Wrath dormait à poings fermés. Dans sa tête, des rêves se formèrent, doucereux, puis horribles, pour redevenir paisible et calme. La nuit était comme toutes les autres nuits. Le soleil tardait à se lever, et le Déchu ne lui en voulu pas, se reposant ainsi. Alyss, en bas, oeuvrait pour trouver un objet perdu derrière un meuble. Les limbes de ses pensés vinrent alors le transporter dans un autre rêve, le mettant en scène dans un environnement chaotique, avant de le faire souffrir. Il sentit son corps grandir, sa peau se déchirer, et ses membres brûler. Il avait beau hurler, rien ne le soulageait, et personne ne venait. Le décors changeait, se transformant en enfer sur terre. Sa peau rougie, devint presque pourpre, et ses mains devinrent rachitiques, pour laisser place à des griffes noires. Alors qu'il tomba sur le sol, il vit son reflet dans une flaque d'eau. Ses cheveux étaient lumineux, la peau de son visage rayonnait, et derrière lui, deux ailes blanches sortaient de son dos. Lorsqu'il jeta un coup d'oeil à ses mains, sous la douleur solitaire qu'il ressentait, il le vit toujours aussi hideuses, noires...
Ses lèvres s'ouvrirent, mais il ne pu parler. Alors qu'il releva la tête pour regarder devant lui, deux chemins se séparaient. L'un était totalement en feu, ouvrant un passage dans les flammes. Des gens hurlaient, mourraient, et des batiments explosaient pour s'envoler. Une aura de sang se faisait sentir. De l'autre côté, la lumière baigné le chemin, et c'était le silence. Des murmures, des chuchotements, mais rien d'autre. Un paysage vierge de tout débris, de toutes guerres.
Wrath se releva se dépêchant de courir vers le chemin blanc, voulant sortir de là, mais un éboulis lui tomba devant, et il lui fut impossible de se frayer un chemin. Faisant demi-tour, il couru alors vers le chemin hideux et violent mais pareil, des éboulis tombèrent juste devant lui, lui fermant le passage. Se reculant jusqu'au carrefour des deux routes, il vit un chemin, un sentier caillouteux, blessant les pieds et l'âme, s'ouvrir devant lui. C'était étroits, escarpés, peu malléable... Il n'eut pas d'autre choix que de l'emprunter. Il glissa son corps entre deux falaises. Son torse en fut blessé, éraflé, mais il parvint à se sortir de là... Pour se retrouver sur une corniche prête à s'effondrer à tout moment, à flanc de falaise. Des cailloux tombaient dans le vide qu'il y avait à un centimètre de ses pieds.
Retenant son souffle, il essaya d'avancer sans regarder en bas, et pria pour que ce calvaire s'arrête.
Malheureusement, en tournant le long de cette petite bande, il découvrit le reste du parcours : un chemin sans fin, où la concentration était requise à tout instant. Aucun répit n'était toléré, et l'accablement était total.
La douleur persistante se faisait aussi évidente que la chute n'était imminente. Il savait qu'il n'allait pas y arriver, qu'il n'allait jamais y arriver... il se connaissait. L'échec d'une vie se produisait une fois, pas deux.

L'ange déchu se réveilla instantanément.
Se redressant alors dans le lit, il regardait la chambre de tous les côtés, voyant des ombres, des gens qu'il ne devait pas voir. Il se tourna vers Sherry, et celle-ci dormait. L'homme était en train de faire une crise de panique. Il sentait encore ses muscles pulser sous le coup de la douleur, et ses mains lui faisaient mal. Il était paralysé, et ne pouvait même pas se lever. D'une main, il attrapa celle de Sherry, et celle-ci se réveilla dans la seconde. Dès qu'elle se redressa aussi, il l'attrapa brusquement, la serrant dans ses bras sans dire mot. Elle se laissa faire comme une poupée de chiffon, lui rendant son geste une fois qu'elle fut un peu plus alerte. Il sentit ses doigts sur son visage, sur son cou, alors qu'il essayait de calmer son coeur, sa respiration, et qu'il fermait les yeux, luttant pour ne plus voir toutes ses formes fantomatiques. Cela ne lui était plus arrivé depuis tellement longtemps... Depuis sa transformation d'ange à déchu et il se sentait tellement perdu, comme un enfant redécouvrant certaines choses, certains sentiments. Notamment celui d'abandon... Il ne comprenait pas pourquoi il avait eu si peur, il ne comprenait pas pourquoi son coeur lui faisait si mal et pourquoi son cerveau lui envoyait de tels signaux de détresse. Wrath devait se calmer et pour ça, il avait sa petite déesse...

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« Je... Je ne sais pas pourquoi je... » Wrath serra le verre en terre cuite qu'il avait entre ses mains. Alyss s'assit à côté de lui, repliant un genoux sous ses fesses et passant une main dans le grand dos du Déchu « Hé Wrath, c'est rien. Depuis quelques temps tu es sujet à des rêves douloureux... Je pense que c'est dû aux récents évènements. Le retour de Sympan est assez proche, et nous avons tous failli mourir, c'est normal que tu te pose des questions. », « Non... Non, non, ça n'a rien à voir... Je... Mes rêves me concernent dernièrement, mais c'était la première fois que je faisais une crise panique. Je n'ai jamais vécu ça... » Filant son verre d'eau, il serra la main de Sherry, s'appuyant au dossier du canapé du salon « Je ne sais pas ce que ça veut dire... », « Qu'est ce qu'il y avait dans ce rêve ? », « Je me transformais. Mon corps... J'avais la peau rouge, pourpre, veinée, elle était dégueulasse, et des griffes noires sur mes mains. Je ne sais pas pourquoi, mais mon visage lui était très lumineux, il rayonnait, et j'avais des ailes blanches. Ca faisait tellement... Longtemps que je ne m'étais pas vu avec des ailes blanches... Enfin le monde autour de moi était chaotique, et il y avait deux chemins qui s'ouvraient à moi. Un terrible, ressemblant au feu des volcan avec des morts partout, et l'autre blanc, calme, serein, presque bienveillant. Et où que j'aille, aucun des deux ne voulait de moi. Puis finalement au milieu des deux chemins s'en créa un troisième, particulièrement dangereux, a flanc de corniche, et interminable comme si... Comme si je n'atteindrai jamais le bout. Il n'y avait que le vide, le néant. Je... Je suis désolé Sherry je... » Il avait envie de pleurer. Mais pas de pleurer comme un pauvre gosse, plutôt de pleurer ce qu'il avait l'impression d'avoir perdu. En faisant ce rêves, d'autres choses se montraient à lui et il ne commençait qu'à trop bien comprendre ce qui se dessinait devant lui. Alyss dit « Tu es maitre de tes décisions Wrath. Tu n'as pas à faire ce que tu ne veux pas et ce qui te fais peur. », « Je n'ai pas peur ! Les rêves me préviennent de ce que je vais endurer, et non de la peur que je ressens. » Il ne voulait pas que Sherry le voit aussi démuni, désemparé. Il avait l'impression de ne pas assurer, de ne pas être à la hauteur.

Se levant d'un coup, il bougea dans le salon, allant jusqu'à la fenêtre. Le soleil se levait à peine. Il observa la rue devant chez lui s'éveiller, et les cheminée commencer à fumer. Réfléchissant dans le silence il finit par dire « Je vais aller au temple des Esprits. Sherry, j'aurai besoin de toi. Je n'ai pas envie d'être seul, de ressortir de là et de voir qu'il... N'y a personne. Tu comprends ? » Il était évident que la réprouvée serait à ses côtés quoi qu'il entreprendrait. Elle ne le laisserait jamais et mieux, elle l'épaulerait toujours. C'était cela qu'il aimait dans leur couple, dans leur union, c'était ce soutient mutuel qu'ils s'échangeaient en permanence.
Wrath s'assura de sa présence « Ces rêves n'ont que trop duré. Je ne les tolèrerai pas une nuit de plus. » Lorsqu'il y avait une décision à prendre, il fallait la prendre et l'affronter. L'anxiété du changement de race était présente. Il avait été ange toute sa vie, même devenir Déchu n'était pas une épreuve telle que celle-ci, mais il savait qu'il n'allait pas trouver son bonheur en continuant dans cette race désuète. Depuis pas mal de temps il n'arrivait pas à se retrouver, il ne vivait qu'à travers les désirs de sa compagne, et ne voulait même plus voir ou entendre parler d'Avalon. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait tendance à ruminer les souvenir et il se rappelait de l'orgie organisée pour tous les Déchus passant Prœliants, c'était à vomir de dégoût.
Et une gradée le lui avait dis, plusieurs fois, de poursuivre son bonheur. Et si pour cela il fallait passer par le changement d'essence, alors ne jamais hésiter. Il avait admiré un temps cette femme, sure d'elle, pleine d'ambition, haut placée dans la hiérarchie... Mais aujourd'hui il la trouvait pauvre. Pauvre d'un manque qu'elle subirait en permanence. De quelque chose que cette race n'a jamais su lui apporter. Pourtant il savait que dès qu'il aurait mis le pied sur ce chemin abrupt, sur cette corniche mortelle, il pousserait un soupir de soulagement, et ne détesterait jamais réellement les Déchus.

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La route fut particulièrement longue. Wrath redoutait et en même temps il voulait poser le pied sur ce continent mystérieux, pour trouver les réponses et cette rédemption tan recherchée. Sherry le rassura tan qu'elle put, comme elle le put, mais le Déchu ne trouva pas le repos nécessaire pendant toutes les nuits qu'ils passèrent en bivouac, ou sur le bateau.
Une fois devant l'édifice, il sentit son corps frémir, ses muscles se contracter, redoutant encore et toujours le moment où il pousserait cette porte. Dans le hall du temple, il du abandonné Sherry, bien à contre-coeur. Ses mains encadrèrent ses mâchoires, et il courba son corps pour l'embrasser. Ses petites lèvres de fraise essayèrent de le retenir, ne voulant pas le voir entrer, seul, dans cette pièce qui, pour eux, désignait l'enfer sur terre. Wrath glissa sa main sur son bras, avant que leurs mains ne se frôlent et ne se relâchent. Se laissant alors partir, le Déchu jeta un dernier coup d'oeil en arrière avant de s'engouffrer dans le couloir menant à une porte.

Sa main tremblait et en même temps il adorait cette sensation qui annonçait les prémices d'un renouveau. Il espéra que cette déesse lui accorda le pardon...
Pénétrant la pièce, il referma alors le batan derrière lui, et leva la tête. Une femme, dans des voiles blancs, dotée de milles cheveux d'acier, regardait par une des majestueuses fenêtres ouvertes et sans vitre, de sa pièce. A terre, des tapis bleu et gris ornaient le sol, et l'atmosphère environnante était calme et paisible. Tout était propice à la discussion.
Wrath, dès qu'il la vit, mit genou à terre. Il pencha la tête, yeux rivés sur le sol « Bonjour ô Déesse de la Sagesse. Je viens ici aujourd'hui en temps qu'âme perdue. », « Bonjour Wrath. Je me demandais quand est-ce que tu viendrais me voir... » Elle se retourna doucement « Lève toi, Déchu. » Elle s'était rapprochée de lui à la vitesse de la lumière, et évaluait alors ses traits, son corps, son physique, avant de sonder son âme et son esprit. Ses yeux gris observèrent l'homme, le jaugeant, avant que son corps ne s'en détourne. Fièrement et de manière divine, telle était sa personne, elle alla s'asseoir sur son siège en pierre « Bien... Je t'écoute cher fidèle. », « Divinité, je ne suis pas venu aujourd'hui en temps que fidèle, en temps que guerrier, mais en tan qu'esprit vagabond. J'ai des désirs que je ne peux réaliser seul. La destinée que je vois se tracer devant moi ne me convient pas, ne me convient plus, et je veux en changer le cour. J'estime ne pas avoir à subir, et à prendre en main mes voeux, mais ceux-ci ne peuvent se résoudre sans votre aide. », « Ah... ? Pourtant tu avais un bel avenir... », « Peut être... Je ne le saurai jamais. Je vais m'unir à une femme sous le signe de sa patrie, rejetant ainsi la mienne. Plus que cela, si je veux lui être dévoué corps et âme, il y a autre chose qui me chagrine, mais faisant réaliser combien cette situation ne peut perdurer. Je me sens étranger à ma race. Mon peuple ne me reconnait plus, et je ne reconnais plus mon peuple. Je ne sais pas si cela est normal, mais je ne me sens plus en accord avec ses entreprises. M'étant dis que l'affranchissement était ma voie, j'avais oublié le problème pendant quelques temps. Le jour, rien ne m'inquiétait, mais venait le nuit, mes cauchemars commencèrent, m'assaillant de rêves aussi chaotiques les uns que les autres, me montrant, entre deux feux. » Il fit une pause très brève, et Fuzail pencha la tête sur le côté « Je veux devenir réprouvé. J'en ai le désir depuis que je l'ai rencontré, depuis que j'ai compris que ma voie n'était pas chez les miens, mais chez les autres. Elle a su m'éclairer assez pour que j'y vois là une solution. », « Es-tu en train de me dire que si elle avait été Alfar, ou Sirène, tu l'aurais suivis également ? », « Si les mêmes questions m'auraient assailli, et que j'aurais ressentis les mêmes doutes, alors oui. Je le fais pour nous, et cela n'équivaut pas à un sacrifice. Je me sens apatride. J'ai l'impression de ne devoir trouver mon bonheur qu'auprès d'elle. »


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« Ma race ne m'appartient plus, mon corps et mon âme ne réclament plus la reconnaissance de celui qui nous gouverne actuellement. », « Alors tu veux devenir réprouvé... En te voyant à Mégido, j'avais parié pour Orisha. J'ai été mauvaise joueuse sur ce coup. » Elle sourit doucement avant de dire « Sais-tu ce que signifie être réprouvé ? Connais-tu la douleur d'un changement de race pour arriver dans une race où tu seras, toute ta vie, mal dans ta peau ? », « Mes cauchemars me paralysent assez chaque nuit pour me montrer cette douleur, et depuis que j'ai les ailes noires, je me sens comme sans endroit fixe, comme si personne ne voulait de moi. Ce sentiment ne sera qu'exacerbé. Mais elle sera là, et j'ai assez confiance en elle pour voir un autre avenir, un autre futur se dessiner sous nos yeux. », « Dis-moi Wrath, sais-tu qui tu es et d'où tu viens ? », « Je... Oui... Je crois pourquoi ? », « Je t'écoute, d'où viens-tu ? », « Eh bien j'ai été élevé pendant mon enfance au manoir Taiji, né de Mitsuko Taiji Stark et d'un roi ange dont le nom ne m'a jamais été communiqué. J'ai été déchu à l'âge de vingt ans à cause de la Colère, et voilà j'en suis là aujourd'hui. » Wrath se méfiait, il était perplexe. Le sourire de la déesse n'annonçait rien de bon « Quel âge as-tu Wrath ? », « Vingt-neuf ans. » Elle émit un petit rire. Il fronça les sourcils, se faisant un peu plus féroce sans être agressif « J'ai l'impression que vous savez des choses que je ne sais pas... », « Oui, énormément. Et je pense qu'il va te falloir cela pour continuer. Avant d'affronter un quelconque destin, il te faudra t'affronter toi. », « Comment ça ? Je ne veux rien savoir ! J'estime avoir assez lutté contre moi-même pendant les dix dernières années, pour savoir que les combats intérieurs je n'en veux qu'un à la fois. Je sais ce qu'implique être réprouvé, c'est une lutte permanente, et je n'ai en aucun cas envie d'avoir une conscience a moitié bafouée par les dire d'une Déesse ! », « Wrath... » Elle sourit, appuyant sa tête sur sa main, le coude sur l'accoudoir « Tu deviens méprisable. Et je te rappelle que c'est toi qui as besoin de moi et non le contraire... » Elle se voulait mesquine, le sourire aux lèvres. Le Déchu inspira calmement en fermant les yeux. Ne pas s'énerver... Elle lui faisait passer un test, pour savoir si il était apte ou non. Voilà tout... « Je ne veux pas d'ennuis, je sais d'où je viens, j'aimerai seulement réaliser mes souhaits. », « Bien évidemment, comme tout le monde. Les pauvres rêves de nourriture et d'argent, et les riches de luxes et de biens précieux. Les pauvres deviennent toujours plus pauvres, et les riches toujours plus riches. Chacun désire des choses, mais nous ne leur attribuons pas. Comme je ne vois pas pourquoi je réaliserai ton souhait à toi. Tu veux te rapprocher de ta bien-aimée, tu veux essayer de voir un avenir autrement... Mais connais-tu seulement l'avenir des réprouvés ? Tes cauchemars n'ont fait que te prévenir. Ce que tu pensais être une corniche escarpée, représentant le chemin réprouvé, n'est qu'en fait le chemin sans fin qui te pousseras à ta perte, sans représenter aucune race. C'est comme cela, il y a des choses contre lesquelles tu ne peux pas lutter... » Wrath la regarda, perplexe « Ca veut dire que je ne suis pas assez grand à vos yeux pur vous demander une telle chose ? », « Non, ça veut dire que tu fais peut être une erreur. », « Je suis sur que non, et si pour cela il faut que j'aille voir un de vos collègues, alors je le ferai. », « Nos discours sont identiques, les autres sont justes beaucoup plus... Cruels. », « Cruels ? » Il se rappelait effectivement combien Asilâh l'avait éprouvé pendant son acquisition de l'arme, mais elle l'a fait aussi ouvrir les yeux sur ses réels désirs, et cette poursuite du chemin angélique « Faire souffrir un être, ne veut pas forcément dire que nous sommes cruels. Votre collègue a fait ça pour m'aider. J'y ai vu bien plus clair en sortant de là... » Et pour cause...


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« Alors à quoi bon ? À quoi bon venir vous voir, si c'est pour se voir refuser nos projets ? », « Allons Wrath, ne joue donc pas à cela avec moi. me prendre par des sentiments inexistants ne fonctionne pas, sache-le. », « Je veux juste comprendre, pour la bonne et simple raison que je suis à votre merci. Sans jouer sur les sentiments je suis rendu à votre verdict seul. Peut être ai-je eu tort sur des points évoqués ou des arguments soulevés... ? », « Aie plus de confiance en toi Wrath. Le rejet constant que tu as vécu n'a pas fait de toi un homme faible, mais plutôt fort. Tu es devenu un champion, quelqu'un qui doit répondre à des critères de mercenaires, de gladiateur. Un homme sur qui cent autres doivent pouvoir s'appuyer. Et non un non-affirmé, qui vient gémir dans ma pièce, pour me demander où il a péché. » Le Déchu était abasourdi par son discours. Finalement, la plus cruelle, c'était elle. Cependant, il ne pouvait pas lui enlever la raison. Elle avait une sagesse qu'il n'avait pas. Du moins pas encore, et n'était pas prêt d'atteindre. Ce qu'il lui fallait c'était des expériences, quelque chose de bénéfique qui lui serait alors important pour le futur.
Il cogitait dans sa tête, et l'Æther se faisait une joie de l'observer réfléchir. Regardant un point derrière elle, elle le voyait comprendre. Elle aimait cette attitude. Il se soumettait à la hiérarchie, il pliait mais ne rompait pas. Elle savait que la transformation serait douloureuse, mais qu'il le dépasserait. Car elle était là. Seulement Fuzail ne voulait pas lui faire remarquer que Sherry allait faire en sorte que tout aille bien car elle voulait le conditionner pour que lui, ne s'appuie en premier lieu, sur personne. Il était assez prévisible pour elle comme homme, et elle se doutait de tout un tas de choses, mais ça lui allait de le faire mariner, de le voir réfléchir un peu plus. Mais depuis qu'il avait mis le pied dans cette salle, elle savait qu'il était déterminé, et que sa décision était prise. Qu'il ne restait alors qu'elle, pour faire trancher le verdict. Que son essence sorte de son corps, pour changer de couleur et être remplacée « Wrath... » Elle se leva de son trône et s'avança vers lui « Tu n'auras au moins pas la douleur des ailes, vu que tu les as déjà... » Se mettant devant lui, elle leva ses doigts majestueux vers sa bouche, touchant alors ses lèvres, tirant d'un coup sec. Une fumée blanche en sortie, se mobilisant en boule dans l'air. En son fort intérieur Wrath fut totalement ébranlé. Son péché, ce qui constituait le pathétisme de son être, lui glissa entre les doigts, laissant à la place un vide froid, totalement noir, et comme irremplaçable. Il ne pu ni parler, ni crier, ayant l'impression de subir une intervention chirurgicale à coeur ouvert. L'Æther transforma la boule blanche en noire, et la fit ravaler au déchu. Déchu qu'il n'était alors plus.
Rien ne muta physiquement chez lui, et ses ailes étaient les mêmes. Mais son âme hurla.

Il fut alors habité de deux entités. Son coeur se déchira, son esprit se scinda, et il tourna presque de l'oeil. Transpirant, il prit appui contre le mur d'à côté. Il douta alors de tout ce qui l'entourait, de tout ce qui devait être vu de ses propres yeux. Même Fuzail se déforma un moment, le temps que son essence reprenne le contrôle.
Wrath sortit de là en rampant presque. Il n'avait rien oublié, bien sur, mais il doutait de lui-même, de son choix... Il se dit qu'il avait commis une erreur, qu'il n'aurait pas du ouvrir les bras aux chemin escarper, et faire demi-tour pour se complaire dans cette vie misérable. Si son péché ne lui pesait plus, pire rôdait autour de sa tête. Un déchainement conséquent, ou une bienveillance à toute épreuve. Ayant déjà été sujet à la colère, de son vivant Déchu, il savait a peu près comment faire pour ne pas s'emporter. Du moins... Lorsqu'il était Prœliant. Ce n'était pas en étant un nouveau Rejeté, qu'il saurait comment dissimuler cette hargne, cette colère. Il devait absolument dépasser ce stade, se faire à l'idée.

Revenant dans la salle principale, il vit Sherry, juste devant lui. Ses bras s'ouvrirent, et il se jeta sur elle. Il était un nouvel être, un nouveau Wrath, affilié à la même race qu'elle, mais il souffrait « J'ai... J'ai tellement... mal... j'ai... ahh... » Il s'effondra sur le sol, à la limite de la perte de connaissance.

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Sa décision était prise, mais elle n'était pas sans danger. Leurs nuits tourmentées, agitées dernièrement, n'étaient que le mauvais présage d'une tempête qui approchait à grands pas, une qui risquait de tout balayer sur son passage, ne laissant derrière elle qu'un tas de gravas de ce qui avait pu, jadis, être majestueux, sublime. Elle était impitoyable, et impossible à contourner. Sherry ne parvenait plus à goûter à un sommeil convenable, réparateur depuis qu'elle savait celui du déchu en proie à des déchirements viscéraux, exécrables qui le mettaient dos au mur. Peu lui important de s'en voir privée, mais cet accablement ignoble était pour elle une torture, puisqu'elle le frappait lui, non pas elle. Cette nuit fut la plus pénible de toutes, et son coeur se démolit sous l'étreinte forte qui l'engloutissait. Il tremblait, ne contrôlait plus sa force. Il était en panique, un état dans lequel la réprouvée ne l'avait jamais vu auparavant. Son avenir s'annonçait déchirant, cruel, et elle était la plus à même de le comprendre. Elle avait tout enduré, bravé, traversé. Elle avait tout accepté la première, sans aucune légitimité néanmoins. Soulagée de venir à son assistance, d'être en mesure d'apaiser son âme en peine, elle savait, toutefois, que cette situation ne pouvait plus durer. Pour lui. Wrath y mit un terme, à point nommé.

Le temps était long, bourru en son absence. Sa présence était requise, et elle-même aurait quémandé cette présence. Elle ne lui était d'aucune utilité, mais elle voulait affronter avec lui ses pires démons, partager avec l'autre moitié de son être tout ce qui pourrait la détruire. Ce qu'il affrontait derrière ces murs, elle ignorait tout de sa nature, sachant pourtant à quel point cela devait être douloureux. Un réprouvé : un être de douleur, un être fait pour persister sur un éternel combat, un duel avec soi-même. Peu étaient les engeances à connaître une si profonde connaissance et maîtrise de soi, car peu étaient si spirituelles quant à sa propre identité, ses propres penchants bénéfiques, ou à l'inverse destructeurs. Ici, dans ce corps, il fallait faire la part des choses, et résister était leur seule option. Impossible de mettre un terme à leur souffrance, il fallait vivre avec, l'accepter sous toutes ses coutures. Elle acceptait ce choix, l'incitait à  le poursuivre, de toutes ses forces.

Acquitté, il semblait s'en être sorti, mais ses péchés n'avaient fait que s'alourdir. Sherry était consciente du mal qu'il aurait à traverser, des premières étapes de ce changement promptement achevé. Cette bipolarité, ces deux côtés antagoniques voulant prendre le dessus sur un seul et même corps, pouvait être destructrice les premières fois. Son hôte était porté aux limite de l'indicible, de l'irascible, de l'indécent quant à la souffrance intérieure. La façon la plus rapide de s'en défaire, de laisser derrière soi ces tourments, chagrins, désespoir et afflictions, était.. de s'ôter la vie, et ça.. Sherry ne pouvait que se résoudre à l'accepter. Elle avait tremblé de peur, d'une appréhension innommable jusqu'à le voir surgir devant elle, et maintenant son coeur se serrait car elle ignorait quoi lui dire au juste. Elle avait réfléchit à tant de paroles réconfortantes, de longues tirades, d'intonations différentes à donner à ses propos, mais sa tête était vide, un blanc intersidéral ayant pris le dessus. L'accueillant dans l'enceinte de ses bras, contre sa poitrine aux mouvements ascendants et vice versa, elle le serra contre elle, aussi fort que possible. Elle voulait le sentir. Tout son être. Elle avait crut le perdre, l'abandonner entre ces murs meurtriers. Sa peine, elle voulait l'en délivrer. C'était impossible, hélas, elle le savait.

« Wrath.. Reste avec moi. Tout ira bien. Regarde moi. » Ses yeux étaient larmoyants, mais son regard lourd de peine, doux, décidé. Elle le regardait droit dans les yeux, sans vaciller. Elle voulait être courageuse, car ce n'était pas elle qui souffrait pour l'heure.. Ce n'était pas elle qui avait tant sacrifié, qui s'était lancé dans les flammes impétueuses, imprudemment, pour en sortir révolu. Il avait changé. Il était un autre, tout en restant le même. Or, pour elle, cela importait peu. Il était le Wrath qu'elle aimait, le seul, l'unique. Il souffrait, il croulait à ses pieds, et il avait mal. Elle n'avait besoin de rien comprendre d'autre. « Tu ne dois pas te laisser aller à la douleur » Ce n'était pas évident de résumer en quelques mots tant d'années d'expériences, d'échecs cuisants accumulés, d'épreuves franchies et de démons affrontés. Elle avait appris à les dompter en faisant face au pire, en se faisant rejeter, en apprenant de la pire manière qui soit qu'elle était seule, envers et contre tous. Qu'elle était la seule à se rendre si méprisante, si exécrable. Elle pouvait être grande, si elle se voyait elle-même ainsi pour commencer. « Tu as maintenant deux côtés en toi. Ce démon.. tu ne dois pas le laisser prendre le dessus, mais tu dois l'accepter. Les deux font partie de toi désormais. Ils forment celui que tu es devenu. Tu as deux côtés qui te composent. Tu es le bien et le mal. La passerelle entre les deux. Tu dois trouver un juste milieu, ton équilibre à toi. Il ne faut essayer d'aller à leur encontre.. » Elle avait perdu la logique de son discours. Elle ne savait plus si ce qu'elle disait était raisonné, ou si ses explications devenaient de simples murmures intérieurs. Il souffrait, et elle était tellement impuissante.. Ça la rendait folle, terriblement égoïste. « Wrath, ça va ? Dis moi que tu vas bien.. Je t'aime » Restait encore à savoir lequel était le plus désespéré des deux..

Il souffrait tellement... Il avait mal mais il ne pouvait l'identifier. Sa fièvre monta d'un coup et son corps entier essayait de lutter, de front, contre les deux entités qui l'habitaient désormais. Soupirant lourdement, un souffle brûlant sortit de ses lèvres, et ce fut le carrelage froid qui accueillit son corps. Son kimono était totalement désorganisé, et les mains de Sherry sur son visage lui firent extrêmement du bien. Fraiches et petites, elles passèrent partout, comme pour le réconforté et, en même temps, la belle réprouvée se sentait aussi perdu que lui. Pourtant elle lui donnait des conseils, quelque chose à faire, mais ça allait prendre du temps. Wrath la regarda, mais il ne la voyait pas. Tout était floue, et l'image de son corps souffrant, dansait devant ses yeux. Il se sentait mourir dans un dernier soupir d'agonie. C'était de la torture et pourtant, elle était la première a lui dire qu'il fallait qu'il résiste, qu'il survive. Elle, elle l'avait fait mais, en même temps, elle était née comme cela. Elle était née dans le but de souffrir, sa vie n'a connu que le renfermement, la déprime, la non confiance en soi, et le suicide. Elle a toujours trainé avec un démon et un ange, elle avait eu une vie plus que difficile... Tout ça, tout son passé, n'était en fait que son quotidien. Wrath n'avait pas connu les mêmes choses. Il avait connu la gloire, la félicité, la déchéance, le martyr, mais pas le déchirement ni de l'âme, ni même l'agonie de l'esprit. Il avait l'impression que tout voulait partir de son corps, que... C'était le souk.

Se concentrant sur la voix de Sherry, il réussit à reprendre un rythme respiratoire normal. La fraîcheur du sol lui faisait beaucoup de bien, mais il avait un mal de tête abominable. Petit à petit, il arriva à se reprendre, mais restait nauséeux. Sa main attrapa le poignet de sa petite réprouvée, agenouillée sous sa tête, et il embrassa sa main « Je ssssh... » Il grimaça, se tenant la tête. Parler lui amplifiait la douleur. Chuchotant il dit alors « Je vais bien... J'ai très mal à la tête et... Je me sens barbouillé... » Commençant à bouger, il tenta de se relever. Dès qu'il fut debout ses genoux lâchèrent, et il s'effondra « P... Pardon Sherry... Je sais pas ce qu'il s'est passé... ! » Il lutta contre ses maux de tête, et se leva à nouveau. Cette fois-ci, ça allait, il était beaucoup plus stable, mais c'était peu engageant pour la suite. La réprouvée s'entêtait à le suivre, dans tous ses faits et gestes, profondément impliquée dans cette lutte qui annonçait ses débuts, sans avoir de fin. Elle deviendrait son ombre s'il n'installait pas une distance convenable entre les deux, car se sachant impuissante, elle voudrait au moins être de bons conseils.. Elle chuchota à son tour, quoique légèrement plus fort que le déchu, histoire qu'il l'entende bien, mais sans peine. « C'est normal, Wrath voyons..! Ton esprit essaie de s'habituer à cette discorde qui s'est installée en toi. Tu ne peux pas trop en demander.. Tu auras beaucoup de mal au début. Prends le temps de t'y faire, de t'explorer et fait surtout attention à toi s'il te plaît.. » Elle embrassa sa main, tout en l'aidant à garder un tant soit peu de stabilité dans sa démarche lente, mais d'ores et déjà plus sûre. Le changement.. s'était-il réellement couronné d'un succès ?

Sortant de l'édifice, il apprécia l'air tempéré des lieux, et sortit ses ailes « J'ai gardé les mêmes. Tu as vu, j'ai même les plumes d'airain. Je pourrai encore me faire passer pour ce que je ne suis plus héhé... » Se tenant la tête, il esquissa un sourire, avant de se pencher vers sa compagne, et l'embrasser « Merci d'être là Sherry... Merci... » Cette dernière rougit, comme leur première fois. Il n'en fallait pas plus pour atteindre le coeur de la jeune femme, et, comblée d'un bonheur incertain mais d'un amour assuré, elle l'embrassa à son tour. Elle n'était rien sans lui décidément.. « Elles sont toujours aussi belles. Elles te vont bien mieux que les miennes. Une d'ange et une de démon t'auraient sûrement entravé et les changements.. Je suis contente que ce ne soit pas le cas. » Elle l'était réellement. Elle peinait encore à croire que Wrath faisait partie de son peuple dorénavant.. Qu'il éprouverait les mêmes peines, que son coeur avait changé pour devenir comme le sien, divisé, influençable, douloureux. Elle n'avait de doute quant à ses sentiments, quant au fait qu'elle l'aimerait toujours peu importe les changements que cette transformation aurait opéré ( se sentait peut-être plus proche encore de cet amant de rêve avec qui elle envisageait tant ), mais dans un sens.. Voir que certaines choses restaient de marbre, ce n'était pas si mal. « D'autant plus, que tu n'as pas à me remercier Wrath. Je veux tout partager avec toi. Être là pour le meilleur et pour le pire. T'épauler dans le besoin, t'aimer envers et contre tout. Tu en ferais de même, non ? » Elle lui sourit, embarrassée.

Ailes ainsi déployées, il s'élança dans les airs pour voler et retourner chez lui avec sa future, mais voilà qu'à peine fut-il à cinq mètres du sol, qu'il tomba comme une flèche. Comme si ses ailes se coupèrent, il atterrit lourdement sur le sol, se brisa la clavicule sous son propre poids « Mer.de ! Pas encore ! Y a pas de magie ici, c'est ça ? » Il avait parler fort, trop fort pour sa tête endolorie. Il avait le visage rougit, et il ne savait pas quoi faire. Sherry l'avait suivi, paniquée. Elle ignorait ce qu'il s'était produit au juste, mais la chute du géant et ce cri qu'il avait poussé étaient impossibles à ignorer. Accourant, arrivée à son chevet, elle effleura la plaie du bout des doigts. En se relevant, ils attestèrent sa douleur à l'épaule « C'est pas vrai... » La douleur repris dans son être, et il commença à s'énerver contre lui même. Les signes avant-coureur étaient tous aussi similaires les uns que les autres, et il contint sa rage, ne voulant heurter Sherry. Ce fut de cette manière que son poing atterrit dans une pierre d'une petite clôture extérieure au temple. Il arracha la pierre, et se brisa trois phalanges.
Quatre os cassés, beau chelem.

Elle voulut crier, vociférer son indignation de le voir ainsi se meurtrir lui même, s'infliger tant de mal, ajouter au nombre de cicatrices parsemant déjà son corps d'autres, hideuses. Mais elle s'abstint. Elle n'avait pas ce droit. Non, elle ne le pouvait juste pas. Il était étonnamment pour quelqu'un dont l'esprit s'était scindé en deux, pour quelqu'un qui était aussi bien ange que démon à l'heure actuelle.. La rousse inspira de manière répétée, essayant de reprendre un semblant de calme dans son être agité. Son empathie faisait qu'à chaque fois qu'il se blessait la douleur la submergeait tout autant, et elle n'avait alors aucun mal à partager sa géhenne, ses élancements de douleur. Ses mains contre ses grandes paumes, elle le pria de rester sagement tranquille. « Je vais te soigner alors s'il te plaît.. ne bouge pas. Laisse moi le faire. C'est la seule chose dont je suis capable en ce moment » Surgit alors d'entre ses mains une faible lueur, pas moins incandescente qu'une bougie vivace ou un regard brillant au clair de lune. « Tu devrais te reposer, être au calme le temps d'être plus en phase avec toi-même. Si tu n'arrives pas à voler, on marchera. Si tu n'arrives pas à marcher, je nous téléporterai à Mégido. Je veux juste que tu sois bien. Je veux juste t'aider, même si mes maigres épaules ne sont pas aussi fiables que les tiennes, et que je ne suis pas aussi forte » avoua-t-elle, sans vouloir le rabaisser ni quoique ce soit d'autre, désirant au contraire montrer toute l'estime qu'elle lui portait, lui son protecteur. Il ne fallait pas confondre gentillesse, arrogance et inquiétude. Elle voulait simplement qu'il ne prenne pas sur lui-même jusqu'à répéter ces gestes de violence qui étaient tout à fait justifiés..

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Wrath s'assit sur le muret. Il laissa Sherry lui soigner tous ses os brisés. Le -nouveau- réprouvé, n'arrivait plus à bouger un seul de ses membres, tout à coup anesthésié. Il ne se sentait pas bien, était toujours nauséeux, mais  ne voulait plus défoncer la terre entière. Il avait bloqué sur l'orbe de lumière que la jeune femme créait, et il ne disait plus rien. Les mots de Sherry lui revenait en tête, tout le temps et il ne su d'ire qu'une chose « Je suis désolé. » Sa voix de velours avait repris un timbre à peu près normal, et bien que sa tête lui fit mal il arriva à dire « Je préfère marcher, ou voler, mais exceptionnellement, penses-tu avoir assez d'énergie pour nous téléporter à Mégido ? J'ai l'impression que je vais tomber dans le coma à tout moment... » Wrath reprit l'usage de ses membres, claudiquant encore un peu. A l'intérieur, un volcan bouillait. Si ardent, qu'il avait l'impression d'avoir des aigreurs d'estomac. Rien n'allait décidément !
Se rassérénant doucement, il inspira calmement avant de se laisser faire par la petite rousse qui les emmena directement chez eux.

Dès qu'ils arrivèrent dans le salon, l'homme dit « J'ai... mal à la tête, je vais me coucher... » Jetant un coup d'oeil à la réprouvée, il monta avec elle. C'était la pleine journée, la transformation n'avait pas durée longtemps. Ornaya, Keith et Alyss s'étonnèrent de le voir directement s'aliter, lui qui était si vaillant la journée, là ce ne fut pas le cas. Une fois dans la chambre, il tira les rideaux, s'allongeant dans un râle de bonheur et de bien-être. Depuis en bas, on pouvait entendre des paroles, et Eamon jouer de la harpe. Quelques minutes de silence se firent entendre avec que le... réprouvé ni dise « Je... Sherry, tu peux pas t'imaginer comment c'est le bordel à l'intérieur. J'ai l'impression que mon estomac va remonter, que ma tête va exploser et que mon coeur va exploser... J'ai l'impression que la mort ne serait qu'un doux remède à mes maux. Le pire c'est que... Tout est mental. Je n'ai aucune lésion physique. Tu as vécu avec ça pendant combien d'années... ? Tu le vis encore aujourd'hui ? » Il soupira. C'était horrible, ce dire que lui, un homme fort, viril, destiné à protéger sa tendre moitié, à soutenir tous les mots qui les accableraient, était dans cet état pour un "simple" changement d'essence... Il n'imaginait même pas comment devait être la rouquine. Dévastée, liquéfiée, mitigée... Que de termes plein de souffrance les uns que les autres. Wrath avait peur de la suite. Si le début était aussi dur, ça se calmait rarement...
Les Sentinelles devaient être des hommes et des femmes hors du commun, des âmes fortes, résistantes à tout, et surtout à eux même « C'est... Etrange la sensation que ça fait. Je suis déjà un très bon sujet à la colère, et me donner la force de détruite n'est pas une bonne idée. Si tu me dis qu'un démon, comme un ange est en moi, je doute me rapprocher beaucoup de l'ange... Comme tu me l'as dit, l'accepter n'a pas l'air d'être dans les crédo de mon corps, ou de ma tête pour le moment. J'ai une envie naturelle de fuir cette condition... Je pense que les premiers temps seront particulièrement durs pour moi, venant d'un peuple qui n'a rien en commun avec le tien. » Et pour cause. Si en premier lieu il repoussait, d'un bloc, les deux entités, il avait tendance à se laisser charmer par les démons que par les anges. Ayant un passé tumultueux avec ceux-là, il avait du mal à leur tendre la main. Encore un problème psychologique...
Seulement, même sous l'emprise du Chaos, il refusait en bloc de détruire ses proches. Pour la bonne et simple raison qu'il n'était PAS un démon. Si sa personnalité pouvait s'y apparenter, lui ne l'était pas. Il n'était ni un ange, ni un démon, il était un réprouvé, il était un être à part, fait de deux opposés. Opposés qu'il retrouvait en son sein, mais dont il se fichait au final car il savait qu'il ne pourrait jamais complètement sombrer dans l'un ou dans l'autre. Finalement, cette pensée le rassura... Et il pensa à Sherry, au fait qu'il ne faisait rien pour l'énerver ou beaucoup la contrarier, qu'il prenait sur lu... Cette fois ci ça va être compliqué. Mais en plus de ça, ça va être deux fois plus douloureux de sentir cette chose en lui qui peut le démonter à tout moment, ou qui peut le faire planer.
une oscillation permanente.


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