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 [Évent] - La bêtise

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Latone
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Latone
Lun 01 Mar 2021, 19:09


Mermaid, by Akia
(Car finalement, tout part d'une histoire de fesses)

La bêtise


" Je cite : "En raison du caractère abstrait de la déclaration de l'acheteuse – une "fortune" ne pouvant se référer à un montant stricto sensu – la mise finale fut estimée à la somme susdite. Une dérogation convenue avec la commission d'Avalon afin de supplanter à hauteur de dix pourcents la précédente mise retenue par le commissaire-priseur, compte tenu des intérêts évalués pour la procédure de transaction." "

" Oh… ça aurait pu être pire. "

" Tu te fous de moi ? "

C'était une bêtise. Léto en était réduite à se gratter le cuir chevelu pour éviter de rajouter au mal qu'elle avait commis. Fort heureusement – si on pouvait y trouver un quelconque réconfort – les Déchus n'avaient pas retenus ses mots sur l'instant. Elle n'imaginait pas revenir en un seul morceau si des corbacs venaient vider la chambre forte des Deslyce. Quoique.

" À cause de toi, notre famille est tenue de payer l'armée Humaine. Elle éleva le ton pour bien se faire comprendre : L'armée Humaine. "

" Je t'ai bien entendue… cousine. " Malgré sa puissante mémoire, difficile de retenir les innombrables têtes de la dynastie. Le bras de la fameuse Deslyce finit ballant, désespérée d'avoir à gérer ce genre de situation.

" Vanille n'est pas présente pour te remonter les bretelles, mais crois-moi qu'elle reviendra à toi pour te le faire payer. " Ce ne sera pas le cas, pour un temps.

" Laisse-moi te rappeler que je dois ma propre richesse à la sueur de mon front. Elle souriait mais il était aisé de capter son mécontentement. Si les Deslyce tiennent à me coller une dette, je m'assurerai qu'elle sera de l'histoire ancienne. "

Malgré la position de faiblesse dans laquelle la Sùlfr se trouvait, très peu de femmes – ou même d'hommes – pouvaient se permettre de lui tenir tête chez les Ondins. En réalité, il se pourrait même que seule sa grand-mère serait capable de retirer quoi que ce soit d'elle. La Deslyce en était bien consciente, frémissante à l'idée que les muscles de la Souriante la broieraient à la moindre étincelle d'hostilité.

" Il n'en sera rien. La royauté a déjà pris ses dispositions pour rattraper ton cafouillis. "

Du haut du balcon de Dirathælle, les descendantes de Marilyne purent admirer la ténacité de leur peuple. Depuis son arrivée, la Chamane dût slalomer entre les groupuscules pour retrouver son chemin jusqu'au palais. Au sein de n'importe quel quartier, les Ondins convenaient à des arrangements pour renflouer la richesse du peuple. Les femmes partaient à la conquête des navires pour piller leurs marchandises, certaines allèrent jusqu'à explorer des épaves insoupçonnées pour récupérer des trésors antiques ; tandis que les hommes aidèrent à la manutention, dressant des inventaires et un tri afin de présenter la récolte directement aux intermédiaires de la dynastie. Officiellement, c'était une opération de grande envergure pour, d'une part, rappeler aux étrangers que les Ondins régnaient sur les flots, d'autre part pour garnir l'opulence de leur nation. Honneur et richesse, de grands mots aux douces sonorités pour le peuple carnassier. Officieusement, cet appel à l'abordage ne servait qu'à soigner le coup que Léto leur avait infligé.

" Ce ne sera pas rendu public, évidemment. Personne n'a envie de savoir si la princesse a pris son pied avec un Humain dénommé Maximilien Eraël. La blonde lui lança un sourire provocateur et s'apprêta à délier ses lèvres. Non vraiment, ne dis rien… " Elle haussa les épaules. Si détachée, elle n'avait presque plus sa place ici.

Ce n'était guère par souci familial que la Sùlfr s'était déplacée jusqu'ici. Elle était tombée sur une missive qui l'avait intriguée, et s'était bien gardée d'en parler à une quelconque cousine ou tante, ou… autre qualificatif de sang. La Hǫfðingi allait où son devoir la guidait. Peut-être rencontrera-t-elle aujourd'hui cette mystérieuse expéditrice, peut-être qu'elle se contentera de glisser une oreille attentive là où il faudra ; dans tous les cas, son passage à la Cité Engloutie n'était point anodin.

En vadrouillant au sein de Mynayiænis, l'opiniâtreté des Sirènes lui paraissait plus palpable. Les guerrières revenaient couvertes du sang de leurs victimes, fières, terribles et belles à la fois. Les équipes les plus organisées revenaient les bras pleins de joaillerie et de colis exotiques. L'Ot'Phylès Phratrie, avec le concours de plusieurs volontaires, prenaient alors le relais pour que les meurtrières retournèrent à la chasse ou profitèrent de la gloire engendrée pour fêter leur succès. Malgré l'écart sexiste dont pouvait être témoin un œil étranger, Léto trouvait les engeances d'Aylidis sous un nouveau jour. Cela devait faire très longtemps que les Ondines n'étaient pas parties en masse par-delà la bulle. Une pensée pour les victimes la traversa ; les Esprits afflueront à travers les vagues de l'Océan.

L'Orchidée se dressa non loin d'elle, la façade atypique lui ayant été conté par de curieux fantômes chuchoteurs. Étant reconnue comme Princesse des Mers et des Océans, il lui aurait été bien difficile de ne pas attirer l'attention rien qu'en demandant son chemin. Léto agissait de son propre chef et découvrait avec un certain étonnement que la réceptionniste, censée accueillir la clientèle, cherchait plutôt à repousser toute entrée. La Hǫfðingi se posta assez loin pour ne pas trop se faire remarquer et son ouïe fine fit le reste du travail : le cabaret en aurait plus qu'assez des "fanatiques de Léto". La concernée haussa un sourcil et apprit de fil en aiguille que des rumeurs circulaient au sujet d'un des danseurs du cabaret, qui aurait bénéficié d'un "toucher de cuisse" de la part de la Princesse. Étant donné l'appel de la royauté, les principaux intéressés finirent par céder et partir.

Je reviendrai une autre fois. Plutôt déroutée, la Souriante songea à ne pas empiéter sur cette autre affaire. Entre l'Humain et l'Ondin, les racontars à son propos ne risquaient pas d'être bien accueillis par la dynastie, ni même par le peuple élitiste et matriarcale. À bien y réfléchir, cela n'imputait aucunement à sa légitimité, mais… Elle soupira. Toute ce rattachement de sang aux Deslyce commençait à l'incommoder, alors que ses propres responsabilités se multipliaient. Léto décidera de prendre position. Plus tard.


1069 mots ~


Explications


Holà ♫

Petit évent Ondin, histoire de bouger un peu la race ♪

Chronologiquement, cet évent se déroule avant que la nouvelle Reine arrive au pouvoir (Pour info : ICI). Nous n'avons effectivement pas de nouvelle de Vanille, mais les Deslyce sont encore au pouvoir. Mon post sert surtout de conséquences aux agissements de Léto - connue comme Princesse des Mers et Océans chez les Ondins - durant le Fessetival et le Dîner ; qui, disons-le, ne sont pas très jojos hein.

Pour pallier le prix que les Deslyce paieront aux Humains, celles haut-placées au Palais encouragent le peuple à piller davantage de navires à la surface. Plus que pour le plaisir du massacre et pour rappeler le mépris à l'égard des terriens, c'est pour rapporter un maximum de richesse à la Capitale et gonfler activement l'économie du peuple. Votre personnage peut donc participer à un ou plusieurs abordages afin d'avoir une chance de se distinguer ; il peut aussi partir explorer les épaves pour y dénicher des trésors enfouis. En récompense, il bénéficiera d'un certain pourcentage de ses propres trouvailles.

Cet évent met aussi en lumière l'écart social entre les femmes et les hommes, car l'Ot'Phylès Phratrie - composé uniquement d'Ondins - enjoint les hommes à aider les femmes pour l'inventaire et le tri des marchandises rapportées à la Capitale. Cela peut servir pour illustrer le côté matriarcal de cette société, surtout si vous incarnez un homme. En guise de précision, même si vous aviez déjà dû le deviner : ce sont principalement les femmes qui partent à la conquête des richesses, les hommes sont en grande partie relayer à la sale besogne.

La réelle raison de ce pillage en masse n'est pas connue du grand public, c'est officiellement un appel à redorer la gloire et la suprématie des Ondins sur l'Océan.

Deadline : 01/05/2021


Gains


Pour 900 mots : Un point de spécialité au choix

Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots minimum : Un point de spécialité supplémentaire OU Richesse à vie

MP si vous avez des questions. Amusez-vous bien ♪



By Jil ♪
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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Lun 08 Mar 2021, 15:46

[Évent] - La bêtise Zwbn
Image par Kelogsloops
La Bêtise



Adriæn fixait sa génitrice avec effroi. Elle était petite mais dotée d’une prestance significative. Il se tenait droit, tout en essayant de ne pas trembler, à la fois de peur et de rage. Sa mémoire, comme une échappatoire, le ramena des années en arrière, lorsqu’il avait échoué sur les Terres des Magiciens. Il y avait été éduqué afin d’être au fait des coutumes des Bipèdes. Il parlait donc le langage commun et avait appris les Murmures de l’Écume chez lui, auprès de plusieurs gouvernantes. De temps en temps, il avait reçu la visite de quelques-uns des membres de sa famille, de passage à Vervallée pour les besoins du commerce. Il n’en avait rien tiré d’intéressant, ou si peu. Les adultes Kælaria ne l’avaient jamais réellement considéré. On lui avait appris très tôt que les femmes dominaient la société ondine. Néanmoins, ce n’était pas le cas à la surface, surtout chez les détenteurs de la Magie Bleue. L’égalité entre les sexes prônait dans la plupart des domaines, bien que certains rôles - notamment dans la séduction - fussent genrés. Les Magiciennes étaient des midinettes et les Magiciens venaient les conquérir. C’était la base, même s’il y avait de nombreuses exceptions. Les relations homosexuelles étaient naturelles et chacun était libre de définir son rôle, à moins de faire partie de la noblesse, beaucoup plus stricte concernant la tradition et l’étiquette. La Royauté en était entourée, à s’en donner mal au crâne. Néanmoins, tout le temps de sa vie à la surface, il n’avait jamais ressenti un tel frisson. Aux yeux de sa mère, il n’était rien ; qu’un homme, inutile de fait. Dans ses prunelles acérées, il y avait un message clair : Je n’attends rien de toi, être inférieur. Essaye simplement de ne pas me faire honte.

Pendant qu’elle l’examinait, il pensa à Læn, à la réaction du jeune homme face à un tel regard sur sa personne. Il aurait sans doute ressenti la même chose que lui mais sa fougue aurait pris le dessus. Il lui aurait craché un commentaire salé au visage, avant de se prendre un taquet et de s’aplatir comme une raie. Il l’avait rencontré lorsqu’ils étaient enfants, au sein des Palais de Coelya. Adriæn l’avait minutieusement observé. Il en avait conclu qu’il n’était qu’une petite boule de nerfs sans logique. Cependant, il avait été attiré par le Magicien. Il y avait quelque chose en lui qui lui rappelait l’océan, sans qu’il ne sût pourquoi. C’était instinctif. Il l’avait aidé à de nombreuses reprises, en le vengeant des coups et des blessures qu’il recevait. Lui ne réfléchissait jamais, là où Adriæn pouvait mettre un mois à tirer des ficelles pour obtenir ce qu’il voulait. Il désirait plus que tout être proche de Læn. Un jour, alors qu’il lui avait sauvé la mise une énième fois en prévenant un adulte qu’une bagarre était en train de se dérouler, il lui avait murmuré : « J’aimerais que tu sois à moi. Je te protégerai. ». Le clone avait tourné ses yeux noisette vers lui et lui avait rétorqué, en essuyant d’un revers de main le sang qui s’échappait de ses lèvres : « Je ne suis à personne ! Et je n’ai pas besoin de protection ! ». Ça avait choqué Adriæn et, à partir de ce moment précis, il avait désiré qu’il fût à lui plus que tout. Il se l’était promis : il l’enserrerait petit à petit dans son filet et, le moment venu, il lui ferait comprendre sa situation. Il serait piégé et soumis à ses volontés. Il n’aurait même plus la force de se défendre. Il lui aurait limé les dents et les ongles, pour le rendre inoffensif.

La voix de sa génitrice ramena Adriæn au moment présent. Elle n’avait pas formé une phrase, juste émit un son de réflexion. Son physique ne lui convenait pas mais, après tout, était-elle réellement surprise, venant d’un mâle ? Trop chétif. Trop quelconque. « Tu ressembles à ta sœur. » finit-elle par dire, en s’adressant à lui directement pour la première fois de l’entretien. Il ne retint pas ce fait mais simplement la mention de sa jumelle. Lana. Sa sœur au visage inconnu. Sa sœur qu’il avait imaginée mille fois. Sa sœur qui, il en était certain, le rendrait entier. Il ne l’avait jamais rencontrée. Il voulait la voir, et l’avoir. Au plus profond de ses nuits sans sommeil, il avait dessiné les courbes de son corps et parcourut ses lèvres fantasmées du regard. La séparation lui semblait rude. Il ne s’en rappelait plus mais il l’avait vécue comme un traumatisme. Il sentait, au fond de lui, qu’il lui manquait quelque chose. Alors, le fait de s’entendre dire qu’il ressemblait à sa sœur lui plut. Ce n’était pas un compliment dans la bouche de sa génitrice mais ça n’avait aucune importance à ses yeux. Ce qu’il désirait, plus que de posséder Læn, c’était fusionner avec Lana. Il nourrissait de hautes espérances, si hautes qu’il finirait probablement déçu. À ses yeux, la déception n’existait pas. Il était convaincu qu’ils pourraient se comprendre d’un regard, qu’ils aimeraient les mêmes activités et que le vide au fond de son ventre se comblerait sous le regard de son double féminin. Ils avaient été conçus ensemble et avaient partagé l’espace à l’intérieur du ventre de leur mère. Ils étaient forcément liés, d’une façon ou d’une autre. Qu’il lui ressemblât était une aubaine, une excellente nouvelle. Il eut envie de la voir, tout de suite. « Qu’importe. » finit par murmurer sa mère. « Si je t’ai fait venir, c’est pour une tâche en particulier. » Son attention s’affûta. « Mais j’imagine que je perdrais mon temps à essayer de t’expliquer moi-même. Tu peux disposer, un servant s’occupera de te faire part des grandes lignes. » Dans son esprit, Adriæn ne put retenir un commentaire salé. Il se jura qu’il étranglerait ce thon à la moindre occasion dès qu’il en aurait les moyens.

Bien qu’au courant des grands principes régissant le fonctionnement de son peuple, le fait de vivre loin de l’Océan avait rendu Adriæn légèrement plus inculte que les autres Ondins sur la question. Depuis qu’il avait rejoint les siens, il découvrait des éléments qu’il n’avait pas perçus depuis la surface. Par exemple, il n’avait pas eu vent de l’absence significative de la Reine des Abysses du trône. Elle n’y avait plus été vue depuis de nombreuses lunes et les Deslyce essayaient actuellement de gérer son silence. Elles marchaient sur des œufs, eu égard à la réputation de la concernée. Si, demain, elle revenait et que les choses n’avaient pas été dans le sens qu’elle entendait, les rumeurs disaient que certaines têtes tomberaient. Celle de l’Ondin ne risquait rien, ce qui rendait croustillants tous les potins qui tombaient au creux de son oreille depuis des jours. Il avait, en effet, relayé un autre Ondin au tri de certaines richesses, ramenées des navires par des femelles. La tâche l’ennuyait profondément. Il se sentait comme puni à compter et consigner chaque trouvaille. Assis à une table, il attendait qu’un homme lui rapportât les objets avant de cocher des cases. L’ennui amenait sa pensée à être bien plus active, ou totalement absente. Son attention dérivait facilement vers les lèvres volubiles des autres Ondins. Ils parlaient même d’un changement de royauté imminent, en chuchotant. Le règne de Vanille Caël Deslyce avait été aussi long que mouvementé. Seule, puis en compagnie de Nastaé Daeloran, puis de nouveau seule, avant d’être déchue un temps par Lilwenn caël Deslyce. La Dévoreuse avait fini par reprendre la main, sans que la communauté internationale ne réagît plus que cela. Fort de ces informations, qui lui avaient été particulièrement répétées durant l’enfance, Adriæn, tout en triant des trésors inestimés - parfois encore recouverts de sang - se demandait à quoi ressemblerait la prochaine Souveraine, si Souveraine nouvelle il y avait. Et si les hommes avaient été bannis de la Couronne, pour une raison qu’il ignorait, il se questionnait également sur sa propre capacité future à devenir Roi. Sa première rencontre avec sa mère ne s’était pas bien passée. Au fond de lui, une graine de rage avait été semée. Si toutes les femmes étaient comme sa génitrice, alors il travaillerait, jusqu’à les museler toutes. Il ne voyait pas en quoi sa condition d’homme était un problème en soi. S’il ne parvenait pas à se faire entendre, alors il crierait plus fort que les autres réunis. Ce n’était qu’une question de temps.

1405 mots


[Évent] - La bêtise 4p2e
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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mar 23 Mar 2021, 19:00




La bêtise

Evénement



Elle l’ignorait, mais Lana bénéficiait d’un traitement de faveur. Sur terre, elle n’aurait pas toujours été si bien considérée. Ailleurs, le féminin pouvait se teinter de faiblesse. Elles étaient celles qui étaient pénétrées, celles que l’on pouvait souiller, celles que l’on pouvait prendre. Sous les eaux, la féminité s’alliait à la puissance. Elles étaient celles qui accueillaient, celles qui invitaient en elles, celles qui accordaient un cadeau inestimable à ceux qu’elles agenouillaient devant elles. Celles qui possédaient le secret de la vie, et qui l’entretenaient patiemment durant neuf mois, dominaient ceux qui n’avaient qu’à donner leur semence en quelques secondes. C’était un ordre qui n’avait rien de naturel. Toutefois, il existait d’une façon si présente qu’il constituait le fondement de la société ondine. Les filles et les femmes avaient tous les droits et on leur trouvait souvent toutes les excuses du monde pour justifier leurs méfaits. Les hommes se soumettaient, subissaient ou acceptaient – le tout, en silence.

« Aïe. Vous me faites mal. » dit-elle en portant sa main jusqu’à l’une des aiguilles que le coiffeur implantait dans ses cheveux. « Faites attention. » Dans le miroir, son regard bleu percuta celui de l’homme. « Veuillez m’excuser, madame. » - « Hum. » Elle retira sa main et le laissa poursuivre son travail. Après avoir démêlé sa longue chevelure, il avait commencé à créer la coiffure que sa mère avait requise. Il s’agissait d’une tresse longue et épaisse, agrémentée de plusieurs torsades de perles. La jeune femme portait une robe bleu nuit et de fines chaussures blanches. C’était un jour spécial. Peu de temps auparavant, elle avait quitté la maison d’éducation. Ce midi, un repas était organisé afin de la présenter convenablement au reste de sa famille. Elle connaissait déjà ses parents et ses grands-parents, mais elle n’avait pas rencontré ses frères. Ils vivaient en dehors de la maison familiale, à la différence de ses sœurs, les jumelles Deana et Masha, âgées de dix-huit ans. Le cœur virevoltant, elle se demandait si son jumeau serait là. Peut-être serait-ce aussi l’occasion de l’introduire dans la famille ? Elle avait si hâte de le rencontrer ! Inexplicablement, elle était certaine que cela comblerait le vide qui la rongeait. Ses doigts coururent sur une parure de perles, posée devant elle. Ce monde-ci n’avait que peu de choses à voir avec la maison d’éducation. Elle y était à la fois plus libre et plus enchaînée.

Le domestique se munit d’un miroir à main et recula. « C’est terminé, madame. » Il bougea la glace, de sorte qu’elle pût observer son œuvre sous toutes les coutures. Elle plissa les yeux, désireuse de trouver quelque chose à redire – il y avait quelque chose, chez cet individu, qui lui déplaisait profondément, et lui donnait envie de lui mener la vie dure. Malheureusement, il avait réalisé son travail à la perfection – du moins, de son point de vue de néophyte. « C’est bien, merci. » répondit-elle du bout des lèvres. Puis, elle le congédia.

Lorsque Lana fit son entrée dans la salle de réception, ses prunelles scrutèrent immédiatement les visages. Ses parents et ses grands-parents étaient assis sur des canapés. Sur la table basse, un vase contenait une gerbe de plantes aquatiques colorées – protégées par une bulle remplie d’eau salée. Derrière le bouquet se tenaient Deana et Masha, côte à côte et souriantes. La jeune Ondine fronça le nez. Elle les connaissait très peu, mais elle ne les aimait pas beaucoup. En vérité, elle les jalousait. Elles avaient grandi ensemble. Elles n’avaient jamais été séparées. Plus tard, elles lui feraient même comprendre qu’elles valaient mieux qu’elle, parce qu’elles étaient deux filles. Lana avait eu la malchance de partager le ventre de sa mère avec un garçon. Elle aurait dû dévorer son embryon. Elles ne pouvaient ni ne voulaient comprendre sa douleur. Elles étaient le reflet de l’injustice qu’elle vivait.

Il n’y avait personne d’autre. Une déception, qu’elle espérait temporaire, lui froissa le cœur. « Viens, ma chérie. » lui intima sa grand-mère maternelle en l’appelant d’un geste de la main, avant de tapoter une place à côté d’elle. L’adolescente sourit, s’avança et s’assit près d’elle. « Mes frères ne sont pas arrivés ? » demanda-t-elle à sa mère. « Ils sont passés se renseigner sur le tri des butins qu’ils effectueront cet après-midi. » - « Oh. » C’était un jour spécial, aussi parce que c’était un jour de naufrage. Surtout, c’était le premier auquel Lana participerait. Depuis quelques temps, la couronne – ce qu’il en restait, en tout cas – encourageait vivement les Sirènes à attaquer les navires et à les piller. Les massacres se perpétraient depuis une bonne semaine. La jeune fille avait fouillé des épaves à la recherche de trésors cachés, mais elle n’avait pas encore eu le droit de goûter au sang des Gælyan. Avait-il le même goût que celui des Ondins ? Elle en doutait, car elle avait déjà noté des différences entre les individus. Elle ignorait pourquoi il variait. La question était délicate à poser, mais pas moins intrigante.

Lorsque ses frères arrivèrent, Lana perçut immédiatement le problème. Ils étaient deux. Pas trois. Il en manquait un. Son cœur se serra. Elle les détailla. Ils avaient tous les deux l’air bien plus âgés qu’elle, et elle ne se reconnut ni dans l’un, ni dans l’autre. Du moins, pas comme elle l’avait imaginé. Ils se ressemblaient, mais pas au point de se confondre. Pas comme Deana et Masha se ressemblaient. Ils ne portaient pas la marque de sa gémellité. La conclusion était sans appel. Adriæn n’était pas là. Une vague de tristesse se fracassa sur la Sirène. La colère et la frustration détruisirent ses digues. Elles se jetèrent sur son palpitant. Comme l’adolescente essayait de faire bonne figure, elles s’attelèrent à une tâche plus fastidieuse : lentement, elles noyaient son pouls. Ses sourires ne trompaient personne. Elle voulait faire croire ; mais elle n’avait même pas la force de s’illusionner. Derrière ses yeux bleus, le niveau de l’eau montait.

« Mère a demandé à ce que tu restes près de nous, d’accord ? » Lana regarda sa sœur. « D’accord. » - « Ces imbéciles de Gælyan ne sont pas aussi incompétents qu’il y paraît. Ils pourraient te tuer. » Le sourire que Deana lui servit lui parût plus carnassier que tous ceux qu’auraient pu lui adresser les terriens. Elle frémit, mais ne dit rien. Elle voyait bien que les jumelles s’amusaient à lui faire peur. Elle était trop en colère pour avoir craindre leurs chimères. Cette émotion avait cela de beau : elle avait tendance à offrir tout le courage du monde.

Les trois filles avaient défait leurs cheveux et quitté leurs vêtements. Elles ondulaient entre les bras de l’Océan, le visage tourné vers la surface. D’autres Sirènes, plus âgées et plus expérimentées, les guidaient. Les gardes-mers avaient repéré plusieurs navires de marchandises. La danse des ombres de leurs coques leur donnait l’impression qu’ils louvoyaient sur les vagues mouvantes. À bord, des centaines de marins s’apprêtaient à rejoindre les flots. Ceux qui avaient oublié les Ondins s’en souviendraient. Ceux qui ne les craignaient plus pleureraient en croyant entendre leurs chants. Ceux qui ne les connaissaient pas prendraient conscience de leur fragilité face aux maîtresses des mers. Ils voulaient tous dompter l’Océan. Cet orgueil propre aux terriens révoltait Lana. Elle avait appris à les détester et à les mépriser. À l’image de ses pairs, elle n’éprouverait aucune pitié à les faire sombrer. Mieux, elle se délecterait de ce spectacle. Elle en était convaincue. Elle attendait avec impatience. Ses premiers fredonnements l’excitèrent d’autant plus : comme une bête sauvage, elle avait envie de se jeter sur la première proie qui se présenterait.

Pourtant, lorsque le premier bateau se brisa contre des rochers et que les hurlements des Gælyan répondirent au chœur des Sirènes, elle se tut et se figea. Plus aucune note ne semblait vouloir résonner entre ses cordes vocales. Un long frisson horrifié dévala son dos. Le mat du navire se cassa en deux et chuta sur le pont, déclenchant une nouvelle salve de cris. Des corps commencèrent à tomber, et lentement, le saphir devint rubis.



Message unique – 1351 mots


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Ven 26 Mar 2021, 07:09




La bêtise

Evénement | Kiara



Toc toc. Kiara se redressa brusquement. Assise sur son lit, elle scruta la porte avec curiosité, puis méfiance. Un pressentiment inexplicable lui serra le cœur. Avant qu’elle eût le temps de parler, un clic se fit entendre, et l’entrée de sa chambre s’ouvrit. Lana apparut, vêtue d’une robe de chambre blanche et vaporeuse. Ses longs cheveux, défaits, tombaient sur sa poitrine. Son visage marbré n’exprimait rien. Elle avait toujours été forte à ce petit jeu-là – celui de masquer ce qui se tramait dans son esprit –, du moins aux yeux des autres jeunes gens. Les adultes étaient souvent plus perspicaces ou trop imposants pour qu’elle parvînt à garder son sang-froid devant eux. Toutefois, la Rehla ne doutait pas qu’elle y parviendrait, plus tard. Elle le sentait. « Lana ? Qu’est-ce que tu fais là ? » - « Je voulais te voir. » - « Pourquoi ? » L’adolescente ne répondit pas. Sans quitter son amie des yeux, elle s’approcha d’elle. La fille à la peau mate frissonna. Il y avait parfois dans les prunelles de Lana une intensité qu’elle trouvait insoutenable.

Parvenue près du lit, elle souleva les draps et se glissa dessous. La Miirafae la regarda, puis jeta un regard circulaire à la pièce. « Comment es-tu entrée ? Tes parents savent que tu es ici ? » Elle ne dit rien. « Lana ? » - « Je suis fatiguée. » souffla-t-elle. « Pardon. » Elle n’avait pas envie de l’épuiser encore plus avec ses questions. En vérité, peu importait de savoir comment elle était parvenue jusqu’ici et si sa mère était au courant. Si elle était là, c’était qu’elle le devait. C’était qu’Oni l’avait décidé ainsi. Peut-être avait-elle un rôle à jouer ? Peut-être devait-elle dire quelque chose ? « Recouche-toi, s’il te plaît. » Kiara obtempéra. Elle s’allongea sur la tranche, tournée vers son amie. Elle avait fermé les yeux. Durant quelques secondes, elle la contempla. « Tu sais que si tu as besoin de parler, je suis là, pas vrai ? » Ses paupières s’ouvrirent lentement. « Je sais. Tu es la seule qui me comprends. » La fille des étoiles sourit avec douceur. « J’essaye. » Ce n’était pas toujours facile. Elle adorait Lana, mais parfois, elle peinait à trouver du sens à ses agissements. Elle la savait torturée, d’une façon ou d’une autre. Si elle pouvait l’aider, elle en était ravie. Tandis que l’adolescente se glissait entre ses bras, elle fit grimper une main dans ses cheveux, et les caressa délicatement.

Le souffle de son amie se brisait contre son cou. « C’était bien, l’abordage ? » s’enquit-elle. Sa mémoire s’était brutalement activée, presque sans son accord. Elle avait su que c’était le sujet qu’elle devait aborder, maintenant, pas plus tard, et de cette façon-là. Lana se redressa pour la regarder, puis se recoucha. « Oui. On a fait de belles prises. » Kiara acquiesça. Elle avait effectué quelques fouilles dans les bateaux coulés par ses consœurs. Elle avait trouvé quelques objets précieux : des pièces d’or, un chandelier en argent, des bijoux et de la vaisselle. À son grand soulagement, elle n’était pas tombée sur un cadavre. La mort, sous toutes ses formes, lui faisait peur. « Tu as participé, toi ? » - « Non. Mes parents ont décrété que je n’étais pas prête. J’ai juste fouillé quelques navires. » Même si elle ne la voyait pas, elle devina que l’Ondine avait froncé les sourcils. « Tu n’as rien dit ? » - « Non. Je leur fais confiance. » - « Hum. Je n’aurais pas aimé que ma mère repousse encore le moment. » Elle l’avait fait languir durant de longs jours. Sans doute avait-elle décelé l’impatience qui hantait sa fille ? « Elle préférait peut-être être sûre que tu sois bien préparée. » - « Je l’étais. » répondit-elle aussi immédiatement que sèchement. Un silence éloquent suivit. « Je suis une Sirène. C’est dans ma nature, d’être douée pour ça et d’aimer ça. Comme toi. » Elle se redressa sur un coude et plongea ses saphirs dans ses ambres. Kiara, qui fixait le plafond, tourna la tête vers elle. Elle la dévisagea. « Moi, je crois que j’aurais eu peur. » - « Parce que tu es une froussarde. » Elle pinça les lèvres et fronça les sourcils, piquée malgré elle. « Peut-être. Ou simplement parce que c’est impressionnant et effrayant. J’ai entendu quelques trucs, là-dessus, et franchement, ça n’a pas toujours l’air drôle. Les cris, les morts… » Elle frémit. « Ce sont des Gælyan. Ils méritent de mourir. » Une onde de choc, invisible mais douloureuse, la secoua. Elle détailla Lana avec plus d’attention encore. Elle était une Gælyan. Elle appartenait à cette espèce que son amie condamnait sans aucun état d’âme. L’aurait-elle tuée, si elle avait su ? Non. L’amitié primait. Elle l’aimait véritablement. Elle aurait été incapable de l’éliminer. Elle parlait ainsi parce qu’ils lui étaient complètement indifférents. « C’est violent quand même. » souffla-t-elle. « C’est le juste prix. »

Kiara l’ignorait, mais Lana répétait ce que les adultes de sa famille avaient dit, lorsqu’ils avaient compris les difficultés qu’avait soulevées la vision de ces scènes pour la benjamine. Elle s’était sentie profondément humiliée par leurs paroles. Ce souvenir raviva sa culpabilité. Un élan de violence la happa. Elle se propulsa pour se placer à califourchon sur la fausse fille de l’eau. « J’ai goûté leur sang. Il est aussi pourri que leur âme. » Et sans demander, elle s’inclina. Ses lèvres glissèrent dans le cou de l’adolescente. Celle-ci eut l’impression qu’elle y déposait des baisers, puis elle sentit ses dents s’enfoncer dans sa chair. Un petit cri de douleur lui échappa tandis que ses doigts se resserrait autour de la peau de sa prédatrice. Son étreinte devint plus pressante. Son pouls et son souffle s’accélérèrent. Le sang, chaud et poisseux, coula contre son épiderme et jusque dans ses cheveux. Rapidement, elle sentit une chaleur derrière sa tête et devina que l’oreiller bleu était maculé de carmin. L’une de ses mains remonta dans les cheveux soyeux de Lana et se referma autour de quelques mèches.

Ces échanges la troublaient. Au début, ils avaient été pénibles et non-consentis. Elle s’était débattue. Elle avait craint de croiser son amie. Elle avait eu peur du mal qu’elle pouvait lui faire. Puis, peu à peu, il s’était passé quelque chose. Leur relation avait évolué vers des sphères plus profondes et intimes. Le contact des lèvres, de la langue et du corps de la Kælaria avait provoqué chez la Miirafae des sensations inattendues. Elle n’aurait su comment les qualifier et ne les avait jamais verbalisées. Une part d’elle-même savait que cela n’avait rien de normal. Ce n’était pas nécessairement sexuel. Elle ne se pensait pas non plus amoureuse de l’Ondine. Néanmoins, il y avait indéniablement quelque chose, chez elle, qui l’attirait et la retenait. Sans qu’elle sût l’expliquer, cette impression se rattachait à un puissant sentiment de honte.

Lorsque Lana eut terminé, elle se redressa et s’essuya la bouche d’un revers de main. Les mains de Kiara glissèrent dans son dos jusqu’à s’ancrer sur sa taille. Il y eut un moment de suspension ; puis la prédatrice se laissa tomber sur le côté, repue, et la proie se tourna pour attraper au plus vite un mouchoir en tissu, qu’elle appliqua fermement sur sa plaie. Elle ferma les yeux. Désormais, son cou l’élançait. C’était toujours comme ainsi. La douleur se réveillait après.

De nouveau sur le dos, elle sentit que son amie se rapprochait. Elle se mit à lui caresser les cheveux, à la façon d’une mère avec son enfant. Désormais, elle était certaine qu’elle lui avait menti. Elle n’avait pas bien vécu l’abordage. À chaque fois qu’elle allait mal, elle se ruait sur sa gorge. Kiara l’acceptait, parce qu’elle préférait qu’elle passât ses nerfs sur elle plutôt que sur quelqu’un d’autre – officiellement – et parce qu’en dépit de tout, c’était la preuve qu’elles partageaient un lien spécial et unique – officieusement. « Le tien est meilleur. Il a un goût plus pur. » Puis, elle se blottit contre elle. « J’ai rencontré mon frère, aussi. » La Rehla rouvrit les yeux, tourna la tête et la scruta. « Alors ? » Lana haussa les épaules. « Il aurait mieux fait d’être une femme. »



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Ven 02 Avr 2021, 17:09


La bêtise
Davina


Le jeune homme s’accouda sur le bastingage du navire, son regard parcourant l’horizon. La météo était clémente, laissant une vue claire et dégagée sur l’infinie étendue d’eau qui entourait le bateau. Avec un soupir distrait, il laissa son imagination le porter vers quelques rêveries chevaleresques : l’aventure l’appelait, c’était pour cela qu’il avait quitté le continent et avait décidé de partir loin de ses proches, seul, avec rien de plus qu’un sac et son armure brillante. Il aurait pu user d’autres moyens de locomotion que cette vieille bicoque - à commencer par les portails magiques dans lesquels sa famille excellait - mais cela ne lui semblait guère héroïque. Ce n’était pas en précipitant son voyage qu’il parviendrait à réaliser l’épopée pour laquelle il était prédestiné - il en était certain : son destin lui réservait de fabuleuses péripéties, qui le rendraient connu ! Tous n’auraient plus que son nom à la bouche, d’ici quelques mois, peut-être même quelques jours s’il était véritablement chanceux. Il ne savait pas encore ce qui l’attendait mais il ne se faisait aucun souci : l’univers avait jusqu’ici toujours été clément avec lui et il ne doutait aucunement qu’il continuerait à l’être.

Une main se posa abruptement sur son épaule et l’arracha à ses rêvasseries, en même temps qu’elle l’éloignait du bord du navire. “Attention, fiston !” le rabroua un vieux matelot. Il avait la peau ridée et tannée par le soleil - ou peut-être était-ce l’effet de la crasse- qui contrastait avec ses cheveux blancs, lissés sur l’arrière de sa tête. Ses yeux semblaient vifs. “Tu n’as pas entendu ? La mer est dangereuse ! Surtout ces temps-ci ! Tu ne veux pas attirer l’attention de l’un de ces démons des océans !” le mit en garde le marin, jetant un regard empli de haine et de crainte sur les vagues en bas de la coque. Le mage, effronté et orgueilleux, se contenta de lâcher un simple rire. “Vous et vos histoires !” s’amusa-t-il, ce qui sembla renfrogner davantage le vieillard. “La mer vous semble toujours dangereuse, et pourtant, vous continuez à y retourner inlassablement !” "Je dois bien travailler pour vivre. Ça ne veut pas dire que la mer n’est pas dangereuse.” insista l’homme. “Oui oui, j’ai déjà entendu la rumeur. Des attaques de sirène. Mais vous savez, il y a toujours eu des histoires de Sirène sanguinaires, ravageant les navires, les poussant au naufrage. Vous savez, je pense que ces pauvres dames sont accusées à tort de tous nos malheurs, depuis les agissements de leur reine. Mais moi, j’ai rencontré une sirène - une vraie de vraie. Elle était tout à fait charmante. Rien à voir avec ces fadaises que vous racontez, vous autres. Et puis, la mer est calme aujourd’hui. Regardez ce temps radieux !” souligna le savant, en désignant les cieux d’un mouvement de main. “Tss, maudit gamin !” rouspéta le matelot en s’éloignant de l’ingrat, retournant à ses corvées. L’idéaliste se retourna vers l’eau, s'immergeant aussitôt dans ses fantasmes héroïques.

Le mage ne sortit de ses pensées que plusieurs heures plus tard, lorsqu’il remarqua, en contrebas, une silhouette au fond de l’eau. Intrigué, il se pencha en avant. Une écaille sembla luire dans la faible lumière de la fin de journée - le ciel s’était couvert, à présent, et les vagues étaient devenues houleuses, capricieuses. La bateau fit une embarquée qui lui fit perdre l’équilibre : il manqua de peu de tomber, s’éloignant prestement du bastingage pour ne pas terminer sur le postérieur. C’est à cet instant qu’il la remarqua. Une femme, debout sur le parapet du bateau. S’accrochant au cordage, elle fixait l’horizon, comme il l’avait fait plus tôt - son regard à elle, cependant, n’exprimait aucunement l’excitation du voyage ou l’espoir de la fortune; on pouvait au contraire percevoir une certaine mélancolie, une sorte de désolation, comme si elle s’apprêtait à être témoin d’une scène qui l’attristait. “Mademoiselle ?” appela le juvénile, s’approchant doucement pour ne pas l’effaroucher. Il n’était pas au courant qu’une femme était présente sur le bateau - s’il l’avait su, il aurait sans doute essayé de la courtiser, dans ce même espoir fou de trouver l’âme-sœur durant son périple. Elle ne porta aucune attention à l’appel : le noble s’autorisa donc quelques pas supplémentaires dans sa direction, jusqu’à être à ses côtés. Maintenant qu’il se trouvait tout proche d’elle, son aura lui paraissait étrange, le mettant mal à l’aise. “Mademoiselle ? Est ce que tout va bien ?” Cette fois-ci, l’inconnue ne l’ignora pas. Avec une agilité déconcertante - comme si les remous du navire ne l’indisposaient aucunement - elle se tourna face au jeune homme, sans pour autant descendre du garde-fou. Un sourire sans joie se dessina sur ses lippes. D’un geste maternel, elle replaça une mèche de cheveux derrière l’oreille du garçon puis lui caressa la joue. “Ecoute. Elles viennent chanter pour vous.” murmura-t-elle. “Pardon ?” demanda l’aventurier avec un mouvement de recul, troublé par ses propos. “Par Aylidis  !” la voix choquée du vieux matelot força le passager à se tourner dans sa direction. Son visage était couvert d’effroi, braqué dans la direction de la femme. Puis soudainement, l’homme se mit à exécuter d’étranges gesticulations, comme pour chasser quelque chose autour de lui. Papillonnant des yeux, le plus jeune se tourna pour interroger sa camarade. Pourtant, elle avait disparu : personne ne se tenait plus à ses côtés. Avec un cri de stupeur, il s’approcha du bord : “Par les Ætheri, elle est tombée !” hurla-t-il, cherchant frénétiquement la silhouette de celle qui devait être en train de se noyer. “Il faut faire quelque chose !” s’insurgea-t-il en se tournant vers le matelot, toujours occupé avec ses singeries. "Lançons-lui un cordage !” “Hors de question !” se révolta le vieillard, ce qui offusqua le sauveteur. “Comment ? Une femme est en train de mourir et vous - “ “Sot ! Ce n’était pas une bonne femme, que vous avez vu là ! C’était une Noyée ! Une messagère d’Aylidis, là pour diriger ses monstrueuses filles sur nous !” s’époumona le vieil homme avec affolement. “Nous sommes perdus ! Nous allons sombrer, dévorés par ces viles tentatrices !” “Tss !” Le preux chevalier secoua la tête et voulut chercher de l’aide auprès des autres matelots. Ces derniers, cependant, en entendant les divagations de leur collègue, affichaient désormais tous une mine horrifiée. En quelques secondes seulement, la panique se répandit dans les rangs des marins.

Cessez donc avec vos histoires ! Une femme se noie !” hurla le jeune homme, comme si ses ordres étaient à même de ramener le calme dans les rangs des superstitieux. Il n’en fut rien et, devant l'échec de son autorité, il décida de venir lui-même en aide de la malheureuse. N’écoutant que son courage - car c’était là la qualité des Héros - il s’apprêta à sauter par dessus le bastingage. C’est là qu’il l’entendit. Le chant. Envoûtant. Hypnotique. En un instant, il oublia sa mission de sauvetage : ne comptait plus que cette voix délicieuse qui semblait l’appeler, et qui le forçait à scruter les fonds marins à la recherche de celle qui l’invitait en son sein. Quelques secondes plus tard, il se trouvait face à la chanteuse, portée à sa hauteur par une puissante vague. L’inconnue était d’une rare beauté. Aussi, lorsqu’elle se pencha pour sceller leurs lèvres, il ne fut que trop empressé de se jeter dans ses bras. Leurs bouches unies, ses poumons se remplirent soudainement d’eau de mer - comme s’il était tombé et qu’il était en train de se noyer. Avant de comprendre ce qu’il lui arrivait, il se retrouva avalé par l’océan, incapable d’échapper à son destin, beaucoup moins glorieux que ce à quoi il aspirait.

Davina lévitait au-dessus de la mer - les vagues indomptables la traversaient sans qu’elle ne réagisse. La mélodie des Sirènes la berçait presque. C’était un chant délicat, sublime. Dommage qu’il apporta la mort et la désolation de ceux qui l’entendaient - pas d’elle, cependant : elle n’avait plus de vie à donner. De nouveau, elle se pencha au-dessus du garçon. Il lui semblait vaguement familier - ou plutôt, il lui rappelait quelqu’un, quelqu’un qu’elle aurait préféré oublier car ce souvenir se révélait trop douloureux à supporter. Elle porta sa main à son visage et l’effleura, avant de s’emparer de l’âme qui luisait au niveau de sa gorge. Il était tragique de penser qu’elle était celle qui lui apportait la mort. Après tout, c’était en voulant la secourir qu’il s’était jeté dans les bras de sa funeste destinée.

Merci pour l'event. nastae
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