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 [Événement] - La Marche Terne : L'appel

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Latone
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◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mar 23 Juil 2019, 14:35



La Marche Terne : L'appel


Dans le corps de Léto.

Linos, par-delà la première Porte. C'était à présent la troisième fois qu'elle franchissait cette ouverture, et, cette fois, sans avoir à dégainer sa lame ou à se prendre une tannée. Le camp fit grossir ses rangs en accueillant davantage de volontaires. Jour après jour, les Marcheurs se présentaient avec le souhait d'aider à l'exploration et la conquête de Linos, sûrement enhardis par les rumeurs comme quoi le Bleu Roi ne serait point une menace. La Marche Terne avait arraché sa première victoire, Latone avait certes repoussé l'entité… mais tout cela, grâce à l'impulsion de Léto Sùlfr. Sans elle, peut-être bien qu'il y aurait eu d'autres morts, peut-être que la Marche actuelle serait considérée comme un échec total. Léto ne reviendra pas, ou en tout cas pas avant très longtemps. C'était à Latone de prendre les rennes et de s'imposer face à son Némésis. Maintenant qu'elle s'était servie de ses dons de Conservatrice, elle savait que Linos possédait un passé sûrement tragique, peut-être en lien avec les ruines de Ciel-Ouvert, et que des failles pouvaient être exploitées. Ceci était un coup d'avance que le Bleu Roi ne verra jamais venir.

Narn arriva à l'avant-poste avec une multitude de gaillards sur les talons, des hommes qui étaient assoiffés de sang, à son image. Latone ne dépréciait pas sa présence, mais même les aveugles pouvaient le voir : les deux Guides étaient toujours à deux doigts de se jeter à la gorge. Si Katraht, leur doyen actuel, n'était pas là, ce serait inévitable. Malgré tout, le trépas de Tlaalee-Aan avait poussé les autres Guides à rejoindre la Marche, afin que plus jamais un tel drame ne se reproduise. Par ailleurs, Charras, l'une de leurs farouches Marcheuses, fut élevé au rang de Guide, jugée comme une remplaçante idéale, à l'heure où il n'était clairement plus l'heure de faire la fine bouche. Latone mûrit cette réflexion en tête : il serait plus que judicieux de reconsidérer leur plan, de pousser la Marche vers des limites jamais dépassées auparavant. La bleue balaya son regard sur les barricades, les structures en construction. Cette partie de Linos ne leur offrait que de rares ruines à étudier, si ce n'était de longues routes aux pavés assombris par les affres du temps et quelques édifices guère debout. Il me bloque. Songea-t-elle en repassant en boucle les événements dont elle fut témoin à Zyurm. Les ténèbres qui entachaient les souvenirs de Lolaha Kirzor semblaient être lié au Bleu Roi, ces ombres tenaces semblables à celles qui tapissaient les ruines actuelles de Linos. Peut-être bien qu'en avançant davantage, en ouvrant encore plus de Portes, tout s'éclaircira sur la vie de Vertigo et sur le passé de la Cité Miroir. Elle se rappela une nouvelle fois de cette expérience et finit par être convaincue que Lolaha connaissait cet endroit auparavant. Latone suivit ainsi son instinct et les indices de ces souvenirs, et trouva l'objet de sa convoitise.

La grille était gigantesque et ornée de symboles semblables aux Portes, elle aurait sûrement été plus impressionnante si elle était encore raccordée aux simulacres de clôtures. Malheureusement, ces œuvres métalliques se contentaient de joncher le sol, battues à plate couture par l'abandon et le manque d'entretien. Si des Linèsiens vivaient ici autrefois, ils ne faisaient plus acte de présence depuis bien longtemps. Sans nul doute, des ères la séparaient des ressouvenances de Lolaha. La troupe de Marcheurs franchirent l'entrée de ce qui s'apparentait à un parc, dépourvu de végétation, des cultures infertiles et des amas de rouilles. On ne devinait que des chemins de plus en plus étroits, assaillis par les quelques chutes de pierres qui avaient menacé la ville. Par une mystique sorcellerie, ces pans de Linos tenaient encore debout et corroboraient avec les souvenirs de Vertigo. Latone traîna sa troupe jusqu'à un endroit en particulier, comme si elle marchait pile sur les pas de la Linèsienne. Elle s'immobilisa, appuya son regard sur les alentours et ne comprit point pourquoi le corps de Léto subit un élan de vigueur. À moins que ce ne fût, sans explication rationnelle, son Esprit qui s'échauffait ?

" Quoi maintenant ? L'Hozro se retourna d'un coup sec et se retint de faire filer son poing vers l'impatient entêté. Elle comprenait bien qu'ils n'étaient guère au courant de toutes ses manigances, que ce phénomène dépasserait les mortels, et de toute manière qu'elle était tenue aux secrets par un pacte tacite. Mais, pour une fois, elle appréciera d'autant plus leur silence.
- Vous la fermez. Vous la fermez et vous écoutez. " Aucun Guide ne serait là pour l'arrêter, simplement des Marcheurs qui découvraient à peine le véritable visage de la cité derrière la Porte. Elle enjamba un muret délabré et se tint au milieu d'un lopin, une terre noircie et grisâtre tâchait ses bottes. Latone inspira un grand coup et ferma les yeux. Elle détestait cette idée, elle espérait peut-être au fond que ceci ne fonctionnât pas. Néanmoins, avec tous ces regards braqués sur elle, avait-elle encore le choix de se noyer dans le déni ?

Entends mon appel, toi qui accours toujours.

Les brutes tressaillirent un instant, un frisson leur parcourut l'échine à chaque syllabe de chant, si soudain et imprévu. La bleue mit tout en œuvre pour retracer les vers qui flottaient dans ces remembrances. Aucune perturbation – pas même d'elle-même – ne devait couper court à l'appel.

Ma route se tord, ainsi vient le ravin ;
Rebrousser, je n'en ferai rien : les épines.
Cette impasse captive, tombe ma bravoure.
Le futur se torsade, tu es mon écrivain.
L'heure de me guider, j'écouterai la clarine.

La chanson se fondit dans l'atmosphère de Linos, légère et fluctuant entre les échos naturels. Latone grinça des dents en toute discrétion, elle ne devait pas être à la hauteur de leurs espérances. Pourtant, il se présenta enfin en s'extirpant d'un tas de gravats, la fameuse "boule de poils". D'abord une oreille – ou une aile ? – puis deux, enfin une paire d'yeux globuleux. L'apparition de la bestiole surprit les Marcheurs mais, sans savoir pourquoi, toute animosité en eux ne prit jamais naissance. Latone mit un genou à terre, alors que le Kangela s'approcha de la doléante en poussant des petits cris mélodieux. Elle sourit face à son attitude pacifique. " Peux-tu m'aider ? "

1097 mots ~


Explications


Holà ♫

Ceci est un évent en lien avec la construction de mon Empire, la Marche Terne. Il est ouvert à tous, même ceux qui s'en contrefichent de mon projet ♪ *sbam*

Un peu partout dans les terres du Yin et du Yang, sont apparus des Kangelas (cf plus bas). La créature apparaîtra seule et viendra à vous. Vous aurez à peine le temps de vous demander comment la bestiole est arrivée que vous serez pris d'une envie de chanter. Suite à votre prestation, le Kangela essayera de vous faire comprendre que vous devez vous rendre à Ciel-Ouvert ; à vous de décider si vous le suivez ou non. Si vous refusez, le Kangela partira en fumée. Si vous acceptez, il n'est pas obligatoire que vous partez immédiatement, le Kangela restera autant de temps qu'il le faudra. Si vous êtes déjà à Ciel-Ouvert, le Kangela vous guidera vers la Porte de Linos, que vous ne pourrez pas franchir vu que les Marcheurs ne vous laisseront pas entrer /o
Et ensuite ? Eh ben, ce sera lors du prochain évent ♫

Pour ce qui est des Kangelas, ça ressemble à ÇA. Une sorte de koala, avec des petites ailes à la place des oreilles, de longues pattes arrières, un pelage doux... C'est un animal donc il ne sait pas communiquer comme vous, mais il est intelligent, comprendra ce que vous dites, et capable de vous guider là où il le souhaite. Il alterne souvent marche et vol pour se déplacer. Il est très sensible au chant et aura tendance à apprécier ceux qui maîtrisent cet art. Si vous tentez de l'attaquer, il partira en fumée, impossible d'en faire un barbecue du coup.

A l'instar des évents classiques de Ciel-Ouvert, il va falloir faire chanter votre personnage pour valider votre post. Pour cette fois, la rédaction de la chanson n'est pas obligatoire, mais votre personnage devra quand même chanter face au Kangela ^^ Si votre chanson respecte les règles suivantes, elle pourra apparaître dans le sujet des Chansons. N'oubliez pas de titrer votre chanson à la fin de votre post ♪
Règles de la chanson:

L'évent se terminera le 24 Septembre.

Enjoy ♪


Gains


Pour 900 mots : 1 point de spécialité
Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots minimum : 1 point de spécialité OU Une plume de Kangela : Lorsqu'elle touche un individu, celui-ci sera forcé de chanter.




By Jil ♪
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Mer 24 Juil 2019, 16:52


« Pourquoi dois-tu partir maintenant, Anwen ? J’ai envie que tu restes à la maison avec nous… Ne m’abandonne pas ! » Le petit Sam pleura de toutes ces larmes de son corps. J’ai l’impression que son cœur était en train de se déchirer par ma faute. Je ne supportais pas de le voir ainsi, mais j’avais décidé de faire un petit voyage existentiel. Suite à la rencontre de la sœur jumelle d’Aaliah, Alahna, je m’étais dit que c’était important de savoir ce que je voulais vraiment de ma vie et de mon futur. Certes, je me sentais à ma place dans cet endroit, j’avais trouvé des personnes importantes dans ma vie, qui m’avait permis d’avancer et de devenir une nouvelle personne. Maintenant, j’avais besoin d’un but et quelque chose qui me permettrait de franchir une nouvelle étape de ma vie. Oui, j’avais vécu beaucoup de choses dans ma vie. Mais il y avait une grande période de paix depuis quelques années. Tout semblait en paix, même s’il y avait des tensions entre certaines races comme les Anges et les Démons, comme depuis des millénaires.

J’avais annoncé à la vieille guérisseuse que je partais en voyage pendant un ou deux mois, afin de trouver une réponse à mes interrogations. Elle avait très bien compris le pourquoi du comment. Par contre, le petit Sam était furieux et triste de me voir partir ainsi. « Je te promets que je reviendrais vite… » - « Les promesses ne sont que des illusions. Tu ne reviendrais jamais, tu es une menteuse ! Tu es comme mon père ! » Sam partit en courant et la vieille guérisseuse me retint. Elle me souhaita un bon voyage et que Phoebe m’aide et me protège pendant ce périple. Je partis de la vallée pour parcourir le continent Naturel. Pendant plusieurs semaines, je traversais de nouveaux paysages. J’étais vraiment heureuse de reprendre les voyages et l’aventure. J’avais l’impression que j’avais un peu rouillée après être restée dans ce village pendant plusieurs années. Tout en marchant, je priais la Déesse Phoebe de m’apporter des réponses à mes questions. Je traversais des champs, des forêts, des rivières. Mais je restais toujours dans le territoire des Evershas. J’avais complètement oublié que le territoire du Rocher au clair de lune était si vaste.

Puis quelques semaines après, je me heurtais à la grande chaîne de montagnes qui rappelait ma famille. Les Worthington vivaient dans la montagne enneigée d’Edelweiss. Rien que de penser à cela, j’avais eu envie de faire demi-tour pour éviter de tomber sur eux. Cependant, je pris mon courage à deux mains et je gravis le sud de la chaîne de montagnes. J’avais pris des vêtements chauds pour lutter contre le froid… Mais, j’avais gardé la faculté de peau de glace, de ne pas ressentir le froid et la glace. C’était le contraire, cela me fit du bien de retrouver les éléments de la montagne : la neige, la glace, le froid glacial. Je fus si heureuse de me retrouver ici. Alors que je grimpais lentement dans la neige, malgré le grand soleil, je m’arrêtais subitement. Un animal avait apparu devant moi, comme par magie. Hum … Quelque chose se passait dans cet endroit.

Puis, une grande envie me vint. J’avais envie de chanter au beau milieu de la neige et des montagnes. Mais que se passait-il au juste ? Je ne pus résister à l’envi de chanter une chanson à la gloire de la Glace, Akull. Les paroles n’étaient pas dans la langue commune, mais dans la langue des Lyrienns. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas parlé. Je me laissais aller calmement. Il n’y avait personne autour de moi, je pus m’exprimer librement sans aucun souci. Par Phoebe et Par Akull, cela me faisait tellement de bien de m’exprimer à travers le chant, même si je ne possédais pas la voix pour faire une carrière en tant que chanteuse. Après avoir chanté cette chanson à la gloire de la Glace, l’animal mignon bougea doucement avant me pointer une direction vers la montagne. « Euh, qu’est que je dois comprendre ? » L’animal prit la route et je pris la décision de le suivre à travers les pans de la terre glacée. La route continua pendant quelques heures encore. Mais le paysage fut absolument magique. Je pris une bouffée d’air glaciale, mais cela réveilla mon envie de continuer de marcher et de découvrir ce nouveau lieu.

Puis, j’arrivais aux portes blindée d’une certaine cité. Je ne connaissais pas ce lieu, je n’étais jamais venu dans ce lieu. Pourtant, je connaissais bien les montagnes enneigées d’Edelweiss. L’animal avait disparu de mon champ de vision. Je ne savais pas ce qu’il était devenu. Puis, des gardes intervinrent aussitôt dans mon arrivée dans les grandes portes : « Hola, ma bonne Dame ! Vous n’avez pas le droit de franchir ces portes. Vous n’êtes pas autorisé. Je voudrais bien savoir comment vous êtes venus ici » dit-il l’homme en se grattant les cheveux gelés. « Eh bien, moi non plus, j’ai suivi un petit animal tout doux et mignon. » - « Vous avez chanté ? » - « Euh oui … » - « Ah, vous avez rencontré un Kangelas alors. Héhé ! Mais dans tous les cas, vous ne pouvez pas passer sans que vous ayez une autorisation, madame. Je suis désolée. » Les gardes reprirent leur poste tranquillement. Et moi, eh bien … Je restais comme une idiote devant ces portes … « Mais où suis-je ? »

HRP:
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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
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◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Ven 02 Aoû 2019, 11:51


Sylbille retira la lame de son arme de la dépouille de l’animal. Elle grimaça de douleur. Ce combat avait été particulièrement rude et l’avait totalement vidé de ses forces. Le moindre geste lui semblait à présent être un véritable supplice. Plusieurs égratignures s’étaient ajoutées à sa panoplie déjà impressionnante, recouvrant ses avant-bras et son flanc gauche. Épuisée, elle vacilla un instant. Cela n’échappa pas à son partenaire de chasse qui se plaça derrière elle pour la soutenir avant qu’elle ne tombe de fatigue. « Ouhla championne, va pas nous faire un malaise maintenant. Va te reposer maintenant. On est venu à bout de cette chose, tu peux souffler. » L’Orisha secoua la tête. « Non, je vais vous aider à dépecer ce machin. » dit-elle en posant son regard sur le monstre qu’ils venaient de vaincre. « Ah oui ? Et comment tu vas nous aider si tu tombes dans les pommes hein ? Alors arrête de protester et va poser ton cul ! » ordonna le Réprouvé. La chasseuse s’apprêta à répliquer quelque chose mais leurs coéquipiers sortirent de la cachette où ils avaient patientés, Fredco se joignant à la partie pour la dissuader. « Il a raison tu sais. Mieux vaut que tu ailles te reposer au calme. Et puis de toute façon, il fais trop sombre pour que l’on espère rentrer au village. On fera mieux de dormir ici. Tu n’as qu’à préparer le campement. » proposa le déchu pour essayer de trouver un compromis. Cette idée ne sembla pas vraiment convenir à la brune mais elle n’ajouta rien. Ils avaient raison sur un point : elle ne serait pas d’une grande utilité si elle s’évanouissait et leur causait encore plus de travail. Soupirant, la chasseuse entrepris de se mettre à la tâche qu’on lui avait confiée.

Avec des mouvements raides, elle s’empara de la sacoche en toile qui reposait à sa ceinture. Elle la jeta au sol et, aussitôt, le tissu se déplia pour laisser apparaitre une grande tente. Elle était suffisamment grande et spacieuse pour accueillir confortablement quatre personnes. Ils étaient cinq, ils devraient donc se serrer un peu mais ce ne seraient pas dérangeant. Ils avaient déjà tenu à six sans grand problème. Le seul désagrément de cette cohabitation résidait dans les ronflements nocturnes de Wuld, qui faisait trembler les pans de la tente à chaque expiration. « Voilà, le campement est monté. » ronchonna la brune. La Gandr soupira avant de s’engouffrer à l’intérieur. Les petites bougies posées sur les meubles noirs éclairaient l’habitat d’une lumière douce. La chasseuse se baissa puis récupéra deux bassines et un sceau avant de ressortir pour aller les remplir d’eau. Elle crapahuta jusqu’à un ruisseau proche et, sans pudeur, se déshabilla pour faire sa toilette et rincer le sang, la boue et la poussière qu’elle avait amassé lors de son combat. Elle enfila de nouveau ses vêtements sans prendre la peine de se sécher puis retourna jusqu’à la tente avec ses récipients remplis d’eau claire, renversant la moitié de leur contenu sur son chemin. De nouveau au chaud, la chasseuse mis l’une des bassine en fer blanc à chauffer par-dessus le feu puis s’installa sur l’une des couchettes de fortunes, entassant plusieurs oreillers colorés derrière son dos pour être confortablement allongée. Lorsque ses coéquipiers rentreraient, ils pourraient boire le thé –bien que Wuld se moquerait de cette eau tiédasse et se plaindrait de ne pas pouvoir boire d’alcool après une journée de travail- puis mangeraient les dernières rations de nourriture qu’ils avaient emmenée avec eux. Cette chasse avait été particulièrement longue, il était temps qu’elle se termine.

Ainsi seule, à demi plongée dans le silence, Sylbille sentit ses paupières devenir lourdes et un bâillement lui décrocha la mâchoire. Elle se serait sans doute endormie si un bruit suspect ne l’avait pas inquiété. Rouvrant grand les yeux, elle posa une main sur ses armes, posées à proximité. La chasseuse scruta les alentours, à la recherche de la chose qui l’avait dérangé. Finalement, elle repéra le trouble-fête, une étrange créature aux longues oreilles ressemblant étrangement à une paire d’ailes. « Qu’est-ce que- » commença-t-elle, intriguée par l’animal. Elle n’avait jamais vu de Kangelas de sa vie et n’avait pas la moindre idée de ce dont il pouvait s’agir. Son métier la confrontait souvent à de dangereux monstres et elle avait appris à se méfier des apparences : parfois, les créatures les plus attendrissantes et les plus mignonnes se révélaient être les plus nuisibles et les plus dangereuses. Pourtant, en voyant cette drôle de bête, elle ne ressentit aucun besoin de se protéger. Elle ne se sentit pas en danger et, bien vite, elle lâcha ses lames pour tendre ses mains vers l’animal. « Coucou toi… » le salua-t-elle d’une voix douce, un sourire au visage. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » questionna-t-elle. Le monstre qu’ils avaient exécuté avait fait partir presque toute la faune autour de son territoire. Il était étonnant de pouvoir observer un spécimen à l’air aussi inoffensif. « Viens par-là, n’ai pas peur. » l’encouragea-t-elle pour qu’il se rapproche. La petite boule de poil se laissa tenter et virevolta paresseusement jusqu’aux genoux de la brune, sur lesquels il se posa. Aussitôt, Sylbille se mit à le caresser tendrement. « Quelle drôle de bête es-tu, au juste ? » dit-elle sans attendre de réponse. Il s’écoula quelques secondes avant que l’Orisha ne soit prise d’une envie de chanter irrépressible. Elle commença d’abord à chantonner un air avant de ramper jusqu’à un meuble derrière elle pour attraper sa mandoline qu’elle avait laissé dans la tente. Elle l’accorda rapidement puis se racla la gorge. Ses doigts firent vibrer les cordes avec un manque de dextérité flagrant mais cela ne sembla pas déranger le nouveau compagnon de la chanteuse qui se mit à chanter en rythme avec sa mélodie.

« Au début, il y avait le temps des Supplices,
Nous n’étions rien, simples victimes de leurs malices.
Puis il y eut le sombre temps des Révoltes,
Les Orishas s’affranchirent de leurs crimes désinvoltes.

Oh mais tout ça changea, Ouvre bien ton esprit,
Ne te laisse pas avoir par ces duperies !

Enfin vint sonner l’inespéré temps des Grâces,
Le lien d’esclave, il fallait qu’on s’en débarrasse !
Mais court il était, puisque suivit Öhema :
Ca nous couta cher quand la décadence prima !

Oh mais tout ça changea, Ouvre bien tes oreilles,
Crois-moi, ces sages paroles sont sans pareil !
»

Broön entra dans la tente sans que la chasseuse ne s’en aperçoive. Bien vite, il reconnut la chanson traditionnelle de leur peuple. Une chanson raciale qui avait vu le jour à la fin de la guerre des dieux et qui avait très vite eut beaucoup de succès. Beaucoup de petits Orisha la connaissaient et la chantaient gaiement. Le traqueur se mit à chanter à son tour, faisant sursauter sa partenaire qui se rendit enfin compte de sa présence. Elle lui sourit puis continua à chanter en chœur avec lui.

« Bienheureux fut Cocoon, le Roi de la Gloire,
Qui nous montra enfin la belle voie de l’espoir.
Mais l’affreux Gaäva Leonsha créa la Ruine :
Et la terreur de son ombre, elle me chagrine !

Oh mais tout ça changea, Ouvre bien l’troisième Œil,
La vérité te gardera loin de l’orgueil !

Alors vous qui naissez dans la Prospérité,
Ne faites pas d’erreur, écoutez nos Déités.
Zénithaär, Kimahri et le grand Delta,
Par leur grâce et par leur Œil ! Tous ca nous sauv’ra !

Oh et tout ça ne changera pas, alors sois sage
Et souviens-toi toujours de respecter cet adage !
»

Ses doigts jouèrent encore quelques accords puis la mélodie se termina également. « Je ne savais pas que tu savais aussi bien chanter. » complimenta la brune en se tournant vers son ami. Celui-ci se contenta de hausser les épaules puis s’affaira à ses propres affaires. Il n’était pas du genre bavard, ce qui rendait encore plus surprenante son intervention. Sylbille esquissa un sourire puis reporta son attention sur l’animal qui se lova contre elle. « Mmh… Chanter m’a donné envie de retourner à Ciel-Ouvert… Ca fait longtemps que je n’ai pas revu ma famille. » murmura la brune tout en posant son instrument de musique. Sans vraiment comprendre pourquoi, l’animal lui donna l’impression d’être satisfait par ce commentaire.
1362
"Tout ca changera"
Merci pour cet event  nastae



Merci Kyky  nastae
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Rosée du Matin
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Rosée du Matin
Sam 03 Aoû 2019, 23:25



La Marche Terne : L'appel


«  Pourquoi m’as-tu mordue ? se plaignit la petite fée en se massant les fesses depuis de longues minutes.
Cruuunch
—  M’en fiche que tu souhaitais m’aider, ça fait mal et je suis marquée à vie ! »

Pour soutenir ses dires, elle souleva ses jupons en pétales et lui montra la blessure. Sa fesse gauche était garnie d’une jolie ecchymose fraichement acquise qui entourait deux traces d’incisives relativement pointues. Fruits des bois avait simplement voulu l’aider pour l’extirper de la délicate situation dans laquelle elle s’était retrouvé récemment. La pauvre petite s’était retrouvée nez dans les fougères, les fesses à l’air. Certes, il aurait pu tenter de l’attraper par la jambe, mais la chair était plus tendre et offrait une plus grande prise pour la hisser sur ses pieds. Il avait juste oublié que ses dents risquaient de marquer la petite fée, décidément autant maladroite que douillette… Toutefois, cela eut pour effet de dégager Rosée qui, sous la surprise et la douleur, était parvenue à se redresser sur son séant. Il avait espéré des remerciements pour son héroïsme, mais n’avait reçu que des pleures émanant de la petite fée.

Penaude, elle avait quitté les lieux festifs – qui l’étaient beaucoup moins depuis le passage de sa maladresse – en se massant sans arrêt les fesses et en se plaignant de la morsure. Ce n’était, à son avis, pas le plus terrible de leur mésaventure vécue à l’instant. Elle finirait bien par cicatriser et sa blessure ne serait plus qu’un mauvais souvenir lointain. En attendant, il ne cessait de se défendre sur les raisons qu’il l’avait poussé à saisir la petite fée par les fesses, mais elle restait sourde à sa ligne de défense. Tête à l’envers et fesses découvertes n’était, aux dires de Rosée, pas une raison suffisante pour lui infliger une morsure indélicate. Pourtant, Rosée ne se privait pas de l’attraper par la queue lorsqu’il se retrouvait coincé, mais une fois encore, elle insistait sur le fait qu’il ne s’agissait pas de la même chose.

« Crunch ! finit-il par conclure pour mettre à terme au débat fesses et queue qui aurait pu, pour des oreilles éloignées de la conversation, avoir un tout autre sens.
Tu ne penses qu’à manger, goinfre ».

Toutefois, Rosée accepta sa demande. Elle aussi, en y réfléchissant bien, avec un tout petit peu faim. Etre maladroite lui creusait l’estomac et l’odeur fruité d’un verger accueillant émoustilla d’avance ses papilles. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus croqué dans un fruit mûr, sucré et juteux. Il y avait bien ses boucles d’oreille cerise qu’elle aurait espérait déguster en fin de journée, mais celles-ci se trouvaient à présent au fond d’une mare… En virevoltant vers les arbres bien garnis, elle repéra un cerisier qu’elle montra aussitôt du doigt à son ami ailé. Elle lui avait promis une cerise et Rosée aimait tenir ses promesses. Fruits des bois se lécha aussitôt le museau et fondit sur un fruit au rouge indécent qu’il mordit à pleine dent.

« En fait, t’as pris mes fesses pour une cerise, avoue ! » lui demanda-t-elle sceptique sur son héroïsme tant défendu sur le trajet. A le voir grignoter le fruit, elle avait un doute. Le souriceau ne prit pas la peine d’argumenter sur le sujet, il n’était de toute façon plus en mesure d’émettre le moindre son sans faire couler du jus hors de sa bouche. Rosée du Matin secoua la tête devant l’appétit vorace de son compagnon avant d’escalader une branche pour rechercher une cerise à se mettre sous la dent. Elle en huma plusieurs avant de faire son choix. Elle les appréciait rouge vif, mûri au soleil et de préférence dépourvu de toutes imperfections. Lorsqu’elle fut séduite par une cerise, elle l’attrapa de ses deux mains et mordit doucement dedans, faisant éclater la chair sous ses dents. Du jus s’écoula lentement, recouvrant autant son visage que sa robe de pétale. Cela ne dérangea pas Rosée du Matin qui avait déjà convenu de prendre un bain dans un ruisseau afin de se débarbouiller.

Elle mangeait tranquillement lorsqu’une paire d’aile la troubla dans son repas. Elle releva les yeux et pencha la tête, intrigué. Le volatile avait une drôle d’allure. En réalité, elle n’était même pas sûre de son appartenance au règne des oiseaux. Le reste de son corps était couvert de poils, le rapprochant plus d’un koala. Ce qui le rendait d’autant plus mignon avec son petit museau arrondi et sa bedaine souple et ses longues pattes arrière. Le cœur de Rosée fondit aussitôt devant le charisme naturel de la petite créature à l’apparence inoffensive et pelucheuse. Rosée aimait ce qui était pelucheux. Elle lui tendit un morceau de sa cerise pour l’inviter à se rapprocher un peu plus d’elle. Le regard du kangela la motiva à chanter. Une chose qui le lui semblait guère étrange. Rosée du Matin adorait chanter à tout heure de la journée pour mettre à l’honneur tout ce qu’elle pouvait voir ou rencontrer. C’était sa spécialité et jamais elle ne doutait que ses chansons étaient appréciées de son public. Fruits des Bois se chargea d’émettre un son de fond en jouant de sa queue sur les feuilles et les branches, tandis que Rosée contait son aventure du matin sur un air enthousiasme.  

*à imaginer sur l'air de la chanson en lien*

« C’est au bal des crapauds
Qu’elle fut un jour invitée
Là-bas, on y joue du pipeau
Et elle s’est joliment apprêtée
Avec un gland pour chapeau
Il était vraiment très beau
Des cerises en boucles-oreille
Elles avaient mûri au soleil
Deux belles feuilles de mandarine
Pour cacher sa p’tite poitrine
Des pétales de roses blanches
Pour couvrir ses jolies hanches
Et des lianes comme souliers
Elles n’étaient pas bien liées

C’est au bal des crapauds
Qu’elle fut un jour invitée
Là-bas, on y joue du pipeau
Et elle s’est mise à danser
Ses lianes pas bien liées
Se sont vite dénouées
Et elle a marché dessus
Du nénuphar, elle a chu
A éclaboussé les batraciens
Était mouillée jusqu’aux seins
S’est accrochée aux lucioles
Qui dansaient la farandole
Pour revenir sur son nénuphar
Et quitter l’eau de la mare

C’est au bal des crapauds
Qu’elle fut un jour invitée
Là-bas, on y joue du pipeau
Et elle a vite déchanté
Les lucioles n’étaient pas assez fortes
Même aidées de tous les colportes
Dans l’eau, elle est retournée
A fait trois pas sur le côté
A bousculé le gentil cafard
Qui jouait de la guitare
Qui a fait tomber les lampions
Qui ont mis le feu aux champignons
Qui a brûlé les ailes des papillons
Qui ont fait peur aux pucerons
Qui se sont jetés dans la mare
Qui ont effrayé les p’tits têtards
Qui ont appelé leur p’tite maman
Qui sont venues en coassant

C’est au bal des crapauds
Qu’elle fut un jour invitée
Là-bas, on y joue du pipeau
Et elle a failli se faire écraser
Par toutes les mamans grenouilles
Qui ont fait rouler les citrouilles
Qui ont culbuté les coccinelles
Qui ont fait sauter les sauterelles
Qui se sont accrochées aux poteaux
Qui sont tombés sur les araignées d’eau
Qui ont emporté toutes les fourmis
Qui ont provoqué un tsunami
Qui a plié tous les roseaux
Qui ont frappé le souriceau
Qui s’est aussitôt réfugié
Sous les grands palétuviers
Ils étaient vraiment très âgés
Et toutes les branches ont craqués
S’en est suivi une chute de  nids
Qui a provoqué une cacophonie
Qui a dérangé une vieille chouette
Qui a fait une pirouette
Qui a mis fin à la p’tite fête
En frappant la fée à la tête
Qui est tombée en arrière
Dévoilant son p’tit derrière
Les deux jambes en l’air
La tête dans les fougères
Elle était bien embêtée
Ne savait plus respirée
C’est une gentille mouche
Qui lui a fait du bouche- à-bouche

C’est au bal des crapauds
Que les Faes s’en vont danser
Là-bas, ils sont en travaux
Petite Rosée a tout cassé… »


Lorsqu’elle arriva au bout de sa chanson, elle reçut un vif applaudissement de la part de son compagnon ailé, le plus fidèle de ses fans. Elle émit un petit rire amusé et lança un large sourire au petit animal aux étranges oreilles ailées. Lui aussi semblait avoir apprécié sa prestation. Il bondit à plusieurs en émettant des petits cris semblables à une invitation à le suivre. Du moins, ce fut sa seconde supposition lorsque la petite créature refusa un morceau de cerise. Il n’avait apparemment plus faim et curieuse, la petite fée décida de le suivre. Elle n’était pas d’un naturel méfiant et l’animal l’amusait beaucoup avec ses oreilles ailées qui bougeaient en rythme et ses longues pattes bondissantes. De temps à autre, le trio virevolta dans les airs pour suivre le kangela qui appréciait alterner la marche et le vol, ce qui n’était pas pour déplaire à la petite fée qui adorait cette manière de voyager. Rosée ignorait jusqu’où l’animal souhaitait l’emmener, mais elle n’avait pas grand-chose de prévue en cette journée. Aussi, cela ne la dérangeait de le suivre vers l’inconnu. Inspirée par la créature pelucheuse, elle chantonna une nouvelle chanson pour rendre le voyage encore plus agréable.


« Petite boule de poil adorable
Ecoute bien cette petite fable
Tu as de très belles oreilles
On dirait deux petites ailes
Tu es toute pelucheuse
Tu es toute duveteuse
Tu ressembles à un koala
Mignon petit kangela
Tu marches et tu voles
Tu fais des cabrioles
Et puisque tu aimes les chants
Promenons gaiement dans les champs
Tu seras toujours dans mon cœur
Toi qui apprécies les chœurs
Et j’irai où tu voudras
Pour toi, ma voix raisonnera
Nous danserons tous en rond
Tout autour des champignons
Promis, cette fois mes p’tits souliers
A mes pieds, seront bien noués… »



1616 mots
« Le bal des crapauds »
si trop long pour le sujet chanson, pas de souci, je me suis bien amusée pour la créer =)
« Hymne aux kangelas »
Ouais, deux chansons, parce que Rosée, elle aime bien chanter XD


♪ Chante ♫
[Événement] - La Marche Terne : L'appel YjFKpln

Merci  Kaahl  nastae
:◄♥►:

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 10 Aoû 2019, 13:46





~ La scène se passe tout juste après le RP Pour le meilleur et pour le pire ~



J’avais l’impression d’avoir lancer une tempête à l’intérieur de notre chambre, alors que le regard d’Isley me dévisageait étrangement. Il s’était figé, complètement paralysé, ses yeux conservant la surprise et l’inquiétude des premières secondes sans que ses traits ne se détendent. Dans son esprit, il y avait des pensées telle que : « Mais pourquoi dis-tu une chose pareille? » ou des réflexions comme : « Auparavant, tu n’aurais jamais réagi de la sorte. » Tous ces raisonnements devaient présentement faire chemin entre ses deux oreilles : je le connaissais assez bien pour vous le parier. Conscient de son état, je finis par détourner mon regard, étirant un maigre sourire à son endroit. Il devait se dire que le Rimkalàri m’avait complètement métamorphosé. Ou peut-être pensait-il que mon caractère s’était soudainement bourru en raison du retour impromptue d’Araya et de son départ aussi soudain que prévisible : il savait à quel point je méprisais cette femme. Cependant, de toutes ces réflexions, je croyais plutôt qu’Isley devait se dire que j’avais changé, parce que la Vie, même si elle était essentielle et bénie, pouvait être un véritable cauchemar, et que c’était ma façon à moi de me confronter aux difficultés de celle-ci. Mais, la réalité était toute autre, puisque je n’avais rien changé en moi pour devenir ce que j’étais aujourd’hui : je l’ai toujours été, en quelque sorte, mais l’avait rarement montré.

D’un masque je m’étais affublé pendant toutes ces années, jouant de sourires et de douces paroles dans l’unique but de ne pas alarmer ma fratrie. Parce que je le savais plus faillible que je ne l’étais, parce que je le savais plus vulnérable contre ces émotions si ces dernières finissaient par le blesser… Tout petit déjà, je m’étais promis de le protéger afin qu’il n’ait plus jamais à souffrir comme à la mort de Mère. Et pour se faire, je m’étais, au mieux, détaché de mes sentiments, de mes propres ressentis, espérant pouvoir le soutenir et lui prodiguer les conseils dont il aurait besoin afin qu’il n’ait plus à succomber à la douleur de son cœur. C’était ma façon non pas de me confronter à ce monde douloureux et lancinant, mais de nous en protéger, lui et moi, en nous en détachant.

Coupé du monde tout en étant en mesure de le voir évoluer de l’autre côté des barricades, je tentais de le juger de la manière la plus objective qui soit, de suivre sa trace sans me détourner du chemin que je visualisais devant moi et ce, en dépit des regards, des désapprobations, des remontrances et des colères qu’autrui rejetait sur ma route. Car, au-delà de toutes ces influences extérieures qui voulaient me détourner de ma voie, se dressait ma véritable quête. Je n’étais qu’un pion sur ce grand échiquier où valsait les divers bouleversements des royaumes et des ambitions; je n’étais qu’un volontaire qui s’était promis de donner sa vie à cette mission plus grande que lui. Car, s’il s’agissait de combattre pour le Bien et la Paix de ce monde, alors oui, je consacrerais volontiers l’intégralité de mon existence à marcher sur cette route et les sentiments, aussi agréables pouvaient-ils être, aussi éperdus et passionnés pouvaient-ils nous faire devenir, étaient surtout des obstacles, des chutes et des reculs qui avaient détourné tant d’hommes et de femmes du droit chemin.

« Oublie ce que je viens de dire, d’accord? »

Dans un geste instinctif, je repris en main la guitare que je venais à peine d’abandonner, considérant quelques secondes la bandoulière qui s’y accrochait avant de la passer par-dessus ma tête, plaçant l’instrument contre mon dos.

« A-Attend! Tu ne peux pas me jeter une telle réponse et partir de la sorte! »

Je venais d’attraper la poignée de la porte, le gratifiant d’une œillade avant de lui échanger un sourire : c’était devenu un réflexe de réagir de la sorte. Tirant le battant de la porte, je franchis son seuil.

« … Isiode, s’il-te-plaît. Explique-moi. Je ne comprends pas…

- C’est pourtant simple à comprendre, mon frère. Je suis tout ce que tu as décrit : un être sans compassion, un homme au cœur froid...

- Je n’ai pas dit ça…

- Et c’est pourquoi je te paraphrase, souriais-je.Tu le sais aussi bien que moi à quel point les sentiments sont toxiques, Isley. Ils nous pervertissent, nous font perdre l'esprit, et nous détournent inexorablement de nos véritables objectifs. Ce ne sont que des freins, des frivolités, de la perte de temps qui nous font abandonner toute raison et objectivité au même titre que la Folie qui, elle-même, descend de ces ressentis, poursuivais-je. Et je préfère encore m’en détacher le plus possible plutôt que de risquer de perdre de vue ma mission en tant qu’Ange et soldat. »

Puis, je refermais définitivement la porte derrière moi.

Cette conversation m’avait épuisé et l’intérieur de mon crâne, en ébullition, commençait à me faire mal. Je n’étais pas en tort, n’est-ce pas? Parce que tout ce que j’accomplissais, tout ce pour quoi je me levais le matin, respirais et combattais, était pour le Bien d’autrui. La vie de Brethil, le bonheur de mon frère, la prospérité de mon peuple : tout cela, je me battais pour tout cela. Alors, quand je m’étais montré dur à l’égard de Lemingway, je ne l’avais fait que dans le but de la sauver et de lui faire ouvrir les yeux sur l’importance de sa place en ce monde; quand je disais à mon frère de laisser tomber Araya, je le faisais uniquement pour l’empêcher de souffrir encore et toujours plus en raison de son Espoir pourtant inébranlable à son égard. Parce que dans ma vision des choses, il m’était tout bonnement impossible de douter de ma volonté à vouloir préserver et sauver ce monde.

Il fallait que je me détende, que je repose mon esprit, maintenant que j’étais dehors, à l’air libre, victime de la chaleur et des rayons particulièrement sauvages de Jeriel. Instinctivement, mon regard se porta sur la bandoulière qui barrait mon torse et, d’un mouvement ample, je repris la guitare en main, l’inspectant. Cherchant un coin silencieux et confortable, je finis par jeter mon dévolu sur un petit espace gazonné qui se cabrait doucement au souffle du vent sous l’ombre d’un haut arbuste, derrière le bâtiment de la Compagnie. Tout en produisant quelques notes maladroites, je cherchais à comprendre l’ajustement des cordes, le fonctionnement et la manipulation de l’instrument, sans en ressentir une quelconque satisfaction à la fin de mon exercice – ou acharnement. Vaincu, je déposais finalement la guitare à mes côtés, levant les yeux.

« Kan-Kan! »

La voix était mélodieuse, et, tout de suite, je trouvais un certain charme à la petite bête qui s’était approchée de ma guitare pour la renifler.

« Kangela! Kan-Kan! »

Dans un geste malhabile, l’animal vint frotter l’une des cordes de l’instrument, faisant alors résonner un bruit strident dans nos tympans. Tout de suite, je grinçais des dents, tout comme le koala, qui rabattit ses pattes contre ses petites ailes.

« C’est affreux, n’est-ce pas? Je n’arrive pas à l’accorder correctement. »

Lorsque je me mis à lui parler, la créature tourna immédiatement son attention sur ma personne. M’appuyant plus confortablement contre le tronc de l’arbre, je relâchais simplement un soupir, fermant les yeux quelques secondes. Puis, sans véritablement savoir pourquoi, je me mis à fredonner, extirpant timidement un chant de la barrière de mes lèvres. La voix était calme et soutenue, le rythme sonnait comme une sérénade et à ce moment précis, je me sentis étrangement en paix, la quiétude et la sérénité envahissant l’intégralité de mon être.

« Kan-Kan! »

M’interrompant soudainement à son appel, je me tournais vers le koala ailé, qui venait d’attraper un pan de mes vêtements. Avec enthousiasme, il tirait sur l’habit en poussant des sortes de petits ronronnements. Lentement, je me redressais et, en voyant que le Kangela prenait déjà ses jambes à son cou, je me figeais de nouveau. L’animal, dès lors, revint dans ma direction, réitérant son geste avec plus d’entrain. Je compris finalement qu'il voulait que je le suive et, imprimant mon pas au sien, je me mis à suivre la trace de la créature, constatant, après quelques minutes, qu'elle m'incitait à quitter les Jardins de Jhēn.

« Où m'amènes-tu? » Chuchotais-je, le Kangela se soulevant de terre pour venir tournoyer autour de ma personne en poussant des notes suaves et mélodieuses, des notes bercées par un rythme doux et excitant.

Lentement, j’arrêtais ma marche, portant un regard sur la ville qui se dressait derrière moi. Admirant la vision, un sourire s'esquissa sur la commissure de mes lèvres et, délicatement, je m'approchais de l'animal, grattant doucement son menton.

« Je suis profondément navré, mais ma présence est auprès des miens. »

La tête du Kangela se pencha légèrement sur le côté. Il semblait réfléchir – ou me jugeait-il?

« Je ne peux pas te suivre, répétais-je en étirant chaque mot de ma phrase.

- Kan! » Chantonna l’animal, tout sourire, avant que son corps quitte mes doigts sous une claire et mince escarbille de fumée et de poussières.

Tranquillement, je considérais ma paume quelques instants, l’impression d’avoir été salué et encouragé par la petite bête réchauffant, par une drôle d’étreinte, l’âme et la conviction du soldat que j’étais. À ce constat, je souris, reprenant ma guitare en main, frôlant l’une des cordes du doigt, avant de grimacer.

« J’ai encore un long chemin à faire… »


1 575 mots | Et oui, pour moi, les Kangelas, ce sont des Pokémons 8D /sbaf/


It's a little price to pay for salvation
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Lun 09 Sep 2019, 17:12

Spécialités :
- Agilité : 8
- Force : 7
- Charisme : 5
- Intelligence : 9
- Magie : 10

Physique : Elle possède un grand manteau blanc, avec des bottes en cuir marrons. Ces cheveux sont argentées et détachées dans son dos. Elle possède un petit poignard près de sa cuisse.

Pouvoirs :
- Qyndily Mantris - Ramav [Foudre]
- Qyndily Aenör - Sowo [Air]
- Insensibilité à la magie noire et blanche
- Télékinésie
- Soigner les blessures
- Lire l'avenir
- Contrôle du tissu
- L'étoile (1 voeu par rp)



Atheria était depuis quelque temps dans les Jardins de Jhen. Elle avait quitté l’archipel d’Aeden depuis des mois maintenant. Elle avait arrêté d’espérer de retrouver ses parents et trouver un moyen de communiquer avec eux. Elle aurait dû peut-être envoyer une lettre à son frère, Dragon, pour lui qu’elle était partie d’Aeden, s’il venait à rentrer. Elle haussa les épaules doucement, car elle n’avait pas envie de réfléchir à tout cela. La jeune femme avait passé un magnifique moment, avec son bien-aimé. Elle avait envie d’en savoir plus, et d’être restée encore avec lui, pendant de longs moments. C’était la première fois qu’elle aimait autant une personne. Elle s’était attachée à lui, au fil des disputes et des prises de tête. Atheria n’était pas une femme facile, elle était intelligente et vive d’esprit. Elle savait bien se défendre contre des personnes un peu trop énervantes.

Elle se sentait bien dans cet endroit, entourée d’Anges. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’en avait pas vu. La jeune femme les trouvait tellement et lumineux avec leur aile blanche. Son mari lui rendit la vie plus belle et plus heureuse qu’autrefois. Ce fut un changement radical depuis une certaine époque. Atheria avait dû mal à croire tout ce qu’elle avait fait depuis ces dernières années. Elle respira doucement et décida de visiter un peu ce territoire. C’était bien loin de l’archipel d’Aeden. Et tout était si différent. Il y avait un grand village où les maisons étaient grandes et très hautes, fait en pierres et en bois. L’ambiance était calme et elle côtoyait souvent les anges, qui avaient pu s’échapper de la Terre Blanche. L’ancienne cité des Anges était toujours dans les mains des Démons. Atheria n’avait pas envie de rencontrer ces personnes-ci. La jeune femme se sentait bien heureuse de ne pas être un Ange, à l’heure actuelle.

La jeune Lyrienn marcha dans les plateaux des Jardins de Jhen, lorsqu’elle trouva sur le chemin une étrange créature. Elle se stoppa net et ne bougea plus pendant plusieurs minutes. Puis, elle s’approcha de l’animal, sur les pointes des pieds pour éviter qu’il ne s’enfuie. Visiblement, la créature était petite. Son pelage était de couleur gris et blanc sur son ventre. Ses oreilles ressemblaient plus à des ailes en coton. Atheria fut réellement intriguée par l’animal. C’était la première fois qu’elle observait ce genre d’espèce… Il n’y en avait pas d’autres dans les parages, en jetant un coup d’œil autour d’elle. Soudain, la jeune femme eut envie de chanter. Comme ça, sans savoir pourquoi. Elle chanta pendant quelques minutes. Sa voix fut aigüe et chanta au désespoir et à l’envie profonde de se retrouver sa famille. Elle chantait même s’il n’y avait personne autour d’elle, qui l’écouta réellement. Quant à l’animal, il la regarda chanter en se balançant de gauche à droite tout le long de la musique. Atheria se laissa aller pour une fois, en finissant la balade triste qui était sortie tout droit de son esprit. Elle n’avait même pas à réfléchir aux paroles, elle savait instinctivement ce qu’elle voulait dire au monde.

Puis, la chanson se termina. Le silence était de retour. Aucun des deux ne bougea. Atheria n’avait jamais chanté de sa vie et elle se demanda si ce n’était pas la faute de ce petit animal. La jeune femme souffla, puis sourit. Puis, l’animal inconnu essaya de communiquer avec elle. « Tu ne sais pas parler ? » L’animal bougea de la tête avec une réponse négative. Cependant, il savait très bien comprendre sa langue bizarrement. Atheria ne chercha pas à comprendre le comment du pourquoi, il la comprenait très bien. L’animal dessina, dans la terre, une grande montagne, avec une croix. « C’est quoi la croix ? Un emplacement ? » Ce dernier continua de dessiner : une cité. « Ah, c’est une ville qui se trouve dans les montagnes. » Il secoua fortement la tête pour dire oui. Par contre, Atheria ne connaissait pas très bien le monde. Elle ne connaissait qu’Aeden, le berceau Cristallin et le lac de Transparence. Elle devait se renseigner sur cette chaine de montagne et cette ville. « Peux-tu me dire comment cette cité s’appelle ? » Il essaya d’écrit quelque chose, mais la jeune femme ne comprit rien.

L’animal vola comme s’il partait définitivement. L’animal lui fit signe de partir avec elle, pour ce lieu. « Attends, alors, ne bouge pas, je reviens rapidement. » Atheria courut jusqu’à la maison de son bien-aimé, et lui écrit un mot pour lui dire qu’il ne devait pas s’inquiéter de sa disparition soudaine. Dans ce mot, elle lui dit qu’elle partait pour une étrange cité dans les montagnes et qu’elle lui enverrait rapidement des lettres pour qu’il soit rassuré. Elle lui promit qu’elle reviendrait prochainement, après avoir découvert cette cité inconnue. Atheria semblait heureuse et animée d’une grande volonté de découvrir le monde. Elle prit un sac à dos et rangea le maximum d’affaire à l’intérieur. Elle prit de l’eau et de la nourriture pour plusieurs jours, ainsi que de l’argent avait de se nourrir sur la route. Une fois qu’elle avait rassemblé toutes ses affaires, elle ferma la maison et rejoignit l’étrange animal. L’animal était toujours présent, au même endroit que tout à l’heure. Il l’avait attendu pendant tout ce temps, sans rien dire encore une fois. « On peut y aller ! Je suis prête à te suivre » Alors, l’animal prit la route en direction de la cité dans les montagnes. Atheria était excitée de repartir à l’aventure, après quelques mois de repos dans ce lieu. Elle avait rencontré tellement de bonnes personnes ici-bas. Maintenant, elle était prête à repartir. Elle voyageait jusqu’à qu’elle ressente le besoin de se poser définitivement et faire une famille avec l’homme qu’elle aimait.

HS:
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Sam 14 Sep 2019, 22:36


Image réalisée par Anatofinn Stark

Des cris d’un être qui jouit me hantent. Mes mains me démangent terriblement. Je me souviens de la nuit où j’ai utilisé une bougie d’un cierge pour me faire du bien, alors que j’entendais très clairement mes parents dans leur chambre d’à côté. J’ignore ce qui m’a pris, mais quand j’y repense, je stresse. Je ne leur dis rien, bien que ma mère s’inquiète de l’état de mes si jolies mains. « Tu as été piqué par des insectes ? » me demande-t-elle quand elle me voit balayer. Elle n’hésite pas à poser la questions plusieurs fois, jusqu’à ce que je décroche un mot. Je regarde son nez, pour éviter ses yeux. L’être que j’entends crier, c’est elle. « Oui, j’ai laissé la chambre de ma fenêtre ouverte. » - « Tu ne devrais pas, il fait chaud ces temps-ci. Les moustiques qui naissent dans les mares de la Forêt des Murmures sont sans pitié, comme toutes les créatures y résidant. » Elle s’avance vers moi. « Montre-moi tes mains. » Je pose le balais contre un rayon de papiers que mon père fabrique et je lui tends. Elle les prend délicatement et caresse la surface en croûte. Certaines sont récentes et datent de ce matin, d’autres sont plus anciennes et remontent à la matinée qui a suivi mon réveil. Depuis qu’elle a réussi à avoir trois laisser-passers, elle se promène beaucoup dans la boutique, comme si elle me surveillait. Sait-elle que je l’ai entendu ? Sait-elle ce que j’ai fait ? Elle salue quelqu’un dans la ruelle, je me retourne sans avoir le temps de voir le passant. « Qui est-ce ? » - « Le Drieshla qui est venu la dernière fois, notre nouveau fournisseur. Il est très généreux. Nous devrions l’inviter pour dîner. » Cet homme qui m’a mise mal à l’aise une fois ne me dit rien qui vaille. Je n’apprécie pas les gens qui scrutent ma robe dans mon dos, sans me dire bonjour, comme si j’étais une figurine qui ne peut pas parler. Je souris et j’acquiesce, faussement intéressée. « Cela pourrait être une bonne idée. » - « Ah oui ? » demande ma mère, étonnée que je sois d’accord avec elle. Je ne le suis pas, mais si ça peut lui faire plaisir, je consens à son idée. Elle lâche mes mains et s’en retourne dans son atelier, pour revenir avec les précieux papiers. Les fameux laisser-passers. Je les touche à peine du bout des doigts, comme si l’audace de les prendre en main allait souiller leur pouvoir de franchir un autre plateau. « Il nous a beaucoup aidé à les obtenir. » avoue-t-elle. « Il connaît bien l’administration et nous a facilité la paperasse. Vois-tu, ma chère fille, c’est pour ça que tu dois te marier avec quelqu’un de bien plus important. Tout sera toujours plus facile. Fais comme ta tante, épouse un riche. » Je ne comprends pas, n’aime-t-elle pas papa ? Je bredouille « Et … » - « Ton père est important pour moi, mais nous n’aurions pas du nous précipiter. Viens, assis-toi là. » Je prends place à la caisse, sur un tabouret. Mon père est parti faire les courses, nous n’avons plus assez de légumes pour cuisiner ce soir. « Nous sommes en train de réfléchir à un bon parti pour toi. Et ce que je vais te dire est très important Azaar, donc retiens bien mes mots. Je t’interdis de coucher avec un homme sans qu’il ne t’ait passé la bague au doigt. C’est pour ton bien. Nous savons que tu es jeune, belle comme une amarante aux nombreux épis veloutés et que tu es sage. Durant la jeunesse, il arrive que nous soyons pris d’une fougue à en faire rougir les pétales d’une rose, nous en avons été victime ton père et moi. Regarde-là où ça nous a amené. Nous peinons à régler le loyer de l’appartement et obtenons des services qu’en échange de lourds sacrifices. Je ne souhaite pas cette vie-là pour mon unique enfant, tu mérites bien plus que notre monde. » Mes yeux brillent de l’espoir que ma mère porte en moi. Pleurer n’est pas permis. Mon nez coule pourtant bien malgré moi. Il n’est pas de coutume de s’essuyer en présence d’une autre personne, mais c’est ma mère, donc je ne me retiens pas. Elle affiche son air maternel et me cajole l’épaule. Je me gratte les mains, elle le remarque. « Nous allons t’acheter des gants pour que tu puisses arrêter de t’infliger cela. » Mon père rentre à ce moment, portant un billot de légumes et de fruits. Ma mère se précipite pour l’aider. Il m’accueille d’un regard intrigué, mais ne dit rien. Il lui en faut peu pour comprendre l’état dans lequel ma mère m’a mise. Il l’observe, un court instant, et lui embrasse le front. Il vient vers moi ensuite et me salue d’un baiser également. « Je vois que tu n’as pas terminé de passer le balais, nous allons commencer à préparer à manger ta mère et moi. Rejoins-nous quand tu auras fini. » Et ils quittent tous les deux la pièce, me laissant seule pencher sur mes pensées. C’est la première fois que ma mère évoque un mariage. Cela ne m’étonne pas, certaines filles à l’école ont déjà un fiancé. J’ignore si je dois être heureuse que l’on pense à mon avenir ou meurtri de ne pas avoir le choix. Je crains, de toute façon, de ne pas l’avoir. Ce n’est pas comme si j’étais la meilleure élève de l’école, je n’habite pas non plus le quatrième plateau. C’est un état que je dois accepter. Je suis comme Clairmelda, l'héroïne de mon conte préféré. Une paysanne qui écoute ses parents, ils la poussent à accepter le droit de cuissage du seigneur de son royaume. Est-ce une mauvaise chose que d’espérer un héritier dont l’héritage serait profitable à tous ?

Je verrouille la porte à clef, après avoir fini de balayer le parquet. Je sursaute en remarquant quelqu’un, assis sur un banc, de l’autre côté du vitrail. La silhouette ne bouge pas jusqu’à ce que je la salue, timidement. C’est un homme de petite taille. Il relève la tête puis s’en va. La soirée est tombée sur Droséra, je n’ai pas réussi à distinguer les traits de son visage. Qu’importe, me dis-je, je tire le rideau et je me dirige vers la caisse. Mon père cache une petite bouteille de bière que je m’empresse de trouver. Ils ne m’ont pas encore appelé. La boisson pique la langue et m'étanche le palais, je continue. Je n’arrive ni à oublier les mots échanger cette soirée, ni à me pardonner de les avoir consciencieusement écouté durant leurs ébats. L’alcool s’éprend rapidement de moi, il m’en faut très peu pour sombrer dans les méandres de l’ivresse. C'est la première fois. Soudain, une espèce de chat manque de me faire tomber. C'est gros et beau. Je ne m'y attends pas et rigole. Est-ce une créature, née de mon esprit ? Je doute, je ne suis pas assez douée pour inventer, même si en cet instant je ne suis persuadée de rien. La créature est joviale et s’approche doucement, elle ne m'effraie pas, au contraire : je suis attirée. Elle entonne de sa douce voix un petit air, que je m'empresse de suivre, étrangement de bonne humeur.

« A la bière, à la bière,
Rois de tout horizon,
Que vous soyez libre ou bien serré,
La bière vous attend dans vot’ salon !

Ce sera vot’ fidèle amie,
Votre fidèle femme,
Quelle soit brune, blonde ou bien royale. »

J’inspire et je prends mon balais dans une main, gardant la bière dans l’autre. J’utilise le manche pour me tenir droite, relevant le menton. J’épouserai un Prince, que dis-je, un Roi ! Et je deviendrai Clairemelda. Et ce gros chat singulier sera mon écuyer.

« A la bière, à la bière, 
Rois de tout horizon,

Vous partirez en quête,
Avec vot’ bière faites maison !
Orges de bouton d’or,
ou orges de saison,
Tout en ajoutant à vot’ bière,
Un goût de dévotion.

Ce sera votre fidèle amie,
Votre fidèle femme,
Qu’elle soit brune, blonde ou bien royale ! »

Je rigole. « Azaar ! Viens à table ! C’est l’heure de dîner ! » Je regarde la créature en tournant tout autour du balais. J’essaie de boire, mais rien ne sort de la bouteille. Ai-je tout fini ? Impossible. « J’arrive ! » La grosse boule de poils se dirige vers la porte. Je déverrouille et je lui ouvre, elle m'attend. « Je ne peux pas venir avec toi, mon gros chat. Hic ! Je dois aller manger. Rentre bien. »


Mots = 1 517

Nom de la chanson : La bière royale
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 19 Sep 2019, 12:35



Mes pas enfonçaient la neige dans un bruit molletonné. Le Berceau Cristallin me rappelait le Lac Bleu, l’hiver. « Est-t-il possible de patiner ? » demandai-je à un homme qui tenait un petit chalet, sur les rives. Il me regarda de bas en haut, se demandant sans doute ce qu’un vieil homme tel que moi pouvait bien donner sur la glace. Après Basphel, en arrivant aux Palais de Coelya, j’avais été gentiment moqué pour ma non-maîtrise. Chez les Mages Blancs, le patinage était une institution et plusieurs sports raciaux se pratiquaient sur le lac. Ne pas savoir patiner attirait toujours une foule de réactions dont, pour la majorité, une proposition d’apprentissage. J’avais donc appris. Mon corps, jadis, était aussi lâche que je l’étais, un corps de jeune homme filiforme qui rêvait d’avoir un minimum de musculature. À cette époque, j’avais beau manger comme quatre et faire des efforts, j’atteignais rapidement mes limites. Mon corps n’était pas hideux, il était simplement plat, sans relief, blanc comme un Lyrienn de la Glace. Ma base était mauvaise. Je n’étais pas le type d’homme à pouvoir prendre facilement et ma croissance avait tardé si longtemps que je m’étais demandé si elle viendrait un jour. Finalement, c’était arrivé. J’avais pu me renforcer un peu mais je restais souple comme un manche à balai, au grand damne de mes professeurs improvisés de patinage. Aller en arrière m’était difficile, faire les figures, impossible. J’étais tombé plus d’une fois. Je m’étais même foulé la cheville. Pourtant, toujours, quelqu’un avait été là pour me relever et me soigner. Chez les Sorciers, je serais tombé et ce que j’aurais très probablement obtenu aurait été des sourires en coin, méprisants, ou des regards courroucés par la honte qu’infligeaient à mes proches mes mauvaises performances. Seulement, pour faire l’avocat du diable, il semble que le mépris n’engendre que l’erreur et le mal-être ; sauf pour quelques cas, les rares chanceux qui finissent par sortir la tête de l’eau par on ne sait quel miracle. Avec le recul, je me demande si je serais arrivé à me développer chez les Sorciers. Sans doute aurais-je simplement été brisé. Je ne pourrai jamais savoir.

« Oui c’est possible. Vous savez patiner ? Je ne veux pas de problème si jamais vous tombez… » « Ça devrait aller. Je peux vous signer une décharge si vous voulez. » Plus il me regardait, plus il se doutait que je n’étais pas un simple quidam perdu dans ces contrées gelées. Le fait est qu’il avait raison. J’étais ici pour des raisons diplomatiques. Après mon passage à Aeden, on m’avait convié ici. Je venais d’arriver mais avais laissé mon escorte prendre possession de l’auberge d’Easkir. Je devrais me rendre à Brangul ensuite. Pour l’instant, je voulais simplement être seul et me promener dans cette étendue. C’était magnifique.

Quelques temps plus tard, je chaussai mes patins et m’élançai sur la glace. Il était facile de se remémorer les chutes que j’avais fait mais également les premières fois où j’avais senti que je maîtrisais l’exercice. Au fur et à mesure de mes entraînements, mon corps s’était renforcé, si bien que j’étais parvenu à contrôler de plus en plus mes mouvements. C’est quelque chose d’étonnant lorsque le corps commence à se plier aux volontés de l’esprit, qu’il repousse ses limites pour le satisfaire. Tout devient bien plus facile. Il n’y a alors plus de mal de dos, plus d’articulations capricieuses, plus d’essoufflement, juste la satisfaction de pouvoir faire ce qu’on veut. J’arrivais à un stade de maîtrise où les seules limites de mon physique demeuraient celles qui se trouvaient dans ma tête. Celles-ci n’étaient pas faciles à abattre.

Lorsque je fus certain d’être assez loin pour qu’il ne me voit pas, je libérai ma magie afin de prendre une apparence plus jeune, standard, sans être la mienne. Je n’étais pas assez fou. On pouvait clairement envisager qu’Elias souhaite se rajeunir de temps à autre mais aucun rapprochement avec Kaahl ne devait être possible. Le poids de mes responsabilités et de mes mensonges me pesait. Je vivais sur une corde, tel un équilibriste, en me demandant quand est-ce que je ferai le faux-pas qui me ferait sombrer. Pourtant, je savais parfaitement que je possédais plusieurs sangles de sécurité. Si je tombais, ce ne serait peut-être pas la mort. Mes pas sur la glace n’étaient pas harmonieux pour l’instant, je m’amusais à battre un rythme imaginaire, usant de l’avant et de l’arrière de mes patins pour hacher le mouvement. Je finis par sourire, reprenant des courbes plus aériennes. L’air frais sur ma peau marquait le contraste avec la chaleur qui s’était imposée à l’ensemble de mon corps, couvert. Mes joues devaient être échauffées mais je m’en fichais. Ici, j’étais seul, les Lyrienns de la Glace n’ayant visiblement rien à faire d’un lac gelé qu’ils pouvaient recréer chez eux s’ils le souhaitaient. J’aimais être seul, loin de tout. Je pensais parfois à m’isoler dans une montagne quelconque. Je ne reviendrais pas. Je resterais là-bas, à apprendre à me connaître moi-même, et non pas à jouer les multiples rôles que l’on m’imposait. Peut-être que pourrais-je me surprendre ? J’étais un bon acteur et je le savais mais ce manque flagrant d’identité propre et mon esprit sans cesse balancé entre le mal et le bien contribuaient à un mal-être de plus en plus présent. Je devenais puissant mais mes failles n’en étaient que plus grandes. J’avais pensé qu’elles disparaîtraient si je faisais les choses dans les règles, si je devenais fort, cultivé, si ma magie s’étendait. J’avais eu tort. Car plus je me transformais en ce que je désirais, plus les crevasses devenaient des trous béants. Ce n’était sans doute plus les autres le problème. Je finirais simplement par m’engloutir moi-même, par me laisser dévorer par mes propres démons. À force d’aimer et de haïr en même temps, j’en arrivais à me demander ce qui était vrai. Aimais-je ou haïssais-je ?

Je fis quelques figures, tournant sur moi-même après un élan important. La sensation était toujours aussi délicieuse, un mélange d’adrénaline et de satisfaction personnelle. C’en était presque naturel et j’aimais sentir mes muscles se contracter et se relâcher au bon moment.

Alors que j’allais continuer sur ma lancée, je dus faire un écart important pour éviter une chose qui avait trouvé bon d’apparaître juste devant moi. Je me rattrapai de justesse grâce à une impulsion de la main. En me redressant, mes yeux rencontrèrent un animal un peu étrange. Il me regardait avec un œil vif. Pas du tout impressionné, alors que j’aurais pu le blesser voire même le tuer, il se contentait de se tenir immobile, reniflant autour de lui en bougeant ses petites oreilles. Je ne pus m’empêcher de penser qu’il était sans doute trop mignon pour son propre bien. Et si j’approchais ? Sentirait-il le mal en moi et partirait-il ? J’expirai un coup avant de me décider à tenter l’expérience. Il ne s’enfuit pas le moins du monde. Mal ou pas, il ne semblait pas farouche pour un sou. Il plairait sans doute à ma fille. Je m’accroupis, lui présentant ma main en signe de paix. « Quel genre de créature es-tu hein ? » demandai-je, n’espérant pas particulièrement de réponse. Je finis par m’asseoir sur la glace, sachant d’avance que mes fesses finiraient trempées et que ce n’était pas intelligent. Je sentis alors une envie toute particulière me saisir. J’avais envie de chanter, ce qui m’étonna un peu. Je n’étais pas mauvais, je chantais juste, mais je n’étais pas bon non plus. Je n’avais jamais appris et chanter ne me plaisait pas forcément. Je préférais de loin laisser ça à d’autres et me concentrer sur la musique. Pourtant, comme si une force irrésistible me tirait, je me mis à pousser la chansonnette, me rappelant d’une mélodie de Basphel. C’était un peu décousu, les vers totalement catastrophiques mais, au moins, on pouvait reconnaître à la mélodie la justesse des rimes.

« L’Ivoire désire refaire l’Histoire !
Les Justes, les Braves mais Extrémistes
Ils finiront tous esclavagistes !  

L’Obsidienne désire refaire l’Histoire !
Les Fourbes, les Vils mais Élitistes
Ils finiront tous esclavagistes !

L’Acier désire refaire l’Histoire !
Apprendre, s’relever, s’réaliser
C’est comme ça qu’on d’vient couronné !

L’Étain désire refaire l’Histoire !
Patience, Instinct, Diversité
C’est comme ça qu’on d’vient couronné !

Le Charbon désire refaire l’Histoire !
Les fous, brutaux et affirmés
Ils finiront tous esclavagés !

La Craie désire refaire l’Histoire !
Les Candides, naïfs et bienfaisants
Ils finiront tous dans les champs !
»

Refaire l'Histoire. À bien y penser, la chanson n’était peut-être pas très objective. Créée par des enfants de onze ans, elle faisait le tour de Basphel lorsque j’y étais. À présent, elle me semblait bien dérisoire et laide. Après tout, j’avais fait partie de l’Acier. Aujourd’hui, si j’étais un esclavagiste, je n’étais toujours pas couronné.

1464 mots
Promis, Léto, je ne ferai pas carrière en poésie même si y a un truc à creuser pour détruire l'humanité je pense...
Je n’ai pas dit si Kaahl suivait ou pas le Kangelas parce que je suis perdu dans ma chronologie XD


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Mitsu
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Mitsu
Sam 21 Sep 2019, 02:51




« J’étais captive de mon ignorance,
Enfant d’une famille imposante,
Perdue dans cette abondance,
Face à ces règles abrutissantes.

J’étais esclave de ma condition,
Vide de mon insignifiance,
Comme enfermée dans l'abomination,
Prise dans les tourmentes de ma méfiance.

Je n’étais rien, qu’une insouciante
Éduquée dans leurs préceptes,
Une rebelle contrariante,
Refusant de devenir adepte.

Et, pourtant, comme un fantôme,
Je regardais le temps passer,
Je n’étais pas autonome,
Et chaque jour ne faisait que me lasser.

Un beau matin, pourtant,
J’ai croisé le regard d’un corbeau,
Noir et imposant,
Maître des animaux.

Il me fixa et me dit :
« Tu es libre, mon enfant
Pourquoi ne point profiter de la Vie ?
Car demain la Mort t’attend. »

Au fond de mon âme, je frémis,
Et son image devint une obsession,
De lui je me languis,
Ne pouvant fuir cette impression.

Je n’étais déjà plus l’enfant,
Celle aux lèvres scellées,
Future mère de descendants,
À jamais enchaînée.

Mon cœur s’était éveillé,
Mon esprit voulu s’exercer,
Avide du chemin de la liberté,
Celui qui m’était jusqu’ici refusé.

Alors je me relevai,
Forte de ma décision,
Mes chaînes je les brisai,
Les toisant avec dérision.

Elles n’étaient pas physiques,
Juste le fruit de mon inaction,
Le poids d’une pensée anémique,
Confortée par leurs convictions.

La peur avait paralysé mes sens,
Mais il était temps de sortir de l’inertie,
Demain viendrait avec aisance,
Sous un ciel éclairci.

Un pas après l’autre, lentement,
Je m’engageais sur la voie,
Celle qui me mènerait vers le firmament,
Et qui me permettrait de rejoindre le convoi.

Chaque soir, seule, je priais,
Je voulais le revoir encore.
Et parfois ses frères riaient,
Sachant qu’il reviendrait clore.

Alors, forte de ma Liberté,
J’atteignis les sommets,
M’élevant telle une Déité,
Au-dessus de la marée.

Et, un jour, alors que je regardais l’Océan,
L’oiseau majestueux vint se poser à mes côtés,
Ses yeux semblaient refléter le Néant,
Et il me sourit d’un air désolé.

Le silence nous lia puis, il me dit :
« Le Temps est venu, je le crains,
De rejoindre à jamais ce lit,
Car ta Vie est sur le Déclin. »

« Corbeau, mon ami » commençai-je,
« J’ai tant espéré te voir encore,
Pour cela, j’ai tissé mille pièges,
À t’attendre jusqu’à l’aurore.

Pourtant, à présent, il est trop tard,
Tu ne peux m’emmener dans ton cauchemar,
Car la Vie est mon seul rempart,
Et c’est elle qui est mon Étendard. »

« Comment ? » répondit le Corbeau.
« M’aurais-tu trompé de tes mensonges ?
Ne serais-tu point condamnée à sombrer dans les flots ?
Tout ceci ne serait qu’un songe ? »

« Je m’excuse, Corbeau » murmurai-je.
« Je m’excuse car ce sera là notre malédiction,
Conséquence d’un vaste sortilège.
Veux-tu entendre l’ultime sanction ? »

Je n’attendis pas sa réponse, continuant :
« Nous serons à jamais amoureux,
Pourtant, peu importe notre agrément,
Il nous sera impossible d’être heureux.

Jamais nous ne pourrons formuler nos vœux,
Car je serai la Vie et toi la Mort,
Nous nous frôlerons de nos Corps,
Sans devenir aptes à y mettre le feu,

Crois-moi, lorsque je dis que tu m’es cher.
Tu es celui qui me fit goûter à la Liberté
La première fois, déjà, tu as marqué ma chair,
Tant ton aura m’a affectée.

Mais si je veux être libre, Corbeau,
Je ne peux te laisser emprisonner mon cœur,
Car, alors, mon Monde partirait en flambeaux,
Et il n’y aurait nul vainqueur. »

« Je t’écoute, ma chère. » répondit le Corbeau.
« Pourtant, la Liberté n’est pas telle que tu la vois,
Aimer ne peut s’apparenter au tombeau,
Et tu te lances dans une mauvaise voie.

Tu nous as maudit, parfait, mais laisse-moi rectifier tes dires,
À jamais tu me fuiras, mais pour toujours je te suivrai,
Jusqu’à la nuit des temps, pour te faire grandir.
Là, tu comprendras que j’étais dans le vrai.

L’amour n’a jamais enfermé la Liberté, au contraire,
L’amour l’a fait naître et se magnifier.
L’amour est une force à laquelle on ne peut se soustraire,
Et en le niant tu ne fais que t’enchaîner.

Au plus haut de ta puissance, ma Déité,
Tu sembles t’illustrer par ta stupidité.
Pourtant, je t’aime et je vais te le prouver,
Jusqu’à ce qu’à mes lèvres tu souhaites t’abreuver.

Jamais je n’aurai de répit,
Pour te faire comprendre tes erreurs,
Car je ne peux être qu’un charognard décrépi,
Je serai aussi le dernier des Empereurs.  

Alors, au dernier jour de l’humanité,
Sur une terre détruite par tes sottises,
Nous nous retrouverons pour décider,
Lequel de nous deux a la plus grande expertise.

Celui qui aime et le confesse,
Ou celle qui ressent et le masque.
Je peux te garantir, noble princesse,
Que tu paieras tes frasques. »

« Tu sembles bien sûr de toi, Corbeau » dit-elle,
« Mais c’est de l’attente que naît le désir,
Alors, ce jour où les Dieux deviendront Mortels,
Et où nous célébrerons la mort des plaisirs

Peut-être reverras-tu ton jugement,
Car ce baiser que tu attends,
Je te l’accorderai tendrement,
Avant de nous éteindre avec le Temps. »

« Tu sembles également certaine de tes charmes, Colombe » fit-il.
« Crois-moi, tu ne pourras jamais patienter jusqu'à l’apocalypse,
Pour consentir à nos échanges futiles.
Mais, beau joueur, je t’accorderai quelques éclipses.

Alors, tu pourras venir goûter mes lèvres,
Nous nous laisserons porter par la fièvre,
Et la Vie et la Mort donneront naissance au Paradis,
Le Berceau de tous les Interdits. »

Sa voix s’éteignit alors. Elle chantait depuis un long moment déjà. Lorsqu’elle avait rencontré l’animal, elle était plongée dans ses pensées. Son corps nouvellement formé parcourait les grandes étendues d’herbes grasses qui jonchaient les Terres d’Émeraude. La végétation y était belle et abondante. Le soleil caressait toujours sa peau, bien qu’il déclinât progressivement. Elle n’avait aucune idée d’où elle dormirait une fois la nuit venue mais songeait qu’il serait peut-être amusant de regarder les étoiles et de fermer les yeux, étendue parmi les fleurs fermées. Un petit bruit avait alors attiré son attention et son regard avait croisé celui de l’étrange créature bleutée. Elle avait eu envie de chanter et s’était assise là, sans prêter attention à son environnement. Sans doute aurait-elle clamé qu’elle ne connaissait pas de chanson – ça aurait dû être vrai – mais elle avait compris qu’elle possédait des ressources insoupçonnées. Ces ressources s’imposaient parfois, lorsqu’elle en avait besoin. Ce n’était pas voulu, c’était presque inconscient, mais c’était réel. Elle ne savait comment cette magie étrange fonctionnait. Ce qu’elle comprenait, c’est qu’elle pouvait devenir ce qu’elle désirait, prendre l’apparence qu’elle souhaitait, et moduler son caractère en fonction de ses objectifs. Ceux-ci demeuraient flous, bien qu’elle voie se dessiner une ligne directrice. Anya voulait se battre pour ce qu’elle croyait être bien, être l’émissaire d’un monde en Paix, fait de Liberté. Sa robe blanche contrastait avec sa peau noire. Ses cheveux n’étaient plus que de l’histoire ancienne. Elle se sentait bien dans ce corps là. Positionnée entre les brindilles, elle avait réfléchi quelques instants avant de commencer une chanson. C’était une très vieille mélopée qui semblait provenir du début de l’Humanité tant il n’était pas courant de croiser une personne capable de se souvenir de ses paroles et de son air. Pourtant, c’était là, profondément ancré en elle. Il y avait une histoire derrière les mots, une histoire qui lui semblât triste. L’amour ne devrait pas être si compliqué et, rapidement, elle prit le parti du Corbeau, sans rien connaître de l’identité des protagonistes. Sans doute était-ce trop complexe pour être chanté pour des enfants. Elle se demanda qui était le public. En cette fin de journée, ce serait cette petite créature, sortie de nulle part. Elle lui semblait bien curieuse avec son pelage doux et soyeux et ses oreilles en forme d’ailes.

Durant les quelques secondes qui suivirent la fin de sa chanson, la jeune femme resta pensive. Elle ne savait qu’en penser, que penser en règle générale, en réalité. Tout ceci, ces souvenirs sortis du néant, ces situations qu’elle arrivait à maîtriser, l’effrayait. Quant elle tourna la tête vers le Kangela, il lui sembla évident qu’il désirait qu’elle le suive. Elle n’eut pas le cœur de refuser et, plus que cela, elle sentit qu’elle devait aller avec lui. Elle le suivit.

1382 mots
Le Corbeau et l'Enfant
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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

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Siruu Belhades
Sam 21 Sep 2019, 16:42


La sorcière souriait, devant le miroir. La journée d’hier avait été longue, mais au moins, chaque tâche avait été accomplie avec toute la précaution nécessaire. Elle laissait glisser ses doigts sur la fiole, le regard sévère. « Non, je ne t’ai pas demandé ton avis. » L’homme qui l’accompagnait se retint de réagir. « J’ai lu ta liste, et je t’ai demandé de l’inviter lui. C’est tout ce que tu as besoin de savoir. C’est des affaires de famille. Vraie famille. » Elle insistait sur la plaie. La sorcière pouvait rompre son contrat de mariage avec Staurakios à tout moment, après tout. Là était l’avantage de s’allier avec quelqu’un d’inférieur dans l’échelle sociale. Elle avait pu dicter sa loi lors de la rédaction du contrat qui scella leurs épousailles.

« Il est de ton sang ? »« Non, pas du tout. Mais contente-toi de faire ton travail habituel, je me charge de mes propres affaires. Sois rassuré, ce n’est rien qui te concerne, ou qui ne soit trop important… normalement. » L’ajout de ce dernier mot était volontaire. Morgana l’invitait à creuser le sujet, mais pourrait très bien se fermer l’instant d’après. « Tu ne sais pas ? » La chose avait de quoi surprendre. Elle manquait rarement d’informations, habituellement. « Non. C’est justement lui qui m’apprendra, si mes pronostics sont bons. Es-tu satisfait, monsieur le journaliste, ou souhaites-tu essayer de me tirer les vers du nez encore longtemps ? » Staurakios savait que, si le secret n’était pas trop important, il pouvait la faire céder. Cependant, tout avait un coût. Il laissa ses yeux voguer à travers la pièce. Une cage à perruche avait été rajoutée, depuis la dernière fois.

« Je pourrais te faire tomber. » Le regard du rédacteur devenait mesquin. Il n’avait pas touché son verre. « Fais donc, j’ai assez de linge sale sur toi pour faire évanouir nos domestiques. Oh, et je ne t’ai pas empoisonné, tu peux boire. » Staurakios regarda le liquide un instant, rebuté. « Toi d’abord. » Sa femme prit la moitié du contenu d’une traite. « Satisfait ? »

« C’est une potion contre le froid. On part à Ciel-Ouvert. » Le rédacteur haussa les sourcils. Ce n’était pas l’endroit où un sorcier s’amuserait à mettre les pieds en temps normal. « Tu veux voir si tu as des neveux dans le Verillon ? À moins que tu ne préfères les rejoindre en cellule, peut-être ? » Morgana sourit à cette pensée. Il était possible qu’elle ait de la famille derrière les barreaux, en vérité… mais il valait mieux agir comme s’ils n’existaient pas. « Très drôle. Non, je suis curieuse, et il faut analyser les opportunités économiques de la région. Éléonore nous rejoindra avec quelques domestiques. Prends des vestes avec toi, on se téléportera dans la matinée. On reviendra pour le dîner, et si je trouve ce que je cherche on pourra repartir pour le Voile Blanc. J'espère que tu aimes les téléportations. »



Endora était si surprise que sa peau semblait ne pas ressentir le froid. Sa patronne avait toujours eu l’air de la détester copieusement, comment avait-elle pu songer à l’emmener en voyage ? Enfin, c’était bien. Peut-être qu’elle trouverait sa princesse dans une tour de glace. Là, enfin, elle pourrait lui fabriquer la potion qui lui permettrait d’atteindre son prince.
« Réveillez-vous. » Éléonore claqua des doigts devant les yeux rêveurs de son employée. Elle avait l’air de se demander pourquoi avoir emmené une telle énergumène. En vérité, c’était facile à deviner et elle le savait. Endora n’était pas une esclave, mais bien une simple servante. La choisir elle — et les quelques autres domestiques — pour ce voyage permettait d’être en accord avec les mœurs du peuple de Ciel-Ouvert. « On doit rejoindre la cité, plus haut. Porte mes bagages, on restera ici quelques jours. »

À des mètres de là, Morgana attendait dans la neige. Par rapport aux autres – qui avaient pourtant aussi bu de la potion, elle semblait mieux s’accoutumer à la température. Sans doute était-ce le gigantesque manteau, qui aidait. Pourtant, c’est un autre type de fourrure que la sorcière vit. Des poils bleus et blancs, deux taches noires… un animal. Que faisait-il ici ? Morgana s’arrêta quelques millimètres devant le spécimen, une distance qu’elle jugea appropriée pour l’examiner.

« Qu’es-tu ? » Question rhétorique, puisqu’elle n’était pas une sorte de druide ayant une connexion profonde avec les animaux : son manteau en témoignait. Humains, animaux, végétaux, mycètes... aucun être mortel n'avait de valeur intrinsèque, à ses yeux. Tout dépendait de ce qu'ils pouvaient lui apporter. Cette bestiole-là n’avait pas l’air de servir à grand-chose, mais avait quelque chose d'attendrissant. Elle entonnait un air familier. Morgana eut envie de chanter. Non pas pour enclencher sa magie comme elle l’avait toujours fait, mais bien pour son simple divertissement. N’étant pas du genre à se restreindre, elle se lança.

« Ô mon petit gnome, avant que tu ne t’échappes
Écoute, car je veux que tu sois préparé
Le jardin regorge de beautés en journée
Les petits n’y jouent que lorsque le soleil frappe

Mais, mon fils, il y a des trésors à toute heure
Une fois grand, tu comprendras mon intérêt
Oui, tu verras enfin les somptuosités
Qui m’apparaissent lorsque le soleil meurt

Mon cœur, les lampyres ne brillent que de nuit
Quand tes épaules seront assez élevées
Les dons de Cléophée te seront révélés
Et l’obscurité te fera goûter ses fruits. »


Staurakios s’approcha de sa femme. « Jolie comptine. C’est de qui ? » Elle continuait de fixer la petite créature sans prendre le temps de regarder son mari. « Une magicienne. Ida Vaughan, née Diranille. Elle est morte pendant la guerre des Dieux, mais c’était il y a trop longtemps pour que je me souvienne des circonstances. De toute façon, elle ne produisait plus grand-chose. C’est dommage… avant son mariage, elle écrivait bien. Ses enfants ont dû aspirer le talent qui lui restait par le placenta. » Sans doute était-ce à cause de ce genre de craintes que Morgana n’avait jamais pu supporter l’idée d’être enceinte. Pourtant, une progéniture apporte son lot de bénéfices, dans le jeu politique sorcier.
« La bestiole veut qu’on la suive. C’est un humanoïde sous une autre forme, à ton avis ? » Staurakios demeurait méfiant. Ils étaient ici en territoire étranger, après tout. « Je ne pense pas, mais obéissons. Qui sait, ça pourrait être utile. »



Endora gesticulait devant la garde. Ils n'étaient pas prêts d'ouvrir la Porte de Linos. « Mais le machin qui couine voulait qu’on rentre ! Laissez-nous passer ! » Elle se calma face aux très nombreuses paires d’yeux qui la dévisageaient : sa patronne, la demi-sœur de sa patronne, le mari de cette même demi-sœur, deux autres employés et, pour finir, plusieurs gardes. Ils étaient nombreux à penser qu'elle n'avaient pas toute sa tête. Toutefois, la magicienne possédait suffisamment de bon sens pour savoir quand freiner. Être renvoyée serait le pire des drames : elle vivait sur son lieu de travail, après tout.
« Excusez-nous, elle est atteinte. » Staurakios s’avança. « Nous n’allons pas vous déranger plus longtemps, vous avez probablement plus important à faire. » Il avait l’un des faux sourires les plus efficaces.



Bien loin de Nementa Corum, ce petit groupe s'était donc retrouvé quelque part dans un hôtel du Quartier Aria. « Ces animaux sont curieux, tout de même… »« Oui, on pourrait commander un article dessus, pour la rubrique zoologique du Pendu Ravi. »« Je ne parles pas de ça. Le fait de chanter... c’est vraiment étrange. Qui sait, ça pourrait même être la clé pour désactiver notre particularité. »« Je ne suis pas certain que tu puisses faire bouillir un de ces machins dans un chaudron. Ils sont capables de disparaître, apparemment. » Il n’avait pas tort. Morgana tourna la tête, c’était sa manière de capituler et de clore la conversation. C’est à ce moment que son regard se posa sur une servante qui n’aurait pas dû être là : Endora.

« Tu n’es pas censée être Éléonore avec dans l’autre chambre ? » La magicienne persuadée d’être sorcière essaya de se mordre la langue. La vérité sortait systématiquement de sa bouche : c’était plus fort qu’elle. « C’est que… ma patronne voulait savoir ce que vous disiez et m’a envoyée vous espionner. » Chez les mages noirs, ce genre d'histoire ne surprenait plus vraiment quiconque. Leur définition de la famille n'excluait pas les coup bas. Ces derniers étaient si nombreux que les pardonner était devenu la règle. Un jour, votre tante essaie d'empoisonner celui à qui vous avez arraché une promesse de mariage. Le lendemain, vous la faites suivre par un détective, afin d'avoir des informations à retourner contre elle si nécessaire. Finalement, les familles qui paraissaient s’entre-tuer le moins étaient certainement les plus divisées. Contrairement à l'esclavagisme, cet aspect-là des mœurs sorcières n'était pas incompatible avec Ciel-Ouvert. Dans la Cité des Chants, quoi de mieux que des maître-chanteurs ?
1440 mots.
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Dim 22 Sep 2019, 21:30



C'est en vain qu'au Parnasse un téméraire auteur
Pense de l'art des vers atteindre la hauteur.
S'il ne sent point du Ciel l'influence secrète,
Si son astre en naissant ne l'a formé poète,
Dans son génie étroit il est toujours captif ;
Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif.

La Marche Terne : L'appel


La respiration lente, les jambes souples et le dos droits, Yllore faisait tourner l'un de ses chakrams au bout de son index, fixant de ses yeux sombres sa jumelle. Yllesha lui faisait face, une javeline fermement tenue dans son poing, le long de son bras. L'affrontement à venir n'avait pas tant pour objectif de se renforcer physiquement, psychiquement et de sortir blesser ou mutilée. En vérité, depuis les révélations que lui avait fait l'Augure, Yllesha avait régulièrement cherché à s'entraîner de divers manières afin de pouvoir  maîtriser ce don, malgré les mises en garde de ce dernier. En fait, elle voyait les choses différemment de lui. Elle n'avait pas besoin d'en faire usage régulièrement après tout. Surtout si le secret et l'absence de ce pouvoir leur avait permit de vivre en sûreté. Néanmoins, il pouvait toujours lui être utile en cas de réelle nécessité. Si elle courait un réel et grave danger par exemple, comme la dernière fois. Ou plutôt, la première fois. Pourtant, même en demandant l'aide de sa propre sœur, elle n'était pas rassurée de l'entreprise.

Yllesha raffermit sa prise sur l'arme avant de se précipiter vers sa jumelle. Yllore eu un mouvement de recul instinctif à l'approche de cette dernière. Puis, alors qu'elle s'apprêtait à répondre en saisissant fermement son arme au creux de sa main, prête à la lui lancer. Cependant, elle fut stoppée dans son geste, prise d'une douleur soudaine lancinante. La Réceptacle poussait un long hurlement avant de s'effondrer brutalement au sol avec l'impression que son être se déchirait tout entier. Celle possédée par le condor s'arrêtait face à la douleur de sa sœur, l'inquiétude et la tristesse se lisant sur les traits de son visage. Elle savait qu'il n'y avait rien de grave à ce qu'elle subissait. Il ne s'agissait que de la Grue en elle qui se manifestait et cherchait à se substituer à sa forme humaine. Néanmoins, elle savait également à quel point cette souffrance pouvait s'apparenter à de la torture. Aussi, à l'instant où les genoux touchèrent le sol en même temps que ses chakrams, Yllesha couru dans la direction opposée. Il n'y avait rien à faire, mais elle en avait assez de voir sa sœur ainsi. Tandis que cette dernière disparaissait du gens de vision d'Yllore, les bras de celle-ci devinrent ailes et ses jambes, pattes. Son coup s'allongeai tandis que sa pilosité se transformai en un plumage immaculé. Becquée et griffée, elle leva sa tête vers le ciel en poussant un cri, puis déployai ses larges ailes pour prendre son envol.

La Réceptacle volai quelques minutes au-dessus de la forêt, rejoignant une vaste étendue de plaine traversée par un petit ruisseau. Battant rapidement l'air en direction du sol lorsqu'elle se retrouvait à quelques mètres de ce dernier afin de ralentir sa course, elle se posait dans le lit, le courant frais caressant ses pattes rugueuses. Elle restait ainsi encore quelques temps, se nettoyant le plumage à coup de becs ou s'essayant à attraper les quelques créatures aquatiques qui lui filaient entre les pattes avant qu'un nouveau cri ne déchire l'air, comme si un chasseur venait d'abattre l'oiseau qu'elle était d'une flèche en plein cœur. Quelques secondes plus tard, Yllore était à quatre pattes dans l'eau, à bout de souffle et les larmes aux yeux. Elle poussai une profonde inspiration puis relevai la tête pour. Alors ce fut la surprise qui se dessinai sur les traits de son visage tandis qu'elle observait le curieux animal qui se tenait face à elle, l'observant en retour d'un regard curieux. L'Eversha s'agenouillait dans l'eau fraîche et s'adressait au Kangela d'une douce voix. « Bonjour. D'où viens-tu ? ». Elle n'obtint aucune réponse de sa part. Elle s'y attendait. Néanmoins le curieux animal réagit tout de même en battant de ses oreilles plumées. La Réceptacle s'approcha doucement de la bête, afin de ne pas l'effrayer. Puis, une fois à proximité, elle lui caressait la tête en chantonnant, sa main descendant le long de ses oreilles. « Je me demande si mes plumes sont aussi douces que les tiennes... ». Puis elle reprit son air en détaillant la créature. Elle ignorait la raison, mais il y avait chez cet animal quelque chose qui gonflait sa poitrine d'une chaleur étrange. Et à mesure qu'elle restait à ses côtés, l'air se fit plus entêtant, plus présent. Elle commençait alors à entonner à haute voix la comptine que ça mère leur chantait, à elle et Yllesha plus jeune. Cela faisait une éternité qu'elle ne l'avait pas chanté, ni même qu'elle l'avait entendu. C'était apaisant.

Alors qu'elle prononçait les dernières paroles dans un souffle, l'animal se détachai de l'Eversha pour s'éloigner d'elle. Elle le regardai partir, la tristesse commençant à se dessiner sur son visage, jusqu'à ce qu'elle voit le Kangela faire demi-tour et la rejoindre. Il s'arrêta quelques secondes face à elle avant de repartir, s'arrêtant à une distance raisonnable d'elle pour la fixer de ses grands yeux. Alors elle comprit. De l'animal, elle leva les yeux vers l'horizon, si lointain. Un inconnu qu'elle abordait avec tant de méfiance. Elle baissait son regard sur l'animal qui semblait véritablement l'attendre. « Yllore ! ». Elle se tournait alors en entendant l'appel de son nom. « Yllesha... », répondait-elle simplement en se laissant bercer par les bras de sa sœur qui venait l'enlacer. « Rentrons. Papa doit te parler. ». Rentrer avec quelque chose de plus rassurant que de partir. Mais ça le devenait soudainement moins quand elle devait retrouver le clan pour une raison particulière dont elle n'avait que peu d'information. Elle tourna son regard en direction du Kangela, se demandant si ce dernier avait finalement décidé de partir sans l'attendre. Il était toujours présent, comme s'il attendait un signe de sa part. Elle en fut ravie.
Le plus beau voyage, c'est celui qu'on a pas encore fait.

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Bon.... Finalement j'ai pas réussi à fournir une chanson complète et qui me plaisait xD. La prochaine fois o/ !
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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Mar 24 Sep 2019, 14:39


Son voyage touchait gentiment à sa fin. Sans surprise aucune, le jeune Rehla se réjouissait de retrouver son confort, d’éviter de devoir vérifier si quelqu’un était en train de les attaquer dans les ombres et de ne pas avoir à négocier des chambres chaque nuit. Daé n’était pas une personne qui avait besoin de faste, mais il venait de se rendre compte après ce premier voyage avec Synaën, qu’il n’était pas encore un grand voyageur. Et dans le fond, cela ne l’attristait pas tant. Il avait entendu les légendes des êtres qui avaient foulés toutes ces terres, plaine par plaine, montagne par montagne et mer par mer. Il avait entendu la légende qui racontait que dans la Mer Maudite, il y avait une île qui était en fait un cimetière réservé aux personnes qui avaient vu chaque parcelle du monde et que les morts de ces tombeaux étaient si puissants qu’aller sur cette île signifiait passer du côté de morts. Il raconta ça à sa tigresse alors que les deux marchaient tranquillement en direction de la cité des Rehlas. « Tu penses qu’on va étudier quoi la prochaine session ? » La féline regarda son ami dans les yeux sans pouvoir lui répondre – n’ayant ni la réponse, ni la capacité de parler. « J’aimerais bien qu’on nous parle un peu plus des autres races. Ça nous ferait voyager ! Je me demande exactement comment ça se passe pour papa et maman. Qu’est-ce que tu penses qu’iels font vraiment à Nementa Corum ? Je leur demande jamais, je sais bien qu’iels ne peuvent rien me dire, tu crois qu.. » Daé se retrouva sans comprendre comment, la tête la première dans l’herbe terreuse qu’il foulait quelques instants auparavant. Il se retourna promptement, ne pensant pas être en danger ici. Couché sur le sol, il ne vit rien, regarda à ses pieds et vit un caillou, gris assez gros dans lequel il venait de misérablement se prendre les pieds. Il tomba au sol, son visage cerné à cause des courtes nuits précédentes le premier et émit un éclat de rire teinté de fatigue qui sortit étouffé par l’herbe qu’il était en train d’avaler. Synaën s’arrête à côté, des petites pousses apparaissant autour d’elle dans des couleurs toutes aussi vives les unes que les autres comme pour signifier à Daé que cela l’amusait aussi. Il se releva et se frotta pour enlever la terre qui parsemait ses vêtements quand un petit cri lui fit tourner la tête en direction du caillou. Il s’en approcha et se rendit compte qu’à la différence de bien des minéraux, il était poilu et étonnamment chaud. Daé s’en approcha doucement et fit signe à Synaën de s’éloigner un peu pour que la féline en train de haleter n’effraie pas la potentielle créature, qui, si elle était dangereuse, allait pouvoir tuer Daé dans quelques secondes. Au bout de quelques instants, l’animal se déroula et laissa apparaître une terriblement mignonne petite tête avec deux oreilles qui ressemblaient à des ailes. Elle regarde autour d’elle et s’approcha du Rehla en le regardant. Ce dernier sourit et prit la créature dans ses bras. Elle était douce et câline. La tigresse regarda son ami avec froideur. « Tout va bien Syn, je l’adopte pas, je lui fais un câlin. » Soudain, sans comprendre vraiment pourquoi, le jeune Regla eut une furieuse envie de chanter, de ces envies impérieuses qui ne se contrôlent pas et qui doivent sortir immédiatement. Cela ne lui arrivait jamais, il ne chantais jamais, mais plus la créature semblait se détendre dans ses bras, plus il avait envie de lui proposer quelque chose qui lui permettrait de passer un encore meilleur moment, une encore meilleure session de câlins. Il ne réfléchit que peu et se mit à marmonner un air qui lui vint à l’esprit puis à le chantonner avant de sérieusement l’entonner comme pour endormir la créature. C’était une berceuse que lui chantaient ses parents.


« Dors, Enfant des Etoiles
Dors, couvre toi d’un voile
Dors, Enfant de la Lune
Dors, demain, on rallume.

A l’aube, tu te réveilleras
Grâce à la Nuit de Dasha
Viendront, Luxinreis, Eloqui
Pour te voir ici

A l’aube, tu comprendras
Qu’elles essaient de te dire
Que tu seras là
Avec quelque chose à accomplir

Dors, Enfant des Etoiles
Dors, couvre toi d’un voile
Dors, Enfant de la Lune
Dors, demain, on rallume.

Au matin, peut-être
Tu partiras loin
Voir les dragons paître
Les toucher de ta main

Au matin, d’instinct
Tu t’en iras loin
Voir les villes renaître
Et trouver tes Maîtres

Dors, Enfant des Etoiles
Dors, couvre toi d’un voile
Dors, Enfant de la Lune
Dors, demain, on rallume.

Mais dès midi, tu comprendras
Qu’il n’y a de maître que celle qui
Depuis des ères, nous voit là-bas
Et nous dirige, et nous sourit

Tu pleureras devant la Lune
Tu souriras devant la Lune
Tu jouiras devant la Lune
Tu seras seul avec la Lune

Dors, Enfant des Etoiles
Dors, couvre toi d’un voile
Dors, Enfant de la Lune
Dors, demain, on rallume.

L’après-midi, tu vivras
Dans des lieux infinis
Des possibles à tour de bras
Des histoires de paradis

Tu auras oublié
Celleux qui t’ont élevé
Tu auras détourné
Les yeux de l’éternité

Dors, Enfant des Etoiles
Dors, couvre toi d’un voile
Dors, Enfant de la Lune
Dors, demain, on rallume.

Au crépuscule, retourné
Tu te verras rattrapé
Par les mains murmurées
Dans tes contes oubliés

Elles ne te laisseront pas
Choisir de les suivre ou pas
Loin de ton après-midi
Tes journées seront bannies

Dors, Enfant des Etoiles
Dors, couvre toi d’un voile
Dors, Enfant de la Lune
Dors, demain, on rallume.

Bientôt le soir, mon Somnae
Le soir qui t’aura rattrapé
Bientôt le soir, mon doux Daé
Alors écoute les déités

Quand il sera l’après-midi
Et que tu vivras des folies
Garde toujours dans ton manoir
Ouverte la porte du soir

Nous nous faisons toustes rattrapés
Non, nous n’avons rien demandé
Mais grâce à nous l’éternité
Ce soir a pu se reposer. »




La voix de Daé diminua jusqu’à s’éteindre et le silence qui régnait sur la nature environnante était plus dense, plus existant, comme si la musique avait fait, l’espace d’un instant, exister quelque chose qui n’était pas jusqu’alors. Il regarda la créature qui semblait lui sourire et lui fit des petites caresses. Synaën s’était allongée et somnolait avec à ses côtés un dahlia blanc qui laissait le vent faire son office. Il sourit et reposa la créature au sol, ne comprenant toujours pas pourquoi il avait soudainement envie eu de chanter ni pourquoi il s’était particulièrement rappelé de cette chanson. Il se souvint fugacement d’un lit bercé par les rayons de lune et d’un de ses parents qui, à voix de plus en plus basse pour accompagner sa plongée vers le sommeil, lui chantait ces vers qu’il ne comprenait encore pas entièrement, mais dont il se souvenait. Il releva en souriant qu’il ne savait même pas si c’était un chant que les autres Rehlas connaissaient aussi et que le fait que son prénom fût à l’intérieur devait être un audacieux tour de parent. Il sourit doucement et inspira une grande bouffée d’air du soir. La petite créature lui sauta des bras et il la regarda. Elle semblait vouloir que Daé la suive, mais elle paraissait également se diriger à l’opposé de Lua Eyael. Il se baissa. « Est-ce que tu serais d’accord que je passe d’abord chez moi ? D’ailleurs c’est où ton chez-toi ? Tu as besoin d’aide pour y retourner c’est ça ? Je peux t’y amener, mais il me faudrait vraiment un peu de temps. » Il n’avait aucunement envie de rater cette session d’enseignements et plus encore, il n’était pas censé le faire et était déjà bien en retard. La petite créature sembla se retourner pour faire face à la direction que lui avait proposé Daé. Il la regarda . « Mais en plus tu me comprends ? Bon, je ne sais pas où tu vas me mener, mais dès que je peux, je te ramène chez toi ! » Il sourit, réveilla doucement Synaën en l’embrassant sur la tête et se dirigea en direction de chez lui en fredonnant ce petit air qui lui restait en tête.




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La ballade de la Ligne
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Mar 24 Sep 2019, 16:17


Je claque la porte, énervée.

Pour qui se prenait-il ? Pourquoi fallait-il que tout soit toujours si compliqué ?

Pourtant, cela avait bien commencé …

La cloche avait tinté à son entrée dans la boutique. Un joli son clair. Des odeurs lui avaient chatouillé les narines. Elle pouvait sentir celle de la menthe poivrée, mêlée à celle de l’eucalyptus et l’amande broyée. D'autres effluves se mélangeaient à ces odeurs rendant l’ambiance un peu étrange et en même temps cela lui plaisait. Au plafond, étaient accrochées toutes sortes de plantes séchées. La sorcière en reconnaissait quelque unes pour les avoir cueillies elle-même aux abords des chemins, ou lors de ses sorties dans les marais de Nementa Corum. Sur les étagères, elle pouvait y distinguer toutes sortes de bocaux, fioles et livres anciens. Dans certains récipients, elle pouvait même voir des petites créatures ou pantes qui baignaient dans du liquide blanc-verdâtre. Un sourire s’étira sur son visage. C’était mieux que ce qu’elle avait espéré !

Elle entendit du bruit dans l’arrière-boutique. Un genre de farfouillement énergique. Elle prit la direction du son en réajustant son haut. Elle souhaitait être la plus présentable possible pour son premier jour. Elle se racla la gorge afin de signaler sa présence. Elle n’eut pas d’autre réponse qu’un bruit de feuille froissée. Elle réitéra son bruit de gorge de façon plus insistante. Elle entendit alors un choc sourd accompagné d’un « Par la barbe d’Ethelba ! ». Un vieil homme habillé d’un pull vert criard sortit du cagibi en se frottant le front, les sourcils froncés, cherchant la cause de son sursaut. De son regard bleu glacial, il détailla la sorcière avant de lui lancer d’un ton furibond : « Pas l’temps pour écouter vos balivernes ! » Il s’approcha de la blonde en faisant des mouvements devant lui avec ses mains. « Allez, ouste ! J’veux pas écouter vos jérémiades commerciales ! Je ne suis pas intéressé ! Zou ! Zou ! » Offusquée, Toupinou fit marche arrière devant les assauts du vieil homme. « Qu’est-ce que vous racontez ! Mais arrêtez ! » Cependant, le vieil homme n’écoutait rien.

A y réfléchir, notre rencontre ne s’était pas vraiment bien passée.

La sorcière avait dû retourner dans la boutique quelques minutes plus tard en gueulant dès les premières notes de la sonnerie de la cloche pour ne pas finir une nouvelle fois dehors : « Je suis Toupe, votre apprentie ! C’est vous, qui m’avait demandée de venir ici !!! » « Apprentie, vous dîtes ? » Le vieil homme s’arrêta et se frotta le menton en dévisageant la sorcière. « Qu’est-ce que c’est que ces histoires … Je pensais que vous étiez un homme ... Sans parler que je vous voyez plus grande que ça ! »  avait-il fini par dire en plaçant sa main au-dessus de Toupe de quelques centimètres. « Je n’ai pas besoin d’une empotée et d'une chouineuse par dessus tout ! »  « Ça tombe bien ! » avait alors déclaré la sorcière en retirant sa besace pour la placer sur le petit étal qui servait manifestement de comptoir. « Je ne suis ni empotée, ni chouineuse ! »  Elle entoura la pièce d’un regard circulaire avant de terminer : « Par quoi est-ce qu’on commence ? » Le vieil tira sur son pull en soupirant bruyamment. « Je vous préviens, jeune fille. Il faudra que vous soyez irréprochable pour que je vous apprenne les ficelles du métier … Je n’ai pas pour habitude de faire ça ... » Le vieux grisonnant se retourna dans son boui-boui en marmonnant : « Je n’aurais décidément pas dû me laisser convaincre par ce maudit Alarik ! J’vais avoir des ennuis, c’est sûr ! Une jeune fille ! »

Pendant que le sorcier étant en train de gérer seul sa colère, Toupinou en profita pour regarder avec plus de précisions l’agencement de la boutique. Sur le comptoir, à côté de sa besace, était placé une grand livre de comptes que le sorcier tenait à jour en écrivant d’une écriture fine et fuselée, le total de ces recettes et de ces stocks. Toupinou feuilleta doucement les grandes pages noires d’encre en s’émerveillant de la finesse des chiffres manuscrits du sorcier. Elle comprit aisément que si jamais elle arrivait à ouvrir sa propre échoppe, elle devrait, elle-aussi se montrait aussi rigoureuse pour la tenue des comptes. Elle espérait en être à la hauteur. Elle referma le livre avec douceur et retourna auprès des hautes étagères. Elle trouva que, contrairement, au livre de comptes, ces dernières étaient mal agencées. Elle se demandait comment les clients s’y retrouvaient dans tout ce fouillis … Peut-être que c’était le sorcier lui-même qui allait prendre directement leur commande sur les étals. Il avait sûrement un système de rangement personnel. Son regard se porta alors sur le vieux qui était toujours entrain de trifouiller bruyamment dans son bordel. Son système de rangement n’était peut-être pas si compliqué au final. Ou alors, le vieux était simplement bordélique. Cela ne serait pas le cas, dans sa propre boutique ! Toupinou voyait clairement les choses autrement. Tout d’abord, parce que chaque chose aurait sa place. Cela serait sûrement plus simple pour faire des inventaires d’ailleurs ! Et les clients pourraient trouver ce qu’ils cherchent sans à avoir à la déranger. Elle ajouterait sûrement devant chaque bocal, fiole et autre contenant, une petite étiquette où elle écrirait à la main de quoi il s’agissait, le volume du contenant et le prix demandé. Elle était presque sûre que son futur système serait plus pratique que celui de son Maître. « Au lieu de rester planter là ! Viens par là ! » s’était insurgé le sorcier. « Je dois absolument créer une potion pour la vieille Mathilde, qui passera dans la soirée ! Je n’arrive pas à trouver ce que je cherche ici, alors tu vas me faire quelques courses d’accord ? » La sorcière entreprit de hocher la tête. Elle allait enfin pouvoir servir à quelque chose.

Quelques minutes plus tard, elle était sortie de la boutique, tenant une petite liste entre ses doigts. Elle se sentait comme investie d’une mission. Elle parcourrait le centre-ville allant d’échoppe en échoppe pour récupérer les ingrédients souhaités par le sorcier : une grande jarre de jus de grenouille bouilli, une écuelle d’appendices de calamars coupés en gros morceaux, des orties séchées provenant de Drosera et de la poudre d’olivier. Elle retourna dans l’herboristerie, les bras chargés de ces paquets. « Je vous mets ça où ? » avait-elle demandé d’un ton guilleret, ce qui lui arrivait rarement. « Là-bas, pardi ! » lui avait-il répondu sèchement. Elle posa le tout à l’endroit indiqué dans le cagibi. Elle pouvait y distinguer un chaudron en mauvais état dont le contenu était entrain de bouillir. « C’est pour faire quoi comme potion ? » avait-elle demandé alors curieuse d’apprendre de nouvelle recette. « Une potion anti-âge. La vieille Mathilde est une très bonne cliente pour cet article. Elle arrive tous les premiers jours de la semaine et me prend généralement tout mon stock ! » Il entreprit d’ouvrir tous les paquets achetés par Toupinou plus tôt. « Vite, vite. Nous n’avons pas le temps de discuter. La boutique va bientôt ouvrir, et cette potion doit reposer toute la journée avant d’être efficace. Tiens ! Si tu veux te rendre efficace, coupes-moi trois rondelles de calamars. Attention à ce qu’elles soient bien fines ! Je n’arriverais à rien avec des gros bouts ! » La blonde, prit alors quelques appendices et coupa aussi finement qu’elle le pouvait, des petites tranches de calamars pendant que le sorcier sortait sa montre à gousset d’une de ses manches. « Vois-tu Toupe, tout est dans la précision ! Je dois veiller à la température de la potion, mais également au temps que celle-ci mettra à cuire. Si je laisse bouillir trop longtemps, le jus sera beaucoup trop concentré, et cela faussera ensuite le déroulement du reste de la préparation … et évidemment la potion n’aura que très peu d’effets ! Et on sait tous que la vieille Mathilde a besoin d’une potion très très efficace pour effacer toutes ses rides ! Bien ! Maintenant, je vais verser le jus de grenouille, pendant que toi, tu touilleras de manière énergique la préparation dans le sens des aiguilles d’une montre ! Voilà ! Très bien ! Bon, je pense qu’en fait, tu pourras m’être utile … Ne te réjouis pas trop petite ! Je suis souvent d’humeur maussade ! Tiens, rajoutes deux feuilles de menthe, elles sont accrochées sur l’étagère là … Voilà ! Maintenant, je rajoute un peu d’ortie ! C’est pour donner un petit coup de pep’s ! Continue de touiller, va ! Et enfin, la poudre d’olivier pour ses vertus anti-toxiques … Bon, voilà. Je crois que c’est bon ! Il n’y a plus qu’à laisser reposer. Éteins-moi ce feu, pendant, que je vais ouvrir la boutique. »

Oui, j’avais appris énormément avec mon Maître en herboristerie, et apothicaire, Monsieur Gaston Goolfyn. Mais aujourd’hui, je n'en peux plu subir sa mauvaise humeur … Et combinée à la mienne, il est difficile pour nous deux de s’entendre. Évidemment, notre désaccord porte souvent sur des détails insignifiants : comme la quantité exacte qu’il nous reste d’oreilles de chats noirs ou le surnom de notre premier client de la journée … Mais il arrivait toujours à m'énerver. Et, comme à chaque fois, je devais évacuer cette colère que je sentais monter avant de retourner dans la boutique, si je voulais à la faire exploser !

Soudain, je vois une forme à quatre pattes s’avancer vers moi. Elle ne ressemble à aucune autre créature que j’ai pu rencontrer. Pourtant, je ne la sens pas hostile envers moi … J’ai, par contre, une furieuse envie de chanter.

« Une pincée de poudre, je t’avais dit
Mais tu ne m’as pas écouté
Pourtant, on ne peut pas dire que je suis une abrutie
Moi aussi, j’ai étudié

Un mélange homogène, je t’avais dit
Mais pourquoi m’écouter
Quand on sait que toi aussi tu es allé à l’académie
Pas la peine d’aboyer

Pas trop de runes, je te dis
Je veux juste t’aider
Cependant, tu ne me laisses pas être une vraie apprentie
Je n’ai pas envie de m’apitoyer

Bien sûr, que je te respecte, ami
Et non, je ne suis pas bornée
Mais, j’ai envie d’apprendre dans ton boui-boui
D’accord, je vais t’écouter »


Je regarde la bestiole qui me renvoie mon regard. C’est assez étrange. On dirait qu’elle souhaite que je la suive. Mais je ne sais pas où.

Bien que j’ai envie d’aventures et de découvertes, je sais que je ne peux pas faire plusieurs choses à la fois ! Et j’ai encore tellement à apprendre de Maître Gaston, malgré son sale caractère. Avec lui, j’apprends un métier dans lequel je pourrais évoluer. Ensuite, je terminerais mes études et obtiendrais mon diplôme. Je vois le début de ma nouvelle vie arriver ! J’ai hâte.

« Alors on en était où ? » m’exclamais-je en ouvrant la porte de la boutique de Maître Gaston. « Ah, tu es là ! Tu as pensé à me ramener la crème d’ânesse ? Et les huîtres marécageuses ? J’en ai absolument besoin pour la potion contre les oignons de la Germaine ! » Je soupire. J’aurais peut-être dû suivre la bestiole finalement.
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Frustration Scolaire
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Mar 24 Sep 2019, 23:52

[Événement] - La Marche Terne : L'appel 9m3q
The Sunset Nebula by Tim Barton
La Marche Terne : L'appel
[Musique]


Les sabots des chevaux frappaient la terre du sentier. Le son au rythme régulier avait un aspect apaisant et reposant. La marche de mon destrier était synchrone à celle du destrier d’à côté. Je levais les yeux pour admirer le spectacle qui s’offrait à moi. La voute céleste était parfaite. Le ciel était noir. Les étoiles rayonnaient de brillance. La lune éclairait le monde de son voile bleuté. Cette nuit était magnifique. Je souriais doucement avant de baisser les yeux et de tourner ma tête vers Karsath, mon fidèle compagnon. Le vent nocturne balayait sa chevelure ténébreuse. L’astre lunaire donnait à son visage une teinte encore plus morbide. Ses yeux sombres étaient vigilants. Il essayait, tant bien que mal, d’avoir un regard aussi mobile que possible. Il voulait anticiper les dangers qui pouvaient surgir de la nuit. Il voulait me protéger. Mais ses yeux n’étaient pas assez rapides. Et quand ils l’étaient, j’étais certaine qu’il n’avait fait que regarder sans vraiment voir. Mon sourire s’agrandissait tendrement. Il lui restait du chemin à parcourir s’il voulait vraiment me préserver de tous les dangers. Pourtant, il avait fait de nombreux progrès depuis que nous étions sortis de cette aventure rocambolesque. Il avait beaucoup évolué. Il s’était fortifié. J’avais l’impression que mon petit animal de compagnie était devenu grand. C’était adorable. « Aurais-je quelque chose sur le visage, Aerchise ? » Ses yeux pivotèrent dans ma direction. Mes lèvres s’entrouvrirent pour transformer mon sourire en espièglerie. « Un faux visage peut-être ? » Karsath ne réagit pas à mon désastreux trait d’humour. Je soupirais en retenant un rire. Mon Mur, lui, reprit l’observation vigilante du sentier qui s’étalait devant nous. « Nous sommes en Terres d’Émeraude, tu sais. Je ne pense pas que nous allons nous faire sauvagement attaquer. C’est un territoire paisible et magnifique. Ne sois pas aussi vigilant et profite un peu du voyage. » Son corps se détendit légèrement. Il était toujours aussi droit qu’un « I » mais c’était une habitude chez lui. Ses yeux rencontrèrent de nouveau les miens. Pourtant, il ne dit pas un mot. « Aurais-je quelque chose sur le visage, mon cher et tendre ? » disais-je en souriant, répétant son ancienne question. Je crus rêver mais, pendant une seconde, il me semblait distinguer un rictus sur ses lèvres. Plissant les yeux, je pris un air menaçant tellement faux qu’il en était risible. « Prends garde à tes mots. » « Pas le moins du monde. » finit-il par répondre avec une expression faite de marbre. Me mordant faiblement la lèvre inférieure, j’essayais de contrôler le sourire qui me faisait mal aux joues. J’étais curieusement d’agréable humeur en cette nuit douce.  Sans doute était-ce le résultat d’un total lâcher prise. L’aventure dans laquelle nous avions été entrainés avait été éprouvante. En ce qui me concernait, elle avait su pousser mes limites à leur maximum. Mais j’étais encore là, vivante. Et cela avait quelque chose de valorisant. De plus, j’appréciais ce voyage en solitaire. Je n’étais plus vraiment l’Aerchise Aylivæ Song, héritière de ma lignée familiale. Je n’étais plus qu’une voyageuse accompagnée d’un être qui lui était cher. Si nous avions une destination, je me surprenais à penser que je pouvais soudainement aller où bon me semblait. Être loin de sa famille et de ses pressions avait quelques choses d’épanouissant.

« Pourquoi es-tu aussi… peu émotif, Karsath ? Tu te contrôles constamment ? Tu n’éprouves rien ? Tu… » Réalisant soudain que je ne lui avais jamais posé ouvertement la question, je perdais mes mots. J’avais toujours imaginé la réponse sans vraiment chercher à l’obtenir. Karsath haussa les épaules. « Je suis comme ça. C’est tout. » Légèrement déçue de la réponse, je baissais les yeux sur les brides de mon cheval à la couleur crème. « Cela vous déplaît-il ? » Oui. « Pas du tout. Simple curiosité. » Je levais mes yeux vers lui pour lui sourire doucement. Je ne pouvais pas lui avouer que j’aimerais bien qu’il soit un peu plus démonstratif. Il était un Mur. Je craignais qu’il ne prenne mon souhait comme un ordre. Je ne voulais pas changer la créature dévouée à laquelle je m’étais attachée. « Mais, par exemple, à quoi penses-tu là, maintenant ? » « Honnêtement ? » Sa réplique m’arracha un grand et bref sourire. « Toujours. » « Je pense que vous êtes bien joviale. » « Tu penses bien. Et ? » « Et ? » répétait-il. « Et ça te dérange ? » disais-je, curieuse. « Cela ne me déplaît pas, non. » « Hum. » répondais-je simplement en regardant droit devant moi. « Ce qui me dérange c’est… » Je tournais rapidement la tête. « Oui ? » le questionnais-je pour l’inciter à continuer. J’étais réellement curieuse de ce qui se passait sous sa boîte crânienne. « Ce qui me dérange, c’est votre décision. » Je fronçais les sourcils, blessée dans mon ego. « Ma décision ? » Ma voix était soudain moins joviale et amicale. Karsath en resta de marbre. « Exactement. » Toute trace de sourire disparut de mon visage. Mon Mur dont les yeux étaient toujours rivés aux miens, n’en sembla pas pour le moins ému. Mes mains se crispèrent sur les rennes du cheval tandis que j’essayais de contenir le bouillonnement qui faisait rage en moi. J’avais demandé. Si sa réponse ne me plaisait pas, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Je… « Mais enfin, de quelle décision tu parles ?! » finissais-je par demander avec irritation. Karsath, lui, rompit le contact visuel pour regarder devant lui. « Choisir d’abandonner la calèche qui était censé nous amener directement à Jueru. Choisir de renoncer à la protection que son habitacle offrait. Choisir de perdre du temps à chevaucher nous-même alors que, je le sais, vous êtes épuisée, d’où votre jovialité nocturne. Ce sont des décisions qui me déplaisent. A vrai dire, je trouve cela stupide. » Abasourdie par ce que je venais d’entendre, je battis des paupières rapidement. « Ce n’est pas stupide ! » m’exclamais-je sans aucun doute vexée. En société, je ne me serais jamais permis ce haussement de ton ou même cette démonstration d’émotions. Cependant, il n’y avait que Karsath et moi sur ce petit sentier, perdu dans l’immensité du territoire. « Ce n’est pas stupide. » répétais-je plus calmement. « J’en avais besoin, Karsath. » « Je ne comprends pas. » « Cette calèche, qui m’amenait à destination, était sans fantaisie, dénuée de liberté. Cet habitacle, qui nous protégeait, était étouffante. Et choisir de chevaucher par mes propres moyens… C’est satisfaisant de ne pas dépendre de quelqu’un. Et cela même si je suis épuisée ! De toute façon, il y a un petit village là-bas. » Une de mes mains quittait les rennes pour pointer une lueur au loin. « Nous allons y faire une halte et demander un lit pour le restant de nuit. Je connais mes limites. » Karsath tournait la tête vers moi. « Vraiment. J’en avais besoin. Ce n’était pas stupide. » Mon compagnon finit par hocher la tête. « Vous voulez savoir ce que, moi, je pense ? » Je renfermais ma main sur la bride. « Je pense que vous perdez du temps. » Je tournais mes yeux vers le paysage à mes côtés. « Cette aventure loin de votre famille vous a plu. » Les lucioles illuminaient les champs de fleurs dans un spectacle féérique. « Et je peux le comprendre. Avec votre mère malade, votre père aux ambitions démesurées et votre mariage qui approche à très grands pas… Je peux le comprendre. Mais fuir n’évincera pas le problème, vous savez. Votre mère n’ira pas mieux durant votre absence, les ambitions de votre père n’auront pas diminué et la date de votre mariage n’aura pas reculé. » Dans un mouvement vif, je tournais de nouveau ma tête vers lui. « Il suffit. »  Les yeux de Karsath se détournèrent pour regarder le sentier. Je soupirais et fis de même. Le son des sabots et le chant des grillons nous enveloppèrent. Il n’y avait plus rien à dire. Mon esprit se mua dans le silence, ne voulant pas se torturer de questions que les mots de Karsath auraient pu réveiller. Doucement, mes paupières se firent lourdes jusqu’à ce que je sente ma tête tomber vers l’avant. Les ténèbres m’engloutissaient.

Le son des grillons se mua en rires moqueurs. L’impact des sabots sur la terre se transforma en tonnerre rugissant. Je me sentais aspirée dans un trou sans fond. Je me sentais vulnérable, en proie à une créature hideuse et terrifiante. « Aerchise Song… » L’appel était rauque, effrayant de puissance. Je sentais que mon prédateur s’approchait de moi sans le voir. J’allais mourir dans peu de temps. « Aerchise Song ?! » Je rouvrais mes paupières, quittant ce bref mais intense cauchemar. Légèrement hébétée, je regardais sans un mot Karsath qui était au-dessus de moi. Tiens… C’était étrange. « Aerchise Song ? Vous vous êtes endormie et êtes tombée de votre monture. » Une étrange et minuscule créature poilue était à mes pieds. Je souriais, sonnée. J’avais envie de saluer cette créature de Phoebe mais seule une mélodie parvint à franchir mes lèvres.

« Naviguant sur les mers, tu t’éveilles.
Entends-tu leur appel, leur voix étrangère,
Regarde ces mesdemoiselles si particulières
Elles seront ta lumière, tes merveilles.

Nageuses en eau profonde,
Tu ne veux que te rapprocher,
Tu ne veux que les regarder,
Penches-toi vers l’onde.

Oh, mais regarde !
En voilà une qui te sourit,
À croire qu’elle t’a choisi,
Un conseil : prends garde !

Mais c’est plus fort que toi,
Tu succombes dangereusement à elle,
Tu succombes totalement à la belle,
Voilà, elle a fait de toi son repas. »

Un liquide chaud et épais coulait sur mon front. Karsath plaçait sa main sur la plaie. « Vous êtes tombée sur la tête. » m’expliqua-t-il. Mon sourire s’agrandit devant la petite créature qui semblait ravie. Avec ses oreilles en forme d’ailes, j’eus la sensation qu’elle m’indiquait de la suivre. « Bien sûr ! Je te suis ! » disais-je hébétée et inconsciente de la situation. Je me redressais et, avec difficulté, grimpai sur mon destrier. J’avais la tête qui tournait. « Vous n’irez nulle part. C’est sans doute une conséquence de la fatigue mais vous ne guérissez pas comme à l’accoutumée. » Karsath saisissait la bride de ma monture ainsi que celle de son propre cheval. « Nous allons vous soigner dans le village. » Son ton n’incitait à aucune objection. De toute façon, j’étais trop sonnée pour en faire une. Je me contentais donc de tapoter la croupe de mon cheval pour indiquer à la créature de venir ici. « Je te suivrais après, si tu le souhaites. » La créature s’installa donc à mes côtés. Karsath, à pied, tira les rennes pour faire avancer les chevaux. Le village n’était plus très loin de nous.

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[Événement] - La Marche Terne : L'appel

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