Partenaire : Typhon
Intrigue/Objectif : Typhon a défié Maximilien dans un combat singulier et celui-ci accepte. Bastooon ! /Sbam

The Dominions par aw anqi

Unstoppable | The Score

Maximilien se dirigeait d'un pas assuré vers les quartiers de ses supérieurs. Il semblerait qu'ils considèrent l'affaire assez importante pour que ce ne soit plus son Sarīraka mais bien le Kaptan en personne qui veuille discuter de cela. Peut-être pas trop non-plus sinon ça aurait été un plus haut gradé encore qu'il aurait vu et on ne lui aurait possiblement pas laissé le choix de la réponse à moins d'un argumentaire parfaitement ficelé. Personnellement, il ne voyait pas de quoi en faire un plat. Il n'était pas celui qui avait initié la chose. Lorsqu'on le présenta, il offrit un salut, tête haute, poing sur le poitrail et le regard ancré dans celui de son supérieur, démontrant qu'à moins d'un ordre non contestable, sa décision était prise et il ne reviendrait pas dessus. « Au repos Sainika Eraël. ». Il marqua un temps, détaillant longuement le rouquin, avant de reprendre « J'imagine que vous savez pourquoi vous avez été convoqué. » - « C'est à propos du message de l'Augure Typhon de Gargantua. » - « C'est exact. » confirma le militaire en se levant. Les mains dans le dos, le port de tête droit et un air aussi assuré qu'il était sévère, il avait beau faire une tête de moins que Maximilien, sa prestance le rendait tout aussi grand. « J'ai cru entendre que vous acceptiez sa demande. » - « C'est exact. » fit le rouquin en écho à la réponse du Kaptan. « Vous êtes au courant que des discussions diplomatiques sont en cours avec ce peuple ? » - « Je suis au courant, oui. ». Vu la façon dont il s'était adressé à l'Eversha, il en était presque étonné d'ailleurs. Il n'avait pas été des plus diplomate lors du bal offert par les deux races ennemies. Qui plus est, si le Marquis de Sanguice s'était montré coopératif, il aurait dû expliquer aux têtes dirigeantes qu'il avait offert sa parole de les soutenir et que l'alliance militaire avec les Evershas ne pouvaient se faire. Peut-être était-ce mieux ainsi donc. Les Sirènes devaient déjà avoir mis une prime sur sa tête, il ne voulait pas avoir plus de problèmes encore. « Et que comptez-vous faire ? ». La question désarçonna le Kaaiji. Il mit quelques secondes à comprendre où il voulait en venir. Alors, avec plus de détermination encore, il répondit « Si votre question est "est-ce que je le laisserai gagner ce duel pour des éviter toutes tensions politiques", ma réponse est non. ». Un rictus glissa sur le visage du Kaptan. « Je commence à comprendre pourquoi "l'Obstiné". » commenta-t-il, moqueur. « Si je puis me permettre, là n'est pas la question. ». L'homme l'invita à poursuivre, intéressé par l'avis de son subordonné. « Si je ne m'abuse, les discussions entre les représentants Evershas et nos dirigeants portent sur un soutien militaire pour leur guerre contre les Vampires, je me trompe ? ». Il n'ajouta rien de plus. Ces simples mots suffirent à faire comprendre ce qui lui traversait l'esprit. « Soit. Il me fallait juste m'assurer que vous soyez au courant des potentiels conséquences d'un tel événement. » - « Je le suis. Je vous remercie de me le rappeler néanmoins. » - « Parfait. Vous pouvez disposer. ».

Suivi de prêt par Amir, Maximilien se dirigeait vers le lieu de résidence de la délégation Eversha. « Sérieusement. Des fois je me dis que t'as un grain dans le crâne. » - « Franchement, ton soutien je peux m'en passer tu sais si tu continues avec ce genre de commentaire. » répliqua le Kaaiji alors que cela faisait déja plusieurs minutes que son collègue le harcelait avec ce genre de remarque. « Non mais t'as vu la taille du bestiau. T'es déjà un cas... » - « Merci. » fit le rouquin avec une grimace. Parole qui ne fût pas entendue. « ...mais lui doit faire au moins deux têtes de plus que toi et deux fois ta largeur. Et tu vas sans armure pour affronter un monstre pareil. » - « Il aurait été sous sa forme bestiale ça aurait été différent. Dans le cas présent, il doit posséder les mêmes armes que les miennes et personne ne l'a vu venir en armure. Et ce n'est pas ici qu'il en fera apparaître une. Qui plus est, je ne pense pas que ce soit le style des Evershas de se battre en armure. » - « Qu'est-ce qui te fais dire ça ? » - « Leur tenue de réception. » - « Hein ? » - « Peu importe. » - « Mouai. En tout cas je campe sur mes positions. T'es dingue. » - « Peut-être. » conclu Maximilien, rieur. N'aurait-il jamais accepté de rejoindre l'arène de la Souriante s'il avait eu une once d'esprit alors. Il ignorait les termes du contrat qu'il avait silencieusement signé ce soir-là, contrairement à ici où il savait que, peu importait la taille ou la force de l'Eversha, aucun des deux ne risquaient sa vie au risque de gros problèmes politiques. « Tu restes ? » interrogea-t-il son camarade en arrivant à proximité de la résidence. « Bien sûr. Il va bien falloir quelqu'un pour te récupérer quand tu seras en morceau. » souffla l'intéressé. Un rictus amusé glissa sur le visage du rouquin.

Sur place, Maximilien fut guidé par l'un des visiteurs vers leur représentant en chef, également son adversaire du jour. « Srī de Gargantua. » le salua-t-il, comme lors de leur dernière rencontre. Son regard se perdit un instant sur l'endroit. Il avait déjà été aménagé pour l'événement. « J'ai été étonné que vous me demandiez plutôt qu'un plus haut gradé pour un tel défi. ». Un regard vif sur le reste du groupe Eversha, et il lui sembla voir quelques regards réprobateurs. Un mince sourire se dessina sur le visage du  Sainika qui se questionnât sur ce qui les gênait tant. Le duel ou l'adversaire ? Il ne s'étonnerait pas qu'il y ait un peu des deux. « J'imagine que vous avez vos raisons. »  ajouta-t-il alors que sa volonté n'en fût que renforcée. Il baissa un instant son regard sur ses poignets de force qu'il commençât à resserrer, avant de reprendre, une lueur de défi dans le regard. « Je crois qu'il y a certaines personnes qui se seraient bien passée de cette confrontation. ». Y comprit chez les Humains, c'était certain. « Si on s'y mettait pour que ces personnes puissent enfin passer une bonne nuit. » continua-t-il avec un rictus avant de se détourner du groupe pour prendre place, non sans glisser au passage à son camarade, légèrement en retrait, dans un murmure moqueur et avec une tape sur l'épaule « Regarde, je m'en sors plutôt bien, il y a encore plus costaud que lui dans la troupe. ». Celui-ci exhala un souffle dépité avant de s'éloigner du cercle de combat. Pour des raisons évidentes, le rouquin se défit de sa lame, qu'il jetât aux bras d'Amir. Puis, enfin en place, Maximilien fit face à son adversaire. A présent, il n'y avait nulle hiérarchie, seul un homme qui cherchait à tester celui dont le nom lui était parvenu. Alors il se mit en position de combat. « Comme on dit chez nous. Haan tuna nakhre dikhaa. »

gotheim pour epicode

L’annonce que Typhon affronterait l’un des Humains d’Utopia à la lutte surpris quelques ambassadeurs et fit au moins un jaloux. En soi, la demande était plutôt appropriée. Les Evershas espéraient recevoir les services d’entraîneurs humains pour leurs miliciens. N’ayant aucun soldat de métier à sa disposition lors de la guerre contre les Vampires, Typhon était en droit de demander un « aperçu de la marchandise. » Cela dit, ce qui gênait, c’était l’Humain choisi. Typhon l’avait réclamé de nom, plutôt que de passer par une demande formelle auprès des représentants qui supervisaient le séjour des changeurs de forme.

Ultimement, le duel fut autorisé et l’on ajouta la chose à l’excentricité des Evershas sans trop de répercussions. Enfin, à une exception près, Wojtek, le sous-chef du groupe et l’autoproclamé rival de Typhon. De tous les ambassadeurs, c’était Wojtek le plus fort et le plus lourd, bien qu’il ne soit pas le plus grand. La taille de Typhon était surnaturelle, alors il dominait ses pairs, mais son imposant rival ne se laissait pas éclipser pour autant. C’était lui, l’expert en lutte du groupe. C’était lui, le meilleur combattant du groupe. C’était lui, le plus fort. Bref, c’était à lui de représenter les Evershas dans ce genre de démonstration de force.

Par chance pour Typhon, tous n’étaient pas aussi obtus que Wojtek. Il fallut du temps, de la patience et quelques bières, mais l’Eversha au Totem de l’ours polaire compris enfin que cette manœuvre n’avait rien à voir avec les relations Eversha-Humains, mais qu’il s’agissait d’une relation Typhon-Maximilien. Enfin, c’était si on pouvait même qualifier la chose de relation, puisque le deux hommes allaient se rencontrer pour la première fois. En réalité, l’ambassadeur en chef espérait faire un allié de ce guerrier humain, afin de faciliter les futures interactions entre les deux peuples.

Évidemment, les subtilités et les nuances étaient hors de portées de Wojtek. Dès qu’il eut compris que la rencontre n’était qu’un prétexte et que l’affrontement en soi n’avait pas de valeur, il perdit intérêt. Cela dit, l’ours n’avait pas l’intention de laisser Typhon s’en tirer à si bon compte. Wojtek exigeait un duel en bon et due forme de Typhon dès que l’opportunité se présentera. Cette fois, plus d’excuses comme « le bateau va chavirer » ou « c’est un prétexte de blabla, » juste un bon vieux duel avec un vainqueur et un vaincu.

***

Les ambassadeurs evershas se présentèrent tous au duel entre Maximilien et Typhon. Tout comme le tigre cherchait à obtenir des faveurs d’un participant du banquet de déclaration de guerre, les autres Evershas avaient eux aussi leurs objectifs, puisque plusieurs Humains de rang seraient présents pour l’affrontement. Somme toute, Typhon avait espéré un simple combat dans un espace plus ou moins privé, mais faute d’avoir anticipé la réaction humaine, il se retrouva dans une arène avec de nombreux témoins.

« Bonjour. Je suis Typhon de Gargantua, mais appelle-moi Typhon. Gargantua, c’est le territoire de ma meute. C’est aussi le nom d’un monstre que j’ai tué. Et c’est le monstre qui a donné son nom au territoire. Et… eh, en fait, ça peut durer longtemps comme ça, alors juste Typhon ça ira. »

L’imposant Eversha se débarrassa alors d’une partie de ses vêtements et de ses chaussures, ne gardant qu’un pantalon qu’il serra un peu plus la ceinture afin d’offrir moins de prises à son adversaire lors de l’affrontement. Il n’y aurait pas de transformation lors du duel, alors Typhon avait également pris la peine d’enrouler des lanières de tissu à ses chevilles pour bien ajuster le vêtement. Du haut de ses 2 m 28 et de ses 160 kilos, c’était l’ambassadeur qui attirait le plus le regard, mais en réalité, c’était au moins la moitié des ambassadeurs qui le détrônaient en puissance.

« Défi ? Disons plutôt rencontre. J’ai entendu dire que c’était comme ça que des guerriers se rencontraient. En fait, je veux me mesurer à toi depuis que j’ai entendu parler de tes prouesses à Odon do Dur ! J’ai toujours voulu savoir comment on pouvait être aussi efficace au combat sans magie… Je pensais avoir perdu ma chance d’avoir la réponse quand je n’ai pas réussi à te trouver pendant mon séjour à Stenfek… Hum, maintenant que j’y pense, tu es bien le Maximilien qui s’est battu à Odon do Dur, oui ? »

Suite à ces commentaires, Typhon se plaça lui aussi en position de combat. Que ce soit ou non le bon Maximilien, l’Eversha avait déclenché un duel et ils étaient plusieurs à s’être déplacés pour l’occasion. Mieux valait ne pas les décevoir. La posture de l’ambassadeur en chef était plutôt basique. Elle n’était pas mauvaise pour autant, mais c’était le genre de posture qui ne tirait pas pleinement avantage de sa taille et de son poids. Un peu comme quelqu’un qui avait des notions de base et qui s’entraînait à l’occasion.

Une particularité se dégagea rapidement des mouvements de l’imposant Eversha. Ce dernier semblait beaucoup plus souple que sa musculature, sa taille et sa corpulence laissaient présager. Il y avait ce petit aspect félin dans sa façon d’approcher son adversaire et de se déplacer. Typhon était en permanence sur la pointe des pieds, prêt à bondir ou à battre en retraite à la moindre occasion, non sans rappeler l’animal de son Totem.

883 mots
1er message

Valider l’identité de Maximilien soulagea Typhon, qui avait un instant cru qu’il avait fait déplacer tous ces gens sans raison. Fort heureusement, l’Eversha avait désigné le bon humain et le duel put suivre son cours normalement.

Privé de sa magie, Typhon perdait sa faculté de régénération, l’optimisation de son souffle, ainsi que ses habilités à accroître sa force et son agilité, en plus de ne pas avoir accès à son Totem. Bref, c’était un Eversha démuni. De ce fait, Typhon laissa Maximilien prendre l’initiative et mener le duel sur un temps. C’était ce qui avait de bien dans ce genre d’affrontement, il était possible de se concentrer sur la défense et l’esquive. Évidemment, cette manœuvre ne permettait pas de remporter le duel, mais elle avait le mérite de forcer un adversaire agressif à dévoiler ses capacités.

Les attaques de Typhon, bien que réelles, n’avaient pas encore de but précis. Le géant se contentait de donner quelques coups lorsqu’il en avait l’occasion, sans trop se compromettre. Ce qui surprit le changeur de forme des attaques de Maximilien, ce n’était pas que plusieurs firent mouche. Il y avait des limites à esquiver dans le cercle restreint du duel. La surprise venait plutôt de la désynchronisation entre l’homme et sa paire d’ailes bicolores.

Un certain nombre d’Evershas de sang mêlé possédaient des caractéristiques animales malgré leur forme humaine. Puisque ces traits faisaient partie de leur quotidien, ils apprenaient à vivre avec. Au contraire de ceux-là, Maximilien semblait être tiraillé entre le besoin de confiner ces membres supplémentaires dans son dos et celui d’en faire autre chose que des poids morts. Quand l’Humain se servi de ces appendices pour faire une attaque de diversion, l’Eversha se projetable vers l’arrière afin de remettre de la distance entre les combattants. Une roulade plus tard, Typhon était à nouveau sur ses pieds, constatant que Maximilien n’avait pas enchainé de nouvelles attaques, préférant reprendre une meilleure posture.

Cette fois, c’était au tour de Typhon de prendre l’initiative. Maximilien ne s’en rendait pas compte, mais il bougeait en deux temps. Il y avait d’abord son corps humain, puis ses ailes. Le tout n’était pas harmonisé. D’un geste vif et puissant, l’Eversha amorça une attaque frontale. L’on pourrait penser qu’une telle attaque était facilement esquivable, ce qui était vrai, mais étant considérablement plus grand que son rival, la contre-attaque n’était pas aussi aisée qu’elle y paraissait.

Quand Maximilien dévia le bras de Typhon pour contre-attaquer, il gagna effectivement la possibilité de porter une attaque directe au buste de son adversaire. Or, c’est ce moment où l’Eversha choisit d’encaisser le coup. Il put ainsi continuer son mouvement pour imposer un corps-à-corps à son adversaire. Le changeur de forme étant plutôt gros, il pouvait se servir de son ventre pour repousser l’Humain afin de le déséquilibrer. Si Maximilien poursuivait son attaque, il réussirait à porter un coup franc, mais au prix d’un violent corps-à-corps où il ne pouvait sortir vainqueur. À l’inverse, s’il reculait, il offrirait à Typhon l’opportunité de frapper à nouveau. D’une manière ou d’une autre, l’Eversha se fichait bien de comment réagirait Maximilien. Cette mise en scène était une diversion.

Réalistement, Typhon n’avait pas les compétences pour maintenir la pression. Maximilien allait le rouer de coups bien avant que le changeur de forme porte un coup franc. Le corps de l’Eversha étant particulièrement imposant, il y avait de nombreuses parties sensibles à exploiter pour l’Humain de taille plus modeste. Typhon savait pertinemment qu’il ne pouvait pas gagner ce duel en combattant de façon conventionnelle. Pour cela, il fallait de la discipline, des années d’entraînements et une technique. L’Eversha n’avait aucun de ces atouts en sa faveur. Il avait autre chose, toutefois, l’instinct animal.

Les animaux ne cherchaient pas les prises parfaites ou les mouvements compliqués. L’élégance de la technique ne nourrissait pas un ventre affamé. Ils appliquaient des mouvements simples, mais efficaces.
Première étape : agripper la cible pour l’empêcher de s’enfuir.
Deuxième étape : immobiliser la cible.
Troisième étape : tuer la cible.

C’est ainsi que Typhon s’appliqua à attraper Maximilien par les ailes, qui avaient tendance à déroger à la posture martiale et vagabonder au gré de la gravité ou du vent. Si l’Eversha pouvait en atteindre une, il pourrait forcer son adversaire au sol, à plat ventre, et l’immobiliser de son poids. La simplicité du geste ne serait probablement pas immédiatement apparente au combattant d’expérience qu’était Maximilien. Or, son art martial ne semblait pas conçu pour protéger de tels appendices dorsaux.

Quand Maximilien se rendra finalement compte de la stratégie de Typhon, si même il s’en rend compte avant sa réussite, l’Humain sera forcé d’improviser et d’unifier son entraînement martial rigide à sa morphologie divergeant de l’humain normal. Pouvait-il accomplir cet exploit en plein combat ? Pouvait-il réformer des années de mémoire musculaire en l’espace de quelques instants ? Et surtout, pouvait-il suivre le rythme de plus en plus agressif d’un prédateur qui était déterminé à exploiter chaque opportunité pour atteindre son objectif ?

825 mots
2e message

Typhon pouvait constater qu’il avait l’avantage dans ce duel, mais ses capacités physiques ne suffisaient pas à lui donner la victoire. L’expérience martiale de l’Humain était supérieure à celles de l’Eversha privé de ses pouvoirs. Comme Maximilien le constatait lui-même, toutefois, l’avantage de priver Typhon de sa magie ne suffisait pas non plus à compenser sa supériorité physique.

Au fil des prises ratées de part et d’autre, Typhon compris qu’il n’y aurait pas de victoire « propre. » Tôt ou tard, la fatigue pousserait l’un des combattants à commettre une erreur irréparable. L’Eversha ne voyait donc plus l’utilité de poursuivre l’affrontement. Il n’y avait aucun gain à faire d’entacher l’une ou l’autre des réputations dans ce genre de condition. Puisqu’il n’avait rien à défendre où à gagner, l’instigateur de la rencontre choisit d’y mettre fin.

« Mettons fin au duel et déclarons match nul, tu veux bien ? »

Quel que soit son expérience, quelles que soient ses compétences, au bout du compte, Typhon était un tigre. Il ne faisait peu de doutes à ses yeux qu’il avait l’avantage physique et nul doute que Maximilien n’avait aucune envie de se retrouver face au Totem de son adversaire. Ce faisant, ce combat n’était qu’une série de handicaps qui affligeaient l’augure eversha au profit du guerrier humain. Maximilien avait donc peu avantage à faire perdurer un combat qui ne prouverait pas grand-chose au final. Cela dit, tout Eversha qu’il était, Typhon ne baissait jamais sa garde. Au moindre signe que son adversaire manifesterait de l’agressivité, le combat reprendrait de plus belle.

Maximilien put d’ailleurs déceler une certaine détente dans les muscles de Typhon. Non pas une marque de faiblesse, il s’agissait plutôt d’un changement de mentalité. Jusqu’à présent, l’Eversha s’affairait à combattre aussi noblement que possible, à faire preuve de respect et d’égards pour son adversaire, en bref, d’un esprit sportif. Il s’en suivait donc d’une certaine rigidité dans ses mouvements. À partir de ce moment, le duel reprendrait selon la méthode eversha, où tous les moyens étaient bons pour atteindre ses objectifs. En d’autres mots, ce serait un handicap en moins pour Typhon, ce pour quoi il se montrait plus détendu. Est-ce que Maximilien serait en mesure de faire face à ce genre de combat ?

Ce changement ne ferait pas de Typhon un meilleur combattant, mais il risquait de perturber Maximilien. Si ce dernier n’était habitué qu’à la discipline martiale, ainsi qu’à une certaine manière de combattre, le soudain changement pouvait exposer l’Humain aux attaques de l’Eversha. Et dans un combat aussi serré, Maximilien risquait de ne pas avoir le temps de s’ajuster.

Cela dit, le peu de connaissances en relation publique de Typhon lui laissait penser que la méthode eversha était fort probablement inapproprié pour le public humain présent. Il espérait donc ne pas avoir à en arriver là. Ce n’était pas comme s’il avait demandé un tel public, mais visiblement, être ambassadeur était plus compliqué que prévu. La raison qui poussait Typhon à adopter venait toutefois des Evershas présents, qui eux aussi, l’augure n’avait pas demandé la présence.

La force était LA valeur commune aux Evershas. Outre la dévotion envers Phœbe, qui prenait maints aspects, tous légitimes, la force était ce qui soutenait le peu de structure de la civilisation eversha. En d’autres mots, la seule façon pour l’Augure de perdre ce duel sans que sa réputation en écope, c’était devant un adversaire qui lui était supérieur. Maximilien ne lui était pas supérieur, alors il ne pouvait se permettre d’exposer de quelconques faiblesses envers ses pairs. Et comme la plupart n’étaient pas assez malins pour réaliser que Typhon s’efforçait de combattre selon la coutume humaine, il était impératif de ne pas laisser la mauvaise impression.

Ironiquement, c’était maintenant, après avoir proposé une trêve à Maximilien, que le guerrier eversha était le plus dangereux. Typhon offrait une échappatoire somme toute satisfaisante. Un duel avait eu lieu, les deux combattaient rivalisaient adéquatement en adresses martiales et en prouesses physiques. Par la nature même de cette rencontre, il n’y avait rien d’autre en jeu que la réputation individuelle des combattants. C’est pourquoi la continuité ajouterait une légitimité au duel. S’il fallait qu’il y ait absolument un vainqueur et un vaincu, alors il y aurait un vainqueur et un vaincu.

***

Au terme du combat, Typhon réajusta ses vêtements, chercha tant bien que mal à se débarrasser du sable qui envahissait les moindres recoins de sa personne et remercia Maximilien d’avoir accepté cette rencontre. Ultimement, l’Eversha n’avait que faire du vainqueur, si même il y en eut un, simplement satisfait par s’être défoulé un peu en combat. Il était difficile de perpétuellement bien se comporter en tant qu’ambassadeur, alors cette escapade du milieu des manières, de la bonne conduite et du devoir était aussi rafraichissante qu’une fontaine… bien que l’eau soit ô combien souhaité après avoir autant sué sous le soleil asséchant du désert.

« Tu veux manger quelque chose ? Je meurs de faim ! »

Tel qu’il avait tenté de l’expliquer, Typhon ne voyait aucune réelle pertinence au duel, si ce n’est de pouvoir se mesurer à un guerrier humain dont la réputation lui était parvenue. L’Eversha avait été satisfait, alors il passait maintenant à la suite des choses, avec plus ou moins d’égare pour ses responsabilités d’ambassadeur. Pour l’heure, c’était la nourriture qui accaparait l’attention du tigre.

886 mots
3e message

Typhon remarqua la volonté de poursuivre le combat de Maximilien et passa à un cheveu de reprendre l’assaut quand l’Humain se décida enfin à rompre le combat. Il en résultat d’un maladroit pas un avant, suivit de quelques pas pour retrouver son équilibre et enfin une tentative plus ou moins réussi de retrouver sa posture et d’acquiescer d’un sourire gêné l’accord mutuel qui venait d’être conclu.

« Tu as pris ton temps dit donc ! J’ai bien cru que tu voulais te battre jusqu’au bout. Garde quelques techniques pour la prochaine fois ! »

Jetant un rapide coup d’œil vers la foule, l’Eversha souffla discrètement à l’Humain qu’une mêlée générale aurait été inévitable si le combat s’était éternisé davantage. Pointant subtilement certains individus parmi les ambassadeurs evershas, le tigre murmura qu’ils étaient devenus des boules de nerfs à vifs.

« Le grand gaillard poilu là-bas, il est à deux doigts de sauter dans l’arène pour m’affronter et prendre ma place contre toi. Et la petite là-bas, avec les tatouages, elle allait utiliser une sarbacane afin que tu perdes. »

D’un air moqueur, Typhon affirma que ça devait être ennuyant chez les Humains avec toutes ces règles, la hiérarchie stricte, la discipline, etc. On ne s'ennuyait certainement pas autant chez les Evershas.

***

Se rhabillant, Typhon eut droit à un déluge de commentaires de ses pairs, mais il les ignora. Pour cause, Maximilien avait accepté l’invitation et ils s’apprêtaient à aller manger. À partir de ce moment, l’esprit de l’ambassadeur s’était braqué et rares étaient les préoccupations qui pourraient l’atteindre. De fait, dans cet état d’esprit, Typhon avait très peu de patience pour quiconque se dresserait entre lui et la nourriture promise. Et après le stresse des derniers jours, l’énergie dépensée dans le duel et l’épuisement de vivre sans magie, les autres Evershas eurent vite compris qu’il était dans leur intérêt de reporter leurs préoccupations à plus tard.

Le second de Typhon, Wojtek, prit donc la tête du groupe et ne laissa que deux Evershas accompagner l’ambassadeur en chef. Le sous-chef tenta tant bien que mal de gérer l’après-duel avec les Humains présents, mais il ne cachait ni sa jalousie de ne pas avoir pris part au combat, ni son arrogance de se prétendre supérieur aux combattants qui quittaient l’arène au bout d’un combat inachevé. C’est tout juste s’il parvenait à ne pas insulter son audience humaine, et encore, de nombreux coups de coude dans les côtes de la part de la doyenne eversha furent nécessaire pour arriver à ce résultat.

En l’absence de Typhon, les ambassadeurs evershas avaient bien du mal à communiquer avec les Humains. Entre le sous-chef provocateur et la doyenne, qui ne parlait qu’en dernier recourt, les changeurs de forme semblaient incapables de détecter les subtilités gestuelles et comportementales de leurs interlocuteurs, à l’exception des plus basiques. Seul l’ambassadeur en chef et quelques autres avaient de l’expérience en dehors des terres evershas, alors le groupe tentait tant bien que mal de les imiter. Cela dit, ceux-ci n’en demeurait pas moins evershas et leurs aptitudes étaient loin du diplomate de carrière.

Enfin, et c’était probablement ce qui sauvait les ambassadeurs, il y avait de réelles intentions d’entamer un rapprochement entre les deux races. Parce que si déchiffrer les intentions humaines était difficile aux Evershas, l’inverse était bien plus facile. Les Evershas, et leur proximité avec le monde animal, priorisaient un gestuel et des émotions bien en évidence, voire exagérées ou théâtrales. Ce n’était pas pour dire qu’il n’y avait aucune nuance chez les Evershas, bien au contraire. Les nuances, chez les Evershas, étaient utilisées en milieu familier ou rapproché. Ainsi, plus on s’éloignait du noyau familial et de la meute, plus les comportements étaient exagérés.

Cela s’expliquait par la très grande diversité parmi les changeurs de forme. Il y avait peu en commun entre mammifères, reptiles, oiseaux et les diverses autres espèces animales. Et puisque les Evershas adoptaient instinctivement des comportements de leur Totem, ce serait l’anarchie totale si un langage commun était trop complexe pour être compris de tous. C’est ainsi que se développa un langage « flexible, » qui gagnait ou perdait en complexité selon les besoins. Les Humains étant potentiellement ce qui était le plus éloigné de la société eversha, il allait sans dire que la communication était à son plus simple avec une exagération à son plus poussé.

***

L’insatiabilité de Typhon éclipsait de loin celle de ses pairs qui l’avaient accompagné avec Maximilien. Cela se voulait être une marque de confiance envers son partenaire de combat, mais la gourmandise n’était pas étrangère à la situation. En l’absence de magie, l’Eversha ne pouvait pas prendre sa forme animale, alors ses besoins énergétiques actuels représentaient une fraction de la normale. Or, les habitudes et l’appétit se montraient tenaces, si bien que le poids de l’ambassadeur en chef ne cessait de croître depuis son arrivée dans cette ville humaine.

Il faut dire que Typhon n’était pas le seul dans cette situation. Les meneurs parmi les ambassadeurs étaient tous issus d’imposants Totems. Ce choix se justifiait par la confiance de ces derniers. Plus un Totem était élevé dans la chaine alimentaire et plus l’Eversha pouvait garder son calme et sa sérénité en situation de conflit ou de provocation. À l’inverse, les Totems plus modestes s’accompagnaient d’une prédisposition à l’inquiétude et l’affolement.

C’est pourquoi, en dehors de leur bravade et de leurs provocations, Typhon et Wojtek étaient les mieux disposés à gérer les interactions avec leurs homologues humains. Compétences déficientes en tant qu’ambassadeurs mis à part, ni l’un ni l’autre n’était à risque de sauter à la gorge de leur interlocuteur après une mauvaise blague ou à tomber dans une crise de panique en se retrouvant entourer d’inconnus.

Malgré l’appétit, considérable, de Typhon, et même des deux Evershas qui l’accompagnaient, il pouvait être surprenant de constater des manières acceptables à table. Le trio consommait leur nourriture proprement, à un rythme décent et ils n’avaient aucun mal à utiliser des ustensiles plutôt que leurs doigts. C’était comme si la bestialité innée des changeurs de forme n’avait pas sa place à table et que les Evershas s’appliquaient de leur mieux à remercier leurs hôtes de leur générosité.

À la dernière remarque de Maximilien, Typhon et ses compagnons s’échangèrent un regard hésitant pendant un moment avant de trouver une réponse.

« Je crois que les Evershas et les Humains peuvent prospérer ensemble. Nous aurions beaucoup à gagner à commercer. Les artisans humains n’ont pas leur pareil chez les Evershas et nos terres regorgent de ressources qui vous font défaut. J’ai confiance que nous avons beaucoup à gagner l’un de l’autre. »

Ayant pris soin d’entamer sa réponse avec ce qu’il pensait être le meilleur point de rapprochement entre le peuple humain et le peuple des changeurs de forme, Typhon ne pouvait plus faire passer sous silence l’éléphant dans la pièce.

« Par contre, je ne peux pas nier le fait que nous sommes privés des dons de Phœbe en votre présence. Une amitié ne peut pas naître s’il nous faut choisir entre vous et notre bien aimée déesse. »

Poursuivant sa pensée, Typhon expliqua que le précédent duel avait eu lieu en territoire humain, selon la coutume humaine et avec les règles humaines. L’échange avait permis à l’Eversha de démontrer ses efforts d’intégration à son environnement humain. À l’inverse, Maximilien avait affronté un adversaire avec des techniques, somme toute, inférieur aux siennes dans un environnement qui le favorisait.

« Il nous faudra remettre ce duel en terres evershas pour que je te rende la pareille ! Je ne voudrais pas que tu penses que je t’ai tendu un piège, se moqua Typhon en ricanant. Mais qui sait. Je suis à Utopia depuis un peu avant la Danse du Pardon. Depuis, j’ai été témoin que de la magie a été utilisée pour soigner des blessures humaines. Les Evershas ne sont pas des Anges, mais l’exception existe ! »

1299 mots
4e message et fin du RP