Tandis que son regard parcourait les lieux de l'événement, Raeden se demandait encore une fois ce qu'il faisait ici. Il n'était assurément pas à sa place. Et ce, pour plusieurs raisons. On ne pouvait pas dire que c'était l'homme le plus joyeux et de bonne compagnie qui soit en ce moment. Bien au contraire même. Quand on connaissait les causes de son humeur actuelle, on devinait rapidement que c'était peut être pas la plus sage des décisions de venir à un événement organisé dans le but de créer des rencontres et de former des couples. Surtout quand on savait que sa fille devait s'y rendre. Bon, en même temps, c'était justement parce que l'Impératrice de la Nuit venait qu'il était lui aussi de la partie. Il ne pouvait quand même laisser sa fille venir seule ici. En y réfléchissant bien, c'était peu probable qu'elle ne vienne pas accompagnée au moins d'Yclipt, mais quand même. Tout le monde savait qu'elle était célibataire et c'était plus que probable que certains tentent une approche.

D'une certaine façon, l'homme-ours avait de la chance. Il pouvait être présent en ces lieux sans faire obligatoirement parti des candidats célibataires. Son regard se porta sur Neah à l'opposé de la longue table destinée aux Souverains et à leurs accompagnateurs. C'était grace à l'appui du jeune ange vis-à-vis de la Matasif que le Forgeron se tenait à présent parmi les Protecteurs des lieux. Ses yeux vinrent d'ailleurs se poser sur l'humaine à ses côtés, qui venait de lui adresser la parole. Elle voulait qu'il sourit. C'était un poil compliqué. Si elle avait su ce qu'il avait fait dernièrement et d'où il venait, elle ne lui aurait peut être pas demander cela. En même temps, il ne pouvait que s'en prendre à lui même. Il n'avait pas su se contrôler et il en avait payé le prix, ce qui était tout à faire normal. Cependant, du coup, on ne pouvait pas dire que son mental était au beau fixe.

Je vais faire un effort …. même si je ne garantis rien.

Il préférait être honnête. Après avoir laissé flotter quelques secondes de silences, il reprit.

Je suis prêt, on peut commencer quand vous voulez. Je suis en effet là pour veiller principalement sur ma fille. Mais ne vous en faites pas, je jouerai mon rôle de protecteur comme il se doit. Je ne sais pas ce que Neah vous a dit sur moi pour vous convaincre de me prendre, mais je vous en remercie. … Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas rendu dans cité humaine. Bien avant la construction de cette capitale en fait, quand j'y repense …

L'homme n'allait pas déballer son passé, mais il était vrai que se retrouver entourer ainsi d'humain lui rappelait l'époque lointaine où il était ange gardien. D'une certaine façon, on pouvait dire que c'était le bon vieux temps, quand la vie était simple à vivre et surtout, avant que les catastrophes et le malheur ne viennent prélever leur dû. Les bras croisés, le regard balayant les lieux, déjà plus ou moins aux aguets avant même que tout n'ait commencé, le Bélua demanda :

Avons nous une idée du nombre de personne qui risquent de venir ? Et concernant les Souverains ? Connaissons nous leur identité et celles des personnes qui les accompagnerons durant la journée ? Je présume que même les Rois et Reines seuls viendront au moins avec un Conseiller ou un représentant de leur peuple. Après tout, même si le but premier est de favoriser les rencontres et la formation de couple, cela reste d'une certaine façon un événement de grande envergure.

Comme elle le lui avait demandé, il essayait de faire un peu moins son renfermé. Du coup, il lui posait des questions. Puis en même temps, même si ce n'était lui le chef de la sécurité ici, il faisait quand même parti des Protecteurs et il aimait donc bien se tenir au courant de comment les choses avaient été prévues.

709 mots
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Eerah s'observa longuement dans la glace. Décidément, difficile de se faire à cette sensation. Ses yeux acier irradiaient d'une étrange lueur, qui semblait pulser lentement depuis l'arrière de ses iris. Lorsqu'il les regardait directement, ils avaient l'air normaux, mais parfois, lorsqu'il tournait la tête, il les voyait luire à la frontière de son regard. Le cadeau de Mitsuko était agréablement surprenant ; lorsqu'il avait accepté sa proposition, une voix intérieure l'avait mis en garde : Faire confiance à une Taiji est rarement une idée avisée. La Déesse était certes loin d'être la plus fourbe de la famille, mais elle n'était pas non plus en reste de ruses et de stratagèmes. Peut-être que le revers de la médaille se situait dans ce garçon. Il ne l'avait pas encore rencontré, et déjà Drejtësi lui avait vanté son destin exceptionnel. Le destin était quelque chose de capricieux, il était bien placé pour le savoir. Tout ce qu'il pouvait espérer à ce stade là était que ses nouveaux yeux survivraient à la bulle d'anti-magie vorace qui englobait Utopia. Le Déchu passa une main sur sa barbe taillée et ses joues où repoussaient déjà les ergots des quelques jours qu'il avait passé sans se raser. C'était le genre de chose dont il ne se préoccupait pas quand il n'était pas en mesure de le voir, mais faire face à ce miroir l'obligeait à remarquer tous ces détails qui lui échappait le reste du temps. Sa veste était un peu de travers, l'un des anneaux qui maintenant ses cheveux était écaillé, et il avait de légères cernes. Dans un soupir il réajusta son vêtement d'un coup d'épaule. Et dire que certains « compatissaient » à son handicap, alors qu'il était clairement mieux loti qu'eux. Il recula de quelques pas et s'observa une dernière fois. Son pantalon de toile sombre, maintenu par un ceinturon en acier, était passé dans une paire de bottes de fourrure en peau ; il s'était vêtu d'un haut ajusté noir et de son manteau d'apparat. Il s'agissait en réalité d'une veste d'excellente facture, d'un cuir sombre et relativement sobre. Elle lui tombait à mi-cuisse, et une capuche pendait dans son dos. Et comme d'habitude, il avait enfilé deux bagues en argent et une boucle d'oreille à l'arcade discrète en bois. Enfin, il croisa de nouveau son propre regard. Un instant passa, puis il sourit. Il allait pouvoir regarder Erza. C'était pas si mal que ça de laisser de côté la cécité pendant un temps.

Quand ils arrivèrent, le Déchu atterrit le premier, battant quelques fois puissamment des ailes, soulevant par la même occasion un large nuage de sable. Les gardes d'Utopia semblèrent se raidir, mais il ne se tourna pas tout de suite vers eux. En se retournant, il vit la Réprouvée se rapprocher, ses ailes bichromes fouettant l'air lourd du Désert. Une fois de plus, un sourire ravi se dessina sur les lèvres du roi. « C'est pas grave de perdre à la course, t'inquiète pas ! Tu te rattrapera sur l'apéro… peut-être. ». Il courba une aile en voile protecteur lorsqu'elle fit elle aussi voler le sable et la poussière, et rangea finalement ses appendices dorsaux en même temps que la jeune femme, avant de lui tendre son bras. « Lady. ». Il accentua particulièrement ce dernier mot, moquant délibérément le ton mielleux qu'imposait parfois la courtoisie diplomatique. Erza elle-même ne savait pas encore le thème exact de la fête. D'un autre côté, elle ne lui avait pas demandé. Quand ils se présentèrent aux gardes, l'un d'eux s'avança et se racla la gorge. « Euh… Halte ! Qui va là ? ». Eerah présenta d'abord sa cavalière. « Erza Taiji Stark, Protectrice de Bouton d'Or. Et je suis Eerah von Dreth, Seigneur d'Avalon et Dædalus. ». Il en faisait beaucoup, mais le garde avait l'air de s'attendre à une réponse officielle, et de fait, il eut l'air satisfait et étrangement soulagé d'entendre sa réponse. Il cocha quelque chose sur une liste, avant de demander à nouveau : « Serez-vous accompagnés par un ou plusieurs représentants de vos races respectives ? ». Du tac au tac, il répondit : « Non. ». L'Humain hocha la tête, griffonna quelque chose et les laissa entrer dans l'enceinte de la cité. En vérités, lui et Erza ne s'étaient absolument pas préparés à participer à un échange diplomatique. Pas d'accompagnateur, pas de discours préparé ou de stratégie politique en jeu. Rien qu'elle et lui. Ils passèrent sous une grande arche, et presque instantanément, le Déchu sentit sa magie se consumer et disparaître ; ses yeux luisirent un instant plus fort, mais il constata avec satisfaction qu'il voyait toujours. On les guida avec moult formes de politesse jusqu'à la grande salle prévue pour accueillir les festivités, puis on leur indiqua une jeune femme vêtue d'or et de blanc. Eerah raffermit sa prise sur le bras de la Réprouvée, et l'orienta en direction de l'organisatrice. Une fois près d'elle, il s'inclina légèrement, et se présenta avec un sourire. « Bonjour, Lady Leenhardt. Je suis Eerah von Dreth et voici Erza Taiji Stark. Votre cité est toujours aussi remarquable ; votre invitation était d'ailleurs la bienvenue. ». Il donna un très discret coup de coude à Erza afin qu'elle l'imite en remerciant leur hôte, ce qui, il le savait d'ores et déjà, avait peu de chances d'aboutir.

Informations :

Cocoon se faisait de plus en plus paresseux. Légèrement las de sa vie, il attrapait la moindre occasion de sortir de son quotidien mortel. Il commençait à en avoir marre de voir les mêmes murs de sa chambre, les mêmes têtes de ses vieux et fidèles Eshus, les mêmes réclamations aux doléances... Sa vie était partiellement monotone. Mancinia, petite humaine aux vertus fraîches, avait envoyé une lettre d'invitation à tous les souverains, leur proposant de se rendre en Utopia, à un grand Bal. La lettre était concise, mystérieuse, et l'Orishala ne rata pas l'occasion d'y aller.
La partie un peu moins compréhensible... Pourquoi devait-il y aller la veille ? Il était souverain, il était Cocoon, et on ne donnait pas d'orde à Cocoon en réalité. Il ne se plierait pas à la règle, surtout pas débordé comme il était. Il viendrait quand les portes ouvriraient, préférant faire passer sa vie en premier, que cette cérémonie aussi bien soit-elle.

« Vous y allez ? », « Oui. », « C'est rare que vous mettiez une chemise... », « Elle est trop petite. Je v... » A peine tendit-il le bras que les coutures se déchirèrent dans le dos. Soupirant, lassé de son propre corps, il attrapa son éternel débardeur « Ah non ! Non ! Ne touchez pas à cette immondice ! Pour une fois que vous vouliez, et de vous-même, mettre une chemise ! Bougez pas, je vais vous en chercher ! » Jupiter partit comme une furie, alors que le Titan se laissa tomber dans le divan. Viktorya sortie de derrière un pan de voiles, riant divinement « Je suis là, mon Roi. » L'homme tourna vivement la tête, reconnaissant cette voix entre mille « Viktorya ! » Précipitamment il se leva, se ruant sur elle, pour l'étreindre comme un homme, inspirant la douceur de sa peau, l'odeur fruitée de ses cheveux « Tu m'as tellement manqué... Tu es là depuis combien de temps ? », « Je suis arrivée pendant que tu te préparais. Jupiter a interrompu mon entrée. Ahah, Cocoon tu me fais des chatouilles ! » Les baisers dont il piquait sa peau, avait une certaine avidité qui fit légèrement rire la belle Orine. Lorsqu'il se redressa, il la détailla du regard, la dévorant de ses yeux « Il suffit que je te laisse partir pour que tu deviennes divinement belle... », « Ne dis pas ça ! J'ai toujours été la même ! », « Je suis... content que tu sois ici. », « Tu m'as manqué, Cocoon. » L'Orine toucha son visage, le sourire aux lèvres. Elle était tellement plus complète auprès de son maitre, tellement entière... Comment pourrait-elle repartir un jour ?
« Lucrezia est sortie ? », « Lucrezia n'est plus. »

Au petit matin, l'Orishala se tourna lourdement dans le lit, venant étreindre l'Orine qui dormait à ses côtés, la collant complètement à lui. Il somnolait dans son cou, se rassurant de ses effluves florales. Seulement, Jupiter ne le laissa pas se rendormir, loin de là. Le valet de chambre arriva rapidement, ouvrit les rideaux noirs, et commença à faire un bruit d'enfer pour réveiller l'homme. Viktorya prit peur, et Cocoon lui jeta un objet se trouvant sur la table de nuit. Projectile qu'il évita avec brio, avec l'expérience « Oui eh bien excusez-moi, mais c'est l'heure sinon. » Cocoon n'était pas du matin, jamais. Assit dans la couche royale, l'Orine vint l'imiter, avant de poser sa tête sur son épaule « Je... suis fatiguée... Jupiter fait plus de bruit que les paysans de Bouton d'Or. », « Il fait plus de bruit que n'importe quoi. Viens là toi. » Se tournant vers elle, il se coucha sur son corps, embrassant encore et encore sa peau, sans ne jamais toucher ses lèvres. Viktorya le prit dans ses bras affectueusement « C'est difficile, Cocoon ? », « Plus que jamais... »


Habillé de noir, chemise, pantalon, chaussure, ses cheveux blancs étaient plaqués en arrière. S'il n'avait pas eu les yeux vairons, son teint de peau l'aurait confondu parfaitement avec un humain d'Utopia, il allait sans dire. S'il n'avait pas eu les yeux vairons, et plus de prestance que Mikaïl surtout.
Du monde était déjà là, et il ne fit que suivre les indications données, pour se rendre dans la grande bâtisse réservée pour l'occasion. Présentant l'invitation à un serviteur, celui-ci releva la tête « Vous êtes célibataire ? » Le souverain le dévisagea « Je suis l'Orishala, surtout. » Le type se pinça les lèvres, et une femme arriva « Oh bon sang on n'aurait jamais du le mettre à l'entrée celui là ! Sieur Sforza, nous sommes enchantés de votre visite ! Pardonnez-le, il bafouille un peu quand il est impressionné. » D'un signe de main et de tête, très respectueux soit dit en passant, elle invita l'Orisha à entrer. Le colosse, tournant la tête vers la gauche, croisa le regard d'Aaliah. Ses sourcils se froncèrent : que faisait-elle là ? Elle n'avait pas l'air alarmée de sa présence ici, ni même de souffrir. Il ne l'avait vu que quelques secondes tout au plus, peut être n'était-ce pas elle ? Cette amie qu'il avait aidé dans ce désert, à retrouver sa petite fille...
Mais il la croiserait plus tard, pour l'instant, place aux festivités « Je vous suis. »

les 878 mots de la loose

« Nous sommes arrivés... » Les deux amants étaient arrivés, comme l'indiquait la missive, la veille au soir. Ils se téléportèrent dans le désert au vent glacial, face à Utopia. Le ciel était dégagé, les étoiles magnifiques, mais il n'était pas bon de trop trainer dans l'étendue sablée. Wrath attrapa la main de sa petite dulcinée « Viens, dépêchons nous... »
Une fois en ville, tous deux se dirigèrent vers une auberge de qualité, se situant dans le centre ville. L'on appelait ça un Khan ici « Cette ville est vraiment agréable. Je me sens bien ici... » En effet, avec l'anti-magie alentour, son essence opposée s'était complètement calmée. Elle était présente, mais à un taux bien plus raisonnable que d'habitude. Il ne voulait pas arracher sa peau, son coeur, pour s'en débarrasser. L'ancien Déchu avait su, peu à peu, contrôler cette léthargie dans laquelle cette situation le mettait. Il le contrôlait grâce à lui et à ses efforts, mais surtout grâce à Sherry. Elle était moteur dans sa vie, son monde qu'il avait battit, et sans lequel il serait totalement perdu. Perdu, et peut être mort. Dévoué comme un Ange Gardien, il faisait tout pour elle. Elle était la fleurs colorée, ayant réussi à trouver la vie à travers une lande stérile et cuite.
Elle l'aimait, et c'était tout ce qu'il lui fallait à vrai dire.

« C'est ingénieux de nous faire arriver un jour avant. Ca nous permet d'avoir le temps de nous préparer et de nous familiarisé avec la ville. Enfin... Nous la ville, on la connait. Tu te souviens ? » Sa grande main calleuse caressa ses cheveux roux, flamboyants, avant de venir malmener sa nuque, point sensible de la belle réprouvé.
« Bonsoir, nous étions censés avoir une chambre au nom de Taiji. », « Bonsoir. Hum, je regarde... » Il fit glisser un doigt sur un long parchemin, avant de s'y arrêter, dessinant un symbole à côté du nom « C'est bon. Bienvenue à vous messieurs, dames. Je vous laisse rejoindre mon collègue qui s'occupera de vous pendant votre séjour ici. En chambre, vous aurez toutes les informations sur la ville, et les commodités. Bon repos. » Bien qu'il avait l'air robotisé dans son discours, ce type était charmant. La façon dont il parlait était douce et mesuré... Rien à voir avec eux qui gueulaient a longueur de journée. Sherry le remercia comme il se dut, avant de suivre les indications de l'homme.
La chambre était spacieuse, et équipée d'une salle d'eau individuelle « Ha ! Fini la bassine commune installée dans l'arrière pièce ! Regarde ! C'est comme à la maison ! » Il était vraiment heureux de sortir de chez lui. Il était vraiment bien.
Wrath ne s'était jamais plain de sa douleur et de sa souffrance. Sherry l'aidait inconsciemment, en faisant des choses quotidiennes, mais il gardait pour lui ce fardeau qu'elle portait également. Ne pas l'accabler un peu plus. Mais ici, c'était un paradis. Sans mal être, et en pouvant profiter des choses de la vie sans souci. N'y avait-il pas mieux ? Non, certainement pas !

Plus tard dans la soirée, il s'allongea sur le lit aux côtés de sa petite dame « J'espère que ce sera bien demain. Je me demande ce qu'il va se passer... » Wrath n'avait pas vraiment réfléchis à ce qu'il pourrait se passer. Ils avaient reçu une missive, et ils y avait répondu par l'affirmative, se disant que ça ne leur ferait que du bien, mais même pas ils pensèrent, en réalité, que ça pouvait être bien plus corsé que prévu. Après tout, les Anges et les Démons étaient en guerre, et les nouvelles allaient vite, très vite. Des groupuscules démoniaques harcelaient encore et toujours la cité humaine. Alors, recevoir des grands pontes dans cette atmosphère, était un pari risqué. Mais c'était sur que si quelque chose se passait, ça n'allait pas être les puissants qui mourraient.

Le Réprouvé saisit Sherry par la taille « Viens là ma belle, il y a du monde, fais attention. » Il l'encadra de ses bras et de son corps, pour lui éviter de se faire bousculer et martyriser. Enfin lorsqu'ils entrèrent dans le grand bâtiment, l'odeur qui y régnait était sublime. Sucrée et âcre à la fois, avec un arrière goût un peu boisé, comme euphorisant. Ca sentait mille et unes odeurs.
Lorsqu'ils se présentèrent, Wrath prit les devants « Nous sommes les Taiji, Wrath et Sherry Taiji. » Comme au Khan, le type les invita à passer dans la salle suivante, pour être installé confortablement. Sous la nappe de la table, le réprouvé passa une main sur la cuisse de sa douce, se tenant assez près d'elle. Il n'avait pas peur qu'on la lui vole, il avait juste besoin de contact en réalité.

817 mots

— Tu es encore là ? fit Sebastian en rentrant dans la pièce. Les deux Déchus avaient voyagé ensembles et ils avaient loué une chambre dans une auberge en attendant le lendemain. Le colérique avait profité de la journée pour visiter la ville, rentrant de temps en temps pour déposer des sacs en tissu, remplis de souvenirs d'Utopia qu'il ramènerait à Avalon quand ils repartiraient, dans deux jours. Et, inlassablement, à chaque fois qu'il avait passé son nez par la porte, il avait vu le paresseux, avachi sur le lit, l'avant bras cachant ses yeux, en train d'accomplir son activité favorite, c'est à dire : procrastiner.
— Tu devrais venir avec moi, je t'assure, Utopia est une ville magnifique. Il fallait bien qu'il tente le coup. Cependant, il n'avait pas d'espoir véritable. Il avait déjà mis cinq jours à convaincre Alaster de le suivre ici. La traversée du désert ne disait rien au brun, pas plus que le fait de voler et marcher des jours. Sebastian avait d'ailleurs dû le traîner une bonne partie de la route et, finalement, épuisée par la mollesse de son ami, il avait finis par payer des caravaniers afin de les porter jusqu'à destination. Leur amitié était solide, et heureusement, car, sinon, cela ferait belle lurette que le blond aurait abandonné Alaster sur le bord d'un chemin. Seulement, en tant que Déchu, les problématiques de sa race était bien ancrée dans son esprit. En plus de cela, le paresseux l'aidait à canaliser sa colère. Puisqu'il devait donner toute son énergie à le faire se mouvoir et que rager contre lui n'avait strictement aucun effet – si ce n'était celui de le faire dormir un peu plus – il était dorénavant plus calme dans sa vie de tous les jours.
— Mmmh grommela l'autre, en retirant lentement son bras de devant ses yeux. Est-ce qu'il faut vraiment qu'on y aille demain ? Ça me dit rien cette histoire de rencontre. Je suis berger, je suis fatigué, je n'ai rien qui pourrait intéresser une femme. Tu as qu'à y aller sans moi. C'était toujours pareil avec Alaster. Il trouvait toujours une excuse à tout, une excuse pour ne pas sortir de chez lui, pour rester dans sa prairie avec les Weltpüfs, pour ne pas aller faire la fête avec Sebastian. Il fallait beaucoup de courage pour réussir à le déloger de sa vie monotone. Même à la dernière coupe des nations, il s'était simplement endormi, aux bons soins d'une Ange, et n'avait plus bougé durant des jours, jusqu'à ce que Delta ne débarque. Sebastian émit un petit soupire avant de se lancer sur le lit, à côté de l'homme.
— On n'a pas fait tout ce chemin pour rien. En plus, si ça se trouve, tu rencontreras une fille hyperactive ou une paresseuse, comme toi et ce sera l'amour fou. Au lieu de convaincre Alaster, ça le fit faire une moue un peu étrange.
— On verra demain. Je vais dormir pour l'instant.

Le lendemain, ce fut Sebastian qui réveilla son compagnon d'aventure. C'était toujours ainsi, ou presque. Parfois, le Déchu de la paresse se réveillait en pleine nuit, incapable de dormir plus. Et, bien sûr, quand ce genre de choses arrivaient, il ne supportait pas d'être seul avec son insomnie. Quoi qu'il en soit, ce matin là, le colérique jeta une chemise blanche sur la tête de l'homme endormi avant de le secouer comme un prunier.
— Habille toi, on va être en retard sinon ! fit -il pour le hâter un peu. Lui-même était déjà habillé : chemise noire, pantalon blanc, Alaster serait son parfait opposé avec sa chemise blanche et son pantalon noir. L'intéressé se leva et s'habilla, lentement, négligeant d'attacher tous les boutons de son haut. A quoi bon, après tout, du moment que ça tenait plus ou moins ?

Une fois arrivés sur place, ce fut Sebastian qui se chargea des inscriptions. Alaster n'était pas très doué pour ça, souvent dans la lune ou extrêmement lent. Beaucoup d'individus ne supportaient pas sa façon d'être. Il aurait fait faire une crise de nerfs à n'importe quelle personne pressée qu'il aurait croisé. Une fois la côté administratif rempli, Sebastian le tira par le bras pour l'amener dans la salle.
— J'aurai dû te faire boire du café avant de venir, comme à la coupe des nations murmura le colérique.

♦:

Vous y allez pour représenter le peuple vampirique ou pour essayer d'apaiser les tensions entre les humains et les vampires ?

-Ma bonne Lyzzie, les humains seront toujours tendus en présence de vampires, et ce même si nous devenions alliés. J'y représenterai ma nation, mais je suis également curieuse de voir comment ça va se passer.

Elle ne pouvait pas lui avouer que si elle était tout particulièrement intéressée par cette entreprise, c'était parce que la pérennisation des humains lui était importante. Un bon berger aimait que son bétail soit prospère, et avoir de nombreuse tête dans son troupeau pour pouvoir s'y servir à sa convenance, sans le menacer. Pour un vampire, c'était une raison stratégique tout à fait pertinente et honorable. Mais... Lyzzie n'était pas vampire. Et même si elle pouvait comprendre ce genre de choses depuis le temps qu'elle côtoyait le peuple de la nuit, c'était toujours un sujet délicat. Les humanoïdes avaient du mal à accepter qu'ils puissent ainsi faire partie de la chaîne alimentaire, et être le mouton dodu d'un autre prédateur. Yulenka aimait chasser ses proies lorsqu'elle en avait le temps, et il lui chagrinerait de ne plus pouvoir y compter les humains. Mais si Yulenka avait ses petits secrets pour Lyzzie, cette dernière avait aussi une idée derrière la tête....

-Hmmm Lyzzie ? Ce n'est pas un peu trop décolleté ?

Vous comptez vous battre ?

-Non pas vraiment mais....

Alors vous pourrez porter une tenue qui n'est pas conçue pour ça, et qui laissera voir à quel point vous êtes une véritable merveille en matière de beauté féminine ! Et puis ce corset a une coupe en cœur, il vous met en valeur, mais n'est pas vulgaire. J'y veille soyez en sûre !

-Euh... on ne s'emballe pas Lyzzie hein...

Vous savez que vous avez le droit d'être une belle femme, et c'est même ce qu'on attend d'une Impératrice de la Nuit. Heureux hasard, vous l'êtes ! Alors pour une fois oubliez le côté prédatrice, vampire, et gna gna gna, et soyez ce que vous êtes avant tout, une dame irrésistible ! Et déjà, les couettes sont abolies pour la soirée !

-Mais....

Votre père ne va pas vous faire un procès parce que vous n'avez pas vos couettes, et vos cheveux vous en remercient d'avance. Allons, détendez-vous et faites moi confiance, vous serez resplendissante !

-D'accord, d'accord, mais pas trop d'exubérance, ce n'est pas non plus un bal de personnalités vampiriques....

Lyzzie se garda bien de lui dire qu'en fait, elle espérait très sincèrement qu'à cette soirée, elle ferait la connaissance d'un gentil monsieur qui saurait réchauffer un peu ce cœur solitaire. Dans l'esprit de Lyzzie, un homme dans la vie de Yulenka ne lui ferait pas de mal, et ce n'était pas parce qu'elle était éternelle qu'elle pouvait moisir seule indéfiniment. Sous ses airs de gouvernante modèle et d'amie dévouée, quand elle le souhaitait elle était redoutable.... C'en était presque effrayant. Elle était parvenue à court-circuiter Yclipt, le bloquant à l'autre bout du continent exprès pour l'empêcher de la chaperonner. Elle savait qu'il y allait avoir son père, mais il y aurait aussi d'autres femmes à la soirée. Et elle espérait qu'avec un peu de chance, il serait trop occupé de son côté. Corset de satin couleur nacre, réhaussé de quelques perles ici et là, et de dentelle fine aux extrémités. Une longue jupe fluide en soie argenté, avec juste quelques arabesques brodées ici et là. Des bas blancs qui finissaient dans des sortes de spartiates fines, dont le laçage de cuir lui remontait jusqu'aux genoux. La tenue était belle, mais surtout, Lyzzie avait réfléchi pour que Yulenka puisse danser à son aise jusqu'au bout de la nuit ! Quand à ses cheveux, elle avait passer la nuit à faire quelques tresses fines, qu'elle avait rattaché derrière la tête de la vampiresse, juste histoire d'habiller un peu ses cheveux. Le reste de sa chevelure était libre. Quand la gouvernante en eu enfin fini elle poussa un soupir de soulagement.

Heureusement que nous nous sommes reposés la veille.

-A vrai dire je ne pensais pas qu'on allait mettre la moitié de la nuit à me préparer..... Regarde nous somme déjà le matin.

C'est parce que vous n'arrêtiez pas de bouger ! Mais qu'importe, allez-y c'est l'heure.

-Tu ne viens pas ?

Non ! Non je suis trop fatiguée, mais je compte sur vous pour me raconter !

-..... Soit....

Yulenka aurait bien voulu lui dire qu'elle voyait clair dans son jeu, mais elle n'en avait plus le temps. Elle se rendit au lieu de rendez-vous présentant son invitation au personnel chargé de l'accueil. L'homme en question prit l'enveloppe et avant même de l'ouvrir, il demanda sur un ton enjôleur, avec un sourire un peu niais sur les lèvres.

Vous êtes célibataire ?

-Qui sait....

Répondit la vampiresse avec un sourire, attendant impatiemment qu'il ouvre l'enveloppe pour qu'il puisse voir qui elle était réellement. Et lorsque l'homme prit connaissance de la lettre, et de la nature vampirique de la jeune femme, il changea radicalement de couleur, bafouillant.

E-Excusez moi ! Veuillez me suivre ! Une place vous est réservée à la grande tablée !

Yulenka se pinça discrètement les lèvres pour ne pas rire, et pénétra dans la salle.

-Je vous remercie, ça ira.

Le pauvre homme ne demanda pas son reste et se précipita pour rejoindre son poste. Il y avait déjà plusieurs personnes d'arrivées, des connues des moins connues. La vampiresse était impatiente. Plus les couples se formeraient, plus les présages seraient bons pour son propre peuple. Elle allait devoir se retenir de titiller Mikaïl ce soir. Elle n'allait pas s'amuser à semer la zizanie chez lui. Elle aperçut Raeden au loin, mais une femme poilue avec des attributs félins était déjà entrain de lui parler. Elle se contenta alors de le saluer d'un signe discret de la main, ne voulant pas le déranger en pleine conversation. Elle aperçut Cocoon.... Qui était venu seul. Son visage se ferma. Il était bien la dernière personne qu'elle avait envie de voir ce soir.... Préférant ignorer sa présence, elle alla s'approcher de la table dédiée aux souverains, et découvrit.... Qu'elle était installée à côté de lui. Réprimant un soupir, et dans une absence totale de respect, elle décala sa place pour se retrouver.... à côté d'illustres inconnus "Wrath" et "Sherry".... Qu'à cela ne tienne, ça sera l'occasion de faire connaissance !

Il n'aurait jamais du revenir. Il le savait pourtant que c'était totalement idiot et irresponsable de sa part. Mais cela avait été plus fort que lui. Sans réellement se rendre compte de ce qu'il faisait, il avait quitté Libertas sans prévenir personne et encore moins Lilith. Cette ange avait le don de l'exaspérer. Déjà, il ne savait pas s'il devait la bénir ou la maudire pour lui avoir sauver la vie. Il n'était pas encore tout à fait suicidaire mais en même temps, il se disait qu'il ne méritait pas de vivre. Pas après ce qu'il avait fait et ce qu'il était devenu. Puis cette façon qu'elle avait de rester calme et stoïques pendant qu'il piquait ses colères. En fait tout chez elle l'exacerbait. Ses manières douces, son fort caractère, la manière qu'elle avait eu de s'occuper de lui. En fait, elle avait agi comme elle l'aurait fait avec tout le monde, nni plus ni moins. Mais actuellement, le caractère d'Ignis était en plein changement et puis, il avait déjà du mal à se supporter lui ême, alors supporter les autres …

Cela faisait des heures qu'il était là, debout, totalement immobile, devant cette grange en ruine, en périphérie de la ville. Presque entièrement dissimulé sous une sorte de grande blouse blanche à capuche, il restait les yeux fixés sur les ruines du bâtiment incendié. Les gens qui passaient dans le coin ne cessaient de lui jeter des regards en biais, s'inquiétant quelque peu de cet être étrange. Il fallait dire qu'avec les menaces de la guerre des Aetheri et de Sympan et celle des attaques soudaines et sauvages des Démons, les personnes étaient tendues et inquiètes. Et la présence d'un inconnu qui restait immobile depuis des heures devant des décombres sans rien dire à personne et sans quitter des yeux les vestiges avait de quoi rendre mal à l'aise. Lui-même ne s'en rendait pas forcément compte malheureusement. En fait, actuellement, tout le reste était occulté. Il n'y avait que lui et les débris. Et les souvenirs. Comme si les cris de souffrance de son protégé résonnaient encore dans l'air. Il les entendait sous son crâne, aussi vrai que s'ils étaient sortis par des cordes vocales à l'instant même. Il revivait la scène, il revivait sa honte, sa déchéance, son échec à se contrôler et à sauver une vie. C'était comme si une nouvelle fois, les flammes l'entouraient et venaient lécher sa peau.

Puis soudain, ce fut trop. Il ne pouvait plus supporter d'être là. Chaque seconde que son regard restait posé sur ces restes de bâtiments le rendait un peu plus fou, lui faisait horreur. Il ne se mit pas à courir pour quitter les lieux, non - de toute façon, pour le moment, il en était incapable -  mais sa démarche mal assurée se rapprochait quand même de celle d'un homme en train de fuir. Où aller ? Il n'en savait rien. Juste partir d'ici, ne plus revivre ce cauchemars éveillé qui avait laissé son empreinte dans sa peau malgré les soins angeliques. Il bouscula quelqu'un, poussa un grognement, à la fois de douleur et de colère, avant de reprendre son chemin. Pourtant, les rues n'étaient pas encore très animées. C'était bien avant l'aube qu'il s'était rendu sur place et le soleil venait à peine de se lever en réalité. Il n'aurait jamais du revenir dans cette ville. Le lion devait logiquement l'attendre quelque part dehors, au delà de l'enceinte. A moins qu'il ne se soit lassé de lui et qu'il ait préféré retrouver sa vie d'avant et sa grotte. Le Déchu en voulait aussi à l'animal d'avoir été cherché l'Ange et la Magicienne. Mais en même temps, une angoisse sourdait en lui que le fauve soit reparti, l'abandonnant.

Sans réellement faire attention où il allait, Ignis se fit demander son nom et sa race. Il ne chercha pas vraiment à comprendre pourquoi. Avec ce qui se passait en ce moment, ce devait certainement être des mesures de sécurité. Il ne pouvait pas dire son nom. Sa vrai identité. Elle n'existait plus, elle était bannie et plus personne ne devait jamais plus en entendre parler. Tout comme sa race. Elle était synonyme de son échec.

Ignis … Humain

Puis il reprit son chemin, passant les tables …. Et se rendit compte qu'il y avait un soucis. Mais c'était trop tard, il était déjà entré et on l'empêchait de faire demi tour.

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