Rp Spécial – Le duel
« M. et Mme Smith »

La vie avait repris son cours, lentement, difficilement, mais elle avançait au rythme que nous lui donnions à présent, à la manière du vent qui guide l’eau dans son lit. Même si les événements dataient aujourd’hui, je n’oublierais jamais les difficultés que nous avions dû essuyer durant notre retour sur nos terres de glace et de neige. Le peu de villageois qui nous avaient suivi et qui avaient survécu au terrible périple, à travers l’hostilité de l’Océan et les dangers du Continent Naturel, avaient craint l’instant où ils devront traverser les décombres du village déserté, croiser les cadavres des parents, des amis, des enfants, lâchement abandonnés au milieu des débris et du froid sibérien des plaines du Berceau Cristallin. Ça les avait écœurés; ça les avait scandalisés. Mais personne n’avait vraiment eu le choix lorsque les tremblements avaient commencé à détruire nos habitations, et nous avions dû passer outre notre peine et nos larmes pour commencer la reconstruction pénible et pressante de notre village. Tous, du plus petit au plus grand, aidait au aux tâches, libérant les corps gelés des décombres. En travers les gorges nouées, les larmes qui coulaient abondamment de leurs yeux, cela prit un certain temps avant que l’on ose mettre le feu au monticule de cadavres qui se trouvait au centre de la plaine. Mais pour leur salut, pour le repos éternel de leur âme, il fallait les libérer de leur enveloppe charnelle, les libérer de leur état de mortel pour qu’ils puissent aller vers le ciel. Le deuil avait duré deux jours et deux nuits, comme on en avait la coutume dans ce petit village qui comptait, à présent, moins d’une vingtaine d’habitants. C’était une véritable catastrophe.

Aujourd’hui encore, le vide produit par les derniers événements n’avait pu être comblé. Les larmes pleurées par ce peuple quasiment anéanti ne pouvaient être facilement taries; les gens qui avaient disparus ne pouvaient être ramenés à la vie. Nous avions tout perdu et il nous fallait tout rebâtir par la suite; tout ce qui avait pris des centaines d’années à se construire avait été détruit en moins de deux jours. Quelle déception, quel bris du cœur.

« Tatiana, nous ne pouvons plus continuer de vivre de la sorte. Nous manquons cruellement de vivre et les réparations sont à peine terminées. Comment allons-nous faire? » Lui demandais-je un jour, complètement déprimé.

Mon mentor transportait deux gros billots de bois pour alimenter le feu de la place que nous appelions « centrale » en raison de sa position dans le village. Je la suivais de près, inquiet. La guerrière regarda autour d’elle et tout ce qu’elle vit n’était que désolation et destruction, à l’image de la population qui déambulait en son sein comme des fantômes perdus au cœur du verglas de la plaine. Même la vue des quelques enfants survivants ne lui redonnait pas le sourire. En fait, depuis notre retour sur nos terres dévastées, elle conservait un air continuellement grave. Aussi, au souvenir implacable de toutes les personnes que nous avions perdues, comment faire autrement? Nous tentions de faire de notre mieux pour tourner la page de notre histoire; le dire n’était pas une difficulté en soi, mais l’accomplir restait un défi que nous n’étions pas encore capables d’atteindre.

« Nous ne pouvons rien faire d’autre, je le crains. J’aimerais en faire plus pour tous ces gens, mais je ne peux pas. J’ai beau être forte, je reste quand même démunie face à la situation. »

Roulant légèrement ses épaules, l’Orisha attira mon attention sur les billots de bois qu’elle emmenait.

« Je n’aime pas dire ça, mais je n’ai que mes muscles pour leur venir en aide. »

Je freinais brusquement mon pas. Remarquant mon arrêt, elle se retourna dans ma direction, le regard interrogateur.

« Je vais nous en trouver de l’aide! Je ne vais pas les laisser comme ça! Ils méritent beaucoup mieux! » M’exclamais-je, frustré.

Le lendemain, je partais pour Médigo, là où je savais que quelqu’un serait prêt à me tendre sa main. Et Titania l’avait bien deviné, au sourire qu’elle m’avait gratifié avant qu’elle ne me tourne le dos pour repartir à son travail auprès des autres habitants.

❧
« Bientôt aura lieu une surprenante chasse aux trésors sur l'une des îles de notre bel Océan! Le très imminent Seigneur Lakus et la magnifique gente Dame Weidan ont décidé de se battre en duel et vous offrent la possibilité de les représenter en cette occasion unique! » Cria un messager dans les rues et presque aussitôt, sa voix, forte et puissante, attira mon attention.

Je m’approchais de son promontoire, intrigué par les murmures de la foule qui s’était rassemblée. Là, en-dessous de ses pieds, l’on chuchotait des propos auxquels je tendais, indiscrètement, ma foi, une oreille attentive.

« Il parait qu’ils sont milliardaires! » - « … Oui! Oui! Un très bon parti pour ton fils je crois. Tu penses que Dame Weidam accepterait de le marier s’il parvenait à lui donner ce qu’elle réclame? » - « Je vous jure que je l’ai déjà vu. Seigneur Lakus est un homme courtois et raffiné: un véritable gentleman! »

Et ça continuait de la sorte, sans arrêt, alors que le discours du crieur s’élevait au-delà des ragots qui proliféraient à quelques pas à peine de lui. Doucement, je m’immisçais dans le rassemblement, avant de m’arrêter devant le promontoire du messager. Poliment, je me glissais jusqu’à lui, pour lui demander de plus amples renseignements. Laissant momentanément le peuple à ses histoires, il se pencha vers moi, un sourire humble sur le visage.

« Jeune homme, seriez-vous intéressé par cette compétition?

- Que gagne les vainqueurs du duel?

- Ce qu’il vous plaira! Le Seigneur Lakus est rempli de ressources; Dame Weidam est une dame de la haute société! À vous de choisir dans quel camp vous allez vous engager! »

Je le regardais quelques secondes avant de me tourner vers la petite table qu’il me pointait du doigt. Lentement, je m’y dirigeais, signant mon nom sur la liste et, ainsi, valider mon inscription. L’homme sur le promontoire sourit de plus belle, se penchant dans une légère révérence pour me remercier.

« Le rendez-vous se fera au Port, durant la nuit. Ne soyez pas en retard. »

Je ne savais trop dans quoi je venais de m’embarquer, mais qui ne tente rien n’a rien. En espérant qu'en choisissant Seigneur Lakus, je n'aurai pas à m'en faire, évidemment.


❧ 1 067 mots

Une goutte de sueur perla sur le front de la jeune femme, tandis que s’agitaient légèrement les extrémités de ses cheveux flamboyants. Le regard alerte et concentré, on pouvait presque apercevoir une veine palpiter contre sa tempe. Une seconde, sa mâchoire se crispa et ses lèvres s’entrouvrirent sur une grimace carnassière, aux airs de prédateur ; puis elle avala sa salive, et retourna à cette tension si particulière qui précédait la tempête. Sa main se tendit en avant, et elle serra le poing pour en faire disparaitre le tremblement. Tout se jouait maintenant. « Hé ! Vous êtes sourde ? J’ai demandé, combien de tomates je vous mets avec ça ? ». Dilemme. Elle geignit, courroucée d’avoir été interrompue dans ce qui semblai être une réflexion intensive, et soupira profondément. « Six. Oui. ». Le marchand alla pour attraper la première dans un grand panier, mais elle l’interrompit de nouveau en criant – plus fort qu’elle ne l’aurait souhaité. « HUIT. Huit, je vais en prendre huit. Six, c’est… Pfiou. On est pas passé loin. ». Si elle avait prêté attention au visage du vendeur plutôt qu’aux « pauvres tomates arrachées à leur famille », elle aurait surement vu un faciès digne d’un Bélua Taureau. Derrière elle, trois grands-mères palabraient à voix basse, en jetant des regards incendiaire à l’Élémentale par-dessus leurs lunettes en demi-lune. L’avantage certain à être socialement diminuée, c’est que Jil ne pouvait pas réellement être perturbée par le regard des autres. En l’occurrence, elle se sentait soulagée et assez fière de sa prise de décision ; tandis que le marchand pesait en grommelant le sac de tomates, elle flatta l’encolure de Thor, qui était probablement la seule chose qui empêchait la moitié du marché de l’agresser. Une fois que l’homme fut payé, elle reprit sa route, guillerette, gravissant sans se presser la douce pente des Halles des Géants. Il était encore tôt, la lumière du jour était encore diffuse, rougeâtre, et l’air était particulièrement frais. Mais c’était ainsi qu’elle appréciait sa balade quotidienne ; lorsque le vent venait faire se dresser les courts poils sur ses avant-bras, et qu’elle sentait sa peau se raffermir. Le gros chien à ses côtés ne devait pas connaitre cette sensation, tant son manteau de poil le maintenait à l’abri du froid. Ils continuèrent ainsi pendant une heure, et comme d’accoutumée, Jil profitait de la présence de son compagnon pour commenter ce qui se déroulait devant ses yeux, avec une candeur à la limite de la stupidité. « Wah ! Regarde la dame, elle a trop mangé de chocolat ! … Bonjour Madame ! Enceinte ? Ne vous inquiétez pas, un peu de repos et ça passera vite ! Oh et lui, t’as vu ? Il croit qu’on le remarque pas avec sa capuche et son long manteau. Et les deux là-bas, dans la ruelle, qu’est-ce qu’ils… ». Ses pupilles s’écarquillèrent et le rouge lui monta aux joues, tandis qu’elle détournait les yeux en accélérant le pas. Vivre à Avalon demandait parfois une certaine ouverture d’esprit.

Lorsqu’ils eurent finalement terminé leurs emplettes, et lorsqu’ils parvinrent au sommet des Halles, qui aboutissait dans les Quartiers des Sommets, près de la place du Rift, l’attention de la jeune rousse fut attirée par un annonciateur public en train de déclamer son discours. Elle fit signe à Thor, et s’approcha en trottant, un grand sourire curieux aux lèvres. Elle avait les bras bardés de sacs en tout genre, et même le chien donnait de sa personne, en supportant une sorte de petite selle à bagages, d’où dépassaient diverses fournitures alimentaires. Les paroles se firent plus distinctes à mesure qu’elle se rapprochait du crieur, qui avait parfois du mal à se faire entendre par-dessus le brouhaha de la foule, commentant ce qu’elle entendait. La teneur du message était toutefois simple, concernant deux personnalités qui désiraient s’affronter pour… Pour… Peu importe, Jil était persuadée que c’était extrêmement intéressant. Non loin, elle entendit une dame s’adresser à son mari. « J’ai entendu dire que la fille du Seigneur Lakus avait été enlevée par Dame Weidan, et que tout ça n’était qu’un jeu de la part de cette horrible femme pour le torturer en lui laissant penser que sa victoire pourrait lui rendre sa petite. Pauvre homme. ». Dévastée par l’injustice de cette situation, Jil ressentait comme jamais l’envie de corriger la mégère qui avait écarté le père de sa fille. Le monde était décidemment peuplé de monstres. Quel genre de personne pouvait se moquer ainsi des liens qui unissaient une famille ? Elle bouillait maintenant littéralement de rage. Ses sourcils froncés, elle fendit la foule à la rencontre du crieur, entrainant Thor avec elle. « Hé, machin ! Je veux aider le Seigneur Lakus, où que c’est que je signe ? ». Un homme non loin lui jeta un regard goguenard : « Tu veux pas plutôt retourner à tes légumes ? C’est d’hommes forts dont on a besoin pour soutenir Dame Weidan, pas d’une donzelle prête à tout pour se faire sauter par un prétendu seigneur. ». Jil se tourna lentement, et un arc électrique orangé parcourut ses phalanges, crispées sur les poignées qui retenait ses sacs. « Espèce de moche ! C’est vachement pas sympa ! ». Une femme dans son dos posa une large main sur son épaule, fusillant l’autre du regard. « La petite a raison de pas se laisser faire ! Tu ferais mieux de retirer ce que tu as dit, Bakran, ou j’aurais une petite discussion avec ta femme ! ». Quelque part dans la foule, on entendit s’exclamer : « Ha ! SA femme ! Je connais une douzaine de gars qui auraient à redire, ouais ! ». « QUI A DIT ÇA ?! ». « Parce que tu crois que tu vaux mieux que lui, Agathe ? Le tien de mari, il passe ses journées étendu dans son vomi, c’est pas mieux ! ». « Viens me le dire en face, morue ! ». Tandis que l’échaufourrée tournait petit à petit au pugilat, Jil se sentait de moins à moins à l’aise, pressée entre tous ces paysans déchainés. Elle se tortilla jusqu’au crieur, et signa son registre. Puis elle s’adressa à son chien, en évitant une sandale jetée à la volée. « On ferais mieux d’y aller maintenant. ».

Quelques jours plus tard, l’Élémentale se tenait fin prête, équipée de pied en cap, Thor à ses côtés. Elle portait un treillis beige engoncé dans une paire de hautes bottes en cuir, et une chemise aux manches retroussées, maintenue par un gilet sombre. Ses cheveux étaient attachés en un large chignon approximatif, et elle portait un sac à dos discret sanglé fermement dans son dos. Avant de partir, elle avait attaché un foulard bleu autour du coup de son chien, prétextant que ça lui donnait « l’air cool et aventurier, et en plus de toute façon tu comprends pas ce que je dis alors me regarde pas avec ses yeux là ». Et ils en étaient rendus là. Prêts à embarquer, échangeant de temps à autres des regards acérés avec l’équipe adverse regroupée un peu plus loin. « Thor, mon chou. On va les maraver. ».

Spoiler:

« Mais… Tu est vraiment sûre de ce que tu avance n'est-ce pas ? Il ne peut pas s'agir d'elle » Je soupire en regardant la jeune magicienne. « Non je n'en suis pas sûre et je te l'ai déjà dit. La seule chose dont je suis sûre est que malgré les rumeurs cela ne concerne pas Mircella. D'une manière ou d'une autre j'aurais été informé de sa décision. » Un sursaut de surprise frappe la jeune femme. Ouvrant la bouche elle semble chercher ses mots. En vain. Secouant la tête je commence à m'éloigner quand une voix raisonne dans mon dos. « Et que dirais-tu de t'inscrire à cette chasse. Tu est de loin la plus compétente de nous tous ici pour y participer et comme nous tu a envie d'en apprendre plus n'est-ce pas ? » Me retournant lentement je croise les bras en plongeant mon regard dans celui de Wisely. Presque immédiatement il prends une mine offusquée avant de lever les mains « Ce n'est qu'une idée tu n'est pas obligée de l'accepter, c'est à toi de prendre la décision. C'est juste que... » Ces mots raisonnent dans ma tête avec une drôle d'impression. « C'est juste quoi ? » Presque immédiatement une solution commence à se distinguer dans mon esprit « Non, tu n'a quand même pas osé... » Debout entre nous Luxariell fait courir son regard d'une personne à l'autre. « Qu'a t-il osé faire ? Ça ne peut pas être si grave que ça quand même. Si ? »

Un nouveau soupir, énervé cette fois, alors que je le désigne d'un signe de la main « Cet imbécile n'a rien trouvé de mieux à faire que m'inscrire. D'ailleurs j'aimerais bien savoir comment tu t'es débrouillé pour le faire. Tu ne ressemble pas vraiment à une jeune femme. » Ma demande est accueilli par un petit rire suivit d'un regard que je ne connais que trop bien. « Allons cela n'a pas été très compliqué et tu le sais. Lina s'est fait une joie de se faire passer pour toi. Et pour le coup elle fait beaucoup plus 'jeune femme' que moi comme tu le dis. » La tête baissée vers le sol je me masse lentement les tempes. Ce n'est pas rien de dire que je n'ai absolument aucune envie de me rendre la-bas cependant, maintenant que mon inscription est faite… cela serait idiot de refuser. D'autant plus que certaines rumeurs parlent de potentielles récompenses pour l'équipe gagnante. Je n'ai pas réellement besoin d'une telle récompenses mais… Pourquoi pas après tout.

Relevant légèrement les yeux mon regard se pose sur le Berceau ou Héril dors tranquillement. Participer à cette chasse au trésor veut dire la laisser seule pour une durée inconnue… Mais gagner cette chasse est peut-être un synonyme d'un avenir radieux pour elle. « Bon… Je n'ai pas trop le choix il semblerait. » « Si tu a le choix. Juste un des deux est clairement moins bon que l'autre. » « Je disais, je n'ai pas le choix, donc tu va répondre à quelques questions et me promettre quelque chose. » Wisely prends quelques secondes pour faire semblant de réfléchir avant de de hocher la tête. « Il faut voir ce que tu entends par promesse mais pour l'instant je n'ai rien à redire. Alors ? » « Pour quelle équipe m'a-tu inscrite et m'a-tu tout dis ? Il n'y a rien d'autre que je dois savoir ? » « Tu est inscrite pour l'équipe de Dame Weidan et tu dois te rendre sur le port de nuit d'ici quelques jours. » Je reste quelques secondes à réfléchir avant d'acquiescer. « Très bien. Maintenant, tu va me promettre de faire bien attention à ce qu'il n'arrive rien à Héril pendant mon absence et si jamais mon groupe venait à perdre l'épreuve tu te porte garant d'elle et t'engage à ce qu'elle ne manque jamais de rien. Luxa Quant à toi tu le surveille. Et tu t'occuperas d'Héril. Je ne lui fait pas vraiment confiance en ce qui concerne les enfants. » Visiblement perturbée par tout ce qui est en train de se dérouler Luxariell se contente de hocher rapidement la tête. Wisely dans son cas se contente de cligner des yeux avec un mouvement infime de la tête.

Quelques temps plus tard j'arrive de nuit sur le port. Si j'avais encore le choix d'accepter ou non de participer à cette épreuve il est maintenant trop tard pour faire demi-tour. Avec un soupir et un haussement d'épaule je me mets en marche vers les quai curieuse de voir la tournure que les événements vont prendre.

« Je ne comprends pas. » murmura tout bas la douce Magicienne, qui peinait à saisir ce qu’on lui demandait. Anxieuse et frissonnante, elle se tenait droite comme un « i » sur sa chaise, entourée par différents membres de la famille Borgia qui l’épiaient, la jugeaient, la toisaient. « C’est pourtant simple. » s’insurgea Antigone, qui supportait mal cette fragile créature dont elle devait s’occuper quotidiennement. « C’est que … Je ne suis pas certaine d’être la mieux placée pour … » - « C’est évident. » la coupa la vieille Sorcière. « Néanmoins, tes récentes escapades nous poussent à prendre des mesures à la hauteur de tes trahisons. » Son ton trahissait sa rancœur et la jeune femme imaginait sans mal les reproches qu’on avait pu lui faire à son départ précipité et secret. La matriarche avait dû être tenue pour responsable de ses fautes. « Si tu tiens tant à t’aventurer en dehors des frontières du domaine, libre à toi, Tomoe. Seulement, ce sera à nos conditions. » - « J’ignore même jusqu’à l’identité de cet homme. Qui est le Seigneur Lakus ? Et la Dame Weidan ? » Ce fut Elias qui lui répondit, agacé qu’elle ose rétorquer quoique ce soit. « Tu n’as pas à le savoir, juste servir ses intérêts aux détriments de ceux de Dame Weidan. » - « Mais … » - « Suffit, Tomoe. » Comme un oisillon effrayé, elle se recroquevilla aux premières notes de la voix, ce timbre qu’elle avait reconnu à la première seconde et qu’elle aurait préféré ne pas entendre. Lord Hector Borgia. Elle ne l’avait même pas entendu arriver. Le Chancelier des Ténèbres avança d’un pas lourd jusqu’à sa belle-fille, avant de s’accroupir près d’elle. Lentement, il glissa sa main gantée sous son menton pour soulever sa tête d’un geste brusque, l’obligeant à le regarder droit dans les yeux. La Magicienne tremblait comme une feuille. « Tâche d’être plus disciplinée. » La phrase sous-entendait clairement qu’il se chargerait de lui inculper quelques principes d’éducation sorcière dans le cas contraire. Empressée, elle acquiesça plusieurs fois. Dans un silence de mort, Hector quitta la pièce pour rejoindre son bureau. « Ne crois pas que tu seras seule. » la prévint Antigone après quelques instants glacials. « Au moindre faux-pas … » - « Je sais. » - « Ne m’interrompt pas. » - « Pardon. » La vieille Sorcière rêvait de brusquer et malmener un peu sa proie favorite, comme toujours, comme avant. Sa grossesse était un frein à l’expression sanguinaire de ses talents meurtriers. C’était si déplaisant. Toutefois, elle ne risquerait pas la vie de l’héritier de la famille. « Tu as tout intérêt à redoubler de prudence. » Elle ne la mettait en garde que dans le souci du bien-être de l’enfant qu’elle portait. Elle aurait tant préféré une autre mère. La pendule du salon sonna. « Déjà. Nous sommes tellement en retard. Suis-moi, Tomoe. Dépêche-toi. Nous gâchons suffisamment de minutes avec toi. » La mort dans l’âme, la Magicienne lui emboita le pas. Elle savait qu’elle allait être habillée, coiffée et maquillée comme une noble de la Prison. Une fois de plus, aucun Sorcier ni aucun Magicien ne douterait de son alignement. Elle serait cataloguée comme la Magicienne dégénérée ayant sombré dans la magie noire malgré la bonne éducation d’un Archimage parfait.

D’un pas indécis, Tomoe longeait le port. Elle se sentait terriblement mal à l’aise et craignait la moindre remarque, de qui que ce soit. Surtout, elle se demandait ce qu’elle faisait là. Sur le chemin, elle avait tenté d’en apprendre un peu plus sur le Seigneur Lakus. Certains lui avaient dit qu’il était un homme floué, bafoué dans son honneur, qui tâchait de faire éclater la vérité au grand jour. Par expérience personnelle, elle trouvait le combat noble, et avait étrangement envie de participer, de faire de son mieux. Antigone, de mauvaise grâce, l’avait accompagné jusqu’à un crieur public pour être sûre qu’elle ne se défilerait pas. Le sort en était jeté. Elle se battrait corps et âme pour un homme dont elle ne savait rien, mais restait persuadée de la pureté de ses intentions. On lui avait dépeint un tableau tellement horrifiant de la Dame Weidan … Comment une personne pouvait-elle commettre autant d’atrocités ? Même si elle était contrainte dans ses choix, Tomoe se rassurait dans l’idée qu’elle combattait pour le bon camp. En cette nuit noire, relativiser était le maître mot ; même si aux yeux connaisseurs, elle n’était que Lady Tomoe Borgia, la Sorcière.  

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L'Elfe se tenait sur le Port, un poil méfiante envers les manigances qui se profilaient dans son dos. Avoir demandé à participer à ce genre de choses ne lui ressemblait pas, et ferait sans doute un peu peur à ceux qui la croiseraient sur leur chemin, mais elle ne s'en préoccupait que trop peu. Pour une fois, elle voulait redevenir l'être sylvestre de dix huit années, courant dans les plaines, s'aventurant dans toutes les contrées plus différentes les unes que les autres sans crainte de provoquer quoi que ce soit, si ce n'est des rencontres aléatoires. Elle plissa les yeux, croisa les bras. Ce combat ne la concernait pas, et d'ailleurs, il ne concernait personne à part Dame Weidan et Seigneur Lakus. Par ailleurs, cela titillait fortement la curiosité de la blonde des bois d'ignorer leur identité. Elle finit par hausser les épaules. S'ils voulaient jouer à cache cache, alors c'était tant pis pour eux. Elle ne faisait que concourir, après tout. Un sourire naquit sur ses lèvres, alors qu'elle détendait progressivement ses muscles, faisant revenir le sang dans ses doigts qu'elle tortilla pendant quelques secondes, avant de se concentrer sur l'action. S'ils avaient été lâchés dans la nature pendant un temps, ce n'était plus le cas, et la répartition allait pouvoir commencer dans les règles. Ceux qui avaient accepté de concourir pour le Seigneur Lakus irait sur le bateau de la Colombe et ceux de Dame Weidan sur le bateau du Corbeau. Deux oiseaux connus, et clairement opposés. Ce n'était pas un hasard, oh, non.

Mircella était curieuse de savoir qui avait bien pu s'engager dans la même cause qu'elle, et avec quelles motivations. Certes, si on lui retournait la question, elle serait probablement incapable de répondre autre chose que « parce que je m'ennuyais », mais certains avaient peut-être deviné l'identité de leurs commanditaires et se battaient déjà en connaissance de cause. C'était fort improbable, mais cela n'empêchait pas la jeune femme d'y penser. Ainsi, elle se dirigea sans dire un mot vers le navire du corbeau, se voyant attribuer une broche qu'elle accrocha à ses habits rapidement, alors qu'elle montait sur le navire. Tout se passait correctement. Pourtant, elle lisait dans le regard de celle qui lui avait indiqué là où elle devrait se placer une certaine malice, un besoin constant de déranger les choses, d'embourber les autres jusqu'au cou. Elle ne la sentait pas malfaisante, il aurait été sot de se le dire, mais une once de fourberie la possédait. En un sens, elle revoyait la Dullahan dans son comportement, dans sa manière de se mouvoir aussi élégante que sournoise, comme un véritable prédateur tapi dans l'ombre en l'attente d'une proie délectable.

S'installant sur le côté, ne désirant pas déranger le bon déroulement des choses, l'Elfe Eternelle se mit à réfléchir. Tout ceci n'avait aucun sens, et il n'était pas dans ses habitudes de ne pas réfléchir à ce qu'elle faisait. Pourtant, aujourd'hui, elle fonçait dans le tas sans réfléchir aux conséquences. Baissant les yeux, presque mélancolique et nostalgique, le souvenir de son aimé lui revint et lui fracassa le coeur. Elle les releva, peinée, comme si elle espérait le croiser dans une telle situation, puis un léger rire fit vibrer ses cordes vocales. Elle ne trouverait jamais Ezechyel en de telles circonstances. Elle se mentait à elle-même, tout simplement. Laissant un long soupir s'échapper de l'entre ouverture de ses lèvres rosées, elle ne put retenir un léger sursaut d'étonnement en reconnaissant quelqu'un dans la foule. La Sirène brune se trouvait en ces lieux, avait décidé de prendre parti. Mircella fronça les sourcils. Nixy s'emballait un peu trop à son goût, et elle croisait les doigts pour ne pas avoir à se battre contre elle, car malgré son attachement à la jeune fille, son sens de la justice et de la loyauté l'empêcherait de lui faire des cadeaux. S'appuyant sur le bord, elle attendit patiemment que tout le monde soit reparti. Et quand elle vit la silhouette de l'Ondine non loin, elle la salua de la main. Leurs retrouvailles étaient décidément toujours aussi surprenantes...

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Un ou deux posts?:

Mancinia était remise de son voyage de longue haleine sur les terres, prête à s'embarquer sur le navire de Dame Weidan avec le repos nécessaire à ce genre d'expédition. Elle avait peu vogué sur les mers, mais elle ne souffrait d'aucun mal des transports et après tout, rien ne saurait être comparable aux tumultes des dernières semaines. Au souvenir de ce ciel ondulant, magnifique et effrayant à la fois, la jeune femme eut un frisson. Que risquaient-ils tous de plus qu'ils ne sachent déjà ? Abandonnant les ruelles environnantes, elle prit la direction des quais où un petit rassemblement était présent. Cette nuit était paisible, sans le moindre nuage pour cacher l'éclat des astres au-dessus de leurs têtes, même les étoiles semblaient se mettre à chuchoter pour parier sur qui remporterait ce duel. Ridicule, n'est-il pas ? La brise marine se glissait dans ses cheveux alors que les alentours demeuraient silencieux, parfois entrecoupés du bruit des conversations. Soudainement prit d'un sursaut nerveux, l'Humaine rabattit sa capuche sur son visage : ce n'était pas vraiment pour se cacher aux autres, mais elle mentirait si elle n'avouait que connaître les autres préalablement la mettrait plus en confiance. Sa vie de nomade revenait à la charge, tout comme la crainte de se faire abandonner avant l'heure.

Kamiya trépignait d'impatience sur son épaule, il sautillait d'une patte à l'autre. Mancinia du lui souffler de se calmer, essayant d'apaiser son ami sur ce qu'ils feraient une fois à bord. Son but était de découvrir le trésor et Mancinia avait choisi de représenter Dame Weidan. Cette coopération entre eux deux ne pouvait que leur porter chance. Pourtant, la jeune femme se sentait terriblement mal à l'aise. Certains regards s'étaient tournés en sa direction et elle avait tôt fait de baisser son regard vers le sol. Même les animaux, compagnons des êtres magiques, semblaient ne pas l'aimer en raison du tort qu'elle faisait à leurs maîtres. Elle s'épargnerait de dire à voix haute que s'ils se sentaient mal, c'était bien la preuve de leur faiblesse, au risque de se faire lyncher en public. Timidement, elle redressa son regard devant elle. Deux navires se dressaient sur les flots, imposants, chacun appartenant sans doute à l'un et l'autre des candidats. Des bruits de pas se firent entendre, des chuchotements intrigués s'élevèrent. Une femme à la chevelure flamboyante venait de faire son apparition et les observa chacun à leur tour en se présentant ; son nom était Jacinthe, elle était chargée de répartir correctement les candidats dans leurs équipes respectives. L'Humaine ravalait difficilement sa salive et choisit de se présenter rapidement.

Mine de rien, entourée d'êtres qui lui semblait plus qu'hostiles, elle ne se sentait pas à la hauteur. Un effet du nombre imposant, sans doute. Jacinthe prenait part aux vérifications et sa manière de réagir contre une demoiselle à la chevelure d'or, Mancinia comprit qu'elle était en présence de certains de ses compatriotes. Cela la rassura instantanément de ne plus se savoir seule dans cette galère, même si certains avait choisis de représenter Seigneur Lakus. Ce n'était qu'un Jeu, après tout, ils pouvaient bien s'amuser à être rivaux de temps en temps, eux aussi...

— Mancinia Leenhardt.
— Navire de gauche.

Rien de plus, rien de moins. Mancinia prit la direction du navire qui lui était indiqué, en songeant qu'il s'agissait de celui du coeur et que cela porterait sûrement chance à son équipe, un sourire sur les lèvres. A son bord, l'un des marins lui remit la clé qui lui servirait à ouvrir la cabine qui lui était destiné. Sans attendre plus d'indications, elle se mit en route d'un pas rapide vers un lieu où elle pourrait souffler à sa guise. Après avoir déambulé dans le navire, elle trouva le lieu qui lui était destiné, ouvrant la porte doucement, elle vit que cet endroit était magnifique. Au centre du lit se trouvait un paquetage dont elle ignorait le contenu. Ces instants de solitude lui remirent les idées en place ; peut-être que rester seule n'était pas une si bonne idée. Prenant une inspiration pour se rendre des couleurs, l'Humaine referma la porte derrière elle en glissant son paquetage dans sa besace. Elle n'avait pas tellement confiance envers les autres, même si elle avait de forte chance de croisés des têtes familières. Kamiya sur l'épaule, elle se convainc que la pire chose qu'ils pouvaient leur arrivés était une tempête. Résolue, elle prit la direction de la salle commune pour y faire la rencontre de ses partenaires. C'est à partir de maintenant que les choses sérieuses allaient se mettre en place.

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Deux posts sur le navire o/

Je m’approchais peu à peu du lieu de rendez-vous. Plus je m’avançais, plus je pouvais voir la foule qui arrivait. Il y avait bien plus de monde que je ne le pensais pour cette épreuve. J’apercevais des hommes et des femmes de tous âges, et de toutes formes. Mais au milieu de cette immense foule, je me sentais seule. Je savais que j’avais bien fait de ne pas emmener Castiella avec moi, mais au fond j’aurais bien aimé avoir son soutien. Ici je me trouvais comme étrangère, perdue dans un océan de visage sans nom. Pour être honnête je ne savais pas vraiment ce que je faisais ici. Sur le coup, entendre parler d’un duel avec la possibilité d’aventure m’avait intrigué. Mais maintenant que je mis trouver je n’étais plus très sur de moi. Le fait de retourner voir mes confrères et consœurs m’avait certes redonné confiance et courage, mais ce n’était pas une raison pour foncer dans le tas sans réfléchir. Malgré cela, ce qui était fait était fait, et j'aurais volontiers sacrifié l’un de mes biens plutôt que de revenir sur ma parole.

Poussant un soupir, j’essayais de reprendre mes esprits. Il y avait pour l’heure deux navires devant moi. Je n’avais pas spécifié au crieur public dans quelle équipe j’aurais aimé me voir être, mais mon choix était fait à présent. Je préférais beaucoup plus me battre pour défendre l’honneur de Dame Weidan. Certes, je ne la connaissais pas, ni même le Seigneur Lakus. Mais j’avais appris il y a bien longtemps à me méfier des hommes. Hormis certains que j’avais croisé lors de mes voyages, je savais que tous n’étaient pas dignes de confiance. Bien sur, des femmes m’avaient également trahie au cours de ma vie. Mais l’appel de mes consœurs d’autres races était plus fort. Je me dirigeais donc vers une femme à la longue chevelure écarlate pour lui faire par de mon choix. « Bonjour, je suis Nixy Melodiam et j’aimerais participer au duel en l’honneur de Dame Weidan. » La femme se contenta de hocher la tête, d’écrire une chose que je supposais être mon nom sur un papier, puis de m’indiquer le bateau de droite.

Sans plus me posais de question, mais en jetant un dernier regard à la femme, je m’avançais dans cette direction. Juste avant de monter à bord, un homme, que je pensais être un marin, me donna une broche représentant une colombe. Elle était très belle. « Ceci est ce qui prouve que vous faites partie de l’équipe du Seigneur Lakus. Excellent choix Mademoiselle. » Le choc me prit de cour. Le Seigneur Lakus ? Ce n’est pas ce que j’avais demandé à cette dame… Comme s'il m’avait brulé, je reposais le bijou dans les mains de l’homme. « Veillez m’excuser, il a du y avoir une erreur. » Puis, sans perdre une seconde de plus, je fis demi-tour pour aller retrouver l'étrange femme.

Celle-ci se trouvait à l’endroit où je l’avais laissé. J’écartais les êtres de mon passage pour pouvoir arrivais jusqu’à elle. « Madame j’exige une explication ! Je vous ai demandé de m’inscrit dans l’équipe de Dame Weidan et lorsque je me suis approcher de ce bateau, il s’agissait de celui de son concurrent. Je vous serez donc gré de bien vouloir réparer cette erreur ! » Mon ton colérique ne semblait pas la gêner. J’aurais même dit que cela l’amuser, à en juger par le petit sourire qui arquer ses lèvres. Je me mis derrière elle pour bien vérifier qu’elle changeait mon nom d’emplacement. Une fois cela fait, elle m’indique l’emplacement de l’autre navire. Encore sous le coup de la colère suite à sa petite farce, je ne lui adressais aucun message d’adieu, me contentant de me dirigeais vers le bon bateau. Une fois devant, un autre marin me donna une broche, cette fois ci elle représentait un splendide corbeau. Tout en gravissant le pont pour monter à bord du rafiau, je tentais du mieux possible de la mettre dans mes cheveux. Une fois à bord, je laissais l’air si familier de la mer envahir mon corps. A cet instant je me sentais parfaitement chez moi, en contact avec mon élément. Marchant d’un bout à l’autre du pont, je fini par apercevoir une vieille connaissance. La reine des Elfes se trouvait sur le même navire que moi. Je ne pus m’empêchais de sourire tandis que je me dirigeais vers elle, lui répondant à son signe de la main.

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