Vaès
Secret Base - Ahohana (Guitar Cover by Sungha Jung)

~ Le RP fait suite à Sous le ballet des carpes ~

Partenaire : Me, myself and I ♪
Intrigue/Objectif : Isiode réceptionne Vaès dans l’entrepôt où se trouve Ōlseaga et établit sa première connexion avec ce dernier.

Nous passâmes un par un l’encadrement de l'entrée, les conversations s’essoufflant étrangement par la même occasion. Puis, la porte se referma doucement dans notre dos, conclusion silencieuse de notre voyage au cœur des Terres d’Émeraude.

« Bienvenue dans notre appartement! » Exhala Isley en offrant un sourire à notre invitée tout en réajustant le sac qu’il laissait pendre à son épaule par l’une de ses bretelles.

Dans le même temps, nous pûmes entendre un claquement de sabot sur le parquet du salon, accompagné par un léger tintement de grelot que nous fûmes en mesure de reconnaître aussitôt. Deux silhouettes se rapprochaient de notre position, emplissant l’air des miaulements de l’un et du bêlement vibrant de l’autre. C’était comme si les animaux n’avaient attendu que notre retour pour réaliser cette entrée synchronisée.

« Salut vous deux. On vous a manqué? Hiddleston s’est bien occupé de vous pendant notre absence j'espère. »

D’un geste attentionné, la jeune femme se pencha jusqu’au sol, posant un genou à terre pour les dorloter. Le matou et le caprin paraissaient grandement appréciés les attentions de la Sœrei, l’expression de leur visage s’altérant pour afficher un air de ravissement sincère. Un sourire s’étirant jusqu’aux lobes de ses oreilles, Muramasa se retourna vers son amie, l’invitant à se rapprocher sans crainte. Même si les doutes avaient plané un certain temps au-dessus de la tête du félin, peu à peu, nous commencions pourtant à oublier qu’il était peut-être la raison ayant amené ce pauvre Ōlseaga à être enfermé entre les quatre murs de cet entrepôt. Cependant, depuis cet incident, rien de suspicieux ou de dangereux avait émané du noiraud. Il continuait simplement de se comporter comme un véritable chat de salon.

« La chèvre se nomme Raclette et le chat, Pepito. Raclette, Pepito, voici Wakiya, annonça tranquillement l’Orine à la chevelure de cuivre en passant une main affectueuse sur leur crâne. Elle habitera avec nous pour un temps, alors soyez gentils avec elle, c’est compris? »

Si les animaux n’avaient aucun moyen de comprendre ses propos, le chat étira tout de même son cou vers la nouvelle venue pour la renifler, tandis que la chèvre se contentait de l’étudier de ses pupilles horizontales. Les laissant faire connaissance, je retirais ma veste de sur mes épaules, l’accrochant à la penderie de l’entrée à côté du blouson dont mon frère s’était, lui aussi, délesté. Puis, à mon tour, je m’avançais en direction de la brune, m’arrêtant à sa hauteur pour lui tendre l’une de mes mains afin de prendre ses bagages.

« Suivez-moi. Je vais vous montrer votre chambre pour la durée de votre séjour. »

Pourtant, je ne la guidais pas directement jusqu’à celle-ci, profitant de l’occasion pour lui faire un tour de l’habitation. En traversant le seuil de l’entrée, nous débouchions directement dans le grand salon de l’appartement, duquel il était alors possible de noter la présence d’une porte menant à l’extérieur, sur un balcon particulièrement vide. Étant homme de simplicité avant d’être homme de beauté, je n’avais pas investi celui-ci de plantes et de décorations comme la plupart de mes voisins, laissant plutôt le duo chaises et table de patio embellir à leur manière la plateforme en bois, cernée par une balustrade en verre légèrement teintée. Sur la gauche du salon, deux ouvertures, séparées par un long mur qui dissimulait la salle à manger, menaient respectivement à la cuisine et au couloir. Ainsi, je l’invitais, tout d’abord, à me suivre pour lui présenter la cuisine et la salle à manger, qui lui était attenante. De là, toujours sur notre gauche, nous progressâmes le long du couloir, dépassant en deux foulées l’ouverture menant au salon. La première porte que nous croisâmes était l’entrée de la chambre que se partageait actuellement Ren et Isley. La deuxième pièce s’ouvrait dans la salle des eaux, où il y avait tous les produits et l’équipement nécessaires à la toilette, au soin pour le corps et au lavage de nos vêtements. La troisième salle, quant à elle, correspondait à ma chambre alors que la dernière pièce présente dans le couloir était une salle un peu fourre-tout, sans grande importance.

« Nous y sommes. »

Doucement, je lâchais son sac sur la chaise qui se trouvait juste en face de mon bureau, esquissant quelques pas de côté pour déposer l’étui de ma guitare non loin de mon lit. Si je ne m’étais pas attendu à en jouer énormément durant notre voyage, finalement, je m’étais retrouvé à gratter ses cordes un peu à tous les jours.

« Je vais changer les draps du lit et vous en apportez de nouveaux. »

Trente secondes plus tard, je revins auprès de Dame Sunano avec de nouveaux draps sous les bras. Ils avaient été soigneusement pliés et nous laissaient sentir l’odeur propre et frais du savon.

« Ne vous dérangez pas. Je peux faire le lit pendant que vous vous occupez de vos bagages. »

Je la gratifiais d’un sourire à peine perceptible, lui tournant le dos pour commencer mon travail. Pourtant…

« Hum? Quelque chose ne va pas? »

Je ressentais sa nervosité et en reportant mon regard dans sa direction, je m'aperçus aussitôt de sa gêne, ses doigts s'entortillant entre eux dans un tic agité. Je soupirais à ce constat, sachant pertinemment de quoi il s'agissait. Après tout, nous en avions discuté pendant notre voyage de retour.

« Au risque de me répéter, ce n'est pas un problème. Vraiment. Utilisez ma chambre comme si elle vous appartenait. Faîtes comme chez vous. »

Elle ne paraissait pas convaincue, ouvrant la bouche.

« Non, Dame Sunano. Pas de hamac. Le lit est véritablement confortable et en ce qui me concerne, je me contenterai de l'un des divans. De toute façon, je dors très peu, alors ne vous sentez aucunement gênée par le fait que je vous prête ma chambre, à Muramasa et vous. »

Après avoir terminé le lit, je défis mon sac, plaçant dans mon garde-robe le kimono et le hakama que Muramasa m’avait acheté pour le festival. Quant au masque, je le considérais un bref instant avant de le poser sur le coin de mon bureau.

« Je vais préparer le repas de ce soir. Quand vous aurez terminé de vous installer, n’hésitez pas à nous rejoindre. »


◆ 1 041 mots | Post I

Vaès
Backpacking - Sungha Jung

Comme escompté, je ne dormais pas cette nuit, mon être ne réclamant le repos quotidien de l’esprit. C’est pourquoi je profitais de mon insomnie pour prendre connaissance des différentes missives qui nous étaient parvenues durant notre absence. À cette heure, toute la maisonnée roupillait à poings fermés, même Muramasa et Dame Sunano après avoir passé une bonne partie de la soirée à discuter de tout et de rien dans ma chambre : la rumeur des commérages s’était éteinte depuis moins d’une heure déjà.

« Miaaw! »

Pepito vint me tenir compagnie en sautant sur mes genoux, s’installant confortablement tel un pacha se reposant dans ses riches quartiers. Distraitement, je passais l’un de mes doigts sur la courbe de ses oreilles, mais le matou bougea légèrement, amenant le bout de ma phalange à caresser la ligne entre ses deux yeux, alors que mon autre main alla chercher la première enveloppe de la pile. Elle était adressée à Isley, le nom de son expéditeur me disant vaguement quelque chose… Oh. C’est son formateur, me souvins-je en replaçant la lettre sur la table à manger. À son réveil, j’informerai mon frère de cet avis. En extirpant la seconde missive, mes yeux furent aussitôt saisis par les couleurs et les illustrations qui accompagnaient les lettres finement écrites du message. La calligraphie était ronde, légère, magnifiée par plusieurs courbes qui dessinaient des arabesques. Tout ce tape-à-l’œil soigné et intelligemment mesuré avait été pensé pour introduire un nouveau restaurant dans le village d’Eema, tout près du quartier où nous résidions. La brochure mettait ainsi de l’avant l’exotisme culinaire des Humains en vantant les mérites de plats emblématiques d’Utopia. Je suis certain que cela intéresserait Muramasa. Elle qui aimait tant la nourriture. Peut-êre pourrait-elle inviter Dame Sunano à y manger un morceau lorsqu’elles le désireront. La troisième lettre, à son tour, agrippa rapidement toute mon attention. Il s’agissait d’une invitation à la cérémonie d’accueil des Consuls de la Nith-Haiah, de l’Imperator Séraquiel Tarveras et de son Préfet, le soldat Gae Galadhras, qui se tiendrait dans moins d’une semaine. Tous les soldats de la région étaient invités à y prendre part afin d’honorer leur présence sur l’île. Cette fois-ci, je ne comptais pas faillir à ma tâche.

Enfin, j’ouvris la quatrième et dernière enveloppe que j’avais mis sur la table. Celle-ci était signée de la main de l’Imperio Vaughan lui-même. À ce constat, mon cœur se tut et ma respiration se bloqua au fond de ma gorge. La tête vide de toutes présomptions, je m’appliquais à lire consciencieusement sa missive. Elle était concise, moins d’une quinzaine de lignes. Il me priait simplement de le rejoindre à son bureau pour que l’on discute de mon rapport sur la cavalerie et des prochaines étapes qui nous incomberont de réaliser. Parce que oui, il avait donné son accord au projet, un soulagement silencieux s’échappant de mes lèvres. Puis, la suite me rendait particulièrement curieux :

[…] Ainsi, venez me voir dès que vous serez rentré. J’aurais une proposition à vous faire, une qui saura certainement vous intéresser.

Pendant plusieurs secondes, je lisais et relisais ce passage précis, cherchant à y décrypter ses intentions cachées. Étant l’auteur du rapport, voulait-il finalement que je présente moi-même le projet devant les Consuls, l’Imperator et l’Imperio du Premier Bataillon stationné sur l’île? Cette pensée, seule, suffit à m’engager dans une lutte violente pour déglutir, mon esprit élaborant une dizaine de scénarios afin d’anticiper ma prochaine rencontre avec l’officier.

Cependant, avec les premières lueurs de l’aube vint un événement plutôt exceptionnel. Les autres dormaient toujours paisiblement dans leur chambre quand on frappa timidement à la porte d’entrée. Je m’approchais déjà du battant lorsque le premier coup retentit, puisque les bruits de ses pas m’étaient perceptibles depuis un certain temps déjà. Pressé, légèrement nerveux, cet état ne se devinait pas simplement dans sa démarche bruyante, mais aussi dans les battements qui affolaient son cœur et que j’entendais même de l’autre côté de la porte. Que se passe-t-il? L’interrogation se lisait dans le bleu de mes yeux, lorsque je les déposais sur le faciès du militaire. Ce dernier me considéra brièvement de la tête jusqu’aux pieds, braquant à son tour ses prunelles azurées dans ma direction.

« Bon-Bonjour, Soldat Yüerell. Je suis la Recrue Tim Doroth. Je suis content de savoir que vous êtes rentré. »

Je le considérais sans un mot, espérant lui insuffler le même calme que je personnifiais actuellement.

« Oui, depuis hier soir. Est-ce qu’il y a un problème? »

Je m’avançais dans sa direction en quelques foulées seulement, le jeune homme s’obligeant à reculer de la même distance, et ce, jusqu’à ce que je referme la porte derrière moi. À ce constat, il se figea.

« Des gens dorment encore à l’intérieur, lui expliquais-je d’une voix basse. Nous ne les dérangerons pas ici.

- Oh, d’accord. Je comprends. Dé-Désolé de me présenter ainsi à l’improviste.

- Ne vous inquiétez pas, lui assurais-je en croisant les bras, appuyant mon dos contre le battant de porte, faisant fi de son apparente nervosité. Alors, de quoi s’agit-il? Cela doit être important pour que l’on vienne me chercher de si bonne heure en matinée.

- Cette nuit, quelqu’un est entré par effraction dans l’entrepôt où se trouve le Thekēra. Les soldats qui étaient de garde certifient de n’avoir laissé entrer personne et aucun signe d’effraction n’a été constaté sur les lieux. Pourtant, ils ont commencé à entendre une personne discuter à l’intérieur de l’entrepôt, une femme, mais ils n’ont pas réussi à l’arrêter. Elle se serait téléportée avant qu’ils aient pu faire quoi que ce soit. »

Mes sourcils se froncèrent par réflexe. Je voulus aussitôt m'assurer que l'information avait transité jusqu'aux responsables qui étaient de garde cette nuit-là, ce à quoi la Recrue me répondit que tout avait déjà été mis en place pour informer les officiers et autres responsables de la situation. Les gardes avaient également été amenés à la salle d'interrogatoire pour que l'on puisse connaître les tenants et aboutissants de cette visite insolite.

« Que voulait-elle?

- Elle s’est présentée comme étant l’envoyée de l’Æther Izanami. Elle serait venue donner un cadeau aux Anges, au nom de sa Déité : un jeune Thekēra du nom de… hum… Vaès, je crois.

- … Vraiment? Vaès et Izanami… »

… Je n'étais pas en train d'hallucier, si?

« Est-ce que cette étrangère a décliné son identité par hasard?

- Elle a dit se nommer Reine.

- !

- Mais ce n’est pas le plus étrange. Les gardes assurent également qu’elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à la fiancée du Capitaine Katzuta. Vous savez, la célèbre Mancinia Leenhardt. »

Par la puissance des Sept…

« … Elle avait exactement le même visage?

- D’après les gardes : oui, exactement le même. »

Pendant plusieurs secondes, je restais muet, glissant ma main sur mon menton. Si ma pose laissait supposer que je réfléchissais soigneusement à la question, mon esprit était pourtant investi par une panoplie d'autres réflexions, la majorité tournant autour de deux axes principaux :  ce dîner infernal et ce rêve perdu dans un royaume déchu.


RP suivant : Ko si lọ pada

◆ 1 190 mots | Post II

Vaès
Sparkle - RADWIMPS (Guitar Cover by Sungha Jung)

Nous étions enfin arrivés, deux gardes nous accueillant à l’entrée de l’entrepôt.

« Soldat Yüerell! Que les Sept soient bénis, vous êtes là. Avez-vous reçu le message?

- En effet et je suis arrivé le plus vite que j'ai pu. Êtes-vous l’équipe qui a pris la relève?

- C’est exact.

- Et est-ce que le « cadeau » est toujours… »

Je laissais ma phrase en suspens, tournant machinalement mon visage vers la porte de l’entrepôt. L’un des gardes acquiesça d’un signe de tête, nous ouvrant aussitôt le passage. Nous pûmes alors apercevoir les deux créatures s’amuser ensemble, Ōlseaga balayant sa queue de droite à gauche, la plus petite boule de poils cherchant à la coincer entre ses serres. Dans un saut adroit, elle était d’ailleurs parvenue à restreindre les mouvements de la queue, mais celle-ci, dans un coup de fouet rapide, s’échappa de sa poigne, renversant le petit animal au sol. La chimère secoua promptement son minois en laissant résonner un bref éternuement, se remettant rapidement sur pied pour retourner à la chasse.

« Ils jouent ainsi depuis quelques minutes déjà », nous apprit le militaire, ne pouvant s’empêcher un sourire sur le coin des lèvres.

À notre approche pourtant, les Thekēra se paralysèrent et nous considérèrent brièvement. Ōlseaga fût le premier à bouger, se redressant sur ses longues pattes pour venir me rejoindre. Au trot, la petite créature le suivait de près, se collant à l’une des serres de son aîné tout en nous jaugeant d’un œil rempli de curiosité. Tranquillement, je vins poser ma main sur le museau d’Ōlseaga. Et dans le même mouvement, je baissais mon visage jusqu’au sol. Sous mes yeux, Vaès me contemplait.

Sans faire de gestes brusques, je m’agenouillais devant la petite bête, dont les grandes pupilles de nacre me dévisageaient depuis ses cinquante centimètres de haut. J’inspectais la couleur de son plumage, plus foncée que celle d’Ōlseaga, d’un noir reluisant aux reflets d’argent. Comme dans le rêve. Effectivement, au contraire de son aîné, la petite portait une robe monochrome sur l’ensemble de son corps. Cela étant dit, si son plumage était sombre là où celle du grand Thekēra était bien plus pâle et colorée, ses oreilles, la protubérance naissante de ses cornes et le trait fin qui descendait sous ses yeux possédaient un coloris singulier, plus rouge bordeaux que noir cendré. Prudemment, je tendis ma main jusqu’à son museau, m’arrêtant à moins d’une vingtaine de centimètres seulement pour observer sa réaction. Constatant qu’elle ne recula, ni ne m’attaqua dans un sursaut anxieux, je poursuivis mon geste avec plus ou moins de vigilance, plongeant finalement mes doigts dans ses plumes pour lui caresser la joue. L’animal relâcha presque instantanément un souffle bruyant, dans un sentiment reposé et rassurant qui se murmurait tel un ronronnement.

« Est-ce que tu me reconnais? » Chuchotais-je.

Mon timbre fut si bas que je me demandais même si je l’avais prononcé à haute voix. Pourtant, même sans entendre de réponse, l’hybride reposa ses prunelles sur mon faciès avec intensité. Et presque immédiatement, je fus happé par son regard, des images se gravant profondément dans ma rétine, s’altérant à une vitesse ahurissante qui m’en donna le tournis. Pourtant, malgré le carrousel qui tournoyait devant mes yeux, mon subconscient reconnaissait pratiquement toutes ces images : les ruines d’une puissance passée, un lac gonflé par des chutes muettes, une immense tour qui surplombait la plaine, ainsi qu’une ceinture de montagnes qui entourait le bassin en contrebas. Le ciel était un désert sans étoiles à ce moment-là, et la brise se devinait dans les mouvements fluides de l’herbe. Ma respiration se mit à tressauter discrètement, mon regard ne se détachant de celui de Vaès, tandis que les flashs diminuèrent en violence et en vigueur. Les lumières éclatées des réminiscences se stabilisèrent dans le même temps, les bribes de souvenir se fixant alors sur une silhouette solitaire, assise dans l’herbe. Elle me tournait le dos, comme inconsciente de ma présence, pleinement concentrée sur le diaporama dévasté qui s’étendait face à nous. Dès lors, je remarquais que je me tenais bien plus haut que cet humain, qui semblait être aussi haut que trois pommes de mon point de vue. Mais à un moment, ses épaules se raidirent et son visage se porta lentement vers le ciel. Où il croisa enfin mon regard. Cet homme, c’était moi.

Vivement, je retirais ma main, reculant par instinct, mon corps s’adossant soudainement contre la silhouette d’Ōlseaga. Le phénomène fût instantané, bref, mais de nouveau, c’était comme si ma vision ne m’appartenait plus, comme si ce brusque mouvement de recul m’avait poussé hors de mon corps. Je me devinais large et grand, sentant un poids se coller à l’une de mes épaules sans que je comprenne de quoi il s’agissait exactement. Sous mes yeux, pourtant, je reconnus aisément une grande silhouette, vêtue d’un uniforme et de bottes hautes. Elle portait des cheveux blancs, longs jusqu’à ses épaules, un peu pêle-mêle, comme si elle n’avait pris le temps de se les coiffer avant de quitter son chez-soi. Et non loin, il eut un cri aigu, secoué par un enthousiasme singulier. Je baissais instinctivement les yeux sur le propriétaire d’une voix si mignonne, le reconnaissant sur-le-champ. C’était un animal. Et cet animal, c’était Vaès. Et cette grande silhouette humaine qui s’appuyait contre mon épaule, c’était moi. Stop! Expirais-je mentalement, fermant violemment les yeux.

À leur réouverture, tout était revenu à sa place. Les yeux de Vaès étaient de nouveau scotchés à mon faciès alors qu’Ōlseaga me supportait sur son flanc, sa tête à proximité de mon épaule. Ils me scrutaient, tous les deux. Prenant une profonde inspiration, je me redressais lentement, l’œil hagard, tremblant.

« Vous allez bien? »

La Recrue Doroth s’était rapprochée pour s’enquérir de mon état, s’avançant sans crainte jusqu’à ma position, en dépit de l’énorme Thekēra sur lequel j’appuyais ma main pour me maintenir.

« Vous avez soudainement arrêté de bouger, les yeux perdus dans le vide… »

Je ne dis rien pendant un instant. Il semblerait qu’une poignée de secondes seulement s’était écoulée.

« Oui, tout va bien. J’ai été surpris, c’est tout. »

Je me permis d’examiner Ōlseaga, l’animal continuant de me fixer. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer? C’était comme si j’avais partagé sa vision et son toucher. Et qu’est-ce que c’était Ça? Songeais-je en me tournant, cette fois, en direction de la petite Vaès. Je n’avais pas eu tort. Il s’agissait bel et bien du Thekēra que j’avais croisé dans mon rêve : ce que je venais de voir me le confirmait. Mes yeux se rétrécirent, tandis que la tête du juvénile se pencha innocemment sur le côté, curieuse. Était-ce Vaès qui m’avait fait revivre cet instant, de son point de vue? Que faisait cette créature sur Orhmior? Pourquoi sous cette taille, et pourquoi ne me parlait-elle pas comme dans le… Je secouais doucement la tête. Était-ce parce qu’il s’était justement agi d’un songe qu’elle avait pu discuter avec moi par télépathie, mais qu’en réalité, elle ne le pouvait pas? Peux-tu me le confirmer? Aucune réponse. Je restais pourtant sceptique, certain de rien, les suppositions s’imbriquant les unes sur les autres dans mon esprit en pleine ébullition. Puis, il y avait la question de cette mystérieuse Reine, de cette mystérieuse Izanami…

« Que comptez-vous faire? »

Je fis volte-face. Les gardes étaient restés à l’entrée de l’entrepôt, et l’un d’eux vint finalement à ma rencontre. Contrairement au jeune Tim, ils ne semblaient pas avoir remarqué ce qui venait de se produire. Peut-être était-ce mieux ainsi. Depuis les rumeurs sur Pepito et Ōlseaga, j'avais pu entendre certains on-dits qui me décrivaient comme fou, notamment après ce qui s'était produit avec les Dix disparus d'Orhmior. Parfois, je pouvais comprendre les impressions de Cassandre vis-à-vis les rumeurs : une fois murmurées, il était difficile de les étouffer.

« Je vais me rendre à la salle d’interrogatoire de ce pas, leur appris-je, sans surprise, mes yeux pourtant collés sur les deux Thekēra. J’aimerais en connaître davantage sur cette histoire. »

Sur toute l'histoire.


RP suivant : La nouvelle Cavalerie de la Nith-Haiah

◆ 1 342 mots | Post III | FIN

Vaès utilise le pouvoir suivant :
- Phonation : Grâce à lui, Vaès et ses Liés se comprennent de manière primaire, au travers d'un lien empathique, mais également visuel, en effet, s'ils se regardent dans les yeux, elle est en mesure de lui transmettre des images de ce qu'il se passe pour l'avertir d'un danger, ou d'images évoquant quelque chose pour le mettre sur une piste.

Isiode utilise le pouvoir suivant :
- Nèji iybi Birẹ : pouvoir permettant à l’utilisateur de prendre possession du corps des animaux qui lui sont liés, le temps de la possession étant déterminé par la Magie et le Charisme de l’utilisateur. Ainsi, l’utilisateur sera en mesure de voir, de sentir, d’entendre, de toucher, de goûter et de ressentir tout ce que l’animal perçoit, tout en lui donnant des directives par la pensée. Il s’agit d’une véritable connexion entre les deux êtres.