Au même moment, la soirée se préparait à prendre une autre tournure. Une femme s'était démarquée des autres danseurs pour attirer l'attention. Son expression rayonnait de satisfaction : elle était ravie de cette fête, fière, même. En était-elle l'organisatrice principale ? Après avoir exprimé sa bonne humeur, elle proposa un nouveau jeu aux invités. Après les masques, quelle idée avait-elle pu avoir ? Apparemment, il s'agissait d'un jeu de séduction... qui pouvait virer de genre selon l'envie des participants, d'ailleurs. Elle imaginait bien que la corruption et le vol n'étaient pas expressément exclus. Mais je veux être séduite, pensa-t-elle vaguement. Peut-être que son futur maître vaquait parmi la foule, un homme qu'elle n'avait pas encore remarqué ? Etait-ce possible après tant de temps passé à proximité ? L'ange qui l'avait bousculée l'arracha de ses songes. Il s'expliqua et lui retourna sa question avec politesse. « Si un peu, mais ça va, je ne suis pas en sucre ! » lui répondit-elle avec entrain. Elle s'attendait à ce que l'inconnu reprenne son chemin pour trouver son ami, mais il n'en fit rien : quand la jeune danseuse annonça le nouveau jeu, il se ravisa et lui proposa un moment à passer ensemble.

« Vous êtes un compétiteur, c'est ça ? Il va falloir me convaincre de rester avec vous. » Ovilyn lui sourit et accrocha le ruban à son poignet avec une grâce presque exagérée. L'orine ne savait pas d'où lui venait cette assurance. Cela venait-il du masque ? Ou du fait d'avoir dansé, de s'être exposée ainsi aux yeux des autres ? En tous cas, c'était aussi agréable qu'inhabituel. L'orine avait l'impression d'avoir les cartes en main alors que ce n'était pas du tout le cas.

Ce dernier ne parut pas découragé par  sa réaction en tous cas, car il lui proposa de partir un moment.  « Oh, pourquoi ne pas danser avant ? Auriez-vous peur d'être gauche ? » Cette dernière question était teintée d'ironie. Encore une chose qu'Ovilyn n'utilisait que très peu, et pourtant, elle était d'humeur joueuse pour une fois. Elle s'amusait plus que jamais. Elle souhaitait rester encore un peu sur la piste et observer comment les invités s'adonneraient au jeu, s'ils le faisaient seulement. Elle avait besoin d'être au milieu du mouvement, de sentir l'air brassé par les pas de danse des invités, la chaleur humaine qui était compensée par la fraîcheur croissante de la nuit...

Ovilyn se rendit compte que son regard se perdait déjà dans le vague. Ses rêveries, comme d'habitude, prenaient rapidement le pas sur la réalité. Elle se retourna vers ce dernier et mit fin à ses songes d'artiste. Devait-elle lui dévoiler son nom ? Après tout, elle n'avait plus de masque. Mais elle n'en avait pas besoin pour continuer à jouer. Non, elle ne se dévoilerait pas si facilement, cette fois, pas d'elle-même en tous cas. Elle recommença à danser et l'invita à rejoindre son mouvement. Néanmoins, son assurance se fit plus timide quand elle se rendit compte que l'ange la fixait de façon étrange. Il avait murmuré une phrase qu'elle n'avait pas totalement saisi, mais cela ressemblait à un compliment. Cela accrocha un sourire définitif sur les lèvres de l'orine. Cette rencontre se révélait de plus en plus mystérieuse. Elle ne voulait plus changer de cavalier, désormais, mais le découvrir.

Post N°5:

Resume:

Resumé:

Alors que l'Orisha l'emportait avec lui, elle le taquina sur ses qualités de danseur « Ne te fies pas aux apparences, je risquerai de t'impressionner... » Ca faisait très longtemps qu'il avait appris à danser, il connaissait plus que des notions, surement des bases même, et ça lui allait pour s'en servir dans ce genre de réception un peu mondaine. Le type avait appris tout cela lors d'un mariage plus précisément, avec son ancienne reine. A ce sujet là, il se demanda si Eldewyn était toujours en vie, et si Clauswitz était toujours sont éternel et fidèle mari... Ca faisait longtemps qu'il ne s'était pas intéressé aux vampires. Trop longtemps. Balayant toutes ces pensées d'une main il se concentra sur la situation présente.
Il ressentit beaucoup d'émotions émanant de la petite fleur en face de lui. Du soulagement, et une forme d'anxiété. Le maitre ne la bouscula pas, préférant, dans un premier temps, qu'elle reprenne ses marques avec lui. Cocoon avait du s'en séparer pendant quelques mois, assez malgré lui, mais il l'avait retrouvé en bonne santé et, finalement, c'était tout ce qui comptait.

Le géant esquissa un léger sourire en coin « Je doute mourir de si tôt pour ma part... » Avant de reprendre un peu plus sérieusement « Tu es chez toi au Palais. Il aura des règles à respecter cependant, saches-le. Parfois je voyage, peut être que je t'emmènerai avec moi s'il n'y a pas beaucoup de danger. » Des perspectives d'avenir dans le but de nourrir Mariane, de manière à ce qu'elle se sente en sécurité et, en même temps, proche de son maitre. Cocoon savait que délaisser une âme liée était dévastateur. La personne avait du mal à évoluer, seule, dans le monde actuel. La rousse fut particulièrement courageuse de tenir le coup dans de telles conditions.
« Tu n'as pas à être si courtoise avec moi Mariane. Agis à ta guise, mais apprends à te détendre en ma présence. Tu es respectueuse, je le sais, et tu n'as pas besoin de me vouvoyer pour me le prouver, tes actes le font pour toi. » Se décalant  d'elle il scruta les environs.

Il ré aborda le sujet du Palais, prenant en compte ce qu'elle lui disait. Il s'en était douté... Le but même des Orines étaient de protéger, d'aider leur maitre, aussi fort soit-il. Et la petite rousse ne dérogeait pas à cette règle « Tu es bien empathique ma chère... Dans ce cas là, tu rentreras avec moi à la fin de la soirée. Tu auras enfin un endroit où dormir et où vivre. » Touchant ce qui pouvait être ses cheveux, sous l'illusion, il en caressa une mèche avant de l'inviter à danser.
Sur la piste de danse, les deux se rapprochèrent pour faire les pas demandés, avant que Mariane n'hésite « Qu'y a-t-il ? Raconte moi, je t'écoute. » Cocoon était bien plus serviable qu'avant. Si Viktorya avait essuyé un caractère plutôt instable à l'époque, maintenant, il était devenu bien plus sage et réfléchi. Il regrettait de ne pouvoir voir les yeux de sa partenaire, car il aurait aimé y lire les émotions qu'elle ressentait à cet instant « Tu as rencontré quelqu'un ? » Un couple, un peu plus passionné qu'eux, failli les percuter. L'Orisha resserra son étreinte autour de la taille de l'Orine, l'emmenant un peu plus contre lui pour l'éviter de se faire prendre dans le mouvement. Si les deux inconnus les ignorèrent, malgré la légère bousculade, Cocoon lui, ne s'en vit pas tourmenter.
« Hum... Allons ailleurs Mariane. » Ce n'était pas une question, et il n'agissait pas comme tel.

La faisant tourbillonner, il finit par s'éloigner de là, jusqu'à atteindre les limites de la piste. Lâchant l'étreinte qu'il lui offrait, il préféra attraper son bras pour ne pas la perdre, et se sortir de cette foule si dense. Il abandonnait sa femme à ce sort qui lui sillait si bien. Il danserait avec elle en fin de soirée, avant de partir, peut être à la levée des masques.

Mots : 734

Spoiler:

Résumé:

Mon regard fut tout de suite attiré par l’homme qui venait à moi. Je replaçai mon masque, buvant d’un trait mon verre avant de le poser sur un plateau qui passait par là. Les responsabilités pouvaient bien attendre, la soirée venait à peine de commencer à mon sens, et Mozaga était quelque part dans les environs à courir après d’autre enfant. La nuit était tombée, et à peine avait-il soufflé ses mots, que la jeune femme de tout à l’heure monta sur l’estrade pour expliquer un jeu où tous étaient conviés. Mes yeux brillaient de malice, et ma main glissa dans l’une de mes poches pour en sortir un petit sac : « Et si nous jouions à deux ? » Le sous-pesant, je lui tendis en prenant un morceau de son contenue, un petit champignon sec que je me mis à mastiquer avant d’avaler. Les effets prendraient place plus tard, je me tournais donc vers mon camarade de jeu, replaçant mon masque que j’avais soulevé pour prendre le champignon : « Je ne sais si vous avez la main leste, mais j’ai certaines compétences dans ce domaine… » Le fait d’être médecin m’aidait beaucoup en un sens, ne pas trembler, être sûre de son geste « Que diriez-vous d’aller voler quelques rubans à ses dames ? Où de les charmer pour ? » Après tout, le fait qu’elles ne nous voyaient pas était un atout de taille, elle se mettrait à imaginer l’homme qu’elle avait toujours espéré, et seuls nos mots pouvaient nous trahir. Derrière l’illusion, je souris, et mes yeux devinrent malicieux.

Il y avait plusieurs options finalement, quelqu’un pouvait accaparer l’attention tandis que l’autre substituait le ruban, ou bien nous pouvions chasser chacun de notre côté pour nous mesurer après. Dans tous les cas, j’aimais le défi et le jeu en lui-même… je vis même certaines femmes attacher férocement leur ruban à leur poignet pour être sûre qu’on ne leur volerait pas. « Les femmes sont toujours aussi mauvaises joueuses… » Murmurais-je dans un sourire, ne cachant pas mon amusement face à un tel comportement. Je regardais les attitudes des uns et des autres, finalement, nous savions maintenant distinguer femmes et hommes dans toute cette parade de masques d’or. J’en repérai une maladroite, un peu seule et mise à l’écart. Elle jouait des coudes en s’excusant, manquant de tomber parmi les danseurs qui tentaient de charmer ces dames. Me précipitant, ma main vint accueillir la sienne, la rattrapant : « Vous allez bien ? » Perturbée, ne voyant pas de rubans à mon poignet, elle retira vivement son bras : « Parfaitement, et vous n’aurez pas mon ruban ainsi… » Je souris, étirant mon attraction jusqu’à elle : « Je comptais plutôt vous inviter à danser » Je relevai la tête, faisant mine de chercher : « Je ne vois pas de conjoint près de vous,  ou peut-être l’avez-vous perdu dans cette foule… y aurait-il un Monsieur… ? » Je ne finis pas ma phrase volontairement. Elle souffla en ressaisissant ma main : « Amarië, et non, il n’y  pas de Monsieur qui m’attend ou me cherche. »

Nos pas bougeaient au rythme de la musique et des autres danseurs : « A quoi êtes vous prêt pour prendre ce ruban ? »  Je laissai un bref silence : « ça ne m’intéresse guère, je ne fais que danser avec vous » elle rit à mes dires, mais le jeu pour elle semblait important, comme une sorte de revanche sur les hommes, clamant presque haut et fort : cette fois, vous ne m’aurez pas. « Je ne vous crois pas… » Je souris, me rapprochant de son visage dans un dernier pas de danse : « Et vous avez raison. » Le ruban glissait déjà entre mes doigts, sans que son regard ne s’y intéresse : « Je suis prêt à danser avec toutes les femmes de ce bal, à rattraper celle qui se sente seule, celle qui sont venu pour apercevoir quelqu’un et qui l’on vu au bras d’une autre… » Derrière son masque, je la sentis sourire, mais sans qu’elle s’en aperçoive, elle ne cessait de regarder cette femme près de nous, et cet homme qui semblait plus accaparé par elle que par le jeu. Il danser avec elle par amour, et non par intérêt. « Je lui volerai son ruban » fis-je en la faisant tourner, ma main sur sa taille : « Alors je vous donne le mien » dit-elle en se rendant compte qu’il avait disparu. Je la ramenai à moi, et elle se mit à rire d’un rire franc et pur : « À moins qu’il ne vous appartienne déjà » Sans son masque, j’aurai pu voir son visage s’illuminer de mille éclats. Je lâchais doucement sa main : « Au plaisir de danser une nouvelle fois avec vous » murmurais-je en m’éloignant d’elle, rejoignant l’homme près de l’arbre.

J’exhibai mon premier ruban devant ces yeux : « Allons-nous chasser à deux ? Ou comptiez-vous vous mesurer à moi ? » Les premiers effets du champignon faisaient effet, et à partir de maintenant, je me sentais capable de soulever des montagnes, mon jugement étant totalement faussé. Tout allait être plus amusant.

Résumé:

Spoiler:

Placée à quelques pas de l'inconnu je le regarde hésiter. Un petit sourire malicieux prends place sur mon visage face à cette réaction. Ce n'est pas le fait de s'être fait agresser à cause de la bousculade qui le dérange mais bel et bien ma présence. Et je suis bien obligée d'avouer trouver cette situation délicieuse. Les masques ont beau nous grimer de manière à ce que nous soyons tous identiques, que rien ne permette de nous différencier, ils ne peuvent cacher notre aura. Et par la même occasion la prestance des gens. Mon sourire s’agrandit quand il accepte de m’emmener sur la piste et sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit je le prends par la main en me dirigeant vers les autres danseurs. À mis parcourt je me recule d'un pas de manière à ce qu'il puisse décider de lui même l'endroit ou nous passerons une partie de la soirée. L'état dans lequel j'étais à mon arrivé n'est plus qu'un lointain souvenir et pour la première fois j'ai l'impression que je pourrais profiter un peu de cette fête. Est-ce à lui que je le dois ou à ces étranges masques ? Je n'en ai pas la moindre idée mais ce qui est sûr c'est que je m'en fiche. Si je peux profiter de cette fête sans avoir à craindre la foule de personnes autour de moi alors je dois le faire.

Le soudain arrêt de mon partenaire me fait sortir de mes pensées. Plantant mes yeux azurés, qui ne doivent plus vraiment l'être à cause du masque, dans son regard j'attends qu'il prenne la parole. Je lui ai déjà forcé la main en l’amenant sur la piste et en lui faisant m'offrir une danse, il est hors de question que je continus de le guider de la sorte toute la soirée. Même s'il n'est pas un meneur hors norme, je veux au moins voir ce qu'il peut faire quand on lui laisse un minimum de liberté. « Ne vous inquiétez pas, cela n'est pas un problème. » Je rigole un petit peu face à cette révélation qu'il vient de prononcer sur un ton légèrement honteux. « Quand bien même ce serait le cas, il n'est jamais trop tard pour apprendre n'est-ce pas ? Je ferais tout pour être une bonne professeur n'ayez crainte. » Je rajoute cela en me rapprochant d'un pas de lui. Son visage à beau être caché par le masque, je peux presque lire la gêne présente dessus.

Le voir lever les bras et attendre silencieusement que je vienne me placer contre lui me fait lever un sourcil interrogateur. Je peux comprendre qu'il ne soit pas à l'aise, cela est loin d'être surprenant cependant, je dois avouer une certaine déception de ne pas le voir prendre plus d'initiative. Enfin, au moins je sais à quoi m'attendre maintenant. Glissant mes doigts entre les siens je viens me placer contre lui et lentement je le laisse débuter la danse. « N'ayez crainte, je ne pense pas que cela le dérangeras outre mesure. Nous venions de nous rencontrer et ce n'est pas comme si nous parlions de choses réellement importante. » Quelques secondes s'écoulent et j'en profite pour le guider très légèrement, modifiant uniquement ses pas quand je le sens s'égarer ce qui, à ma grande surprise et satisfaction arrive relativement rarement. « Par ailleurs vous n'avez rien à redouter de la part de la personne nous ayants rejoins et vous ayant apostrophée à la fin. Je ne pense pas qu'elle fera quoi que ce soit contre vous malgré ce manque de courtoisie dont vous avez fait preuve. » Je rigole en le regardant avant de me blottir un petit peu plus contre lui. Je ne sais rien de lui sauf une chose. Son aura, le fait d'être aussi proche de lui me calme. Cet homme, si s'en est un, est un parfait inconnu pour moi cependant, je me sens bien dans ses bras. Cela est-il lié à son peuple d'appartenance ou bien à la singulière situation dans laquelle nous sommes ?

Je laisse les minutes s'égrener sans rompre le silence, profitant de la musique, de l'ambiance bien particulière de cette soirée. Finalement, le regardant dans les yeux je décide de briser le silence. « Dite-moi, que diriez-vous de me parler un petit peu plus de vous ? Il semblerait que nous soyons amené à passer une partie de la soirée ensemble, il serait donc préférable que nous nous connaissions un minium vous ne pensez pas ? » Je ponctue ma phrase d'un sourire et sans rien dire de plus je continue à danser.

« Aëran Nùmendil ? » Le teint blême et le regard bas, c’est à peine si elle osait relever la tête, leur accorder le plus léger des coups d’œil. L’Alfar n’était qu’un inconnu, qu’un étranger, une personne parmi tant d’autres qui en savait pourtant un peu trop sur elle. Il avait reçu une lettre qui ne lui était pas destinée, dont le contenu compromettant lui avait valu une réponse à laquelle elle n’avait jamais eu le courage de répliquer quoique ce soit. Elle s’était contentée de lire et relire les mots qu’il avait écrits, plusieurs dizaines de fois, peut-être même une centaine. Elle n’aurait pas pu oublier son nom. Etre en sa présence l’embarrassait et ses angoisses étaient palpables. L’espace d’un instant, elle voulut le prendre en aparté, le supplier d’oublier. L’esprit embrumé par un savant mélange d’alcool et de honte, elle devenait incapable d’une telle preuve d’audace et souriait simplement, se faisant l’effet d’être une parfaite idiote. Le Dædalus ne contribua pas à la mettre à l’aise, la présentant sous un jour particulièrement élogieux et évoquant un passage hypothétique et futur vers un grade supérieur. Elle secoua doucement la tête pour répondre à sa question, un sourire figé aux lèvres qui ne tarda pas à faner avec l’annonce du jeu. « Pardon ? » murmura-t-elle péniblement lorsqu’on lui glissa un masque d’or entre les doigts. Le malaise accrue par la vision d’une foule entière de ses saltimbanques dorées, elle chancela, manquant de tomber dans les bras de son Roi. Le choix était douteux, pour ne pas dire de mauvais goût. Il était encore trop tôt pour rire de tous ses morts, de toutes ses horreurs. Le cœur au bord des lèvres, elle enfila le masque, de mauvaise grâce. L’illusion fut brisée à ses premiers instants à son plus grand soulagement. Parmi toutes les faces meurtrières, au moins pouvait-elle voir le visage d’Eerah qui devenait soudainement le faciès le plus rassurant qui soit. Sans protester ou se rebeller, elle se laissa entraîner sur la piste. Heureusement, elle n’était pas mauvaise danseuse mais égale à elle-même : ravissante et douce, attendrissante dans ses maladresses. « Non. Non c’est de ma faute. Je suppose que je suis un livre ouvert. Je devrais faire attention. » Elle démontrait encore de son talent pour l’auto flagellation.

« Vous n’aimez pas les Vampires, n’est-ce pas ? » souffla-t-elle doucement entre deux pas de valse, songeant qu'elle, elle les adorait malgré elle. Les barrières de retenue et de distance qu’elle s’imposait d’ordinaire s’effondraient peu à peu, la boisson aidant. « Ils … » commença-t-elle pour s’interrompre tout aussi soudainement. Certaines choses n’étaient pas facile à dire, encore moins à quelqu’un comme lui. Elle s’étonnait déjà d’être aussi proche de  lui et de conserver des traits sereins. « C’est compliqué. » reprit-elle dans une tentative de dérobade. Les vieilles habitudes étaient tenaces. Belle avait passé des années à se voiler la face, à aimer sans condition les Buveurs de Sang qui avaient exterminé sa famille et ses amis, qui l’avaient traité à la fois comme une princesse et comme une esclave. Dans un soupir, elle ajouta : « L’un d’entre eux …. Tient beaucoup à moi. Il aurait aimé que je le suive, que je ne m’intéresse ni à Avalon ni à mon peuple. C’est tout. » Un mensonge éhonté aux airs de vérité. Son explication superficielle ne tenait pas compte de la peur évidente que lui inspirait Angelus. « Je ne tiens pas à me préoccuper de tout ça, encore moins que vous vous en fassiez pour moi. » Elle sourit. « J’ai hâte de revoir Avalon. » Sa ville lui manquait. Si elle avait pris la décision d’acheter sa propre demeure et de ne plus louer dans de grands hôtels, elle n’avait aucune idée des démarches à accomplir. Elle n’avait jamais été très indépendante, pour avoir toujours vécu sous l’aile de ses parents ou de leurs meurtriers. « J’aimerai en faire plus. Comment se porte le camp de la Foret ? Je n’ai pas eu l’occasion de retourner là-bas depuis longtemps. » Un frisson dans le dos. Belle tourna brusquement la tête tout en se rapprochant sensiblement du Déchu. Les joues roues, elle s’écarta légèrement pour reprendre la distance conventionnelle entre deux danseurs. « Pardon. J’ai cru … » Elle souffla, consciente d’avoir l’air effrayé. « Je n’aimerai juste pas les revoir pour le moment. Je ne saurai pas quoi leur dire. »  

Après une légère hésitation, elle articula : « Mon père m’avait expliqué que ma famille s’était divisée en deux branches il y a très longtemps. La première n’est composée que de Déchus de sang et la seconde était exclusivement angélique. » La lignée s’était éteinte avec sa propre déchéance. « Est-ce que vous sauriez … par hasard … où je pourrais les trouver ? J’aimerai les rencontrer. » Elle était indécise. Quelque chose lui susurrait qu’elle ne serait pas la bienvenue, qu’elle serait moquée et rejetée. Pour eux, elle n’était rien d’autre qu’une Ange.

Spoiler:

Quand l'inconnu me proposa de jouer avec lui, je crus d'abord qu'il parlait de séduction, évocation qui déforma mon visage en une expression de dégoût ultime. Seulement, son intention ne concernait nullement ce genre de niaiseries. Il me présenta une denrée qui ne m'était pas inconnue et aussitôt, mon intérêt pour cet homme redevint intact : même si je raffolais de ce genre de divertissements, je n'avais pas osé en apporter ici. Il ne manquait pas de tripes.  « Intriguant. » Je fouillai le sac et en sortit un champignon que je mangeai aussitôt. Entre l'alcool qui faisait juste assez d'effets et bientôt, ça, cette soirée serait plus excitante que je l'aurais pensé. La question restait de savoir comment je pourrais gagner des rubans : la séduction était hors de question et je n'étais pas le plus discret des hommes. En plus, à voir où les femmes cachaient leurs rubans, cela me semblait peine perdue. *À moins que je m'en prenne aux joueurs, tout simplement...* Dans tous les cas, je ne pouvais pas refuser un tel défi ! « Très bien, allons-y. »

L'homme partit tout de suite à la conquête des rubans : il se glissa parmi la foule telle un félin cherchant une proie. Quant à moi, je réfléchis à une stratégie à adopter. Mon choix se porta sur, certainement, le pire d'un point de vue moral. Tout ce qu'il me faudrait, ce serait un ruban... pour me faire passer pour une femme. Je m'amuserais bien à me faire courtiser par des participants... il faudrait juste que je tombe sur le meilleur pour lui dérober ses rubans. Même si je n'étais pas un très bon voleur, j'aurais le privilège de l'imprévisibilité. « Carmen, tu sais où je pourrais trouver un ruban ? » Une fois de plus, l'esprit me fit comprendre à quel point elle désapprouvait mes méthodes, mais elle obéit tout de même et partit à la recherche de rubans perdus... et au même moment, l'homme revint et exhiba un premier trophée. J'avais à peine eu le temps de parler à Carmen... mais voilà qu'il me proposait de coopérer, évoquant cette proposition en pensant me faire une faveur. « Ha ha ha, je ne crois pas, non... je vais me contenter de vous montrer à qui vous vous mesurez ! » En lui répondant, je me rendis compte que j'avais parlé un peu trop fort. L'alcool avait réduit mes inhibitions, il était vrai, mais les effets du cadeau de cet inconnu commençaient également à s'y ajouter. Devais-je jouer dans les règles, finalement ? ...non, je m'amuserais bien plus en jouant l'imposture, sans oublier que cela doublerait mes chances, évidemment.

« Que le meilleur gagne », m'exclamai-je en lui faisant un clin d’œil. En fait, je venais d'avoir une brillante idée, bien plus que ma précédente. Il serait certainement difficile de le retrouver une fois que les deux adversaires se seraient fondus dans la foule, mais si j'arrivais à lui voler ses rubans, ce serait la cerise sur le gâteau... Alors que je me délectais de cette vision, Carmen revint et m'indiqua de la suivre. Elle avait trouvé ce que je cherchais. Cette dernière me mena jusqu'à une femme qui pleurait sous un arbre. À son poignet trônait un ruban rose. Bon, je devrais faire le psychologue... mais seulement pour un ruban. « Que se passe-t-il, mademoiselle ? » Je tentais d'être le plus doux possible. Elle me raconta ses malheurs, et blabla, tout ce dont je me fichais royalement, mais je hochais la tête inlassablement. Après d'interminables plaintes, elle s'intéressa enfin à ma propre situation. « Oh, moi, moyen... aucune femme de semble vouloir de moi... » et voilà qu'elle me rassurait, qu'elle disait que j'étais certainement beau... je finis enfin par lui demander le ruban, puisqu'elle ne semblait pas en avoir l'idée ; elle accepta et je repartis aussitôt. D'accord, la vraie fête pouvait commencer désormais ! Je me fondis dans le rôle de la femme avide d'attention, tout ça dans un environnement de plus en plus surréaliste pour moi.

Je glissais lentement dans un rêve où je me transformais en femme.

Post IV:

Dans un soupir, elle glissa le masque sur son visage, malgré le dégoût que lui inspirait la référence macabre. Lily-Lune s’évertuait à mettre ses sentiments et ses positions de côté, consciente qu’elle avait besoin d’une échappatoire et que l’occasion avait été trop belle pour ne pas être saisie. L’Empereur Noir avait passé son temps à l’épier, depuis leur altercation. Son regard trahissait sa détermination. L’esquive avait devenue nécessaire face à l’évidente persistante du Sorcier, à qui l’idée de posséder cette femme, que l’on disait la plus belle d’entre toutes, plaisait. La Vénus était loin d’être dupe et se doutait qu’elle serait aisément identifiable. Elle se tenait à l’écart de la foule et dégageait une prestance écrasante, au-delà de son apparence. Ce serait néanmoins suffisant pour un peu de répit. Dans sa douce errance où elle se perdait le flot intarissable de ses pensées, elle longea lentement la masse du peuple, sans jamais s’en mêler réellement. Une étrangère la tira de ses songes. Lily-Lune sourit. L’illusion avait été brisée pour cette femme, qui la voyait sous son véritable jour. La raison était simple et l’Orine était bien placée pour savoir à quel genre de personne elle avait à faire. C’était une jeune Rehla. « Je vous en prie. » lui répondit-t-elle tout bas de sa voix claire et tendre. Certains devaient penser qu’elle était hautaine, à se tenir autant à part des autres. Pourtant, même si son statut et ses charmes en subjuguaient plus d’un, elle était une femme sensible et proche des peuples. La distance qu’elle imposait n’était que le reflet de son caractère, de son passé et de ses peurs. Il n’empêchait qu’elle se sentait souvent seule et qu’elle ne rechignait pas à un peu de compagnie, pourvu qu’on ne tente pas de la soumettre. « Ces festivités ne sont malheureusement que de la poudre aux yeux, une dérobade de la réalité. L’on tente de rire et de se moquer de ceux qui ont massacré des centaines et des milliers en oubliant qu’ils sont encore présents, qu’ils recommenceront, eux ou leurs successeurs. Un éternel recommencement. Les gens ont besoin d’espoir mais à force de s’en nourrir, ils finiront par un mourir. » Elle fit une petite pause, le temps de soupirer, les yeux fermés. « Navrée, je pense d’être de bien mauvaise compagnie, ce soir. Je trouve difficile de s’amuser et de festoyer alors que nous enterrons nos morts et reconstruisons nos maisons. Je suppose que c’est un besoin. En quelque sorte, c’est très bien. D’un autre côté c’est … » Elle laissa sa phrase en suspens, secouant doucement la tête. « Parlez-moi de vous, plutôt. » reprit-elle dans un léger sourire. « De vous, de votre peuple ou de votre Roi. » Son interlocutrice devait savoir qu’elle avait été l’amante de Caleb, sa fiancée, la mère de ses enfants, avant que sa place lui soit volée par un homme qui s’était lié à elle sans prendre la peine de lui demander son avis. « Vous êtes-vous déjà rendu dans vos terres nouvelles ? Le Sin Luxinreïs m’a vanté sa beauté. J’aimerai tant trouver le temps de visiter la Cité. » Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas revu Caleb. Il devait s’ennuyer de ses enfants. Les filles n’avaient pas quitté Maëlith ses derniers temps, préférant la sécurité à l’incertitude ; s’étaient occupée d’Adam qui n’était encore qu’un nourrisson.

Tout cela était tellement fatiguant. Les doutes et les appréhensions cédaient peu à peu leur place à une décision ferme et sûre. Lily-Lune ignorait si elle faisait le bon choix. En tout cas, c’était le sien et ce goût de mainmise sur son destin avait quelque chose de rassurant et d’apaisant. La Vénus était lassée de ses hommes et de ses femmes qui se permettaient de détruire le monde. Peut-être s’en voulait-elle particulièrement parce qu’elle était tombée amoureuse de l’un d’entre eux et, qu’envers et contre tout, il resterait son premier amour. D’un regard, la jeune femme balaya l’assemblée de masques d’or qui dansaient, riaient et buvaient. Parmi eux déambulaient certainement l’Empereur Noir, ses sbires et leurs mauvaises intentions. N’étant que très peu d’humeur, il était fort à parier que la Vénus ferait preuve d’une patience relative et qu’elle n’hésiterait ni ne regretterait l’usage de magie dissuasive envers ces personnes à l’âme en cendre. Elle ne laisserait pas des hommes comme eux prendre un quelconque pouvoir sur elle.

Spoiler: