient quelques traces d'humidité trahissant un manque d'aération notable. Dans le coin était blotti un petit lit bordé d'un simple drap à l'aspect rugueux et d'une couleur d'un blanc vieilli qui tirait sur le jaune. Une chaise en bois complétait le mobilier, appuyée contre le mur opposé au lit.

Perséphone n'avait pas lâché Faust et alors qu'il prenait connaissance des lieux, le ruban s'allongea de plusieurs mètres. Il reliait leurs poignets ensemble et était noué en lacet sur un anneau en fer clouté au mur. Cette fois, un large sourire éclaira le visage de la violette. Elle mena leurs poignets menottés par le tissu entre eux comme s'il s'agissait d'une gemme inestimable. Ses yeux brillaient dans la pénombre, humides d'émotion. « Nous serons à jamais ensemble désormais. Je suis si heureuse ! » Elle se jeta en avant pour emprisonner son cou de ses bras. Elle craignait d'entendre le bruit des pas de son père montant la voir, mais tant qu'il serait là, avec elle, elle savait qu'elle ne craignait rien. Il réussirait là où Persée avait échoué. Faible, lâche, il avait toujours détourné le regard face à ses sévices.

Message III | 772 mots


Merci Jil  [RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 7 009 :
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Zeryel
~ Ange ~ Niveau I ~

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Zeryel
Lun 03 Avr 2023, 19:31

[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 7 U392
Le Jeu du Mariage
Lana & Lorcán



Quelqu'un avait dit rubans ? Comme à son habitude, Lorcán n'avait pas fait dans la demi-mesure. Tout ce qu'il entreprenait, il s'y consacrait entièrement, avec passion et conviction, même lorsqu'il s'agissait d'un jeu. Sauf que l'Alfar savait bien que rien n'était jamais qu'un jeu, pas selon lui en tout cas. Sous ses dehors nonchalants et son attitude détendue, il était mortellement sérieux et rien n'échappait à ses observations.

Son ruban s'apparentait davantage à une écharpe souple qu'au simple morceau de tissu que les autres avaient noué autour de leur poignet. Leur banalité l'horrifiait. Ils n'avaient rien d'adversaires, c'en était décevant. Les victoires faciles n'avait pas de saveur. D'ailleurs, il n'arrivait même pas à discerner leurs visages, aussi troubles que si quelqu'un jetait un caillou pour trouver la surface pour dissoudre leurs traits.

Tranquillement, il termina de nouer le ruban autour de ses hanches pour s'en faire une ceinture stylisée. Elle était en soie ocre, brodée de motifs runiques de la même teinte que sa peau et des breloques en argent promettaient de chanter leur musique à chaque déhanché. Ça manquait certainement de discrétion pour le joueur supposé s'échapper et se cacher mais Lorcán n'avait jamais su être autre chose que visible, exposé. S'il était sur une peinture, il devait être celui au centre, auréolé d'un éclat glorieux. Être trouvé ne le dérangeait absolument pas, bien au contraire. Le jeu comme il l'entendait, ne débuterait que dès lors qu'une des filles le trouverait. Son regard se posa sur elles, évaluateur. Seules celles avec du bon sens chercheraient son ruban. Il était le choix évident, mais il comprenait que la perfection puisse effrayer, en particulier les plus timides. Ce n'était pas le cas de celle dont il croisa le regard. Il perçut en elle cette fermeté qui laissait entendre qu'elle savait très exactement ce qu'elle voulait. Un sourire charmeur gagna ses lèvres peintes d'une nuance lie de vin.

Un instant plus tard, il marchait dans la ville. Ses grandes jambes avalaient les mètres paisiblement. Son coeur battait régulièrement, comme s'il était au milieu d'une promenade de santé. Le squelette blanchâtre de la ville s'élevait de part et d'autre, marqué d'une végétation à l'odeur riche. Il s'approcha d'un olivier, caressa ses branches jusqu'à en trouver une assez souple. Ses lèvres s'animèrent sous le murmure d'un chant. Tentée, le rameau finit par succomber à ses flatteries. Elle quitta son arbre pour s'enrouler sur les épaisses boucles cramoisies de l'Alfar en une couronne garnie de feuilles. Désormais doté de l'artefact complétant son apparence royale, il reprit sa marche sans hâte. Les habitants s'écartaient naturellement sur son passage. Une silhouette anonyme lui remit un bouquet de pivoines qu'il porta à son nez pour en humer la fragrance.

Sa marche le mena de ruelles en ruelles similaires jusqu'à déboucher sur une grande place au dallage en céramique. Des vendeurs ambulants proposaient leurs articles, un acrobate amusait un cercle d'enfants et un musicien tirait de sa flûte quelques trilles festives. Lorcán s'arrêta pour l'écouter quand une présence brûla son dos. Lentement, il pivota et reconnu celle qui était si sûre d'elle plus tôt. « Ah ! » Fit-il, ravi de la trouver ici. « J'en suis flatté. » Mais pas surpris. « J'espérais que ce soit toi. » Il la jaugea à son tour. Sa robe ne serait pas sans doute pas facile à soulever mais on ne savait jamais, avec un petit coup de vent.

L'Alfar tiqua légèrement à son "pas encore" en trop dans sa phrase. « Mais volontiers. » Acquiesça-t-il en ravalant le commentaire acerbe qu'il lui aurait bien rétorqué en retour. Mais ce n'était pas ainsi qu'il la mettrait à genoux, alors il laissa son sourire s'éterniser, peut-être un peu trop crispé pour être véritablement sincère. Il laissa le bouquet de fleurs léviter le temps de dénouer le ruban de sa taille. « Tu peux les prendre si tu veux. Je suis un homme généreux, je te donne ces fleurs, ce ruban, et moi-même. Ah, et bien sûr je t'accorde également une faveur. Tout ce que tu veux. C'est ton jour de chance, on dirait. » Tout en parlant, il s'avança sur elle et fit passer le long ruban dans son dos. Ses doigts voletèrent adroitement pour le nouer sur sa taille et il recula pour admirer son œuvre. « Ça te va presque aussi bien qu'à moi. » Estima-t-il, lui adressant un clin d'oeil. Plaçant ses mains derrière lui, il bomba le torse et pencha la tête sur le côté, sa couronne d'olivier penchant sur l'un de ses sourcils. « Alors ? Que veux une femme une fois qu'elle a obtenu des fleurs et le ruban d'un futur chef d'œuvre ? »

Message I | 839 mots


[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 7 U0au
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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
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Kitoe
Mer 05 Avr 2023, 22:26

Jude & Jude
La saison des zamours
Divide Music - DOMINO


Jude huma l'air quelques instants. Il allait pleuvoir bientôt. L'odeur de la terre, cette tension dans l'air et le ciel chargé de nuages denses et gris étaient des signes caractéristiques. Il décida de reprendre sa marche. Il marqua son territoire une centaine de mètres plus loin, au pied d'un petit buisson. Jude était très excité. La saison des pluies avait commencé et son appétit s'en retrouvait doublé. Les prochaines semaines promettaient un rythme de reproduction plus soutenu que le reste de l’année. Les femelles du clan allaient entrer en chaleur et bientôt, les mâles se disputeraient les places auprès des concubines.

Jude méprisait les femelles. Il méprisait leur manière de gouverner, d'être les maîtresses d'un domaine où lui, mâle, n'était rien. Il n'était pas d'accord. Il devait dominer. Jude avait toujours ressenti cette flamme en lui. Il voulait dominer et la progéniture qu'il fournirait serait le flambeau qu’il avait souhaité être à une époque. Il devait se répandre.

Le mâle était à l’affût. Si le moindre bruit indicateur parvenait à ses oreilles, il savait qu’il devrait faire demi-tour afin d’obtenir une place de choix pour l’accouplement. Cela faisait plusieurs jours qu’il attendait son heure de gloire. Il n’aurait que quelques heures pour agir. Sa dernière tentative de coït s’était retrouvée infructueuse, et il en ressentait encore aujourd’hui toute la frustration de ne pas avoir pu se vider comme il se devait. La confrontation avec les autres mâles avait été rude et il n’avait pas su se montrer suffisamment intéressant pour les matriarches du clan. Indigne de féconder. Il n’y avait rien de plus honteux que d’être affublé d’un tel titre. Cela le mettait de toute évidence hors de lui, et le rendait plus avide à chaque fois.

Les oreilles de l’hyène se redressèrent soudain lorsque des grognements enragés retentirent au loin. Sans perdre une seule seconde, il se précipita vers le centre du territoire de leur meute. Alors qu’il approchait des terriers où étaient campées les femelles, il croisa un congénère.

-Hey.

Il s'approcha du rival. C’était un membre du clan, mais Jude n’avait pas vraiment de sympathie envers les siens, dès qu’il s’agissait de servir ses intérêts personnels. A ses yeux, l’individu valait autant qu’un étranger. Le prédateur ralentit la cadence, prêt à sortir crocs et griffes.

-Il n’y a rien à voir par ici.

D’usuelle, Jude était un animal méfiant. Malgré son orgueil, ses mésaventures passées lui avaient appris à rester sur ses gardes. Il avait été intrépide dès le plus jeune âge, souhaitant assouvir une domination toute trouvée sur sa famille. La témérité de ces années avaient été maintes fois calmées à coups de mâchoires. Ses sœurs avaient été des adversaires de taille. Elles l’avaient malmené, ricané de lui, si bien qu’il avait fini par s’effacer. Il avait tenté de se réaffirmer à l’âge adulte, lors des premières fois où il avait tenté de se reproduire et c’était là qu’on l’avait battu plus férocement. Son corps se souvenait de chaque confrontation : de nombreuses cicatrices marquaient son corps. Les plaies les moins graves avaient été camouflées par son pelage tacheté, mais ce n'était pas le cas partout. Une fois, un mâle avait manqué de le tuer. La mâchoire sur sa nuque avait failli le broyer. Il avait perdu beaucoup de sang à l’époque. Ce duel l’avait longtemps fait taire. Il avait ruminé sa colère, il s’était entraîné sur des proies lors des chasses, individuelles ou collectives.

Jude détestait ses supérieurs. Pour autant, il s’écrasait dès qu’il les croisait, comme les règles sociales le demandaient. Il se trouvait ridicule, pitoyable, et de cela se nourrissait une rage qu’il avait à cœur d’exprimer dès que l’occasion se présentait. S’il ne l’évacuait pas dans la violence, alors c’était dans le sexe. Il savait qu’un jour, d’une façon ou d’une autre, on saurait le reconnaître comme un être respectable.

L’hyène s'approcha davantage de son congénère, le renifla, mais ne le salua pas. Il n’aurait manqué plus que ça ; lui lécher l’arrière-train comme un vulgaire soumis. Non ; celui-ci était un égal. La bête était un mâle et il pouvait profiter de cette insolence sans subir les conséquences regrettables d’une abstinence forcée.

-Les femelles sont à moi.

Il avait faim. Ce jeunot ne l'empêcherait pas d'atteindre son but. Il effectua un tour autour de l'adversaire pour le jauger. Il avait faim. Le poil sur son dos se hérissa légèrement, formant ainsi une crête dorsale, et il montra les dents.

738 mots



Bijin
nastae:
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Andrea
~ Orine ~ Niveau I ~

~ Orine ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 207
◈ YinYanisé(e) le : 31/10/2020
◈ Activité : Andrea : Harpe & Tatouages | Natsu : Danse des épées
Andrea
Dim 09 Avr 2023, 18:21

[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 7 Okag
Edel Orgía Nisqa
Èibhlin & Andrea


Tout est dans le titre.


Mes sens me trahirent dès que ses lèvres caressèrent les miennes. J'en étais honteux mais pendant cet intervalle, ces secondes m'appartinrent et Èibhlin m'appartenu plus qu'aux Ætheri eux-mêmes. Plus tard, je me trouverais des excuses, que c'était leur volonté si mon désir s'aiguisait à son contact, que je ne faisais que mon devoir et qu'il n'y avait jamais eu de place pour l'égoïsme, que je me fourvoyais, trompé par ceux qui se jouaient de moi, qu'il n'avait jamais été question de moi, même si j'avais pu le croire. Je ne m'en offusquais pas, j'avais l'habitude d'être un outil, j'étais même honoré de ces attentions et espérai ne pas provoquer leur courroux en allant à leur encontre. Mais là, alors qu'elle me faisait face et que je prolongeais notre baiser, l'encourageant à s'ouvrir sous les demandes de ma langue, j'oubliais jusqu'à où nous étions. Elle avait le goût de la fumée, capiteuse et un peu âcre, assez étourdissante pour m'y accoutumer et ne jamais m'en lasser.

Les plis durs durcissant sa bouche avaient disparu pour la laisser rieuse et détendue. J'avais toujours souhaité obtenir le pouvoir d'effacer ses contrariétés, d'inviter ceux qui noircissaient ses pensées à partir pour toujours. Parfois, je réussissais à l'arracher pour quelques heures à ses tracas. Aujourd'hui était différent, je devais penser à elle, à tout faire pour la combler, à la différence que je ne le faisais plus pour elle seulement, mais pour Edel également et alors que je me perdais dans les myriades de nos baisers, la vue du pendentif sur ses clavicules quand je me soulevais sur mes bras au dessus de son corps étendu me rappela pourquoi nous faisions ça, son importance cruciale. Cette union n'était pas que charnelle, elle était une offrande.

Mes mains encore huilées glissaient paresseusement sur ses courbes, retraçant les sentiers maintes fois parcourus pour trouver les épicentres qui m'octroieraient le don de ses râles de plaisir. Je l'aidai à se débarrasser de sa robe puis, une main contre sa nuque pour assurer que son visage demeurât près du mien, je plongeai mes yeux dans les siens en infiltrant mon autre main entre ses cuisses. Tendrement, j'initiai un jeu où il était interdit de rompre cet échange visuel. M'appuyant sur les réactions de son corps autant que sur la contraction de ses expressions, j'ajustai habilement le rythme et alternai la pression de mes doigts jusqu'à les glisser en elle au moment que je jugeai approprié. D'autres emprunteraient ce jardin pour convaincre Edel d'y faire germer la vie, aussi pris-je garde à me montrer délicat avec cette terre pour qu'elle puisse recevoir toute la nuit durant sans être drainée de sa vitalité. Je devais montrer plus de retenue qu'habituellement, museler ma passion pour ne pas l'épuiser et les herbes consommées n'aidaient pas à refroidir mon ardeur.

Dès que son souffle se fit irrégulier, je basculai mes mains sur ses hanches pour les soulever et m'emboîter en elle. Un long frisson brûlant me parcouru des tempes jusqu'à mes orteils qui se crispèrent sur les tapis. Je gardai les yeux clos, perdant à mon propre jeu, le front appuyé sur la naissance de sa poitrine afin de retrouver suffisamment de contrôle pour autoriser mon bassin à initier un mouvement lent et régulier. Comme convenu, les autres s'étaient rapprochés et je détachai le haut de mon corps du sien sans cesser mes va-et-vient, ne m'appuyant que sur mes genoux. Leurs paumes de mains étaient couvertes de peintures, principalement roses et blanches. Ils vinrent jusqu'à nous pour tracer sur nos épidermes les symboles qui conduiraient la cérémonie vers sa réussite. Je n'avais rien laissé au hasard.


Ils en profitaient pour aider au coït, aidant mon amante à onduler pour accueillir mes coups de reins en soulevant ses fesses ou en stimulant son plaisir en égarant leurs doigts sur son intimité, m'effleurant au passage comme pour accompagner mon entrejambe dans sa quête. Il y avait plus de mains sur elles et sur moi que je ne pouvais en compter et leur habilité guida mon excitation avec une précision chirurgicale. Tremblant, la sueur s'accumulant sur mon front et entre mes omoplates, je m'appuyai de nouveau sur mes bras et verrouillai mon regard au sien en m'enfonçant une ultime fois en elle pour y répandre ma semence. Malgré mon souffle court, je cherchai à nouveau ses lèvres, la volant encore un peu pour moi avant de laisser la place à d'autres.

Je ne m'éloignai guère ensuite. Les hommes qui se succédèrent la prirent selon les positions que je leur suggérais. Inlassablement, ils l'éveillèrent au plaisir jusqu'à rendre sa voix rauque et sa peau humide de sueur et de fluides. Nous adoptions le même rythme que celui prit par les percussions et les tambours à la limite de mon champ de vision. Des escarbilles échappées du foyer crépitant illuminaient parfois leurs yeux habités par le caractère sacré du rituel.

Quand l'aube pointa, ce fut pour souligner les motifs à moitié effacés sur sa peau. Je les retraçai de mes lèvres, m'imprégnant de l'odeur de son corps, différente après avoir été entre tant d'hommes. J'étais fier d'elle et je le lui montrai en entrant en elle à nouveau, doucement même si la douleur était l'une des contreparties de la cérémonie. Ce n'était pas chose aisée d'être l'élue mais je faisais tout pour que ce soit le moins inconfortable possible pour elle. Je l'avais assise sur moi et soutenais son corps épuisé pour l'encourager dans ce dernier effort. Ses cheveux s'étaient emmêlés, son maquillage brouillé, je la trouvais belle malgré tout, si resplendissante que je sus qu'elle avait été bénie sans avoir besoin de preuve supplémentaire. Cette pensée suffit à me faire venir en elle après seulement quelques allers et venues et je soupirai contre son épaule, satisfait de notre œuvre commune.

Message II | 1036 mots


[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 7 Zzm4
Happy St Valentin  nastae:

Merci Jil  [RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 7 009 :
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Zeryel
~ Ange ~ Niveau I ~

~ Ange ~ Niveau I ~
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Zeryel
Dim 09 Avr 2023, 23:06

[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 7 U392
La Saison des Amours
Lana & Lorcán ; Les oiseaux jardiniers satinés



Tapi derrière l'épais feuillage d'un hêtre aux feuilles sanguines, Lorcán savoure le fruit de son génie. Avec un plaisir non dissimulé, il hume l'air âcre et épais. En l'occurrence, l'arôme de la victoire est celui de la destruction, ce qui est loin de lui déplaire. Quelques mètres plus loin, un incendie très peu accidentel s'est déclaré sur la maison en chantier de son voisin qui cherche à l'éteindre en panique. C'est un spectacle désolant dont il se délecte jusqu'à baisser le nez pour renifler son pourpoint. Avec une grimace en constatant qu'une odeur de brûlé a imprégné le tissu, il déploie ses ailes d'un indigo sombre qui se pare d'éclats bleutés en volant sous le soleil, et s'envole sans bruit pour se hâter chez lui. Si sa victoire est assurée après avoir défait la concurrence - Dimitrov, de l'autre côté de la colline, a subi une suspicieuse invasion de coccinelles affamées qui ont tout dévoré, avant de pondre oeufs et excréments sur les lieux - mais il y a encore des tâches à s'occuper pour embrasser la perfection, des détails à peaufiner, des arrivages de meubles qui ont pris du retard, les moulures dans la salle de bain qu'il faut refaire car non, les feuilles de vigne coulées dans le plâtre ivoire doivent être orientées sur la droite et non la gauche, et autres menus détails qui lui font grincer des dents en s'accumulant. Lorcán est intransigeant, il ne laisse rien passer, mais il sait qu'il n'en faudra pas moins pour conquérir le coeur sévère de Lana et enfin lui écarter les cuisses. Un joyeux foyer embrase son bas-ventre rien qu'à l'imaginer étendue sur l'immense lit recouvert de couvertures moelleuses importée d'autres pays.

Il n'a pas honte de le dire, sa demeure est digne d'un souverain. Peu avare, il a puisé sans compter dans sa trésorerie pour se bâtir une résidence qui saura refléter toute sa gloire et attirer dans son lit de nombreuses partenaires pour d'affriolantes parties de jambes en l'air. Lana est le joyau qui couronnera sa collection, celle qu'il lui faut pour atteindre le faîte de sa renommée. S'il apprécie le coït avec d'autres, c'est de la blanche qu'il rêve ardemment depuis des lunes et des lunes. Devenue une obsession hantant ses jours comme ces nuits, il prit la décision sur un coup de tête un matin de brûler toutes ses villégiatures, les jugeant désuètes, voire même immondes bien qu'elles soient déjà les plus élégantes de la région selon de nombreux yeux experts. Mais ce n'était plus suffisant.

Audace et démesure étaient les maître-mots de son nouveau projet. Il avait mandaté les meilleurs ouvriers, avait payé des montants indécents à des artisans qualifiés pour des fournitures d'une facture si précieuse qu'il osait à peine lui-même y toucher. Par bateau, il avait fait venir des quantités invraisemblables de blocs de marbre immaculé pour garnir son jardin d'un réseau flambant de ponts, de fontaines et de sculptures pour s'y promener lors des beaux jours. Le gazon qu'il y avait fait pousser était aussi doux que la joue d'un nourrisson, les fleurs de couleurs si vivaces qu'on pouvait s'aveugler en les admirant trop longtemps. En atterrissant dans le jardin en question - plus un parc en vérité - il fronce les sourcils et lisse les minuscules plumes parsemant ses pommettes s'étant légèrement déformées par le vol. « Toi ! » Lance-t-il vertement à un jardinier passant, précédé par une brouette chargée de plants de lys. « Qu'est-ce que c'est que ça ? » Articule-t-il d'une voix qu'il peine à maîtriser tant l'outrage lui serre la gorge. L'homme recule d'un pas face à l'humeur ombrageuse de son employeur. « Euh, c'est-à-dire qu'il y a eu une inondation en votre absence. » Le silence de Lorcán est éloquent et le jardinier s'empresse d'ajouter : « On a déjà minimisé les dégâts du côté de la piscine mais c'est vrai que ça a abîmé pas mal de plantes, sans parler des coulées de boue sur le gaz - Messire ? » L'arrête du nez pincée entre deux phalanges, il avait pâli à la mention de boue sur ses terres. « Qui a osé... Non, ça n'a pas d'importance. Les représailles devront attendre. Je vais vous aider pour aller plus vite. De toute façon, mes vêtements sont fichus, ils sont couverts de cendres et je sens l'huile. Je ne suis pas à un peu de terre près. »

Peu après, une domestique accourt de l'intérieur jusqu'au maître de maison qui, les manches retroussées, repousse à l'aide d'un balai magique les odieuses traînées brunâtres sur sa belle herbe émeraude. « Messire ! Messire ! » Les joues rougies par la course, elle freine près de Lorcán qui se tamponne délicatement le front avec un mouchoir. « Qu'y a-t-il encore ? » De mauvaise humeur, il la toise. « Il y a quelqu'un au portail, Messire ! Une femme ! » « Comment ?! Déjà ? » Elle opina doublement aux questions, se tordant les mains nerveusement. Un vent de panique fait tressaillir les plumes sur le visage du roux qui s'abîme dans un funeste silence. Sa tête bourdonne alors qu'il réfléchit à toute vitesse. « Très bien. Tout le monde hors de la propriété, je ne veux voir personne. Sauf toi. Va en cuisine et prépare des rafraîchissements. Mais d'abord, fais entrer Madame pour la faire patienter dans... Emmène-là au patio. Dépêches-toi ! »

Pour sa part, Lorcán s'empresse de rentrer à l'intérieur pour se nettoyer et enfiler des vêtements plus élégants. Le temps lui manque cruellement pour s'occuper comme il le souhaiterait de ses cheveux et il les noue sur sa nuque avec un ruban noir. S'aspergeant d'une brume de toilette à l'orchidée, il prend une dernière seconde pour tracer d'une main habituée un trait doré sur ses paupières pour illuminer son regard noisette. C'est presque essoufflé qu'il arrive enfin au patio et voit la blanche qui se tient dos à lui, près de la verrière. Il inspire profondément pour apaiser les élans de son coeur à sa vue, puis se rapproche. « Ces rideaux ont été tissés avec des ailes de papillons géants du sud du pays. » Annonce-t-il en guise d'introduction. Il attend qu'elle se tourne pour prendre sa main et la gratifier d'un baiser. Sa beauté est saisissante et, muet, il oublie pendant une seconde comment formuler des mots. À ce moment, la domestique surgit, un plateau en argent dans les mains, alourdi d'une carafe en cristal remplie de limonades et d'une assiette de gâteaux. Elle dépose le tout sur une table ovale et s'éclipse discrètement sur un signe silencieux de Lorcán. « Installez-vous. » Il prend lui-même place sur un petit canapé en fer forgé blanc, toute la propriété se décline en plusieurs nuances de blanc, aux lignes épurées. Sa jambe tressaute, trahissant sa nervosité à la place de son expression composée en un sourire avenant. « Je ne vous attendais pas si tôt. Vous êtes aussi cruelle qu'on le dit. » Dit-il, sans que son ton de plaisanterie réussisse à masquer l'irritation dans sa voix. Ce n'était absolument pas comme cela qu'il désirait l'accueillir. Il avait imaginé l'inviter lui-même à son bras à l'intérieur, parsemer tout le chemin de pétales de roses, lui offrir un bouquet et l'inviter pour un tour de la demeure avec, en clou du spectacle, la chambre à coucher.

Message I | 1293 mots


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Dim 09 Avr 2023, 23:25



Unknown

Edel Orgía Nisqa

En duo | Tekoa & Kiara


Coutume : Edel Orgía Nisqa.
RP de Tekoa : Edel Orgía Nisqa | Tekoa.


Le calumet en main, Kiara prit une nouvelle bouffée d’herbes. Elle renversa la tête en arrière pour offrir au ciel son visage peint de blanc, de rose et de bleu, à l’instar du reste de son corps. Cette nuit, un Esprit viendrait habiter son corps. L’enfant de Tekoa ; mais surtout, l’enfant des Ætheri, une nouvelle incarnation de leurs volontés sur ces terres. Durant neuf mois, elle porterait le trésor d’Edel, puis elle le délivrerait au monde pour qu’il accomplît son Destin. Entre les préparatifs, elle avait beaucoup prié pour que les Dieux bénissent de leurs faveurs son utérus et celui de ses consœurs. La jeune femme plongea sa main dans un bol de pigment blanc, et de l’index et du majeur, traça une dernière figure sur son ventre, une forme qui appelait la Vie et l’Amour, qui dessinait déjà pour eux le cocon nécessaire à leur épanouissement. La lune blanche rendait les couleurs presque luminescentes et drapait sa peau d’un scintillement opalescent. Par instant, elle croyait entendre ses mots, dilués dans le chant des étoiles. Elle releva une nouvelle fois la tête : la voûte céleste ressemblait à un vaste océan prit dans le tourment des vents. Les astres dansaient, lascifs. Elle sourit, avant de quitter la solitude des arbres. À quelques mètres de là montaient le battement lourd des tambours. On l’attendait. Les aiguilles des pins craquèrent sous ses pieds nus, puis elle sentit la douceur des peaux de bête les remplacer.

Parvenue au cœur du regroupement, elle céda son calumet à d’autres mains. Son corps se fondit parmi les autres, et elle dansa au rythme des percussions et de la mélodie envoûtante des instruments. Ses bras montaient vers le ciel, étirant les muscles de son corps tendus par un désir de plus en plus lourd, tandis que ses jambes valsaient avec le sable et la poussière que soulevaient les pas de tous les danseurs. Peu à peu, la blanche se défit de ses rares vêtements. Ils chutèrent vers le sol et disparurent, comme avalés par la terre. Elle but, mangea et fuma encore ; jusqu’à ce que la nuit ne fût plus qu’un immense tout ponctué de lumières et de formes adoucies. Les volutes des bâtonnets d’encens embrumaient l’air. Des mains coulèrent sur elle, huilant son envie pour la rendre plus puissante encore. Elle échangea des baisers, des caresses, des étreintes ; tous ces gestes qui honoraient les Ætheri et préparaient l’acte culminant de cette nuit. Quelqu’un la prit par le bras et l’informa qu’il était arrivé. Elle quitta le petit groupe spontanément formé près de l’un des feux, et suivit la direction qu’on lui avait indiquée, droit au cœur de la fête.

Lorsqu’elle le vit, elle s’arrêta. Son bas-ventre réagit violemment à cette vision. Il s’enflamma, prêt à faire chauffer en lui les forges de la conception humaine. Elle le désirait en elle. Elle voulait sentir les promesses de la vie s’infiltrer entre ses jambes. Pourtant, il lui faudrait encore patienter quelques instants. Défaisant ses mains des siennes, la jeune femme les passa dans son dos, qu’elle caressa doucement – qu’elle ne fit presque qu’effleurer. Ses doigts s’arrêtèrent contre les bords du pagne qu’il portait. Les yeux dans les siens, elle le détacha, le tira sur le côté et le laissa tomber à côté d’elle. Autour d’eux, les danseurs formaient un cercle aux contours épais, dans lesquels les corps se confondaient. Un cercle de Vie, un appel au Cycle et à son renouvellement. Ses paumes frôlèrent les côtes de Tekoa pour revenir sur son torse. Sa peau sombre était chaude. Elle releva les yeux vers les siens, d’ordinaire si verts et ce soir étincelants d’obscurité. Une main remontée sur sa nuque, elle l’attira vers elle pour l’embrasser, avant de le repousser avec délicatesse. « Allonge-toi. » lui souffla-t-elle. Ses iris ne le quittèrent pas, captivés par les mouvements de ses muscles, les reflets de la lune sur sa peau, le désir brandi entre ses cuisses. L’envie la brûlait. Dès qu’il fut au sol, elle se positionna au-dessus de lui, puis s’agenouilla. Elle s’inclina ; le collier de perles posé contre son cou bascula dans le vide, seulement tenu par sa nuque. Ses lèvres retournèrent chercher les siennes, puis elle fit lentement glisser son bassin vers le sien. Un soupir de soulagement franchit ses lippes. Elle se redressa et se mit à se mouvoir, avec une lenteur calculée. Cette cérémonie était essentielle, cruciale ; elle voulait pouvoir tout ressentir avec acuité. Les drogues qu’elle avait prises l’y aidaient grandement. Tout son épiderme vibrait d’une sensibilité exacerbée. D’autres femmes s’approchèrent du couple, dansant, effleurant, touchant. Le souffle de Kiara se mêla aux instruments, jusqu’à ce que sa voix, fiévreuse, ne se joignît aux chants.



Message I – 785 mots


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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 10 Avr 2023, 17:16



Unknown

Edel Orgía Nisqa

En duo | Leigh & Priam


Coutume : Edel Orgía Nisqa.
RP de Leigh : Edel Orgía Nisqa | Leigh.


La réalité s’était évanouie dans des vapeurs sibyllines. Priam inspira. L’air chargé de fumée lui brûla les poumons. Il n’avait pas besoin de se demander où il était. Le Monde des Rêves avait cette saveur étrange, fade et piquante à la fois ; le souffle du feu ou la gifle de la glace. Il éprouvait les sensations de son corps d’une façon particulière ; l’acuité de ses sens oscillait entre un état trouble et une hypersensibilité exacerbée. La brise soufflait sur sa peau nue, plus fraîche là où son corps avait été peint de blanc et de rose. Il tendit ses bras devant lui, admirant le travail qui avait été exécuté. Jamais il n’avait vu de telles peintures ; pourtant, elles rappelèrent aussitôt un souvenir à sa mémoire. Lorsqu’il avait retrouvé sa sœur, après avoir quitté Lumnaar’Yuvon, elle lui avait parlé d’un voyage en bateau qui les avait menés, elle et ses compagnons, sur une île étrange où des gens déambulaient le corps peint de couleurs et de symboles insaisissables. Depuis, plus jamais il n’avait été refait mention de cette mystérieuse peuplade devant lui. Il pouvait être chez eux, ou ailleurs. Le Monde des Rêves ne s’embarrassait que rarement des lois et des vérités qui contraignaient la réalité. Ici, tout était possible. Le potentiel des lieux ne lui échappait pas ; il le transperçait à chaque mouvement qu’il effectuait. Pourtant, il ne comprenait pas encore les mécanismes qui régissaient cet univers. Il n’était, pour le moment, pas capable de les faire jouer en sa faveur. Il avançait à tâtons, trébuchait, tombait ; au cœur de son propre sommeil, il avait tout du nouveau-né. Parfois, il essayait de résister. Il tentait de nager à contre-courant, convoquait toute sa volonté pour se débattre dans le creux de cette réalité alternative ; mais il se heurtait toujours à cette implacable barrière, à ce ru qui canalisait le flux de ses envies pour qu’elles suivissent, bien malgré elles, ce qui avait été tracé pour lui. Ces derniers temps, il avait cessé de lutter. Où qu’il allât, ses cauchemars le poursuivaient. Alors, il s’abandonnait à eux. Le lendemain, il n’en restait que des draps imprégnés de sueur, des paupières fatiguées et des muscles tendus. Quant aux mauvais rêves diurnes, ils ne le quittaient jamais tout à fait non plus. Il baignait dedans, à demi noyé.

La clarté de la nuit céda la place à une ambiance tamisée. Une forte odeur d’encens imprégna ses narines. Des femmes nues se mouvaient lascivement, dansant debout ou répandues à même le sol. Dès qu’elles le virent, elles se redressèrent. Il n’avait pas besoin de se questionner sur le but du rêve. Il était inscrit en lui. Il devrait toutes les prendre. Ce n’était pas une question purement sexuelle ; le sexe n’était qu’un moyen mis à leur disposition par les Dieux – les Ætheri. Il s’agissait de les honorer et d’honorer la Vie. Les valeurs qui régnaient le transcendaient. On lui tendit une outre, dont il but le contenu sans rechigner. Les drogues plongèrent dans son organisme et infusèrent presque aussitôt. Dans les songes, tout allait toujours plus vite. Il suffisait de s’abandonner. L’Ange regarda la silhouette qui se détachait des autres femmes. Il la connaissait. Leigh Dogma. Démone, participante à la Coupe des Nations sorcière, épouse d’Elias Salvatore. Fallait-il rire, pleurer ou hurler ? Un mince sourire étira le coin de sa bouche ; l’ironie de la vie était parfois difficile à savourer, et c’était apparemment aussi valable pour celle du sommeil. Pourtant, il avança. Il la laissa poser ses mains sur ses épaules, il regarda le bandeau rougi de sang qui barrait ses yeux, et le vermeil qui teintait peu à peu ses joues. Le parfum ferreux contaminait jusqu’à sa langue. C’était répugnant, mais il ne dit rien, il ne fit rien. Il pensa vaguement à celui, celle ou ceux qui contrôlaient cet endroit, il pensa vaguement à la détestation qu’il éprouvait à leur encontre. Il les détesta d’avoir imprimé dans sa mémoire des souvenirs qui n’avaient rien de réels et qui lui dictaient que, dans ce songe comme dans la réalité, la Démone et lui s’exécraient. Il n’existait pas de monde où ils se supportaient, mais il en existait des milliers où ils se fondaient l’un dans l’autre. Le Bien et le Mal étaient toujours reliés, toujours mêlés, jamais séparés. Sans l’un, on ne distinguait pas l’autre. Il l’avait en horreur, et pourtant, il la désirait. Ses mains s’accouplèrent aux formes de sa peau, ses lèvres s’échouèrent contre les siennes. Il y avait dans cette étreinte une évidence malsaine. Peut-être que c’était juste ça, peut-être qu’il n’avait plus d’autre alternative que de plonger dans la gueule béante du Mal.

Il porta le calice à sa bouche, et laissa le sang couler dans sa gorge. Son goût raviva des images de la guerre ; des instants d’horreur durant lesquels il avait fait claquer ses puissantes mâchoires autour des chairs, des muscles et des os. Parfois, il était monstrueux, et il l’oubliait. Il ne s’en rappelait qu’en rêve. Le Loup se laissa entraver. Que changerait cette chaîne face à toutes celles qui le retenaient déjà ? Il n’avait plus peur des espaces clos ; il avait fait de sa vie une prison. De sa main libre, il jeta le gobelet. Le monde était flou. Peut-être à cause de la drogue, peut-être à cause de l’abandon. Peu importait. Il se laissa tomber sur les coussins. Par instant, entre les volutes de fumée et les battements de ses paupières, il croyait discerner le visage d’Aliénor. Il disparaissait toujours, pour dévoiler le regard bandé de Leigh et, derrière le tissu, la béance sanguinolente où se trouvaient autrefois ses yeux. « On s’appartient toujours un peu, c’est inévitable. » souffla-t-il à retardement, une fois en elle, une main attachée et l’autre munie d’un couteau. « Je ne serais pas moi si tu n’existais pas, et tu ne serais pas toi si je n’étais pas là. » Il expira. Son corps répondait à toutes les sollicitations de sa partenaire. Sa main armée remonta sur sa hanche et s’y tint, sans lâcher la lame. Il ferma les yeux. Il pensa à ses ancêtres ; des siècles auparavant, des Anges et des Démons s’étaient unis, et de leurs coïts étaient nés des Réprouvés. Certains clamaient que cette version était erronée. Ils vivaient une époque troublée, au cœur de laquelle les identités se confrontaient. Quand les élans venaient du cœur, aucune conciliation n’était possible. Il rouvrit les yeux et pressa le couteau contre l’épiderme de Leigh. Son tranchant traça une ligne carmine sur sa fesse. Ses prédécesseurs avaient-ils ressenti ça ? Cette complétude dérangeante que provoquait l’accouplement avec un Démon ? Un rire remonta dans la gorge de l’Ailé. Les beaux préceptes des Anges lui paraissaient bien lointains. Ne comprenaient-ils pas ? N’avaient-ils donc jamais compris ? Ou feignaient-ils d’être aveugles ? D’un geste vif, il trancha le lien qui retenait son poignet, se coupant au passage. Puis il attrapa la maîtresse de cérémonie par les hanches et inversa leurs positions. Sa main droite remonta les siennes au-dessus de sa tête et les y maintint, tandis que l’autre faisait glisser l’arme entre ses seins. « Tu crois qu’on est destinés à toujours vouloir s’entretuer ? » demanda-t-il, avant de replonger en elle. Il aurait pu lui sectionner la carotide ou lui planter le canif dans le cœur. Le rêve l’en aurait peut-être empêché pour ensuite le forcer à répondre à ses caprices. Était-ce cela, qu’il souhaitait ? Les voir se fondre l’un dans l’autre, mêler son ombre à sa lumière ? Il plia le coude au-dessus de son épaule pour continuer à tenir ses mains, tandis que son autre avant-bras prenait appui à côté d’elle. Son visage s’enfonça dans le creux de son cou. Son odeur se confondait dans celle de l’encens et de la fumée. Il la lécha, puis la mordit. Le goût du Mal n’était pas très différent de celui du Bien.



Message I – 1327 mots

Je vais lui prendre rdv chez le psy pour traiter sa déprime, promis.




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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 10 Avr 2023, 22:39



Unknown

La Saison des Amours

En duo | Lucius & Yngvild


Note : J'ai voulu faire une parade nuptiale de Dragon de l'Ombre vs Dragon de la Lumière, mais ça ressemble aussi beaucoup à une parade nuptiale de Réprouvés, alors c'est un peu violent et vulgaire.

Coutume : La Saison des Amours.


« Franchement, je crois que tu ferais mieux d’assouvir tes pulsions et de le chevaucher une bonne fois pour toutes. Ça t’évitera de te faire rétamer à chaque fois que t’es en chien. » - « J’ai pas de pulsion, je suis pas en chien, et je vais le battre. Tu me prends pour qui ? » Dastan ricana. Yngvild serra les poings, les sourcils froncés. « J’ai ni peur ni envie de ce trou du cul. Il peut se la péter autant qu’il veut avec ses écailles bourrées de paillettes, ça reste une mauviette que je vais dégommer d’un coup de griffe. » - « Va falloir te les aiguiser, alors, parce qu’il est sacrément costaud, le bestiau. » - « Tu dis ça parce que t’aurais trop la honte que je le batte alors que toi, la dernière fois, t’as perdu. » - « Je l’ai laissé gagner. » - « Non, t’as perdu parce que t’es mauvais. » Elle se leva. Il fit de même et, plus rapide, l’attrapa par le col. « Répète un peu pour voir, morveuse. » - « T’as perdu parce que t’es mauv- » Le coup de poing qui s’éclata sur son visage propulsa son esprit au pays des étoiles. Elle se sentit voler, très brièvement, juste avant de tomber avec fracas parmi des cagettes en bois. La rousse se redressa lentement, se débarrassant des débris et de la poussière qui la recouvraient. Son regard vert, furibond, se planta sur son frère. « Je vais te défoncer. » vociféra-t-elle en se relevant. Il rigola. Il rigolait tout le temps – c’était insupportable. « Je deviendrai Pandṓra à sa place. » Son aîné, un sourire moqueur plaqué sur sa tête de con, souffla par le nez. « Franchement, ce serait criminel. On pourrait plus faire autant de blagues. » Elle plissa les yeux. « Vous aurez qu’à le vanner en lui disant que maintenant, ça va être à son tour de se faire chevaucher par Kaahl. » Lorsque Lucius avait accédé au rang de Pendragon, les Dragonniers lui avaient offert un œuf nommé Kaahl. Il n’y avait qu’en chevauchant le dragon qui en sortirait, prétendaient-ils, qu’il pourrait être un vrai Pendragon. Depuis, les plaisanteries à ce sujet n’avaient cessé de s’amonceler. On aurait pu en écrire tout un recueil. « Mouais… Je pense que la seule chose que chevauche Kaahl, c’est Freyja. Tu crois qu’on devrait offrir une femelle qui s’appelle Freyja à Kaahl ? » - « T’es con. » grogna-t-elle, sans pouvoir retenir un sourire. Elle revint près de la table, attrapa sa chope, en prit une grande rasade, puis balança le reste à la figure de Dastan. Pendant qu’il s’insurgeait, les yeux brûlants, elle sauta par la fenêtre de leur habitation, prit sa forme de dragonne et s’envola.

Elle n’alla pas très loin. Lucius était chez lui. Sans aucune délicatesse, elle se posa sur le toit de sa maison accrochée au flanc d’une falaise dans un équilibre tel qu’il semblait impossible qu’elle tînt à la roche et ne fût pas déjà écrasée en contrebas. Sous son poids, la toiture soupira quelques craquements, mais ne se désagrégea pas. Elles étaient conçues pour les supporter. Après avoir levé sa longue queue noire, elle l’abattit sur la porte, plusieurs fois, et fort. Elle aimait bien faire trembler les murs. Soigner ses entrées, de sorte à ce qu’elles fussent fracassantes. Tordant son cou, la reptile amena son œil émeraude, pourvu d’une unique fente, contre l’une des fenêtres. Il était bien là. Elle le voyait très clairement, cette petite merde en boîte. Il n’avait visiblement pas l’intention de sortir. Elle gronda et heurta encore la porte ; l’absence de réponse la fit claquer des mâchoires. D’un coup de griffe, elle perça la vitre. Aussitôt, elle retrouva sa forme humaine – au détail près qu’elle avait gardé ses deux ailes, en taille réduite – pour s’engouffrer par la brèche. « Paiberym ! » lança-t-elle, dans son dos. À travers son vêtement, elle devinait sa musculature. Elle avait hâte de planter ses crocs dedans. « Je te défie. » Autour d’elle, les ombres s’étirèrent. Vives et voraces, elles vinrent danser le long de celle du brun, sans oser la toucher. Elles se préparaient pourtant à l’assaut ; les ténèbres d’Yngvild ne pouvaient pas s’empêcher de bondir sur la lumière de Lucius. Il devait avoir l’habitude, maintenant. À chaque fois qu’elle était en chaleur, c’était le même scénario : elle voulait agrandir son territoire, accroître sa puissance, et s’en prenait toujours à plus fort qu’elle.



Message I – 754 mots




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Maximilien Eraël
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Maximilien Eraël
Mar 11 Avr 2023, 16:38


Le jeu du mariage
Eiko & Aurel

Aurel riait auprès de l'un des Magiciens présents. Cernés de toutes parts par leurs prétendantes, chacun y allait de son commentaire sur le jeu. Quel ruban ils désiraient ou s'ils préféraient laisser faire le hasard — quelques-uns affirmaient que les couples les plus solides étaient ceux unis par le hasard du destin, et non par la volonté des êtres. Le jeune baron ne niait pas totalement cette affirmation. Le destin avait eu son rôle dans sa rencontre avec Eiko, c'était une certitude. Mais il était également certain qu'aucune autre femme ne ferait battre son cœur comme elle. Il l'avait trouvé belle déjà quand ils étaient enfants. Le temps avait passé, et ce sentiment était toujours aussi fort chez lui, et même plus encore. Ce n'était d'ailleurs pas passé inaperçu. « C'est curieux que tu ne te sois pas tourné vers une demoiselle de ton rang. Ou même que ton paternel l'ait autorisé. » commenta Justin, à ses côtés. « La plupart du temps c'est comme ça que ça se passe chez les familles de rang noble. » ajouta-t-il en posant son regard sur chacune des dames présentes. Sa promise s'y trouvait elle aussi. Il n'était pas sûr de l'aimer cependant. « Que mon père m'ait autorisé ? » répéta-t-il, effaré. « Ce serait particulièrement hypocrite de sa part de ne pas m'autoriser à préférer Eiko à une héritière au sang bleu. » répondit-il, nonchalant, en haussant les épaules. Probablement l'aurait-il haï de tout son être s'il avait osé. Un mouvement dans son champ de vision détourna son attention du Magicien. En se tournant vers cette nouvelle présence, son visage s'illumina. En même temps son cœur se mit à battre bien trop vite, tant qu'il craignait qu'il ne s'extirpe de sa poitrine. Retrouver son aimante était une raison à cet affolement, la principale étant surtout la faveur qu'il désirait lui demander. Inconsciemment, il glissa une main dans la large poche de sa veste longue, s'assurant pour la centième fois que le coffret s'y trouvait toujours caché. « Trois. » fit-il d'abord. Juste assez pour la laisser s'éloigner tout en la gardant proche de lui. Puis il observa les dessins qui lui étaient offerts. Il n'eut pas à réfléchir, ni même à hésiter. « Celui-ci. » indiqua-t-il de l'index le moineau. Son corps explosa de bonheur à la révélation de la brune. Il n'en montra rien toutefois, illustrant ses états d'âme d'un large sourire tandis qu'il gardait les yeux rivés sur l'Orine.

L'appel fut proclamé et tous revinrent à leur position initiale. Aurel ne quitta cependant pas la silhouette de sa moitié des yeux, un rictus espiègle répondant à son défi. Bien sûr qu'il allait l'attraper. C'était pour cela qu'il était là aujourd'hui. Pour elle. Le premier départ fut lancé, faisant disparaître les demoiselles dans le labyrinthe. Alors seulement après on autorisa les adolescents à les retrouver. Aurel s'élança dans le couloir qu'avait emprunté Eiko au pas de course. En cela, le vêtement Magicien n'était pas des plus pratiques pour ce genre d'activité. Il était bien trop étriqué. Il suffit de cette pensée pour que son habit de soie ajusté ne cède sa place à un sherwani émeraude et un pantalon simple bien plus amples. Cela ne l'empêcha pourtant pas de se retrouver perdu et incapable de savoir quel chemin emprunter quand il se retrouva face à un carrefour. Les trois pistes proposées avaient pour ainsi dire tout d'identique. Rien ne différenciait l'une des autres et aucun indice ne pouvait l'aider à trouver le chemin qu'avait emprunté la brunette. Alors le roux s'arrêta, les lèvres pincées. Il attarda longuement son regard sur chacune des routes, se décidant à l'instinct sur celle à emprunter. C'était ce genre d'événement que l'on nommait "hasard du destin", des points de décisions dans la vie qui ne relevaient d'aucune logique ni aucune réflexion poussée. Des décisions prises uniquement parce que l'on sentait ou non qu'il fallait y aller. Il prit ainsi le chemin de droite, s'enfonçant entre les haies uniformes. Heureusement que le labyrinthe était à ciel ouvert. Il y avait de quoi perdre toute notion du temps ici.

Au détour d'un chemin, alors qu'il se dirigeait vers un nouveau croisement, une vive lumière attira son attention. A hauteur d'homme, une sphère brillante flottait dans les airs. Il n'osa pas s'approcher plus. Pas par crainte ou par méfiance. Cette sphère lui inspirait, au contraire, totalement confiance. Elle était tel le soleil du Désert, plus petit, moins ardent, mais tout aussi chaleureux. Il craignait justement qu'elle ne disparût à son approche. Il y avait des beautés de la nature que la magie pouvait créer mais qu'il ne pouvait toucher sans craindre qu'elles ne s'effacent sous l'effet de son anti-magie. Dans l'hésitation, il demeura là, immobile et silencieux. Légèrement contrarié aussi. Il ne voulait pas faire disparaître ce curieux objet. Il lui bloquait néanmoins le chemin et l'empêchait d'avancer plus à la poursuite d'Eiko. A nouveau il ne put que se décider selon sa conviction profonde, et préféra mettre un terme à l'existence de l'objet lumineux plutôt que perdre son âme sœur. Néanmoins, et à sa surprise, il ne se passa rien. La sphère demeurait et, plus encore, sembla s'animer lorsqu'Aurel passa à côté. Elle voleta un instant autour du rouquin qui s'arrêta, observant l'objet avec curiosité et fascination. Il tendit la main en sa direction mais, à quelques millimètres de ses doigts, le petit soleil s'enfuit, le devançant dans l'un des deux chemins. Une nouvelle fois il hésita, avant de prendre la décision d'emprunter la même route. Quelque chose lui soufflait que cette petite sphère ne désirait pas son mal, bien au contraire.

Sa route le mena à un immense château, de ceux qui n'existaient normalement que dans les Contes de Fæs. Ce fut là que la sphère l'abandonna, à l'intérieur du palais, tandis qu'elle pénétrait les rayons lumineux que laissait passer la coupole de verre où elle se volatilisa. Alors le jeune Baron s'arrêta, observant plus attentivement les lieux. Sans sa guide, il devait faire à nouveau appel à son propre instinct. Ce fut cependant le bruit des talons sur la pierre des escaliers qui lui indiqua le chemin à suivre. Le temps de rejoindre l'escalier, il ne put que discerner le pan de la robe de la demoiselle. Ça lui suffit. Un sourire prit naissance sur ses lèvres, et il se hâta d'escalader les marches pour retrouver celle qu'il savait être Eiko. Prêt à l'appeler, c'est plutôt une exclamation surprise qui lui échappa lorsque, à peine arrivé dans la pièce, sa vue se trouva obstruée de quelques objets duveteux. Passant une main pour s'en débarrasser — sans succès — il devina qu'il s'agit de plumes. Comprenant qu'il devrait faire sans les yeux, il commença à suivre les pas qui résonnaient sur le carrelage, mais rapidement s'arrêta en entendant la voix qui l'appelait. Ce n'était pas Eiko. Avait-il fait erreur en voyant la robe, plus tôt ? C'était impossible. Une autre voix parut. Puis une autre encore. Son cœur s'emballa. Parmi elles, il ne trouvait pas sa moitié. Serait-il incapable de reconnaitre sa voix au milieu d'un brouhaha comme celui-ci ? Non, ça non plus ce n'était pas possible. Ou alors il ne méritait pas de partager sa vie avec elle. Un nœud se forma dans sa poitrine, causé par un doute croissant et la crainte de ne pas trouver celle qu'il désirait, au risque de devoir reporter sa demande. Il ne fallut que d'une seconde pour que le poids qui avait commencé à lui peser s'envole, tel l'oiseau libéré de sa cage. Le claquement des mains et une tessiture trop familière pour qu'il l'ignorât en furent la clé. D'un pas lent, il s'avança en sa direction, guidé par les appels de l'Orine. Après un certain nombre de pas, il tendit une main en avant, jusqu'à sentir le contact de la robe sous ses doigts. À partir de là, il posa les mains sur la taille d'Eiko comme il colla son front au sien. Un sourire brillait sur son visage. Oui, c'était elle. Il n'y avait aucun doute à ce propos. Il n'écarta le visage que lorsque la vision lui fut rendue, pouvant enfin caresser des yeux les traits délicats de la brune. « Et j'ai réussi à t'attraper. » répliqua-t-il sur le ton de la connivence. Un frisson doux suivit le tracé des doigts de l'Orine dans sa nuque. Dans une caresse dans son dos, il remonta sa colonne vertébrale, ne détachant sa main qu'au contact de ses cheveux afin de s'emparer de son dû. Ce fut un nouvel échec. Une moue intriguée accompagna ainsi le refus de la brune avec une question pointant dans sa tête. Pourquoi ? « Un présent ? » s'étonna-t-il avant de voir ce dont il s'agissait. Une flamme de nostalgie l'envahit alors. Le bijou lui faisait l'effet d'un artefact à remonter le temps. Il y retrouvait cette époque où ils vivaient dans l'innocence, loin des problèmes des adultes, où il n'y avait rien de plus important que le jeu et le rire. Où même Segmaë n'était qu'un immense terrain de jeu. « Merci. » fit-il doucement en baissant la tête et les épaules, lui donnant libre accès à sa nuque. C'était pour cela qu'il ne se voyait pas aimer une autre qu'elle. Pour des petites attentions comme celle-ci, les rappelant à tout ce qu'ils avaient vécu ensemble.

Il répondit à son invitation à voler son ruban d'une expression amène. Par des gestes délicats, il s'affaira à défaire le nœud emprisonnant sa chevelure. Il aimait lorsqu'elle avait les cheveux détachés ainsi. Ils étaient si beaux. C'est avec une fierté volontairement exagéré qu'il répondît à ses félicitations, portant les poings sur ses hanches et bombant le buste. Une posture qu'il ne tint pas longtemps, prit d'un rire tandis qu'il se visualisait la posture ridicule dans laquelle il se présentait. Un rire nerveux également, quand arriva le moment fatidique. Il était certain de son choix. Il n'avait aucun doute quant à la faveur qu'il souhaitait lui demander. Mais, et même s'il doutait que cela arrive, une infime part de lui, suffisante néanmoins pour ébranler sa conviction, avait peur qu'elle ne le reçoive pas comme il le désirait. Il se calma et inspira longuement, puis expira de même pour se donner la force de se jeter à l'eau. « Très bien. » se motiva-t-il avant de poser genou à terre. Il tendit la main pour se saisir de celle d'Eiko. « Hayun. » commença-t-il, beaucoup trop stressé. Il avait eu raison de ne pas vouloir partir dans l'improvisation pour sa demande. Il aurait été incapable d'aligner trois mots correctement. « Il y a un souhait que je nourris et que je ne peux taire plus longtemps : celui de te voir partager ta vie avec moi. ». Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il était certain qu'il allait éclater s'il ne se dépêchait pas. « Alors — il relâcha Eiko pour ouvrir l'écrin, dans son autre main, dévoilant le Qiran en son sein — acceptes-tu de t'unir à moi, de partager nos joies et nos déceptions, nos réussites et nos échecs ? ». Il dût prendre une nouvelle longue inspiration pour conclure. « Me ferais-tu l'honneur de devenir ma femme ? ». Tout son corps était dans une tension telle que, même immobile et au sol, il avait l'impression d'être au bout de sa vie. Si ce n'était si important pour lui, peut-être se serait-il même déjà évanoui. Son épuisement s'envola en une nuée d'oisillons à la confirmation d'Eiko. Il n'avait s'agit que d'un mot, le plus basique qui puisse exister. Jamais un mot ne le rendit plus heureux que celui-ci cependant. Les yeux brillants, tant de joies que d'un stress enfin évacué, il se leva d'un bond puis accrocha le bijou au cou de sa fiancée. À présent, il inondait d'une énergie telle qu'il était prêt à courir le marathon à présent. Il n'en serait rien pour l'instant. À la place, il s'effondra au sol sous le poids de la brune se jetant sur lui. Il en fut plus amusé qu'autre chose. Il débordait trop de joie pour qu'aucun sentiment négatif ne l'atteigne. « Je ferais tout pour. » répondit-il dans un souffle, un sourire lumineux au visage, avant enlacer pleinement l'Orine contre lui. Il ferma les yeux, se laissant bercer par la respiration d'Eiko. Oui. Jamais il n'y aura un jour plus heureux que celui-ci. Sauf celui du mariage peut-être. Assurément, même.
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Mar 11 Avr 2023, 22:17



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Le Rêve qui ensauvage
Wouaf wouaf Freyja


Je sortis de chez moi en trombe, trop pressé pour maintenir un rythme normal. Une fois passé le portail, les odeurs de la rue s’imposèrent avec force. C’était une belle journée. Le soleil brillait et plusieurs promeneurs profitaient de l’instant pour fureter à la recherche d’aventures. Avec un peu de chance, une fois que je serais arrivé au parc, je trouverais quelqu’un pour jouer avec moi. C’était toujours agréable de se dépenser, de courir après une balle, de l’envoyer à son tour et de recommencer.

Au détour d’un chemin, j’examinai un poteau avec attention. Ils m’avaient toujours fasciné. Je lus la petite annonce qui s’y trouvait. Apparemment, quelqu’un avait perdu son chat. Une adresse était indiquée, au cas où une bonne âme l’aurait trouvé. Je n’avais rien contre les chats mais ils avaient cet air hautain qui les rendait peu accessibles. Surtout, dès que je voulais jouer avec eux, ils se mettaient à feuler. Je n’aimais pas que l’on me crache dessus. Je soupirai, en espérant quand même que quelqu’un retrouverait Minouche.

Le problème des poteaux, c’est qu’ils me donnaient souvent envie d’uriner. Je dus donc faire une escale aux toilettes publiques avant de reprendre mon chemin initial. Cette fois, rien ne me détournerait de mon objectif !

Quelques minutes plus tard, pourtant, j’étais en train de faire la queue devant une boulangerie. J’achetai des saucisses fourrées dans du pain. Je n’aimais pas trop la moutarde alors j’avais précisé qu’il n’était pas nécessaire de m’en mettre beaucoup. Quoi de mieux que deux bonnes saucisses pour bien commencer la journée ? Une c’était un peu léger, surtout que j’avais l’intention de me dépenser ensuite.

Je pensai à la veille, lorsque j’avais rencontré deux autres hommes. L’un d’eux était un peu territorial et le jeu avait tourné court. Je me demandais vraiment pourquoi certains se pensaient obligés d’avoir des revendications. Ne pouvaient-ils pas simplement vivre leur vie et profiter ? À quoi bon vouloir avoir la plus grosse maison, la plus belle femme, le plus d’enfants, la plus immense fortune ? Pour s’en vanter ? Pour empêcher les autres d’accéder aux mêmes privilèges ? Pour se sentir exister ? Personnellement, j’étais heureux avec le soleil et mes deux saucisses. Dommage que je ne puisse pas uriner sur les poteaux. Ça aurait été génial, génial mais indécent.

Une fois que j’eus fini de manger, je me relevai du banc sur lequel je m’étais assis. Je n’aimais pas trop manger en marchant. Surtout, j’aimais bien observer les gens. Beaucoup me trouvaient attirant et je récoltais souvent quelques caresses. La gêne n’étouffait pas ceux qui me les prodiguaient en pleine rue. Cependant, j’adorais qu’on me touche : le torse, le dos, la tête, les joues et aussi en-dessous de la ceinture mais il y avait des limites quand même. Pas en public.

Quand je fus enfin au parc, mon regard se perdit une seconde sur le lac. Les deux espaces se jouxtaient et j’adorais l’eau. Ni une ni deux, je décidai de me jeter à l’eau après avoir quand même pris le temps d’enlever mon pantalon et mon haut. Le contact fut comme une bouffée d’air frais supplémentaire et, une fois la tête hors du liquide, je me mis à observer les cygnes. Je les avais toujours trouvé un peu étranges. Ils étaient une véritable source de distraction et me rendaient curieux. Que se passait-il dans leur tête ?

En nageant, je m’approchai. Je savais que c’était une mauvaise idée mais avais du mal à me contrôler. L’animal siffla, mécontent qu’un patapouf dans mon style dérange sa grâce princière. Je lui tirai la langue, sans pour autant oser le rejoindre. Il ne valait mieux pas. Une fois, l’un d’eux m’avait pincé. Ça faisait mal.

Lorsque je sortis de l’eau, je secouai mes membres. Mes yeux partirent d’un même temps à la recherche d’une personne ou deux de ma connaissance. Pour jouer, il fallait des copains. Au moins un. Tous mes sens en alerte, je finis par fixer une silhouette plus loin, allongée au soleil. Un grand sourire illumina soudainement mon visage et, encore trempé et en sous-vêtement, je me mis à courir dans l’herbe verte du parc. Les muscles de tout mon corps étaient sollicités. J’aimais aller vite.

Ce fut à toute berzingue que je rejoignis ma cible. Je tournai autour d’elle quelques secondes, afin de lui faire comprendre gentiment la suite, avant de m’affaler sur sa nappe, à moitié sur elle.

« Bonjour ! »

Le ton était enjoué.

« Je t’ai vue et j’ai eu envie de venir te voir. »

Elle sentait bon, trop bon.

« Tu veux qu’on joue ensemble ? »

C’était amusant parce que je n’avais plus tant envie de jouer. Je pris sur moi pour garder l’illusion intacte. Si on jouait, on chahuterait. Et si on chahutait, on pourrait peut-être faire plus.

797 mots


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Miles Köerta
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Miles Köerta
Ven 14 Avr 2023, 05:32



« Pa’, je peux te poser une question?

- C’est par rapport à la chasse au moins?

- … Non?

- Et ça ne peut vraiment pas attendre qu’on ait terminé?

- … C’est important? »

Mon père s’était alors détourné de la surface de l’eau pour converger la totalité de son attention dans ma direction. Je me rappellerais toujours de ce regard qu’il m’avait lancé, rempli de questions et d’incrédulité. La méfiance avait assiégé les traits de son visage et j’avais aussitôt compris qu’il me faudrait ruser pour endormir les doutes naissants de sa conscience. Enfin, « ruser » était un grand mot; un grand mot pour l’indécis que j’avais toujours été. Il serait alors plus juste de rectifier la phrase en ces mots : j’avais aussitôt compris qu’il me faudrait essayer de le duper. Ce qui était très mal parti pour le moment. Pourtant, malgré la perplexité de ses pensées, il avait fini par céder à ma requête, laissant filer sous notre nez le poisson que nous étions en train de lorgner depuis un certain temps.

« Très bien. Je suis tout ouïe. De quoi s’agit-il?

- Tu promets de pas rigoler? »

Si les doutes s’étaient de plus en plus ancrés à l’intérieur de son crâne, il ne m’en avait rien dit et il n’en avait rien laissé paraître non plus. Au lieu de quoi, il m’avait plutôt pressé de lui poser ma question, histoire que nous reprenions rapidement notre traque, là où nous l’avions laissé

« Promis.

- Tu l’jures?

- Je l’jure. Crache le morceau maintenant.

- … Comment tu as séduit Ma’? »

Cette fois, j’avais l’impression que ses yeux allaient sortir de leur orbite, mais une milliseconde plus tard, et ses pupilles s’étaient acérées, avaient commencé à me scruter, s’étaient mises à me transpercer. À cet instant précis, c’était comme si mon père avait cherché à pénétrer mon esprit, à effleurer chacune de mes plus terribles pensées. Et pourtant…

« Quoi? »

Sur le moment, son exclamation m’avait paru sincère; sincèrement confuse, oui. Même si l’idée de devoir me répéter me tuait de l’intérieur, j’avais fini par prendre une grande bouffée d’air pour réitérer cette toute nouvelle curiosité sur le bout de mes lèvres.

« Comment. T’as fait. Pour. Séduire Ma’?

- Et pourquoi ça t’intéresse, tout à coup? »

Je compris alors qu’il se fichait de moi; qu’il devait se ficher de moi. Il n’y avait aucun moyen pour qu’il ne sache pas. Il devait forcément savoir pourquoi ça m’intéressait et pourquoi j’allais bientôt péter un câble s’il ne répondait pas tout de suite à ma question.

« Juste… comme ça. Par curiosité.

- … Dis donc, tu me prends vraiment pour une bonne poire.

- Non, pas du tout! J’étais en train de m’ébouriffer les cheveux, pour ne pas dire me les arracher. Peux-tu… simplement me dire comment? »

Le noir de ses yeux s’était braqué sur mon visage et une étincelle taquine s’était alors échauffée au plus profond de son regard. Le degré d’embarras que j’avais ressenti était exponentiel à celui de son espièglerie.

« Miiiiiiiiiles? »

J’avais rapidement bondi sur mes deux jambes et lui avais tourné le dos, aussi bien pour lui faire comprendre mon mécontentement que pour dissimuler le rouge qui montait jusqu’à la racine de mes cheveux.

« Ça va! C’est bon! Mon corps s’était immédiatement mis en mouvement. Si tu ne veux pas m’en parler, dis-le moi tout de suite! T’es pas obligé de me faire tourner en bourrique. »

Un rire avait explosé dans mon dos, alors que je m’éloignais de plus en plus de sa position – et je m’étais aussitôt demandé s’il n’était pas en train de faire fuir tous les poissons de la rivière par la même occasion, cet imbécile.

« Suis ton instinct! S’était-il exclamé. Tu verras! Il ne se trompe que très rarement! »



Du coup, si je récapitulais : Pa’ n’avait pas tenu sa promesse, en plus de m'avoir filé un conseil tout droit sorti de son cul. Il aurait tout aussi bien pu ne rien me dire que cela n’aurait rien changé à ma situation. Dans tous les cas, je n’étais pas plus avancé maintenant que je ne l’étais au début de cet après-midi et pourtant… Me voici, me voilà, sur la rive nord du lac appartenant à la famille Kirzor, à attendre l’une de leurs filles comme un idiot désorganisé qui n’avait pas de plan… Mais Miles, tu es un idiot désorganisé qui n’a pas de plan! Pourquoi lui avais-je laissé cette lettre aussi? C'était tellement suspect! Elle se douterait forcément de quelque chose! Mais était-ce une si mauvaise chose qu’elle vienne à nourrir des soupçons sur mes intentions…? Enfin, tant qu’elle ne me prête pas de mauvaises intentions, ça devrait être correct… pas vrai? Raaaah! J’en savais rien et mon cerveau se ramollissait. Plus l’anxiété me submergeait et plus je me liquéfiais. C’était horrible. Parce qu’au fond, je l’appréciais énormément et si elle venait à accepter mon invitation, ça voudrait dire qu’elle ressentait quelque chose pour moi; même petit, j’aurais au moins la confirmation que j’avais su attirer un minimum son attention. Vous savez quoi? Peut-être qu’une petite trempette me ferait le plus grand bien et me permettrait de laver et d’emporter au loin toute ma nervosité. Oui, c’était le bon plan. Et sans plus attendre, je me jetais corps – et âme – dans les bras du lac. Ma silhouette se métamorphosait plus je pénétrais dans les fonds aquatiques du lac, une fourrure blanche et épaisse remplaçant le laiteux de ma peau. Il n’y avait rien de plus reposant que le silence de l’eau et sa caresse qui nous berçait tendrement au rythme de l’indolence de son courant. Je me trouvais définitivement dans mon élément, y passant plusieurs minutes avant que je ne perçoive une ombre s’étendre au-dessus de la surface des flots. Mon cœur rata un battement lorsque je la reconnus. Elle était là. Oh merde, elle était là. D’accord, Miles. Calme-toi. Tu n’as peut-être aucun plan, mais tout ira bien. Après tout, elle est venue, n’est-ce pas? Elle est venue! C’est un très, très bon signe… Alors pourquoi je ne bougeais plus? Pourquoi je me paralysais? Pourquoi je me laissais couler comme une pierre au fond d’un marais? Oh Miles. Est-ce que tu allais vraiment laisser ton anxiété prendre le dessus? Il me fallait être confiant; oui, confiant. Autrement, je risquerais de la perdre et… et ce n’était pas une éventualité qui me réjouissait vraiment. Je la voulais plus que tout et espérais qu’elle me veuille également. Il était hors de question qu’un autre accapare son attention et… et me tournait-elle le dos maintenant?! Oh non. Elle allait partir. Allais-je vraiment manquer ma chance?! Pas question. Pas question! Dans un puissant battement de queue, je me propulsais de toutes mes forces hors des flots, sautant jusqu’à sa hauteur pour l’arrêter. De pattes palmées à bras de bipède; de fourrure lustrée à chair humaine, j’utilisais tout mon corps pour m’accrocher à son cou et ses épaules. Je ne réfléchissais plus. Tout ce qui importait, c’était de la garder auprès de moi.

« Je t’ai eu. »

La seule image qu’elle put apercevoir fût l’insolence d’un sourire, avant que je nous entraîne, tous les deux, sous la surface des eaux.


1 215 mots | Post I




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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Mar 18 Avr 2023, 21:49


Fëry

Il ne lui suffisait que de le demander. Personne n'habitait les lieux. Tout du moins, pas à sa connaissance. Si Helsinki désirait s'éterniser ici, elle le pouvait, et Oriane ferait tout pour que son désir soit réalité, quitte à s'approprier la place. Elle ferait de cette terre son Jardin si cela pouvait combler le vœu d'Helsinki. Alors elle s'éterniserait également ici, pour être à jamais et pour toujours au côté de sa partenaire. Lorsque la blonde noua à son tour ses doigts sur les siens, une bise chaleureuse caressa son être, faisant fleurir l'amour sur son visage et la joie dans son cœur. Elle avait déjà aimé par le passé, mais jamais de cette façon. Jamais autant. Jamais aussi sincèrement. « Alors elle le sera. » affirma-t-elle au souhait qu'émit Helsinki. Non, d'ailleurs, cette nuit ne serait en rien similaire à la journée qu'elles eurent passée. Elle serait bien mieux. Chaque heure passée au côté d'Helsinki serait toujours mieux que la précédente. En perdant le contact des iris azurées de la blonde, les yeux d'Oriane se mirent à errer sur la silhouette gracile de sa paire. Elle en caressa chaque ligne du regard ; en épousa chaque forme. Elle était belle. Sa simple tenue respirait la douceur et l'aménité. Elle aurait alors aimé que ce contact soit bien plus que visuel. Cependant la Fæ lui paraissait comme un petit oiseau sautillant vers ce qui attirait sa curiosité mais toujours prêt à s'envoler à la moindre surprise. Alors elle restait en retrait, jusqu'à ce qu'elle obtienne l'assurance que sa paire ne fuirait pas face à un geste qu'elle pourrait considérer déplacé. « Non, il ne faut pas essayer. » contredit-elle Helsinki. Un air de malice brilla dans ses prunelles. « Faisons-le. » précisa-t-elle alors, donnant plus de force à ce projet.

Depuis leur arrivée au bord de cet étang, seules et à présent complice, une petite flamme s'agitait gaiement dans sa poitrine. Elle exaltait son cœur et enflammait ses tripes. C'était une douce chaleur qui pourtant l'enfiévrait. Malgré la vivacité de ce feu, Oriane suivait docilement les mouvements de la blonde, ses ailes frémissant comme sa peau se parsemait de doux frissons. Elle ne voyait plus les étoiles qu'elles cherchaient à toucher. Helsinki brillait plus intensément à ses yeux que toutes les étoiles réunies. Alors, lorsque sa paire lui fit sa demande, elle fut submergée par cette flamme qui l'habitait et n'attendait que ce genre de déclaration pour se libérer. « Bien sûr. » confirma-t-elle en venant elle aussi chercher le contact de son corps, et sa peau contre la sienne. Ce qui n'était alors qu'une flammèche sautillante devint quelque chose de plus violent et de plus ardent. Quelque chose qui brûlait ses lèvres et incendiait son bas-ventre. En outrepassant les frontières de son espace intime, son corps s'était mis à réclamer plus qu'une simple étreinte. Elle voulait la prendre dans ses bras, mais débarrassée de cette robe qui l'empêchait de sentir la chaleur de son corps. C'était peau contre peau qu'elle la voulait. « Helsinki. ». Elle marqua une courte pause, quelques secondes durant lesquelles elle se noya dans ses yeux. « Regarde, on a atteint les étoiles. » fit-elle en détournant le visage pour accrocher ses iris à l'une d'elles, flamboyante. Tout autour des deux Fæs valsait une myriade de sphères éclatantes, certaines plus étincelantes que d'autres. Oriane s'écarta de la blonde, sans la lâcher pour autant. Elle était lumineuse, et plus encore sous la proche lueur des astres. Elle dégageait quelque chose de paisible et de rassurant. « Helsinki. ». Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il était des choses qu'il valait mieux dévoiler clairement quand le corps était sur le point de révéler ce qui tourmentait l'esprit. « Laisse-moi t'embrasser. ». Lorsqu'elle obtint l'accord qu'elle attendait, Oriane se rapprocha de sa partenaire. Une main dans son dos, la seconde caressant sa joue, la rouquine scella ses lèvres à celles d'Helsinki. D'abord abeille butinant sa fleur, il se fit plus passionnée par la suite. Plus insistante. Les étoiles autour s'étaient réunies où les moins éblouissantes formaient un tapis sous leurs pieds. Un tapis sur lequel elle se laissa choir avec son aimante. Là où ses mains se posaient sur le vêtement de sa partenaire, celui-ci se désagrégeait en pétales roses de cerisier, brillants d'un reflet argenté. « Laisse-moi t'aimer. » la supplia-t-elle du bout des lèvres.
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Mar 18 Avr 2023, 22:56

Edel Orgia Nisqa

Dans un univers où le contrôle de soi était une vertu, où les monstres se cachaient derrière des masques de pudeur, et où l'expression des sentiments était des portes ouvertes aux plus malintentionnés, la passion et sa libre expression était un danger. Plus encore lorsque le sexe était impliqué. On y était si vulnérable. Les soubresauts d'un corps ou ses tensions et ses soupirs parlaient bien trop, même si aucun mot n'était prononcé. Le contrôle de soi devenait alors inexistant. C'était retrouver un état primaire, dénué de réflexions. Seul demeurait l'instinct. Un état qui aurait dû révulser l'Alfar, au mieux l'en tenir éloignée. Le fait étant qu'elle savait être en sécurité auprès d'Andrea. Il n'y avait alors plus aucune barrière à surveiller et à maintenir levée. Et c'était bien parce que c'était lui le maître de cérémonie qu'elle s'était pliée à l'exercice sans réticences.

Sous les caresses du blond, son épiderme se parsemait de frissons délicieux. Et, parfois, lorsque ses doigts s'attardaient sur quelques parcelles plus sensibles de sa peau, son corps se tendait en réponse et accentuait la cambrure de son dos. Alors un soupir illustrait ce feu qui l'incendiait. Elle-même se plaisait à dessiner la silhouette de l'Orine du bout des doigts. À force, elle était certaine de pouvoir le reproduire à l'identique sur un papier. Les traits de son visage ne seraient cependant jamais aussi fins que tels qu'elle les voyait. La langueur enveloppa sa respiration. L'envie de se laisser aller au plaisir la saisit. Il était néanmoins difficile de renier complètement sa nature profonde. Elle ancra ses iris à celles du blond, les mains nouées autour de son cou. Sous sa poitrine, son cœur s'emballait et frappait ses côtes au rythme des percussions. Ses soupirs se faisaient plus longs, plus brûlants, plus intenses, à mesure que son amant se faisait aventureux. Bientôt il lui fut impossible de contrôler quoi que ce soit. Elle ne s'appartenait plus. Elle n'obtint qu'un court répit, le temps d'une transition. Un gémissement accompagna la pénétration, ses ongles pénétrant la peau du blond. Et son corps ondulant sous le sien au rythme de ses à-coups. Elle n'était enfin plus que concupiscence et ses cordes vocales l'extériorisaient.

Une main étrangère glissa sur sa lèvre, embaumant cette dernière d'une substance humide mais dont elle devina par avance le goût. Elle en avait déjà bu plus tôt. Elle y passa alors la langue pour avaler la liqueur, un mélange d'herbes, d'épices et de graines. L'univers explosa à nouveau sous ses pupilles dilatées. Les étoiles se multiplièrent. La présence d'Andrea lui était plus prégnante. Une kyrielle de mains, jusqu'alors peu nombreuses, s'invita sur elle. Elle devenait poupée de chiffon entre les doigts de ces hommes et ne savait plus où donner de la tête. Trop de choses se déroulaient en même temps. Sur elle. En elle. À être tant sollicité, elle commençait à perdre pied. Elle tendit une main, s'agrippant au premier être à sa portée. Elle l'intima ainsi à se rapprocher jusqu'à pouvoir se raccrocher à ses lèvres. Elle avait trop de choses à exprimer toutefois et fut contrainte à libérer l'homme pour cela. Elle ne perdit rien au change, retrouvant ainsi les perles azurées des iris d'Andrea. Un dernier gémissement souligna le dernier coup de rein de ce dernier. Elle revint alors trouver le refuge de sa chevelure lorsqu'elle retrouva la proximité de l'Orine et ce fut avec avidité qu'elle répondit à son baiser. Elle sentait déjà la fatigue s'immiscer en elle. Elle n'attendait pas cela néanmoins. C'était autre chose qu'elle accueillerait en elle avant. D'autant plus que cette introduction avait éveillé sa libido à un niveau qu'elle n'avait encore jamais vécu et qu'elle se trouvait être loin d'être satisfaite.

Une légère moue pinça ses lèvres à la seconde où Andrea se retira. Les caresses qui reprirent ne lui permirent pas de repos toutefois et sa contrariété se mua vite en désir, réitérant ce ballet qu'ils avaient initié avec son Élu, chaque partenaire ayant droit à sa propre partition malgré tout, guidé tant par leur chef d'orchestre que par la musicienne, soufflant parfois des « Plus forts. » ou « Plus vite. ». Elle savait la nuit longue, mais il lui était impensable qu'elle ne soit pas épuisée avant l'aurore. Elle verrait cela comme une offense à Edel qu'elle était censée honorer.

Le souffle saccadé, bien plus causé par la fatigue que par le coït lui-même à présent, Èibhlin tentait de reprendre sa respiration après le retrait de son dernier partenaire. Les premières lueurs pointèrent. Elle sourit. Contrairement à la plupart du temps, cette fois Jeriel accompagnerait son sommeil. Encore fébrile, elle demeura sur le dos, sans bouger, profitant muette de ces nouveaux baisers qui la parcouraient et l'exaltaient. Elle n'avait pas besoin de voir pour deviner à qui elles appartenaient. Elle accompagna son mouvement, surplombant de ce fait l'Orine. Ses gémissements étaient plus ténus. Le souffle lui manquait et sa gorge la brûlait. Tremblante, elle accompagnait les mouvements de son partenaire dans un ultime effort. Le dernier, croyait-elle. Elle avait la sensation qu'à tout moment son cœur allait s'arrêter ou juste exploser. « Encore. Plus fort. » souffla-t-elle, incapable d'élever plus la voix comme elle put le faire il y a quelques heures de cela. Car si souffrance et plaisir se mêlait à présent, elle voulait garder ancré en elle ce dernier échange. Elle voulait le sentir en elle plus que n'importe lequel des individus présents. Graver dans sa chaire tout ce qui la traversait présentement, ainsi possédée par lui. Finalement, elle se pencha sur lui, sa tête enfouie dans sa nuque, profitant de cette minute sans bouger ni parler alors qu'il ne s'était pas encore retiré jusqu'à ne plus tenir et s'allonger contre lui, refermant les bras autour de lui. Un soupir, d'épuisement cette fois, glissa entre ses lèvres pour caresser la peau de l'Orine contre lequel elle était blottie. Elle ne voulait plus bouger. Elle était bien, sereine, ainsi contre lui. De toute façon, quand bien même le voudrait-elle, elle serait incapable de faire trois pas pour l'instant.
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Jeu 20 Avr 2023, 09:17

85 par Denys Tsiperko
La saison des amours
Astriid & Jämiel

Il y avait une chanson qui lui trottait en tête depuis quelques temps. Plus particulièrement, depuis cette fois où il avait pu la voir. Elle n'avait rien d'un prédateur. Bien au contraire. C'était peut-être pour cela que Jämiel s'était tourné vers elle. Il passait son temps cerné d'autres rapaces qui n'attendaient qu'une infime ouverture pour supprimer le fier imbécile et prendre sa place. Il ne pouvait totalement critiquer ce comportement. Il était pareil.

Il avait pris le temps de repérer la zone de confort de la rousse. Ce territoire duquel elle s'éloignait peu. Cette place qu'elle appelait « Maison ». La Sylvestre était trop différente de lui pour une approche directe et immédiate. Il avait ainsi débuté par quelques offrandes. D'abord de petites choses sans prétention, déposées régulièrement au pas de sa porte ou sur le balcon d'une fenêtre, lui permettant de jauger l'intérêt de l'Ygdraë. Dès lors qu'il eut obtenu sa curiosité, ces présents s'étaient faits plus délicats, plus personnels. Parfois il expérimentait, ce qui se résultait de temps à autre par un échec. Alors il se rattrapait, principalement par de petits paquets pleins de gourmandises. Car c'était là une des choses qu'il avait rapidement pu constater chez elle, son attrait tout particulier pour les sucreries. De quoi confirmer à peu plus ses pensées initiales la concernant. Ne disait-on pas d'une personne adorable qu'elle était un sucre ? Ou même, que le sucre apportait du réconfort à l'esprit torturé ? Alors que, à contrario, le sel était bien plus associé à des sentiments tels que la colère ou la tristesse. Là était d'ailleurs quelque chose qui les différenciait encore, car Jämiel était bien plus adepte de plats que de desserts. Rien n'aurait dû l'amener à la regarder, et encore moins à s'intéresser à elle autrement que comme une proie potentielle. Car c'est ainsi qu'il aurait dû la considérer. C'est ainsi qu'elle était considérée par les autres comme lui. Par celui qui lui faisait face.

Outre ce fait, la simple existence de cet étranger qui empiétait sur ses terres sans doutes ni vergogne l'irritait profondément. À la seconde où l'individu était entré dans le champ de vision de Jämiel, celui-ci s'était figé sur place, sa posture illustrant à la perfection l'agacement qu'il faisait naître chez l'Arcesi. Devant l'absence de réaction — totalement contraire même puisque l'intrus continua son avancée, aussi défiant que méfiant — l'Alfar avait déployé ses ailes. La colère lui hérissait les plumes, rendant ses extensions plus imposantes encore qu'elles ne pouvaient l'être. Plus encore alors qu'il ne les avait pas étendus de toute leur envergure. C'était comme deux immenses boucliers sombres, piquetés de marron et de blanc qui se dressaient à ses côtés, face à l'étranger. Et pourtant, malgré la menace qui commençait à émaner de la posture de Jämiel, l'importun ne fit aucun mouvement pour quitter les lieux. Du sol avait alors émergé d'épaisses racines, claquant avec violence et dans un bruit sourd la terre entre eux. Dans un même temps, Jämiel referma la main sur une épée, surgit du néant. Elle ne lui servirait — en théorie — pas. Il ne s'agissait que d'éclaircir ce message qu'il tentait de faire parvenir au gêneur. Un message qui fut enfin reçu, car l'envahisseur rebroussa enfin chemin, quoique mécontent lui aussi. Ce ne fut que lorsqu'il disparut définitivement de sa vue que la nature autour du brun se calma comme il replia ses ailes, son épée s'évanouissant de la même façon qu'elle était apparue.

À présent certain que plus personne ne piétinait son espace, Jämiel rejoint la demeure dans laquelle il logeait pour l'instant. Une habitation récemment abandonnée mais toujours en état. Il n'écartait pas la possibilité que ses résidents d'origine reviennent. Il n'en avait cure. Si c'était le cas, soit ils iraient nicher ailleurs, soit ils feraient partie des murs. L'Alfar s'installa sur un fauteuil dans le salon. Il faisait face à une large baie vitrée par laquelle on pouvait observer un vaste paysage enneigé s'étendant à perte de vue. Il posa le violon sur son épaule et ferma les yeux. Il y avait cette chanson qui tournait et tournait et tournait encore dans son esprit. Un air d'opéra. La triste histoire d'un amour qui jamais ne verra le jour. Celle d'une malédiction familiale. Dès le début on devinait la funeste fin des protagonistes. Bien que l'on puisse entrevoir la possibilité que le couple interdit soit réuni, la tragédie inéluctable de la mort clôturait le dernier acte. Et chaque jour, cet air chantait et chantait encore, sans jamais se lasser. Il devait l'extérioriser, au risque de devenir fou. Alors, tous les soirs, il jouait une partie avec l'idée de pouvoir faire disparaitre cette musique lorsqu'il en aurait terminé avec la partition complète. Au pire, qu'elle laisse la place à une autre. D'un geste précis, il commença à faire glisser l'archer sur les boyaux de l'instrument. La tension habillait chaque note exprimée, illustration d'une situation intenable et d'un jeu loin d'être gagné. Arrivant sur la fin, la musique se fit plus tendre, enrobée d'une douceur chimérique. Celle de l'espoir de vivre comme les protagonistes l'entendaient.
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Kitoe
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Kitoe
Jeu 20 Avr 2023, 22:33

Faust & Persy
Le jeu du mariage
Andy Black - We Don’t Have To Dance


Faust accueillit la main dans la sienne avec soulagement. La tension, évaporée dans le cocon que Perséphone avait créé, n’était pas revenue avec le retour à la réalité. Le garçon était satisfait d’avoir su combler les attentes de sa partenaire. S’il avait trouvé mignon sa panique lorsqu’il avait fait mine de lui échapper, il résistait difficilement à son apaisement à son contact. Il haussa un sourcil curieux, tandis que son sourire se ravivait.

-Avec plaisir.

Il avait conscience qu’entrer dans le monde d’une personne aussi introvertie était un privilège. Il se doutait aussi que celui-ci serait farfelu, peut-être effrayant parfois. Cependant, il se sentait prêt à endosser les découvertes qui l’attendaient. Faust se sentit entraîné en avant aussi brutalement que la chute depuis la balustrade. Il ne quitta pas sa partenaire des yeux et maintint son air avenant. Il avait décidé d’avoir confiance, là où beaucoup d’hommes auraient chancelé. Après les avoir jetés dans le vide, nul ne pouvait savoir de quoi était capable la violette.

Une nouvelle fois, le monde autour d’eux disparut. La richesse du manoir s’évapora comme un mirage. L’air chaud et parfumé du salon se refroidit, l’humidité laissa poindre l’odeur caractéristique de la moisissure mêlée à celle de la poussière. Faust découvrit l’aspect du nouvel endroit quand ses pieds touchèrent le sol dur et dénudé. Ses yeux prirent quelques temps à s’habituer à la pénombre. Ils se baladèrent dans chaque recoin, examinèrent chaque ombre de là où il se trouvait. Il ne lâchait pas la jeune femme, autant qu’il ne lâchait pas son demi-sourire coincé au coin de ses lèvres, malgré la vétusté du lieu. C’était donc ça, son monde ? Celui où elle avait grandi, celui qui l’avait construite ? Il était reconnaissant qu’elle lui eût offert cette occasion pour comprendre.

Faust baissa la tête sur leurs mains liées au mur. Relevant les yeux, il se raccrocha à l’émoi de sa partenaire. Ses yeux à lui, souriants, brillaient aussi. C’était la lueur du doute.

-Perséphone…

Son souffle était court. Il s’efforça de rester calme, de tempérer la précipitation de la jeune femme. Il se perdit sur ses traits, sur le contact de leurs mains. A quoi bon céder à la panique ou à la colère ? Ils étaient là pour une raison. Faust n’était plus un enfant. Il avait accepté la faveur qu’il lui devait. Il devait assumer les conséquences, même les plus regrettables. Ce n’était pas comme s’il avait les moyens de s’en sortir de toute manière.

-Est-ce que tu es sûre ?

Il serra ses mains dans les siennes. Son cœur battait fort et il ne se sentait plus tout à fait lui-même. Il considérait Perséphone avec intensité, attendait sa réponse avidement. Il connaissait déjà celle-ci, mais il souhaitait s’assurer qu’elle avait en sa possession tous les éléments pour comprendre les conséquences de son acte. La jeune femme était guidée par ses émotions et son obsession pour lui l’aveuglait. Il voulait l’affranchir de toutes les ombres.

-Est-ce que c’est ce que tu veux ? Est-ce que tu souhaites réellement t’engager sur cette voie ?

Perséphone avait visiblement connu des choses horribles. En faisant cela, en choisissant de le garder près d’elle, elle s’empêchait d’enfin vivre une vie paisible et sans problèmes. Il appuya son front contre le sien.

-C’est dangereux, tu sais. Murmura-t-il.

D’être ensemble. Ils étaient trop différents. Ils allaient se détruire malgré tous les efforts qu’ils feraient pour s’en empêcher. Faust aimait Perséphone, il voulait la voir heureuse. Mais il était aussi égoïste. Il n’y pouvait rien, il avait toujours été ainsi, même dans les moments où il avait eu moins d’assurance, plus jeune. Le brun détourna les yeux pour les poser sur la porte. Un bruit régulier frappait le sol de l’autre côté. Quelqu’un arrivait. Il ignorait qui, mais quoi qu’il se passerait, cela ne mènerait à rien de bon. Les problèmes commençaient seulement à pointer le bout de leur nez et c’était inexorable. Toute autre issue était condamnée par leurs sentiments respectifs. Qui ouvrirait cette porte ? A quoi ressemblait son ou sa geôlière ? Était-ce un parent, un frère ou une sœur ? Était-ce un tuteur ? Ou simplement un fou ? Un pervers ? Un propriétaire d’esclaves ou un trafiquant d’êtres humains ?

La porte s’ouvrit dans un grand fracas. Faust croisa le regard de l’homme, le sonda de la tête aux pieds. Il était grand, plus âgé qu’eux. Le garçon n’était visiblement pas le bienvenu, mais Faust ne montrait pas la moindre tension. Il lui suffisait de respirer doucement pour garder la tête froide et cet homme, qui qu’il fût, ne lui faisait pas peur. Au contraire, il se plaisait à lire l’horreur et la colère en lui. Il lui sourit. Il aurait bien fait les présentations, mais le temps pressait.

-Désolé.

Il prit le visage de Persy entre ses mains. Il la contempla et caressa sa joue à l’aide de son pouce. Son autre main caressa ses cheveux.

-Elle n’est plus à vous.

Faust embrassa tendrement Perséphone, sous le regard fou du paternel. Un cri de rage retentit et cela manqua de le faire rire. Elle était à lui, maintenant.

855 mots



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