Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 

 Kat, Chapitre 1

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
◈ Parchemins usagés : 3537
◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Dim 13 Nov 2016, 22:16


— Vous ne pouvez pas me traiter comme ça ! s’écria la jeune femme, manquant de s’étaler menton en avant dans la rue boueuse.

Le tenancier de la taverne, un ancien mercenaire à la voix et au visage burinés par les années, la regarda fixement sans laisser transparaitre autre chose que de la pitié.

— Et pourquoi donc ?

Elle hésita et se mordit l’intérieur des joues.

— C’est ce qu’il me semblait, oui, conclut-il en refermant la porte sans violence.

Difficile à cet instant de mesurer l’humiliation qu’elle venait de subir. Si au moins ce géant aux muscles saillants avait pris la peine de l’insulter, de lui coller une gifle et de claquer la battante de son établissement, la jeune femme aurait pu s’estimer lésée ; rien de tout ça pourtant, il l’avait promptement expulsée de son établissement, et rien ne laissait supposer qu’il n’était pas dans son droit le plus légitime. C’était comme si l’univers lui-même refusait de lui accorder une prise à laquelle rattraper son égo meurtri.

Kat jura, ramassa son blouson et en épousseta la terre qui l’avait maculé. Chaque fois qu’elle était proche d’atteindre son but, il fallait que ça dégénère brutalement. Cette fois, c’était un abruti qui l’avait provoquée aux dés. D’elle ou de lui, elle ne savait pas qui était le plus stupide ; dès le départ, à l’instant même où il avait formulé son défi, elle avait su comment cela pourrait se terminer, et pourtant elle avait choisi d’ignorer la mise en garde. Elle avait perdu, forcément, et elle s’était énervée, évidemment. Forcément, évidemment. Deux synonymes qu’elle n’employait que trop souvent, estimant avec sarcasme que quelqu’un ou quelque chose devait dévouer avec ferveur son temps et son énergie à une cause supérieure : lui rendre la vie impossible. Une part d’elle-même restait lucide en tout temps, considérant d’un œil circonspect sa façon de penser, évoquant sans retenue la stupidité d’un tel raisonnement. C’était ce couple étrange ; victime du destin et observatrice pragmatique, qui lui permettait de justifier sa propre colère et ses éclats de rage à destination de qui voulait bien la subir : puisqu’elle avait conscience d’agir de façon stupide, elle pouvait appeler ça du sarcasme et s’énerver davantage sur n’importe qui ne comprenant pas sa façon de penser. En somme, il y avait peu de gens qui parvenaient à raisonner convenablement avec la Déchue, car même lorsque quelqu’un prenait le temps de lui montrer calmement que ses échecs étaient de son fait, et que ses petites malchances n’avaient rien à voir avec une quelconque entité supérieure, elle trouvait toujours moyen de l’envoyer paître. On n’est pas Déchu de la Colère pour rien ; le sort avait simplement voulu qu’elle soit intelligente en sus, et ça ne rendait que plus douloureuse sa cohabitation avec elle-même.

Elle souffla plusieurs fois, ainsi qu’on le lui avait enseigné à faire. Inspirer par le nez, expirer avec la bouche. Un instant passa alors qu’elle s’exerçait, tout en sentant monter en elle une irrépressible envie de hurler. Inspirer et expirer, ça ne servait à rien à part avoir l’air stupide, voilà ce qu’il en était. Irritée, la Déchue se laissa emporter par sa rage et hurla face à la porte, jusqu’à en avoir mal à la gorge. Elle savait qu’elle regretterait ce moment, ce n’était pas la première fois qu’elle se blessait en criant de la sorte. La douleur viendrait demain, et tant pis pour la Kat qui aurait à subir ça, elle ne la connaissait pas encore de toute façon. Elle procédait souvent de la sorte, différenciant son soi au travers du temps ; ainsi elle pouvait aussi bien insulter la Kat qui avait repoussé ses corvées au lendemain, ou sourire narquoisement à la Kat qui allait devoir s’en occuper. C’était une façon comme une autre de traiter avec ses défauts sans vraiment les accepter pour elle-même. Sa voix mourut dans un glapissement douloureux, et elle se mit instantanément à maudire la crétine qui n’avait pas été capable de continuer son exercice respiratoire jusqu’au bout.

Un ivrogne vêtu d’un uniforme de garde, qui avait assisté à toute la scène, décida que le moment était venu pour glisser un commentaire graveleux :

— Eh bien ; voilà une gorge qui m’a l’air profonde à souhait !

La jeune femme se tourna lentement vers l’inconnu, et un éclat froid passa dans ses yeux, alors que sa bouche se muait en une fine ligne dédaigneuses et que son regard prenait la teinte du mépris le plus absolu.

— La ferme, péquenaud, lâcha-t-elle d’une voix enrouée.
— Holà ! Elle va descendre d’un ton, la demoiselle, ou je vais m’occuper de lui masser les cordes vocales à coup de trique.

Il s’approcha et saisit le menton de la Déchue entre deux gros doigts graisseux. Ses yeux vitreux renvoyaient à la jeune femme ce qu’elle savait être un visage fermé et tendu, prêt à tirer le couteau qu’elle gardait fermement attaché à sa ceinture. C’était bien tout ce qu’elle avait pour elle ; elle n’était ni forte, ni particulièrement doué en magie. Le rustre pinça plus fort, et elle eut le malheur de laisser échapper un petit cri douloureux : « Nous y voilà. Tu es bien moins brave quand on en vient aux mains, n’est-ce pas ? Une très grande bouche pour une si petite donzelle… »

— Va chier.

Sa main partit bien plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé, et il lui asséna une gifle qui résonna longtemps dans l’allée. Kat, pour qui le monde ne se résumait dorénavant plus qu’à un grondement omniprésent et quelques étoiles éparses obstruant son champ de vision, chu au sol dans un froissement.

— Tu sais, tu gagnerai vraiment à la fermer de temps en temps, je suis sûr que ça t’évitera des broutilles.

Elle murmura quelque chose, rien de plus qu’un soupir incompréhensible que sa langue enflée n’aidait pas à clarifier. Le garde qui n’avait soudain plus l’air si ivre que ça se pencha sur elle, goguenard.

— Mais encore ?

Faiblement, elle se répéta, faisant un effort considérable pour se faire entendre : « Tu tapes comme une gamine, bouffon. ». Et paf, prends-toi ça dans les dents, Kat du futur. La réaction ne se fit pas attendre, et elle senti à l’air qui fut expulsé de ses poumons qu’il lui avait donné un coup de pied. La douleur monta d’un coup ; contrairement à la baffe qui l’avait laissée groggy pendant une paire de seconde, ce coup-là lui tira des larmes et, une fois qu’elle eut réussi à reprendre sa respiration, elle poussa une longue lamentation qui se perdit dans la nuit. Tu me le payeras un jour, Kat du passé. Ses côtes et tout son dos la faisaient souffrir, et dans un spasme de douleur, elle rendit l’essentiel de son déjeuner sur les bottes de l’officier. « Bordel ! s’exclama-t-il en retirant prestement ses pieds. T’es vraiment un déchet ! ». Peu désireux de s’éterniser au milieu du vomi, et ayant perdu toute envie de faire quoi que ce soit avec la jeune femme gisant au sol, l’homme s’en alla, prenant à peine le temps d’essuyer ses bottes sur le pantalon de la Déchue, qui se recroquevillait déjà en pouffant d’un rire malsain, intensifiant ses larmes à chaque contraction de sa poitrine douloureuse. Ses pensées s’égarèrent un instant, alors qu’elle sombrait dans l’inconscience ; pourquoi est-ce qu’elle était comme ça, pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas, comme tout le monde, laisser le monde être monde et subir ? Dans un dernier réflexe, elle bascula sur elle-même, s’éloignant le plus possible de la flaque de vomi qu’elle avait laissé au milieu de la chaussée, avant de s’évanouir.


Kat, Chapitre 1 GqzDWY

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34621-eerah-von-dreth
 

Kat, Chapitre 1

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Les Portes - Chapitre V
» A - Le fou des Dieux - chapitre I
» A - Le fou des Dieux - chapitre II
» Chapitre IV | Douceurs | Solo
» Un mariage de rêve. [rp pour tous]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Côtes de Maübee :: Avalon-