Stenfek avait été atteint sans encombre, j'avais pu me reposer grâce au confort du chariot de cet homme qui m'avait offert son aide si précieuse à mon voyage. Je quittais à regret celui-ci, me permettant une accolade chaleureuse pour le remercier avant de reprendre la route qui serait encore longue. J'hésitais entre les routes courantes ou les secondaires, autant la foule pourrait me permettre de trouver un moyen de transport, autant elle pouvait rallonger mon trajet qui était déjà bien imposant pour mes jambes. Les petits chemins pouvait assurer ma tranquillité que je commençais à réclamer de plus en plus, ce surplus de bain de populace m'avait exaspéré de l'humanité jusqu'à un certain point. Prenant mon courage à deux, je visais la seconde option, équipement sur le dos, je prix le prochain croisement pour filer à travers les bois.  Alternance de marche et de pause, j'essayais d'avancer le plus vite possible en fonction de ce que je pouvais endurer. Mes muscles brûlaient dû à cet effort constant que je leurs exigeaient, provocant de plus en plus d'arrêt chaque fois plus long.  Me résignant à la tombé de la nuit à monter la maigre tente qui avait été fourni, une fine couverture pour espérer ce garder au chaud. M'offrant quelques bouchées de pain et de l'eau, la fatigue me coupant l'appétit, je m'allongeais dans mon abris pour une nuit bien mérité à mon avis.

Sombrant sans attendre vers le pays des rêves, ce fut quelques heures plus tard que des voix à proximité me tirèrent de mon sommeil. Évitant de bouger ou de faire du bruit, j'essayais de comprendre la situation, de percevoir si un danger me guettait.
- Une tente les gars ! Ce doit être l'une de celles que l'on doit chasser.
- À table ! J'ai une de ces soifs !
- Pas si fort, elles vont t'entendre...
«Elles vont ?» Comment pouvaient-ils considérer que nous étions plusieurs dans la tente sans même y voir à l'intérieur. J’eus ma réponse en entendant un cri, mélange de peur et de désespoir qui s'éteignit en quelques instants. Je n'étais pas seule à avoir posé le camp dans les environs, sûrement une autre qui avait jugé qu'une tente déjà installée signifiait un lieu sécuritaire.  Posant la main sur le tissus qui m'entoure pour le transformer en métal, me procurant une complète carapace face à ces vampires qui en avait après nous. Sûrement la faute à cette vampire de haut rangs qui était dans les candidates. Des coups répétés sur la cloison de métal, me faisant bousculer, sentant ma protection se mettre à rouler de façon désordonnée.  J'avais avec évidence provoqué la frustration de ces suceurs de sang qui ne pouvaient se faire les crocs sur moi. J'encaissais les coups du roulement, essayer de ne pas crier, de ne pas les encourager à poursuivre. Tout s'arrêta aussi brusquement que le début, plus de bruit, plus de voix. J'étais épuisé, tant par l'usage de ma magie que les culbutes qui m'avaient endoloris. Je n'osais sortir, préférant m'endormir ainsi pour reprendre des forces, priant pour mon salut, croisant les doigts pour que ce soit vraiment terminé.

Je senti le soleil réchauffer le métal de ma cloison, me créant une ouverture pour en sortir et constater avec plaisir que j'étais seule. Ma tente ainsi changée ne me serait plus utile et je ne pouvais me permettre de perdre des forces à la transformer à nouveau. Je ramassais mon sac pour abandonner mon abris et reprendre la route, choisissant de marcher pied nu. M'offrant ainsi un contact direct à la terre à chacun de mes pas, me ressourçant au mieux alors que défile les kilomètres pour me rapprocher de ma destination. Une intersection me ramena à la route principale, choix que je pris sans attendre pour réduire le risque de mauvaise rencontre. Parvenant à convaincre un cavalier de me faciliter le déplacement durant un moment. Lentement mais surement je parvenais à réduire la distance qui me séparait de la forge, atteignant la base des montagnes qui annonçait le dernier droit de mon périple.  Enfilant manteau, pantalon et bottes pour mieux encaisser la différence de température, je fis appel à un guide orisha à qui j'offris le reste de mon équipement en échange, ne gardant que le présent que je devais remettre. La forge Lidell semblait être bien connu et l'orisha m'amena jusqu'à la limite du domaine.
- Pourquoi ne vas-tu pas plus loin ?
- Ouvre les yeux et tu comprendras. Fais attention à toi.

Il quitta sans plus de détails, me laissant seule, perplexe. Je fis un tour d'horizon du regard et en levant les yeux je restais figée sur place. Un dragon... Donnant l'impression d'être gardien du lieu, je me posais à genoux, déprimée et incrédule face à cet animal colossal. Laissant ma pensée défiler entre mes lèvres.
- Dois-je vraiment échouer si près du but ? Je ne vois ni sang, ni ossements, je ne suis certainement pas la première à fouler ce sol parmi celles qui aspire à la Bûche Sauvage. Je suis épuisée, j'ai faim, j'ai froid et je ne demande qu'à offrir ma création.
Je levais les yeux, il ne semblait pas bouger, veillant et jugeant quiconque approche. Je me risquais à me remettre sur pied et avancer, croisant un chien noir et blanc.
- Je viens voir ton maître pour un cadeau...
Je ne savais pas si il me comprenait, j'espérais juste qu'il ne soit pas féroce. Il me restait toujours l'option de me changer en animal pour fuir en cas de besoin. Parvenant à atteindre, enfin, la forge dont l'ampleur était surprenante. Me prenant l'envie d'en faire la visite, espérant que ce soit possible. Comment une élémentale du métal pouvait t'elle ne pas aimer la chaleur de l'endroit, l'odeur de l'acier brûlant, les oeuvres que l'on peut produire avec ce matériel. Même si elle n'en sortait pas gagnante de cette course, elle venait d'y trouver un tout autre intérêt.