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 [Q] - Sauvage et indomptable | Devaraj

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 07 Avr 2020, 01:17





# L’homme qui murmurait à l’oreille des bêtes





Partenaire : Devaraj
Intrigue/Objectif : Troublée par les pertes de mémoire des Darka’Mri’Tuor, la Confrérie envoie quelques-uns de ses hommes pour en apprendre davantage sur cet étrange phénomène et ces derniers discuteront également d’autres choses concernant l’alliance Mior-Corvus avec le Roi. En parallèle, la guilde tentera de filer un coup de main à Devaraj, qui désire apprivoiser Pupuce.


Malgré les couches et les protections, la pluie pénétrait nos vêtements à l’instar d’une morsure qui s’enfonçait jusqu’à la moelle, souillant nos habits d’un surplus de liquide que les tissus n’arrivaient plus à étancher après un certain temps. Le froid craquelait la moindre parcelle de notre peau et il était plutôt difficile d’y distinguer quoi que ce soit à travers la bruine de la Mer. Seulement, si mes capacités de Traqueur et d’Orisha me permettaient de repousser l’opacité du brouillard afin que je puisse y distinguer quelque chose à travers tous les filaments de cette brume, je me demandais à chaque fois comment Onezka et ses hommes parvenaient à se diriger à travers pareil temps et climat. La Mer Maudite n’avait jamais été reconnue pour son tempérament calme et avenant, les histoires sur son compte allant des centaines de navires qui se sont échoués à travers ses innombrables canines de pierre aux monstres de plus de trente mètres de long qui serpentaient ses fonds marins. D’autres contaient que, dans les rares instants de silence dont les gratifiait la zone de mer, ils avaient été en mesure d’entendre les cris des naufragés qui perçaient littéralement le voile du brouillard pour chanter leurs maux et supplices. Nul ne saurait dire s’il s’agissait de hurlements démentiels, de pleurs incontrôlées ou bien de sourdes lamentations provenant des épaves, mais ces cris, sortis de ce qui semblait être le néant, vibraient tous ensemble dans cette litanie qui ne faisait que rajouter davantage à l’étrangeté de cette mer, à son obscurité et à la dangerosité qu’il nous était tous possible de respirer dans l’air. Pour ça, croyez-moi, ce n’était pas nécessaire d’avoir un très bon odorat. L’obscurité était oppressante tout autour de nous, les vagues ne laissaient aucun répit au timonier, qui tentait à chaque instant de conserver son cap vers l’Île Maudite, et ces odeurs… Bon sang, ces odeurs! Franchement, rien que pour les éviter, j’avais très hâte de poser le pied à terre et de m’extirper de cette atmosphère écrasante et mauvaise.

Par chance, il semblerait que nous arrivions bientôt à bon port. Me redressant de l’assise sur laquelle j’étais appuyé, je proposais aussitôt mon aide au reste des membres du drakkar, qui s’activaient avec empressement afin d’appliquer les mesures d’ancrage. Nous avions abandonné les côtes il y a plusieurs minutes de cela et, tandis que le brouillard couvrant la Grande Baie s’évaporait progressivement dans notre sillage, l’agitation de la ville portuaire commençait peu à peu à se faire entendre de notre ouïe, bourdonnements indistincts de voix et de bruits qui témoignaient de l’activité en pleine ébullition de Garamor. Les couleurs de la localité – les toits et les commerces, les toiles et les vêtements – s’imposaient doucement à notre vision, tranchant violemment à la noirceur de la mer et de ses côtes inhospitalières. Je fixais le rivage qui s’ouvrait à l’horizon, les ponts en bois qui reliaient les différentes habitations de Garamor et pendant plusieurs secondes, je me surpris à rester immobile, les yeux simplement rivés sur la ville.

Et soudainement, un sursaut secoua mon corps dans son intégralité alors que mon regard trouva rapidement chemin jusqu’à mes compagnons chamans. L’un d’eux – Pei – sentit certainement le poids de mes iris contre sa nuque, puisqu’il fit aussitôt volte-face dans ma direction, s’approchant de ma position en appliquant sa démarche lente et silencieuse que nous lui connaissions tous.

« Tu retrouves tes souvenirs? »

Et à son interrogation, j’acquiesçais d’un hochement de la tête, battant des cils un certain temps avant de reporter mon visage sur la ville en effervescence. Je me souvenais de ma dernière venue sur l’Île Maudite, je me souvenais des Lekors, de la bénédiction chantée par le Suprême de l’Au-Delà à la fin de notre Chasse. Je me souvenais de sa main serrant la mienne, l’amusement qu’avait dessiné les traits de son faciès, à la mention du mariage et des cadeaux, s’imprimant brutalement dans mes rétines. Je me souvenais lui avoir répondu par un sourire plus ou moins troublé, alignant une phrase ressemblant à « Pour l’instant, celle qui en profite le plus, c’est notre fille! » avant de le remercier. Eeeet, comme un coup de vent, il était reparti. Je n’avais jamais vraiment compris cet homme…

D’ailleurs, en parlant de ses « cadeaux », il fallait que je leur trouve un meilleur endroit pour qu’ils puissent… eh bien, vivre en fait. Si Toesia s’amusait énormément en leur compagnie, je me demandais sérieusement combien de temps ces crabes parviendraient à survivre dans le froid du Voile Blanc. Ces bestioles étaient faites pour les milieux chauds et tempérés, pas pour les climats polaires! À quoi avait pensé le Roi en m’offrant… Je soupirais tout en me pinçant l’arête du nez. Qu’est-ce que j’allais poser comme question encore? C’était le Suprême de l’Au-Delà. Pour le nombre de fois où je l’avais croisé et abordé, je pense que cette réponse seule suffisait. Et puis, qui sait, peut-être que ces décapodes pouvaient tolérer une telle température. Je l’espère…

Je relâchais un souffle alors qu’au même moment, le bateau accostait. Je reçu une tape sur l’épaule de la part de Rassvakar, qui venait de prendre les devants, Katharsis le suivant de près. Comme à mon habitude, je saluais Onezka de la main, ce dernier me gratifiant de son sourire édenté.

« Alors, notre destination? Questionna Rassvakar avec un grand sourire, ses deux épées suivant le mouvement de sa rotation alors qu’il s’était retourné pour nous faire face.

- … Tu t’es cogné la tête après ta beuverie avec Injé? Tu as vraiment oublié? Soupira Katharsis, le Mior aux yeux ambrés.

- Allons-y rapidement. Ne faisons pas attendre le Roi », nous empressa Pei, ce à quoi je répondis par l’affirmative, mes sens toujours en alerte.

La dernière fois, je me souvenais aussi de ce Chaman qui avait failli crever les yeux de l’un des nôtres. Zawa’Kar, hein? Ouais, c’était bien son nom. Alors sa tête, à lui, je ne l’oublierais pas.


993 mots | Post I | Je ne me suis pas avancée concernant l’endroit exact du rendez-vous, au cas où t’avais une idée particulière en tête. Et si tu as besoin de mes PNJs, tu peux les trouver ICI. Si tu veux dire qu'il y a d'autres Darka'Mri'Tuor, tu peux : j'ai juste préféré me cantonner à mes PNJs pour le moment, histoire de ne pas m'éparpiller xD



[Q] - Sauvage et indomptable | Devaraj Signat16
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Lun 13 Avr 2020, 17:58




Sauvage et indomptable
Mior poussa un soupir, qui ressembla plutôt à un grognement agacé. « Vous êtes certain de vouloir faire cela maintenant ? Je peux me parfaitement me débrouiller avec Zawa'k- » Le roi le coupa. Contrairement au trappeur qui semblait morose, Devaraj était resplendissant de bonne humeur. « Absolument ! Si je meurs, je n'aurai pas à faire les nuits de noce. » Mior ne cilla pas. « Ah. » Il avait entendu quelque chose qui ne le regardait pas, et fit en sorte de l'oublier aussitôt. Le grand brun haussa les épaules, signe qu'il s'en remettait au destin dans un fatalisme qui lui était cher. Il chargea sur ses épaules un sac qui contenait de quoi donner les premiers soins, une carte, ainsi que de multiples couteaux, rangea sa hache par dessus, et empoigna la poignée de son arc à poulies, une espèce d'arbalète qu'il avait confectionné lui-même. « La bête s'est réfugiée dans la jungle, comme si ce n'était pas suffisamment dangereux comme cela. On ne sait pas où exactement, j'espère que ce n'est pas vers le Temple d'Edel. »

Pour lui, la situation était grave, car il ne voyait pas comment maîtriser le monstre qui avait débarqué sur l'île du jour au lendemain, indomptable et destructeur. Ils avaient tout juste réussi à le cantonner loin des zones habitées et cela ne s'était pas fait sans pertes humaines. « Formidable !! » Le roi avait parfaitement conscience du danger qu'ils allaient courir. « Vous jeter du haut du volcan directement dans la lave irait plus vite et causerait moins de soucis. » Devaraj rit. Le problème était qu'il connaissait par avance le sors des suicidés, sinon, cela ferait bien longtemps qu'il en aurait intégré les rangs. « Écoutes, je connais bien la personne qui nous a fait l'immense honneur de nous ramener cette bête. C'est probablement à cause de moi qu'elle se trouve ici, je dois prendre mes responsabilités. » En réalité, ce qu'il avait pu voir du monstre le réjouissait et le fascinait, tout comme lorsque la Bête des Enfers s'était présenté à lui. Oui, il était fou d'aimer ces créatures, mais c'était un sentiment incontrôlable, une attirance et une empathie contre lesquels il serait vain de luter. Cependant, il ne pouvait rester les bras ballants sans rien faire pour se protéger des dégâts causés. « Pour nous en débarrasser. » Il y eut un petit silence, seulement brisé par les pas des deux hommes sur les pavés de la rue alors qu'ils descendaient sur la berge du lac. « C'est un point de vue. » lui concéda finalement le blond. Ils s'arrêtèrent devant les statues d'Edel et d'Ezechyel, où le Draugr déposa quelques offrandes et pria, puis Devaraj posa sa main sur son épaule et les téléportèrent à Mior'Gar.

Au campement, qui se trouvait à cette saison au creux des hauts-plateaux, à l'abri du vent sur les contreforts rocheux, l'on se préparait à partir en chasse avec l'effervescence habituelle que cela provoquait, décuplée par l'arrivée des membres de la Confrérie. C'était la première fois qu'ils arrêtaient leur point de rapatriement dans les hauteurs verdoyantes et sauvages, mais les Draugr avait soigneusement choisi cet endroit en le jugeant à la fois hors de portée des intempéries, mais aussi des monstres les plus dangereux, à commencer par celui qu'ils allaient chasser aujourd'hui. « J'ai crû entendre qu'un golem de feu était apparu dans les souterrains. » avait-il encore prononcé sur le chemin. « Il ne faut jamais aller dans les souterrains, tu le sais très bien ! » Seulement, Devaraj ne savait pas mentir. « Dans le volcan ? » Mior était contrarié. Il n'aimait pas cet invasion de chimères aux capacités de destructions phénoménales, bien que cela réveille en lui un certain instinct et une avidité d'aller augmenter son tableau de chasse. La protection des siens venait toutefois avant toute ambition. « Oui, mais il dort. » précisa Devaraj. « Et puis, il n'y a que les fous, pour aller dans le Volcan. » Le roi était -fait rare- vêtu de la tête aux pieds de la même façon que Mior, avec une armure en cuir léger. Il s'agissait surtout de ne pas laisser de peau nue offerte aux plantes exotiques et mortelles de la jungle. Il ne portait pas d'arme, et faisait ainsi vraiment penser qu'il était ici pour perdre la vie.

Le roi alla saluer Miles ainsi que ses homologues. Ils n'avaient pas l'air trop perdu, ce qui signifiait que leur mémoire était revenue, en partie du moins. « Merci d'être venu. Vous ne le savez peut-être pas mais depuis quelques temps nous faisons face à l'apparition inattendue d'une créature inconnue du bestiaire à ce jour, et nous aimerions... » Il marqua une pause, fronçant les sourcils. « L'apprivoiser, ou du moins apprendre à la maîtriser. » Mior saisit l'occasion pour rajouter. « Ou à s'en débarrasser. » Le Suprême de l'Au-Delà soupira. « Soit, s'il s'agit de la seule option possible. » Il se retourna vers le campement. «Vous pourriez nous accompagner, je pense que cela va être intéressant. Cela va nous prendre plusieurs jours, c'est pourquoi vous disposez de tentes et de tout ce dont vous aurez besoin, car nous aimerions aussi examiner de plus près vos pertes de mémoires, à quel moment précis et sur quel type de personne elle occurre. Avez-vous tous retrouvé clairement vos souvenirs de la dernière chasse ? » Miles attira l'attention du bavard, qui déversait son flot de paroles incohérentes. « Voulez-vous prendre du repos avant que nous nous aventurions dans la jungle ? Est-ce-que vous avez faim ? Nous vous avons préparé des cartes ainsi que du matériel. Comment vont mes crabes ? » Enfin, ses crabes... Il y tenait encore simplement parce-que Delawam l'avait obligé à s'en débarrasser.  

986 mots
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Ven 08 Mai 2020, 17:09

Quelques pas encore et les moins sensibles purent enfin entendre les voix qui s’élevaient depuis le camp nomade de Mior’Gar, celles des adultes comme celles des enfants. Nous l’avions remarqué, pendant un temps, mais plus nous nous enfoncions au cœur de l’Île Maudite et plus certaines mémoires se concrétisaient entre nos deux oreilles, se dégageant du flou et de la brume créés par cette étrange anomalie afin que nos souvenirs s’éveillent au grand jour à l’intérieur de nos esprits. Et enfin, les portes du campement de la tribu Mior apparurent devant nous, les tentes coniques des tipis pourfendant les hauteurs des quelques barricades en bois qui faisaient office de muraille autour du milieu de vie du clan. Pei, Katharsis et Rassvakar échangèrent tous trois quelques sourires en coin lorsque nous pénétrâmes à l’intérieur du camp, plusieurs paires d’yeux se faufilant dans notre direction.

« Héhé! Salut les enfants! » Se réjouit le Chasseur Mior en ébouriffant la tignasse d’un jeune garçon, dont les cheveux noirs étaient si sombres qu’ils renvoyaient des reflets légèrement bleus et lustrés.

Certains marmots s’étaient rapprochés de notre groupuscule et je pouvais sentir, comme à toutes les fois que je mettais le pied ici, certaines œillades me dévisager. Les fissures qui recouvraient l’intégralité de mon épiderme semblaient encore en surprendre quelques-uns, mais la plupart s’en était déjà accommodé. Preuve faite : un enfant, que je commençais à bien connaître – du moins, quand je ne quittais pas les frontières de cette île –, s’était glissé devant moi pour me tendre une petite figurine de bois, chose qui, au cours de mes premiers jours sur l’Île Maudite, n’aurait pas été possible, du moins, pas aussi naturellement. Lui et moi, nous nous étions mis à un petit jeu, une sorte de Hagydz du bestiaire : il me présentait un animal et je devais deviner ce qu’il était. Des fois, je faisais mouche, d’autres fois, j’étais complètement à la ramasse, les créatures qui pullulaient à travers cette île étant particulièrement abondantes et variées. Cette fois-ci, l’idole représentait une espèce de canidé au corps noueux dont la face angulaire semblait, pourtant, prise d’une sorte de détérioration horrible et difforme. Autre fait assez surprenant, c’était le nombre de pattes qui soutenaient sa silhouette inaccoutumée.

« C’est un loup de la jungle, ça, si je me souviens bien. Un… »

Je réfléchissais quelques secondes, avançant néanmoins une réponse d’une voix parfaitement hésitante.

« Un… Krougn? Non, non, attend… Un Krousk? »

L’enfant rit aux éclats tout en secouant la tête.

« Non, monsieur Koërta! Encore raté! C’est un Kröng!

- Bon sang, c’est ça, voilà! Un Kröng! » Répétais-je, l’enfant m’aidant à modeler correctement la prononciation du nom de la bête.

Cependant, après un moment, nous pûmes remarquer une nouvelle effervescence s'élever, dans l’entrée en scène du chef de la tribu et du Suprême de l’Au-Delà lui-même. Eu d’égard à sa présence et aux mœurs du peuple chamanique, tous les Corbeaux présents firent une révérence à ces derniers tout en les saluant, à notre tour, solennellement, tandis que les enfants s’éloignaient précipitamment pour retrouver leurs jeux et autres curiosités. Nous écoutâmes le Roi nous faire part de la mission et, à un instant, nos pupilles convergèrent en direction du trappeur : il semblerait que les deux divergeaient d’opinion quant au sort qu’il faudrait réserver à la bestiole…

« Oui, répondis-je au Roi lorsque ce dernier fit mention de nos souvenirs disparus et après avoir fait un rapide tour d’horizon en direction de mes compagnons. Peut-être qu’il nous reste encore certaines parts d’ombre, mais nous avons retrouvé la majorité de notre mémoire. »

Mior sembla se satisfaire de cette réponse, se murant brièvement dans un mutisme, mais c’est au même instant que le Suprême de l’Au-Delà s’avança à ma hauteur.

« Euh… Je… »

Il me rendait toujours aussi mal à l’aise et pourtant, je finis par expirer un léger rire en perdant, plus ou moins, le fil conducteur de ses réflexions.

« Nous sommes prêts à nous mettre en chasse n’importe quand. Vous vous sentez comment, les gars? »

Chacun semblait être en forme, acquiesçant d’un hochement de la tête et ajustant leur armement, comme pour affirmer mes propos. Cependant, plusieurs nous firent savoir qu’ils ne diraient pas non à un petit repas. Un sourire s’étira sur mon visage.

« Ouais, c’est pas faux, concédais-je finalement tout en reportant mon attention sur le Roi. En plus, ça nous permettra de vous poser des questions concernant la bête. Et vous, d'en connaître un peu plus sur ce qui se trafique dans notre tête.

- En effet, rajouta Katharsis en s’approchant de notre position, son regard doré allant de l’Hǫfðingi à son Draugr. Nous aurions également besoin d’une description de la créature ainsi que de ses habitudes, des endroits où elle a été aperçu, etc., pour nous faire une idée de son profil. »

Et pendant que mes collègues se joignaient à la conversation, je me permis un léger aparté pour me pencher en direction du Roi. Je n’étais pas particulièrement à l’aise en sa présence, l’aura qu’il dégageait et le statut qui était le sien refrénant toute envie de trop m’approcher de lui. C’est pourquoi cela prit un certain temps avant que je me lance, le gratifiant d’un sourire.

« Et les crabes vont bien, oui. Toujours en forme, sauf quand le chien veut tester ses crocs sur leur carapace… Enfin, la gamine l’éloigne assez rapidement quand ça arrive : ils sont devenus ses compagnons de jeu favoris. Mais euh… En parlant des crabes, j’voulais vous demander, mais… ils ont une sorte de tolérance aux climats polaires ou bien? Parce que j’ose pas vraiment les sortir dehors pour l’instant, et s’ils sont encore petits, pour le moment, j’ai remarqué qu’ils avaient bien grandis depuis la dernière fois… »

Et ça, ça m’inquiétait un peu.

« Et sinon… Avez-vous croisé Léto, tout récemment? Comment va-t-elle? »

En même temps, nos pas nous dirigeaient vers les tentes qui avaient été disposées pour nous et nos effets.


996 mots | Post II | Désolée pour l’attente ^^



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Lun 01 Juin 2020, 16:42




Sauvage et indomptable
Devaraj fixa longuement le chasseur après que ce dernier eut posé sa question. Il finit par éclater de rire devant l'incongruité de la chose. Il devait se souvenir toutefois que Miles n'avait pas l'habitude du manque de cohésion chaotique et des illogismes terribles qui régnaient sur cette île, en particulier concernant les créatures symboliques de Nidalu. « Je vous conseille de les laisser sortir quoiqu'il arrive. Ils vont sûrement devenir... imposants. » Ou énormes et monstrueux. « Quand à leur résistante climatique, étant donné la couleur de nos belles plages de sable doré, je pense qu'ils s'en sortiront très bien n'importe où ailleurs dans le monde. » Il sourit. « Je serais vous, je m'inquièterais pour le chien et pas l'inverse. »

Mior était en train de guider les chasseurs vers des tentes libres et préparées pour eux. Le Draugr ne chercha pas à faire la conversation, muet et placide malgré l'étonnante évolution des mémoires de ses compagnons. Ce n'était pas le cas des enfants de la tribu, qui se précipitaient contre les nouveaux venus pour les regarder avec une affreuse curiosité, ou encore les bombarder de questions tout aussi indiscrètes qu'innatendues. « Non, je n'ai pas revu Léto depuis quelques temps. Elle passe beaucoup de temps en dehors de l'île. » reprit le roi en suivant la direction que prenait la troupe. De ce qu'il savait, la blonde avait failli mourir dans une bombe avant de disparaître dans le monde des Morts afin de se venger de quelques hérétiques, visiblement accompagnée par un Esprit destructeur, mais avait-il besoin d'en parler à son mari ? « Je suppose qu'elle est en vie. » Il était volontairement sarcastique à l'intention de Miles, peut-être un peu taquin, même.

Les principaux dirigeants de l'expédition se regroupèrent dans la tente principale, autour d'une table basse entourée de coussins et tapis. Là-dessus était posée une grande carte de l'île dessinée sur une peau, et quelques mets et boissons pour les invités. Une fois le tipi fermé depuis l'intérieur, le brouhaha général s'estompa légèrement pour laisser place à une ambiance plus sérieuse et calme. Mior laissa à chacun le temps de s'installer et de se servir, avant d'entamer la discussion. « Le dernier endroit où la bête a été aperçue est à l'entrée de la jungle dans laquelle elle s'est enfoncée. » commenta le Draugr en entourant le point avec un pinceau de peinture rouge.  «  J'ai envoyé des éclaireurs suivre les traces mais sans succès. » D'abord parce-que la jungle était un endroit aussi dangereux pour les vivants que les morts ; ensuite parce-que les meilleurs s'y perdaient, en particulier dans les entrailles de cette forêt aux milles enchevêtrements de racines, branches, lianes et ronces qui se ressemblaient toutes. « Visiblement, la bête a suivi cette route, d'après les arbres cassés, les troncs raflés et la terre retournée. » Il traça un chemin avec le même pinceau. « Plus elle s'avance, moins elle laisse de traces. Je la soupçonne personnellement de pouvoir changer de taille. » Il regarda Devaraj, haussant les sourcils. Ce dernier haussa les épaules. « Je ne l'ai pas vu très longtemps. Elle ressemble à un chat de trois mètres de haut, à la peau rouge et jaune, rugueuse, comme de pierre. Elle a une espèce de crinière ronde et solide, des yeux en fente jaunes, la même tête qu'une marionnette qui aurait prit vie. » dit-il en faisant apparaître par illusion visuelle ce qu'il entendait par là, car même lui n'aurait pu l’imaginer tout seul. « Elle donne une impression de lourdeur, comme un golem. Étant donné les motifs sur sa peau, l'on dirait vraiment un objet qui se serait animé. » Ironiquement, cela ressemblait beaucoup à ces jouets en bois peint que l'on trouvait parfois dans les foyers de la tribu.

Il piqua dans la boite de sucreries ouverte devant lui. « Elle est apparue par téléportation,  sous mon nez. » Parce-qu'il avait des amis très responsables dans la vie, comme Caleb. « Elle est agressive à la vue de l'homme ou des constructions humaines, mais depuis qu'elle a rejoint la jungle, nous ne l'entendons plus hurler. Cela ressemble au bruit du lion en plus éraillé. » Mior reprit. « Même si nous ne savons pas où elle peut se trouver, nous avons remarqué un mouvement anormal du reste de la faune qui semble fuir quelque chose depuis quelques jours. Nous avons noté tous les points sur la carte. En remontant cette piste, nous pourrions la retrouver. Qu'en pensez-vous ? »

772 mots - si tu veux faire une ellipse pour se concentrer sur les discussions ou détailler toute l'expédition, tu peux, je n'ai pas de préférences.  [Q] - Sauvage et indomptable | Devaraj 3298876942
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mer 09 Déc 2020, 04:14


À son éclat de rire, un sourire tordu vint s’étamper sur ma bouche, le rehaussement des commissures de celle-ci hésitant entre la réponse amusée et la réponse troublée. J’étais bien incapable de deviner pourquoi le Roi s’était esclaffé de la sorte en réalité et, par conséquent, je n'étais pas en mesure de réagir en fonction. Mes questions étaient-elles si débiles que ça? Je me passais nerveusement la main sur la nuque, écoutant attentivement les informations que me partageait le Chaman, mon cerveau tournant à mille à l’heure, tant la tension qu’imposait le Souverain me rendait mal à l’aise et agité. Il possédait une présence écrasante qui m’indisposait bien plus qu’escompter, mais au mieux, je tentais de lui renvoyer le même sourire qu’il m’adressait.

« Imposants… » Répétais-je faiblement, ne visualisant pas le moins du monde comment ces petites bêtes roses et d’apparence fragile pouvaient, par la suite, devenir « imposantes. »

« … Mais jusqu’à quel point? » était ma prochaine question. Cependant, à bien y réfléchir – et surtout en considérant le caractère de la personne avec qui je m’entretenais – je devrais certainement m’attendre au pire. J’exhalais un soupir, me promettant de tenir Dærion au courant pour que celui-ci surveille la croissance des quatre bêtes et porte une attention toute particulière aux agissements d’Henos lorsque le chiot se trouvait dans leur entourage : je ne voulais pas d’un bain de sang dans ma maison. M’ayant perdu à l’intérieur de mes pensées, laissant simplement mon pas être guidé par le mouvement de mes compagnons, ce fût la voix du Suprême de l’Au-Delà qui me tira jusqu’au plancher des vaches, sa « supposition » n'étant pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Pendant une fraction de seconde, mon pouls se figea, mes yeux s’étant mis à fixer ses épaules, qui disparaissaient à intervalles rapides sous le clignement confus de mes paupières.

« … J-Je vois? »

Je ne savais pas du tout comment prendre ce commentaire. En rigolant? Ou en m’inquiétant? Est-ce que Léto allait bien? Je savais que le Roi pouvait tout aussi bien se foutre de moi, mais l’anxiété, une fois éveillée, s’accrocha férocement aux tissus de mon cœur. J’aurais aimé la voir, m’assurer de moi-même de son état, qu’elle soit en parfaite santé ou non, en réalité. Toutefois, je ne pouvais me permettre de transgresser les engagements de notre entente avec les tribus de l’Île Maudite. Nous nous étions établis des règles claires et intransigeantes afin que les Corbeaux, malgré notre statut particulier, ne puissent s’ingérer – et se mettre inutilement en danger – dans les affaires des Chamans. Pour cela, je me devais donc de ravaler mon impatience, mes envies et mes tracas, puisqu’en mettant les pieds sur l’Île Maudite, nous n’étions convoqués que pour une seule chose : faire notre travail de Chasseurs.

Suivant l’escorte, je pénétrais à mon tour sous les tissus de la tente, observant avec intérêt l’environnement ainsi que l’ambiance singulière qui émanait de l’endroit, tout en gonflant mes narines. Dans la seconde, des centaines d’odeurs s’infiltrèrent dans mon odorat, les parfums ravivant une faim que je n’avais pas conscience de subir. M’installant auprès de mes camarades Darka’Mri’Tuor, je me concentrais aussitôt sur la nourriture, mais également sur les paroles du Draugr Mior, qui avait choisi d’initier la conversation en se penchant au-dessus de la carte, un pinceau en main. J’écoutais sans m’imposer, laissant voguer mon attention entre le trappeur et son Souverain, lorsque ce dernier avait été invité à partager les informations qu’il avait en sa possession, une illusion visuelle accompagnant sa description de la créature. Je mâchais dans la nourriture que je portais à mes lèvres, imprégnant ma rétine de ses formes, le golem en pierre cuite s’enregistrant dans mon esprit. Pour autant, la créature ne m’était aucunement familière et, en adressant une vague œillade dans la direction de Pei, l’un de nos Spécialiste Chaman, ce dernier secoua discrètement la tête : il n’avait, tout comme moi et son compère, Katharsis, aucune idée de ce que pouvait être cette bête.

« Par téléportation? Avait alors répété Rassvakar le Chasseur, ce à quoi Mior répondit par un hochement de la tête, avançant néanmoins que, depuis ce fameux atterrissage devant l’Hǫfðingi, rien ne laissait supposer que la créature se déplaçait fréquemment par un tel procédé.

- Hum… »

À la conclusion de l’introduction du Mior et du Roi, je me plongeais immédiatement dans une longue réflexion. Si la thèse comme quoi l’animal pouvait changer de taille s’avérait exacte, il nous serait d’autant plus difficile de la traquer. Cependant, l’affolement de la faune pouvait grandement nous aider à mieux cibler sa véritable localisation. Mais pourquoi une telle agitation, justement? Ce n’était pas comme si cette jungle accueillait en son sein sa première créature monstrueuse. Alors que provoquait-elle de la sorte? Je me le demandais.


796 mots | Post III



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Miles Köerta
Mer 09 Déc 2020, 06:32


« Je pense qu’on a à faire à une bête soit douée d’intelligence, soit qui s’adapte aisément à son environnement, me prononçais-je finalement. Si nous perdons ses traces au fur et à mesure qu’elle progresse dans la jungle, alors elle a certainement compris que sa taille lui était désavantageuse dans un lieu pareil, et a choisi de se rapetisser afin de passer inaperçu. Pour éviter d’être repérée par les mêmes hommes qu’elle semblait exécrer? Pour mieux contourner les autres créatures qui pullulaient à l’intérieur de cette forêt humide infernale? Ou, au contraire, pour mieux s’approcher de ses proies éventuelles? Mais encore, tout ceci n’était que des conjectures, mises sur la table en fonction des informations que nous possédions. L’avez-vous déjà vu interagir avec d’autres bêtes? Est-ce que vos éclaireurs ont découvert des carcasses d’animaux durant leur filature? »

Mior nous apprit qu’à l’exception des êtres humains, rien n’indiquait que la créature paraissait hostile à l’égard des autres animaux, voire qu’elle tentait une quelconque approche volontaire avec eux. Cela étant dit, elle faisait bel et bien déguerpir les autres individus de la faune à son approche, si l’on se fiait aux quelques cas de fuite de populations qui avaient été répertoriés. En plus, elle ne laissait aucun cadavre d’animaux mangé, voire même régurgité, dans son sillage, comme si elle n’avait pas besoin de se nourrir, et cela, c’était sans compter l’absence totale de fèces derrière son passage. Gardant un air sérieux et pensif, je finis par me redresser légèrement de mon coussin tout en tendant ma main vers le Draugr.

« Vous me permettez? »

Sans dire quoi que ce soit, le chef de tribu obtempéra, me passant le pinceau.

« Alors, si je comprends bien… La dernière observation de la créature était ici, fis-je en posant la pointe du pinceau à l’intérieur du point préalablement dessiné par Mior. Puis, il y a quelques jours de cela, le reste de la faune s’agite, s’éparpillant dans… ces directions. »

Aux cercles déjà peinturés, je rajoutais quelques flèches afin d’illustrer les différentes directions du mouvement des bêtes. Je souris en observant le croquis.

« Il semblerait qu’elle se dirige vers les Hauts-Plateaux, en direction du nord-est. »

Je corroborais mes dires en présentant la carte.

« Vous voyez? La faune semble s’écarter de son chemin en réalité. Votre bête progresse en ligne droite, continue sa marche sans vraiment se poser sur un territoire défini… Fis-je remarquer après avoir posé mon regard vermeil dans les yeux du Draugr. Depuis combien de jours est-elle entrée dans la jungle? »

Le trappeur nous aiguilla et, à sa réponse, je fronçais des sourcils.

« Mouais. Elle avance particulièrement lentement alors, aux vues de la distance qu’elle a parcourue jusqu’ici. »

Je réfléchis quelques instants, posant de nouveau le pinceau sur le parchemin afin d’établir une délimitation relative.

« Le mouvement des populations s’arrête ici, aux dernières observations. Il nous faudrait savoir s’il y a eu d’autres manifestations de la sorte aujourd’hui, et dans les jours à venir, afin de nous assurer que nous ne suivons pas une fausse piste. »

À ces propos, Mior nous partagea que des patrouilleurs, familiers à la jungle, étaient déjà sur l’affaire et qu’ils devraient bientôt lui communiquer leur prochain rapport. J’hochais de la tête, méditant quelques secondes. Est-ce que ces fameux éclaireurs étaient des Esprits? Cela ne me surprendrait même pas… Il y avait certainement moins de risques, dans cette périlleuse mission, de laisser aller des êtres intouchables et immortels plutôt que des êtres faits de sang et de chair. Quoi qu’il en soit, nous le saurions bien assez tôt.

Tout en mangeant autour de la table, la suite de la conversation se porta sur la bête, et plus spécifiquement sur les différents moyens mis à notre disposition pour la neutraliser – et dans le pire des cas, pour l’éliminer. En contemplant de nouveau l’illusion visuelle du Roi, nos Spécialistes se mirent immédiatement à étudier et à débattre sur la meilleure méthode pour nous occuper de cet animal singulier. Sa « peau » - entre guillemets, en effet – ressemblait plus à de la terre cuite qu’à de la véritable chair, les Spécialistes mettant aussitôt de côté la possibilité de lui injecter, par voie externe, un sédatif ou bien un paralysant afin de le maîtriser. Quant à l’option de lui faire ingurgiter une telle substance, les Corbeaux l’exclurent également : si l’animal n’avait pas, comme nous le soupçonnions, de système digestif, alors nous épuiserions simplement et inutilement nos efforts et nos ressources en essayant de lui faire ingérer une drogue qu’il ne pourrait même pas absorber.


770 mots | Post IV

Notes : Étant donné que je ne trouve absolument aucune information sur Pupuce, je me permets quelques libertés xD



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Miles Köerta
Mar 29 Déc 2020, 14:29


« Peu importe comment nous l’observons, avoua enfin Katharsis, disant à haute voix ce que nous commencions à songer tout bas, Hǫfðingi, vous avez certainement raison : j’ai l’impression que nous avons à faire à un golem, un objet simplement animé par la Magie. »

Mais qui le manipulait? Et pour quelle raison? Était-ce pour nuire au Roi et à son peuple? Toutefois, si c’était bel et bien le cas, pourquoi la créature ne s’était pas directement attaquée à eux, sans répit? À moins qu’à l’inverse des individus de son espèce, cette créature de forme féline était véritablement douée d’une intelligence propre, voire même de son propre libre-arbitre. Pei souleva alors la tête, ses pupilles sombres se posant respectueusement sur les épaules de son chef et du Maître des Esprits.

« S’il s’agit de ce que nous croyons, alors il existe bel et bien un moyen de rendre cette créature inoffensive et apprivoisable.

- N’empêche, avant de réaliser quoi que ce soit à ce niveau, nous devons d’abord la trouver et la traquer. Pas de conclusions hâtives : on risquerait de travailler pour rien », raisonna Rassvakar.

Je fixais le Draugr devant nous, qui nous jaugeait du haut de sa taille d’ours.

« Nous irons la traquer, la chasser, et découvrir ce qu’elle est vraiment, renchéris-je en lui faisant un signe de la tête. À partir de là, nous pourrons passer à la deuxième phase de notre Chasse. »

Le trappeur acquiesça : Mior’Gar nous accueillerait comme il se doit.



Dès que le repas fut savouré, apprécié et terminé en compagnie de l’Hǫfðingi et de son Draugr, nous nous invitâmes aussitôt à l’intérieur des quelques tentes mises à disposition des membres de notre Confrérie. Je pris une grande inspiration, laissant flotter un sourire sur mon visage lorsque mes pas se suspendirent au milieu de l’abri. Déposant bagages et matériels à même le sol, je m’occupais d’arranger un peu l’espace sous la tente afin que moi et mes deux autres compagnons puissions nous installer confortablement sans nous écraser les pieds. Cependant, nous n’avions pas spécialement le temps de nous éterniser sous le tipi chamanique, le Suprême de l’Au-Delà ayant réclamé notre présence dès que nous aurions terminé d'emménager. Il n’était pas ici par hasard, de cela, nous avions pu aisément le comprendre. S’il semblait nourrir un fort intérêt à propos de la créature que nous nous devions de Chasser, il n’avait pas fait tout le chemin depuis son palais uniquement pour cela – même si cette dernière raison aurait, en mon sens, amplement suffit à justifier son déplacement. Effectivement, il aurait apprécié s’entretenir avec nous de notre mémoire, des défaillances que nous pouvions noter à chaque fois que nous quittions les frontières de l’Île Maudite. Le phénomène se produisait systématiquement : dès que nous dépassions les côtes de l’île, nos souvenirs nous échappaient pour, finalement, être enfermés dans un coin obscur de notre subconscient. Nous ne pouvions plus nous rappeler de ce que nous avions fait sur l’île, des liens que nous y avions tissés tout comme des blessures que nous avions subies, et ce, jusqu'à ce que nous revenions dans le berceau chamanique. C’était quelque peu agaçant, sachant que seuls les confrères non chamanes de la guilde étaient victimes de cette anomalie. Par conséquent, aux premières manifestations de ce phénomène, si nous nous étions contentés de nous fier aux mémoires des Mior'Wa de la Confrérie, nous avions fini par coucher sur papier l’intégralité de nos aventures, chaque Darka'Mri'Tuor étant en possession d’un carnet de voyage qui nous permettait de retracer nos Chasses sur l’Île Maudite. Néanmoins, cela n’empêchait pas le phénomène de se répéter encore et encore et encore : nous étions impuissants.

Ainsi, après nous être installés et avoir dépaqueté, nous rejoignîmes le Roi sous sa tente et nous nous mîmes à lui partager notre étrange expérience. Nous n’arrivions pas à comprendre comment cela était possible et comment les Chamans se prémunissaient du phénomène. Ce rendez-vous était même la preuve que ces derniers ne savaient pas, eux non plus, pourquoi cela nous était infligé et pourquoi, au contraire, ils n’en étaient pas victimes. Cela étant dit, plusieurs événements, aussi bizarres que catastrophiques, avaient eu lieu sur l’Île Maudite et il était certainement impossible d'en comprendre immédiatement les effets sur le court et le long terme. C'est pourquoi, à la conclusion de notre rencontre avec le Chaman, que nous nous étions accordés pour supposer que ce phénomène était, au mieux, une bénédiction divine afin de préserver les secrets de l’île des étrangers; au pire, une malédiction contre ces mêmes étrangers et que celle-ci dégraderait progressivement nos souvenirs. Ce n’était pas une conclusion très… réjouissante, vous en conviendrez. Nous avions ainsi quitté la tente la tête basse et l’œil inquiet, suspicieux pour certains. Cependant, notre travail n’était jamais bien loin pour nous ramener les deux pieds sur terre et, quoi qu'il puisse arriver, il nous faudrait surtout rester prudents et vérifier, ultérieurement, si nous perdions plus que les souvenirs de l'Île Maudite...


840 mots | Post V



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Miles Köerta
Ven 07 Mai 2021, 05:49

Les jours se succédaient à une vitesse surprenante. Entraînés jusqu’aux confins de la Jungle au cours de la journée, puis progressivement ramenés au sein du campement des Chamans le soir venu, nous traquions pourtant notre proie sans un instant de répit, élaborant un profil toujours plus précis de notre créature mythique. De fait, avec le soutien plus qu’apprécié des Esprits et de leurs interprètes, nous pouvions suivre continuellement l’avancée de la bête sans tenter inutilement les dangers inhospitaliers qui erraient entre les ombres de la forêt. Nous savions les Esprits présents et attentifs, volontaires et agiles, planant tout autour de nous dans l’attente d’une commande, d’une voix, qui puisse leur indiquer qu’il était temps de suivre la trace de notre proie. Nous savions ainsi qu’avec eux dans notre équipe, l’achèvement du portrait de notre bête serait fait dans un délai relativement court.

Les entités filaient alors sous le couvert arborescent, se mêlant au souffle du vent, aussi vives que le zéphir, aussi silencieuses que le courant nocturne. Nous ne pouvions les voir pour certains d’entre nous, déguerpir ainsi au cœur de la forêt, mais nous les imaginer n’était pas hors de notre portée : le dessin de silhouettes évanescentes et imaginaires, le tracé aérien de mèches vaporeuses et tourbillonnantes, l'esquisse d’êtres humains devenus inépuisables et immortels, flottaient avec légèreté devant les pupilles grandes ouvertes de notre cécité. Puis, sans un bruit, les entités fusionnaient simplement avec les ténèbres de la nuit, échappant à l’œil vigilant de Phoebe.

Les jours se succédaient et se répétaient ainsi, jusqu’à ce qu’une nuit, nous pûmes souffler et apprécier un instant les résultats de notre travail acharné : le profil de la bête était désormais complet, terminé. À cette victoire, nous nous sourîmes les uns les autres sans parvenir à dissimuler les résidus de fatigue qui persistaient sur les lignes de nos faciès, les tensions dans nos muscles se faisant sentir, la pesanteur de la chaleur environnante nous écrasant soudain. Les Chamans présents à nos côtés à cet instant-là, quant à eux, se mirent à fixer le vide, échangeant quelques mots simples et efficaces à l’attention de leurs alliés invisibles.

« Reposons-nous cette nuit et nous partagerons nos dernières informations avec le Draugr Mior demain matin, insista Rassvakar en balayant nos visages rembrunis par l’épuisement. Ces heures de sommeil nous serons bénéfiques pour notre prochaine sortie sur le terrain. »

Nous acquiesçâmes à l’unisson, nous séparant alors pour nous reposer, chacun, sous le toit pointu de nos tentes. Le lendemain, à l’éclat des aurores, nous fûmes parmi les premiers à être debout, traversant le camp des nomades pour avertir le Draugr Mior de notre présence. Le trappeur nous attendait au milieu des toiles et de quelques autres chasseurs de la tribu. Bras croisés, œil acéré, drapé dans ses fourrures sauvages qui rendaient encore plus brute et découpée la ligne de sa mâchoire carrée, il était assis face à la table basse sur laquelle nous nous étions rassemblés le premier jour de notre arrivée. Le chef chaman nous accueillit d’un vague signe de la tête, silencieux, attendant de nous que nous le rejoignions. Je remarquais aussitôt qu’une carte avait été posée et étendue à la surface de la table, mais mon attention dévia rapidement sur le visage du trappeur lorsqu’il nous déclara alors une nouvelle étonnante :

« L’Hǫfðingi ne participera pas à cette Chasse? »

Mior confirma cela dans un signe de négation, prétextant que le Maître des Esprits était occupé autre part et qu’il ne pourra donc se libérer pour se joindre à la mission. À cette annonce, l’un de mes sourcils se redressa. Pour que ce Roi excentrique, sans apparente restriction, ne puisse contribuer à cette Chasse qui semblait tant lui compter, c’est que le sujet qui le retenait aussi loin de la forêt devait être extrêmement important. Nous tombâmes un peu tous sur la même conclusion, intérieurement, les autres interrogations à ce propos s’effaçant doucement de notre réflexion. Plutôt, nos séants vinrent rejoindre la rugosité des fourrures qui s’étendaient au sol, et nous pûmes, dès lors, partager les informations que nous avions obtenu à la suite de notre filature. Rassvakar, grand naturel, prit aussitôt la parole, se faisant, de cela, chef par fortune des Darka’Mri’Tuor présents. Il prit soin de faire un rapide tour d’horizon de sorte à accrocher chaque regard autour de la table basse, et si quelques-uns s’étaient focalisés sur la carte qui trônait au-dessus du mobilier, ils finirent par tous se concentrer sur le buste de l'orateur. Le Draugr devant nous l’écoutait attentivement, tandis que son Mior'Wa lui résumait le plus justement possible les différents renseignements que nous étions parvenus à récolter sur le terrain. Qu’il s’agisse de l’absence totale de signes d’alimentation chez la créature ou bien de sa prestance écrasante qui effarouchait les autres animaux de la faune, tout lui était fidèlement reporté comme il a été observé sur le terrain.

« Les Esprits nous ont été d’un très grand soutien, déclara soudainement un jeune Corbeau en laissant l’admiration illuminer le brun noisette de ses yeux.

- En jumelant nos rapports et les leurs, nous pouvons affirmer sans le moindre doute que la créature à qui nous avons à faire est bel et bien un golem. »

La suite de l’opération, par conséquent, coulait de source. Nous nous étions organisés pour cette journée, bien avant la conclusion définitive de notre traque. C’est pourquoi nous étions prêts à capturer la créature d’argile et de Magie dès aujourd’hui.


910 mots | Post VI



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Miles Köerta
Sam 08 Mai 2021, 13:17

À cet instant, Rassvakar alla chercher un matériau spécial au fond de sa poche : il s’agissait d’un large morceau de cuir, qu’il déposa sur la carte. Puis, avec délicatesse, il déplia le morceau pour y libérer un talisman de papier. Des runes y avaient été inscrites : nous pouvions y reconnaître l'expertise magicienne. Les points d’interrogation ne tardèrent à danser devant les yeux de Mior, et Rassvakar enchaîna aussitôt :

« Il s’agit d’un talisman que nos Alchimistes ont fabriqué et enchanté. Il sera utilisé comme une sorte d’inhibiteur de Magie sur notre golem, coupant ainsi l’intégralité du flux magique qui circule en lui. Peu importe si notre golem soit alimenté par une source extérieure ou qu’il possède sa propre Magie, le talisman ne l’annihilera pas complètement : plutôt, il la scellera tant et aussi longtemps que le talisman lui sera attaché. Ainsi, le golem perdra l’intégralité de ses fonctions et retourna à sa forme originelle. »

Qu’il supposât n’être qu’une simple et vulnérable confection en terre cuite, inerte et inoffensive.

« Bien entendu… »

Le Mior’Wa tendit étonnamment le charme en direction de son chef, qui étudia le papier enchanté avant de grogner :

« Si je le touche sans ce cuir, qu’est-ce qu’il se passera avec ma Magie? »

Rassvakar sourit. Malgré ses airs bourrus, le Draugr était connu pour sa sagacité. C’est pourquoi le Chaman recula immédiatement le talisman de sous son nez.

« Tout comme celle du golem, elle sera scellée et inutilisable. Tant que vous touchez directement le charme, cela va de soi. »

Le confrère Chasseur observa alors le fragment de cuir qui se trouvait entre ses doigts. Grâce à la Magie et aux différents supports de téléportation que nous possédions, il avait été possible de faire traverser, depuis l'Archipel de Sorellis, tout le matériel nécessaire pour confectionner ces différents matériaux et charmes magiques.

« Néanmoins, lorsque le talisman se trouve à l’intérieur du tissu, ses effets sont grandement amoindris. Enfin, vous y êtes familier, Draugr Mior. Vous faîtes partie de la Confrérie.

- S’agit-il d’une fabrication… spéciale? Questionna l’un des jeunes chamans qui se tenait auprès du géant.

- Exactement, lui répondit aussitôt Rassvakar en lui offrant le tissu pour qu’il puisse le palper, l’examiner. Ce cuir a été confectionné dans un matériau particulier, que nous utilisons régulièrement au sein de la Confrérie afin de couper les effets indésirables de l’absorption magique. Avec cela en main, la personne qui tient le talisman ne sera que moindrement affecté par les particularités du charme.

- Et cela fonctionne-t-il contre les Humains? Demanda un second Chaman d’un air suspicieux, d’un accent piquant.

- Je n’ai pas le souvenir que nous ayons déjà pu expérimenter une telle chose, avoua notre orateur en nous jetant quelques coups d’œil, le haussement de nos épaules lui donnant un semblant d’affirmation. Mais il faut également savoir que le pouvoir des Humains est bien au-delà de celui du talisman, et les deux ne peuvent être comparés de la sorte. Peut-être que les impacts de l’Anti-Magie humaine serait effectivement réduits, mais rien n’est moins sûr. »

Les deux Chamans restèrent silencieux, pensifs un instant, puis le premier soupira, rendant finalement le morceau de cuir à Rassvakar, qui y remis le talisman avec précaution. En touchant le charme sans protection, le Corbeau ne prit même pas la peine de camoufler son malaise, tirant une légère grimace de son sourire originel.

« Ainsi, sommes-nous prêts à mener la Chasse? »

Rassvakar leva son menton, braquant son regard dans les pupilles fixes du chef trappeur.

« Ainsi, nous sommes prêts. »



Assis sur les fourrures et couvertures qui me servaient de lit, je resserrais plus solidement les lacets de mes bottes, prenant une grande inspiration tout en me projetant vers l’arrière lorsqu’ils furent complètement noués. Mon odeur et celle de mes compagnons de tente était fragile, ténue, notamment en raison du rituel de purification – le Rite d’Ablution – que nous avions effectué un peu plus tôt. L’addition du bain traditionnel et de l’application de la Melkaare sur notre peau épurait une grande partie de nos odeurs corporelles, nous rendant dès lors plus difficiles à repérer pour nos proies et la faune en général.

« Miles! »

Je tournais mon visage vers l’entrée de la tente, devinant la silhouette de Rassvakar dans l’ouverture créée par les tissus. Automatiquement, je me redressais, posant mes avant-bras sur la pointe de mes genoux.

« Un problème?

- J’aimerais discuter avec toi à propos de la Chasse. »

J’acquiesçais en silence, sentant le regard de mes compagnons de chambre sur nos visages. Cependant, chaque paire d’yeux finirent par tomber sur les morceaux de tissu que me tendaient le confrère chaman. Je compris aussitôt les implications.

« Je pense que tu es le mieux placé pour ce rôle. Tu es le plus discret et le plus agile d’entre nous, justifia-t-il avec simplicité. Nous nous occuperons de distraire le golem et pendant ce temps, trouve le meilleur moment pour frapper et scelle la Magie de notre bête. »

Je considérais un instant les peaux de Bemos tannées qui m'étaient offertes.

« Compris cinq sur cinq. J’attrapais les morceaux de cuir, y sentant la friction entre le tissu et les papiers qui se trouvaient à l’intérieur, soigneusement emballés. Tu peux compter sur moi. »


868 mots | Post VII



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Miles Köerta
Sam 08 Mai 2021, 19:42

Je me posais en délicatesse sur l’une des branches du couvert arborescent, gardant à l’œil les mouvements de ma proie, aux prises avec les Corbeaux de la Confrérie et les chasseurs de la tribu Mior. Comme nous nous y étions attendus, la présence humaine avait exacerbé l’humeur de la créature d’argile, qui éveillait alors une fureur endormie, soudaine, toute dirigée à l’endroit de ses agresseurs. Si, au cours de nos précédentes observations, nous avions noté le comportement plus ou moins passif de la bête lorsque celle-ci était loin de l’Homme, plus aucune trace de cette indifférence ne persistait dans son attitude actuelle. Ses pouvoirs se déployaient, la faune des environs devenant soudainement plus folle, agitée. Elle désirait fuir cette pression écrasante, cette aura combattive, qui semblait vouloir la menacer par sa seule présence. La terre, dès lors, tremblait sous le poids de sa course, les animaux s’évadant de la zone de combat dans un grand fracas.

Postés à même hauteur que moi, soigneusement cachés par le feuillage de la canopée, d’autres éclaireurs – Corvus et Chamans confondus – restaient à l’écart de l’affrontement afin de s’assurer qu’aucune intervention extérieure ne vienne perturber la Chasse en cours. La dernière chose que nous souhaitions était de devoir gérer les assauts de deux, trois, dix animaux effarouchés en même temps. Par chance, l’aura que dégageait notre proie prévenait la majorité des intrusions, puisqu’elle gardait à distance, dans un rayon conséquent, une grande partie de la faune locale. Voilà un autre des mystères que recelaient la bête : nous ne pouvions encore nous l’expliquer clairement, pourquoi son être effrayait ainsi les animaux, mais n’affectait que partiellement les instincts des hommes. Néanmoins, dans le contexte ci-présent, cette habileté était plus qu’appréciée par mes pairs et moi. La Jungle de l’Île Maudite était reconnue pour sa dangerosité et la grande agressivité de ses bêtes. Les plantes également n’étaient pas en reste, mais ces dernières, pour la grande majorité, restaient au moins enracinées dans le sol, sans possibilité de déplacements : il nous suffisait de ne pas mettre les pieds dans un buisson friand de chair et de sang.

Le choc des lames et de l’argile séchée résonna plus fortement encore dans le creux de nos tympans, ramenant brusquement mon attention sur la mêlée. Il ne me fallait pas m’égarer, la réussite de notre mission se décidant sur mon habileté à mettre un terme, rapidement ou non, à ce combat de titans. Je me remis en marche, furtivement, fondant à l’intérieur de la canopée pour me rapprocher le plus près possible de ma proie. En même temps, j’analysais chacun de ses gestes, chacun de ses réflexes, à la recherche d’une faille, d’un instant opportun durant lequel je pourrais me faufiler jusqu’à sa hauteur et appliquer le premier talisman sur sa peau. J’atterris sur une nouvelle branche, à quelques mètres seulement du golem, observant son dos, tel un aigle au-dessus de son repas qui s’apprêtait à le pourfendre de ses serres. Rapidement, j’allais porter ma main dans l’ouverture de ma besace, y extirpant un morceau de cuir, dans lequel reposait l'un de nos talismans. Soigneusement, je le déballais, me permettant quelques secondes de contemplation avant de reposer mon attention sur ma proie. Même à cette distance, elle ne semblait m’avoir remarqué, sa rage et le tambourinement de ses pattes tous dirigés en direction des Chasseurs qui le distrayaient. C’était le meilleur moment pour frapper et, dans un bond, je me propulsais droit sur le golem, mes mains épousant la rondeur grotesque de son dos, alors que je me dressais agilement au-dessus de lui. S’il perçut ma présence, je ne lui laissais le temps de riposter, de m’attraper, usant de mon agilité naturelle pour me tirer soudainement vers le ciel et, ainsi, rejoindre un nouveau perchoir sur lequel je pourrais continuer de l’étudier en toute tranquillité. Le golem porta immédiatement son regard dans ma direction, mais il était déjà trop tard, sa Magie et ses pouvoirs se faisant lentement inhiber par le premier talisman que je venais de lui coller. Il le sentit aisément, se figeant un instant, avant de rugir dans un cri cassant, grave et assourdissant. Par réflexe, plusieurs portèrent leurs mains à leurs oreilles, quelques-uns eurent la mauvaise idée de lâcher leurs armes, de baisser leur garde, tandis qu’aux premiers sons distordus de sa… gorge, j’avais bloqué mon ouïe et celle des quelques chasseurs que je pouvais toucher avec mon pouvoir.

Le stratagème fonctionnait. Les mouvements de la bête étaient déjà plus lents, saccadés. Toutefois, si elle faiblissait, elle était encore suffisamment puissante pour contrattaquer, comme le prouvait sa violente riposte qui venait de balayer la moitié de nos forces sur les côtés. Profitant de la sphéricité de son corps, le golem s’était simplement propulsé vers l’avant, roulant comme une bille jetée des mains d’un enfant. Il écrasa tout sur son passage, qu’il s’agisse des arbres et des pierres trop petites pour encaisser le choc et sa dureté. Le bois éclata à nos visages et la terre hurla sous la roulade brutale. Elle vibra violemment sous nos pieds, la précarité de notre équilibre s'accroissant. Pourtant, nous tînmes tous bons, nous aggripant directement au tronc d'un arbre ou en s'accoudant à un voisin. Cependant, en rouvrant mes oreilles aux bruits de l’extérieur, je fus frappé de plein fouet par les hurlements de quelques hères; giflé par le crissement des dents de ceux qui supportaient au mieux la douleur; et paralysé, une seconde, par la vision du cadavre d’une jeune femme. Son corps était désarticulé, explosé, avait été laminé comme une feuille de papier sous le poids du golem. Mon regard s’acéra dès lors et je filais aussitôt à travers le branchage pour rattraper la créature. Elle s’était remise sur pied, à plus d’une centaine de mètres de sa position initiale, et faisait de nouveau volte-face en direction des chasseurs.

Je n’attendis pas une seconde de plus, sautant de mon perchoir afin de coller un deuxième talisman sur le corps du golem. De nouveau, il se glaça, et dans un saut adroit, je m’élançais sur son flanc opposé, apposant un nouveau charme enchanté. Il faiblissait, de plus en plus, ses mouvements étant d’autant plus faciles à lire maintenant. Soutenu par les Chasseurs qui s’étaient remis de leur surprise et qui avaient prestement éloignés les blessés de la zone, nous nous jetâmes comme une seule bête à la gorge de notre proie. Les armes des Chamans ne parvenaient à entailler sa peau, l’argile séchée étant bien trop dure pour que l’on puisse aussi aisément la transpercer, mais l’épée des Chasseurs de la Confrérie réussissaient à porter quelques taillades aux flancs et au visage de la créature. Cependant, nous ne pensions pas le blesser véritablement : un golem ne pouvait ressentir la douleur après tout. C’est pourquoi les coupures importaient peu : tout ce qu’il leur fallait faire, c’était de l’énerver suffisamment pour qu’il ne me porte pas attention.

Une nouvelle glissade sur le côté, et je me faufilais sous le ventre de la bête, y collant un quatrième talisman. Quittant d’un pas agile cette ombre imposante, je me rapprochais alors de l’une de ses pattes arrière. Paf! C’était le cinquième. Remontant prestement le long de sa silhouette pour éviter un coup de pied, je plaquais en chemin un nouveau papier sur la surface de sa patte avant, faisant un jeu adroit de jambes pour me retourner, dans ma course, vers notre proie. La poussière se souleva à mon dérapage et l’une de mes mains me servit à garder un semblant de stabilité. Le golem, quant à lui, frissonnait devant nous, tremblait, vibrait, comme si l’équilibre qui l’avait maintenu jusqu’ici l’abandonnait. Le pouvoir des talismans faisait leur effet. La créature perdait en force et en vitalité. Dans une énième réplique, elle leva bien haut sa patte, prête à la marteler de toutes ses forces sur le sol de la Jungle. Mais avant de pouvoir conclure son mouvement, le golem s’immobilisa complètement cette fois et, sans une pulsation de vie, perdit toute sa Magie.

Il eut comme un flottement à la suspension des mouvements et des grognements, jusqu'à ce que tous finissent par se redresser tranquillement. Je sentis alors une main se déposer sur mon épaule et je n’eus besoin de me retourner pour connaître l’identité de la personne à mes côtés, mes yeux de Traqueur l’ayant perçu avec aisance grâce à leur champ visuel accru.

« Bon travail tout le monde! S’exclama Rassvakar en portant, par la suite, son regard sur le golem en terre cuite. Malheureusement, je ne pense pas qu’il nous sera possible de le ramener au campement… »

Nous gardions tous plus ou moins le silence, dévisageant l’expression de pierre, tordue par la colère, du golem. Ce dernier avait perdu toute sa Magie alors qu’il était aussi grand que la moyenne des arbres environnants. Est-ce qu’il était sage de laisser la créature d’argile ici, dans un tel état? Pour le moment, nous n’y pensions pas vraiment, simplement préoccupés par les blessures de nos alliés et le cadavre de l’unique trépassée.

« Dépêchons-nous! Nous devons les escorter le plus rapidement possible au camp avant que les animaux se rassemblent de nouveau et nous encerclent! »

L'aura de la créature dissipée, combien de temps avions-nous pour nous réunir et fuir, précipitament, cette région hostile?



Le lendemain…

Le bateau quittait la rive, les Corbeaux de Mior saluant leurs pairs restés au quai de Garamor avant que l’île ne disparaisse complètement de notre champ de vision. Dans le cas des autres Darka’Mri’Tuor, nous observions la ligne de l’horizon qui se perdait au cœur de la brume, sans mot dire, nos regards perdus sur les vagues qui secouaient le navire du capitaine Onezka.

« Est-ce que… vous allez bien? »

À la manière d’automate, nous nous tournâmes dans la direction de notre interlocuteur. Un sourire déformé, bancal, se mit à trembler sur la commissure de nos lèvres. Nous avions encore oublié. C’était inévitablement…

Je relâchais un soupir de résignation, laissant flotter mon regard sur la surface de la brume un certain temps. Je me demandais si j’étais parvenu à rencontrer Léto durant cette mission, si j’avais pu lui parler, ne serait-ce qu’un instant. Dans une pulsion, j’allais récupérer mes notes, parcourant à toute vitesse les pages de mon carnet, à la recherche de mes mémoires.


1 710 mots | Post VIII | FIN



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