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 La Marche Terne : Fusroä [Quête - Solo]

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Lun 25 Mai 2015, 23:57

La Marche Terne : Fusroä [Quête - Solo] 671302Marcheterneusageunique

Les flocons pleuvaient sur eux, de plus en plus fréquemment à mesure qu'ils progressaient dans l'ascension. La caravane était fournie, le nombre de les freinait pas pour autant : chaque membre suivait le rythme, sans jamais rechigner. Non loin des premières lignes, Léto suivait également la cadence, sur ses talons le reste de son petit groupe. Le froid ne l'engourdissait point, à vrai dire elle était habituée aux basses températures, avec entre autres le vent frais constant de Mégido. L'ex-orisha appréciait particulièrement ce paysage montagnard, ce manteau immaculé qui couvrait le roc céleste. Tout l'opposé du paysage rural dont elle était imprégné depuis sa venue en ce monde. L'exotisme la faisait assez rêvé. Ce qui n'était pas universellement partagé…

En effet, après avoir fusionné avec cet individu, Léto avait fini par se familiariser un peu avec le fameux Oberon. A la fois taciturne et désagréable, la chamane commençait à douter qu'elle puisse passer le reste de sa vie avec lui à ses côtés, et surtout en son âme. Et pourtant, Tlaalee-Aan était catégorique : si Léto avait été attiré par cet esprit en particulier, c'est qu'il était l'élu, son tout premier esprit-compagnon. Et ce, même si la fusion s'était montrée des plus catastrophiques, comme le peuvent en témoigner les blessures de Galick. Le géant était couvert de bandages depuis cette expérience, et peinait à marcher droit ; Thémis aurait pu subir le même sort si le berserker ne s'était pas interposé pour la protéger, elle n'avait donc aucune égratignure. Dans le processus, Galick avait calmé Léto d'un bon coup à la tempe, qui l'avait séchée sur le coup. Depuis ce jour, Oberon refusait de fusionner de nouveau, même s'il n'avait d'autres choix que de la suivre, lui léguant ses derniers affaires encore intacts sur son cadavre.

Les rayons orangés commençaient à alerter les Marcheurs, il était temps de s'arrêter pour monter le camp. Apparemment, les "leaders" – ceux dont qu'on désignait comme leurs guides grâce à leur expérience – en général étaient satisfaits de leur avancée, et on racontait que la première goutte de sang coulera dès l'aube. Léto était pensive à cet égard, elle ignorait si elle risquait de gêner ses comparses : sans fusion, elle n'était pas d'une grande utilité, et avec, elle risquait de blesser leurs alliés. Son maître lui a promis d'en parler dès ce soir, afin qu'ils soient tous fixés sur la situation. A cela, la chamane pensait qu'elle parlerait en privé – voire en compagnie de ses camarades de groupe – avec lui, mais ce n'était pas le cas : l'ensemble des chefs volontaires étaient rassemblés dans la tente du camp de guerre, et n'attendaient plus qu'elle et son esprit-compagnon.

" Assis-toi, Léto, on t'a laissé une place. Il désigna la chaise recouverte d'une fourrure de daim, elle prit place rapidement, Oberon resta en arrière, les bras croisés. Messieurs-dames, nous sommes en avance sur notre agenda, ce qui est une bonne chose. Les esprits-éclaireurs nous ont informés que le camp esclavagiste n'est plus très loin, et selon toute vraisemblance ils s'approchent progressivement de Ciel-Ouvert. Nous les arrêterons. A cette déclaration, ils tapèrent tous du poing, gueulant fortement, certains faisaient cul-sec avec leur vinasse ; dans cette cohue, le duo ne comprenait guère ce qui se racontait, si ce n'est qu'une tempête était sur le point d'approcher. Avant qu'on ne décide de la marche à suivre, et qu'on aille manger, j'aimerais vous présenter officiellement notre recrue. Léto, lève-toi je t'en prie. Elle s'exécuta, un peu nerveuse de se faire braquer du regard par tous ces combattants de la liberté.
- Euh… Bonsoir. Je m'appelle Léto. Elle sourit, ils rirent.
- Ne sois pas nerveux, ils connaissent déjà ton nom. Si tu veux leur adresser la parole, dis-leur plutôt les raisons qui te poussent à intégrer notre groupe. Pour une fois, Oberon était aussi intéressé, même s'il ricanait intérieurement d'avance du discours mielleux de la chamane.
- Avant d'être chamane, j'étais orisha, comme beaucoup d'entre vous. Les Marcheurs sont effectivement à majorité des yeux vairons, ainsi que des orines, le reste n'est qu'une minorité. Je vivais sur le continent du Matin Calme, et ma famille ne connaissait pas l'esclavage. Ce n'est que lorsque j'ai rejoins moi-même Mégido, et qu'un jour je me suis fait enlever, que j'ai connu ma première expérience derrière les barreaux. Elle tendit sa chaîne enroulée autour du bras. Jusqu'à ce jour, j'ai toujours porté cette chaîne, c'est mon arme et je l'ai toujours considéré ainsi. Je ne comprenais pas les regards compatissants, méfiants, parfois haineux, qu'on me lançait à Mégido lorsque je me baladais avec. Alors, quand on m'enchaîna contre ma volonté… je n'ai toujours pas compris. Cette déclaration étonna quelques témoins, certains regards confus s'échangeaient. Cela ne me faisait rien d'être enchaînée. Je ne comprenais cette "douleur" qu'on me contait : j'étais immobilisée, et alors ? J'avais encore toute ma tête, je pouvais briser ces chaînes, et c'est ce que j'ai fait. Elle baissa les yeux, elle était en rogne de repenser à ça, elle les releva pour continuer dans sa lancée, Tlaalee-Aan lui aurait demandé de continuer de toute manière. J'étais déçue et triste de me sentir aussi éloignée des miens. Mais, on aura beau me traiter de paria, c'était mon choix de devenir chamane pour aider autant les vivants que les morts, un choix libre ! Elle se tourna vers son maître, le plus vieux et le plus sage de toute la bande. Mes mots n'ont pas été prononcés en vain : je me battrais pour libérer nos camarades et je chasserais ceux qui abusent de notre liberté, qu'importe dans quel camp je me tiendrais. Je veux être un symbole, l'inspiration pour tous, la personne qui brandit une chaîne pour les libérés, contre les bourreaux. Si c'est là votre but, pourquoi ne pas nous entraider ? On accueillit sa proposition tout d'abord par un silence contemplatif, puis les premiers applaudissements retentirent avant que les encouragements de vive-voix s'en mêlèrent ; entre deux salves, son maître tenta de se faire entendre.
- Ce discours me réchauffera toujours le cœur, "brandir une chaîne pour les libérés" ! L'ironie n'est-elle pas délicieuse ? Et elle l'était, pour tous, comme pouvait le démontrer les exclamations suivantes.
- Une chaîne pour les libérés ! Une chaîne contre les bourreaux !
- Étouffons ces salopards d'esclavagistes avec des maillons !
- Aux fers ! A Ciel-Ouvert ! "

L'euphorie était à son paroxysme lorsque le cor de guerre alerta l'ensemble du campement. Une cloche retentit frénétiquement, en rythme, pour prévenir tous les Marcheurs de la nouvelle : on les attaquait. Les cris se turent dans la tente, Tlaalee-Aan fut le premier à réagir, à pousser les autres à prévenir leurs groupes et à coordonner la défense. Léto dut demander à trois reprises ce qui se passait pour comprendre que les esclavagistes étaient venus à eux pour leur faire la peau avant l'heure. Elle fut la dernière à sortir de la tente, Oberon l'attendait dehors, horriblement irrité par la situation. Elle leva les yeux et elle les vit : ses ennemis pour l'éternité à compter de ce jour.

Selon les dires de son maître, ceux-là étaient des anges déchus, accompagnés de sorciers, le cocktail vainqueur de ses Némésis; une orisha n'appréciait naturellement pas les seconds, quant aux premiers il y avait eu des frictions entre eux et son ancien peuple, en plus de cette affaire de l'embuscade au beau milieu de l'océan. Tout ce noir concentré lui rappelait trop la bâtisse de la secte des terres arides, elle n'allait pas hésiter à trancher dans le vif du sujet. Avant cela, Léto rejoignit son groupe, préférant s'assurer qu'ils soient en sécurité avant de, possiblement, s'éloigner d'eux lors de l'affrontement. Elle accourut rapidement, tournant la tête de droite à gauche pour repérer l'ami géant de son esprit-compagnon, le reste de la troupe était évidemment en sa compagnie.

" Je suppose que les esclavagistes ont décidé de prendre de l'avance sur nous. Quel est le plan ?
- Les non-combattants en arrière, derrière les chariots et les barricades. La mord'th n'était pas satisfaite de ce plan, à croire que la blonde n'avait pas retenu son ensemble, apparemment trop accaparée à chercher des yeux la femme avec le bébé. Cette dernière fit un rapide signe à la chamane avant de se réfugier.
- Léto, dois-je rester auprès de cette femme ? Elle n'avait pas le temps de lui demander qui c'était, l'urgence était omniprésente. La chamane posa sa main sur l'épaule de son amie, le regard suppliant.
- Je t'en prie… La blanche déposa sa main sur ce bras tendu.
- Il ne nous arrivera rien, c'est une promesse. La justicière accourut rejoindre ce duo qui tenait à cœur à la chamane.
- Galick, toi aussi tu vas là-bas, tu es blessé ! Léto retransmit le message silencieux pour les oreilles pointues du berserker, celui-ci ricana en retour.
- Je casse deux-trois gueules, puis j'irais. " Vu qu'il ne semblait pas d'accord pour négocier, Oberon dut s'en contenter.

Léto dégaina la Silencieuse, son épée à deux mains magique, et concentra le son environnant pour la charger à son maximum. Elle rejoignit les premières lignes, celles qui accueilleront à bras ouverts la charge des esclavagistes. Selon certaines railleries balancés ici et là, leurs ennemis du jour étaient les "Corbacs Pourpres". La chamane ne vit rien de pourpre dans leur accoutrement, mais soit, elle rajoutera volontiers cette teinte sur leurs couleurs. Le terne de leurs propres uniformes se mêla au noir profond des guerriers-esclavagistes, Galick signala que c'étaient principalement des berserkers, sûrement engagés pour l'attaque. Vu qu'il était motivé à faire la peau à ses propres congénères, il fut l'un des premiers à charger.

" Fusionne avec moi !
- Non ! On risque de tuer nos alliés ! " Elle se mordit la lèvre inférieur, toute cette masse qui s'accumulait sur la colline enneigée et qui coulait petit à petit sur eux…

Le premier imbécile qui parvint à venir à elle, elle l'envoya balader d'un bon coup de la silencieuse, la bourrasque de son le fit valser plus loin. Elle para un coup aérien, un déchu utilisait la voie des airs pour la prendre en tenaille, mais elle était expérimentée contre ce genre d'ennemis depuis. Elle se débarrassa de lui en l'attrapant par la jambe et le plaquant par terre, avant d'abattre sa lame sur lui. Des sorciers, placés sur les flancs en hauteur, bombardaient leur camp de sorts. D'ici, elle ne pouvait pas les atteindre, elle se contenta donc de se battre contre les guerriers à pieds, et les quelques ailes noires. Elle fonça sur un berserker et le rua de coups, il résista au début mais succomba bien vite à ses blessures. A nouveau, un déchu la défia, elle bondit et le chopa par le col pour le faire poser pied à terre, l'effet de surprise étant suffisamment long pour qu'elle le blesse et le pousse d'un bon coup de pied. Plusieurs déchus remarquèrent que Léto se débrouillait mieux contre eux que n'importe quel Marcheur, alors ils décidèrent de l'encercler à trois. Une lame fila sur sa hanche, lui faisant cracher une gerbe de sang. Elle gémit, planta son épée dans le sol et se servit d'une de ses mains pour provoquer une tachycardie sur l'un des volants, l'autre s'empara de sa pierre élémentaire pour balancer un rayon de glace sur un autre ennemi. Elle se débarrassa alors du troisième en dégainant de nouveau son épée et la balança à l'horizontal lorsqu'il fut à portée. Ses alliés se chargèrent d'achever les deux premiers Corbacs.

Ses doigts se mêlèrent au sang qui ruisselait un peu sur sa jambe, Léto dessina une langue de sang sur le centre de son arête nasale, une manière de provoquer ses ennemis, de motiver ses alliés et surtout d'enclencher son bain de sang. La chamane recula vers les barricades, quelques ennemis parvenaient à s'en rapprocher et elle avait peur qu'on touche à ses amis ; Oberon la suivit en marchant rapidement, il s'amusa intérieurement qu'on tente de l'attaquer en vain. Léto se mêla à la défense des barricades : depuis cette position, elle-même savait que la Marche Terne commençait à perdre du terrain. Elle ne cessa pas la lutte pour autant, ses mots n'étaient pas du vent ! Le destin était néanmoins cruel, lorsqu'il décidait de la frotter à plus costaud qu'elle : un berserker, de très grande taille – dans les deux mètres cinquante – se rapprochait des barricades. Son armure était cabossé dans tous les sens, sa peau criblé de flèches, et pourtant il parvenait à se tenir droit, sa massue sur les épaules. D'un coup d'un seul, il exécuta deux Marcheurs en même temps. Léto fronça les sourcils et jeta son sort de vague de peur sur lui… pour se rendre compte que cela ne fonctionnait point. Attiré par la témérité de la blonde, il balança son arme en sa direction, un coup qu'elle para de justesse mais la puissance de celui-ci la fit valser plus loin, l'écrasant contre le roc.

Dès ce choc, Léto eut l'impression de s'être faite privée du sens de l'ouïe. Elle n'entendait plus rien, et sa vue floutait. Lorsqu'elle recouvrit quelque peu ses esprits, elle peina à se relever, avec ses quelques cotes cassés, ou ses vertèbres, elle l'ignorait. Le spectacle auquel elle assista l'épouvanta : le combat avait cessé, les Marcheurs vivants étaient mis à genoux, encerclés par plusieurs Corbacs, les réfugiés étaient également cernés par le berserker invincible, près des chariots. Un silence de mort régnait sur la vallée, la victoire revenait aux esclavagistes. Un ange déchu, entretenu comme un noble, se tint aux côtés des sorciers, sur un plateau rocailleux.

" Il était mal avisé de nous sous-estimer, Marcheurs. J'ai un commerce à faire tourner, je n'ai pas que ça à faire de venir traîner sur les cadavres, avec ce froid de… " Il fut coupé par un hurlement strident.

Galick chargeait effectivement le géant qui retenait captif les innocents, il était néanmoins trop amoché pour être assez rapide : il put parer la massue qui se fracassait sur lui, mais la force de cet homme le dépassait. Le bras-de-fer entre eux joua en faveur du géant, le berserker sentit ses blessures s'élargir davantage, et avec elles sa faiblesse. Il poussa sur ses bras pour se propulser en arrière et s'éviter le coup fatal. Maintenant, c'était sûr, il avait trop mal pour retenter un assaut. Sa tentative avait échauffé quelques uns de ses alliés mais ils furent vite retenus par leurs geôliers ; Léto aussi aurait voulu se relever, on ne la surveillait même pas elle, mais c'était peine perdue pour attaquer dans son état. Oberon était juste à côté d'elle et il enrageait de voir Galick se faire malmener de la sorte.

" Il y a de ces imbéciles sur ces terres, c'est désastreux… Donc, je disais qu— Cette fois, c'étaient des pleurs de bébé qui coupait court. Par l'enfer, que fiche un gosse ici ?! Les cris provenaient des barricades, une magicienne tentait de calmer le bébé en vain. Tuez-le ! Léto sentit son sang ne faire qu'un tour, alors que le géant se rapprochait de sa victime, personne n'osa s'interposer malgré l'atrocité de la situation… tous, sauf une mord'th armée d'une rapière, en garde.
- Il faudra me passer sur le corps avant que vous n'osiez toucher un enfant ! Là c'était pire, lorsque la chamane vit la massue s'abattre sur la jeune femme, et lorsque cette dernière tomba raide sur le côté, des filets rougeâtres l'accompagnant dans sa chute.
- Thémis… Sanglota la blonde, aplatie dans la neige, elle écouta le bébé redoubler ses plaintes avec le vacarme qu'avait provoqué le géant, encore plus lorsqu'il s'approchait de sa cible. Non… Si Oberon avait encore du sang, il saignerait des gencives à force de faire crisser ses dents : Galick, la mord'th, et maintenant un gosse… C'en était trop.
- Relève-toi et fusionne ! Il lui serrait vainement la main, quitte à relâcher ce monstre sur eux, autant qu'il fasse le plus de dégâts du côté des ennemis ! Allez ! "

La chamane cracha du sang alors qu'elle poussa sur ses bras pour ramener ses jambes vers elle, puis usa de ces dernières pour poser un pied, puis l'autre. Sa main attrapa symboliquement celle de l'élémental : ils prenaient de gros risques, néanmoins c'était l'unique façon de se tirer de ce guet-apens, ou de s'y enfoncer davantage. Tout dépendra de cette tarée dont ils étaient les créateurs. Une puissante aura bleutée recouvrit le corps de la chamane tandis qu'elle accueillait en elle l'esprit de la liqueur.

" Ne touche pas À MA FILLE ! "


2770 mots ~



By Jil ♪
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Latone
Dim 07 Juin 2015, 16:23

Un silence infâme régna dans la vallée au moment où ces mots prirent leur envol dans un écho, par-delà les dents rocailleuses de l'edelweiss. Entre l'incompréhension des esclavagistes et la confusion des Marcheurs, elle se tenait là, debout, les yeux bleus et flamboyant, une aura magique qui se dissipa autour de sa silhouette lorsque sa naissance s'acheva. Les traits de Léto étaient à la fois présents et disparus, ses marques dégoulinèrent le long de ses joues pour dévoiler la féminité cachée, sa voix de jeune femme avait transcendé l'ensemble des tympans. Le masque avait fini par tomber, si tragiquement, empressée par l'urgence de la situation. Personne n'osa s'opposer à ce retournement de situation, sauf elle, ce monstre redouté.

La chamane courut vers le géant, ignorant son sang qui dégoulina sur son passage, ses cordes vocales vibrant si fort qu'on avait l'impression qu'elles étaient plusieurs à hurler en rythme. Elle se rua brutalement sur cet homme, préparant son poing à frapper. Elle était rapide, trop rapide, plus que la blonde contre qui il s'était battu plus tôt. Le Corbac ne prit donc aucun risque et usa de son poing pour frapper avant elle. Cette attaque porta ses fruits, la main aussi grosse que la tête de la chamane frappa en plein dans sa mâchoire, la faisant basculer sur le côté. Alors qu'il s'attendait à ce qu'elle tombe à terre, il fut surpris par le pivotement contrôlé de la guerrière, malgré le coup porté. En tournoyant sur soi-même, elle lui envoya un regard dégoulinant de haine et cette distraction lui permit de dégainer furtivement sa masse pour lui porter un revers en plein visage. La tête du géant bascula plus que ce qu'elle devrait, il n'eut même pas le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'il fut choper par son col, la chamane tirant si fort qu'il se vit penché son dos, en sa direction. Elle frappa plusieurs fois avec son arme, lui défigurant la face à mesure qu'elle criait de rage. La barbarie s'éternisa durant une dizaine de coups, avant qu'elle remarque que le cou du géant ne semblait plus trop tenir. Alors elle le lâcha, prit sa masse des deux mains et frappa de nouveau, assez fort pour entendre la vertèbre cervicale se briser. L'impressionnante masse corporelle s'écrasa lourdement à terre, le verdict du duel se montrant sans appel.

Sans plus attendre, elle se massa la joue tout en se retournant vers les barricades alliées. Il ne l'avait pas raté, elle avait peut-être bien une dent cassée. Tant pis, elle se contenta de rejoindre les civils, avec le silence environnant pour seule compagnie. A portée de la mord'th, elle s'accroupit, ses doigts effleurant la blessure au bras armé de la blanche. Thémis était encore consciente, les yeux à moitié ouverts sur la tarée que Galick avait affronté l'autre jour. Ses oreilles ne lui avaient pourtant pas fait défaut : Léto endossait une voix féminine, c'était une femme durant tout ce temps. Assurée que la mord'th soit vivante, la chamane se releva et s'approcha de la magicienne qui couvait le bébé, celui-ci larmoyait encore. Une simple petite caresse, ainsi que des chuchotements, permirent de mettre fin au tourment de son enfant. Mais elle avait encore beaucoup à faire pour s'occuper du tourment de ses alliés. De ce fait, elle se retourna vers l'ennemi et s'approcha un peu, avec un sourire provocateur et de pleines dents ensanglantés.

" Vous êtes tellement morts, mais tellement !
- Qu'est-ce que vous attendez ?! Elle a tué Silný, butez-la ! " De la part des sorciers, une pluie de boules de feu s'abattit sur l'effrontée.

La fumée et la poudreuse s'accumulèrent autour d'elle, la camouflant l'espace de quelques secondes aux yeux de tous. Cela avait été un véritable massacre, personne n'aurait pu se douter qu'elle se tenait encore debout, les mains sur les hanches et une partie de ses vêtements grillée. C'est en vérité pas tant sa survie qui énervait les esclavagistes, mais plutôt ce sourire narquois qu'ils ne parvenaient pas à effacer.

" Vous rigolez ? C'est de la magie de fillette, pour faire des chatouilles !
- Elle… " Elle était effectivement insensible à la magie, du moins à la magie qui n'était pas finement dosée.

Le leader Corbac en grinçait des dents, cette personne n'était pas normale, elle était trop instable pour se faire dépasser. Et sans le soutien de son géant, ils n'avaient plus que le nombre comme avantage… ce qui ne semblait pas importer cette tarée. En fin de compte, il valait mieux se retirer et la ralentir, en espérant qu'elle suffoque à ses propres blessures. Il fit ainsi pivoter sa botte, en direction du quartier général. Cependant, à peine eut-il le temps de se retourner qu'il remarqua une ombre grandissante sur le sol neigeux. C'est là qu'il prit la peine de vérifier, pour devoir faire face à la carrure impressionnante de cette rebelle ; des ailes spectrales bleutées surmontaient ses omoplates. Elle était déjà là, face à lui, son poing préparé qu'elle abattit sans vergogne sur le joli minois du criminel.

" Arc-en-ciel dans ta eush ! " S'amusa-t-elle à dire lorsque son coup fila rencontrer sa cible.

Elle avait usé du pouvoir de vivre sa vie en couleurs, créant des arcs-en-ciel autour de sa main, qui frappèrent de plein fouet le Corbac. C'était parfaitement inutile d'ajouter cette touche multicolore à son coup, cela n'avait qu'un effet esthétique, mais elle le faisait uniquement parce qu'elle le pouvait, tout bonnement. L'esclavagiste tomba évidemment à terre, la force emportant sur sa fierté. Elle voulut le tabasser davantage, mais elle préféra d'abord neutraliser les sorciers qui l'accompagnaient pour se venger de la douche chaude de tantôt. En conséquence, les Marcheurs profitèrent de cette diversion pour éliminer leurs bourreaux et ainsi la bataille reprit son cours, avec un net avantage pour les libérateurs qui reprenaient du poil de la bête grâce au soutien inattendu de la chamane.

Résultat des courses : écrasante victoire des Marcheurs qui reprirent en main leur campement, quelques esclavagistes prirent la tangente pour rejoindre leur propre QG. De son piédestal, l'électron libre observa les fuyards, le déchu qui dirigeait cette attaque peinait d'ailleurs à voler avec le coup qu'elle lui avait mis. Un coup d'œil sur le côté et elle remarqua un arc accompagné d'un carquois, l'arme idéal pour abattre l'emplumé à cette distance. Mais elle n'était pas bête, elle n'était pas ici que pour faire un carnage, aussi étonnant que cela puisse paraître.

" Patrooon ! Appela-t-elle le maître-chaman à grands signes de bras. Est-ce qu'on a besoin de ce bel homme vivant ? Tlaalee-Aan mit un peu de temps à répondre, souhaitant examiner davantage ce phénomène vivant et diablement plus efficace que Léto.
- Fais ce que tu veux de lui, ce n'est pas le chef-esclavagiste qu'on traque. Un grand sourire enfantin s'étira sur les lèvres de la rebelle, elle s'empressa d'armer l'arc et de viser.
- Je bande mieux que toi, mon petit. Commenta-t-elle avant de tirer, la flèche fila transpercer le sombre plumage, elle le vit s'écraser dans la masse immaculée mais vite reprendre sa route avec le soutien de ses hommes. Tsk, autant allé le déplumer directement ! Elle invoqua de nouveau ses ailes spectrales et poursuivit sa cible.
- … Que les plus aptes à se battre me suivent, on doit la rattraper. "

Prudemment, la chamane prit ses distances lors de son envol, afin qu'ils ne la repèrent pas et qu'ils la mènent en plein dans la gueule du loup. Elle était plus rapide qu'eux, en terme d'agilité pure, et plus maligne aussi, tout ce que Léto a pu hériter d'Oberon lors de la fusion. Malgré tous les outils qu'elle avait en main, la blonde ne savait pas s'en servir correctement, ainsi l'intelligence de l'élémental pouvait contrecarrer cette faiblesse et créer une femme qui savait se servir de sa force. L'apparition, néanmoins, de cette tierce personne était un mystère que même Tlaalee-Aan ignorait. Tout ce que les Marcheurs pouvaient espérer en la suivant, c'est qu'elle ne se fasse pas bêtement tuer.

Le nid des rapaces. Leur base était une grotte, dont l'entrée était assez bien gardée, surtout depuis que l'instigateur de l'assaut s'y était réfugié. Elle n'avait pas le temps de s'occuper du menu-fretin, elle visait juste le déchu, et croisait les doigts pour affronter également le chef de toute la clique, afin de rapporter un beau trophée. Au lieu d'emprunter l'entrée – ce qui n'aurait pas été étonnant de sa part – elle prit un peu plus d'altitude et piqua droit dans le roc. Avec sa capacité à traverser la matière, elle put sans trop se fouler s'infiltrer directement dans la salle où se trouvait le déchu et son chef, et quelques autres péquenauds qui devaient être des supérieurs ou quelque chose dans ce goût-là. Autant dire que son arrivée, pieds sur la table de conseil, leur fila une frousse comme pas possible sur l'instant.

" Hé, c'est quoi ça ?! S'exclamait le supposé chef, vu qu'il avait les plus beaux apparats et une chaise plus garnie en fourrures et autres os exotiques.
- Moi, c'est Latone. Et toi, t'es qui ? Il eut à peine ouvert la bouche qu'elle dégaina la Silencieuse. Trop lent ! Et l'abattit sur l'ennemi, sauf qu'elle ne s'était pas attendue à ce qu'il bloque aussi rapidement son coup avec un bouclier. Mais laisse-toi tuer ! " Et elle répéta l'attaque, encore et encore, mais le bouclier ne céda pas et les autres sous-fifres ne prirent pas le risque de s'approcher de la trajectoire de son imposante épée.

Irrité par cette intrusion, sur son territoire, le chef-esclavagiste balança son bouclier pour la repousser. La force insoupçonnée de ce gars la surprit, elle fut néanmoins assez véloce pour enrouler sa chaîne autour de la jambe du monsieur, afin de l'emporter avec elle dans son bond arrière. Ils se retrouvèrent dans une plus grande salle, où elle reprit son équilibre et tira sur la chaîne pour le faire venir à lui. Elle lâcha son épée et prépara un lariat pour l'accueillir comme il se doit. Le coup porta, mais en entretemps elle se fit choper par le cou et repousser. Elle fit un roulé-boulé et remarqua à temps le coup de grâce que son adversaire tenta. Elle leva sa main et un bouclier magique para de justesse le choc. Elle cracha un peu de sang, sans effacer son sourire, et se releva en prenant en main sa chaîne et son épée qu'elle y accrocha. Celui-là était peut-être moins grand que le berserker de tout à l'heure mais il avait de la ressource.

Latone – un nom qu'elle avait imaginé sur un coup de tête – fit tournoyer sa chaîne avec sa lame et la balança. Le berserker renvoya l'épée d'un coup et s'approcha pour être à portée. La chamane fit un petit mouvement circulaire sur soi-même, pour prendre en main sa pierre élémentaire de glace. Une salve gelée atteignit la jambe gauche de l'ennemi, l'immobilisant. Avec son mouvement de toupie, elle avait pu renvoyer la chaîne de l'autre côté et ainsi frapper sans perdre de la force. La lame lacéra juste au-dessus du point gelé, Latone prit alors sa chaîne à deux mains pour tenter une nouvelle frappe. L'ennemi parvint malgré tout à se débarrasser de la couche de glace, et se servit de son bouclier comme projectile pour rapidement atteindre la chamane. Dans cette position offensive, elle ne pourrait pas l'éviter. Mais ce n'était pas ça qui allait la battre : elle se téléporta tout simplement juste derrière lui, et usa de son attaque à distance pour toucher son dos. Le chef le sentit passer celui-là, Latone en profita pour enrouler les maillons autour de son cou et se servit de son plat du pied pour le pousser en avant : un gouffre se dressait juste en face du berserker, il y tomba et elle le retint en haut avec sa chaîne pour le pendre sur place. Elle tira continuellement pour l'étrangler, les pieds au bord du précipice. Elle vit les esclavagistes s'exciter en bas devant la pendaison de leur gourou, elle entendit également ceux de derrière venir à elle pour l'abattre. Latone refusait de bouger tant qu'il n'était pas suffisamment étouffé pour l'envoyer au pays onirique… ce fut l'arrivée in extremis des Marcheurs qui lui permit cet exploit, les alliés s'offrirent les esclavagistes sur un plateau d'argent grâce à l'effet de surprise. Le combat continua autour d'elle, la détresse des bourreaux l'extasia, ses bras couverts de blessures lâchèrent la chaîne lorsqu'elle en eut marre. Le chef Corbac tomba, pas mort, mais inconscient, ce que souhaitait vraisemblablement la Marche Terne.

" Latone a gagné ! " S'enjoua-t-elle les poings en l'air, sa voix résonnant jusqu'au dehors pour maudire les ennemis de la Liberté.

La base finit aux mains de la Marche Terne. De nombreux membres s'attelèrent à fouiller les environs pour libérer les esclaves et récupérer le plus de provisions possible. Ils avaient fait le maximum de victimes et quelques prisonniers, avec en prime le chef Corbac évidemment. Cette journée forte en émotions, ils la devaient à cette tarée du nom de Latone. Tlaalee-Aan soutenu Thémis qui avait insisté pour les accompagner, avec Galick sur leurs talons, lui-même soutenu par trois hommes. Eux tous, ainsi que quelques autres Marcheurs, s'approchèrent de la chamane, qui se tenait à moitié debout au milieu d'un tas de cadavres, quelques plumes sur elle à force de déplumer comme il se doit le lieutenant de tout à l'heure, la Silencieuse en main et la chaîne ballante le long de son bras, de simples cliquetis brisèrent le silence macabre de la scène. La tête blonde pivota légèrement en leur direction, toujours ce sourire aux lèvres, bien que léger cette fois, et fortement rougeâtre.

" … C'est fini ? Le maître-chaman resta indécis devant ce spectacle, il sentait la malheureuse conclusion venir à des kilomètres.
- C'est fini. Dit-il d'une voix plus douce que ce qu'il escomptait.
- Bien… je vais… pouvoir… dormir… Kuh… Une giclée sanguinolente s'échappa de sa blessure au ventre, elle était mortellement blessée et ce n'était pas sa main amochée, ni sa magie épuisée, qui pourront la sauver. Un rire jaune s'échappa de sa bouche. J'ai… merdé… "

Thémis écarquilla les yeux devant la chute de la chamane. Son corps s'étala à terre, tandis que l'esprit d'Oberon fut violemment repoussé de son âme. Le hurlement de détresse de la mord'th confirma la nouvelle à toutes les oreilles présentes dans les environs : Léto était morte au combat.


2414 mots ~



By Jil ♪
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La Marche Terne : Fusroä [Quête - Solo]

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