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Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1066
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Mer 10 Fév 2021, 06:16


Crédit : Inconnu.

~ Le RP fait suite à Mẹji ōrákun ~

Partenaire : Solo.
Intrigue/Objectif : Traiter de l’avancement des constructions sur Orhmior. Comprendre la problématique entourant « l’invasion » des Thekēra avec les Corvus Æris. Germination de l’idée de la cavalerie ailée pour l’Armée et celle de financer certains travaux grâce à la vente de quelques gains, gagnés par Isiode dans le passé.


Sur l’Île d’Orhmior.

L’intérieur de mon appartement était plus animé que d’ordinaire. Raclette talonnait bruyamment la jeune Sœrei, inéluctablement attirée par l’éclat de ses lames et par le son de l’acier qui se frottait doucement au cuir de ses fourreaux. Si Muramasa s’en amusa les premiers instants, elle finit néanmoins par s’en inquiéter légèrement, la proximité entre la chèvre et son armement étant relativement grande. Subtilement, elle se décala de la trajectoire de l’animal, la considérant brièvement du regard.

« Fais attention. Tu pourrais vraiment te blesser », lui ordonna la rousse.

Cependant, le caprin ne semblait pas en faire grand cas, réalisant plutôt des va-et-vient concentriques autour de l’Orine tout en chevrotant son excitation et sa curiosité. Ses yeux d’ambre pétillaient d’un éclat vif, enjoué et agité. Pourtant, à contrario, l’expression de la jeune femme restait inflexible, sévère, et si elle laissait transpirer une intransigeance absolue face à son admiratrice à sabot, elle ne parvint pas à soutenir bien longtemps son rôle d’autorité, ses épaules s’affaissant sous le poids de la résignation après une poignée de secondes seulement. L’entêtement et l’innocence de l’animal avaient vaincu, comme pouvait en témoigner le sourire qui s’étira sur le faciès de la rouquine. Mettant une pause à ses préparations, elle se pencha vers la chèvre et se mit à lui caresser affectueusement le crâne. Raclette redressa fièrement le menton, visiblement satisfaite d’être ainsi cajolée. Avec plaisir, l’Orine intensifia la séance de gratouilles, ses câlineries glissant sur une bonne portion du buste et de l’encolure de la petite bête, qui s’en contenta avec joie.

« C’est fou comment tu t’excites à chaque fois que l’un de nous se prépare pour partir s’exercer. Tu aimes nous voir nous entraîner, pas vrai Raclette? »

Sûrement était-ce de circonstance, ou parce qu’elle était en train de vivre sa meilleure vie, assaillie par les tendresses de la rousse, mais la chèvre bêla aussitôt, comme pour approuver ses dires. La Sœrei nous fit voir la blancheur de ses dents, avant de se redresser, de caresser une dernière fois le crâne de l'animal, et de compléter son sac.

« Je pars rejoindre Wilhelm et d’autres soldats à leur entraînement, nous annonça-t-elle en s’éclipsant jusqu’à la porte d’entrée. Je devrais être de retour d’ici trois heures, environ. »

Nous la saluâmes, mais constatâmes, en même temps, qu’elle venait déjà de fermer la porte dans son dos, Raclette sur les talons.

« Elle est plus énergique que d’habitude », remarqua Isley en faisant apparaître un léger amusement sur l’arc de son sourire, ravi que la jeune femme se plaise et s’intègre aussi bien dans sa nouvelle vie.

J’acquiesçais tout en lassant les attaches de mon havresac, prêt à partir, à mon tour, en direction de l’Avant-Garde. Depuis notre dernier affrontement, Muramasa semblait avoir redoublé d’efforts et d’ardeur dans ses entraînements. À l’aurore, elle quittait sa chambre, s’habillait, et me rejoignait pour participer à ma course du matin. Puis, durant la journée, elle sollicitait bien souvent mon frère pour qu’il se joigne à ses exercices quotidiens. Elle cherchait à se surpasser, à combler les lacunes de sa force et de son agilité pour aller au-delà de ce que son corps, actuellement, était en mesure de réaliser. En tant que Maîtres destinés et mentors improvisés, mon frère et moi n’étions pas de ceux qui la restreindraient pour son ascension vers le meilleur. Elle serait libre de progresser aussi loin et aussi haut que son corps pourrait le supporter, et ce feu incandescent qui brûlait au fond de sa poitrine était une preuve que sa résolution la porterait bel et bien jusqu’au sommet de son ambition. Cela, seule, était une démonstration de sa véritable Force; sa détermination sans faille.

Aujourd’hui, pourtant, ni Isley, ni moi n’étions disponibles pour lui prêter main forte. Si l’Imperio Vaughan m’attendait afin que nous réalisions notre tour journalier des sites de construction, mon frère, au contraire, avait un rendez-vous très important avec l’un des tuteurs de combat de la Nith-Haiah. En effet, quelques jours plus tôt, il avait écrit sa lettre de motivation quant à son désir de rejoindre les rangs des instructeurs militaires pour les futures Recrues de l’Armée. Il avait décidé de franchir le pas sous les encouragements de Muramasa, convaincu qu’il parviendrait à faire valoir sa candidature parmi la panoplie d’autres profils qui se joignaient à la compétition. Toutefois, les jours qu’il passa dans l’attente d’une réponse l’avait rendu nerveux et sensible – plus que d’habitude, j’aimerais préciser. Heureusement pour lui, ses angoisses s’étaient évaporées de ses épaules, comme eau au Soleil, pas plus tard qu’avant-hier, lorsqu’il eut finalement reçu le message tant escompté : une confirmation pour une entrevue, qui se déroulait aujourd’hui même.

« Nerveux? Lui demandais-je en glissant les courroies de mon sac sur mes épaules.

- Un peu. Mais je suis confiant! Tout devrait bien se passer. »

Sur les traits de son visage, en effet, la confiance y était aisément discernable. Son regard était droit, son expression résolue. Discrètement, un sourire vint flotter sur la commissure de mes lèvres. Je n’étais pas inquiet quant à ses chances de passer cette entrevue haut la main. Il possédait la patience et l’entrain pour ce genre d’activités, la passion qui le remplissait se devinant dans chaque reflet qui se mouvait à la surface de ses iris. Puis, si l’on faisait abstraction de cette flamme qui l’embrasait, ce n’était pas comme si les postes au sein de l’Armée manquaient. À la suite de la fusion entre la Compagnie et la Nith-Haiah, les forces militaires angéliques recherchaient encore et toujours plus de volontaires afin de combler ses rangs, et ce, peu importe le poste ou bien le corps de métier à occuper : tant que le candidat avait entre les mains la motivation, la loyauté et les compétences recherchées par l’Armée, celui-ci était le bienvenu en son sein.

Je me détournais alors, dirigeant mon pas jusqu’à la porte de l’appartement. Posant l’une de mes mains sur la poignée, je m’arrêtais pourtant au milieu de mon geste, cherchant à recroiser l’œillade de mon frère. Dans mon dos, Isley sentit le regard que je faisais peser sur ses épaules et capta instinctivement mon intention, son menton se soulevant dans la seconde afin que nos regards s’accrochent de nouveau.

« Bonne chance, ōrákun (mon frère). J’ai foi en ta réussite. »

Interdit, mon jumeau m’observait étrangement, sans souffler un mot. Légèrement mal à l’aise, examiné de la sorte sous sa loupe, je finis par répliquer :

« Ais-je dit quelque chose… d’insolite? »

Mais comme si rien ne s’était produit, Isley recommença à sourire, un éclat franc et heureux se profilant sur les lignes de son faciès.

« Non, non, pas du tout! S’enthousiasma-t-il avant de rendre son regard plus doux et chaleureux à mon endroit. Bien au contraire. Merci de croire en moi, ōrákun. »

Je détournais les yeux, expirant un soupir. Bien sûr que je continuais de croire en lui. Autrement, je n’aurais jamais cherché à le protéger durant toutes ces longues et longues années.



Je refermais la porte dans mon dos, levant les yeux vers le firmament pour considérer le climat un certain temps, me rassurant dans l’idée qu’il s’agirait certainement d’une bonne journée puisque le couvert nuageux n’était guère épais. Inspirant une profonde bouffée d’air, j’étendis ma paire d’ailes, longues de quelques mètres, avant de me propulser en direction du ciel. Là, à voguer entre les différentes strates de l’atmosphère, je pouvais sentir le vent se frotter dans le creux de mon plumage, le caresser et le gonfler à chacun des battements que j’effectuais. La force de mes appendices plumeuses rejetait la brise sur mon passage, dessinant un sillage étroit à travers les cieux et les plus bas nuages. Dans cette enveloppe où seuls existaient le zéphir et moi, je profitais de la solitude pour réfléchir, profitais du silence, entrecoupé par le sifflement du vent, pour rassembler mes pensées. Ma récente aventure sur le Continent des Glaces ne cessait de me troubler depuis mon retour, et les raisons qui avaient entrainé un tel dénouement me questionnaient tout autant.

Quelle avait été la nature de la tempête qui avait forcé le Taiji à agir ainsi, de toute façon? Le blizzard s’était levé, l’air s’était mis à hurler et sans crier gare, le temps s’était déchaîné, alors même qu’une minute à peine, le Soleil était en train de briller de mille éclats au-dessus de nos têtes. Était-ce récurrent, dans la région, ce type de changements météorologiques? Connaissant la réputation inhospitalière du territoire, n’importe qui aurait certainement conclu qu’il s’agissait d’un phénomène parfaitement naturel et pourtant, dès l’instant où la brise s’était transformée en tourbillon, le visage de l’Ultimage s’était rapidement décomposé. Elle avait paru aussi surprise que je ne l’avais été et les souvenirs que nous nous partagions me rappelais, inconsciemment, que ce genre de manifestations ne se produisaient que bien plus profondément au cœur des Terres Glacées; là où l’oxygène était difficile à inhaler, là où les flocons de neige perçaient la peau; là où le froid gelait les pupilles… Puis, s’il ne s’était agit que d’une simple tempête, Jun Taiji ne serait jamais intervenu comme il l’avait fait. Les questions s’accumulaient, tout comme ces impressions particulières qui vrillaient mon esprit. Parce que même si je songeais au bien-porté du village et de ces habitants, mes principales craintes convergeaient en direction de la Reine Blanche. Mais pourquoi je m'inquiète de la sorte? Je battis à nouveau des ailes, plus fort. Pourquoi je m'inquiète de son état? Alors que je devais connaître, mieux que quiconque, les pouvoirs qu’elle possédait. Puis, au moment des faits, elle était encadrée d’alliés tout aussi puissants et prompts à les défendre, le village et elle. … Alors pourquoi?

Ma mâchoire se contracta, les réminiscences de ces Rêves me revenant inévitablement en mémoire : celui où nous avions incarné des Réprouvés, celui où, au contraire, nous avions incarné un Vampire et sa proie, celui où nous nous étions littéralement connectés à l’autre… Et si les effets du Lärtneesh s’étaient évadés de cet imaginaire pour être effectif, ici, dans la réalité, pourquoi serait-ce différent pour les rêves précédents? En plein vol, je fixais brièvement ma main. Qu’avaient pu changer ces Rêves en moi? Qu’avaient-ils pu transformer en moi, sans que je n’en sache quoi que ce soit? Mes yeux se plissèrent légèrement, plus en raison de l’incertitude et de la confusion qu’à cause du vent qui me fouettait actuellement la face. Une pensée terrible venait de me traverser l’esprit. Si ces expériences oniriques avaient instillé des sensations, des sentiments, des idées dans ma tête depuis tout ce temps, comment pouvais-je m’assurer que ce moi du présent était bel et bien celui que j’avais façonné et dirigé depuis toutes ces années? Comment pouvais-je discerner mes impressions – les authentiques, les véritables – de ceux qui avaient été forcés dans mon esprit? Pouvais-je seulement me croire désormais? L’idée de la négative me terrifia.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 14 Fév 2021, 21:54


Crédit : Inconnu.

J’avais pris un peu de temps pour méditer et faire le vide dans mon esprit, comprenant qu’il me fallait relativiser. Actuellement, j’étais parfaitement en contrôle de mes actions. Mes idées, mes impressions, pouvaient dériver de temps en temps, c’est vrai, mais elles m’étaient assujetties. J’avais encore le contrôle total de ce que je faisais et avais pleinement conscience de la personne que j’étais. Pour l’instant, je n’avais pas à m’inquiéter; pour l’instant, j’étais encore maître de mon corps et de ma personnalité… Il me suffisait de rester vigilant et de ne pas me perdre de vue.

Le rythme de mon vol se fit nonchalant, progressivement, alors que j’entamais l’atterrissage auprès d’une silhouette plus que familière. Cette dernière esquissa un mouvement, son visage se tournant dans ma direction alors que je descendais des nuages.

« Kaabo, Imperio Vaughan. »

Mes pieds touchèrent finalement le sol, l’envergure de mes ailes décroissant au fur et à mesure que mes appendices se rétractaient magiquement, et ce, jusqu’à disparaître entièrement de mon dos.

« J’espère ne pas vous avoir fait attendre plus que nécessaire. »

Ramiel Vaughan me scrutait depuis sa position, secouant négativement la tête.

« Ne vous en faîtes pas pour cela. Le conducteur de chantier m’a convoqué, de toute manière, afin de discuter. Et figurez-vous qu’il m’a partagé une très bonne nouvelle. »

Me tournant complètement le dos, l’Immaculé tendit les bras de chaque côté de son corps, comme s’il désirait englober le district dans son étreinte.

« Son équipe et celui de son collègue, l'Ogbeni banọ Silvya (Monsieur Silvya), ont terminé les constructions du Quartier des apprentis et celui des Officiers. »

Il baissa les bras, attendant une réaction de ma part certainement, mais je restais muet, mes yeux posés sur les toits des bâtiments qui nous surplombaient. L’Imperio devina mes réflexions sur-le-champ.

« Surpris? Je l’ai été moi aussi. Selon leur dernière estimation, ils en avaient encore pour une semaine, mais finalement, ils sont parvenus à accélérer la cadence des travaux et à terminer tout cela hier soir, me confia-t-il en portant ses yeux gris par-dessus son épaule. Nous sommes invités à faire un tour guidé afin de considérer les bourgs dans leur ensemble. »

J’acquiesçais dans la seconde, l’ombre d’un sourire chatouillant mes lippes.

« Ils ont été rapides, c’est impressionnant, déclarais-je, suivant le pas de mon supérieur dès que ce dernier se mit en marche. Où devons-nous les rejoindre?

- Ils nous attendent à l’intérieur du Poste. Nous visiterons les infrastructures d’Ogbeni banọ Silvya tout de suite après. »

De fait, nous fûmes ravis de constater, de nos propres yeux, l’achèvement des constructions de ces deux districts. À la fin des travaux des Mains d’Orhmior – appellation donnée aux tours de guet qui veillaient sur la portion orientale de l’île – nous nous attendions à beaucoup de la part des architectes et de l’équipe sur les chantiers pour nous offrir des structures de qualité égale, voire supérieure, à ce que nous avions pu admirer dans le travail effectué sur les tours : nous ne fûmes pas déçus. Il ne s’agissait pas de notre première visite au cœur de ces chantiers, mais voir le résultat global, final, sans les murs à moitié levé, sans les échafaudages appuyés sur les façades des bâtiments à édifier, offrait une beauté insoupçonnée aux Quartiers. L’ambiance et l’atmosphère y étaient toutes autres, un sentiment de fraîcheur nous remplissant à chaque bouffée d’air que nous respirions. Dans une avancée régulière, nos regards se posaient sur les différentes structures que nous croisions, les zones vertes se mélangeant dans une harmonie équilibrée au blanc, à l'ocre et au bleu clair des constructions. L’Avant-Garde de l’Île d’Orhmior naissait.

Encadrant le secteur militaire de Prætoria, la ville-mère de l’île, les Quartiers s’élevaient entre les collines, le toit de leurs infrastructures chatouillant les cieux, leur cœur battant petit à petit de gens et de vie. Nous le remarquions d’autant plus présentement, l’Imperio Vaughan et moi, alors que nous marchions au milieu des rues, des petits parcs et des bâtiments. Un instant, nous nous arrêtâmes non loin des infrastructures sportives, qui comprenaient des terrains d’entraînement extérieurs, avec l’ensemble des équipements sportifs et de soutien nécessaire pour les exercices aussi bien martiaux qu’aériens; une caserne principale, dans laquelle il était possible de retrouver le centre de soin général, les vestiaires et d’autres terrains d'entraînement intérieurs; ainsi qu’une école de formation, exclusive au district des Recrues et des Aspirants. À proximité de ces structures avaient été érigés les dortoirs des militaires. En leur sein, on y retrouvait le milieu de vie privé des soldats : leur chambre, avec toutes les installations pour leur confort, ainsi qu’une petite cafétéria.

À plusieurs mètres du secteur sportif, on tombait alors sur l'Avenue des Marchands, de larges chemins en pierre bordés par tous les services essentiels des militaires, qui se rejoignaient au secteur supérieur de l'Avant-Garde, Prætoria. Ainsi, pour chacune des Avenues, on y retrouvait une forge et une armurerie, une Maison d’alchimie, un Gbadura ijo (un prieuré), de petits commerces et restaurants du marché, tenus par des civils engagés qui avaient accepté de s’implanter sur l’Île d’Orhmior. Puis, en plein cœur des districts et des parcs, qui servaient de scène naturelle pour les spectacles et autres réjouissances, avait été construit les Postes, les centres administratifs des quartiers, qui s’occupaient notamment des logements, de l’organisation des festivités, et qui accueillaient aussi ponctuellement d’importantes cérémonies, telles que la cérémonie de l’Entrée.

Après avoir évalué les Quartiers des Officiers et celui des Recrues, enchantés d'avoir pu admirer le résultat des constructions, l’Imperio Vaughan et moi-même retournâmes au cœur de l’Avant-Garde, entre les murs de Prætoria. Véritable forteresse, cette mini-cité avait été bâtie bien avant les Quartiers militaires, bien avant les tours de guet d’Orhmior, même. En effet, au tout début de notre installation sur ces terres, des travaux simples mais efficaces avaient été réalisés pour construire un village provisoire – le village d’Eema – qui servait de toit et de refuge pour les différents acteurs de la colonisation, le temps que de véritables habitations voient le jour. Aujourd'hui, si Eema prospérait toujours avec ses appartements clairsemés à proximité des Quartiers militaires, le village n'était en rien comparable à ce qui avait été fait pour Prætoria.

En effet, en parallèle à nos explorations, qui touchaient à leur fin, nous avions rapidement commencé à bâtir les fondations de la forteresse, agrandissant et embellissant le bastille jour après jour afin qu’il soit digne de l'ambition que nous lui vouions, en tant que futur quartier général des forces armées angéliques. Ainsi, depuis la finition des travaux, Prætoria était en mesure d’accueillir non pas seulement une grande proportion des hommes et des femmes affiliés à la Nith-Haiah, mais aussi les représentants de nos alliés et leur cortège. Cœur battant de l’Armée Céleste par son rôle d'importance, c’est à Prætoria où l’on retrouvait la base de l’Escadron Curē, la section d’intelligence et de stratégie de la Nith-Haiah, certains locaux propres à l’Escadron Hēres, la section des communications, mais aussi les salles de réunion. C’est également entre ses murs que se déroulerait les grandes cérémonies militaires, comme celle du Serment des Unificateurs, lorsqu’un nouveau Consul était choisi, ou bien encore lors de nominations honorables. Cependant, Prætoria servirait aussi de tribunal afin de juger et de porter les plus graves sanctions aux militaires en faute.

Bien entendu, elle recelait, en plus, les bureaux des états-majors de l’Inējisha Kọọ (l’Armée Blanche), comme les Imperio et leurs Lieutenants-Maitres, les Imperator et leurs Préfets. Les Consuls de l'Armée avaient également leurs appartements privés en son sein. Pourtant, à l’exception des militaires affectés à l’Île d’Orhmior, les autres officiers ne resteraient pas perpétuellement dans leurs locaux, mais ces derniers leur étaient tout de même réservés. Néanmoins, à l’heure actuelle, même moi, simple Soldat, avait mon bureau entre les murs de la bastille, puisque j’étais le responsable de l’Île avec l’Imperio Vaughan. Cela étant dit, je savais aussi que ce privilège ne durerait pas éternellement : les discussions portant sur la personne à qui sera offerte la gestion de l’Île d’Orhmior étaient toujours en cours et, bientôt, ce dignitaire, avec le reste de sa suite, s’installerait à Prætoria, tout comme les Consuls de l’Armée, qui avaient déjà commencé à choisir leurs bureaux et à s’installer, avec leur famille, au sein de la forteresse.

De fait, et ce, même si les constructions du Quartier des Soldats n’étaient pas encore terminés, en raison des quelques difficultés rencontrées à cause des Thekēra, nous avions pu fêter l'achèvement des travaux des autres districts jusqu'à tard en soirée.



Le lendemain de l’inauguration des Quartiers des Recrues et des Officiers.

Étendues, mes ailes se replièrent dès que mon pied frôla le sol sous mon poids. Devant moi, je remarquais les portes closes de l’entrepôt. Le soldat qui en faisait la garde se courba selon l’usage, la réplique ne tardant pas de ma part.

« Avez-vous quoi que ce soit à me signaler? Lui demandais-je après m’être redressé.

- Non. Il est resté tranquille tout l’avant-midi. »

J’hochais de la tête avant de tracer mon chemin jusqu’à l’intérieur du bâtiment. Au centre de celui-ci, je pouvais distinguer la haute silhouette du Thekēra rescapé. Il s’était couché en boule, son museau enfoui à travers les plumes de ses pattes arrière et de sa longue queue, tandis que ses ailes, repliées, formaient une sorte de couverture sur sa silhouette dissimulée. À quelques mètres de sa position, notant des mots dans un carnet, son soignant attitré le veillait avec la patience et la tranquillité de son caractère. Je m’avançais dans leur direction à pas feutrés, le bruit de mon armement alarmant les deux êtres qui relevèrent aussitôt la tête. Si la créature ailée m’accueillit par un cri enthousiaste, légèrement guttural, l’Immaculé à ses côtés se contenta plutôt de quitter ses notes des yeux, la fermeture de son journal marquée par un son claquant et bref.

« Kaabo. Comment se porte-t-il aujourd’hui?

- Il est bien plus calme qu’à votre dernière visite, m’assura le soignant en portant son regard vers l’intéressé, qui se remettait sur pied. Mais il est toujours aussi content de vous revoir, Soldat Yüerell. »

À la manière d’un félin, le Thekēra s’étira de tout son long, gracieusement, avant de trotter dans ma direction. L’obscurité qui se reflétait au cœur de son regard ne me lâchait pas. Je n’esquissais aucun mouvement pour me décaler de sa trajectoire, soutenant plutôt son œillade avec calme. Puis, sans crainte, je posais le plat de ma main sur le bout de son museau, l’animal restant de marbre, les yeux fermés. Tout son être inspirait la quiétude et le réconfort.

« J’aimerais vous poser une question.

- Bien sûr, m’encouragea le praticien.

- Se comporte-t-il différemment avec les autres? »

Un gloussement s’échappa de sa gorge, alors qu’il nous considérait avec amusement.

« Cela vous intrigue? »

J’acquiesçais, parfaitement sérieux. Le soignant se redressa alors pour s’avancer dans notre direction, enfouissant prudemment ses mains à l’intérieur du plumage de la bête. Cette dernière réagit à peine, si ce n’était de l’ouverture de l’un de ses yeux pour s’assurer de l'identité du médecin. Reconnaissant son odeur et son apparence, le Thekēra finit alors par le laisser faire, expirant un bruit qui ressemblait vaguement à un ronronnement.

« Il n’est ainsi qu’avec vous et moi, pour être tout à fait sincère. Les autres militaires ont un peu de mal à l’approcher sans qu'il montre les crocs et même moi, je n’en mène pas large lorsque survient ses moments de panique et d’agitation.

- Hum. »

J’examinais l’animal devant moi. Il aurait été difficile de croire qu’au début de notre relation, le Thekēra avait failli m’arracher le bras. À ce moment-là, il était englué dans la peur, dans la détresse, les blessures et autres traumatismes qu’il avait subi le soir précédent l’ayant rendu aussi instable que violent. Pourtant, au fil des jours, cette terreur s’était peu à peu apaisée, et ses crises, ses tentatives de fuite, s’étaient, elles aussi, réduites. Lorsqu’il entrait dans un tel état de rage et d’affolement, il était presque impossible de le calmer sans le blesser davantage. Il se mettait à rugir, ses serres fouettant l’air pour happer le premier malheureux qui aurait la malchance de se trouver sur son chemin. Il était sur la défensive, nerveux et sauvage, son unique désir étant celui de faire tomber toutes menaces. Dans ces moments-là, plusieurs s’étaient essayés à le calmer, à l’apprivoiser, mais personne n’avait véritablement réussi à le dompter. Personne à part ce soignant et moi, de ce que j'en compris. Si la situation du médecin était évidente, en raison de tout le temps qu’il avait passé aux côtés de la créature ailée, mon cas, pourtant, restait étrangement exceptionnel. Je passais autant de temps que les autres militaires aux côtés de la bête et pourtant, j’étais le seul à pouvoir m’approcher et à pouvoir le toucher de la sorte, sans qu’il se mette à grogner ou à feuler dans ma direction.

« Il baisse sa garde en votre compagnie, nota le soignant tout en me gratifiant d’une œillade réjouie. Il semble vous faire confiance. »

Je gardais le silence, retirant finalement ma main de sa truffe humide, tandis que les pupilles de la bête se posèrent de nouveau sur mon visage. Étrangement, j’avais cette impression que ce n’était pas la première fois que l’on me partageait ces mots. Je finis par expirer un rire silencieux, tournant la tête dans la direction du praticien.

« Je dois y aller. Continuez de veiller sur lui.

- Bien entendu, soldat. »

La tête du Thekēra s’inclina sur le côté, comme s’il désirait conserver le contact entre nos pupilles.

« Je reviendrai bientôt. »

La créature sembla deviner mes intentions et souffla bruyamment, en désapprobation à mon départ. En même temps, je m’éclipsais pour rejoindre l’entrée de l’entrepôt.

« C’est aujourd’hui que la Confrérie arrive? »

Suspendant brièvement mon pas, je portais un regard à mon collègue, confirmant ses dires d’un signe de la tête.


2 332 mots | Post II

Mots à rajouter dans le lexique du Naciaze :
- Gbadura ijo = terme général pour parler des bâtiments ecclésiastiques (chapelle, église, monastère, etc.)




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Isiode et Isley
Mer 03 Mar 2021, 16:43


Crédit : Inconnu.

« Est-ce que tu as reçu des nouvelles concernant ton entrevue?

- Non, pas encore, mais les résultats ne devraient pas tarder.

- Je suis fier de toi, Isley! Je t’invite à boire un coup quand tu seras accepté, dit-il avec assurance.

- Tu sais très bien que je ne tiens pas l’alcool…

- Ne t’en fais pas. Je sais qu’Isiode jouera les chaperons pour toi.

- Nous en reparlerons plus tard, les interrompis-je en portant mon regard sur l’horizon. Ils sont là. »



« Kaabo daju atebu ujẹrisi, bukun napisẹ mẹje Ọrun (Bienvenue sur notre terre, bénie par les Sept Vertus/Vertueux). Nous sommes enchantés de vous accueillir sur l’Île d’Orhmior, Confrérie des Corvus Æris. »

Imité par Isley et Hiddleston qui m’encadraient, nous saluâmes les Chasseurs en inclinant solennellement nos bustes vers l’avant. À hauteur du visage, nous présentions nos mains à nos invités, nos jointures s’écrasant doucement à l’intérieur de nos paumes, grandes ouvertes. Les membres de la Confrérie ne tardèrent à faire de même, retournant la salutation en souriant légèrement.

« C’est à nous de vous remercier pour l’accueil, Soldat Yüerell. »

Je me redressais pour leur faire de nouveau face, mes pupilles se braquant sur le visage partiellement dissimulé de celui qui apparaissait être le chef du groupe. Il était plus grand que moi, de quelques centimètres à peu près. Ses yeux perçurent mon œillade et, durant un instant, flottant à travers le reflet écarlate de ses mires, je pus y deviner un sourire franc.

« Laissez-moi vous présenter mes collègues ci-présents : mon frère, le Soldat Isley Yüerell (le concerné salua le groupe étranger d’un mouvement énergique de la main), et le Soldat Hiddleston Locke (l’Ange aux cheveux noirs leur adressa un sourire poli, en même temps que je reposais mon attention sur mon interlocuteur). Et je présume que vous devez être Monsieur Köerta. »

L’homme à la taille haute et fine acquiesça d’un hochement de la tête avant de libérer son visage des tissus qui le recouvraient. Une toison aussi blanche que la crème se dégagea de la capuche qu’il renversa vers l’arrière, tandis que, sous l’éclat du jour, la découverte de ses blessures nous intrigua une fraction de seconde. Elles étaient partout sur sa peau, lézardant la surface de cette dernière à la manière d’une terre craquelée, fracturée; et si notre surprise fût remarquée, le chasseur de la Confrérie ne parut pas s’en offusquer, préférant officialiser les présentations plutôt que de s’arrêter sur nos réactions. Après toutes ces années, il avait fini par s’accoutumer aux regards que les autres portaient sur son apparence disgracieuse, ébréchée. Qu’il s’agisse de dégoût ou d’étonnement, de curiosité ou d’émerveillement, finalement, il les avait déjà tous aperçu et supporté.

« En effet. Ravi de faire votre connaissance! Nous sourit-il d’un air enjoué, les cicatrices de son épiderme se plissant ou s’étirant au gré de ses mouvements faciaux. Miles Köerta pour vous servir. Mais appelez-moi simplement Miles, il n’y a aucun problème. »

Vite, il se tourna en direction de ses propres compagnons, à qui il invita de s’introduire afin d’amorcer notre tout premier contact, contact qui, nous le savions tous, se prolongerait pendant quelques jours afin de satisfaire la tâche qui nous était incombée. Nous avions encore beaucoup à accomplir avant de comprendre les raisons qui amenaient actuellement les Thekēra à se rapprocher aussi dangereusement de la civilisation en plein essor.

« Enchanté! »

Un premier volontaire nous accosta, un sourire ascendant jusqu’à ses oreilles. Si nous fûmes brièvement saisis par ses yeux, qui semblaient avoir volé le bleu de l’Océan, notre attention tomba inévitablement sur la queue couleur sable et touffue qui se balançait allégrement dans son dos. Un Eversha, songions-nous tous les trois.

« Skhare Darsil, également présent pour vous servir!

- Markel Yernao. Bonjour. »

Il s’agissait d’un grand roux costaud, au visage naturellement dur et aux yeux verts naturellement petits, malicieux. Il ne semblait pas commode, mais nous n’avions aucune raison de le juger simplement par la rudesse de son physique.

« Markel Yernao? Comme dans L’Entrecôte Yernao aux Jardins de Jhēn? »

Si le rouquin parut surpris, il ne fût pas le seul, toutes les paires d’yeux se focalisant dans la direction du Soldat Locke.

« Vous connaissez?

- Oui, bien sûr, s’enthousiasma le militaire, bien heureux d’avoir fait mouche. Un ami m’a recommandé votre boucherie il n’y a pas si longtemps que ça, vantant la qualité des viandes que vous proposez. Eh bien, je n’ai pas été déçu!

- Qu’avez-vous acheté exactement? Je ne me souviens pas de vous avoir croisé dans mon commerce.

- Non, en effet. J’ai été conseillé par l’un de vos employés et… »

Soudainement perdus dans leur monde culinaire, le Corbeau et l’Enfant de Réprouvé poursuivaient leur conversation en parallèle.

« Ça doit être la première fois que je vois Markel se faire un pote aussi rapidement. »

Mon jumeau et moi captèrent aussitôt le mouvement du nouvel interlocuteur : un jeune homme à la peau sombre, aux cheveux tressés et aux yeux d’un gris clair, profond.

« Moi, c’est Kora Cyrion et voici mon petit frère, Trevor Cyrion. »

Le frère en question nous salua respectueusement, le saphir de son regard se perdant derrière le rideau bouclé de sa tignasse foncée. À la suite, les Corbeaux Rivière Galagrim – accompagné par un oiseau de proie – et Venant Loog – dont les oreilles de chien, longues et pendantes, se devinaient dans son épaisse chevelure brune– se présentèrent à leur tour, plus réservés. À chacun d’eux, nous offrîmes un sourire, les invitant rapidement à nous suivre, une fois les présentations conclues.

« Nous devons d’abord faire un détour au bureau du registre des bâtiments navals du Port afin d’informer les responsables de votre arrivée. »

De telle sorte que ces derniers puissent assigner à quelques employés la tâche de surveiller et de maintenir le vaisseau ainsi que l’équipement des confrères pour toute la durée de leur séjour sur l’île. Une fois cet arrêt complété, nous reprîmes la route, un portail nous attendant à l’intérieur d’un énième bâtiment, accolé au bureau du registre. S’il existait des portails permettant les voyages à l’extérieur de la région d’Orhmior, d’autres portails de téléportation avaient également été construits pour faciliter les déplacements à l’interne. De ce fait, il nous suffisait d’avancer de quelques pas seulement pour traverser d’est en ouest l’Île d’Orhmior, et ce, en moins de cinq secondes à peine. Si, pour les Anges, ce genre de disposition était plus ou moins futile en raison de nos ailes, pour les rares étrangers qui s’arrêtaient sur l’Île ou pour tous ceux n’ayant pas la possibilité de voler, une telle alternative était une bénédiction, sachant qu’à pied, le voyage pour se déplacer du Port à la région de l’est prenait plusieurs jours.



« […] Et finalement, les chambres pour les chasseurs de la Confrérie leur ont été assignées. Nous les avons laissés s’installer le temps qu’ils déchargent leurs bagages et matériels. Par la suite, ils seront escortés jusqu’à la salle de réunion par Isley et Hiddleston pour que nous puissions discuter de leur mandat. »

L’Imperio Vaughan acquiesça, déposant sur le coin de son bureau un livre à la reliure neuve et dorée. En jetant une brève œillade sur la couverture du bouquin, je pus y lire Les Aventures des Trois Royaumes.

« C’est tout ce dont vous aviez à me reporter? Me questionna-t-il, attirant inévitablement mon attention dans sa direction.

- Affirmatif.

- Bien. Je compte sur vous pour qu’ils se sentent comme chez eux.

- Compris. »

Je m’apprêtais à rebrousser chemin pour rejoindre la porte du bureau de l’officier, mais avant de pouvoir esquisser le moindre mouvement, Ramiel Vaughan m’arrêta d’un signe de la main.

« Avant que vous partez, j’aimerais vous faire part d’une nouvelle. J’étais tout ouïe. Avec l’incorporation des forces de la Compagnie de Yüerell à celles de la Nith-Haiah, vous n’êtes pas sans savoir que plusieurs choses ont changé : de nouveaux grades, de nouveaux postes et fonctions, de nouveaux territoires à protéger aussi, et ce, grâce à nos campagnes d’exploration. »

J’acquiesçais silencieusement. Avec deux nouvelles terres à son actif, les forces angéliques s’éparpillaient plus encore désormais, et ne se cantonnaient donc plus aux frontières des Jardins de Jhēn.

« Et l’un de ces principaux changements réside en ceci : les Régions militaires.

- J’ai entendu les déclarations à ce propos, comme quoi l’Armée partagerait ses effectifs sur les différents territoires sous leur juridiction à présent.

- C’est exact, et chacune de ces Régions militaires sera gérée par un Imperator et son bras droit afin de représenter les Consuls sur les terres angéliques. »

À ces propos, mon regard se figea et sonda plus encore le visage du brun.

« … La Nith-Haiah a choisi, compris-je aussitôt. Dans ce cas, qui seront les gestionnaires de l’Île d’Orhmior?

- Séraquiel Tarveras (l’actuel Imperator de la Compagnie de Yüerell) et son Préfet, l’officière supérieure Gae Galadhras. »

Si le premier m’était très familier, aux vues de son rang et de sa réputation, son bras droit, en revanche, n’éveilla qu’un vague souvenir dans mon esprit : une jeune femme aux traits typiquement ygdraëens, à la chevelure noire et aux yeux violets. Sans plus. Pourtant, mon supérieur me mit rapidement au jus des récents hauts-faits de la jeune femme, notamment sur la Terre Blanche.

« Bien entendu, je compte faire une annonce officielle demain matin à la première heure, mais je voulais tout de même vous avertir en premier. Nous avons travaillé en tant que partenaires pendant tout ce temps, depuis la fin des explorations. »

Mais nous avions toujours su qu'il y aurait une fin à tout cela.

« Et quel poste vous sera assigné, officier Vaughan?

- Je reste Imperio, pour le Deuxième Bataillon. »

Je me permis de le dévisager, dubitatif.

« Quelque chose ne va pas?

- Avec vos capacités et votre expérience, vous pourriez viser bien plus haut, non?

- C’est vrai, concéda-t-il, appuyant l'un de ses coudes sur le bois de son bureau.

- Alors pourquoi? »

Il ne répondit pas, m’observant plutôt en retour, longuement, patiemment, comme s’il réfléchissait, mais en mon for intérieur, je savais déjà qu’il s’était arrêté sur une idée précise. Pourtant, je n’insistais en rien pour lui faire cracher le morceau, attendant qu’il fasse le premier pas – et il le ferait – en soutenant son regard, sans un mot.

« Vous savez ce qui est drôle? C’est que je me pose la même question lorsque je pense à vous. »

Mes cils papillonnèrent devant mes yeux, l’expression de mon visage se décomposant quelque peu.

« Pourquoi ne passez-vous pas l’Épreuve des Officiers afin d’être promu Lieutenant, voire même Capitaine? Vous avez le pragmatisme, l’expérience et la force pour vous élever plus haut et prendre des décisions délicates. Vous avez su le démontrer tout au long de notre travail collaboratif, que ce soit dans l’administration des travaux de construction ou bien lors de la gestion des différentes crises que nous avons subi. »

Il songeait forcément à ce moment où la passation au trône du nouvel Empereur Noir avait rendu malade plusieurs de nos militaires et autres employés au sein de l’île. Il y avait également eu cet étrange phénomène qui avait accablé la population mondiale en les soumettant à des visions horribles de spectres sanglants. Est-ce qu'il ajoutait également la gestion des patrouilles de surveillance au calcul? Dans tous les cas, la situation n’avait pas été reposante. Cette fois-ci, je laissais tomber le céruléen de mes iris sur ses épaules. Mes yeux le scrutaient.

« Et pourtant, vous restez Soldat. Pourquoi? Je me le demande sincèrement. Est-ce en raison des rumeurs qui courent sur vous, Boucher? »

Je ne fléchis pas; il le nota. Et des coups à la porte nous interrompirent brusquement. L’Imperio relâcha un soupir, soufflant un bref « Nous pourrons en reparler » avant de donner son aval à celui ou celle qui attendait à l’entrée. Dans la seconde, les battants s’ouvrirent, laissant passer Isley dans l’ouverture.

« Les Corbeaux sont prêts à vous rencontrer, officier Vaughan », nous annonça mon frère, qui porta momentanément une œillade dans ma direction.


1 981 mots | Post III

Mots à rajouter dans le lexique du Naciaze :
- Bukun = Bénir




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Isiode et Isley
Ven 26 Mar 2021, 14:36


Crédit : Inconnu.

Sur les traces de Ramiel Vaughan, mon frère et moi suivîmes en silence l’officier jusqu’aux portes de la salle de réunion. À l’intérieur, nous pouvions entendre les voix des confrères-chasseurs ainsi que celle du Soldat Locke, qui semblait avoir fortifié en un temps record quelques amitiés avec les Corbeaux. L’entrée de l’Imperio mit pourtant fin à leurs échanges, alors que les regards convergeaient dans notre direction. Immédiatement, Hiddleston se redressa afin de saluer notre supérieur, les chasseurs l’imitant un peu maladroitement, mais l’Immaculé leur fit signe que ce n’était pas nécessaire, tout en traversant la salle pour rejoindre son siège.

« Bonjour confrères. J’espère que vous avez passé un bon voyage. »

Le chasseur Köerta prit l’initiative en s’asseyant auprès de ses collègues.

« Un voyage plutôt tranquille! Enfin, « tranquille… » On a quand même évité une éventuelle attaque d’Ondins lorsque nous sommes entrés dans les eaux de la Mer Miroir.

- Des blessés? S’enquit aussitôt l’officier en fronçant des sourcils, déjà en pleine réflexion sur les mesures qui devront être prises par les équipages, si les Vampires des mers choisissaient de se rapprocher d’un peu trop près des côtes de l’île.

- Trois matelots ont failli se faire prendre, mais nous les avons éloignés du bastingage juste à temps avant de rapidement quitter les lieux.

- Je suis ravi de l’entendre. »

Il enregistra l’information dans un coin de son esprit, communiquant immédiatement avec ces hommes, qui se trouvaient au Port, pour qu’ils puissent en avertir rapidement les responsables. En parallèle, l’Ange s’installa sur son assise, jaugeant chacun des chasseurs qui se trouvaient autour de la table avant d’introduire les raisons ayant mené à ce rendez-vous. Tout le monde ici présent était aux faits des derniers événements. À la surprise générale, les Thekēra s’étaient éloignés de leur habitat naturel, en bordure de la ceinture des montagnes d’Askeladd, pour s’avancer de plus en plus profondément à l’intérieur des terres, désormais occupées par les Ailes Blanches. Si les causes d’un tel comportement étaient encore difficiles à justifier, nous avions tout de même quelques pistes d’idées.

Au cours d’une journée, les constructions menées aux chantiers pouvaient paraître longues, laborieuses à certains égards, et si quelques-uns des travailleurs sur le terrain pouvaient bénéficier d’une grande mobilité grâce à leurs ailes, la majorité n’en possédait guère. C’est pourquoi les employés avaient fini par stocker de la nourriture au cœur même des sites de construction, des boissons trouvant également leur place dans un recoin d’entrepôt afin que les employés puissent se sustenter et être confortables toute la journée, et ce, sans avoir besoin de se déplacer trop loin.

« Nous avons d’abord cru que l’odeur de la nourriture sur les chantiers avait amené les Thekēra à se rapprocher de la civilisation, en dépit de leur nature. Après réflexion, cependant, leur départ de la Ceinture d’Askeladd en lui-même s’avère bien plus intrigant. »

Poursuivant son rapport, l’Imperio indiqua aux Chasseurs qu’un peu avant les événements qui avaient mené les créatures ailées aux confins de l’Avant-Garde, quelques-unes de leurs bandes s’étaient, simultanément, mises en marche pour quitter leur territoire. Un mouvement de populations? Peut-être. Mais qu’en était la cause? Et pourquoi certaines bandes de Thekēra et pas toutes?

« Nous ne savons pas ce qui les a poussé à quitter leur territoire aussi brusquement, déclara l’officier supérieur. Ce que nous avons pu noter aux débuts de nos observations, c’est leur discrétion et leur sédentarité : ils se cantonnent aux territoires sur lesquels ils se sont établis et chassent au cœur de ce périmètre. Encore maintenant, leur nourriture est toujours aussi abondante et nous n’avons noté aucun changement dans l’atmosphère qui pourrait justifier un tel déplacement – aussi minime soit-il, comparativement à d’autres mouvements migratoires.

- Oui, on comprend.

- Et si la nourriture aux chantiers a terminé le travail en les attirant jusqu’à nos portes, avança l’Aile Blanche, nous avons doublé de vigilance pour limiter leur intrusion. Cela étant dit, les Thekēra continuent de rôder autour de notre dernier district en construction, le Quartier des Soldats, celui le plus près, spatialement parlant, de leur habitat naturel.

- Et vous ne savez pas pourquoi ils persistent à rester dans le secteur au lieu de retourner sur leur territoire, en conclu le chasseur aux cheveux clairs d’un ton plus affirmatif qu’interrogatif.

- C’est cela, oui. »

Sur ces propos, nous poursuivîmes sur notre lancée, faisant part de nos réflexions et conjectures aux Corbeaux. Ils nous écoutaient sans interruption, couchant même plusieurs notes à l’intérieur de leur carnet, certainement afin de se dessiner un portait plus détaillé de la situation qui nous accablait.

« Depuis que nous sommes conscients de leur présence, nous avons mis en place des patrouilles de surveillance dans toutes les zones où leur densité commençait à être un problème. Nous sommes parvenus à diminuer la dangerosité de la majorité de ces zones en les repoussant, mais le dernier district reste un problème… Une journée, nous avons même été forcés de mettre en arrêt les travaux afin de permettre aux militaires d’éloigner les bêtes.

- Qui est le responsable de ces patrouilles?

- Je m’en occupe, Monsieur Cyrion, indiquais-je à l’aîné de la fratrie en m’avançant d’un pas, présentant un mince dossier à l’attention des chasseurs. Voici un document récapitulatif de tous les rapports que mes hommes et moi avons rédigés depuis le début de ces patrouilles. Vous y trouverez également une carte de la région, afin que vous pussiez situer le territoire, leur communiquais-je en percevant, peu après, l’expression ravie de leur faciès. Si vous avez besoin de détails plus précis, n’hésitez pas à venir me les demander : je vous ferais parvenir les rapports originaux. »

Les Corbeaux étaient satisfaits, le Köerta tendant sa main pour venir y cueillir le document. Il se permit de le feuilleter rapidement, passant bientôt le manuscrit au plus jeune des Cyrion, qui lut plus attentivement les différentes lignes du rapport, dans un silence absorbé.

« Hormis les dommages collatéraux, les Thekēra ont-ils attaqué des personnes? »

L’Imperio hésita, puis répondit par la négative en secouant la tête.

« Nous ne pensons pas qu’ils viennent ici pour porter à mal notre population. Toutefois, lors de nos tentatives à les éloigner, des combats furent inévitables, hélas.

- Nous n’avons perdu aucun homme, repris-je, sentant qu’il était de ma responsabilité de spécifier ces particularités. Mais certains furent blessés par leurs rencontres avec les Thekēra. L’inverse est tout aussi vrai : quelques Thekēra furent blessés et un seul fût tué durant l’une de nos confrontations. »

L’animal avait violement réagit à notre présence et dès que mes hommes avaient tenté de le repousser, il s’était jeté à la gorge de l’un des patrouilleurs, labourant son flanc de ses griffes aiguisées comme un agriculteur laboure sa terre. Le reste de la troupe n’avait pas hésité un instant : ils avaient décapité la bête, marquant les débuts d’un affrontement plus bestial et sanglant que toutes les autres altercations. La Magie aidant, l’addition de nos Sanctuaires d’Ahena parvenait habituellement à modérer le tempérament brutal des bestiaux les plus agités et farouches, les faisant partir avant que les dégâts ne soient aggravés. Pourtant, cet incident existait bel et bien, prouvant que face à une peur terrible et un danger oppressant, même la plus calme des Magies ne peut endormir une vigilance instinctive. Ainsi, même si les Thekēra n’étaient pas naturellement mauvais et violents – à la manière des Koèk ou bien des caméléons épineux de l’île – il fallait tout de même se montrer prudents en leur présence.

« Et qu’en est-il du Thekēra cité à ce passage? Celui qui aurait été gravement blessé lors de l’une de vos patrouilles? »

À cette mention, je soupirais. Cette affaire était restée en suspens, faute de preuves, alors que le principal suspect – c’était si étrange d’étiqueter ainsi un chat – était sous ma surveillance. C’est ce que je leur expliquais, relatant, bien sûr, tous les événements ayant découlés à cette conclusion. Sur les visages, je pus facilement y lire la confusion et les questionnements : eux aussi semblaient nourrir quelques doutes sur la véracité de mon histoire. Je ne les blâmais pas. Elle était vraiment… particulière. Je soupirais de nouveau, croisant, peu après, l’œil écarlate du Köerta. Il ne se prononça pas, mais un sourire légèrement distordu apparut sur la commissure de ses lèvres. Discrètement, je reportais mes yeux droit devant moi, conservant une expression détachée. Se moquait-il ouvertement ou s’agissait-il simplement de sa manière d’exposer sa perplexité? Pourtant, si j’avais pu lire les pensées qui traversaient son esprit, je me serais tout de suite rendu compte qu’aussi invraisemblable pouvait paraître mon histoire, qu’il me croyait sans hésitation. Il savait que je ne mentais pas.

« Je ne puis vous en dire davantage, malheureusement. Depuis l’incident, le chat n’a causé aucun problème, alors il est assez difficile d’en retirer quoi que ce soit et de conclure l’enquête. »

Hiddleston m’observait calmement sur son siège, se demandant intérieurement comment je parvenais à raconter un récit aussi incompréhensible avec un visage aussi impassible.

« Quant au Thekēra, il reprend actuellement des forces à l’intérieur de l’entrepôt où il a été soigné. Il se montre récalcitrant, un peu, mais ce n’est rien comparativement aux premiers jours dans le chantier. Désormais, il est bien plus serein, leur confiais-je en croisant les bras. Si vous le désirez, nous pourrons faire un détour sur le site afin que vous puissiez voir la créature de vos propres yeux. Il nous faudra toute de même rester prudents. Je ne peux prédire sa réaction devant des étrangers. »

C’était compréhensible et, revenus de leur surprise, les chasseurs acquiescèrent à l’unisson avec enchantement. C’était une aubaine pour les Corbeaux, qui ne rataient jamais d’occasion pour étudier ce contre quoi ils seraient amenés à affronter. Avec ces précieuses informations, il leur serait d’autant plus aisé de mener à bien leur Chasse en ces contrées.



Quelques jours plus tard, en soirée…

« Comme promis! »

D’un mouvement énergique, Hiddleston leva son verre bien haut dans les airs, échangeant un grand sourire à l’heureux fêté de la soirée.

« Encore bravo, Isley, pour ton nouveau poste! »

À sa suite, d’autres acclamations félicitèrent, en chœur, la réussite de mon frère pour son nouveau titre et métier d’instructeur militaire. Isley laissa flotter sur son faciès un sourire maladroit, mais non le moins ravi, enchanté. Ses yeux pétillaient d’une jubilation indescriptible, presque juvénile. En l’observant minutieusement, j’avais l’impression de revoir mon frère enfant, lorsque notre père le gratifiait d’un rare compliment après avoir maîtriser une technique de Gubà ou pour être parvenu à contrôler un pouvoir magique. Je m'accoudais à la table, ma joue reposant sur le plat de ma main. Il lui restait encore la formation et l'examen à passer avant d'être officiellement promu en tant qu'instructeur, mais tout le monde autour de cette table savait qu'Isley avait les compétences nécessaires pour mener à bien son ambition et réussir, haut la main.

« Merci beaucoup tout le monde! J’ai tellement hâte de commencer. »

Non loin de sa position, Muramasa le contemplait avec fierté, un sourire indélébile imprimé sur son visage. Elle était aussi emballée et gaie que l’était Isley. Notre Lien me permettait de le ressentir, le battement extatique de ces deux-là se répercutant contre ma propre poitrine. Pourtant, je restais imperturbable, croisant brièvement l’œillade de mon frère, à qui j’adressais un léger sourire. Comme je l’avais fait plus tôt à mon appartement, je lui offris mes plus sincères félicitations. Isley remontait la pente. Cette forte inclinaison qui l’avait, auparavant, fait chuter, il l’escaladait désormais avec un nouveau regain. Araya n’était plus et, avec elle, les chaînes qui avaient retenu le cœur de mon frère s’étaient également évaporées.


1 959 mots | Post IV

Notes : le Gubà est un combat martial qui se base principalement sur le jeu et les coups des pieds. Le but principal de ce sport est de maîtriser son adversaire en usant le plus possible de ses jambes comme arme et défense. L’utilisation de la Magie permet de renforcer, d’accélérer et de rendre plus puissants les assauts.




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Isiode et Isley
Sam 08 Mai 2021, 06:51


Crédit : Inconnu.

Quelques jours plus tard…

Je refermais la porte de mon appartement, notant la présence de Pepito non loin de l’entrée. Il s’était rapproché du battant lorsqu’il avait entendu le bruit de mes pas et attendait mon arrivée depuis. Je le lorgnais un instant, toujours aussi méfiant, mais le chat n’en avait cure, poussant un miaulement avant de se frotter à mes chevilles. Je soupirais, redressant la tête.

« Isley? Muramasa? » Lançais-je dans un appel, que seul le silence répondit.

J’haussais des épaules après un instant, traversant le salon pour me rendre jusqu’à la cuisine. Mon frère devait encore être à Prætoria, auprès des autres instructeurs en formation. Quant à Muramasa… Peut-être était-elle partie s’entraîner? La question, en une fraction de seconde, devint une certitude au moment où mes yeux sondèrent la pièce et que mes oreilles percevaient tous les bruits environnants, sauf ceux produits habituellement par Raclette : la chèvre ne se trouvait pas dans les parages. Lorsqu’une telle situation survenait, c’était parce qu’elle accompagnait la jeune Orine à l’extérieur pour ses exercices quotidiens. L’interrogation en moins, je me préparais un grand verre d’eau, buvant d’une traite le liquide avant de m’en servir à nouveau. Les jours se succédaient rapidement, ici. Auprès des Corvus Æris, je passais très peu de temps, désormais, entre les murs de Prætoria. De fait, après avoir visité le Thekēra de l’entrepôt, les Chasseurs s’étaient aussitôt mis à l’action, planifiant leurs prochaines opérations sur le terrain. Depuis, eux et mes soldats se trouvaient constamment au milieu des Plateaux de Jade, non loin de la ceinture montagneuse d’Askeladd afin de ratisser les secteurs d’intérêt. De l’avancement? Bien plus qu’escompté, heureusement.

Le premier jour, nous l’avions consacré à la récolte d’informations et à l’établissement de notre zone de recherche. La situation à laquelle nous faisions face ne concernait pas l’ensemble des groupes de Thekēra de la région, seulement une partie, qui progressait habituellement tout au nord de la Forêt des Saules Pleureurs. Sur la carte mise à leur disposition, je leur avais dessiné le périmètre général du territoire que ces différentes bandes se partageaient et la curiosité des Corbeaux s’était alors acérée. La première question qu'ils m’avaient posé était de savoir pourquoi ces meutes en particulier bougeaient ainsi, alors que les autres bandes de la population ne semblaient pas vouloir se déplacer, restant jalousement confinées à l’intérieur de leur territoire. Malheureusement, le problème résidait en ceci: tout était normal, affreusement ordinaire. Nous n'avions noté aucun trouble ou changement particulier au sein de l’environnement ou bien dans le comportement des autres animaux, lorsque nous patrouillions les frontières du secteur…

« Au vu du contexte, il nous sera plus rapide d’analyser la situation en allant directement au cœur du territoire », avait prétexté le Traqueur à la peau fissurée, cherchant l’approbation de ses compatriotes d’un contact visuel.

Se propulsant dans un mouvement de balancier, l’homme au yeux vermeils s’était confortablement posé contre le dossier de son siège. Son regard était alors clair et décidé, lorsqu’il avait daigné le braquer sur mon visage.

« Y’a-t-il certains dangers auxquels nous devrions porter plus d’attention? Des plantes ou des animaux à éviter? Histoire de bien nous organiser. »

Indifférent devant l’étincelle d’excitation qui s’était mise à briller dans l’œillade du jeune homme, je leur avais transmis l’intégralité des informations que nous détenions sur le secteur en question. La faune et la flore n’étaient pas un danger immédiat pour les personnes qui choisissaient de s’y aventurer. Sur l’Île d’Orhmior, la nature était douce, clémente et, à l’exception de quelques créatures qui se cantonnaient majoritairement à l’ouest de l’île et dans la région du Bayou, nous n’avions rien étudié qui puisse vouloir volontairement du mal à qui que ce soit. Bien évidemment, il fallait simplement respecter la patience et l’espace de chaque animal afin de ne pas les provoquer. Enchanté par ces nouvelles, le Traqueur avait expiré un soupir avant de porter ses mains derrière son crâne, tout sourire. Peut-être avait-il songé qu’il s’agissait d’une Chasse relativement facile pour une fois.

« Dans ce cas, préparons-nous : plus vite nous commençons, plus vite nous trouverons réponses à nos questions, s’était-il exclamé en s’étirant, tournant son regard dans ma direction. Et nous commencerons par explorer les territoires près des montagnes où les Thekēra sont encore présents. »

Je l’avais observé sans piper mot avant d’hocher de la tête.

« Très bien. Je vais en avertir tout de suite l’unité. »

Je m’étais abaissé pour les saluer, lui et le reste de sa troupe, avant de quitter la salle. Lorsque j’avais annoncé la décision de la Confrérie à mes hommes, ces derniers s’étaient brièvement questionnés, mais j’avais rapidement effacé leurs interrogations en quelques explications.

« Les Thekēra sont particulièrement sensibles à leur environnement. Pourtant, pourquoi seules les bandes de l’est ont commencé à se déplacer? C’est parce qu’il y a quelque chose sur leur territoire qui les repousse, qui les retient de ne pas s’approcher. Quelque chose qui est présent, chez eux, mais pas chez les autres bandes, au point que ces dernières n’en soient pas affectées. C’est pourquoi la Confrérie tentera de chercher ce « quelque chose », en comparant les éléments du territoire des populations non affectées par le phénomène et ceux du territoire délaissé par les bandes qui nous envahissent. J’avais croisé les bras; un long travail nous attendait sur le terrain. Ils découvriront forcément cette différence, mais pour la trouver, nous devrons les soutenir au maximum. Ils auront besoin de toute l’aide possible. J’espère que vous êtes prêts. »

Les soldats l’avaient manifesté dans un cri uni.

Et plus les jours s’étaient écoulés, et plus nous avions abandonné le nord des Plateaux de Jade pour nous rediriger vers l’est, au pied des montagnes desquelles coulaient un vaste réseau hydrique qui se jetait dans les eaux du fameux Lac Boscōbo. Ici, comme tous les paysages qui ne longeaient pas directement l’Avant-Garde, l’environnement n’avait pas été retouché par la main de l’Homme. Les plantes s’étendaient toujours plus loin, s’étiraient toujours plus haut, tandis que les chants de la nature s’imposaient à notre ouïe plus nous nous distancions du tumulte de la civilisation dans notre dos. Alertes, nous conduisions les chasseurs à travers le territoire, dégageant certains passages pour nous permettre de nous enfoncer toujours plus profondément dans la région, réchauffant les tissus de nos muscles et de nos ailes pour pouvoir escalader le front des escarpements, la pente des monts. Si prudence était mère de sûreté, cela n’empêchait pas mes hommes de forger quelque lien avec les chasseurs de la Confrérie, laissant porter leur voix plus haut que conseillée à travers le paysage isolé. Je les laissais bien souvent faire, n’étant pas contre la formation d’amitiés au sein de notre unité, même si cela risquait d’annoncer notre présence à ce qui nous entourait, étranger comme familier, prudent comme hostile. Toutefois, je portais une confiance aveugle aux habilités des Traqueurs. Grâce à eux, nous pouvions savoir si des animaux nous traquaient à leur tour; si, au contraire, ils fuyaient à notre approche, et lorsque nous pénétrions un secteur prometteur, leur signal mettait un point définitif à toutes conversations et les confrères réalisaient alors ce pour quoi nous les avions engagés.

Avec l’aide de deux Chasseurs et de quelques soldats, le jeune Alchimiste du groupe, Monsieur Loog, examinait les plantes à nos pieds et relevait la tête en direction de celles qui se suspendaient au branchage des plus hauts arbres. À la recherche de corolles desquelles pourraient se dégager un parfum unique et répulsif, il avançait son nez jusqu’aux fleurs, humant leur odeur avec attention pour en séparer leur flagrance.

Les Traqueurs, en compagnie du Spécialiste, du dernier Chasseur et du reste de mes hommes, parcouraient, quant à eux, notre zone de recherche, fouinant à hauteur du sol pour les uns, à hauteur du ciel pour les autres, afin de déceler la présence de bestiaux inaccoutumés. À ce jour, nous avions terminé de rassembler les informations générales des territoires définis comme étant « immuables », et aujourd’hui, nous sondions les territoires de l’est, dits « instables », pour cibler les différences les plus flagrantes entre les deux zones d’étude, et espérer trouver – puis éliminer – ce qui repoussait ainsi les créatures ailées.

Et si les jours précédant celui-ci n’avait rien donné d’extrêmement fructueux, cette énième journée de recherche, en revanche, s’était avéré des plus lucratives. Poussés par l’initiative des chasseurs de la Confrérie, nous nous étions permis de nous enfoncer encore plus profondément au cœur de la Ceinture d'Askeladd, allant jusqu’à longer les creux qui séparaient certaines des montagnes de la chaîne pour délaisser la végétation haute et dense des bois que nous avions toujours patrouillé jusqu’ici.

« Les Thekēra sont des animaux sensibles, vous l’avez vous-même mentionné, m’avait rappelé Monsieur Köerta d’un ton sibyllin. Par conséquent, il se pourrait qu’ils soient partis non pas parce qu’il y a quelque chose au sein même de leur territoire, mais à proximité. »

Le regard du Köerta s’était tout de suite porté sur le flanc des montagnes, dont les sommets semblaient chatouiller le ciel.

« Nous n’avons rien à perdre à étendre nos recherches jusqu’à cette altitude, à peu près, m’avait-il présenté en désignant l’une des courbes de niveau de la carte. De ce que nous avons pu observer de ces animaux, ils n’ont pas l’habitude de s’établir plus haut que cette élévation. Ce serait donc inutile de nous déployer à ces hauteurs. Cependant, à ce niveau… (Son crayon avait fait plusieurs cercles autour de la zone d’intérêt, rallongeant le précédent périmètre que nous nous étions fixés.) Ça vaut l’coup d’essayer. »

J’avais réfléchi, portant un regard intéressé sur le visage de mon interlocuteur. Tous ces jours que j’avais pu passer en sa compagnie avaient été autant d’occasions pour l’évaluer, l’observer. D’habitude, il arborait constamment cet air subtil, effacé, et un peu tête en l’air qui laissait croire qu’il prenait tout à la légère – ou qu’il était diablement inconscient et distrait. Toutefois, lorsqu’il affichait une telle expression sur son faciès – la même expression qu’il avait arboré à cet instant-là – la présence qu’il imposait et l’aura qu’il libérait semblaient le changer en un tout autre individu; plus minutieux, attentif, sérieux et appliqué, il avait l’assurance de ceux qui savaient, de ceux qui étaient certains d’une chose que les autres n’arrivaient pas encore à voir. Qu’avait-il bien pu percevoir qui nous échappait? Était-ce ses dispositions de Traqueurs ou ses sens d’Orishas qui lui permettaient d’être aussi sûr de son instinct? Contrairement à lui, je n’avais pas de réponse, malgré les innombrables questions qui avaient voyagé – et qui voyagaient toujours – entre mes deux oreilles. Pourtant, au lieu de les formuler, de l’interroger, une seule réflexion était parvenue à s’échapper de la barrière de mes lèvres :

« Êtes-vous sûr de vous? »

L’albinos m’avait fixé attentivement, esquissant un sourire sur la commissure de ses lèvres, un sentiment de déjà-vu courant dans sa mémoire.

« Aimez-vous les paris, Soldat Yüerell? »

La question m’avait pris de court.

« Non, pas spécialement. »

Et de nouveau, ce sourire, légèrement insolent, sans pourtant être méchant. Le Traqueur était simplement confiant de ses capacités, conscient de ses pouvoirs et de ce qu’il pouvait réaliser. Et pour l’avoir vu à l’œuvre, de mes propres yeux, je savais qu’il ne se surestimait pas.

« Dommage, rigola-t-il légèrement, reprenant cet air aiguisé. Parce que j’aurais gagné à coup sûr! »

Je ne m’étais pas attendu à cela. Personne ne s’y était vraiment attendu. Parce qu’au moment de lever son doigt, toutes les paires d’yeux avait suivi son geste, cherchant la direction qu’il pointait avec autant d’assurance et de certitude.

« La réponse à nos questions se trouve quelque part à ces altitudes. Et plus précisément, là-bas, dans ce couloir où traverse le vent, entre ces deux monts. »


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Isiode et Isley
Dim 16 Mai 2021, 18:44


Crédit : Inconnu.

Et nous nous engagerons dans ce passage dans quelques jours… Pensais-je tout en déposant mon verre sur le dessus de la table à manger, me remémorant les quelques minutes qui avaient précédé la prise de parole de l’Orisha. Pendant plusieurs secondes, il s’était simplement mis à fixer un point invisible au loin, sans bouger, son regard se perdant sur le roc, à l’horizon. Il n’avait prononcé quoi que ce soit de vive voix, mais sur son faciès, il m’avait été possible d’y distinguer un éclat de surprise, brusquement dissimulé par un voile d’hésitation. Avec rapidité et discrétion, ses yeux avaient parcouru les différents visages à proximité, étudiant consciencieusement les traits de tous et chacun, comme en quête d’une réponse… d’un comportement… d’une réaction, sans doute. C’est ainsi qu’il avait fini par croiser mon regard, par comprendre que je le dévisageais depuis un moment déjà. Puis, avec un aplomb renouvelé, il s’était approché de ma position, proposant de but-en-blanc que l’on élargisse notre zone de recherche. Si les raisons de cette attitude m’échappaient encore, je ne me voyais pas refuser son offre malgré tout. Elle était sensée, d’autant plus qu’il semblait bel et bien avoir flairé quelque chose dans ce passage montagneux : la réponse à nos questions, si j’employais son expression.

Je fermais les yeux quelques secondes pour les ouvrir sur la fenêtre de la cuisine. D'ici, j’étais en mesure d’évaluer l’heure de la journée, le Soleil déployant ses rayons de sorte à les coucher sur la ligne de l’horizon. Le crépuscule préparait ainsi les cieux à accueillir sa Mère immaculée, sa Vigilante de la nuit. Estimant qu’il me restait encore quelques heures avant d’organiser le repas de ce soir, je me décidais à partir en direction de Prætoria afin d’annoncer les dernières nouvelles à l’Imperio Vaughan. Abandonnant mon verre et Pepito – de nouveau – je refermais la porte de mon appartement dans mon dos, avant de me diriger vers l’extérieur, déployant mes ailes, chargeant aussitôt jusqu’au cœur des cieux. De cette hauteur, je me laissais guider par les vents, rabattant mes appendices plumeux contre mes flancs afin de gagner toujours plus de vitesse entre les courants. L’adrénaline affluait dans mes veines, tandis que les hautes façades de Prætoria se rapprochaient rapidement.



« […] Et accordez-vous votre confiance à l’instinct de Monsieur Köerta? »

Ma réponse lui fût confiée sans une once d’hésitation.

« Oui, Imperio. Je ne vois aucune raison de douter de sa parole. »

Ramiel Vaughan sembla du même avis, acquiesçant silencieusement alors qu’il se calait contre le dossier de son siège. Dès notre premier contact avec les Corvus Æris, l’officier s’était assuré de l’intégrité des chasseurs qui nous avaient été envoyés. Par l’examen de leurs antécédents et par ses pouvoirs, il avait pu sonder leurs intentions et garantir, de la sorte, leur sincérité.

« Si vous voulez connaître mon humble avis, il s’agit bien plus que d'une simple impression : il a perçu quelque chose, il a vu quelque chose. »

Mes propos soulevèrent l’un des sourcils de l’officier, ce dernier fermant les yeux avant d’expirer :

« J’ai foi en votre jugement, Yüerell.  J’aimerais simplement que vous trouviez rapidement les causes de tout cela. »

Je penchais solennellement mon buste vers l’avant à ce commandement.

« Ce sera fait dans les plus brefs délais.

- C'est parfait dans ce cas, souffla-t-il, retenant de nouveau mon attention dans le discret mouvement de sa main. Pourriez-vous rester ici encore quelques minutes? J’aimerais connaître votre opinion sur une réflexion. »

Ce genre de demande ne m’était nullement étranger, l’Imperio m’ayant maintes fois sollicité pour des questions concernant la logistique ou bien l'administration de l'Île. C’est pourquoi je lui fis un léger signe de la tête, lui indiquant ainsi que j’étais tout ouïe.

« Depuis la libération des anciens réfugiés sur la Terre Blanche, nous avons reçu plusieurs candidatures de futures Recrues qui souhaiteraient se joindre à nos forces.

- C’est une bonne nouvelle, déclarais-je d’une voix simple, sincèrement ravi de la nouvelle.

- Effectivement. Toutefois, quelques-unes de ces candidatures proviennent de ces mêmes réfugiés que nous avons secourus. Qu’il s’agisse d’anciens soldats qui ont été capturés au cours du Rimkalàri (la Guerre) ou bien de jeunes Anges qui ont choisis de prêter main forte à notre communauté… »

L’Imperio marqua son dialogue d’une courte pause, afin de me dévisager du coin de l’œil. En effet, à cette mention, mon front s’était barré d’un froncement perplexe, un avis traversant mes pensées. Toutefois, je n’avais pas besoin de formuler à haute voix mes ressentis, Ramiel Vaughan captant immédiatement mes réflexions depuis mon esprit.

« Vous avez certaines réserves, n’est-ce pas? »

Je ne pouvais le lui cacher. Je ne doutais pas de la résolution et des intentions de certains, persuadé que l’envie de protéger la communauté angélique créait une envolée de détermination au plus profond de leur poitrine. Pourtant, une volonté pouvait facilement ployer face à un choc, un ébranlement, une émotion trop forte… Combien étaient-ils à posséder les nerfs d’acier pour ne pas flancher? Et combien étaient-ils à prétendre aller au mieux alors qu’à la première occasion, ils se laisseraient emporter par le plus brut, désespéré et primitif des sentiments?

« Je les comprends – vos appréhensions – mais ne vous en faîtes pas, déclara l’officier avec confiance, ces candidatures seront examinées et suivies attentivement. La Nith-Haiah ne fera aucune exception quant à leur évaluation. La dernière chose que nous voulons gérer, ce sont des soldats instables, incapables de contrôler leurs peurs ou leur Colère; leurs larmes ou leur angoisse, et qui seraient plus à même de se déchainer sur le champ de bataille, sans restriction. »

Nous connaissions tous les deux ce qu’entraînait une telle situation, et si lui comme moi savions que l’Agbara en attendait certains – pour le meilleur, à ma connaissance – Ramiel Vaughan, en revanche, savait précisément dans quel endroit où ce genre de cas finissait par atterrir.

« Bref. Tout cela pour dire que nous serons très stricts en ce qui concerne leur admission, et que nous nous employons déjà à travailler en étroite collboration avec leurs psychologues et psychothérapeutes. Mais ce n’est pas de cela, spécifiquement, que je voulais vous parler. En réalité, cette situation m’a amené à me poser d’autres questions, notamment en ce qui concerne les Ko iyẹ (Sans Ailes). »

Ma tête se balança légèrement sur le côté. Je restais attentif.

« J’ai entendu le témoignage d’un Ko iyẹ, tout récemment, qui désire justement faire partie de la Nith-Haiah : son histoire, les défis qu’il a dû surmonter depuis son retour… »

Ramiel Vaughan soupira à ce souvenir, encore légèrement chamboulé par le récit du jeune homme.

« À un certain point, il a parlé de ses ailes. De la sensation – du manque – qu’il a ressenti lorsqu’elles lui furent arrachés par les Démons. Pour prévenir toute évasion depuis les airs, plusieurs Anges ont subi cette mutilation de la part de leurs tortionnaires. Et, depuis, il a avoué se sentir encore « prisonnier », cloué à tout jamais au sol, sans possibilité d'être libre. »

Mon visage restait de marbre, mais une curiosité s’éveilla dans mon esprit. Où voulait-il en venir, exactement?

« J’aimerais connaître votre opinion. Auriez-vous une idée de comment nous pourrions leur donner à nouveau des ailes? De comment nous pourrions substituer ces dernières? »

Mes paupières papillonnèrent confusément, tandis que mon visage, figé dans l’incrédulité, ne pouvait se détacher du sourire qu’il venait d’esquisser.

« …

- Pourquoi ce regard?

- Pour rien. Seulement… Je ne vous pensais pas du genre sentimental. »

Son sourire s'élargi, comme si un rire était sur le point d'exploser à la barrière de ses lèvres. Au moins, il ne le prenait pas mal, car il était conscient qu'il était aussi expressif que je l'étais, même si les sourires et les émotions fleurissaient plus aisément sur son faciès que le mien. D'ailleurs, son regard se fit légèrement plus calme et doux, alors qu'il reprenait la parole :

« Je réfléchis simplement à un moyen qui pourrait les aider à mieux vivre. Alors, auriez-vous une idée? »

Je ne me prononçais pas sur le moment, lui offrant finalement mon avis le plus sincère : ce qui avait été détruit ne pouvait être reconstruit. C'était pessimiste, mais sur le moment, je ne voyais aucune autre alternative.



Et pourtant, durant le vol de retour, ma conversation avec l’Imperio continuait de jouer dans ma tête. Toute cette discussion, finalement, me rappelait l’un des échanges que j’avais eu avec Muramasa il y a quelques jours de cela.

M’accompagnant durant ma course du matin, je lui avais proposé de faire une courte halte dans l’entrepôt où se trouvait notre réfugié à quatre pattes. Plus les jours passaient et plus l’envie de le voir se renforçait en mon sein. À chaque fois que je mettais le nez dehors, l’idée de faire un détour vers l’entrepôt m’envahissait et, assujetti à cette réflexion, mes pas, mes ailes, me dirigeaient toujours inconsciemment dans cette direction. Cette journée-là ne faisait exception à la règle, alors que j’avais proposé à Muramasa de la transporter jusqu’au Thekēra afin de s’assurer de son état. La rouquine s’était figée un instant, comme incapable de comprendre ma déclaration. Je n’avais pas réitéré ma demande de vive voix, la coinçant dans mes bras avant de décoller du sol. L’émotion qui avait pulsé dans ses veines était mu par un engouement subit, aussi violent et puissant que la frénésie d’un enfant. Elle n’avait cherché à parler au cours du voyage, même si ce n’était pas l’envie qui lui manquait de le faire, tant l’expérience la galvanisait à chaque fois. Cependant, c’était la première fois que je la portais de cette façon, mon frère s’étant toujours porté volontaire, avec une attention presque fraternelle, pour la transporter, lorsque le contexte le demandait.

C’est pourquoi Muramasa s’était sentie aussi heureuse et euphorique à cet instant. J’avais pu le percevoir, notre Lien me l’ayant insufflé avec une fidélité tranchante : l’Orine pressentait que je l’acceptais, petit à petit. Par de petites attentions, comme le fait de l’inclure dans mes entraînements; par de petits gestes inconscients du quotidien, comme le fait de lui souhaiter un bon matin. Ce n’était pas grand-chose et pourtant, la Sœrei s’en contentait avec une joie et un réconfort tout particulier. Notre relation évoluait au mieux et tout cela la rassurait grandement, surtout lorsque l’on savait comment les débuts de notre relation avait débuté… Malgré cela, aucun sourire ou semblant de tendresse n’était venu briller dans l’iris de mes pupilles, le voyage se réalisant dans le silence le plus complet entre elle et moi. De toute façon, il aurait été difficile de se parler avec les rafales de vent dans nos oreilles.

Puis, nous nous étions finalement arrêtés aux portes de l’entrepôt. En pénétrant à l’intérieur de ce dernier, le Thekēra s’était immédiatement soulevé, secouant son épais plumage ébouriffé. J’avais déclaré à Muramasa d’attendre auprès du soignant afin de m’avancer, seul, vers l’animal. Enfin, lorsque je m’étais assuré qu’il ne ferait rien d’imprévisible, j’avais invité l’Orine à s’approcher pour qu’elle et la créature puissent se familiariser. Si la jeune femme s’était montrée très enthousiaste à la perspective de ce prochain contact, le Thekēra, au contraire, s’était crispé, l’avait longuement scruté, étudié, jusqu’à se laisser faire lorsqu’il perçu la pression que j’exerçais sur son museau. Lentement mais sûrement, il avait ployé devant mon autorité, tolérant plus qu’il ne se satisfaisait des attentions de l’Orine. Toutefois, après plusieurs minutes, sa garde était doucement tombée et il avait fini par accepter la présence de Muramasa à ses côtés. Je discutais avec le soignant à un moment, prêtant tout de même attention à ce qui se passait de l’autre côté de l’entrepôt, jusqu’à ce que la rouquine nous rejoigne après avoir profité de cet instant unique avec le Thekēra.

« Ces créatures sont tellement plus impressionnantes vu de près. J’ai l’impression qu’elles pourraient porter trois hommes sur leur dos et être tout de même en mesure de voler à pleine vitesse dans les airs », avait-elle déclaré, les yeux pétillants de mille constellations, coupant notre discussion par la même occasion.

Pourtant, ni le soignant, ni moi-même ne fûmes offusqués par son intervention, l’Immaculé à mes côtés rejoignant tout de suite l’avis de la jeune femme, les deux s’engageant alors dans une conversation pour le moins passionnée. Et plus je les avais écoutés, plus une idée s’était formée dans mon esprit, quelques paroles seulement s'étant extirpées de mes lèvres pour la formuler, alors que mon regard avait considéré la créature ailée à proximité :

« Voudrais-tu apprendre à les monter? Les Thekēra, je veux dire. »

D’un coup, Muramasa et le soignant s’étaient tus pour m’observer, tandis que mon esprit était reparti divaguer. Je m’étais revu chevaucher des créatures plus grosses, plus monstrueuses et plus dangereuses que les Thekēra, que ce soit au-dessus de Cael ou bien à des kilomètres au-dessus des continents. Et malgré la nature sauvage et indomptable des Dragons, l’affinité qui nous unissait – enfin, l’unissait, elle, et ses Dragons – m’avait séduit et captivé. Plongé corps et âme à travers la vie de l’Ultimage, j’avais ressenti cette liberté particulière, cette connexion spirituelle, voire fusionnelle, qui retenaient sa Majesté à ses nombreuses bêtes. Cette impression n’avait cessé de me serrer à chaque fois que je m’étais posé sur les écailles des énormes créatures : une impression d’évasion, d’affranchissement, de simple et pure délivrance…

« O-Oui, bien sûr que j’aimerais apprendre, mais les Thekēra ne sont pas… Enfin, ce serait difficile de les apprivoiser, non? Avait finalement énoncé Muramasa d’une voix chevrotante, mi-excitée mi-dubitative, tout en portant une œillade en direction de l’animal, comme si elle craignait qu’il ne la morde ou se montre soudainement réticent à sa présence.

- Avec la bonne approche et la bonne énergie, toute créature peut finir par être apprivoisée. »

Je m’étais approché du Thekēra et ce dernier m’avait aussitôt regardé, baissant son museau pour que je puisse y apposer ma main et le caresser.

« Ils sont comme les hommes. Il suffit d’user de la peur et de la violence pour les soumettre, pour s’assurer de leur servilité; ou de la manipulation et du chantage pour bien les conditionner; ou de l’attention et de l’affection pour éveiller leur confiance et leur loyauté… »

Si mes premières paroles les avaient rendus encore plus silencieux que d’accoutumée, la suite de ma palabre tira, pourtant, un semblant de sourire sur leurs lèvres. Confiance et loyauté… C’est ce qu’ils avaient sous les yeux en considérant le Thekēra et moi.

« Comment te sentirais-tu si tu avais des ailes, Muramasa? »


2 428 mots | Post VI



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Isiode et Isley
Mer 19 Mai 2021, 17:33


Crédit : Inconnu.

Quelle journée… Pensais-je en refermant la porte de mon appartement. Naturellement, mon regard se porta vers la fenêtre, le soir ayant désormais drapé ses voiles mouchetés d’étoiles dans le firmament.

« Comment te sentirais-tu si tu avais des ailes, Muramasa?

- Si j’avais des ailes… Je me sentirais  plus libre de mes mouvements. Je pourrais me déplacer là où je le désire, après tout! Puis, je me sentirais certainement plus proche de vous, Isley et toi… »


Je laissais échapper un soupir. Des ailes… Pour se délivrer… Je secouais doucement la tête, songeant que je pourrais certainement me permettre une petite heure de repos avant de préparer à manger. Cela devait être la sixième journée consécutive que je ne dormais pas, l’épuisement de cette dernière semaine se faisant sentir dans chacun des fibres de mon corps, dans chacune de mes réflexions. Convaincu – et séduit par l’idée d’une pause – je me dirigeais aussitôt entre les quatre murs de ma chambre, m’étendant de tout mon long contre la surface de mon lit. Je fermais les yeux, pour relaxer et réfléchir un peu à ma conversation avec l'Imperio. Toutefois, il était plutôt difficile d’atteindre la parfaite tranquillité lorsque quelqu’un en décidait autrement. Les feulements de Pepito, de l’autre côté de la porte, étaient hostiles et fielleux. J’ouvris un œil, le collant au plafond au-dessus de ma tête, sondant en parallèle le cœur de l’animal. En percevant ce qui agitait ainsi la petite bête, je me redressais soudain, les sourcils froncés. Pourquoi était-il si agressif? Les grattements contre la porte se faisaient de plus en plus insistants et, d’un geste spontané, je portais mon regard jusqu’à l’entrée de ma chambre. Et me paralysais brusquement.

T… U… … R…

La porte hurlait à cet assaut, capitulant aux dommages que l’on marquait sur son battant. C’était comme un doigt crochu qui gravait avec violence et malice une profonde blessure sur sa peau. Mes yeux se plissèrent, mes sens s’acérèrent, alors que je quittais définitivement le dessus de mon lit, mes pieds écrasant prestement le plancher.

V… … … I…

Qui est là? Je ne voyais personne, n’entendais personne, à l’exception des sifflements aigus du chat qui se tenait de l’autre côté de la pièce. Et pourtant… Pourtant… Il me semblait que je pouvais presque la sentir, cette présence, cette pression, ma Magie s’éveillant d’elle-même à l’appel de l’instinct. Mes yeux ne devinrent que des fentes, tandis que je me dressais, debout. Qui était en train d’écrire sur ma porte? Était-ce Pepito? Non. Quelque chose clochait. Ce chat maudit aurait facilement pu porter le blâme, mais à l’heure actuelle, je pouvais également percevoir dans son cœur qu’il était, pour le coup, entièrement innocent : il tentait de faire savoir à peu importe ce qui se trouvait de ce côté-ci de la pièce de s’en aller.

E… L…

De nouveaux grattements, menaçants. Soudainement, ma Magie se libéra et une onde de choc s’étendit jusqu’à la porte. Le bois cria plus fort, se fissura, se replia, mais tint bon. En même temps, les lettres cessèrent de s’aligner. Je restais silencieux, observateur. Trente secondes s’écoulèrent, puis une minute, puis deux minutes… Aucune manifestation. Je me permis alors d’esquisser un premier pas vers l’avant, braquant toute mon attention sur le mot gravé à la surface du battant. Turvi–

IN… G…


Les grattements reprirent de plus belle. Plus douloureux. Plus aigus. Plus haineux. Les lettres s’ancraient profondément à l’intérieur du bois, continuant leur œuvre. Cependant, je n’avais plus besoin de lire pour connaître le message que l’on voulait me transmettre. Un battement résonna puissamment entre mes tympans à cette réalisation, tandis que le sang dans mes veines ne fit qu’un tour.

V… A… R… …

… …
… … …

Turviel Ingvar.

Mon visage se couvrit d’une épaisse brume. Je ne bougeais pas, je ne parlais pas, je ne faisais que fixer la porte devant moi, un sourire glacial chatouillant bientôt la commissure de mes lèvres. Combien de temps étais-je resté dans cette position, immobile comme une statue? Quelques secondes? Quelques minutes? Une heure, tout au plus? Je ne saurais le dire, mais à un moment, je finis par avancer, allongeant ma main jusqu’au nom incrusté dans le bois. Je suivis la ligne brute des lettres gravées, mon visage s’étant paré de son masque d’impassibilité, alors que les souvenirs et connaissances de sa Majesté s’entrechoquaient violemment à la réalité que j’avais sous les yeux. Les Morts ne peuvent interagir avec cet univers. Les Morts ne peuvent réaliser cela. Alors comment? Songeais-je calmement, le regard étrangement placide. … Le folklore elfique ne peut être réel. Me dis-je intérieurement avant d'entendre un souffle à mon oreille, un murmure d'outre-tombe. Une voix de femme. Je me retournais dans un sursaut, les défenses de mon esprit s'agitant, s'ébranlant. Mais il n'y avait personne dans cette pièce, à part moi, ma guitare et le vent qui s'infiltrait par la fenêtre de ma chambre.

« Miaou! »

Je restais silencieux, statique, interdit.

« Miaaaaw! »

Doucement, les miaulements de Pepito me tirèrent de ma confusion, mais à l’instant de refaire face à la porte, mes yeux se plissèrent et mon cœur se remit à trembler avec fureur. Est-ce la fatigue qui commence à me jouer de drôle de tours? Lentement, je repris contenance. Inspirant une profonde bouffée d’air, je tournais la poignée de la porte, baissant les yeux de sorte à croiser l’œil doré du matou. Pepito, au seuil de l'encadrement, avait cessé de feuler, de cracher, et s'invita prudemment au cœur de la pièce, n'oubliant pas de se frotter un certain temps sur mes mollets, comme pour me rassurer.



Toc, toc, toc.

Malgré sa politesse, la personne n’attendit pas que je lui donne mon accord avant d’entrer dans la chambre. Prestement, sa tête traversa l’entrebâillement qu’elle venait de créer, son regard se braquant sur les traits austères et imperturbables de mon visage.

« Isiode? »

Je ne l’écoutais pas, ne l’entendis pas. C’était comme si sa voix n’était jamais parvenue jusqu’à mon ouïe qui, pourtant, pouvait percevoir des sons dans un rayon relativement surprenant. Tout ce sur quoi je me concentrais était le vide qui envahissait mon esprit, ainsi que le rythme de mes doigts qui frottaient sur les cordes de ma guitare avec acharnement. Je ne me rappelais plus pourquoi je m’étais mis à jouer; pourquoi, par réflexe, mon bras était allé chercher le manche de l’instrument. Peut-être qu’inconsciemment, je m’étais dit que la musique parviendrait à étouffer les bruits, les interrogations, tous ses parasites qui grouillaient dans mon esprit présentement. Était-ce seulement concluant? Il semblerait, parce que ma conscience progressait sur une vague sans obstacles, ni remous. Une chose était certaine : cette initiative avait complètement vidé mon esprit.

« Est-ce que tu m’écoutes? »

Elle avait vidé mon esprit, mais m’avait également déconnecté de la réalité. Jusqu’à cet instant. En apparence, la deuxième tentative de Muramasa ne semblait pas m’avoir alerté, et je n’avais pas sourcillé à l’apparition de son visage dans mon champ de vision, continuant de gratter ma guitare d’un air absent.

« Bien, si tu penses jouer encore longtemps, je vais pouvoir piquer dans ta portion, ce soir. L’entraînement de cet après-midi m’a teeeellement ouvert l’appétit!

- Bas les pattes, Okanjuwa (Gourmande/Gourmandise).

- Ah! Alors tu m’entendais bien, mais tu choisissais simplement de m’ignorer. Je prends note », murmura-t-elle dans une inflexion accusatrice.

Je cessais tous mouvements, relâchant un soupir tout en levant les yeux dans sa direction. Toutefois, dès qu’ils tombèrent sur son faciès, je pus capturer dans la seconde le petit sourire moqueur qu’elle m’adressait, et compris qu’elle avait délibérément employé ce ton pour attirer mon attention. Cette fois-ci, son rictus se mua, s’étira et s’adoucit tranquillement, tandis qu’elle se rapprochait de mon lit pour venir s’installer auprès de moi. En la suivant du regard, je pouvais aisément remarquer les progrès qu’elle avait accompli au cours de ces derniers mois : ses muscles s’étaient endurcis et sa silhouette paraissait plus solide, plus costaude, tout en conservant une finesse et un charme propres à ses origines d’Orine. Pourtant, après un moment, mon regard dévia de ses formes pour scruter l’instrument qu’elle tenait en main.

« Pourquoi es-tu venue avec ton erhu?

- Je pensais me joindre à toi, en attendant la cuisson de la viande. »

Je réalisais soudain. Le dîner. Je l’avais complètement oublié.

« Je suis désolé… C’était à mon tour de préparer le repas et ça m’est sorti de l’esp–

- Ce n’est rien, me coupa-t-elle en souriant de plus belle. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose à préparer pour ce soir, si ce n’était de cuire la viande et de couper les légumes d’accompagnement. »

Avec des gestes précis, inspirés par des années de pratique, Muramasa accorda calmement son erhu, la corde vibrant sous son doigté.

« Tu pourras t’occuper du repas de demain. Mais pour ce soir… »

Emballée, elle se retourna dans ma direction, l’œil pétillant.

« Accepterais-tu que je t’accompagne? »

Je la dévisageais en silence, aucune expression s’affichant sur mes traits. Cependant, en concentrant de nouveau tout mon intérêt sur la guitare que j’avais en main, je lui donnais le rythme à suivre en tapant du pied, pinçant les premières cordes avec lenteur. De sa caisse, la guitare expulsa le premier souffle de la mélodie. Je laissais les notes voyager entre nous, envahir l’air qui nous entourait afin de nous créer un cocon isolé, détaché : une bulle rien qu’à nous. Et si, de la porte, nous observant avec curiosité, Raclette et Pepito se tenaient là, comme hypnotisés, nous ne les remarquâmes que vaguement, focalisés sur la musique et la chaleur réconfortante qu’elle nous insufflait. Le calme semblait remplir nos esprits; les tourments s’envolaient, la fatigue s’apaisait et le vide entre nos deux oreilles ne paraissait plus aussi vacant. Ren, aussitôt, saisit l’opportunité, le son de son erhu s’unissant naturellement à la résonnance de ma guitare. Son archet caressait avec une douceur ferme la corde de son instrument, celui-ci échappant une note aigue, telle une expression, telle une voix venue ajouter son chant à ma mélodie.

« Prochainement, il y aura un festival sur les Terres d’Émeraude, dans le village d’Aïkisu. »

Je ne m’arrêtais pas de jouer, portant néanmoins une attention particulière à sa nouvelle.

« J’ai entendu dire qu’il y aura un spectacle cette journée-là, une scène à ciel ouvert pour célébrer en grande pompe la saison du renouveau.

- Ah… Voici donc la véritable raison de ta visite, supposais-je calmement. Tu sais bien que rien ne t’empêche d’y aller, Muramasa. Amuse-toi bien.

- J’aimerais que vous veniez avec moi, Isley et toi.

- J’ai du travail.

- Tu peux prendre une journée de congé, ne serait-ce que pour te reposer.

- Ne t’en fais pas. Je sais quand il me faut arrêter.

- … Vraiment?

- Vraiment. »

La voix de la Sœrei s’affaiblit alors que son doigt comprimait la corde de l’instrument, faisant frémir une nouvelle note légèrement plus grave.

« Et ta porte? »

Elle se permit un regard en direction de mon visage, qui ne s’altéra aucunement.

« Je ne sais pas comment elle s’est retrouvée dans un tel état, mais il s’est passé quelque chose, n’est-ce pas? »

Je restais muet, la mélodie conservant sa douceur et sérénité.

« Réponds-moi.

- … Sais-tu qui est la Kọjá lọ Turviel Ingvar? »

L’Orine prit un certain temps pour réfléchir, comprenant brusquement.

« Elle est l’une des Dix disparus d’Orhmior », confirmais-je.

L’expression de son visage changea, se glaça, et il lui fallut déglutir pour reprendre la parole, d’un chuchotement délicat :

« P-Pourquoi songes-tu soudainement à cette femme? »

Enfin, mes yeux se reposèrent sur la porte de la chambre. L’onde de choc avait fait plier le bois, des fragments ayant fracturé le battant, donnant l’illusion qu’un poing s’était fracassé avec violence contre la porte. Mais pour quelle raison? Muramasa n’en savait rien, puisque tout ce qu’elle pouvait voir, présentement, c’était ce trou au contour acéré. Elle n’avait pas vu le nom de Turviel Ingvar. Ce dernier avait disparu, comme s’il n’avait jamais été inscrit sur ma porte. Je ne comprenais pas pourquoi. L’avais-je halluciné? Non… Pepito avait réagi à sa présence. Alors qu’est-ce qui s’était passé? Était-ce vraiment dû à la malédiction elfique?

« Je ne saurais te le dire. Il m’a semblé… J’ai eu l’impression de sentir sa présence. »

Sa présence? S’interrogea intérieurement l’Orine, encore plus attentive. Je tentais de lui expliquer avec précision ce qui s’était produit, mais finalement, je peinais à lui détailler le phénomène, expirant un énième soupir d’entre mes lèvres, en preuve de ma résignation.

« Je ne sais vraiment pas. Honnêtement. »

La jeune femme ne dit rien durant un long moment, angoissée. Pourtant, elle tenta d’alléger l’atmosphère en souriant et en s’exclamant :

« D’accord, d’accord. Mais ça ne fait que confirmer mon point! Tu AS besoin de t’aérer l’esprit, de changer de décor, de changer de scène! Tu verras, le festival te revigorera. »

J’avais cessé de parler – encore – et bloquée devant mon mutisme, Muramasa choisit finalement de se rétracter, le son de l’erhu devenant plus amer à nos oreilles, plus triste aussi, comme un gémissement venu ajuster sa ballade à notre symphonie. Cette dernière se poursuivit longuement, le cœur de l’une s’affolant, transmettant à son instrument l’inquiétude qui transpirait de ses pores, alors que mon propre palpitant se recroquevillait, se refermait, se cadenassait… … … Il tentait, du moins.

« Très bien, murmurais-je à un moment, grattant un nouvel accord distraitement. J’irai. »

Un battement de cœur. Muramasa s’interrompit instantanément, un sourire tendre flottant sur ses traits délicats, tandis que ses yeux partirent à la recherche du céruléen des miens. Je sentais son regard sur le profil de mon visage, m’interpeler avec réserve, désireux de pouvoir toucher à un semblant de complicité, mais je préférais observer le jeu de mes doigts sur les accords de ma guitare, n’accordant que peu d’importance à l’appel silencieux de la jeune femme. Malgré cela, l’Orine continua de sourire, fermant les paupières brièvement, avant de repositionner l’archet sur son erhu. Dès lors, la musique reprit de plus belle, les sons expirés par les deux instruments s’accordant dans une singulière et apaisante euphonie qui envahissait, petit à petit, chacun de nos esprits. Nous n’avions pas besoin de mots pour communiquer, ni de regards pour nous confier car, comme cette mélodie, nous représentions une étrange harmonie.


2 407 mots | Post VII

À rajouter au Naciaze :
Kọjá lọ = nom donné à ceux et celles ayant trépassé. L’expression précède toujours le nom et/ou le prénom du défunt. Par exemple Kọjá lọ Ingvar, en référence, ici, à feu Dame Ingvar.

Isiode utilise les pouvoirs suivants :
- Localisation
- Onde : création d'une onde physique qui aura pour action de repousser les choses ou les personnes autour d'elle [la puissance dépend de la force et la portée dépend de la magie de l'utilisateur. Ne marche que sur les PNJs ou avec accord du Joueur préalable].




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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Jeu 20 Mai 2021, 00:20


Crédit : Inconnu.

« […] Et il a complètement fracassé sa porte avec ses pouvoirs.

- A-Attends deux secondes, s’il-te-plaît. J’ai de la difficulté à comprendre ce qui s’est passé… Isiode aurait aperçu la Kọjá lọ Ingvar? L’Ygdraë qu’il a…

- Il a dit qu’il a ressenti sa présence, pour être plus exacte, mais je ne suis pas vraiment certaine de ce qu’il a véritablement pressenti… ou aperçu.

- Et cette… présence aurait gravé le nom de la Kọjá lọ Ingvar dans le bois de sa porte?

- C’est ça.

- Et Isiode l’aurait ensuite attaqué pour la faire déguerpir, sans savoir où elle se trouvait exactement.

- Mais elle est revenue et a continué d’écrire sur sa porte, jusqu’à ce qu’elle complète le nom.

- J’ai… Nous sommes d’accord, toi et moi, n’est-ce pas? Nous sommes bien d’accord qu’il n’y avait aucune inscription sur la porte quand nous sommes allés voir.

- Je sais! C’est bien ça, le problème, mais il est à cent pour cent sûr de ce qu’il a vu. Et il ne ment pas. De cela, tu peux en être certain. Je l’aurais senti autrement.

- Est-ce qu’il dort vraiment comme il le faut? Il ne semble pas se reposer énormément depuis que nous l’avons rejoint sur Orhmior.

- Je lui ai déjà glissé un mot à ce propos et il m’a assuré que c’était normal. Qu’il allait bien. Et même s’il ne dort que huit heures en une semaine, les signes de fatigue ne se font vraiment ressentir qu’au sixième et septième jour à peu près.

- Quand est-ce qu’il a eu sa dernière vraie nuit de sommeil?

- Il y a six ou sept jours, justement…

- Est-ce qu’il aurait vraiment pu… halluciner tout ça?

- Je ne sais pas.

- Alors quoi? Tout à coup, l’esprit vengeur aurait décidé, maintenant, de se manifester? Et pourquoi maintenant? Pourquoi après tout ce temps?

- É-Écoute, dans la croyance ygdraënne, il est seulement précisé qu’à l’homicide d’un Elfe, l’Esprit de ce dernier chercherait à se venger de son meurtrier. Il n’y a aucun détail sur comment il se vengera, ni quand.

- Nipa ẹjẹ Nímkalàri! (Par tous les Ætheri!) J’avais fini par oublier cette histoire, à me dire que ce n’était que des légendes et là… »

Silence. Inspiration. Expiration.

« Désolé. J’ai paniqué.

- Ce n’est rien.

- Est-ce qu’il y a eu d’autres manifestations de la sorte au courant de la soirée?

- Non, aucune. Nous avons joué un peu de musique avant de passer à table et il est parti faire sa course du soir ensuite. Quand il est rentré, tout était normal et il est directement parti se coucher.

- D’accord. Très bien. »

Silence. Réflexion.

« Isley, qu’est-ce qu’on peut faire?

- Nous devrions communiquer avec les Ygdraës pour savoir s’il y a un moyen de se débarrasser de cette malédiction.

- S’il y en avait vraiment un, tu ne penses pas que nous serions déjà au courant?

- Il doit y avoir une solution. Il doit en avoir une. Isiode ne les a pas tués pour de mauvaises intentions! Il l’a fait pour éviter une nouvelle tragédie. Ce n’était pas…

- Peu importe les raisons, Isley. La Kọjá lọ Ingvar ne l’a pas perçu de la sorte, dans son dernier soupir. Elle était à moitié folle, désespérée. Nous n’étions pas là pour le voir, mais toutes ces histoires entourant cette maladie donnent froid dans le dos. Les malades étaient en plein délire, persuadés qu’on les maltraitait, qu’on les empoisonnait, qu’on les utilisait comme des cobayes à des fins peu louables. Dans un tel état d’esprit, crois-tu sincèrement que la Kọjá lọ Ingvar ne souhaiterait pas se venger de celui qui a mis fin à ses jours, bonnes ou mauvaises ont pu être ses intentions? Puis, dans la mort, peut-on réellement faire la différence? »

Nouveau silence, nouveau discernement, alors que mes jointures se serrèrent pour former un poing, et que ma poitrine brûlait sous les coups angoissés de mon cœur.



Le lendemain…

« Soldat Yüerell? »

J’ouvris mes paupières, battant des cils de manière à balayer la scène qui s’était imposée à ma vision. Dès lors, le visage de Ren se métamorphosa : ses traits arboraient des lignes plus nettes, tranchées, carrées, et les taches de rousseur qui bourgeonnaient habituellement sur son faciès s’étaient effacées, laissant la place à une peau plus uniforme, basanée, ainsi qu’à des iris d’un vert plus clair et lustré. L’homme qui se tenait devant moi attendait que je lui réponde et, dans un sursaut, je me redressais légèrement, aussitôt plus attentif à mon entourage.

« Suivez-moi. C’est par ici. »

C’est vrai. Muramasa m’avait demandé de ne pas trop songer à cela et de me concentrer à cent pour cent sur les prochains exercices de ma formation. Elle m’avait promis de surveiller Isiode pour moi et qu’elle m’avertirait si elle ressentait quoi que ce soit d’étrange par le biais du Lien. Cette simple considération, même si elle ne parvenait à effacer toutes mes inquiétudes, réussissait au moins à apaiser mon esprit, à le calmer, afin que je puisse me concentrer sur ma journée. Nous trouverons un moyen d’aider mon frère, songeais-je en prenant une grande respiration. Je me levais alors, prêt à franchir le seuil de la salle désignée, le regard plus déterminé que jamais.

« Vous serez en duel contre l’un de nos Aspirants. N’hésitez pas à la conseiller et à la guider. Ce n’est pas qu’un exercice pour vous familiariser à l’environnement de votre prochain travail, mais c’est également un moyen pour nos futures Recrues d’acquérir de l’expérience. Elles sont encore assez inexpérimentées pour la majorité. Par conséquent, elles n’en sont que plus ravies lorsqu’elles se trouvent face à face avec un vétéran de votre trempe, m’énonça le militaire en souriant. Nous favorisons les exercices pratiques à ceux théoriques, et encourageons nos Aspirants à profiter de toutes les occasions qui leur sont offertes pour renforcer leur savoir et leur maîtrise. S’il ne s’agit que d’un exercice pour vous, pour eux, tout leur paraît différent. C’est bien plus grand et important… Alors faîtes de votre mieux et n’hésitez pas à vous montrer dur lorsqu’il le faut. Ça leur forgera le caractère! À ces mots, il émit un rire bref, poursuivant sur le même ton : Mais surtout, estimez-les comme si vous aviez de vrais Soldats devant vous. »

J’hochais de la tête à cette mention. Ne pas les prendre par la main, comme des enfants; les estimer et les respecter comme des adultes sans non plus attendre d’eux ce que l’on pourrait recevoir d’un militaire avec vingt ans d’expérience. En somme, il nous fallait trouver le juste milieu. Je fis ce qu’il demanda, attrapant d’une main la lance d’entraînement qu’il me tendit. Je n’étais pas bien familier avec ce type d’arme, ayant bel et bien une lance dans mon arsenal, mais ne l’ayant utilisé qu’à de rares occasions, je savais que je ne maîtrisais pas entièrement son maniement. Comme quoi, il s’agissait sûrement d’un bon moment pour évaluer mes aptitudes en combat semi-rapproché. Pourtant, si je soupesais un certain temps le poids de mon arme tout en l’étirant pour considérer sa portée, mon attention convergea un instant vers la jeune Immaculée qui se tenait à quelques mètres de ma position. Comme il l’avait fait avec moi, l’instructeur se rapprocha de l’Aile Blanche, lui offrant une arme d’entraînement. Cela étant dit, au lieu de porter intérêt sur son équipement, la jeune femme me dévisageait depuis sa position. Elle écoutait les instructions du tuteur, hochant de la tête à quelques occasions pour lui indiquer qu’elle comprenait ses directives. Puis, elle s’avança d’un pas.

« Vous pouvez commencer dès que vous êtes prêts. »

Nous acquiesçâmes d’un signe du menton, plongeant nos regards l’un dans l’autre. Cependant, le sien finit par se détacher du mien pour se poser sur ma nuque, après que j'eus renversé mon buste pour la saluer à la manière de l’Armée.

« Je suis enchanté de pouvoir échanger quelques coups avec vous aujourd’hui. Je suis Isley Yüerell, Soldat confirmé de la Nith-Haiah et serais votre adversaire pour la prochaine heure. »

Je relevais un peu la tête pour l’observer, lui adressant un sourire, suscitant immédiatement une réaction de sa part, alors qu’elle réalisait une révérence maladroite.

« A-Adèle Evris… Je suis également enchantée de vous rencontrer, Soldat Yüerell.

- Depuis combien de temps êtes-vous engagée dans l’Armée? Lui demandais-je tout en me redressant, l’Ange devant moi faisant de même.

- Moins de trois mois! »

Ses yeux possédaient une lueur vive, d’un brun doux et passionné, tandis que ses cheveux noirs, rassemblés en une queue-de-cheval, comptaient quelques mèches rebelles qui se dispersaient devant son visage. Elle les dompta aussitôt d’un mouvement de la main, les passant derrière l’une de ses oreilles. En considérant mon adversaire, je perçus, pourtant, un léger malaise. Que lui arrivait-il?

« Est-ce que tout va bien?

- Euh… Oui, oui. C’est simplement… »

Je l’invitais à poursuivre sa réflexion d’un geste de la main, lui souriant avec gentillesse.

« Je ne vous imaginais pas ainsi.

- Pardon?

- Veuillez m’excuser. Je ne voulais pas vous offenser.

- Non, il n’y aucun problème. Mais puis-je savoir pourquoi vous pensiez que je serais… différent?

- Vous savez, avec les rumeurs qui ont pas mal couru sur vous. Puis, tout le monde dit de vous que vous êtes particulièrement… impassible? »

Elle avait cherché l’adjectif le moins péjoratif possible pour décrire « mon » caractère.

« Oh? Ma bouche s’ouvrit alors : Aaaah! Je comprends. Vous vous trompez de personne. Vous parlez de mon frère jumeau, Isiode Yüerell, pas Isley Yüerell. C’est lui qui… Enfin, en dépit de l’exagération de certains on-dit, oui, c’est lui dont fait mention toutes ces rumeurs. »

En apprenant cela, Adèle rougit plus encore, coupable, se confondant en excuses.

« Pardonnez-moi! Je suis vraiment, vraiment désolée! Je ne voulais p–

- Ne vous en faîtes pas. Je sais que vous ne disiez pas cela méchamment. »

Faisant quelques tours du poignet avec mon arme, je finis par la considérer du regard, la gratifiant d’un nouveau sourire pour la rassurer. En même temps, cela me permettait d’oublier que ce frère, que les rumeurs dépeignaient parfois comme un monstre, était certainement la cible d’une malédiction qu’il avait subie pour les protéger, tous, de la colère d'un esprit vengeur. Mes poings se contractèrent discrètement, mes jointures craquant silencieusement. Pourtant, je continuais de lui sourire, balayant le goût âcre que je sentais sur ma langue.

« Entre vous et moi, vous savez, mon frère n’est pas si terrible que ça. Nous avons un chat à la maison, Pepito, et au début, il ne l’aimait vraiment pas. Pourtant, seulement après quelques semaines, ils sont devenus inséparables. Il faut le voir, jouer comme un enfant insolent avec les nerfs de Pepito »

Je laissais échapper un rire franc, ce dernier se communiquant à la jeune Aspirante, qui s’imaginait alors le Prince de Caelum, le Boucher d’Orhmior, s’amuser innocemment avec un matou. L'image lui paraissait tellement irréelle qu'elle en devenait comique. Pourtant, ce n'était pas totalement faux, après tout. En dépit de sa méfiance pour le félin, Isiode le laissait s'approcher de lui, il le caressait et lui accordait quelques attentions distraites. Même que le chat trouvait une place auprès de lui, dans son lit, lorsque venait le temps de dormir. Peut-être le faisait-il par résignation, voyant bien que Pepito faisait ce qui lui plaisait, mais c'était un gros changement si je comparais l'attitude de mon frère à nos premiers jours de cohabitation avec le félin. Voyant qu’elle paraissait plus détendue, je me permis de me redresser, claquant le pied de ma lance contre le plancher.

« Êtes-vous prête pour l’entraînement?

- Oui! Quand vous le désirez!

- Très bien. Vous êtes-vous déjà battue avec une lance?

- Une fois seulement.

- Dans ce cas, commençons par une révision de votre posture. Nous enchaînerons ensuite sur les coups de base d’un combat à la lance. Après quoi, nous pourrions échanger quelques frappes pour nous pratiquer.

- C’est d’accord! »

L’enthousiasme chantait dans le creux de sa voix, alors que d’un mouvement, elle se mit en garde, sa lance prise à deux mains. Dès que je la vis, je me mis à sourire, me rapprochant de sa hauteur pour l’aider à se positionner, correctement cette fois-ci.


2 047 mots | Post VIII



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Isiode et Isley
Jeu 27 Mai 2021, 02:47


Crédit : Inconnu.

Avec la lenteur de ceux qui se raniment à la suite d’un long, très long sommeil, je finis par me soustraire du monde inconscient. Et je ne fus pas le seul, mon éveil suscitant le mécontentement de Pepito, qui dormait à poings fermés juste à mes côtés. Néanmoins, en me voyant faire, le félin finit par se redresser, allongeant tout son corps vers l’avant, un bâillement ouvrant sa gueule en grand. À mon tour, je m’étirais de tout mon long, laissant tomber mes bras sur mes flancs tout en portant une œillade vers l’extérieur. Ce dernier s’étirait depuis la fenêtre de ma chambre, et ce, jusqu’à la ligne de l’horizon. Turviel Ingvar… Ce qui s’était passé hier soir me paraissait irréel et, comme pour m’assurer que tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve, je tournais mon visage en direction de ma porte. Le bois était encore dans un état misérable, tandis que le nom de la trépassée était toujours absent – ou n’avait-il jamais été présent? J’exhalais un soupir, m’ébouriffant les cheveux d’une main. Plus j’y pensais et plus je me disais qu’il s’agissait d’hallucinations dues à la fatigue accumulée de la dernière semaine. Peut-être était-ce des effets secondaires à ma condition actuelle? Je n’en savais trop rien. Dans tous les cas, je ne pouvais concevoir qu’il s’agisse véritablement de la Kọjá lọ Ingvar. Après tout, j’avais pu observer ce Monde qui nous était invisible et intouchable. Grâce à notre – son – regard, j’avais pu m’infiltrer dans cet univers, y comprendre ses mécanismes et secrets. Puis, des connaissances que j’avais hérité de cette expérience, je savais que les Morts ne pouvaient interagir de la sorte avec notre Monde, celui physique, celui des Mortels. L’esprit de ceux qui avaient trépassé se trouvait bel et bien tout autour de nous, nous observant, se moquant de nous pour certains, désespérant pour d’autres, mais jamais ne pouvaient-ils, de leur propre gré, traverser les frontières de l’immatériel pour s’inviter dans le monde matériel. Ais-je donc vraiment imaginé tout cela? C’était difficile à croire et pourtant, je ne pouvais qu’aller dans ce sens. Les Morts restaient de leur Côté, les Vivants restaient du Leur, et dans cet équilibre précaire, mais sagement balancé, les éclairs d’un défunt ne pouvaient s’abattre sous le ciel orageux du royaume des vivants. C’est ainsi qu’était les choses, c’est ainsi que je les voyais désormais. Et c’est pourquoi je ne pouvais comprendre ce qui s’était produit hier soir, en toute lucidité. Au moins, je suis parvenu à dormir tranquillement. Un sommeil qui n’avait été peuplé que par un vide obscur, sans rêves, sans cauchemars, sans rien. Du moins, c’est l’impression que j’en avais, et cela suffit à m’encourager à quitter définitivement les draps de mon lit.

M’habillant et me chaussant, je jetais un dernier regard à l’intérieur de ma chambre avant de traverser l’encadrement. Quelques secondes plus tard, la porte claqua dans mon dos, le bruit de mes pas s’estompant au fur et à mesure que je m’éloignais de la pièce. Puis, le silence se mit à vibrer dans toute la chambre. Par chance, il ne dura bien longtemps, les bruits de l’extérieur l’entrecoupant à intervalles, au rythme de la vie qui s’activait au-delà. Toutefois, un son plus fort encore résonna dans tout l’appartement : la porte d’entrée venait, à son tour, d’être refermée. Je venais de quitter mon domaine.

Et à présent, c’était à ton tour d’émerger, une main griffue, acérée, apparaissant depuis les tréfonds des ombres. Un sourire difforme, trop large pour être humain, disgraciait ton faciès alors que tu prenais connaissance de l’endroit qui t’accueillerait désormais.

Tu avais trouvé ta nouvelle proie.



« Imperio Vaughan? Êtes-vous occupé? »

La réponse ne tarda à m’être communiquée depuis l’autre côté de la porte. D’un pas assuré, j’entrais à l’intérieur du bureau de l’officier, le voyant relever le visage de ses papiers.

« Kaabo, Soldat Yüerell. Je ne m’attendais pas à vous recevoir si tôt ce matin. Comment allez-vous? N’aidez-vous pas les Corvus Æris à se préparer pour votre prochaine sortie sur le terrain?

- Nous commencerons les préparations dans quelques heures seulement. Je suis venu en avance pour vous parler.

- À quel propos? »

Tout en m’approchant de son bureau, l’Ange aux cheveux bouclés m’invita à m’installer sur le siège qui lui faisait face.

« Vous savez, notre discussion d’hier, sur les Ko iyẹ, sur votre réflexion si, oui ou non, il serait possible de trouver une alternative à leurs ailes coupées. J’y ai réfléchi et en y repensant, je me suis rappelé une conversation que j’ai eu avec Muramasa. »

Le sourcil qu’arqua l’Imperio m’incita à poursuivre sur ma lancée.

« Soyons réalistes : leurs ailes ne repousseront pas. Par conséquent, des Ko iyẹ, comme cet Ange dont vous avez parlé hier, ne pourront jamais recouvrir entièrement leur liberté. Toutefois, je pense avoir trouvé une solution qui puisse, peut-être, résoudre ce problème. »

Je vins braquer le bleu de mes yeux dans l’océan argenté des siens. Si l’officier était en train de lire mon esprit, il était certainement au courant des réflexions qui courraient entre mes deux oreilles. Cela étant dit, je n’étais sûr de rien, mon idée n’étant qu’une hypothèse qu’il faudrait étudier pour connaître, plus concrètement, ce qui pourrait être fait. Malgré tout, je me jetais à l’eau, proposant mon projet en trois mots simples et concis :

« Apprivoisons les Thekēra, lui affirmais-je de but-en-blanc, supportant l’œillade d’hésitation que l’Ange posa instantanément sur mes épaules. Essayons de nous en faire des alliés. »



« C’est par ici. Entrez. »

Guidant l’Imperio jusqu’aux portes de l’entrepôt, nous nous présentâmes rapidement devant le garde qui surveillait actuellement la créature, ce dernier nous ouvrant le passage. À l’intérieur, tout était silencieux, si ce n’était de la respiration de l’animal ailé, qui se fit plus bruyante, animée, quand il perçu notre présence à l’entrée. En explorant l’intérieur de la salle des yeux, je remarquais l’absence du soignant qui, habituellement, se trouvait aux côtés de la bête au cas où un incident surviendrait. Cependant, depuis deux ou trois jours déjà, sa présence auprès du Thekēra n’avait plus été jugée comme étant nécessaire, les blessures de la créature étant complètement guéries. De plus, son caractère s’était relativement adouci au contact humain, ses crises et réactions imprévisibles n’étant plus que les souvenirs du passé. Il se laissait davantage approcher par autrui, tolérant leur présence sans se montrer agressif ou volontairement menaçant. Et comme d’habitude, dès que je foulais le sol de ce qui pourrait aisément s’apparenter, désormais, à son antre, le Thekēra semblait réellement ravi de me voir, soulevant sa masse de plumes d’un mouvement avant de s’avancer dans ma direction. Lorsqu’il ne fut qu’à quelques centimètres de ma hauteur, je tendis ma main dans sa direction, caressant doucement le dessus de son museau.

« Comment vas-tu? Murmurais-je d’une voix basse, la créature ailée ne réagissant pas, si ce n’était de son regard qui me transperçait de toute part sous l’intensité de ses pupilles.

- Voici donc le fameux Thekēra de l’entrepôt, énonça l’officier en étudiant la bête des yeux, qu’il voyait pour la toute première fois. Il est comme les rumeurs le décrivent : extrêmement docile à votre endroit, rajouta-t-il avant de pivoter quelques secondes dans ma direction : C’est ce que vous vouliez dire par « vouloir dompter les Thekēra? »

J’hochais silencieusement de la tête, échangeant un bref regard avec l’animal, continuant distraitement de lui parler. De son côté, l’Imperio Vaughan observait notre manège dans un mutisme respectueux, l’acier de ses iris balayant, tour à tour, nos visages, jusqu’à ce qu’il les ancre sur mon faciès :

« Vous avez conscience que gagner le cœur d’un individu ne veut pas dire que vous et tous ces jeunes gens parviendrez éventuellement à tous les conquérir, déclara-t-il d’un ton dubitatif, m’arrachant aussitôt à l’échange que j’avais avec le Thekēra. Puis, à moins de connaître une astuce pour vous faire immédiatement apprécier de ces créatures, vous, moi, personne dans l’armée ne possède l’expertise dans ce domaine. »

Je me redressais lentement, scrutant mon supérieur un certain temps.

« C’est vrai. Mais les Corvus Æris, eux, la possède.

- Vous voudriez qu’ils nous apprennent à dompter les Thekēra? Me posa-t-il immédiatement, ce à quoi je lui répondis par un hochement de la tête.

- Les Corbeaux pourraient nous montrer les bases pour les apprivoiser, à une poignée d’abord, puis ceux qui auront appris l’enseigneraient ensuite à d’autres, et ainsi de suite. »

Je me retournais vers la créature ailée, laissant ma main courir sur les plumes de son encolure.

« Les Thekēra pourraient nous être fort utiles, pour nous et pour les anciens esclaves de la Terre Blanche, surtout. Ce sont des animaux sensibles, Imperio, et je suis certain qu’avec l’approche adéquate et un peu de temps pour former leur loyauté, les Thekēra pourraient facilement devenir des animaux de confiance, des alliés. Et je ne parle pas simplement pour les Ko iyẹ, mais de tous les non-ailés qui composent nos rangs : les Murs, les Orines, les Protégés de certains de nos Anges Gardiens… »

À cet instant, je sentis le regard de Ramiel Vaughan porter un poids encore plus conséquent sur mes épaules.

« En réalité, vous voudriez dompter les Thekēra pour en faire des montures militaires et utiliser les séances d’apprivoisement comme une sorte de… thérapie assistée par l’animal? Du moins, dans le cas des Ko iyẹ. »

J’acquiesçais calmement.

« En plus d’augmenter nos unités aériennes sur le terrain et de compenser une importante faiblesse de ces militaires, que ce soit au niveau de la vitesse et de la force, la présence des animaux pourrait parvenir à réduire le stress et les troubles avec lesquels ils ont vécu auprès des Démons. »

Ramiel Vaughan restait silencieux, perdu dans une longue réflexion qui s’éternisa de sorte que je me sente obligé d’intervenir de nouveau pour briser le silence soudain :

« … Serait-ce une bonne idée? »

Il me fixa franchement, et je compris qu’il n’était pas convaincu.

« Je saisis vos intentions, mais je reste soucieux concernant les Thekēra, justement. Il ne s’agit pas de domestiquer des chiens, des chats ou de simples chevaux : nous parlons ici d’animaux sauvages, que vous laisseriez entre les mains d’anciens rescapés? Je ne pense pas que cela soit très prudent », avoua le mentaliste avant de laisser tomber sa tête contre les jointures de ses poings.

Je l’écoutais parler, et un sentiment de déjà-vu m’assaillit, tandis que des scènes traversaient mon esprit. Je pouvais presque me souvenir de l’agréable sensation qui courrait sur mes doigts lorsque mes mains s’étaient retrouvés sur le sol rocheux d’un flanc de montagne, rafraichi par de l’herbe verte et grasse; de la brise humide qui s’infiltrait dans mes cheveux; du paysage désolé et charmant, avec ses chutes silencieuses et ses ruines d’un ancien temps, paysage qui m’apparaissait aussi inconnu qu’étrangement familier… Doucement, je secouais la tête, effaçant ces images factices, m’obligeant à revenir dans le présent, alors que l’Imperio reprenait de la voix, toujours aussi sceptique.

« De plus, démarrer un tel projet nécessiterait d’importants investissements, avec de l’argent que nous ne possédons pas actuellement. Il nous faudrait leur fournir de la nourriture, former des gens qui sauront s’occuper de leurs besoins; il leur faudra un endroit où se reposer, de l’équipement pour les dresser, et j’en passe. Comment comptiez-vous justifier toutes ces dépenses? Et avec quel argent? »

Le Thekēra de l’entrepôt se recoucha sur le sol, gardant sa tête surélevée de sorte à pouvoir profiter du contact de ma main sur son museau.

« En soi, l’idée n’est pas mauvaise, même qu’elle serait certainement bien accueillie par le reste des officiers, sachant que nous ne possédons aucune cavalerie dans la Nith-Haiah présentement. Toutefois, le contexte actuel fait que nous ne pouvons pas nous permettre de nous engager tête baissée dans un projet d’une telle envergure. »

Je conservais le silence un long moment, le temps de réfléchir et de rassembler en mon esprit toutes les nouvelles informations que l’Imperio venait de me transmettre. Puis, finalement, je reposais mon attention dans sa direction.

« Je comprends. Donc, il vous faudrait un plan infaillible pour vous faire adhérer à ce projet?

- Je…

- Alors laissez-moi discuter avec la Confrérie pour connaître nos chances d’apprivoiser les Thekēra.

- … Et pour l’argent? Finit par renchérir le gradé, voyant que j’étais étrangement bien accroché à mon idée.

- Pour l’argent, j’ai… »

Je marquais une pause brutale, baissant légèrement les yeux vers le sol. Une impression bizarre m’agrippait l’estomac, me le tordait. Qu’était-ce exactement? De l’hésitation? De la culpabilité…? Pourquoi ressentirais-je de tels sentiments, ici et maintenant? Je cessais de réfléchir pour prendre une grande bouffée d’air, libérant les paroles de mes lèvres avant que je ne les retienne de nouveau.

« J’ai une solution à ce problème. Vous savez, en gagnant la Galette de la Reine, j’ai reçu quelques présents en récompense. Je pourrais évaluer leur prix et les revendre au plus offrant. »

J’hésitais une nouvelle seconde, me râclant discrètement la gorge avant de reprendre :

« Je suis certain que ma notoriété, additionnée à la valeur des gains, feront monter rapidement le prix de la vente. »

Certain? Je le disais avec une voix assurée en tout cas.

« Vous n’êtes pas obligé de faire cela. Il s’agit de cadeaux offerts par la Reine Blanche. Plusieurs auraient payé une fortune pour avoir votre chance, Yüerell.

- En effet… Une fortune », alignais-je tranquillement sans sourciller.

Est-ce une bonne idée de s’en départir ainsi? L’interrogation se lisait aux quatre coins de son visage, avant qu’il ne la formule de vive voix, et le constater suscita l’apparition d’un court rictus, amer, sur la commissure de mes lèvres. Ce dernier persista à la surface de mon visage alors que je relevais les yeux, croisant aussitôt le regard globuleux du Thekēra.

« Peut-être pas. Cependant, présentement, leur valeur monétaire nous serait plus utile que leur symbolique, leurs sentiments, songeais-je mentalement, inconsciemment. L’Ultimage comprendrait cela, si elle se trouvait ici. »

À ses paroles, de nouveau, une impression étrange me poignarda. Cependant, je la délogeais, de peine et de misère, de ma poitrine, écoutant avec attention les prochaines paroles de l’Aile Blanche.

« Très bien. Dans ce cas, montez un dossier pour le projet et vous pourrez me le présenter une fois que vous aurez obtenu toutes les informations nécessaires, dans l’éventualité où il serait possible de le commencer. Si les conditions me satisfont, nous pourrons aller de l’avant. Autrement, il nous faudra peut-être songer à une autre idée. »

Je restais immobile un instant, observant simplement le visage de mon supérieur, qui me dévisageait tout autant. Mais dans un sursaut, je penchais rapidement mon buste vers l'avant, dans une révérence solennelle de remerciement.

« Merci beaucoup. Je m'attèle à la tâche dès aujourd'hui. »

C’était là des mots remplis de conviction.


RPs suivants : Un pas vers l’avant et Élève et maître.


2 481 mots | Post IX



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Isiode et Isley
Sam 12 Juin 2021, 15:09


Crédit : Inconnu.

Quelques jours plus tard…

L’Orisha était absorbé par sa lecture, les yeux à demi-fermés, pourtant parfaitement concentré : il paraissait simplement un peu trop relâché. Dans sa posture inspirée par le flegme dont il était affublé, il passait et repassait inlassablement les articles qu’il avait sous le nez, à la recherche d’une information sur le sujet qui le concernait. Depuis le premier jour qu’il avait posé les yeux sur la créature, il suspectait qu’elle devait faire partie intégrante du problème des Anges d’Orhmior. Cela étant dit, ce n’est pas comme s’il avait pressenti quoi que ce soit de dangereux ou de malsain en ayant eu ce contact indirect avec la bête, mais le fait qu’il ait été le seul à avoir pu poser les yeux sur la créature, sans qu’aucun autre n’eût la chance de voir ce qu’il avait vu, le troublait plus que tout. Si cet animal était bel et bien la réponse à toutes leurs questions, dans cette situation, est-ce que les Chasseurs de la Confrérie pourraient se battre contre ce qu’ils ne pouvaient voir? Est-ce que cette bête, seulement, méritait qu’ils lèvent les armes à son endroit? Une dizaine d’interrogations de cette espèce allaient et venaient entre ses deux oreilles, la brève fermeture de ses paupières marquant la fin de sa lecture. Toujours rien… Constata-t-il un brin exaspéré, repoussant tranquillement l’article sur le coin de sa table de chevet en soupirant. Puis, machinalement, sa main alla chercher un second papier tout près de sa position, et son corps se cala de nouveau contre le mur sur lequel était appuyé son lit. Consciencieusement, il laissa le vermillon de son regard explorer les paragraphes du rapport.

Depuis quelques temps déjà, le peuple du Troisième Œil était en émoi, encore plus ou moins secoué par le soudain retrait au trône de Sephiroth Erushaära. Malgré la polémique entourant la vérité sur le culte de Delta et son effondrement simultané, les deux événements ayant forcé l’ancien Roi des Libérés à se détacher de ses fonctions, les Orishas avaient désormais tourné leurs regards vers une tout autre curiosité : elle prenait l’apparence de ce nouveau Monde, de cette dimension étrangère qu’eux seuls semblaient réussir à observer à travers leurs yeux. Invisible pour toutes les populations de ce monde, exceptée la leur, cet univers avait pris racines au cœur du Désert de Mow, là où les toutes premières manifestations du phénomène avaient plongé le peuple libre dans une confusion marquée, et ce, plus encore lorsque les témoignages des Orishas n’avaient fait que se multiplier. Cependant, depuis ces premières apparitions, les Enfant du Troisième Œil avaient constaté que le Monde Invisible semblait s’étendre désormais à bien plus que le simple territoire du désert. Dans cette optique, le gouvernement avait aussitôt pris les mesures nécessaires pour poursuivre et étudier cette étrangeté afin d’y récupérer un maximum de renseignements. Qu’étaient exactement les créatures que le peuple des Orishas était en mesure de distinguer, là où les autres semblaient être bloqués par une inconsciente cécité? Qu’était cet univers qui semblait leur avoir ouvert ses portes? Pour le meilleur ou pour le pire? Car, après tout, est-ce que ce Monde Invisible représenterait, dans le futur, une bénédiction ou une malédiction? Le Köerta pouvait sans mal s’imaginer toutes ses questions, lorsqu’il feuilletait les rapports qu’il avait en main.

C’est ainsi, afin d’essayer de comprendre cette dimension aux allures surnaturelles, qu’une équipe avait été déployée sur le terrain de sorte à mener la première véritable enquête sur le phénomène. Le gouvernement n’avait pas lésiné sur les ressources à ce moment-là : il avait fait appel à plusieurs experts du peuple et s’était assuré de fournir l’équipement nécessaire et un financement continu pour les besoins de la recherche. Ainsi avait débuté leur mésaventure, au cœur des Terres d’Émeraude. L’Orisha soupira distraitement, se rappelant du brasier que cet événement avait soudainement déclenché. L’équipe se serait stationnée et reposée, au cours de la nuit de leur arrivée, aux frontières de l’une des ouvertures de cette dimension. Le lendemain, à l’ascension de l’Astre-Père, elle s’était méticuleusement engagée au cœur de cet univers, prête à découvrir une panoplie de créatures et d’étrangetés, s’attendant aux incidents et dangers, à la mort également, mais aucun n’aurait songé que l’équipe puisse rencontrer aussi tôt et aussi vite sa tragique destinée…

Ils n’avaient même pas passé plus d’une journée à l’intérieur de cet enfer; pas une journée ne s’était écoulée avant que les quelques gens restés à la surface pour surveiller comprennent qu’il se passait quelque chose d’urgent, d’alarmant. Comme il avait été transcrit dans les témoignages des survivants, l’équipe d’exploration et celle de vigilance s’étaient mises d’accord sur quelques moyens qui leur permettraient de conserver un contact permanent entre eux. La Magie, d’une part, les avait connectés les uns les autres afin de se relayer l’informations, et des méthodes, plus conventionnelles, d’autre part, avait également été pensées et appliquées pour que l’équipe d’investigation soit toujours physiquement accessible pour celle de surveillance, et vice-versa. Puis, ne sachant ce qui se trouvait de l’autre côté de cette dimension, ces liens qui unissaient chacune des équipes auraient permis à celle d’exploration de retrouver son chemin si les choses commençaient à se corser. D’autres précautions avaient également été réfléchies par les explorateurs pour s’assurer que tout irait bien. En vain. Car l’équipe d’exploration avait disparu après moins de deux heures passées dans ce Monde mystérieux. Une importante enquête avait été ouverte afin de connaître les circonstances ayant menées à cette désastreuse conclusion. Par chance, même si d’autres explorations et incidents étaient survenus – mais rien d’une ampleur aussi grande que cette première tentative de recherche, que ce soit à leur début ou à leur finalité –, les Orishas commençaient tout juste à comprendre les tenants et aboutissants de cet univers particulier.

C’est pourquoi, au milieu de toute cette nervosité, qu’il avait été difficile à Miles de mettre la main sur ces fameux papiers. Mais il y était parvenu, l’apparition d’une potentielle créature de ce Monde Invisible ne pouvant laisser indifférent les chercheurs qui désiraient étudier le phénomène. Le Monde Invisible… Songea l’albinos en détournant momentanément son regard du rapport, observant la représentation de la créature qu’il s’était appliqué à dessiner la soirée même où il était rentré de la Chasse. Depuis quelques jours, déjà, que le Traqueur était sur son cas, quittant rarement les murs de sa chambre, si ce n’était pas pour aller manger, boire et pisser. Cependant, sa soudaine réclusion avait commencé à éveiller la curiosité de ses compagnons de la Confrérie, qui avaient cherché à découvrir la nouvelle passion du Traqueur défiguré pendant un temps. Toutefois, ce dernier était arrivé à les esquiver avec habileté, conscient qu’il ne pourrait leur divulguer ce qu’il savait aussi légèrement, et ce, tant que l’affaire du Monde Invisible n’était pas mieux compris par son propre peuple.

« Miles! T’es encore dans ta chambre? »

Le concerné leva les yeux vers sa porte, hélant à son interlocuteur d’entrer. Une seconde après, le battant s’ouvrait sur Trevor, le Spécialiste eversha du groupe de la Confrérie.

« Avec les gars, on pensait aller manger. Tu veux venir? »

Automatiquement, le Köerta secoua la tête. Il n’avait pas vraiment faim, tout son appétit concentré sur les feuilles qu’il consultait avec assiduité. Trevor le remarqua très bien, s’appuyant nonchalamment sur l’encadrement de porte pour mieux le dévisager.

« Qu’est-ce qui peut bien te passionner autant ces derniers jours, sérieusement?

- La culture. Tu devrais essayer.

- Ouais bah, tu pourras te cultiver quand tu auras l’estomac plein. Aller, bouge-toi et sors de cette chambre. »

Une fois de plus, l’Orisha refusa son offre, quittant tout de même le moelleux de son lit.

« Je dois discuter d’un truc avec le Soldat Yüerell avant. »

J’espère qu’il se trouve toujours à Prætoria… Pensa-t-il intérieurement. Sinon, il serait dans l’obligation d’aller voir l’Imperio Vaughan.

« Ah? Tu veux lui parler de notre sortie de demain?

- Yep! J’aimerais clarifier certains points avec lui. »

Le Loup pencha légèrement la tête sur le côté, m’étudiant du regard un certain temps avant de montrer sa résignation d’un haussement des épaules.

« Bon, si c’est comme ça… Tu penses nous rejoindre plus tard?

- Ouais, pas de problème.

- Très bien! Te fatigue pas trop pour le jour J quand même.

- … Trevor! Avant que tu t'en ailles! »

Hésitant, l’Orisha se retourna finalement pour aller cueillir le croquis qu’il avait grossièrement dessiner, le présentant ensuite à son partenaire.

« Est-ce que tu as déjà vu une créature ressemblant à ceci? »

L’Eversha releva l’un de ses sourcils, rebroussant chemin en quelques pas avant de se pencher pour mieux distinguer les détails du crayon. Il prit vraiment le temps de réfléchir et de secouer ses mémoires, finissant simplement par lui avouer sur un ton amusé :

« Non, pas du tout. C’est la première fois que je vois une telle bête.

- … Je vois.

- Elle a un air plutôt doux et conciliant, non? En tout cas, elle est très jolie.

- Je trouve aussi. Ça ne ressemble pas à une créature qui nous voudrait du mal.

- Exact! Est-ce que c’est un animal que t’as croisé, récemment? J’ai pas de souvenir d’avoir vu cette créature dans l'coin. Immédiatement, l’Eversha se mit à réfléchir, songeur. Hum… Est-ce qu’on aurait loupé quelque chose en faisant l’inventaire faunique la dernière fois? »

D’un bond, le Traqueur mit un frein à l’agitation intérieure de son collègue, le gratifiant d’un sourire rassurant.

« Non, non, t’en fais pas. J’ai seulement fait un rêve et je me demandais si cette créature existait bel et bien ou si elle était le simple fruit de mon imagination.

- Aaaah! Dommage dans ce cas! Je crois que ton cerveau t’a joué un drôle de tour. »

L’albinos continua de sourire tout en opinant du chef. C’est vrai, son cerveau aurait pu lui jouer un mauvais tour, mais alors pourquoi se souvenait-il avec tant de détails et de vivacité de cette créature qu’il avait vu cheminer entre la courbe des monts d'Askeladd? S’il avait pu douter de son esprit, il était pourtant persuadé de sa sanité et de ce qu’il avait aperçu cette journée-là. Une robe d’un blanc immaculé, aux poils si épais et touffus qu'elle aurait pu s'apparenter à de la laine; deux cornes bien grandes, recourbées, surmontaient son crâne tandis que des bandes d’un rouge vif partaient de ses yeux pour descendre jusqu’au bas de son menton. Sur quelques aspects, cette créature étrangère ressemblait un peu aux Thēkera de l'île, mais elle était dépourvue d’ailes, et là où l'hybride d'Orhmior possédaient des serres, cette créature-ci avaient des pattes semblables à celles des félins.

Lorsque Trevor fut véritablement parti, Miles réorganisa un peu ses papiers pour les rassembler et les remettre au fond de son tiroir. Puis, en sortant de sa chambre, le battant claquant doucement dans son dos, il ne su retenir le soupir qui chatouillait le fond de sa gorge.

« Par Sympan tout puissant, chuchota-t-il faiblement, portant ses yeux unis vers le plafond. Comment j’vais m’occuper de ce problème, maintenant? »


1 859 mots | Post X

Crédit pour la créature : Creatuanary 2018! / Feliciano the faun’s sidekick by Taran Fiddler




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Isiode et Isley
Jeu 01 Juil 2021, 22:39


Crédit : Inconnu.

Appuyant l’arrière de mon crâne sur le dossier de mon siège, je fermais les yeux une fois mon visage tourné en direction du plafond de la salle. Tout était prêt pour la sortie de demain. Par conséquent, je prévoyais quitter un peu plus tôt les murs de mon bureau, certainement pas pour partir de la bastille de Prætoria, mais au moins pour me dégourdir les jambes et m’oxygéner avec l’air frais de l’extérieur. Puis, j’avais besoin de discuter avec les Corvus Æris sur la question des Thēkera et de leur potentiel apprivoisement. Puisque les hésitations sur le financement étaient désormais inquiétudes du passé, je pouvais enfin prendre un peu de temps auprès de la Confrérie pour établir et valider avec eux les modalités qui pourraient être réfléchis entre nos deux partis pour une opération d’une telle envergure. Le bleu de mes yeux se tourna alors vers la fenêtre non loin de ma position. C’est à mon tour de faire la cuisine, ce soir… Pensais-je inconsciemment. Seulement, à chaque fois que je songeais à la maison, désormais, des images de ce qui s’était produit dans ma chambre, quelques jours plus tôt, me revenaient en mémoire, perturbantes. Ce trouble se résumait en deux mots : Turviel Ingvar. Depuis ce fameux jour, l’Esprit – ou… peu importe quelle entité s’était manifestée – ne s’était plus montré à moi ou à qui que ce soit au cœur de l’appartement. Tout était étrangement… silencieux. Et je ne savais pas encore si je devais m’inquiéter ou, au contraire, en être quelque peu soulagé. Peut-être était-ce véritablement des hallucinations, des effets secondaires dus à mon adaptation à ne dormir qu’une nuit en près d’une semaine. Peut-être qu’en maîtrisant un peu plus ce nouvel état, que les illusions seraient moins violentes, troublantes, et surtout réelles…

Je laissais un soupir s’évader d’entre mes lèvres, me levant de mon siège, prêt à me diriger jusqu’au quartier où reposait les confrères chasseurs. Mais je m’arrêtais calmement, mes sens captant une présence de l’autre côté de l’entrée. Une personne, comptais-je en analysant les pulsations de cœur du concerné, répondant à la sollicitation de ce dernier d’une voix claire, lorsqu’il se permit quelques coups à ma porte :

« Vous pouvez entrer. »

Une fraction de seconde plus tard, un visage familier apparut dans l’entrebâillement. À sa vue, je relevais aussitôt les yeux, intéressé.

« Monsieur Köerta. Bonjour. J’allais justement vous rejoindre, vous et vos collègues. J'apprécierais discuter avec vous d’un certain sujet. »

L’Orisha aux yeux rouges étira un sourire à cette annonce, refermant rapidement le battant à son passage.

« Tant mieux! Parce qu’il faut que je vous parle, moi aussi.

- Je vous en prie, lui dis-je en l’invitant à prendre une chaise, me rasseyant du même fait derrière mon bureau. De quoi s’agit-il?

- C’est à propos de la mission.

- Y’a-t-il un problème avec les préparations? Je croyais que tout était en ordre… »

Le Traqueur secoua la tête, les cicatrices de son visage se crispant légèrement lorsqu’il reprit la parole :

« Non, ce ne sont pas les préparations le problème. C’est seulement… Quelque chose dans les montagnes me préoccupe. »

En effet, il semblait particulièrement soucieux. Je sondais son visage, cherchant à y deviner ses réflexions, plutôt que de les lui demander de vive voix. Mais rien ne transparaissait sur son visage, si ce n’était le tracas qui en couvrait l’intégralité.

« Monsieur Köerta, l’interpellais-je finalement, la perplexité qu’éveillait son état prenant le pas. Qu'avez-vous vu, exactement, là-bas? »

Nous nous dévisageâmes longuement, silencieusement, jusqu’à ce qu’un sourire s’étende jusqu’à ses oreilles, dévoilant le rose de ses gencives.

« Ah… Vous l’avez remarqué, hein? Ria-t-il nerveusement, se frottant légèrement le bras.

- Oui. D’une certaine façon, admis-je sans le quitter des yeux. Je ne sais pas les raisons qui vous poussent à dissimuler cela, notamment à vos collègues, puisqu’ils ne semblent pas être au courant, eux-mêmes, de ce qui nous attend sur place… Cela étant dit, je vous fais confiance, et présume que vous n’agissez pas ainsi pour nous nuire. »

J’en étais même persuadé. Autrement, j’aurais réagi plus tôt. Le Köerta se mura dans un silence insondable, relevant les yeux dans ma direction après un certain temps. Il semblait examiner l’intérieur de mes pupilles, comme pour en étudier les reflets, y comprendre mes réflexions, sans parvenir à les capter. Avec un visage aussi impassible que le mien, il lui avait toujours été difficile de supposer mes pensées, là où d’autres personnages lui paraissait être des livres ouverts, tant leurs expressions les trahissaient.

« Vous me faîtes vraiment confiance malgré la situation?

- Donnez-moi une bonne raison de douter de vous et je le ferai, ne vous inquiétez pas. »

La répartie le fit sourire légèrement alors qu’il se levait de son siège. Je n’étais pas inquiet vis-à-vis la foi que j’avais en lui. S’il avait voulu nous manipuler ou être volontairement déloyal, un jour ou l’autre, ses sentiments l’auraient vendu, trompé, l’incohérence entre ce qu’il ressentirait et ce qu’il ferait m’alertant immédiatement sur son véritable esprit. Pourtant, les battements de son cœur – transcription physique des sentiments qu’il éprouvait – n’étaient pas agités par une émotion factice, par une intention sordide ou vile : le Traqueur était authentique et, jusqu’à preuve du contraire, je l’écouterais et ne mettrais sa parole en doute que s’il m’apparaissait insincère. Geste miroir du sien, j’abandonnais ma propre chaise, interceptant aussitôt l’œillade qu’il posait sur mes épaules.

« … Je pense que je peux vous faire confiance aussi, articula-t-il en toute franchise, ses bras se soulevant pour se croiser devant son torse. C’est pourquoi je voudrais que vous veniez, avec moi, vérifier la créature – ou le monstre – qui semble vivre dans notre zone de recherche. J’aimerais m’assurer qu’il s’agisse bien d’une bête que les Corvus et moi-même pourrons dégager avant de jeter tout le monde dans la gueule du loup. »

Je restais interdit quelques secondes, mais à présent, il était parfaitement en mesure de distinguer mes impressions rien que par l’arc de mes sourcils. … La créature? Me questionnais-je mentalement, comprenant qu’il faisait référence, ici, à ce qu’il avait aperçu, l’autre jour, dans les montagnes de la Ceinture.

« … Et s’il s’agit d’une créature que vous-mêmes, la Confrérie, ne pouvez éliminer?

- Il faudra communiquer avec des renforts, déclara le chasseur en écartant les lèvres pour esquisser un sourire.

- D’autres membres des Corvus Æris? »

L’Orisha ne se prononça pas, bougeant plutôt sa main dans un balancement qui m’indiquait que c’était plus ou moins cela. Mon expression se durcit progressivement. Je ne voulais pas de suppositions : je désirais des réponses, ce que le Traqueur perçu aussitôt, les traits de son visage perdant l’éclat de son rire. Contraint, le Köerta exhala un soupir, se frottant la nuque :

« Si jamais nous ne sommes pas en mesure de vous débarrasser de cette créature, il y a de fortes chances que vous soyez obligés de faire appel aux Orishas pour qu’ils puissent s’occuper de ça.

- Que voulez-vous dire? De quelle façon les Orishas réussiraient à régler notre problème si votre Confrérie elle-même n’y parviendrait pas? »

L’albinos était nerveux, incapable de savoir sur quel pied danser lorsqu’il s’agissait de prendre une telle décision.

« Vous me faîtes confiance, n’est-ce pas?

- Expliquez-vous, simplement, lui requérais-je.

- Demain, je vous le garantis, vous aurez vos réponses. Si je me suis trompé, la créature sera éliminée. Dans ce scénario, les Thēkera devraient quitter l’intérieur de vos terres pour retourner dans les montagnes, et votre problème – si, bien sûr, notre fameuse créature en est à l’origine – serait réglée.

- À quel point êtes-vous sûr que cette bête soit reliée aux Thēkera?

- Sûr à quatre-vingt-quinze pourcent.

- Vous vous laissez une marge d’erreur relativement mince, remarquais-je.

- C’est parce que je suis particulièrement confiant de mon instinct.

- Dans ce cas, pourquoi ne pas me l’assurer à cent pourcent?

- Je vous répondrais cent pourcent, ça serait de la prétention. Je répondrais quatre-vingt-dix pourcent, ça serait de la bêtise* », répliqua le Köerta en haussant des épaules.

L'un de mes sourcils se redressa. Outre l’audace de sa réponse, je lui donnais tout de même raison. Les Orishas étaient reconnus pour avoir un instinct bien au-delà de toute compréhension.

« Et dans le cas contraire, nous devrons faire appel aux Orishas?

- C’est ça, me confirma-t-il d’un hochement de tête. Il faut simplement que vous compreniez, pour l’instant, que nous pouvons… voir et ressentir des choses qu’aucun autre peuple ne peut percevoir. »

Je conservais un silence de pierre, sondant son cœur et ses sentiments. Il était sincère, aussi étrange que cela puisse me paraître.

« Très bien, soupirais-je après un certain temps. Je vous accompagnerai demain.

- Fiou! Merci! »

Il était visiblement soulagé, l’atténuation de la tension qui avait retenu ses traits me l’indiquant avec clarté.

« Sachez, cependant, qu’il me faudra en discuter avec l’Imperio Vaughan si, dans le cas échéant, vous et vos collègues ne parvenez pas à nous débarrasser de cette créature.

- Je comprends.

- Et avant que les Orishas puissent intervenir sur notre territoire, il vous faudra tout nous raconter.

- Ça va de soi.

- Nous avons une entente dans ce cas. »

Le Traqueur acquiesça, le sourire qu’il m’offrit tordant plus encore les cicatrices de son visage. Notre conversation semblait l’avoir drainée : il détestait vraiment prendre ce genre de décisions.

« Et sinon, vous, de quoi vouliez-vous me parler?

- Oh. C’est vrai. Pouvons-nous rejoindre vos collègues pour cette conversation?

- Euh… Ils doivent être en plein repas actuellement.

- Alors, joignons-nous à eux. »



« Quand Trevor nous a dit que tu viendrais nous rejoindre plus tard, murmura Skhare au creux de son oreille, je ne pensais pas que tu amènerais le Soldat Yüerell avec toi.

- Tu l’as entendu : il veut seulement discuter d’un truc avec nous. »

Je m’installais auprès des Corbeaux avec un bol de riz en main, feignant de ne pas avoir entendu les murmures du Chasseur et du Traqueur.

« Ne faîtes pas attention à ces deux-là, me fit aussitôt savoir Venant, l’Alchimiste eversha du groupe, ses oreilles pendantes de labrador bougeant au rythme de ses mouvements. De quoi vouliez-vous nous parler? »

Pourtant, avant de prononcer quoi que ce soit, je coulais une brève œillade en direction des deux interpellés, qui se mirent à manger d’un air débité.

« On se fera notre duel de « Qui ne rit pas » plus tard.

- Ouais… »

Ah. C’est de ça, qu’il s’agissait. Les deux arboraient des yeux de chien battu, alors qu’ils plongeaient leur fourchette dans le mélange de riz sauté aux légumes et crevettes qui se trouvait dans leur assiette. Ils ressemblaient à des enfants, à certains moments.

« Ne vous inquiétez pas, je ne sollicite votre attention que pour un moment. En réalité, j’aimerais vous faire une requête. Seriez-vous en mesure de nous apprendre à apprivoiser les Thēkera? »

Les sept jeunes hommes arrêtèrent de mastiquer leur nourriture, tous les regards se portant bientôt dans ma direction.

« Pourquoi voulez-vous faire ça? »

Trevor, le Spécialiste, brisa en premier le silence. Je leur expliquais alors le projet que j’avais partagé avec l’Imperio Vaughan, quelques jours plus tôt, celui de créer une cavalerie ailée pour la Nith-Haiah afin d’augmenter notre nombre d’unités aériennes, mais aussi pour assister principalement les Ko iyẹ qui avaient souffert de l’esclavagisme. Je les avisais également de l’entente que l’officier Vaughan et moi avions établis à ce propos, les Corvus Æris prêtant oreille à mes paroles, étudiant la situation dans le même temps.

« Vous vous occupez d’éliminer des monstres, certes, mais j’ai entendu dire que vous avez également des professionnels qui ont de l’expérience dans l’entrainement et l’apprivoisement animalier, en plus de ceux qui étudient le comportement de la faune, leur fis-je savoir en coulant des œillades soutenues en direction de Rivière, qui possédait une crécerelle dressée, et du Spécialiste eversha. Peut-être n’êtes-vous pas tous des connaisseurs dans ce champ d’expertise, mais j’aimerais tout de même connaître votre avis sur la question : avec tout ce que vous avez pu observer des Thēkera au cours de votre séjour, croyez-vous qu’il nous serait possible de les apprivoiser et de les utiliser en tant que montures? »


2 032 mots | Post XI

* Réplique originelle tirée du film OSS 117 3: Alerte rouge en Afrique noire.




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Isiode et Isley
Mar 06 Juil 2021, 03:03


Crédit : Inconnu.

Je pris une profonde inspiration tout en levant les yeux sur le perron de l’entrée de mon appartement. La fraîcheur du soir pénétrait mes vêtements et malgré la tranquille agitation qui fourmillait aux quatre coins du quartier, j’avais l’impression d’être à l’intérieur d’une bulle insonorisée, d’être dans mon univers. En général, la réaction des Corvus Æris concernant le projet de la cavalerie n’était pas mauvaise; même que les chasseurs semblaient plutôt réceptifs à cette idée. Pourtant, malgré cet enthousiasme évident, ils ne m’avaient pas fourni de réponse claire et définitive quant à leur soutien dans ce projet, prétextant qu’il y aurait plusieurs difficultés qui nous serons nécessaires de surmonter avant de parvenir à la finalité souhaitée, la première étant les premiers pas de l’homme vers la bête. Qu’il s’agisse d’un Thēkera ou de tout autre animal sauvage, ces créatures n’avaient jamais été en présence de l’être humain et, quand il y avait eu contact, la méfiance était alors une vive réaction de l’instinct. C’est pourquoi il était toujours plus préférable d’élever ce genre de bestiaux dès leur plus jeune âge, afin de les accoutumer à la présence et aux activités humaines.

Le second plus grand problème était de savoir si les Thēkera possédait effectivement un certain potentiel pour être utilisés comme animaux de thérapies assistées. Habituellement, des animaux entraînés à cette spécialisation servaient de soutien pour les gens ayant subis de vifs traumatismes comme celui-ci. Cette fois, cependant, je pariais sur des créatures sauvages, qui n’avaient aucune fibre domestique dans leur attitude, dans leur gène, à l’inverse des chats ou des chiens. C’était risqué, compte tenu qu’en cet état, ils pouvaient se montrer aussi imprévisibles qu’incompatibles pour ce genre de travail, de la même manière que certaines races de chien étaient davantage appréciées pour un tel appui comparativement à d’autres lignages, en raison de leur naturelle empathie et du caractère relativement amical de la race… … Hum?

J’interrompis brusquement mes réflexions, une impression étrange m’alertant soudainement. Je me sentais épié, observé, comme si des yeux me jaugeaient depuis une distance non définie. Aussitôt, ma Magie s’emballa, sondant la zone comme pour chercher à trouver confirmation aux signes de mon instinct. D’un seul bloc, alors, je portais mon regard par-dessus mon épaule, analysant le décor qui s’étendait sur ma gauche : non loin, quelques autres bâtiments s’élevaient à côté de l’édifice où se situait mon propre appartement. Toutefois, ce n’était pas tant aux fenêtres de ces résidences que je m’arrêtais, ma concentration se focalisant plutôt sur un buisson. Et le bruissement entre les feuilles du végétal m’indiquèrent que je n’avais pas halluciné. Quelque chose se cachait bel et bien au cœur du brancha–

« … »

Un instant, je n’osais réaliser le moindre mouvement, soulevant après un certain temps l’une de mes mains, qui vint pincer l’arête de mon nez. Un écureuil, constatais-je finalement, observant le rongeur fuir jusqu’au pied d’un arbre, auquel il s’agrippa avant de se mettre à grimper. Puis, mon œillade retomba sur le fameux buisson, devenu immobile et silencieux. Maintenant que l’animal brun était parti, j’aurais pu me détourner du petit massif. Cela étant dit, c’était sans compter mes sens qui vibraient toujours aussi follement entre mes deux oreilles. Y’avait-il encore quelque chose qui se dissimulait dans ce feuillage? Je m’éloignais calmement de la porte d’entrée, alignant de nouvelles enjambées pour me rapprocher du buisson.

« Isiode! »

L’appel de mon nom me freina brusquement, mais je m’obstinais à ne pas quitter le taillis des yeux.

« Tu m’ignores encore? »

Oui, songeais-je sans empathie, la réflexion s’ancrant aussitôt dans l’esprit de la Sœrei, à la fenêtre de mon appartement, qui fronça des sourcils. Pourtant, la jeune femme ne s’entêta pas pour me réprimander à son tour, percevant assez aisément le nouvel égarement qui m’assujettissait. Rendue curieuse par ma perplexité, elle porta ses propres mires jusqu’au buisson.

« Qu’est-ce que tu cherches?

- … »

J’étais surpris. Elle est partie. La sensation, la présence que j’avais ressenti. À présent, mes sens ne détectaient plus aucune vie. Qu’est-ce que cela voulait dire? J’avais perçu des battements de cœur, un trouble nerveux, mais désormais, il n’y avait plus rien. Est-ce que quelqu’un m’avait suivi et avait pris peur en se cachant dans le buisson? Et comment avait-elle pu disparaître aussi rapidement? Avait-elle usé de Magie pour dissimuler sa présence? D’un pas assuré, je m’approchais enfin, jusqu’à la hauteur du végétal, analysant les environs par tous mes sens. Si mon odorat et ma vue n'étaient pas aussi développés que celui du Traqueur Köerta, je pouvais néanmoins faire confiance à mon ouïe, dont l’acuité était bien plus fine que la moyenne, tandis que mes yeux sondaient le paysage environnant, intenses et tranchants. Je restais dans cet état d’alerte durant un long moment avant de me redresser, les sourcils froncés. Il n’y avait vraiment plus personne… Ou avais-je de nouveau halluciné? Commençais-je à devenir fou?

Soudain, mes pensées se mirent à trembler. Même si elle ne s’était pas manifestée depuis des jours, le souvenir de cette soirée, de ce Turviel Ingvar profondément incrusté dans le bois de ma porte, continuait d’errer dans mon esprit, à la manière d’un relent qui persistait à s’accrocher à mon nez. … Est-ce qu'il s'agissait de l'ancienne Ygdraë? Ma main monta jusqu’à mes tempes, que je massais tranquillement tout en refaisant volte-face vers la rouquine, qui était restée appuyée à l’encadrement de la fenêtre. Cette dernière m’observa me rapprocher sans piper mot, reportant son regard jusqu’au buisson que nous dévisagions quelques secondes plus tôt. Elle lutta pour déglutir avant de suivre ma foulée des yeux, se forçant à sourire. Cette fois, comparativement à la dernière fois, rien de terrible semblait s’être produit, si ce n’était cette étrange impression qui s’accrochait à ma conviction. Peut-être, songea la jeune femme, que cette histoire me montait vraiment à la tête. Peut-être que je devenais vraiment paranoïaque. Néanmoins, elle ne pouvait m’en blâmer. Après ce qui s’était passé, nous étions tous sur le qui-vive, à chaque instant.

« Qu’y-a-t’il, Muramasa? »

Je fis comme si je n’avais pas ressenti ses inquiétudes, reportant son intérêt sur un autre sujet, moins troublant.

« Euh… Oui, hum… Je voulais simplement savoir si tu pouvais aller nous chercher du lait et peut-être quelques légumes pour Raclette. »

J’opinais d’un signe de tête en confirmation, sans même chercher à lui demander pourquoi elle ne m’avait pas simplement communiqué cela par télépathie, surtout que c'était à mon tour de faire la cuisine ce soir. Au lieu de quoi, je me renseignais plutôt sur la nature des légumes qu’elle voulait que j’achète ainsi que sur la quantité de lait qu’il me faudrait ramener à la maison. Agir normalement, à la suite de cet événement, était d’autant plus étrange à présent. Au passage, j’allais également faire savoir aux patrouilles de redoubler de vigilance.



Le lendemain…

« C’est ici. »

Depuis que je l’avais vu bondir comme un petit singe à travers champs et forêts, creux et collines, je ne m’inquiétais plus vraiment de ses atterrissages. Si, au début, le voir chuter à une vitesse vertigineuse m’avait alarmé, ma trajectoire ayant brusquement dévié pour le rejoindre et l’empêcher de s’écraser, le sourire qu’il m’avait ensuite adressé, juste avant de toucher terre, m’avait freiné. Et dans les quelques secondes qui avaient suivi, je l’avais vu se déposer avec une délicatesse surnaturelle à la surface du sol, pour mieux s’élancer de nouveau au milieu du firmament par la seule force de ses jambes. Dès lors, les éclats dans ses yeux s’étaient mis à rire et à s’extasier, sa silhouette se mêlant au bleu du ciel.

« Vous ne le voyez vraiment pas? »

Me posant à sa hauteur, rabattant mes ailes, j’étendis mes sens à leur maximum, tentant de percevoir ce que l’Orisha réussissait, pourtant, à capter avec facilité et précision.

« Je suis désolé, mais que suis-je supposé observer? »

L’albinos semblait avoir abandonné toute subtilité, tournant directement son doigt en direction de la pente qui nous était opposée.

« Cette créature, juste là, en contrebas. Elle est couchée au sol et semble faire une petite sieste. »

M’abaissant quelque peu au-dessus de notre point d’observation, je plissais des yeux pour acérer ma vision, en vain. Je voyais nettement le flanc de montagne qu’il m’indiquait, aussi bien que les rides creusées dans le roc au fil des ans, en plus de la végétation basse qui s’y était parsemée à foison. Toutefois, aucun aperçu de la créature en question. Et le Köerta le comprit dès que je m’étais redressé, ne désespérant pas pour autant, enchaînant plutôt sur une nouvelle interrogation :

« Même sans le voir, est-ce que vous parvenez à sentir sa présence au moins? »

Cette fois, cependant, je pris un peu plus mon temps pour inspecter mes environs, mes sens s’affutant au fur et à mesure des secondes qui s’écoulaient. Pendant ce temps, le Traqueur inspectait les parages, prudent. Jusqu’à se paralyser complètement.

« Hormis la vôtre, je ressens bel et bien une présence dans le secteur, plus grande que les autres. »

Je marquais une courte pause, poursuivant :

« Est-ce cela qui vous inquiète? Le fait que la bête soit invisible? »

Les Corvus Æris n’étaient pas préparés pour ce type d’interventions? Ou avaient-ils toujours eu recours au soutien des Orishas lorsqu’ils étaient en face d’un tel cas de figure, d’où notre discussion d’hier? Non. Autrement, pourquoi Monsieur Köerta cacherait l’existence de cette « créature » au reste de son équipe? L’hypothèse ne tenait pas la route, définitivement. Enfin, je n’avais jamais entendu parler d’un tel appui entre la guilde et le peuple des Libérés, même si j’avais bien conscience qu’une alliance existait entre les deux communautés, depuis quelques années. Et finalement, en quoi les Orishas pouvaient leur être utiles? Était-ce en raison de la finesse de leur clairvoyance ou leur aide résidait en une tout autre qualité? Pourtant, à ma question explicitement formulée, le chasseur ne daigna me répondre, conservant le silence, muet comme une tombe. Je me retournais dans sa direction.

« Vous allez bien? Vous avez une terrible expression… »

Au commentaire, ce fût comme si l’Orisha venait de recevoir une gifle en plein visage. Il sursauta légèrement, battant des cils sous le coup de la confusion. Puis, sans crier gare, si ce n’était un sourire distordu sur les lèvres, le jeune homme se confia, aussi nébuleux qu’assuré :

« Encore, s’il ne s’agissait que de la bête… »

Accompagnant son murmure, il tourna son doigt dans une toute nouvelle direction, sur notre gauche. Là, il me montra une ouverture creusée dans le roc, certainement excavée depuis des siècles par l’action de la pluie et celui des vents.

« Est-ce que vous voyez cette ouverture? »

J’acquiesçais poliment. C’était un simple creux. Qu’y avait-il d’étrange à cela? Il y en avait partout dans ces montagnes : des grottes et crevasses, des fosses et cavernes… Mais ma réponse ne sembla pas être celle attendue par l’Orisha.

« Non, non, non! Est-ce que vous voyez le trou?

- Eh bien… Oui? C’est sûrement l’ouverture d’une grotte et– »

Le Traqueur secoua la tête une seconde fois. J’étais véritablement perdu. Qu’est-ce que j’étais supposé voir, au juste? En étudiant le visage du Köerta, la réponse semblait claire. Cependant, mes yeux ne percevaient absolument rien, si ce n’était l’enfoncement naturel qui avait été creusé dans la roche et la pierre des montagnes, dont les rugosités étaient aujourd’hui adoucies par la végétation de la Ceinture d’Askeladd…

« D’accord, très bien. J’ai la réponse à mes questions.

- C’est-à-dire?

- Vous ne voyez pas ce grand espace de vide et d’ombres là-bas, n’est-ce pas? »

Pour la forme, je plissais les yeux, mais nous connaissions tous les deux l’aboutissant.

« Pour moi, il s’agit simplement d’une cavité naturelle. »

Le confrère-chasseur hocha du menton, tournant de nouveau son attention à l’endroit où la « créature » se reposait actuellement. Il sembla l’analyser, l’ausculter du regard, avant d’opiner une seconde fois du chef, comme s’il confirmait, de la sorte, le fil de ses pensées.

« Ouais… Je pense pas que les gars et moi, seuls, pourrons nous occuper de ça. »

Je l’écoutais attentivement, pressentant déjà ce qui nous attendait.

« Va falloir que je contacte les Orishas. »


2 040 mots | Post XII



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Isiode et Isley
Mer 14 Juil 2021, 02:57


Crédit : Inconnu.

Partir de la Ceinture d’Askeladd fût plus compliqué que prévu, ne serait-ce qu’en raison de la période d’explications que le Köerta avait été contraint de réaliser pour convaincre ses collègues et mes hommes de nous retirer pour la journée. Il était encore réticent quant à dévoiler l’intégralité de ce qu’il m’avait décrit au cours de notre patrouille en montagnes, mais les informations qu’il s’était autorisé à livrer étaient parvenues à persuader le reste du groupe de quitter le secteur. En revanche, avant que nous nous retirions définitivement de la zone, il avait voulu s’assurer d’une chose nous concernant :

« Ce qui a été échangé aujourd’hui, et ce qui le sera une fois les Orishas sur Orhmior, doit rester entre nous, d’accord?»

Il s’était ensuite tourné en direction de ses compagnons, à qu’il avait adressé un sourire, les nombreuses cicatrices de son visage se crispant terriblement.

« J’vous le promet : je vais m’assurer que vous ne soyez pas mis à l'écart. »

Même sans connaître toute l’histoire, les autres membres des Corvus Æris acquiescèrent lentement, des questions plein la bouche, mais aucun flot pour libérer leurs propos. Ils semblaient lui faire confiance, malgré la nature incertaine de la situation. Après tout, cela faisait des années qu’ils travaillaient ensemble, et ils devaient songer que le caractère inhabituellement secret du Köerta n’était pas là pour lui donner un genre soudain : ils étaient persuadés que l’Orisha leur cachait cela pour de bonnes raisons. Ainsi, ils ne cherchèrent pas à le brusquer plus que nécessaire, attendant patiemment qu’il se décide à leur dévoiler les raisons d’un tel camouflage. Quant à la poignée de militaires de la Nith-Haiah qui travaillaient sous mes ordres, ils acceptèrent également de conserver le silence, mon approbation les ayant relativement convaincus de la véracité des propos de l’albinos. Même si la curiosité en intriguait plus d’un, nous nous mîmes tous en route pour rejoindre l’Avant-Garde sans nous retourner, malgré le tremblement d’indiscrétion qui avait agité certaines pupilles, portées à jeter un coup d’œil vers nos arrières.

À présent, à l'intérieur du quartier inachevé des Soldats, au cœur d'un milieu familier, notre groupe progressait bruyamment, chacun discutant à son voisin de tel ou tel sujet ; certains conversaient sur les derniers événements qui s'étaient produits chez les Humains, tandis que d'autres échangeaient à propos de la dernière édition de la Galette, surprenamment partagée, cette année, entre les Magiciens et les Sorciers. Cependant, entre les voix et les exclamations, un bruit, un son, fit trembler mon tympan. Silence, un instant! Le commandement avait fusé dans l’esprit de tout le groupe, forçant chacun des hommes présents à suspendre brusquement son pas.

« Tout va bien? »

C’était la voix de l’un de mes Soldats. Non loin de ma position, quelques chasseurs de la Confrérie me portèrent une œillade en biais, percevant avec clarté les mêmes rumeurs que j’entendais. Néanmoins, dès que le silence devint total au sein de la troupe, même les Anges qui n’avaient rien entendu distinguèrent facilement les bruits qui nous avaient alerté : ils provenaient de l’un des secteurs du Quartier

« Y’a du grabuge on dirait. »

J’acquiesçais, tournant déjà les talons pour m’engager sur une toute nouvelle route, rapidement suivi par le reste de la compagnie.

« Que se passe-t-il? » M’exclamais-je lorsque nous arrivâmes au fameux « grabuge ».

Quatre paire d’yeux se dirigèrent rapidement dans notre direction, ces dernières appartenant aux patrouilleurs qui surveillaient cette portion du site encore en construction ; nous remarquâmes qu'ils avaient dégainé leur arme. En même temps, nous laissâmes courir nos regards sur la longueur de leur lame, jusqu’à diriger nos œillades aux pointes qu’ils braquaient devant deux Thekēra hérissés.

Les animaux sifflaient et grognaient de nervosité, leur plumage s’étant gonflée de sorte à les rendre deux fois plus gros qu’ils ne l’étaient réellement. À ce constat, je m’approchais tranquillement des soldats armés, cherchant à connaître les circonstances d'une telle configuration auprès de l’un d’entre eux. Sans quitter les créatures ailées des yeux, nous prîmes connaissance de la situation, repérant la patte coincée du plus jeune animal.

« La caisse est tombée sur sa patte alors qu’il essayait, visiblement, de l’escalader. Nous avons entendu des cris et des pleurs et, à notre arrivée, ils étaient là, tous les deux. Mais impossible de les approcher ou d’aider le petit, même en déployant la Magie. Ils sont beaucoup trop nerveux et le plus grand a tenté de nous attaquer en contrepartie. »

En effet. Le plus grand des deux Thekēra s'était interposé entre la troupe et la caisse renversée, jouant le rôle de bouclier, tandis que les feulements du petit nous indiquaient clairement qu'il ne désirait pas se faire toucher par un être humain. Malgré tout, il n'était pas en position de se défendre, coincé de la sorte entre le sol et la caisse. De toutes ses forces, il tentait d'extirper sa patte de sous la charge, tirant son corps vers l'avant, les pointes de ses serres râclant avec une énergie désespérée le pavé sous son poids. Témoin de son acharnement, le second animal essayait de soulever la boîte et de la rejeter sur le côté, mais il ne semblait pas avoir la puissance nécessaire pour la renverser.

« Baissez vos armes, ordonnais-je d'une voix neutre.

- En êtes-vous sûr? »

J’hochais de la tête, captant du coin de l'œil leurs mouvements : ils rengainaient. Enfin, je concentrais toute mon attention sur le Thekēra devant nous. En l’étudiant visuellement, je pouvais deviner qu’il était bien plus petit que le Thekēra de l’entrepôt et bien moins musclé aussi. Une femelle? Ou un immature? Poursuivant mon analyse, j'examinais les reflets dans ses iris, évaluais la tension dans ses muscles ainsi que les soubresauts qui secouaient l’intégralité de sa silhouette. Je compris alors ; il était plus sur le défensive que terrifié ou anxieux. Il ne nous faisait pas confiance, au contraire du petit Thekēra qui, lui, libérait un puissant relent qui témoignait de sa frayeur. Je pris une inspiration, une enjambée marquant notre premier pas, tandis que nous nous avançames soudainement, en même temps, Trevor et moi, vers l'avant. Cependant, au lieu de freiner ma marche sous le coup de la surprise, comme l'avait fait le Spécialiste des Corvus Æris, je poursuivis mon chemin jusqu'à m'arrêter à la hauteur de la créature. Sa gorge, imméditement, s'était remise à vibrer, à gronder, un son guttural sourd et agressif joignant tout son être dans une secousse digne d'un séisme. À moins de deux mètres de sa position, je m'assurais de conserver une certaine distance entre nous puis, à mon tour, je déployais la Magie angélique afin de calmer les nerfs des deux bestiaux. Cela étant dit, remarquant que leur posture restait aussi raide qu'un bâton de bois, je ne pris pas la chance de m'approcher davantage, continuant plutôt d'instiller le calme et la tempérance au sein de leur esprit en pleine ébullition.

« Qu’est-ce qu’il attend? Chuchota discrètement le Fennec, Skhare, à l’oreille de Trevor, qui m’observait avec une curiosité et une attention palpables.

- Tais-toi et regarde », lui conseilla ce dernier en posant un doigt sur ses lèvres.

La raideur de l’animal était encore trop importante pour réaliser quoi que ce soit, mais celle-ci diminuait au fur et à mesure que le temps s’écoulait, de sorte qu’après moins de cinq minutes, le plus grand des Thekēra laissa tomber, une à une, chacune de ses défenses. Je saisis aussitôt la chance qui se présentait à moi, alignant un nouveau pas. Presque sur-le-champ, l’animal se cambra de nouveau, à l'affût. Par automatisme, les traits de mon faciès se détendirent et je me permis de le gratifier d’un sourire, m’immobilisant dans le même temps, lui insufflant, à compte-gouttes, la sérénité qui m’envahissait par l’action de la Magie. Un certain temps s'écoula encore, et je perçus une faille dans sa garde ; il comprenait, tout doucement, que je n'étais pas là pour lui faire du mal. De fait, je tentais un nouveau pas dans sa direction. Tous mes gestes, toutes mes respirations, tous mes regards à son endroit étaient soigneusement et inconsciemment calculés pour ne pas éveiller de nouveau son agitation passée. Petit à petit, il prenait confiance en moi, me laissant même tendre l’une de mes mains jusqu'à lui. Au lieu de la mordre ou de la rejeter violemment, le Thekēra allongea son cou, suspendant son museau à l’apex de mes doigts pour les renifler consciencieusement. Ce n’était que la première tentative d'approche, de contact et pourtant, cela se passait étonnamment bien, bien mieux que ce qui s'était produit, des semaines plus tôt, avec le Thekēra de l'entrepôt. Même qu’en s’apercevant de cela, le petit Thekēra avait cessé de se débattre comme un diable, réduisant ainsi les risques d’aggraver son état par la même occasion. Baissant brièvement les yeux sur ses épaules, je les relevais, après coup, en direction de son aîné, m’adressant directement à lui d’une voix calme et mesurée :

« Me laisseras-tu m’occuper de ton ami? »

L’hybride d’Orhmior n’esquissa aucun mouvement et n’eut aucune réaction m’indiquant qu’il allait réagir promptement. Par conséquent, je me permis une nouvelle enjambée vers l'avant. Toujours immobiles, les animaux ne faisaient que me fixer, presque entièrement tranquillisés par ma présence et la Magie à l’œuvre. Dans mon dos, je pouvais sentir les regards de mes collègues et des confrères me transpercer, certains se demandant comment j’étais parvenu à apaiser l’instinct animal des créatures ailées, tandis que d’autres s’impressionnaient de ma patience et de mon savoir-faire. Lentement, je contournais la plus grande des deux bêtes, abaissant mon bras afin de le ramener à moi. Le Thekēra suivait, vigilant, ma progression, et un brin d’appréhension revint briller au fond de ses yeux, son cou se tordant quelque peu pour observer ce que j’étais en train de faire. Posant un genou à terre, je me penchais afin d’arriver à hauteur du petit Thekēra, observant la caisse, puis sa patte écrasée sous la charge. Avec de la Magie, nous pourrions réparer sa blessure, mais tout d’abord, il nous fallait le sortir de cette mauvaise posture.

« Ce ne sera pas long. »

Ma voix était étrangement douce et réconfortante, l'une de mes mains se posant avec hésitation sur le crâne de la petite bête. Elle eut un frisson, mais ne mordit et ne grogna pas. C'était un bon signe. Je crois. Encouragé par son absence relative d'agitation, je me permis de maintenir le bassin du Thekēra sous ma paume afin d'y exercer une faible pression ; ma deuxième main, quant à elle, s'était posée sur la surface de la caisse. D’un coup, la boîte devint légère, comme une plume, et se souleva de terre pour rejoindre les airs. Un mouvement de cette même main, et la caisse flottait désormais, avant d'être reposée plus loin, à un endroit où elle ne pourrait faire de mal à qui que ce soit.



« Est-ce que vous avez vraiment besoin de notre aide pour dompter les Thekēra? »

En chemin pour rejoindre le bureau de l'Imperio Vaughan, j'étais accompagné de l'Enfant du Troisième Œil qui, comme promis, était décidé à tout nous raconter afin que nous puissions mieux comprendre ce qui se tramait dans nos montagnes. Pourtant, malgré mon sentiment d'empressement, je me sentis obligé de ralentir pour dévisager le Köerta. Par ailleurs, ce dernier reprit aussitôt la parole, clarifiant sa pensée :

« De ce que j’ai vu, vous semblez assez bien vous débrouiller avec eux. Vous avez développé un talent on dirait, c’est indéniable. »

Je continuais de le regarder sans rajouter quoi que ce soit, poursuivant simplement notre marche dans un silence pensif.

« Est-ce que vous avez utilisé la même approche pour dompter le Thekēra qui se trouve dans l’entrepôt? »

Enfin, mes épaules finirent par se redresser légèrement.

« J'ai simplement agit par instinct. Je… savais quoi faire à ce moment-là. C’était inné, naturel… Je ne sais pas si je suis bien clair, rectifiais-je après une courte pause, le Traqueur hochant vigoureusement de la tête pour m’assurer qu’il comprenait parfaitement. Tandis qu'avec le Thekēra de l'entrepôt… C'était une toute autre histoire. »

L'Orisha la connaissait par cœur, tant elle paraissait suréelle. Mais il avait raison : ce que j’avais réalisé plus tôt était, somme toute, relativement inattendu. L’on pouvait supposer que ma puissance magique y était pour quelque chose, tout comme l’accumulation des heures que j’avais passé auprès du Thekēra de l’entrepôt, à le rassurer, à l’observer, mais ce qui me paraissait incroyable, de mon point de vue, c’était d’avoir pu reconnaître les différents tics et sursauts des deux animaux. Avec transparence, j’étais parvenu à lire le langage de leur corps et de leurs pupilles, ciblant avec précision le moment où leur tension s’allégeait ou bien encore lorsque l’un de mes mouvements les incommodait… Après avoir sorti la petite chimère de sous la caisse, cette dernière avait voulu s’enfuir à toute vitesse, mais l’état de sa patte l’avait rapidement désenchanté alors que sa tête rencontrait le pavé de plein fouet. Je m’étais tranquillement rapprocher pour la prendre dans mes bras, la réconforter et la calmer en quelques caresses, tout en évaluant la gravité de sa blessure. C’était terrible, mais rien qui ne pouvait être soigné par la Magie. Le petit claudiquerait certainement pendant un temps, mais il survivrait. La deuxième bête, quant à elle, avait ainsi profité de l’instant pour avancer son museau, reniflant le plumage de son cadet pour s’assurer de son bien-porté. Leurs ressentis étaient limpides : ils n’avaient plus peur, mais restaient inquiets.

« Quoi qu'il en soit, les deux Thekēra sont entre de bonnes mains maintenant. Reste plus qu’à espérer que le petit guérisse convenablement. »

J’acquiesçais. Je ne m’en faisais pas. Un peu plus tôt, nous avions apporté le petit et son aîné dans un second abri, incertains de leurs réactions s’ils tombaient nez à nez avec le tout premier Thekēra de l’entrepôt.

« Sérieusement, vous n’avez pas pensé à lui donner un nom à celui-là? (Avais-je pensé tout haut?) Maintenant que vous voulez officialiser votre cavalerie militaire, vous devriez vraiment songer à le baptiser. Parce que se référer constamment à lui en tant que « le Thekēra de l’entrepôt », ça devient barbant à la longue. »

Je ne me prononçais pas immédiatement, coulant plutôt un regard vers le plafond du couloir dans lequel nous progressions.

« Avez-vous des suggestions?

- Quoi? Oh, non, non, non! C’est pas écrit dans mon contrat, ça. Puis, on va déjà vous aider à les apprivoiser.

- En quoi cela vous empêche-t-il de proposer quelques noms?

- Le point est qu’il s’agit presque officiellement de votre Thekēra, en fait. Il vous adore, c’est évident, et ne semble pas prêt à retourner auprès des siens. Du coup, je pense très fortement que ce serait à vous de lui donner un nom. »

Cette fois, je braquais mon regard dans le sien. L’albinos me gratifia d’un large sourire.

« Très bien, je… vais y réfléchir. »

Nous continuâmes notre marche pendant quelques secondes à peine, avant que l’Orisha s’exclame, enjoué comme un chiot :

« Alors?

- … Quoi « Alors? »

- Le nom pour le Thekēra.

- Il faut que je le choisisse maintenant?

- Mais oui! Les noms pensés spontanément sont les plus beaux! Avec ma femme, on a nommé nos enfants de cette façon. »

Il semblait si convaincu de la chose que je ne me sentais pas le courage de lui dire que ce n’était pas le cas pour tout le monde. Après tout, Pepito avait été préféré à Noiraud.

« Doooooonc? »

Je fermais les yeux un instant, les ouvrant après une poignée de secondes seulement.

« … Ōlseaga? Murmurais-je doucement, la sonorité ayant des accents bizarrement familiers. Je pourrais lui donner comme nom, Ōlseaga. »

Devant le résultat, le Corbeau n’hésita pas une seconde : son sourire se raffermit sur la commissure de ses lèvres, tandis que sous mon nez, il souleva ses pouces, les pointant vers le haut.

« C’est un nom super! Je vous l'avais dit! Spontané! »


2 667 mots | Post XIII

Isiode utilise les pouvoirs suivants :
- Télékinésie
- Le Souffle du Précurseur : il s'agit d'une Autorité de Vaès au sein de l'Eyjasandr. Elle vous permet d'avoir un caractère et une approche décelant les brèches au sein d'une race animale : les Thekēra. Chaque espèce possède sa dangerosité, ses caractéristiques et ses particularités, certaines sont dociles, d'autres indomptables. Cette capacité vous permet de comprendre les règles élémentaires de cette dernière, permettant de vous adaptez à elle, de générer une confiance mutuelle. Les membres de celle-ci seront moins enclins à vous fuir, vous menacer ou vous craindre, ils deviendront des compagnons, ou des alliés en cas de danger. Attention, néanmoins, en cas d'agression envers un membre de la race avec volonté de lui nuire, le Souffle se retournera contre vous et vous deviendrez la cible de ladite race. Vous serez marqué et dès qu'un de ses membres vous croisera, il cherchera à vous nuire.




It's a little price to pay for salvation
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[Q] - Ōlseaga | Solo Signat20
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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 24 Juil 2021, 21:57


Crédit : Inconnu.

La porte s’était refermée dans notre dos, étouffant aux oreilles de l’Imperio Vaughan le long soupir de soulagement du Köerta.

« Prendrez-vous contact avec les Orishas dès ce soir? »

Il acquiesça.

« Le plus tôt sera le mieux, effectivement. Qui sait combien de créatures se sont déjà échappées de ce Monde? »

À mon tour, j’hochais de la tête, le bruit de nos pas s’additionnant dans le couloir qui menait à mon bureau. Là-bas, les confrères des Corvus Æris et mes hommes nous attendaient afin de prendre connaissance de la situation.

« Pour que le voyage soit plus simple, invitez-les à rejoindre l’Île par les portails de téléportation angéliques se trouvant aux Jardins de Jhēn ou à la Citadelle d’Iyora. Ils perdront moins de temps.

- Je prends note! Merci. »

Nous continuâmes de marcher en silence, alors que tu…

Alors que tu restais dans les ombres de l’invisible, observant avec patience ce qui se trouvait de l’autre côté de la frontière, celle que ton univers partageait avec le Monde perceptible. Tu souriais. Tu étais patient, mais tu pestais également intérieurement. Depuis quelques jours déjà, ta proie semblait avoir baissé sa garde. Malheureusement pour toi, elle était sacrément vigilante par nature, constamment sur le qui-vive, à faire trembler tous ses sens au moindre soupçon. À plusieurs reprises, tu n’avais pu t’imposer devant elle, même lorsque l’occasion était à portée de main, tant elle était en contrôle de ses émotions les plus primales. Cependant, tu étais patient. Et tu avais patienté, des jours et des jours durant, en espérant, bientôt, pouvoir refaire chanceler ses défenses.

Mais cela, c’était sans compter ce qui s’était passé il y a quelques jours, avec cet étrange buisson qui avait de nouveau éveillé sa méfiance, qui avait de nouveau levé ses boucliers. Toute cette attente n’avait servi à rien. Et même si tu patientais, tu ne pouvais t’empêcher d'écumer. Qu’est-ce qui s’était passé à ce moment-là? Toi-même, tu ne le savais pas. Et pour une fois, ce qui s’était produit n’était pas ta faute : dans ton esprit, tu avais été autant la victime de ce phénomène que ta proie, qui progressait devant toi.

Encore aujourd’hui, elle était accompagnée par cette présence agaçante. Tu ne savais pas pourquoi, mais cet être te donnait des frissons dans toute la colonne vertébrale. Tu ne l’aimais pas. Tu t’en méfiais naturellement. Pourquoi? Il n’y avait pas de raison. Ton instinct te conseillait simplement de ne pas t’en approcher, au risque de t’en mordre les doigts. Tu avais été prudent pendant toutes ces journées à suivre ta proie dans son ombre, à attendre la première occasion pour le faire trembler de nouveau, le faire chuter dans un nouveau trouble. Mais aujourd’hui, tu étais curieux. Trop curieux. Ou impatient? Ce serait compréhensible. Tu avais mis tant d’efforts à ta tâche, efforts qui n’avaient servi à rien à cause d’un maudit végétal et d’un écureuil plutôt véloce. Et maintenant, tu t’approchais. Tu reniflais. Ta proie n’était pas encore prête, mais tu étais curieux : prudent, mais curieux. Et si tu ébranlais de nouveau son calme apparent? Et si tu faisais tomber tous ses masques? La perspective, seule, t’enchantait, mais tu te devais d’approcher minutieusement. Tu ne pouvais te nuire par simple curiosité et si maintenant n’était peut-être pas le bon moment, tu savais que cela ne saurait tarder. Lorsque la fatigue l’étreindrait, lorsque sa psyché serait plus vulnérable, tu serais là, à l’attendre tranquillement, pour le plonger dans les maux qu’il étouffait, qu’il noyait, et qu’il n’oubliait point. De nouveau, tu eus un frisson, avançant un peu plus rapidement afin de te rapprocher de ta proie. Seulement, tu finis rapidement par désenchanter lorsque tu remarquas ses yeux te transpercer. Il te voyait. Il te voyait. D’un bond, tu compris ton erreur. Tu n’étais pas patient. Tu n’étais plus prudent. Tu étais affamé, trop curieux pour ton propre bien. Vite. Vite. Avant qu’il ne réagisse.

Il fallait que tu disparaisses, que tu fuis. Pour l’instant.



« Hum? Vous ne venez pas, Monsieur Köerta? »

Il s’était soudainement figé.

« Isiode… »

La familiarité s’était naturellement échappée, sans que l’Orisha s’en rende compte, alors qu’il me repoussait brusquement sur le côté, comme pour observer mes arrières. Le voyant aussi agité, je portais moi aussi un regard dans cette direction, ne voyant que mon ombre s’étendre sous mes pas, derrière moi.

« Il n’est plus là… Chuchota le Traqueur, les cils pris d’un battement d’incompréhension. C’était quoi ce truc? Bordel, il était just– »

Il se tut brusquement, les veines à ses tempes se gonflant soudainement, à des proportions qu’aucun être humain ne pouvaient atteindre. Ce fut moins ce détail qui me surprit, que celui de voir l’Orisha aussi énervé, agité, à tenter de percer le voile du vide.

« Qui était là? » Voulus-je m’enquérir avec calme, mes sens s’éveillant naturellement, eux aussi, devant une telle frénésie.

L’albinos fit comme s’il ne m’avait pas entendu – et peut-être était-ce bel et bien le cas – puisqu’il balayait consciencieusement le couloir des yeux, ses narines se dilatant à intervalles, comme pour capter chacune des fragrances qui embaumait l’air du couloir. Puis, doucement, ses veines se dégonflèrent, rapetissèrent, avant de disparaître complètement sous son épiderme, là où elles avaient repris leurs dimensions originelles.

« Soldat Yüerell…

- …?

- Avez-vous été témoin de phénomènes un peu… étranges récemment?

- Étranges? »

J’avais envie de lui répondre que cela m’était affreusement familier, en effet, mais l’Orisha me devança :

« Ou que vous ne pouvez pas vous expliquer? »

Mon front se barra d’une ride de méfiance, tandis que nos regards s’entrechoquèrent soudainement : le rouge et le bleu se défiaient dans un silence terrible et vibrant, jusqu’à ce que je daigne ouvrir la bouche, déclarant d’une voix égale :

« Vous n’êtes pas sans savoir ce qui s’est passé aux cours de nos explorations, n’est-ce pas? »

Cela lui prit un peu de temps avant de confirmer gravement, le Köerta ressassant les différentes rumeurs qu’il avait entendu au cours de son séjour sur l’île. Effectivement, comme tout le monde, il avait été mis au courant de certaines histoires me concernant.

« J’ai… mis fin aux jours de dix des nôtres afin d’éviter une tragédie plus terrible encore. Parmi les victimes, l’une d’entre elles s’avérait être une Elfe, et dans les croyances elfiques, un Ygdraë qui meurt de la main d’autrui se voue, dans la Mort, à se venger de son meurtrier. Peu importe la distance, les obstacles, l’Elfe décédé se dresserait contre toutes les épreuves pour apporter le pire châtiment à son assassin. »

Je marquais mon monologue d’une courte pause, reprenant après une poignée de secondes seulement :

« À l’expression que vous affichez, vous semblez avoir deviner ce qui se passe… En effet, il y a quelques jours de cela, j’ai eu droit à la visite de cette Elfe que j’ai tué. »

Nous arrêtant complètement au milieu du couloir, j’eus une hésitation, comme une incertitude. Profondément, je savais qu’il ne s’agissait pas véritablement de la Kọjá lọ Ingvar ; je me disais que tout cela n’était dû qu’à des hallucinations en raison d’un manque de sommeil évident. Mais je… Je ne savais plus vraiment comment interpréter tout cela. Et qu’est-ce cette histoire avait à voir avec le Köerta?

« Je ne pourrais vous expliquer rationnellement ce qui s’est produit, mais tout à coup, l’entité s’est mise à graver son nom dans le bois de ma porte de chambre. Turviel Ingvar… Elle a inscrit son nom comme pour me montrer qu’elle était là, qu’elle m’avait… trouvé? »

Je me permis une œillade en direction de l’Orisha, qui ne bougeait pas. Pourtant, les pupilles dans ses yeux ne cessaient d’aller et venir entre mon visage et mon ombre. Il était encore en train de chercher quelque chose. Quoi exactement? Une idée frivole s’invita entre mes deux oreilles, que je m’empressais de repousser violemment. Il ne pouvait chercher l’entité en question. Elle était… Elle ne pouvait être que le fruit de mon imagination.

« C’est en voulant faire fuir cette présence que j’ai attaqué ma porte ensuite. Mais, aussi étrange que cela puisse paraître; son nom, il a disparu avant que je puisse le montrer à qui que ce soit, avant que je puisse comprendre ce qui s’est réellement passé. »

Mais depuis, je m’étais réconforté – pouvais-je vraiment le décrire ainsi? – dans le fait qu’il puisse simplement s’agir d’effets secondaires à ma condition particulière. Je l’expliquais brièvement au Corbeau, qui restait toujours aussi muet. Devant cette théorie et ce récit alarmants, ses yeux se rétrécirent encore plus sévèrement, les marques sur sa peau se crispant à ses mouvements faciaux. Pour tout vous avouer, à ce moment précis, j’aurais véritablement apprécié pouvoir lire son esprit.

« Soldat Yüerell, ce que vous avez vu n’était pas une hallucination. Et à l’air que je lui adressais, il rajouta, prudemment : Mais ce qui vous a attaqué n’était pas un Esprit vengeur non plus. J-Je ne peux pas en être sûr moi-même, mais vous savez, les créatures de ce Monde particulier… »

Il se tut, me regardant intensément. Puis, sans finir sa phrase, il porta lentement ses yeux spéciaux, mutants, dans le couloir qui s’étendait dans mon dos.

« Restez sur vos gardes et soyez vigilants. Peut-être que je porte une conclusion trop hâtive sur la situation, mais je suis sûr d’une chose : c’était là, à vos pieds, à vous fixer. »

Je tournais mon visage par-dessus mon épaule. Je ne voyais toujours rien. Cependant, les paroles de l’Orisha résonnaient comme un tintamarre au creux de mon crâne.

« Ça puait la malice et la cruauté. »




Des jours plus tard…

« Comme promis, voici mon rapport concernant le projet de la Cavalerie, Imperio Vaughan. »

Le brun baissa les yeux sur les feuilles de mon document, l’étudiant rapidement en passant quelques pages.

« On peut voir que vous y avez mis pas mal d’efforts. Et en si peu de temps également : vous êtes motivé, ça se voit. Et vous avez de bons alliés. Il ferma brièvement les yeux, un vague sourire flottant sur la commissure de ses lèvres. Merci beaucoup pour votre travail. Je vais en prendre connaissance dans les plus brefs délais et si je considère votre plan viable, j’en discuterai auprès des Imperator et des Consuls de la Nith-Haiah. »

En signe de profond respect, je m’inclinais devant lui, une main posée sur le cœur.

« Je suis honoré. Si vous avez besoin d’une quelconque précision concernant ma rédaction, n’hésitez pas à m’en faire part. Je serais ravi de répondre à vos questions. »

Le Mentaliste opina d’un mouvement de la tête, déposant le rapport sur le coin de son bureau.

« Je saute certainement du coq à l’âne, mais savez-vous où en sont les communications avec les Orishas? »

L’officier, cette fois, soupira.

« Nous avons eu une réponse il n’y a pas si longtemps, et ils prévoient venir sur l’île dans quelques jours, le temps de préparer leur expédition. »

Il marqua une courte pause, pensif.

« Ça me fait penser qu’ils arriveront fort certainement un peu après le déménagement officiel des Consuls, de l’Imperator Séraquiel Tarveras et de son Préfet. »

À cette mention, mes oreilles se redressèrent, attentifs. En effet, tout récemment, le bruit courrait que les commandants et généraux de l’Armée Céleste arriveraient bientôt sur nos terres.

« Quand seront-ils officiellement à Prætoria?

- Dans cinq jours précisément. »

Aussitôt, mes dents vinrent mordre la pulpe de ma lèvre inférieure.

« Oh… J-Je ne serai pas présent pour vous assister, constatais-je d’une voix faible.

- Ne vous inquiétez pas, Soldat. Il y a bien d’autres hommes que vous pour tenir ce fort. Reposez-vous et amusez-vous à ce festival. Vous le méritez. »

Je n’affirmais ni n’infirmais ses propos, restant simplement silencieux. J’avais l’impression de contrevenir à mon devoir en partant aux Terres d’Émeraude pour profiter du soleil et de l’art des Orines, alors que les officiers supérieurs de la Nith-Haiah arrivaient enfin. Par mon statut temporaire de gestionnaire, on se serait attendu de moi que je les accueille personnellement. Je me sentais vraiment mal.

« Je peux dire à Muramasa que je ne viens plus. Elle comprendra. Puis, elle aura Isley pour lui tenir compa–

- Soldat Yüerell, par la Grâce divine! »

Je me tus à la puissance de sa voix.

« À quand remonte votre dernier jour de repos, exactement? Comparativement à d’autres, vous ne les utilisez jamais.

- Je sais.

- Pourquoi hésitez dans ce cas?

- C’est ma responsabilité.

- Tout comme la mienne.

- Mais je…

- Doutez-vous de mes capacités, Yüerell?

- Non! Bien sûr que non! Répliquais-je, choqué qu’il puisse penser une telle chose.

- Alors ne vous en faîtes pas. Je comprends et les commandants comprendront. Vous avez travaillé jour et nuit, sans relâche, depuis des semaines – que dis-je? – des mois. Votre Orine a cru bon de vous proposer une telle activité, parce qu’elle sait que vous avez, vous aussi, besoin de profiter un peu de la vie et du beau temps. »

Je baissais les yeux.

« Allez-y, amusez-vous bien, et n’oubliez pas les souvenirs. »

Muet, je ne bougeais pas durant un certain temps, mais finis par basculer mon buste vers l’avant, solennellement.

« Merci beaucoup, Imperio. »

Le brun m’étudiait du regard, sans un mot. Il était particulièrement sagace et intelligent, voyant que je me donnais toujours plus aux autres qu’à ma propre personne. Il était content de savoir que je me dévouais ainsi à l’Armée, que j’y employais chaque effort à son maximum, mais il savait également que cela n'était pas une vie. À sa manière, en me forçant à quitter les quatre murs de la bastille, Ramiel Vaughan espérait me pousser – un pas de plus – sur ce chemin que je semblais avoir perdu de vue : celui du bonheur. De mon bonheur.


RP suivant : Je suis la bergère de la colline ♪


2 307 mots | Post XIV | FIN



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