- Vous partez ?

Je venais de croiser Alistair dans le couloir, arborant un air surpris en me voyant préparer mes affaires et seller Yshäel.

- Oui !

- Que nous vaut une telle précipitation ?

Ça se voyait tant que ça ?...

- Un affaire importante…

- Soyez plus précis Romulus. Il y a encore quelques heures vous vous promeniez dans les rues du village voisin et à présent vous faites vos bagages. Vous ne pensez pas me faire croire que tout ceci n'est motivé que par des "affaires" à régler ! C'est bien peu pour tant d'agitation !

Je soupirais avant de me redresser pour fixer du regard mon arrière arrière grand-oncle.

- Un disciple d'Ecem, voilà ce qui motive mon empressement. Je me baladais dans les rues calmes et paisibles de Hoax quand j'ai entendu ce crieur publique, il parlait d'un homme qui aurait lancé un défi en l'honneur d'un Dieu. Je lui ai demandé quel était le nom de cette divinité qui avait motivé un homme à faire tant de bruit, et il m'a répondu qu'il portait mille nom et qu'il était mon maître, assurément… J'ai proposé Ecem, il m'a répondu par l'affirmative sans hésiter ! Un Disciple D'Ecem, Alistair ! Je dois aller aider cet homme saint !

J'étais hors de moi. C'était la première fois que je rencontrais un homme qui avait foi en les mêmes croyances que moi. Le fruit du hasard ? Impossible ! Si cet homme état véritablement un fils d'Ecem, il était par là même la preuve que je ne me trompais pas, toutes ces années durant ! Tant d'espoirs défilaient devant mes yeux et dans mon esprit… !

J'avais déjà finis de préparer tout mon attirail. Me dirigeant vers la porte d'entrée, je me contentai de lâcher un "À bientôt !" à Alistair tandis que mon Thêor me suivait de près et j'eus bientôt disparu derrière les portes de bois du Manoir. Alistair restait là, un air suspicieux sur le visage… Qui donc pouvait bien croire en la même fantaisie que Romulus Eternam… ?

- On arrive, Yshä, ralentis…

L'animal, de plus en plus éveillé vis-à-vis des ordres de son maître, commençait à comprendre l'ordre "ralentis", aussi eut-il vite faits de diminuer la rapidité de ses foulées pour descendre lentement vers un petit trot - tout du moins une allure qui y ressemblait, considérant que les membres reptiliens de l'animal ne pouvaient en aucun cas imiter le rythme et les mouvements de ceux d'un équidé - avant de trouver une sorte de pas calme. De quelques mouvements de jambe et des mains, je parvins à diriger ma créature vers un coin sombre, derrière une habitation.

Je n'étais pas complètement idiot et il n'était pas dans ma nature de me jeter dans un piège sans même m'en rendre compte. Je restais prudent… J'allais à un rendez-vous auprès d'un homme qu'on m'avait vendu comme l'espoir de toute une vie mais qui m'était en réalité inconnu… Je préférais m'y rendre armé…

Avisant un passant peu vigilant, je me glissais dans l'ombre avant de le saisir de mon bras tout entier à la gorge. L'homme aurait eut largement la force de se dégager si je n'avais pas été si surprenant et vif dans mes intentions. Un coup de dague bien placé et le cœur transpercé de l'homme s'interrompit brutalement dans sa cadence rythmée probablement depuis un bonne vingtaine d'années…

Calmement, j'allongeais l'homme sur le sol et commençait à lui retirer ce qui le couvrait en haut. Apposant mes mains sur son torse où s'ouvrait la plaie béante, je murmurait :

- Perfecto Mortuarii. Enveloppe charnelle à jamais délaissée, puisses-tu revêtir le faste de tes années de gloire…

Et la plaie se referma. Je parvins même à rendre au cadavre un teint plus semblable à celui des vivants. Je profitais du fait qu'il était encore frais…

- Voix des morts, entends mon appel et donne vie à ce corps selon ma volonté, divises mon âme et permets-moi de le posséder : Necromentia

Et le cadavre prit vie tandis que je sentais mon sombre moi se relever depuis le sol froid. Je fis s'approcher Yshäel, revêtis de mes propres vêtements de rechange le mort-vivant et m'engageait sur le chemin menant aux quais, congédiant d'un geste le Thêor. Il ne restait plus qu'à trouver un nom pour ce compagnon improbable, espérer que le subterfuge serait total et en profiter pour le présenter comme muet…

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Comme à son habitude, l’air frai de la mer était agréable. Le sable amortissait le bruit des sabots d’Aeris, et la sensation de sautillement me faisait penser à un manège. Un manège calme et long, bercé par le son des vagues venant s’écraser sur les rochers. Il n’était pas rare que je parte dans des envolés lyrique, bien que cela devait agacer mes compagnes. Nous profitions de ce bel après-midi pour nous promener sur la plage. Ma fidèle jument Aeris semblait ne pas être gênée par mon poids, et ma petite Fae Castiella s’amuser entre les oreilles de l’animal.

Je ne pouvais m’empêcher de penser aux récents évènements. Il y avait bien longtemps que je n’avais plus remis la nageoire dans la Cité Engloutie, et y retourner m’avais fait le plus grand bien. Je n’en avais pas profité, mais peut être devrais-je aller faire un tour dans mon ancienne maison pour prendre des nouvelles de ma famille. Voilà plusieurs mois que je les avais quitté et depuis ils n’avaient reçus aucune nouvelle. Je ne pensais pas qu’ils s’inquiétaient, mais je ne supportais pas l’idée d’être partie comme une voleuse, sans leur laisser la moindre explication.

J’aurais pus continuer cette réflexion encore longtemps, mais quelque chose attira mon attention au loin. Un petit groupe composé d’une dizaine de personnes était assemblé sur le sable. Ils semblaient regarder un homme habillé de façon très méticuleuse. Ma curiosité attisée, j’ordonnais à Aeris d’aller les rejoindre, manquant de faire tomber Castiella de ses oreilles. Une fois sur place, j’observais le curieux homme faire son discours. « Mesdames et Messieurs, je viens vous porter un message de la plus haute importance. D’ici peu de temps, l’illustre Seigneur Lakus et la sublime Dame Weidan s’affronteront en duel par l’intermédiaire de représentants. Je suis ici pour vous permettre d’en faire partit. Vous ne le regretterais pas, je puis vous l’assurer. Venez participer à une grande aventure. » Je ne comprenais pas très bien en quoi un combat était synonyme de péripéties, mais cela m’étais égale. Au moment où le crieur avait commencé son récit, je sus qu’il s’agissait d’un travail pour moi. Mais cela n’était apparemment pas le cas de tout le monde. « J’aurais bien voulu donner de ma personne mais mon époux à besoin de moi à la maison. » « Le mien aussi, et c’est vraiment dommage car il parait que le Seigneur Lakus est l’un des plus beau de ces terres. J’aurais tellement aimé le rencontrer. » « Moi j’ai entendus dire que Dame Weidan était également doté d’une grande beauté, mais que de plus sa bonté était envié par tous. »

Les avis étaient divers et variés, mais tous revenaient à un seul point : aucun de ces hommes et femmes ne participeraient à l’évènement. Voyant cela comme une chance, je descendis du dos de ma monture pour m’approcher du crieur. Celui-ci me regarda avancer avec des yeux pétillants de joie. « Je me nomme Nixy Melodiam et je souhaiterais participer à cette rencontre. » L’homme me fit un sourire, toutes dents dehors. « Très bien Mademoiselle, dans ce cas il vous faudra vous rendre au Port dans les plus bref délais. C’est là bas que vous trouverez de nouvelles indications à suivre. » J’opinais de la tête toute en me redirigeant vers mes amies. Mais je n’eus pas le temps de les atteindre qu’une femme me saisit le poignet, m’arrêtant brutalement. Il ne s’agissait pas d’une des personnes ayant parlé ultérieurement. « Je vous prie d’être prudente jeune fille. Certes je n’ai entendu que des choses positives sur les deux meneurs de jeu, mais un petit oiseau est également venu siffler à mes oreilles que certains de vos concurrents étaient très dangereux. Je vous demande donc de faire attention. » Sa mise en garde me toucha plus qu’elle ne m’effraya. Cela me fit plaisir que quelqu’un s’inquiète pour moi. « Je vous remercie pour cet avertissement Madame, mais ne vous en faites pas je serais me défendre. » Je n’aurais jamais pensé dire cela il y a quelque temps, mais les derniers évènements de ma vie m’ont fait grandir et la peur ne s’insinuer plus aussi facilement dans mon esprit.

Enfourchant ma jument, j’adressais un dernier regard à la foule. « En avant Aeris, notre prochaine destination, le Port. » Se cabrant et hennissant, l’équidé se mis à partir à toute vitesse dans cette direction, manquant une nouvelle fois de faire tomber la petite Fae. Malgré la faculté de mon amie à courir très rapidement, nous n’atteignions le lieu des bateaux qu’au milieu de la nuit. Une fois arrivé près des bâtiments de navigation, je me laissais tomber de ma monture. Castiella, excitée comme une puce sauta sur mon épaule. « Alors quel est la suite de la fête ? » Soupirant, je l’arrachais de mon corps pour la reposer entre les oreilles de ma jument. « Désolé Castiella, mais sur cette mission je ferais cavalier seul. On ne sait pas ce qui va se passer. Et puis tu as entendu cette dame, des personnes très fortes vont participer à ce combat et je ne pourrais pas me concentrer si je dois te protéger. » Je vis des larmes commençaient à perler dans les yeux de mon amie, mais je tentais de les ignorer en lui tapotant gentiment la tête. Toute en m’éloignant j’adressais un message à Aeris. « Veille bien sur elle pendant mon absence. » Mon amie leva l’une de ses pattes, un signe pour montrer son accord. C’est ainsi que je partie dans la nuit noire en direction des bateaux accostés.

Des bruits de pas effrénés dans les couloirs, une respiration haletante et soudain, un clac, bruyant et caractéristique. Une porte, un visage, une collision inévitable. La Reine sortit en trombe de sa chambre, paniquée par cette arrivée soudaine, et ne fut que plus surprise de trouver l'Elfe de Cristal joncher le sol, se tenant le crâne dans quelques gémissements de douleur. « Mithrandir ! Qu'est-ce que vous faites ici, en plus par terre ? ». Elle s'agenouilla à ses côtés pour s'assurer de son état, tentant de l'aider à se redresser. Ce dernier, peinant à retrouver l'équilibre, plongea son regard dans le sien, quelque peu perturbé par les agissements de sa souveraine et même jeune amie qui se comportait comme si de rien n'était. Se collant au mur, il le longea difficilement pour se relever complètement, avant de plonger son regard dans celui de la Reine qu'il admirait tant et qu'il n'aurait jamais imaginé lui cacher tant de secrets. « Vous n'avez pas quelque chose à m'avouer, ma Dame ? ». La blonde fronça les sourcils, plissa les yeux, prise d'incompréhension. « Je vous demande pardon ? ». Son ton se fit plus sec, plus autoritaire. Elle avait toujours eu du mal à tolérer que l'on s'immisce dans sa vie privée, mais qu'on pense qu'elle puisse cacher quelque chose d'essentiel.. C'est presque si elle aurait pu être outrée par cette accusation qui ne faisait pas sens.

L'Elfe de Rubis prit une grande inspiration, craquant les os de ses mains nerveusement, avant de poursuivre. « Vous n'avez pas entendu les rumeurs qui se trament dans les terres du yin et du yang récemment. ». Posant une main sur son front pour en dégager quelques mèches blondes, l'Elfe Éternelle laissa un long soupir s'échapper de l'entre ouverture de ses lèvres. « Non. Je n'ai pas vraiment la tête à ce genre de choses, et je ne me suis jamais intéressée aux potins, je pensais que vous aviez le même avis que moi sur la question. Forcée de constater que je me suis trompée. ». Elle s'apprêtait à retourner dans ses appartements quand il la retint, par sa simple intonation de voix. « Un duel va avoir lieu, et il semblerait que vous soyez concernée par cette affaire. Je ne serais pas venu vous chercher sans aucune raison, vous vous en doutez bien. ». Elle s'arrêta dans sa démarche, se retournant très lentement, de manière presque lugubre. « Je suis.. concernée.. par un duel, vous dites ? ». Un petit sourire enjoué sur le visage, elle se tourna complètement, lui faisant face. « Et puis-je savoir en quoi je suis censée prendre place dans cette histoire loufoque ? ». Il poursuivit, juste à la suite de ses paroles, alors qu'elle prenait une gorgée de son chocolat chaud, quasi las. « Il se dit que vous allez épouser l'un des gagnants. ».

Manquant de recracher le liquide chocolaté qu'elle savourait tant il y a quelques secondes, elle toussa pendant quelques instants avant de se reprendre. « Vous plaisantez, n'est-ce pas ? ». Un air de soulagement apparut sur le visage de l'Elfe de Rubis. « Oh.. Vous n'êtes pas au courant. Je suis soulagé. Ce n'est donc qu'une rumeur sans fondements. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je me sens mieux à présent. ». Une fois que le choc fut quelque peu passé, la Reine se redressa, balançant sa longue chevelure dorée en arrière en plaçant une mèche derrière son oreille fuselée, amusée. « J'aimerais savoir de quoi il en retourne. Qui sont ces fameuses personnes qui vont s'opposer en duel, et pour quelle raison ? ». Sans montrer aucune opposition, Mithrandir s'expliqua sur ce qu'il connaissait des potins récents. La reine ne put alors retenir un rire. « Vraiment ? Il y a une sorte de recrutement pour s'engager pour l'un des deux concurrents. ». Elle sembla réfléchir pendant quelques secondes. « Dame Weidan et Seigneur Lakus.. ». Puis elle se remit doucement à rire, joueuse. « Ce sont des noms amusants. J'ai toujours été du côté des femmes après tout, en étant une, solidarité oblige. ». L'Elfe de Cristal peinait à comprendre, désarçonné. Elle passa à côté de ce dernier, lui faisant un bref signe. « Je sors, Mithrandir. Prenez-soin du Palais en mon absence, et n'hésitez pas à me contacter si quelque chose arrive. ». Et, s'approchant, une fois sortie, du premier crieur public, elle donna son nom, enjouée. « Mircella Rumblee. Pour Dame Weidan. ». Puis se rendit, à la tombée de la nuit, au Port.

765mots

" Je pourrais vous le dire en alexandrin si ça vous chante, mais contentez-vous de comprendre que vous devriez fermer votre clapet ! Gueula un Marcheur bourru, on approuva quelque peu son initiative avec des acclamations discrètes.
- Pas la peine d'être désagréable ! Répondit tout aussi fort une citadine. A Ciel-Ouvert, libre à chacun de faire entendre sa voix ! Le débat de cette envergure avait duré une bonne dizaine de minutes avant son arrivée, Lime ne savait presque plus où se mettre avant qu'on finisse par remarquer cette grande blonde aux muscles saillants.
- Ah ! Voilà la solution : Latone peindra votre annonce sur le Mur des Lamentations, qu'en dites vous ?
- Oui, parfait, excellent ! S'extasia le crieur public au style vestimentaire fabuleusement déroutant ; des couleurs chatoyantes et variées cernaient son accoutrement atypique pour les roturiers ternes de la cité. Vos dessins barbares siéront à merveille au Seigneur Lakus, j'ose espérer qu'une caricature de Dame Weidan sera également la bienvenue ! Son chant infect dégoûta de plus belle les protestants qui grognèrent dans leur intonation typiquement montagnarde.
- Les Marcheurs ne prennent pas parti, surtout pas pour des nobliaux dont on ne connait que le nom. " Les plus conservateurs étaient catégoriques de ce côté-là.

" Il parait qu'il y a un duel entre les deux ? Lança-t-elle tout d'abord, pour justifier sa présence et conforter dans leur idée respective qu'elle était réellement la combattante hardie en quête de défis.
- Tout juste ! S'exclama le brailleur, son grand sourire toujours au rendez-vous. Nos humbles duellistes quémandent l'aide de grands champions partout dans le monde ! Évidemment, en ma compagnie, vous ne pourrez que postuler pour mon maître, mais je vous déconseille, si tel est dans vos intentions, de partir en guerre sous la bannière de Dame Weidan. Lime mima parfaitement la décontenance caractéristique de Léto – quoiqu'elle était plutôt adepte de ceci aussi – avec ce léger penchement de sa tête et ce haussement de sourcil.
- Ah bon ? Pourquoi ? Ce n'est pas bien de défendre Dame Weidan ?
- Là n'est pas la question, ravissante grande Dame extraordinairement virile, il serait plutôt bon ton pour vous de combattre pour le Seigneur Lakus, car lui-même est féru d'affrontements grandioses et il n'est pas chiche en récompenses ! Qui sait ? Peut-être vous accordera-t-il une danse endiablée si vous sortez vainqueur en son nom… En un instant, le visage de Lime fit apparaître son état totalement convaincue, voire charmée.
- Il adore les grandes mêlées lui aussi ? Et il aime danser ? La métaphore du combat lui avait échappé, encore une étrange adéquation avec le caractère de la blonde. Génial, j'ai hâte de le rencontrer ! Je signe pour lui ! " Ce n'était pas un combat pour ce fameux seigneur, ce n'était pas plus un combat pour la Marche Terne, non, c'était un combat pour Léto, un épisode qui risquait de fortement marquer la génie insouciante. Malgré les risques, celle-ci ne fit pas demi-tour sur le chemin en direction du Port, la nuit tombée.

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Mancinia avait été interpellée alors qu'elle cherchait un énième outil capable de l'aider dans son travail. Ce n'était que le hasard, bien sûr, qui avait voulu qu'elle entende cette annonce d'un duel qui opposerait deux nobles sans doute perclus d'ennui. Ça ne l'intéressait guère, mais ce n'était pas le cas de Kamiya. Ce dernier trépignait sur son épaule à l'entende du mot « trésor » ! Son compagnon n'hésita pas à lui dire que cela pourrait être amusant de se changer les idées, mais elle ne se laissait pas embobinée par de douces promesses de richesse. Bien que déçu de tels propos, il n'alla pas plus loin et cela fendait un peu son coeur de lui faire un coup pareil, promettant intérieurement de se rattraper plus tard. Pourtant, l'affaire était loin d'être terminé. En traversant les rues, la demoiselle entendit des rumeurs sur cette mystérieuse chasse, qui semblait cacher bien plus qu'un simple concours organisé à la hâte. Il n'était pas rare que deux seigneurs rivaux se décident brusquement de s'affronter pour des broutilles, mais de là à le faire crier sur tous les territoires. Y compris Utopia. L'Humaine ne savait que dire contre ses rumeurs qui enflaient de manière démesurées, elle-même se surprenait ralentir pour les écouter. D'ailleurs, cette fâcheuse tendance à le faire l'agaçait ! Elle avait tant entendus de choses délurées qu'elle n'aurait su dire ce qui était vrai et ce qui ne l'était pas.

A titre d'exemple, le Seigneur Lakus était un fervent croyant, tellement vertueux qu'il aurait promis sa virginité et sa main à celle qui le battrait lors d'un Jeu qu'il aurait lui-même organisé, d'autres qu'il était son fils et qu'il avait besoin de la vaincre pour obtenir son autorisation d'épouser l'Elfe Éternelle. Bien entendu, d'autres rumeurs moins glorieuses parvenaient à ses oreilles ; Dame Weidan serait une marchande féroce qui aurait promis au Seigneur Lakus d'épargner ses commerces si il remportait la victoire, dans le cas contraire, elle s'emparerait de tous ses biens ! Que croire ? Des rumeurs n'étaient pas des faits et sa seule chance était d'aller voir par elle-même, sans même être certaine d'avoir les réponses à ses interrogations. Kamiya se dandinait sur son épaule, friand des nouvelles aux alentours. Que dire si ce n'était que ce crieur était parvenu à son but ? Coassant pour l'encourager à prendre part à cette aventure. Lui, il se fichait de qui ils représenteraient, tant qu'ils s'amusaient, mas sa maîtresse n'était pas de cet avis. Elle préférait prendre partit pour une personne juste, mais elle ne pouvait connaître la véracité des propos, qu'ils soient bons ou mauvais. Alors, elle choisit de se souvenir ce qu'elle avait dit à Dana, à Somnium. Dans la vie, tout n'est qu'une question de choix.

— Excusez-moi ? demande l'Humaine en s'approchant d'un des racoleurs.
— Ouiiii ? claironna celui-ci avec force.
— ...Vous travaillez pour Dame Weidan ?
— Mais oui ! Absolument que oui !

Son visage venait de s'illuminer tandis qu'il s'approchait d'elle en souriant à pleine dents. Oui, cela coulait de source, n'est-ce pas ? Ce n'était pas comme si l'information était indiquée sur son front, mais soit. Pour peu, cet homme lui aurait fait peur et elle l'aurait embroché sur sa lance, mais ce n'était sans doute pas la meilleure chose à faire. Hochant la tête, elle voulut poursuivre, mais le crieur la coupa dans son élan ;

— Ne dites rien ! Votre âme noble et droite à compris l'importance d'un tel acte !
— C'est...
— Dame Weidan est une fervente croyante de l'Aether de la Justice, c'est pourquoi elle était persuadée que de valeureux combattants Humains, ayant la même foi qu'elle, viendraient à sa rescousse au cours de cette épreuve !
— Kahince, rit Kamiya. Nous revoilà partit dans de grandes conversations intérieures !
— ...Non. Je vais seulement m'inscrire, hein.
— Oh, mais oui ! Elle avait raison, vous voyez ! Signer de votre nom ici, en bas du formulaire, s'il vous plaît !

Bien que décontenancé par l'attitude du recruteur, Mancinia fit ce qu'il lui dit sans chercher plus loin la raison de sa bonne humeur. Constatant que tout était en ordre, il lui fournit d'autres indications ;

— Nous partirons lors d'une nuit sans lune vers le cadre de ce défi qui oppose les deux adversaires ! Veuillez-vous rendre au Port lorsque le moment venu !

Partir de nuit, sur un navire, vers une destination inconnue ? Qui pouvait vraiment accepter ce genre de chose ? Certainement peu de monde, d'où l'avertissement en retard. Bon, maintenant qu'elle était décidée, elle n'allait plus faire marche arrière. Il lui fallait une monture rapide, la marche serait bien trop longue. L'Humaine n'allait pas voir le bout de son voyage avant un moment. Sans perdre une seconde pour être à l'heure au rendez-vous, Mancinia partit chercher ce qui lui semblait nécessaire pour son voyage, mais aussi pour un tel périple dont tout lui était inconnu. Jusqu'à celle qu'elle défendait. Qui sait ce qui les attendait ? Après un au revoir à sa mère, elle partit avec son fidèle compagnon aux ailes noires, frétillant de bonheur, en direction du Port.

847 mots
Et vingt-deux d'antimagie, bonne chance