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 Les Portes - Chapitre V

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Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Adriæn Kælaria
Jeu 06 Oct 2022, 22:44

Les Portes - Chapitre V  - Page 8 4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Chapitre V


Musique
C'est un peeeuuuu sexuel mais c'est pas beaauucouppp sexuel. La poésie, je connais ! Wesh.

Rôle:

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres d’Hermilius. Il l’avait entendue arriver et s’était placé contre le mur, juste à côté de la porte. Une fois ouverte, elle le cacha. Ainsi, Eléontine ne le vit pas tout de suite. Lui, en revanche, eut le temps d'admirer ses courbes avant de s’approcher doucement. Ses paumes se posèrent sur ses yeux et ses lèvres vinrent embrasser sa nuque. Longtemps, il avait été amoureux de sa cousine. Cet amour marquait encore leur relation, même s’il avait fini par se faire une raison. Il ne pouvait pas rester célibataire éternellement et leurs jeux risquaient de les pousser doucement mais surement dans l’opprobre. S’ils étaient découverts, ils ne pourraient probablement plus jamais avoir leur place dans la bonne société. Les regards les jugeraient. Pourtant, l’homme savait aussi que la plupart des individus faisaient preuve d’une grande hypocrisie. Les courbettes n’étaient que de façade. Par derrière, tous les coups étaient permis. Néanmoins, avec Eléontine, ils contrôlaient une bonne partie du jeu. Ils en avaient fait tomber plus d’un. L’humiliation, c’était eux qui la faisaient subir à ceux qui ne leur plaisaient pas. À deux, ils savaient prêcher le faux pour savoir le vrai et ils avaient appris l’art de la manipulation. Ils s’étaient toujours coordonnés d’une façon harmonieuse. De temps en temps, il lui arrivait donc de remettre en question les choix qui étaient les siens. Peut-être devait-il renoncer à Clémentine ? Peut-être s’ennuierait-il dans un univers fait de tendresse et d’honnêteté ? Elle lui semblait répondre à tous les critères de la bonne épouse et, malgré lui, elle l’hypnotisait. Il ressentait pour elle quelques élans, tout droit venus de son cœur, tout en sachant la connaître bien peu pour envisager raisonnablement de passer sa vie avec elle. Il lui préférerait peut-être toujours, malgré tout, les cuisses expérimentées d’Eléontine et sa poitrine, capable de faire chavirer n’importe quelle âme. Surtout, sa cousine était dotée d'une intelligence acérée.

Il se décala et la contourna. Il portait une chemise blanche qu’il n’avait pas fermée. Elle cachait en partie son pantalon, aussi sombre que la nuit. Il avait tiré les rideaux pour que l’éclairage à la bougie ne vînt pas alerter Gustave sur ce qu’ils se passaient chez lui. Parfois, il en jouait. Il se promenait dans la dépendance, nu, tout en sachant qu’Eléontine devait l’admirer. D’autres fois, c’était elle qui se donnait en spectacle. Contrairement à lui, qui devait avoir été aperçu par quelques domestiques, elle, ne risquait rien. Lui n’employait pas de personnel le soir. Depuis des années, ils avaient à peu près tout fait ensemble, tout tester. Ils étaient allés au bout des plus viles fantasmes qui leur étaient passés par la tête. Ils jouaient avec les autres, parce que c’était bien plus amusant à plusieurs. « Oui et non. Je pensais que nous pourrions profiter du bal pour nous amuser un peu… » Il sourit et caressa sa joue, avant que ses doigts n’atteignissent son menton et descendissent sur sa gorge puis entre ses seins, en suivant leur ligne. « Je pourrais t’aider à mettre un homme dans ton lit et toi… une femme dans le mien. On se raconterait nos soirées. » Il avait une idée en tête. « Et puis, il me semble avoir aperçu une ancienne connaissance l’autre jour, alors que je prenais Adénaïs d’Etamot au bord du fleuve. C’est vrai ce qu’on dit… » Il s’écarta afin de leur servir à boire. « C’est une prostituée. » Le liquide coula dans les verres en un bruit caractéristique. « Cela dit, il n’y a aucun mérite à prendre ce qui est offert à tout le monde. » Il se demandait encore si Adénaïs accepterait de l’aider. Si elle n’acceptait pas, il risquait de très mal le prendre. « J’ai décidé, cette fois, de jeter mon dévolu sur un plus gros poisson. Une femme qui, si j’en crois ce que j’ai entendu sur elle, est des plus chastes. En plus de ça… » Il tendit un verre à Eléontine. « … il s’agit de la cavalière de Sa Majesté pour le bal. Clémentine d’Ukok. » Inutile de dire qu’il désirait l’épouser. L’avoir tout court serait déjà un bon point. « Nous pourrions mettre en place un plan. Bien sûr, je t’aiderai à charmer qui tu désires. » Il n’avait pas pris son propre verre. Ça ne lui serait pas utile pour le moment. Il allait s’abreuver à une autre source.

Doucement, Hermilius s’agenouilla. Ses mains vinrent chercher les jambes d’Eléontine, sous sa robe. « Essaye de ne pas renverser ton verre. » lui murmura-t-il, plutôt joueur, avant de disparaître totalement sous le tissu. Ses lèvres trouvèrent sa peau, remontèrent et atteignirent son objectif. Sa cousine avait le droit à beaucoup, venant de lui, ce qui n’était pas le cas des prostituées. Il y avait plusieurs types de femmes : celles qu’il baisait pour se faire du bien, et celles qu’ils honoraient parce qu’elles le méritaient. Le génie de sa cousine méritait toutes les attentions du monde.

Lorsqu’il eut obtenu ce qu’il voulait d’elle, il sortit du vêtement, légèrement décoiffé. Il alla chercher son verre et en but une gorgée. « Et toi ? Quel homme te plairait-il de séduire ? Je pourrais faire en sorte que Gustave soit occupé… » Il s’était déjà plus d’une fois occupé de Gustave. Dommage qu’il n’eût pas réussi à le tuer pour de bon. Il avait eu une phase de jalousie à l’état pur. Ce n’était plus le cas aujourd’hui. Heureusement pour le mari d’Eléontine. Il sourit en pensant à ce qu’il avait déjà fomenté contre lui, dont certaines choses que la blonde ignorait totalement. Lui aussi, il avait ses petits secrets.

916 mots



Les Portes - Chapitre V  - Page 8 4p2e
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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam et Laëth
Jeu 06 Oct 2022, 23:22




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


Rosette détailla le garçon, poussée par sa curiosité et, il fallait le reconnaître, une forme d’appréhension. Que faisait-il ici, au beau milieu de ses oiseaux ? Par où était-il entré ? Venait-il souvent ? Était-il…? La question demeura en suspens dans son esprit, en même temps que sa respiration s’interrompait et que le rouge lui montait aux joues. Son observation la happa ; elle remarqua la chaleur de ses yeux glacés, le mouvement de ses lèvres lorsqu’il parlait, l’éclat de ses expressions, les vibrations aériennes qui parcouraient ses cheveux d’ébène, la forme de ses mimiques, la gêne de ses mains taillées par le travail aux écuries, la fébrilité et le courage de sa posture supportée par sa haute silhouette. Elle n’y avait jamais prêté véritablement attention jusqu’ici, mais il ressemblait terriblement à Elzibert. C’était plus que troublant. Se pouvait-il que son père fût aussi Gustave de Tuorp ? Un frisson la parcourut. Elle se sentait très étrange. « Non, je… » Non, ça ne la dérangeait pas ? Il n’avait pas le droit d’être là. Si ses parents avaient su qu’il pénétrait dans la volière de temps à autre, ils l’en auraient sans doute chassé. Pas méchamment, parce que ni l’un ni l’autre n’était stupide ou cruel, mais ils n’auraient sans doute pas toléré sa présence ici, surtout pas en sachant qu’elle y venait si souvent seule. « Non, ça ne me dérange pas. » finit-elle pourtant par souffler, le visage légèrement tourné de côté et les sourcils abaissés par une certaine méfiance. Sa tête pivota et sa figure se décontracta cependant lorsqu’il lui montra l’un de ses oiseaux. L’ombre d’un sourire passa en tremblant sur ses lèvres. Les volatiles avaient le pouvoir de l’arracher à son quotidien et, lorsqu’elle se trouvait avec eux, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir un intense sentiment de tranquillité et, conséquemment, de sécurité. Elle regarda Clémentin. Ils étaient dans son univers. Là où il régnait dans les recoins des écuries, elle était reine du royaume des oiseaux. Même les obligations et les convenances ployaient ici. Elles mouraient autour de sa plume qui s’agitait sur ses carnets et aux abords de son esprit riche de fantasmes. « Il s’appelle Hauru. » Elle tendit la main vers l’oiseau, qui bondit de son perchoir pour s’y poser. Il remonta en sautillant jusqu’à son épaule. La plupart des résidents de la volière n’étaient pas domestiqués, néanmoins, quelques-uns acceptaient des contacts directs avec l’humain. Hauru avait été habitué dès son plus jeune âge. Parfois, l’instinct reprenait le dessus et il pinçait les doigts de Rosette, mais elle ne lui en tenait jamais rigueur. Elle avait conscience que si elle n’avait pas eu pour eux une passion égoïste, tous ses oiseaux auraient pu vivre libres et sauvages, dans le monde auquel ils appartenaient. « C’est vrai ? » demanda-t-elle, réellement impressionnée, et surprise aussi par le fait que Clémentin fût déjà parti hors des frontières du royaume. La rousse n’avait jamais voyagé. Elle savait d’où venaient ses volatiles, ce dont ils avaient besoin, quelles étaient leurs caractéristiques, mais jamais elle n’avait vu de ses propres yeux les terres qui les abritaient depuis des siècles. Une part d’elle envia Clémentin. Elle s’imagina, dans un pays inconnu, vêtue d’une tenue d’aventurière et munie d’un carnet de dessins, à traquer des espèces rares dans leur milieu naturel, à parcourir des cités à la recherche de femmes et d’hommes aux oiseaux. Qu’avait-il fait, lui, le palefrenier ? Comment avait-il pu tant voyager ? Le faisait-il encore ?

Elle tourna la tête vers le rougegorge qu’il désignait. Elle l’avait récupéré dehors. Il était tombé du nid et, durant de longs jours, elle avait eu peur de ne pas pouvoir le sauver. Heureusement, à force d’acharnement et de patience, l’oisillon avait retrouvé du pétillant et, à ce jour, il s’épanouissait parmi ses congénères. « Vous n’avez pas de famille ? Ou d’amis ? » s’enquit-elle en le regardant à nouveau, curieuse. Il l’intriguait. Il n’avait pas les manières d’un garçon d’écurie. Était-ce dû à ses voyages ? Fréquenter Adolestine l’avait-il rendu plus familier des mœurs de la noblesse, au point qu’il pût en avoir perdu certaines attitudes de roturier ? Ou était-ce circonstanciel, était-ce à cause de sa présence à elle ? La pensée qui l’avait frappée lorsqu’elle l’avait vu lui revint. Elle ricocha sur le mot « poésie » et produisit en elle un tas d’échos incompréhensibles. Son cœur se mit à battre à la vitesse de celui des oiseaux, si vite que les battements se confondaient les uns dans les autres. Sa bouche s’assécha et sa respiration s’effila. Un frisson l’engloutit tout entière quand il lui prit les mains. Ses iris verts s’ancrèrent dans les siens. Ses joues s’enflammèrent. La musique des mots voltigea autour d’eux, créant comme un écrin d’infini et d’impossible. Les verbes de Rosette dansaient au rythme de la chanson de Clémentin, mais ils valsaient en silence, en harmonie avec les siens qui hurlaient en secret. Parfaitement mutique, elle le regarda s’éloigner sans être capable d’esquisser ne serait-ce qu’un geste.

Elle demeura là un moment. Lorsqu’enfin elle retrouva le contrôle d’elle-même, elle retourna en vitesse à l’intérieur de la demeure, oubliant tout à fait le carnet qu’elle était venue chercher. Son palpitant poursuivait sa course folle ; et dans toutes ses veines, le sang rugissait des émotions incompréhensibles. La vérité lui paraissait impossible, ou au moins improbable ; Clémentin écrivait des poèmes, Clémentin lui écrivait des poèmes. Clémentin l’aimait. Elle ne savait pas quoi faire de cette information. Jamais elle ne s’y serait attendue, et maintenant… Comment concilier l’image du garçon d’écurie et celle du poète ? Qui était-il ? Empressée, presque paniquée, elle demanda à un domestique où se trouvait sa mère, puis se rendit jusqu’à elle. Une fois devant la porte, elle toqua mais, troublée comme elle l’était, n’attendit aucun aval pour entrer. « Mère, je v- » Face à la scène qui lui faisait face, Rosette s’interrompit. Des émotions contraires semblaient parcourir – ou avoir parcouru ? – le visage de la bleue. « Que se passe-t-il ? » Elle lança cette question à sa mère ; mais c’était aussi au monde qu’elle s’adressait. Il tanguait dangereusement sous ses pieds. Ses doigts se serrèrent autour de la poignée de la porte. Elle ne se sentait pas bien du tout.



Message V – 1049 mots




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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Ven 07 Oct 2022, 06:27




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


À Childéric d’Ukok,

Je suis ravie que vous ayez pris la peine de m’écrire cette lettre. D’autres s’accumulent en effet sur mon bureau mais si certaines ont pu susciter mon intérêt, aucune n’a éveillé le même soulagement que la vôtre. Vous n’imaginez pas quelle épine vous me retireriez du pied si vous m’accompagniez au bal – en plus de l’image appréciable que notre alliance renverrait en effet. J’accepte donc avec plaisir votre proposition.

En toute confidence, celle-ci me semble d’autant plus pertinente que notre Roi désire faire une annonce qui, je le crains, éveillera inévitablement quelques ambitions et perspectives néfastes pour la couronne. Elle doit rester soudée et forte. Je ne peux vous en dire plus par courrier, mais je ne doute pas que la nouvelle parvienne jusqu’à vous dans les prochains jours ou, à défaut, lors du bal. Ce n’est rien de grave, mais nous devrons rester vigilants. Je vous serais gré, de ce fait, si vous pouviez renforcer les dispositifs de sécurité mis en place pour l’événement. Je fais toute confiance en vos talents en la matière.

Bien à vous,

Garance de Lieugro



À sa Majesté Merlin d’Uobmab,

Je vous remercie de votre sollicitude. Fort heureusement, je suis convaincue que Placide s’en sortira sans problème. Il dispose, malgré les apparences, d’une certaine robustesse d’esprit qui, je n’en doute pas, saura écarter ses difficultés passagères et le sauvera de plus de tourments. Je suis désolée que votre fiancée, la Princesse Zébella, se retrouve ainsi sans cavalier, tout comme je suis peinée de savoir qu’Adolestine vous a opposé un refus. J’espère que vous saurez tous deux pardonner à la famille royale ces malencontreuses aventures. Vous ne l’ignorez pas ; la jeunesse est parfois mère de bien des folies.

Savoir que vous vous plaisez malgré tout parmi nous me rassure et m’enchante, bien que j’aie conscience que les préparatifs du bal ne nous ont laissé que peu de temps à vous accorder. Je serai ravie de rattraper cet affront auprès de vous lors de la réception, et porterai avec autant de plaisir ce très beau bijou. Je suis certaine que cette danse ne formulera que les prémices d’une belle et fortuite entente entre nos deux royaumes.

Avec mes plus sincères sentiments,

Garance de Lieugro



À Gustave de Tuorp,

Je vous remercie, vous et votre famille, de votre sollicitude. Je ne doute pas que mon neveu s’en sortira à merveille et que son rétablissement définitif saura chasser toutes les inquiétudes qui encombrent nos cœurs et les vôtres.

J’ai en effet appris que votre fils séjournait parmi nous. Il a l’air d’être d’une grande gentillesse et d’un important soutien affectif. Malgré les réticences de votre épouse, cela ne peut que nous encourager, mon frère et moi, à considérer d’autant plus sérieusement un mariage entre la Princesse Coline et lui. Je veillerai donc à ce que son temps parmi nous lui semble être le plus agréable possible.

Quant à notre dernière rencontre, je suis soulagée de constater que vous vous êtes rendu compte de l’inadéquation de certaines manières qui ont été employées. Il n’est pas d’excuses plus sincères que celles que l’on prononce de vive voix : je vous invite donc à venir me rencontrer lors du bal pour me les énoncer et à partager une danse. Elle sera mon pardon.

À bientôt,

Garance de Lieugro



À Madeline d’Eruxul,

Votre lettre, en effet, ne pouvait provoquer chez moi autre chose que de la surprise et, je ne vous le cache pas, une pointe de méfiance. Notre altercation a laissé un souvenir très net en ma mémoire.

Je vous remercie toutefois. Placide est malgré tout un garçon solide. Son rétablissement sera prompt et définitif. Que votre famille ne s’inquiète pas des difficultés du Prince ; elles sont fondées sur plus de racontars que de vérités. Nous savons toutes deux que les premiers vont toujours plus vite que les secondes.

Néanmoins, je ne suis pas femme à me contenter d’illusions et de mensonges. Je suis aussi curieuse de savoir ce que vous souhaitez me partager. Nous pouvons nous retrouver ce soir, dans mes appartements. C’est là que nous serons les plus tranquilles.

Respectueusement,

Garance de Lieugro



Cher Lambert,

Je suis étonnée de constater que tu te rappelles de mes fleurs préférées, mais pas moins ravie de pouvoir les admirer dès que l’envie m’en prend. Le temps les fera faner elles aussi, mais j’en chérirai le souvenir sans répit.

Mon frère serait en effet ravi de nous voir nous rapprocher, et je ne peux cacher qu’une part de moi aussi. Il faut croire que l’on entre dans une vie comme on pénètre dans des appartements, et cependant, quand on n’y est plus, le vide paraît plus présent. Je t’accorderai cette danse avec un plaisir qui, s’il n’est pas relatif à nos rapports actuels, est lié à nos souvenirs partagés.

De surcroît, je pense que la récente décision de notre bien-aimé Roi nous donnera matière à discuter.

Bien à toi,

Garance



La princesse reposa enfin sa plume. Elle glissa sa main sur sa bouche et demeura ainsi un instant, les lèvres pincées et le regard fixé sur l’horizon, par-delà la vitre de la fenêtre. En elle, une colère teintée d’effarement grondait sauvagement. Elle se parsemait de quelques autres éclats, plus diffus ; le contentement, l’agacement, la curiosité et, malgré tout, la nostalgie.



Message V – 883 mots




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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Ven 07 Oct 2022, 06:57



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Kiara


Rôle :


Assise dans l’un des petits salons, Coline fixait ses mains. Ses jambes s’agitaient, presque malgré elle. Elle était en proie à des émotions contradictoires. Elle détestait son frère. Il était l’épée qui avait transpercé sa mère et lui avait volé la vie. S’il n’était pas né, elle ne serait pas morte. S’il n’avait jamais vu le jour, elle serait encore là. Elle pourrait passer sa main dans ses cheveux, la serrer dans ses bras, prendre son visage entre ses mains, déposer des baisers sur son front. La saveur de ces contacts revenait parfois à l’adolescente. Elle avait peu connu la Reine Déliséa ; quelques années, tout au plus. Les souvenirs qu’elle en conservait, elle les chérissait. Elle les recréait à l’infini. L’orpheline éplorée s’apparentait tragiquement à l’amoureuse transie. Dans ses folies chimériques, elle inventait des vies et des mondes qui n’existeraient jamais. Elle effaçait Placide de la surface de la terre, et tout était mieux, tout était plus simple, tout était parfait. Pourtant, alors qu’elle avait eu l’occasion de le laisser mourir, elle n’en avait pas été capable. Elle avait parfaitement conscience que son trépas n’aurait pas redonné la vie à sa mère. C’était évident. Mais il l’aurait sans doute soulagée du poids qui pesait sur elle depuis tant d’années. Il aurait rétabli une certaine justice. Et puis, au fond, n’était-ce pas ce qu’il désirait ? Son geste n’indiquait-il pas qu’il désirait la mort ? Elle avait été trop stupide de ne pas la lui accorder. Elle s’était fourvoyée et, avec cela, avait plongé le royaume dans l’inquiétude et l’incertitude. Son frère étant le seul garçon, il deviendrait sans doute roi ; mais qui voudrait d’un roi qui se taille les veines à la moindre contrariété ? Déjà, les commérages allaient bon train. On chantait la faiblesse du prince, on accusait la dépression du père, on jaugeait les capacités des sœurs. Elle avait envie de les écraser, tous. Elle avait envie de les entendre hurler, quand ils ne faisaient que murmurer dans les coins sombres des couloirs. Coline ferma les yeux. Tout ce qui l’avait retenue, c’était la perte de son sang-froid et l’idée de la souffrance qu’un tel événement engendrerait chez son père. Après la mort de son épouse, elle l’avait vu se déliter. Elle se pensait incapable d’endurer cela à nouveau. Tout ce qui l’avait retenue, c’étaient ses propres faiblesses. Si elle voulait réussir, elle devrait les annihiler.

La main dans ses cheveux lui fit relever la tête. « Père. » fit-elle en levant les yeux vers lui. Elle avait envie de redevenir une petite fille et de se blottir dans ses bras. Cependant, ce n’était pas en agissant ainsi qu’elle éliminerait ses failles. Elle devait être forte, tout le temps. Ne rien laisser transparaître, jamais. Devenir une montagne que rien n’altère, sinon le fardeau évident de siècles d’existence. Elle ne se sentait pas forte. Elle avait l’impression d’être faible et misérable. Un insecte que l’on pouvait écrabouiller du bout du doigt. Pourtant, les mots de Montarville réchauffaient son cœur. Ce qu’il voyait en elle, elle voulait le voir aussi. Elle voulait se vivre à travers son regard. Ce regard si doux, si tendre, qui semblait n’avoir rien affronté des horreurs de la vie, quand il avait en réalité perdu la moitié de son cœur. Comment faisait-il pour fonctionner encore ? Et sa mère avait-elle emporté avec elle tout ce qu’il avait de raisonnable et de prudent ? Elle ne se rappelait pas qu’il eût été si naïf, autrefois. Elle était trop petite. La blanche serra sa main dans les siennes. « Merci. » Un nœud nouait sa gorge. Elle avait parfaitement conscience que, s’il avait su ce qu’elle ressentait à l’égard de Placide, ou même d’Adolestine, il aurait été déçu. Il l’aurait toujours aimée, sans doute, mais il n’aurait pas pu tolérer ses comportements. Il ne les aurait pas compris, sans doute. Il n’était d’ailleurs pas tout à fait certain qu’elle les comprît elle-même.

Lorsque les mots tombèrent, Coline fixa le roi, bouche-bée. Elle aurait menti si elle avait prétendu n’avoir jamais songé à écarter son frère et sa sœur pour s’emparer du trône. Il la faisait rêver, parfois. D’autant plus qu’elle était convaincue que sa tante jamais ne cesserait de tenter de se l’accaparer. Placide et Adolestine étaient trop faibles et trop stupides pour lui résister. Elle les tuerait aussi facilement que le vent balaie les feuilles assassinées par l’automne. Toutefois, la blanche n’avait pas envisagé une seule seconde que son comportement, quelques jours plus tôt, pût amener jusqu’à elle les reflets dorés de la couronne. « Je… » Elle déglutit. « Je ne sais pas si… » Elle s’interrompit. Pourquoi moi ? était une question qui n’avait pas lieu d’être. Il y avait déjà répondu. Pourquoi pas ? était déjà plus pertinente. Les mots sortirent avec une limpidité inattendue : « Si vous pensez que c’est le meilleur choix possible, alors, d’accord. »



Message V – 818 mots

Les Portes - Chapitre V  - Page 8 1628


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Ven 07 Oct 2022, 07:47




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lana


Rôle :


Yvonelle ne s’imagina pas un seul instant que son frère pût vouloir l’épier dans son bain. Innocemment, elle avait toujours songé que ses passions se dirigeaient vers des femmes qui n’appartenaient pas à sa propre famille. Elle ignorait que son obsession des corps féminins outrepassait bien des frontières. Si elle l’avait su, elle ne serait sans doute pas apparue devant lui enroulée d’une simple serviette. Elle aurait aussi probablement attendu qu’il quittât la chambre avant de s’engouffrer dans la salle de bains. Elle n’en avait rien fait et ne s’en préoccupait pas le moins du monde. Elle passa devant Elzibert en l’ignorant, puis se glissa dans la salle d’eau. Là, elle activa la robinetterie. L’eau jaillit dans la baignoire, et s’y écoula dans un long filet fumant. La jeune femme jeta sa serviette sur un bras de métal fixé au mur. Elle se regarda dans la glace. Son visage et son corps ne portaient plus les stigmates de l’amour. Ses traits et ses muscles, qui auraient dû être tendus, s’étaient crispés d’abord lors de l’éjaculation d’Elzibert puis lorsque Déodatus s’était invité. Ils avaient tous les deux pénétrés son intimité d’une façon qui n’avait pas lieu d’être. Elle frissonna, tandis que l’atmosphère brûlante de la salle de bains l’enrobait peu à peu. La blanche glissa une main entre ses cuisses. Lorsqu’elle la retira, elle la regarda, songeuse. Viendrait indubitablement un jour où ces écarts-là seraient absolument intolérables. Elle voulait des enfants. Natanaël en désirerait sûrement aussi. Malgré toutes les trahisons qu’elle lui plantait dans le dos, elle ne se croyait pas capable de lui faire l’affront de tomber enceinte d’un autre et de lui faire élever et aimer une progéniture qui ne serait pas la sienne. C’était trop cruel. Elle ferma les yeux, repensant aux propos de Déodatus. Ils avaient provoqué en elle un torrent d’émotions contradictoires. Elle avait été jalouse tout en désirant être raisonnable. Elle avait voulu être à la place de Rosette tout en sachant que c’était idiot. Elle avait imaginé deux familles distinctes tout en désirant qu’Elzibert et elle n’en fissent qu’une.

L’adolescente secoua la tête, inspira, puis alluma le robinet du lavabo, passa sa main dessous, et enfin s’écarta du miroir et se plongea dans son bain. Elle disparut complètement sous l’eau. Là, le vacarme du monde s’estompait. Ici, rien ne pouvait l’atteindre. Toutes ses pensées se noyaient. Habituellement. Celles-là, pourtant, persistaient. Elle se rendait peu à peu compte que, plus le temps passait, plus il lui faudrait faire un choix : Natanaël ou Elzibert. Et plus les jours s’égrenaient, plus elle réalisait, avec une horreur teintée d’excitation, qu’elle n’était plus certaine de ce qu’elle voulait. Autrefois, elle aurait affirmé vouloir passer sa vie avec le blond. L’épouser, fonder une famille avec lui, vieillir à ses côtés. Elle l’avait véritablement aimé. Désormais, elle n’était plus tout à fait sûre d’en être encore amoureuse, ou c’était un amour qui n’avait rien à voir avec celui qu’elle éprouvait pour son demi-frère. C’était simple : elle n’arrivait pas à s’imaginer sans lui sans avoir l’impression de s’enfoncer un poignard dans le cœur ou sans être assommée de jalousie. Néanmoins, elle savait aussi qu’en l’état actuel des choses, jamais ils ne pourraient vivre ensemble. Natanaël était la solution de la facilité et de la renonciation ; Elzibert, celle de la difficulté et du courage. Elle songea à Gustave de Tuorp. Serait-il avisé d’aller lui parler ? L’entendrait-il, elle, alors qu’il n’avait jamais voulu accepter les dires de sa mère ?

Yvonelle remonta à la surface. Elle laissa ses pensées vagabonder encore quelques secondes, puis entreprit de se laver, de se rincer et de se sécher. Lorsqu’elle fut proprement habillée pour se rendre chez Rosette, elle sortit de sa chambre et se dirigea vers le jardin. En chemin, un domestique l’intercepta et lui annonça la présence de la princesse Zébella d’Uobmab. « Oh. » fit-elle, surprise. Elle avait appris que, puisque le prince avait attenté à sa vie, il ne pourrait être présent au bal : en conséquence, Déodatus serait celui qui guiderait la jeune femme sur les notes de musique. Elle espérait qu’il se tiendrait bien. Malgré toute l’affection qu’elle éprouvait pour lui, elle redoutait que son obsession ne jetât l’opprobre sur leur famille. « Où sont-ils ? Mère est-elle avec eux ? » - « Elle vient de les quitter. Ils sont dans le salon. » - « Merci. » dit-elle, avant de se diriger vers la pièce indiquée. Elle était curieuse de rencontrer la princesse. On racontait beaucoup de choses sur elle.



Message V – 700 et quelques mots parce que je suis plus sur l'ordi


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Dorian Lang
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Dorian Lang
Ven 07 Oct 2022, 13:38

Les Portes - Chapitre V  - Page 8 G7pa
Les Portes V - Le Conte II
Ezidor




Rôle:

À Childéric d'Ukok,

La perspective de nous revoir m'emplit d'un sentiment qu'une plume serait incapable de retranscrire. D'autre part, je constate que le temps et votre position a eu la fâcheuse conséquence de chasser de votre mémoire certaines choses, aussi ne puis-je qu'approuver l'idée de profiter du bal pour échanger comme autrefois. J'aime à penser que vous pourriez encore profiter de mes conseils pour éclairer quelques zones d'ombre et trouver le loup qui s'y cache. Enfin, il me déplairait de voir perdues ou atténuées ces qualités que je vous ai aidé à cultiver dans votre jeunesse.

Je regrette de ne pas avoir pu vous rendre visite avant ; la vie de médecin est, comme vous le savez pertinemment, bien remplie et je ne désire pas délaisser le chevet de Madame d'Etamot tant qu'elle sera dans les griffes de la maladie. Dans son état de faiblesse actuel, qui sait qui pourrait en tirer avantage ?

À bientôt.
Ezidor de Xyno.



À Madeline d'Eruxul,

Il va de soi que pour la préservation de ma réputation, ma discrétion vous est acquise, tout comme la vôtre à mon égard, et que vous obtiendrez ce que votre cœur désire selon nos conditions et notre intérêt mutuel.

Si mes voyages m'ont appris une chose, c'est qu'on ne peut faire confiance à personne, aussi je préfère m'occuper moi-même d'affaires aussi délicates plutôt que les livrer à un domestique trop distrait. Je vous propose donc de nous retrouver la veille du bal au lieu qui vous conviendra afin que je puisse vous donner en personne les conseils adaptés à votre demande, et le paiement approprié.

Au plaisir de notre rencontre proche.
Ezidor de Xyno.

Les deux lettres rejoignirent la lettre de condoléances qu'il avait rédigé à l'attention de Montarville après avoir eu vent de l'acte du prince héritier. Ezidor relut ensuite une demande plus inhabituelle que celles qu'il recevait régulièrement, mais dont les implications l'intriguaient au plus haut point. Les cousins De Tuorp frappaient encore. Il était étonné que leurs frasques aient perduré tout ce temps sans que leur nom s'en trouve tâché. Personne ne les suspectait. Sous-estimait-il l'intelligence populaire ou bien tout le monde était-il bien satisfait de fermer les yeux pour que le spectacle se prolonge ? Même s'il appréciait un bon divertissement, il était encore mieux lorsqu'il était lui-même acteur surprise et donnait un petit coup de pouce. Sa décision prise, il enferma la lettre d'Eléontine dans un coffret fermé à clé et quitta sa chambre.

« Veuillez me conduire jusqu'à Monsieur De Tuorp. » Le majordome fit une grimace. « L'heure n'est-elle pas tardive pour une visite imprévue ? » Opposa-t-il sans faire mine de libérer le passage, ce qui fit grincer des dents le médecin. « Mon métier n'est pas soumis aux mêmes règles d'usage que pour d'autres et on ne se plaint généralement pas que j'accepte de me libérer même au beau milieu de la nuit lorsqu'il s'agit de sauver des vies. Mais si vous souhaitez que Monsieur de Tuorp soit mis au courant de l'état de sa femme au petit matin, libre à vous. » Eperdu d'indécision et d'incompréhension, le domestique finit par s'écarter. « Je vous préviens, je ne crois pas que vous arriviez au bon moment. Mon maître est très agité. » Ezidor ne répondit pas et franchit le passage. Si l'égo surgonflé du libertin s'était aggravé avec le temps, il n'était guère surpris de cette information. En fait, il n'était pas ici pour l'apaiser.

Lorsqu'il pénétra dans la pièce où le majordome l'avait mené, le médecin y promena un regard circulaire. « Mmh. » Ceux qui donnaient libre cours à leurs émotions sans jamais tâcher de les maîtriser un minimum n'étaient guère différents d'animaux. Ils n'avaient pas leur place en société, mais le monde était bien trop patient avec ces âmes sanguines. Heureusement il était là pour rétablir l'équilibre.

Il toussa pour annoncer sa venue et se dirigea vers la silhouette avachie dans un fauteuil en évitant les débris éparpillés sur le sol. L'odeur de l'alcool empoisonnait l'air mais il ne cilla pas, habitué à bien pire lorsqu'il préparait ses décoctions. « Messire De Tuorp, vous vous souvenez de moi ? Ezidor de Xyno. » Sous son expression soigneusement contrôlée pour afficher un air affable, il exultait de revoir Gustave. Sa vue allait-elle avoir l'effet d'un claquement de fouet sur sa mémoire ? Il en doutait. Déjà à l'époque, le médecin brillait dans l'art de drogues amnésiques. « Vous ne devriez donc pas être surpris de me voir étant donné les circonstances. Il est de mon devoir de tenir les proches au courant pour vous épargner une nuit à vous ronger les sangs pour votre femme. Vous permettez que je m'assois ? » Après avoir prit place sur le fauteuil près de celui du coureur de jupons, il remonta ses lunettes sur son nez et ne put résister à esquisser un léger sourire. « Votre épouse se porte bien et est actuellement alitée. Le corps doit se reposer après tant d'efforts. » L'aveuglement de Gustave tenait du miracle, mais Ezidor ne s'en plaignit pas. Il était aux premières loges pour voir les révélations raser les jolies petites convictions derrière lesquelles il se murait. D'une certaine façon, le médecin appréciait cette naïveté, cette candeur de penser que son entourage était exactement comme il le voulait et ne voulait que son bonheur.

« Maintenant que vous êtes rassuré, je propose que nous portions un toast à la santé d'Eléontine. Peu sont aussi chanceux d'avoir une femme aussi belle qu'intelligente et nous devrions remercier le ciel qu'elle se porte si bien. Il serait dramatique qu'il lui arrive malheur. » Le médecin quitta son siège pour aller chercher une carafe épargnée par la colère de Gustave et profita que son dos lui cachait la vue pour glisser discrètement une poudre dans l'un des verres avant d'y verser l'alcool. C'était un simple mélange pour détendre ses nerfs et le décourager de quitter son fauteuil. Il ne voulait pas l'endormir, il avait besoin qu'il soit bien conscient pour ce qu'il avait à lui dire mais ne souhaitait pas subir son ire à la place de sa catin de femme. Il revint avec les deux verres et tendit le sien à son interlocuteur. Il reprit place dans le fauteuil et leva son verre avant d'en boire une petite gorgée.

Un moment de silence passa, comme s'ils appréciaient le calme après la tempête. Puis quand Ezidor eut fini de compter dans sa tête, il dévisagea Gustave et prit un ton dégagé pour déclarer. « Alors dites-moi Gustave, permettez que je vous appelle ainsi ? Dites-moi, je suis curieux. Qu'est-ce que cela fait d'être le plus gros dindon du Royaume ? » Ezidor s'était calé confortablement contre le dos du siège et seul la danse joyeuse de ses doigts autour de son verre révélait la délectation du docteur. Il poursuivit, implacable. « Feignez-vous la bêtise ou êtes-vous si aveugle à la véritable nature de ceux qui vous entourent ? » Il se pencha en avant, ses coudes reposant sur ses cuisses et scruta le brun comme s'il s'agissait d'un dessert particulièrement savoureux. « J'ai un peu pitié de vous, je confesse. Ça m'arrive rarement car j'ai été trop souvent témoin de l'injustice du monde dans le cadre de mon métier pour que ça m'affecte aujourd'hui. Mais en ce qui vous concerne, je ne cesse de m'interroger. Vous saviez que du temps où je vivais ici, de nombreuses femmes éplorées sont venues frapper à ma porte pour des philtres d'amour afin de s'assurer d'enchaîner votre cœur ? Mais j'imagine qu'à force, votre organisme a su développer une résistance à mes préparations, ou bien n'avez-vous simplement pas de cœur. Sans doute auraient-elles mieux fait de demander la potion qui réduit la libido d'un homme à néant, ça m'aurait paru plus approprié, mais qui suis-je pour ne pas satisfaire leurs désirs ? Vous-même savez combien il est difficile de leur dire non. Mais je m'écarte du sujet. Le problème, quand on plaît tant aux femmes, c'est qu'on irrite aussi ces messieurs et j'ai commencé à recevoir des demandes plus radicales vous concernant. Savez-vous combien souhaitent votre mort ? J'en ai une petite idée. »

Message III | 1452 mots
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Latone
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Latone
Sam 08 Oct 2022, 19:13



Telle une Constellation incarnée, Ernelle D'Ukok s'illuminait face à son Étoile, la chair de sa chair. Natanaël, bien avant sa naissance, fut le sujet de nombreuses controverses. Elle-même se questionnait chaque instant, à mesure que son ventre grossissait sous son corset. Comment ? Pourquoi ? Qui ? Les interrogations se multipliaient et la noyaient dans un miasme embruni. À l'époque, elle ne trouva pas le courage de s'ôter ce que de mauvaises langues qualifiaient "d'épine du pied". L'idée ne la traversait même plus durant les derniers mois de gestation, puisqu'avant même d'ouvrir les yeux sur ce monde, Natanaël lui apportait deux réponses : ce qu'elle était et ce qu'elle désirait. Elle comprenait la première et chérissait la seconde chaque jour, en la personne de son fils. Distraite par ses palabres, elle lui caressa les cheveux comme on couvait un animal domestique, mais ce n'était qu'à but de le rendre encore plus merveilleux.

" Très bien, très bien ! Mon fils adoré porte en lui une âme studieuse. Ah, que je me félicite de vous voir vous fréquenter aussi souvent, toi et tes amis. Vous formez une troupe si harmonieuse, si complémentaire, digne d'un merveilleux orchestre. Une idée lui sauta au nez et la fit réagir au quart de tour. Oh, Yvonelle devrait venir à la maison pour nous montrer ses compositions, tu sais bien qu'elle sera toujours la bienvenue sous notre toit. Je penserai à évoquer à Dame D'Etamot d'un nouveau dîner entre familles, le dernier remonte à si loin. "

Tant que son fils était heureux et épanouie, sa mère le serait tout autant. Ses propres préoccupations – ses amourettes – ne la hantaient guère plus qu'à l'époque. Il était normal pour une jeune jouvencelle de s'interroger sur sa situation maritale, alors que son enveloppe rappelait sans cesse qu'il était capable d'accueillir la vie. Et pourtant, avec Natanaël auprès d'elle, toutes ces hantises de fillette s'évaporaient. D'autres perspectives filaient devant elle, des nouvelles plus alléchantes. Cette danse improvisée lui rappela le bal et son potentiel. Elle laissa son enfant s'étaler dessus, aussi émerveillé que n'importe quel invité. Elle ne le serait pas plus qu'eux ; pas tant que Lénora ne lui aura répondu.

" Une soirée est longue, mon cher. Tu auras tout le loisir de danser avec toutes ces femmes – elle déclipsa ses lunettes de son visage – dont moi. Son sourire se fit plus incertain ; mis à part accompagner avec son cavalier, elle ne se voyait pas fouler davantage la piste de danse. Ne me mets pas au défi de faire prendre vie à l'une de ces armures entreposées dans les couloirs du château, tu te doutes bien que j'en serai capable si on me laissait le temps nécessaire. Elle rit, brève. Hélas, ce bal est pour bientôt. Et j'ai bel et bien un cavalier en chair et en os. Je te prierai néanmoins de rester discret sur son identité auprès de ton oncle et de ta tante, feigne donc l'ignorance ; ce sera comme notre petit secret. Même si elle demeurait avenante, Natanaël était bien capable de reconnaître quand sa génitrice était sérieuse. J'accompagnerai Sieur Hermilius De Tuorp, à sa demande. Même l'exprimer à voix haute ne lui faisait ni chaud ni froid. Je me demande qui sera au bras de Childéric… Un silence de réflexion. Hum, bon ! Je suis ravie que vous considérez à cœur cette réception. La hâte me prend de vous voir tous les cinq surprendre les invités. Tu dois encore avoir beaucoup de travail, je te laisse donc tranquille. D'une nouvelle et chaude étreinte, Ernelle salua son fils pour la journée : Je t'aime, mon fils. Avant de céder à la tentation d'une bise sur le front, la mère aimante s'éclipsa enfin. Et attention à ton ruban quand tu le recevras ! " Émit-elle avant de refermer la porte.

Lorsque la Dame D'Ukok passa devant la chambre de son frère, elle se figea aux bribes qui s'en émanèrent. À vrai dire, les murs se montraient suffisamment isolants pour ne lui laisser aucune miette, bien qu'elle reconnût la voix de Clémentine. Ernelle demeura sur place, réticente à imposer sa présence sans leurs consentements conjugués. Malgré tout, un élan d'inquiétudes la saisit pour ses frangins. Qu'est-ce que ce bal avait engendré, au juste ?

~~~

Le soir même, Ernelle réceptionna la missive de sa mystérieuse correspondante. La délicate attention y étant imprimée la fit rougir comme une pucelle. Énivrée, la machiniste colla ses lèvres contre celles tracées, ses yeux se refermant sur un délicieux souvenir de leur premier interdit. Ernelle ne résista guère plus contre cette avidité de plaisir et profita de sa solitude dans sa chambre pour la canaliser. Ce péché lui fut au moins nécessaire avant de pouvoir lui transmettre ses mots.

Ma chère amie,

C'est une excellente nouvelle de te savoir présente lors du bal ! Je pensais que le présumé retour du médecin De Xyno n'était que le fruit de rumeurs et informations fallacieuses. Je me réjouis toujours autant de ton ingéniosité ; nous allons bien pouvoir tirer quelque chose de cette servante aux mille et un secrets.
[un visage souriant et réalisant un clin d'œil ponctuait cette phrase] Hermilius De Tuorp s'est proposé à moi en tant que cavalier, uniquement par correspondance, tu te doutes déjà que nous n'échangeons point ensemble. Quelle malice, me diras-tu, puisqu'il ne m'a guère fait part de ses véritables intentions. Il semblerait que ce bal cache plus d'une manigance !

À la mention du ruban, la réaction de la Dame se fit un chouïa attendre. L'encre séchait déjà et l'index d'Ernelle tremblait le long de la plume. Cette configuration avec l'organisateur du bal en personne semblait démontrer une certaine commodité. Entre Lambert et Hermilius, elle se sentait plutôt embarrassée. Elle avait hésité à esquisser un tel pas, néanmoins il existait de ces occasions impossibles à manquer.

À ce sujet, ne serait-ce pas plus amusant de pouvoir observer ces messes-basses ensemble ? Je t'assure que celles du Royaume De Lieugro sont à se tordre de rire. Certaines personnalités font preuve d'une étonnante originalité dans leurs manières. Tu imagines peut-être que je ne ferai pas exception, je le conçois, mais moi au moins, je ne suis pas muselée par un mariage ! Libre comme l'hirondelle, je te propose de garder le ruban pour toi. Tu seras ma partenaire. Nos danses me manquent. Je saurais te remémorer nos chorégraphies avec une justesses effarante. Tu en auras besoin pour épater la galerie et faire éclater ta noble beauté aux yeux de la cour.

Ernelle ne faisait pas uniquement mention de pas de danse, et cela, Lenora s'en doutera. Ceci dit, l'ambiguïté instillée était volontaire.

Je te laisse découvrir avec cette lettre l'une de mes récentes créations. À la base, je tentais de coupler une montre à la bague, mais les aiguilles ne bougent pas. Alors je les ai retirées et j'ai laissé l'intérieur du mécanisme à découvert. Le résultat reste joli, tu ne trouves pas ? Même si l'heure ne te sera pas indiquée, peut-être que ce cadeau te guidera à moi. (Dis-moi que c'est la bonne taille pour ton doigt) [l'écriture de cette parenthèse semblait hasardeuse, comme rajoutée au dernier moment]

À très bientôt.

E

Sur un sourire ravissant, elle fit chuter la fameuse bague dans l'enveloppe.


1261 mots ~



By Jil ♪
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Min Shào
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Min Shào
Dim 09 Oct 2022, 15:25


Image par Sylvain Sarrailh
Les Portes - Chapitre V


Rôle:

Natanaël rebondit sur l'idée d'Ernelle alors qu'elle lui caressait les cheveux. Quand il avait grandi, le jeune homme avait grommelé qu'il était trop mûr pour ces gestes d'affection enfantins. Mais elle n'avait pas eu à insister beaucoup pour continuer à le faire. Leur lien était tellement fort qu'ils avaient presque appris à lire dans les pensées de l'autre. « Oh ! Très bonne idée. Nous pourrions même organiser un récital et j'accompagnerais Yvonelle au piano. J'en joue de plus en plus. » Et cet instrument était pratique pour d'autres types de performances. Il songea que, d'ailleurs, il ne l'avait jamais encore fait sur le piano de la demeure des D'Ukok. Encore une chose à rayer de sa liste avant de partir en formation... mais avant, la ride de sa maternelle qui se creusa au milieu de ses yeux le tira de ses rêveries. Elle voulait garder son cavalier secret ? Natanaël ignorait la raison, mais il n'avait pas besoin de cela pour respecter sa demande. Ernelle avait beau ne plus avoir autant d'autorité qu'à l'époque sur son fils couvé, il lui obéissait tant que cela ne le gênait pas trop. Il songea qu'elle n'avait pas daigné lui faire de remontrances pour la bouteille de rhum volée. *La prochaine fois, je lui prendrai celle au citron. Elle m'a fait de l'œil la dernière fois*, pensa-t-il.

« Tout ce que tu veux, Mère. Je serai silencieux comme une tombe. » Natanaël songea que sa mère ne faisait parfois pas assez confiance à sa fratrie. Pour sa part, il s'estimait extrêmement proche de Childéric et de Clémentine. Il était leur seul neveu et par conséquent, avait le privilège d'obtenir toute leur attention au château. Clémentine illuminait ses journées de ses conversations passionnées pour la flore et Childéric lui apprenait des techniques pour mieux s'entraîner. Tout le monde avait ses petits secrets, mais Natanaël ne prêtait pas attention aux zones d'ombres. A la place, il se focalisait sur ce qu'il savait : les D'Ukok étaient soudés. Ils ne laissaient pas les serpents de l'intrigue empoisonner leurs relations. C'était ça, son ancre. Elle lui était d'autant plus essentielle qu'il n'avait jamais connu son père. Enfant, il avait pris Childéric pour cette figure masculine dont il avait besoin. Mais avec l'adolescence, il avait compris que personne ne pourrait remplir ce vide sinon sa mère et son amour décuplé par leur relation fusionnelle. C'était eux deux et personne d'autre. D'ailleurs, ils n'en parlaient jamais. Sa mère était Ernelle et son père était Ernelle. C'était aussi simple que cela.

Cette dernière lui révéla l'identité de son cavalier : Hermilius De Tuorp. Ils n'étaient pas particulièrement proches de cette famille, d'autant que leur domaine était très loin dans les collines, à l'opposé des champs à perte de vue des D'Ukok. Mais il savait que l'homme était célibataire, avec un âge et une situation sociale comparable à celle de sa Mère. Serait-il un candidat sérieux ? Natanaël se promis de le surveiller de très près au Bal. S'il voulait un jour entrer dans la vie de sa mère, il lui faudrait son approbation. Le blond voulait le meilleur pour la première femme de sa vie. « Déjà ? Je comptais faire une pause pour un thé, mais puisque tes machines t'appellent... je ne saurais les contrarier. Je t'aime aussi, mère. A ce s... » Natanaël n'eut pas le temps de terminer sa phrase ; Ernelle l'embrassait de toute la force dont elle était capable, en brisant certainement ses rares côtes qui avaient survécu à sa première étreinte. « ...sss...soir. »

Le lendemain, Natanaël recevait son ruban : il était gris à rayures noires. Yvonelle avait-elle reçu le même ? En revenant de son entraînement matinal, il pris son bain puis alla s'asseoir à son secrétaire pour écrire une lettre à sa fiancée. Elle avait beaucoup insisté pour qu'il se mette sérieusement au sport. Elle avait raison : être marin était physique et plus il s'y mettait tôt, moins ce serait douloureux. Et surtout, il était motivé par une image d'un Natanaël du futur plus viril, et donc plus à même de la séduire. Il s'imaginait avec des bras saillants et de larges épaules pour porter sa belle jusqu'au lit.

Elle et toutes les autres, d'ailleurs. Le blond était grisé par les jeux de séduction. Longtemps, il avait envié les regards féminins qui se posaient sur le corps de Childéric. Combien allaient se retourner sur lui au Bal ? Qui serait la chanceuse liée à son ruban ? Il avait hâte de le savoir. Songeur, il ne remarqua pas que des gouttes d'encre avaient noirci le papier de sa lettre vierge. « Saperlipopette ! » Le rêveur se saisit d'une autre feuille, trempa sa plume et écrit la lettre sans attendre, cette fois.

Ma chère et tendre fiancée,

Aurons-nous le luxe de danser ensemble toute la soirée du Bal ? J'ai reçu mon ruban : il est gris à rayures noires. Cette couleur ne rendra pas honneur à ton teint, mais si l'on est ensemble, n'hésite pas à le camoufler sous tes jolis bracelets en or. Je n'en serai point gêné : j'aurai d'autres façons de crier mon amour pour toi sur tous les toits !

Qu'en est-il des rubans d'Elzibert et de Déodatus ? Et Rosette, le sais-tu ? J'espère que la chance leur a souri aussi. En attendant de te revoir, je suis plus régulier que jamais dans mon entraînement physique. Je veux être beau pour toi au Bal !

Tu me manques.

Amoureusement,
Ton Natanaël

Il avait hésité à aller la revoir avant le Bal. Mais il savait que tout couple avait besoin de ses moments de respiration, et cela semblait être le cas pour Yvonelle. La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés, il trouva qu'elle lui échappait : son esprit était embrumé de réflexions de femme auxquelles il ne comprenait pas grand chose. Il avait donc décidé de laisser le manque s'installer entre eux avant l'événement pour en profiter deux fois plus avec elle. Néanmoins, Natanaël avait des besoins : il prévoyait d'aller voir Rosette avant. Pourquoi pas dans l'après-midi, d'ailleurs ? C'était elle qui avait envahi son esprit quand il s'était masturbé dans la baignoire, plus tôt. Son corps la réclamait.

Mots: 1080

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Mitsu
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Mitsu
Dim 09 Oct 2022, 18:17


Image par Joelin Tan

Explications


Bonsoir  Les Portes - Chapitre V  - Page 8 758782

Donc, je vous laisse continuer tranquillement pour ce tour-ci ! Le tour prochain, on initiera la fin du "pré-bal" et le début du bal =)

Pour le duo du bal, j'ai :
- Zébella et Déodatus
- Ezidor et Adénaïs
- Gustave et Eléontine
- Adolestine et Merlin
- Clémentine et Montarville
- Yvonelle et Natanaël
- Madeline et Lambert
- Ernelle et Hermilius
- Coline et Ludoric
- Childéric et Garance
- Elzibert et Rosette

Il me reste, de non-déclarés avec un partenaire : Placide, Lénora et Clémentin (mais je pense que c'est normal xD)

Rappel sur les rubans (si jamais vous faites un trafic, n'hésitez pas à me prévenir dans le sujet HRP pour que je modifie les duos ici ^^) :
- Montarville & Madeline (ruban jaune à pois roses)
- Gustave & Clémentine (ruban rose à étoiles vertes)
- Déodatus & Eléontine (ruban bleu à rayures vertes)
- Ludoric & Adolestine (ruban orange à losanges bleus)
- Clémentin & Rosette (ruban vert à fleurs rose)
- Ezidor & Placide (ruban marron à pois noirs)
- Hermilius & Zébella (ruban violet à cœurs bleus)
- Elzibert & Coline (ruban rouge à papillons noirs)
- Merlin & Garance (ruban noir à potimarron orange)
- Natanaël & Yvonelle (ruban gris à rayures noires)
- Childéric & Adénaïs (ruban blanc à rayures dorées)
- Lambert, Ernelle et Lénora (ruban bleu à rayures dorées)

Voilà ! Amusez-vous bien 8D

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectif secret : J'ai fait un objectif secret pour vos personnages que je vous ai envoyé par MP 8D N'hésitez pas à mettre tout en œuvre pour le réaliser ^o^

Secret : Normalement c'est tout bon o/ Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement 8D

Voilà !  Les Portes - Chapitre V  - Page 8 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  Les Portes - Chapitre V  - Page 8 1628

Participants


La liste des participants est >> ICI << avec les rôles associés. D'ailleurs j'ai rajouté Judas si jamais 8D

- Babelda (Montarville) : V
- Hélène (Garance) : V
- Kiara (Coline) : V
- Kyra (Adolestine) : V
- Ikar (Placide) : V
- Faust (Gustave) : V
- Lucillia (Eléontine) : V
- Laen (Hermilius) : V
- Dastan (Ludoric) : V
- Latone (Madeline) : V
- Adriaen (Lambert) : V
- Yngvild (Rosette) : V
- Chelae (Clémentine) : V
- Léto (Ernelle) : II
- Tekoa (Childéric) : II
- Min (Natanaël) : IV
- Eibhlin (Adénaïs) : V
- Lucius (Elzibert) : V
- Stanislav (Déodatus) : III
- Lana (Yvonnelle) : V
- Chuan (Lénora) : II
- Dorian (Ezidor) : III
- Wao (Merlin) : II
- Susannah (Zébella) : V
- Erasme (Clémentin) : V

Deadline Tour n°6


Dimanche 16 octobre à 18H

Gain Tour n°6


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Suite du ruban I : Ce ruban permet à votre personnage d'utiliser son propre corps pour faire ressentir des choses à l'autre.

Exemple : si un personnage s'enfonce une aiguille dans le ventre, l'autre ressent la sensation. S'il se caresse le genou, l'autre ressentira une caresse sur son genou. Toussa toussa
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Kitoe
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Kitoe
Dim 09 Oct 2022, 19:51

Faust
Les Portes V
TW : c'est très long et déprimant, je suis désolée


Gustave poussa un soupir satisfait en s'installant au balcon. Cela faisait longtemps qu'il n'y était pas allé. Cela faisait encore plus longtemps qu'il n'y était pas allé avec Éléontine, et cela le rendit encore plus nostalgique. En outre, le temps était radieux et il faisait bon : ni trop chaud ; ni trop froid. C'était parfait.

-Ah oui ? D'accord.

Sa femme et son cousin s'entendaient très bien, c'était connu. Aussi, il était loin de se douter de ses intentions. De plus, la consanguinité appartenait aux rustres des royaumes voisins.

-Je pensais me promener à cheval.

Ça lui arrivait quand il faisait beau et qu'il s'ennuyait – car ce qui l’occupait la majorité du temps étaient bel et bien l’adultère et son nombrilisme. Il pouvait se dresser, le buste bien bombé sur son destrier lorsqu'il arpentait les grands chemins, puis s'adonnait à une pratique plus sportive en-dehors de ceux-là. Il fallait bien qu'il s'entretienne, s'il désirait maintenir sa réputation de plus bel homme du royaume.

-A ce propos, j'aurais volontiers proposé une partie de chasse à courre à Hermilius dans les prochains jours. Peut-être pourrais-tu lui transmettre ma demande ?

Pourquoi pas, après tout ? Ils se fréquentaient si peu alors même qu'ils vivaient dans la même propriété. Gustave n'était même pas au courant des ambitions de l'homme. A ses yeux, celui-ci ne semblait pas en avoir et cela avait quelque chose de triste à ses yeux. Peut-être pourrait-il lui donner quelques conseils en matière de séduction. Ses yeux perdus dans le paysage revinrent à sa femme lorsqu'elle choisit enfin de lui révéler ce qu'elle avait sur le cœur. Son demi-sourire au coin de sa bouche témoignait d'un état de détente profonde. De temps en temps, il sirotait un peu de l'alcool dans son verre. Il le trouvait un peu fort pour l'occasion et celui-ci avait un goût étrange, mais ne dit rien. A vrai dire, il ne buvait pas souvent de cette bouteille, d'où peut-être l'inhabitude, et il n'était pas d'humeur à être tatillon avec sa bien-aimée. Non, il était d'humeur au calme, à la quiétude d'un après-midi douillet et... et... quoi ?

Pardon ?

Il ne l'avait pas dit mais il l'avait pensé tellement fort que la question était écrite sur son visage. Ses yeux de faucon scrutèrent le moindre centimètre carré qui constituait sa compagne, à la recherche du signe qui trahirait la plaisanterie. Tout d'un coup, il était très sérieux.

-Tu portes un enfant. Répéta-t-il pour confirmer, même si l'intonation était loin de l'interrogation.

Il la laissa parler. Parce qu'elle avait beaucoup à dire – il n'avait jamais été autant à l'écoute – et parce qu'il ne savait pas quoi dire. Il était vrai qu'il y a quelques années, ils avaient décidé, d'un commun accord, qu'ils n'en auraient plus.

-Tu as décidé d'avorter. Sans m'en parler au préalable.

Même si cela n'avait pas fait partie de leurs plans, il ne lui en voulait pas d'être tombée enceinte. En revanche, il ne comprenait pas sa manière d'avoir pris cette décision dans son dos. C'était autant son enfant que le sien, alors il lui paraissait juste et évident d'avoir son mot à dire sur la question. Mais il semblait qu'elle avait déjà tout fait sans lui.

-N'as-tu jamais jugé bon de le faire ?

Il parlait d'une voix grave, mais calme. En fait, il ne comprenait pas son comportement et cela l'irritait. Il se sentait dupé.

-Ni menteuse, ni manipulatrice, ça, je le sais bien. Toujours est-il que tu as jugé bon de m'omettre ta condition ? Et maintenant, me voilà devant le fait accompli sans avoir mon mot à dire, c'est bien cela ?

Et lui alors ? Et s'il avait envie de cet enfant ? Visiblement, son avis n'avait aucune valeur. Lui qui était pourtant le chef de famille, le propriétaire de tout le domaine de Tuorp, il n'avait pas son mot à dire. N'était-ce pas aussi risible qu'aberrant ?

-Non, je ne comprends pas, Éléontine.

Il était loin de comprendre ses agissements. Plus que jamais, il se sentait loin d'elle et cela lui fendait le cœur. Il ne l'avait jamais aussi mal comprise qu'en cet instant. Alors qu'elle s'apprêtait à le quitter, il se leva.

-Attends.

Il voulait la suivre, l'intercepter, mais elle ne l'écoutait déjà plus, bien déterminée à mener son idée à bien, allant même jusqu'à lui coller une domestique dans les pattes pour le ralentir.

-Éléontine ! Gronda-t-il.

Il savait que c'était peine perdue mais il ne pouvait pas rester là, les bras balans. Il avait son mot à dire et il le brailla, le cria, le tonna.

-Reviens ici ! Éléontine !!!

Mais il avait beau élever la voix, la démarche était vaine. Et il le savait, au fond. La seule manière de lui faire entendre raison était de… Gustave cessa de la suivre. Non. Il ne devait pas en venir aux mains. Il pensait à l’enfant : il ne voulait pas d’un infirme. Haletant, il regarda son épouse partir, l'air perdu. Et il resta là, dans l'encadrement d'une porte, durant de longues minutes. Jusqu'à ce qu'il se dise qu'il avait besoin de boire. Il fit volte-face.

-Dégagez ! Hurla-t-il à la domestique, qui lui collait aux basques depuis tout ce temps.

Il ne voulait plus la voir. Il ne voulait plus voir personne. A grands pas, l'homme se dirigea vers la première commode qu'il savait contenir des liqueurs. Là, il s'empara d'une bouteille au hasard, arracha le bouchon et se servit un verre, qu'il avala d'un trait. Il ferma les yeux, inspira profondément, puis expira. Il laissa l'alcool lui brûler la gorge. Il se resservit quelques fois. Entre temps, ses doigts pianotaient sur le meuble. Il attendait que cela fasse effet. Que cela calme ses nerfs, comme si ce devait être aussi rapide qu'automatique. Mais rien ne se passa. Rien ne se passa jamais. Au contraire : plus le temps passait, plus il sentait sa rage gronder. Elle s'épaississait comme une boule de neige, une boule de neige noire au fond de ses tripes et qui vrombissait d'une fureur sourde, mais qui n'attendait que d'exploser. Éléontine allait le rendre fou. Il se posait trop de questions et elle n'avait même pas voulu prendre le temps d’y répondre. Depuis quand savait-elle ? Depuis quand avait-elle pris sa décision ? Pourquoi ne lui avait-elle pas dit plus tôt ? Pourquoi maintenant ? Et surtout, pourquoi lui n'avait pas le droit de venir l'assister et préférait passer du temps avec Hermilius ? Hermilius, sérieusement. Qu'avait-il de plus que lui ? Que valait une amitié par rapport à un mariage, hein ? Et pourquoi se sentait-il soudainement jaloux de ce cousin pas si enviable que ça ? Gustave essayait de ne pas céder, mais c'était pire chaque seconde. Il comprit qu'il était trop tard lorsque son verre éclata dans sa main alors qu'il voulait simplement le reposer. Un premier cri lui échappa alors que le verre écorchait sa paume. S'ensuivit un juron, puis un second. Et là, il implosa. D'un bras, il balaya la surface de la commode. Vases, cadres et bibelots de valeur tombèrent par terre et se brisèrent. Il rugit.

*


-Putain de merde.

Il avait un peu envie de chier. Mais il ne se leva pas pour autant. Il n'était pas certain d'en avoir encore la force. Non, en fait il en avait clairement la flemme. Il grommela deux mots et sa tête roula sur le dossier. Gustave était avachi dans un fauteuil qu'il avait déplacé dans un coin du salon, à l'écart du reste du mobilier – ou presque. Dans sa main droite, il tenait par le goulot une bouteille de whisky quasiment vide. Dans sa main gauche, une lettre tachée, froissée et où l'encre avait bavé par endroits. Autour de lui, le chaos. Des bris de verre jonchaient le sol pourtant recouvert d'un immense et épais tapis. C'était son carnage, l'expression de sa colère. Nombre de domestiques avaient tenté de l'arrêter, mais il avait déployé une telle violence qu'ils avaient tous fui, préférant sacrifier une pièce plutôt que d'y laisser leur vie. Etonnamment, dans tout ce désordre, seuls les cadres des murs avaient été épargnés. Peut-être parce qu'ils étaient trop lourds...

-Hermilius...

Pour une raison ou pour une autre, celui-ci l'obsédait. Il s'était passé quelque chose lors du discours d'Éléontine. Gustave avait décelé quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Il ne comprenait pas. Son esprit actuellement embrumé ne l'emmenait nulle part. Pourtant, il était persuadé d'y voir très clair. Et il s'était rarement senti aussi délaissé.

Gustave entendit des bruits de pas. La présence d'un homme était trahie par le crissement sous ses pieds. Il tenta de rouvrir les yeux, même s'il avait l'intime conviction que ses paupières étaient collées entre elles.

-Hm ?

Il parvint à en ouvrir un, vitreux, et détailla l'inconnu. Un homme grand, fin, pâle, sombre. Il plissa son unique œil, mais... non, ça ne lui disait rien. Il ne connaissait pas ce visage.

-Votre nom me dit quelque chose, en revanche.

Gustave se demandait bien ce que l'homme faisait là et comment il était entré. Il ne lui posa pas la question. Cela lui revint après, à la mention de sa femme. En attendant, le De Tuorp bascula en avant et ses avant-bras vinrent prendre appui sur ses cuisses. D'un geste leste, il désigna un siège au médecin, puis l'écouta déblatérer. Cela aurait peut-être dû l'énerver, mais le sujet de l'avortement ne le faisait plus broncher. Il fallait dire qu'avec le capharnaüm qu'il venait de mettre, il était épuisé. Gustave était moite et ses habits, comme ses cheveux en bataille, témoignaient de l’effort qu’il y avait mis.

-Hm. Répondit-il pour le toast.

Il eut une moue, puis d'un mouvement qui ne semblait pas provenir de lui, il leva haut sa bouteille. D'un geste du menton, il désigna un meuble à Ezidor, donc la porte était à moitié éventrée.

-J'sais pas s'il reste grand-chose, mais servez-vous.

Pour sa part, il but, mais réalisa bien vite qu'il était à sec.

-Merci.

Il récupéra le verre que lui tendait l'acolyte. C'était bien gentil de sa part. Après avoir bu la boisson d'un seul trait, il acquiesça.

-Bien sûr, allez-y. Mais à condition que j'puisse vous appeler Ezidor, docteur.

Il retomba dans le fond de son fauteuil, pas mécontent d'avoir un peu de compagnie. Il n'était plus tellement en colère, mais plutôt mélancolique. Mais attention : il n'allait pas se mettre à chialer, car il n'était pas une tafiole. A la question qui lui était adressée, Gustave entrouvrit la bouche, puis se figea. Son expression stupéfaite se transforma en rictus. Il ne comprenait pas la question. Il dut attendre la deuxième interrogation.

-Aveugle, moi ? Bien sûr que non, qu'est-ce que vous me racontez ?

Mais la mine impassible du médecin le força bien vite à arrêter de sourire.

-Qu'est-ce que vous me racontez ? Répéta-t-il avec plus de sérieux.

Des philtres d'amours ? Lui ? Pourquoi ? Par qui ? C'était complètement absurde. Personne ne le tenait en joue à coup de potions. Et quand bien même c'était le cas, il ne regrettait rien avec Éléontine !

-Hé ! S'écria-t-il soudain, comme s'il réalisait qu'il venait de se faire traiter de gros dindon.

Il marqua une pause, réfléchit pour remettre de l'ordre dans ses idées. Ezidor avait terminé son discours depuis quelques secondes et Gustave traitait toute l'information avec un certain délais.

-J'ai un cœur et j’vous permets pas de dire ça ! J'aime ma femme et je suis fidèle. D'ailleurs, où est-elle, ma femme ? Il appela : Éléontine ? Hé oh ! Titiiiine !

Pour autant, il ne se leva pas pour aller la chercher. C'était comme si ses jambes ne fonctionnaient plus. Et puis, il était bien là, mine de rien.

-Vous dites n'importe quoi. Il ricana, cynique. Pourquoi diantre quelqu'un voudrait-il ma mort ? Ça n'a pas de sens.

En réalité il avait peur, mais était trop ivre pour le montrer correctement. Il rit. Ça l'aidait à combler le silence. Car le silence, tout à coup, le terrifiait. Il avait l'impression que s'il se taisait, il allait se faire dévorer par tout ce qu'Ezidor venait de lui jeter à la figure, alors même qu'il n'avait pas compris la moitié de ses propos. Malheureusement, le moment fatidique arriva, où il n'eut plus la force de rire. Et le silence les entoura. Affamé. Assourdissant. Son regard se posa sur ses mains, ou plutôt sur ce qu'elles contenaient. Il lâcha délibérément son verre vide, qui chuta sur la précédent bouteille, dans un tintement désagréable. Il agita sa main qui tenait toujours le papier.

-C'est Garance. Garance de Lieugro, la princesse. Il s'était senti obligé de préciser. Elle veut que j’m'excuse de vive voix au bal. On couche ensemble, et Éléontine a failli nous surprendre, alors... Il ne termina pas sa phrase. C'était trop compliqué à expliquer. Je trompe ma femme. Admit-il, comme si ce n'était pas clair, en plus d'être le scoop du siècle. J'couche aussi avec Adénaïs, des fois.

Il pointa quelque chose du doigt, à l'autre extrémité de la pièce : un parchemin, sur l'assise d'un fauteuil qu'il avait envoyé valdinguer.

-J'avais commencé à lui écrire une lettre, mais j'ai pas réussi à terminer. Dit-il sur un ton monocorde. Éléontine m'a arraché mon gosse, alors j’voulais récupérer ce qui est mien et encore en vie. Comment il s'appelle, déjà ? Son prénom ressemble au vôtre. Ezi... El... Il abandonna. C'est un bâtard, mais j’voulais le reconnaitre. Sa mère m'a tanné avec ça fut un temps, alors j’lui dois bien ça. Vous pensez... vous pensez qu’c'est une bonne idée ?

Il se tut. Ou voulait-il en venir avec tout ça, déjà ?

-C'était le mien, le gosse à Éléontine, hein ? Elle était enceinte de moi.

Il demandait parce qu'il ne savait plus s'il avait tant couché avec elle que cela, dernièrement. Tous ses muscles se relâchèrent. Il se sentait... désespéré.

-Qui est-ce qui veut ma mort ? Il n'était pas certain de vouloir savoir. Vous allez vraiment me tuer ?

Était-il vraiment face à sa fin ? A la faucheuse ? S'il avait su, il ne se serait pas mis une mine pareille. S'il avait su, il se serait enfui et aurait trouvé refuge chez Garance, comme sa femme le lui avait proposé plus tôt dans la journée. Gustave tenait à la vie et aussi aux apparences. Il ne souhaitait ni mourir comme un dépravé, ni comme un pleutre.

-Écoutez. Il se redressa. Était-ce l'instinct de survie qui le faisait décuver plus rapidement ? Si c'est de l'argent que vous cherchez, j'en ai. Je peux racheter les prestations qu'on vous a demandé, trois fois le prix initial pour chaque tête. Et je pourrais vous entretenir aussi longtemps qu'il le faudra. Si c'est des femmes, je peux vous en ramener. Si c'est du pouvoir, je peux vous donner Garance. Je sais que vous connaissez déjà Montarville, mais c'est différent, puisqu'elle cherche à lui prendre le trône. Vous pourriez la marier. Et le bal... le bal est une bonne occasion d'en discuter avec elle, non ?

Il ne savait pas quoi faire pour sauver sa peau. Tant qu'il vivait, c'était l'essentiel. Le prix importait peu.

-Tiens, d’ailleurs, en parlant de bal…

Il fouilla dans la poche de son pantalon, puis brandit un ruban coloré, qu’il tenait fermement dans son poing.

-Je l’ai trouvé ! Il se pencha, l’air de lui faire une confidence. J’ai cherché celui de Titine, mais j’l’ai pas trouvé. J’voulais savoir.

Il voulait savoir s’ils resteraient ensemble. Ou si Éléontine danserait avec un autre homme. A défaut de pouvoir secouer la tête sous peine de vomir, Gustave cligna des yeux et rattrapa le sujet principal là où il l’avait laissé.

-Vous commettriez une grosse erreur en me tuant. Donnez-moi votre prix. Vous savez, nous pourrions être collègues. Et mon fils ! Vous l’avez vu ? Il pourrait être votre bras-droit.

Il délirait. Et il avait encore envie de chier.

2654 mots
J'ai fait ce que j'ai pu Les Portes - Chapitre V  - Page 8 692



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Dim 09 Oct 2022, 22:05



Les Portes




Ma tendre Adénaïs,

La seule femme que je désire à mon bras n’est nulle autre que toi. Je ne remettrais jamais en question les qualités de Garance de Lieugro mais celles-ci ne sauraient t’effacer à son profit. Il est impossible de vous comparer puisque, au jeu de l’amour, elle sort forcément perdante. Tu sais que je t’aime et l’amour ne s’incline jamais devant la raison. Tout, en toi, me plaît et je suis prêt à m’adapter à tous les aléas de la vie, du moment que je puis te rendre heureuse. J’aimerais que tu m’en donnes l’occasion, chaque jour. Néanmoins, je comprends ta situation et je ne veux pas me montrer insistant. Sache cependant que mon cœur t’est acquis, ainsi que ma main.

Oui, tu as raison. Ma sœur et le Roi pourraient très bien s’entendre, même si je songe que Sa Majesté est toujours enfermé dans les méandres de son deuil. Je peux aisément le comprendre puisqu’il me suffit de penser qu’il pourrait t’arriver malheur pour sentir mon corps agoniser. Cela étant dit, peut-être que Clémentine saura toucher le cœur du Roi, au moins pour lui offrir une tendre amitié et une oreille attentive. Il me semble que le pouvoir éloigne les amis sincères et est source d’une solitude que personne n’aurait à devoir vivre.

J’ai malheureusement appris l’état du Prince. Je tenterai de m’entretenir avec lui afin de l’interroger et de le conseiller. J’ai bien peur, pour faire écho à mon paragraphe précédent, que Placide se sente seul et peut-être incompris. Néanmoins, cette triste nouvelle apporte une opportunité pour ton fils. Aller au bal avec une Princesse pourra lui apprendre beaucoup. Je suis certain que tes conseils avisés lui permettront de résister à la rudesse de Zébella d’Uobmab.

Même si je devrais garder cette information secrète, je veux bien te révéler les couleurs présentes sur mon ruban. Celui-ci est blanc et doré.

À toi,  

Childéric.  

___________

« Oui, viens. » dis-je, à l’attention de ma sœur, les ciseaux à la main. Je tournai les yeux vers elle et remarquai immédiatement le brillant des siens. Les traits de son visage avaient légèrement gonflé et, sur ses joues, il y avait comme des sillages. Ces derniers étaient presque invisibles mais j’avais passé un temps incalculable à tromper autrui. Je connaissais donc toutes les techniques attachées à ce genre de pratiques. Mes sœurs ne s’étaient jamais doutées de mes activités, ni même de mes addictions et autres dérives. J’avais toujours souri devant elle, même après en avoir jeté une en pâture. Malgré l’assurance dont j’avais fait preuve dans la lettre à destination d’Ezidor, celui que j’avais été par le passé était différent de celui que j’étais à présent. Si je le regrettais, c’était avant tout parce que lui n’avait pas de cœur et, de ce fait, ne pouvait souffrir autant que je le pouvais à présent. J’étais devenu bien plus aimant… sincèrement aimant. « Oui, je veux bien si ça ne te dérange pas. Je n’ai malheureusement pas encore des yeux derrière la tête. » Je souris et lui tendis les ciseaux.

Je me tournai vers elle. « Je comprends la pression que tu ressens, mais sache que le Roi est quelqu’un de bon et qu’il s’agit avant tout de passer un bon moment. C’est vrai que tous les yeux seront tournés vers toi mais tu n’auras qu’à être comme d’habitude. Tous t’aimeront. Adénaïs trouve d’ailleurs que le Roi et toi êtes particulièrement assortis et je pense que c’est le cas pour la plupart des membres de la noblesse. » Je marquai une pause et acquiesçai. « Je suis sûr que ta robe est très belle mais je viendrai la voir volontiers afin de te donner mon avis. En plus, je dois t’avouer que je suis curieux quant à cette dernière. » Ma mine prit une expression plus sérieuse lorsqu’il fut question du Prince. « Oui, c’est vrai. Ses jours ne sont, heureusement, pas en danger. J’aimerais penser qu’il ne s’agit là que d’un accident mais… tu sais comment sont les jeunes. Un rien suffit à les faire basculer. Placide a l’air d’être un garçon sensible et peut-être a-t-il trop souffert récemment ? Sa place n’est pas facile. Beaucoup colportent qu’il est trop faible pour monter sur le trône. Je pense, moi, qu’il serait bien plus fort si l’on croyait en lui et que l’on tirait avantage de ses qualités au lieu de pointer du doigt ses défauts. »

« Eh bien… J’ai envoyé un courrier à Garance de Lieugro afin de lui proposer de m’accompagner au bal. J’attends encore sa réponse. J’avais proposé à Adénaïs d’Etamot mais il se trouve qu’elle a déjà un cavalier. » Je lui souris. « Ce n’est pas grave. Je l’accompagnerai sans doute lors d’une prochaine occasion. » ajoutai-je, afin qu’elle ne s’inquiétât pas. « Et non, je ne sais pas du tout avec qui Ernelle y va. Je m’étais dit que, peut-être, elle préférerait rester au domaine. » Je fis quelques pas en direction de ma commode. J’ouvris un tiroir et en sortis le ruban. « Le mien est ainsi. Et le tien ? » Je m’arrêtai de parler et la dévisageai. « Clémentine… Je sais que tu as pleuré. Tu n’es pas obligée de m’en parler mais sache que si tu veux le faire, je suis là. » l’encourageai-je.

___________

À Son Altesse Garance de Lieugro,

Je vous suis reconnaissant d’accepter si promptement mon offre mais la suite de votre lettre, je dois vous l’avouer, m’inquiète légèrement. Bien entendu, comme vous me l’avez demandé, je renforcerai la sécurité durant les festivités afin qu’il ne puisse y avoir aucun débordement malvenu.

Pour le moment, je n’ai eu vent que de la tentative de suicide du Prince et j’espère que la nouvelle en question n’est pas aussi grave que celle-ci.

Pour une Couronne forte et soudée,

Votre loyal et dévoué, Childéric d’Ukok, Chef des Armées de Sa Majesté

___________

À Ezidor,

Soyez bien avisé que ma position n’a en rien altéré mes facultés premières. Elle me fournit simplement les moyens de mes prétentions. Je puis vous assurer qu’un ordre sorti tout droit de mes lèvres suffirait à chasser quiconque de ce Royaume. Ou bien pire.

Néanmoins, comme vous le soulevez si bien, je suis ravi de votre retour et ai hâte de m’entretenir avec vous. Pourquoi nous quereller alors que nous pourrions marcher dans une direction commune ? Je ne suis pas de ceux à oublier le passé, quel qu’il soit. Néanmoins, mon présent s’écrit avec Adénaïs d’Etamot et si je ne suis pas contre recevoir vos conseils, comme par le passé, je vous conseille, moi, de ne rien faire qui pourrait porter atteinte à sa personne. Au cas où les choses ne seraient pas assez claires : votre futur se construira dans un cachot, à vous faire torturer de jour comme de nuit, si vous osez toucher un seul cheveu de cette femme dans un objectif autre que son bien-être.

Je suis cependant certain que vous saurez vous montrer raisonnable, afin de garantir une amitié de longue date. Vos intérêts comme les miens ne peuvent souffrir d’une quelconque trahison car la perte de l’un entrainerait sans conteste la perte de l’autre. Nos langues sont bien plus à leur place enfermées dans notre bouche que dans les oreilles d’interlocuteurs indiscrets.

Affectueusement,

Childéric.

1 014 mots
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Lun 10 Oct 2022, 12:12



Elle était effrayante. Cette image, juste en face d'elle, censée représenter le joyau poli D'Eruxul ne lui rendait aucun honneur. Une infâmie digne des pires engeances ternissait son visage et continuerait de prendre de l'ampleur tant que ses pleurs s'intensifieront ; sous la frustration de cette vie qui lui échappait, sous le comportement irritant de son mari. Sous les manigances de tous ces nobles sans âme. S'il n'y avait bien qu'un seul moyen de pouvoir passer un bras en dehors de sa cage, il se présentait ainsi : s'abaisser à leurs bassesses. Là où ils ne s'attendront pas à la voir. Là où Lambert ne me…

Madeline sursauta. La coiffeuse sembla avoir eu bien plus peur qu'elle tant elle tremblotait encore, même si ce n'était qu'une impulsion de sa maîtresse. La voix de Rosette lui instilla autant d'effroi que de réconfort, car sous ce toit, il n'y avait bien qu'une oreille attentive qui saurait récolter les prémices de son chagrin. Eléontine devait être trop occupée et elle ne se voyait pas héler le cocher maintenant ; même si ce ne serait pas la première fois qu'il se fît entraîner par les lubies soudaines de la Dame. Cette dernière ne se retourna qu'à moitié vers sa progéniture, comme si sa précédente conversation lui avait siphonné toutes ses forces. Au moins, Rosette trouvait le courage d'exprimer ces mots, alors que sa mère suffoquait sous l'irritation et le désarroi. Aussitôt consciente de son état, Madeline se détourna et attrapa à la volée un tissu pour alléger les dégâts encrés sur son visage. Il y en avait beaucoup trop et même sa robe était fichue. Une moue éplorée tordit ses traits et sa frustration revint à la charge dans ce jeté de mouchoir sur le plan de travail. Elle soupira, résolue à supporter ce portrait plus qu'affligeant le temps de se remettre de ses émotions. Y parviendra-t-elle ? Rien n'était moins sûr.

" R-Rosette. " De toute évidence, elle avait besoin de s'éclaircir la voix.

Faisant fi de son sort, la noble recouvrit le sourire d'une mère aimante à l'égard de son enfant. Parce que s'il y avait bien une âme qui devait être préservée de son chagrin, c'était sa petite. Par ailleurs, Madeline percevait bien mieux les signes que Lambert, ainsi se leva-t-elle sur-le-champ pour rejoindre Rosette, sa main glissant tendrement sur l'épaule de sa fierté.

" Excuse-moi, nous pourrions croire que je sors d'une porcherie. Vu l'animal qu'elle fréquentât tantôt, cela lui parut plutôt approprié. Tout va bien, ta mère a juste besoin de… – elle se figea, tant de réflexions lui traversaient l'esprit ; certaines beaucoup moins chastes que d'autres – faire quelques ajustements avant le bal. "

Madeline était trop distraite. À l'instar de toutes ces années, muselée de la sorte, elle prit quelques secondes avec son for intérieur pour enfouir ces hantises. Elle ne déterrera qu'avec parcimonie. A tâtons, sur le pas de sa danse émancipatrice. Pour l'heure, elle devait continuer de jouer le rôle de la Dame modèle. Seulement, avec Rosette, elle demeurera une mère à l'écoute.

" Viens t'assoir, tu m'as l'air un peu pâlotte. " Elles l'étaient toutes les deux.

D'une main de maîtresse, la Dame D'Eruxul accompagna sa descendante jusqu'à la fameuse coiffeuse. Ainsi placées, elles pouvaient se confier face à leurs reflets conjugués. Ce rituel portait toute la complicité mère-fille qu'elles entretenaient. Après tout, Rosette connaissait l'attrait de Madeline pour la recherche constante de beauté et Madeline était parfaitement au fait que seule sa mère saura l'écouter et la comprendre. Malgré son état, un sourire sincère cherchait à se pavaner le long de ses lèvres ternies. Elle s'empara d'une brosse et s'occupa de la crinière flamboyante de sa petite.

" Tu reviens de la volière. Sans s'éterniser davantage, elle exhiba une plume qu'elle venait de dénicher entre les mèches de Rosette. Tu sembles préoccupée. Qu'est-ce qu'il ne va pas ? Elle se fit réceptrice quelques secondes avant de rajouter : Tu peux tout me dire. " Puisqu'elle n'était plus qu'un puit débordant de peines.

~~~
Mon Roi,

Le caractère officieux de cette missive risque de vous troubler, mais je tenais à vous adresser ces mots au plus tôt. Nous sommes toutes et tous happés par les récents événements, qu'il nous apparait alors impossible de nous écouter.

Je souhaite vous transmettre mes regrets quant à vos peines ; toutes vos peines. C'est pourquoi j'oserai attraper la moindre occasion pour vous parler durant le bal. Bigre, mes mains seront vôtres pour vous accompagner dans une ronde où les esprits se délieront.

Mon ruban est jaune à pois roses.

Sincèrement vôtre.

Madeline D'Eruxul

En révélant la couleur de son ruban, elle espérait que le Roi devinerait ô combien Lambert cherchait à se l'approprier par tous les moyens ; et que par sa noble bonté d'âme, Montarville saura la tirer de ses serres. Contrairement à son mari, Madeline ne connaissait que trop peu les méandres du château royal. Elle avait longuement hésité à faire part de cette lettre directement à Montarville, et elle ne faisait guère confiance aux domestiques – ni à quiconque entre ces murs de pierres – pour confier un tel fardeau. Ainsi joua-t-elle de son éloquence pour découvrir la chambre du Roi et y glissa l'enveloppe à l'abri des regards. De toute manière, sa propre destination se trouvait non loin de cette position.

La porte de Garance s'ouvrit sous ses yeux. Comme à son habitude, la Dame D'Eruxul s'était parée de sombres pour masquer les démons qui enserraient son visage. Sa robe, en revanche, rougissait d'une irradiance remarquable. Sous le regard vindicatif de la sœur du Roi, Madeline saisit les deux pans opposés de son habit et plia les genoux dans une révérence grâcieuse, propre aux femmes de la haute.

" Ma Dame De Lieugro, mes remerciements de m'accueillir en cette heure reculée. "

Garance et Madeline, un soir, dans les appartements de la première. Eléontine s'étoufferait d'une telle comédie, mais l'innocence n'avait guère sa place entre les deux femmes. La Dame D'Eruxul savait pertinemment qu'elle prenait un – trop – gros risque en venant ici, mais elle ne désirait pas impliquer ses proches dans cette spirale infernale. Elle se fichait bien de Garance en vérité, elle s'en ficherait encore plus éperdument si ça avait été elle à la place de Montarville. Hélas, force lui était de constater que ses options s'avéraient limitées. Une assurance de façade se plaquait sur son enveloppe, alors qu'elle suivit l'invitation de Garance afin de prendre place. L'heure n'était guère plus au thé.

" Avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi de nous féliciter toutes les deux de notre maturité et sagesse d'esprit. Beaucoup d'ineptes se seraient arrêtés sur ces chamailleries sans une bonne et libératrice introspection. D'un geste de la main – à défaut de lever une coupe – elle se glorifia toutes les deux. Il nous aurait été mal avisé de nous présenter au bal avec de telles inimitées sur les bras. "

Elles sauraient tous les deux repérer le vrai du faux. Madeline se pensait suffisamment lucide pour percevoir la couleur des gens. Garance était encrée d'une noirceur effarante, mais c'était bien ce qui lui faisait encore défaut à elle-même pour affronter ses fatalités. Droite comme un piquet, la Bleue joignit ses mains sur son giron et darda la princesse.

" Garance. Fit-elle tomber avec une pointe de froid, connivence à la bouche. Au-delà de toutes autres considérations : vous êtes une femme, comme moi. C'est en cette qualité seule que je m'adresse à vous pour ces quelques minutes d'intimité. Son sourire sa fana, incapable de conserver le marbre à ce sujet. Que pensez-vous de votre collègue, Sieur Lambert D'Eruxul ? Une pause fut volontairement laissée, afin d'instiller avec précision ce qu'elle cherchait à grappiller. Évidemment, vous savez que je sais tout de lui, puisqu'il ne m'est point présentée comme mari à cachotteries, alors… Ne m'omettez rien. " Cette fureur scintillait au plus profond du bleuté.


1397 mots ~



By Jil ♪
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Lun 10 Oct 2022, 13:30



Les Portes - Chapitre V  - Page 8 Js9b

Les Portes V


Rôle :

J’entendis les reproches de Ludoric sans les écouter réellement. Je me sentais déphasé. Il parlait comme si j’avais voulu me tuer, ce qui n’était pas le cas. Je pouvais comprendre. Je comprenais, oui, mais…

« Ludo… »

Je ne pouvais pas répondre à ses questions. Pourquoi as-tu fait ça ? Qu’est-ce qu’il t’a pris ? Le dire à voix haute paraîtrait ridicule. « Je me suis coupé les veines pour être sûr de pouvoir aller au bal et danser avec toi. », lui avouerais-je. Il ne comprendrait peut-être pas. Il me dirait que j’étais fou. Ce n’était pas tout à fait faux mais je n’avais que lui dans la vie. Il n’y avait que lui que j’aimasse (;D) à ce point. Le seul soutien qui m’était acquis, en dehors de lui, s’illustrait dans le visage d’Adolestine. C’était tout. Deux individus à qui je faisais confiance, face à une foule infinie.

Malgré tout, je ne pus empêcher le coup de masse de percuter mon cœur lorsque je vis ses yeux s’humidifier. J’étais coupable de son malheur et je m’en voulais. Je fis un effort énorme pour ne pas pleurer.

« Je pensais à rien. »

Je mentais. Je mentais mais je ne pouvais faire que ça. Lui dire maintenant aurait tout ruiner. Si je ne pouvais pas publiquement être l’homme de sa vie, je serais la femme de sa vie. Dans une société si rigide, il n’y avait pas d’autres choix. Je n’avais pas envie d’être une fille mais le calcul était vite fait. En tant qu’homme, jamais nous ne pourrions rester ensemble. Nous devrions nous entourer d’un secret qui finirait par nous assassiner à petits feux. Que se passerait-il lorsqu’il se marierait et que je devrais le regarder, parader dans les bals, sa femme à son bras ? Et que se passerait-il, lorsque je me marierais ? Je devrais faire des enfants et je craignais d’aimer ça. Je ne voulais pas. Je ne voulais rien savoir. Je voulais qu’il n’y ait que lui.

« Convaincant ? »

Je lui souris. Convaincant dans mes mensonges ? Je préférais ne pas essayer de le convaincre du tout. Pourtant, je savais que je ne m’en tirerais pas comme ça, pas si facilement. Il ne laisserait pas passer l’ouverture de mon poignet comme il aurait pardonné une maladresse quelconque. Je le comprenais. S’il avait fait la même chose que moi, j’aurais voulu le tuer pour de bon. Je lui aurais tellement crié dessus qu’il en aurait eu les tympans percés. J’aurais tellement pleuré que j’aurais inondé sa chambre.

Le baiser me surprit. Je pensai à la porte qui n’était pas fermée à clef, au fait que nous étions dans l’enceinte du palais et que Lénora pouvait revenir d’une minute à l’autre. Seulement, ses lèvres avaient le pouvoir de me faire oublier le reste du monde. Si j’avais pu, je ne me serais nourri d’elles, je n’aurais respiré que par elles. J’y serais resté accroché à jamais parce qu’il n’y avait que contre elles que je me sentais si bien, si entier. À ma place.

Je me reculai légèrement et lui souris.

« Franchement, me traiter de gros con ne va pas me faire guérir plus vite. En plus… je ne suis pas à l’article de la mort. Je suis sûr que je peux courir un marathon. »

Sans ma blessure, je n’aurais jamais pu en courir un. Mon corps rejetait le sport et les muscles avaient oublié de s’y greffer. Ils viendraient peut-être plus tard. Même si j’avais évolué avec l’adolescence, il restait quelques finitions à faire ici et là. Ça viendrait sans doute avec le temps. En attendant, je n’étais pas malheureux puisque si j’avais commencé à avoir de la barbe, passer pour une fille aurait été plus compliqué.

Je bougeai un peu pour atteindre le tiroir de mon chevet. Je l’ouvris et en sortis la clef de la porte de ma chambre. Je la lui tendis.

« Est-ce que tu veux bien fermer la porte s’il te plaît ? En laissant la clef dedans, personne ne devrait pouvoir rentrer. »

Je le fixai. C’était bizarre. Jamais je n’avais été couché dans mon lit en sa présence.

« Comme j’ai toute la nuit pour te convaincre, je n’ai pas vraiment envie d’être coupé dans mes explications par je ne sais qui… En plus, ils s’inquiètent tous pour moi… Je vais finir par mourir d’ennui avec leur tête d’enterrement. »

Je l’observai et souris.

« Je t’assure que ça va. Si je n’étais pas le Prince, personne ne parlerait de ça. C’est deux fois rien… »  

Il fallait qu’il me croit. J’insisterais jusqu’au bout de la nuit s’il le fallait.

Je finis par tendre les bras de chaque côté de mon corps. Le message était assez clair mais je lui fis néanmoins ma réclamation.

« Maintenant… tu dois te faire pardonner de m’avoir traité de gros con et potentiellement d’abruti doublé d’un connard. Je suis le Prince quand même. Du coup, j’exige un câlin. Ce sera un bon début. »

Je souris encore, pour qu’il soit sûr que j’allais bien. Le fait est que j’allais réellement bien et, ce, depuis qu’il était là. Le problème c’est que son baiser avait provoqué un regain de vie inattendu au niveau de mon bassin. J’étais content que la couette qui me couvrait soit épaisse et qu’il ne s’agisse pas d’un vulgaire drap blanc.

« Je ne recommencerai pas, promis. Je te jure… j’ai eu la peur de ma vie. C’était bête. Je pensais juste réussir à ne pas aller au bal comme ça. Je ne croyais pas que je m’évanouirais à la vue de mon sang… En plus, je n’en ai pas perdu beaucoup. Ils ont tous grossi les faits. »

La réalité était quelque peu différente de mon récit mais ça n’avait aucune importance.

**

« À l’attention de Clémentine d’Ukok.

Je vous remercie pour votre lettre. Elle m’a beaucoup touché.

Je crains que les ragots m’aient placé dans un état bien plus grave que ce qu’il n’est réellement. Si je ne pourrai pas me rendre au bal, ma santé n’est pas en danger.

Je m’excuse de vous avoir inquiétée, ma Dame.

Avec mes salutations distinguées,

Placide de Lieugro. »

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Lun 10 Oct 2022, 18:40



Les Portes


Je sortis du bain. Il me semblait n’avoir jamais senti aussi bon. L’eau chaude était un luxe que je n’avais pu me payer qu’en de rares occasions. Ma peau sentait à présent le citron. L’acide semblait pourtant s’être adouci instantanément, lorsque mon corps avait émergé. Ma mère m’avait souvent dit que je sentais naturellement le sucré et que c’était la raison pour laquelle elle ne pouvait s’empêcher de me couvrir de baisers. Elle aimait humer le dessus de mon crâne. J’avais beau rouspéter, elle n’en faisait qu’à sa tête, sa poigne de paysanne n’ayant commencé à faiblir contre la mienne qu’après ma croissance. Je pensais à ce qu’elle avançait souvent : que c’était à cet endroit précis, là où la racine des cheveux se trouvait, qu’il était possible de se faire une idée de la réelle fragrance d’un individu. Après ça, elle repartait dans ses délires, à me désigner comme de sang noble. Elle n’avait jamais voulu me révéler l’identité de mon père et, quoi qu’il en fût, je ne l’avais jamais crue. Nos voisins la traitaient de vieille folle. D’après eux, elle avait eu un enfant hors mariage et, puisqu’elle n’assumait pas, avait inventé cette histoire. Je n’étais pas convaincu par leurs bassesses non plus. J’imaginais volontiers qu’elle tentait de me préserver et que, enfant, elle avait souhaité me faire rêver à ce père absent. Elle n’avait pas voulu me dire qu’il devait s’agir d’un ivrogne aussi violent que misérable. Elle avait souhaité que j’imaginasse quelqu’un de mieux. Cependant, sa haine des nobles m’avait toujours positionné dans une situation étrange. Mon père en était soi-disant un mais ces derniers n’étaient que des couards, des hypocrites, incapables de tenir leurs engagements et n’agissant que pour leur seul profit.

Entièrement nu, je fixai ma silhouette dans la glace. « Monsieur. » Je tournai les yeux vers la domestique qui m’avait été attribuée. Je lui souris et pris la serviette qu’elle me tendait. « Je vous en prie, asseyez-vous. » « Merci. » lui dis-je, avant de m’envelopper dans le tissu absorbant et de lui obéir. Ses mains s’activèrent dans mes cheveux, afin de les couper correctement et d’enlever les fourches qui y trônaient avant. Elle était en train de me transformer en ce que je détestais : ces êtres qui, non contents de leur position, en demandaient toujours plus ou voulaient y échapper par caprice. Alors que le peigne massait mon cuir chevelu en même temps qu’il le coiffait, je pensai à Rosette. Je ne regrettais pas, même si j’avais renoncé à attendre quoi que ce fût de ma déclaration. « Si je puis me permettre… Je ne vous ai pas vu lors du voyage du Prince et de la Princesse. Avez-vous rejoint leur cour récemment ? » Mes yeux traversèrent notre reflet pour ricocher sur elle. Je lui souris. « Je ne vous ferai pas l’affront de vous mentir, alors ne me faites pas celui de la naïveté. Vous savez qui je suis. » Elle sourit à son tour. « Je ne le répéterai pas. » « Vous pouvez, si vous voulez. Je ne me suis pas faussement anobli tout seul. » Je ris. « Je n’irai pas à l’encontre de la volonté de la Princesse… C’est elle, n’est-ce pas ? » « Oui. » « Uniquement pour le bal ? C’est inhabituel. Est-elle tombée amoureuse de vous ? » Je ris. « Si seulement. » Si seulement, parce que ce qu’elle m’avait demandé n’avait rien à voir avec les choses de l’amour. C’était bien plus compliqué. J’aurais préféré qu’elle voulût d’une nuit dans mes bras plutôt qu’elle me demandât de tuer son frère.

« Voilà, vos cheveux sont plus courts et égalisés. Et… vos vêtements se trouvent ici. » Elle désigna un cintre. Elle l’avait ramené avec elle lorsqu’elle avait jugé que j’avais assez mijoté dans la baignoire. « Merci. » lui dis-je, en me redressant. J’enlevai la serviette d’autour de moi et la lui tendit, puisqu’elle tendait la main vers moi dans cet objectif. « Vous n’êtes pas obligée… » lui dis-je, tout de même. « Un mensonge réussi ne doit souffrir d’aucun manquement. » Je lui souris en acquiesçant et enfilai les affaires. Je revins vers le miroir et me regardai. « C’est… » « Vous avez réellement l’air de l’un d’entre eux. » fit-elle remarqué. Je n’arrivais pas à lui donner raison, bien que, au fond, c’était exactement ma pensée. Ma mère m’avait toujours préservé. Mes dents étaient intactes et ma peau ne recelait que des renforcements propres au travail. J’étais en bonne santé. Je déglutis, inspirai et levai légèrement la tête, en fixant mon reflet avec un air autoritaire. « Et il y a ça. » me dit-elle, en me tendant un ruban vert à fleurs rose. « Vous avez été assorti à une Dame. Il faudra que vous la trouviez durant le bal. » Je le pris entre mes doigts, en me demandant quelle était la pauvre femme qui tomberait sur le domestique déguisé en prince charmant. « Merci. » Elle sembla hésiter. « Vous savez… Pour nous autres, le fait que vous puissiez passer pour un noble et vous fondre dans la masse de ces derniers a beaucoup de valeur. Ça veut dire que… c’est possible. » Je la fixai. Elle avait les larmes aux yeux. Ça me troubla. Je m’avançai vers elle et posai ma main sur son épaule. « Je ferai de mon mieux. »

Lorsque je sortis des appartements dédiés à la cour des Princes, je me rendis jusqu’aux appartements de la Princesse Adolestine. Là, je demandai à la voir. « Elle est partie s’entretenir avec le Prince Merlin d’Uobmab. » « Pouvez-vous allez la chercher, en lui indiquant que Sir Lavehc désire lui parler, je vous prie ? » Elle comprendrait peut-être, ainsi. « Très bien. Veuillez attendre dans cette salle. » « Merci. » Je m’assis sur le canapé.

976 mots
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Mar 11 Oct 2022, 13:21

Les Portes - Chapitre V  - Page 8 G7pa
Les Portes V - Le Conte II
Ezidor




Rôle:

Gustave était une loque humaine. Il n'avait fallu que quelques mots pour ébranler sa virilité et le rendre aussi vulnérable qu'un nouveau-né. Assister à la déchéance du plus bel homme du Royaume était un cadeau précieux que le docteur s'était offert et il ne regrettait rien, sinon qu'il aurait voulu immortaliser la scène sur une peinture afin que chacun en soit témoin. Childéric aurait sans doute apprécié, mais il faudrait se contenter de la graver dans sa mémoire, aussi Ezidor l'observait presque sans ciller, avec une avidité qui aurait pu déconcerter le bel homme s'il n'était pas en pleine remise en question de toute sa vie. Son verre demeurait entre ses doigts, à peine touché. Il préférait rester sobre, l'alcool avait tendance à le faire céder à ses instincts un peu trop rapidement et dans l'état dans lequel était le brun, il ne serait pas difficile de l'allonger sur le ventre. Or, il ne voulait pas se presser. Eléontine profiterait certainement des cuisses de son amant jusqu'à l'aube, ce qui lui laissait la nuit pour s'occuper de Gustave. À chacun ses vices.

Croisant les jambes, Ezidor ne prit pas la peine de lui répondre mais s'autorisa un mince sourire en réponse à l'amère hilarité de son interlocuteur. Il avait appris que le silence était un allié précieux ; plus convaincant que bien des discours et expert à soutirer davantage d'informations qu'une personne n'en aurait délivré avec une lame sous la gorge. Quand le brun se remit à parler, le médecin prit soin de ne marquer aucune réaction mais il prit bonne note de tout ce qu'il apprenait pour en faire un tri intensif. À la relecture des lettres de Childéric, il avait suspecté une relation entre sa logeuse et malade et Gustave, que ce dernier confirmait. Le médecin n'aimait pas savoir son vieil ami en proie à des sentiments aussi vains que la colère ou la jalousie, c'était les armes des faibles et ça le rendait prévisible et aveugle au bon sens.

« Elzibert ? » Rectifia-t-il, toujours prêt à aider son prochain. Était-il étonnant que les enfants d'Adénaïs aient des pères différents ? Pas vraiment. De ce qu'il avait vu et entendu jusque là, elle avait la cuisse facile. Il aurait souhaité que Childéric jette son dévolu sur une femme plus convenable. La question de Gustave le ramena sur la discussion et il le fixa quelques secondes, la pupille aussi terne que celle des squales. S'il devait répondre franchement, il lui aurait déconseillé de reconnaître la paternité de l'adolescent. N'était-il pas cruel d'offrir un père à ce garçon pour ensuite l'en dépouiller quand Gustave serait mort ? Non pas qu'Ezidor se soucie des sentiments d'Elzibert, bien au contraire. Un adolescent fragilisé était un outil parfait pour ses plans, malléable et docile. Il n'eut pas le temps de trouver quoi répondre que son interlocuteur enchaînait sur une nouvelle question, aussi sotte qu'épineuse. « Mmh. » Fit-il sur un ton qui n'exprimait ni l'assentiment, ni la négation. S'il avait été à la place de Gustave, il n'aurait pas seulement douté d'être le géniteur du fœtus imaginaire, mais il aurait aussi douté d'être le père de Ludoric. Toutefois, il se tut. S'attirer les foudres d'Eléontine en donnant la preuve de ses adultères à son mari était dangereux. Mieux valait se placer du côté de ceux qui magouillaient plutôt que contre eux. De plus, en bon dindon, Gustave gloussait exceptionnellement bien et arrivait tout seul à ses propres conclusions sans qu'il n'ait besoin de le guider dans telle ou telle direction ou d'appuyer ses suspicions.

Un tressautement de vie agita Gustave, comme s'il réalisait seulement maintenant du nœud coulant autour de sa gorge et se rebellait contre son sort. Il lui en avait fallu du temps, pour s'inquiéter. Sans doute n'avait-il jamais eu peur pour sa vie avant, convaincu qu'il vivrait jusqu'à cent ans et mourrait d'une crise cardiaque, la bouche d'une femme occupée à le faire jouir. Son regard oscilla sereinement entre le ruban qu'il brandissait et le visage déformé par la panique de son propriétaire. Quand il en eut terminé, Ezidor reposa tranquillement son verre sur une table d'appoint près de son fauteuil. Puis il s'assit au bord de son fauteuil et glissa sa main sur la cuisse de Gustave comme pour le rassurer. « Allons, calmez-vous. » Fit-il sur un ton empreint de sollicitude. « Je suis docteur. Je ne tue pas les gens, je les soigne. » Il se fendit d'un sourire bienveillant puis balaya l'air de sa main libre. « Beaucoup de monde en a après vous, Gustave. Si la moitié du Royaume vous veut dans son lit, l'autre moitié vous veut dans la tombe ; les époux cocufiés, les parents scandalisés de voir la pureté de leur fille à marier perdue à jamais, les amoureux éconduits... Être beau et avoir le goût de la chaire n'est pas vraiment un atout, semblerait-il. » Il flatta sa cuisse avec un air faussement réprobateur puis se réinstalla dans le fauteuil. Oui, Gustave était une loque humaine, mais une loque humaine utile. « Cela étant, tout homme a son prix, et beaucoup sont trop alléchants pour pouvoir les ignorer, et je ne suis qu'un homme. Nous sommes tous soumis à notre condition. » Il se garda d'ajouter que ce n'était pas une fatalité. Tout le monde pouvait assouvir ses penchants, encore fallait-il savoir le faire intelligemment.

« L'argent... » Il soupira, ennuyé. « Si j'aimais l'argent, je ne serai pas devenu médecin. N'oubliez pas que mon ascendance noble me permet de vivre confortablement. Ne me faites pas l'insulte de croire que je suis venu mendier à votre porte, ce ne serait pas malin dans votre situation actuelle. » Devait-il mentionner que voyager avait sérieusement entamé sa fortune ? Non. Au contraire de Gustave, il ne montrait pas ses faiblesses au premier venu. « Quant à Garance, je vais y réfléchir. » Mais Ezidor ne comptait pas sur Gustave pour obtenir les faveurs de la soeur du roi. Si ce benêt aux yeux de biche devait ramper aux pieds de son amante pour se faire pardonner, il l'imaginait mal capable de la convaincre de l'épouser. Mais cette femme était la clé du pouvoir, et Ezidor n'avait pas attendu que Gustave le lui dise pour s'en apercevoir. La véritable question était : En voulait-il ? Dans le tableau dépeint par Gustave, elle succédait à Montarville et s'il était devenu son époux entre temps, cela faisait de lui le roi. Un frisson tentateur remonta le long de son dos mais il revint vite au bon sens. Endosser une telle position, c'était avoir les pieds et poings liés pour tout le reste, c'était perdre la liberté que lui offraient ses manigances dans l'ombre. Être en pleine lumière n'était jamais bon, on ne faisait que devenir une cible trop visible pour ses ennemis. Le De Tuorp lui avait donné matière à réfléchir et il n'eut plus envie d'abuser de lui. Le reste de la nuit serait mieux consacré à réfléchir à comment placer ses prochains pions.

« Vous êtes trop naïf, Gustave. » Le médecin affichait une expression désolée bien qu'il jubilât intérieurement. « Vous ne vous êtes même pas aperçu du poison que j'ai mis dans votre verre tout à l'heure. En fait, vous êtes déjà mort. » Articula-t-il en haussant les épaules, indifférent à l'horreur qui se dessinait dans les yeux de son vis-à-vis. « C'est un poison lent, parce que je savais que vous pouviez m'apprendre des choses. Et en cela, vous ne m'avez pas déçu. En réalité, je vous suis tellement reconnaissant que j'ai envie de vous garder en vie encore un peu. » Il fouilla dans son sac et en sortit une fiole au contenu transparent. Il le posa sur la table devant Gustave et pencha la tête. « L'antidote. » Précisa-t-il en se rappelant à temps l'intellect du brun. C'était un simple alcool désinfectant. Il attendit que le soulagement transparaisse sur le visage de son beau pigeon pour ajouter. « C'est assez incroyable tout ce qu'on peut découvrir lorsqu'on voyage. Tenez, ce poison par exemple, il est aussi teigneux qu'une tique. On ne s'en débarrasse jamais vraiment. Il faut chaque jour prendre l'antidote, sans quoi... » Un silence équivoque acheva la phrase à sa place. « Vous me faites pitié, Gustave. Mais vous êtes aussi quelqu'un qui sait où est son intérêt, et j'apprécie cette qualité. Mais si je dois devenir votre allié, il me faut une garantie. Comme je ne fais confiance à personne, je me la suis créée moi-même, j'espère que vous ne m'en voulez pas trop. Ne vous en faites pas, il vous suffira de venir me visiter chaque jour pour que je vous donne l'antidote. Je suis sûr que vous saurez trouver des idées fertiles pour témoigner de votre gratitude à chaque fois. Enfin, si j'ai le moindre besoin, je sais où vous trouver. » Le docteur se leva et le salua d'un hochement de tête. « J'ai hâte que nous nous revoyions. Nous avons encore beaucoup de choses à nous dire. »

Message IV | 1588 mots

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