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 [Event] Une main à marier

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Jeu 26 Mar 2020, 21:05

Une main à marier


Inspirer. Expirer. Respirer, mécanisme vital, lui revenait comme les premiers pas d'un nourrisson. Cela faisait plusieurs jours qu'elle ne croyait plus au rêve lucide : ceci était la réalité, la sienne. Sur l'île Maudite, l'Humaine acquérait une forme jusqu'ici insoupçonnée. Il lui arrivait de plus en plus souvent de pouvoir marcher plus longtemps, d'être tout bonnement indépendante ; exactement comme elle souhaitait. De toute manière, avec les Mior'Wa, il lui était interdit d'être un poids. C'était tacite. Les grognements extérieurs au tipi ne la dérangèrent pas, il faisait à présent parti de son quotidien. Ce n'était pas la vie sauvage à la Ygdraë, mais Alix s'en accommodait pleinement. Là était sa place. Au moins pour un temps. Quant à la suite… C'était à voir.

Pour l'heure, le mariage.

Alix rouvrit les yeux, sur sa chambre royale. Apprêtée par les douces mains de la tribu Raya, elle s'observa, s'admira, jugea sa beauté revigorée par les atouts chamaniques. Elle ne se pensait pas belle, pâle comme elle était, bien que moins maigre que depuis son arrivée. Elle était ainsi : une fleur fragile. La brune se concentra dans son immobilisme pour ne pas déranger les artistes dans leur tâche : sur sa peau fut marquée des symboles relatifs à l'Aurore Argentée, de somptueux traits immaculés ressortaient, soulignés par de fines lignes écarlates et rosâtres, porteuses de sa passion. La visite de Souw juste avant les préparatifs l'avait gonflée à bloc : psychiquement et spirituellement parlant, Petiote était prête. Lorsque les peintres s'éloignèrent, elle en profita pour se dégourdir les jambes. Elle aimait bien la confection de cette tenue cérémonielle, le sarouel lui rappelait les étoffes de son peuple. Par ailleurs, elle avait insisté pour garder le haut. Point de pudeur cette fois-ci, simplement un certain dégoût quant à son corps moins attrayant que celui des autres Élus. Car oui, elle les avait vu depuis le temps, et elle les verra tout le long de son quotidien par la suite. Ils étaient beaux, elles étaient belles. Et surtout, il y avait Brethil. Réunie avec elle et les autres époux et épouses, elle ne détourna point le regard. Comment le pouvait-elle ? Son Ange était la perfection incarnée, et cet attirail chamanique… ne dénaturait pas son charme. " Tu es magnifique… " Lui murmura-t-elle à portée d'oreille, quand l'occasion se présentât. De par ces mots et son regard complice, Alix lui fit bien comprendre que ce pacte divin ne les séparera aucunement. Au contraire : il assurait leur avenir commun pour toujours. Néanmoins respectueuse, l'Humaine se garda bien de tout contact. Elles n'en avaient plus besoin, seul le fait d'être présentes dans la même pièce suffisait.

Silencieuse, la Mohr suivit la troupe jusqu'aux barques royales. Les rythmes enivrants et gorgés de symboliques accompagnèrent le battement frénétique de son propre cœur. Pour cette fois, elle demeurera droite. Les rituels de purification s'étaient chargés de lui faire assurer ce moment tant attendu, dignement. Les mains jointes à l'avant, ses yeux ferreux s'attardèrent sur chaque étape de la cérémonie, en passant tout d'abord par les multiples parades, lorsqu'elle se retourna en direction du Lac Rouge ; qui était, d'ordinaire, justement, rouge. Elle retint difficilement un élan de fierté intérieure lors du passage de sa tribu d'appartenance, sauvage et forte à la fois. Sublimés par l'Aurore Argentée, les Raya s'étaient donnés énormément de mal pour respecter leurs identités. Puis vint la prestation de la Draugr qui… la scotcha. On ne pouvait décemment pas jalouser Raya, on ne pouvait absolument pas s'imaginer à sa place. Elle était la femme la plus belle, la plus étincelante, la plus désirable. On ne pouvait comprendre cet honneur, la regarder se dévoiler, qu'en y assistant. Ainsi aussi proche d'elle, Alix savait enfin pourquoi Raya, tout simplement. Comme pour beaucoup, ce fut le pas d'autrui qui la tira de l'hypnose. Gênée, l'Humaine se démena pour ne pas briser la symétrie du cortège et s'engouffra en leur compagnie dans le Temple de Blanche. Le tambour la guida dans la pénombre ; elle eut une pensée pour son Ange face à cette tare que représentait les ténèbres, toutefois la Kaaiji peina à croiser son regard tant les ombres l'enserraient. Je reste avec toi. Se répéta-t-elle en écho.

Jusqu'au point central du culte où l'union à proprement parler se déroula. Lorsque ce fut son tour d'avancer, elle inspira et s'approcha sans faillir jusqu'au Roi. Elle le fixa tout du long, depuis son propre chant en l'honneur de la Déesse. Son regard s'abaissa toutefois sur sa main, ensanglantée sous la cascade de la Vie et de la Mort. En ce jour donc, Alix Mohr s'était liée.

~~~

Le fracas de joie constant vrillait son crâne, dès le moment où les Élus étaient ressortis du temple. En même temps, Zaowa elle-même devenait le point central des festivités. Petiote ne pourra malheureusement pas en réchapper. Et pour ainsi dire, ce n'était pas si mal que cela. Assise dans la cour centrale, elle s'était permise de rester aux côtés du Hǫfðingi et des Draugrs ; avec eux dans les parages, son Ma'Ahid ne pourra faire guère de caprice, leur puissance écrasante supplantant sa petite personne. Oui, mieux valait se tenir ici plutôt qu'ailleurs, entre deux Zawa'Kar ou Kazak par exemple. C'était du moins ce qu'elle se disait en écoutant les chamailleries de leur chef. Est-ce toujours ainsi ? Se demandait-elle en observant le singulier groupe. Un regard timide auprès de Mior, puis le sourire de Souw la détendit. Afin de faire passer le temps, Alix s'attarda à s'alimenter sereinement et limiter les efforts, pour garder une forme correcte. Elle ne souhaitait guère être dépendante des produits plus, disons, costauds. Elle se refusait, elle n'en avait pas besoin, et elle comptait bien le prouver. Petiote un jour, Petiote toujours.


1011 mots ~
Alix reste principalement dans la cour principale, elle parle pas beaucoup mais vous pouvez venir la voir ♪




By Jil ♪
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Ven 03 Avr 2020, 00:22

[Event] Une main à marier  - Page 5 Vsem
Hands and light study by Snow W.
Une main à marier
[Dahlia]

Mon corps se teintait de frissons à mesure que les pinceaux glissaient sur ma peau. La peinture blanche et pure contrastait avec mon teint hâlé. Je tendais mes bras vers des membres de ma tribu. Ils y tracèrent des lignes droites continues. J’avais l’impression que leurs doigts sur ma peau étaient brulants et gelés en même temps. Cette sensation n’était, en réalité, réveillée que par l’angoisse qui me nouait à présent les tripes. Aujourd’hui était le jour de mon mariage, ou plutôt le jour de notre mariage à tous.

Blême, je pris tout à coup conscience que je retenais ma respiration quand l’on posa les poils d’un pinceau sur mon ventre. Ma chair de poule s’intensifiait. Même si je n’en avais pas horreur, je n’aimais pas que l’on me touche. Et puis cette tenue… Non. Je m’étais promis de faire d’énormes efforts sur ma pudeur. Et puis, je devais apprécier le fait que l’on m’ait donné la possibilité de mettre ce petit haut. C’était une bonne chose. Je devais savoir m’en contenter. C’était difficile mais je devais, petit à petit, accepter de me dévoiler. Je n’avais plus rien à cacher. Du moins, j’essayais de m’en convaincre…

Je baissais les yeux sur les vagues homogènes que l’on traçait de mes côtes à mon bas-ventre. Le pinceau s’arrêta là où commençait le sarouel. J’essayais de prendre du recul sur la situation en comparant mon savoir sur les couleurs et motifs face à ce qu’on appliquait sur mon corps. Mon analyse était imprécise et primaire. Je savais que le sens complet m’échappait encore. J’apprendrais. Je le devais. Mais, pour le moment, le motif final venait d’être peint.

Angoissée et fin prête, je quittais ma chambre et suivis les autres Élus. Il était temps de quitter Zaowa. Tout en marchant avec le groupe, j’essayais de ne pas avoir l’air d’un louveteau perdu. Je commençais à faire un mouvement pour croiser les bras sur mon ventre, dans le but de me cacher un maximum. Cependant, j’arrêtais soudainement mon geste. Je devais me battre contre mes peurs. Elles étaient insensées ici. De plus, je n’étais pas la seule vêtue ainsi. D’autres l’étaient moins. Et, je devais me convaincre que je passais inaperçue dans ce groupe d’épousés. Les yeux n’allaient surement pas se poser sur l’un mais sur l’ensemble. Quand bien même ils finissaient par regarder plus en détails, j’étais bien moins remarquable que d’autres. Mes iris se posèrent d’ailleurs sur quelques membres du groupe. Vraiment, j’étais bien insignifiante et invisible comparée à eux… Du moins, c’était ce que j’espérais tandis que je continuais d'avancer au rythme des tambours.

Le temps, lui, paraissait filer avec une vitesse que je ne lui avais jamais connue. Nous étions déjà arrivés aux barques. L’hymne des cauchemars ne nous avait pas quitté depuis. Persistant dans mes oreilles, je rentrais doucement et prudemment dans la barque censée me conduire jusque… J’essayais d’arrêter le fil de mes pensées. Je devais rester concentrée. J’avais tout un protocole à respecter et je ne devais rien oublier. Mon cœur battait puissamment mais les percussions qui nous suivaient rendaient son rythme régulier. Je levais les yeux vers le temple qui nous dominait de toute sa hauteur et majesté. Je n’avais pas le droit de flancher. Ce qu’il se passait ici me dépassait. Cependant, cela devait se faire. J’inspirais discrètement une goulée d’air.

La barque arriva à sa destination, je suivais le mouvement, répétant les gestes que l’on nous avait dit d’effectuer et m’arrêtant à ma place. Sur le lac, les hymnes s’enchaînaient. Les musiques étaient si puissantes qu’elles auraient pu terrasser mon cœur. Il s’emballait à chaque percussion et essayait de s’accorder à chaque nouveau rythme. Ma main droite aurait aussi voulu apprivoiser la mélodie mais je luttais contre cette envie. Je n’étais pas une grande danseuse – j’étais même plutôt coincée – mais j’avais toujours apprécié bouger mes mains au rythme des percussions. Mais, là, je ne devais pas. Tout était observé et chorégraphié au millimètre. Je me contentais donc d’agir comme je le devais et d'écouter le reste du défilé jusqu’à Raya. Lorsqu’elle fit son apparition et qu’elle souleva son voile, j’étais subjuguée. J’aimais les choses belles. Elle l’était et son chant dépassait la notion même de beauté. L’hypnose me gagna et les minutes s’écoulèrent comme des secondes.

Bientôt, le silence se fit. Les frissons me revinrent dans un assaut. Je retenais une déglutition de peur alors que tous nous nous retournions vers le temple. Toutes les mariées ressentaient-elles une telle angoisse en entamant les pas les menant à l’autel ou était-ce ce mariage qui me rendait si tremblante ? Mille questions s’imposaient à mon esprit tandis que l’ombre du temple dévorait mon corps. Mes yeux, rendus vifs à cause de la peur soudaine, se posèrent sur les individus qui me précédaient. J’allais me marier. Je l’avais su. Mais soudainement, c’était comme si je le comprenais vraiment. J’allais me marier. À eux. À tous. À ces gens que je ne connaissais pas. À ces gens que je n’aimais pas. Un début de panique commençait à faire vaciller ma conviction d’hier.

Dans la pénombre nous menant à l’autel, je fermais mes paupières pendant une toute petite seconde. Ma poitrine se gonfla d’air. Je devais être courageuse. Je n’étais pas là pour l’amour. J’avais choisi de le laisser de côté pour servir une cause plus noble et vertueuse. J’avais choisi ma rédemption. J’avais choisi la liberté. J’avais choisi de passer par cela pour les atteindre. Mais j’avais encore du chemin à parcourir. Le mariage n’était qu’une formalité comparée à ce qui allait suivre....

Nous nous arrêtions autour du roi, chacun à notre place. Mes yeux observaient le roi pendant le chant. Je ne connaissais rien de lui. Quelques rumeurs tout au plus. Était-il vrai qu’il défenestrait les serviteurs qui ne lui plaisait pas ? Qu’il était totalement fou et imprévisible ? Qu’il pouvait succomber à des colères terribles ? Mes iris se décrochèrent de lui un instant avant de revenir sur sa personne. J’avais peur. Peur d’avoir peur. Était-il si terrible ? Je pouvais lui laisser le bénéfice du doute ; j’allais devenir l’une de ses femmes.… Sans doute aurais-je du le voir en entrevue avant cela mais… Mais je savais que je repoussais cette rencontre au possible parce que j’étais terrorisée à l’idée de le connaître. Et si je finissais par… le haïr ? L’apprécier ? L’aimer ?

Le chant en l’honneur de Blanche se tut. Je déposais ma main quelque part dans l’amas de celles des autres élus. Le sang gicla sur notre peau. Je regardais, muette, le spectacle qui nous liait ensemble. Il était trop tard pour reculer. Il avait toujours été trop tard. Le Destin avait choisi depuis longtemps. Il nous fallait, à présent, regagner Zaowa sous les cris de joie.

Le retour à la Capitale avait été assourdissant, si bien qu’il n’avait laissé qu’un grand silence dans mon esprit. J’étais soudainement vidée de toute mon énergie. Cependant, il ne me semblait pas être aussi éreintée que le roi. Installée dans la cour centrale, j’essayais de le regarder un instant sans que cela ne paraisse insistant. Il était cerné par la fatigue. Je tournais mon regard vers Raya qui dansait tout en pensant à lui. Avait-il le sommeil difficile ou n’était-ce que dû qu'au mariage ? Je repensais aux questions qui me revenaient constamment en tête. Raya finit sa danse. Je baissai les yeux au sol avant de me lever et de prendre mon départ. J'avais besoin de marcher un peu.

Ce mariage… On me l’avait proposé dans le but que j’apporte mon aide mais… pourquoi me sentais-je soudainement si coupable vis-à-vis de lui ? Si on m’avait proposé ce mariage, j’avais l’impression que ses cernes me disaient qu’on le lui avait imposé. M’étais-je imposée ? Je soupirais. Voilà que je commençais à me torturer… Je ne devais pas être si fragile... Les Chamans ne l’étaient pas, eux. Je ne devais pas penser à l’individu mais à l’ensemble. Je n’étais pas là pour lui. Il n’était pas là pour moi. Et je devais arrêter de me torturer parce que j’angoissais à propos de ce qui allait suivre maintenant. J’avais assez marché. Je revenais sur mes pas.

Discrètement, pour ne pas gêner de quelconque façon les danses qui avaient repris dans la cour, je m’arrêtai à l’une des entrées de celle-là. J'attendais sagement la fin des percussions. Cela me laissa le temps de me perdre de nouveau dans mes pensées. Mon regard se posa sur les époux présents. Avec toute la neutralité de mon esprit, je me demandais avec lequel d’entre eux j’allais… Hum… Je sentais mes mains devenir moites. Plus tôt, j’avais vu la chose comme une formalité mais à présent que cela se rapprochait… c’était plus difficile. Peut-être était-il temps que je me rapproche des autres élus afin d’être moins intimidée ?

Les danses finirent et je m’avançais doucement, prête à m’installer à côtés d’un époux. Cependant, mon courage vacilla au dernier instant et je me retrouvais penchée au-dessus de l’autre Humaine. Elle était de mon sexe, de mon peuple et, de ce fait, était beaucoup moins intimidante. « Alix, c’est bien cela ? » chuchotais-je alors que les autres parlaient à voix haute. « Je peux m’installer à vos côtés ? » Je lui offris un sourire. « Je suis Dahlia. J’étais sur le même bateau que vous. » Je n’osais pas parler plus fort mais je ne voulais pas donner l’impression de m’exclure, avec l’autre humaine, des autres près de nous. Aussi, j’osais un peu plus fort : « Vous êtes amie avec… hum… » J’hésitai un instant sur le nom. « Bret… Brethil ? » Je n’étais pas trop certaine de moi. « Ce doit être rassurant d’avoir quelqu’un que l’on connaît à nos côtés… » Dans mes pensées, le visage d’Elijah se dessina. J’aurais aimé qu’il soit là. non pas comme un époux – bien qu’un de mes récents rêves aurait pu prouver le contraire – mais en tant qu’ami. Sa présence sécurisante me manquait. J’étais en terres inconnues. Il allait me falloir apprendre. Et vite.

1672 Mots
Après la peinture et le mariage, Dahlia, qui est partie de la cour principale avant d'y revenir un peu plus tard (elle avait besoin de marcher un peu), s'arrête aux côtés d'Alix et essaye de débuter une conversation. Vous pouvez venir nous rejoindre o/

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Ven 03 Avr 2020, 17:49

[Event] Une main à marier  - Page 5 1j1b
Une main à marier



Circë imitait les mouvements d’une Chamane, celle-là même qui l’avait fait fumer, plus tôt. Elle se trouvait dans la même cour que le Roi, les Draugr et la plupart des Élus. Elle était stone et voyait dans ses mains de drôles de choses qui se mouvaient lentement. Elle en détaillait les plis malgré elle, ceux de ses paumes et ceux de ses doigts. Ce qu’elle venait de vivre lui revenait en mémoire par manifestations subites et passagères, des images venues de nulle part et qui repartaient de la même façon, des images qui rythmaient sa danse. Elle pencha un peu la tête en arrière, sous les indications de la femme qui lui apprenait à bouger dans le rythme lent des tambours et des chants. Elle revit le sang couler sur leurs poignets liés, gicler, se répandre. Elle eut un instant l’impression qu’elle allait s’évanouir mais il n’en fut rien. Au lieu de quoi, son corps tourna vers la droite et ses bras montèrent au-dessus de sa tête, tenus par les mains de la danseuse expérimentée. L’Ygdraë pensait à la beauté de Raya, à sa voix qui avait résonné dans toute la vallée, à son visage dévoilé. Elle n’avait pu se détourner d’elle, quand bien même avait-elle eu envie de jeter un œil au Suprême de l’Au-Delà à ce moment précis. Ses poignets s’enroulèrent entre eux. Elle était petite, plus petite qui celle qui lui enseignait. Lorsque la parade avait commencé, et durant tout son long, son corps avait été secoué de quelques spasmes, ces derniers traduisant une émotion intense. Ses yeux étaient devenus brillants et une larme avait perlé sur sa joue. Elle ne l’avait pas effacée. Elle était restée immobile, les tambours résonnant à l’intérieur de son corps, encore et encore, la faisant vibrer comme elle n’avait jamais vibrée auparavant. Pourtant, elle vivait sur Awaku No Hi depuis un moment. Elle avait l’habitude du son des percussions, des chants envoûtants et profonds. Ce n’était pas une nouveauté. Néanmoins, durant la parade, alors qu’elle se trouvait avec les autres devant le Temple de la Déesse, elle avait réellement été transportée. Les Chamans s’étaient surpassés en l’honneur de ce mariage quelque peu différent de ce qu’ils avaient l’habitude de célébrer.

Sa professeure se mit à chanter, doucement, à son oreille, en écho avec des voix plus lointaines, répétant les paroles pour inviter l’Elfe à faire de même. Elle lui sourit et tenta de l’imiter sur cet aspect, également. Elle se sentait étrangement décomplexée et tout lui paraissait lent. Ses sens lui semblaient à la fois anesthésiés et particulièrement sensibles. Elle jeta un coup d’œil vers les Élus. Certains discutaient entre eux. Elle se rappela encore une fois de leurs mains liées, recouvertes de sang. Elle avait lavé les siennes depuis, pour manger notamment. Ça avait été une sensation si étrange. Ce sang, un jour, avait coulé dans les veines d’un corbeau et d’une colombe. Il les avait fait vivre et, à présent, ils étaient morts. Ce même sang la liait à toutes ces personnes. Circë se demanda si les animaux devenaient, eux-aussi, des Esprits lorsque leur heure était arrivée. Sa pensée fila vers une autre considération : la nuit de noce. Jusqu’ici, elle avait minutieusement évité le sujet. Elle ne le fuyait pas réellement mais il posait bien des questions. Elle savait que le mariage devait être consommé pour être valide alors elle se demandait avec qui elle le ferait. Devaraj et elle n’en avaient pas parlé. Elle fixa le bracelet qu’il lui avait donné et qui entourait son poignet. Elle l’avait remis après la cérémonie. Il faudrait qu’elle lui pose la question mais pas tout de suite ; il était occupé et elle aussi, à essayer de danser convenablement et de chanter en chœur avec la Chamane. Elle sourit, en se rappelant le chant du Hǫfðingi. La veille, elle avait envoyé un petit message par l’intermédiaire de sa chaussette. La jeune femme avait remarqué que dès qu’elle mettait quelque chose dedans, la chose en question disparaissait. Si elle l’avait d’abord utilisée pour ranger son nécessaire à peinture, elle avait bien vite arrêté en constatant le phénomène. Elle avait ensuite mis plusieurs choses sans importance dans le bout de tissu : un caillou et de l’herbe aromatique, entre autres. Le résultat était le même : tout finissait forcément par disparaître. Elle avait finalement décidé d’écrire un petit mot, sur un bout de parchemin, curieuse de savoir si quelqu’un se trouvait au bout ou si une sorte de créature invisible lui volait ses affaires. « Bonjour… Est-ce vous qui chapardez mes affaires ? » Elle n’espérait pas forcément de réponse. Peut-être que la chaussette envoyait simplement les objets ailleurs, dans le monde ? C’était étrange, si bien qu’elle hésitait à en parler au Roi. Elle hésitait aussi à lui demander de venir chanter avec elle. Elle aimait bien sa voix, même si elle se doutait qu’il n’avait pas forcément beaucoup de temps à lui accorder. Peut-être qu’elle le lui demanderait durant la nuit qu’ils devaient passer ensemble ? Les mains de la Chamane s’attardèrent sur son haut. L’Ygdraë avait tenu à le garder pour la cérémonie. Dans son état actuel, ça ne lui paraissait pas si important. Elle comprit ce que la jeune femme demandait silencieusement et acquiesça. Le tissu glissa après quelques secondes. Circë rougit légèrement alors que ses oreilles se baissèrent lentement.

892 mots

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Adam Pendragon
~ Déchu ~ Niveau V ~

~ Déchu ~ Niveau V ~
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◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Adam Pendragon
Ven 03 Avr 2020, 23:13

    J’écoutais l’homme attentivement. Je ne pouvais cependant pas nier ne comprendre que la moitié de ce qu'il disait. Ce n’était pas grave, c’était intéressant d’entendre sa voix s’élever. Ça me rappelait le jour où, après l’amour, j’avais écrit une lettre, dictée par mon amante, appuyé sur le dos de cette dernière. Ça demandait une certaine habileté mais ça avait été un moment de calme. Le silence était alors seulement brisé par les mots qui sortaient de sa bouche. C’était une lettre d’amour à l’attention de son mari. L’ironie de la situation le rendait belle en un sens.

    - « Magiophile ? »

    Je ne pus m’empêcher de rire.

    - « Ce n'est pas commun. J’ai testé beaucoup de choses et connu beaucoup de gens : des asphyxiophiles, des masochistes, des sadiques, des érotophonophiles, des autoassassinophiles, des nécrophiles, des somnophiles, des autonepiophiles, des gérontophiles, des baubophiles, des éonistes, des mysophiles, des fornicophile, des stigmatophiles et tout un tas de fétichistes. Jamais de magiophiles… »

    C’est vrai. L’amour entre hommes avait des désavantages, même si l’absence de procréation n’en était pas un pour moi. Sans détester les enfants, j’avais du mal à m’en occuper. Ikar me prenait beaucoup de temps et je me jugeais piètre parent. Je n’étais pas responsable. Parfois oui, parfois non. Kaahl était beaucoup plus doué que moi. Même si j’aimais mon fils, que je n’aurais voulu pour rien au monde qu'il lui arrive quelque chose, je n’avais pas cette fibre paternelle. J’étais empoté et j’avais peur de le blesser ou de l’oublier. Heureusement, j’avais des amis qui avaient accepté de le garder pendant mon absence.

    Mes yeux se posèrent sur le totem un instant mais revinrent vite au roi lorsqu’il commença à énoncer des faits incroyables comme des banalités affligeantes.

    - « Mais… »

    Je me mis à rire de nouveau. Soit c’était une plaisanterie et il était doué pour l’improvisation. Soit c’était vrai et, si ça l’était, ça ne changerait pas grand-chose à ma vie de toute façon. Ce n’était pas comme si je côtoyais ces gens. Que la Reine des Glaces soit morte, en vie ou qu’elle maîtrise le feu n’apporterait rien à mon quotidien. J’étais vieux et j’avais rapidement compris qu’hormis certains cas, les comportements bizarres des souverains n’avaient pas réellement de conséquences sur le peuple. Parfois oui, parfois non. Comme je ne pouvais être sûr de rien, j’attendais simplement l’impact sur ma propre existence avant de prendre une réelle position et d’enfin agir en conséquence. Sinon, les potins restaient des potins et m’amusaient plus qu’ils ne me faisaient trembler.

    - « C’est incroyable. »

    Je savais que Kaahl voulait prendre la Terre Blanche. Ça ne concernait pas les Déchus. Qu’il la prenne, rien ne changerait pour moi, pas plus que pour les Anges qui étaient dessus, déjà esclavagés et torturés par les Démons. J’avais conscience de mon état. Je devais paraître idiot ou désintéressé. Ce n’était pas tant ça. J’avais simplement appris à choisir mes combats et à me concentrer sur les tâches que je pouvais mener à bien, à mon niveau. Ou peut-être étais-je simplement dans le déni des dernières informations que j’avais reçu récemment. Je l’ignorais. Normalement, ça n’aurait pas dû être si évident de passer d’une vie de professeur irresponsable à une vie de futur époux d’un roi et amant de son frère, tous les deux détenteurs d’informations et de moyens d’action capables de provoquer une guerre complète. Ça me paraissait facile pourtant.

    - « D’accord, je comprends. Vous me direz vos secrets pendant la nuit de noce. »

    Je lui fis un clin d’œil amusé et me relevai d’une manière un peu raide à cause du tatouage.

    -

    Avant le mariage, j’avais entrepris de discuter avec tous les Chamans que je rencontrais. Rapidement, j’avais eu vent de plusieurs rumeurs. Beaucoup de racontars m’intéressaient mais j’étais devenu, à force de poser des questions à son sujet, un adorateur de Raya. Je m’étais penché sur la tribu après que l’on m’eût signalé que celle qui en était à la tête dévoilerait probablement son visage lors de la cérémonie. Ça m’avait paru étrange. Tout le monde vivait dénudé ici. Y aurait-il une femme qui s’habillait vraiment, au point de cacher son faciès ? Elle me fut rapidement décrite comme une muse, une inspiration vivante, au charisme époustouflant. Forcément, le fait qu’elle doive garder sa vertu titilla mon côté joueur. J’étais un Déchu, me dire non revenait à me faire désirer un oui. Heureusement, je possédais bien plus de contrôle sur moi-même que par le passé. De toute façon, j’avais conscience que celle qui portait le nom de sa tribu m’aurait sans doute fait éliminer si l’une de mes mains s’était aventurée sur ses fesses par mégarde.

    Le jour du mariage, j’étais donc impatient de la voir. Je vivais les événements avec beaucoup de facilité. Je ne pus néanmoins m’empêcher de décupler mes sens et ceux des Chamans qui s’occupèrent de me préparer. L’application des peintures sur mon corps fut un pur délice, les pinceaux et les doigts prenant une toute autre dimension. Je me perdis longtemps dans le plaisir de ressentir des choses interdites à beaucoup et, alors que nous nous dirigions vers le temple, j’en avais encore des frissons. Ces derniers s’accentuèrent lorsque je levai les yeux vers la statue à son sommet et se décuplèrent encore lorsque la musique commença à s’élever. De ma vie, je ne m’étais jamais senti autant honoré. Je savais que ce n’était sans doute pas pour moi, ou même pour les élus en général, que les Chamans chantaient et jouaient ainsi mais plus pour les Ætheri qui nous avaient réuni, mais le spectacle me laissa sans voix. L’harmonie de l’ensemble et les percussions qui se reflétaient partout autour de nous avaient de quoi hébété n’importe qui. Le travail était gigantesque, même si je n’avais jamais douté de ce dernier. J’avais observé les mouvements des habitants de l’île depuis des jours et discuté avec beaucoup d’entre eux, assez pour me rendre compte du temps consacré à la cérémonie dans le quotidien de chacun.

    Quand, enfin, le chant de Raya, la muse au visage dévoilé, s’éleva, mes lèvres s’entrouvrirent. J’en oubliai même de bander, ce qui prouvait bien le dysfonctionnement momentané de mon corps et de mon esprit. Hypnotisé par les charmes de la cheffe de tribu, par son corps et sa voix, le temps se figea. La suite me parut nébuleuse, tant je pensai encore à elle plusieurs minutes après sa performance. Le sang eut le mérite de me ramener dans la réalité. Son odeur était toujours particulière et me rappelait quelques drames que j’avais vécu. Main contre main, j’observai un instant les autres élus. Je les avais tous croisés, plus ou moins longtemps. Nos vies se liaient à présent, pour une durée inconnue. Ça m’allait, comme de me marier à ce roi. Les rumeurs sur les Chamans étaient nombreuses mais, depuis que j’étais sur l’île, j’avais constaté à quel point ils étaient évolués. Leurs mœurs, leurs coutumes, étaient complexes et riches. J’étais fasciné, autant par ça que par les Esprits qui apparaissaient à Zaowa. Apprendre de tels secrets réveillait l’enfant en moi et, comme un enfant, j’étais bien plus curieux et émerveillé qu’épouvanté. J’avalais tout ce qu’on me disait et j’en redemandais encore.

    À la fin de la cérémonie, lorsque nous rejoignîmes la capitale, je ne me fis pas prier pour faire la fête. Sept jours ? Aucun problème, j’allais tenir la distance et dormir par terre s’il le fallait. J’avais vu le roi faire des micro-siestes et j’allais apprendre à faire pareil.

    1234 mots


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Lyz'Sahale'Erz
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Lyz'Sahale'Erz
Sam 04 Avr 2020, 16:10


« Tekoa ! Mais où est encore passé cet enfant ? » J’entendais la voix d’une de mes nourrices s’élever depuis au moins dix minutes. Je ne pouvais pas la rejoindre. J’avais vu quelque chose bouger dans les buissons, non loin du camp. J’étais excité par le mariage qui allait avoir lieu d’ici quelques jours mais je voulais savoir ce que c’était. À quatre pattes par terre, je priais silencieusement Phoebe pour que les sons produits à répétition à mon endroit ne fassent pas fuir la créature. En plus de ça, je n’étais plus un enfant et je trouvais ça blessant qu’elle parle de moi ainsi. Ce n’était pas parce que je n’avais pas encore le droit de chasser que c’était une raison suffisante ! J’aurais le plus grand guerrier de tous les Hozro et je deviendrais un chasseur exceptionnel, pour faire honneur aux Ætheri ! Le problème était cette curiosité maladive. J’avançai l’un de mes genoux et grimaçai lorsqu’une brindille résonna sous mon os. Le bruit dans les fourrées s’éloigna. Mince ! Tout ça pour recommencer. J’avais quand même réussi à m’approcher près. « Tekoa ! » s’impatienta la voix. Tant pis pour elle. Je voulais voir ce que c’était, absolument. Ça faisait presque une heure que j’y étais ! Je n’allais pas abandonner à cinq minutes de la victoire. Si cela se trouvait, j’allais découvrir une nouvelle espèce, réussir à lui sauter dessus, à l’attraper et à la ramener au camp ! Et après, ils verraient tous que j’étais capable de chasser ! Avec l’agilité d’une tortue, je me déplaçai de nouveau, en essayant de faire le moins de bruit possible, en vain. Mes articulations étaient comme un mécanisme non huilé et rester dans une position aussi inconfortable me faisait mal partout. J’accueillais pourtant la douleur comme une épreuve des Ætheri. Souffrir pour devenir fort. J’écartai un peu les branchages, avec douceur. J’observai. Il n’y avait rien ici. Je me déplaçai de nouveau et répétai le mouvement encore une fois. J’allais capturer la bête !

Soudain, il y eut un mouvement vif dans les buissons. Quelqu’un de normalement constitué se serait écarté. Moi, j’avançai la tête, pour mieux voir. Je sentis soudain un liquide m’asperger le visage et une douleur vive sur mon front. Je criai sous la surprise, tombant en arrière. Un oiseau vert émeraude et orange venait de sortir de la fourrée en piaillant d’une façon qui montrait clairement son mécontentement. Il m’avait donné un coup de bec et envoyé je ne savais quoi sur la face. Comme il revenait à la charge, je plaçai mes mains devant moi pour me protéger, tout en essayant de reculer comme je le pouvais avec mes jambes. « Tekoa ! » « O... oui ! » répondis-je enfin, en essayant de me défendre. L’oiseau était plus rapide et convaincu que moi. Je finis par battre en retraite avant qu’il ne me perce un œil.

De retour au camp, je fis face aux sourcils froncés de la Chamane. « Tu étais où ? » demanda-t-elle, avant de s’apercevoir de l’état de mon visage. « Tu as joué avec de la peinture ? Je t’ai déjà dit que ce n’était pas un jeu ! » « Mais n’importe quoi ! » fis-je, énervé. « Alors pourquoi est-ce que tu as une grosse trace rose sur le visage ? » « Quoi ? J’ai rien du tout ! » « Viens ici, Tekoa ! » Elle m’attrapa sans aucun mal et essaya de m’enlever la trace. Elle s’étendait de mon front à mon nez, en entourant mes yeux. Ça ne s’enlevait pas. « Qu’est-ce que t'as fait, encore ? » « Mais lâche-moi ! C’est cet oiseau ! » « Quel oiseau ? » « Celui que j’essayais d’attraper ! Il m’a jeté quelque chose dessus ! » Elle me regarda, un peu interloquée, et finit par se mettre à rire. « Les Dieux ont puni ton audace ! Ça t’apprendra à essayer de chasser ! Ta place n’est pas à la chasse ! Tu dois finir de tanner la peau que je t’ai donnée la dernière fois. » « Oui et bien ça m’ennuie ! Moi je veux chasser ! » « Chaque chose en son temps ! Va prier pour te faire pardonner ! Ensuite nous partirons pour rejoindre Zaowa ! Dépêche-toi ! » Je soupirai, ennuyé.

Une fois à Zaowa, la tâche rose sur mon visage n’avait toujours pas disparu. « Ben alors Tekoa ? T’as décidé de profiter du mariage pour devenir un homme ? » « Tais-toi ! » Ce n’était pas le premier commentaire semblable que les adolescents de la tribu me faisaient. Comme si j’avais envie de sexe ! Je voulais devenir chasseur, pas faire des câlins ! Le problème c’est que le rose était la couleur de l’érotisme et qu’elle parsemait mon visage. Je soupirai. « Le prend pas mal ! » « Je le prends comme je veux ! Tu feras moins la maline quand les Dieux m’auront donné ma chance et que je serai un grand chasseur ! » « Tu devrais te détendre ! Il n’y a pas que la chasse dans la vie. Tu devrais te trouver une partenaire. » « Mais je n’ai pas envie ! Le sexe c’est dégoûtant ! » « Le sexe c’est dégoûtant ! » répéta-t-elle pour se moquer, avant de me lancer un « Gamin ! » en pleine face. Quand j’aurai réussi à attraper un ours, elle arrêterait de me traiter de gamin ! Avec une fierté d’apparat, je me détournai d’elle. « Je vais voir des gens plus intéressants que toi. » lâchai-je, toujours agacé. Il y avait plein de choses à voir, mille fois plus intéressantes que cette fille.

952 mots
Je prends le gain sur celui-ci mais j'en referai d'autres après, sans gain.
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Dim 05 Avr 2020, 09:51


« Mais où tu vas encore ? » Je fis un geste de la main qui ne voulait rien dire mais qui, à mon sens, signifiait que je voulais être seul et que je n’avais pas besoin d’une fille sur mes talons. Elle était collante. Pour couper court à une discussion à venir, durant laquelle elle me dirait encore que j’étais un gamin, je me mis à courir. Vu l’effervescence de Zaowa, elle dut me perdre rapidement des yeux. Tant mieux. Je ne voulais pas d’elle. Ce que je voulais, c’était redescendre jusqu’aux bases de la capitale. Nous étions passés, quelques jours plus tôt, devant deux imposantes statues représentant Edel et Ezechyel. Je voulais aller les observer. Essoufflé mais ayant pour moi la fougue de la jeunesse, je finis enfin par apercevoir les quelques marches et par les descendre. En bas, je fis volte-face et m’assis en tailleur tellement brusquement que mes fesses claquèrent le sol. Ça faisait mal mais je n’osai pas me toucher le derrière devant les divinités. « Mince, j’ai oublié les offrandes ! » m’exclamai-je. « Mais j’en ai donné avant-hier… J’espère que c’est bon pour vous… » Je me grattai le cou. J’avais envie de toucher les œuvres, juste pour voir en quoi elles étaient faites et ce que ça faisait de les tripoter. Je me retins néanmoins, conscient que je risquais de me faire disputer ou, pire, maudire. Si je commençais à me mettre à dos des Ætheri protecteurs, je ne deviendrais jamais chasseur. Je soupirai. Je m’étais dit que je pourrais venir ici pour prier et retrouver un peu de calme mais c’était une zone de passage. Les adultes me contournaient, déposaient leurs présents et partaient. Je devais me concentrer. Je fermai les yeux et me mis à penser très fortement que je voulais devenir un chasseur et que j’étais sûr que je pourrais faire de bonnes chasses si on me laissait ma chance. « Surtout que tanner la peau c’est chiant. » dis-je à voix haute, avant de prendre conscience du fait que j’allais sans doute être puni. On me disait tout le temps que je n’étais pas patient et que les Dieux me le feraient comprendre à un moment ou à un autre. Avec ma tache rose sur la tête, je devais avoir l’air bête en plus. « C’est pas que c’est chiant… Enfin si, pour moi, pas en général… » J’essayais de me rattraper comme je pouvais. « Je sais que je dois passer par là mais y a pas de défi ! C’est ennuyeux ! Alors que la chasse, ça c’est excitant ! Suivre une proie dans les fourrées, la traquer, prier pour bien faire les choses… » Je respectais beaucoup les animaux. J’étais fasciné par le passage de la vie à la mort, par l’art de ne pas faire souffrir la bête et par le respect de Phoebe qui nous donnait de quoi nous nourrir. Je savais aussi que le tannage était une bonne chose puisqu’il contribuait à ne pas gâcher le corps de l’animal ayant trouvé la mort, mais ce n’était pas ce que je préférais. C’était répétitif et tout ce qui était répétitif m’assommait. « Si vous pouviez m’aider à devenir un bon chasseur, je prierais encore plus ! » conclus-je d'une façon très puérile en me relevant.

Une fois de retour à Zaowa, je me mis à fureter entre les Chamans. Les adultes s’occupaient des préparations et la capitale semblait rugir à elle toute seule. Les différentes tribus répétaient les chants et les mélodies, certains faisaient des essais de peintures et d’autres se confectionnaient des coiffes. Tous discutaient. J’étais curieux. On parlait des époux et des épouses. Je n’avais jamais vu d’autres races, hormis les gens qui faisaient partie des Corvus Æris mais je ne les avais aperçus que de loin, malheureusement. Je n’avais pas pu leur parler. Peut-être qu’ils ne m’auraient pas compris, de toute façon. « Il y a une Ange. De ce qu’on raconte, les Anges ne peuvent pas faire des enfants sans être amoureux. » « Pourquoi est-ce que les Ætheri l’ont choisie alors ? » « Seuls eux le savent. » Certains Chamans étaient sceptiques par rapport à l’union. Elle était d’ordre divin mais il y avait des Humains dans le lot. De ce que je réussissais à déceler, ils pouvaient enlever la magie. Je trouvais ça bizarre et, après une réflexion très poussée, croyais-je, je me dis que ce n’était pas possible. « Tu les as vu ? » « Non… Il paraît que certains ont des cornes sur la tête et qu’ils portent des vêtements sur eux tout le temps. » « Tout le temps ? Même quand il ne fait pas froid ? » « Oui. » « C’est bizarre. » « Et ils n’aiment pas être nus… » Je trouvais ça tellement invraisemblable que je me mis un objectif en tête : voir au moins un époux avant le début du mariage ! Je voulais les observer pour me faire mon propre avis. Comme le chasseur après sa proie, j’allais traquer ces étrangers et je pourrai dire fièrement que j’en avais vu un, pour de vrai !

832 mots

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Lyz'Sahale'Erz
Lun 06 Avr 2020, 13:11


Tout le monde avait le droit d’entrer dans le palais, à l’exception de quelques zones particulières, comme la chambre du Suprême de l’Au-Delà. Même si j’étais curieux à son égard, avide de savoir ce que pouvaient contenir ses appartements, je n’étais pas assez téméraire pour m’y risquer. J’imaginais l’endroit rempli de fumée. Cette fumée ne laisserait voir que la silhouette de nombreux Totems étrangement effrayants et envoûtants et, parfois, celle des Ætheri qui viendraient murmurer à l’oreille de notre chef leurs desseins. Si j’en croisais un, j’étais sûr de mourir avant même de le voir vraiment. Je balayai cette pensée. Moi aussi, un jour, quand j’aurais tout fait correctement, quand on m’aurait enfin permis de chasser et que j’aurais ramené mon ours, je pourrais recevoir les messages des Dieux. Il me faudrait encore… longtemps, mais j’y arriverais ! Motivé comme jamais, je me frayais un chemin entre les adultes, tous occupés à la préparation des festivités. J’avais le droit d’être là mais je trouvais ça plus excitant de faire comme si c’était interdit. J’essayais donc d’être discret, ce qui n’était pas bien difficile. Personne ne faisait attention à moi hormis certains Esprits qui devaient se demander ce qu’un gamin faisait, au juste, à se cacher derrière des jarres ou des vêtements. C’était une traque ! L’objectif était de repérer les étrangers. Ça faisait deux bonnes heures que j’y étais et que je n’avais rien vu du tout. Je ne désespérais pourtant pas, malgré la fatigue. Je devais devenir endurant.

Quelques minutes plus tard, j’étais assis sur un coussin, à manger ce qu’on m’avait donné. Ma nourrice avait fini par me retrouver et par me disputer. Je n’étais plus un enfant et je devais apprendre à grandir et à me tenir. Pourquoi ne pas plutôt aider à disposer les vivres ou à tisser de nouveaux tapis ? avait-elle suggéré. « Est-ce que j’ai vraiment une tête de Delawam ? Et puis quoi après, je devrais me parer de bijoux comme les Raya et me déhancher ? Je suis un chasseur, moi ! » Mon insolence ne lui avait pas plu, d’autant plus qu’elle avait fait rire un Esprit de passage. J’étais donc puni. Je n’avais pas le droit de sortir de la pièce où elle m’avait laissé jusqu’à nouvel ordre et mangeais donc du gruau avec ma main droite, la gauche soutenant ma joue et ma mine boudeuse. C’était toujours la même chose. Tekoa, arrête d’essayer de t’aventurer dans la jungle, tu vas te faire dévorer par un animal sauvage ! Tekoa, tu n’es pas prêt pour la chasse ! Tekoa, tu as une peau à tanner ! Je soupirai. J’allais leur prouver que j’étais capable de faire les choses biens et que les monstres de la jungle ne me faisaient pas peur !

Une fois que j’eus fini de manger, je me relevai. Je jetai un coup d’œil dans le couloir, à travers le tissu qui faisait office de séparateur. Elle était occupée à échanger avec une autre Chamane, plus loin, et ne faisait pas du tout attention à moi. Elle allait encore me punir, si je partais. D’un autre côté, on était à Zaowa, c’était le mariage du Hǫfðingi, il y avait des étrangers et ça ne se reproduirait pas avant longtemps. Ni vu ni connu, je me glissai en dehors de la pièce et profitai du passage d’une femme qui portait de multiples vêtements de fourrure pour disparaître.

« Que fait-il ? » demanda un Chaman à son interlocuteur. Celui-ci regarda dans la même direction que lui, surpris de voir ma tête apparaître soudainement à une fenêtre puis disparaître. « » Il finit par se lever. « Que fais-tu ? » me demanda-t-il. « Je cherche les Élus ! » dis-je sans cacher mon intention. « C’est pour ça que tu sautes de fenêtre en fenêtre pour essayer de voir ce qu’il se passe dans chaque pièce ? » « Oui ! À force, je vais bien voir un Élu ! » « Comment t’appelles-tu ? » « Lyz'Sahale'Erz ! » dis-je, fièrement. « On m’appelle Tekoa. » ajoutai-je. « Je suis un Mior ! » Ma fougue amusa l’homme. Il était plus âgé. « Ils sont sans doute dans leurs appartements. Tu ne peux pas y aller. Je serais toi, je jetterais un coup d’œil dans les bains ou dans la cour intérieure. » Je répétai : « Les bains ou la cour intérieure. » avant de m’éloigner après un « merci » jeté à la volée. Le Chaman rit.

752 mots

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Lyz'Sahale'Erz
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Lyz'Sahale'Erz
Mar 07 Avr 2020, 11:07


« Je ne suis pas un Nyam ! Je m’ennuie ! » criai-je. « Tu restes avec moi maintenant, Tekoa ! » Ma nourrice n’avait pas besoin de hausser la voix pour que celle-ci prenne un ton autoritaire. Je soupirai. La situation ne m’allait pas du tout. Comme elle en avait marre de me perdre, elle avait fini par se procurer une corde, se l’était attachée autour de la taille et avait fait de même avec moi. J’étais donc obligé de la suivre, deux mètres de distance nous séparant alors au maximum. J’étais tel un animal en cage. Je n’avais plus le droit de rien faire à part la suivre et écouter ses conversations inintéressantes avec d’autres Chamans. Si seulement ils avaient parlé des époux… Mais non, ils discutaient de la nourriture et des offrandes, de la parade et des peintures. « Tekoa ! Arrête ! » Je traînais des pieds depuis qu’elle avait mis en place ce système et me déplaçais comme une âme en peine, le malheur imprégnant mon faciès. « Quel comédien. » plaisanta son interlocuteur, ce qui me fit froncer les sourcils. « Je veux aller voir l’îlot ! » déclarai-je alors. C’était bien la seule chose que j’avais retenu de toutes les discussions. « Tu ne vas nulle part ! » Je soupirai bruyamment, tout en m’asseyant sur un coussin. Il fallait que je trouve quelque chose pour couper le lien. Si les autres enfants de la tribu me voyaient comme ça, ils allaient se moquer, même si ça me dérangeait bien moins que la perte de ma liberté de mouvements.

Un grand sourire satisfait illuminait à présent mon visage, ayant remplacé mon air de chien battu à la seconde même où le miracle s’était produit. Non seulement j’avais gagné le droit de retrouver ma pleine liberté mais, en plus, un autre enfant avait pris ma place. Sans demander mon reste, j’avais filé. Je voulais voir l’îlot et j’étais bien trop têtu, certains auraient dit capricieux, pour oublier mes envies. Une fois que ce serait fait, je retournerais à la chasse aux Élus.  

Lorsque la statue fut visible, un grand malaise me tomba dessus. Je penchai la tête sur le côté, tout en me recroquevillant sur moi-même, mais toujours debout. Je ressemblais alors à une sorte de bossu. Je réfléchis cinq minutes avant de me mettre à courir pour regarder l’objet divin d’un autre angle. Essoufflé, mes yeux se posèrent de nouveau sur le visage sublime de l’Æther représentée. « Argh ! » fis-je. Elle me regardait. Elle me regardait et je ne savais pas du tout comment réagir. Ses cheveux avaient l’air de bouger. Était-ce vraiment… ? Non, impossible. Peut-être. « … bonjour ? » demandai-je, comme si je m’attendais à une réponse. Cette dernière ne vint pas. Je m’assis en tailleur et me mis à scruter davantage l’œuvre, plongé dans une concentration extrême qui me fit perdre la notion du temps. Jamais elle ne me quitta des yeux. Moi non plus. Elle était trop captivante, malgré son air hautain et supérieur. Il fallait que je me renseigne sur ce temple et sur cette statue. Étaient-ils une œuvre divine ou avaient-ils été construits par des Chamans ? La magie nécessaire devait être colossale, surtout pour l’effet des yeux. À moins qu’elle ne me regarde moi ? Impossible. Ka’hina était là pour le Suprême de l’Au-Delà et la purification de la race. Je n’avais rien à voir avec ça. En plus, en observant un peu les autres Chamans, je me rendais compte que certains avaient exactement la même réaction que moi, troublés par ce regard. Surtout, la statue semblait toujours être de face. J’étais un peu déçu d’un côté. Si un Æther s’était intéressé à moi, ça aurait pu vouloir dire que j’allais vraiment devenir un grand chasseur bientôt ! Ce n'était pas le cas.

« Elle te cherche encore partout. Tu crois que j’ai que ça à faire de te courir après, gamin turbulent ? » Je fronçai les sourcils. « T’es mort alors j’imagine que oui ! » J’avais un grand respect pour les Esprits mais celui-ci m’énervait. C’était toujours lui qui finissait par me retrouver et par dire à ma nourrice où j'étais. « Je le lui dirai. » Je serrai les dents. « Je ne fais rien de mal ! Je regarde la statue ! » « Qu’est-ce qu’elle t’a dit avant que tu ne partes vagabonder ? » Je fis la moue et récitai l’évidence. « Que je ne devais pas m’éloigner parce qu’il fallait que je me prépare pour la cérémonie de demain et que je me couche tôt. » « C’est ce que tu as fait, bien sûr. » Je me levai en bougonnant. « Les anciens Anges c’est toujours des… » « Pardon ? » « Rien ! Laisse-moi tranquille ! »

797 mots


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Latone
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Latone
Jeu 09 Avr 2020, 01:35

" Fiouuu… " L'onde-de-choc avait déraciné quelques arbustes sur son passage – ce qui, au goût de Léto, s'avérait purement insuffisant – mais la Fusion se stabilisait après chaque tentative. Bon, l'inconvénient étant que Midos disparaissait systématiquement après le Báng, jusque dans l'Au-Delà. C'était dérangeant, guère rentable, cela rabaissait cette magie incroyable au rang d'armes de dernier recours. Elle songeait chaque jour à un moyen de limiter les conséquences, quitte à en réduire l'efficacité, sans pour autant dénaturer la remarquable habileté de ces Esprits… Quand elle quitta le cratère, ses yeux vairons s'attardèrent sur son second Hozro, lévitant au-dessus du sol à plusieurs mètres de hauteur, jambes croisées. Depuis tout à l'heure, Oberon se contrefichait des faits et gestes des deux colosses, il fixait la capitale de l'Île au loin, flamboyante. Sa Chamane étira un grand sourire. " Tu sais, si tu tiens vraiment à la voir, rien ne t'en empêche. " Il ne répondit pas, et il n'en fera rien. Elle s'étira les bras, se remémorant leur discussion à ce sujet. Oberon n'a jamais profité de l'invisibilité des Esprits, il était né isolé dans la Mort, ruminant sa vie et ses regrets avec ferveur. Peu de temps après, Léto et ses camarades le retrouvèrent ; elle n'était qu'une Chamane disciple à l'époque, elle avait besoin d'un Hozro pour se défendre. Oberon se distingua aussitôt, de manière surprenante. Ainsi, lorsqu'elle l'attira en dehors de ce lieu lugubre, il ne profita que de l'immatérialité et la suspicion des Vivants. Il n'avait jamais pu veiller sur sa fille après son trépas, seuls les racontars et espionnages lui servirent à avoir des nouvelles. Quelque part, il refusait qu'Alix le voit dans cet état, même si cela était déjà arrivé par le passé, même si elle s'était rapprochée de ce singulier peuple. Elle n'avait connu qu'une mère bien portante et un père décédé, qui parfois lui parlait à travers le voile entre les dimensions. Était-ce de sa faute si Alix s'était laissée charmer par cette vie ? Aurait-elle gardé ses distances si Ezechyel et Edel ne la fascinaient pas à ce point ? À bien y réfléchir… Non. C'était inévitable. Et pour cause : Oberon engendra cet enfant malade, à cause de son état. Lumi n'avait rien pu faire pour la sauver, le Lyrienn avait condamné leur descendance à un calvaire apparemment sans fin. Au fond de lui, il grinçait des dents, on ne peut plus outré à l'idée qu'Alix suivait les pas de Léto.

" Bon, j'y vais. Tu pourras venir, tu sais. C'est un moment important pour elle, dans le sens où ça n'arrive pas tous les jours. D'ailleurs, si ça arrivait tous les jours, on aurait d'importantes pénuries de nos ressources, à commencer par les peintures. Et les champignons. Tu savais que des Delawam'Wa ont tenté d'en sniffer en plantant directement une tige sous la volve ? L'un d'eux est mort, je crois, car il est tombé sur un nid de tout petits insectes, voraces. Les guérisseurs n'ont rien pu faire pour contenir ses cris d'agonie. La fête sera grandiose en tout cas, assurément le plus beau jour de sa vie ! Je t'ai manquée ?
- Non.
Répondit l'Esprit du tac au tac. Sans trop préciser s'il confrontait simplement l'ultime interrogation.
- Oh… " Elle s'éclipsa donc sans lui, tant pis.

~~~

Le visage d'Alix s'illumina, rajeunissant à vue d'œil sous ses airs de condamnée. Au vu de ses yeux écarquillés, l'Humaine ne s'attendait vraiment pas à recroiser la route de Léto ; cette femme au cœur d'or qui l'avait élevée durant une partie de son enfance, ses géniteurs ne répondant plus présents. L'espace d'un instant, la brune se remémora tout : Ciel-Ouvert, les leçons strictes de la Mord'th, son amitié avec Prune… Les exploits de la Sùlfr. Dans d'autres circonstances, Alix pensait suivre ses pas, jusqu'au jour où tout bascula pour les siens. Pourtant, les revoilà de nouveau ensembles. Impensable. La Draugr n'avait pas le droit de la toucher, mais la future épouse n'en fit qu'à sa tête et se jeta dans ses bras. La titanide était toujours impressionnante, intimidante quelque part, néanmoins Petiote retrouvait cette aura chaleureuse dont la blonde avait le secret. " Je suis contente de te revoir aussi. Affectueuse et maternelle, Souw caressa les cheveux de son ancienne protégée, avant de lui faire face de nouveau pour l'admirer. Bientôt, elle deviendra une véritable femme ; les Raya feront sûrement des merveilles. En fait, j'ai gardé un œil sur toi depuis ton arrivée sur l'Île. Son regard se perdit un instant en l'air, songeuse. Ou peut-être, un peu avant. Ce sourire taquin avait, curieusement, manqué à l'Humaine. Nous aurons tout le loisir de rattraper le temps perdu, mais pas pour tout de suite. Dans peu de temps, tu seras mariée ; en plus, avant moi, je suis jalouse. Alix laissa échapper un bref rire, plutôt prise au dépourvue. Cette union montre que tu as encore une place en ce monde. Ne te laisse pas abattre par les affres de ta condition. Les yeux dans les yeux. Ne laisse personne t'abattre. Ni eux, ni toi. Léto fit glisser ses mains sur ses frêles épaules, l'air rassurante. Au fond d'elles, toutes les deux savaient que ce ne sera point facile, cependant l'une demeurait plus confiante que l'autre. Et prend soin de lui, d'accord ? Une œillade à droite puis à gauche, et elle lui confia à l'oreille : Il adore les tartes à la framboise. Un clin d'œil plus tard et la Chamane se dirigeait déjà vers la sortie. On se voit tout à l'heure, Petiote. " Ce monopole de la parole lui avait clairement manqué.


998 mots ~



By Jil ♪
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Lyz'Sahale'Erz
Ven 10 Avr 2020, 11:00


« Je peux monter sur ton bateau ? » « Non ! » Je rouspétai puis changeai de cible. « Est-ce que je peux monter sur ton bateau ? T’es un musicien non ? Je peux venir ? » Le Chaman à qui je m’adressais baissa les yeux vers moi. « Pourquoi est-ce que tu veux venir ? Tu seras très bien sur les rives. » « Non ! Mais puisque tu le demandes, je vais t’expliquer ! » J’étais ravi qu’il ait mordu à l’hameçon. Ça faisait deux heures que j’allais de personne en personne, espérant pouvoir obtenir une place sur un drakkar. Comme je n’étais pas musicien et que je ne faisais pas partie de la parade, la réponse était toujours la même : un non, qu’il soit catégorique ou amusé. Certains étaient anxieux aussi, ce qui ne les mettait pas dans de bonnes conditions pour communiquer avec moi. Mais, moi, je voulais vraiment monter sur un bateau. « Déjà, j’ai envie de toucher l’eau. Elle n’est plus rouge et c’est nouveau. Je me dis qu’elle pourrait être spéciale ! » Et faire de moi un grand chasseur, peut-être. « Tu peux la toucher depuis la berge. » « Mais attends, je n’ai pas fini ! » Le problème c’est que dès que je me mettais à parler pour expliquer des choses, ça pouvait durer longtemps. « J’ai envie de voir Raya ! J’ai entendu dire qu’elle allait se dévoiler et, si je reste sur la berge, je ne la verrai jamais ! C’est peut-être ma seule occasion de la contempler. » L’homme me fit un sourire entendu. « Mais non ! J’aime pas les filles, c’est toutes des chieuses ! » « Tu ne devrais pas leur dire ça. Tu n’auras jamais de femme sinon. » « Mais je ne veux pas une femme ! Je veux être chasseur, partir dans la jungle comme Mior et devenir une légende que personne ne voit jamais ou presque ! » Le Draugr de ma tribu me semblait insaisissable et je l’admirais d’autant plus. « Si je veux voir Raya c’est simplement par curiosité et pour… Tu vois, y a des choses que je veux faire avant de devenir un Esprit, et voir Raya en fait partie ! » Ça venait juste de se rajouter à mes envies mais il n’avait pas besoin de le savoir. « Je me dis aussi que j’entendrai mieux les sons et que je verrai mieux ! Surtout que j’ai cherché les Élus depuis que je suis arrivé à Zaowa et que je n’en ai vu aucun ! Je veux voir les Élus, le Hǫfðingi et les Draugrs de près ! Si je reste avec les autres, je ne verrai rien ! » « C’est sûr. Je comprends mais si tout le monde faisait comme toi, il n’y aurait plus de place sur les drakkars. » « Oui mais déjà je ne suis pas tout le monde, moi je suis Tekoa, et tout le monde n'a pas eu mon idée de demander. Ensuite… Je suis petit alors je ne prends pas de place ! Tu ne me verras même pas ! Promis ! Allez, dis oui ! Je t’aiderai à… nettoyer tes instruments ou refaire tes peintures ou ce que tu veux ! » Je lui souris. « D’ailleurs, t’es un Delawam je parie ! Les Delawam sont gentils ! » J’étais à court d’arguments, à présent.

Un sourire ravi éclairait mon visage. J’avais réussi à le convaincre, sans doute par pitié puisque j’avais commencé à m’accrocher à lui désespérément en le suppliant de toutes mes forces, mais à le convaincre quand même. Parfois, il ne valait mieux pas regarder le voyage mais simplement l’arrivée. J’avais obtenu ce que je voulais et j’étais donc content. Debout sur le drakkar, j'étais fier comme un Kazak. Je me dirigeai vers le bord en courant lorsque j’entendis les premiers tambours résonner. Ça allait bientôt commencer ! La musique retentissait alors que nous remontions le lac pour que le navire se positionne, avec les autres, proche du Nilgoé. Je n’avais pas encore touché l’eau mais j’allais le faire. Il me faudrait simplement trouver comment puisqu’il ne suffisait pas de se pencher pour y parvenir, comme je l’avais d’abord imaginé. Plus tard ! Ni une ni deux, je courus de l’autre côté du pont pour voir ce qu’il y avait par là-bas. Je voulais voir le Suprême de l’Au-Delà et les Élus et les Draugrs et les Oracles ! J’étais tellement impatient que je frétillais sur place. Je sentis néanmoins deux doigts serrer et tirer mon oreille pour attirer mon attention. « Une fois que la parade commencera, je ne veux plus te voir courir partout sinon je te jette par-dessus bord ! » « Oui d’accord ! » C’était comme demander à une abeille d’arrêter de bouger en plein vol.

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Dim 12 Avr 2020, 09:16




Le Mariage
Beaucoup de discussions enveloppaient la tablée des Draugrs. « T'arrête de faire la gueule, c'est un mariage ! » Alséa regarda son rival avec un regard noir, avant de le mimer Raoni d'un ton ridicule. « T'arrête de faire la gueule, c'est un mariage ! Gniagniagnia. » Entre les deux monstres, Delawam était allongé, faisant barrière de son corps pour éviter les combats ouverts. Il ne semblait pas être atteint par la stupidité ambiante et fixait un point à l'horizon, stoïque. Aylmir jalousait ouvertement Raya du regard, incapable d'accepter qu'on lui vole la vedette et que tous les regards soient tournées vers cette pimbêche qui dansaient visiblement comme une dinde, pensait-elle, avec mauvaise foi. Au moins, elle avait des plus gros seins qu'elle. Mior s'attardait sur les enfants qui passaient en souriant d'un air énigmatique ou effrayant selon les gamins, s'amusant à leur faire des grimaces dignes de l'ours des montagnes qu'il était. Il n'avait pas prononcé un seul mot depuis le début du repas. Ces festivités l'importait moins que la prochaine trappe. De même, Nyam avait gardé la tête froide et jetait de temps à autre des regards inquiets vers le Suprême de l'Au-Delà. Quant à Zawa'Kar, il surveillait à la fois Léto et Circë tout en buvant autant que pouvait le faire un grand Réprouvé. Il avait, avec Kazak parié un régiment de ses soldats contre un drakkar de ses corsaires sur le fait qu'elle se coucherait sous la table avant lui. En conséquence, la capitaine des marins était accrochée aux tonneaux d'alcools et ne semblait pas faiblir. Devaraj lui, passait son regard de l'un à l'autre car leur singularité qui laissait à penser qu'ils étaient tous débiles lui changeait les idées. « Taisez-vous. » murmura Delawam, un calumet dans la main. « Je vois... je vois.... » Ils se turent pour écouter le grand sage. Et il ne termina jamais sa phrase malgré les regards inquisiteurs de ses deux interlocuteurs. Le roi fit une moue lorsque Circë se dévêtit. Il la regarda si fort qu'un rayon aurait pu partir de ses yeux pour la transpercer et la réduire en cendres. La présence des Humaines qui lui coupait l'appétit ainsi que le regard méprisant de cette vieille peau de Kaori achevèrent de le convaincre d'aller s'évanouir dans sa chambre. « Tu peux arrêter de danser, le roi est parti. » minauda Aylimir. Raya la jugea des pieds à la tête. « Tu as prit du ventre. C'est ça de manger des pâtisseries du désert. » C'était sans fin. Raoni finit par abandonner son homologue. « Va te prendre. Euh, te pendre. » L'imbécile ricanait tout seul à sa blague. « Avec plaisir. » « Je vais retrouver ce Déchu, il me plait bien. »
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Beaucoup plus haut et en profondeur dans le dédale du Palais, Devaraj écoutait d'un air distrait les passages criards des enfants. Ils les dérangeaient moins que tout le reste. Enfant, il aurait bien aimé courir dans un Palais comme celui-ci. Il serait mort en sautant du toit pour tenter d’atterrir sur l'un des balcons après un pari hasardeux, probablement. Le Chaman était affalé sur son grand lit, dans le noir car toutes ses fenêtres étaient calfeutrées par des tissus sombres ou des volets. Il faisait chaud, mais, fiévreux, il avait toujours froid. Ses yeux étaient rivés sur le plafond où étaient dessinées quelques arabesques. Il aurait mieux fait de se faire un café ou de prendre sa drogue, afin de rester éveillé encore un peu plus longtemps et ne rien céder à la fatigue. Heureusement, ce n'était pas la digestion qui allait l'assaillir car son appétit était pour le moins inexistant. Il avait mangé, parce-qu'un époux qui ne mangerait pas à son propre mariage paraîtrait suspect, mais sans plus. Il n'avait pas envie de faire la fête. Son humeur se résumait plutôt à l'envie de tout brûler, et surtout cette statue immonde qui planait sur le lac. Son lac. Il ne referait que quelques apparitions pour faire bonne mine. Peut-être qu'il devrait se fabriquer un clone pour l'envoyer à sa place. Kaori discernera probablement la vérité mais les autres n'y verraient que du feu. Elle ne dirait rien, pas en public, parce-que peu importe le nombre de sacrilèges à son actif, il était apparemment toujours digne d'être élu des Dieux et cela la rendait folle de rage. C'était, ma foi, le seul côté agréable de ce sombre tableau. En réalité, étant donné les bienfaits prédits par cette union, il visualisait parfaitement bien que son petit sacrifice permettra à son peuple de s’élever à un autre niveau. Il avait juste envie d'être égoïste, pour une fois. Ce n'était qu'un rêve. Il s'endormit comme un loir, sans se douter de ce qui l'attendait devant la porte des Songes.

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Dim 12 Avr 2020, 11:42




Le Mariage
Des chuchotements s'échappaient le long des couloirs plus ou moins déserts des appartements royaux. Tout le monde était en bas en train de participer au premier festin, ou dans les rues encombrées de feux de joie et de danseurs. Deux ombres complotaient devant la porte de Devaraj. Finalement, l'une d'entre se décida et cogna son petit poing contre la grande porte. « Toc toc toc, nous aimerions parler à monsieur le Roi ! » s'égosilla Za tout en reculant de quelques pas pour se positionner bien droite devant l'entrée. Son frère la regardait d'un air mi-effrayé, mi-outré, et avait préféré se décaler sur le côté pour ne pas être vu tout de suite. En gros, il laissait sa sœur se faire incendier toute seule. « Tu es vraiment un lâche. Personne ne voudra de toi à Zawa'Kar. » dit-elle, dédaigneuse. « Peut-être mais moi au moi, je serai en vie ! » Il rit pour se moquer d'elle puis se tût brusquement. Tout naturellement après leur requête, des pas se firent entendre de l'autre côté et le verrou de la porte se dégagea. Les deux jumeaux retinrent leur respiration. Finalement, comme la porte mettait du temps à s'ouvrir, Za se précipita sur le côté pour échanger sa place avec celle de son frère. « J'ai changé d'avis ! » « Ah non ! C'est toi qui a toqué ! » « Oui mais c'est toi qui veux parler au roi ! » « J'ai jamais dit ça ! » Ils se mirent à se pousser l'un l'autre avec toute la violence dont un enfant de huit ans était capable. « Tu mens ! » « CHUT ! »

La porte s'entrouvrit pour révéler petit à petit la silhouette du concerné, qui annonça très sérieusement. « Que voulez-vous au Roi misérables opportuns ? » Les deux jumeaux ouvrirent la bouche, ébahis, puis froncèrent les sourcils avant de s'exclamer en même temps. « JUNIOR ?! Qu'est-ce-que tu fous là ! » Le blond, pas plus haut que ses homologues du même âge, n'était pas le roi. Cela soulagea d'une seule traite les jumeaux, mais les fit aussi ricaner. Le clone fronça les sourcils à son tour devant l'hilarité de ses amis. « Bin je suis dans ma chambre. » dit-il, en mettant ses poings sur ses hanches, dans une grimace très drôle qu'il avait copié de Devaraj mais qu'il n'arrivait pas bien à refaire. « C'est pas ta chambre ! » répliqua Za. « Ouai ! Même que t'es un voleur chui sûr ! » rajouta aussitôt Zé, qui détestait particulièrement le blond, car ce dernier s'intéressait un peu trop à sa sœur déjà, et il faisait toujours son intéressant sans raison, juste parce-qu'il ressemblait au roi. « Quoi !? C'est la chambre de Devaraj et JE SUIS Devaraj ! » houspilla Junior, colérique, en criant dans les aigus. « Tu n'es rien du tout ! » hurla à son tour la fillette en le pointant du doigt. « Et qu'est-ce-que tu fais dans TA chambre ? » dit Zé d'un ton railleur et inquisiteur. « Je fais ce que font les grands ! » « C'est à dire ? » « Quand le papa va sur la maman et qu'il faut pas qu'on dérange ! D'abord ! » « Menteur ! Men-teur ! Men-teur ! » C'en était trop pour le blond, qui se mit à gesticuler. « On m'agresse ! A moi ! A moi ! GARDES ! » Ils avaient complétement oublié le roi.

Mais personne ne lui vint en aide. Au lieu de cela, à l'intérieur de l'appartement, un véritable grognement se fit entendre et une forme sombre se découpa dans la pénombre ambiante. Tout à coup, l'enthousiasme du clone à hurler comme celui des jumeaux à se moquer de lui disparurent totalement. « Bravo, tu as réveillé le vrai. » chuchota finalement Za. « On devrait s'en aller. Moi je voulais juste voir Devaraj pour lui demander pourquoi les élus rendent aveugles et puis il nous avait promis de tout nous raconter. » « C'est moi le vrai. » Junior murmurait à son tour. « Toi t'es rien du tout, tu devrais même pas exister ! » Cette fois-ci, piqué à vif, Junior s'enfuit vers le Chaman qui se levait à contrecœur. Le blond battit en retraite derrière les jambes du roi. « Ils ont dit que je devrais même pas exister ! » Devaraj souffla un bon coup et dévisagea l'enfant. Il avait l'air terriblement fatigué, agacé, de mauvaise humeur. Sa chevelure ne ressemblait à rien et il avait encore la marque de l'oreiller sur la joue, ainsi que ses cernes, qui n'avaient fait que s'agrandir. En plus de cela ses yeux brillaient d'une lueur si effrayante que Junior regretta d'être retourné dans la chambre, voir d'y être entré par effraction pour commencer. « C'est exact. » répondit le Chaman en haussant les épaules d'une voix éraillé et glaciale. Il souleva son clone par le col sans aucun ménagement et le porta comme un sac à patate à l'entrée, devant les jumeaux, où il le jeta au sol avec le même manque de délicatesse, ce qui arracha un cri de douleur à l'enfant. « Mais il n'y a pas de quoi pleurer, parce-que, vois-tu, eux-non plus ne devraient pas exister. » Sur ces mots, il leur offrit un sourire terrifiant qui n'avait rien à envier aux plus horribles vampires, puis leur claqua la porte au nez si fort que les murs tremblèrent et qu'un tableau se décrocha pour s'écraser dans le couloir dans un sombre fracas.

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Dim 12 Avr 2020, 16:26




Le Mariage
Devaraj resta silencieux devant la porte, quelques secondes qui parurent durer une éternité, les bras ballants, apathique. Il ne fallut pas longtemps aux enfants pour sangloter, quant à lui... Parlons-en. Il ne se sentait pas dans son état normal. Son réveil tumultueux l'était plus que d'habitude et il ne pouvait se souvenir de son rêve, comme cela lui arrivait souvent quelques minutes après son lever. Habituellement, la mémoire lui revenait brusquement à un moment donné de la journée, quand il n'y pensait plus. Il sentit tout le spectre des émotions négatives passer à travers lui, sans qu'il ne puisse comprendre pourquoi. Le cœur serré, le Chaman ouvrit de nouveau la porte de son appartement. Il les dévisagea sombrement. Deux larmes coulèrent sur ses joues, puis il fondit brusquement en larmes devant les trois enfants, qui, pour le coup, cessèrent de pleurer eux-même pour le regarder avec de gros yeux. « J-je suis désolé. » balbutia-t-il entre deux sanglots, le visage entre les mains.

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« Lilith,
Je ne m'étonne pas de ne pas te voir présente au mariage.
Si un jour j'en viens à t'oublier, j'aimerai que tu viennes te débarrasser de moi d'une manière ou d'une autre. Contrairement à ce que je devrais penser, notre discussion dans les souterrains n'était pas blessante, simplement désolante. Je n'ai jamais eu l'occasion de te le dire mais je ne t'en veux pas, ou plus maintenant. Comme tu le sais, ce mariage est le résultat de notre union, mais aussi de celles de notre peuple, car il faut bien que ce soit le roi qui porte la couronne d'épines et non ses sujets. Sinon, à quoi bon ?
»

Il reposa sa plume. « Qu'est-ce-que tu fais ? » Za regardait par dessus son épaule, curieuse. Ils étaient tous les quatre assis sur le lit. « J'écris une lettre. » marmonna le Chaman. « A ton amoureuse ! » « Hum. » Devaraj lui offrit un sourire en coin. Ils avaient fait un pacte : aucun des trois n'avoueraient l'avoir vu pleurer, en échange de quoi il se ferait pardonner d'avoir été méchant en leur racontant une histoire tous les jours pendant un an et en les laissant dormir avec lui quand ils avaient peur du RhéaLatiam, ainsi qu'en accédant, finalement, à toutes leurs demandes. Comme il s'en voulait, il n'avait pas osé dire non et s'était contenter d'hocher la tête d'un air pathétique. « Est-ce-que tu fais pipi dans ton amoureuse ? » Devaraj regarda le jumeau avec des yeux ronds. « D-de quoi ? » demanda-t-il, une sueur froide dans le dos. Où cet enfant avait pu entendre ça ? « Raoni m'a dit que les garçons faisaient pipi dans les filles ! » Le Chaman ferma les yeux. Il trucida cinquante fois le Draugr en pensée, puis rouvrit ses paupières. « Ah oui ? Et tu crois tout ce que dis Raoni ? » Sa sœur le railla. « Ah ! Je te l'avais dis ! De toute façon, Raoni, avec son sourire bizarre, moi je l'aime pas ! » Devaraj sourit et plongea sa main dans la chevelure en bataille de la jumelle. Junior dormait contre son torse, même s'il avait dû user de magie pour calmer le petit monstre. C'était sa faute après tout, il n'aurait jamais dû dire cela. Il ne savait pas ce qui l'avait pris. Il se sentait plus instable qu'une feuille d'automne voletant dans le vent d'hiver ou qu'un brun d'herbe jeté au milieu de l'océan. « Tu trembles. » lui fit remarquer Zé, qui était allongé sur le ventre, les coudes et poings soutenant son visage. « Je suis fatigué. C'est ce qui arrive aux méchants. » commenta Devaraj en prenant sur lui pour ne pas se montrer faible une seconde fois. « Mais tu viens de dormir ! » Le Chaman fronça les sourcils. « Bon et votre histoire ? » La petite venait de lui piquer sa feuille avec la plume. « Je vais faire un dessin à ton amoureuse. » « Et moi je veux entendre l'histoire des momies une nouvelle fois ! »

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Le roi apparût de nouveau dans la place où étaient installées les tables pour les Draugrs, sans savoir combien de temps s'était écoulé depuis son départ. Une heure, trois jours ? Combien de minutes avait-il perdu dans ce songe ? Il avait beau se remuer les méninges, impossible de remettre la main dessous, pourtant, il savait qu'il en avait envie et que c'était important. Le mieux était d'arrêter d'y penser puis d'attendre. Le Chaman déposa Junior sur un coussin, ainsi que les jumeaux qui s'accrochaient à lui les yeux demis-fermés. Visiblement, la cour était déserte.

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« J'ai craqué !! » avoua-t-il plus tard à Delawam, l'air affolé. « Est-ce-que ça c'est vu ?! » Le Draugr poussa un soupir. « Cela m'inquiète que ce soit la première question qui te vienne à l'esprit. Bois-ça. » La mixture était chaude et sucrée, avec un arrière-goût au chocolat. « Non, je ne crois pas que quelqu'un ait remarqué. Mais peu importe, tu as le droit d'être en désacord avec ce qu'il t'arrive. » Devaraj tourna sa tête vers le Chaman, ouvrit la bouche pour répondre quelque chose, mais aucun mot ne lui vint à l'esprit. Au lieu de cela, le flot d'émotions violentes continua de se déverser de son âme à son cœur. Que ce soit la boisson ou l'hypersensibilité qui le poursuivait depuis plusieurs heures, il sentit de nouveau l'amertume envahir ses joues pour les brûler. Il était imcapable de se contrôler. Avide d'un quelconque réconfort, il accepta de se blottir contre le corps du Draugr, sur lequel il resta affalé sans réaction aucune, pendant de longs instants, comme si son âme était sortie de son corps.  

12e message - 828 mots - Je m'arrête là, je vais aller me déclarer 2 messages = 1 point de spé pour tout l'event. ^^ Kaahl si tu passes par là, j'ai mis le Rêve à cet endroit comme il se déroule chronologiquement juste après. Et sinon, tu peux rejoindre Z² si l'envie t'en dit. xD

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Jun Taiji
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Jun Taiji
Lun 13 Avr 2020, 23:19



Alaster regardait le Suprême de l’Au-Delà, d’un air un peu curieux. Depuis qu’il avait cet oreiller, il ne cessait de faire des rêves érotiques. Ce n’était pas désagréable. Le problème c’est que son esprit semblait conditionné, à présent. Dès qu’il voyait le blond, son entre-jambe se tendait automatiquement. Il ne s’en inquiétait pas vraiment. Ça l’amusait, même. Il jouait, parfois. Il restait un moment sans l’observer puis le faisait et constatait qu’il était de nouveau dur. Il n’en avait pas parlé ; parce que ça n’intéresserait personne. Accoudé sur la table, il faisait un grand effort pour ne pas s’endormir. Il avait bien mangé et la digestion était une amie des Paresseux. Elle les berçait doucement, leur donnait chaud et les obligeait à fermer les yeux cinq minutes qui, souvent, devenaient quelques heures. Il était bien et il regardait Devaraj, s’amusant à compter combien d’aller et retour physiques il était capable de faire. Une érection, deux érections, trois érections, presque aussi efficace que les moutons. Dès qu’il ne le regardait plus, ça retombait rapidement. C’était le conditionnement. Ça ne lui donnait pas vraiment envie, c’était juste un fait. Ça se tendait, et se détendait. Alors qu’il en était à la cinquième, il perçut le regard du Hǫfðingi. Il le suivit mollement, en pivotant un peu la tête, jusqu’à la silhouette à demi dénudée de la petite Ygdraë. Circë. Il réfléchit un instant à ce que tout ceci voulait dire et finit par trouver. Il se leva et se dirigea vers les deux femmes qui dansaient. Il se baissa pour être à la hauteur de l’Elfe. Elle était minuscule. Il tendit son index et le posa sur son front pour attirer son attention. Elle semblait un peu ailleurs, à danser d’une façon qui lui donnait d’autant plus envie de dormir. Il aurait bien aimé se coucher et la regarder, jusqu’à fermer les yeux. Ses mouvements étaient répétitifs et lents. Il tendit la main vers l’autre femme pour qu’elle lui rende ce qu’elle avait ôté. « Je crois que quelqu’un n’aime pas vous voir dans cet état. » dit-il en la rhabillant. « Hum ? » répondit-elle, avec un sourire un peu vague. Elle était ailleurs. Elle était complètement stone. Il fit apparaître un pendentif dans sa main, qui émit une musique douce. Les yeux de l’Ygdraë commencèrent à papillonner, puis se fermèrent. Il la rattrapa avec facilité lorsqu'elle tomba, endormie, et la confia à la Chamane qui dansait précédemment avec elle pour qu’elle aille la coucher. Il sourit et passa une main dans sa barbe tranquillement.

Le Déchu quitta l’endroit. Il avait besoin de marcher un peu, s’il ne voulait pas s’endormir. Il bailla et se laissa guider un peu au hasard. Raya l’avait plongé dans un état étrange, comme si sa voix avait la capacité de le bercer mais que son corps en entier était trop obnubilé par elle pour se rappeler comment s’assoupir. Il avait beaucoup aimé la voix du Suprême de l’Au-Delà. Il se demandait s’il ne pourrait pas lui chanter quelque chose durant leur nuit de noce. Il avait envie de lui faire un cadeau. Il semblait fatigué et les gens qui l’étaient provoquaient toujours un drôle de sentiment chez lui. Peut-être réussirait-il à engourdir ses sens et à le détendre lorsqu'ils ne seraient plus que tous les deux, pour qu’il trouve le sommeil, un sommeil qui paraissait lui échapper.

À force de marcher, il se rendit compte qu’il s’était éloigné des festivités. « Félicitations. » entendit-il sur le côté. Une étrange brume s’était levée et il ne voyait presque plus le paysage. C’était légèrement différent de l’Aurore Argentée. « Merci. » répondit-il. Le Berger du Cœur Vert avait reconnu la voix. Il sourit lorsque la silhouette familière de celui qu'il considérait comme un ami apparut devant lui. Jun tenait quelque chose entre ses doigts. « Tiens. J’ai trouvé ça par terre. Comme tu cherches un cadeau à lui faire, tu devrais le lui donner. » Alaster regarda l’objet. C’était une statuette de dragon. « Je dirai que c’est de ta part. » « Non. Ne dis rien. » Un Wëltpuff se trouvait à côté de l’Æther. Sur son dos, il y avait deux créatures. Une petite, verte, avec de longues oreilles. Une autre, poilue, rousse, qui ressemblait à un mélange savant entre une vache et un ourson. « Allez, viens là. » Celui qui avait le moins de barbe passa ses bras autour du corps de la grande perche qui lui servait de camarade la plupart du temps. « Tout le monde va bien à la ferme. » dit-il, en reprenant une distance respectable. « Je suis content de le savoir. » « Si tu pouvais faire attention à lui… Tu sais, jeter un coup d’œil de temps en temps. Il n’est pas au mieux de sa forme. » « Je suis berger. » dit le Déchu, pour toute réponse. Ça voulait dire qu’il le ferait, parce que ça faisait partie de sa nature de faire attention à ceux qui l’entouraient. Il ne posa d’ailleurs aucune question sur l’absence de l’homme à la cérémonie. Il se doutait qu’il l’avait regardée discrètement. Tous les deux avaient eu beaucoup de longues discussions dans les pâturages. Jun était toujours celui qui parlait le plus. Parfois, il partait dans de longs monologues alors que le Paresseux ronflait à côté de lui. Le contenu lui était livré à son réveil, de toute façon. Il le connaissait bien.

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Ven 17 Avr 2020, 20:30

[Event] Une main à marier  - Page 5 Vc4l
Une main à marier



« Je souhaite qu'ils meurent tous. Qui sera capable de réaliser ce vœu, dîtes-moi ? »

Elle entra dans ses appartements, tremblante et fébrile. Là, elle fit plusieurs pas, vers la droite, puis vers la gauche. Elle ne savait pas. C’était compliqué, tout se mêlait et s’entremêlait dans son esprit. Elle avait des impressions de déjà vu qui la rendaient malade. Et elle n’avait pu faire autrement que de pleurer face à la parade. C’était trop fort, beaucoup trop fort. Il y avait tous ces sons, toutes ces couleurs, tous ces gens, qui célébraient la même chose : ce mariage, eux, elle, les Ætheri, le futur. Ça l’avait bien trop émue et elle en était retournée. L’odeur du sang lors de la cérémonie avait failli la faire vomir et quand bien même elle souhaitait bien faire, elle se trouvait faible. Serait-elle capable d’exécuter cette mission ? De porter Kazak vers un renforcement ? Elle n’était rien, elle n’était qu’en bas de la colline et les dernières paroles du Roi la glaçaient autant que son regard empli de démence et de fatigue. Il ne souhaitait pas ce mariage. Il ne souhaitait pas être en sa présence. Elle ignorait pourquoi son frère lui avait murmuré cette quête. Elle revoyait le sang et le lien. Et ces gens… Certains lui disaient quelque chose mais elle n’arrivait pas à se rappeler quoi. C’était englué, sauf pour le Professeur Pendragon. Elle l’avait tout de suite reconnu, elle avait suivi ses cours. Et cette statue sur le haut du temple, qui la fixait de ses yeux affreux. Elle la haïssait. Aussi, elle finit par s’accroupir, une petite boule immobile au milieu de la grande pièce. Elle avait fait tatouer son corps dans son ensemble. C’était comme une drogue. Le premier tatouage lui avait donné envie de plus. Ça faisait mal mais c’était satisfaisant. Elle pensa un instant à la morsure d’un Vampire et tressaillit. Quelque chose en elle était attiré par ça, sans qu’elle ne sache pourquoi et, finalement, il y avait bien trop d’éléments qu’elle ignorait, qu’elle pensait pouvoir saisir et qui, tels des songes, s’envolaient sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle les touchait du doigt, les esquissait et ils disparaissaient. Ses bras autour de ses jambes, elle ferma les yeux. Il fallait qu’elle respire et…

Un bruit léger teinta. Elle leva le regard. Devant elle, il y avait un médaillon et, derrière le médaillon, un homme. « Na… Na… » Elle ne savait plus. Pourtant, eu égard à sa réaction, quelque part au fond d’elle, elle en avait conscience. Elle n’arrivait juste plus à ouvrir le bon tiroir afin d’y tirer l’information correcte. Elle le connaissait, elle l’aurait juré. « Les Iblis façonnent un Rêve pour que tu nous y rejoignes et tu trouves le moyen de refuser l’invitation à exaucer les vœux pour l’accepter en tant que Rêveur. C’est légèrement malpoli, Créatrice de Somnium. » Il le savait. Bien sûr qu’il le savait. « Prends-le. » ajouta-t-il, en baissant les yeux sur le médaillon. « Je n’en suis pas dépendant et tu ne pourras jamais le briser. » Elle ne comprenait rien. Elle tendit la main vers lui néanmoins et le saisit. « Je l’aurais bien confié au Suprême de l’Au-Delà mais je n’ai pas envie d’aller le chercher dans le corps de Lilith. Le crocodile. » Il sourit, bien plus joueur que son ton précédent ne voulait le laisser croire. « Quoi qu’il pourrait se retrouver dans la femme par on ne sait quelle magie. Tout me paraît possible sur cette île ; aujourd’hui en fête, demain au fond de l’eau, après-demain dans les cieux. » « Qui êtes-vous ? » Il ressemblait à Jun Taiji, en légèrement différent. Pourtant, quelque chose lui disait que là n’était pas sa véritable apparence. Il l’avait empruntée pour créer chez elle une réaction, une réaction qui n’avait rien à voir avec l’ancien Chaman. Elle n’arrivait pourtant pas à mettre un nom sur l’homme à qui il avait fait référence. Na… Na… Is… « Tu le sais, au fond. » « Qu’est-ce que vous me voulez ? » « Oh rien, pour l’instant, si ce n’est un petit tour dans le Monde des Songes avec la jolie Couronne que tu possèdes, mon enfant. Je suis juste de passage. J’ai entendu le vœu du Hǫfðingi. Je vais m’employer à le réaliser en partie. Je ne peux pas tous les tuer mais… eh bien, disons que je crois pouvoir en éliminer une grande majorité. » « De quoi ? » Il parlait de choses qu’elle ne saisissait pas. Il ne répondit pas, se détourna un peu, fixa le vide. « Dîtes à sa Majesté le Suprême de l’Au-Delà que le Mârid a entendu son souhait et qu’il l’exaucera, contre contrepartie, bien entendu. » Il parlait aux Esprits. Il ne les voyait pas, ne les entendait pas plus mais il savait qu’ils existaient. La paranoïa de son homologue était connue de lui. Seuls les idiots n’étaient pas au courant, ou ceux qui n’avaient pas ses moyens. Le Maître des Esprits faisait tout surveiller tandis que lui voguait entre Rêve et Réalité, entre immatérialité et matérialité. Quant à elle, elle était perdue et commençait à ventiler. Sa respiration devenait archaïque au fur et à mesure que le temps filait. Elle finit par murmurer. « Delta. » Lui sourit, comme un enfant. Bien vu, pour une gamine.

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[Event] Une main à marier

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