-Si je lui mets la main dessus.....

Comment tout cela avait-il commencé ? Elle n'en savait rien. Une rumeur.... Une bête rumeur. Qui avait trouvé utile ou nécessaire de dire de son père qu'il était le coup de ce millénaire ? Pourquoi ? Qu'est-ce que ça pouvait bien apporter à la personne à l'origine de tout cela ? Et surtout pourquoi son père ?! De tous les hommes de cette planète, il a fallu qu'on choisisse celui qui était le moins enclin à la bagatelle. Sérieusement, choisir un des rares hommes qui n'était pas un coureur de jupon, fallait-il vraiment être aussi cruel ? Ou aussi stupide.... Toujours est-il que cette histoire avait pris des proportions beaucoup trop importantes à son goût. Si déjà le fait que cette rumeur existait suffisait à l'agacer, le fait qu'il y en ait eu un pour essayer de marier son père, sans même son avis, l'avait révolté. Comment pouvait-on oser..... Encore, venant de déchus cela ne l'étonnait pas vraiment. C'était assez fidèle à leurs mœurs de vouloir organiser des jeux pour remporter la main d'un prétendu étalon divin. Elle n'allait pas leur demander de changer ce qu'ils étaient non plus, mais elle ne pouvait pas non plus tout leur pardonner. Déchus ou pas, ils auraient au moins dû demander la permission de son père ! Le mariage forcé était injustifiable à ses yeux, quelque soit la race qui l'autorisait. Elle savait que ce mariage ne serait valable que au sein du peuple déchu, mais c'était déjà trop.

Elle ne pouvait pas l'accepter, elle ne pouvait pas le tolérer.... Et elle n'avait pas hésiter à s'inscrire dès les ouvertures pour s'assurer qu'aucune de ces "traînées en chaleur", ne vienne importuner son père avec sa libido de perverse. Comment pouvait-on s'inscrire à ce genre de concours ? Son père n'était même pas roi, l'excuse du bon parti tenait à peine. Et même en cela, vouloir épouser son père pour ses biens ne l'enchantait pas plus. Aucune de ces concurrentes ne serait digne de lui.... Et elle ne leur ferait pas de cadeaux. Elle était même tentée de leur faire payer leur affront et leur audace. Ces perverses, ces déviantes..... Autant elle s'attendait à une pléthore de déchues et surement des démones, qui viendraient pour tenter d'assouvir leur vice. Mais les autres..... Elles seraient encore plus impardonnables à ses yeux, n'ayant même pas l'excuse d'une race tournée vers la luxure. Elle ne pensait pas voir d'angelesse ici. Une ange ne pouvait se permettre d'épouser quelqu'un ou même de le désirer sans être foncièrement et sincèrement amoureuse de l'être élu. Et il n'y avait aucune angelesse assez proche de son père pour prétendre à cela. Ce qui la réconforta un peu. Elle aurait moins de bonnes femmes à martyriser. Elle avait pris ses armes.... Mais elle se demandait bien pourquoi en fait.

Elle était venue pour calmer, effrayer, dissuader, tourmenter un peu des prétendantes, pas faire une boucherie. Même s'il n'était pas impossible qu'elles en viennent à se bagarrer comme des chiffonniers, il était assez impensable que ça en vienne aux mains ou aux armes. Alors pourquoi s'être encombrée ? Était-elle un peu à cran en ce moment ? Possible.... Il fallait dire que la situation la remontait considérablement. Elle réfléchit un instant et se dit que même si elle n'allait pas se servir de son arme sur les autres, elle pouvait toujours lui servir pour ses capacités spéciales. Dans un événement contextuel qui s'y prêtait, cela pourrait lui donner un avantage. Patience, patience.... Elle aurait tout le temps de voir cela une fois les épreuves commencés. Peut-être que Gabrielle resterait accrochée gentiment à sa ceinture..... Le temps le lui dira. Pour l'heure, elle s'était assise dans un coin, les bras croisés, regardant arriver les premières venues. Elle les fixait d'un regard encore plus noir qu'une nuit sans lune, échouant considérablement à ne pas leur faire comprendre à quel point elle ne les appréciait pas en cet instant, et surtout ô combien elle comptait leur pourrir très cordialement l'existence. Trois femmes arrivèrent.... et déjà ça commençait à se tirer dans les pattes. Elle comptait bien à ce qu'elles se battent entre elles. Déjà parce que ça lui ferait moins à faire et aussi parce que cela l'amuserait. Elle les sondait, les jugeait, et elle rendait très vite sa délibération aussi. Coupables et à condamner au plus vite ! Elle poussa un long soupire d'exaspération. Cette histoire la mettait dans tous ses états et le pire..... C'était qu'il n'y avait aucune certitude que la Bûche Sauvage soit bien son père ! C'était juste ce que tout le monde s'accordait à dire. Mais elle ne pouvait pas ignorer cela. Elle ne pouvait pas prendre le risque....

« Cela n'a point encore été annoncé mais la main de la Bûche Sauvage sera jouée d'ici peu. » fit une voix d'homme par l'embrasure de la porte. La Dame Rouge leva les yeux vers son époux. Son sourire en disait long sur ce qu'il avait rapporté pour elle. Elle n'eut qu'à baisser le regard pour apercevoir, glissé dans sa main, une tenue en dentelle des plus ravissantes. Il s'approcha et posa tout naturellement ses doigts sur son épaule, contemplant leur deux reflet dans le miroir. « Vous devriez participer. » dit-il doucement. Elle posa le peigne qu'elle tenait jusqu'ici, le fixant. « J'ignorai que étiez si libertin avec le lien du mariage. Je pourrai mal le prendre. » fit-elle d'un ton qui laissait supposer qu'il n'en était rien. Après tout, ils n'étaient mariés que par arrangement et leur contrat de mariage était une pile de parchemins si imposante qu'il n'y avait qu'eux qui avaient assez d'esprit pour en retenir tous les termes. Lui acheter des sous-vêtements et avoir le plaisir de les lui voir essayer en était un, d'ailleurs. « Si vous le preniez mal, j'aurai toujours le moyen de racheter ma faute. ». « Je me demande bien comment. » fit-elle, soudain plus joueuse. Il fit glisser ses doigts doucement sur son corps, se collant à elle pour avoir une meilleure prise. Son visage à côté du sien, il se mit à sourire. « Comme ça par exemple. ». Ses doigts étaient on ne peut plus habiles, il l'avait prouvé maintes et maintes fois déjà. Le miroir lui procurait une satisfaction plus grande encore car il avait tout le loisir de voir les traits de la Dame Rouge se laisser emporter par un plaisir de plus en plus grand. Finalement, peut-être était-ce lui, la Bûche Sauvage ?

Quelques jours plus tard, la Collectionneuse avait fait son choix. Raeden Liddell était un homme on ne peut plus intéressant et puisque son mariage avec son époux – dont elle ignorait toujours le nom véritable – était un fait tenu secret, elle était officiellement libre. Oh bien entendu, elle était contre toute forme de lien marital de base mais elle ne pensait pas celui-ci contraignant. Seule la loi Déchue les considéreraient comme liés l'un à l'autre si elle gagnait les jeux. À vrai dire, elle ne savait pas encore si elle comptait aller jusqu'au bout. Elle voyait surtout en cette occasion un moyen parfait de s'amuser un peu. « S'il s'avère que ma réussite soit complète, la donne pourrait bien changer. Malgré le fait qu'elles s'en défendent, les femmes aiment qu'un homme ait du succès. Je suppose que si elle apprend que, moi, qui ai toujours refusé de me marier, ai décidé d'épouser Raeden, elle se mordra les doigts de ne point lui avoir accordé plus de temps et de crédit. Si cela se produit – et ça ne manquera pas d'arriver – j'émietterai alors l'emprise qu'il possède sur elle d'un même coup. En plus de l'agacer, lui, fortement, je pourrai aider celui que l'on nomme la Bûche Sauvage à affaiblir le Monarque. ». Voilà quelles étaient ses motivations profondes. Il n'y avait guère beaucoup d'hommes en ce Monde à pouvoir tenir tête à Zane. Elle en connaissait quelques uns mais ces derniers n'avaient que faire de cette histoire. Son mari en riait puis changeait de sujet comme si le temps qu'il faisait dehors était bien plus important que la chevelure épaisse de ce Roi dont il se fichait bien. « Hum... Il faudrait un miracle pour qu'il puisse tenir tête au Monarque... » répondit l'intéressé en lisant un livre, couché sur le canapé, près du feu. « Ne vous inquiétez pas, très cher, j'ai porté bien des Hommes aux sommets. Si Raeden manque de motivation, je lui en fournirai assez pour qu'il ne cesse d'améliorer ses facultés de jour en jour. ». « J'aimerai beaucoup améliorer mes facultés, d'ailleurs. » fit-il en baissant son livre, la fixant d'un regard on ne peut plus équivoque.

« Shivah. » dit simplement la jeune femme à celle qui prenait les participations. Avalon était en fête et tous gesticulaient sans cesse. Mitsuko avait pris une autre identité pour le temps que durerait le jeu. Elle ne savait pas à quoi s'attendre et, de toute façon, ne pouvait se permettre de se faire remarquer. Quand on trahissait son peuple et les convictions de ce dernier, il fallait apprendre à se faire discret. Elle ne le faisait pas par peur, elle le faisait pour éviter de donner un trop plein de travail aux Ombres. Car, après tout, si un seul gueux venait essayer de l'arrêter, elle ne donnerait pas cher des morceaux qui resteraient de son corps après qu'elle en ait fini avec lui.

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Assise sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, Séléna regardait les étoiles. Petite chose à l'avenir incertain, elle souhaitait parler aux astres mais ces derniers restaient muets. Lorsqu'elle était enfant, elle se rappelait de sa fascination pour ces lueurs qui scintillaient au lointain. Elle s'était sentie proche de ces dernières jadis mais ce lien semblait à présent brisé à jamais. Elle soupira. Se sentait-elle adulte à présent ? Non, pas vraiment. Elle avait grandi trop vite et la fin de son adolescence avait été marquée par des faits qu'elle avait encore bien du mal à clarifier. Sa vie était un champ de ruines et elle ne savait plus que faire. Elle envisageait de retourner au Manoir. Elle était l'héritière de la demeure et devait en prendre le contrôle. En serait-elle seulement capable ? Au fond d'elle grondait un désir de plus en plus proéminent. Elle n'était que faiblesse et, pourtant, lorsqu'elle regardait le village dans lequel elle se trouvait à présent par cette unique fenêtre, elle avait le désir de s'élever parmi les étoiles. « Vous êtes bien plus qu'une étoile très chère... » murmura une voix à côté d'elle. Ce son lui était tellement familier, comme s'il s'agissait de sa propre pensée. Elle voulut se retourner mais une force surhumaine l'en empêcha. Obligée de fixer ses yeux sur le paysage, elle ne savait pas ce qu'elle ressentait à cet instant. Ce n'était pas de la peur, c'était plus étrange. Elle avait l'impression d'être possédée par une puissance qui la dépassait de loin mais qui, pourtant, elle en était certaine, ne lui ferait nul mal. « Vous avez raison. Je ne vous ferai rien. Seulement, je pense également qu'aimer à votre âge ne fera que vous enchaîner à un Destin très peu enviable. Vous n'êtes pas assez puissante pour songer à vous tenir aux côtés de Shizuo et je préférerai que vous ne le côtoyiez plus à l'avenir. ». La voix se rapprocha de son oreille et un chuchotement vint la caresser. « Cet homme est mauvais pour vous. Oubliez le. ». Il était impossible au ton de savoir s'il s'agissait d'une pointe de jalousie ou d'un conseil sincère. Cependant, les Ætheri avaient cela de troublant de ne jamais avoir à justifier leurs actes. Si la Déesse agissait de la sorte, sans doute y avait-il une raison véritable, bien plus qu'une rivalité qui, à vrai dire, n'existait pas. Qu'importe qui elle soit, une Mortelle n'arriverait jamais à tromper un être qui s'était élevé. Les Maîtres du Temps, sans doute, mais étaient-ils seulement une menace véritable ? Mitsuko n'en avait que faire. Elle avait trop vécu pour avoir peur de la Mort. Et, surtout, elle connaissait cette dernière par cœur. « Votre Destin est ailleurs. D'ici quelques jours, vous vous rendrez à Avalon afin de participer aux jeux concernant la main de la Bûche Sauvage. Là commencera votre avenir. ». Elle n'en dit pas plus, disparaissant dans la nuit, la pression exercée sur le corps de Séléna s'évaporant d'un même temps.

Séléna était habillée de blanc et marchait dans la foule. Elle savait ce qu'elle avait à faire. Dans son esprit, les choses étaient triées, classées, disposées dans l'ordre d'exécution. Elle était à présent convaincue que son futur se jouerait ici et elle avait conscience qu'elle ne devait en aucun cas se détourner de ce chemin. Alors qu'elle marchait, un homme la percuta assez violemment. Elle mit sa main sur lui comme pour se rattraper, la cape de celui-ci gelant alors sans qu'elle ne contrôle quoi que ce soit. « Je... Désolée. ». Au fond de son cœur, une voix lui dictait d'arrêter de s'excuser, d'arrêter d'être une petite chose fragile. Elle devait grandir et s'affirmer. « La prochaine fois, regardez où vous mettez les pieds. » rajouta-t-elle plus fermement. Cette magie qu'elle possédait, elle ne la maîtrisait pas. Jamais elle n'avait produit ne serait-ce qu'un sort et voilà que depuis la guerre qui s'était déroulée dans les Montagnes, ses dons s'éveillaient peu à peu. « Séléna Stark. » dit-elle. Puisqu'elle ne connaissait pas son nom de famille, elle avait pris celui de Shizuo. Alors qu'elle parlait à la réceptionniste, un petit groupe d'individus encapuchonnés la regardaient de loin. « C'est une Élémental. Qu'as-tu à en dire ? » demanda une voix féminine à une plus petite silhouette. « Je vois que son potentiel est grand mais qu'elle n'a aucune idée de ce qu'elle est. Elle sera parfaite. Surveillez la. Je reviendrais la chercher quand le moment sera venu. ».

753 mots

Dis-moi Raeden, tu peux m'expliquer c'est quoi cette histoire de mariage ?

Oh Chess, ça va pas recommencer, hein ? ! Je suis amoureux de cette femme, à la fin, ce n'est pas compliqué à comprendre. Et puis, ce n'est pas moi qui me suis inscrit. Ce sont Leaic et Izis qui ont fait toutes les démarches, donc si tu as quelque chose à redire, c'est à eux qu'il faut s'adresser. De toute façon, on ne sait même pas si j'ai remporté la main de la Reine !

Raeden n'était pas forcément le genre d'homme à s'énerver facilement, mais il était assez chatouilleux sur ce sujet, d'autant plus après les discussions quelques peu houleuses qu'il avait déjà eu avec sa fille concernant la situation. Il n'avait aucune envie que cela recommence avec le Gardien Félin de la famille. Il préférait donc couper court à tout échange avant qu'il ne soit trop tard.

Ce n'est pas à cela que je fais allusion.

Le Félin était apparu debout à côté du bureau sur lequel le Bélua travaillait, dans la bibliothèque. Il regardait le maître des lieux en fronçant légèrement les sourcils, ne sachant plus trop comment réagir du coup. Le Forgeron était-il en train de se moquer de lui en faisant semblant de ne pas comprendre sa question ? Déjà, toute cette histoire de Bûche Sauvage le dépassait. L'homme-ours n'aurait quand même pas osé aller se consoler dans les bras de toutes les femmes d'Avalon ? Ce n'était pas trop son genre, mais avec cette famille, il n'était plus sur de rien en réalité. Ils lui réservaient tellement de surprise qu'il en perdait toutes ses certitudes.

Tu fais allusion à quoi alors, Chess ? Parce que là, je ne te suis pas du tout et j'ai du travail à faire.

Je fais allusion au concours organisé à Avalon pour gagner la main de la Bûche Sauvage ! Qu'est-ce que tu es allé faire dans les rues et les bordels de la capitale Déchue, bon sang ? !

L'Immortel abattit son poing sur le bureau, fissurant le bois de ce dernier. Il serait bon pour le changer, une nouvelle fois.

Ca suffit ! Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ! Ce n'est pas moi ce type ! Tout le monde me confond avec lui et personne ne me croit quand je démens !

Et ça commençait prodigieusement à l'agacer. Il ne pouvait quasiment plus se déplacer sans qu'une personne ne vienne à lui avec ce titre à la bouche. S'il avait pu s'en débarrasser, il l'aurait fait depuis longtemps. Le félin n'avait pas bronché d'un poil devant la colère manifeste de son ami. Assurément, il disait la vérité. Sinon, il ne se serait jamais mis dans un état pareil. Du coup, la suite de ce qu'il avait à lui dire risquait d'être plus compliquée.

Hmm … Je vois .. Je comprends mieux. Excuse moi d'avoir insinué certaines choses dans ce cas … Mais même si cette Bûche Sauvage, ce n'est pas toi … Il serait préférable que tu te rendes là-bas.

Pourquoi ? Pour encourager encore plus cette folie ?

Non … juste que ta fille a décidé de partir là-bas pour faire le … ménage sur place … Si tu vois ce que je veux dire !

Quoi ?? !!!

Cette fois-ci, le colosse s'était levé brusquement, rattrapant sa chaise juste avant qu'elle ne tombe au sol.

Tu ferais mieux de te dépêcher d'ailleurs.

Mais qu'est ce qui lui a pris encore ?!

Tout en disant cela, il était déjà en train de préparer quelques affaires pour se rendre sur place.

Attends ! Tu devrais avaler cette potion avant.

C'est quoi?

Pour changer ton apparence. Ca évitera que les femmes que tu croiseras te sautent dessus.

Merci !

Et ce fut ainsi que Raeden se téléporta dans la Capitale Déchue sous une nouvelle apparence. Toujours tout en muscle et avec un débardeur blanc, il restait toujours quelqu'un au physique remarquable mais n'avait plus rien à voir avec celui qui faisait chavirer toutes ses femmes.  Il fallait à tout prix qu'il arrête sa fille avant qu'elle ne cause des morts.

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Participation avec autorisation d'Eerah ! Là principalement pour limiter les dégâts de Yuli xD
Présent sous une autre apparence. Donc si vous voyez un gars courir avec la Vampire, c'est lui /sbaff/

Sylbille passa un doigt sur le haut de son corset et essaya de tirer doucement dessus pour trouver un peu d'air, sans succès. Elle avait quelque peu perdu l'habitude de porter des vêtements aussi féminins et aussi contraignants depuis que sa mère ne la forçait plus à se rendre à des mondanités. Depuis le temps son corps avait quelque peu évolué et les tenues qu'elle devait arborer avaient fait de même, ce qui la mettait encore plus mal à l'aise. La brune fit quelques pas sur elle même tout en soulevant les pans de sa robes pour éviter de marcher dessus. Sa mère l'aurait sans doute réprimander d'avoir dépasser le niveau des chevilles mais elle se fichait pas mal de ce détail. Après tout, dans cette foule, qui ferait attention à ce genre de broutilles ?

L'orisha attrapa la main de son partenaire et tournoya en rythme avec les percussions. L'alcool coulant à flot, la musique des troubadours résonnant dans les ruelles de la cité, la nourriture qui trônait sur les banquets... Tout semblait avoir été mis en place pour s'assurer que les festivités soient les plus réussies possible en l'honneur des deux nouveaux initiés. Une chose était sûre, les déchus étaient doué pour mettre l'ambiance et la garder au plus haut point...  Et Sylbille se félicita s'avoir accepter l'invitation de cette jeune femme qu'elle avait rencontré lors d'une mission pour les Corvus. Son travail lui permettait de visiter le monde mais aussi de faire des rencontres très intéressantes, et c'est grâce à cela qu'elle s'était retrouvé à la place du Rift, célébrant la réussite des deux déchus lors de la cérémonie du Chemin.

Le luxurieux l'attira vers lui et plaqua une main sur son dos pour maintenir une certaine proximité. La chasseuse, en plus de son sourire béa, laissa échapper un rire un peu idiot à cause de l'alcool qui l'empêchait de contrôler totalement ses gestes. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi proche d'un homme aussi séduisant, et elle devait avouer être ravie de la situation. Elle se laissa donc guider par les mains chaudes et expertes du danseurs qui la faisait virevolter sur la piste de danse, sans sembler gêner de ses maladresses. "On dirait que vous avez fait ça toute votre vie." lui glissa-t-il à l'oreille, de clan chant un nouveau ricanement chez la brune. "Vous dites ça à toutes les femmes avec qui vous dansez ?" Un sourire irrésistible pour toute réponse, Sylbille dû se contenter de cette réponse muette. Elle savait au fond que la réponse était positive -qu'attendre d'autre que d'un déchu de la luxure ?- mais elle espérait secrètement être la seule... l'unique à avoir le droit à ce privilège. Le temps d'une seconde danse, elle se berça de cette illusion avant qu'une annonce ne soit faite.

Une jeune femme à la beauté époustouflante fit un discours pour annoncer le mariage d'un certain homme, dont Sylbille ne connaissait pas grand chose. Elle avait vaguement entendu parler de cet inconnu mais l'alcool embrouillait ses pensées et elle n'était plus certaine de ce dont elle se souvenait réellement. Pourtant, à en juger par les réactions des déchues, ce devait être un bon parti. Sylbille observa son cavalier, qui semblait plutôt jaloux face aux réactions admiratives des demoiselles alentours. "Le mariage... c'est une sacrée aventure..." Un rictus étira les lèvres de son partenaire. "C'est surtout une belle c*nn*rie ! Un simple engagement qui nous bride à un unique compagnon... Pourquoi s'emprisonner lorsque l'on peut être libre ?" Sylbille répondit d'un air absent. "Humm..." En tant qu'Orisha, elle comprenait mieux que personne l'importance de la liberté, mais elle savait également qu'un jour, elle se devrait de fonder sa propre famille pour perpétrer le Don familial.

Et s'il y avait une chose importante, chez les Gandr, c'était d'obtenir un bon parti, quelqu'un qui pourrait apporter au clan... Et sa famille lui reprochait déjà suffisamment de ne pas s'intéresser suffisamment à ce genre de sujet. C'était peut être le meilleur moment de se débarrasser de tous ces commentaires ? "Bien, dans ce cas, je vais m'inscrire !" declara-t-elle tout en se mettant en chemin vers la bibliothèque.

Sylbille regarda autour d'elle, peu rassurée. Elle qui d'habitude était toujours joyeuse et amicale, la voilà fichée dans son coin, immobile, à ne plus oser parler à personne. Était-ce l'alcool qui la rendait si morose, ou bien se voir entourée de tant de prétendantes la rendait-elle nerveuse ? Ah non, prétendants. Et oui, c'était sans doute ça le plus fou, même des hommes s'étaient inscrits pour gagner la main de cette légende vivante. Elle n'aurait pas seulement à affronter les charmes des autres dames mais aussi la virilité et la force de ces messieurs. La compétition serait vraiment rude et, aux regards froid et méprisant que lançait certaines, elle savait que gagner entourée de toutes ces femmes, sans doute bien plus expérimentées qu'elle même dans ce domaine, ne serait pas de tout repos.

L'orisha continua malgré tout à chercher un regard bienveillant à travers cette foule. Il ne pouvait pas y avoir seulement des prétendantes prêtes à vous arracher les cheveux pour quelques mots de travers... Elle regarda une fois de plus les personnes présentes dans la salle. Les déchus, une fois que les inscriptions furent closes, les avaient emmené dans une sorte de manoir, où on les faisait attendre depuis. La maison était d'une beauté mémorable et l'ambiance aurait sans doute été fort agréable si elle ne se sentait pas aussi menacée par la beauté flagrante de certaines... La Bûche aurait sans doute sa préférence pour ces femmes la, il ne poserait sans doute même pas les yeux sur elle, une si insignifiante demoiselle. Sylbille passa ses mains sur le tissus de'sa jolie robe. Elle regretta soudainement de ne pas avoir porté plus d'attentions aux conseils de sa mère, à l'époque, lorsque Héstia essayait de faire d'elle une femme présentable.

Sylbille secoua la tête. Il ne servait à rien de se morfondre sur son sort. Si elle voulait attirer l'attention du célèbre homme pour lequel elle allait combattre, elle devait le mériter. Elle vaincrait tous ses opposant,  elle ne se laisserait pas marcher sur les pieds ! Elle montrerait au peuple déchue qu'elle aussi, elle valait le coup d'être remarquée ! Soudain envahi par une nouvelle détermination, elle se remit vivement debout et commença à avancer. Si elle voulait stopper son angoisse, elle devait se forcer à établir un contact ! "Et bien et bien, je n'ai pas beaucoup de chance face à vous. La buche sauvage n'aura d'yeux que pour vous." La demoiselle à qui elle s'était adressée était, comme beaucoup d'autres participantes, bien plus charismatique qu'elle. De celles qui attirent le regard, et à qui l'on a instantanément envie de parler.

Avant que la brune ne puisse continuer la conversation et n'ajouter un mot de plus, une jeune femme fit son apparition et attira son attention. Elle lui demandait de la suivre pour commencer les "préparatifs". Le début des festivités commencaient donc. Avec un dernier regard vers la femme qu'elle avait abordé, Sylbille suivit la déchue sans discuter. Elle fut conduite dans une pièce, où l'attendaient deux autres femmes. Un grand bain chaud était installé au centre, l'eau fumait encore. Sylbille attendit qu'on lui dise quoi faire, écoutant ses préparatrices discuter, avant que l'une d'elles ne s'approche. "Alors, qu'est ce que tu attends ? Hôte tes vêtements." L'orisha rougit sans pouvoir se contrôler. Elle ouvrit des yeux ronds, qui fit rire la femme. "Vous... vous voulez que j'enlève ma robe... devant vous ?" - "Allons allons, pas de chichi entre nous ! Nous allons nous occuper de toi, tu n'as pas à avoir honte ! Une fois que tu seras ressortie d'ici, tu seras méconnaissable !" - "Sublime !" - "Aucun doute que la Bûche te remarquera entre toutes !" Et sans lui laisser l'opportunité de fuir et de changer d'avis, elles commencèrent à défaire son corset, lui ôter ses couches de vêtements, détresser ses cheveux bruns et la pousser dans l'eau.

Elle avait visiblement été parfumée avec quelque chose. Sylbille essaya de renifler discrètement mais cela n'échappa pas aux préparatrices. "C'est du Lilas." - "J'ai entendu dire que notre dieu du lit adorait cette odeur." - "Si tu finis la nuit avec Lui, pense à nous remercier s'il te saute dessus grâce à ton parfum !" Sylbille se réfugia sous l'eau pour cacher sa nouvelle rougeur. Les préparatrices s'occuperont donc d'elles, lui lavant les cheveux plusieurs fois pour les rendre soyeux, frottant son corps avec différentes lotions toutes plus étranges les unes que les autres -l'un de leur produit, qu'elles insistèrent pour appliquer sur les endroits les plus indiscrets de son corps, la débarrassa de toute pilosité. Lorsqu'elles la firent sortir et qu'elles l'enroulèrent dans une serviette, elle avait l'impression d'être totalement nue, devant les yeux inquisiteurs de ces femmes. "Bien, commençons par les soins." Elles l'enduirent de nouvelles lotions et crèmes qui adoucirent sa peau, comme celle d'un nourrisson. Elles démêlèrent ses cheveux comme si les laver n'avait causer aucun noeuds. Puis elles conduisirent leur protegée dans une salle voisine.

Là, des rayons entiers de robes, toutes plus sublimes les unes que les autres. Les étoffes semblaient extrêmement chères et Sylbille osait à peine les effleurer, de peur de devoir les rembourser si elle le abimait. "Quelle couleur aimes tu ?" demanda la femme qu'elle avait identifié comme étant Marcella. "Le rouge, bien évidement, toutes les femmes devraient porter cette couleur pour les grands événements." repondit Hostia à sa place. "Haa... Tu ne jurés que par le rouge, toujours et encore. Mais peut être que Sylbille a envie d'autre chose." argua Felicity. Tous les regards se braquèrent sur l'orisha. Elle sentit de nouveau l'angoisse monter, mais d'une voix chevrotante, elle parvint tout de même à donner son avis. "Je... Je n'aime pas les couleurs trop voyantes..." - "Oh quel dommage, je suis sûre que le rouge te serait allé à ravir..." Malgré la déception de Hostia, sa robe ne fut pas des plus voyantes. C'était une tenue très élégante, d'un bleu nuit profond, qui collait à son corps, montrant ce qu'il fallait de ses formes généreuses qu'elle avait pourtant l'habitude de cacher.

Elle fut reconduite dans la salle d'eau, où on la força à s'assoir en face d'un miroir. On releva ses cheveux en un chignon complexe dévoilant sa nuque gracile, mélangeant tresses et perles de nacre, barrettes papillons et autres fantaisies. La coiffure était chargée mais restait élégante. Ces déchues savaient ce qu'elles faisaient. Sylbille était secrètement rassurée. Peut être qu'elles parviendraient réellement à faire un miracle, et à la rendre désirable aux yeux de son futur promis... On s'attaqua ensuite à ses ongles, que l'on lima puis verni, avant de cacher ses mains dans des gants. Puis on maquilla son visage. Lorsqu'elle se regarda dans la glace, elle ne se reconnu pas elle même. "Là, lève toi." La chasseuse optempera. On passa autour de son coup un collier de perles nacrées, et on posa un voile de la même couleur sur ses épaules. "J'ai remarqué une vilaine cicatrice sur ton épaule" explica Marcella. Sylbille était en fait très fière de cette cicatrice. Une blessure de chasse, qu'elle aimait d'habitude montrer pour prouver sa valeur au combat. Mais elle faisait entièrement confiance à ses préparatrices en ce qui concernait la coquetterie, et si l'une d'entre elle avait jugé qu'il fallait mieux la cacher, elle le ferait sans remord.

Elle quitta ensuite les trois femme pour patienter près du balcon où elle de filerai bientôt. Au fut et à mesure que la file rétrécissait et que son tour approchait, Sylbille sentait son coeur s'accélérer, ses mains étaient moites... Elle transpiait. "Oh mon dieu, pas ça ! Pas aujourd'hui ! " pensa-t-elle en jetant un coup d'oeil sous ses aisselles. Elle faisait bien de s'inquiéter. Mais il était trop tard, son tour était arrivé et un déchu la pressait à l'extérieur. Improvisant, elle essaya de positionner son châle de telle façon que la foule en délire qui l'aclamait d'en bas ne puisse rien remarquer... Bien sûr, elle n'avait pas penser au fait que la distance empêcherait les spectateurs de voir ces détails. Un sourire crispé au visage, elle leva une main tremblante pour saluer son public. Comme il l'était exigé, elle inspira profondément pour dire un discours. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait dire. "Je... Je suis ravie d'avoir la chance de participer à ce concours pour... Pour prétendre devenir l'épouse de la Bûche sauvage... Je serais digne de vos attentes et... Et je remporterai sa main !"