Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Partagez
 

 Les Portes - Chapitre V

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1 ... 6, 7, 8 ... 14 ... 22  Suivant
AuteurMessage
Ikar Pendragon
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 120
◈ YinYanisé(e) le : 04/09/2021
Ikar Pendragon
Lun 03 Oct 2022, 13:29



Les Portes - Chapitre V  - Page 7 Js9b

Les Portes V


Rôle :

Depuis quelques longues secondes, je fixais mon poignet, d’un air embêté. J’étais à la fois heureux et malheureux. Malheureux, parce que mon acte avait plongé ma famille dans l’inquiétude. Je n’y avais pas pensé en m’ouvrant les veines. Je n’avais pas pensé à grand-chose, si ce n’était la possibilité d’une fin heureuse, d’une fin où je déciderais moi-même de ce que serait ma vie. Peut-être avais-je été stupide ou démesuré. Néanmoins, malgré la fatigue et la douleur qui m’étreignaient, je demeurais heureux. Je savais, à présent, que personne ne me forcerait à me rendre au bal et que, par conséquent, je pourrais y aller moi-même déguisé en fille.

L’amour que j’éprouvais pour Ludoric me semblait plus fort que la mort, plus fort que tout. Je voulais danser avec lui, même si, pour ça, il me fallait m’ouvrir les veines et me travestir, au risque d’être la risée de tout le Royaume. De toute façon, personne ne m’aimait vraiment. Ils parlaient tous de moi comme d’un faible qui serait incapable de régner. Un peu plus ou un peu moins ne changerait pas grand-chose. Je n’en voulais pas, moi, de la couronne. Tout ce que je voulais, c’était être avec lui, passer du temps contre lui, l’écouter parler et m’émerveiller de son corps qui changeait au fur et à mesure qu’il se rapprochait de ses rêves.

Je trouvais Ludoric fascinant parce que, contrairement à moi, il savait quoi faire de sa vie. Il avait un objectif, là où je n’en avais jamais eu. Je voulais le soutenir et l’aider à se construire. Je voulais l’aimer et le chérir comme j’imaginais que mon père avait aimé ma mère avant sa mort. La mort… Tout semble tellement puérile à côté d’elle. Je me demandai néanmoins si mon père me préférait mort ou homosexuel. Je n’étais pas sûr de l’être vraiment. J’avais déjà regardé des filles, avant. Mais Ludoric était entré dans ma vie et tout le reste m’avait paru fade face à son éclat. Il était comme le soleil.

Lorsque mon père venait, je faisais le plus souvent semblant de dormir. Je ne savais pas quoi lui dire. Je préférais rester silencieux. Le sommeil avait cette qualité : personne ne pouvait entrer dans mes rêves pour m’obliger à me confier. Quelque part, peut-être que j’en voulais à mon père, et à la terre entière. Il attendait des choses de moi, des choses que je ne pouvais pas lui donner. Je n’étais pas l’héritier qu’il attendait. Je n’avais pas les qualités requises. Le fait d’être différent me donnait souvent mal au ventre et m’angoissait. Les attentes des adultes pesaient sur moi et m’écrasaient sous leur poids. Je ne voulais pas que l’on me considère uniquement comme le Roi que je pourrais devenir. Je ne voulais pas que l’on me juge inapte à cette fonction en se basant sur de simples constatations. J’avais besoin qu’on me voie et qu’on m’accepte pour ce que j’étais. J’avais besoin qu’on m’aime, sans me rappeler que j’avais causé la mort de ma mère.

Finalement, c’était un peu comme si mon acte avait rappelé à ma famille mon existence. J’avais entendu la voix de Coline, alors que je partais dans les méandres de l’évanouissement. Je l’avais entendue appeler, pour me sauver. J’aurais juré qu’elle ne l’aurait pas fait, qu’elle aurait préféré que je meure. Mais est-ce que cela changerait quelque chose ? Est-ce qu’elle comprendrait que ses comportements auraient pu contribuer à ce que j’essaye vraiment de me tuer ? Parce qu’ils croyaient tous à cette tentative de suicide. En réalité, je n’avais pas voulu me tuer. J’avais voulu imiter une tentative de suicide à desseins, parce que je voulais vivre quelques minutes à la lumière avec celui pour qui mon cœur battait. C’était tout. Si je déprimais parfois, je n’en étais pas au point de vouloir mourir. La mort n'apporte aucune solution. Elle est juste une fin.

« Mon Prince, Ludoric de Tuorp est ici pour vous voir. »

Mon regard se figea sur la domestique. Ludoric. J’avais réfléchi à tout sauf à sa venue et, maintenant qu’il était là, je ne savais pas ce que j’allais pouvoir lui dire. Je ne voulais pas le mettre dans la confidence pour le bal puisque ça lui ferait courir un risque. Adolestine ne le serait pas plus. Elle m’avait suffisamment aidé. Mais que pouvais-je dire pour qu’il ne s’inquiète pas davantage ?

« Faites-le entrer. »

Il me faudrait une excuse, quelque chose.

Lorsqu’il fut là, je lui souris.

« Je n’ai jamais été très doué en couture tu sais… »

Voilà, c’était tout, la seule phrase que j’avais pu trouver pour justifier mon acte.

773 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t39289-ikar-pendragon#7475
Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

~ Orine ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 291
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Lun 03 Oct 2022, 16:50


Image par Nan Fe
Les Portes - V


Rob Zombie - The Devil's Rejects

Merlin était furieux. Alors qu'il s'attendait à recevoir une lettre très attendue de sa tendre sœur après sa chasse divertissante, il avait découvert le nom d'Adolestine à la place, écrit d'une main tremblante. Il n'avait que faire de la jeune femme, mais il fallait garder les apparences. Alors il se présenta dans son plus bel apparat en la rejoignant dans la bibliothèque du domaine royal : une zone de confort pour la dévoreuse de livres, ce qui n'envisageait rien de bon. Aussitôt qu'il était entré, le regard désemparé d'Adolestine avait confirmé ses craintes.

Sentant que son malaise grandissait à chaque pas qu'il faisait vers elle, un sourire s'étira sur son visage, contrastant avec la froideur de son regard. Il lui laissa le loisir de dérouler tout son argumentaire sans émettre le moindre mot. Son expression se décomposait un peu plus à chaque silence, ses mots se précipitant à travers ses lèvres sèches, et il s'en délectait. Il songea qu'elle aurait fait un jouet parfait pour ses sombres desseins si un sang royal ne coulait pas dans ses veines. C'était à des êtres faibles comme elle qu'une restauration de l'esclavagisme salvatrice aurait donné une véritable utilité, plutôt qu'une existence futile, faite de fleurs et de pleurs. Les De Lieugro tombaient bien bas.

« Je vois. » Dit-il enfin, après avoir marqué un long silence en faisant mine d'encaisser la nouvelle. *Oh oui, je trouverais facilement quelques façons de te faire pardonner, pauvre petit oiseau.* Il s'approcha lentement d'elle. Un pas. Deux pas. Il soupira et posa sa main sur son épaule sans cligner des yeux. « Je comprends parfaitement, Princesse Adolestine, même si cela m'attriste. » Il exerça une douce pression sur elle, juste le temps de percevoir les tremblements de son corps, puis lâcha sa prise, satisfait. « Je ne saurais apprécier votre compagnie en vous sachant atterrée de chagrin. Et, comme vous l'avez si justement souligné... » Son sourire disparut. « Ce n'est pas comme si je me retrouvais seul. Votre frère a de la chance d'être protégé par une personne telle que vous. »

Autre silence. Désormais, il lui semblait que son interlocutrice ne pensait plus qu'à une chose : sortir de cette pièce. C'était parfait. Il s'inclina et fit mine de partir, mais se ravisa soudain. « Oh... avant que j'oublie. Il y a bien un service que vous pourriez me rendre. » Il retrouva son sourire et poursuivit : « Transmettez une fois de plus ma sollicitude au Prince, voulez-vous ? » Il s'inclina une nouvelle fois et tourna les talons, pour de bon, cette fois. Lui, au bras de Zébella au Bal... pourquoi avait-il le pressentiment que ça n'allait pas arriver ?

*

Merlin était dans une colère noire. Le matin-même, sa tendre sœur l'avait une fois de plus délaissé et ne s'était pas rendue au petit déjeuner avec lui. C'était pis que la veille : elle lui avait non pas préféré la compagnie d'un jouet à deux jambes, mais la chaleur de ses draps. Cette fois, il était déterminé à la confronter, abandonnant son précepte : mets-le en laisse et le chien t'obéira, tire-la trop fort et il te mordra. Il lui semblait qu'il lui faudrait plus efficace qu'une laisse. La chienne hargneuse devait goûter au martinet. Bien sûr, il l'envisageait au sens figuré... même si la vision d'une fleur gorgée de sang sur la fesse de l'insolente lui arrachait un sourire.

Mais avant cela, il devait s'atteler à une autre femelle : Garance De Lieugro, la sœur du Roi. Merlin avait reçu un ruban noir et orange, signifiant qu'il aurait une danse avec elle. Il avait feint la surprise auprès de ses domestiques et avait couru dans sa chambre afin de lui écrire une lettre. Son cadeau était déjà prêt : un bracelet d'or et de rubis. En réalité, cet arrangement avait été découvert par ce dernier en soudoyant quelques domestiques. Ravi du jeu du sort, il s'était simplement préparé à accueillir la nouvelle. Garance était la personne qui, dans ce château, faisait l'objet de tout son intérêt. Son allure digne d'une femme de pouvoir avait attiré son attention comme un chien flairait un prédateur. Il n'avait réussi à trouver aucune information compromettante sur la belle, et c'était ce qui l'intriguait. Quand on faisait partie d'une famille royale, on avait toujours quelque chose à cacher.

Le pouvoir des De Lieugro était à son crépuscule. Le Roi n'était plus qu'une poupée de chiffon et ses enfants s'occupaient de leurs chamailleries comme s'ils avaient une vie d'insouciance devant eux, sans parler de l'affront d'Adolestine qui n'avait pas fait flancher son paternel. Il n'en voyait aucun promis à un grand avenir. Son fils, censé représenter la solidité de la royauté, avait attenté à ses jours. Merlin était n'en connaissait pas la raison, mais il retenait l'essentiel. L'influence de ce Placide sur le Royaume, seul homme de la maison dans la fleur de l'âge, avait l'envergure de celle d'une mouche. Garance, toutefois... il lui semblât que ses épaules tenaient à elles seules les fondations de leur influence. S'il voulait renforcer l'alliance entre leurs deux domaines, c'était elle qu'il fallait contenter. Elle n'avait pas l'air d'être facile à satisfaire. Mais Merlin aimait les défis.

Dame Garance De Lieugro,

Je tiens à vous adresser personnellement mon profond respect et toute ma sollicitude quant au malheur de votre neveu. Je suis conscient que l'heure n'est plus à la fête face au naufrage de la tragédie. Néanmoins, le temps s'égraine sans considération pour les malheurs des mortels et la vie continue.

Je souhaite, ainsi, vous faire parvenir mon enthousiasme à la perspective de partager une danse avec vous au bal, par un fabuleux coup du Destin. Vous avons eu trop peu d'occasions de converser depuis notre arrivée dans votre foyer, et pourtant, vous et votre frère avez maintenu un accueil plus que chaleureux à notre encontre. J'ose espérer que vous ne repousserez pas cette chance, comme l'a fait votre jeune nièce. En gage de ma bonne foi et de remerciement pour ce séjour en votre sein, je vous offre ce modeste présent.

Respectueusement,
Merlin d'Uobmab

Et d'une. Il confia sa lettre à un domestique puis se regarda dans le miroir. Il voyait un homme fort et ambitieux. Il savait que sa vision du pouvoir, à savoir écraser pour dominer, s'était légèrement ébruitée dans le Royaume ; il suffisait de voir l'effroi dans le regard de certains domestiques pour s'en rendre compte. Mais cela lui allait très bien comme cela. Personne n'était venu le confronter, et c'était là toute l'étendue de son pouvoir. Il était le faiseur de veuves, le croquemitaine qui hantait les nuits des enfants. Et personne, ô personne n'osait le défier. Personne, sauf elle. Cette femme qui le rendait fou depuis son enfance. Toute leur vie, ils s'étaient aimés, puis disputés, parfois battus. Mais jamais elle ne lui avait fait l'affront de l'ignorance. De façon surprenante, c'était plus affreux encore que sa colère et ses coups. Il en avait assez. L'imaginer sur son cheval, en train de rigoler avec un inconnu, lui était insoutenable. Merlin cria de rage, devant se retenir de toutes ses forces pour ne pas envoyer son poing dans le miroir, et s'élança vers la chambre de Zébella telle une bête enragée. Les domestiques tournèrent les talons et s'enfuirent sur son passage, comme s'ils risquaient leur vie en croisant son chemin. Ils avaient raison.

*

La Princesse était visiblement prévenue de son arrivée quand Merlin s'apprêta à toquer sur sa porte. Il n'eut pas besoin de faire signe à sa servante : elle fila loin du Prince et ferma la porte derrière elle. Il l'entendit détaler dans le couloir. « Ma très chère... » l'homme avait prévu de faire bonne figure malgré sa rage, mais son regard venait de se poser sur ce qui ressemblait vaguement au tableau de Déodatus. Il en fut tellement outré que son esprit tenta de nier une seconde que ce bout de toile déchiré correspondait à son cadeau à sa fiancée, incapable d'accepter la réalité.

« Que... » Merlin se mordit la lèvre. Une colère glaciale le parcourut, transformant le prince en cobra prêt à attaquer. Il était un état de rage tel qu'il ne parvenait pas à aligner le moindre mot : il voyait déjà ses mains entourer sa gorge et appuyer violemment sur la trachée de sa victime. Il visualisa son expression de cri étouffé, ses yeux révulsés, ses ongles se plantant dans sa chair en essayant de se libérer de son emprise. Il voulait l'étrangler et puiser toute son essence de vie, jusqu'à la dernière goutte. Alors peut-être serait-il enfin libre. Libre de son emprise, de ses tourments. Il lui prendrait tout.

Mais s'il l'étranglait, il n'aurait pas le loisir de la voir souffrir. Une petite minute, ce n'était pas assez long après une vie de tourments. Merlin s'était approché d'elle sans s'en rendre compte et avait commencé à soulever les bras, mais il s'immobilisa soudainement. « Je vois maintenant l'étendue de votre considération pour votre propre sang : aucune. » Il voulait savoir pourquoi. Pourquoi elle l'ignorait, pourquoi elle se refusait à lui obstinément après avoir accepté leurs fiançailles. Pourquoi elle s'échappait encore et encore au Destin qui lui avait été tracé à sa naissance. Il ne comprenait pas ce qu'elle voulait. Et c'était ça, le pire. Il était tout simplement impuissant. A cette pensée, devant son regard provocateur, les dernières défenses de Merlin tombèrent. Il se précipita sur elle, en sachant pertinemment qu'il ne pouvait rivaliser avec sa force. Mais c'était viscéral. Le prince essaya de la plaquer contre le mur afin de la forcer à être si proche de lui qu'elle sentit son souffle haletant. Cette fois, elle ne lui échapperait plus. Il avait fini de jouer.

« Tu me refuses tant de choses qui sont pourtant si simples à m'accorder. » Il chuchotait, incapable de crier, l'estomac noué par sa rage destructrice. Ses mains tremblaient. « Un repas. Une danse. Un minimum... de respect ! » Elle s'était débattue et avait pris le dessus sur lui, mais il ne la lâchait pas, ne lui laissant pas le loisir de se défaire de son étreinte. « Ce n'est pas que moi que tu blesses. Mais toute la famille. Toutes les personnes qui comptent sur nous. Notre Royaume. » Il marqua un silence, en pesant ses prochains mots : « Ceux qui comptent pour toi. » Elle comprit instantanément la menace sous-jacente. L'appât était lancé. « Comme ton misérable palefrenier. » Il sourit, comprenant qu'il avait toute son attention. Là, maintenant, elle était en sa possession. Même pour une seconde. « Oh, ne me regarde pas comme ça... je ne lui ai rien fait. Mais je ne peux rien promettre à l'avenir... si tu le revois, en tous cas. » Il ne savait pas ce qu'elle avait fait avec lui. Peut-être avaient-ils seulement échangé quelques mots. Mais cela ne lui importait guère ; il était devenu le pion d'un jeu qui lui échappait. C'était une question d'honneur. Il décida de décocher sa flèche. « Ton cheval a disparu, le savais-tu ? » Dit-il en retrouvant quelque peu sa contenance. « Moi, je sais où il est... » ajouta-t-il d'un air espiègle. Petit, il adorait voler les jouets de sa sœur pour les cacher dans la terre, la forçant à se salir les mains pour les récupérer. Aujourd'hui, ce petit jeu n'avait pas changé : seulement ses proportions. Merlin s'aventurait sur une pente glissante, mais tout rationalité avait été détruite par sa colère.

Mots: très beaucoup

Rôle:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t39520-min-shao-fini
Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1700
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Lun 03 Oct 2022, 17:30

Faust
Les Portes V
TW : homophilie et féminisme


Gustave était content. Cette partie de jambes en l'air s'était encore mieux déroulée qu'escompté. Le De Tuorp avait beau tromper sa femme, il n'y avait pas à dire : parmi toutes, Éléontine était la seule capable de le surprendre encore. Cette fougue ne l'avait jamais vraiment quittée, pour son plus grand plaisir. Parfois, il ne comprenait pas pourquoi il n'était plus amoureux d'elle. Il aurait dû l’être. Mais il supposait que les choses se produisaient ainsi pour une raison. En l'occurrence, pour que le séducteur qu'il était joue son rôle, hors de l'étau du mariage, et multiplie ses conquêtes. Il ne voyait que ça.

Fort détendu, Gustave s'autorisa encore quelques minutes dans l'eau chaude du bain qu'il avait partagé avec son épouse. Il prit autant son temps pour en sortir, puis s'habiller. C'était alors qu'il se trouvait encore dans leurs appartements que sa femme le rejoignit.

-Vraiment ? S'étonna-t-il, les sourcils haussés, à l'annonce du drame.

Il aurait dû paraitre davantage concerné mais en toute honnêteté, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Placide avait beau être le plus proche ami de son fils – et cela ne l'affectait donc qu'en ce sens, et encore – cet acte tragique ne faisait que confirmer ce qu'il avait toujours pensé du prince : ce n'était qu'une tapette. Une énergumène faible, frêle, fragile, un vermisseau qui ne se nourrissait que de fleurs et de poèmes. Pathétique. Ridicule. L’état du garçon était tellement risible qu’il se demandait si celui-ci charmerait qui, ou quoi, que ce soit un jour. Aucune femme ne voudrait jamais de lui. Pas même une vieille dame. Pas même un animal galeux ne voudrait s’amouracher d’un boulet pareil. Comment la femme de Montarville avait-elle pu pondre un tel fiasco ? Que cela provienne des couilles dépressives du Roi l’étonnait moins, ceci-dit.

-Eh bien ça alors... C’est terrible.

Il s'assit sur le fauteuil le plus proche pour simuler le choc qu'il aurait dû ressentir, mais qui ne le heurtait pas. Ce qui le bouleversait davantage était, encore une fois, de savoir que son fils s’était lié d’amitié à ce truc. En accourant à son chevet, Ludoric perdait clairement son temps. Lui qui devenait un beau et valeureux jeune homme, il ne voyait qu’en Placide plus qu’un débile qui le tirait vers le bas. Était-ce à cause de lui que Gustave ne lui connaissait encore aucune conquête ? L’empêchait-il de séduire correctement les jeunes femmes de son âge ? Cette simple idée le mettait en rogne.

-Tu as bien fait.

Malgré le mauvais fond de sa pensée, il rejoignait Éléontine sur sa démarche à propos de Coline et cela lui faisait grandement plaisir. Le plus difficile restait à ne pas le montrer. Il y avait un mort, tout de même ! Enfin, le prince n'était pas encore mort, mais peut-être que cela aurait été mieux ainsi. Il leva les yeux vers sa femme.

-Vraiment ? Répéta-t-il avec le même étonnement que la première annonce. S'ensuivit un rictus hébété et des sourcils chapiteaux. Je ne dirais pas que nous soyons proches.

C'était assez vrai dans un sens. A l’origine, ce qui les avait rapprochés était le sexe et rien d’autre. Gustave n’avait jamais eu avec elle la connexion qu’il avait un jour eu avec Éléontine.

-Je craindrais de me sentir de trop.

Il n'avait pas revu Garance depuis qu’ils avaient failli être surpris par sa femme, mais il se doutait qu'elle n'avait pas apprécié la manière dont il l'avait traitée sur la fin. D'expérience, il la savait rancunière, même si elle n'en disait parfois rien. C'était son atout : elle savait se faire discrète et aimable quand il le fallait. Mais en tant qu'amant, il voyait aussi ce dont elle était capable dans le dos des autres. Avec tout le respect qu'il avait pour Éléontine, qui était brillante, Garance était probablement la femme la plus intelligente qu'il eut jamais connu. En cela, Gustave n'était chanceux que pour une chose : il savait la charmer comme nul autre afin qu'elle cède à lui. Ce n'était que par ses performances sexuelles et son charme magnétique qu'il parvenait à la maintenir quelque peu en laisse. Sans cela, elle lui aurait été en tout point supérieur et il ne l'aurait jamais supporté, d'autant plus car c'était une femme.

Après une brève réflexion, il se leva. L'opportunité de revoir son amante lui était si bien tendue... qu'il se voyait mal refuser, certes mais... il se voyait d'autant plus mal accepter.

-Je vois que cela te tient à cœur, et ne te détrompe pas, j'apprécie Garance de Lieugro de toute mon amitié, mais je trouverais cela malvenu de me présenter. C'est une femme forte et je pense qu’elle saura s’en tirer. En outre, s'il s'agit de discuter mariage par la suite, j’ai peur que cela soit mal pris. Il se pencha vers elle pour lui susurrer. Chaque chose en son temps. Comme tu l'as évoqué, Ludoric fera naturellement sa part.

Il déposa un baiser sur ses lèvres, posa ses mains sur ses bras comme pour la rassurer.

-Je vais lui écrire une lettre dès maintenant. Ensuite, je préfère rester ici et passer un peu de temps avec toi. J'ai le sentiment que cela fait longtemps que nous n'avons pas passé plus d'une poignée d'heures ensemble, pas toi ?

Avoir couché avec elle un peu plus tôt l'avait adouci. Il se sentait pousser des ailes et c'était un peu comme s'il redevenait amoureux. Généralement, ce sentiment ne durait jamais plus d'une demi-journée. Lorsque cela advenait, il était capable de tenir mille et une promesse ; ce délai imparti, il choisissait de les rejeter aux oubliettes. Dans la vie, Gustave possédait d'innombrables qualités – peut-être même trop. Cependant, parmi elles, son romantisme et sa capacité à tenir des promesses avaient le défaut d'avoir une date de péremption relativement courte. Nul doute qu'au jour suivant, il ressentirait une certaine amertume à ne pas être allé rendre visite à son amante. Mais pour l'heure, il était d'une tout autre humeur.

Gustave quitta momentanément son épouse le temps de rédiger la fameuse missive :

A la Princesse Garance de Lieugro,

Je viens tout juste de prendre connaissance du terrible incident qui s'est abattu sur votre famille. De tout cœur, j'espère que votre neveu saura trouver un bon rétablissement. J'espère aussi que vous, le Roi votre frère, et ses deux filles, vous portez bien malgré le choc. Je vous transmets par cette lettre toutes les pensées de la famille De Tuorp.

Mon fils Ludoric se serait rendu au château pour s'enquérir de l'état de Placide. C'est un brave garçon, bon et fort, mais si vous pouviez gardez un œil sur lui le temps de son séjour, je vous en serais fort reconnaissant.
Aussi, je tenais à vous présenter mes excuses quant à la forme impromptue qu'ont pris nos échanges lors de votre dernière visite. Cela me peinerait qu'elle entache les prochaines.

Au plaisir de vous revoir très bientôt et avec tout mon respect et mon soutien,

Gustave de Tuorp


Aussitôt pliée et scellée, Gustave ordonna à un domestique que le message fût envoyé sur-le-champ, afin qu'elle parvienne le jour-même. Il retrouva alors Éléontine, à laquelle il offrit un baisemain.

-La lettre est envoyée. Alors, qu'aviez-vous prévu de faire en ce bel après-midi, ma chère ?

1207 mots



Bijin
nastae:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34531-kitoe
Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 411
◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
Adriæn Kælaria
Lun 03 Oct 2022, 18:34

Les Portes - Chapitre V  - Page 7 Zwbn
Image par Kelogsloops
Les Portes - Chapitre V


Rôle:

Comme Madeline le pensait, Lambert était un génie ; ou disons plutôt intelligent. À ce titre, la fausse séduction ne passait jamais inaperçue à ses yeux. Il connaissait trop les femmes de la cour pour ne pas la repérer. C’était simple : des mouvements plus lascifs qu’ils ne l’auraient dû, un rire plus bruyant qu’il ne l’aurait dû. Les signes ne mentaient jamais, qu’il s’agît d’ailleurs de vraies comme de fausses tentatives. Il passait son temps à protéger le Roi de tous ces essais infructueux. Il était lui-même l’objet de quelques envies à peine voilées, du fait de son statut tout particulier. Néanmoins, s’il y avait bien une femme qu’il n’avait jamais soupçonnée de faire de même, en revanche, c’était bien sa femme. Aussi, ses papillonnements futiles le plongèrent-ils dans un sentiment vague, ponctué d’un déni qui ne demeura que quelques minutes. Il avait souvent trouvé les femmes idiotes de penser détenir les clefs de la séduction, comme si les hommes ne songeaient qu’avec leur entrejambe. Ce n’était pas le cas ; en tout cas, ce n’était pas son cas à lui. Il la désirait de temps à autre mais le travail l’avait éloigné d’elle et, à présent, il ne savait plus comment faire pour lui soumettre ses caresses. Vu le jeu de son épouse, il se dit que, finalement, ce n’était peut-être pas plus mal. Aussi, s’il avait conclu assez facilement sur le cas de Rosette, en évoquant la possibilité qu’elle choisît qui lui plairait, entre l’un de ses amis ou ce mystérieux poète, et qu’il lui en parlerait dès que l’occasion se présenterait, il fut plus réservé sur le reste. Si elle jouait avec lui, il pouvait faire de même, le temps de trouver une solution au problème illustré par les manières de son épouse qui, à vrai dire, ne lui plaisaient pas. S’il acquiesça à la première question, il ne put empêcher un rire de sortir d’entre ses lèvres à la seconde. « Ma chère Madeline, si je vous le révèle, cela gâchera la surprise. » murmura-t-il, en se décalant tranquillement sur le côté, pour échapper à sa tentative de rapprochement. Elle le peinait fortement à croire qu’il était le dindon d’une farce qu’elle serait en mesure de lui jouer. Il sourit néanmoins. « Cela dit, comme je ne peux rien vous cacher, je vais vous le dire. » Il attrapa la brosse de sa femme et la fixa par l’intermédiaire du miroir. « Il m’était impossible de permettre à un autre homme que moi d’avoir la moitié de votre ruban. Cela ferait jaser tout le Royaume. » mentit-il. Il lâcha l’objet et la regarda. Il aurait pu ajouter un j’espère que cela ne vous déçoit pas trop mais il s’abstint. Il était triste de voir le comportement d’une vulgaire prostituée s’accoler au corps de sa femme mais il n’était pas mesquin pour autant. Surtout, elle avait raison : il l’aimait. Normalement. Cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était plus posé la question au-delà de ce que signifiait le mariage pour lui. Quoi qu’il en fût, elle aurait pu simplement l’interroger, au lieu d’essayer de le charmer. « Bien. Nous nous verrons au bal. Je vous laisse à votre beauté. » Parce qu’il était clair qu’il l’éviterait dans les prochains jours, déjà parce qu’il serait occupé et ensuite parce qu’il lui fallait réfléchir sur la situation, sur ce qu’il avait mal fait pour en arriver là et sur le début de tout ça.

Lorsqu’il reçut la lettre de Montarville, Lambert décida de partir au palais. La nouvelle était trop préoccupante pour qu’il restât chez lui et, surtout, il préférait être ailleurs. Il emmena donc ses affaires avec lui, laissa un mot à l’attention de Rosette pour la prier de bien vouloir lui faire part de l’identité de son cavalier pour le bal et ne revint pas avant le bal.

Sur place, il attendit le temps nécessaire afin de s’entretenir avec son ami. Sa lettre avait créé chez lui une confusion qu’il essayait d’apaiser. Surtout, il le soupçonnait d’avoir pris cette décision du fait de l’acte de Placide. Cet acte était pour le moins inattendu et Lambert, en l’apprenant, avait décidé de tenter de le comprendre. Quand il pensait au successeur de Montarville, il tombait rapidement dans une impasse. La Princesse Adolestine était, certes, gentille mais il ne la voyait pas régner. La Princesse Coline était une peste et elle ferait une bien piètre Reine à son avis. Quant à Placide, il était le plus jeune et peut-être le plus fragile. Néanmoins, Lambert savait aussi que Montarville couvait un peu trop ses enfants et que les faiblesses de ces derniers étaient en partie de sa faute. Il soupira, dans son canapé, en repensant au passé et à cette paysanne. Il aurait dû en parler au Roi mais il se doutait que lui avouer ce qu’il avait fait, peu avant le décès de sa femme, ne serait pas une bonne idée. Bien sûr, en tant que conseiller, il avait enterré l’affaire mais, parfois, il se demandait ce que cette femme était devenue et si l’infidélité du Roi avait porté un fruit. Il balaya néanmoins le sujet. Il valait mieux que personne ne sût, pas même Montarville ; surtout Montarville. La perte de sa femme l’avait trop affecté pour qu’une telle faute ne vînt appuyer davantage sur ses épaules. Surtout, l’état de Placide devait le préoccuper.

Quand Montarville vint, Lambert se leva et lui offrit une accolade. « J’espère que le Prince se porte mieux. » Il n’était pas le genre d’homme à tergiverser. Aussi, il enchaîna. « J’espère aussi que tu vas revenir sur ta décision. Ce n’est peut-être pas le bon moment, avec ce qu’il s’est passé avec Placide. » Il marqua une pause. « Tu sais que je te soutiendrai, quoi que tu décides mais il me semble que ta décision est légèrement prématurée. Qu’en pense Garance ? »

944 mots
Divorce ? /sbaf



Les Portes - Chapitre V  - Page 7 4p2e
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38724-adriaen-kaelaria
Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 430
◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Susannah
Lun 03 Oct 2022, 21:25

Les Portes - Chapitre V  - Page 7 Lrvr
Les Portes V - Le Conte II
Zébella




Rôle:

Zébella s'était éveillée comme un charme au son des moineaux pépiant au dehors. La journée était déjà bien entamée mais elle était douée pour compenser le temps perdu. Elle était ravie d'avoir privilégié son sommeil sur l'invitation obsessionnelle de Merlin pour déjeuner avec elle. Ils étaient déjà voués à passer leur vie ensemble, alors pourquoi tenait-il tant à la voir sans arrêt ? Il était lassant. Non, énervant. Cette capacité à l'agacer prodigieusement était sans doute son unique qualité, et c'était celle qui lui vaudrait sa mort. Lorsqu'ils étaient enfants, leurs chamailleries étaient ce qu'elles étaient et elle n'avait pas tout de suite su définir la cruauté dans ses brimades. C'est au contact des autres enfants de son âge qu'elle avait compris que son frère était dérangé. Fut un temps, la princesse avait été prête à accepter sa nature. Chacun avait sa part de ténèbres, et il était de son sang. Mais depuis qu'il lui poussait des poils, il se montrait insistant. Et il y avait eu cette nuit où il s'était glissé dans son lit, où elle avait senti le contact de ses doigts sur sa nudité. Quelque chose s'était brisé. Elle remerciait chaque jour ses réflexes appris aux cours d'arts martiaux pour l'avoir sauvée cette nuit là et il avait été projeté hors du lit avec une violence telle qu'il avait été tout bonnement assommé en heurtant l'une des colonnes en bois massif de son lit à baldaquins.

Mais la journée était bien trop belle pour laisser ses songes se gâter avec le porcelet qui lui servait de frère, et Zébella mordit férocement dans sa tartine en lançant un regard circulaire sur la pièce. Ses sourcils se froncèrent en tombant sur le tableau ruiné. Il faudrait demander à le brûler, ou le renvoyer à Merlin tiens, ça l'agacerait peut-être suffisamment pour que son coeur lâche. Il était jeune mais à force de lui chauffer les sangs, et si les dieux étaient bons, il y avait une chance. Puis son regard tomba sur le ruban que sa domestique avait déposé sur la console, près du papier à lettre après lui avoir expliqué le principe caché derrière ce bout de tissu. Comme c'était ridicule, ces histoires de ruban. Chercher qui avait le même ne l'intéressait pas, elle avait bien mieux à faire, comme essayer de rendre ce bal bien plus intéressant pour tout le monde. Coinçant sa tartine sur le coin du bec, elle prit place sur le siège pour commencer à rédiger une courte note. Pas une fois, elle n'avait eu la chance de croiser Montarville, à part en des occasions trop formelles pour lui toucher deux mots sur la façon dont elle voyait les choses. Il fallait y remédier et puisqu'ils semblaient tout deux manquer de temps, elle lui imposerait ses volontés par écrit. L'incident Placide lui était sorti de la tête, sa cervelle trop étroite pour manoeuvrer avec autant d'informations en même temps. Elle voyait à court terme, et avec un pragmatisme dramatique pour une personne de sang royal, avec un égoïsme qui égalait son enthousiasme.

« Votre Majesté,

Nos Royaumes auraient beaucoup à gagner en formant une alliance. C'est d'ailleurs la raison de notre présence et je réitère ma gratitude pour la qualité de votre accueil en votre château. Toutefois, j'aimerai aller plus loin en mêlant nos cultures. Et quel meilleur moment pour ce faire qu'au bal ? L'on m'a décrit comment les vôtres se déroulaient et je pense que votre cour serait positivement réceptive à quelques changements.
Cette histoire de rubans est charmante, et elle m'a inspirée pour aller un peu plus loin. Pourquoi ne pas tourner cela en une compétition pour toutes les paires ainsi formées ? Si l'idée vous plaît, n'hésitez pas à me prévenir assez tôt pour me laisser organiser une activité qui ravira tout le Royaume.

Respectueusement,
Princesse Zébella d'Uobmab. »

Devait-elle également envoyer un mot à Déo-truc ? Son nom lui échappait déjà, mais la bienséance imposait un minimum. Elle décida rapidement qu'il valait mieux le rencontrer en personne avant pour voir de quel bois il était fait. Alors qu'elle scellait sa lettre au Roi avec de la cire chaude, sa domestique entra en trombe dans sa chambre sans éveiller une once de réaction chez sa maîtresse. « Merlin ! » S'écria-t-elle en guise d'introduction. Zébella leva les yeux au ciel. « Quoi encore ? » Râla-t-elle. Elle s'examina dans le miroir au dessus du meuble et passa une brosse pour dompter les nœuds apparus pendant la nuit. « Il arrive ! Il est très mécontent. » « Mmh mmh. » Fit-elle, peu impressionnée par cette annonce. Ce don pour revenir à la charge perpétuellement lui portait sur les nerfs. Fallait-il avoir la mémoire si courte pour sans cesse devoir le remettre à sa place ? N'avait-il pas mieux à faire maintenant qu'ils étaient en visite diplomatique ? Sans un regard pour la domestique, la princesse se leva et entreprit de passer une robe plus appropriée pour sortir par dessus sa fine tunique d'intérieur qui lui servait de robe de chambre. Le regard de Merlin sur les pans visibles de sa peau lui flanquait une chair de poule qui ne la quittait ensuite pas de la journée. Sa perversion l'effrayait, même si c'était une confession qu'elle emporterait dans la tombe.

Lorsque l'attendu fiancé pénétra dans sa chambre, Zébella était parée pour cette bataille. Ses boucles avaient été relevées en un chignon qui dégageait son visage et ne la gênerait pas pour ses activités quotidiennes et elle terminait d'enfiler ses gants. « Ah tiens, te voilà. » Lâcha-t-elle avec le même ton qu'elle aurait employé en découvrant un crottin malodorant au beau milieu de son tapis. Elle releva le nez à temps pour savourer son expression alors qu'il prenait acte du destin funèbre de son cadeau. Un sourire satisfait s'accrocha sur sa figure. « Un terrible accident. » Susurra-t-elle en guise d'explications. Merlin ne serait pas dupe, mais elle aimait s'adresser à lui comme s'il était plus idiot qu'il ne l'était réellement, car il rentrait alors dans des colères qui dévoraient sa raison comme neige au soleil. Depuis le temps, elle savait sur quels boutons appuyer pour déclencher telle ou telle réaction chez son frère.

Le regard de pure haine qu'il lui rendit fut d'une jouissance rare et elle soutint son regard avec un air qui le défiait de faire quoi que ce soit, celui qui le faisait toujours monter sur ses grands chevaux. Comme s'il avait ce qu'il fallait pour aller au bout de ses idées, comme s'il n'humidifiait pas ses pantalons en songeant au sort qu'elle lui réservait si elle déchargeait un jour sur lui toute sa sauvagerie. Si c'était le cas, s'il avait eu cette audace, et les moyens pour prétendre à mener à bien ses projets, sans doute l'aurait-elle davantage considéré. Mais actuellement, il était un étron sous son soulier, et il lui faisait perdre son temps, ce qui était inadmissible. « Tu voulais quelque chose ? Je dois sortir. Ça peut certainement attendre mon retour. » Elle le vit se rapprocher d'elle, ce qui ne fit qu'accentuer son sourire narquois. « Tu as toujours eu une tendance pour la tragédie, mon pauvre. Ce n'est qu'un tableau. Il y a plus dramatique dans la vie. » Comme ce qu'elle prévoyait pour lui au bal, mais elle n'en dit rien. Seule une lueur malveillante hanta le fond de ses yeux. Comme elle avait hâte qu'il disparaisse de sa vie. Il était une vipère qui ne cessait d'essayer de la mordre. Mieux valait lui couper la tête avant qu'il ne réussisse à lui injecter son infâme poison.

Ses provocations ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd et à sa grande surprise, il rassembla le courage de porter la main sur elle. Il osait. L'affront violaça ses pommettes et elle se démena aussitôt pour se soustraire à son contact qui la dégoûtait au plus haut point. Puis il parla et elle cessa un instant de se débattre, prise d'un fou rire nerveux. « Du respect ? Tu ne mérites même plus mon dégoût, misérable rat. » Ses muscles se bandèrent et elle sentit les avant-bras de Merlin trembler alors qu'elle exerçait une pression croissante dessus pour lui faire lâcher prise.

Elle s'apprêtait à crier sa victoire quand il étouffa ses efforts d'une phrase. « Comment oses-tu. » Persifla-t-elle. C'était cela qu'elle haïssait tant chez lui. Cette fourberie qui n'avait pas de limites, qu'elle n'arrivait jamais à anticiper totalement. Elle connaissait ses points faibles autant qu'il connaissait les siens et leur lutte était contractée pour l'éternité. Rien ne pourrait y mettre fin sinon la mort de l'un des deux ou sa soumission. Le deuxième étant exclus, la conclusion était facile, même pour Zébella qui avait plus de muscles qu'elle n'avait de neurones. « Je te tuerai. » Sa promesse plongea dans le vide en faisant peu de remous et il contre-attaqua. Devenue statue, elle en prit aussi la couleur. « Qu'est-ce que tu as fait à Dynastie ? » Gronda la bleue, ses yeux aussi durs que du diamant. Ses ongles s'enfoncèrent sans faire beaucoup de dégâts avec la protection des gants. « Qu'est-ce que tu as fait ?! » Sa voix s'éleva d'un octave et brusquement, son genou remonta à la rencontre de l'entrejambe de son frère. Profitant que ce dernier reculait, plié en deux, elle avança sur lui et l'acheva d'un coup de pied pour le faire chuter au sol. Le mépris hantait ses yeux. « Alors il y a bien quelque chose à cet endroit. J'avais besoin de vérifier, je commençai à avoir des doutes. » Le venin sourdait de ses mots et elle ne lâchait plus sa proie du regard. C'était à terre qu'elle le préférait. Elle souleva délicatement ses jupons et enfonça son talon dans l'abdomen du teigneux, se repaissant des geignements du brun. « Quoi ? Je n'entend pas bien, tu peux répéter ? » Elle le libéra pour pouvoir s'agenouiller près de lui et lui prêter une oreille faussement attentive. Mais une fois près de son visage, elle esquissa un sourire mauvais. « Moi aussi, j'ai quelque chose à te dire. » Elle se pencha pour lui murmurer à l'oreille. « Je vais me donner au premier venu. Paysan ou noble, inconnu ou vieux, je m'en fiche. Tu ne me passeras jamais dessus en premier, ni même en deuxième ou en dernier. Je préfère manger ce qui te sert de pénis au petit déjeuner que l'accueillir entre mes cuisses. » Elle se redressa. Sa haine formait une aura dangereuse dont elle trouvait un écho équivalent dans les prunelles de celui qu'elle exécrait tant. Pour ne plus les voir, elle leva son poing et l'écrasa sur sa pommette. « Et ça, c'est pour Dynastie. Je te laisse imaginer ce que je te réserve si je ne la retrouve pas en un seul morceau. » Encore tremblante de colère, la bleue se releva et jeta un coup d'oeil consterné à sa main. « Tss. Tu as tâché mon gant, c'est malin. » Elle ancra son regard au sien et sourit en voyant un hématome commencer à fleurir sur sa figure haïe. « Vois le bon côté des choses, tu n'as plus besoin de maquillage avec ces jolies couleurs naturelles. N'hésites pas à venir me rendre visite à nouveau si tu veux que je t'améliore le portrait. » Un ricanement mesquin plus tard, Zébella quittait la chambre en y laissant Merlin se remettre de ses émotions. Elle avait un autre mâle à éprouver.

Quelques heures plus tard, montée sur un cheval, un hongre au caractère si placide qu'il ne faisait que lui faire regretter encore plus amèrement le caractère sanguin de sa jument, Zébella arriva sur les terres des d'Etamot. Les joues encore rouges du galop qu'elle avait fait prendre à sa monture et irritée de sa querrelle avec Merlin, elle mit pied à terre et remit le cheval à un domestique. Elle en profita pour lui demander de prévenir Déodatus de sa venue au plus vite. La patience n'était pas son fort, aussi la princesse s'invita d'elle-même à l'intérieur de la demeure. Dans l'entrée, elle inspecta les différentes entrées avant de se décider à pénétrer dans ce qui devait être le salon réservé aux visites d'invités. Là, elle se laissa tomber dans un fauteuil et tripota ses gants qu'elle avait enlevés en attendant l'arrivée du jouvenceau. Sa fébrilité trahissait un agacement encore perceptible à des mètres à la ronde et quand l'adolescent se présenta enfin, elle fixa un regard noir sur lui comme s'il était une deuxième version de son frère écrite pour lui déplaire. Sans qu'il n'ait encore rien fait, il démarrait perdant à ses yeux. « ... » Un soupir audible flotta dans l'air. Qu'est-ce que c'était que ce bout de vermicelle ? Pourquoi n'étaient-ils pas tous comme Clémentin ? Elle prit appui sur les accoudoirs pour se relever et tendit une main vers le brun. Elle ne fit aucun effort pour paraître aimable, se contentant de le scruter avec un dédain marqué. « Enchantée. Je suis la Princesse Zébella d'Uobmab. » Elle était prête à parier qu'elle pouvait le soulever avec une seule main. La faiblesse était-elle une vertu pour devenir le point commun de la majorité des hommes et femmes qu'elle rencontrait ? C'était désolant et elle ne put, ni n'essaya, de retenir un nouveau soupir exaspéré. « Rassurez-moi, vous n'allez pas tenter de vous suicider vous aussi ? » Si c'était le cas, elle violerait l'entrée du royaume des morts pour aller le chercher. Elle en avait assez des fuyards. La lâcheté aurait dû être punie de mort.

Message V | Bien trop de mots



Les Portes - Chapitre V  - Page 7 7qoc
Merci Jil  Les Portes - Chapitre V  - Page 7 009 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38908-susannah-daeloran#7
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4025
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Lun 03 Oct 2022, 23:44



Les Portes


Plus les secondes s’écoulaient, plus je me disais que je ne la verrais pas. Je commençais à accepter la sentence du destin. Peut-être que l’aveu ne devait pas advenir. C’était sans doute mieux pour tout le monde. Qui étais-je, pour prétendre à quoi que ce fût ? J’inspirai et expirai, pour cacher mon découragement montant. J’avais espéré quelque chose, je ne savais quoi exactement mais… quelque chose. Malgré moi, je pensais qu’elle pourrait être touchée malgré tout. Je ne l’imaginais pas me donner plus que son temps mais celui-ci serait déjà précieux. Si elle voulait bien m’écouter jusqu’au bout et ne pas prendre un air dégoûté, ce serait déjà beaucoup. Bien plus que ce qu’un domestique pourrait normalement obtenir d’une noble. Cependant, elle ne venait pas et… J’ouvris de grands yeux lorsque je la vis. J’étais tellement plongé dans mes pensées que je ne l’avais pas entendue approcher. « … Oui ? » répondis-je, d’une façon aussi automatique que stupide. Bien sûr que sa question ne tendait pas à s’assurer qu’il s’agît bien de moi. J’étais heureux qu’elle se rappelât de mon prénom mais ma réaction me plongeait dans un profond désespoir. Débile, me lançai-je mentalement. « Hum… En fait, je… » Comment formuler les choses ? J’avais eu le temps de répéter cent fois un texte dans ma tête, planté devant la volière. Néanmoins, maintenant qu’elle était là, avec ses yeux d’un vert éclatant et sa chevelure flamboyante, à me fixer comme ça, j’avais oublié jusqu’à la première phrase de ce que j’avais besoin de lui avouer. Je me raclai la gorge. « En fait, je viens ici parfois. J’aime bien les oiseaux. » Ce qui était vrai. Je savais aussi ce que ma phrase impliquait : je n’étais pas spécialement invité ici et, à part m’occuper des chevaux, je n’avais aucune raison d’être là. « J’espère que ça ne vous dérange pas. » Je souris, légèrement fébrile à l’idée d’être seul avec elle. Ce n’était jamais arrivé. Je ne lui avais parlé que quelques fois et je me doutais qu’elle avait dû oublier entre temps. « Je les trouve vraiment extraordinaires. Vous avez des espèces que j’ai déjà vues dans mes voyages et ça me les rappelle de venir ici. Celui-ci, par exemple… » Je lui désignai l’un des oiseaux. « C’est un cordonbleu à joue rouge. Je l’ai reconnu dès que je l’ai vu. » Je savais qu’elle devait connaître le nom de toutes les espèces présentes. « Lorsque j’ai voyagé dans le sud, j’ai aidé quelques mois dans une réserve où il y avait plusieurs types d’animaux, dont ces oiseaux. » Je souris. « Il y avait un joueur de flûte qui arrivait à appeler les oiseaux à lui. Je ne sais pas comment il faisait… mais c’était tellement… » Je haussai les épaules. Je ne savais pas comment qualifier ce que j’avais vu en un seul mot. « Disons que c’était la parfaite illustration de la relation qui peut exister parfois entre la nature et nous. » Je relevai les yeux vers elle. Je m’étais perdu dans le passé et l’objet de ma présence à ses côtés m’avait échappé un court instant.

Je fis quelques pas, ne sachant toujours pas si j’allais lui avouer être l’auteur des poèmes ou non. « Celui-ci, je l’aime beaucoup aussi. Il est commun mais il m’est cher pour une raison toute particulière. » Le rougegorge familier était, en effet, un oiseau couramment visible. « C’était un autre de mes voyages… » Je m’arrêtai et lui jetai un coup d’œil. « J’ai beaucoup voyagé. C’est un des avantages, quand personne ne vous attend vraiment. » J’avais ma mère, bien sûr, mais elle avait toujours tenu à m’envoyer partout, sans jamais me dire d’où provenait l’argent. Elle avait l’air de se priver et, souvent, nous avions eu du mal à manger à notre faim. C’était comme si elle économisait pour mon éducation, tout en m’apprenant la nécessité de travailler durement. J’avais donc dû travailler dans différents milieux. La seule chose qu’elle m’avait inculqué elle-même, c’était cette méfiance à l’égard de la noblesse. Malgré celle qui restait dans mon cœur, je n’arrivais pas à me méfier réellement de Rosette. Lorsque je la voyais, mon cœur fondait. « Tout ça pour dire que j’étais dans un monastère. J’aidais les moines dans les tâches quotidiennes. L’un d’eux m’a appris à dessiner ces oiseaux et il m’a également inculqué l’art de la poésie. » Je déglutis mais continuai. « C’était une période agréable. Le temps semblait comme arrêté. J’aurais pu rester là-bas durant des années. » Je souris de nouveau et, cette fois, relevai les yeux vers elle pour de bon, le courage grondant soudainement dans ma poitrine. Je m’avançai vers elle et lui pris les mains. « Rosette, parfois, lorsque j’observe vos yeux contempler les oiseaux, le trésor émeraude de vos prunelles devient pour moi un fléau ; car je chéris cet éclat merveilleux dans le silence destiné aux secrets, tout en sachant qu’au jeu de l’amour, je suis déjà condamné. » Parce qu'elle ne voudrait jamais de moi. Je la lâchai et conclus. « Je serai au bal, si vous désirez me voir. » Ce n’était pas le plan d’origine mais ça n’avait plus d’importance. « Bonne journée. » lui soufflai-je, avant de tourner les talons afin de partir.

879 mots
Erasme (Clémentin):
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 755
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mar 04 Oct 2022, 01:51

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes

Adénaïs s'était appliquée à suivre les conseils du médecin. Ainsi c'était avec un châle sur les épaules qu'elle travaillait sur sa broderie à la chaleur de la flambée. Ces jours enfermés chez elle à errer comme un fantôme lui avait donné le temps de réfléchir. D'abord à sa condition. Elle avait repensé à ces visages inconnus l'ayant pénétré. À ceux de plus haut lignage l'ayant touché. Alitée comme elle l'était, cela faisait maintenant longtemps que plus personne ne s'était immiscé entre ses cuisses. Les seuls mains étrangère s'étant posée sur elle étaient celle du médecin pour uniquement prendre connaissance de son état. Elle avait également pensé au futur de Déodatus et d'Elzibert encore libre de toute union ; à l'avenir d'Yvonelle aux côtés de Nathanaël. Elle avait repensé aux paroles d'Hermilius, réfléchissant à ce qu'elle pouvait réellement tirer d'une telle affaire autre que de devenir sa pute de luxe. « Une lettre vient d'arriver Madame. De messire d'Ukok. ». La blonde se tourna vers la domestique pour récupérer la missive. « Il y en a également une pour le médecin. » fit-elle en même temps. « Messire de Xyno ? ». La domestique affirma d'un signe de tête. « J'ignore où il se trouve. Posez la sur le secrétaire. Je lui ferait savoir. » fit-elle en posant le caneva sur ses genoux pour lire le message. Elle ne l'ouvrit cependant pas immédiatement, son regard perdu sur l'enveloppe scellée. Childéric était l'une de ces rares personnes avec qui elle échangeait encore et, surtout, avec sincérité. Si ses enfants étaient la bouée à laquelle elle se raccrochait pour ne pas sombrer dans la mer agitée de ses tourments, Childéric était ce marin qui tendait vainement sa main pour l'en sortir et la ramener à l'abri sur la berge. Elle était pourtant incapable de le suivre. Elle craignait l'entraîner dans les ténèbres glacées des abysses si elle devait se saisir de sa main salvatrice. Elle se décida enfin à découvrir le contenu du message, mais à peine ses yeux eurent-ils parcouru les premières lignes qu'elle s'arrêtât, levant le regard vers la fenêtre. Elle commençait à être en manque d'arguments. Chaque fois qu'elle tentait refermer la porte sur ses avances, lui l'enfonçait avec plus de conviction encore. Elle aurait simplement pu les refuser et les repousser. Elle n'y arrivait pas. Là était son problème. Elle subissait dans une douleur chaleureuse un sentiment ambivalent d'attraction-répulsion à son égard. Elle savait la chose cruelle pourtant. C'était lui donner de vains espoirs d'agir ainsi avec lui. Elle-même en souffrait de sentir son cœur plier chaque fois un peu plus face à la douceur que dégageaient ses mots couchés avec affection sur le papier. Elle exhala ainsi un souffle affligé avant reprendre sa lecture. Ce fut ensuite l'annonce quant à la personne qu'il comptait inviter qui interrompit sa lecture. Ou plutôt était-ce la faute au sentiment que cette nouvelle lui causât. C'était comme un éclat de verre se logeant dans son cœur. C'était surtout ridicule. Elle ne pouvait l'empêcher de se rendre au bras d'une autre alors même qu'elle était responsable de cette situation. À nouveau elle soupira, confuse cette fois-ci, avant reposer ses yeux sur les lignes de la lettre. Une fois qu'elle l'eût fini, elle se laissa emporter par les flottement rêveurs de son esprit avant plier la missive et la loger contre son cœur, la conservant ainsi à l'abri des regards curieux. Elle-même l'était en ce qui concernait le contenu du message adressé à Ezidor. Après un regard intrigué sur la-dite lettre, elle se redressa, délaissant l'ouvrage sur la cheminée avant appeler un domestique. « Avez-vous vu de quelle couleur était le ruban de Sir de Xyno ? » lui souffla-t-elle. Ce jeu de duo pouvait avoir quelque chose d'amusant. Mais si elle pouvait déjà avoir une idée de son prétendant mystère, elle n'en serait pas mécontente. « Différent du votre Madame, si c'est ce que vous voulez savoir. De même que vos enfants Madame. » répondit-il dans une révérence. Adénaïs sourit avant s'éloigner. On sous-estimait trop les petites gens. Le monde les ignorait quand ils étaient forcés de porter toute leur attention sur leurs maîtres. Ils voyaient ainsi des choses qui pouvait paraître risible et sans intérêts à la noblesse et savaient plus que tout garder le silence au risque de se faire renvoyer, voir pire. Ce n'avait rien d'une simple supposition ou observation. C'était un véritable constat pour avoir déjà été prise au dépourvu par l'un d'eux. L'une des rares choses qu'elle n'avait jamais confié à Childéric. L'un de ces quelques aveux qu'elle préférait enfermé dans une cage inaccessible, cachée dans les tréfonds de son esprit et de son cœur.

Installée à son petit bureau, la Dame avait sa plume suspendue au-dessus du papier, hésitante. Elle ne savait comment ouvrir sa réponse. Il lui donnait une affection que jamais elle ne pourrait rendre. Pas à l'identique tout du moins. Que pouvait-elle dire ici de toute façon ? Elle prit une longue inspiration et se lança enfin.

Ô, cher Childéric,

Il semblerait que mes mots et mes plaintes soient incapable d'éteindre les transports de ton cœur. Peut-être mes prières auront-elles plus d'efficacité ?

Dis-moi, quel droit aurais-je à t'empêcher te rendre au bras d'une autre ? Ta main ne m'est pas acquise et tu es libre de la tendre à celle que tu désires. Qui plus est, Garance est une femme aussi belle qu'elle est intelligente. Une femme qui a toute sa place à ton bras. Quant à Clémentine, j'ai crû entendre cela en effet. C'est inattendu que le Roi se soit adressé à elle, mais peut-être n'est-ce pas si étonnant ? Ta sœur est d'une douceur infinie comme sa Majesté est d'une bonté sans égal. Un tendre duo dont a besoin ce royaume sous tension.

Peut-être auras-tu entendu cette triste nouvelle ? Le Prince semble avoir attenté à sa vie, un sort tragique pour une si jeune âme. De ce fait, Déodatus se rendra au bal avec la Princesse d'Uobmab. Ayant eu l'occasion de la croiser une fois, elle m'a semblé particulièrement rude. Mais peut-être m'inquiété-je trop pour lui ?

Prends soin de toi,


Adénaïs

Prends soin de toi. Peut-être aurait-elle dû utiliser une autre formule de politesse. Quelque chose de plus réservé. L'encre séchant, la blonde rangea la lettre de son amant avec les autres dans une boîte de cèdre cachée dans le petit tiroir de la table de chevet. Son œil tomba ainsi sur le petit ruban blanc et doré, négligemment posé sur un épais livre à la couverture sombre. Elle le prit entre ses doigts. Une idée germa et rapidement elle retourna à son bureau pour y ajouter ces quelques mots :

PS : Je suppose que tu auras également reçu l'un de ces rubans à porter le soir du bal ? Peut-être me montrerai-je trop curieuse de savoir à quoi ressemble le tiens ?

En même temps qu'elle dessinait la dernière ponctuation, elle songea à la possibilité qu'il possède le même que le sien. De quoi excuser son refus pour se présenter au bras d'un autre. S'il s'agissait de Gustave ? Probablement ne verrait-elle jamais la fin du bal dans ce cas. Et Hermilius ? « Madame ? ». La voix se fit entendre derrière l'épaisse porte. « Qu'y a-t-il ? » invita Adénaïs en scellant son message. « Son Altesse la princesse d'Uobmab est ici. » expliqua la domestique en poussant la porte. La mère de famille leva rapidement la tête. « La princesse ? J'arrive immédiatement, proposez-lui un rafraîchissement en attendant que je m'habille correctement. ». Malgré l'évidence de ses propos, la blonde ne put ignorer la gêne de sa servante. « Il y a un problème ? » - « C'est à dire que... »

La fièvre pouvait-elle l'accabler et l'épuiser, ça n'avait aucune sorte d'importance présentement. Le port altier et l'œil courroucé, Adénaïs avançait d'un pas aussi lent qu'affirmé jusqu'au lieu où s'était installée la nouvelle arrivée. À quelques mètres elle s'arrêta toutefois, comprenant que son fils s'était avéré être plus rapide. Les paroles qu'elle lui adressa eurent toutefois l'effet d'un seau glacé sur sa tête. Elle pénétra ainsi la pièce avec le sourire affable mais l'œil véhément. « Votre Altesse. » intervint-elle en effectuant une révérence à l'attention de l'interpellée. « C'est un plaisir de vous accueillir entre ces murs. Toutefois vous me voyez navré de n'avoir ni boisson ni en-cas à vous servir. Personne ne m'a prévenu que vous comptiez venir. » fit-elle en s'approchant. « Je suis Adénaïs d'Etamot, la maîtresse de ces lieux. » continua-t-elle en glissant une main dans le dos de son fils. « Mais nous nous sommes déjà croisée il y a quelques temps, les présentations ne sont pas si utiles. ». Excepté pour rappeler qu'on ne s'invitait pas sous son toit comme on s'invitait dans son entre-jambe. « Ma foi, vous aviez soulevé que nos cultures étaient différentes. J'en mesure seulement la réalité je dois vous avouer. Dans ces contrées il n'est pas de coutume de s'installer chez les autres comme dans un moulin. » souleva-t-elle une ultime fois dans un rire bref. « Mais je me fais malpolie. Vous vouliez échanger avec mon fils. Je vous laisse donc en toute tranquillité. Un domestique est à votre disposition si vous avez besoin de quoi que ce soit. » conclu-t-elle en désignant le malheureux de la main. « Votre Altesse. » la salua-t-elle enfin dans une nouvelle révérence avant poser un œil tendre sur Déodatus et quitter la pièce, le visage bien plus tendu. La lettre était déjà partie, dommage. Elle aurait remplacé "rude" par "rustre".
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 1607
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t36268-jamiel-arcesi#70079
Invité
Invité

avatar
Mar 04 Oct 2022, 11:39

Chelae
Le Conte
Clémentine rejoignit le corps principal du domaine d'Ukok. Son atelier, tout comme celui de sa soeur, étaient adjacents à l'habitation principale, ce qui leur permettait de vaquer à leurs activités respectives sans que cela n'empiète sur leur lieu de vie commun. Elle avait enlevé sa robe, qu'elle avait encore essayé et sur laquelle elle avait rajouté quelques coups d’aiguille, et remis sa tenue du jour, bien plus modeste et confortable. Elle aurait aimé la garder pour montrer son travail à sa fratrie, mais craignait de la salir en la portant de trop, d'autant plus en traversant la propriété. Alors, elle préférait les inviter à venir. Clémentine se compliquait parfois la vie, mais elle tenait à procéder en bonne et due forme. Même si cela la rendait nerveuse. De toute manière, elle l'était quoi qu'il arrivât. D’ailleurs, elle n'en revenait toujours pas, d'avoir reçu une invitation du Roi. Elle n'en revenait toujours pas d'avoir accepté. Elle n'en revenait toujours pas que cela lui arrivât. Son anxiété était accentuée par la fatigue qu'elle avait accumulée ces derniers jours, et le sommeil qu’elle peinait à rattraper. Il ne lui aurait pas fallu une commande de plus, ou elle se serait écroulée. La jeune femme était éprise d'un trop-plein d'émotions actuellement. Elle avait besoin de lâcher du lest et pour cela, elle avait besoin de se confier. Cela lui arrivait de temps à autres. Dans ces cas-là, le processus était le même : elle allait se confier à sa sœur. Et si sa sœur n'était pas disponible, elle retrouvait son frère. Et enfin, si son frère n'était pas là non-plus, elle allait voir Natanaël. Clémentine avait déjà frappé à l'atelier d'Ernelle, mais celle-ci ne lui avait guère répondu. Elle s'en allait donc du côté de la maison.

-Pardonnez-moi, auriez-vous vu ma sœur ?

Clémentine était toujours très polie et gentille avec les domestiques. En retour, ils se montraient particulièrement agréables en sa présence. Pour cela, le domaine d’Ukok ressemblait à un havre de paix, au cœur d’un printemps perpétuel.

-Nous l'avons vu prendre la direction de la chambre de son fils il n'y a pas plus de quelques minutes, Mademoiselle. Déclara celle qu'elle avait interpelé.

-Merci bien. Dit-elle. Dans ce cas, elle n’allait pas les déranger. Et Childéric ?

-Dans ses appartements, si je ne m'abuse.

Elle réitéra les remerciements, adaptant aussitôt sa trajectoire pour se rendre chez ce dernier, mais la domestique l'arrêta d'une exclamation précipitée.

-Nous avons reçu un message en provenance du château de son Altesse Royale.

Cela figea instantanément la femme et son cœur, qui battait déjà si vite, se mit à battre encore plus fort. Était-ce encore Montarville ? Était-ce à son propos ? La domestique mit rapidement fin au suspense et là en revanche, le cœur de Clémentine manqua un battement. Elle devînt livide.

-... Pouvez-vous répéter ?

Sa voix n'était plus qu'un fin filet d'air. Elle allait flancher.

-Le prince Placide aurait attenté à ses jours.

Un millier d'angoisses et d'interrogations fusèrent tout à coup dans sa tête. La bouche entrouverte, le souffle court, Clémentine hésita. Était-ce seulement vrai ? Comment allait-il ? Avait-il été pris en charge ? Est-ce qu'il allait s'en sortir ?

-... D'accord. Merci. Pour l'information. Balbutia-t-elle.

Elle tourna les talons et reprit sa marche, vers les appartements de son frère. Son le chemin, ses poings se serrèrent et elle se mordit l'intérieur des joues. Elle n'avait pas réussi à demander. Elle avait voulu, mais elle avait eu trop peur, peur que son inquiétude ne soit trop troublante et trahisse son intérêt particulier pour le prince. Elle n'avait pas pu et maintenant, elle s'en voulait terriblement. C'était encore pire, car c'était le comportement qu'elle venait d'avoir qui était curieux. En temps normal, elle aurait demandé des nouvelles, que ce fut un ami ou un ennemi. Et là, Placide, celui dont elle rêvait en secret, avait voulu se donner la mort. Comment un être aussi tendre avait-il pu avoir recours à un acte aussi violent ? Elle en allait même à trouver cela terriblement égoïste de sa part, mais était consciente de ne pas avoir toutes les cartes en main pour juger convenablement de la teneur d'une telle tentative. Clémentine essaya de taire ses pensées, mais c'était impossible. Elle monta les escaliers. Mais alors qu'elle s'apprêtait à frapper à la porte de son frère, elle changea d'avis et se réfugia dans la salle de bain, qu'elle verrouilla derrière elle. Là, elle éclata en sanglots.

***


« A l'attention du Prince Placide de Lieugro,

J'ai eu vent de votre récent acte tragique et cela m'a fortement attristée. Je ne souhaite guère me montrer déplacée, aussi les raisons qui vous ont conduit à ce geste restent à vous. Seulement, je souhaite que vous trouviez une oreille attentive à vos malheurs, quels qu'ils soient. Vous êtes une personne de valeur et au-delà de votre titre, votre existence est importante. Vous méritez d'être heureux.

J'ai conscience que nous ne nous connaissons pas vraiment, mais je tenais tout de même à vous écrire et à vous exprimer tout mon soutien et mes bonnes pensées. Je prie pour vous et votre rétablissement rapide. Le repos est le meilleur des remèdes. A cette missive, je vous ai joint quelques brins de sauge, en espérant que cela vous aide à recouvrer la santé.

Prenez soin de vous.

Clémentine d'Ukok
»

***


Elle souffla doucement, vidant ses poumons, puis redressa le buste en inspirant une nouvelle bouffée d'air. Elle essuya ses yeux légèrement rougis pour s'assurer qu'ils étaient secs. Elle se savait en piètre état, mais elle ne voulait pas qu'il voit qu'elle venait de pleurer. Elle n'était pas venue pour cela après tout. Lorsqu'elle se sentit prête, elle frappa enfin à sa porte.

-Childéric, pourrais-je entrer ?

Dès qu'elle le put, elle se glissa de l'autre côté de la porte, qu'elle prit soin de fermer en silence et joignit ses mains.

-Excuse-moi, j'espère que je ne te dérange pas. J'avais juste besoin de parler un peu.

Son regard glissa le long de la pièce. C'était sobre et bien rangé comparé à ses appartements. A chaque fois qu'elle entrait ici, ou chez n'importe qui d'autre, elle avait l'irrésistible envie de décorer et combler les vides par une multitude d'ornements et de bouquets fleuris. Elle s'intéressa enfin à son frère et haussa vers lui des sourcils surpris.

-Tu te coupes les cheveux ? As-tu besoin d'aide ?

Ça ne devait pas être commode de couper l'arrière. Elle pourrait terminer le travail proprement. Clémentine s'approcha de lui, prête à apporter son aide.

-Le bal me rend particulièrement nerveuse. Pour les raisons que tu connais. J’ai le devoir d’être irréprochable. Alors je me demandais si toi et Ernelle pouviez passer voir ma robe ? J'aimerais beaucoup avoir vos avis.

Ils n'étaient peut-être pas aussi connaisseurs qu'elle, mais Clémentine aimait récolter les avis extérieurs. La mode évoluait ; les goûts et les couleurs aussi. Il était important de se ressourcer grâce au recul d'autrui.

-Par ailleurs, il paraît que le prince a eu... un accident.

Elle laissa un silence passer, le temps de se ressaisir. Elle devait changer de sujet au plus vite, au risque de se mettre à pleurer. Elle avait transmis sa lettre au premier domestique qu'elle avait croisé, comme si le parchemin lui brûlait les doigts. L'écrire l'avait soulagée autant qu'elle l'avait terrifiée. Elle s'était sentie obligée d’exprimer son ressenti sur le papier, mais c'était bien la première fois qu'elle écrivait au Prince et appréhendait la réaction que recevrait son message. C'était peut-être inapproprié. Elle soupira. Mais tant pis ; elle l'avait fait. Ne restait plus qu'à attendre.

-Au fait, as-tu une cavalière ?

Elle pensa à Adénaïs. Childéric l'appréciait, sans qu'elle n'en sache beaucoup plus à leur propos. Peut-être pourraient-ils se marier ? Clémentine aimait son frère et avait de l’affection pour Adénaïs. Ils méritaient tous deux d’être heureux. Dame d’Etamot, en particulier, la peinait par la perte de son mari. Même si cela datait, l’histoire l’abattait toujours autant : ce devait être terrible de perdre l’être aimé, d’autant plus dans des circonstances pareilles… La d’Ukok s’arrêta là avant que sa mine ne s’assombrisse de nouveau et qu’elle ne refonde en larmes. A la place, elle pensa à la robe qu’elle avait confectionné pour la veuve. Elle se demandait ce que cette dernière en avait pensé et espérait que cela lui plaisait.

-Et sais-tu avec qui ira Ernelle ?

Innocente qu'elle était, Clémentine n'était pas encore au courant de l'identité du cavalier.

-A ce propos, j'ai reçu mon ruban.

Elle le lui montra. Il était rose et parcouru d'étoiles vertes. A son avis, il n'était pas très joli, d'autant qu'il ne s'harmoniserait pas avec sa tenue, mais ça n'avait pas d'importance : c'était pour le jeu et elle s'y prêtait volontiers. Elle avait hâte de découvrir à qui elle était liée.

-Comment est le tien ?


~1473 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mar 04 Oct 2022, 22:21



Une pincée de mélancolie la saisit soudainement. Ce soupçon de nostalgie s'insinua dans ses réflexions, comme un parasite presque indésirable. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas montrée aussi entreprenante avec son mari ? Elle ne s'en souvenait même plus. Cela faisait si longtemps et l'envie lui était remontée sans crier gare. Bien évidemment, une part de malice animait son geste, mais cet éclat d'incertitude ne s'avérait point masqué au sein de ses iris dissemblables. Madeline fixa Lambert. Lambert et ses beaux yeux bleus. Lambert et sa crinière de nacre. Lambert et sa voix séraphique. Elle se rappelait cette impression, de ces constatations dans cet ordre bien précis la première fois qu'elle l'avait rencontré. Maintenant qu'elles revenaient à la charge, la noble demeura hypnotisée, un parfum d'interdit emplissant ses narines. Nier en bloc son union serait fauté, tant cet homme avait bercé ces nuits et égayer ses journées durant quelques temps ; suffisamment pour la faire céder aux attaches du mariage. Et s'il lui était possible d'éradiquer cette frustration nourrie durant des années, ici et maintenant ? Et s'il existait une chance d'en finir avec ces idées noires qui la rongeaient ? Elle pourrait lui parler, elle pourrait l'embrasser comme au bon vieux temps et non plus par commodité, afin de lui montrer que oui, elle était sa femme et avait à cœur de le rester. Au nom de leur amour, de leur union, de leur si précieuse fille. Il lui était si cruel de penser qu'avec quelques centimètres en moins, toute son insatiabilité s'envolera. Elle était prête à le faire, elle était résolue à poser ce pas parce qu'il abondait en ce sens : il l'aimait ; elle l'aimait. Au diable ces frivolités, Madeline appartenait aux D'Eruxul, et entre ses bras avides reposaient l'incarnation de sa tentation, le père de son enfant et de son futur.

Et Lambert se décala. Madeline n'eût qu'à peine le loisir d'esquisser un mouvement, un rien qui ne trahirait son ambition. Aussitôt lésée, elle se redressa, la mimique de ses mains et son attention erratique démontrèrent l'embarras dans lequel il venait de la noyer. Elle… aurait dû savoir. Elle le savait, au fond, que ça aurait été sa seule issue. Pourtant, ce sentiment de déception s'accroissait davantage en sa cage thoracique, compressant d'autant plus son cœur au sein de cette servitude. Et bien sûr, ça aurait pu s'arrêter là ; ça aurait dû s'arrêter là, tant la cruauté de Sieur D'Exurul ne s'encombra plus de gant. Elle ne pensait guère réussir à chiper l'identité de son heureux élu, mais la clarification de Lambert lui jeta un froid mordant à la figure. Elle capta sans mal son regard, celui-là même qui s'ancrait dans son esprit pour y dénicher ses pensées. Madeline le soutint un brin avant que le bleuté de ses prunelles transparurent une forme de : Bien sûr… Elle capitula, un sourire de façade. Elle dansera avec lui et se présentera à ses côtés, quoi que signifiât cette histoire de rubans. Ainsi soit-il. Elle ne réagit que bien trop tard à ses ultimes mots, ses paupières s'écarquillant face à la réalisation. Au bal ? Elle leva la tête, faussement indifférente à son chagrin.

" V-Vous ne restez pas dîn— " La porte se referma sur un sinistre silence.

Ce n'était pas ce que ses lèvres auraient voulu exprimer. À force de côtoyer Lambert, ses palabres se métamorphosaient entre ces murs en un discours superficiel. Qu'est-ce qu'elle se fichait bien qu'il partageât le couvert avec elles ! Ce que Madeline ne comprenait pas, c'était ce délai qu'il lui imposait soudainement. Pourquoi devrait-il autant la délaisser ? Les délaisser ? Il s'était toujours très bien débrouillé pour organiser ses amusettes depuis son bureau. Pourquoi agissait-il ainsi avec elle ? Pourquoi méritait-elle un tel châtiment ?

Face au miroir, ses lèvres teintées se tordirent. La Dame D'Eruxul venait de se rendre compte que son maquillage était fichu : de longs liserés noircis descendaient le long de ses joues, jusqu'à la chute fatidique sur sa robe. Une fissure se créa en son être ; elle craqua. Le premier sanglot lui échappa et elle peina à assimiler ce qu'il lui prit. Puis les hoquets suivants tracèrent leur route. Abattue par cette fatalité, Madeline s'appuya sur sa coiffeuse, ces pleurs s'intensifièrent à mesure que toutes ses désillusions lui sautèrent à la face. Ces larmes étaient si brûlantes, tant elle n'avait pas l'habitude de laisser ces émotions s'exalter.

Madeline déplora son supplice durant de longues, très longues minutes. Lorsqu'elle recroisa le regard de son reflet, elle y découvrit une intense fureur.

~~~
À la Princesse Garance De Lieugro,

Toutes mes pensées sont tournées vers votre neveu qui – j'ose espérer par mes plus ferventes prières – se remettra très vite de son affliction. Ma compassion vous englobe tout autant, ainsi que notre Roi et ses braves princesses. Une dynastie illustre comme la vôtre ne devrait point subir pareille damnation. Il m'attristera d'apprendre que l'anxiété vous enserre encore à l'heure où vous lisez ces mots.

Vous devriez être étonnée que ma missive soit à votre attention première, néanmoins, même si point parée d'innocence, elle est porteuse de mon honnêteté à votre égard. Je souhaiterais conclure une audience avec vous, en intimité absolue. J'entends bien que nous n'avons pas rôti le cochon ensemble, d'autant plus que notre dernière interaction chez les De Tuorp s'est avérée aussi déplorable que vétilleuse ; toutefois, je suis confiante quant à la proposition que je vous ferai part en tête à tête, elle vous intéressera sans faute.

Il me plaira d'aviser votre disponibilité : elle sera mienne afin de ne point bousculer votre calendrier sûrement plus que chargé.

Mes sentiments les plus sincères.

Madeline D'Eruxul
~~~

Le fameux ruban lui était parvenu aujourd'hui. Elle devait sûrement être l'une des premières, suspectant que la plupart de ces accessoires se terraient au domaine jusqu'alors. Ce jaune à pois roses était d'un laid. Comptait-il vraiment la faire pavaner avec ça ? Par ailleurs, pourquoi Lambert la retenait tant sous son emprise ? Cela ne lui ressemblait pas. Il ne passerait pas du temps avec elle pour… pour quoi, précisément ? Elle doutait de son affirmation, mais elle n'avait aucune preuve de son potentiel mensonge. Peut-être qu'au fond, cela l'arrangeait tout d'autant d'être avec lui. Elle pourrait bien sûr tricher ; elle pourrait. Et finalement, à bien des égards, rien ne l'obligeait à se plier au jeu de Lambert. Plus maintenant. Puisqu'il en était ainsi : elle le fera jaser, ce Royaume.

~~~
À l'attention du Docteur De Xyno,

J'ai eu vent de votre soudain mais pas moins apprécié retour au Royaume. Des érudits tels que vous représentent une bénédiction pour nos terres.

Permettez-moi d'aller droit au but et de requérir vos services : je souhaite que vous me fassiez parvenir un philtre d'amour au domaine D'Eruxul, la veille du bal. Je me remémore que vous en proposiez à l'époque de votre office, et j'ose espérer que ce type d'élixir fait toujours parti de votre catalogue. Je demeure à l'écoute de vos conseils, vous devriez vous douter de mes intentions à ce sujet. J'apprécierai une posologie précise de la potion.

La bourse jointe à cette lettre devrait convenir. Si vous désirez davantage, faites-le moi parvenir au plus vite. Étant donné la somme entre vos mains, vous comprendrez que votre discrétion est requise et non négociable.

Au plaisir de faire affaire avec vous.

Madeline D'Eruxul

1298 mots ~



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

~ Orine ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 291
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Mar 04 Oct 2022, 23:46


Image par Pauline Voß
Les Portes - V



« Finis ta miche, et que ça saute ! » beugla l'intendante. Je grommelai et mâchai précipitamment mon petit-déjeuner, mon esprit encore embrumé par ma nuit peu reposante. La veille, mes camarades de chambre avaient passé des heures à glousser en parlant du bal et du fameux jeu de rubans. Si Sire Lambert voulait divertir les nobles, son pari était déjà réussi pour les domestiques. Tous lançaient leurs pronostics sur les paires désignées par un Destin plus ou moins hasardeux.

J'étais restée à l'écart : mon cœur n'était pas à la fête. Le fils du Roi avait attenté à sa vie quelques jours auparavant et ça n'avait pas l'air d'avoir bouleversé grand monde ici bas. Malheureusement, je n'étais nullement surprise : les De Lieugro étaient parfois leurs amis, mais avant tout leurs employeurs. Tous ne les appréciaient pas, quoi qu'en montraient leurs politesses. Quand enfin, mes collègues s'étaient décidées à dormir, je m'étais glissée hors du lit, une lettre à la main. La tragédie du Prince avait bouleversé ma vision du monde et de l'avenir. La mort, cruelle et injuste, frappait comme la foudre. Cela m'avait renvoyée à ma propre mortalité. Alors je m'étais résolue : je ne voulais pas emporter mon cœur dans la tombe sans laisser trace de ses murmures. J'avais donc posé une lettre sur le secrétaire du Roi, accompagnée d'une plume d'hirondelle en symbole de renouveau.

À Montarville De Lieugro.

Les mots ne suffisent pas à exprimer ma tristesse pour votre fils. La vôtre doit être infiniment plus douloureuse. Nous sommes nombreux à être attristés par la nouvelle car le Prince est apprécié de tous. Vous êtes entouré par l'amour de votre peuple. C'est une arme silencieuse, indicible, parfois oubliée. Mais sachez qu'elle est à votre bras, prête à vous soutenir.

Vous représentez pour nous un idéal auquel nous aspirons. C'est pourquoi nous avons l'espoir de vous revoir heureux. Parce que votre sourire est un cadeau pour quiconque l'admire. Parce que la lumière dans votre regard réchauffe nos âmes. Le Royaume a besoin de votre joie et de celle du Prince. A moi aussi, il est insoutenable de constater votre tristesse.

L'hiver a glacé votre cœur. Mais il a été été chassé par le printemps du renouveau. Les bourgeons ont éclos et poussent plus plus près du soleil chaque matin. Les fleurs ont retrouvé leurs couleurs, même dans les jours de pluie. Un jour, vos enfants auront leurs enfants. Le bonheur danse autour de vous. Prenez-lui la main et dansez avec lui !

Pardonnez cette lettre décousue, voire nébuleuse. Les mots ne sont que de vulgaires messagers pour exprimer le fond de mon cœur. J'ai souhaité votre bonheur depuis que je vous ai vu. Et, dans l'ombre, je serai votre protectrice à jamais. Par cette lettre, je vous confie mon plus précieux des secrets. Je vous aime.

Un murmure.

Cette confession était chaotique et le moment mal choisi, j'en étais bien consciente. Mais le tourbillon d'émotions que sa présence m'infligeait l'était bien plus. Ce que j'avais couché par ces mots n'était qu'un soupçon de la réalité. Débarrassée de cette lettre à laquelle j'avais pensé pendant des jours, je pensais être enfin libérée d'un fardeau. Mais mon sommeil était chassé par une obsession : celle de la réaction imaginaire du Roi au moment de lire la lettre. Avait-elle fini brûlée, quelque part ? L'avait-il au moins lu ou avait-elle été jetée par un domestique à son réveil ? Saurais-je décrypter le moindre signe de sa part aujourd'hui ? « Si le feu est pas allumé dans le salon au réveil du Roi, je donne pas cher de ta peau ! Allez, et au pas de course ! » Une voix stridente me tira de mes tergiversations. M'enfoncer dans le travail était un bien piètre bandage, mais le seul que j'avais à ma disposition. « Oui Madame, j'y cours. Pardon, Madame. »

*

Le soir venu, j'étais lessivée. A ma fatigue s'était ajoutée une journée de travail exceptionnellement longue, symptôme de l'approche du Bal. J'avais également pu apercevoir Placide dans sa convalescence quand Adolestine m'avait permise d'accompagner Ludoric à son chevet. Extrêmement curieuse de savoir comment il se portait, j'avais accéléré le pas en m'approchant de sa chambre. La tension dans l'air avait été palpable quand son regard s'était porté sur Ludoric : son expression mêlée de surprise et de soulagement, son corps en état d'alerte... ces signes étaient témoins d'une amitié indéfectible, me rappelant celle que j'avais nouée avant de fuir ma vie d'antan. Le savoir en si bonne présence m'avait rassurée sur son état et, par extension, sur l'état de son paternel. J'en étais revenue apaisée et songeais qu'enfin, le sommeil salvateur m'embrasserait cette nuit.

Bien que pressée de m'enfoncer dans mes draps, j'avais trouvé une lettre glissée sous mon oreiller et vérifié qu'un ruban avait bien été mis sous mon matelas. Il me restait encore quelques tâches à accomplir. Si le ruban faisait partie de mes plans, la lettre était une surprise. Je souris en songeant que je l'avais peut-être invoquée en pensant à sa destinataire plus tôt. J'avais déchiré la lettre avec hâte, et découvert qu'elle traitait du Bal. Evidemment, j'avais pensé à profiter de cette soirée pour passer un peu de temps avec mon amie. Mais comme je serais aux soins d'Ezidor, je doutais d'avoir le loisir de faire quoi que ce soit d'autre au Bal. Quoique... c'était un étranger, après tout. Peut-être étaient-ils moins exigeants avec les domestiques dans son Royaume. L'espoir était permis.

Quoiqu'il en soit, je n'avais pas oublié mon amie : dès que cette histoire de rubans avait fait surface, j'avais cherché à obtenir quelques informations sur son sort. Si je pouvais lui éviter de se retrouver avec un cavalier peu accommodant... comme ce Gustave que je voyais trop souvent passer au château, par exemple... autant que je me permette cet effort. Quand on était domestique, il n'y avait rien de plus simple que de délier les langues. Mes collègues adoraient crier sur tous les toits les moindres informations qu'elles arrivaient à glaner. Ainsi, je n'avais eu qu'à demander pour savoir quel ruban mon amie allait recevoir. Et la réponse ne m'avait pas déçue : elle faisait non pas partie d'un duo, mais d'un trio avec Dame Machin de Truc. Si cet arrangement avait été orchestré par Lambert, il ne manquait pas de toupet... deux bras, deux femmes ? Il avait les yeux plus gros que le ventre. Si c'était le cas, je tirerais une petite satisfaction à ajuster ses plans.

Mon amie,

Une fois de plus, nous nous sommes synchronisées ! Je me suis déjà arrangée pour être présente au Bal, en tant que servante du médecin, Ezidor. De façon maladroite, je l'avoue. Mais c'est fait.

J'ai une autre information délicieuse à te confier. As-tu bien reçu un ruban bleu à rayures dorées ? Si c'est le cas, sache que tu danseras avec Lambert D'Eruxul.

Ce n'est pas tout !  Vous deviez former un trio avec Dame Machin de Truc. Mais -Ô râge ! Ô désespoir ! comme tu le sais, son mariage a été avancé (on sait tous que la raison se trouve dans son ventre) et elle ne pourra s'y rendre. Mais j'ai pu me procurer son ruban.

Tu as donc le choix de ta seconde partenaire. Tu n'as qu'un nom à me souffler et un petit oiseau ira poser ce ruban à sa fenêtre.

J'attends ta réponse avec impatience.

L

En voyant qu'une collègue m'observait du coin de l'œil, j'embrassai ma lettre pour y laisser une trace de mes lèvres. Le but était de renforcer cette histoire d'un mystérieux amant que je lui avais racontée pour éteindre ses doutes. Cette missive comprenait beaucoup d'informations sensibles : cette fois, je me devais de prendre toutes les précautions possibles. Plus qu'un simple échange de services, il me faudrait de l'or pour acheter un silence et piocher dans ma réserve secrète, miettes de ma vie passée de princesse. Cela me coûterait, mais l'amitié n'avait pas de prix.

Mots : 1331

Rôle :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t39520-min-shao-fini
Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4732
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Mer 05 Oct 2022, 00:48


Les Portes

J'avais l'affreuse impression d'être un lapin qui risquait sa peau pour fuir le loup qu'il affrontait. Ce qui brillait dans les yeux du Prince m'effrayais à la manière de son attitude. Maintenir le contact visuel me demandais une véritable force de volonté et c'était un duel avec mon instinct de préservation que j'avais dû lancer pour ça, un peu plus encore tandis que la paume du Prince se referma sur mon épaule. Cette fois j'étais cuite. Du moins était-ce ce que je crus jusqu'à ce qu'il ne s'écartât. « Je n'y manquerai pas. Merci pour votre compréhension, Altesse. ». Je lui rendis alors la révérence comme il s'éloignait enfin et ne le quitta pas des yeux avant qu'il ne se soit suffisamment éloigné pour disparaître de son champ de vision, laissant ainsi fuir un souffle soulagé. Il me fallu cependant un certain temps pour me replonger dans son livre.

«
Princesse Adolestine ? ». Je levais à nouveau le visage à mon interpellation pour dévisager ma suivante. « Le Seigneur Ludoric de Tuorp est arrivé au château et il désirerait vous voir. ». Ce fut un nouveau sentiment qui emballait mon cœur à cette annonce et, sans une parole, je quittai les lieux pour retrouver sans délai le rouquin. « Messire de Tuorp. » m'annonçai-je en le découvrant cruellement agité. « Je suis heureuse de vous voir ici. Marchons un peu je vous prie. » l'invitai-je avant prendre la marche à ses côtés et s'enfoncer dans les jardins. « Je n'aimerais pas que notre échange tombe en de mauvaises oreilles. » soufflai-je rapidement lorsqu'il se rapprocha de moi. Je ne repris ainsi la conversation qu'une fois que nous nous fûmes suffisamment écartés de la demeure. « Je suis navrée, sincèrement. Les choses n'auraient jamais dû se dérouler ainsi. » commençai-je avec une véritable peine. « Il va bien. Du moins ses jours ne sont plus en danger. ». Je parlais de Placide évidemment. « Il n'y a rien de certain quand à la possibilité qu'il puisse être présent au bal toutefois. » ajoutai-je, les lèvres pincées. « L'autre fois, lorsqu'il se fût revenu de chez vous il y a quelques jours, nous avons longuement discuté. Il voulait que je l'aide à se travestir pour se rendre au bal sous les traits d'une Demoiselle. ». Il n'y avait pas besoin de donner plus de détails pour qu'il devinât la raison de cette extravagance. « Cela aurait pu marcher. Nous avions même réussi à lui obtenir une robe. ». Je souris en repensant à cette aventure, aux défis qui allaient avec et aux moyens employés pour les contourner. « Je crois que... ». Je me pinçai à nouveau les lèvres, ayant bien du mal à dérouler ma pensée. « Je crois que c'est en partie ça qui a amené Placide à... ». Je ne pus conclure. Je revoyais la scène d'horreur et le sang qui coulait et qui coulait et Placide blanc et glacé et les cris et le silence et... « L'espoir était pour ainsi dire devenu réalité. ». Je tournai le regard vers Ludoric. « Je me sens en partie coupable. J'aurai dû lui dire que c'était folie et dangereux. L'arrêter avant de laisser l'espoir s'installer. ». Un temps s'écoula où je fus incapable de prononcer une syllabe de plus. « Il était prévu que ce soit moi qui vous tienne compagnie pour inaugurer le bal. Je suis désolée que vous vous trouviez finalement entre les mains de Coline. ». Un nœud serra mon estomac. Elle ne perdait rien pour attendre celle-ci. Une part en moi rêva que son regard tombe sur nous. Sa potiche de sœur qui échangeait amicalement avec le bel héritier de Tuorp. Celui avec lequel elle avait tout fait pour ouvrir les festivités à son bras. « Coline a une véritable langue de vipère. Faites attention avec elle. » concluai-je tandis que nous reprenions le chemin de la demeure. « J'espère pour vous deux qu'un jour les choses s'amélioreront. » ajoutai-je rapidement tant que nous étions encore dans un semblant d'intimité. « Lénora ! » interpellai-je finalement la domestique. « Conduisez le seigneur de Tuorp au chevet de Placide je vous prie. ». Avant qu'elle ne l'emmène, je jetai un ultime regard empli de tendresse à Ludoric et me détachai de lui avec la lenteur des âmes transits par une caresse sur son bras. Parce que je devinais ce qu'il pouvait ressentir. Mais surtout il fallait entretenir le secret. Il devait y aller en tant qu'ami, non en tant qu'amant. Pour cela, l'imitation d'une proximité certaine était nécessaire. J'attendis ainsi qu'ils disparaissent de ma vue pour regagner mes appartements.

Ce fut à l'instant où je comptais en pousser la porte que l'on m'appela à nouveau. « Mademoiselle. ». La main en suspens, je tournai le visage vers la femme de chambre. « Sa Majesté le Roi vous demande. » - « Mon père ? ». Il n'était pas commun qu'il fasse demander l'un de ses enfants. Ce devait être important. Aussi me pressai-je à la suivre, le retrouvant dans l'un des petits salons plus souvent utilisés comme cabinet de réflexion que comme lieu de commérage. « Père, vous m'avez fait mander. » me présentai-je dans une rapide révérence. L'accueil que je reçu cependant me refroidit instantanément, et plus encore lorsque la pièce se vida. Je n'aimais pas ça et déjà je me préparais à accueillir la mauvaise nouvelle. Ce n'était toutefois pas ce à quoi je m'attendais. Ainsi, et à la seconde où il évoqua la discussion avec Merlin, je sentis l'entièreté de mon être se crisper de nervosité. « En effet je– » ne pus conclure cette phrase. D'abord parce que la parole me fut reprise immédiatement, ensuite parce que je n'avais jamais vu papa ainsi. Jamais il n'avait fait telle preuve de colère et, en cela, je me retrouvai figée et incapable de quoi que ce soit. Les yeux baissés, je retins mon malaise par mes mains serrées devant moi sur ma robe, ponctuant tout de même mes silences et les réprimandes de mon père à coup de « Je comprends, père. » ou « Oui, père. » à peines audibles. L'injonction tonna. Puis la porte claqua. « Très bien. Père. » articulai-je difficilement dans le silence et la solitude, consciente qu'il n'y avait que mes oreilles pour accueillir ces mots. Je restai alors encore plusieurs minutes ainsi, immobile et muette, au milieu de la pièce à fixer mes chaussures sans les voir pour autant, me repassant la scène encore et encore, subissant pour la dixième fois sa colère, accusant pour la dixième fois son regard véhément. Depuis la tentative de suicide de Placide, je sentais mon monde se fissurer petit à petit. À force il me devenait méconnaissable. J'allais tourner la clé dans la porte, puis m'installai sur le canapé de velours avant me recroqueviller sur moi-même. Je n'en voulais plus. De tout ça. Des faux-semblants. Des bijoux et des dorures. Que celui qui rêve de la condition de Princesse lève la main, je la lui donne sans regret. Car si pour bien vivre il fallait faire une croix sur sa liberté, alors je préférais encore me trainer dans la souillure et la poussière. Il n'y avait pas de bonheur quand on se trouvait mains liées et bouche cousue.

Après une longue heure à me morfondre, je me décidai enfin à quitter la pièce. Les mains glissant sur ma robe pour lui retirer les éventuels plis ayant pu se former, je prenais la direction des appartements dans lesquels logeaient Merlin. Je n'obtins cependant que le silence en écho lorsque je l'y interpellait. « Vous cherchez le Prince d'Uobmab Mademoiselle ? ». Je me tournai vers la domestique de passage. « En effet, mais il ne semble pas être présent. » - « Quelqu'un l'aura vu se diriger vers la chambre de la Princesse d'Uobmab. » répondit plutôt celle-ci. « Merci bien. ». Quoique je ne pouvais nier qu'une partie de moi aurait préféré rester dans l'ignorance et reporter cet échange à plus tard. Je traversai ainsi les couloirs pour le retrouver, me questionnant en même temps sur le caractère raisonnable de le rejoindre alors qu'il se trouvait en compagnie de sa fiancée C'est en y entendant l'échange, virulent, qui avait cours dans la chambre où s'était installée Zebella que je décidai qu'il valait mieux rester en retrait le temps que la tension retombe. Pour cela, je me cachai dans une pièce attenante, la porte entre ouverte toutefois, et attendis patiemment derrière celle-ci, l'oreille tendue pour entendre seulement des bribes de la conversation. L'une d'elle m'inquiétat particulièrement et je me pressai à fouiller dans les tiroirs afin y trouver de quoi écrire. Dénichant une mine accompagnée de feuilles volantes, je m'installai sur le premier meuble pour rapidement griffoner quelques mots.


Prends garde à Merlin. Il est de ces hommes jaloux qui apprécient guère de voir leur femme en compagnie d'autres hommes.

Dans la précipitation, j'en oubliai de signer le papier, préférant remettre rapidement de l'ordre dans la pièce. Ça n'avait de toute façon que peu d'importance. Je me figeai soudain, une idée prenant naissance dans mon esprit. Toutefois je la réprimai aussi vite qu'elle était apparue, m'insultant mentalement d'avoir seulement pu y songer. Le message écrit, j'exhalai un souffle avant le plier et me remettre à l'écoute. Les choses semblaient s'être apaisées. J'attendis tout de même encore quelques instants avant quitter mon abri, glissant furtivement le message sous mon corset en attendant trouver une main pour le transmettre. « Prince Merlin ? » l'appelai-je en m'approchant à pas lent. « Messire ? ». Avec toute l'assurance que j'avais pu réunir je me dévoilai dans l'ouverture de la porte. Peut-être aurais-je vraiment dû choisir un autre moment pour le voir. Il semblait particulièrement furieux et je pus sentir un long frisson remonter mon dos à la vue de cette rage explicite. « Veuillez me pardonner si je vous dérange. Je souhaitais seulement vous parler, et l'on m'a dit que je pourrais vous trouver ici. ». Je marquai une pause, constatant l'hématome déjà visible sur son visage. « Je vais faire appeler quelqu'un pour soigner votre blessure, avant qu'elle ne prenne des proportions énorme. » fis-je en commençant à tourner les talons, prête à partir chercher de l'aide. Je m'arrêtai toutefois. Je devais cesser avec ce manège ridicule. « En fait, je tenais à m'excuser. » repris-je en reportant mon attention sur le brun. Je tentais alors le regarder dans les yeux pour cet aveu, mais en fus incapable. « Mon comportement, l'autre jour, s'est avéré particulièrement inapproprié, grossier et... Égoïste. » commençai-je sans chercher à observer ses réactions. « J'ai agit de façon irréfléchi et... Et je tenais à vous faire mes plus plates excuses. Aussi, accepteriez-vous m'accompagner au bal comme initialement escompté, et ce malgré l'offense que j'aurais pu vous faire ? ». Sur cette déclaration je me forçai à lever le regard. Je sentis en croisant le sien que rien n'était moins sûr, sinon que ce ne serait pas si simple.
©gotheim pour epicode


Mots | 1836
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34243-kyra-lemingway-la-p
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3850
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mer 05 Oct 2022, 12:20



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Ludoric lâcha une expiration soulagée, à la fois longue et tremblotante. Il était terrifié. Même en sachant Placide vivant, il avait craint qu’il y eût des complications, qu’il fût trop faible pour survivre à sa tentative ou pire encore, qu’il recommençât. Comment aurait-il fait, lui, si le blond ne vivait plus ? Il ne serait jamais retombé amoureux. Jamais. Il l’aimait lui et seulement lui. Il vivait l’une de ces amours d’adolescent, qui enflamme le cœur, le broie et le noie, qui allume au fond des cieux tous les feux et embrase l’horizon d’espoirs et de déraisons. Sans le prince, le monde serait noir, fade et glacé. Il ne voulait même pas l’imaginer. Il l’aimait, et s’il mourait, tout son amour périrait avec lui. C’était tout.

Il était reconnaissant à la princesse Adolestine d’avoir accepté de le recevoir. Sa présence le rassurait et le consolait. Si elle pouvait difficilement comprendre ses tourments, elle pouvait au moins les envisager, puisqu’elle savait la vérité. Elle était la seule et unique personne auprès de qui il pouvait laisser tomber le masque de l’ami perturbé et peiné pour montrer celui de l’amoureux bouleversé et attristé. Devant elle, il aurait pu laisser couler les larmes qu’il avait séchées avant d’arriver. Dans un autre univers, tout le monde aurait pu les voir. Il n’aurait pas eu besoin de maquiller de prestance sa démarche tremblante et de forcer son regard à paraître concerné sans avoir l’air dévasté. Il ne savait même pas s’il y parvenait. Peut-être que tous voyaient clair dans son jeu. Il s’en moquait. À dire vrai, s’il n’avait pas craint que cela n’aggravât l’état psychologique de Placide, il aurait envoyé valser tous les carcans qui les retenaient. Il avait eu trop peur pour pouvoir encore se soucier de l’avis des autres. Ils s’aimaient. L’amour n’avait rien de répréhensible. Même son père n’avait pas son mot à dire ; et s’il avait tenté quoi que ce fût, à cet instant précis, Ludoric l’aurait affronté. La terreur parait sa lâcheté d’un courage inaltérable. « Une demoiselle… » Il s’humecta les lèvres. « Je lui avais dit que c’était une mauvaise idée… » Son cœur se serra. Pourquoi fallait-il qu’il n’en fît qu’à sa tête ? Il secoua la sienne. Adolestine n’aurait jamais dû l’aider dans cette entreprise. C’était de la folie. Il lui avait dit, en plus. Il lui avait dit qu’il avait peur de le perdre. Que n’avait-il pas compris dans ces quelques mots ? Qu’avait-il refusé de sentir dans cet aveu ? N’avait-il pas été assez clair ? Quel sorte d’égoïsme l’animait-il, lui qui se taillait les veines comme un fou qui rirait des élans de son amour ? Le roux serra les poings. Il sentait poindre en lui une ire nouvelle. Il ne voulait pas être en colère contre Placide, mais son acte révoltait son cœur amoureux. Il avait été injuste et mesquin. Et stupide. « Oui. » lâcha-t-il, sans doute plus tranchant qu’il ne l’aurait fallu. Mais elle aurait dû l’en dissuader, elle aurait dû le retenir, elle n’aurait jamais dû abonder dans le sens de sa fantaisie. L’avait-il fait, lui ? Lui avait-il fait penser que c’était la meilleure solution ? Oui. Il lui avait dit que cela lui ferait plaisir. Il lui avait dit que parfois, il fallait savoir prendre des risques. La culpabilité le dévora. Quel imbécile ! « Je pense que je ne suis pas étranger à sa décision. » Sa phrase se termina dans un souffle. La tête baissée, il fixait ses pieds, qui avançaient mécaniquement aux côtés de ceux d’Adolestine. Il se demanda soudain à quoi ils ressemblaient, de loin. Il se redressa et la regarda. Peut-être que c’était elle qu’il devrait épouser, pour toujours être aux côtés de Placide ? Il savait qu’elle tenait à sa liberté et qu’elle aurait aimé voyager. Il lui aurait laissé tout le loisir de le faire, pour peu qu’elle lui permît de vivre son amour aussi pleinement que possible. Son palpitant se fendit. Comment pareilles considérations pouvaient-elles l’effleurer dans une telle situation ? Pourtant, elles ne lui semblaient pas absurdes. Il valait mieux elle que Coline. Coline la vipère. Garance n’était probablement pas étrangère non plus à ce changement de cavalière. Tout comme son père… Il ferma les yeux un instant. « Merci. » soupira-t-il avant qu’elle n’appelât la domestique. Celle-ci le conduisît à travers les couloirs du palais. Il les connaissait. Il aurait pu se rendre seul dans la chambre du prince. Il y avait souvent laissé son empreinte.

En chemin, il fut intercepté par l’un des cochers de la demeure de ses parents. Celui-ci lui confia une missive de sa mère. Il la lut à toute vitesse, avant d’indiquer au domestique de s’en référer à l’intendance du château afin qu’on lui attribuât une chambre. Ce serait probablement juste un lieu où entreposer ses affaires. Il n’avait pas l’intention de lâcher son amoureux un seul instant. Il lui devait des explications, et mille étreintes pour lui faire oublier la terreur et la peine qu’il lui causait.

Enfin face à Placide, il fut d’abord choqué par sa pâleur. Sa poitrine se froissa d’un coup, secouée par un tas d’émotions désaccordées. Sa mâchoire se contracta et il serra à nouveau les poings, les iris tremblotants. Son sourire n’arrangea rien, ses paroles non plus. Ils ravivèrent la colère que sa tristesse et son inquiétude avaient enfoui jusqu’ici. Elles jouaient avec elle le jeu des marées avec la roche ; parfois, elles la recouvraient totalement, parfois, elles la dévoilaient plus acérée encore. Il inspira. Il se tourna vers la domestique. « Lénora. » Son regard s’accrocha à sa silhouette. « Pouvez-vous demander à la princesse Adolestine si elle accepterait de m’accorder une danse durant le bal ? Dites-lui que j’ai d’autres choses à lui dire, s’il vous plaît. Et que c’est important. » Lorsqu’elle fut partie, il se tourna à nouveau vers le blond. Un éclat froid et tranchant brillait dans ses yeux. C’était le même que celui qui découpait son palpitant depuis l’annonce de la nouvelle. « Pourquoi as-tu fait ça ? » demanda-t-il, en restant à distance du lit. « Qu’est-ce qui t’a pris ? » Son ton était maîtrisé, contenu. Il vibrait de variations sauvages. Malgré lui, il s’avança. « Je te dis que je ne veux pas te perdre, et toi, toi – il l’attrapa par le col –, la première chose que tu trouves à faire, c’est de te tailler les veines ? » Des larmes nimbèrent ses rétines. « Moi je t’aime, et toi, à la première contrariété, tu veux te foutre en l’air ? » Ses poings tremblaient autour de la chemise de son amant. « C’est ça, l’amour ? C’est se barrer et laisser l’autre crever sur le bord du chemin ? » Il parlait doucement, pour que personne ne les entendît. Il parlait doucement et pourtant, mille torrents de colère, de tristesse et de douleur grondaient dans sa voix. « Tu pensais à quoi, sans déconner ? » Pas une seconde il n’envisageait les véritables raisons qui avaient poussé le prince à agir. Si jamais elles avaient effleuré son esprit, elles lui avaient paru trop absurdes. « Me laisse pas croire que t’es un abruti doublé d’un connard, parce que je crois que c’est moi qui aurait envie de claquer, si c’était le cas. » Il scruta son regard. Leurs visages étaient proches. Il sentait son souffle se briser contre sa peau. La sensation troubla sa colère. « T’as toute la nuit pour m’expliquer pourquoi t’as fait ça, et crois-moi, t’as intérêt à être convaincant. » Ses iris se fondirent encore plus dans les siens. Il aurait souhaité pouvoir y plonger et s’y enfermer, pour ne jamais le quitter, pour ancrer son âme à la sienne dans l’écrin de l’éternité. « T’es vraiment qu’un gros con. » souffla-t-il, avant de sceller ses lèvres aux siennes.



Message V – 1311 mots




Les Portes - Chapitre V  - Page 7 1628 :


Les Portes - Chapitre V  - Page 7 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Jeu 06 Oct 2022, 17:11


Images par BX LU & FiReZ..
Les portes - Chapitre V
Stanislav

Rôle:
Malgré le silence qui te répond, tu flânes un peu plus que de raison dans la pièce. D'un pas lent, tu t'avances jusqu'au centre de la chambre. Il y règne une coquette atmosphère féminine, dont tu t’imprègnes d'un regard circulaire. Les effluves du parfum traînent encore ici et là ; sur la commode, une boîte à musique et une boite à bijoux. Finalement, tu te retournes pour faire face à la blanche, qui vient de sortir de sa penderie, enveloppée d'une serviette. « Désolée. Je te pensais avec Elzibert. » L'excuse était plausible : ces deux là étaient toujours fourrés ensemble. Mais la sois disant leçon de solfège n'était pas la véritable raison de cet empressement. Il y avait des scènes qu'on ne pouvait surprendre que dans cet éclat d'inattendu ; des actes qui t'inspiraient des passions créatrices et des pulsions égoïstes. C'était l'un de ces décors d'intimité qui t'avait animé pour ta plus brillante oeuvre, celle qui n'était accessible qu'à tes yeux, et que tu conservais farouchement dissimulée. « Je ne voulais pas te déranger. » mens-tu, avec l'aplomb de ceux qui manipulent régulièrement la réalité. « Mmh, des fleurs hein ? Ça devient du sérieux tout ça. J'ai l'impression qu'il a vraiment le béguin pour elle. » déclares-tu, l'air de rien. « Peut-être qu'il lui mettra la bague au doigt au bal... Ce serait romantique. » Tu t'installes près de la fenêtre, cherchant la silhouette de ton benjamin à travers les jardins. « Je me demande lequel de vous deux me fera de jolis neveux et de charmantes nièces en premier. » Tu hausses la voix, pour que ton aînée puisse t'entendre dans l'autre pièce malgré sa toilette. « Dans tous les cas, je compte sur vous pour me faire parrain ! » dis-tu, t'approchant de la porte de la penderie... L'envie de glisser un coup d’œil furtif te monte à la tête et ton cœur s'accélère tandis que tu frôles l'interdit. Tu imagines sa silhouette captée au détour d'un miroir, dans sa baignoire, parcourant sa peau... Pressant tes lèvres l'une contre l'autre, tu te penches en avant...

« Monsieur, la Princesse Zebella d'Uobmab est ici. » Tu te redresses d'un mouvement vif, comme si tu t'étais brûlé les ailes, te tournant vers la domestique qui vient d'entrer dans la chambre. Tu écarquilles les yeux, surpris. « La Princesse ? » « Elle vous attend dans le petit salon... » « Bien, merci. » fais-tu, te raclant la gorge. Tu toises l'audacieuse. A-t-elle vu ce que tu t'apprêtais à faire ? Sans doute. La honte colore tes joues. Il faudrait que tu demandes à Merlin quelques conseils au sujet de ses méthodes pour silencer les curieux assistant à ce genre de scènes embarrassantes. « Bien, Yvonelle, fais-toi coquette. Si la Princesse est ici, elle nous accompagnera sans doute chez Rosette. Montre leur que tu es la plus jolie d'entre toutes. » flattes-tu la blanche, avant de tourner les talons et de suivre la domestique.

« Princesse. Vous m'honorez de votre présence. C'est un plaisir d'enfin vous rencontrer en chaire et en os. Je suis Déodatus d'Etamot. » Tu effectues une révérence protocolaire pour saluer ton invitée surprise. Ton sourire, pourtant, se fane en remarquant le regard qu'elle t'adresse. Son soupire se fige dans un rictus tendu. Tu ravales cependant ton malaise et te forces à t'approcher. L'arrivée de ta mère, cependant, te coupe dans le dialogue que tu t'apprêtais à débuter. Dépité, tu l'observes remonter les bretelles de ta cavalières, un mélange d'ahurissement et d'indignation se dessinant sur tes traits. Ton malaise s'intensifie lorsqu'elle passe sa main dans ton dos, dans un geste protecteur, qui t'aurait habituellement conforté mais qui, cette fois, t'emplissait d'effroi. Pour quoi allais-tu passer, maintenant ? Tu ne voulais pas que la bleue se fasse une piètre opinion de toi. Tu ne voulais pas qu'elle s'imagina que tu n'étais qu'un pleutre se cachant derrière l'autorité de ses parents. Ravalant ton amertume, tu te reconstruis un faciès un peu plus impassible. Finalement, Adénaïs s'en va, laissant planer un silence gêné entre ta partenaire et toi. Un rire nerveux te fais tressaillir. « Elle est un peu à cheval sur l'étiquette et... Je suis certain qu'elle est mortifiée de ne pas pouvoir vous recevoir comme elle l'aurait souhaité. » Essayant de faire oublier cette intrusion fortuite, et de regagner l'autorité dont elle t'avait dénué, tu te postes face à la demoiselle. « Quand à votre précédente question... Si votre ancien cavalier a été suffisamment sot pour gâcher sa chance avec vous, ce n'est pas mon cas. » assures-tu. Tu étais légèrement désolé pour le Prince. Tu ne le connaissais pas vraiment, mais il faisait partie de la royauté et ce simple statut lui donnait un prestige imposant le respect. Toutefois, il avait été idiot, de laisser une femme comme Zébella lui filer entre les doigts. Tant mieux. Cela t'aidait. « Je ne compte pas me dérober au dernier instant. Voyez-vous, je suis quelqu'un de confiance. Vous pouvez vous épauler sur moi, je saurai rester vaillant pour vous soutenir dans vos desseins sans ployer. » continues-tu. L'amusement dansait désormais dans tes prunelles. Merlin n'avait pas mentit à son sujet. Elle était telle une tornade, ou une jument farouche, qu'il fallait apprendre à dompter pour pouvoir l'approcher.

« Votre visite tombe à point nommé. » continues-tu, lui prêtant ton bras pour qu'elle pusse se lever et tester d'elle-même cette stabilité que tu vantais. « Nous avons organisé une session de danse, avec ma fratrie ainsi que la fille d'Eruxul. Nous feriez-vous l'honneur de votre présence ? Cela nous permettra de nous entraîner ensemble, pour le soir du bal. » Elle était légèrement plus petite que toi, cela n'empêchait pas son aura de t'englober et t'éclipser. « Mais si vous préférez que nous fassions connaissance en tête à tête, ils ne nous en tiendront pas rigueur. » la rassures-tu, lui laissant la possibilité de se dérober si l'idée lui déplaisait. « Nous allions sans doute faire des paris sur les duos... Avez-vous reçu votre ruban ? Les nôtres sont arrivés ce matin. »

1075 mots



Merci Kyky  nastae
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34204-nostradamus-dementi
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4025
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Jeu 06 Oct 2022, 18:51



Les Portes


Je me reculai légèrement afin de tenter de me fondre dans les vêtements accrochés aux cintres. Je n’aimais pas le fait qu’Yvonelle sortît en serviette devant Déodatus. Jusqu’ici, je n’y avais pas prêté attention mais depuis qu’elle avait prononcé ces foutus mots, je n’arrivais pas à les sortir de mon esprit. C’était peu probable. Vraiment très peu probable. D’un autre côté, elle et moi faisions l’amour alors que nous avions la même mère. C’était également peu probable. Le doute, dans ma tête, me rendait la situation insupportable. Au moins, avec Natanaël, les choses étaient claires : ils étaient fiancés. Ce statut entrainait forcément le reste. Mais Déodatus… J’étais certain qu’ils ne se passaient rien entre eux. Cependant, ce n’était pas parce qu’il ne se passait rien qu’il n’y avait rien. Que faisait-il ? Et, surtout, pourquoi avait-elle dit ça ? Était-ce un message discret ? J’inspirai, en tentant de noyer le sujet. C’était un non sujet. Il n’y avait rien. Il n’y aurait jamais rien. Yvonelle me l’aurait dit s’il essayait de la toucher. L’aurait-elle dit ? Ce n’était pas si facile. Avait-elle peur que je ne la crusse pas ? Avait-elle peur de faire exploser notre cellule familiale déjà bien morcelée ? Lui faisait-il du chantage ? Je connaissais ses travers, son amour des femmes et ses tendances un peu étranges. J’en riais souvent parce qu’il était mon frère et que je n’avais jamais envisagé qu’il pût faire plus que regarder. Il se faisait régulièrement rabroué alors peut-être qu’il s’était tourné vers une fille plus proche de lui, une fille qui aurait été si ahurie face à ses avances qu’elle n’aurait pu les refuser ? Je voyais mal Yvonelle subir quoi que ce fût mais…

Je la regardai passer pour se rendre dans la salle de bain. Il y avait comme un malaise entre nous. Je devais me faire des idées sur Déodatus. De nous deux, j’étais peut-être le plus tordu. Je venais d’éjaculer en elle et je lui avais menti en lui soufflant que j’étais désolé. Je n’étais pas désolé, pas vraiment, et je n’avais simplement pas pris la peine de me retirer, par volonté de… Je soupirai et amenai mon pouce et mon index contre l’arête de mon nez. Je la serrai en fermant les yeux. Le connard, ici, c’était moi. Je faisais n’importe quoi, tout ça parce que je n’admettais pas de ne pas être le seul à compter pour elle. Je voulais qu’elle fût enceinte de moi. J’avais envie de la posséder parce qu’elle ne serait jamais à moi. Natanaël me rendait fou de jalousie. Je m’agaçais contre Déodatus mais j’étais le seul fautif. Lui n’avait rien à se rapprocher. Les paroles d’Yvonelle n’avaient été qu’une mise en scène pour que le blond ne se doutât de rien sur mes amours.

J’attendis, en silence. Les secondes s’écoulèrent. Je sentais toujours la présence de Déodatus dans la chambre de notre sœur. Je n’avais pas entendu la porte s’ouvrir ni se claquer. Que faisait-il, bon sang ? Se doutait-il de ma présence ? « » Bordel, qu’attendait-il ? Je fixai le battant de la penderie et l’ombre de sa silhouette s’y dessiner. Je fronçai les sourcils, mes doutes précédents revenant me heurter avec fracas. Il allait entrer… Il allait entrer alors qu’Yvonelle venait de lui dire qu’elle allait prendre son bain. Que foutait-il, ce connard ? Je me tendis, très peu désireux de le voir s’inviter et, par là même me découvrir nu comme un ver. S’il entrait, des explications allaient devoir être données. Parce qu’il était évident que je ne me cacherais pas entre les vêtements s’il tentait d’épier notre sœur dans son plus simple appareil.

Par chance, la voix d’une domestique s’éleva. Je vis l’ombre s’effacer en même temps que la colère s’imposa à l’intérieur de ma cage thoracique. Je serrai la mâchoire. J’allais le tuer. Je sortis de ma cachette, empoignai mes vêtements et les enfilai à la hâte. Je ne dis rien à Yvonelle et sortis de sa chambre. « Monsieur, c’est vrai ce que l’on dit ? Que vous allez vous rendre au bal avec Mademoiselle Rosette ? » Je fixai la domestique d’un œil noir. « Vous allez bien ? » « Où est Déodatus ? » demandai-je. « Il a dû descendre. La Princesse Zébella est ici pour le voir. Il doit être tout… » Je n’entendis pas la suite car je tournai les talons sans plus de cérémonie pour partir à la recherche de mon frère. J’allais lui péter sa sale gueule de pervers.

Le temps que je le trouvasse, notre mère était déjà sortie de la pièce et il avait eu le temps de débiter plusieurs phrases à l’attention de son interlocutrice. J’étais tellement agacé que je ne fis pas grand cas de cette dernière. J’entrai dans la pièce, me plantai devant le brun et le fusillai du regard. « Je t’interdis de la toucher ! » hurlai-je, avant de lui coller mon poing dans la face.

829 mots - Les hormones Les Portes - Chapitre V  - Page 7 943930617
Lucius - Elzibert:

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Invité
Invité

avatar
Jeu 06 Oct 2022, 21:11


Oui.
Les portes - Chapitre V
~Dangerous Woman - Rosenfeld ~

Rôle:

"Mmh-Mmh" acquiesça sagement Eléontine, alors que Gustave niait sa proximité avec Garance. Tout sur son visage disait le contraire. Il le criait même. A cet instant, il avait le même regard qu'un petit lièvre prit devant le canon d'un fusil. Pauvre petit bichon. Eléontine se mordit l’intérieur de la joue pour dissimuler les prémices d'un sourire. Bien que l’infidélité de son mari aurait dû la heurter, elle s'en amusait toujours. Mais c'était un peu dommage aussi. Si seulement il lui avait avoué son infidélité, et elle de même, ils auraient pu devenir un couple libertin. Vraiment dommage. Enfin... De toutes les manières, l'aveu ne viendrait jamais d'elle en premier. Elle aimait bien trop vivre, pour risquer de blesser l'orgueil de son Gusgus. Eléontine passait délicatement sa main sur sa propre clavicule, comme si elle avait songé un instant à ce qu'on lui coupe la tête. Elle savait que son mari avait tous les excès pour le faire. Son cou était bien trop ténu pour résister au tranchant d'une épée vengeresse. A moins que son mari ne préfère la tuer à coup de couteau à beurre... Alors qu'elle commençait à songer de manière morbide à son trépas, les mots de Gustave la ramenaient au moment.

"De trop ?" répéta-t-elle de façon un peu trop aigu. Etait-il en train de refuser de retourner voir une amante ? Etait-il en train de ruiner son plan si parfait ? Eléontine en perdit quelques couleurs. Voir Gustave lui résister comme cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Heureusement, son mari prit son désarroi soudain pour une simple émotion de bonne femme, attendrie par les mots de son époux. Eléontine était pourtant hébétée et voyait déjà son espoir de retrouver son cousin s'écrouler tel un château de cartes, sans qu'elle ne puisse rien y faire. Déjà, Gustave scellait ses lèvres sur les siennes, comme si il scellait sa fidélité pour ce soir.

Mais non. Non. Eléontine n'était pas de ce bois. Elle trouvait toujours des solutions. Cela faisait plusieurs années qu'elle avait été habile pour retrouver ses coucheries, et cela allait continuer sur les années à venir. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus s'asseoir ! Elle papillonna des yeux, retrouvant son sourire alors que Gustave, tel un gentil époux, lui caressait les bras. Elle se mordilla la lèvre inférieure dans un geste calculé, pour rendre son sourire plus séducteur. "Bien sûr. Écris lui donc une lettre. Je vais nous préparer un verre pour fêter nos retrouvailles. Et puis... J'aurais quelque chose à te dire. Après." Elle se mit sur la pointe des pieds et lui embrassa doucement la joue avant de le délaisser pour chercher un bon rhum. Elle n'était pas très vin et préférait la rudesse des alcools.

Rassemblant verres et liquides sur un plateau, elle se retourna vers ses appartements, dépassant la chambre conjugale pour s'installer à la table sur leur balcon. Elle avait toujours aimé la vue qui s'offrait à elle ici. Le paysage était dégagé et elle pouvait voir, sans se dévisser la tête, la dépendance d'Hermilius. Un sourire aux lèvres, elle préparait une belle table pour son mari. Celui-ci, d'ailleurs, ne tardait pas trop. Pendant un instant, Eléontine se demandait ce que contenait la lettre qu'il avait écrit. Avait-il ajouté à ses mots des calligraphies obscènes, comme celle d'un pipou ou d'une paire de fesses ? Elle était elle-même une professionnelle pour dessiner de bons séants - juste cela. Cependant, c'était un talent qu'elle ne mettait pas en œuvre très souvent.

"Je n'avais rien prévu, mon époux. Rien de spécial, en tout cas." dit-elle innocemment en acceptant le baisemain. D'un geste, elle invita Gustave à s'attabler avec elle. "Peut-être voir Hermilius, en soirée." avoua-t-elle comme un rien. "Comme Madeline est en plein préparatif pour le bal, son mari étant le conseiller royal, j'ai plaisir à voir mon cousin à la place." Oui, un vrai plaisir. Elle sourit alors qu'elle commençait à verser du rhum dans un verre. Elle glissa ensuite ce verre devant Gustave. Elle n'avait pas à cacher son amitié avec son cousin. Il était connu de tous que les deux plus proches amis d'Eléontine étaient Madeline et Hermilius. De plus, ils se connaissaient depuis si longtemps qu'il lui avait même servi de chaperon quand elle n'était pas encore mariée. S'ils savaient. "Je pense maintenir mon programme, vue que je le lui avais annoncé ma venue." expliqua-t-elle. Après tout, la femme était d'une politesse reconnue. "Et vous, aviez-vous prévu quelques activités ? Je sais que vos journées sont généralement occupées." Elle se servit quand à elle un verre d'eau. Tout en écoutant la réponse de Gustave - ou du moins en faisant mine d'écouter en agitant la tête - Eléontine s'installa bien au fond de sa chaise, tout en serrant son verre contre elle. Elle attendit que son époux eut fini de blablater pour agir. D'abord, elle laissa le silence s'installer pendant une seconde. Ensuite, elle but doucement un gorgée d'eau. Enfin, elle regarda Gustave, l'air un peu plus grave.

"Mon époux..." Elle laissait une sorte d'attente dramatique s'installer brièvement. "Comme je vous le disais plus tôt, j'avais besoin de vous dire quelque chose. Il s'agit plutôt d'un aveu." Elle baissait les yeux, faussement gênée, cherchant ses mots péniblement. "C'est une bonne chose que nous partageons un moment ensemble pour que je parle enfin." Oui, elle laissait trainer. C'était de la pure malice. "Je ne trouvais point le bon moment pour vous l'annoncer, voyez-vous." Elle relevait ses mires bleutés, comme si elle avait enfin trouvé un courage sur le sol qu'elle regardait plus tôt. "Mon cher mari, je crains que les lunes ne me portent plus de présages." La voilà qui parlait en énigmes. "Je pensais que c'était l'âge qui les avaient chassé mais... Je me suis entretenue avec des vieilles femmes et j'ai beaucoup écouté." Elle posait son verre d'eau sur la table et planta ses yeux dans ceux de Gustave. "Mon cher mari, je crois que je porte un enfant." Voilà. Elle ne pouvait pas être plus claire. Elle s'empêchait de sourire, tout en réservant un verre d'alcool pur à son mari, si celui-ci avait déjà vidé le sien.

"Ne m'accusez point de ne pas m'être protégée de cet aléa du destin, j'ai bien suivi tous les conseils pour ne pas subir cet état. Mais je crains que votre semence n'ait était trop forte." Toujours accuser le mari. "Mais ne vous inquiétez pas." Elle essayait de lui offrir un sourire navré. "Comme vous le savez, vous n'avez pas épousé une menteuse et une manipulatrice. Il y a dix ans, nous avions juré de prendre les précautions nécessaires pour ne plus avoir d'enfants. En effet, vous vous imaginez, à notre âge, avec un nouvel arrivant à éduquer ? Les cris dans la maison qui dérangeraient nos nuits et nous empêcheraient de recevoir sans honte ?" Elle continuait à peindre un tableau sinistre de la maternité. "Non. Nous ne pouvons décidément pas revivre tous cela alors que nous sommes, vous et moi, si occupés." Elle hochait la tête, pour approuver ses dires. "Et donc, pour ne pas que cela arrive et pour ne pas rompre notre vieux serment, j'ai décidé que la grossesse devait..." Elle continua plus bas : " s'arrêter."

Si elle avait fini sa phrase sur le ton de la confidence, c'était pour rendre son mari complice de ce qui allait suivre. "Je sais qu'il y a des... moyens pour arriver à cela." murmura-t-elle. Elle s'était un peu penchée sur la table pour se rapprocher de Gustave. "Je vous fais confiance pour ne pas l'ébruiter mais, Hermilius m'a une fois conté qu'il avait engrossé la fille d'un marchand. Comme vous le savez, nous ne lui connaissons aucun bâtard. C'est parce qu'il connait le médecin Ezidor et que celui-ci s'est occupé de la femme." Elle venait d'inventer cette histoire de toutes pièces, bien entendu. "Je pense donc, qu'il faudrait vraiment mieux que je le voie, ce soir." Elle tournait ses yeux vers l'intérieur de la chambre, comme pour s'assurer qu'aucune oreille indiscrète ne les écoutait. "J'aurais bien aimé que vous m'accompagniez, mais je crains la colère de mon cousin s'il se doutait que je vous ai avoué son secret. Vous connaissez son caractère : il peut être vraiment sombre. Il pourrait très bien me refuser un contact avec le médecin, par simples représailles." Elle posa sa main sur celle de son mari. "J'espère que vous comprendrez." Elle posa un regard tendre sur lui. De toute façon, il n'avait pas le choix et allait surement devoir décuver très prochainement. Parce que oui, ce qu'elle ne lui avait pas préciser c'était que ce rhum n'était pas simplement du rhum. C'était en réalité un cocktail de plusieurs boissons. Il y avait notamment un peu de Cognac, du Whisky et surtout de la Chartreuse. Elle avait pris une goutte de son mélange plus tôt pour s'assurer que cela n'avait pas trop mauvais goût. Ce n'avait pas été très bon mais, elle avait espéré que la nouvelle qu'elle allait lui annoncer allait le faire boire malgré tout. Dans le pire des cas, elle y avait ajouté une poudre laxative pour le faire aller sur son pot de chambre toute la soirée.

"Le soleil commence d'ailleurs déjà sa chute. Je m'en vais donc retrouver mon cousin, mais n'ayez crainte, je vous dirais tout en rentrant. Mon état ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir. Je vous le promets, mon tendre." Elle se levait de sa chaise et s'approcha de Gustave pour lui déposer un baiser sur le crâne. Il avait déjà une drôle de tête, non ? Ou peut-être était-ce sa tête normale... Pauvre bichon. Eléontine prit congé et s’assura qu'une domestique - de préférence très agréable à regarder - veillerait sur Gustave pendant son absence. Elle ne voulait pas le retrouver mort dans son vomi ou son caca en rentrant...

***

Elle rentra dans la chambre d'Hermilius sans frapper. La porte se refermait dans un petit grincement derrière sa silhouette menue. "Hermilius ?" chuchota-t-elle. Malgré les années, elle chuchotait toujours. Son petit palpitant avait une course effréné. Rien ne changeait : elle avait toujours peur de se faire attraper. "Je suis là." Elle avança légèrement dans la pièce, cherchant son amant des yeux. "Pourquoi voulais-tu me voir ?" Sa peau lui manquait-elle ? Cette dernière se couvrait de frissons. Parfois, Eléontine se demandait si elle n'était pas éprise de son cousin. Mais c'était sans doute simplement de l'attraction. Et, un peu d'adrénaline. Après avoir fureté dans les pièces jusqu'à la chambre d'Hermilius, elle était toujours un peu secouée. "Tu voulais me dire quelque chose d'important ?" Elle n'attendait qu'un mot de son amant pour se mettre nue. Par contre, elle ne le voyait toujours pas. Peut-être n'était-il pas encore ici. Devait-elle se mettre sur son lit dans une position obscène pour fêter son arrivée ? Non. C'était bizarre de faire ça.

"Encore un pavé, je crois" mots
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Les Portes - Chapitre V

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 7 sur 22Aller à la page : Précédent  1 ... 6, 7, 8 ... 14 ... 22  Suivant

 Sujets similaires

-
» | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |
» | Les Portes Chapitre V - Quand Lieugro devint Uobmab - Transition |
» [Rp dirigé] - Les Portes II
» | Portes III - Discussions |
» [Rp dirigé] - Les portes
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu-