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 | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |

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Zeryel
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Zeryel
Dim 11 Juin 2023, 15:00

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 O8bs
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Comme la marée montante, la masse d'invités envahissait graduellement la demeure de Primaël dans le murmure grondant des conversations et des pas. Pas encore décidé à se mêler à eux, Ivanhoë ne faisait qu'un avec la pénombre, trahi à de rares moments par le reflet des lampes sur son mascaron. Dissimulés entre les plis d'or et de rouge de sa tenue, ses outils dormaient d'un sommeil trompeur. Ajout de dernière minute, un fin lien d'acier était enroulé autour de son poignet, invisibilisé par le sceau représentant un serpent dressé à demi, la gueule ouverte sur des crochets. Avec assez de force et la bonne position, il était possible d'en faire usage pour séparer un corps de sa tête proprement. Il ne comptait pas décapiter la Reine, mais il préférait parer à toutes les éventualités. S'il y avait des gêneurs, nul doute qu'ils ne l'ennuieraient plus autant avec une main en moins.

Avec une attention accrue, l'assassin scrutait les tampons de ceux qui passaient devant lui. Il avait déjà repéré Tamara mais ce n'était pas à lui de la rejoindre. Conformément à leur partition millimétrée, il vit Primaël l'approcher et tâcha d'étouffer la bouffée d'angoisse qui grimpait le long de son échine. Douter de lui maintenant était aussi inutile que néfaste mais il ne pouvait s'en empêcher. Par principe, un assassin agissait toujours en solitaire. C'était du pur bon sens. À deux, les risques se multipliaient à l'infini, plus encore quand l'affection s'en mêlait. Faire confiance à quiconque relevait du suicide. Son inquiétude à son égard pouvait le faire hésiter à un moment critique, et il n'excluait jamais non plus la possibilité de la trahison. Le roux ne se faisait aucune illusion, il les maîtrisait trop bien lui-même pour ça. La paranoïa restait son arme la plus infaillible pour survivre. Pourtant, si une personne pouvait déjouer tous les scenarii envisagés, c'était bien celui qui jouait au jeu des nobles. Un second frisson lui glaça les os à la perspective que Primaël puisse jouer double jeu. Il avait choisi de vivre avec ce risque, cette lame braquée sur son dos. En dépit de tout, il avait choisi de remettre sa confiance entre les mains de son amant. Selon son propre code, même donner son coeur n'aurait pas autant de valeur. Peut-être était-ce pure sottise. Il ne savait plus quoi penser. Tout s'embrouillait depuis la révélation sur son père. La veille, on lui avait rapporté avoir retrouvé le corps de sa mère gisant dans les dunes. Son cadavre desséché par le soleil, rongé par le vent et le sable, reposait actuellement sur une table mortuaire, à peine reconnaissable. Il lui avait rendu visite, le coeur résonnant comme dans une cloche trop vaste à ses oreilles et l'esprit aiguisé de suspicion. L'intervalle entre l'annonce de l'identité de son père et la mort de sa mère était trop court pour n'être qu'une coïncidence. Primaël était-il derrière tout ça ? Dans quel but ? Cherchait-il à le déstabiliser ? Travaillait-il au final pour Wesphaline ? À tant se complaire au milieu des nobles, avait-il pris goût à l'or qui dévalait entre ses doigts, cherchait-il à s'élever davantage grâce à son appui ? Comme des graines de folie éparpillées dans le vent, les théories les plus insensées s'enchaînaient pour semer une forêt de confusion qui l'emprisonnait. Il n'avait pas encore parlé à Primaël de la mort de sa mère, se demandant s'il l'avait deviné néanmoins, avec tout le réseau à sa disposition qui lui rapportait les faits et gestes de chacun dans cette cité. Non, il serait venu lui en parler, aurait probablement cherché à lui apporté du réconfort. Il relâcha la morsure de ses ongles dans ses paumes. Ce n'était pas le moment de se perdre en conjectures. Après tout ce qu'ils avaient vécu, après leurs interminables discussions, Primaël ne pouvait pas soudainement s'être retourné contre la cause, pas après avoir tant fait pour. L'émotion des derniers jours embrumait son jugement. En quelques longues inspirations, il clarifia ses pensées pour retrouver sa froide concentration et se força à détourner le regard de l'échange qui se déroulait avec la Cheffe des Armées.

Dans une autre salle, semée de tables de toutes les formes et tailles, couvertes de nappes épaisses pour amortir le choc des dés, plusieurs joueurs s'affrontaient sur divers jeux. Des serveurs déambulaient entre chaque tablée pour proposer des rafraîchissements. Embrassant les invités dans leur ensemble, son regard dérapa sur une crinière aux reflets enflammés sur laquelle il revint, comme aimanté par le soleil habillant son poignet. Sa bouche s'assécha et son coeur battit plus fort dans ses oreilles, assourdissant les notes de musique flottant dans l'air. Des renseignements rassemblés depuis que Primaël lui avait révélé l'identité de son père, et par la même occasion, celle de son demi-frère, Ludoric était un jeune soldat, proche du prince Placide et fréquemment en charge de garder l'otage Uobmab. Celle-ci n'était nulle part en vue et le reste de la famille De Tuorp était restée en Lieugro, déplaçant leur loyauté vers celle du nouveau régime du jeune usurpateur. En quelques pas, il vint poser une main sur l'épaule de l'adversaire du rouquin. « Bonsoir. Puis-je prendre votre place après votre partie ? » Son doigt se déporta imperceptiblement de l'épaule jusqu'à un point près de ses cervicales qu'il pressa pour y faire naître une soudaine nausée. L'homme s'agita, mal à l'aise et Ivanhoë vit une couche de sueur recouvrir sa nuque. « Je ne me sens pas très bien, je crois que je vais vous laisser ma place tout de suite. Disons que vous avez gagné, d'accord ? » Adressa-t-il faiblement à Ludoric avant de se lever pour quitter précipitamment la salle, une main plaquée sur son masque. L'assassin prit tranquillement sa place et jeta un oeil au jeu retourné face cachée. « Mmh, il était de toute façon en train de perdre. » Estima-t-il avec un petit sourire que son masque ne reproduisit pas. Il fit un tas propre des cartes qu'il repoussa sur le côté. Il prit un sachet de dés qu'il défit pour libérer les dés entre eux. « Vous vous amusez bien ce soir ? C'est votre première soirée chez Primaël ? » Ivanhoë leva les yeux sur Ludoric. Il avait l'air plus jeune, de quelques années mais sa silhouette militaire dissipait la maladresse typique de la plupart des adolescents. « Je devine que non. Votre accent vous trahit. » Il sépara les dés en deux tas. « Vous aimez les jeux de hasard ? Le premier à atteindre trente-six ou qui s'en approche le plus sans le dépasser gagne. Que diriez-vous d'un pari ? C'est la spécialité de la maison après tout. » Il fit rouler deux dés entre ses longs doigts. « Je ne suis pas très gourmand, je me contenterai d'un échange d'informations. Si je gagne, je vous pose trois questions. Dans le cas inverse, vous pourrez aussi me poser trois questions. Je vous laisse l'honneur de commencer. »

Quelques minutes plus tard, un sourire étira les lèvres d'Ivanhoë en voyant le dé de Ludoric rouler sur un score trop élevé. « Dommage. » Lui-même avait atteint trente-trois. Il déposa ses coudes sur la table et entremêla ses doigts, ses bagues accrochant des rais de lumière. « Vous êtes donc un étranger, soit un simple voyageur, soit un réfugié de Lieugro. Je vais partir sur cette seconde hypothèse comme cette soirée leur est consacrée. Je vais vous poser trois questions successives. L'honnêteté est évidemment de mise. » Même si lui-même ne se gênerait pas pour mentir. « Y a-t-il une autre raison à votre départ de Lieugro que le coup d'état opéré par Uobmab ? Y a-t-il encore des personnes qui vous sont chères là-bas que vous aimeriez revoir ? Connaissez-vous un homme du nom de Gustave de Tuorp ? » À défaut de pouvoir déchiffrer les expressions de son visage, il ancra ses yeux dans ceux de bronze de Ludoric. Ses phalanges avaient blanchi, comprimées les unes contre les autres.

Message III | 1391 mots


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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Dim 11 Juin 2023, 16:59

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Image par inconnu
Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Gao répéta les instructions aux adolescents qui l’accompagnaient. « On sait ! » « On le trouve et on te dit où il est si on arrive à te retrouver ensuite ! » Le semencier sourit. Les soirées anonymes n’étaient bien sûr anonymes que pour les invités. Les organisateurs – dont Primaël – avaient le privilège de pouvoir lever tous les voiles. Cependant, l’ancien blond n’aimait pas ce genre de configurations. Il voulait savoir ; il voulait savoir depuis qu’il avait pris la décision de se rendre chez lui. Il en avait légèrement délaissé le commerce de son corps, afin de se préparer convenablement. Le déni avait éclaté et il s’était demandé ce qu’il devrait faire de ses émotions. Les accepter et pardonner, ou confronter celui qui en était à l’origine et se venger ? Rien n’était terminé entre eux. Leur histoire avait été abrégée par la force des choses. Depuis qu’il savait pour le bal, il avait demandé aux gamins de lui rapporter certaines informations sur la vie tumultueuse du violet. Chaque nouvelle lui avait fait l’effet d’un coup de poignard. Il s’y connaissait en la matière. Cet élément trouva d’ailleurs un écho lorsqu’il constata le dessin de son tampon. Un couteau. Il laissa échapper un rire de circonstance. Certains ne manquaient pas d’humour. Il se déshabilla lentement, plia ses vêtements et étudia le drapé qu’il devrait porter. Le tissu était de bonne facture. Il plairait très certainement aux coqs de bassecour. Ses doigts se posèrent sur sa cicatrice et il l’étudia comme s’il la voyait pour la première fois. Elle excitait certaines femmes. Elle était surtout le fantôme d’un amour qui s’était mal terminé. S’il avait évité d’y songer jusqu’ici, ces dernières heures avaient été le terreau parfait de mille questions dont une qu’il n’avait jamais résolue. Comment avaient-ils pu en arriver là ? Comment est-ce que, d’une fusion, ils en étaient arrivés à une scission parfaite ? La brisure ressemblait à un miroir cassé en deux. Gao ne doutait pas qu’il avait refait sa vie depuis. Il appartenait au passé. Chacun était à sa place, Primaël dans le faste de ses soirées et de ses complots. Lui dans le corps des femmes et à la tête d’un petit empire de garçons ne demandant qu’à devenir des semenciers d’exception. Tous les deux riches. Tous les deux respectés. Tous les deux dangereux. Gao porta ses doigts vers un orifice en particulier. Il avait été fouillé en entrant, afin de constater l’absence d’armes. Bien sûr, personne ne se serait aventuré jusqu’ici. Il mit du temps avant de déloger l’étui contondant qu’il avait introduit là. Il le posa sur le banc et s’habilla avant de l’essuyer et de le glisser dans les larges poches de sa toge aux couleurs de son sexe. Il ne comptait pas se servir de l’arme qu’il contenait, peut-être pas, mais l’avais prise par mesure de sécurité. Une fois, pas deux.

Lorsque son masque fut en place, il pénétra dans la première salle. Il avait placé dans sa poche libre des pétales de roses. C’était un code qu’ils avaient longtemps employé, comme un chemin les menant l’un à l’autre. Ils s’en étaient également servi pour s’offrir des présents ou des informations. Ce temps-là était révolu mais il voulait le faire revivre le temps d’une soirée. Il désirait s’entretenir avec lui. Ce soir, et plus jamais. Obnubilé, il en avait complètement oublié Pénélope. Il songea à elle une fraction de seconde. Il était parti seul, sans elle. Il se doutait qu’elle se débrouillerait. Elle pourrait peut-être même se faire accompagner jusqu’aux portes de la demeure par Melchior, malgré la charge colossale de travail que son jumeau avait dû avoir. Parmi les pétales se trouvait un sachet de la fameuse Tisane de Madame. Il en avait reniflé le parfum et l’avait trouvé attractif. Il l’essaierait peut-être un jour.

Il avança avec élégance dans l’une des pièces, longeant le mur comme s’il jaugeait l’étendue de son nouveau territoire. Il doutait que les adolescents trouvassent le violet. Il avait dû se teindre les cheveux, comme lui-même l’avait fait une énième fois avant de partir. Le blond était redevenu brun et avait placé entre ses mèches des rajouts qui lui conféraient à présent une crinière sombre. Lui-aussi savait jouer des illusions. Il les mettait en œuvre pour satisfaire les femmes. Toutes n’appréciaient pas les blonds. Beaucoup avaient des goûts particuliers que sa seule plastique ne pouvait pas combler. Si ses poussins ne trouvaient pas Primaël, il devrait le trouver lui-même. Il connaissait sa silhouette et le timbre de sa voix. Il aurait pu le chercher. Il trouvait néanmoins plus poétique que l’autre le trouvât. Avec des gestes gracieux, il posa des pétales de rose de manière stratégique. La pointe indiquait la direction à suivre. C’était un jeu de pistes qui mènerait peut-être nulle part. Il désirait le voir pour le moment mais il n'était pas à écarter qu'il changeât d’avis et disparût entre les tentures, comme le fantôme de leur amour.

812 mots
Il est brun avec les cheveux longs
 


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Susannah
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Susannah
Dim 11 Juin 2023, 17:26

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 658f
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

Le trajet jusqu'à la cour se déroula dans un brouillard anesthésiant. À peine remarqua-t-elle la ville qui s'étirait de chaque côté, ses odeurs exotiques, les tenues chamarrées si différentes de Lieugro ou d'Uombab. La chaleur irradiant de l'astre fuyait son corps, emprisonné dans une gangue glacée que rien ne pouvait rompre. Un long tunnel rétrécissait sa vision et supprimait les sons. L'absence de Ludoric ou d'un quelconque visage connu n'obtint aucune réaction et la garde dût lui répéter deux fois qu'elle était arrivée avant de frapper elle-même à la porte de la Grande Prêtresse. Elle fut introduite à l'intérieur et leva alors les yeux sur Jésabelle lorsque celle-ci prit la parole. « Revoir ? » Les sourcils froncés, elle fouilla dans ses souvenirs. Son visage ne lui disait rien mais sa voix possédait les notes du passé, celui où elle arpentait à toute vitesse le palais d'Uobmab pour courser son frère et tenter de le jeter par la fenêtre pour avoir empoisonné son chiot. Il avait toujours eu un talent certain pour exacerber sa colère, chaque jour, sans cesse un peu plus, jusqu'à la pousser à désirer sa mort malgré qu'il soit du même sang. Lentement, elle s'installa sur le fauteuil désigné et dévisagea la blonde sans se soucier de paraître impolie. Faisait-elle face à une alliée, au sein même de Narfas ? De nombreux invités avaient déjà visité Uobmab, naturellement étant donné l'expansion du Royaume qui dévorait les autres contrées comme une bête affamée face à un buffet, mais ils venaient pour Judas, non pour ses jeunes enfants, souvent occupés avec leur nourrice autre part.

« Le voyage aurait certainement pu être moins désagréable si je ne l'avais pas fait contre mon gré. » Lâcha-t-elle aigrement, la mâchoire crispée avant de garder le silence pour laisser la femme parler, sa perplexité grandissant au fil des secondes. Son coeur commença à cogner contre sa poitrine. Que devait-elle comprendre de ces propos ? Un espoir fou la traversa comme un éclair. Était-ce possible ? Son père passait-il par Jésabelle pour la récupérer ? Une vague de soulagement inattendu déferla sur elle et un vertige la fit vaciller. Ses mains crochetèrent les accoudoirs du fauteuil pour retenir les nouvelles larmes qui menaçaient de pointer. Elle se reconstruisit une façade pour ne pas s'écrouler face à la Grande Prêtresse. « Je suppose. Mais je ne peux nier l'influence de mon père sur mes exploits. S'ils n'appartiennent qu'à moi, mes victoires rejaillissent naturellement sur lui. Je suis sa fierté. » Ou du moins, l'avait-elle été. Elle le pouvait encore. Si elle se sortait de ce trou perdu au milieu du désert, si elle se débarrassait du monstre installé dans son ventre. Le plan ourdi par Clémentin sur son ton plaisantin lui revint en mémoire. Elle désirait toujours la mort de Merlin, plus que tout. « Je n'ai jamais été sous la coupe de mon frère. Jamais. » La coupa-t-elle avec brusquerie, ses joues s'empourprant. Pourtant, les mots de Jésabelle ne faisaient que refléter ses craintes. Si elle voulait sa mort, c'était avant tout pour s'échapper de cet avenir conçu pour eux, où elle devrait porter ses enfants selon la tradition. Mais elle s'était juré de briser cette tradition, et ce n'était pas Judas en vieillissant qui l'en empêcherait. Actuellement, il pouvait la forcer à se plier à ce qu'il envisageait, mais malgré ses routines quotidiennes pour se tenir en pleine forme, il ne pouvait gagner contre le temps et ses effets. Alors, en attendant, se débarrasser de Merlin était l'option la plus viable.

« Notre accord ? » Répéta-t-elle, les yeux dans le vague, les sourcils resserrés. « Notre - » Sa mâchoire se décrocha alors que le souvenir de la femme qui lui avait remis un flacon lui revenait en mémoire. Sa dernière phrase aussi, celle qui l'avait accompagnée par la suite, quand les forces lui manquaient, quand l'espoir se dérobait, quand l'injustice de sa condition lui faisait serrer les dents jusqu'à en avoir mal. « Le pouvoir doit appartenir aux femmes. » Souffla-t-elle à mi-voix. « Alors c'était vous. » Elle en gardait un souvenir flou. Celui de celle s'étant agenouillée à son niveau alors que ses sourcils barraient son front de mécontentement après que Merlin eut échappé à son ire avec son insolence habituelle. « Alors c'est ce que vous aviez fait cette nuit ? Il est réellement stérile ? » À l'époque, elle avait promis qu'elle la débarrasserait de son frère, mais le lendemain matin, il était, certes un peu barbouillé, mais toujours aussi vivant et intolérablement odieux et elle en avait voulu à la femme pour ses mensonges. Ses yeux s'écarquillèrent. Elle se leva malgré ses jambes flageolantes. « Aidez-moi à quitter Narfas. Aidez-moi à tuer Merlin sans que mon père ne l'apprenne. Non, en fait, je m'en fiche qu'il l'apprenne. Je veux juste qu'il disparaisse. Qu'est-ce que vous proposez ? Avez-vous des assassins que vous pouvez envoyer à Lieugro ? Actuellement, il est entouré d'une garde, ce sera difficile. » Elle parlait à toute vitesse, articulant à peine. La voix de Clémentin s'invita à ses oreilles. Le garçon n'avait rien de fiable, mais son plan avait des aspects intéressants et Jésabelle aurait les moyens d'enrôler quelqu'un de mieux taillé pour cette mission. « Je peux peut-être aider votre assassin à pénétrer le cercle intérieur de Merlin si vous m'aidez à regagner Lieugro. Comme auparavant, je laisserai sa porte de chambre ouverte. Que le nécessaire soit fait et que la vermine soit enfin éradiquée. Il ne sera regretté par personne. »




« C'est ça. » Répondit-elle distraitement à Ludoric avant de disparaître dans l'un des vestiaires, une toge à la main. Enfin libre, songea-t-elle en s'autorisant un petit soupir. Prestement, elle se déshabilla et enfila la toge, puis le masque, dont elle haï aussitôt la façon dont il l'étouffait et dont il limitait sa vue. Ses côtés devenaient vulnérables.

Une fois hors des vestiaires, elle se hâta de se mêler à la foule de toges identiques avant que quiconque ne change d'avis et ne décide de la menotter encore. À son poignet, un bateau déployait ses voiles, seule marque la différenciant des autres invités. Au préalable, elle avait demandé à Pénélope des pinces pour relever ses cheveux de façon à ce que le bleu attire moins l'attention que s'ils avaient été détachés librement. Dans la pénombre, les boucles huilées apparaissaient presque noires. Elle se servit au passage d'un verre qu'elle vida rapidement. Son esprit bouillonnait depuis son entrevue avec Jésabelle. L'avenir lui apparaissait tout bonnement radieux. Elle reprenait en main les rênes de sa vie, il ne restait qu'à tuer ce qui croissait en elle comme une maladie infectieuse. L'alcool tuait-il les fœtus ? Ça ne coûtait rien d'essayer. Au passage, elle adressa quelques prières meurtrières à Hermilius. Il était second sur sa liste, directement après Merlin.

Un second verre en main qu'elle sirota plus tranquillement, Zébella leva le nez pour tenter d'apercevoir un spectacle qui se déroulait plus loin. Elle s'en désintéressa rapidement et se dirigea là où elle entendait un orchestre jouer et des talons claquer en rythme sur le sol. Au centre de la vaste pièce, des danseurs décrivaient un cercle dans une chorégraphie qui lui était inconnue. Son pied battit la mesure. Même sans bouger, elle sentait la chaleur du pays lui retomber dessus, rendant plus désagréable encore le port du masque mais elle préférait le conserver. Il y avait quelque chose de dérangeant à voir tous ces hommes et ces femmes, anonymisés par des masques similaires. Elle était incapable de savoir qui était de Lieugro, qui était de Narfas. Ils étaient tous là à s'amuser comme si chacun n'œuvrait pas à la mort de son prochain, tous hypocrites avec leurs secrets et leurs faux-semblants. Le contenu de son second verre disparut pour noyer son cynisme et des paillettes criblèrent ses yeux un instant, la forçant à battre des paupières pour combattre l'aveuglement. Les bulles du pétillant se dispersèrent dans ses veines, lui donnant le sentiment d'être plus légère, lui permettant presque d'oublier ce qui alourdissait son abdomen. Sa main se contracta dessus, comme si elle pouvait traverser le tissu et la chair pour arracher l'indésirable de ses propres ongles. Si elle avait pu, elle aurait ressuscité Déodatus pour le tuer de ses mains, encore et encore. Elle cracherait sur sa tombe en revenant à Lieugro, puis embraserait la demeure qui l'avait vu grandir sans corriger sa nature abjecte. Sa famille serait jetée aux cachots, ou envoyée à Narfas pour servir aux politiques natalistes de la région. Elle pouvait bien offrir ça à Jésabelle en échange de son aide.

Message VII | 1501 mots


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Merci Jil  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 009 :
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Ammon Bethralas
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Ammon Bethralas
Dim 11 Juin 2023, 18:27


Image par Philip Sh

Les portes V


Rôle :


Dans l’exercice de ses éminentes fonctions, l’Ecclésiastique était naturellement courtisé par de  nombreuses prétendantes qui  -attirées par son sex-appeal truculent -  ne cessaient de faire des pieds et des mains pour s’accaparer ses bénédictions et un peu de son illustre renommée. Tantôt de jeunes jouvencelles aux fleurs en pâmoison, tantôt de vieilles rombières cherchant à détromper la lassitude et la monotonie d’un mariage bien rangé, pas une semaine ne passait sans qu’elles ne se s’élançassent délibérément à ses genoux -oubliant époux et enfants- pour implorer ses caresses et goûter aux délices savoureux de son bâton de chantre. Pourtant, rares étaient celles qui en définitive finissaient par gagner sa couche. La place était chère et le Grand Prêtre en profitait copieusement pour faire monter les enchères en sachant éperdument les services auxquels leurs statuts de favorites pourraient prétendre au palais si l’Homme de Foi décidait de jeter son dévolu sur elles. Plus que la bestialité d’une partie de sexe bien sentie, la quête de pouvoir des femmes était sans limites et le Grand Prêtre incarnait prodigieusement ces deux vérités inextricables qui composaient l’essence des femmes. En toute bonne foi et outre les balbutiements de son discours chaotique, on ne pourrait retirer à cette jeune femme - pucelle selon toute vraisemblance - sa témérité audacieuse de s’approcher au plus près de la lumière providentielle de Gaspard. Après tout, la chambre du prélat n’était qu’à deux pas du jardin. Il aurait pu lui expliquer pourquoi une seule lettre, un I de surcroît, distinguait sa condition virginale de la bête enchaînée qui grondait dans son entrejambe et qui attendait l'occasion propice pour se dresser à l’effigie de cette seule et même lettre mais il s’abstint pour le moment de tout superflu grivois.

En vertu de son rôle de guide suprême, le Pontife avait accepté de dispenser ses saints enseignements auprès des universités théologiques de Narfas. Le Pieux s’était fait un devoir de répandre la bonne parole auprès des cohortes de jeunes étudiants qui buvaient littéralement ses paroles et ainsi leur inculquer la ferveur qui avait été la sienne autrefois sur les bancs de ces mêmes instances. Les esprits juvéniles étaient malléables en cela qu’ils étaient plus faciles à pénétrer que les orifices étroits des jeunes garçons dont il se voyait confier l’éducation scrupuleuse. Une pensée parasite pour les boucles de son neveu s’immisça dans son esprit tortueux avant que Gaspard ne reprenne le fil de celles-ci. Il réserverait un tout autre destin pour Adoplhe et saurait tirer profit de ses talents avant que sa mère poule de génitrice ne l'incorpore dans les rangs de l'Armée.

Le professorat de Gaspard avait fini par amener son lot de réjouissances dans les relations pédagogiques qu'il entretenait avec les élèves. Lorsqu’ils ne se proposaient pas de porter ses affaires et de le suivre comme son ombre, ils vouaient à sa Sainteté un véritable culte à part entière et mettaient un point d’honneur à collectionner les effets personnels de l’Ecclésiastique. Mouchoirs, penses-bête, feuilles griffonnées à la va-vite, plumes, encriers, breloques religieuses en tous genres, les groupies du D’Epilut érigeaient les simples objets du quotidien de l’Ecclésiastique au rang de reliques sacrées dont elles s’arrachaient la propriété. Certaines étudiantes jusqu’au-boutistes allant même jusqu’à s’enfermer dans des salles de classes après les enseignements pour faire miroiter leurs faveurs sexuelles et s’attirer les bonnes grâces du Pieux. Etait t'il vraiment fautif si leurs ventres s'arondissaient de manière inopinée quelques mois plus tard et que le recteur d'établissement ne décidasse de les faire porter pâle le reste de l'année pour donner naissance aux filles et aux fils de demain ? Portée aux nues par ses étudiants, le Religieux jubilait intérieurement de ce nouveau statut que lui refusait obstinément les femmes dirigeantes de Narfas. La Chaire Théologique Universitaire n’avait jamais eu un détenteur aussi plébiscitée avec une quasi unanimité des étudiants.

Naturellement, des échanges avec les universités voisines les plus brillantes étaient savamment entretenues et Gaspard exultait de la popularité indécente dont il faisait l’objet auprès des contingents d’étudiants étrangers. Il était tout naturel que cette jeune femme ait la hardiesse de pousser l’affront jusqu’à venir dans sa cour personnelle pour justifier ses lubies impudiques et sa volonté de se lover contre son corps robuste. L’hypothèse qu’elle fût une espionne de Jésabelle, de sa délurée de sœur ou pire de plus haut encore lui traversa brièvement l'esprit et raviva sa paranoïa pathologique. Luthgarde d'Etnias représentait la quintessence des désirs du Grand Prêtre pour le sexe opposé. Les attraits de la Belle étaient nombreux et prolifiques. Sa beauté empruntait à la contemplation mirifique de celle des Vestales des temps anciens, son parfum doux et sucré appelait à l’enivrement des sens. Gaspard ne put s’empêcher d’adresser une œillade sur les proportions séraphiques de la jeune femme, d’observer les courbes parfaitement ciselées des fruits mûres de sa poitrine avant de descendre sur le bassin généreux aux promesses interdites dont elle était l'heureuse titulaire. C’était un joyau brut, un diamant qu’il faudrait travailler longuement pour donner la pleine mesure à l’envergure de ses charmes. Tout en elle se faisait l’écho au ravissement et en tout bien tout honneur, l’esthétique de Luthgarde éclipsait totalement celui de Wesphaline de Narfas dont les vergetures semblaient bien fades devant l’élasticité et la douceur de la peau de pêche de cette belle jouvencelle.  

Le Prêtre esquissa une moue contrariée lorsqu’elle évoqua avoir croisé le chemin de « Dame d’Epilut ». Cette traînée avait d’ores et déjà mis les voiles sans qu’il ne puisse mettre la main dessus. Dieu sait pour quelle obédience elle consentait réellement à œuvrer mais le Grand Prêtre connaissait les artifices de la rousse pour parvenir à ses fins. Une fellation en bonne et due forme à Balthazar avant de lui susurrer au creux de l’oreille ses commandements. Telle était la diplomatie simpliste de sa chère et tendre sœur. Quant aux eunuques de Narfas placés sous son commandement, il l’imaginait allègrement telle une cheffe d’orchestre accomplie, manier la baguette pour faire chanter l’opéra à tous ces castrats de sous-fifres châtrés avant qu'ils ne déguerpissent dans leurs casemates, gorgées de désirs érotiques dont elle était la seule maestro.

Oui, Luthgarde avait résolument un potentiel inexploité. La rencontre entre la jeune femme avec l’Ecclésiastique n’avait sans doute rien de fortuit. Le Très-Haut l’avait mis sur la route de son Émissaire pour l’honorer comme il se doit et lui réserver ses meilleurs égards. Jadis, lorsque le Créateur avait dans son Saint périple arpenté les terres désertiques de Narfas pour délivrer ses commandements. De nombreux compagnons – à l’origine païens – l’avaient rejoint dans sa mission sacrée après avoir été irradié par sa lumière. Ses compagnons qui héritèrent du titre d’Apôtre relatèrent la vie du Très-Haut et leurs textes sacrées servirent de base d’écriture pour les premières ébauches du vénérable Livre Sacré. Luthgarde pourrait devenir, si elle s’en montrait suffisamment digne, l’une des Apôtres de la réincarnation du Créateur en la personne de Gaspard et aurait la mission sacrée d’écrire l’Évangile de Saint-Gaspard pour que les générations à venir puissent lire ses hauts-faits. Telle serait l’œuvre première de son existence. Dans un second temps, elle pourrait sans aucune doute devenir le vaisseau de la semence divine de son Éminence et contribuer à lui garantir une descendance féconde.

« Mon enfant. Béni soit t’il. » lança le prêtre qui s’approcha avec bienveillance de sa vis-à-vis. La paume de sa main épousa avec tendresse l’ovale de son visage, la pulpe de son pouce se balançant avec intermittence sur la joue rosie de l’étudiante.

« Le nom de votre Royaume est un gage de la bienveillance de vos intentions. » S’il n’en pensait pas un traître mot, il se garda d’en entretenir l’illusion derrière un sourire amène.

« J’imagine fort bien les circonstances que vous évoquez chère Luthgarde, si vous me permettez cette familiarité. Quant à votre ferveur, je peux la percevoir à travers cette résolution bouillonnante dont sont empreintes vos pupilles.» ajouta le d’Epilut alors que son pouce lorgnait délicatement sur la commissure des lèvres de la jouvencelle pour in fine se poser sur sa langue.

« Je suis moi-même honoré d’être le fruit de telles attentions. Rares sont les femmes assez vaillantes et assez disons...entreprenantes pour se rendre jusqu’à ma demeure pour vouloir un autographe et observer le lieu où j’ai élaboré ces précieux écrits. Ma chambre est juste au dessus du jardin, vous pouvez en apercevoir le balcon juste là, regardez.» renchérit t’il cette fois-ci en retirant soigneusement sa main du visage de la Bleue pour la déposer sur son épaule et lui désigner l’endroit en pointant l'index de son autre main.  

« Veuillez m'attendre deux petites minutes, je vous prie ». lança t’il avant de se diriger vers la pièce contigue et d’en revenir quelques instants plus tard avec quelques ouvrages - qu’une lectrice si assidue ne pouvait que connaître - sous le bras ainsi qu'une coupe ornementale et un vase.

« Je vous offre gracieusement mon autobiographie dédicacée ainsi que les trois tomes de la « Marche de la foi » qui fut la mienne vers mon ascension à la prêtrise de ce Royaume. Une étudiante telle que vous saura naturellement en faire bon usage, j’en suis convaincu. »

« J’ai cru comprendre que vous cherchiez également à en apprendre davantage sur la "noble culture" de Narfas. Je propose de vous initier à l’un de nos rites religieux les plus sacrés ici même dans cette fontaine. N'ayez crainte, l’eau de ce bassin provient des baptistères de la Basilique Notre Dame de Narfas, elle a donc été bénite à de très nombreuses reprises. »

« Allons-y si vous le voulez bien »

L’honneur s’il s’en fut ne pouvait décemment se refuser, les rares élus qui pouvaient bénéficier de telles traitements de faveur se comptaient sur les doigts d’une main mutilée à qui l'on avait ôté l'annulaire pour hérésie et le petit doigt pour vol en flagrant délit.




Quelques instants plus tard dans un silence solennel, L’Ecclésiastique et la De Etnias se tenaient désormais face à face dans le plan d’eau. Gaspard entama la cérémonie en se rapprochant de la jeune femme avant de cueillir un fruit mûr de l’arbre à pêche à proximité et de l’abandonner avec une infinie minutie dans la bouche de Luthgarde. L’hostie n’était pas aussi volumineuse en règle générale mais cette bouche ample et pulpeuse méritait bien qu’on lui rende hommage à sa juste valeur.

« Mangez, ceci est mon corps » lança t’il de concert avec une ferveur en l’observant mâcher lentement pour en absorber tout le suc.

Il saisit la coupe incrustée de pierres précieuses rougeoyantes avant de la plonger dans l’eau bénite de la fontaine et de la porter aux lèvres charnues et voluptueuses de Luthgarde. Gaspard se fit la réflexion qu’au fil des années son intérêt pour les jeunes femmes n’avaient cessé de se décupler au point de devenir véritablement son pêché mignon.

« Buvez ceci est mon sp...sang ! Mon sang ! »  se corrigea t’il alors que son esprit divaguait à des besoins élémentaires bien plus prosaïques.

L’Homme d’Église se rapprocha de la D’Etnias se plaçant derrière elle avant de la faire basculer délicatement en l’accompagnant et en récitant une prière pour l’immerger à plusieurs reprises dans le bassin. Gaspard pouvait ressentir la chaleur moite du corps de l’étudiante à travers ses habits, l’épiderme de sa peau se tendre de l’excitation de participer à un tel évènement. Elle frémissait avec l’agitation qu’une jeune ingénue pouvait éprouver devant le Loup pour la toute première fois.  


Totalement détrempée par ses bains successifs, le Prêtre prit soin de soulever l’étudiante et de la déposer sur l’herbe humide avant d’entreprendre de la sécher avec un suaire cotonneux. Il débuta par le col de son pied et remonta tout doucement en frictionnant avec grande précaution ses mollets et les cuisses charnues de la d’Etnias. Le visage de l’Ecclésiastique n’était qu’à quelques centimètres de l’épiderme de l’étudiante dont il pouvait apercevoir la régularité du grain du peau et tâter les muscles souples qui composaient son anatomie. Il pouvait ressentir son souffle chaud se déposer sur chacun des membres de la jeune femme alors qu’il se flagellait intérieurement de ne pas succomber à sa chair sucrée et raffinée. Vint la chute de reins rebondis de la Bleue contre laquelle l’extrémité contondante de son entrejambe s’étira encore et encore pour mieux en effleurer la forme opulente pendant un instant qui lui sembla durer des heures. Il aurait voulu la sentir frémir contre lui et glisser un doigt ou deux pour libérer le nectar d’un fruit qui n’avait de défendu que le seul nom. Puis vint le dos de la jeune femme qu'il caressa d'abord avec le dos de la main avant d'en épouser la forme longitudinale avec le creux de la paume. Il reprit la découverte insolite du corps de la jeune femme en s’attardant sur les épaules de la d'Etnias sur lesquelles il ne put s’empêcher de déposer un baiser avant de remonter instinctivement vers la nuque et vers son lobe d'oreille où il murmura des promesses à peine audibles. S’il ne pouvait l’attester, il lui sembla que la jeune jouvencelle fut sur le point de défaillir tant ses genoux semblaient ployer sous les assauts impétueux du d’Epilut. Tiraillée au plus profond de sa chair, elle ne pouvait que tressaillir devant la démonstration du patriarche religieux. Luthgarde d’Etnias aurait au moins une anecdote sensationnelle à raconter à ses copines de retour sur les bancs de l’université, à défaut des genoux de sa Sainteté.

Lorsqu’il eut terminé la besogne et qu’il ponctua sa prière, le Grand Prêtre déversa délicatement l’huile parfumée pour oindre le front de Luthgarde et l’accueillir comme une fidèle à part entière dans la maison du Seigneur. A mesure qu’il épandait la substance sur le visage diaphane de Luthgarde, le Pontife songeait à la destinée auréolée de gloire qui l’attendait.

« Cette première onction constituait la première pierre de votre accueil dans la communauté du Très-Haut. Vous venez de recevoir le premier sacrement : le baptême. Qu’en avez vous pensé ? N’est-ce pas un sentiment incroyable que de se placer sous la vénérable autorité du Créateur ? »

Gaspard se garda bien de lui faire part de sa volonté de l’oindre d’une multitude d’autres façons. Il attendait d’elle qu’elle le désire si ardemment qu’elle ne puisse faire autrement que de se livrer corps et âme à ses bons soins.

« Une heure ou deux selon votre convenance. Montrez-moi donc l’apanage de tous vos talents, je suis certain que vous en possédez beaucoup d’insoupçonnés, hormis votre fibre artistique. Surprenez-moi donc ! »

« Souhaitez-vous également m’accompagner demain à une prêche que la Reine m’a confié d’organiser pour raviver la ferveur du peuple ? Une grande fête donnée en l’honneur des réfugiés succédera à celle-ci où vous pourrez vous restaurer et faire la connaissance d’éminentes personnalités du Royaume. De nombreuses festivités sont prévues et ce sera une occasion unique pour observer de votre propre chef les divertissements et la féerie de ce que certains appellent ici « Les Grandes Messes » de Narfas. Je vous expliquerai plus en détail l’objet de cette soirée si vous êtes intéréssée.»




« Celui qui demeure sous l'abri du Très-Haut
Repose à l'ombre du Tout Puissant. 
Je dis à l'Eternel: Mon refuge et ma forteresse, Mon Dieu en qui je me confie ! 
Car c'est lui qui te délivre du filet de l'oiseleur, De la peste et de ses ravages

Le Seigneur est ma lumière et mon salut
De qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
Devant qui tremblerais-je ?

Qu’une armée se déploie devant moi,
Mon cœur est sans crainte ;
Que la bataille s’engage contre moi,
Je garde confiance.

Oui, il me réserve un lieu sûr
Au jour du malheur ;
Il me cache au plus secret de sa tente,
Il m’élève sur le roc.»

Accueillez le Très-Haut et témoignez lui votre ferveur
Car il sait tout et voit tout. »


le D’Epilut conclut son Oraison religieuse sur ces quelques mots et descendit du prechoir pour regagner les rangs des figures ecclésiastiques en contrebas avant de se diriger avec Luthgarde en direction du lieu des festivités. Rendu sur place, le personnel leur confia leurs toges et bracelets respectifs avant de les laisser se diriger vers les vestiaires pour les revêtir. Lorsqu'ils ne furent plus dans le périmètre de vision des organisateurs, le prêtre fit mine de tomber malencontreusement au détour d'une couloir, emportant l'étudiante au sol avec lui dans une chute aberrante .

« Pardonnez moi, vous n'avez rien de cassé, j'espère ? J'ai regrettablement trebuché. Je m'en voudrais de vous avoir blessé. Tenez, prenez garde à bien porter votre bracelet en évidence. On se retrouvera de l'autre côté. »

Dans sa poche, il avait profité de la chute prétenduement accidentelle pour intervertir leurs bracelets..  

Post VIII - Mancy mots




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Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

« Oui, en effet. » répondit Lambert, tout en trouvant sa réflexion étrange. Devait-elle soutenir le Grand Prêtre, ou le Roi ? Car les deux hommes semblaient avoir des visions différentes et soutenir l’un revenait presque à trahir l’autre. Entre le fanatisme et la raison, entre les solutions grandiloquentes et dénuées d’empathie et les solutions plus mesurées et à construire ensemble, il y avait un monde. Il la savait intelligente. Leurs discussions de jadis le lui avaient prouvé plus d’une fois. C’était en partie pour cela qu’il avait ressenti du désir pour elle. Cette pensée le fit sourire. Il avait un problème avec les femmes à l’esprit bien fait et redoutable. Il ne doutait pas non plus qu’elle l’était. Entre Garance et Wesphaline, Madeline avait dû lui apparaître comme une bouffée d’air frais. Il avait aimé sa femme mais ne l’avait jamais admiré pour son intellect. Il ne revenait toujours pas du fait qu’elle eût pu lui cacher Clémentin durant tout ce temps et décemment croire qu’il aurait pu la tromper et engendrer un bâtard. Ce n’était pas vrai, en ce temps-là. À présent, cependant, il ne pouvait plus être considéré comme un époux loyal. Ça ne lui ressemblait pas mais il ne pouvait faire autrement. Surtout, il n’en avait pas envie. Être aux côtés de Garance était un devoir. Il ne la soutenait pourtant pas aveuglément. Il avait ses propres desseins et savait qu’au bout du tunnel, ils devraient s’affronter. Néanmoins, le bout du tunnel était encore loin. Plongés dans la nuit, il valait mieux qu’ils s’entraidassent. La Reine lui sembla être plongée au cœur des abysses, elle-aussi. Sa mine fatiguée épousa son discours. Il resta silencieux. Non seulement il n’était pas à l’origine de la souffrance de son peuple mais, en plus, ce n’était pas parce que son peuple souffrait que les réfugiés devaient souffrir avec lui. La perte de Montarville et le départ forcé de Lieugro constituaient également des souffrances. Ils n’avaient pourtant pas demandé à chaque peuple de s’exiler avec eux, en soutien. « Je suis heureux de vous l’entendre dire car il est hors de question que les nôtres fassent les frais de cette politique, en effet. » Il était ferme, sans pour autant être agressif. Il ne cherchait pas à la confronter, juste à exposer une vision qui ne changerait pas. L’entretien précédent les avait tous plongés dans une situation intenable diplomatiquement. S’il était prêt – et Garance l’était probablement aussi – à aider concernant la démographie, ce ne serait pas par la contrainte que cette aide devrait passer. Lieugro demandait un soutien mais n’avait pas perdu sa dignité pour autant.

Lorsqu’elle parla de Balthazar, Lambert ne put s’empêcher de penser qu’il appartenait probablement lui-aussi à l’espèce des modérés. Il avait à cœur l’avis de chacun et était souvent prêt à faire des concessions pour le bien-être du plus grand nombre. Néanmoins, il ne s’était jamais accompagné d’une Foi. La religion lui semblait dangereuse. Pour autant, aucun fanatique ne lui avait jamais soufflé sa messe dans le creux de l’oreille. Il comprit qu’elle tentait de lui signaler que Gaspard régnait dans l’ombre. Or, il savait, lui, que Jesabelle était sûrement à l’origine des préceptes du Royaume. Que se passait-il donc ? Jesabelle contrôlait Gaspard qui contrôlait le Roi ? Trop long, pensa-t-il, tout en restant silencieux. Elle n’était pas censée savoir qu’il savait. Savait-elle elle-même ? En l’observant, il ressentit des émotions diverses. Il ne pensait pas qu’elle jouait la comédie sur toute la ligne mais restait méfiant. Elle avait l’air sincère, tout comme Garance l’était lorsqu’elle mentait. Il voulut pourtant s’approcher pour la réconforter. Il n’en fit rien. Le passé n’avait pas à jouer ici, bien qu’il ressurgît d’une étrange façon. Il ne la désirait pas actuellement, pas alors qu’ils discutaient de façon aussi sérieuse et qu’elle semblait en proie à des maux puissants. Une part de honte subsistait toujours. Il avait encore envie de lui dire qu’il n’était pas gay, qu’il avait paniqué et qu’il lui avait dit la première chose qui lui était passée par la tête. Elle devait le savoir depuis le temps. Il avait parfois imaginé la tête qu’aurait fait Montarville s’il lui avait expliqué qu’il s’était servi de lui pour se défausser au dernier moment, en prétextant être homosexuel et fou amoureux de lui. C’était idiot. Parfaitement risible puisque son corps avait réagi d’une façon explicite.

« Pardon ? » La mention du chantage sexuel lui arracha une exclamation à la frontière entre l’indignation et l’espoir de se méprendre sur ce qu’il venait d’entendre. Il l’écouta. Tout allait trop vite pour lui. Et elle lui semblait trop proche. Il prit le temps de réfléchir. Il n’était pas d’accord avec l’idée de faire tomber Gaspard sans aucune forme de procès. Il l’avait voulu, lors de la réunion, mais ce n’était pas ainsi que les affaires se réglaient. Il ne voulait pas agir comme Judas, ni qu’elle agît comme lui. Il espérait donc que par « tomber », elle entendait le faire arrêter et juger. Pourtant, si sa propre vie était en jeu, il semblait que l’espoir d’un procès était vain.

Le changement de sujet le prit de court. Il se racla la gorge. « Pas avant aujourd’hui, non. » avoua-t-il. « Vous en vouloir n’est pas le terme. J’ai été… surpris, disons. Si j’avais su que vous étiez la femme du Roi, les choses auraient été différentes. » C’est ce qu’il aimait à penser depuis qu’il savait. Il aurait été plus prudent, ce serait comporté avec plus de déférence, n’aurait pas été si intime, n’aurait pas bu avec elle, n’aurait pas ri si naturellement. « Est-ce une bonne chose ? Les sentiments font partie intégrante de la vie. Les bannir revient à mourir. » dit-il, sans chercher à réveiller le désir chez elle. Aujourd’hui, ce serait mal venu. S’il succombait, il devrait bannir ce qu’il pensait être l’une de ses qualités : la fidélité. À y songer, il n’était plus fidèle. Néanmoins, sa femme l’avait trompé avant lui et leur mariage ne valait plus que sur du papier. Les sentiments s’étaient échappés et il lui portait même une forme de ressentiment qu’il n’arrivait pas à faire s’estomper. Il aurait aimé pouvoir arranger les choses mais, au fond, il savait qu’il n’y avait plus rien à arranger, surtout pas depuis le bal. Il la regarda, détailla son visage. La voir rougir le gêna. Il trouva une parade. « Vous étiez une femme comme les autres mais ce n’était qu’une illusion. Au fond, vous restiez la Reine, avec toutes les conséquences que ça aurait pu avoir si on nous avait vus ensemble. »

Il la regarda un instant, en silence, puis s’approcha. Le geste était peut-être une mauvaise idée mais il posa ses mains sur elle, sur ses bras, pour qu’elle le regardât à son tour. Ils n’étaient plus de jeunes adultes. Elle restait cependant très belle. Et lui devait songer à la situation de Narfas et à celle de Lieugro, pas à autre chose. C’était d’ailleurs ce qui l’avait conduit à fuir la première fois : il était alors en mission et avait craint de faillir, de se perdre en elle. Et puis, il venait de rompre avec Garance. La pensée qu’il pût la désirer pour de mauvaises raisons l’avait alors effleuré. Pour toutes ces choses, il avait paniqué, avait été lâche, lui avait servi un discours sans queue ni tête et avait fui. Il ne désirait plus fuir aujourd’hui. « Wesphaline… je n’ose pas prétendre comprendre ce que vous traversez mais je peux essayer de vous aider. Il y a des choses sur lesquelles je peux agir seul, d’autres pour lesquelles je me dois de consulter la régente. Le Grand Prêtre me semble être un homme abject mais je détiens des informations… des informations qui ne l’incriminent pas comme étant responsable de la situation que vous jugez invivable. Je ne peux néanmoins pas vous les confier sans l’aval de Garance. Revoyons-nous d’ici quelques jours. » Il perdit son regard dans le sien, un regard bleu qui se fit soudain plus dur. « Cependant, si jamais le Grand Prêtre tente encore de vous toucher, ne restez pas seule. Prévenez-moi. » Parce qu’il ne le laisserait pas faire. « Moi ou quelqu’un d’autre… quelqu’un en qui vous avez confiance et qui sera à-même de vous protéger. » Il fixa l’une de ses mains sur elle et la retira en même temps que sa jumelle pour les placer le long de son propre corps. « Je vais moi-aussi être honnête. Je ne sais pas si je peux vous faire confiance mais une chose est sûre : l’avenir de mon Royaume m’importe et je suis prêt à tout pour le récupérer, sauf à sacrifier les miens. Cependant, je ne suis pas prêt non plus à sacrifier un peuple qui a été l’allié de Lieugro durant des années, ni à fermer les yeux sur des injustices. Mon intérêt reste le bien commun, assorti de relations florissantes et bénéfiques pour tout le monde. »




Un hibou se trouvait sur le tampon de Lambert. Habillé des vêtements proposés par Narfas, le confort enveloppait son corps. Childéric était parti en mission mais le mot qu’il avait laissé ne cessait de perturber l’ancien conseiller de Montarville. Quelque chose clochait. Le Chef des Armées n’avait pas non plus fait appel à un médecin pour le messager. Il s’en était chargé lui-même en revenant au sein de leurs appartements. Pourtant, il avait eu d’autres préoccupations. La discussion avec Garance avait rapidement viré en dispute. Il s’était montré bien plus conciliant qu’elle envers Wesphaline. La régente n’avait rien voulu entendre. L’agacement à son apogée, ils avaient glissé vers ce qui semblait être devenu une habitude. La rudesse avait fini sa course entre les draps et, épuisés, sur le matelas, ils avaient terminé leur conversation d’une façon plus posée. Il avait été décidé que, pour le moment, il ne dirait rien à la Reine. Il était préférable qu’elle se débarrassât du Grand Prêtre si bon le lui semblait. Ils attendraient. Déjà parce que la Reine et Jesabelle étaient sœurs et qu’elles étaient peut-être de mèche. Ensuite parce qu’il semblait plus prudent d’entendre le Roi et d’interroger la Cheffe des Armées sur ses pensées avant de prendre une décision hâtive. En pénétrant dans la pièce, Lambert se souvint de la pique que lui avait lancé la régente, en explication de son laxisme et lorsqu'il s'était approché d'elle, fou d'une tension qui s'était transformée en tension sexuelle au fur et à mesure de la conversation. « Tu as encore envie ? Je pensais que tu avais couché avec elle, en souvenir du bon vieux temps. » Il avait répliqué d’une façon qui l’avait lui-même surpris. « Tu es jalouse ? » En temps normal, il aurait cherché à se dédouaner. Sous le coup de l’agacement, il avait simplement attaqué et s'était emparé de ses lèvres. Quoi qu’il en fût, même s’il n’était pas d’accord avec plusieurs points, la décision avait été prise. Il devrait s’y tenir, sous peine d’affaiblir leur position.

1802 mots



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Les Portes V


Rôle :

Le jeu avait mis à l’épreuve mon endurance et ma résistance à la chaleur. La première m’avait semblé plus grande que dans mon souvenir. Le voyage avait été éprouvant et avait dû agir sur mes capacités physiques. Ma résistance à la chaleur, en revanche, était restée très basse. Le long trajet dans le désert n’y avait rien changé. Mes joues s’étaient rapidement empourprées et la sueur n’avait pas tardé à maculer mes vêtements aux endroits attendus. En temps normal, je ne transpirais pas ou peu.

Si j’avais tenté de me donner corps et âme dans la partie, le comportement de Ludoric me taraudait. J’avais lu sur son visage de l’embarra. J’avais envie de le mettre sur le dos de la situation. Clémentin pouvait être un obstacle entre le trône et moi. Même si je n’avais jamais été très clair avec le roux sur ma volonté de porter la couronne, il savait qu’il y avait un fossé entre mon frère et moi. Il aurait donc dû y en avoir un aussi entre le roux et le brun. Pourtant, le dernier me semblait capable de construire des ponts rapidement pour rejoindre n’importe quelle rive. L’aisance de son discours, la démonstration de leur proximité… Faisait-il ça pour m’énerver ? J’en doutais parce qu’il n’avait pas l’air de se préoccuper de mes sentiments ni même les connaître. Pourquoi est-ce que ça m’énervait alors ?

Il avait dit qu’il avait chevauché Ludoric. Savait-il pour lui et moi ? Savait-il pour son homosexualité ? Raisonnablement, il n’y avait rien à craindre. Clémentin était avec Rosette et avait même exprimé le regret que je ne sois pas avec eux. Alors pourquoi est-ce que ça m’énervait quand même ? Était-ce la voix précipitée du rouquin ? La façon dont son regard se dirigeait ? C’était comme s’il avait commis une faute. Quelle faute ? Se sentait-il coupable d’apprécier mon frère ou était-ce autre chose ?

Les questions ne me laissèrent pas en paix. Jusque dans mon lit, bien après la fin du jeu, j’y songeai.

**

La perspective d’un bal m’avait placé dans un état difficilement gérable.

Assis par terre, le dos contre le lit qui m’avait été assigné, ma tête reposait entre mes bras, eux-mêmes appuyés sur mes genoux. Le dernier bal en date s’était mal déroulé. Pour être avec Ludoric, je m’étais travesti. Si je ne l’avais pas fait, je serais probablement mort. Souvent, je pensais à ce fils de paysan qui avait pris ma place dans mon lit, à jouer à être moi pendant que je partais en quête de l’homme que j’aimais. Il y avait laissé sa vie. J’aurais pu y laisser la mienne. Je ne savais pas ce qu’il y avait de pire entre mourir et porter le poids de la culpabilité d’un meurtre qui aurait dû me viser. Je me préférais en vie et m’en voulais pour ça.

Ce bal avait fait basculer la situation pour de bon. Tout s’y était accéléré. Le viol de la Princesse d’Uobmab, le meurtre de Déodatus… j’étais certain que ces éléments n’étaient pas les seuls de la soirée. D’autres avaient dû se produire, dissimulés dans les ombres ou dans les pièces fermées à double tour. Certains avaient dû souffrir en silence. D’autres avaient dû souffrir tout haut sans que personne ne les entende.

Ce bal me paraissait loin. Avec Ludoric nous avions décidé d’avouer notre amour au monde. Nos bonnes résolutions avaient été coupées nettes quelques jours plus tard lorsque mon père était mort. Il n’était plus question de faire accepter notre différence mais de fuir pour sauver nos vies. Les combats d’hier semblaient presque futiles et vains.

**

Devant les tenues, j’hésitai. Je n’avais aucune envie d’être là. Je redoutais que le bal de Lieugro se transpose à Narfas. La gorge sèche et les mains moites, je pris la tenue bleue et dorée et la passai autour de moi. Si quelqu’un m’interrogeait après coup, je dirais que pour ma sécurité, j’avais préféré me grimer en fille.

Je supposai qu’il y aurait plus d’hommes que de femmes et était prêt à courir le risque de me faire draguer ouvertement. J’avais toujours la possibilité de prendre des tonalités aigues. Je m’étais entrainé longuement à me transformer en fille. Mes pas devaient être plus légers, mes manières différentes. Les garçons et les filles n’étaient pas éduqués de la même façon. La tenue couvrait mes bras et les muscles fins mais de plus en plus présents qui y trouvaient une place. Seuls mes avant-bras étaient visibles, mon poignet portant le sceau qui me désignait. Une plume s’y trouvait.

Je voulais trouver Ludoric et passer ma soirée avec lui. Pourtant, les silhouettes se ressemblaient toutes et il y avait plus d’un roux. Nous aurions dû convenir d’un point de rassemblement. Tout à droite ou tout à gauche de la maison par rapport à l’entrée principale. Ça aurait très bien fonctionné. Nous n’avions rien convenu du tout, peut-être parce que je m’étais muré dans un silence absent depuis le jeu du parc. Quelque chose clochait. Je me dis qu’il ne m’aimait peut-être plus mais ne savait pas comment me le dire. Cette pensée me mit les larmes aux yeux.

Boudant le buffet, je me dirigeai vers ce qui me semblait être une adolescente de mon âge, prise au hasard. Je ne voulais pas parler aux adultes. J’avais envie d’être seul mais, avant de m’isoler, je décidai d’essayer de me changer les idées.

« Excusez-moi ? »

Je forçai ma voix dans les aigus. L’exercice me sembla plus dur qu’à Lieugro. Peut-être avais-je légèrement sous-estimé les effets de la mue.

« Que diriez vous de jouer à un jeu ? Un cache-cache serait peut-être trop dur mais je n’ai pas grand-chose à parier aux dés. »

Je la regardai. Elle me disait vaguement quelque chose, sans que je n’arrive à mettre le doigt dessus. Ses yeux avaient un éclat intelligent mais exigeant. Elle était petite mais avait l’air de porter un poids ou d’avoir été éveillée trop tôt. Je soupirai.

« En vérité, je préférerais me cacher sous une nappe pour discuter mais je ne suis pas sûr que ça convienne à grand monde. Les bals et les soirées en général me rendent nerveuse. »

Je devais faire attention à ma conjugaison.

Je jetai un coup d’œil aux invités. Ludoric n’avait pas l’air d’être dans cette pièce. Peut-être que je ne le verrais pas de la soirée. Petit à petit, si nous n’arrivions pas à nous retrouver, j’avais peur que nous nous perdions de vue. L’armée et la royauté nous arracheraient peut-être l’un à l’autre sans que nous ne puissions rien y faire.

1099 mots
Il est en tenue de fille et est avec Anthonius  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 014

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Mitsu
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Dim 11 Juin 2023, 22:37


Image par un artiste inconnu

Explications


Bonjour / Bonsoir !  nastae

La soirée commeeenncceeee ouiiiiii  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 002

Priam devrait spécifier mais voici déjà quelques éléments :
- Le bal (mais en fait c'est plus une soirée) se déroule dans une résidence secondaire de Primaël en dehors de la ville nobiliaire/cour.
- S'il y a une partie pour danser, ce n'est pas le cœur des festivités. La demeure de Primaël est très grande (il a bien réussi) et comporte plusieurs pièces/chambres avec des alcôves. Il y a des endroits très intimistes.
- Il y a aussi des spectacles un peu partout, puisqu'il a invité des artistes.
- Mais le plus gros de la fête, ce sont des jeux (de stratégie, de hasard etc). Il y a des jeux d'argent, de cartes, des paris dans lesquels il est possible de tout proposer à la mise (la main de ses enfants, sa semence, son utérus et j'en passe - c'est pas moi c'est Alvine qui l'a dit)
- Les invités sont masqués (le masque cache tout le visage avec un espace suffisant pour la bouche afin de manger et boire). Les tenues sont les mêmes pour tout le monde. Il s'agit de toges, rouges et dorées pour les hommes, bleues et dorées pour les femmes.
- Afin de conserver l'anonymat, les invités sont conviés dans des vestiaires indépendants afin de se changer. De plus, le personnel leur confie un tampon/sceau (comme en Corée voyez) qui sera solidement attaché au poignet de chacun. Chaque tampon correspond à une personne identifiée, ce qui permet aux invités d'être anonymes pendant la soirée aux yeux des autres invités mais pas aux yeux de l'organisateur qui pourra demander les sommes pariées durant la soirée si jamais il y a des problèmes. En gros, chaque personnage pariant quelque chose ne pourra pas se défausser à la fin. Chaque tampon est unique. Le dessin peut être ce que vous voulez.
- L'alcool, la nourriture et le thé coulent à flot ! /sbaf


Narfas : Le Royaume de Narfas était avant séparé en deux territoires (celui dans lequel on joue) et un autre, bien plus éloigné, qui a été pris par Luce d'Uobmab, le père de Judas d'Uobmab, lui-même père de Zébella et Merlin d'Uobmab. Aujourd'hui il ne reste plus que ce Narfas là. Vous avez la carte du monde là >>> Carte <<< Narfas est un mélange de la culture Humaine et de la culture Orine de l'IRL des personnages. On joue dans un climat plutôt chaud mais y a des oasis et de l'eau, des palmiers, de la végétation (on est avec Astriid en vacances quoi o/). L'architecture est plutôt celle des Orines donc temples asiatiques, avec, en plus (c'est pas Orine) quelques touches de cités grecques avec des colonnes sous les bâtiments. Les vêtements sont fait d'étoffes et ressemblent à l'image que j'ai mise en en-tête pour les nobles. Voilààà o/ Le reste vous pouvez inventer. Lisez bien les nouveaux rôles car il y a beaucoup de contexte dedans ^^ Pour l'invention, faites en fonction du rôle de votre personnage (si c'est un marchand vous pouvez inventer des choses par rapport à ça, si c'est un religieux détailler les monuments de culte etc etc).

Rps importants
- Le Royaume de Lieugro - Partie I
- La mort de Montarville et la prise de Lieugro
- Transition - Quand Lieugro devint Uobmab

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectifs secrets et secrets : 8D

Voilà !  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 1628

Participants


La liste des nouveaux rôles est >> ICI << avec la description des rôles sur la page précédente.

En jeu :
- Hélène (Garance) : XIII
- Ikar (Placide) : XXV
- Stanislav (Alembert) : X (en pause => Retour à Lieugro)
- Dastan (Ludoric) : XIII
- Adriaen (Lambert) : XII
- Yngvild (Rosette) : XIII
- Tekoa (Childéric) : XIV (en pause => Retour à Lieugro)
- Chuan (Lénora) : IX
- Susannah (Zébella) : XII
- Erasme (Clémentin) : XIII
- Miraneiros (Balthazar) : VII
- Fawëlysa (Wesphaline) : II
- Seiji (Wesphaline) : III
- Jil (Anthonius) : VII
- Claer (Jésabelle) : V
- Ammon (Gaspard) : VIII
- Eméliana (Tamara) : VIII
- Zeryel (Adolphe) : VII
- Lysium (Melchior) : VI
- Sympan (Gao) : VII
- Oriane (Pénélope) : VI
- Lazare (Primaël) : IV
- Orenha (Luthgarde) : IV
- Lorcán (Ivanhoë) : IV

En pause :
- Kiara (Coline) : V
- Kyra (Adolestine) : IV
- Faust (Gustave) : V
- Lucillia (Eléontine) : XIII
- Laen (Hermilius) : V
- Chelae (Clémentine) : XVI
- Min (Natanaël) : XIV
- Eibhlin (Adénaïs) : IV
- Lucius (Elzibert) : V
- Lana (Yvonnelle) : V
- Thessalia (Irène) : VIII
- Dorian (Ezidor) : X
- Gyzyl (Judas) : VI
- Wao (Merlin) : XIX

Les morts :
- Babelda (Montarville) : XI (dead)
- Léto (Ernelle) : II (dead)
- Stanislav (Déodatus) : IX (dead)
- Latone (Madeline) : 0 (dead)


Deadline Tour n°9


Dimanche 18 juin à 19H

Pour information, il reste 4 tours ^^

Gain Tour n°9


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Le dé de Primaël : Avoir le dé de Primaël sur soi confère une chance insolente à son porteur, en fonction de la magie de la personne qui le possède.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 12 Juin 2023, 00:05



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Le jeu ne parvenait pas à le distraire totalement. Où qu’il allât, son esprit revenait immanquablement à Placide. Le silence qu’il avait imposé après le jeu le préoccupait. Il avait conscience d’avoir agi étrangement. Entre le blond et Clémentin, il n’avait pas su faire face, pas cette fois-là. Avait-il éveillé des doutes dans le cœur de son amoureux ? Ou était-ce autre chose qui l’inquiétait ? Il n’avait pas osé engager la conversation. Il aurait pu bafouiller des explications, mais elles n’auraient été que des alibis, des mensonges. Il n’était pas certain d’avoir envie de lui mentir. Le pouvait-il, de toute manière ? Il aurait souhaité que la vérité restât coincée dans son corps – parce qu’il ne se passerait rien. Il ne cèderait pas aux folies enflammées qui lui rongeaient la raison. Il n’était pas comme ses parents ; il était loyal, fidèle et respectueux. Personne n’aurait dû deviner le désir qui lui brûlait la poitrine. Mais Zébella avait vu. Elle pouvait, à tout moment, parler au Prince, et inventer n’importe quoi. Qu’elle se promenât désormais en toute liberté l’angoissait. Toute l’après-midi durant, il avait retourné le problème dans sa tête. Fallait-il faire le pari qu’elle ne parlât jamais, alors qu’elle ne les appréciait pas, alors que Lieugro la retenait captive ? Ou valait-il mieux avouer à Placide ce qui hantait ses jours et ses nuits ? L’adolescent se frotta la tempe, désorienté et agacé. Ce qui n’aurait dû être qu’une attirance passagère prenait des proportions démesurées.

Une nouvelle présence lui fit lever le nez du plateau de jeu. « Bonsoir. » répondit-il poliment, bien qu’intrigué par cette arrivée soudaine et par la requête de l’homme. Il regarda autour d’eux : d’autres tables de jeux étaient libres. Il aurait pu aller n’importe où, mais il avait choisi de se présenter à lui. D’instinct, Ludoric se raidit. Il scruta le masque de l’étranger, sans être capable de percer les secrets de son visage. Ses cheveux roux fusionnaient avec le tissu écarlate de sa toge. Étonné, il suivit du regard son adversaire qui s’en allait, avant de le reporter sur l’inconnu. « Oui, ça va. » Non, mais il n’avait pas besoin de connaître le moindre détail. « C’est la première fois. Je ne suis pas d’ici. » À quoi bon le cacher ? Comme le souligna aussitôt son vis-à-vis, son accent le traduisait. Ses manières aussi, sans doute. Ils étaient de deux cultures différentes. Du bout des doigts, il tapota le bois de la table, ses iris bronze fixés sur les manipulations de l’homme. Il avait des mains longues, souples et graciles, mais ses mouvements étaient assurés et fermes. Ce n’étaient pas des mains de guerrier. De musicien, peut-être ? De danseur ? D’artiste. Ou de Prince. Placide en possédait des similaires, à la différence près que les siennes n’arboraient pas de bagues. À sa proposition, il acquiesça. Ses prunelles remontèrent vers lui. Elles scrutèrent ce qu’il pouvait discerner de son regard à l’abri du mascaron. « C’est ce que j’ai cru comprendre. » Il cligna des paupières. « Trois questions ? » Était-il un espion ? L’avait-il abordé dans le but de lui soutirer des informations ? « Très bien, faisons comme ça. » approuva l’adolescent. S’il gagnait et se montrait trop indiscret, il pourrait mentir. Mais, considérant tous les soucis qui lui pesaient, il pouvait bien avoir un peu de chance au jeu et l’emporter.

Contrairement à la précédente, la partie ne fut pourtant pas à son avantage. Le de Tuorp recula son buste contre le dossier de son siège et s’enfonça un peu dedans, une main perdue dans sa tignasse rousse. Ses pupilles quittèrent rapidement le résultat décevant du dé – quarante – pour s’ancrer à celles de son adversaire. Plusieurs émotions le traversèrent, car ses propos confirmaient ses soupçons : il était venu lui parler à dessein. Avait-il deviné qu’il n’était pas d’ici simplement en le voyant ? Les jours de voyage avaient suffi à tanner sa peau. Il aurait pu être n’importe quel Narfien. Son attitude entrait-elle en disharmonie avec la mélodie aride du désert ? Pourquoi pariait-il qu’il était de Lieugro ? Appartenait-il à cette caste de marchands d’esclaves dont Clémentin avait laissé supposer l’existence ? Obéissait-il aux ordres du Roi ? De toutes ses hypothèses plus ou moins farfelues, aucune n’aurait pu égaler la surprise que lui arrachèrent les interrogations du joueur. La respiration de Ludoric se coupa nette, tandis que son cœur s’affolait. Ses iris allèrent de l’un à l’autre de ceux du roux, à la recherche du moindre indice. Pourquoi avait-il visé si juste ? « Comment… » Les mots demeurèrent coincés dans le fond de sa gorge. Les mains sur la table, il serra les poings. Ses phalanges contractées blanchirent. « Comment est-ce que vous connaissez mon- Gustave de Tuorp ? » articula-t-il enfin. Pourquoi le poursuivait-il jusqu’ici ? Le jeune homme serra les dents. Ses prunelles sondaient toujours celles de l’inconnu. Il finit par lâcher sèchement : « C’est mon père. » Ou ça l’était, ne put-il s’empêcher de songer. Gustave le haïssait. Il l’avait déshérité. Il l’avait remplacé. Que restait-il de la filiation, sinon des gênes et quelques ressemblances physiques qu’il ne pouvait s’empêcher d’exécrer ? « Pourquoi vous vouliez savoir si je le connaissais ? Pourquoi ces questions ? » Il lui semblait que le monde glissait sous ses pieds, et les règles du jeu avec. « Je suis parti parce que je reste fidèle à Lieugro, pour soutenir un ami, et parce qu’il n’y a plus grand monde qui compte pour moi là-bas. » acheva-t-il de répondre, dans l’espoir que cela incitât son vis-à-vis à assouvir ses propres questionnements. Il ne disait pas toute la vérité. Il avait suivi Placide parce qu’il lui avait promis de le suivre au bout du monde, parce que son amour ne connaissait ni frontière, ni lassitude, ni impossible. Partir avait été plus aisé parce que son père l’avait répudié. Il le détestait, mais une part de lui ne pouvait pas s’empêcher de continuer à l’aimer. Il lui manquait. Sa mère aussi, malgré tous ses travers. Quelques amis. Sa maison. Sa chambre. Ses habitudes. Ses repères. « Qui êtes-vous ? » Il aurait voulu lui arracher son masque. C’était peut-être possible. Entre eux, il n’y avait que la table de jeu. La silhouette de l’étranger laissait présager qu’il possédait moins de force que lui. Il était entraîné. Il aurait sans doute pu le maîtriser. Ludoric posa ses pieds à plat, prêt à bondir au moindre signe alarmant. Il hésita encore une fraction de seconde, puis se projeta vers l’avant, bras tendu, pour délivrer la figure de l’homme du mystère qui l’auréolait.



Message IX – 1107 mots




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Zeryel
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Lun 12 Juin 2023, 09:11

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 O8bs
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë




Rôle - Ivanhoë Emmog:

De si multiples émotions traversèrent Ludoric dans les brèves secondes succédant ses questions qu'Ivanhoë peina à faire le tri pour en déchiffrer laquelle ressortait. Le sujet de leur père était épineux, comme il s'y était attendu. Si l'un était à Lieugro et l'autre ici, les chances qu'ils soient en froid étaient élevées. Il n'avait cependant pas exclus l'option d'un empêchement de Gustave de pouvoir suivre son fils avec sa femme, ou qu'ils soient emprisonnés par Merlin d'Uobmab. « Il a déjà voyagé à Narfas. » Répondit-il simplement, sans véritablement mentir. Il avait été tenté de répliquer que s'il voulait lui poser des questions à son tour, il lui fallait gagner, mais le jeu n'avait jamais été qu'un prétexte et il le laissa se dissoudre. Provoquer le roux davantage n'aboutirait à rien, sinon à le braquer. L'assassin avait besoin d'informations, pas d'un poing dans la figure.

« Seulement quelqu'un qui cherche à vous connaître. » Et par lui, leur géniteur. Il n'eut pas l'occasion de développer, les doigts du soldat s'avancèrent vers lui, aussi vifs qu'un serpent, pour lui arracher de force son masque. Distrait par leur conversation, les réflexes de l'assassin lui firent défaut et le masque tomba entre eux. Ses longs cheveux tombèrent en avant. Des regards se tournèrent vers eux avec curiosité mais Ivanhoë les ignora. Le visage fermé, il se leva et récupéra son masque. « Suivez-moi, je dois vous parler. En privé. » Sans en refaire le nœud, il se contenta de plaquer le mascaron contre son visage avec une main le temps de se frayer un chemin hors de la pièce. Il se retourna le temps de vérifier que Ludoric était derrière, puis franchit un rideau de perles qui les mena jusqu'à un couloir. Plusieurs alcôves se faisaient face, chacune dissimulées par des portes. Il colla son oreille à chacune jusqu'à en trouver une où il n'entendait pas les soupirs extatiques d'invités s'étant déjà trouvé un partenaire pour partager des plaisirs plus intimes. « Ferme la porte. » Indiqua-t-il au roux, abandonnant le vouvoiement. « Je ne te veux pas de mal, si ça t'inquiètes, ou quoi que ce soit d'autre. Juste te parler. » Ajouta-t-il pour évincer toute ambiguïté.

Dans l'alcôve illuminée par une simple lampe tamisée, une large couchette en satin emplissait une grande partie de l'espace. Il la laissa à Ludoric au profit d'un siège bas sur lequel il s'installa après avoir déposé son mascaron au sol. « Ce serait plus équitable si je pouvais voir aussi ton visage. » Remarqua-t-il alors. « Je sais déjà que tu es Ludoric de Tuorp. » Ses coudes s'installèrent sur ses cuisses alors qu'il se penchait en avant. « En réalité, je ne connais pas ton père. Je sais juste qu'il est venu ici par le passé. » La partie plus difficile survenait et il prit une inspiration, cherchant les mots justes. Primaël aurait su les trouver, lui. L'artiste était plus doué avec le langage du corps et les actions que pour parler. Il scruta le réfugié, se demandant si lui aussi voyait les quelques traits physiques qu'ils partageaient. Un frère. Peut-être même plus. Il ignorait si Gustave avait d'autres enfants en plus de Ludoric. « J'ai été élevé par ma mère uniquement, même si élever est aussi peu proche de la réalité que possible. En plus de faillir à son devoir de mère, elle n'a jamais été très loquace sur mes origines alors j'ai décidé de chercher les réponses à mes questions par moi-même. » À partir de là, peut-être allait-il commencer à comprendre. Cependant, ce type de nouvelle demandait de la brutalité pour arriver plus vite au cerveau qui remplissait son rôle de protecteur en englobant la réalité d'un voile de déni. « Nous partageons apparemment le même père. » Lâcha-t-il. « J'avoue être déçu d'apprendre qu'il ne fasse pas partie des réfugiés, alors c'est vers toi que je me suis tourné. Parce que tu es mon frère et que s'il y a quelqu'un qui peut me parler de mon - de notre père, c'est toi. Je veux savoir pourquoi il n'est pas ici. Pourquoi tu es seul ici alors que tu es si jeune. Je veux savoir comment il est. Pourquoi il a abandonné ma mère. Savait-il seulement qu'elle était enceinte de lui ? Personne d'autre que toi ne peut répondre à mes questions. Elle est morte. » Il accusa le coup. Prononcer ces mots lui faisait réaliser son absence avec plus de force qu'en voyant son corps altéré par les éléments. Malgré ses défauts, il l'avait aimée. Il l'aimait toujours. Il aurait aimé être pour elle la fille qui lui aurait offert une vie plus facile que celle où elle se jetait à la tête des hommes. Depuis petit, il s'était persuadé que c'était parce qu'il était un garçon, un fardeau inutile, qu'elle le délaissait tant. Avec le temps, il avait cessé de chercher des raisons au désintérêt manifeste de sa mère pour se concentrer sur le cirque. Là seulement, on avait commencé à le reconnaître enfin, à le voir et à le complimenter. Comme une plante en manque d'eau, il s'était accroché à eux et s'était voué à eux aveuglément, acceptant de faire tout ce qu'on lui disait de faire de peur d'être abandonné par eux aussi. Même quand il se retrouvait couché sur le ventre pour subir les assauts d'hommes, il avait serré les dents et accepté, tout comme il avait accepté de tuer pour eux. Réalisant que son silence s'éternisait, Ivanhoë se râcla la gorge. « Je suis désolé de t'annoncer ça comme ça. J'imagine que ce n'est pas facile à entendre. Mais je dois savoir. » Que ferait-il ensuite ? Irait-il à Lieugro pour retrouver son père ? L'accepterait-il ? Quitterait-il Narfas, ses repères, Primaël, pour l'inconnu et l'amour d'un père qui comblerait ce que sa mère ne lui avait que trop peu donné ?

Message V | 1042 mots


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 U0au
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Lun 12 Juin 2023, 20:58




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


L’entendre de sa bouche rendait la chose à la fois plus concrète et plus déstabilisante. Elle aurait voulu plaquer ses mains sur ses lèvres pour y faire retourner les mots qu’il venait de prononcer et pour empêcher tous les suivants de sortir, comme si le silence avait eu la capacité de transformer la réalité. C’était une illusion. La vérité était là, elle grandissait progressivement à l’intérieur de son ventre, et dans quelques mois, plus personne ne pourrait l’ignorer. Alors, elle acquiesça. Elle était enceinte de lui. « Je ne sais pas. » confessa-t-elle, frissonnant au contact de ses mains sur ses bras. La pointe de soulagement que suscitait l’attitude attentionnée de Clémentin ne parvint pourtant pas à dissiper les angoisses qui l’assaillaient. Avait-elle envie d’être mère ? À terme, oui. Mais maintenant ? À peine adulte, pas encore mariée ? Seule, peut-être ? Elle n’avait pas envie d’imposer cet enfant à son amant. Néanmoins, elle était consciente des risques que pouvait présenter un avortement. Elle avait déjà entendu des histoires au sujet de jeunes nobles mortes en essayant d’extraire le déshonneur logé dans leur ventre. D’autres mouraient en couche, comme sa tante lorsqu’elle avait donné vie à Placide. Pour ces raisons, elle avait toujours veillé à se protéger. Sauf cette fois-là, quand le poète avait levé le voile sur ses mystères. « Ça nous concerne tous les deux… » Elle aurait presque voulu qu’il prît la décision à sa place. C’était injuste, inconsidéré et stupide, mais elle avait trop peur de faire un choix qu’elle regretterait. De condamner sa vie, d’une façon ou d’une autre. Elle secoua vivement la tête. « Non. » Les larmes repartirent à l’assaut de ses yeux, sans couler. Imaginer la réaction de son père la terrifiait. « Je voulais t’en parler d’abord. » souffla-t-elle. Puis les bras du brun se refermèrent autour d’elle, et la brutalité du monde se dissipa dans son étreinte. Rosette relâcha la bride ; ses pleurs dévalèrent ses joues et elle se blottit contre lui. Elle le serra de toutes ses forces, parce qu’elle était incapable d’articuler autre chose qu’un silence rempli d’amour. Peu importait ce qu’il se passerait ensuite, parce que quoi qu’il advînt, Clémentin serait avec elle.

Sa touche d’humour lui vola un rire, même si le fond de vérité qui y résidait n’avait rien d’amusant. Un sourire évanescent sur les lèvres, elle se décala pour sortir un mouchoir d’une petite sacoche qu’elle avait pris l’habitude de porter depuis leur départ de Lieugro. Après avoir épongé ses larmes, elle se moucha doucement, puis rangea le nécessaire dans le sac. Son corps reprit aussitôt sa place contre le sien. L’oreille collée à son torse, elle entendait le moindre bruissement de son cœur. « Je veux bien qu’on en discute. Je crois même qu’il est préférable qu’on en parle avant que je ne le dise à mon père. » Peut-être n’aurait-elle-même pas besoin de le lui avouer ? Si jamais elle s’en débarrassait rapidement… « Je ne sais pas comment il va réagir, mais je n’ai pas envie qu’il prenne une décision pour moi. » Elle déglutit. « Pour nous… » La jeune fille détacha son visage de son buste pour le regarder. « Quelle que soit la décision qu’on prendra, que je prendrai, elle aura des conséquences, et je n’ai pas envie que tu en souffres. » Pas trop, du moins. Il n’y avait pas de solution miracle. Ils allaient devoir vivre des choses qui auraient dû advenir plus tard. Dans son regard, elle pouvait lire qu’il le comprenait. Il y avait toujours eu, dans ses poèmes, cette intelligence d’esprit, en filigrane, cachée au détour de chaque vers. L’une de ses mains remonta jusqu’à son cou. Du bout du pouce, elle dessina la courbe de sa mâchoire. « Je veux des enfants, mais je ne sais pas si je suis prête à en avoir un maintenant. On est tellement jeunes, c’est… » Elle s’interrompit, ses iris fuyant un instant, avant de reprendre : « Ce dont je suis certaine, c’est que je ne veux pas les élever seule, sans leur… sans leur père. » Prononcer ce mot lui paraissait irréel. « En fait… » Elle baissa les yeux un instant, s’humecta les lèvres, puis plongea à nouveau son regard dans le sien. « J’ai très peur. Et je crois que quoi qu’on choisisse, j’aurai très peur. » Sa voix trembla un peu, ses iris brillèrent de lueurs inhabituelles. « Mais je sais qu’à deux, on prendra la bonne décision, et on y arrivera, quoi qu’il advienne. » Elle avait foi en eux, une foi inébranlable d’adolescente amoureuse. Aucune montagne ne pouvait résister aux séismes des battements de son cœur. La rousse noua sa main libre à celle du brun. Lui avoir dit l’avait soulagée d’un poids, un poids qu’elle avait fatalement reporté sur lui. « On n’est pas obligés de participer à la fête, si tu n’en as plus envie. On peut… » Elle regarda autour d’eux. Des plantes enrichissaient les abords de la demeure de Primaël, mais dans ce climat aride, peu de végétaux osaient pousser. « On peut rester dans les jardins. Ou on peut partir en exploration. » Ses doigts se pressèrent doucement autour des siens. « Je te suis. Simplement, si on rentre, je voudrais au moins une danse. Et même si on ne rentre pas, d’ailleurs. » Elle lui adressa un sourire encourageant puis, hissée sur la pointe des pieds, avec tendresse, elle embrassa sa joue. Elle était heureuse de l’avoir à ses côtés.



Message IX – 919 mots




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Orphée Dasgrim
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Lun 12 Juin 2023, 23:39



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


« J’ai toujours rêvé de devenir un éminent psychologue. » répondit-il dans un sourire, avant de saisir la paille de son verre entre ses lèvres. À son poignet, le sceau brillait faiblement, estampillé d’une carte de tarot sur laquelle figurait un dé à huit faces. « Vous débridez mon imagination. » Ils ne s’étaient jamais véritablement côtoyés. Quand il exerçait encore son activité de semencier, il n’avait jamais couché avec elle. Peut-être parce qu’elle partageait le lit de Gao, peut-être parce qu’il était encore jeune et qu’elle l’intimidait. Quoi qu’il en fût, cette période avait échu bien des années plus tôt. Depuis, la Cheffe des Armées s’était présentée plusieurs fois à ses soirées. Néanmoins, jusqu’à présent, il s’était contenté de l’observer de loin et de se faire rapporter tous ses faits et gestes. En dehors de sa demeure, il l’avait étudiée sous toutes les coutures, comme il l’aurait fait du jeu d’un nouvel adversaire. Elle était particulière. Seule femme à qui l’on reconnaissait officiellement du pouvoir, elle avait choisi l’unique voie qui pouvait l’absoudre de tout devoir reproductif. Elle avait un fils, pourtant. L’identité du père de l’enfant n’avait jamais été révélée, mais il était certain qu’elle tenait à lui. Il la suivait partout, jusqu’à aspirer à une vie aussi guerrière que la sienne. Bien moins épanouissante sur le plan sexuel, néanmoins. Là où Tamara était connue pour ses frasques, son fils devrait être amputé de l’attribut que Jésabelle et Wesphaline tenaient pour responsable de tous les maux de Narfas. Comme si de pauvres décisions militaires n’étaient réductibles qu’à une affaire d’entrejambe. La requête de la rouquine l’amusa. « Surprendre une femme d’action et de réflexion ? La tâche n’est pas mince. » Il reprit une gorgée de vin, puis s’avança d’un pas. « Mais je relève le défi. » L’ombre d’un sourire éclaira ses iris.

Il y eut un temps de suspension, durant lequel il termina le peu d’alcool que son verre contenait encore. Puis, il le posa sur le plateau d’un serveur qui passait, avant d’attraper Tamara par la taille pour l’amener brusquement contre lui. « Je n’aime pas rester immobile. On pense mieux en mouvement. » expliqua-t-il en joignant l’une de ses mains à l’une des siennes. En quelques grandes enjambées, il l’entraîna au milieu des danseurs. Malgré son assurance apparente, son cœur battait la chamade. Peut-être qu’il avait menti à Ivanhoë. Peut-être que ce soir, elle lui arracherait la tête. Il effectua les premiers pas d’une chorégraphie maintes fois répétée. Il avait découvert l’art de la danse en même temps qu’il avait appris à se comporter en noble. Depuis, il ne pouvait s’en passer. Il s’était approprié les pas, les avait intégrés, les avait réinventés. Dans tout ce qu’il faisait résidait une désinvolture charmeuse. Il guida le buste de la rousse vers l’arrière. Penché près de son oreille, il murmura : « J’ai entendu dire que votre frère avait brillé par sa qualité diplomatique auprès des réfugiés de Lieugro. » Il la redressa vivement et l’emporta dans un tourbillon de voltes. Il n’avait pas l’intention de la laisser reprendre son souffle. S’il le fallait, il tâtonnerait jusqu’au bout de la nuit pour trouver ses limites. Il aimait trop jouer pour savoir résister aux défis. Ça le perdrait sans doute. Ce soir ou plus tard. Mais les heures tournaient, les jours filaient, et peut-être que la situation ne serait jamais plus idéale que celle-ci. Parfois, il fallait savoir prendre des risques. Se jeter dans la gueule de la louve. « Votre fils s’en est-il mieux sorti ? Je discutais avec Dame d’Elliuqnoj tout à l’heure, qui me disait qu’elle l’avait aperçu en compagnie du Prince Anthonius et des enfants de Lieugro. » D’une impulsion, il déroula son bras autour de sa taille pour la laisser filer au bout de son autre main. Il ne la délivra totalement que pour mieux la ressaisir, une paume sur sa hanche et l’autre dans son cou. « En tant que Cheffe des Armées et proche des membres du gouvernement, j’imagine que vous avez votre avis sur la stratégie adoptée par la couronne. La jugez-vous judicieuse ? Ne me dites pas que votre opinion est classée secret d’État, je ne vous croirais pas, et surtout, je serais déçu. » la taquina-t-il. À force de révélations et de provocations, il finirait bien par percer sa psyché. Il aurait pu adopter une technique plus douce, plus discrète et, somme toute, plus sûre. Cependant, face à certains joueurs, la prudence et la volonté de faire illusion ne menaient à rien. Être femme d’action et de réflexion, c’était ne pas tourner autour du pot mais abattre ses cartes. C’était peut-être une stratégie perdante, mais c’était une stratégie qui valait le coup d’être tentée. Le bout de ses doigts descendit le long de la colonne vertébrale de la soldate, pour s’arrêter juste à la frontière de ses fesses. Elle avait une façon de se mouvoir qui la rendait d’autant plus séduisante. « Pensez-vous qu’un accord aurait pu être contracté, qui n’eût pas rebuté les réfugiés ? Qu’auriez-vous proposé, à leur place ? » Il la fit reculer, son corps collé au sien, comme s’il désirait l’acculer. « Je suis curieux. Distrayez-moi. » acheva-t-il dans un énième sourire, juste avant de pousser le corps de Tamara dans ses retranchements. Le bassin de la femme heurta l’une des tables de jeu et fit trembler les pièces de l’échiquier. Si son cavalier s’était métamorphosé en fou, il le saurait bien assez vite.



Message V – 912 mots

Il s'est teint les cheveux en gris foncé.


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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Mar 13 Juin 2023, 14:42


Les Portes V

Ludoric. Le visage du roux leur collant aux basques, à elle et Zebella, lui vint immédiatement en tête. Seulement ensuite le malaise dans lequel il s'était trouvé dans le salon. Soldat, ça il en avait l'attitude en effet. À fort potentiel, elle n'en avait pas la moindre idée et se moquait totalement de le savoir ou non. Pour l'instant, elle n'avait vu de lui qu'un chien trop obéissant, de ceux qui n'essaient même pas de mordre leur laisse pour tester les limites que leur offrait leur maître. « Il s'agit pourtant d'un choix personnel d'avoir intégré l'armée, n'est-ce pas ? ». Il devait bien s'être attendu à cela donc. Elle redressa finalement le torse pour commencer à découper la fine pièce de viande. Elle marqua tout de même une courte pause à la remarque suivante. Alors, à nouveau, ses lèvres s'étirèrent, rieuses, tant pour sa réflexion que pour l'attitude qu'il adopta. Il lui paraissait un paon cherchant à montrer que sa parure était bien plus attirante que celle de son voisin — Gao en l'occurrence. En cela, elle espéra fort que ses frères soient présents si le jeune soldat devait un jour frapper chez eux. « Trouvez l'otage d'Uobmab et vous trouverez ce cher Ludoric. Il... ». Elle chercha une façon de s'exprimer qui ne soit pas trop vulgaire tout en exprimant ce qu'elle pensait réellement de lui. Le brun semblait partir avec un bon a priori à son sujet et ce serait le braquer de dévoiler clairement et sans détour ses opinions. Ce qui n'était pas le but. « Il a l'air d'être le genre d'homme particulièrement attaché à ses racines et des plus obéissant à sa hiérarchie. ». Elle marqua un temps, celui d'une première bouchée. « Je ne suis pas certaine qu'il arrive à s'épanouir et s'intégrer aux mœurs de Narfas. Je ne suis pas même sûre qu'il le veuille. Ce pourrait rapidement être problématique, tant pour eux que pour nous. » ajouta-t-elle alors, après une gorgée d'eau. En soi, ce n'était pas un problème ni même une surprise. Leurs us étaient trop différents. Peut-être même que de les voir rester entre eux sans volonté de s'adapter permettrait d'attiser la xénophobie au sein de la population, forçant les ressortissants Lieugro à revoir leur plan et quitter le pays. Ce serait une bonne chose.

L'enlevée s'étonna de la curiosité qu'éprouvait Adolphe à l'encontre de ces étrangers. Elle préféra mettre cela sur le dos de l'adolescence, tout en espérant que ce soit réellement le cas et qu'il révise tôt ou tard son jugement, lorsqu'il prendra conscience qu'il pouvait être dangereux de se fier à un métèque tout juste débarqué, quand bien même celui-ci cherchait l'asile pour fuir la guerre. « Il en a les manières en tout cas. S'il est fiancé, il n'en a pas dit un mot, ni même montré quelques signes. ». Et si c'était le cas, Pénélope plaignait la pauvre fille tant le peu qu'elle avait vu de lui le faisait passer pour un sot. On pouvait bien la critiquer pour l'opinion préconçue qu'elle avait des gens de Lieugro alors même qu'ils étaient à peine arrivés, cela étant ils n'avaient rien fait pour plaider leur cause de façon favorable. Bien au contraire. Pour l'instant, ils n'avaient fait que renforcer ses convictions. En cela, elle posa un œil critique sur le garçon lorsqu'il avoua les avoir invités. Sérieusement ? Elle ignorait que c'était dans les coutumes de Narfas d'enjoindre de simples connaissances d'à peine une journée à un repas en tête-à-tête. Peut-être parce que ça ne l'était pas, justement. À l'évidence, il y avait encore des choses que ce garçon devait apprendre à propos de la galanterie ou du savoir-être en compagnie d'une Dame, à séduire ou non. « Je l'espère également qu'ils aient oublié ou qu'ils se soient tournés vers d'autres affaires. » déclara-t-elle sans préciser la raison, bien différente de celle du soldat, pour laquelle elle songeait cela. Cela permettait au garçon de se faire sa propre idée, ce qui était bien plus distrayant en connaissance de ce qui semblait lui traverser l'esprit. Ses rêves de victoire l'intriguèrent également. Il n'avait pas même fini sa formation qu'il se voyait déjà brandir au monde la tête de Merlin. Ce petit se faisait des illusions. S'il y avait alliance entre les deux royaumes, pour l'instant ce droit à ôter la vie au nouveau roi de Lieugro ne lui serait pas offert. Il n'avait pour l'instant valeur que de chaire à canon, de celles que l'on jette sur les lignes ennemies pour ouvrir le passage jusqu'à la cible à ceux destinés à l'affronter. « Réellement ? Voilà qui est bien dommage. ». Faux. S'ils n'arrivaient à aucun accord, cela signifierait qu'ils ne seraient officiellement plus les bienvenus. Plus vite la situation serait claire à ce propos, plus vite ils repartiront d'ici. Chacun chez soi, et les cochons n'en seront que mieux gardés. « Faire tout ce chemin pour rien, ce doit être particulièrement frustrant. ». Même si, à en voir l'état de quelques-uns, elle en doutait un peu. À l'évidence, le voyage s'était montré moins éprouvant pour certains que pour d'autres.





Pénélope balaya les individus présents du regard, s'attardant sur chaque visage avant qu'ils ne lui deviennent invisibles. Gao ayant voulu la jouer solitaire, la brune avait prié Melchior de lui tenir compagnie. « Ce sera la dernière fois que l'on se verra avant la fin de la soirée. À moins que le hasard fasse que nous nous y croisions malgré l'anonymat. » sourit-elle avant de quitter son bras pour rejoindre le vestiaire. Elle saisit le masque doré à deux mains et y plongea les yeux dans son regard vide. Dans la solitude, elle se remit à penser à cet on-dit qui circulait dans certains boudoirs qu'elle fréquentait. Un poids pesait sur son estomac depuis qu'elle l'avait entendu. C'était un mélange de rage et de culpabilité. Elle passait son temps à se convaincre que la faute revenait à Gao, que s'il passait avec elle ne serait-ce qu'un dixième du temps qu'il consacrait à ces autres femmes, ce ne serait jamais arrivé. Et, surtout, elle avait peur. Peur de subir les conséquences de son acte maintenant qu'il semblait avoir été révélé au monde. Depuis ce jour elle dissimulait le bouillonnement de son esprit sous un masque de fierté. Et derrière des silences, elle enterrait la tempête glacée qui y grondait. Cette soirée était la bienvenue. Pour lui changer les idées, tout d'abord, puis parce qu'il était plus aisé de se cacher derrière un véritable masque.

En pénétrant la salle, la brune fut surprise de la vision que donnait le rassemblement, comme deux êtres dupliqués par centaines. Elle porta un regard sur son poignet et y détailla la marque qui lui était assignée. Une plume de paon. Elle se demanda alors s'il y avait une logique dans l'attribution de ces bracelets ou s'il ne s'agissait que de hasard. Dans la première situation, elle n'était pas tout à fait certaine de savoir comment le prendre. Elle exhala un soupir et s'avança enfin dans la masse des invités, rejoignant rapidement le buffet tandis qu'elle avait le sentiment de subir le jugement de tout le monde. Elle s'y servit un verre avec le but de se détendre et oublier son tracas, comme prévu initialement. En même temps qu'elle porta le verre à ses lèvres, elle aperçut une silhouette, une femme d'après son habit, enchaîner les verres avec trop de précipitation pour imaginer que les choses se passassent bien pour elle. « Pressez-vous comme vous le faites et vous ne tiendrez jamais la soirée. Tout du moins, sera-t-elle probablement moins bonne qu'escompté. » commenta-t-elle à son égard. Puis elle avala une gorgée, l'œil perdu sur le fantôme de son méfait.
©gotheim pour epicode


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Susannah
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Susannah
Mar 13 Juin 2023, 22:45

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 658f
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

Il y avait de la joie dans les notes tirées des instruments. Il y en avait aussi dans les pieds frappant le sol en cadence. Même sur les mascarons inexpressifs, elle suintait. Zébella renifla avec mépris. De tous les sports, la danse ne l'avait jamais séduite. La princesse n'avait jamais été très gracieuse, sauf lorsqu'elle s'élançait dans une course pour finir première, pour sauter plus haut que les autres, les surpasser encore et toujours. Petite et trapue, c'était la force brute qui l'avait façonnée, comme une roche qui s'endurcit face aux éléments pour y survivre. Sous son masque, la même dureté se reflétait, jusqu'au gris acier de ses yeux. Une voix l'arracha à sa contemplation des danseurs. Près d'elle, une femme, la peau noire comme du charbon. Comme Pénéloppe d'Eésnep. D'autres possédaient le même grain de peau. Ce n'était peut-être qu'une inconnue. Et au fond, Pénélope aussi demeurait une inconnue. Sans lui répondre, Zébella attrapa par le bras un serveur et échangea son verre vide par un plein. Pleine de défiance, elle le porta à ses lèvres en plantant son regard dans celui si sombre de la femme. Quand elle baissa la main, le verre était vide. Elle ouvrit ses doigts pour le laisser se briser au sol. De son père, elle avait hérité de la même indifférence pour les convenances. Les Uobmab jouaient selon leur propres règles. Ceux à qui ça ne plaisait pas finissaient généralement avec un membre en moins.

« Qui vous dit que je souhaitais m'éterniser ici ? » C'était aussi vrai pour la soirée que pour Narfas. Jésabelle lui avait ouvert les yeux en même temps qu'elle lui avait ouvert les portes. Elle ne comptait pas se dessécher dans ce trou plein de sable. Sa place n'était pas ici. Pendant un instant, abandonnée des siens, dépouillée de tout, elle avait succombé à la faiblesse. La mollesse avait contaminé son corps et son esprit comme une maladie. Se savoir soutenue lui avait fait l'effet d'un coup de fouet. Elle ne baisserait plus le menton. « Je ne suis pas ici pour passer une bonne soirée. Si possible, j'aimerais même la gâcher pour tout le monde. Et il se trouve que ce talent court dans mes veines. Je suis juste en train de réfléchir à comment procéder, parce que je ne vois pas pourquoi on devrait toujours laisser les hommes s'occuper de tout gâcher. Des idées ? » Ses genoux plièrent et elle récupéra les bris de verre au moment où un serveur arrivait. « Laissez-moi vous débarrasser. » Offrit-il, les mains déjà tendues. « Dégagez. » Rétorqua-t-elle d'un ton sec. Dans son poing fermé, les éclats entamèrent sa paume. Une chaleur moite remplaça la douleur sourde. L'homme hésita, puis finit par tourner les talons. Zébella n'attendit pas qu'il revint avec du renfort. Elle prit la direction inverse pour se déplacer, avant de jeter un oeil par dessus son épaule. « Vous venez ? Sauf si vous teniez à imiter ces singes ? » Elle désignait le couple dont la chorégraphie dynamique rivalisait avec les notes toujours plus entraînantes de l'orchestre.

En s'éloignant, le calme revenait, mais pas pour la bleue. Son sang alcoolisé tonnait à ses tempes comme une tempête. La sueur collait la toge à son dos. La multiplicité des corps lui donnait le tournis. Ses sens manipulés plantaient des envies qu'elle aurait souhaité ne plus ressentir. La dernière fois s'était bien trop mal terminée pour reproduire la même erreur. Elle ne laisserait personne la toucher. Le premier qui s'y essaierait se prendrait un morceau de verre dans l'oeil. « Mais combien y a-t-il de pièces ici ? » Exaspérée, elle tournait au hasard, sans vraiment savoir ce qu'elle cherchait. Elle avait plutôt la désagréable impression de fuir. Du fragment dans sa main, des gouttes vermeilles s'échappaient parfois pour s'écraser au sol ou disparaître dans le tissu rouge de sa toge. « Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Vous jouez ? » Dans l'encadrement de l'arcade donnant sur une des salles consacrées aux jeux, Zébella promena son regard sur les tables. Sa question, lancée d'une voix forte, avait brisé la concentration des joueurs. « C'est comme ça que vous vous amusez ? Quel ennui. » Elle s'avança à la table la plus proche et d'un geste du bras, renversa à terre les jetons en bois peint. Ignorant les protestations qui s'élevaient, elle attrapa une femme par le col et la poussa négligemment en arrière. Elle lui accorda un bref regard alors qu'elle s'écroulait au sol puis prit sa place sur la chaise. Son coude se planta au centre de la table. « Quelqu'un se sent de m'affronter au bras de fer ? » Elle leva son masque sur la femme qui l'avait abordée, sur ses bras fins et déliés. « Pas vous, je suppose. Alors, choisissez la nature des paris. Essayez de ne pas être aussi ennuyeuse que tout le monde. »

Message VIII | 845 mots


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Merci Jil  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 11 009 :
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Orenha
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Orenha
Mer 14 Juin 2023, 21:39


Images par wlop
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Orenha dans le rôle de Luthgarde

Rôle:
Les Voix, Luthgarde les entendait depuis toujours. Elle ne saurait épingler précisément le moment où Elles se sont adressées à elle pour la première fois ; enfant, elle pensait tout naturellement que tout le monde pouvait les entendre et ne prêtait que peu d’attention aux rébus nébuleux que même les adultes autour d’elle ne savaient déchiffrer. Ceux-ci jouaient le jeu, persuadés qu’il ne s’agissait que d’un ami imaginaire dont la fillette se serait entichée. Chez eux, il était considéré comme essentiel de laisser les enfants s’exprimer librement et de ne pas perturber leur développement en réfutant leur vision des choses, aussi fausse puisse-t-elle paraître.
C’est en grandissant que Luthgarde comprit qu’elle n’était pas comme les autres, lorsqu’on cessa de prétendre comprendre ce dont elle parlait. Les moins patients qualifiaient ses histoires de balivernes ridicules et l’accusaient d’hérésie tandis que ses proches s’alarmaient que son imagination débordante ne se révèle être en fait les prémices d’une démence précoce. Elle apprit à tenir sa langue – sur ce sujet, du moins.
Elle le savait, désormais ; elle était une Élue. Un jour, le peuple la reconnaîtrait en tant que telle ; mais pas avant qu’elle n’ait vu le monde et ne se soit profondément imprégnée de ses leçons. Elle n’était qu’une jeune pousse au vert tendre dont il fallait nourrir le terreau et arroser les feuilles afin qu’elle puisse grandir haut et étirer ses branches le plus loin possible, avant de faire rouler sur la terre ses fruits mûrs pour le plus grand nombre. Alors, ils verraient, tous, qu’elle n’était ni folle, ni menteuse, elle ferait ravaler leurs langues aux vipères qui l’avaient tourmenté - avec douceur et bienveillance, bien entendu.

C’était les Voix qui avaient aiguillée la jeune étudiante sur le chemin du convoi de Lieugro et, ultimement, celui du Grand Prêtre. Elles se taisaient depuis que Luthgarde s’était mêlée aux réfugiés, mais celle-ci interprétait Leur mutisme comme le signe qu’elle était sur la bonne voie.
Après tout, n’était-elle pas sur le point de se faire baptiser par Sa Sainteté en personne ?
Tout se passait exactement comme elle l’avait rêvé. Non, c’était même au-delà de ses espérances ; L’Homme Sain, fidèle à sa réputation, était passé outre ses pitreries et l’avait accueillie avec une chaleur qui avait fait craindre la jeune fille de voir son corps se souvenir de la tournure déviante que prenait parfois cet exact scénario dans ses chimères nocturnes.
Déjà, le goût salé de Sa peau s’attardait sur sa langue, qu’Il avait accidentellement frôlé du doigt. Que penserait le Grand Prêtre s’Il savait quelle interprétation la chair de la jeune femme faisait de ses gestes, empreints de tendresse toute paternelle ? Même si Son esprit était grand, la pécheresse craignait de s’amoindrir à Ses yeux. Elle se promit de relire les ouvrages du Saint Homme avec une ferveur nouvelle.

« Mon Père, Votre bonté est bien trop grande, mais qui suis-je pour la réfuter ? » fut tout ce qu’elle put gazouiller avant de prendre Sa suite.

~~~ ~~~

L’eau bénite dégouttait de nouveau de ses membres, s’immisçant dans tous les interstices, transformant la toge ample en seconde peau hyaline et fraîche. Quelques gouttes de jus de pêche s’étaient échappé de sa bouche pour se frayer un chemin sucré sur le menton, la gorge déployée, se logeant une fraction de seconde dans le nombril avant de suivre la courbe du bas-ventre et de disparaître entre les cuisses. La pécheresse récitait les Saintes Paroles d’une voix ânonnante, essayant d’empêcher tout trémolo de trahir ce qui agitait ses entrailles.
Un sursaut audible lui échappa cependant lorsque Ses mains enveloppèrent sa taille et les quelques instants qu’elle passa dans les airs lui semblèrent comme l’avant-goût d’une ascension céleste. Trop tôt, elle fut de nouveau ancrée au sol ; son écrin de chair était trop lourd de désirs inédits et sordides, cet écrin fautif que le Grand Prêtre s’appliquait innocemment à laver de tout péché à l’aide du linge au blanc virginal, inconscient qu’ils s’ancraient plus profondément en elle à chacun de ses mouvements caressants. Elle se répétait que ce n’était pas bien différent que la toilette que lui avait prodiguée la Cheffe des Armées plus tôt, dans les bains ; et elles s’y trouvaient alors dans leur plus simple appareil, des badineries grivoises plein la bouche. Le frottement des peaux nues ne lui avait pourtant pas inspiré la moindre pensée impure. L’intimité qu’elle partageait actuellement avec le Grand Prêtre était réelle, profonde, mais spirituelle de nature ; la chair n’était qu’un moyen de transport temporaire entre la Grâce et son âme.
Il lui fallait se rendre à l’évidence : la Grâce la touchait bel et bien, mais pas à l’endroit escompté.
Le baptême était un rituel sacré et solennel, duquel on ressortait blanc et neuf. Elle en était terriblement indigne. Jamais elle ne s’était sentie plus sale qu’en cet instant. Sa perception perverse truquait la réalité, rendait les mains du Grand Prêtre fouisseuses, son souffle haletant et corrosif ; elle imaginait des formes se dresser derrière elle comme des ombres projetées par la chevelure incandescente, incarnation du Bosquet Embrasé des Saintes Écritures, ce feu éternel qui brûle sans jamais se consumer. Elle ne pouvait voir le visage de l’Homme Sain ; dans son esprit s’y superposaient celui du jeune brun, du grand blond, et d’autres, ceux de tous les hommes qu’elle s’était résolu à n’observer que de loin, ensevelissant son cœur et son corps affamés sous le poids des parchemins gorgés d’encre et des cartes écornées.
Sa température interne avait tant augmenté que la jeune fille s’étonna que l’eau bénite qui couronnait chacune de ses taches de son d’une perle scintillante ne se soit évaporée d’elle-même ; l’aurait-elle souhaité ?
Elle avait défailli ou allait défaillir, lorsqu’elle sentit des lèvres se poser, s’écraser, s’accrocher sur son épaule et c’est alors que ses sens débordèrent.

« Enfant de la Lumière, prends garde au ratel qui se tapisse derrière les renflements bruns des dunes du désert. L’oasis auquel il prétend te guider n’est qu’une illusion. Ne bois pas de son eau croupie ou le ciel brillera de nombreuses étoiles nouvelles. »


Les Voix noyaient les prières murmurées dans son oreille ; Elles avaient temporairement possédé son corps pour imprimer Leur message dans chaque fibre de son être. Luthgarde ne les entendait pas vraiment, ou pas seulement, elle les sentait aussi avec ses yeux, du bout de ses doigts, elle goûtait Leur véracité, les mots s’étaient faufilé dans ses souvenirs comme s’ils y avaient toujours été présents,
Et puis c’était fini, son visage lui était revenu poisseux d’huile, les traits brouillés de l’Homme Sain de nouveau face à elle. Elle articulait des loué Soit-Il, Très-Haut, oh, ah, Très-Haut, bien sûr, oui, mon Père, incroyable, béni, vivement, plus ou moins dans le bon ordre, moins que plus dans le rythme.

~~~ ~~~

Lorsque le Grand Prêtre descendit les marches pour aller à sa rencontre, Luthgarde releva la tête de sa posture pieuse pour lui adresser son plus beau chapelet de dents blanches.
« Oh, mon Père, c’était si beau, vous avez insufflé tant de passion dans ce psaume que j’avais tout bonnement le sentiment de l’entendre pour la première fois ! Alors que je le connais sur le bout des doigts, vous pouvez me croire ! Et cette homélie ! C’est comme si le Très-Haut Lui-même s’adressait à nous par Votre bouche ! »
L’étudiante se sentait secrètement flattée de pouvoir se permettre tant de familiarités avec le Saint Homme ; en tout bien, tout honneur. Les évènements de la veille lui apparaissaient comme dans un brouillard. La nuit, à défaut de lui avoir porté conseil, avait refroidi ses ardeurs. Elle avait prié avec ferveur, rassérénée par la distance entre elle et le Grand Prêtre ; lui, sur son prêchoir, plus proche du ciel qu’elle ne le serait jamais, elle en bas, avec Ses autres ouailles.
Comme pour mettre à l’épreuve sa résolution nouvelle, elle se pencha légèrement vers l’Homme de foi pour lui dire un peu plus bas :
« Sans doute que mon tout récent baptême y est pour quelque chose. Oh, j’étais toute chamboulée, hier, j’espère que je ne Vous ai pas paru ingrate. Je Vous suis infiniment reconnaissante pour toutes les belles expériences que Vous me faites vivre. »
L’humilité toute fragile que lui inspirait la proximité du Grand Prêtre peinait à triompher sur l’excitation de la soirée à venir. Quelles autres grandes personnalités allait-elle pouvoir rencontrer ? L’anonymat imposé par les organisateurs de la soirée lui permettrait sans nulle doute d’en approcher plus facilement ; il était peu probable que toutes soient aussi accueillantes que Son Excellence.

Il y a quelques jours, cette perspective l’aurait enchantée au-delà de la raison. Aujourd’hui, pourtant, son enthousiasme lui entaillait la chair comme une lame à double tranchant. En l’espace de quelques heures, la naïve étudiante s’était métamorphosée en pécheresse porteuse d’une prophétie funeste – non, il y en avait bien deux, suspendues dans l’air qu’elle respirait, alourdissant ses frêles épaules, logées dans sa main moite.
Deux messages, l’un plus cryptique que l’autre mais tous deux émanant des autorités les plus hautes et porteurs d’une mort, celle qu’il fallait éviter, celle qu’il fallait infliger si nécessaire.
La missive de son Royaume lui était arrivée dans la matinée. On la chargeait, elle, Luthgarde Etnias, d’une mission à haute responsabilité. Les négociations des Royaumes de Narfas et de Lieugro étaient parvenues aux oreilles de son gouvernement ; ils avaient besoin de quelqu’un sur le terrain, et en raison de l’urgence de la situation et de son niveau d’études, c’est elle qu’ils avaient désigné. Le Royaume d’Erréil avait à cœur de préserver la paix entre leurs voisins, désireux de ne pas voir les guerres fleurir à ses frontières. On n’attendait d'elle qu’une seule chose : qu’elle fasse tout ce qui était en son pouvoir pour que les négociations aboutissent le plus pacifiquement possible. La jeune fille s’était illuminée à la perspective de jouer les diplomates, fière comme un paon… jusqu’à ce que le messager ne lui remette ce qui accompagnait la lettre.

Plongée dans ses pensées, elle ne put réprimer un cri de souris lorsque son corps et celui du Grand Prêtre s’emmêlèrent sur le plancher. Aussitôt confondue en excuses et l’Homme Sain hors de sa vue, elle se dirigea elle aussi dans son vestiaire, où elle s’appliqua à enfiler la tenue et le masque qu’on lui avait prêté pour l’occasion. Le bracelet, un peu lâche sur son poignet, arborait la silhouette minimaliste d’un poisson.
Elle peina à attacher la toge correctement, si bien que lorsqu’elle pénétra dans le salon grouillant d’inconnus masqués, elle ne put retrouver le Grand Prêtre. Deux hommes à la tignasse rousse conversaient au-dessus d’une table de jeu, mais la couleur de peau, la taille et l’âge ne correspondaient pas, et ils disparurent bientôt dans l’intimité d’une alcôve – ou bien était-ce une chambre ? Luthgarde se fit la réflexion que les petites pièces étroites qui étaient parsemées dans la maison feraient des confessionnals improvisés tout à fait convenables.
Sa main se porta au pendentif qui pendait à son cou, juste assez long pour se dissimuler dans les plis de sa toge. Derrière le verre mat tournoyait le poison mortel issu d’une des trois fioles fournies par le messager d’Erréil. Elle n’avait pas pu y verser la totalité d’un flacon ; et de toute façon, elle ne comptait tuer personne. Ce n’était qu’une mesure préventive, destinée à se protéger en cas de besoin.
Un serveur jonglant avec les plateaux lui servit un verre et c’est en sirotant la liqueur sucrée et piquante qu’elle laissa son regard errer dans la salle sans parvenir à se décider sur une table de jeux où un groupe de personnes à rejoindre. Parviendra-t-elle à démasquer le ratel avant qu’il ne soit trop tard ?

Message V | 1960 mots (déso)

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Seiji Nao
Jeu 15 Juin 2023, 14:44

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Les Portes : L'arrivée à Narfas

Seiji dans le rôle de Wesphaline De Narfas:


Un verre à la main, la souveraine examinait l’assemblée avec circonspection. Malgré son immobilité, des pensées s’entrechoquaient à toute vitesse. Derrière son masque de velours se tramaient des desseins sournois, un état d’esprit qui n’était pas sans lui rappeler le sceau dont on l’avait affublé à l’entrée. Un renard. Si la créature n’impressionnait guère, si certains s’attendrissaient même devant son pelage soyeux et sa mine rieuse, elle finissait toujours par attraper ses proies. La faiblesse de ses mâchoires compensée par la force de sa matière grise ; celui qui l’avait choisi pour elle n’aurait pas pu mieux la connaître. Affublée de son costume de circonstance, une soie bleue dont l’élégance l’avait surprise, elle écoutait d’une oreille distraite les musiciens, scrutant la foule. Il lui semblait apercevoir la silhouette alourdie de vice du Grand-Prêtre ; toutefois, l’aborder si tôt dans la soirée eût été une erreur. Aller droit vers sa cible constituait le privilège des intouchables, et de ceux qui, auréolés de gloire ou de justice, combattaient en pleine lumière. Les fleurs de son espèce s’épanouissaient mieux à l’ombre ; leur venin effleurait la peau avec le naturel d’une caresse et la patience d’une mère, jusqu’à ce que leurs victimes se flétrissent toutes entières.

Lorsque la Violette jugea avoir suffisamment écouté les tribulations du violon, elle appela un serveur, lui rendant poliment la coupe à laquelle elle n’avait pas touché. Le ventre aussi agité que le cratère d’un volcan, elle craignait de rendre tout ce qu’elle avalerait. Sans doute était-ce l’appréhension de l’affront à venir ; si son esprit ne flanchait pas à la perspective de subir les assauts de Gaspard, son corps semblait d’un avis bien différent. Un instant, elle songea aux paroles de Lambert. Se porterait-il réellement à son secours, si elle avait la lâcheté de renoncer ? Aussi efficace que dévouée, Jésabelle lui avait fourni les moyens de mener à bien son petit projet. Parmi les aiguilles qui retenaient sa chevelure, l’une d’elles contenait le poison qui devait lui offrir la victoire. Cependant, devant cette armée de figures masquées, l’hésitation gagnait du terrain. Pourrait-elle faire condamner un innocent, si elle se trompait de cible ? Sa sœur saurait-elle la retrouver à temps ? Balthazar se montrerait-il aussi impitoyable que la situation l’exigerait, lui qui tenait plus du mouton que du loup ?

Au lieu d’attendre que le temps passe et que les verres se vident, mieux valait se changer les idées. Décidant de faire le tour du propriétaire, elle découvrit une multitude de pièces, dont certains lui parurent idéales pour le genre d’activités auxquells il lui faudrait se livrer. En découvrant les alcôves, elle se demanda si, dans l’effervescence d’une réception, des bulles pétillant dans les veines, son amour d’autrefois n’aurait pas oublié ses inclinaisons, le temps d’une soirée. Une moue désapprobatrice prit place sur ses traits ; elle pensait un peu trop à lui, et à l’intelligence dans ses yeux. L’inachevé transformait le souvenir en obsession.

Par chance, le couloir suivant l’emmena aux salles de jeux. Oubliant tout de son fantôme blond, elle s’installa. Bien décidée à ne pas se faire remarquer plus que de raison, elle joua d’abord les spectatrices. Cependant, très vite, le désir de vaincre l’emporta, et elle se lança. Quelques minutes s’écoulèrent ainsi, avant qu’une furie qui abusait visiblement des bonnes choses _ à en juger par sa démarche grotesque et par le renflement de son estomac _ ne fasse irruption. Armée d’une énergie dévastatrice, elle planta son coude sur la table, les doigts crochetés comme ceux d’un rapace. Amusée par son attitude provocante, la Violette se proposa.

« J’essaierais de ne pas vous arracher le bras. »

Un sourire hypocrite aux lèvres, elle joignit ses mains. Il paraissait évident que la jeune femme n’avait pas lancé sa proposition au hasard ; les gens sûrs de gagner se montraient toujours sensiblement plus effrontés que les autres. Certaine de sa défaite, Wesphaline observa les muscles de son bras, hélas moins vigoureux que dans sa jeunesse.

« Plutôt qu’un pari, je propose un gage. Celle qui écrase l’autre lui donne un défi à accomplir durant la soirée. Un peu comme un ordre, vous voyez. »

Lorsqu’un des invités donna le départ, la sueur perla sur le nez de la souveraine. L’esprit embrumé par l’alcool, l’inconnue jeta toutes ses forces dans la bataille. Les tendons broyés par sa force, elle n’évita que de justesse un choc sonore contre la table. À deux centimètres de la défaite, le sang afflua dans son bras, et, profitant du relâchement qui survient toujours après l’effort, elle remonta la pente. Toutefois, les réjouissances furent de courte durée. Son adversaire revint à la charge avec la délicatesse d’une bête sauvage. Une veine gonflée sur le front, et se sachant à la merci de la geignarde, elle résista de son mieux. Une personne de sa trempe ne se laissait pas humilier sans lutter. Un frisson qui n’avait rien à voir avec les formes de la jeune femme courut de sa cervelle à son entrejambe ; l’idée d’être soumise à un inconnu, terrassée par sa force, ne lui déplaisait pas. Une reine impuissante. C’était, selon les circonstances, aussi enivrant que détestable.

Les secondes qui suivirent donnèrent raison à son intuition. Sans éprouver de réelle difficulté, l’inconnue éclata le dos de sa main contre la table. Le poignet de la souveraine se courba d’après un angle si peu naturel qu’elle se mordit la lèvre jusqu’au sang pour ne pas crier ; la lueur de délire qu’elle croyait apercevoir dans le regard de la gagnante lui criait de ne pas lui donner satisfaction. Sans égard pour la blessure qui cuisait sa chair, elle poussa la comédie jusqu’à éclater de rire.

« S’il existait plus de femmes comme vous, on n’aurait plus besoin des hommes. C’est à la caserne que vous auriez dû lancer un défi. »

Retirant sa main de sa poigne de fer, elle la ramena sous la table pour la frotter contre sa cuisse en une tentative de massage discrète. Passé le pic initial, la douleur enflait en vagues sournoises ; elle n’aurait proposé son autre bras pour rien au monde, de crainte de passer les prochains jours à boire à la paille. Haussant les épaules, elle reporta son attention sur la jeune femme.

« Honnêtement, c’était aussi ennuyeux que le reste. Il n’y a pas de mérite à gagner une partie quand on est sûre de l’emporter. Pimentons un peu les choses. »

À son arrivée dans la pièce, elle avait eu le temps d’examiner une bonne partie des jeux mis à disposition, et l’un d’entre eux avait particulièrement éveillé son intérêt.

« Je vous propose un jeu de hasard. Quelque chose de simple, mais qui ne devra rien à nos talents. Vous voyez ces pochons ? Ils contiennent des billes de couleur en quantité inégale, que l’on pioche à l’aveuglette. Celle qui obtient la plus foncée remporte la manche. »

Il s’agissait d’un jeu populaire chez les enfants du royaume. Landéis lui avait raconté que les plus pauvres possédaient leur propre version, avec des cailloux qui leur cisaillaient parfois les doigts, tandis que les plus aisés se servaient de pierres précieuses.

« Pour rendre les choses plus intéressantes, augmentons la valeur de ce que nous parions à chaque tour. »

Si pas une goutte d’alcool n’échauffait ses sens, la Violette ressentait tout le charme de l’anonymat. Loin des manigances de la cour et d’une surveillance de tous les instants, elle se sentait redevenir elle-même. Prendre des risques la séduisait plus que de raison. Continuer à jouer avec l’inconnue lui semblait valoir la chandelle ; elle ne savait pas si elle craignait les brûlures, ou si elle les désirait.

1 272 mots

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