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 La Marche Terne : Shklik [Quête - Solo]

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Sam 20 Juin 2015, 15:24

La Marche Terne : Shklik [Quête - Solo] 671302Marcheterneusageunique

Les balancements soudains de la coque eurent pour effet de l'extirper des profondes ténèbres. Sa vue floutait encore un peu, mais au moins elle était effective, enfin. Léto vit se dessiner devant elle des planches en bois, enchevêtrées les unes dans les autres. C'était un drôle de berceau pour elle et ça balançait beaucoup. Elle poussa une plainte étouffée, essayant de se relever. Un poids au niveau de son ventre l'en empêcha, un poids qui prenait la forme d'une chevelure immaculée. Elle reconnut Thémis, assise sur un tabouret à côté du lit et sa tête couchée sur le nombril de la chamane. La mord'th se rendit vite compte qu'elle avait repris connaissance, elle se redressa immédiatement, essuyant ses yeux pour mieux voir. Le regard draconien la fixa avant qu'elle se pince les lèvres et qu'elle offre une étreinte à la blonde. Léto ne cachait aucunement sa confusion.

" J'étais morte… J'ai vu Oberon sortir et puis tout était noir. La mord'th s'éloigna, se tenant droite sur le tabouret de bois.
- Je t'ai sauvée, avec mon souffle de vie. Les mord'th peuvent faire revenir à la vie les personnes récemment décédées. Elle baissa les yeux, presque prête à larmoyer. Je t'ai vu mourir sous mes yeux… Elle donna un petit coup de poing sur le bras de Léto. Plus jamais, compris ? Et… plus de cachotteries non plus. Cette fois, c'était un regard dégoulinant de reproches qui la darda. Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu étais une femme ? Tu es mon amie, et encore le mot n'est pas assez fort… La chamane se redressa sur son lit, collant son dos au mur voisin.
- Je suis désolée… Je peux tout t'expliquer…
- Ce n'est pas la peine, Anita m'a tout expliqué. Un silence pesant pour la blonde s'ensuivit, puis la mord'th esquissa un sourire. Prune est une très jolie enfant. Léto rougit, à croire qu'elle était au courant de tout, ce qui la rendit un peu honteuse. Je ne pouvais pas t'en vouloir sur ton lit de mort, la magicienne nous a tout dit et je comprends tes sentiments quant à ton androgynie. Mais tu n'as pas à te cacher, Léto, plus maintenant. Dans ces montagnes, tu t'es relevée et tu nous as tous sauvés, au prix de ta vie. Cet acte héroïque, bien que ô combien stupide, a fait forte impression. Ta fierté est légitime, tant que tu l'assumes. Elle lui prit sa main. Tu n'étais pas faible parce que tu étais une femme, tu l'étais parce que ton heure n'était pas encore venue. Avec la défaite des Corbacs, tu as largement prouvé que tu étais capable de réaliser de grandes choses. Crois en toi. Léto baissa les yeux, elle ne pouvait décemment pas s'opposer à tous ces tissus de vérité. Elle sourit et parvint à la regarder de nouveau dans les yeux.
- Merci Thémis… J'aurai voulu te le dire moi-même, pas que tu l'apprennes… comme ça.
- Je sais. Léto s'attarda, inquiète, sur les bandages serpentant le bras de sa compagne.
- Ton bras…
- Il ira mieux dans quelques temps, pense un peu à toi. Elle lâcha sa main et se leva. Tu es restée des jours inconsciente, je vais t'apporter à boire et à manger. La chamane fit des efforts pour se lever d'elle-même.
- Je… peux me lever.
- Par les Aetheri, tu es incorrigible… "

Sa tentative de se tenir sur ses deux jambes se révéla être un échec. Thémis ne dut le lui dire qu'une unique fois qu'elle ne devait pas se forcer, afin qu'elle reste sagement assise en attendant de reprendre des forces. Seule – plus ou moins, étant donné qu'Oberon restait dans son coin, dans le noir, les bras croisés – elle ressassa les derniers évènements précédant sa pseudo-mort. C'était bien l'esprit qui l'avait encouragé à faire cela et le résultat s'était montré aussi époustouflant qu'effrayant. Voir la victoire être acquise si facilement était une chose, assister à sa propre défaite en était une autre. Un simple échange visuel avec son compagnon suffisait à se comprendre mutuellement : Latone était utile et dangereuse. Une arme à utiliser donc avec parcimonie. Du moins, c'est ainsi qu'ils la décrivissent, avant que Léto ne s'apitoie sur le sort de cette furie, qui ne souhaitait au fond que faire ce qui était juste et profiter de la petite parcelle de vie qui lui tendait les bras…

La mord'th revint avec un plateau plein à craquer de provisions, en compagnie du berserker. Léto lui lança un regard complice, mi-moqueur mi-heureux, chose à laquelle Thémis refusa catégoriquement de participer. La blonde était tout de même contente que la blanche ait trouvé un autre ami qu'elle, ou plus en fait, elle ne savait pas vraiment au final ce qu'il se tramait entre les deux, même si elle était au courant de la petite aventure qui s'était déroulé il y a un temps. Quoiqu'il en soit, elle rompit le pain sans ménagement et but des litres d'eau pour requinquer son corps affamé. Elle semblait avoir maigri au passage, il fallait qu'elle corrige ça le plus tôt possible.

" Latone la Descente. Prononça soudainement Galick, la chamane ne cacha pas son étonnement alors qu'elle ravageait la mie. C'est comme ça qu'ils l'appellent là-haut, la Furie-Ambulante. Léto fixa la mord'th, tentant de comprendre.
- Comme je te l'ai dit tout à l'heure, ta fusion a fait forte impression. Tu connais les Marcheurs, ils ont l'âme poétique, en conséquence ils l'ont surnommée ainsi.
- Et ils chantent un truc du genre "Tant que tu ne touches pas à ma fille", je ne sais plus trop les paroles. Léto gloussa, c'était tellement improbable ce qu'il lui arrivait. Elle posa le plateau vide sur son lit, reprenant doucement le contrôle de ses émotions.
- Latone a peut-être gagné, mais moi j'ai échoué… Ils ne voudront pas de moi. Thémis fronça les sourcils à cette constatation, qui était en partie vraie.
- Mais sans toi, Latone n'existerait pas. N'oublie pas que tu as eu le courage de l'invoquer et de la laisser risquer ta vie. C'est toi qui est morte et revenue à la vie, pas elle.
- Tu peux te servir d'elle. Annonça soudainement l'esprit élémental, sortant de l'ombre. Ton maître m'a parlé pendant que tu étais dans les vapes : si tu te sers de cette identité, la Marche Terne pourrait t'accepter dans leurs rangs. Mais tu dois encore t'affranchir pour que ce soit officiel, ils ne font que t'offrir une voie, pas une place qu'ils te tailleront sur demande.
- Il faut préparer un gros coup pour faire tes preuves. "

Léto les regarda un par un, pensive. Apparemment, ils avaient beaucoup discuté pendant sa convalescence. Elle ne leur en voulait pas non plus, mais savoir qu'elle soulevait beaucoup d'interrogations la refroidissait un peu. De manière globale, cela semblait positif comme compte-rendu : le petit nouveau était en réalité une femme, qui cachait sa force et une arme des plus dangereuses, incontrôlable mais terriblement efficace. Tout le monde a été sauvé grâce à cette "Descente" et les esclavagistes ont fini par être battu à leur propre jeu. Tout de même, elle aurait voulu que ce soit son nom qu'on retienne, pas celui de sa création… Enfin, comme le disait si bien son amie, c'était elle Latone, qu'importe comment on pouvait le voir. Un gros coup… Songea-t-elle, elle n'était pas du genre à prendre les grosses initiatives ; s'il fallait qu'elle prépare une telle chose, elle devait d'abord y réfléchir par soi-même.

" Je veux aller dehors. " Déclara-t-elle, se relevant tant bien que mal.

Le navire était à l'arrêt depuis tout à l'heure, elle voulait en profiter pour jeter un œil à l'extérieur. Puis la cale lui rappelait trop de mauvais souvenirs, Léto ne voulait pas y passer une seconde de plus. Elle prit de l'avance, ses compagnons sur ses talons, s'échangeant des regards complices qu'elle ne pouvait pas voir. Et si elle les remarquait, elle ne pourrait comprendre qu'en franchissant cette trappe menant au pont. Là-haut, le soleil matinal l'aveugla quelques secondes et des applaudissements l'assourdit. Lorsqu'elle reprit le contrôle de ses sens, elle les vit tous : les Marcheurs, les marins les escortant, les civils marchands et ménestrels, et tous les autres. Ils répétaient "Latone, Latone, Latone" en rythme, elle perçut effectivement une chanson en l'honneur de son amour pour sa fille… Cette dernière notamment, Anita la portait dans ses bras, ayant attendu patiemment son retour. La magicienne s'approcha et tendit l'enfant. Avec tout l'amour maternel qui lui faisait défaut depuis, Léto prit Prune dans ses bras, des larmes assaillant son visage. L'émotion envahit la foule.

Tandis qu'on la fit asseoir sur un tonneau – de vin rouge apparemment, pour se moquer d'elle – elle borda sa petite orisha. Un par un, les Marcheurs vinrent la féliciter, la remercier, lui souhaiter bon courage et des vœux de bonheur. Elle retint notamment qu'ils s'en contrefichaient complètement qu'elle soit une femme, qu'elle l'ait caché ou qu'elle ait menti. Quelques uns faisaient, certes, la remarque, mais rien de méchant : juste de la compréhension et de la compassion. Se sentir soutenue lui fit grandir des ailes, elle avait l'impression qu'elle pouvait tout faire maintenant que le masque était enfin tombé depuis des années. Dans le lot, elle eut aussi des encouragements à les rejoindre à Ciel-Ouvert. Avec cette file, Léto entendit beaucoup parler de cette cité dont elle ignorait tout, excepté que c'était apparemment le quartier général de la Marche Terne, entre autres. Tlaalee-Aan lui avait promis de lui en parler davantage quand elle serait prête, il attendit effectivement qu'on la laisse tranquille sur le pont, entourée de ses camarades de route, avant de l'aborder.

" Bon retour parmi nous. Je suis heureux que je n'aie pas à regarder ton esprit se balader parmi les morts. La chamane lui sourit, toujours à border Prune.
- Merci maître, je n'aurai pas réussi sans vous. Il ricana, ce qui était assez rare pour être signaler.
- C'est faux, ce n'est pas moi qui t'ai botté les fesses pour que tu fusionnes avec Oberon et que tu fasses un massacre.
- C'est moi qui l'ai fait. Tint à le signaler le fameux esprit, préférant s'accorder toute la gloire de la scène.
- En tout cas, on a déjà dû te le dire des milliers de fois depuis ton réveil, mais Latone… c'est une sacrée personne. Il reprit du sérieux, cela restait un sujet grave. Je devais t'en parler mais les Corbacs nous ont attaqués avant. Le fait que tu deviennes une autre personne en fusionnant n'est pas si rare : cela arrive, pas tout le temps, mais cela arrive. Par contre, que tu ne puisses pas contrôler ses mouvements, c'est une autre histoire… Pour l'avoir vu de mes propres yeux, je ne pense pas que tu puisses totalement dompter cette Latone.
- Je ne peux pas lui parler directement…
- C'est là le souci. Mais plus encore : cet esprit est déchaîné. Je pense qu'elle se complaît à se considérer comme une arme, mais méfie-toi. Il faut à tout prix qu'elle se ménage avant qu'un drame ne se reproduise. Un silence s'ensuivit, la chamane se demandait vraiment ce qu'en penserait Latone, étant donné qu'elle ne puisse pas entendre leur conversation dans son sommeil… Si je peux te donner un conseil en tant que mentor : invoque-la plus souvent, là où le danger ne guette pas. L'odeur du sang et la tension du combat font parti des ingrédients qui semblent l'animer dans sa folie. Si elle se trouve dans un endroit plus calme, peut-être qu'elle sera apaisée.
- On essaiera. Approuva-t-elle en hochant de la tête, Oberon fit de même, tout le monde était satisfait. Un gros coup… Pensa-t-elle de nouveau, elle regarda autour d'elle : ils étaient ancrés au continent du Matin Calme. C'est le Port, je suis rentré à la maison. Personne ne la reprit, ils captèrent tous qu'elle songeait à quelque chose. J'ai des affaires à régler avant de partir. " Elle se leva et admira l'endroit qui l'avait vu grandir. Elle tenait là, à portée de main, une première étape vers sa liberté.


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Latone
Mer 24 Juin 2015, 18:03

" Maman, Papa… Je suis rentrée. " Annonça-t-elle assez fort après avoir tapé à la porte, ils ne pouvaient que l'entendre vu l'état abominable de la maison.

Léto tenait Prune dans ses bras, une mère aimante qui avait la carrure d'une guerrière, armée jusqu'aux dents. C'était insolite, ses parents ne risquaient pas d'apprécier de la voir si bourrue, mais la simple vue du petit être dans ses bras risquait de changer la donne. Elle avait décidé de venir leur rendre visite seule, cela faisait si longtemps et ils connaissaient déjà Thémis et Galick… Anita un peu moins, cependant la magicienne avait insisté pour ne pas déranger la chamane dans ses retrouvailles. Seul demeurait Oberon, à l'écart néanmoins, pour ne pas s'insinuer dans des affaires qui ne le regardaient pas. A vrai dire, ils auront tôt fait de le connaitre, lorsqu'ils s'apercevront qu'elle n'a plus une seule once de fibre orisha visible, si ce n'est les yeux. Elle redoutait plus particulièrement la réaction de son père à cet égard.

La poignée pivota et la porte s'ouvrit sur ses deux ascendants à la fois. Rien n'était plus exquis que l'expression qu'ils affichaient en retrouvant leur fille, et rien n'était plus perturbant que celle où ils se rendent compte que quelque chose clochait, et rien encore n'était plus drôle que celle où ils posent leur regard sur le petit être dans ses bras. La blonde esquissa un sourire, tant de choses avaient changé depuis son départ d'ici et de simples mots sur une lettre ne suffisaient pas. En moins d'une minute, ils étaient déjà réunis autour de la fameuse table familiale, qui tenait encore debout après tant d'années.

" Par Antarès, Léto ! Tu es devenue une jolie femme ! S'exclama sa mère, il n'y avait vraiment qu'elle pour remarquer les quelques petits détails qui avaient évolué chez elle, puis elle insistait moins sur les marques sur le visage depuis.
- Je vous présente Prune, ma fille. C'était le bon moment de le faire, vu qu'ils patientaient depuis tout à l'heure. Sa mère ne cacha pas sa surprise, ni son attendrissement devant cette révélation. Elle insista pour la prendre dans ses bras, requête à laquelle Léto céda naturellement.
- Si on avait su que notre petite Léto deviendrait maman… C'est beaucoup de bonheur que tu nous offres, félicitations ma belle ! Et encore, elle ne comptait pas s'arrêter là, mais un détail l'interloqua.
- Où est Derflam ? Silence totale, quelque chose n'allait pas, les esprits autour d'eux semblaient aussi troublés.
- Nous n'avons plus de nouvelles depuis une certaine… discussion. Les yeux vairons de la chamane s'écarquillèrent.
- Il est parti ?! Mais… pourquoi ? Comment vous faites pour l'argent ?
- Je fais quelques petits boulots. Savoir que sa mère s'y mettait maintenant l'étonna grandement, ce n'était pourtant pas son genre de vouloir assumer le travail. Ce n'est pas si mal payé, enfin… Bref, on n'a plus de nouvelles depuis une semaine, je suis très inquiète. C'est Kole apparemment qui l'a vu pour la dernière fois, mais tu le connais : il refuse de nous voir approcher de sa "glorieuse" entreprise. Léto fronça les sourcils, c'était justement l'une des affaires qu'elle comptait régler ici. Ma chérie, tu vas bien ? Tu es… pâle depuis ton arrivée. La question taboue, vont-ils la renier de ne plus être orisha ? En connaissant le risque, elle se livra au récit morbide de son histoire et de son éveil au chamanisme, ainsi que de son combat pour la liberté, même si elle épargna les sordides détails. Waouh, c'est… très surprenant. Son père se mit à rire en voyant la tête de la blonde.
- Je sais ce qui te tracasses et ne t'inquiète pas : tant que tu es heureuse, nous le sommes aussi. Puis comme tu as lourdement insisté dessus : au fond, tu es encore orisha. Tu restes notre fille tu sais, qu'importe ce que tu décides de devenir.
- Mais tu voulais quand même que je sois une chouette orisha, non ? Tu étais content que je parte à Mégido pour rejoindre les nôtres.
- C'est vrai, mais tu es libre, je ne compte pas abuser de ma liberté en piétinant la tienne. Il lui sourit, il avait toujours l'air aussi faible depuis ses années de travail. Il finit par s'assombrir un peu en évoquant le sujet de son frère. C'est justement à propos de ça que ton frère et moi nous nous sommes un peu rentrés dans le lard. J'ai mis beaucoup de temps avant de vous en parler, et tu étais toi-même partie avant que je ne le puisse, j'en suis désolé.
- Qu'y a-t-il, Papa ? Tu peux tout me dire. Il prit une grande inspiration avant de se lancer.
- Ton frère a fait beaucoup d'effort pour nous nourrir, il était à deux doigts de pouvoir nous offrir une petite escapade en direction de Mégido. Il refusait ton argent, il préférait tout faire par lui-même. C'est quelqu'un de très fier. Il ne lui manquait qu'une semaine ou deux pour les économies… Et quelqu'un est venu nous rendre visite. Neven Gandr. Le nom ne lui évoqua rien du tout.
- Qui ?
- C'est là que ça se complique. Soupira-t-il, sa femme resta concentrée sur Prune ; à vrai dire, ce sujet ne la concernait pas. Les Gandr et les Sùlfr sont liés : ce sont deux branches d'une même famille, en somme. Il y a d'abord les Gandr, une longue lignée orisha, plutôt modeste, à tendance hédoniste. Il existe à la fois une tradition et une légende à leur sujet : ils descendraient d'un ancêtre qui aurait le "gène de protection", qui empêche l'orisha d'être touché par l'esclavage, la captivité, etc. Il est en fait parfait dans le contexte de liberté : rien ne l'arrête, personne ne peut le restreindre ; et s'il se retrouve dos au mur, son gène lui permet de garder son sang-froid et de trouver une issue. Dans le cas où il est à jamais marqué par la contrainte… il devient un Sùlfr. De là naît la tradition : si un Gandr est un jour touché par l'emprisonnement, il est considéré impur, son gène non-fonctionnel, il est renié par ses proches et devient un Sùlfr. Pire encore, depuis ça a évolué : si la famille découvre que le Gandr a été touché et qu'il le cache, ses membres s'en débarrassent purement et simplement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune trace de son existence. Afin de préserver la pureté de la lignée. S'il parvient à s'échapper, il devient un Sùlfr, ses descendants aussi, parfois ils sont traqués. La blonde semblait rêvée, elle ne pensait pas être confrontée à une telle histoire un jour, elle qui pensait que leur vie était banale et sans importance…
- Ce Gandr vous a fait du mal ? Son père découvrit la manche de son bras gauche, lacéré. Doss vriujh
- Neven est juste un petit prétentieux à mon avis, il a voulut faire sa petite traque pour le plaisir ou quelqu'un l'a contacté, je n'en sais rien… Quoiqu'il en soit, il s'en est pris à ton frère et à moi, il prétextait que ce n'était pas la peine de nous tuer, que la misère nous siérait bien et que nous étions juste des descendants Sùlfr… Il a pris les économies de ton frère et est parti. Elle serra des dents, comment pouvaient-ils partagés le même sang que de tels êtres ? J'ai tout expliqué à Derflam ensuite, il est parti aussi, enragé. On pensait qu'il allait revenir, mais…
- … Il est allé voir les Gandr. Cela coulait de source, même pour elle.
- Toutes ces histoires de "gène de protection", les Gandr et les Sùlfr, c'est n'importe quoi. Ils se sont inventés un passé purement fictif pour s'octroyer de la gloire ou ce fameux ancêtre s'est fait passé pour un messie, dans tous les cas le résultat est désastreux. En s'exilant ici, mon ancêtre Sùlfr a tout fait pour qu'on ne soit plus lié à ces histoires, mais on dirait qu'ils nous ont retrouvés.
- Ma puce, tu es plus aventureuse et forte que nous : peux-tu retrouver Derflam et le ramener à la raison ? La chamane se leva, leur souriant.
- J'y compte bien, je le ramènerai sain et sauf. Avec les esprits et la Marche Terne, ce devrait être aisé de le pister. Mais avant, je dois aller voir quelqu'un. "

~~~

Les marins lorgnèrent cette drôle de femme, frêle comme un mort-vivant et couverte de la tête aux pieds. Au travers de son masque, on pouvait discerner les quelques rides ravageant son visage, l'âge ne l'ayant pas épargné apparemment. Personne n'osait s'en prendre à elle, d'autant plus qu'elle avait des allures de sorcière et que la crainte de se voir maudire mûrissait petit à petit sur son passage. Malgré tout, le mythe s'évanouit lorsqu'on aperçoit ses yeux vairons, la crainte demeure néanmoins. Ce même doute toucha également les ouvriers du port. D'ordinaire, la sévérité de leur patron les empêchait d'être hypnotisés par toute distraction, mais ils devaient quand même cédé à cette visite inattendue. La vieille dame s'approcha de l'un d'entre eux, et, avec un sourire qu'il ne pouvait voir, lui demanda de l'escorter auprès de son patron. Le travailleur hésita d'emblée, il finit toutefois par juste indiquer le chemin, histoire de ne pas s'attirer les foudres de l'employeur et de la vieille harpie.

Ses pas franchirent l'escalier, dans ces souterrains surplombés par l'entrepôt principal de la compagnie portuaire. Ayant longuement travaillé ici, elle n'était pas au courant d'un tel aménagement. On lui en avait brièvement parlé mais le voir de ses propres yeux, c'était autre chose. Vu l'énergumène qui y a élu domicile, ce n'était pas très étonnant. Elle suivit d'ailleurs les pas de cette personne, modérant l'envie de la frapper, jusqu'à une pièce verrouillée. Derrière la porte, une chambre, pour un petit gamin allongé sur un lit, semblant inconscient. Elle remarqua des rondins de bois sur le côté, un gros tas, de la magie planait également dans l'air. Et puis, il finit par la remarquer enfin.

" Q-Qui êtes-vous ?! Que faites-vous ici ?! S'énerva Kole, Léto en profita pour dissiper l'illusion du pendentif de Neriel, dévoilant sa véritable apparence.
- Ça fait un bail, "patron". Il ne cacha pas sa surprise et sa colère, en même temps il avait de quoi.
- Toi ?! Mais… sors d'ici ou j'appelle la sécurité ! Elle donna un coup de pied dans la porte pour la refermer derrière elle et s'approcha, sa croissance en terme de taille finit par intimider le fameux bonhomme.
- Je ne vais pas vous tuer, Kole. Si vous devez mourir, ce ne sera pas de ma main. Ses yeux vairons s'attardèrent sur le petit garçon, tout faible, au point de ne pouvoir réagir au vacarme. Je vous ai vu tous les deux, lors d'un… "voyage", un rêve. Il compte beaucoup pour vous, dites-moi pourquoi.
- En quoi cela te regarde ?! Elle le prit par la gorge, le plaquant contre le mur.
- Après tout ce que vous avez fait à ma famille, après tout ce que j'ai subi pour en arriver là, vous devriez être reconnaissant que je ne souhaite que discuter. Maintenant, parlez !
- C… C'est mon fils, d'accord ?! Il est très malade, je le maintiens en vie grâce à mes pouvoirs… Je suis un élémental de la nature, je puise ma magie dans le bois que je vous force à me ramener. J'en garde une partie pour la compagnie et une partie pour mon fils. Les médecins m'ont tous suggéré d'achever ses souffrances, je refuse de faire une telle chose ! Seuls les plus compétents me disent que c'est possible de le guérir, mais les soins sont trop chers… J'ai besoin d'argent, c'est pour ça que… Elle le lâcha et recula, tout était donc vrai, tout prenait son sens.
- Moi aussi, je ferais tout pour ma famille. Il se massa la gorge en l'écoutant. Mais pas au prix de la liberté des autres… Traitez mieux vos employés. Il baissa les yeux, c'était le seul moyen pour un roturier comme lui, cela elle pouvait le comprendre à moitié. L'expression de la chamane reprit un peu de sérieux tandis qu'elle le darda froidement. Où est mon frère ?
- J-Je n'en sais rien… Je le jure ! Cela, elle ne pouvait l'avaler et ne pouvait pas plus se permettre d'avoir du sang sur les mains. Il était temps de la tester.
- Oberon… Souffla-t-elle, et l'esprit apparut à travers le mur, tel un spectre venu hanter sa victime. Il foudroya Kole du regard avant de se fondre en un flux bleuté qui frappa la chamane. Le sourire de Latone se dessina sur son visage, alors qu'elle le choppa une fois de plus à la gorge, plus fort encore. Tu n'es vraiment qu'un imbécile toi, je crois que je t'aime bien en fait ! Alors maintenant que je t'ai confié mon amour, rends-moi la pareille en avouant ce que tu sais.
- Bordel, c'est quoi cette mag— Guh ! D'accord ! J'avoue, j'ai appris pour les Gandr, du coup j'en ai contacté un pour qu'il vole l'argent, qu'il m'a donné d'ailleurs, en échange que je lui dis où ils sont, ton frère est venu me voir ensuite pour me demander où le Gandr était, mais je ne le savais pas, il est parti, et c'est tout ! Elle lui mit un coup de boule.
- L'argent. Il désigna une commode, elle lui sourit. Tu es trop chou, mais j'ai trop de haine pour toi. Je vais devoir te castrer pour que tu ne recommences plus jamais ces bêtises. " Elle n'eut pas si bien dit ce qu'elle avait sur le cœur.

A peine sortie de l'entrepôt, la bourse du frère en main, qu'on entendit les plaintes de Kole ; il demanda à plusieurs reprises pourquoi elle l'avait frappé là où ça fait mal avec son genou, plusieurs fois. Elle ria, c'était la meilleure manière d'humilier le père indigne. Quoiqu'il en soit, Latone continua de briller par son efficacité en prévenant la compagnie qu'ils allaient voir leur patron leur accorder une prime à l'avenir, le Sanctuaire qu'ils avaient la vie d'un gosse sur les bras et surtout la Marche Terne qu'elle était enfin disponible pour trinquer en l'honneur de leur victoire dans les montagnes.

Les chants et les blagues salaces continuaient d'envahir la tête de Léto le soir même, ils avaient fait la fête toute l'après-midi et seuls les marins étaient encore d'attaque pour boire. Elle se réveilla entre deux barils percés, couverte d'alcool. Latone était une sacrée fêtarde, son corps peinait à suivre ! Oberon était tout ce temps debout, à attendre qu'elle se réveille, et quand ce fut fait il prévint tout le monde : ses compagnons, son maître et même ses parents qui étaient là, ayant entendu ce qu'il s'est passé.

" J'ai… envie de vomir… Se plaignit-elle se peinant à se relever, l'odeur d'alcool lui envahissait la bouche. Son maître lui tendit une gourde d'eau pour qu'elle se rafraîchisse.
- Sacrée journée, tu m'étonneras tout le temps… Une fois requinquée, elle donna la bourse de son frère à ses parents, leur expliquant ce qu'il en était.
- Alors c'est ainsi… Il soupira, trop d'actions faisaient trop de mal à ses os rouillés. Au moins, avec cet argent, on pourra vivre tranquille quelques temps. Léto prit son père et sa mère par les épaules, avec un regard malicieux.
- Plus que ça : vous allez venir vivre à Mégido, vous n'aurez même pas de taxes à payer. J'ai fait tout ça pour vous, alors… Sa mère l'enlaça direct. Vous allez venir, d'accord ?! Exigea-t-elle, les larmes aux yeux.
- Bien sûr ma grande, bien sûr ! Tu es la meilleure ! " Ria le père, trop fier de voir sa petite fille devenir aussi forte et influente.

Au final, ses retrouvailles étaient aussi belles que compliquées. Elle pensait pouvoir résoudre tous les problèmes d'une traite, mais la disparition de son frère et l'apparition de ces fameux Gandr l'oppressaient. Tant pis, Léto allait se battre pour être libre comme le vent et donc pouvoir régler toutes ces complications sans se soucier du reste. Ainsi, son maître lui offrit l'opportunité de vivre à Ciel-Ouvert, plus particulièrement à son château, car l'éloquence de Latone s'était montrée apparemment convaincante. Elle restera finalement toujours aussi éloignée de sa famille, mais elle y tenait : c'était un premier pas terne vers l'accomplissement de son exil.


2752 mots ~



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