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 Les Portes - Chapitre V

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Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Susannah
Dim 30 Oct 2022, 18:47

Les Portes - Chapitre V  - Page 14 Lrvr
Les Portes V - Le Conte II
Zébella




Rôle:

Sa soif ne pouvait être étanchée par une simple coupe de champagne, même si cette dernière avait l'avantage de réchauffer ses joues et de remplir sa tête de laine. Mais Zébella avait soif d'action, de vitesse. L'attente la tuait comme un poison lent et douloureux. Elle voulait tout de suite pousser Merlin à l'abri des regards et enfoncer elle-même la lame dans son ventre. Peut-être même était-ce une meilleure stratégie. Lui faire croire qu'elle s'offrait à lui, enfin, et lorsqu'il s'installerait entre ses cuisses, elle dégagerait son poignard et couvrirait sa nudité de son sang. La tentation était réelle, mais elle n'était pas sans danger. Judas saurait. Il savait tout, ou presque. S'il fallait en venir à cette extrémité, peut-être devait-elle jouer d'audace et tenter ce que son père ne la croirait jamais capable de faire. La princesse délaissait lentement mais sûrement l'étroit costume de l'adolescente. Ses désirs s'aiguisaient, ses objectifs s'éclaircissaient. Seuls les moyens étaient encore incertains, ce qui donnait à l'issue de cette nuit une angoisse sans précédent qui la grignotait un peu plus à chaque heure qui la rapprochait de l'aube.

« Non. » Trancha Zébella. « Enfin, il a essayé. » Rectifia-t-elle et son air moqueur ne laissait aucun doute sur la conclusion de ses tentatives. « C'est mon fiancé, comme vous le savez. Mais c'est aussi un vicieux pervers. Il me répugne. Je ne crois pas que ses désirs soient uniquement charnels. » Elle frissonna de dégoût. Les échos qu'elle avait eu des activités du prince pour se distraire auraient fait verdir toute la cour de Lieugro. Pour elle qui avait grandi aux côtés d'un psychopathe et d'un autre qui en prenait le chemin, cela ne la faisait plus ciller. C'était simple, tant qu'elle gardait la supériorité sur Merlin, ses déviances ne pouvaient la salir. Quant à son devoir en tant qu'épouse lorsqu'ils se marieraient, ce ne serait plus un problème d'actualité quand elle aurait délivré son monde de sa pitoyable existence.

Sans protester, elle prit place sur le sofa mais ne put s'empêcher de se tendre en sentant Déodatus passer dans son dos. Ne jamais laisser l'ennemi sortir de son champ de vision, mais il n'était pas Merlin. Il n'était qu'un godelureau sans grande importance qui lui léchait les pieds avec une adresse relative. Suffisamment bien pour qu'elle ne le renvoie pas au pied de sa génitrice, la queue entre les jambes. Quand ils s'étaient rencontrés, il lui avait voué son allégeance. Était-ce mensonge, promesse creuse, ou véritable intérêt à se ranger à ses côtés ? Il était regrettable qu'il soit si insignifiant comparativement à l'aura ravageuse d'hommes comme le palefrenier ou le commandant des armées de Lieugro, mais peut-être pouvait-il effectivement lui être utile dans un domaine où ses compétences seraient plus affûtées que dans un simple bras de fer ? Elle ne lui avait pas proposé de s'engager dans un tel affrontement, connaissant d'avance l'issue d'un tel face à face et le plaisir qu'elle trouvait habituellement dans une telle confrontation n'était pas celui recherché pour ce soir.

Le jeu de ses doigts la laissa d'abord de marbre. La mention de Merlin, et le fait qu'il demeurât un étranger qu'elle ne connaissait pas il y a quelques jours l'empêchait de se détendre tout à fait et l'envie de l'envoyer au sol à l'aide d'une prise envoyait des fourmillements dans ses doigts. Dans le silence, la chaleur dégagée par la friction de ses doigts faisait partir peu à peu sa méfiance et elle se surprit à incliner sa tête pour lui faciliter l'accès quand il passa sur la liaison entre son épaule et son cou. Son souffle était plus près que prévu quand il lui murmura quelques mots qui lui firent froncer les sourcils et estompèrent la magie du moment. Il n'en fallut pas plus pour mettre le feu aux poudres et la princesse se dégagea et profita de la surprise de Déodatus pour lui bloquer un bras et, de l'angle ainsi formé, le faire passer par dessus le dossier du canapé dans une parabole destructrice. Il dégringola à ses pieds, repoussant le canapé bruyamment en arrière. Sa tête avait été à peu de choses de faire la rencontre du coin de table mais la princesse est trop irritée pour s'en inquiéter.

Désormais assise sur sa prise, sa main s'appuya sur son torse pour prévenir tout mouvement. « Cessez de parler de mon frère. Cela a tendance à me contrarier. » Fit Zébella comme s'il était nécessaire de le clarifier. « Et puis, je suis plus intéressante que cette loque inutile qui se fait appeler prince, non ? Quelle compétition a-t-il déjà gagnée lui ? Hormis celle d'être un énorme couard, je veux dire, et celles où il paye certainement ses adversaires pour le laisser gagner. » Elle attrapa de sa main libre le verre à moitié rempli de Déodatus et en but une gorgée pour chasser le goût amer de mépris dans sa bouche. Les bulles pétillantes semblaient monter directement entre ses sourcils et dans son ventre comme ces feux d'artifice qu'elle avait eu l'occasion d'admirer lorsqu'Uobmab célébrait l'annexion d'un nouveau Royaume.

« Je suis bieeeen meilleure que lui, il ne mérite pas qu'on prononce son nom aussi souvent, même pour l'insulter. Si tu continues de parler de lui, je vais finir par croire que tu l'aimes secrètement. » Le vouvoiement était tombé en même temps qu'elle avait décidé d'oublier ses manières en abattant au sol le nobliau et sa voix se faisait traînante, alourdie par l'alcool ingéré. Ses idées s'emmêlaient, pas toutes bonnes. « Alors que lui, il ne pourrait pas faire ça. » Elle se pencha et posa soudainement ses lèvres sur les siennes. Elles étaient chaudes et quand elle insista un peu pour les goûter avec sa langue et qu'il s'ouvrit à sa demande, ses sens s'embrasèrent comme un feu de paille. Sa nervosité venait de se trouver un nouveau réceptacle et s'y déversait sans demi-mesure et elle ne put s'empêcher de lui mordre la lèvre inférieure quand elle désirât plus sans savoir quoi. Elle se redressa, les pommettes capturées par une teinte cerise. Sa poitrine se soulevait rapidement, excitée par ce nouveau sport dont elle découvrait les règles. Les yeux baissés sur lui, c'est à peine si elle discernait ses traits dans le noir. C'était sans doute mieux ainsi. Il n'était pas l'homme qu'elle imaginait quand ses hormones emportaient sa raison, mais il n'était pas non plus son frère et c'était tout ce qu'il fallait pour finir de la convaincre. Elle lui avait fait une promesse après tout.

Ses doigts se hasardèrent sur les boutons de son gilet pour les défaire avant de descendre sur ceux de son pantalon. L'inexpérience faisait trembler ses mains et agacée, elle les arracha d'un coup quand un en particulier lui résista pour trop de secondes pour que ce soit acceptable. « Il ne pourrait pas faire ça non plus. » Et elle glissa sa main à l'intérieur à la recherche de l'inconnu. Elle ignorait quoi faire de ce qu'elle venait d'obtenir et elle jeta un regard hésitant à Déodatus comme si les réponses étaient inscrites sur son front. Elle avait bien entendu des bribes de discussion mais ça ne l'avait guère intéressée et elle n'avait pas retenu la majorité des informations disséminées dans les plaisanteries. Elle s'en mordait les doigts aujourd'hui car elle ne voulait pas afficher son incompétence. Elle avait l'habitude d'être admirée pour ses capacités et le doute temporisait son ardeur. Et s'il se moquait d'elle ?

Message IX | 1323 mots
Je peux même pas crier first, roh.


Les Portes - Chapitre V  - Page 14 7qoc
Merci Jil  Les Portes - Chapitre V  - Page 14 009 :
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Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

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Lyz'Sahale'Erz
Lun 31 Oct 2022, 15:02



Les Portes



« Je travaille durement pour me surpasser à chaque instant. » Et c’était vrai. Le travail avait été ma seule voie de salut. Par le passé, je n’avais été qu’une épave, une épave aux ordres d’un maître exigeant qui, s’il m’avait appris son art, m’avait également poussé davantage dans les dérives qui bordaient mon psychisme et n’attendaient qu’un signal pour s’exprimer. J’avais surpris Ezidor avec Gustave de Tuorp et, après m’être enfui, était venu retrouver le médecin, comme un chien. Avant d’appartenir à la Couronne, ma loyauté avait été sienne. Le voir ici ce soir provoquait dans mon cœur des remous inexplicables, entre amour et haine.

J’acquiesçai concernant la succession et tournai les yeux vers Judas lorsque Garance m’interrogea sur la version de l’histoire susceptible de me plaire. Par le passé, j’aurais volontiers répondu que j’espérais qu’il l’eût assassinée, en la torturant longtemps si possible. J'avais été conditionné ainsi. Aujourd’hui, je tentais de me convaincre que j’abhorrais cette possibilité. Je fermai un court instant les yeux, pour me recentrer. J’étais le Chef des Armées, je devais conserver mon sang froid. Le meurtre divisait la Couronne. Il n’était pas acceptable de penser que, parfois, au sein d’un même Royaume, il était indispensable. « D’expérience, il me semble que les choses ne se déroulent jamais de la manière espérée. » répondis-je, tout en envoyant une œillade au Roi et à son ami et conseiller. Je souris à mon tour, pour répondre à son expression. Cette femme avait l’art et la manière de cacher le poids de ses mots derrière des lèvres que beaucoup trouvaient d’une sensualité et d’une élégance certaines. « Mais je veillerai à assurer la sécurité de ceux qui importent. » Elle, entre autres.

« Majesté. Je vous remercie et vous retourne le compliment. J’espère avoir de nouveau l’occasion de vous servir ce soir, uniquement pour le meilleur. » Je lui souris. Je préférais lui accorder une autre danse qu’avoir à sauver sa vie au cours d’un attentat. J’exécutai une révérence, dans l’objectif de prendre congé, mais, avant que je n'eusse pu bouger, mon regard se posa sur Adénaïs. « Dame d’Etamot. » la saluai-je, un sourire naissant de nouveau sur mes lèvres, légèrement différent de ceux que j'avais pu dessiner pour la sœur du Roi précédemment. Mes yeux, néanmoins, furent happés quelques secondes par la silhouette de Merlin d’Uobmab. Je tournai le visage vers Garance afin de lui signifier silencieusement que s’il l’importunait, il me serait aisé de régler le problème rapidement. « Prince D’Uobmab. Toutes mes condoléances. » articulai-je, avant de répondre à Garance. « Avec plaisir, Majesté. » Nous n’avions pas prévu de nous revoir mais il me semblait préférable de feindre un arrangement entre nous. J’ignorais ce que le fils de Judas avait en tête exactement mais, au cas où ses pensées auraient été déplacées, et je craignais qu’elles le fussent vu la direction qu’avait pris son regard, les couper net l’empêcherait de les mettre à exécution. « Allons-y, ma Dame. » dis-je, après avoir salué Garance et Merlin.

« Je suis heureux de voir que tu as pu te libérer pour m’accorder une danse. » lui soufflai-je, une fois que nous fûmes l’un en face de l’autre. Doucement, ma main s’avança vers son visage. Je pris l’une de ses mèches de cheveux délicatement entre mon pouce et mon index et la lui replaçai derrière l’oreille. Je n’aimais pas penser que, au cœur de cette salle, des hommes avaient pu abuser d’elle, les mêmes dont les épouses ne manquaient pas d’émettre des commentaires cinglants. J’espérais que ses activités ne fussent pas connues de tous. Personnellement, cela m’était égal mais c’était pour elle que je m’inquiétais. Certains fardeaux sont lourds à porter et marquent une vie jusqu’à sa fin. « Peut-être pourrons-nous nous rejoindre après le bal ? Si tu en as envie, bien entendu. » Je plaçai mes mains sur elle pour débuter notre danse. « Tu sais que je t’appartiens. » Je le lui avais dit de nombreuses fois, ces dernières années. Il y avait eu cette première fois, lorsque je l’avais vue si resplendissante alors que, intérieurement, je me sentais ravagé. J’avais espéré qu’elle me remarquerait un jour, en sachant mon espoir inatteignable. Cependant, son mari était décédé et elle avait sombré dans les méandres de la dépression en même temps que je m’étais battu pour en sortir. Je trouvais que nous nous complétions si bien, même si je gardais pour moi certains de mes secrets. J’avais fait un souhait, lorsque j’avais commencé à la côtoyer. Ce dernier était aujourd’hui toujours intact. J’avais souhaité l’aider à sortir du puits dans lequel elle était tombée. J’espérais pouvoir y parvenir un jour. Je restais aussi digne que possible pour elle. Je m’accrochais à mes fonctions, à ma loyauté, à réparer mes fautes en servant le Royaume, parce que je voulais pouvoir la sortir des abysses. Je désirais qu’elle saisît ma main et ne la lâchât plus. Je lui souris, encore. Toucher son corps m’électrisait. Je me fichais qu’elle eût pu être touchée par d’autres. Ils ne comptaient pas et, lorsqu’elle le désirerait, ils ne compteraient plus jamais. Si elle acceptait de m’épouser, elle n’aurait plus besoin de se vendre. Je la soupçonnais de se punir, d’accepter des coups de reins inamicaux et brutaux uniquement par culpabilité. Néanmoins, la mort de son mari n’était en rien sa faute. Elle devait guérir son âme, la panser et accepter d’être heureuse de nouveau.

« Je te sens troublée. Peut-être est-ce l’effervescence du bal mais… quelque chose ne va pas ? » lui demandai-je, après l’avoir regardée quelques secondes. Je craignais qu'Ezidor lui eût fait du mal durant son séjour chez elle.

892 mots
Tekoa - Childéric:

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 01 Nov 2022, 14:04



Les Portes


« Je crois comprendre qu’il ne me porte pas dans son cœur. » fis-je, les yeux rivés sur le dos d’Elzibert. J’inspirai et, en relâchant l’air qui avait empli mes poumons doucement, je tournai de nouveau mon regard vers Rosette. J’avais entendu ce qu’il avait dit et la perspective qu’elle pût se marier suffisait à m’attrister. Je savais que c’était idiot. Je ne devais rien attendre d’elle. Eu égard à son rang, la possibilité d’un mariage entre nous n’était qu’un rêve d’enfant. Cela faisait bien longtemps que je ne croyais plus aux Contes de Faes. Le rapport de force était trop déséquilibré. Il existait, même entre les nobles. Un Roi ou un membre puissant de sa cour faisait de ses inférieurs ce qu’il désirait. Je fermai les yeux un instant, afin de chasser la vision des inconséquences de l’un d’eux de mon esprit. Je n’avais aucune idée de l’homme qui avait fauté avec la Dame d’Étamot mais j’étais certain qu’il ne s’agissait pas d’un simple palefrenier. Si tel avait été le cas, l’homme aurait sans nul doute été chassé ou tué. Aider une femme à avorter avait été l’expérience la plus affreuse de mon existence. Recueillir ses confidences, après coup, n’avait fait que me convaincre que le rang n’avait rien à voir avec la moralité. Je n’arrivais pas à comprendre comment quiconque pouvait prendre du plaisir à forcer quelqu’un. Peut-être était-ce là la réponse. Il n’était pas question d’amour mais plutôt de combler un vide d’estime de soi. Il fallait être bien détraqué pour croire posséder le moindre pouvoir en s’attaquant à plus faible que soi. Le véritable pouvoir ne se gagnait pas. Il existait à l’intérieur de son propre cœur ou non. Le pouvoir de dire non malgré les dangers. Le pouvoir de faire ce qui est juste en toute circonstance. Le reste n’était que des victoires et des défaites. Une personne puissante pouvait connaître les deux. « Je suis heureux de vous voir. » lui confiai-je. Il valait mieux que je profitasse de sa présence pendant que la chose était encore possible. Les garçons de mon rang n’étaient fait que pour servir la noblesse. Bien sûr, j’avais déjà entendu les récits de mes aînés, ceux qui partageaient la couche d’une noble dame pendant que son mari était absent. Cependant, il ne s’agissait que de ça : faire office d’interdit, d’objet d’excitation. Nous ne pouvions rien espérer d’autres que quelques nuits d’extase, suivies de mois de complications si la faute venait à se savoir. Pourtant, je l’aimais. Son visage seul avait le pouvoir de m’inspirer des vers. Elle aurait pu être la muse de nombreux artistes.

Je finis par m’approcher davantage afin de l’étreindre pour notre valse. L’avoir si proche réchauffa ma cage thoracique. Mon cœur prit un rythme plus rapide. Je souris et chassai toutes mes pensées moroses. Depuis que j’avais vu Elzibert, je me demandais s’il savait pour sa mère. J’espérais que non. Si Adénaïs était ma mère et que j’avais su qu’elle se vendait pour payer ses dettes, je n’aurais jamais pu la laisser faire. J’aurais été travailler pour la soulager. J’aurais battu les hommes qui lui rodaient autour, quitte à me faire battre à mon tour par ces derniers. Je les aurais couverts d’infamie pour la sauver de leur emprise. En réalité, depuis que je l’avais aidée, je pensais souvent à elle. Si je n’allais pas la voir, c’était uniquement pour ne pas la gêner. Je ne voulais pas qu’elle crût mes intentions intéressées. Aussi, je ne voulais pas non plus être un problème pour Rosette. Je ne le voulais pas et, malgré tout, malgré le fait que j’eusse conscience de m’engager dans un jeu dangereux, je ne pouvais pas m’empêcher de chercher à la voir. L’erreur avait été de lui parler dans la volière. Depuis, je ne faisais que penser à elle. Je ne pouvais plus m’empêcher d’espérer quand même. « J’espère cependant que ce n’est pas parce que je lui ressemble que vous avez accepté de danser avec moi. » Ses yeux brillaient comme deux joyaux. Je cherchai une idée, que je trouvai sans difficulté. « Que diriez-vous de fermer les yeux pendant notre danse ? » Je lui souris. « Si vous trichez un peu, je ne vous en tiendrai pas rigueur. » C’était un jeu enfantin mais pas uniquement. Si elle fermait les yeux, elle profiterait de notre valse d’une façon inédite. Elle pourrait sentir davantage mes mouvements et, plus que tout, une intimité saupoudrée de confiance s’installerait doucement entre nous. Dans le meilleur des cas. Dans le pire, nous nous rendrions compte qu’il n’existait aucune harmonie entre nos deux corps. J'en doutais pourtant, tant j'avais la sensation que le sien appelait le mien. Le lien me semblait si évident qu'il me donnait le vertige.

« Je vais y aller tranquillement. » murmurai-je, en la contemplant. C’était une douce torture que de l’avoir ainsi dans mes bras, de pouvoir admirer chaque trait de son visage. Elle me faisait rêver, tellement que j’en oubliais trop souvent ma mission. J’avais aperçu Zébella s’éloigner en compagnie de Déodatus. Merlin dansait avec Garance et Adolestine avec Ludoric. Je reportai ma pleine attention sur Rosette. « Tout va bien ? » lui demandai-je, tout bas, curieux d'entrer dans la confidence de ce qu’elle ressentait. Je craignais pourtant qu’elle me trouvât ennuyant. Néanmoins poser mes yeux sur elle suffisait à me captiver et à me transporter vers d’autres contrées. Sa gorge me donnait envie de la caresser de mes lèvres, chaudement, lentement. Ses yeux, clos, auraient pu me donner matière à toutes les audaces. Je les imaginais volontiers, sans les exécuter pour autant. Ça la surprendrait trop et nous n’étions pas seuls. Bien sûr, je fantasmais de l’embrasser devant tous ces gens. Elle ouvrirait alors les yeux, me sourirait et répondrait à mon baiser devant une foule incrédule qui finirait par nous applaudir. Mais nous n’étions pas dans un conte.

Chaque mouvement que j’exécutais et qui impliquait de la toucher encore provoquait chez moi des frissons et une tension de plus en plus présente. J’avais l’impression que des papillons s’étaient infiltrés dans mon ventre et dansaient à présent une valse enflammée. Si je refusais de la questionner plus sur ses sensations, de lui parler davantage, c’était aussi parce que je craignais le verdict de ses lèvres. Le fait qu’elle m’affirmât qu’elle risquait d’en épouser un autre, le fait qu’elle pût désirer que je m’écartasse d’elle ou encore la possibilité qu’elle émît une remarque acerbe me terrorisaient. Je voulais juste sauvegarder un temps de latence, un moment où tout était possible et où nous n’étions que deux danseurs suspendus parmi les secondes. Sa beauté me transcendait et je ne désirais pas comprendre que, peut-être, demain, les rayons du soleil qu’elle était se détourneraient de moi pour me plonger dans un ciel sans lune.

1091 mots
Erasme (Clémentin):
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Ikar Pendragon
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Ikar Pendragon
Mar 01 Nov 2022, 17:49



Les Portes - Chapitre V  - Page 14 T6y8

Les Portes V


Rôle :

Je levai les yeux vers une jeune femme brune. Je la reconnus presque immédiatement comme étant Clémentine d’Ukok, la sœur du Chef des Armées. Je lui envoyai un sourire timide.

« Non, il semble m'avoir oublié là. »

Je ne voulais que Ludoric et Ludoric ne me voyait pas. La sensation était étrange. En garçon, j'apercevais souvent briller dans ses yeux une lueur qui me donnait l’impression de tomber malade d’un coup. Mon corps entier subissait les caprices d’une fièvre sortie de nulle part et j’avais la sensation d’attraper différents maux qui avaient pour conséquence de me faire transpirer, d’assécher ma gorge et de me couper l’appétit. Il vidait l’air qui se trouvait autour de moi d’un seul regard et j'étais alors obligé de m’avancer vers lui pour pouvoir de nouveau respirer.

À présent que j’étais une fille, j’étais comme perdu dans la masse de celles qui ne l’intéressaient pas. C’était à la fois douloureux et rassurant.

« Enchantée. Je vous ai vue danser plus tôt et j’ai trouvé ça très réussi. C’est dommage que ça n’ait pas pu continuer… »

Je lui souris.

« Vous n’avez pas à être gênée. Il me semble que le Roi est souvent interrompu… Des histoires de Roi. Il se fera sans doute pardonné. Il est connu pour être gentil. »

Mon père l’était. C’était un homme que j’aurais adoré plus que tout, s’il n’y avait pas eu cette histoire avec Ludoric et, surtout, cette histoire de trône. Je n’avais pas su empêcher le ressentiment de germer dans ma poitrine. C’était simplement… j’avais l’impression qu’il ne m’aimerait jamais comme j’étais véritablement, avec mon corps qui n’était pas fait pour les joutes et avec mon cœur qui appartenait à un autre homme et qui m’interdisait de fonder une famille.

« Oh non. Je viens d’encore plus loin qu’Uobmab mais je ne veux pas vous ennuyer avec mes histoires. Je m’appelle Candice. »

Je n’aimais pas mentir, même si j’avais l’impression de ne faire que ça depuis quelques temps. J’espérais qu’elle ne me poserait pas de questions et mon vœu fut exaucé par l’arrivée d’Hermilius de Tuorp.

« Monseigneur. »

Je fus bien content qu’il ne s’adresse pas à moi. Je voyais déjà la scène suivante : Clémentine allait aller avec lui et je serais de nouveau seul. Je perdrais encore mes yeux sur Ludoric, à admirer ses courbes et sa gestuelle. Dans l’ombre, j’essaierais de deviner ce qu’il était en train de dire, en espérant qu’il n’employait pas avec ces femmes les mots qu’il employait avec moi.

Je me reculai lorsque le plateau se brisa avec fracas sur le sol. Je ne compris pas la suite, ni même la colère de la sœur de Clémentine. La maladresse arrivait et j’en étais la première victime. Je baissai les yeux, peu désireux de m’interposer. J’avais hâte que tout ce monde s’en aille. Le problème c’est que je fus obligé de suivre. Je me voyais mal refuser le bras d’Ernelle.

Je me laissai donc tirer vers d’autres lieux, mon regard effectuant un mouvement vers l’arrière, en direction d’Hermilius puis, ensuite, de Ludoric. Je ne voulais pas les suivre et je ne compris moi-même pas pourquoi j’étais si poli.  

« Euh non, je me raccompagnerais moi-même, merci. »

Le monde des femmes était bien étrange…

« Ce n’est pas la peine… Vraiment… »

Cette scène me semblait être une vaste blague. Je connaissais Lénora et je trouvais qu’elle manquait actuellement de savoir-vivre. Qui se jetait aux pieds d’autrui sans demander son accord ? L’aurait-elle fait, si j’avais été un garçon ? Ou se sentait-elle intime avec moi, uniquement parce que j’avais les cheveux longs ? Je ne m’énervais pas souvent mais cette situation était si absurde que je ne vis même pas le trouble que j’éveillais en elle. J’étais juste affreusement gêné, pour moi, pour le domestique, pour Hermilius. Là où j’aurais dû être troublé par sa tirade visant à me décréter de la famille royale sans même vérifier l’information, je ne ressentis qu’un agacement supplémentaire.

« Non, ça ira. Je vous remercie. Veuillez m’excuser. »

Je tournai les talons. Si c’était cela, être une femme, je préférais encore être un homme moqué de tous pour sa faiblesse.

De retour dans la salle de bal, je pris un nouveau verre de vin et cherchai Ludoric des yeux, sans m’en cacher cette fois. Peut-être me jugerait-on intéressé mais vu la scène qui avait précédée, je me dis que ce ne serait pas si grave. Je le trouvai aux bras d’Adolestine. Lui parlait-il de mariage ? Cette pensée me brisa un peu plus le cœur, à m’en sentir au bord du naufrage.

Je posai le verre vide sur la table et décidai de me réfugier dans les jardins, afin de profiter du manteau sombre de la nuit. Même si mes yeux brillaient, cela ne se verrait pas. Il fallait simplement que je ne pleure pas, afin de ne pas abîmer mon maquillage.

J’entendis néanmoins des sanglots s’élever, des sanglots qui n’émanaient pas de moi. Je m’avançai et aperçus Yvonelle d’Etamot.

Je m’installai à côté d’elle et lui tendis un mouchoir.

« Vous aussi, votre chevalier vous ignore ? »

Je regardai autour de nous, un peu gêné malgré tout. J’appréciai pourtant le calme et la fraîcheur de l’endroit.

« Je peux partir, si je vous dérange. Je peux aussi entendre vos confessions. Je suis doué pour garder les secrets. »

J’inspirai et regardai mes mains.

« Le mien c’est que j’aime un homme qui m’aime aussi mais… on ne pourra jamais se marier ensemble. Je pensais pouvoir danser avec lui ce soir mais il semble trop pris alors je suis venu ici, sans oser l'approcher pour lui demander une valse. Je me sens bête... »

Je lui souris un peu tristement.

939 mots

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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Mar 01 Nov 2022, 20:49

Les Portes - Chapitre V  - Page 14 Zwbn
Image par Kelogsloops
Les Portes - Chapitre V



Rôle:

Lambert baissa les yeux sur son torse, là où Madeline avait posé sa main, avant de les remonter sur sa femme qui partait déjà. Il aurait pu crier son nom ou tenter de la rattraper mais il ne bougea pas. Il ne la comprenait pas. Il ne la comprenait plus. Elle ne lui faisait pas confiance. Depuis des années, elle avait été convaincue de sa tromperie, elle avait cru qu’il lui avait fait un enfant dans le dos, elle avait rencontré la mère de ce dernier, avait nourri le secret et, ce, sans croire bon de lui en parler. Elle lui reprochait d’avoir été loin de sa famille mais… Non, il préférait ne pas y penser. Comment avait-elle pu le croire infidèle ? Et quand bien même il l’aurait été, il le lui aurait avoué. Il le lui aurait avoué même sans avoir enfanté. Et s’il avait eu connaissance de la présence d’un bâtard, il ne l’aurait jamais laissé dans la nature. Il l’aurait accueilli chez lui, qu’importât l’opprobre. Il aurait assumé parce qu’il était un homme qui assumait ses actes. Madeline aurait peut-être préféré le quitter à ce moment-là mais il ne lui aurait jamais caché une telle chose. Surtout, au-delà même de son couple, c’était de Montarville dont il était question. On parlait d’un bâtard du Roi, en liberté depuis son enfance, sans que son père véritable n’eût pu lui apporter quoi que ce fût. Les choses n’auraient peut-être pas été différentes, Montarville aurait peut-être été encore plus déprimé de savoir qu’il avait trompé sa femme et peut-être n'aurait-il voulu rien entendre, mais au moins il aurait su. Lambert pouvait cacher au Roi qu’il avait fauté entre les cuisses d’une paysanne sous l’effet de l’alcool. Il ne pouvait en revanche pas lui cacher la présence d’un enfant. C’était trop cruel, pour le Roi et pour l’enfant en question. Lui-même ne l'aurait pas supporté.

Lorsque Lambert fut enfin seul avec Montarville, il prit une inspiration. « Ce n’est pas tout à fait ça mais c’est bien lié à tes enfants. » Il étudia la pièce. « Tu devrais t’asseoir. » lui proposa-t-il, en fouillant dans l’un des placards pour en sortir un alcool fort. « J’ai exagéré sur le caractère urgent, bien que ça le soit, étant donné que tu comptes annoncer à tous que Coline sera la prochaine Reine. Je ne pouvais pas te laisser faire ça sans que tu sois pleinement conscient de la situation. » Il versa deux verres, en tendit un au Roi et s’assit. Il porta sa main sur son front, ne sachant pas par où commencer. Parler de Madeline ? Parler de leur voyage ? Il y avait plusieurs chemins pour aborder le sujet mais aucune n’était aisé à emprunter. « Ma femme vient de m’apprendre que… » Il s’arrêta. Cet angle-là ne lui allait pas. Il tourna le visage vers son ami. « Tu te rappelles, un peu avant que la maladie de ma sœur ne se complique ? On a fait un voyage à la campagne et on s’est pris une murge abyssale. Il y avait une femme avec nous, une paysanne. » Il but, l’alcool lui brûlant la gorge. « Ma femme vient de m’apprendre que cette femme avait eu un gamin et que ça fait des années qu’elle l’entretient par peur qu’il soit de moi. » Il soupira. Il n’en revenait toujours pas. Comment avait-elle pu ? Le fait qu’elle pût le considérer ainsi l’agaçait. Il avait ses travers mais celui-ci n’en faisait pas partie. Pourquoi n’avait-elle pas cherché à discuter ? Lui inspirait-il la peur ? Avait-elle craint qu'il se dérobât ? « Ce gosse, c’est le palefrenier, Clémentin. » Il essayait de caser des informations secondaires, comme si articuler le principal lui était impossible. Il le fallait, pourtant. « C’est moi que cette paysanne venait voir. Elle pensait sans doute me trouver afin de me parler du problème mais elle est tombée sur ma femme et celle-ci ne m’en a jamais parlé avant aujourd’hui. » Elle lui en avait parlé uniquement parce qu'ils s'étaient disputés.

C’était dur d’avancer ça. Maintenant. Après tant d’années. « Je ne t’en ai pas parlé avant parce que tu étais ivre ce soir-là et que, ensuite, Déliséa n’allait pas bien. Je me suis dit que tu devais être pleinement là pour elle et, quand elle est morte, je ne voyais pas l’intérêt d’aggraver ta peine pour une histoire que tu avais de toute façon oubliée. » Il but. « S’il n’y avait pas eu ce gamin, j’aurais continué à ne rien dire mais je ne peux plus te le cacher… c’est ton fils et tu mérites de savoir qu’il existe. » Il finit son verre et laissa un soupir lui échapper. Il aurait préféré que ce fût faux mais tout concordait et Clémentin ressemblait à Montarville quand il avait son âge.

804 mots
Les Portes - Chapitre V  - Page 14 3



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Mer 02 Nov 2022, 10:39

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes

Adénaïs se détourna un instant du couple à l'intervention inopinée de Merlin. Elle ne l'avait pas entendu approcher. D'une certaine façon, le fait qu'il demanda à Garance de lui offrir une danse la conforta. Quand bien même la sœur fut une femme de caractère, il était moins aisé de refuser la demande d'un Prince que celle d'une femme comme elle. Elle l'espérait tout du moins. « Ce serait un honneur, Monseigneur. » répondit-elle à sa proposition dans une révérence et une boule au ventre. Il ressemblait bien trop à son père, et c'en était terrifiant. Elle fut ainsi grandement soulagée quand Garance accepta la demande d'Uobmab, pouvant enfin s'éloigner du duo nouvellement formé, après une nouvelle révérence, au bras de Childéric. « Il le fallait bien, ne serait-ce que pour me faire pardonner de ne pas avoir répondu à ta dernière lettre. » lui sourit-elle bien trop sincèrement avant fermer les yeux au contact infime qu'il initia. Pourtant, comme un frisson chaleureux couru sur sa nuque, son cœur se serra. Ses mots et ses gestes à son endroit étaient comme des coups qui, chaque fois, abattaient un peu plus la forteresse qu'elle avait construite autour de son cœur. Ses preuves d'amours agissaient comme un siège prenant en otage son être. Et, comme tout siège, il arrivait un moment critique où l'issue ne pouvait être qu'un ultime et dangereux assaut pour repousser l'assaillant avant l'abandon en cas d'échec. Et elle sentait que cet instant était proche. Plusieurs fois elle avait songé s'éloigner, refuser de le voir, échapper à l'emprise de ses transports. Elle n'avait jamais réussi. Une fois sa lueur saisit, il est toujours difficile de se détacher du phare dans la nuit. « Ce sera avec plaisir. Cela fait longtemps que nous n'en avons pas eu l'occasion. » commença-t-elle sa réponse avant de rapidement glisser ses doigts sous la dentelle de son col pour y saisir son ruban caché des yeux du monde, là où seule la contrainte ou la force le lui aurait arraché. Elle avait cependant bien trop fréquenté les hommes pour ne pas se douter que certains n'auraient eu aucun scrupule à la débarrasser sinon lui arracher son vêtement. « Il semblerait que nous n'y eussions pas échappé de toute façon. » conclut-elle dans un léger rire en dévoilant le bout de tissu qu'elle glissa dans sa main en entrelaçant ses doigts avec ceux de Childéric, la seconde venant trouver refuge sur la clavicule du militaire. Sa position était l'une des raisons qui la poussait à ne pas s'engager avec lui, ne rien rendre officiel. Une façon de garder un minimum de distance entre lui et elle. Elle ne lui survivrait pas à la disparition d'un autre époux. Son problème venait qu'elle aimait à la folie. Elle ne pouvait rien y faire. C'était pour elle la seule façon d'aimer.

Les yeux clos, elle profita d'un court silence apaisant après trop de jours tumultueux et éreintants. Elle ne les rouvrit que lorsque son amant prit la parole. C'était évident qu'il allait lui poser cette question un moment ou un autre. Elle s'en était douté. Elle avait littéralement fui une dangereuse solitude en se précipitant dans ses bras. « Ne t'en fais pas, ce n'est rien. Disons que ces derniers jours furent particulièrement compliqués. Sans parler de ce bal qui prend une tournure que peu appréciable. » expliqua-t-elle vaguement, remontant sa main sur la nuque de son partenaire et caresser son épiderme du pouce. Elle savait qu'elle ne pouvait le contenter de cette réponse cependant. « Déodatus et Elzibert se sont battus. Depuis ils ne se parlent pour ainsi dire plus. Et Yvonelle se comporte étrangement également. ». Un rire gêné lui échappa. « Je me fais probablement du sang pour rien. L'adolescence est toujours une période compliquée. » commença-t-elle autant amusée qu'elle était dépitée. Ses enfants n'avaient pas choisi le meilleur moment pour piquer leur crise. Elle marqua alors un temps. Si ce qu'il se passait sous son toit pouvait être en partie partagée, elle n'était pas certaine de vouloir exposer les tourments l'ayant poussé à le retrouver si rapidement. Il suffit cependant d'un regard et d'un geste pour comprendre qu'elle ne pourrait pas y échapper. Elle détourna alors le visage, espérant que fuir ses iris bienveillants lui permettrait d'éviter cette partie bien plus problématique. Elle céda lorsque, d'un demi-tour, elle se retrouva le dos contre son torse et ses bras autour d'elle. Même sans le voir elle pouvait deviner le dessin de sa musculature. Une nouvelle vague de chaleur vint alors brûler son épiderme. Elle expira un souffle. « Sir de Xyno m'inquiète. Je veux dire... Je lui suis reconnaissante d'avoir passé tant de temps à prendre soin de ma santé. Toutefois, je n'aime pas les sous-entendus dont il m'a fait part. Il a disparu pendant trop d'années et n'est revenu qu'il y a trop peu de temps pour qu'il ne s'agisse que d'un hasard. ». Le les lui aurait-il exposé sur un intervalle de temps plus important, probablement n'y aurait-elle pas pris garde. Mais en deux phrases il avait soulevé le souhait de Childéric et la paternité d'Elzibert. Deux des principaux sujets qui préoccupaient de trop son esprit. Le problème aurait été moindre si elle ne lui offrait pas le logis. « Même si ce n'est peut-être rien en fait. Je suis plutôt injuste de me méfier ainsi à cause de simple supposition. » conclut-elle le sujet lorsqu'elle retrouva le contact de son regard, lui permettant par la même de ne pas délier plus ses lèvres. « Qui plus est, je ne suis pas la seule à avoir des soucis. J'ai cru constater la présence plus accrue de la garde. Est-ce à cause de la venue du Roi d'Uobmab ? ». La simple mention de son nom suffit à nouer ses entrailles et, de façon inconsciente, elle raffermit sa prise sur Childéric comme elle se rapprocha de lui. « Tout le monde semble étonné de sa présence. À croire qu'il aurait décidé de venir sur un coup de tête et sans prévenir personne. » commenta-t-elle sans véritable étonnement. Il en était parfaitement capable. On savait d'où venait le comportement de sa fille. « Ça faisait longtemps. » souffla-t-elle hors contexte, caressant du regard le visage du brun. Parfois elle s'interrogeait. Depuis le temps, et après tous les refus qu'il avait essuyé, il aurait eu tout le loisir de se détourner d'elle. Qu'est-ce qui le rendait si persévérant ? Elle avait du mal à croire qu'il ne s'agît que de sa personne. C'était pourtant la seule chose qu'elle pouvait lui offrir et qu'elle lui offrait déjà.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 1104 (ça suffit d'essayer de m'amadouer comme ça, je suis une sensible moi è.é)
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Mer 02 Nov 2022, 22:53


Les Portes - Chapitre V


Rôle:

L'attitude d'Yvonelle inquiétait Natanaël. Elle semblait tout aussi confuse que lui d'assister au dénouement d'une intrigue secrète impliquant Rosette. Pourtant, sa fiancée ignorait plus de choses qu'elle ne le pensait sur sa meilleure amie... l'ironie de la situation piqua le blond. Alors qu'il tentait de les oublier, le rejet de ses ardeurs lui asséna un coup double. Son sourire se fana alors qu'il regardait sa fiancée lui échapper, impuissant. Il hésita un moment : parfois, les femmes exprimaient l'inverse de leur volonté. Voulait-elle qu'il aille la consoler ? Il avait décelé une absence dans son regard qui le faisait douter. Penaud, Natanaël se résigna à quitter la piste et laisser Yvonelle face à ses tourments, quels qu'ils soient.

Son regard se porta successivement sur ses amis et sa famille, en quête de distraction. Il fronça les sourcils en regardant sa mère provoquer une soi-disant maladresse afin de tirer Clémentine de son cavalier. La tournure des événements ne semblait pas pencher en la faveur d'Hermilius. Encore un homme qu'Ernelle n'estimait pas à son goût... longtemps, il avait cru que sa mère repoussait les propositions des hommes pour le protéger. Mais désormais, il était clair qu'autre chose était à la source de ce problème. Sa mère avait été certainement assez déçue par un homme pour ne plus leur accorder sa confiance si facilement. Cette idée l'attristait. *Je commence à me demander si elle n'a pas réellement fabriqué une machine pour faire office de mari*, pensa-t-il en imaginant une poupée de métal et de tissu. Il se jura de se faufiler dans son atelier à l'occasion, afin de percer les secrets de ses créations.

Sa main alla s'emparer d'un verre au hasard alors qu'il tentait d'analyser la situation avec Yvonelle. Natanaël fouillait dans ses souvenirs pour tenter de déceler des indices avant-coureurs de la distance qu'elle avait progressivement installé entre eux. *Est-elle si piètrement préparée à supporter mon absence ?* se demanda-t-il. Inéluctablement, tous les éléments le ramenaient à son départ prochain pour la marine. Cet avenir se rapprochait chaque année et ses remarques, parfois sous le masque de l'humour, s'étaient multipliées. Natanaël but quelques gorgées, comme pour repousser les vagues de tristesse qui remontaient alors qu'il se plongeait dans les tourments imaginaires de sa fiancée. L'impuissance laissa place à une frustration amère. Après tout, Yvonelle avait accepté cette réalité quand elle avait passé sa bague de fiançailles au doigt. C'était sa responsabilité. *Sera-t-elle assez forte ?* songea-t-il. Son estomac se nouait. Déodatus était introuvable et sa mère avait quitté la salle : il n'avait personne pour lui changer les idées. Ce dernier reprit une gorgée d'alcool par dépit.

Son regard s'arrêta sur Rosette. Son cavalier la courtisait, cela crevait les yeux. Et elle ne rejetait pas ses avances. Natanaël se mordit la lèvre et se tourna vers la fenêtre. Il plongea ses prunelles sur la lumière réconfortante de la lune. Le reflet de sa chevelure avait une façon étrange de se confondre avec l'astre. En quête d'échappatoire, son esprit s'éloigna de ses dames pour dériver vers des contrées lointaines et leurs promesses d'aventures. Il ferma les yeux et se remémora sa dernière promenade au port. La mer, elle, resterait à jamais. Sa passion cahotait au fond de son cœur, intarissable. Ce souvenir le réconforta et un soupir s'échappa de ses lèvres. Quand ses paupières se rouvrirent, son esprit était soudain plus clair. Il n'y avait point d'intérêt à s'inquiéter de ce qu'il ne pouvait changer. A défaut de pouvoir jouer son rôle d'amant ou de fiancé, il pouvait au moins être un bon ami.

« Pardonnez-moi, puis-je avoir de quoi écrire ? » S'enquit-il auprès du premier domestique qui passa près de lui. Ce dernier s'exécuta. « Pourrez-vous faire parvenir ce mot à Dame Rosette D'Eruxul, je vous prie ? » Il souffla un moment sur l'encre puis plia le bout de papier. Natanaël avait simplement griffonné : "Yvo a besoin de toi dans les jardins."  Il surveilla ensuite le domestique alors qu'il allait déranger Rosette dans sa valse romantique. Ce mot partait d'une bonne intention. Néanmoins, si cela pouvait interrompre le cavalier inconnu… il ne s'en plaindrait pas. Ce dernier porta le verre à ses lèvres, mais réalisa avec désarroi qu'il était vide. « Je vous reprendrai... hum... quelque chose de fort. Ce que vous voulez », ajouta-t-il en tendant son verre à un autre domestique. Dehors, la lune avait été engloutie par un manteau de nuages.

Mots: 743

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Mer 02 Nov 2022, 23:40



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Ludoric se positionna convenablement et entama la danse. « Oui, j’ai vu ça. » répondit-il, encore troublé par les paroles et le regard de Coline. Il jeta un coup d’œil par-dessus l’épaule d’Adolestine. Elle s’était dirigée vers Judas, le Roi d’Uobmab. Si on pouvait lui reconnaître une qualité, c’était probablement son audace. Cette dernière diffusait toujours des frissons dans son dos. Qu’avait-elle voulu dire ? Avait-elle deviné ? Avaient-ils eu des attitudes, des gestes ou des mots qui avaient pu laisser envisager l’existence de leur idylle ? Avait-elle fait espionner les appartements de son frère ? À l’instant où il y pensa, cette option lui parut être un fait évident. Ils l’avaient laissée derrière la porte close. Son ego, sa malice et son intelligence auraient-ils pu essuyer un tel affront sans chercher à s’en venger ? Comment avaient-ils pu, Placide et lui, être si naïfs et stupides ? La poigne de la culpabilité et de la peur s’aplatit sur sa gorge, prête à lui couper le souffle. Il venait sans doute de compromettre l’avenir du prince, et le sien par la même occasion. Que ferait Coline de cette information ? Certainement pas rien. Était-elle capable de la prouver ? Seraient-ils en mesure de nier ? Qui croirait-on ? La princesse à l’allure parfaite ou son petit frère chétif, adorateur de la nature et désintéressé des affaires politiques et le fils de Gustave de Tuorp, coureur de jupons qui avait vraisemblablement enfanté un impotent ? Tout ne s’expliquerait-il pas au travers du récit de la blanche ? Toutefois, si elle révélait ce secret, elle compromettrait toute possibilité de mariage entre eux. Tandis que si elle le gardait précieusement et l’épousait, elle pourrait exercer sur lui les plus grandes contraintes.

En dépit de son tumulte intérieur, le roux s’appliquait à guider l’adolescente avec douceur et assurance. Il coula un regard vers le ruban qui, à chacun de ses mouvements, caressait la peau de son poignet. « Je ne trouve pas cela si étonnant. » répondit-il, pensif. « J’étais déjà le cavalier de Coline. Vous serez peut-être ma future belle-sœur et vous le savez. Vous êtes sans doute la seule femme avec qui me voir danser n’éveillera aucune interrogation. » Sa belle-sœur, ou son épouse ? Il repensa à l’idée qu’il avait exposé à Placide. Il lui avait suffi d’observer son visage pour comprendre qu’elle ne lui plaisait pas. Mais ne serait-ce pas préférable à Coline ? Ne serait-ce pas avantageux pour Adolestine, eu égard à ses ambitions d’évasion ? Il la laisserait s’envoler autant qu’elle le désirait, pourvu qu’elle pût lui garantir une place auprès de Placide. C’était tout ce qui comptait. Être près de lui et pouvoir l’aimer. Sa jumelle ne le permettrait jamais. « Mon père… » Sa phrase mourut dans un sourire las. Gustave était terrible. Son succès auprès de la gente féminine lui valait autant de désapprobation, et cette dévaluation éclaboussait toute sa famille.

Délicatement, il rapprocha un peu plus Adolestine de lui, prêt à formuler sa proposition malgré tout. Il n’avait pas le courage d’avouer son amour pour le blond à tous, mais il avait au moins celui de prendre des risques pour lui permettre de perdurer. Le chuchotis de la princesse, néanmoins, le prit de court. Les yeux écarquillés et les narines dilatées, il la scruta. Comment pouvait-elle savoir, elle aussi ? Placide le lui avait-il dit ? Non. Juste ces bruits, qui gambadaient dans les couloirs comme des rats au milieu d’une cave. On les avait entendus. Non, non. Peut-être était-ce juste des murmures spéculateurs. Oui. C’était logique. Il n’avait pas quitté la chambre, et deux garçons de leur âge… Voilà. Cela éveillait juste les soupçons. Ou était-ce ainsi que Coline l’avait appris ? La silhouette du fils de Tuorp, raide, se déplaçait avec moins de légèreté parmi les danseurs. Il aurait souhaité pouvoir s’enfoncer dans le sol. Qu’avait-il fait ? Le remords le submergea. Il avait agi comme son père et sa mère, voilà tout, et désormais, il s’en mordait les doigts. Ce sentiment se propagea mais, bientôt, il se heurta à un autre, plus vigoureux encore : la colère. La colère de n’avoir pas le droit d’aimer. La colère de vivre dans un monde qui répugnait à voir s’unir les corps de deux hommes. La colère d’occuper une place sociale qui lui conférait des obligations de mariage et de succession. La colère de n’avoir pas le courage d’être lui-même. Parce que ça n’était pas une question de droit, finalement. On ne le lui accorderait jamais de bonne grâce. Pourtant, un dernier choix lui revenait : celui d’accepter cette apparente fatalité ou de prendre lui-même ce qu’on lui refusait. Même si cela n’était que pour quelques secondes, juste le temps pour son père de dégainer une épée et de l’occire en place publique. Que valait la vie, de toute façon, sans Placide ? Rien. Il en avait éprouvé le sentiment à peine quelques jours plus tôt. Galvanisé par la passion de l’adolescence, son corps regagna en élan et en puissance ; il mena à nouveau la princesse avec application et finesse, sans se préoccuper du reste des invités. Ce dont il n’avait pas besoin d’attention pour danser était dirigé à l’encontre d’une seule et unique personne : l’homme qu’il aimait.

Les mots d’Adolestine firent écho à ce qu’il venait de songer. Il plongea ses prunelles dans les siennes, le cœur battant. Pas nés au bon endroit. Cela résumait parfaitement leurs vies à tous les trois ; et sans doute à bien d’autres encore. Combien de gens présents ici aspiraient-ils à une autre existence qu’à celle qu’ils se croyaient obligés de mener ? Combien d’entre eux s’enfonçaient-ils si bien dans une mascarade quotidienne qu’ils parvenaient à se tromper eux-mêmes ? La princesse avait visiblement trouvé le courage de s’extirper de ces faux-semblants qui leur collaient trop souvent à la peau. Il ne dit rien, il l’écoutait, attentif. Elle se livrait : il ne comptait pas l’interrompre. Néanmoins, une interrogation de surprise finit par fuser d’entre ses lèvres : « Comment ? » Coline, reine ? Comment était-ce possible ? Son palpitant s’emballa à nouveau. S’il l’épousait… L’horreur dévora sa poitrine. Et Placide… Cela signifiait qu’il n’avait plus de devoir envers la couronne. Brutalement, il se sentit pris au piège. Il chercha la blanche du regard mais ne la vit pas. Elle ne lui avait rien dit. Pas un mot, pas une allusion. Il ne pouvait pas croire que ça n’était pas à dessein.

Ludoric se reconcentra sur Adolestine. Il ne la prenait pas pour une folle. Combien de fois avait-il rêvé d’autres rivages, de mondes plus cléments, de sociétés plus tolérantes ? « N’ayez pas honte. » Avec douceur, il posa son index et son pouce autour de son menton et les ramena vers lui, avant de reprendre sa position initiale. « Vous me proposez de fuir avec vous ? » C’était évident. Il chercha des yeux ses parents, sans les distinguer parmi la foule emballée des danseurs. Son regard revint se fixer sur la brune. « Je ne sais pas si Placide voudrait partir. » Et lui ? « Je crois qu’il aime sincèrement votre père, comme vous, et je pense que… » Il s’interrompit. « Pardon, je ne veux pas vous peiner ou vous faire culpabiliser. » Sa langue glissa nerveusement sur ses lèvres. « Je comprends votre choix. Et je le respecte. Si mon aide peut vous être utile, je vous aiderai. » assura-t-il, avant de fermer brièvement les paupières, continuant à tournoyer sur la piste de danse. « Mais je ne suis pas certain de désirer la même chose. » Il inspira. « J’aime ce royaume. J’ai depuis longtemps le désir de rejoindre l’armée afin d’être capable de le défendre et de le protéger efficacement. » Il exécrait son monde, mais il adorait ses terres. « Cela, je ne pourrai le faire nulle part ailleurs. Jamais avec la même envie. » Le roux soupira, conscient de l’impasse dans laquelle il se plaçait. Il n’avait d’autre choix que de rester au pied du mur, ou de l’escalader. « Avant toute chose, il faut que j’en parle à Placide. Mais plus j’y pense, plus je me demande si le mieux ne serait pas d’avouer la vérité. » Il pinça les lèvres. « Votre sœur sait. Des bruits de couloir vous sont parvenus. Combien de temps avant que nous ne soyons le sujet de trop de racontars et de plaisanteries mal placées ? » Sans cesser de soutenir les pas de la princesse, il serpenta entre les valseurs. « Placide ne sera pas roi. Je ne veux pas le devenir. » Quelle tragique ironie ce serait. « Son geste… » Sa voix faiblit face au souvenir évoqué. « Son geste m’a fait réaliser à quel point je ne peux pas imaginer ma vie sans lui. J’ai besoin de lui. » Tandis qu’il s’exprimait, son cœur battait à tout rompre. Ses iris brillaient de détermination et d’émotions. « Je ne veux pas vivre dans le mensonge. » affirma-t-il. « Peu importent les risques. Si Placide est d’accord, nous dirons la vérité. Si nous n’avons pas de place ici, et si nous le pouvons, alors nous partirons. Mais je ne veux pas fuir et je ne veux plus mentir. Je veux qu’ils sachent et je veux que, s’ils nous obligent à partir ou pire, ils soient conscients des motifs qui les y poussent. » Il s’arrêta, empli d’un courage et d’une force qu’il pensait avoir perdu entre ses idéaux et ses peurs. Il était presque hors d’haleine. Quelques secondes de flottement persistèrent, puis il reporta son attention directement sur sa cavalière. « Et vous ? Savez-vous ce que vous désirez faire ensuite ? Où partez-vous ? »



Message IX – 1621 mots




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Stanislav Dementiæ
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Jeu 03 Nov 2022, 11:11


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Les portes - Chapitre V
Stanislav

Rôle:
Beaucoup d'hommes rêvent d'avoir la capacité de voler. Sans doute désirent-il s'approprier le céleste, le sonder tels des oiseaux de chasse inatteignables. Tu ne partages pas cette fantaisie : tu préfères garder les pieds ancrés sur la terre ferme, là où te te sais capable de fuir d'un bon, tel un lièvre sur le qui-vive. Pourtant, la prise de l'effrontée t'envoie valser dans les airs. Pour une fille qui ne voulait pas se prêter à ce genre de parade, elle avait un talent certain pour mener la danse. Une fois remis de ta surprise, et après que la douleur d'avoir renversé le mobilier se soi évanouie de ta chaire, tu écarquilles les yeux. La position dans laquelle vous vous retrouvez ravive les pulsions que tu as essayé de contenir plus tôt et tu sens ton entre-jambe s'éveiller sous son bassin. Embarrassé par ta posture, tu tentes de te relever sur un coude mais la Bleue t'arrête dans ton élan, d'une main sur ton torse. « Oui, j'ai remarqué. » t'amuses-tu à son aveux concernant son agacement dès que Merlin était évoqué ; le concerné t'avait prévenu mais ses mises en garde ne t'avaient pas préparé à une telle réaction. Un sourire ourle tes lèvres : tu ne peux t'empêcher de le réprimer, trop nerveux et excité par la situation. « Vous êtes de toute évidence bien plus surprenante. » approuves-tu. Tu ne doutais pas un instant que le frère savait redoubler d'inventivité qui t'aurais également pris de court, mais tu te laissais plus facilement charmer par les lubies de la gent féminine.

Tu ricanes lorsque la bleue émet l'hypothèse de tes sentiments pour Merlin. Tu apprécies le futur roi, mais pas de cette manière. Tu t'apprêtes à répliquer quelque chose mais est, de nouveau, pris de cours par l'initiative de ta cavalière. Ton regard s'élargit plus encore sous l'assaut de ses lèvres et, pendant une seconde, tu en oublies de respirer. Ton cœur s'affole ; ton entre-jambe se fait plus serré que jamais. Lorsque sa langue vient quémander le contact de la tienne, tu obtempères, frémissant sous cette nouvelle caresse. De ta main libre, tu caresses le long de l'une des cuisses qui enserre ta taille, puis tu remontes jusqu'au creux de ses reins, la plaquant plus fermement contre toi tandis que vos corps s'apprivoisent pour débuter cette valse d'un genre nouveau. Le moindre contact de sa peau contre la tienne te fait vibrer. Son odeur t'enveloppe et tu te laisses aspirer par ses sens. Finalement, et à contre cœur, tu la sens s'arracher à toi après avoir titillé ta lèvre. Comme pour essayer de prolonger le plaisir induit par sa morsure, tes dents prennent immédiatement la relève et viennent la maltraiter en même temps que tu luttes contre tes hormones pour regagner un semblant de clarté dans tes pensées. Une gêne similaire à celle de ta partenaire empourpre ton visage, ta respiration se fait presque haletante sous le baiser qu'elle t'a arraché. La gorge nouée, tu la regardes, ne sachant quoi faire. Plus. Tu en veux plus. Et en même temps, un semblant de pudeur te paralyse, te faisant perdre tes moyens. Tu ne les retrouves qu'une fois que la bleue entreprend de te délester de ton haut. Te redressant en position assise pour te mettre face à elle, tu commences à tirer lentement sur le lacet de son corset. Un jeu semble s'installer entre vous, tandis que tu tires sur la cordelette en rythme avec les boutons qu'elle dégraphe de ton veston. Tes yeux cherchent le contact des siens, qui restent focalisés sur les mouvements hâtifs de ses mains. Lorsqu'enfin l'arme de torture est retirée, tu grimaces en constatant qu'une énième épaisseur de vêtement te sépare de son épiderme. Ne te laissant pas décourager pour autant, tu tires sur chaque cordelette, repousses chaque pan de tissu, jusqu'à ce qu'enfin, la vue tant attendue te soit offerte. Des poitrines, tu en as épiée des centaines. Tu les as toutes aimées, peu importait leurs formes, leurs proportions, leurs teintes. Pourtant, savoir que c'est à toi, et pas à un autre, que la Bleue se laisse dévoiler dans sa plus belle intimité donne une saveur particulière à cette paire-ci. Le cœur battant - tu as l'impression qu'il va te ressortir par la bouche, ou bien s'échapper de tes côtes pour aller assommer ta concubine - tu descends ta main pour épouser la forme de son sein. Tu sens les frémissements de sa peau ; son téton se durcir sous ta paume. Ton impatience croit.

Un drôle de gémissement s'échappe de ta gorge lorsque Zébella s'aventure entre tes jambes. Sa grippe est ferme, et tu tressailles lorsqu'elle remonte les yeux sur toi. Là, une seconde de flottement s'étire en dizaine et installe un embarras. A-t-elle soudainement changé d'avis ? Trouve-t-elle quelque chose d'étrange à ton anatomie ? A-t-elle surpris quelqu'un en train de vous épier - tu ne doutais pas que Merlin se serait débrouiller pour venir vous épier. Puis, finalement, tu comprends. Elle est simplement désemparée. Alors, timidement, tu commences à diriger sa main pour entamer ton pèlerinage du plaisir. Ta respiration s'accélère, se hache sous la poussée de tes gémissements. Tes propres mains se font curieuses et partent à l'exploration de ce corps qui t'es interdit, et pourtant offert. Tu tressailles lorsque la poigne se fait trop brutale, soufflant des conseils pour améliorer la prise en main de ta partenaire. Lorsque tu t'approches de l'extase, tu stoppes son poignet.  « Attends. » murmures-tu dans un râle. Heureusement que tu t'es déjà adonné à quelques plaisirs solitaires, ce matin - tu n'aurais pas tenu jusque là dans le cas contraire.

Impatient, tu repousses délicatement la bleue pour la faire s'assoir sur le canapé. Là, tu relèves ses jupons puis t'installes entre ses cuisses. Un instant d'hésitation t'étreint le cœur. L'anatomie féminine, tout comme les pratiques pouvant les satisfaire ne t'étaient pas inconnues : tu avais passé des heures à observer des maîtres s'adonner à cet Art. Tu ne t'y étais jamais adonné toi-même -les prostituées ne comptaient pas vraiment, ces femmes là étaient davantage faites pour contenter le plaisir masculin et tu étais persuadé que le corps d'une femme, d'une dame comme la D'Uobmab, serait tout à fait différent - et il te fallut un instant de réflexion avant de trouver quoi faire. Cédant à la tentation, tu t'aventures dans ces contrées inexplorées, tu te lances, avec une hésitation similaire à celle qu'avait expérimenté la princesse. Tu donnes du cœur à l'ouvrage, essayant de glaner quelques œillades sur le plaisir de ta partenaire - elle ne vocalisait pas beaucoup, mais tu savais que la timidité pouvait avoir cet effet.
1166 mots.
Merci Kitou pour ton super TW. 8D nastae



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Lana Kælaria
Jeu 03 Nov 2022, 11:54




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lana


Rôle :


Les bras croisés sur les genoux et la tête enfouie dans ceux-ci, Yvonelle n’essayait pas une seule seconde de cacher sa tristesse. Elle secouait ses épaules de sanglots incontrôlés et hachait sa respiration de lourds soubresauts. La sensation que sa vie lui échappait lui comprimait la cage thoracique. Plus elle pleurait, plus ses peines lui apparaissaient avec une plus grande acuité ; acérées comme les sommets des montagnes aux versants escarpés, elles déchiraient son cœur à chaque fois qu’il les frôlait par mégarde. Ses doigts, cramponnés à ses cuisses, tremblaient des émotions qui la traversaient. Elle n’était qu’une brindille soumise au déchaînement des éléments de son propre corps. La solitude l’enveloppait d’un manteau de sincérité au sein duquel il lui était possible de tout exprimer, loin des apparences de la cour, des nécessités familiales et de sa propre fierté. Pourtant, une part d’elle souhaitait ardemment qu’Elzibert arrivât, qu’il quittât la soirée et l’amenât contre lui pour la serrer dans ses bras. L’avait-il seulement vue partir ? Elle en doutait, mais elle espérait. Cet espoir-là, épaulé par son désarroi et sa peine, tuait toutes les réserves qu’elle avait pu avoir à son égard. Elle se moquait des mots de travers et des actions inappropriées. Son cœur l’exigeait ; c’était une tyrannie à laquelle elle ne trouvait ni la force ni la volonté de se soustraire.

Lorsqu’elle sentit quelqu’un s’asseoir à côté d’elle, elle sursauta et se redressa vivement. Ses yeux bleus baignés de larmes dévisagèrent l’arrivante. C’était une jeune femme d’environ son âge, qu’elle ne connaissait pas. De gestes quelque peu précipités, Yvonelle commença à essuyer ses joues du bout des doigts, avant de réaliser qu’elle lui proposait un mouchoir. « M-Merci. » Elle le prit, tamponna l’humidité sur sa peau, puis se moucha doucement dedans. Tout son maquillage devait avoir coulé sur ses pommettes, et sa chevelure semblait probablement plus sauvage qu’elle ne l’aurait dû. Elle rougit de honte. Une dame n’aurait jamais dû se montrer dans un tel état. Sa mère, même malade, faisait preuve de dignité et d’élégance. Elle, elle ressemblait probablement à une sorte d’huître perlière : pourvue de beaux bijoux, certes, mais surtout décomposée, gluante et visqueuse. « Je… » Elle déglutit, incapable de répondre à sa question. « Je suis désolée que vous me voyiez dans cet état… » finit-elle par réussir à articuler. Elle avait envie de disparaître. De rentrer chez elle et de se glisser sous ses couvertures. Cependant, quand la blonde proposa de la laisser, un sentiment ambivalent émergea en elle, qui ne fit que se confirmer à mesure qu’elle parlait. Elle la scruta, un peu incertaine. Quelque chose, dans sa physionomie, invitait à la confiance. Il y avait dans ces traits une douceur et une honnêteté insaisissables. Et dans la poitrine d’Yvonelle, le besoin terrible de partager son fardeau.

Son récit faisait étrangement écho à sa propre expérience. Un mariage avec Elzibert, bien que possible, paraissait peu probable. Elle aurait pu s’imposer et lui demander une danse, mais elle n’avait pas osé. D’abord, parce que Natanaël n’aurait sans doute pas compris pourquoi elle réfugiait son trouble entre les bras de son frère, et ensuite parce qu’elle avait peur des interprétations que les autres auraient pu faire d’un tel choix – abandonner son fiancé au profit de son frère. C’était pourtant ce qu’elle envisageait de faire de plus en plus. La blanche renifla et passa à nouveau deux doigts sous chacun de ses yeux, en les levant vers le ciel. « Je comprends… » soupira-t-elle, en redirigeant son regard vers le sol. Elle le releva pour le poser sur l’inconnue. « Je suis désolée pour vous. » Elle l’était, sincèrement, peut-être aussi parce qu’elle se retrouvait en elle. Doucement, l’une de ses mains quitta ses genoux et s’aventura sur celles de la jeune fille. Elle les pressa avec gentillesse. « Pourquoi ne pouvez-vous pas l’épouser ? Est-il promis à une autre ? » Elle la scruta, silencieuse quelques secondes. Son visage lui disait très vaguement quelque chose. Elle avait déjà dû la croiser à des réceptions ou au détour de certaines rues de la ville. « En fait, je… » La d’Etamot lâcha un soupir saturé de lassitude. « Mon secret, c’est que je suis fiancée à un homme mais que j’en aime un autre. » Ses iris retombèrent sur ses pieds. « J’ai beaucoup d’affection pour mon fiancé, bien sûr, mais je crois que… je crois que je ne suis plus amoureuse, ou plus autant qu’avant. » Prononcer ces quelques mots lui fit l’effet de s’enfoncer un poignard dans la poitrine. « Et plus j’y pense, plus je crois que je ne supporterai pas une vie avec lui. Il veut s’engager dans la marine, alors… » Elle inspira. « On ne se verra pas beaucoup, et je ne suis pas assez sotte pour croire que… » De sa main libre, elle chassa ce qu’elle s’apprêtait à formuler. « J’ai fait une promesse, et je n’ai pas envie de lui faire du mal. » Son regard remonta lentement vers le visage de l’inconnue. « Mais il y a cet autre homme et… J’aimerais passer ma vie avec lui. » Un camaïeu de rouge colora ses joues. « Je crois que si c’était possible, il le voudrait aussi. Mais il y a mes fiançailles, et… » Elle chassa une mèche de cheveux tombée devant ses yeux derrière son oreille, avant de passer sa main sur une partie de son visage. Elle s’humecta les lèvres. « C’est compliqué. » Elle ne pouvait décemment pas dire qu’elle était folle amoureuse de son frère, ni même de son demi-frère. « Parfois, je me dis qu’on n’a pas d’autres choix que de s’enfuir d’ici. » Son regard bleu détailla celui de son interlocutrice. « Vous vous enfuiriez, vous ? »



Message IX – 962 mots


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Kitoe
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Kitoe
Jeu 03 Nov 2022, 11:58

Faust
Les Portes V
TW : fêlure dans son kokoro


Il était difficile de rester de marbre. Les révélations et les accusations de sa femme étaient violentes. Une violence que l'homme ne connaissait pas. Pourquoi le monde s'abattait-il sur lui depuis quelques jours ? Il avait naïvement cru qu'Ezidor serait ce qui pourrait lui arriver de pire, mais il était sur le point d'en douter. Il n'avait pas été préparé à tout cela. Éléontine ne lui avait jamais parlé ainsi. Il supposa qu'il aurait dû lui en vouloir, compte-tenu du fait qu'il la tenait pour responsable d'à peu près tous ses malheurs à l'heure actuelle, mais comme souvent, elle savait trouver les mots. Ses plans, les scénarii où il se voyait la réduire à une soumission pure et simple, tombaient à l'eau, comme des moineaux à qui on aurait arraché quelques plumes. Seulement quelques plumes. Mais cela suffisait. C'en frôlait le pitoyable. Éléontine avait le pouvoir de le rendre pitoyable. Lui, Gustave de Tuorp, pitoyable ? C'était un oxymore qu'il ne savait accepter. Gustave n'était ni faible, ni ridicule. Il était censé être grand, fier, beau et fort. Alors, ce à quoi le réduisait son épouse, c'était quasiment inacceptable. Il détestait cela, se sentir aussi faible. Mais d'aussi loin qu'il se souvenait, c'était également pour cette raison qu'il l'avait épousée. Elle était la seule, l'unique, qui avait jamais réussi à le faire céder par le seul maniement des mots.

-Allons dehors, oui.

La valse venait de se terminer. Gustave aurait dû rejoindre sa deuxième cavalière mais encore une fois, Éléontine l'empêchait d'être d'humeur. Éléontine, toujours Éléontine. Elle le rendait fou. Et maintenant, elle avait décidé de le confronter, tout entier, à des choses qui auraient dû rester dans l'ombre, derrière lui. Le couple s'écarta de la piste et ils se laissèrent accueillir par la fraîcheur de la nuit. Ils se retrouvèrent tous les deux, face à face. Gustave avait posé ses deux mains sur ses épaules, comme s'il s'apprêtait à lui révéler des choses de la plus haute importance. C'était le cas, quelque part. Le souffle court, il entrouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Il voulait lui dire, parler, mais il ne savait pas quoi dire. Il se sentait bête. Elle le rendait stupide.

-Il n'y a aucun bâtard.

Ces mots lui arrachaient la gorge et il ne comprenait pas pourquoi. C'était faux, bien sûr. Mais il n'en connaissait qu'un et puisqu'il était à Adénaïs, en réalité, il pouvait être le fils de n'importe qui. Absolument n'importe qui.

-Et il n'y a pas... Il s'arrêta. Il savait qu'il essayait de se sauver en vain. Mais il fallait qu'il l'écoute, absolument. Elle devait croire en sa version. Tu exagères. Il s'éclaircit la voix. Ce n'était pas un reproche ; il essayait juste de remettre les choses à leur place. Avec Garance, ce n'était que pour arranger l'avenir de notre fils.

Admettre, oui, mais seulement à moitié. Gustave n'était pas aussi dépravé que l'homme que sa femme venait de dépeindre. Comment pouvait-elle penser une seule seconde qu'il était aussi dévergondé ? Comment pouvait-elle croire à toutes ces rumeurs ? La vie ne lui avait-elle pas appris à différencier le vrai du faux ? A se méfier des spéculations ? Et puis, Hermilius n'était pas beaucoup plus net non plus ! Il ne lui connaissait pas de conquêtes mais... Il était bizarre. Voilà. Et Éléontine ne faisait que lever ses doutes sur le fait qu'il ne l'aimait pas. Pas du tout, même.

-Éléontine. Il prit ses mains dans les siennes, son regard brillant cherchant le sien. Je n'ai pas été un bon mari. Je m'en excuse. Mais je t'aime aussi. Même si je n'ai pas toujours su être fidèle, c'est toi que je désire, plus que tout. Les autres ne sont rien. Il ne s'agissait que de concours de circonstances, je te le jure.

Il ne savait pas trop quoi faire. Savoir qu'il l'avait trompée à plusieurs reprises ne semblait pas remettre en doute toute la confiance qu'elle pouvait avoir en lui. Il ne comprenait pas pourquoi et en même temps, cela l'arrangeait. En réalité, Gustave n'était pas prêt à la perdre. Elle était, en quelques sortes, sa zone de confort. Et puis, qu'adviendrait-il s'ils se séparaient ? Nul doute qu'il se trouverait rapidement une autre femme, mais ce ne serait pas pareil. Il sentait donc, malgré les concessions de son épouse, le besoin irrépressible de se défendre et de se trouver des excuses. Elle venait de le mettre à nu alors même qu'il pensait qu'elle ignorait tout de ce qu'il cachait derrière son armure.

-Que tu souffres m'insupporte.

Ce qui était assez vrai. Il n'avait jamais eu conscience que tout cela l'ait un jour atteinte. Lui-même, s'il avait eu connaissance d'un quelconque adultère de sa part, il ne l'aurait pas supporté. Vraiment pas. Mais son épouse était d'une résilience à toute épreuve.

-En revanche, tu te trompes. Si ma réputation, dont tu me parles, avait affecté celle de Ludoric, alors celle d'Yvonelle le serait tout autant compte tenu de la situation de sa mère. Les choses se rôdent pour lui. Il pourrait être fiancé à Coline prochainement. Tu le sais, nous en avons parlé.

Ce n'était qu'une question de temps et il lui en voulait de remettre l'avenir de leur fils en question. C'était ridicule. Il fallait juste s'armer de patience. Après tout, Ludoric était précieux : il méritait d'obtenir le meilleur parti. Ce n'était pas un choix à prendre à la légère. Et les familles qui ne parvenaient pas à voir le potentiel exceptionnel du jeune homme étaient à la fois aveugles et n'étaient pas dignes de recevoir l'attention des De Tuorp. Gustave poussa un soupir.

-Parfois j'aimerais que l'on recommence tout.

Cela n'avait jamais été aussi vrai depuis qu'Ezidor avait la main sur lui. S'il avait su, il aurait fait les choses autrement. Il ne se serait pas fait avoir par ce truand et son quotidien n'en aurait pas été bouleversé. Il aurait pu continuer à vivre tranquillement, à maintenir les apparences et à tromper sa femme éperdument, à apprendre l'art de la séduction à son fils... Comme avant.

-Je te promets que tout cela va cesser. Lorsque Ludoric sera marié, nous fixerons* notre couple.

S'agissait-il d'une promesse en l'air ? Oui. Pas qu'il n'était pas sincère ; une part de lui y songeait sérieusement. Cependant, il savait qu'il ne pourrait pas résister à la satisfaction d'attirer d'autres femmes dans ses bras. A flirter et jouer avec elle. A leur voler un baiser, à les déshabiller et à caresser leurs courbes. A les faire siennes. C'était une drogue. La promesse d'un addict qui souhaitait arrêter de consommer son substrat du jour au lendemain, alors même que la tentation était partout, et pour cause : elle représentait la moitié de la population. Alors cela ne cesserait probablement jamais.

-Allons-y maintenant, ou bien nous allons nous faire attendre.

Une main plaquée dans le bas de son dos, Gustave poussa Éléontine vers la salle de bal. Leur discussion était terminée et il était temps de rejoindre leurs partenaires de ruban. Encore fallait-il les trouver.

1173 mots
*désolée je suis bilingue



Bijin
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Stanislav Dementiæ
Jeu 03 Nov 2022, 12:45


Les portes - Chapitre V
Thessalia

Rôle:
« Il y a bien des façons de lui faire payer. » répondit Irène d'un ton rêveur. Un sourire s'était ancré sur ses lèvres suite aux révélations de son cavalier. Elle aimait Déodatus et ses dérives attendrissantes ; il était comme un oisillon venant tout juste d'éclore de sa coquille. Le D'Etamot s'élançait dans des travers de voyeur, sans oser passer le cap, sans céder tout à fait à ses fantasmes. L'orpheline savait, cependant, ce qui noircissait son cœur, elle avait cerné la pourriture qui gangrénait ses pensées et son âme. Elle l'aiderait, en temps et en heure, à s'épanouir pleinement. Elle comptait remédier à sa timidité durant ce bal. Mais elle s'en occuperait plus tard : en cet instant, son attention était focalisé sur son jeune frère.  Elle aimait la lueur menaçante qui dansait dans son regard en parlant de celui qui l'avait importuné. C'était un feu qu'il fallait entretenir, jusqu'à ce qu'il grandit en brasier, prêt à tout dévorer sur son passage. Qu'il désira tout consumer, réduire en cendre. C'était dans l'expression de leur folie qu'Irène trouvait ses partenaires les plus magnifiques. Elzibert était encore sage, mais il possédait en lui le potentiel de devenir un homme digne de son intérêt. Elle désirait l'initier, l'emmener dans sa cave pour y jouer. Elle voulait le modeler jusqu'à ce qu'il atteigne son idéal. « Il a pris quelque chose qui vous était cher... » Elle avait reconnu dans ses yeux l'éclat de la jalousie, car elle le percevait souvent dans son propre regard. « Alors dérobez lui en retour ce à quoi il tient le plus. » Elle sourit de plus belle. Avait-il une idée de ce dont il s'agissait ? « Tout le monde sait qu'il convoite la Dame De Tuorp. » Cette attirance-là n'était un secret pour personne. « Mais il y a quelqu'un pour qui il nourrit davantage d'intérêt encore. Quelqu'un qu'il n'a pas seulement observé. » La Blanche s'approcha de son cavalier, se collant voluptueusement à lui, plus que ne l'autorisait le protocole. Leurs visages étaient proches l'un de l'autre, mais l'adolescente ne coupa pas le contact visuel. Sa main posée sur l'épaule de son cavalier remonta le long de la nuque puis s'aventura dans les cheveux, le pressant délicatement pour qu'il vienne coller son oreille à sa bouche. « Lorsque vous rentrerez chez vous... Allez voir dans sa chambre, sous son matelas. Vous pourriez découvrir des choses... » susurra-t-elle avant de poser sa tête sur l'épaule de son partenaire. Là, elle laissa un petit rire lui échapper. Comment réagirait-il, face à sa découverte ? Elzibert serait-il capable d'arracher à son frère ce qu'il convoitait secrètement ?

« Vous savez, je ne pense pas que vous devriez épouser Rosette. » La d'Errazib se permettait de donner son avis, même lorsqu'il n'était pas souhaité. On s'en accommodait, en la traitant de folle, mais sans la froisser de peur de passer à côté de sa fortune. Cela lui convenait, puisque ça lui permettait de s'exprimer clairement. « Elle n'est pas faite pour vous. » La marginale laissa sa main caresser une seconde fois la nuque du garçon. « Elle est ennuyante. Un peu trop sage, même pour vous. » Dans le cas contraire, elle aurait eu droit à sa salle personnalisée dans son grand palais. Puisqu'aucune trace d'elle ne flânait dans son manoir, cela témoignait du manque d'intérêt qu'elle pouvait susciter. « Vous devriez vous accompagner d'une femme plus trépidante. Qui pourrait vous donner l'impression de vivre l'un de vos nombreux romans. » Irène savait de quoi elle parlait. Elle s'était procuré les mêmes livres que le brun, pour mieux appréhender son univers, comprendre ce qui lui plaisait ou non. On la disait folle, trop pour qu'on la prit au sérieux, mais pourtant, elle prenait méticuleusement soin de faire ses recherches sur celles et ceux qui l'intriguaient. « Une femme qui ne vous priverait pas de votre liberté, qui vous laisserait continuer à rêver, malgré le mariage. » Lentement, la Blanche releva sa tête et lâcha la main d'Elzibert, tandis que la sienne remontait le long du bras musclé pour rejoindre sa jumelle, derrière le cou du danseur. « Je suis riche, vous savez ? Ma dot pourrait grandement aider votre famille, peut-être même vous sortir définitivement de votre embarras financier. » Les enfants lui avaient rapporté la présence de la mère d'Etamot dans les bordels, et une enquête un peu plus approfondie en avait éclaircit la raison. « Et puis, moi, je ne vous empêcherait pas de rêver. Nous pourrions rêver chacun à notre façon. » Le regard bleuté descendit sur les lèvres du plus jeune. Elle aurait voulut y goûter. « Ou bien peut-être pourrais-je vous montrer comment vous amuser, tout en vous vengeant de votre frère. » Irène pencha légèrement la tête sur le côté, tout en se pressant davantage contre le brun. « Dites-moi, comment se fait-il que Déodatus ait pu venir au bal ? » demanda-t-elle d'un air innocent. « Si vous aimez votre sœur, je veux dire, si vous souhaitez sincèrement défendre sa vertu et son honneur, comment se fait-il que vous n'ayez pas révélé l'affront de votre aîné ? Pourquoi ne pas lui avoir brisé les deux jambes ou bien l'avoir étouffé dans son sommeil ? Ce genre de choses peut être arrangé facilement. » La valseuse ferma les yeux un instant, chantonnant l'air de l'orchestre. « Mais peut-être n'aimez-vous pas autant votre sœur que Déodatus. Peut-être que finalement, des deux, c'est lui qui tient le plus à elle. Et dans ce cas, il deviendrait plus légitime que vous à réclamer Yvonelle, vous ne pensez pas ? »

978 mots



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Babelda
Jeu 03 Nov 2022, 17:14

]

Image par Fernanda suarez.
Les portes - Chapitre V
Babelda

Rôle:

Montarville fit tourner le verre posé sur la table, le décalant cran par cran avec ses doigts. Les sourcils froncés, il se concentrait sur les paroles de Lambert. Il percevait bien que celui-ci essayait de l'emmener quelque part, de lui faire passer un message, mais le problème c'est qu'il ne parvenait pas à comprendre lequel. Quel était le rapport entre ses enfants, une paysanne et la maladie de sa femme. Non, vraiment, il ne voyait pas. Ou plutôt, il refusait de voir : sa mémoire semblait se bloquer, nier les bribes de ce qu'il avait refoulé tel un cauchemar et désespérément cherché à oublier. « Mmh... » Quoi, essayait-il de lui avouer qu'il avait fait un minot dans le dos de Madeline ? Le brun avait toujours apprécié son ami tel un frère et il comprenait sa détresse, mais il n'appréciait pas vraiment l'effroi que lui avait fait éprouvé le blanc en venant le chercher avec urgence. Ce sentiment, d'ailleurs, ne s'amenuisait pas, comme si le monarque pressentait qu'il y avait quelque chose de plus, que les confidences ne s'arrêtaient pas là... Effectivement. Les dernières paroles s'emballèrent et, finalement, le couperet tomba.

Le De Lieugro papillonna des yeux, comme s'il n'avait pas entendu. C'était un peu le cas. Du moins, il avait forcément mal compris. Clémentin, son fils ? Par quel miracle ? Ca ne se pouvait pas. Les pièces du puzzle refusaient de s'imbriquer les unes aux autres. L'infidèle s'enfonçait dans un déni profond. Pourtant, il sentait ses défenses s'effondrer une à une, le barrage menacer de céder et de le noyer sous la culpabilité de sa tromperie. Montarville déglutit. Ses doigts tapotèrent le verre d'alcool. Il soupira, puis s'en empara, le vidant d'une traite - il n'y avait pas encore touché, depuis que son camarade l'avait servi. Il reposa sa main un peu trop violemment et le verre s'entrechoqua contre le bois de la table. Sa respiration se fit sifflante, tandis qu'il luttait pour ne pas céder à la panique, pour conserver un mince contrôle sur ses pensées. Les souvenirs semblaient ressurgir, maintenant que l'on avait enfoncé la porte. Il se souvenait, de la morsure écrasante de sa culpabilité ; comme si le déclin de Déliséa n'avait été qu'une punition de Dieu pour le châtier de son infidélité. Il s'était promis de ne plus jamais remettre en péril l'équilibre de leur famille, de ne plus jamais trahir la confiance de sa reine.

L'homme se releva brusquement de sa chaise ; se dirigea en direction de la porte ; fit demi-tour pour retourner auprès de son camarade ; le pointa d'un doigt accusateur ; tourna les talons pour faire les cent pas ; laissa un gémissement contrarié franchir ses lèvres tandis qu'il arpentait le sol. Non. Il y avait forcément une erreur. Il refusait de le croire. « Madeline est au courant ? » questionna-t-il en s'immobilisant enfin face à son conseiller. « Et, tu es sûr de toi ? » Son ton était presque accusateur, comme s'il le tenait pour responsable de ce qui était en train de lui arriver. C'était un peu le cas - parce qu'il lui annonçait la nouvelle au pire moment imaginable, parce qu'il n'avait pas été là pour l'en dissuader à temps, parce qu'il avait été le complice de ce silence qu'il brisait désormais malgré leur promesse tacite d'enterrer cet incident de loyauté. « Qu'est ce qui me dit que c'est bien mon fils, à moi, hein ? Qu'est ce qui nous assure qu'elle n'est pas allée se jeter dans les bras du premier fermier venu pour s'assurer un héritage ? » Ses paroles étaient dures, Montarville en avait conscience. Pire, il se savait injuste. Il préférait habituellement croire en la bonté des gens, leur laisser le bénéfice du doute, mais ce que représentait l'adolescent était bien trop dévastateur pour qu'il put envisager de le considérer comme une réalité. Pourtant... N'avait-il pas songé, lors de leur entretient, qu'ils possédaient eux-mêmes quelques traits similaires ? Si. Il l'avait pensé. Et cette idée lui apparaissait comme odieuse, désormais : non, ils n'avaient plus rien en commun. « Et puis, pourquoi ta femme n'a-t-elle rien dit ? Pourquoi te l'avouer maintenant ? A-t-elle été victime de chantage ? La mère cherche-t-elle à récolter son dus ? » Montarville s'était remis à arpenter le petit salon.

Finalement, le désespéré s'immobilisa face à un miroir. « Mon fils... Mon fils ? » Si Clémentin l'était réellement, n'était-il pas la véritable victime de tous ces secrets ? Avait-il souffert de l'absence d'un père, de la dure vie de domestique, de l'injustice de grandir dans un monde qui n'était pas vraiment le sien ? « J'ai un second fils... » Montarville plaqua sa main contre son front, comme si toute cette affaire lui donnait une atroce migraine. « Mais dans ce cas... Coline... » De nouvelles opportunités semblaient s'ouvrir à lui... Son visage, pourtant, se referme aussitôt qu'il avait commencé à s'illuminer. « Non. C'est un palefrenier. Un garçon d'écurie. Et surtout, il n'est pas le fils de ta sœur : c'est un bâtard, une erreur de ma part. Une erreur que j'aurais dû assumer. Il est triste que le Destin en ait choisi autrement. Mais cela ne change rien à ma décision. Coline montera sur le trône. » Montarville passa une main dans ses cheveux, se retournant pour faire face à son conseiller. « Clémentin n'a pas été éduqué pour suivre cette voie. Je ne le connais pas, et le peuple non plus. Bien qu'il soit un garçon, il n'est pas légitime. Et surtout... Je ne suis pas certain de vouloir que les enfants l'apprennent... » Il se l'était promis : il ne perturberait plus l'équilibre de sa famille. Et une telle annonce aurait l'effet tout à fait inverse.

Lentement, le roi rejoignit son camarade et se réinstalla sur sa chaise. Avec cette même nonchalance, il se resservit un verre. Il en aurait besoin. « Le garçon, en revanche... Le garçon mérite de savoir. J'imagine. » Etait-ce le cas, cependant ? Une telle vérité, si elle ne s'accompagnait pas des privilèges qui l'accompagnaient, serait-elle une délivrance ou un fardeau pour le jeune homme ? « Que ferais-tu, à ma place ? » demanda-t-il. « Et... Et Madeline... Comment a-t-elle réagis ? Tout à l'heure... Elle n'avait pas l'air ravie. »
1104 mots


Merci Kyra nastae

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Jeu 03 Nov 2022, 19:17



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Kiara


Rôle :


Surprise, Coline haussa les sourcils. « Jugez-vous vos partenaires si ennuyantes ? » s’enquit-elle avec une pointe d’ironie tandis qu’ils débutaient leur valse. Elle n’appréciait guère trop qu’on lui dît de se taire. L’étiquette exigeait que le souverain fît au moins preuve de politesse à son encontre, ce dont il ne semblait pas désireux de s’embarrasser. Pas un mot sur son arrivée ou sur sa requête ; simplement un regard avec sa cavalière, ses mains autour d’elle et cette préférence pour le silence. « Vous étiez en droit de refuser, si cela vous est pénible. » Il ne répondit pas ; bientôt, ses mouvements conférèrent à leur valse un caractère énergique et rythmé, presque trop violent pour une danse de salon. Il projetait son corps loin du sien uniquement pour mieux se l’accaparer par la suite. Rapidement, elle se fit l’effet de n’être qu’une poupée de chiffon entre ses bras. Bien qu’elle tâcha de faire de son mieux, la princesse peinait à suivre sa cadence. On ne l’avait jamais habituée à des échanges si intenses. Son palpitant battait avec un dynamisme exagéré ; dans tous ses membres, son sang pulsait à vive allure. Malgré la bonne tenue que les domestiques avaient tenté de leur donner, ses mèches les plus rebelles s’échappaient de sa coiffure et se lovaient autour de son cou avant de couler sur ses épaules. Ses joues rougies tant par l’effort que par l’audace du monarque soulignaient l’éclat brillant de ses prunelles, entre admiration et désapprobation. À la fin de la danse, ce regard s’ancra sur lui. Elle était si essoufflée qu’elle se trouvait obligée de respirer par la bouche. « Je ne sais pas si je dirais de cette expérience qu’elle était plaisante. » répliqua-t-elle, piquante, ses iris parcourus de lumières et d’ombres contraires. « Les hommes d’ici ont plus pour habitude de faire attention à ce que j’en ressorte satisfaite. » Et malgré ses mots, elle posa sa main sur son bras. Ce n’était plus seulement sa curiosité qui était réveillée. Il l’intriguait, totalement et absolument. Il régnait chez lui des énigmes qui se tapissaient dans les recoins poisseux de ses non-dits. Durant leur valse, elle n’avait plus su sur quel pied danser, et cette sensation la poursuivait encore maintenant. Elle l’appréciait autant qu’elle l’exécrait. C’était comme de marcher sur un fil tendu au-dessus d’un précipice, sans savoir si – ou quand – il allait casser. On maîtrisait tout au mieux sa trajectoire et son équilibre, mais rien du reste. Au bras de Judas, elle ne contrôlait plus qu’elle-même. Les autres étaient faciles à manipuler ou au moins à contrer parce qu’il lui était aisé de les cerner, et parce qu’ils avaient tous des limites auxquelles se heurtaient leurs ambitions. Dans le cas du Roi d’Uobmab, elle n’était pas certaine que cette vérité fût applicable. C’était grâce à cette incertitude qu’il achevait de la captiver. Elle s’avança dans la pénombre des couloirs éclairés par quelques faibles chandelles.

Loin des convives, il ramena son corps contre le sien, plus près, plus vivement. Ses yeux noisette scrutèrent les siens, attentifs, inquiets et déterminés à la fois. De toute sa vie, jamais Coline n’avait été une proie. Elle s’était jetée dans la gueule du loup sans songer à l’attitude qu’il lui faudrait adopter. Elle ne comptait pas courber l’échine, pourtant. Elle était prédatrice et elle désirait s’y tenir. Elle tressaillit. « Vous épouser ? Hum. Ici, nous préférons porter des alliances plutôt que de nous graver le nom de notre promis sur la gorge. » Des alliances, des bagues ; on infligeait la même chose aux oiseaux pour entériner leur domestication. Était-ce moins déshumanisant ? Tout à coup, elle n’en fut plus très sûre. Quant à cette histoire d’épreuves… Ne devrait-elle pas agir de la même façon pour se trouver un roi ? Elle plissa les paupières. Elle pouvait dénicher le dernier des abrutis, ou agir comme Judas et mettre la main sur un homme qui pût être une sorte d’égal, un allié que rien ni personne ne détournerait d’elle. Une femme qui méprise son époux, tout comme un homme qui méprise sa femme, n’est qu’une épine plantée dans le cœur du royaume. La phrase résonna en elle d’une singulière façon. Contrainte par sa position, elle recula, sans chercher à se débattre. Elle ne craignait pas qu’on les surprît. Si quelqu’un arrivait, elle ferait semblant d’essayer de s’échapper de son emprise. Pour le moment, elle n’avait aucun intérêt à tenter de s’en dégager. Il aurait pu la tuer, sans doute, mais elle était certaine qu’il ne le ferait pas. Il était invité chez son père, après tout. Elle le dévisagea. Serait-il prêt à passer les épreuves qu’il imposait à ses prétendantes ? Quelles étaient la nature de celles-ci ? Elle imaginait bien que la difficulté grimpait à mesure que les concurrentes se rapprochaient du trône. « Qu’est-ce que cela fait de vous, alors ? Un mari dévoué ? » Elle arqua un sourcil, dubitative et un brin provocatrice.

« C’est que ma compagnie doit être au moins un petit peu divertissante. » répondit aussitôt l’adolescente, sûre d’elle. Son regard ne quittait pas celui de Judas. Elle y décelait des lueurs d’espièglerie, qui disparurent dans le tourbillon qui l’emporta dès lors qu’il se remit à danser. La princesse se laissa guider, répondant à ses mouvements avec toute la souplesse et la vivacité qu’elle était capable de mobiliser. Le souffle court, elle lâcha : « C’est ce que je constate. » Nombreux étaient ceux qui jugeraient ses manières déplacées. Elle savait que son père n’aurait pas supporté de le voir la faire danser ainsi. La promiscuité était trop flagrante, la sensualité trop évidente, la brutalité trop présente. Coline ne protestait pourtant pas ; il y avait dans toute cette situation quelque chose qui excitait son attention, bien plus que ne l’avait fait aucun sujet, aucune personne, aucune affaire jusqu’ici. Un frisson griffa son échine quand le chuchotement du monarque roula dans le creux de son oreille. Plaquée contre le mur, elle releva légèrement le menton lorsqu’il glissa ses doigts autour, défiante. Elle garda le silence pour qu’il eût tout le loisir de s’exprimer, en conservant une attitude à mi-chemin entre l’intérêt, la provocation et la répulsion. Un sursaut s’imprima toutefois dans ses yeux lorsqu’il mentionna son règne à venir. Ses espions l’avaient donc déjà mis au courant. Son réseau lui parut particulièrement efficace. Bien que son père ne lui eût pas encore inculqué tous les savoirs nécessaires à sa montée sur le trône, jamais on n’avait laissé entendre que le réseau d’espionnage du royaume était si performant. Mais Montarville ne s’était jamais préparé à la guerre. Dévasté par la mort de sa femme, et d’un naturel doux et avenant, il s’était contenté, toutes ces années durant, de maintenir la paix et la prospérité au sein de son pays et avec ses voisins. L’armée existait et Childéric d’Ukok était probablement un chef avisé, cependant, jamais on avait envisagé de partir en campagne ou d’avoir à se défendre d’une violente attaque. Pourtant, la menace était juste là, prononcée haute et claire.

Coline dégagea son visage de la prise du souverain et planta son regard dans ses prunelles. Elle avança d’un pas pour coller son corps au sien. Elle n’avait pas peur et il devait le savoir. « Vous n’aimez pas les langues fallacieuses, je n’apprécie guère les menaces. » En était-ce véritablement une ? Elle craignait de percevoir dans son clin d’œil un double-sens peu digne. Néanmoins, elle glissa l’une de ses mains entre eux et la posa sur son épaule. Il la touchait ; elle n’avait aucune raison de ne pas lui rendre la pareille. Il ne devait pas la considérer comme une proie, une inférieure ou une faible chose. « C’est apparemment une histoire de famille. Vos enfants, pourtant, en font surtout des paroles en l’air. Lorsque la couronne est tombée entre mes mains, j’ai très brièvement envisagé de vous proposer d’épouser votre fils, malgré la tradition qui veut qu’il se marie à sa sœur. » Elle inclina la tête sur le côté. « Mais ce n’est qu’un gamin capricieux, qui hurle et tempête dès qu’il n’est pas exaucé ou que quelque chose le contrarie. Votre fille, aussi, se perd, paraît-il, dans des caprices d’adolescente qui ne rendent pas grâce à votre royaume. » Son index caressa vaguement le tissu qui tombait sur l’épaule du roi. Elle jeta un coup d’œil à son geste, avant de le regarder à nouveau. « Vous semblez bien moins inoffensif qu’eux, mais je me demande tout de même : êtes-vous un enfant capricieux ou un roi réellement dangereux ? » Son regard scruta le sien, attentif. Elle inspira lentement, avant de poursuivre : « J’ai conscience que rien ne s’obtient par l’espoir et, je crois, d’une partie des faiblesses de ce royaume et des menaces que je devrais affronter en montant sur le trône. » Ses frères et sœurs, peut-être. Une partie de la noblesse, probablement. Lambert et Garance, sans l’ombre d’un doute. Il lui faudrait choisir : les coincer de telle sorte qu’ils vécussent pieds et poings liés ou, plus simplement, les éliminer. L’idée déclenchait des frissons dans tout son dos, mais ne la rebutait pas. Si elle devait le faire, elle le ferait. Parce que si ce n’étaient pas leurs têtes qui tombaient, ce serait la sienne. Elle repensa à Placide, puis le chassa de son esprit. C’était différent. Quant à Judas… Elle plissa les yeux. « Votre tempête compte-t-elle s’abattre ici dès ce soir ou allez-vous attendre que je monte sur le trône ? » Ses pupilles sondèrent les siennes. « Et si la mienne éclate, la combattrez-vous ou vous y unirez-vous ? » La princesse continuait à avancer sur le fil tendu au-dessus du gouffre. Était-elle bonne funambule ? Elle n’en avait aucune idée. Jamais elle ne s’était exercée à cette pratique-ci. Était-ce grisant ou terrifiant ? Elle fit remonter sa main le long de son cou, en l’effleurant du bout des ongles. « Peut-être qu’un jour, je vous demanderai d’inscrire mon nom sur votre gorge. » Pour le moment, elle avait d’autres exigences. Elle arrêta ses doigts à mi-chemin et releva les yeux vers le roi. « Apprenez-moi à déchaîner les tempêtes. »



Message IX – 1666 mots


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Jeu 03 Nov 2022, 22:53


Cette image est beaucoup trop chargée.
Les portes - Chapitre V

Rôle:


Le vent nocturne caressait ses épaules dénudées. Eléontine se retournait pour faire face à Gustave. Ils étaient enfin dehors. Le brouhaha de la salle de bal les atteignait encore, mais plus aussi puissamment. Il n'était plus qu'un amas de sons indistincts, inconscient que cette soirée marquait la fin d'une ère mais le commencement de nouveaux drames. La blonde regardait son mari. Il avait posé ses mains sur ses frêles épaules. Sa peau se teinta de frissons. Ce n'était pas à cause de son contact. Elle commençait simplement à avoir froid. Et puis, il n'y avait qu'Hermilius pour la faire frissonner. Elle l'avait aperçu en quittant la salle. Il était au buffet, dans une mauvaise posture. Elle avait voulu accourir à son secours, mais il allait devoir supporter la solitude un peu plus longtemps. Pour le moment, le temps était à son beau Gustave, et à ses odieux mensonges.

"Tu es certain que... Elizbert n'est pas ton fils ?" demanda-t-elle dans un murmure. Dire le nom de cette personne la mettait étrangement mal à l'aise. "Promets-le-moi." trancha-t-elle, en plongeant son regard azuré dans celui de Gustave. Elle ne lui laissait pas le choix. Elle ne voulait pas, qu'un jour, ce garçon soit reconnu par le père. "C'est que... ces derniers jours, après ce que j'ai fait, j'ai eu si peur que tu reconnaisses une affiliation avec d'autres enfants." Elle baissa les yeux, dans un rôle de femme soumise et gênée. Elle sentait que son pauvre mari était sur une pente dangereuse. Il était secoué, totalement déboussolé. Après avoir soufflé le froid, il fallait souffler le chaud. Si elle lui redonnait un semblant de pouvoir sur elle, alors elle pourrait lui tenir les couilles sans qu'il ne s'en aperçoive. Il ne fallait pas qu'il devienne méfiant, simplement plus prudent.

"Tu as raison. J'exagère. Surement." Elle relevait les yeux vers son mari. Elle avait soudain envie de le pousser loin d'elle, d’ôter ses ignobles mains de ses épaules. Elle sourit simplement et s'avança. Elle l'entoura alors doucement de ses bras, posant sa tête contre son torse. "Je suis désolée que tu aies dû faire cela pour Ludoric." murmura-t-elle. "Et moi qui voulait te renvoyer la voir après ce qu'a fait le jeune prince." Elle bascula légèrement sa tête en arrière pour croiser le regard de son mari. De cet angle, elle voyait ses trous de nez ; elle se retint de sourire avec moquerie. Son expression était, au contraire, des plus sérieuses. "Madeline avait raison de se montrer aussi vindicative avec cette... garce. Oser faire de toi sa putain ?! Sous le toit sacré de notre mariage ? Dans le lit de notre union ?" Elle avait une moue contrariée. "Il faut être odieux pour faire cela." Eléontine baissa légèrement sa tête. Ses bras serrèrent un peu plus Gustave. "Les Dieux devraient punir tous les infidèles, pour faire de tels sacrilèges envers leur mariage." Elle se recula, rompant leur étreinte. "Je ne parle pas de toi. Si ce n'a été que quelques fois alors je te pardonne. Recommençons tout, comme tu le veux." Elle haussa brièvement les épaules, un sourire un peu plus sinistre sur le visage. "Parce que, je crois que, finalement, ça me peinerait atrocement si tu voyais encore d'autres femmes que moi." avoua-t-elle. Elle glissa une de ses mains dans les siennes. "Je pense que je deviendrais folle, petit à petit, si tu me disais coucher régulièrement avec une autre. Parce que cela voudrait dire que tu ne m'aimes plus, que tu ne me désires plus, que je ne te satisfais plus." Et Gustave savait, maintenant, avec cette histoire d'avortement, jusqu'où pouvait emmener la soi-disant folie de sa femme. Elle remonta sa main jusqu'à l'intérieur de son coude, caressant sensuellement son avant-bras. "N'attendons pas que Ludoric soit marié. Je suis à toi. Tu es à moi." Sa main continua de remonter lentement son bras. Elle ne le quittait pas des yeux. "Si c'est à cause de notre fils que tu as été la putain de Garance, alors ne le mettons pas dans notre équation. Nous pourrions peut-être aller à la campagne, rien que nous deux ? Nous baptiserons toute la demeure de nos ébats. Les jardins aussi." Sa main s'était figée sur son torse, juste à dessus de son téton ; il n'y avait pas que les femmes qui durcissaient à cet endroit. Eléontine se mit sur la pointe des pieds pour chuchoter à son mari : "J'ai toujours voulu le faire dans un champ." Ses lèvres avaient touché l'oreille de Gustave dans un but précis.

Elle s'écartait ensuite, se mordant la lèvre inférieure. "Oui, allons-y maintenant." Alors que Gustave avait placé sa main dans son dos, elle se blottit contre lui, telle la femme folle amoureuse qu'elle jouait. "As-tu déjà aperçu qui était ta partenaire de ruban ?" lui demanda-t-elle, alors qu'ils étaient sur le point de retrouver la salle de bal. La cacophonie des festivités revenait déjà percer leurs oreilles. "Personnellement, je ne sais pas qui est le mien. Et, je ne suis pas certaine de le trouver ce soir. Il y a beaucoup de monde, après tout. C'était une folie de Lambert de penser que cette fantaisie fonctionnerait bien." Elle se décolla un peu de son mari, retrouvant les convenances de la haute société, à mesure qu'ils revenaient dans celle-ci. "Je n'aime pas cet homme. Il rend toujours ma Madeline malheureuse." Elle le regardait pour reprendre dans un chuchotement : "La pauvre, elle me dit qu'il est impuissant depuis longtemps. Pire qu'un eunuque ; s'il ne l'est pas devenu après une longue abstinence. Parfois, je me dis qu'il me faudrait pousser Madeline dans les bras d'Hermilius mais..." Elle se coupa un bref instant avant de reprendre, toujours aussi bas : "Toi, qu'est-ce que tu penses d'une femme qui trompe son mari ? Et, si elle le trompe uniquement car il ne s'occupe plus de son devoir conjugal ?" Elle le regardait curieuse, avant de hausser les épaules. "De toute façon, mon envie vilaine ne tient pas debout. Hermilius n'a d'yeux que pour Clémentine. Je me dis que cela serait bien s'il arrivait à la séduire. Il pourrait peut-être quitter notre dépendance." Ils étaient arrivés.

"Je vais aller chercher mon amie, en espérant que tu-sais-qui ne lui a pas causé une nouvelle fois un malheur." Elle sourit à Gustave puis lui embrassa, avec pudeur, la joue. "Amuse-toi bien, mon amour." finit-elle par dire en déguerpissant si vite qu'elle ne lui laissa pas le temps de la rattraper. Cette "course" la laissa essoufflée quelques mètres plus loin ; c'était plus dur qu'il n'y paraissait de marcher rapidement, et avec grâce, avec des pantoufles de bal. Elle passa rapidement sa main sur son jupon, pour s'assurer que sa tenue était en ordre, tout en scrutant la salle.

Après un instant, un sourire - véritable cette fois - illuminait son visage. Ses yeux étaient tombés sur Madeline. Elle essayait de ne pas la rejoindre d'un pas trop précipité : ce n'était plus une adolescente à ses débuts. "Mon amie !" la salua-t-elle joyeusement. Cependant, la blonde eut vite remarqué  que quelque chose n'allait pas. Son sourire mourut. "Le salaud." murmura-t-elle. Elle prit doucement la main de Madeline, l'entraînant avec elle dans les couloirs du château, loin des festivités. "Voilà." finit-elle par dire, une fois qu'elle eut été certaine de ne pas être à portée des oreilles indiscrètes. "Madeline.." Sa main quitta celle de son amie pour se poser délicatement sur sa joue. "Te voir ainsi est un supplice à mes yeux." Eléontine caressa doucement la peau de son amie, avec son pouce. "Tu es si belle. Pourquoi laisses-tu son ombre obscurcir ton sourire ?" Son pouce passa sur ses lèvres. La blonde échangea un regard complice avant d'écarter sa main. "Veux-tu me dire tes soucis ? Je saurais les écouter." Elle lui présenta son bras, pour qu'elles marchent ensemble, inséparables, dans la direction du choix de la d'Eruxul. "Si tu n'en as pas le cœur, alors je pourrai te raconter ma soirée. Elle n'est cependant, et malheureusement, pas encore très... adultère. Ou alors, je pourrais te parler de ma dernière... discussion avec Hermilius." Elle regardait sa Madeline. Quelque part, elle voulait que ces derniers mots éveillassent une envie de débauche vengeresse chez elle. Elle voulait qu'elle apprît que son mari n'était pas son faiseur de bonheur, et qu'au contraire, que tant qu'elle lui serait fidèle, elle serait enfermée, telle les oiseaux de sa fille, dans une jolie volière. "Oh !" s'exclama-t-elle soudainement. "Ou alors, pour nous changer les idées, nous pourrions aller voir ces fameux gens D'Uobmab. Nous avons un pari à tenir après tout."

1513 mots
C'est bizarre de pas poster le dimanche.
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Les Portes - Chapitre V

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