HRP:

Je faisais partie des premiers arrivés aussi eu-je le loisir d'observer les autres participants. Néanmoins, les visages défilèrent sans imprimer ma mémoire. Mais dans ma paisible contemplation, je finis par ressentir l'intensification de ce lien indéfectible, celui-là que j'avais appris à effacer de mon attention pour qu'il cesse de me perturber au quotidien… Lumi… Elle approchait, je le sentais. Dire que je ne l'avais pas vue depuis notre entraînement… Depuis l'incident… Si toutefois on pouvait qualifier cet abus prémédité d'accident...

Lumi…

Comment te sens-tu ? M'en veux-tu ? Me détestes-tu ? Saurais-tu m'expliquer pourquoi cela m'importait autant ? Si seulement tu acceptais de venir me voir pour me dire ce que tu as sur le cœur…

Et en effet, je la vis, à travers la foule, de mes yeux et à travers ceux de mon sombre moi, si bien inconsciemment je la fixais de mes quatre pairs d'yeux que nul ne pouvait me soupçonner de posséder puisque, en apparence, l'une au moins appartenait à un corps semblant vivant tout à fait désolidarisé du mien… Un autre être vivant et pourtant mort…

Je ne me permis pas pour autant de l'approcher, espérant simplement qu'elle me regarde, qu'elle me fasse un signe, qu'elle me communique le sentiment qu'elle éprouve en pensant à moi…

Mais je n'eus le loisir de poursuivre ma contemplation bien longtemps : un événement improbable et imprévu survint, celui qui fait la hantise d'un sorcier, celui qui nous dévoile comme la lumière du soleil au douze coups de midi.

Cela commença par la rupture progressive mais suffisamment rapide pour que je m'en rende compte, de mon lien avec Lumi. Avant que je n'ai le temps de comprendre ce qu'il m'arrive, je perds la vue. Non… Je vois toujours… Alors pourquoi ai-je soudain l'impression de moins bien voir ?

Je réalise enfin : mon sombre moi vient de s'éteindre. Au même instant, un bruit sourd résonne soudainement et je prends conscience de ce qui vient de se produire avant même de me retourner pour observer la scène : mon mort-vivant vient de perdre la vie, de retourner à l'état de cadavre, de s'effondrer devant une foule de spectateurs… !

"m*rde ! " pensai-je aussitôt. Je ne pouvais pas le laisser là. D'abord parce que ça risquait de paraître suspect et ensuite parce que j'avais besoin de lui. Avisant l'une des personnes qui semblaient vraiment préoccupée par ce qui venait de se produire, et tout en m'accroupissant pour me saisir le bras de mon cadavre et essayer bon an mal an de le porter, je lançai :

- Vous pouvez m'aider, s'il-vous-plaît ?

Est-ce que cette personne avait été trop tétanisée pour réagir ou bien avait-elle pensé que je n'avais pas besoin d'elle ? Peu importe, elle finit par me donner un coup de main et aux premiers contacts, je commence à lui expliquer pour dissiper tous soupçons :

- Ne faites pas attention à son état. C'est un être à constitution magique. Il vient tout bonnement de s'évanouir. Je ne sais pas qui est le fou qui pense que laisser un humain en liberté est une bonne idée, mais en tous cas il faut l'éloigner d'ici avant que son état ne s'aggrave.

Oui… Surtout ne faites pas attention à son état. Ne remarquez pas que sa peau est froide comme celle d'un mort, que sa pâleur va de pair et qu'il n'a aucun poul, contentez-vous de croire en ce que je vous dis et tout ira pour le mieux… Expliquez toutes ces étrangetés par le fait que c'est un être rarissime… Voilà ce qu'était ma pensée en cet instant tandis que nous hissions le corps à l'écart du rassemblement…

- Merci. Ça va aller comme ça, je vais pouvoir me débrouiller seul à présent.

Avec tout cela, je n'avais même pas eu le temps d'imprimer le visage de celui ou celle qui m'avait aidé…

- Romulus Eternam, m'exclamai-je, lorsque l'organisatrice des préparatifs vint à me rencontre. Je suis désolé, j'aurai du le faire inscrire mais il est arrivé un peu à la dernière minute…

Il sembla que cela ne posait pas de problème majeur. J'imagine qu'un participant de plus ou de moins n'était pas ce qui inquiétait les adversaires pour lesquels nous allions nous affronter…

On m'indiqua le navire de droite, ce qui m'arrangeait puisqu'il l'humaine était allée sur celui de gauche, bien que je n'en susse rien.

Théâtral, je fis semblant de traiter mon cadavre comme un souffrant se réveillant d'un malaise alors qu'en vérité ma magie avait pleinement réintroduit son corps, jusqu'à atteindre notre cabine dans laquelle je me permis un peu de repos. Avant que je n'ai le temps de décider de rejoindre le reste de l'équipage, quelqu'un frappa à ma porte… Qui cela pouvait-il bien être ?

867 mots

HRP :

Jil bailla. Ou plutôt, elle tenta de donner au marin qui lui faisait face un aperçu de ses molaires, tout en émettant un bruit proche du barrissement. L’intéressé l’observa d’ailleurs un instant, habité par un sentiment à mi-chemin entre l’admiration et le dégoût. L’Élémentale ne se contrôlait pas vraiment : il était tard, et elle avait l’habitude de se coucher plus tôt que ça, sans parler du voyage de la veille, qui avait sapé ses maigres forces. La lueur tamisée des torches et la présence d’une petite foule à ses côtés la plongeait dans une léthargie agréable, et de temps à autre, ses paupières papillonnaient avec lourdeur. Ils étaient plantés là depuis quelques dizaines de minutes déjà, à attendre qu’on les fasse monter sur les splendides bâtiments qui flottaient à quelques encablures de l’embarcadère. Ils étaient obligés de passer les uns après les autres, pour obtenir leur broche et leur assignation ; et cela prenait du temps. Elle jeta un regard aux alentours, observant silencieusement les volontaires discuter entre eux, se demandant comment est-ce qu’ils faisaient pour ne pas tomber de fatigue. La plupart étaient même très en forme. Au loin, elle vit un homme s’affaler au sol, et un autre le trainer jusqu’au bateau. Au moins, elle n’était pas seule, songea-t-elle en souriant, la bouche pâteuse. Thor lui ne semblait pas particulièrement affecté. Sa maitresse s’accroupit pour se mettre à sa hauteur, et l’enlaça en plongeant le visage dans sa fourrure. C’était si doux, si chaud… « Gaaaaaaah… Juste une petite seconde, je vais fermer les yeux une pet- ». Elle commença à ronfler doucement en s’affalant sur l’animal. Une paire de secondes plus tard, elle perdait l’équilibre et se réveilla en sursaut : « Ghueh ? Hum ? Hein ? ». La jeune rousse essuya du plat de la main la bave qui avait commencé à couler au coin de ses lèvres, et se redressa en gémissant de douleur, moulue de courbatures. « Bon, mais quand est-ce qu’on y va ?.. ». Un autre homme quitta la foule pour aller chercher sa broche. « J’ai faim.. ». Elle vit une femme s’insurger après avoir été envoyée vers le mauvais navire - ce qui la fit rire, un peu. « Pis j’ai soif, aussi.. ». Un autre homme, pas très grand. « J’ai mal au ventre… ». Deux femmes, une rousse, une auburn, chacune bien plus belles qu’elle, et qu’elle observa de loin, un brin jalouse. « J’ai envie d’aller aux toilettes. ».

Et c’est sur cette dernière déclaration que la jeune femme décida de prendre sa vie en main, en trottant jusqu’au comptoir, dépassant par la même occasion un homme d’un certain âge qui grommela dans une langue étrange. Elle lui fit un petit geste de la main, d’un air désolé, et se tourna vers la somptueuse femme qui répartissait les volontaires entre les deux bâtiments. « Bonj- vous êtes éblouissante. Bonjour ! Soir ! Bonsoir ! Je m’appelle Jil ! Voilà, je me suis inscrit à Avalon pour participer, et je suis – je crois – dans – non, c’est sûr, en fait – dans l’équipe du Seigneur Truc. Trukus. Layden. Ladaden. Kobratatus. Lipalou. Lakus ? Ouais, Lakus. Voilà voilà. Vous êtes vraiment jolie. C’est… Vos cheveux, c’est naturel, n’est-ce pas ? Moi aussi. Copines de cheveux ?!  ». En criant cette dernière phrase, elle leva la main, s’attendant à ce que l’autre lui rendre son salut, sans succès. L’organisatrice la regarda avec un regard chargé de pitié que Jil ne sut pas saisir en tant que tel. Sans se décourager, elle baissa la main après quelques secondes, et attendit son assignation tout sourire, les mains jointes. La sulfureuse femme parcouru ses notes d’un regard, et tenta de prononcer le nom de famille de Jil, décidant rapidement d’abandonner devant l’ampleur de la tâche. Puis elle lui désigna le navire de gauche, et l’institutrice s’y rendit avec un entrain renouvelé, rassérénée par l’idée d’y trouver une couchette et un endroit où faire ses besoins. Elle grimpa rapidement la planche qui menait jusqu’au pont du bateau et à peine arrivée, on lui tendit une broche de nacre, représentant un corbeau noir de jais. « Ouaaaah. Je vais la mettre… Là. Non. Là. Non. Là. Non. Hum… ». Elle attacha la broche à l’arrière du foulard de Thor. « Ouais, là. ». Le marin qui lui avait donné la broche sembla sur le point d’émettre une objection, puis il haussa les épaules et tendit une autre broche au suivant. Jil, elle, dû attendre quelques instant que sa vue s’habitue à l’obscurité qui régnait, le pont étant seulement éclairé de quelques lanternes, dont l’éclat brillait nettement moins que les torches qui illuminaient le port. Beaucoup de personnes se trouvaient là. Certaines étaient visiblement rompues à la navigation, et s’occupaient de tresser certaines cordes selon un schéma de nœud bien spécifiques ; d’autres, comme elle, observaient les alentours, sans vraiment savoir de quoi il en retournait. Un second homme lui remit une clef et la conduisit jusqu’à sa chambre, une petite pièce coquette où une couchette, encastrée dans la paroi, était surmontée par une paire de placards, qui contenait déjà un sac d’affaires scellé. Le marin insista sur ce point : elle ne devait en aucun cas l’ouvrir avant que l’on ne l’invite à le faire. L’Élémentale bougonna un peu, mais finit par promettre de ne pas y toucher, pressée d’aller découvrir le navire, et surtout impatiente de trouver les latrines.

Après avoir fermé sa porte et avoir fait faire un tour à la clef dans la serrure, elle commença à déambuler dans les coursives exiguës du bateau. Sans surprise, elle était perdue après quelques tournant, et c’est une fée taciturne qui lui indiqua la direction de la grand’salle. C’est là-bas que se retrouvaient les passagers, là qu’ils pourraient apprendre à faire connaissance. Quand elle y parvint, s’y trouvaient déjà plusieurs personnes. Certaines rayonnaient d’une aura de calme et de confiance en soi, d’autres, plus discrètes jetaient des regards timides à droite et à gauche. Elle reconnut immédiatement une jeune femme qui les avait croisés, elle et Thor, un peu plus tôt. Les gens l’observaient avec une certaine méfiance, sans que Jil ne parvienne à comprendre pourquoi. Par esprit de contradiction et par compassion, elle s’en approcha, entrainant son chien avec elle, un large sourire dessiné sur le visage. « Hé, salut ! ». Jil battit des paupières un instant, sentant que quelque chose n’allait pas, et vacilla légèrement. « Woah… Eh… Eh ? Non, ça va. Attends… Non, ça va. ». Une sensation étrange la saisit, sans qu’elle parvienne à mettre le doigt dessus. Sûrement le mal de mer. « Donc, ouais, salut ! Bonsoir ! Ou bonne nuit. Même si on va pas dormir tout de suite. Je m’appelle Jil ! Et toi ? Enfin… "Et toi, tu t’appelles comment ?", pas "Et toi, tu t’appelles Jil ?". Parce que ça serait bête. ». Elle s’interrompit en bredouillant : « Sauf si tu t’appelles aussi Jil, hein ! Ce qui serait pas bête du tout, en fait, ça serait même méga cool ! Genre copines de nom ! ». Thor, à ses côtés, sembla s’agiter, et elle lui caressa le sommet du crâne. « Oh, et lui, c’est Thor ! C’est mon chien ! ». Ses mots résonnaient d’une fierté sans commune mesure. Elle gonfla la poitrine en grattant la fourrure entre les deux oreilles de son compagnon. « Il est beau, pas vrai ? ». Sa bouche s’ouvrit en un rond parfait lorsqu’elle aperçut le corbeau qui siégeait sur l’épaule de son interlocutrice. « Oooh ! Un corbeau ! Comme sur la broche, tiens ! Il a un nom ?! Bonjour, toi ! Gouzi gouzi ! ». Les mains sur les hanches, Jil inspira profondément pour reprendre son souffle, soulevant ostensiblement sa poitrine. Cette expédition lui plaisait déjà.

Rp Spécial – Le duel
« M. et Mme Smith »

Même de là où je me trouvais, je pouvais entendre le son des vagues glisser doucement sur la coque des navires. L’air marin s’échappait des côtes et venait s’immiscer sournoisement dans les ruelles qui avoisinaient le Port. Sous l’éclat des Lunes, gouvernantes des cieux nocturnes, je méditais quelques secondes sur la décision que je venais de prendre, si précipitamment. Et si toute cette histoire n’était qu’une grande farce? Et si je m’étais fait avoir dans je ne savais quel traquenard? Pourtant, même en sachant que ce duel ne m’avait, pour l’instant, rien coûté, je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter. J’aurais mieux fait d’aller directement demander de l’aide à Miles… Me mis-je à songer, alors que je m’éloignais du mur sur lequel j’étais adossé. Je venais à peine d’arriver en ville que je nourrissais déjà des doutes quant à ma participation à ce jeu. Est-ce que la reconstruction du village valait la peine que je m’engage ainsi dans une telle expédition mystère? Oui, bien sûr, sans aucun doute, mais la décision que j’avais prise n’était pas la plus facile, disons-le. Cependant, je n’aimais pas particulièrement m’incruster ainsi, sans prévenir, et demander rapidement des fonds pour la reconstruction d’un village perdu dans les plaines du Berceau Cristallin. Nous n’étions pas grand-chose pour ce vaste monde, c’était le moins que l’on pouvait dire, et même si je savais que Miles n’aurait eu aucun problème à piger dans sa fortune, gagnée aux précédents jeux de la Coupe des Nations, je savais également qu’il avait de quoi s’occuper avec ses propres problèmes. Tandis qu’une telle opportunité, tendue à mes bras, se présentait: un homme et une femme qui cherchaient des volontaires pour un duel et la récompense, ils nous l’offraient à bras ouverts. Puis, c’était belle et bien d’une chasse aux trésors que l’on parlait ici, n’est-ce pas? J’imaginais que j’aurais le droit à une belle rémunération pour ma participation, suffisante, je l’espérais, pour changer la vie de mes voisins, de mes amis, de ces enfants, qui habitaient notre petit village détruit. Je serrais mes doigts dans mes poings et d’un pas ferme, assuré, je m’éclipsais dans la nuit tombée, devenue noire par l’absence de l’astre du jour. J’avais un rendez-vous à ne pas manquer au Port.

Je pouvais voir les autres participants non loin. Ils s’étaient rassemblés devant deux grands navires qui me firent déglutir. Depuis le Chaos de l’Océan, cette traversée qui m’avait semblé interminable, voyager en mer me donnait presque des nausées. Ainsi, alors qu’auparavant, le son des vagues m’apaisait, aujourd’hui, j’en avais une peur phobique. En espérant que le voyage se passe calmement… Je craignais, néanmoins, le pire. Je m’avançais toujours vers les quais quand j’aperçus du mouvement à proximité et, doucement, je me retournais à l’entente d’un juron. Je m’approchais d’abord lentement avant de me figer sur place en voyant ce qu’il se passait.

« Mais qu’est-ce que…!

- Vous pouvez m'aider, s'il-vous-plaît? »

Je regardais aux alentours avant de comprendre qu’il s’adressait à moi. Je restais immobile quelques secondes, tentant de trouver une explication logique au fait qu’un homme en traîne un autre alors que ce dernier semblait complètement… mort. Il avait la peau cadavérique, blanche, presque grise… Doucement, je les rejoignis avant de passer le bras du… hum… malade? sur mes épaules. Ce ne fut pas bien long avant que l’homme qui m’avait interpellé ne défende cette étrange situation dans laquelle plusieurs participants l’avaient surpris. Un être à constitution magique? De même, mon regard glissa aussitôt vers la femme blonde que tout le monde dévisageait d’un œil mal à l’aise. C’était une Humaine, l’épicentre vers laquelle notre Magie semblait se faire avidement aspirer. Aussitôt, l’explication que m’avait fournie l’homme me semblait plus que plausible et je l’aidais à transporter son ami loin de l’Humaine, avec plus de confiance.

« Merci. Ça va aller comme ça, je vais pouvoir me débrouiller seul à présent.

- J’espère qu’il se portera mieux… Il semble vraiment malade, le pauvre. »

L’homme s’éloigna prestement avec son fardeau et je me mêlais dans la foule, cherchant des yeux la longue chevelure rousse que j’avais aperçu tout à l’heure et qui semblait assigner les participants à leur bateau respectif. Cela me prit un certain temps avant de la débusquer dans cette foule, puisqu’elle allait d’un bord et de l’autre du rassemblement, allant à la rencontre de tous les participants. Néanmoins, je finis par la retrouver: une jeune fille, dont les cheveux étaient d’un roux insolent tant ils étaient flamboyants, s’était approchée d’elle à la manière d’une souris qui voudrait s’entretenir avec un chat. Je m’approchais des deux femmes, attendant patiemment que mon tour ne vienne, et il ne tarda pas puisque la chargée de l’assignation des participants porta bien vite son regard dans mes yeux et je soutins ces iris avec tout le calme dont je faisais preuve.

« Nom et prénom?

- Friedrick, tout simplement. »

Je n’avais pas cru nécessaire d’ajouter mon nom de famille à ce formulaire. Je méprisais ce nom, les Uokel.

« Friedrick? Hum… Ah! Je vous ai trouvé. Votre navire est celui de droite.

- Merci beacoup. »

Je regardais aussitôt le vaisseau en question, m’avançant jusqu’au pont. Là, un marin m’arrêta à l’entrée et je lui soumis les propos de la belle jeune femme. Acquiesçant d’un signe de la tête, le marin me fit signe de tendre ma main, ce que je fis, et il laissa quelque chose tomber dans ma paume.

« Félicitation, tu es dans l’équipe de Sir Lakus. Voici donc les clés de ta cabine et… hum… Ah oui! À l’intérieur, tu trouveras un paquetage, mais tu ne dois l’ouvrir sous aucun prétexte, me suis-je bien fait comprendre? »

Auscultant la profondeur de ses iris verdâtres, je finis par hocher de la tête, passif. Satisfait, il se décala d’un pas sur le côté pour me permettre d’entrer dans le navire, et je passais le seuil en contemplant la broche que je tenais en main. C’était une colombe, les ailes étendues, qui brillait d’un blanc pur et laiteux. Un sourire s’étira sur mes lèvres à cette vue, et un soulagement indescriptible détendit chacun de mes nerfs.

« Je suis monté dans le bon vaisseau. » Soupirais-je en souriant, convaincu d’avoir fait, finalement, le bon choix en choisissant le camp du Seigneur Lakus.

Me glissant dans les différents niveaux du navire, je finis par atteindre ma cabine et je l’ouvris avant de pénétrer à l’intérieur.

« Bon… Je peux me détendre un peu je crois. »


❧ 1 091 mots
Deux posts dans le navire o/

Figure déroutante d’un paradoxe saisissant, Tomoe avait l’apparence digne, haute et sévère que l’on présageait aux Sorcières de nobles lignages, avec sa robe sombre et des bijoux sobres, une coiffure serrée et un trait de noir sous les yeux. Pourtant, quelque chose de touchant se dégageait de son comportement, lui conférait des airs d’enfant égaré dans un monde trop grand. Troublée par sa présence en ces lieux et embarrassée par les foules et la cohue, la jeune femme avançait d’un pas lent et hésitant, tapotant ses longs ongles peints sur l’or du bracelet qui ornait l’un de ses poignets. Elle ne se sentait pas à sa place et brûlait de faire volte-face, de retourner au Domaine Borgia et de s’enfermer dans sa chambre. Néanmoins, elle ne risquerait pas de contrarier davantage le Chancelier des Ténèbres. Sa punition était d’obéir sans broncher à des ordres insensés. Elle exécuterait les volontés du Sorcier, pour son bien-être, pour l’enfant qu’elle portait. Alors qu’elle se rapprochait des navires, elle songeait au Seigneur Lakus. Le choix de sa belle-famille lui paraissait étrange. On l’avait dépeint comme un homme bien sous tous rapport. Pourquoi devait-elle concourir pour lui, et pas pour la Dame Weidan, dont le tableau avait été bien moins flatteur ? Devenue pâle puisque persuadée qu’elle n’était pas au bout de ses peines, elle alla d’une démarche timide vers un individu qui lui semblait peu recommandable. « Tomoe Borgia. » souffla-t-elle à contre cœur, les doigts serrés sur le tissu de sa robe. « Navire de gauche. » Au moins, la rencontre fut expéditive et sans même réfléchir ou demander la moindre précision, la Magicienne grimpa sur le vaisseau qu’on lui avait attribué. A peine fut-elle à bord qu’on lui jeta une broche dans les mains, qu’elle était priée d’aborder fièrement pour signifier à tous qu’elle était dans l’équipe de Dame Weidan. Tomoe écarquilla les yeux, baissant son regard tremblant sur le corbeau qui patientait au creux de ses paumes. Immobile et interdite, elle ne savait pas ce qu’elle devait faire, ce qu’elle pouvait faire. C’était une erreur. C’était forcément une erreur. Elle esquissa un pas, prête à protester, avant de se raviser. Si tout se déroulait selon les plans d’Hector, d’Elias, d’Antigone ou de n’importe lequel des Mages Noirs Borgia ? Si on lui avait menti ? Cela n’aurait guère été surprenant. On la traitait comme une moins-que-rien, tout juste bonne à connaître l’heure des repas. S’ils la testaient ? S’ils désiraient qu’elle participe aux couleurs de la monstrueuse Dame Weidan alors qu’on lui avait susurré qu’elle serait pour le bon Seigneur Lakus ? Tomoe, gagnée par les inquiétudes, peinait à respirer normalement et se sentait chancelante. Les doigts frémissants, elle serra la petite broche avant de fuir le pont, pressée.

Enfermée dans sa cabine, assise près d’un paquetage auquel elle n’avait pas accordé le moindre coup d’œil, elle réfléchissait, la mine dépitée et comme vidée d’espoir et d’énergie. Tomoe avait un goût amer entre les lèvres, la sensation d’avoir été dupé, une fois de plus, par ces maudits Sorciers qu’on l’obligeait à fréquenter. Tout cela ne pouvait être que leur œuvre, elle en était certaine. Qui était assez dément et vicieux pour faire de telles choses, sans raison ? Dans un soupir, elle prit sa tête entre ses mains. Elle ignorait ce qu’on attendait d’elle et craignait les représailles d’un choix qu’on la forçait à faire, sans être en connaissance de rien. C’était tellement cruel. C’était certainement sa véritable sentence pour s’être échappée. Antigone devait jubiler. Dans un énième souffle, elle observera sous tous les angles le corbeau qu’on lui avait donné, comme s’il pouvait lui confier le moindre indice sur la marche à suivre. Plusieurs longues secondes à la saveur d’éternité s’écoulèrent, avant qu’elle ne se résigne à mettre la broche près de son cœur. Sa décision était prise. Etait-ce la bonne ? Elle n’en avait aucune idée mais savait qu’elle pouvait compter sur les Borgia pour obtenir une vérité claquante à son retour. Timide et discrète, elle se rendit à la grande salle où plusieurs passagers avaient déjà pris place. Certains étaient hauts en couleur, au point de la faire fuir vers des coins plus tranquilles. Dans un silence gêné, elle s’assit près d’une jeune femme qui se cachait derrière sa capuche.

725 mots - 2 tours ça serait super !

" Je suis en retaaaaard ! Vive comme le vent, aussi souple qu'un espion en pleine fuite suite à l'échec de son infiltration, elle glissa entre les passants en prenant soin de n'en bousculer aucun ; assez paradoxal étant donné sa corpulence relativement impressionnante. Pardon, pardon, pardon ! " Mais Lime était ainsi, beaucoup plus agile que sa comparse qu'elle était censée imiter en cette radieuse journée d'avant-guerre.

" Lukas ! Poussa-t-elle tout d'un coup tel un cri de victoire au premier marin qu'elle croisa. Je concours pour le Seignor Lukas ! Le jeune moussaillon fixa la tarée, dépité par ce qu'elle lui balançait à la figure.
- Les navires de Dame Weidan et du Seigneur Lakus – il accentua évidemment sur le véritable nom du Lord – sont là-bas.
- Nooooon… " Couina-t-elle en reprenant la course le long des quais.

" Nom ? Lui demanda un loup-de-mer, la liste falsifiée en main.
- Lim– L-Léto Sùlfr ! Les yeux céruléens de l'organisateur passèrent en revue les colonnes de nom, avant de s'arrêter sur le bon.
- Navire de droite. "

" Bienvenue sur le navire du Seigneur Lakus ! Nous sommes ravis de vous avoir parmi nous. Tenez : ceci est la clé de votre cabine, vous pouvez vous y rendre dès maintenant ; à l'intérieur, vous trouverez un paquetage, ne l'ouvrez sans aucun prétexte pour le moment. Suis-je clair ? Elle hocha vivement de la tête.
- Très clair, comme… comme l'eau ! Il omit la comparaison respirant fort peu l'inspiration et offrit ensuite autre chose.
- Et ceci est la broche de votre équipe, portez-la toujours sur vous, afin qu'on reconnaissance comme une concurrente pour le Seigneur Lakus. "

Les mains croisées dans mon dos je regarde distraitement la foule se présenter devant moi. Au milieu de la multitude de personnes je parviens à déceler quelques visage m'étant familier cependant, ce n'est pas sur eux que je porte mon attention pour l'instant. C'est sur lui. Lui aussi est aussi. Que ce soit de sa propre volonté ou non cela m'importe peut, tout ce qui est important pour l'instant est qu'il va lui aussi se rendre sur l'ile afin de participer à cette chasse au trésor. Je ne peux réprimer un sourire à cette pensée. Le connaissant le choix de son équipe ne fait aucun doute. Lakus. Voilà la personne qu'il a choisit. Ce qui veut donc dire qu'il va m'être opposé dans cette course. Mon sourire s’agrandit. Très bien. Cette chasse au trésor devient soudainement bien plus intéressante. Lui faire mordre la poussière sera un bonus, un préambule à ma vengeance mais un bonus que je ne laisserais pas passer.

Je secoue la tête en écoutant les paroles de notre hôte, et probablement d'une des administratrices de toute cette mascarade. Deux bateaux sont présent devant nous et nous allons tous être respectivement placé sur le navire de  la personne que nous avons choisis de représenter. Pour l'instant les règles sont simples et me conviennent parfaitement cependant… Je ne peux m'empêcher d'émettre un doute. Ces deux personnes, peut importe qui elles sont, sont des personnes puissantes ayant réussis à faire en sorte qu'un simple paris crée un mouvement de foule suffisamment important pour faire frémir les terres du Yin et du Yang. En sachant cela, pourquoi ne s'amuserait-elle donc pas à jouer avec nous ? Cette solution est tout à fait envisageable et à au final d'assez grandes chances de se produire. Avec un haussement d'épaule je me recule légèrement et laisse les gens être répartie sur leurs navire. Je ne sais pas ce qu'ils ont pu décider et je ne tenterais pas de le deviner. Tout ceci n'est qu'un jeu pour eux alors il faut que ce soit la même chose pour nous. Il n'y a qu'en croyant fermement à cela que nous parviendrons à donner le meilleur de nous même.

Les minutes s'écoulent lentement et je ne me dirige vers les navires qu'une fois le plus gros de la foule écoulé. Parmi tous les gens que j'ai eu l'occasion de voir monter dans le navire certaines tête m'étaient connue et la plupart ont eu comme effet de me surprendre. Dans un sens voir Romulus ici n'est pas surprenant, participer pour des puissants est un synonyme de recevoir une récompense et je l'imagine assez bien concourir pour cette raison. En revanche les raisons ayant pu pousser Mircella à se présenter sont un peu plus floue. Le jeu peut-être. Sûrement même. Souriante je continue mon avancer avant de me présenter devant l'homme tenant la liste. Je suis heureuse qu'elle soit ici, au moins de cette manière je n'aurais pas à m'inquiéter de me retrouver seule au milieu d'une foule d'inconnue. « Bonjour, Lumi Maecentiana » L'homme me regarde un instant, un instant un petit trop long pour moi je dois l'avouer, avant de baisser les yeux vers le morceau de parchemin qu'il tient « Bateau du seigneur Lakus » Il désigne l'embarcation en question d'un vague signe de la tête « Il faut aussi que vous preniez cette broche qui témoigne de votre appartenance à l'équipe. Une cabine vous est assignée et un paquet à votre nom se trouve dedans, vous n'avez pas le droit de l'ouvrir temps qu'on ne vous l'aura pas dit. » J'acquiesce d'un petit signe de tête avant de prendre la broche et avancer vers le pont.

Seigneur Lakus… De toute évidence je en me suis pas trompée et nous allons devenir des pièces de leur jeu. Très bien, cela me convient tout à fait. D'autant plus que rien ne m'empêcheras une fois sur l'ile de retrouver ma vrai équipe. En attendant il ne me reste qu'à faire en sorte de convaincre les gens que je suis ici pour le seigneur et non pour dame Weidan. Ce qui ne devrait pas représenter une difficulté si élevée que ça. Une fois sur le pont et après avoir déposé mes affaires dans ma cabine, me retenant à grande peine de ne pas chercher à analyser le paquet sous toutes ses coutures, je retourne dehors, m'appuyant sur le bastingage en regardant distraitement la mer. Cette traversée risque d'être intéressante. Et cette chasse au trésor encore plus.

nombre de tours: