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 [Quête] - Les Rois du Monde | Les couillons-bouffons

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Jeu 20 Avr 2023, 23:49



Les Rois du Monde


Dans le ciel de Disima, Mavkae éclairait les nuages de dizaine de notes colorées. Les éclairs qui illuminaient son corps donnaient à la nuit un rythme orageux. Rien ne grondait. Tout n’était que lumière. Sur son dos, je profitais du sentiment de liberté qui m’étreignait. Au cœur des airs, à valser entre les cumulus, je songeai un instant que la terre ferme pourrait bien soudainement disparaître sans que je n’en fusse touché. Il faisait chaud, même en hauteur. Dans les ténèbres, mon dragon passait presque inaperçu. Je me détacherais de lui bientôt, dès que nous survolerions Seaghdha. Le rendez-vous, qui devait d’abord avoir lieu à Basphel, avait été déplacé dans la cité universitaire vampirique. Sympan nous avait convié au sein du quartier culturel, dans un appartement qu’il avait réussi à louer. Cette réussite ne me questionnait pas. J’avais toujours été aisé et certaines choses ne me venaient naturellement pas à l’idée, même si je connaissais aussi la misère pour l’avoir observée. Mon père donnait beaucoup, que cela fût financièrement ou physiquement, pour des œuvres caritatives diverses et variées. Plus d’une fois, je l’avais accompagné afin d’offrir un repas à ceux qui n’avaient pas de quoi se le payer. J’étais moi-même orphelin. Je savais que j’aurais pu vivre dans la misère, malgré la performance des institutions magiciennes. Néanmoins, je connaissais mal l’Ygdraë et le fait qu’il fût à Basphel me laissait supposer qu’il était aussi riche que ma famille. C’était un raisonnement erroné.

Lorsque nous fûmes au-dessus du quartier culturel, je lâchai ma prise sur Maykae. Parfois, je lui parlais. Nous n’avions cependant pas besoin de mots pour nous comprendre. C’était un sentiment primaire et peu explicable. Il fallait le vivre pour le saisir. Le lien existait et, lorsque je songeais à prendre mon envol, le dragon le comprenait et agissait en conséquence. Il savait aussi que je serais occupé pour la nuit au minimum et qu’il pourrait vaquer à ses occupations en toute liberté. Je souris à son attention, mais également parce que l’adrénaline pulsait toujours contre mes tempes lorsque je pratiquais cet exercice particulier. J’avais découvert que je pouvais prendre certaines caractéristiques de dragon. Je n’y arrivais pas longtemps et toujours très partiellement. Cependant, les ailes étaient un élément que je pouvais invoquer sans trop de difficultés. Je les ouvris donc et me laissai glisser doucement en profitant des courants ascendants. Mes pieds touchèrent le pavé. La nuit n’était pas calme, comme chez les Magiciens. La ville était en effervescence et j’aimai immédiatement l’ambiance. Malheureusement, les Vampires n’étaient pas le genre de partenaires à pouvoir se glisser dans mon lit.

Je sortis le dernier mot de Sympan de ma poche, bien plus brouillon que le premier, et vérifiai l’adresse sur la carte. Ce ne fut pas long. Je composai le code magique indiqué et grimpai les escaliers pour déboucher sur un appartement dont la porte n’était pas fermée. À l’intérieur, plusieurs choses me frappèrent. La première, ce fut Érasme. Ce dernier semblait avoir aspiré toute la lumière de ses environs proches. Je plissai les yeux. Il avait changé depuis la dernière fois. Il était plus… sombre et impressionnant, même s’il me coûtait de le reconnaître. « Je ne savais pas que tu serais là. » lâchai-je pour toute salutation. Nous étions loin de l’ambiance festive du Fessetival. « Dommage. Je n’aurais peut-être pas vu ta tête si tu avais su. » « Oh, je serais quand même venu. » lui assurai-je, en faisant mine d’ignorer le regard qu’il me portait. Il semblait m’évaluer, tout en ouvrant l’une des nombreuses bouteilles qui se trouvaient sur un meuble. « Sympan n’est pas là ? » lui demandai-je. « Il a laissé un mot pour dire qu’il allait revenir bientôt et qu’on pouvait se servir. » Il y avait de quoi manger et boire à s’en exploser l’estomac, deuxième élément qui m'avait sauté aux yeux. « On est censé être combien, trente ? » « J’espère pas. » Il se déplaça, en boitant légèrement. « Tu t’es battu ? » le questionnai-je, pour éviter au silence de s’installer trop longtemps. Il s’assit sur le canapé, écarta les jambes, plaça ses avant-bras sur ses genoux et se mit à me fixer. Il était vraiment sombre. « Le Chef des Armées est devenu mon mentor. » L’envie de lui faire remarquer qu’il n’avait pourtant pas pris un gramme de muscle disparut sous l’effet de ses yeux bleus sur moi. Je n’aimais pas le sentiment d’être limité dans mon expression. Plus que son charisme, il s’agissait de sa magie. Elle semblait vouloir attaquer la mienne et la mienne tremblait face à la sienne. Elle ne faisait pas le poids et un sentiment désagréable m'étreignit à ce constat. « Il y aura peut-être Dastan. » hasardai-je, pour changer de sujet. « Et alors ? » « ... Alors rien. » J’inspirai et me mis à ouvrir une autre bouteille. L’ivresse m’apparaissait être la seule porte de salut face au Sorcier.

808 mots
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Ven 21 Avr 2023, 23:01



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En groupe | Dastan & les couillons-bouffons



« Tu vas y aller ? » - « Peut-être. » Dastan fixait Eora Krah’Koda, une barre affûtée dans les mains. Elle, elle tenait un bout de papier, une lettre sur laquelle étaient griffonnés quelques mots qu’il ne pouvait pas lire, à côté d’une carte. La guerre avait précipité les choses, si bien qu’il n’avait pas eu le temps d’apprendre à déchiffrer l’écriture avec cet abruti d’Ange. Depuis la fin du Fessetival, il n’était pas rentré. Il baissa les yeux sur la tige métallique, l’arracha à l’emprise de la glace, et l’y replanta violemment. « C’est loin ? » - « C’est sur Tælora. » Comme il ne réagissait pas, elle précisa : « C’est un autre continent. » - « Ah. » Le Réprouvé répéta plusieurs fois l’opération qu’il effectuait avec son outil. Posées dans la neige, les cannes à pêche attendaient. « Et on peut s’y rendre facilement ? » Elle haussa les épaules. « J’en sais trop rien. J’y suis jamais allée. Mais il y a encore quelques personnes qui ont assisté au Fessetival, dans le coin. Peut-être que certaines s’y rendent ou que c’est sur leur route. Peut-être qu’elles ont reçu le même mot que toi. » - « Ouais. » De l’avis de Dastan, ça faisait beaucoup de mots pour aller au même endroit. D’abord, ce Clauswitz, dont il conservait un souvenir indélébile, et maintenant, cet énergumène de Sympan. « Si t’y vas, tu reviendras, après ? » demanda-t-elle, en repliant le mot. Il releva les yeux vers la blonde. Une large balafre barrait son visage. Elle lui donnait l’air d’être plus âgée qu’elle ne l’était véritablement. Ses yeux habituellement malicieux et la fossette qui ponctuait son menton rappelait qu’elle n’avait pas plus d’une vingtaine d’années. « Je pense pas. Il va falloir que je rentre. À Lumnaar’Yuvon. » Chez moi ; la locution était demeurée coincée dans sa gorge. Il repiqua la barre en acier dans la glace, puis l’enfonça pour soulever la plaque dure et brillante de la surface, afin de dévoiler l’eau glaciale. « T’auras qu’à me rendre visite. » Une ébauche de sourire tira le coin de sa lèvre. « Je peux bien offrir l’hospitalité à celle qui m’a sauvé la vie. » Elle avait fait bien plus, mais il n’avait pas envie de s’étendre sur le sujet. Se rappeler ses instants de faiblesse le rendait fou. Ce n’était pas que la honte. C’était aussi qu’à chaque fois qu’il y songeait, il se sentait glisser sur cette pente de ténèbres, de colère et de détresse. Les souvenirs des combats et la plaie de la défaite et des pertes étaient inscrits en lui. Ils engluaient sa joie d’une couche de chagrin. À chaque fois qu’il était tombé à genoux, Eora l’avait relevé. Et puis, il avait couché avec elle, bien sûr, mais ça, ça n’avait rien de tabou. Il faisait juste trop froid pour qu’y songer en valût la peine.



Lorsqu’il se trouva devant la porte de l’immeuble, carte en main et agacement aux tripes, Dastan essaya d’ouvrir le portail. Il était fermé. « Quel est le con qui donne rendez-vous dans un endroit fermé, putain. » vociféra-t-il, avant de regarder autour de lui. « Ah, ça doit être cette merde… » Ayant mémorisé le code que lui avait plusieurs fois répété Eora, il le reproduisit et put entrer. Il ne comprenait pas bien cette manie de verrouiller les entrées. À Lumnaar’Yuvon, tout était toujours ouvert et ça ne posait de problème à personne. Il gravit quatre à quatre les escaliers, jusqu’à la porte d’appartement indiqué. Comme s’il était chez lui, il l’ouvrit à la volée. Son regard tomba aussitôt sur la silhouette d’Érasme, assis dans le canapé en face de la porte, puis fut attiré par un mouvement sur sa droite – Lucius. Le Réprouvé demeura sur le seuil, silencieux, les traits durs. Sympan n’était pas là. Il n’y avait personne d’autre. Ses iris revinrent sur le Sorcier. « T’étais où ? » lança-t-il, hargneux. Il l’avait cherché partout. Il avait retourné le Fessetival. Il ne l’avait pas trouvé. Ni lui, ni Razhul. « Et toi, t’es même pas parti me chercher. » Il fusilla le Magicien du regard. « T’as préféré baiser l’autre pute, c’est ça ? » Il lui en voulait. À cause de lui, il avait failli crever de froid dans la neige. À cause d’eux deux. Il leur en voulait à tous les deux. « Il est où, Sympan ? » Il s’avança dans la pièce, menaçant. « Il viendra pas, c’est ça ? C’était une de vos conneries de Mages pour me faire venir ici ? » grogna-t-il. Il allait leur casser la gueule à tous les deux. Ils ne lui faisaient pas peur, surtout pas Érasme avec ses airs de poète torturé. Pourtant, en le regardant à nouveau, il remarqua les débuts de l’empreinte de la magie noire sur la peau de son cou ; et malgré lui, son cœur se serra. La mâchoire crispée, il releva légèrement le menton, avant de tourner la tête vers Lucius. Il ne voulait pas s’approcher d’eux, parce qu’il savait que s’il le faisait, il aurait envie de les avoir nus contre lui. C’était comme ça à chaque fois. Ça le bouffait.



Message I – 871 mots




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 22 Avr 2023, 11:59



Les Rois du Monde


«  Tu es venu comment ? » lui demandai-je, après être resté silencieux quelques secondes, à regarder ses muscles se tendre tandis qu’il ôtait le bouchon d’une bouteille de champagne. Sa seule qualité me semblait être celle de savoir choisir entre la piquette et la perfection. Le vin était un bien piètre produit, âpre. Je n’en buvais que lorsqu’il me semblait opportun de noyer mon état dans un goût encore plus horrible que les sentiments qui me parcouraient. « À dos de dragon. » Il ne me renvoya pas la question et servit deux flûtes. Il m’en tendit une. Je la pris sans le remercier. « Dastan est parti te chercher pendant le Fessetival. » finit-il par engager, après un énième silence. Évoquer l’événement me rendait malade. Le produit des Déchus avait altéré mon fonctionnement normal et le retour à Nementa Corum avait été brutal. Je me rappelais avoir embrassé le roux. Je me rappelais aussi le fait qu’il m’eût porté dans ses bras. Je ne voulais cependant pas me souvenir de ses mots. «  Quand ? » demandai-je, en sentant malgré moi un pincement mi-agréable mi-désagréable dans le creux de ma poitrine. « Le soir. » «  J’étais déjà reparti. » me contentai-je de dire, comme si tout ceci m’était égal, comme si le Réprouvé était, au mieux, un simple ami. «  Vous étiez ensemble ? » l’interrogeai-je tout de même, une pointe de jalousie assombrissant mes pensées. « Ouais. » Je ne demandai pas ce qu’ils avaient fait tous les deux. Je n’avais aucune envie de savoir. Je bus après avoir pris une longue inspiration. De toute façon, mon corps ne me trahirait plus en présence de Dastan. J’étais actuellement totalement incapable de bander. La potion de Val’Aimé tuait mon désir. Il demeurait, psychiquement, mais ne se traduisait plus physiquement. Elle devait m’aider à « laver mon esprit des pensées impures ». Je souris en y songeant. Je savais ce qu’il faisait. Il tentait de me conditionner en utilisant des moyens de pression plus ou moins douloureux. Il ne pouvait pas me briser totalement, eu égard à mon rang. Lorsque mon genou avait lâché après ses coups, il avait été dans l’obligation de me soigner. Il l’avait fait mais partiellement. Je boitais à cause de ça. Pourtant, au-delà de sa violence, il y avait quelque chose entre lui et moi, quelque chose dans sa respiration lorsque j'étais nu et qu'il me frappait ardemment, quelque chose que je ne saisissais toujours pas.

Mes yeux quittèrent les bulles du champagne lorsque la porte s’ouvrit violemment. Mon regard se fixa sur Dastan et, lentement, sans répondre, je portai le verre à mes lèvres. Son attention se fixa ensuite sur Lucius qui fut plus réactif. « C’est toi qui t’es barré, en disant que t’allais revenir. » La fin de sa phrase avait pris un ton plus bas. Le Magicien fronça légèrement les sourcils. « C’est pas une pute et oui je l’ai baisée tout seul puisque, pour la deuxième fois, tu me lâches à la dernière minute. » Je soufflai par le nez. Forcément. Ils couchaient ensemble. Je serrai les dents, piqué par une colère ponctuée de tristesse. Curieusement, à ce moment-là, j’eus hâte que la thérapie de Val’Aimé portât ses fruits. Lorsque le Feu Bouffon eut fini son charabia, je sortis une cigarette. Une flamme se matérialisa à son bout. Je tirai et fermai les yeux, comme si la fumée à l’intérieur même de mes poumons suffisait à pleinement me détendre. Je libérai les effluves de tabac et regardai le Bipolaire à travers la fumée. « Il est en retard, c’est tout. » précisa Lucius. « Il a laissé un mot apparemment, pour dire qu’il reviendrait vite et qu’on pouvait se servir. » Je souris. J’aurais pu mentir au Magicien et avoir mis en scène cette rencontre dans l’objectif de les tuer tous les deux. Visiblement, ça lui semblait impossible, à moins qu’il n’y eût pas réfléchi ? En tout cas, Lucius semblait être dans l’apaisement. Un simple regard dans sa direction me suffit à comprendre que l’état d’agacement de Dastan le rendait méfiant. La voix du rouquin faisait également vibrer mon instinct de survie. Cependant, je passais mes journées à me faire battre. Un peu plus ou un peu moins… et puis, s’il me frappait, je pourrais lui placer que, finalement, Val’Aimé et lui n’étaient différents en rien.

Je finis par me lever, alors que l’autre pratiquant de Magie Bleue proposait un verre au Réprouvé. Je me plantai devant le Feu Follet. «  Tu savais qu’on serait là, non ? » lui demandai-je. Il était toujours plus petit que moi. Je tirai sur ma cigarette et lui envoyai la fumée au visage. «  Alors pourquoi t’es venu, hum ? » Je n’avais aucune idée du taux de réussite de la thérapie de conversion qu’essayait de me faire subir le Chef des Armées. Je l’estimai particulièrement faible.  «  Je pensais que t’étais la pute de Lucius mais, finalement, t’es peut-être celle de Sympan… » murmurai-je. « Arrête de penser que t’es le centre du monde, bois un coup, n’oublie pas de m’appeler Maître et ferme-la si t’as rien à dire d’intelligent. » dis-je, lentement. Lucius porta sa main à son front, l'air désabusé quant à la suite pacifique des événements.

841 mots

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Dim 23 Avr 2023, 12:04



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Note : C’est vulgaire, violent et anti bonnes mœurs. Un RP normal avec un Réprouvé <3


« Ouais bah je suis pas revenu et visiblement ça t’en a touché une sans faire bouger l’autre. » aboya-t-il, hargneux. Les poings contractés, ses yeux étaient rivés sur Lucius. « T’avais qu’à venir me chercher, c’est pas mon problème si t’as préféré baiser tout seul. » Il regarda autour de lui, vif, sauvage, comme s’il avait pu déceler la présence de quelqu’un d’autre. Il n’y avait personne. Ils étaient seulement tous les trois, avec cette montagne de nourriture et de boisson. Après des jours passés entre la neige et le blizzard du Berceau Cristallin, cette abondance soulevait l’estomac de Dastan. Les Krah’Koda avaient pris soin de lui, comme ils avaient l’habitude de le faire des étrangers égarés dans l’étendue inhospitalière de leur contrée ; mais s’il avait gagné du muscle en perçant la glace et en fendant le bois, il avait aussi maigri, faute d’apports caloriques suffisants – et à cause de cette tristesse qui bouffait son cœur et son corps. Son regard se repositionna sur Érasme. Tout ça, c’était de la faute de son peuple. De son père. De ses conseillers. De leur Roi fou. Ses phalanges se crispèrent. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa chair. Il fallait le tuer. Le Fessetival ne comptait pas. Le baiser ne comptait pas. Ses mots ne comptaient pas. Sans le quitter des yeux, il referma ses doigts autour du verre que lui tendait Lucius. Le voir s’approcher causait une contraction dans chacun des muscles de son corps. Il savait ce qui allait se passer. Il n’allait plus seulement être question de l’envie de lui mettre un coup de tête, mais aussi du désir de s’attarder sur ses lèvres. Il était malade. Ces types le rendaient malade. Ils l’avaient ensorcelé, avec leur magie de merde, leurs artifices de connard, leurs illusions malsaines. Les idées rafraîchies par le climat gelé du Berceau Cristallin, il s’était parfois dit qu’il devrait faire part aux siens de la malédiction qui pesait sur lui. Pour qu’ils l’aidassent à s’en débarrasser. Pour que les Zaahin purifiassent ce que les Ætheris souillaient.

Le Réprouvé remarqua que le brun boitait. Il plissa les yeux, suspicieux. « Non. » Si. Du moins, il savait qu’ils étaient invités. Avait-il espéré les voir ? Il aurait préféré pouvoir répondre qu’il n’y avait même pas pensé. Ses iris allèrent de l’un à l’autre de ceux d’Érasme. Sa proximité embrouillait ses sens autant qu’elle les exacerbait. Il entrouvrit la bouche dans un rictus amer et laissa échapper un souffle sarcastique. La suite des propos du Sorcier, cependant, effaça tout sentiment d’ironie ; enflammé par la colère, le roux éclata contre son crâne le verre qu’il tenait dans sa main. Le sang coula, abondant, tant dans sa paume que sur la tempe du Mage Noir. Son genou fusa contre ses côtes. Ignorant les fragments de verre qui perçaient ses doigts, il serra le poing et lui asséna un coup, avant de l’attraper par le col et de le repousser vers le canapé, le forçant à s’y asseoir, sans le lâcher. Son visage tout près du sien, il souffla : « T’es jaloux ? » Les images du Fessetival avaient tourné en boucle dans sa tête. Il en avait parlé avec Eora, en transformant Érasme et Lucius en filles réprouvées, en sœurs jumelles qui se détestaient. Le constat avait été sans appel. « C’est parce que tu voulais être ma pute au Fessetival ? T’avais qu’à rester, j’aurais peut-être fini par te baiser. » Ses doigts remontèrent contre son cou, et il serra – pas assez pour l’étrangler, suffisamment pour avoir une bonne prise. « Même si c’est vrai que je préférerais me taper Lucius. J’aurais moins peur de le péter en deux que toi et ton corps de brindille. » Il ricana. Il avait envie de lui faire du mal. Il souhaitait qu’il souffrît autant que lui. Brutalement, il le lâcha et se dirigea vers le Magicien, qu’il attrapa par les cheveux et embrassa avec plus de férocité que de désir. Il le libéra assez rapidement et lança : « Tu veux toujours baiser ? Ça t’exciterait de le faire devant lui ? Tu voudrais pas qu’on invite ta pute, aussi ? Vu qu’apparemment tout Basphel est en ville. On pourrait se faire une orgie avec toutes les meufs de l’école. » Un nouveau rire lui échappa, mauvais, blessé. Il pivota vers Érasme. « Tu viendrais ? On peut inviter quelques bites pour que tu puisses bander aussi. »



Message II – 740 mots




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Kaahl Paiberym
Dim 23 Avr 2023, 22:05



Les Rois du Monde


« J’allais pas sortir pour te chercher, non. » murmurai-je, pour moi-même. La peau de Kiara était trop douce pour que je la quittasse afin de rattraper le fuyard. Érasme l’aurait peut-être fait mais je n’étais pas comme lui. Je savais que leur relation était complexe, plus que la nôtre. Néanmoins, ce n’était pas une raison et j’en avais ma claque de voir le Bipolaire s’esquinter à cause du brun, et m’esquinter au passage. Que se passait-il entre eux ? La réponse n’avait aucune espèce d’importance parce que rien ne serait jamais possible sur le long terme entre un Réprouvé et un Sorcier, hormis la haine et la destruction. Je décidai néanmoins de ne rien dire et de tenter de calmer la sale bête qui s’était éveillée en Dastan. J’avais l’habitude de son peuple. Je le côtoyais tous les jours. Le Démon prenait parfois le dessus, supprimant la raison et la bonté. Ce Démon était blessant et, généralement, son propriétaire regrettait ensuite. C’était dur. C’était vraiment dur de pardonner à un Bipolaire après une crise démoniaque. Il fallait pourtant le faire parce que c’était plus fort qu’eux. Je trouvais que ça les infantilisait de les excuser trop rapidement. Pourtant, leur détresse était souvent palpable. Ils s’en voulaient, culpabilisaient et parfois se faisaient du mal. Avais-je envie de soutenir Dastan contre vents et marées ? Non, peut-être pas. Néanmoins, il m’attirait inexorablement et il m’importait plus que la plupart des gens que je côtoyais tous les jours. Il était le seul homme à m’exciter aussi. Je l’avais accepté, même si je m’étais posé beaucoup de questions sur mon orientation sexuelle suite à l’éveil de mon désir à son égard. Son odeur m’attirait et la vue de son corps me rendait désireux de le toucher. Son sale caractère venait cependant compenser, en assassinant mes envies. Je le trouvais beau quand il s’énervait mais trop dangereux pour que je ne passasse outre. Et puis, il y avait Érasme, toujours là, à jamais entre nous.

Une fois qu’il eut pris le verre, les mots du Sorcier vinrent percuter le Réprouvé de plein fouet. Je soupirai, sachant très bien que les choses allaient dégénérer. J’écarquillai cependant les yeux lorsque le verre s’abattit sur la tempe d’Érasme. Le reste alla trop vite pour que je ne réagisse. Que les choses débordassent était un élément prévisible, mais le sang pulsait du crâne de l’ancien Prince Noir à une vitesse presque effrayante. « Espèce de connard… » La voix du Sorcier n’était plus qu’un orage grondant. Basse et vibrante, elle semblait marquée d’une colère froide qui différait totalement de la colère chaude de son assaillant. « Putain les gars… » Ils ne m’écoutaient plus du tout. Le brun ne parla plus. Il se contenta de planter son regard bleu dans celui de Dastan et d’agripper son haut sans chercher à s’extraire de sa prise. Il y avait quelque chose de malsain dans son expression, de rongé par une haine sourde. Le sourire qui ouvrit ses lèvres fut l’illustration même de l’insolence. Je me demandai même s’il ne ressentait pas du plaisir à se faire étrangler. Ils me faisaient chier. C’était ça. Je soupirai afin d’évacuer la colère qui commençait à monter. « C’est fini ou bien ? » demandai-je, toujours ignoré par ces deux connards. Une seconde plus tard, l’ignorance vola en éclat. Le roux m’imposa un baiser qui me fit froncer les sourcils. Ce fut à mon tour de l’attraper par le col. « Putain tu fais chier ! Pour la dernière fois, c’est pas une pute et, non, je n’ai pas envie de baiser devant lui, merci. » La simple perspective me donnait des frissons d’horreur. Néanmoins, ce n’était pas le plus urgent. Je sentais mon cœur battre la chamade contre ma poitrine. Dastan avait trop de muscles et pas assez de cervelle. Ça pouvait dégénérer, surtout avec l’autre bât… La silhouette d’Érasme percuta celle du Réprouvé. Leurs deux corps s’écrasèrent par terre. Le poing de l’ex Prince s’abattit sur le nez du roux. « Putain… » Les mots qui sortaient de ma bouche n’étaient plus que des insultes à leur encontre. « C’est toi la pute ! Sale chienne ! » Érasme était pire que moi. À ce stade, ce qu’il disait n’avait plus aucun sens. Une myriade de « Je ne suis pas gay ! », « Sale crevard ! » s’étala entre les coups. J’entendis des pièces d’or rouler sur le sol de manière désordonnée alors que je cherchais une solution. J’émis l’hypothèse qu’Érasme les avait lancées au nez de Dastan, en même temps qu’un « Et si je te paye pour te couper la queue, t’acceptera, sale pute ? ». Dans cet instant, ni l’un ni l’autre n’avaient de grandeur. Ils ressemblaient à deux clochards, ivres morts, à s’insulter sans que personne ne comprît le fondement de ces insultes.

Lorsque je revins, je renversai un saladier rempli de punch glacé sur les deux bouffons. « Ça suffit maintenant. Vous faites vraiment pitié ! » dis-je, essoufflé alors que je n’avais rien fait de particulier hormis les subir auditivement. Ils étaient magnétiques et effrayants dans leur connerie. Je soupirai devant leurs deux silhouettes. « Sérieusement… avouez-vous votre attirance et baisez un coup, ça vous détendra. Vous êtes pire que des gosses… » Ils me fatiguaient. « Et arrêtez de nier que vous avez envie de vous emboîter. » Je regardai le roux. « Tu te barres sans prévenir alors qu’on aurait pu se taper une meuf ensemble, juste parce que tu penses à ce connard de Sorcier… » Je regardai le brun. « Et toi… Est-ce que j’ai besoin de dire quoi que ce soit tellement c’est gros comme une montagne ? » Je m’écartai. « Vous faites vraiment chier… » soufflai-je, entre mes dents, avant d’aller m’asseoir sur le canapé ensanglanté et de m’ouvrir une bière. « Et soignez vos putains de blessures ! »

996 mots

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Dim 30 Avr 2023, 19:09



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Le rire de Dastan résonna dans sa gorge, avant d’être brutalement étouffé par l’assaut d’Érasme. Trop surpris pour résister, il tomba avec lui. Le choc de son poing contre son nez lui fit mal ; pourtant, ce fut un nouveau ricanement qui écrasa ses cordes vocales. L’odeur du sang prenait le pas sur tout. Il ne le sentait plus, lui. Ni lui, ni Lucius. « Bah alors ? Ça y est, ils t’ont appris à te battre ? » Il lui mit un coup de tête en plein crâne. L’échange de frappes ne s’arrêta pourtant pas. Le Réprouvé joua de ses poings, de ses coudes, de ses genoux, de ses pieds et de toutes les parties de son anatomie qui pouvaient servir à provoquer ou à amortir un choc. Le combat le galvanisait. Il aimait la chaleur cuisante des blessures que créait le Sorcier sur lui ; et il aimait sentir sa chair putréfiée s’écraser sous ses coups. Dans cet échange-là, ils étaient légitimes. Ils avaient le droit de se haïr, de se faire du mal, de vouloir s’entretuer. Dès que ses doigts effleuraient sa gorge, il s’imaginait la serrer jusqu’à l’étouffement. « Des pièces pour toute arme ? T’es vraiment un putain de gosse de riche, en plus d’être gay. » se moqua-t-il en dégainant un couteau attaché à sa ceinture. « Je vais te couper la tienne, moi j’en ai besoin pour baiser des femmes. » Il s’avança, menaçant, et bondit sur lui. Ils roulèrent à nouveau au sol. Dastan aurait pu le tuer. C’était facile. Il était plus fort, plus agile et plus rapide. Il avait une arme. Il aurait pu la lui planter n’importe où. Pourtant, elle ne faisait que couper la peau du Mage Noir ; parfois, elle ne laissait même pas une estafilade, juste une égratignure. Quelque chose le retenait. Quelque chose de profondément ancré en lui, d’intrinsèquement et d’indubitablement enchaîné à lui. Il le sentait, et ça le rendait encore plus fou de rage et de détresse.

Surpris par la douche glacée, il retint le coup de couteau qu’il s’apprêtait à asséner à Érasme. Assis sur lui, il pivota d’une torsion du buste pour voir Lucius, penché sur eux, un saladier à la main. Alors qu’il s’apprêtait à se jeter sur le Magicien, ses mots lui arrachèrent un gloussement goguenard. Il planta ses iris bruns sur le Sorcier. « C’est vrai, ça, Érasme. Avoue que t’es en chien dès que tu me vois et que t’as qu’une envie, c’est de baiser avec moi. » Il souffla par le nez, narquois. De son côté, il n’avait pas envie de coucher avec lui. Il avait envie de le violer. De lui faire subir tout ce que son peuple avait fait subir au sien, et bien plus encore. Il voulait l’annihiler. Le briser corps et âme. S’il pouvait lui broyer le cœur au passage, il le ferait. Les Mages Noirs n’avaient eu aucun scrupule ; il n’en aurait pas plus. Il oublierait l’aide qu’il lui avait apportée, il oublierait le soutien qu’il avait été quand les siens se faisaient massacrer, il oublierait la chaleur de ses bras, il oublierait ses paroles au Fessetival, il oublierait tout. Rien ne devait plus compter que sa mort. S’il le tuait, il pourrait rapporter sa tête aux Réprouvés. « Je suis parti chercher Razhul, pas lui. » mentit-il, avec aplomb. Son regard bronze dévisagea Lucius. Un peu trop longtemps, peut-être. Ses yeux se perdirent dans la verdure des siens. Il se rappela de ce moment-là, dans les souterrains. De ses paroles et de son étreinte. Il se souvint de la facilité avec laquelle il s’était immiscé dans sa poitrine et avait balayé les maux qui le torturaient. Autour du manche du couteau et du col d’Érasme, ses doigts se mirent à trembler. Des larmes bordaient sa cornée rougie par la colère. Il inspira un grand coup, se leva précipitamment, et sortit de la pièce en quelques grandes enjambées. La main sur le mur, il dévala l’escalier qu’il avait emprunté plus tôt, ouvrit la porte et se jeta à l’extérieur. Un rideau de pluie s’abattit aussitôt sur lui. Il noya le sang, la sueur et les larmes. Dastan s’accroupit et enfoui son visage entre ses genoux, ses bras repliés autour d’eux. Sa respiration était lourde, saccadée, difficile. Des sanglots harcelaient son dos. La conviction qu’il n’aurait jamais dû venir lui empoigna le palpitant. C’était toujours pareil. C’était toujours comme ça. Il pensa aux rêves, à tous ces rêves qui le hantaient périodiquement, qui harassaient son cœur et son âme sans jamais se lasser des sentiments qu’ils lui arrachaient. Il aurait voulu pouvoir se trancher le palpitant en deux, et n’en garder que la partie fonctionnelle.

Il demeura ainsi de longues minutes. Puis, sa haute silhouette se déplia et, lentement, reprit le chemin qui menait jusqu’à l’appartement. Il entra dedans, trempé jusqu’aux os, le visage fermé et le regard dur. Sans décrocher un mot, il se planta devant Érasme. Dans sa main brillait toujours le couteau. D’une impulsion de ses doigts, il tourna le manche vers le Sorcier. « Tue-moi. » ordonna-t-il. « Coupe-moi le cœur en deux. » Il laissa un silence planer, avant de reprendre : « Si tu le fais, on sera tranquille pour toujours. » Ses prunelles cherchèrent les siennes. « Si tu ne le fais pas, on fera la paix. Pour ce soir en tout cas. » Il avança encore la garde de l’arme vers le brun, pour l’inciter à la prendre. La guerre l’avait ravagé, et la présence des deux Mages n’aidait pas son esprit meurtri. Tout lui faisait perdre la tête.



Message III – 740 mots

Dastan est vraiment une énorme drama, je n'ai plus aucun doute à ce sujet.




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Kaahl Paiberym
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Lun 08 Mai 2023, 11:25



Les Rois du Monde


« Pourquoi est-ce que tu n’as pas utilisé ta magie ? » Je redressai lentement mon buste, en laissant la question du Magicien en suspens. Mon regard courut de ma position à la porte par laquelle avait disparu le Réprouvé. La situation était risible, tellement risible et claire. J’étais couvert d’un liquide sucré et alcoolisé qui commençait à me coller à la peau, lancé par ce putain de jumeau bénéfique qui se trouvait toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Entre la boisson, mon sang perlait, encouragé par l’humidité à s’échapper des entailles superficielles que le Bipolaire m’avaient tracées ici et là. Je crachai par terre le sang qui avait coulé dans ma bouche. Ma dent avait percé ma lèvre sous la pression d’un des poings du roux. La question de Lucius avait une pertinence insolente. Il n’aurait jamais dû la poser. Je pliai mes genoux pour poser mes coudes dessus. Mes doigts vinrent frotter mes yeux. « T’es con ou tu le fais exprès ? » lui demandai-je alors, après avoir tourné ma tête vers lui. La réponse était évidente. Si j’utilisais ma magie autrement que pour me rendre physiquement plus fort que je ne l’étais, je risquais de le tuer. Pourtant, elle ne demandait que ça, de pouvoir exploser sa sale face de Bipolaire. Une partie d’elle seulement. Pour cette partie, le phénomène était semblable à celui qui avait cours avec Val’Aimé. La différence venait du fait que ma magie rejetait la face bénéfique qui habitait Dastan. Elle s’accordait cependant à sa face maléfique. Elle désirait le faire succomber aux Péchés et à la noirceur du Mal absolu. Lucius but une gorgée de sa bière avant de se lever et de s’avancer vers moi. Là, il me tendit une main, pour m’aider à me relever. J’aurais pu la refuser. J’aurais pu mais ses paroles me prirent de court. « Tu ne veux pas vraiment le blesser, hein ? » Il n’était pas si bête finalement. J’acceptai l’aide sans rien dire et me retrouvai debout rapidement. « Vous faites semblant ? » demanda-t-il, en reprenant sa place sur la banquette. « Ça en a l’air ? » demandai-je. « Pas franchement mais vous n’êtes pas à fond. » C’était le problème. Avant, nous nous battions pour de vrai, de toutes nos forces. Même ainsi, aucun de nous deux n’aurait pu mourir. Pourtant, plus le temps avançait, plus nos attaques devenaient potentiellement létales. Il n’y avait rien à faire pour y remédier. C’était un fait. Même si je me haïssais pour ça, je ne voulais pas le tuer. Je pouvais le crier, je pouvais prier Ethelba et Rhéa Latia autant que je le désirais, j’étais incapable de le tuer. Parce que j’étais un putain d’homosexuel et que, plus que ça, j’étais amoureux de lui.

Le soupir de Lucius me fit tourner les yeux vers lui. Il parla pourtant le premier. « Pourquoi vous ne mettez pas en place une stratégie mieux ficelée ? » « Pour ? » Il se redressa un peu et fit de la place sur la table. Il semblait ne pas aimer la possibilité qu’il pût m’aider réellement. « Bon… Il y a la sphère publique et la sphère privée. Actuellement, vous mélangez tout, ce qui fait que toute personne se penchant un peu sur vous deux peut deviner sans problème que vous avez envie de vous emboîter. Si vous étiez un peu plus fins… » « C’est lui qui n’est pas fin. » « Vous êtes deux débiles qui ne savent pas ce qu'ils veulent. Et laisse-moi parler. » « Tu me fais chier. » « Ouais, toi aussi. Bref. Si vous arriviez à communiquer… tu sais ce que ça veut dire ? » Son regard était bien plus taquin que méchant. Je soupirai et ne répondis pas. « Si vous arriviez à communiquer, vous pourriez tenter de vous voir en privé de façon civilisée et de mettre en place des plans pour vos apparitions en public. Comme ça, vous pourriez niquer tout en vous fichant sur la gueule. Chaque chose aurait simplement sa place. » « … Tu comprends vraiment rien. » « Je comprends que la situation est nulle pour vous deux et que ça irait mieux si vous vous laissiez aller. T’es un Sorcier, c’est un Réprouvé. Super. Vous allez nous la jouer dramatique encore longtemps ? Tu crois quoi ? Que les puissants se tirent vraiment dans les pattes ? » « Oui. » « Certains oui mais d’autres font de la mise en scène. » « Laisse-moi deviner : ce sont tes longues années à côtoyer le pouvoir qui te font dire ça ? » Il soupira. « Je dis juste que les choses sont rarement ce qu’elles semblent être. » « Tu lui expliqueras la prochaine fois que vous baiserez. » lâchai-je. « On baise pas. À chaque fois il se barre pour courir après ton cul. » Je détournai les yeux et le silence s’installa. Il le brisa. « Maintenant… comme je t’ai donné de précieux conseils, je te serais reconnaissant si tu pouvais m’organiser un rencard avec Eméliana. » Je ricanai, le visage à présent tourné vers la porte. « C’est ça. » Allait-il revenir ?

Ma question trouva une réponse rapidement. Pourquoi est-ce qu’à chaque fois qu’il était misérable, je ne pouvais pas m’empêcher de m’en retrouver ébranlé ? J’aurais dû être ravi et appuyer sur ses plaies jusqu’à ce que sa peau s’écartât pour laisser sa chair à vif. « Arrête de dire n’importe quoi. Tu mérites pas que je te tue. » articulai-je, en tentant de ne pas me noyer dans ses yeux. Lucius nous observait. Je le sentais prêt à intervenir si les choses dérapaient encore. Je pris l’arme et la balançai sur le canapé. Je croisai les bras sur mon torse. « Lucius va nettoyer le bordel pendant qu’on va aller prendre une douche. » « Je vais rien nettoyer du tout. » « Nettoie et je ferai ce que t’as demandé. » Je me mis en marche, à la recherche de la salle de bain. Il n’y avait pas mille portes et elle fut facile à dénicher. « Tu viens ou tu restes planté là comme un Ygdraë à l’article de la mort ? » laissai-je pour seul héritage avant d’entrer dans la pièce. Je retirai mes vêtements en tentant de faire fi de tous les sentiments contraires qui m’envahissaient. Sur mon corps, les traces des coups de Dastan recouvraient parfois celles des sévices de Val’Aimé. Mes veines étaient sombres et ressortaient par endroit, semblables à un arbre géant parcourant l’ensemble de mon épiderme. « J’ai réfléchi et je compte faire exécuter pour haute trahison tous les espions qui oseront l’ouvrir sur nos rencontres. » dis-je tout haut, comme si je me parlais à moi-même. J’espérais que le message serait entendu. J’activai l’eau, le sang de ma tempe se répandant en premier sur le blanc du bac. La douleur m’enivrait. J’en oubliais parfois qu’il était dangereux de ne pas la ressentir. Je songeai au roux. Il avait vraiment une tête de chien battu lorsqu’il était trempé. Je dus réprimer un sourire. Il n’y avait rien de drôle dans les émotions qui nous traversaient. Le Chef des Armées reprendrait son ouvrage dès que je serais de retour. Ce serait inéluctable. Je le savais. Inéluctable jusqu’à ce que je le tuasse. Ma vision n'était plus très claire mais cet état me plaisait. Entre la chaleur de l'eau et la vapeur, j'avais l'impression de flotter dans un autre monde. C'était agréable, presque addictif.

_____________

Ce qui m’étonnait c’est qu’il ne lui eût pas couru après. Il était resté là, à m’écouter. Seul son regard fuyait parfois vers la porte. Et moi ? Aurais-je dû tenter de le rattraper ? Je n’en savais rien. Maintenant que le Réprouvé était de nouveau là, la question ne se posait plus. J’avais beau les avoir séparés lorsqu’ils se battaient et avoir prononcé des vœux allant dans leur sens, j’étais fondamentalement et profondément contre le fait qu’ils pussent s’entendre. Je n’avais aucune idée d’à quoi je jouais. La présence d’Érasme avait une incidence sur ma façon de me comporter, comme si un commandement imprimait ma chair : tu seras plus sage que lui, plus droit, plus sensé. Ce que je voyais, pourtant, c’était que le Sorcier n’apportait rien au Réprouvé. Il le perdait. Alors, lorsque le brun disparut dans la salle de bain, je me levai et attrapai la manche de Dastan. En face de lui, les mots que j’avais prononcés plus tôt à l’attention d’Érasme tendirent à ne plus rien signifier. Je ne voulais plus qu’ils trouvassent un arrangement. Je ne voulais plus qu’il se passât quoi que ce fût entre eux. En fait, je n’en avais jamais rien souhaité. Je baissai les yeux et soupirai avant de le regarder de nouveau. « Si tu veux en parler… » Je faisais référence à son état, à sa fuite, à tout ce qui avait l’air de le faire valser entre Bien et Mal. Les Bipolaires étaient comme ça mais il avait changé depuis la dernière fois que nous nous étions vus. Il semblait paradoxalement moins puissant, moins stable. Je doutais qu’Érasme acceptât de l’écouter. « … pendant qu’il prend sa douche, je veux dire. » Je savais qu’il l’avait invité. L’invitation en elle-même me semblait d’ailleurs complètement folle. Il l’avait proposé comme il aurait proposé du champagne, si bien que je commençais à suspecter un coup trop violent sur la royale tête de l’ancien Prince Noir. « Ou plus tard. » Je posai une main sur son épaule. « Je ne suis pas ton ennemi tu sais. Je suis Dragonnier. Je vis avec des Réprouvés. » Cette propension à toujours courir après Érasme m’inquiétait, en plus de me déplaire. Ils ne seraient jamais heureux, l’un à côté de l’autre.

1587 mots

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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Sam 13 Mai 2023, 14:52

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« Tiens-moi ça s’il te plaît… » Sympan fourgua plusieurs pages dans les bras d’Alcide. Avant qu’il ne posât la moindre question, il lui expliqua. « Ce sont des contrats que nous devrons signer. » Il rajouta une nouvelle pile sur le dessus, pour éviter que le regard du Magicien ne s’attardât trop sur des paragraphes qui devaient, pour le moment, restés secrets. « Là, ce sont les documents pour notre première assemblée générale, avec l’ordre du jour. Tu peux lire si tu veux. » Le premier point était le constat de la présence de tous les invités. Il avait hésité à le mettre mais il semblait que les assemblées générales étaient des réunions particulièrement sérieuses et qu’il valait mieux être exhaustif. Le deuxième point concernait la lecture du rapport sur la nature de leur groupe. Adriæn devrait lire le document qui énumérait les fondamentaux. Le groupe n’était composé que de garçons. Seuls les fondateurs pouvaient inviter un garçon extérieur en son sein et celui-ci devrait, dans tous les cas, passer un test pour montrer à tous son mérite et sa détermination. Les fondateurs et leurs objectifs resteraient prioritaires. Bien sûr, Alcide découvrirait en même temps que les autres. Venait le point sur les clauses qui seraient peut-être délicates à faire signer à certains : il s’agissait de clause de défense mutuelle et d’interdiction formelle de chercher à causer la mort d’un membre du groupe. Le groupe avant tout. Il en avait longuement discuté avec une Démone de sa connaissance qui lui avait même gentiment fourni les conventions. Ces mêmes conventions servaient également pour la clause de silence : interdiction de parler du groupe en dehors du cas très particulier du recrutement. Tout devait rester secret. Une fois ces contrats signés, le groupe serait officiellement formé. Plus de retour en arrière possible. Dans l’esprit de Sympan, tout ceci était très excitant. « C’est pas trop lourd ? » Lui n’avait aucune force. C’était la raison pour laquelle il trimballait toujours tout un tas d’objets particulièrement légers. Encombrants mais légers. Avoir Alcide sous le coude était une aubaine. La suite de l’ordre du jour consistait en la consignation des objectifs de chacun des membres du groupe. Ils devraient être clairement définis afin que l’ensemble allât dans la même direction. Il voulait que chacun souhaitât au moins devenir Roi. Il espérait que certains rajouteraient des buts intermédiaires, comme devenir capitaine de l’équipe de Puffball par exemple. Il leur faudrait également choisir un repaire. Ce serait important pour la suite des réunions. Aussi, un gardien des secrets serait élu jusqu’à la prochaine fois, quelqu’un qui aurait pour fonction de conserver les documents officiels. Ils devraient se choisir un blason et des codes. Sympan avait apporté son kit pour la fabrication des objets de signature. Il entendait bien à ce que chacun eût son propre sceau. Enfin, ils concluraient par un rituel. Puisqu’ils feraient tous partis du même groupe, il leur faudrait un signe caractéristique. L'Ygdraë avait emprunté plusieurs objets plus ou moins ésotériques dans l’objectif d’arriver à une cérémonie digne de ce nom. Chacun donnerait ses idées. Il fallait des coutumes afin de souder le groupe. En bref : heureusement que ses bras n’étaient pas seuls pour trimballer tout son bazar.

Après avoir fouillé encore quelques temps dans la malle qu’il avait fait amener à Seaghdha, il finit par se redresser. Il regarda l’espèce de bitoniaux qui lui servait de montre – un mécanisme que ses parents avaient acheté lors de l’un de leurs nombreux voyages – et sourit. « Je pense qu’on va pouvoir y retourner. Johannês et Adriæn viendront prendre le reste. Adriæn est avec Tekoa je crois bien. » L’Ygdraë espérait avoir laissé assez de temps aux deux Mages et au Réprouvé pour se retrouver. Il ricana, en se souvenant des bains. Si l’ambiance entre eux n’avaient pas changé, et avec un peu de chance, ils s'étaient probablement auto-assommés. D’après ses calculs savants, ils étaient devenus bien plus puissants que lui, et que tous les autres réunis. Il suffisait d’étudier la presse. On parlait beaucoup des trois couillons, bien qu’ils fussent bien plus présents dans la presse à scandales que dans les billets politiques. Ils seraient des atouts pour leur groupe. « Si tu veux un conseil, ne bois pas trop au début. Il vaut mieux garder les idées claires quand tous les autres les perdront. » Il fit un clin d’œil à son nouveau coéquipier et lui montra la porte. « On y va quand tu veux ! »

749 mots



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Mer 24 Mai 2023, 07:09



Unknown

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En groupe | Dastan & les couillons-bouffons



Le couteau ricocha sur le sol. Les doigts de Dastan demeurèrent ouverts, pendants, incapables de reprendre une prise sur l’univers. L’émotion lui serrait la gorge. Pourquoi refusait-il de le tuer ? Pourquoi ne le méritait-il pas ? Ils se haïssaient. Ils n’avaient pas le choix. C’était ça ou le parjure, la traîtrise et la honte. Lui, il n’avait pas envie de vivre. Il n’avait pas envie de continuer, parce que sa vie était devenue un enfer ponctué d’étincelles joyeuses dont le seul pouvoir était de rendre plus pénibles les heures de malheur. Il revivait la guerre en permanence. La culpabilité le pourrissait de l’intérieur. Il n’avait plus sa place, ni à Lumnaar’Yuvon, ni dans sa famille. Plus d’une fois, il avait regardé ses armes et s’était demandé avec laquelle il devrait se suicider. Quand il avait dû cacher Érasme dans une grange et reparaître devant les siens comme s’il revenait tout juste du champ de bataille, il avait réussi à rouvrir toutes ses plaies et à en créer d’autres. Il s’était blessé ; et n’était-il pas dans sa nature de se faire du mal ? Pourtant, dès qu’il s’imaginait se planter une lame dans le cœur, sa volonté faiblissait. Tout courage disparaissait. Il se contentait de s’effondrer. L’ambiance délétère de Lumnaar’Yuvon le brisait chaque jour un peu plus. Il ne l’avait jamais connue ainsi. Elle avait toujours été une terre de fête et de réjouissance. La désolation qui y régnait le détruisait. Le Fessetival n’avait été qu’une brève parenthèse dans l’océan de sa souffrance. L’ambiance glaciale du Berceau cristallin n’avait pas suffi à congeler ses démons. Ils l’avaient poursuivi partout, tout le temps ; il n’avait apprécié leur compagnie que lorsqu’ils s’étaient mis à danser avec les vapeurs de l’éthanol. Parviendrait-il à les noyer, sous cette douche ? Il en doutait. Érasme ne comprenait pas. Faire taire ses espions ne serait jamais suffisant. Le problème, ce n’étaient pas les autres. C’étaient eux. Ils étaient leur propre perte. Le cœur du Réprouvé se serra. Il avait envie de se rouler en boule dans un coin et de disparaître.

Les doigts de Lucius autour de sa manche le firent tressaillir. Sa tête pivota vers lui et son regard plongea dans l’étendue apaisante de ses yeux verts. Les siens étaient rougis par les larmes qu’il avait déjà versées et celles qui menaçaient à nouveau de couler. « Parler de quoi ? » répliqua-t-il sur la défensive, comme s’il n’y avait rien à dire. Peut-être que c’était vrai. Peut-être qu’il était encore trop tôt, ou peut-être que certaines choses ne pourraient jamais être formulées. Partout où son esprit s’égarait, les mots lui échappaient. Il ne savait pas, il ne savait plus. Il avait sauté les deux pieds joints dans une fuite en avant. Impossible de voir la ligne d’arrivée. Il ne voulait pas se retourner, pourtant. C’était trop difficile. La douleur sapait sa force, à l’image de la sollicitude de Lucius qui ruinait les faibles remparts que sa colère avait érigés autour de son palpitant. « Je sais. » répondit-il, les lèvres tremblantes. Le Magicien avait toujours été là, tout le temps. Il avait été là dans les souterrains, et il avait été là dans les rêves. Dastan ferma les yeux un instant, les sourcils déformés par la tristesse, puis il lâcha un soupir haché. Ses mains se resserrèrent autour des épaules du brun et il l’attira à lui, pour le serrer contre son vêtement trempé par la pluie. Il se pressa contre sa chaleur naturelle, cette chaleur humaine qui lui paraissait parfois si froide, ces derniers temps. Le visage enfoui dans son cou, il inspira son odeur. Elle ne lui fit pas un effet différent de celui qu’elle avait l’habitude d’exercer sur lui ; cependant, elle y ajouta du réconfort. Dans les bras de Lucius, la douleur était moins insupportable, et pourtant pas plus formulable. Sur la peau douce de son cou, il déposa un baiser, au bout duquel il chuchota : « Je voudrais te revoir, après cette nuit. » Mais tout de suite, maintenant, il devait faire autre chose, il devait voir quelqu’un d’autre. Alors, lentement, il se détacha du Mage Blanc. Ses mains glissèrent de ses épaules à ses joues, et il l’observa quelques secondes. L’envie de l’embrasser lui brûlait les tripes. Il ne le fit pourtant pas, conscient que ce qu’il allait dire ne lui plairait pas. « Il faut que je parle à Érasme. » À regret, il le lâcha, avant de se détourner et de s’enfoncer dans la salle de bains.

La chaleur y régnait, étouffante d’humidité. La silhouette de l’ancien Prince Noir se découpait entre les gouttes d’eau, longue et fine. Dastan le détailla, silencieux. Il laissa ses iris s’arrêter sur les coups qu’il lui avait portés, et sur des sévices qui n’étaient pas de lui. Il tressaillit. « Érasme. » Quand ses prunelles céruléennes se posèrent sur lui, il s’y immergea. Être ici, devant lui, désarmé, le cœur battant, relevait déjà de la trahison. Le Manichéen en avait parfaitement conscience. Chaque seconde en présence du brun en était une ; et pourtant, il provoquait ces secondes, les attendait et espérait toujours les prolonger, même quand il l’insultait, le frappait ou le détestait. C’était son fardeau, et par moment, il réussissait à l’accepter. Il retira ses vêtements gorgés d’eau, puis se glissa à son tour sous la douche. Ses yeux bronze scrutèrent le Sorcier. Du bout de l’index, il suivit le contour d’une cicatrice sur son torse. « Qui a fait ça ? » De près, c’était impressionnant. Sa peau en était recouverte. Le Réprouvé eut l’envie subite de faire courir ses lèvres sur chacune d’elles dans l’espoir de les effacer. La dernière fois qu’il avait vu Érasme dénudé, aucune de ces marques n’entachait son épiderme. Il releva son visage vers le sien. « J’aimerais que ce soit simple, de s’entretuer. » Mais peut-être que c’était ça, la solution. Ne rien faire, et voir leurs propres peuples se retourner contre eux. En valait-ce la peine ? Quand il se tenait près de lui, Dastan ne possédait plus aucune certitude. Il était incapable de qualifier ses ressentis. Ce n’était pas de l’amour, ce n’était pas de la haine non plus. Il fit remonter ses mains jusqu’à son cou, ses doigts derrière sa nuque. Ses pouces soulignèrent la ligne de sa mâchoire. Il y avait de la beauté, dans le visage d’Érasme. Une beauté dangereuse, mortelle. La mort, ces derniers temps, il la côtoyait tous les jours. Elle ne l’inquiétait plus, plus vraiment. Il inclina légèrement sa tête sur le côté et scella ses lèvres aux siennes, comme le Sorcier l’avait fait dans la grange, avant de partir, avant de trahir. Son corps, aimanté, rejoignit le sien. Il le repoussa contre la paroi de la douche. Ses doigts s’enfoncèrent dans ses cheveux noirs. Son autre main se resserra sur sa nuque. C’était juste un instant volé au temps, rien de plus.



Message IV – 1153 mots

Note : je ferai Alcide un peu plus tard <3




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Lun 29 Mai 2023, 21:19



Les Rois du Monde


Voir Dastan ainsi était déchirant. Je n’étais pas habitué. Il y avait eu des hauts et des bas par le passé mais… jamais ainsi, jamais à cette profondeur. J’attendis donc, tout en connaissant la finalité. Elle était toujours la même et me revenait comme un refrain lorsque je me souvenais des rêves que je faisais. C’était toujours la même chose. Je passais toujours en second plan. Il était toujours malheureux lorsqu’il était loin d’Érasme. Souvent, il préférait l’autodestruction. La peine ne partait jamais. Elle lui enserrait toujours le cœur. Il aurait pourtant pu la laisser partir, faire un deuil et redevenir heureux à mes côtés mais… ce n’était pas ainsi que les choses se déroulaient. Il n’y avait pas que le Sorcier. Il y avait tout un peuple qui respirait en même temps que le roux. Les songes ne cessaient d’illustrer les hordes guerrières et les choix cornéliens que leur Roi devait faire. La vie privée ne comptait pas. Elle ne devait pas compter. Pourtant, c’était comme si cet amour impossible propulsait le Bipolaire sur un radeau au milieu de vagues meurtrières. Il survivait toujours mais dans un état pitoyable, le sel rongeant les blessures de son cœur. L’onirisme avait beau ne pas exister, il me heurtait à chaque fois qu’il s’imposait de nouveau à mes pensées. Je sentais une forme de fatalité dans nos rapports. Cette fatalité ne m’empêcha pas de refermer mes bras sur lui, ni de caresser ses cheveux. Parfois, il était loin du guerrier à l’allure imposante et fière. Il avait ses moments de faiblesse et je les acceptais. Il allait rebondir, je n’en doutais pas. D’ici quelques jours, il paraderait de nouveau, fier comme un coq, se sentant aussi puissant qu’un lion baigné de soleil.

Un instant, je crus qu’il resterait avec moi mais l’espoir ne dura qu’un temps. Sa phrase fut un aveu suffisant de ce qu’il s’apprêtait à faire. J’étais sans doute condamné à l’accepter entièrement. À accepter ses fuites, à accepter toutes les fois où il me laisserait et où il se parjurerait. À accepter de le voir courir après le Sorcier, à le rattraper et à lui offrir ce qu’il ne méritait pas. Je me doutais qu’Érasme ne lui offrirait jamais de stabilité. Le Mal n’était pas aimant. Il n’était même pas aimable, digne d’être aimé. Je soupirai doucement dans son cou. « Je serai là. » Il n’y avait rien d’autre à faire. J’aurais pu me détourner mais pourquoi faire ? Le perdre ? Le laisser seul affronter ce que je honnissais ? C’était ça, au fond. Même si nous arrivions à communiquer et à ne pas nous abhorrer à chaque seconde, profondément, je savais que nous étions faits pour nous battre, nous haïr et nous déchirer. Et Dastan serait toujours entre nous deux, comme dans les Rêves. « Je sais. » articulai-je, tout en le laissant partir. Je regagnai ma place sur le canapé et attrapai ma bière. Je n’eus plus qu’une envie : que les autres arrivassent, avant que je décidasse de revenir sur ma décision et de faire irruption dans cette maudite salle de bain.

_______

Je levai les yeux lorsque je fus certain de ne plus être seul. Mes prunelles valsaient avec la vapeur et mes propres pensées. Si je lui avais proposé de me rejoindre, je n’avais pas cru un seul instant qu’il le ferait. « Ouais c’est moi. » soufflai-je en baissant de nouveau la tête, sans que le son ne passât la barrière de la pluie qui tombait sur mon corps. Je n’avais pas l’intention de le regarder. Je lui préférais le bac de douche qui me permettait de songer à tout ce que je désirais, tout ce qui n’était pas réel et tout ce qui, par là-même, n’était pas potentiellement dérangeant ou mortel. Souvent, la mort ne m’importait pas. Lorsque Val’Aimé me torturait, j’en ressentais du plaisir. Il n’y avait que lorsque ma magie pliait que la douleur s’insinuait de nouveau. Dans ces instants, les coups devenaient horribles. Dans toutes les autres configurations, mon corps souffrait en silence. Ma magie trompait mes sens. Il n’y avait que les blessures de mon cœur qui n’étaient jamais agréables. Celles-ci, je pouvais pourtant les noyer. Il me suffisait de ne plus penser à rien et d’agir mécaniquement, hors de moi. Celles-ci étaient rares. J’étais souvent celui qui faisait souffrir autrui. J’aimais le faire. Il n’y avait que lui qui me rendait comme ça, défectueux.

Si j’avais pensé pouvoir l’ignorer, la proximité de nos corps me rendit l’exercice plus difficile. Mes prunelles rejoignirent son doigt sur moi. « Ça n’a pas d’importance. » répondis-je. Dans le fond, c’était vrai. Celui qui avait fait ça continuerait. Du moins, il continuerait jusqu’à la fin que je lui imaginais et que je mettrais en œuvre. « C’est simple. » répondis-je, de mauvaise foi. Ça ne l’était pas. La preuve : aucun de nous n’arrivait à éliminer l’autre. J’aurais dû, pourtant. Il y avait cette différence fondamentale entre nous qui me déclarait perdant dans toutes les configurations. Il aimait trop de monde, là où j’étais seul. Il couchait avec la terre entière, là où je ne voulais coucher avec personne. Personne d’autre que lui. Je savais que je n’étais pour lui qu’une sorte de chose étrange. Ni un ami, ni un ennemi. Les deux à la fois pourtant. Je savais que je n’étais pas le seul à désirer l’autre. Ce n’était pas nouveau et la torture avait le mérite de rendre le déni muet et les évidences éclatantes. Lorsque Val’Aimé me frappait, je n’avais plus le temps ni le loisir de me mentir à moi-même. Lorsque ma magie s’écartait et ne laissait plus que la souffrance, les images s’imposaient d’elles-mêmes : mes goûts, mes préférences, ce que je voulais, ce que je désirais, même malgré moi. La différence entre nous c’est que je l’aimais, malgré le fait qu’il fût un Réprouvé, malgré le fait qu’il fût insupportable, malgré le fait qu’il s’engouffrât dans tous les trous, qu’il prît tout avec une insolence maladive et irritante, malgré le fait qu’il ne m’aimerait jamais. C’était parce que je l’aimais que je ne pouvais pas plier. Plier revenait à lui donner raison et à me mettre à découvert. Je savais qu’il s’en servirait contre moi. M’offrir à lui, c’était me perdre pour toujours, essuyer ses moqueries et la futilité de son cœur. Val’Aimé me faisait moins peur que tous ces risques.

Pourtant, lorsque mes yeux brouillés par la vapeur croisèrent les siens, les risques me semblèrent soudainement lointains. Ma peau frissonna sous ses doigts. C’était cruellement injuste, injuste qu’il provoquât un raz de marée en moi à chaque fois qu’il s’approchait. Toujours, mon cœur s’emballait et propulsait dans ma poitrine un sentiment d’urgence et d’attente à la fois. C’était piquant. Mon souffle devenait court et c’était la fin de ma volonté. Il n’y avait plus que la fuite de possible, une fuite que je n’appliquai pas assez vite. Mes lèvres se firent enlevées et mon corps se laissa acculer contre le mur. Un soupir empreint de plaisir et de douleur s’échappa de ma gorge. J’avais envie de rire, de me moquer de Val’Aimé et de ses potions. Mon entre-jambe ne répondait à rien, le sang ne s’y précipitant pas, mais ça n’avait aucune importance. Ce simple fait n’empêchait pas ma peau de ressentir les caresses, ni mon esprit de désirer plus. Ce n’était pas lié. Ce que je ressentais allait au-delà de la simple aptitude physique. C’était plus profond, plus ancré. Mes mains bravèrent l’interdit, d’abord fébrilement puis avec plus d’assurance. Lucius aurait pu s’être pendu au milieu du salon qu’il ne m’aurait pas plus importé. Je tremblais d’effroi de ne pas réussir à m’arrêter, de ne pas réussir à stopper le bout de mes doigts. Ils désiraient apprendre par cœur le corps du Réprouvé. Pourquoi est-ce qu’il lui était si facile de provoquer ces états chez moi ? Je n’en voulais pas. Il me rendait faible. Il me rendait inapte. Je fermai les yeux, mes lèvres déviant dans son cou. C’était comme si mon esprit cherchait à laver la guerre, toutes ces blessures qui avaient pu lui être affligées par d’autres que moi. Je voulais être le seul à pouvoir le blesser, le seul à pouvoir le faire pleurer, le seul qui comptât vraiment. Je voulais que chacun de ses sourires ne fût là que par moi et pour moi. Je savais que ce ne serait jamais le cas. Je savais que je me tuais en continuant ce qu’il avait commencé. Tout se terminerait dans la raillerie, aujourd’hui ou demain. Cependant, il n’y eut rien que je pusse faire pour empêcher mes traîtres de doigts de descendre plus bas. Je ne savais pas comment faire et pourtant c’était une évidence. L’eau coulait toujours. La vapeur continuait son œuvre. « C’est simple… » susurrai-je, en revenant sur mes premières impressions. C’était si simple de s’entretuer. C’était ce que nous faisions, actuellement, alors que ma main félonne effectuait des va-et-vient sur lui. Tellement d’autres avaient dû lui offrir ces gestes avant moi et il y en aurait tellement d’autres après.

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Mar 30 Mai 2023, 07:32



Unknown

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En groupe | Dastan & les couillons-bouffons



Un interdit. Un affront. Un parjure. Une trahison. C’était ça, l’union de leurs lèvres et la jonction de leurs corps ; c’était la traîtrise actée, signée, ancrée dans la chair. Un crachat aux gueules défigurées de tous ces hommes et de toutes ces femmes tués, piétinés et utilisés par l’armée sorcière. Il les avait aimés, pourtant, et d’une certaine façon, il les aimait encore. Ils faisaient partie de lui. Dastan voulait être Dovahkiin. Toute sa vie durant, il avait porté ce projet à bout de bras, ses ambitions alimentées par son orgueil. Il s’était entraîné avant même d’être en âge de se rendre à Gona’Halv, il avait participé à des conflits armés – parfois sans autorisation –, il avait travaillé dur aux champs pour prouver sa valeur, il connaissait chaque habitant de Lumnaar’Yuvon et il s’était déjà déplacé à Gein’Drakul et à Stenfek, tout cela sans jamais perdre de vue son ultime but : il règnerait sur son peuple et le mènerait à sa gloire la plus grande. Il en avait rêvé. Les Zaahin le poussaient vers ce destin qui courait vers lui. Et pourtant, il était là, la peau brûlante de désir pour un Prince auquel tout l’opposait ; pour un Prince qui avait regardé les siens brûler les Manichéens, pour un Prince qui n’empêcherait jamais rien. Vouloir Érasme, c’était vouloir l’ennemi. C’était pactiser avec lui, rendre les armes à ses pieds, déclarer forfait. Ce comportement allait à l’encontre de tout ce qu’on lui avait toujours appris. Il contredisait sa nature et ses instincts. Il battait l’histoire en brèche et massacrait les mémoires de ses ancêtres. Pourquoi ? Pourquoi les Zaahin, qui semblaient lui promettre un avenir flamboyant, l’envoyaient-ils dans les bras du Sorcier ? S’agissait-il d’une épreuve qu’il échouait inlassablement ? Ou d’un encouragement à se défaire de tous les carcans moraux dans lesquels on l’enserrait depuis son enfance ? Pourquoi ces rêves répétitifs, s’ils ne devaient demeurer que des chimères ? Pour le torturer, pour l’éprouver ? Pourquoi Lucius ?

Un pan de vérité lui éclata au visage : ils n’étaient que trois gamins au cœur dans une tourmente dont ils n’étaient pas les instigateurs. Les Magiciens et les Sorciers s’exécraient par nature, mais d’une certaine façon, ils se complétaient. Ils étaient les deux faces d’une même épée. Pareils aux Anges et aux Démons ; et lui, il était là, il se tenait au milieu comme les Réprouvés entre leurs ancêtres opposés. Sur le fil de l’épée, tranchant ; salvateur ou menaçant. Il incarnait l’Équilibre et celui qui pouvait le faire chuter. Il avait le sentiment tenace, horrible, délétère qu’ils n’étaient que trois adolescents plongés dans une guerre qui ne les regardait pas. Une envie de violence s’empara de lui ; il se pressa plus fort contre l’ancien Prince Noir, contre sa peau striée de ténèbres et son cœur frappé de lumière. Il voulait plus. Il voulait oublier les différends et se fondre en lui comme s’il pouvait exister un monde où ils ne feraient qu’un. Ils n’étaient pas si dissemblables.

Ses doigts autour de lui lui arrachèrent un frisson de surprise. Sa respiration, déjà alourdie par le baiser et la colère, s’approfondit et s’accéléra. Il releva ses iris bronze vers les cercles glacés d’Érasme. C’était la première fois qu’ils se touchaient vraiment. Malgré sa main hésitante, ses gestes enfiévraient son désir. Il retourna à l’assaut de ses lèvres. Il avait envie de lui faire l’amour comme il aurait dû lui faire la guerre : indécemment, jusqu’à la folie et même jusqu’à la mort s’il le fallait. L’intensité des sensations qui le frappaient lui faisait tourner la tête. Il n’avait jamais couché avec un homme. Il y avait eu des jeux de séduction, des baisers suspendus, des hésitations. Avec Lucius, il aurait pu. Deux fois. Deux fois, il était parti pour le rejoindre, lui. Son cœur se serra. Quand il était avec l’un, l’autre lui manquait. Mais il était plus facile de retrouver le Magicien. Surtout, la relation qu’il partageait avec le Sorcier était différente. Incompréhensible, presque. Il l’embrassa encore. Ses mains quittèrent son dos. Suivant le chemin de l’eau, elles coulèrent le long de ses reins, roulèrent sur la courbe de ses fesses, puis dévièrent pour rejoindre son entrejambe. Jusqu’alors consacré à l’extase de ses propres sensations, il fut étonné de ne sentir entre ses phalanges qu’un morceau de peau flasque. Sa bouche quitta celle du Mage et il baissa les yeux sur ses doigts, interloqué. Ce genre d’inconvénients lui était arrivé plus d’une fois, récemment. Pourtant, il eut peur que ce ne fût dû à autre chose. Relevant vivement le visage, il planta son regard havane dans le sien, une lueur d’appréhension calée au fond de la rétine. Se foutait-il de lui ? Répondait-il à ses baisers et à ses caresses uniquement pour lui prouver qu’il n’était pas homosexuel ? Pour lui renvoyer à la figure que le seul d’entre eux qui aimait les hommes, c’était lui ? Le trouble s’intensifia dans les prunelles de Dastan. Ses lèvres frémirent, un sourire désabusé prêt à y germer. Il se moquait des remarques d’Érasme sur son orientation sexuelle et il savait que l’attirance était réciproque. Ça crevait les yeux. Alors, pourquoi ? Il pouvait se braquer et s’en aller – son instinct lui hurlait de le faire – ou chercher une explication – peut-être que son cœur mis à nu penchait plus pour cette solution. « Y’a un truc qui va pas ? » s’enquit-il enfin.



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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 30 Mai 2023, 21:36



Les Rois du Monde


Je baissai les yeux entre nous. Mes prunelles détaillèrent mon bassin. Cette zone ne m’avait jamais questionné : son anatomie, son fonctionnement. Ça avait toujours été facile. J’étais un homme et ne pouvait donc souffrir d’aucun dysfonctionnement. En tant que sexe fort, en tant que Prince Noir, mes échecs auraient forcément été imputés à la femme qui aurait partagé mon lit lors de leur survenance. Dans le cas où j’aurais perdu mon érection, cette même femme aurait été jugée défectueuse, mauvaise, pitoyable. Elle aurait dû supporter la faute de ne pas être « assez ». Pas assez belle, pas assez désirable, pas assez douée. Pas assez, tout simplement, pour honorer l’homme que j’étais. Je n’avais donc jamais songé pouvoir être mauvais au lit pour la simple et bonne raison que cela n’existait pas. Les Mages Noirs ne cherchaient généralement pas à plaire à leur partenaire. Le sexe était surtout une question de reproduction et un exutoire. Si la femme avait mal, c’était presque tant mieux. Celles qui tombaient sur un partenaire attentionné étaient chanceuses. La plupart ne l’était pas. Elles ne servaient que de ventre, de sac à foutre. Les Mages Noirs se déchargeaient également sur leurs esclaves, considérées comme des objets. Parfois, les passions des hommes se mariaient mieux avec celles qui n’étaient rien. Certains du contrôle qu’ils exerçaient et du silence forcé de celles qui subissaient, ils en devenaient plus tactiles et doux, comme s’il n’y avait que dans la maîtrise totale qu’ils pouvaient concevoir de fournir des efforts. Le viol devenait de l’emprise et un équilibre délétère finissait par apparaître. C’était un paradoxe. Une femme Sorcière, même écrasée par la toute puissance masculine, restait à-même de parler de son mari à d’autres femmes. Et lorsque les femmes parlaient, certains hommes pouvaient entendre. Alors elles n’avaient le plus souvent droit à rien, qu’à un mari froid et mécanique qui les pénétrait de force jusqu’à ce que grossesse il y eût, encore, et encore. Ça aurait été mon cas si je n’avais pas été une erreur. J’aurais pris comme je violais, sans jamais me poser de questions. Les femmes ne m’excitaient que soumises et torturées, comme le sang m’excitait, comme le mal m’excitait. Ça n’avait rien à voir avec le sexe. Ce n’était pas une envie de me faire plaisir. C’était une envie de détruire, de voir leur mine horrifiée et leurs espoirs s’éteindre. C’était le fait de savoir que leur vie serait détruite à jamais qui me faisait bander. Leur corps, lui, me dégoûtait.

« Ça, c’est… » commençai-je, un goût soudain âpre sur la langue. Je n’aurais jamais cru ressentir un tel sentiment un jour, un mélange de frustration et de déception intériorisée. Je savais pourtant n’y être pour rien. Ce n’était pas que je ne pouvais pas naturellement. J’avais même tendance à entrer en érection trop facilement lorsque le Réprouvé était proche de moi. Pourtant, même si j’aurais voulu pouvoir bander, la potion m’en empêchait. J’entrouvris les lèvres mais aucun son ne sortit d’entre mes dents. Au lieu de ça, ma langue s’appuya derrière l’une de mes canines et je penchai la tête en arrière, contre la paroi murale. Un soupir s’échappa de ma bouche et je restai comme ça quelques secondes, à chercher quoi dire. J’étais entièrement nu sous la douche avec un putain de Réprouvé. Autour de nous, tout me paraissait flou. J’étais juste fou. J’aurais pu dévier la question, lui répondre de façon à le blesser ou à le rejeter. Néanmoins, je n’en avais aucune envie. Je voulais sentir son érection contre moi et le toucher encore, de manière à ce que mes doigts n’oubliassent jamais rien de lui. Mes sentiments étaient douloureux. Je les haïssais mais je ne pouvais les nier. En me torturant, Val’Aimé m’avait placé face à mes propres contradictions. Le déni avait explosé et maintenant je savais ce qu’il en était. C’était juste… oui, douloureux.

Sans que ma tête ne bougeât, mes yeux se baissèrent pour regarder Dastan, son visage et son corps. Je n’aurais jamais le même et je ne le voulais pas. Sans Lucius, je n’aurais d’ailleurs jamais cherché à être plus musclé. La force brute n’était pas l’apanage des Mages Noirs, bien au contraire. Seuls les soldats s’en servaient. Le reste n’était que magie, stratégie, politique et bassesse. J’avais exactement le corps que l’on attendait d’un Prince Noir. Je finis par me décaler. « Il n’y a pas de problème. » dis-je. « Je n’ai juste plus le droit de bander. » ajoutai-je, en sortant de la douche. Un sourire étrange apparut sur mon visage. « Ce sera sans doute comme ça tant que je serai homosexuel. » Tant que Val’Aimé vivrait. Tant que je ne trouverais pas un moyen de me soustraire à sa magie. « On peut arrêter là. » J’attrapai deux serviettes et lui en tendis une, incapable de mettre des mots sur ce qu’il venait de se passer ou même de tenter d’en parler. Je préférais qu’on n’en reparlât pas. J’étais certain que tout serait gâché si des mots étaient posés dessus. Je voulais garder les sensations intactes. Mon regard le détailla pourtant, jusqu’à tomber sur un hématome. Mes doigts s’avancèrent jusqu'à l'effleurer et un sourire, un vrai sourire, s’installa sur mon visage. « En fait, avec un peu d’entraînement, je suis certain d’arriver à te casser en deux. » lui lançai-je. Mes yeux se perdirent pourtant dans les siens à la manière dont certains tombent dans un puits sans fond.

893 mots

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En groupe | Dastan & les couillons-bouffons



Dastan retira sa main. Insister pouvait être tout simplement douloureux. Parfois, il s’était fait violence pour susciter un semblant de vigueur entre ses jambes ; ça n’avait jamais fonctionné. Seules la frustration, la colère, le dépit et l’incompréhension l’avaient accablé. Lentement, il releva les yeux vers le visage d’Érasme. Aucune méchanceté ne s’était échappée du fond de sa gorge. Il avait juste l’air… déçu ? Le Réprouvé le scruta, incertain. Il avait peur de projeter ses propres ressentis sur lui. Et s’il se mettait à l’incendier, dans quelques instants ? Et s’il le maudissait, l’insultait, le rejetait ? Par moments, il était aussi instable qu’un Bipolaire. Le silence les engloba, uniquement atténué par la chute cadencée, presque murmurée, des gouttes d’eau. Il s’humecta les lèvres, son regard papillonnant vers l’épaule du Sorcier. Ils n’avaient rien à faire là, de toute façon. Ils n’auraient jamais dû être là, ensemble et nus. C’était peut-être le destin, tout simplement. La main des Zaahin finalement venue le sauver, une main qui regrettait de l’avoir placé là et souhaitait réparer ses méfaits. Il eut un sourire un peu amer. C’était trop tard. Ça faisait longtemps, que c’était trop tard. Ils avaient sombré des années auparavant et, au fond de lui, Dastan avait la conviction que rien ni personne ne saurait les arracher à l’océan d’interdits dans lequel ils se noyaient. Il releva la tête et plongea son regard dans celui d’Érasme. En sortir était impossible. « C’est pas grave. » finit-il par dire. La situation avait amenui son désir. Il avait toujours envie de lui, toujours envie de caresser sa peau de la sienne, toujours envie de sentir ses lèvres sur les siennes ; mais il n’était pas certain d’en éprouver du plaisir si le Mage Noir ne ressentait pas l’entièreté des effets de chaque acte.

Il ne l’empêcha pas de se décaler. Quand il se tourna pour sortir de la douche, il laissa son regard courir sur ses épaules et son dos. C’était aussi la première fois qu’ils se regardaient vraiment, sans se juger ou s’injurier. C’était étrange. Le roux avait l’impression que cet instant appartenait à un temps impossible. Irréaliste. Tout avait le goût d’un rêve ; pourtant, il avait conscience que ça n’en était pas un. « Plus le droit de bander ? » releva-t-il, interloqué, en remontant ses iris vers les siens. Il fronça les sourcils. Ça ne se change pas. La pensée, informulée, resta collée à son palais. Dans d’autres circonstances, il aurait tiré une immense satisfaction de l’aveu d’Érasme. À cet instant, il le trouvait juste pénible. Presque douloureux. Il imagina la vie du brun, à Amestris. La société sorcière était fondée sur une hétéronormativité stricte. Aucune place n’était faite à ceux qui dérogeaient à la règle, bien au contraire. Il avait entendu des récits terribles – des viols correctifs exercés sur des lesbiennes, des thérapies de conversion pour les homosexuels, des castrations magiques ou physiques, des procès, des condamnations, la mort. Chez les Manichéens, c’était différent. La reproduction tenait une place importante, surtout à Lumnaar’Yuvon. Pendant des siècles, on avait attendu de tout un chacun qu’il enfantât, indépendamment de sa sexualité – et si on ne faisait rien contre ceux qui rejetaient cette norme, on les considérait d’un mauvais œil. La malédiction qui avait pesé sur le peuple avait néanmoins rebattu les cartes. Il n’avait plus été si essentiel de s’accoupler entre mâles et femelles, puisque des unions ne naissaient pas des Réprouvés, et parce qu’il était possible d’en engendrer par la violence et le sang. L’adoption était devenue courante. Ce phénomène avait d’autant plus libéré les mœurs. Peu importait la sexualité et le choix opéré entre enfantement et adoption, tant que la continuité de la nation était assurée d’une façon ou d’une autre.

Les doigts refermés autour du robinet, il éteignit le jet d’eau. Il repensa au Fessetival. Peut-être qu’il évitait de rentrer chez lui parce qu’il avait peur que, malgré la situation reculée de son village, on eût appris ce qu’il y avait fait, et avec qui. Érasme était retourné dans sa cité, lui. La Vorace l’avait englouti, et son secret avec lui. Le Bipolaire serra les dents. Il avait compris. Silencieux, il attrapa la serviette, sans s’en entourer. Une colère sourde germait en lui. Il la sentait gronder, et il essayait de la réfréner, mais au fond, il savait que c’était vain. Il déglutit, puis expira par le nez, les yeux baissés sur le sol carrelé de la salle de bains. Il avait l’impression d’être capable d’en vouloir au monde entier. La caresse des doigts du Sorcier l’arracha néanmoins à sa violente contemplation. Il se redressa, et ses prunelles glissèrent naturellement dans les siennes. Son cœur, crispé d’ire, se mit à vibrer. Dans un souffle, il lâcha : « Je vais les tuer. » Ses yeux se mirent à briller d’une lueur féroce. Il sortit de la douche et se planta devant Érasme. « Ils n’ont pas le droit. » Sa main libre se cala sur la nuque de son vis-à-vis. Ses phalanges y imprimèrent leur forme. Si près de lui, alourdie par l’humidité et la chaleur, son odeur l’enivra. « Ne les laisse pas faire. Bats-toi. Bats-toi et je… » Il s’interrompit, une étincelle d’incertitude accrochée aux cornées. Ses pupilles descendirent sur ses lèvres, juste un instant. « Si tu te bats, je me battrai avec toi. » promit-il. C’était de la folie. Comme tout le reste. Il se colla à nouveau contre lui et l’embrassa, encore. Ensemble, ils créeraient un chaos qui ferait trembler les fondations du monde.

Rompre le baiser lui laissa un goût d’inachevé, un souffle court, une palpitation dans la poitrine et un trouble dans la rétine. « On peut arrêter et y retourner, maintenant. » prononça-t-il, une pointe de regret dans la voix. Il passa la serviette autour de sa taille, bon gré mal gré. « Je voudrais pas que tu tombes dans les pommes et que tu sois incapable de commencer à t’entraîner dans l’espoir de me casser en deux. » Il releva la tête et lui sourit. « Même si, entre nous, je suis sûr que t’y arriveras jamais. » Sur cette provocation espiègle, il sortit de la salle de bains. Ses vêtements étaient trempés et il n’avait pas de change. En serviette ou à poil, ce serait aussi bien. Dans le salon, son regard tomba immédiatement sur Lucius. Une pique chatouilla son palpitant. Néanmoins, il ne dit rien. Il s’approcha, attrapant une bière au passage, et se laissa tomber dans le canapé, à côté de lui. Il décapsula la bouteille, puis la porta à sa bouche et étendit un bras sur le haut du dossier. Du coin de l’œil, il tenta de détailler le visage du Magicien. Qu’il côtoyât Érasme ne lui faisait jamais plaisir. C’était une évidence – ou ça l’était parce que les rêves ne laissaient aucun doute à ce sujet. Pourtant, dans les songes, il l’aimait aussi. Et dans la réalité… Un sourire désabusé étira les lèvres de Dastan. Il inclina sa tête contre le dossier et, les yeux fixés sur le plafond, laissa échapper un rire bref. « Tout ça, c’est de la folie. » Il aurait dû rentrer chez lui et partir pour Gona’Halv.



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Mer 31 Mai 2023, 22:07



Les Rois du Monde


Je sentis mon cœur détaler. La folie pulsait à l’intérieur comme un poison, porté par le regard vibrant du Réprouvé, par ses mots et par sa main contre ma nuque. Je vivais un enfer. Une partie de moi voulait croire en des choses impossibles et l’autre aboyait à la première que l’espérance avait été créée pour les faibles. Le constat était pourtant sans appel : lorsque j’étais avec lui, j’étais faible. Le mal, en moi, le comprenait aisément et ne cessait jamais de se battre pour tenter de garder de sa superbe. Je me savais pourtant incapable de le tuer et ce constat provoquait dans mon ventre des douleurs infâmes. Elles n’étaient pourtant rien comparées aux tortures mentales et physiques qui se déployaient en moi dès que je pensais à lui. L’amour ne m’allait pas. Il n’allait à aucun Sorcier. Sous le grondement du timbre du Bipolaire, j’eus l’impression de tomber dans un gouffre sans fond. Je lui aurais donné Ethelba sans concession. Pendant quelques secondes, je voulus continuer ce que nous avions commencé, me laisser sombrer totalement, le laisser contrôler chaque parcelle de mon corps. Me perdre. Sa promesse me fit l’effet d’une flèche plantée au beau milieu de mon palpitant. J’eus la sensation que cette flèche nous transperçait tous les deux et qu’elle nous mènerait à notre perte. Nos plaies s’infecteraient et nous finirions par mourir, rongés par la pourriture jusqu’à l’os. Je m'effrayai d'ailleurs en songeant que je voudrais bien mourir s’il mourait avec moi. Cette pensée me fit déglutir. L’espoir se mêlait trop souvent au désespoir le concernant. Aujourd’hui, il me jurait de se battre à mes côtés. Demain, il ferait cette promesse à un autre. Lucius peut-être. Il se parjurerait parce que sa nature était ainsi faite. De mon côté, je devrais compenser cet amour par davantage d’horreurs. J’allais tuer à n’en plus pouvoir, pour rester digne aux yeux de la Lune Noire, torturer, mutiler, arracher… Mais comment pourrais-je me faire pardonner le tort d’aimer l’ennemi ? Même si j’étais à l’origine d’un génocide, cette traitrise ne me serait jamais excusée. Je pouvais me battre mais je ne pourrais jamais m’afficher avec lui. Il ne le voudrait pas non plus. Il valait mieux que tout ceci demeurât dans le secret. Lucius savait, pourtant. Il n’était pas le seul.

Lorsque Dastan m’embrassa, je sentis le feu qui brûlait en lui commencer à brûler en moi, jusqu’à s’emparer de moi. Je compris. Ensemble, nous créerions un chaos qui ferait trembler les fondations du monde.

« Oui. » chuchotai-je. Ça ne servait à rien de continuer. Pas maintenant. Je serrai les dents et déglutis de nouveau, en essayant de me convaincre que je demeurais incertain sur ce que je désirais. Le déni avait ses avantages. Je savais aussi que dès que nous sortirions de cette salle de bain, la guerre reprendrait. Je me dis qu’il se passerait peut-être du temps avant que nous nous retrouvassions de nouveau dans une telle position. Mon corps s’insurgea mais mon esprit s’apaisa. Tant qu’il n’y aurait rien de plus sérieux, je pouvais considérer qu’il n’y avait rien du tout. Je savais que c’était faux. Je pensais trop à lui lorsque Val’Aimé me frappait, lorsqu’il utilisait sa magie sur moi ou bien après, lorsque je récupérais dans la solitude de ma chambre. Je devrais devenir terrible, plus horrible que le Chef des Armées, plus puissant que mon père, plus omnipotent qu’Ethelba elle-même. Du haut des remparts d’Amestris, je deviendrais l’Empereur d’un monde de ténèbres et personne jamais ne s’opposerait à moi. Alors, seulement à ce moment-là, je pourrais l’aimer sans m’en cacher.

Je laissai un rire bref m’échapper à sa remarque mais ne répondis pas. Je le regardai sortir, sans vouloir songer à ce que ma magie pourrait lui faire si l’envie de le tuer me prenait véritablement.

__________

Mes yeux récupèrent Dastan à la sortie de la salle de bain. Qu’avaient-ils fait, à l’intérieur ? Je balayai la question en buvant une nouvelle gorgée. Docilement, j’avais fini par nettoyer leur connerie afin de m’occuper les mains. Mon regard l’accompagna jusqu’à ce qu’il se posât à mes côtés. Je renversai ma tête sur le dossier, en l’imitant. Mes lèvres s’étirèrent à son commentaire. J’étais amer. Je l’étais depuis que j’avais choisi de jouer les adultes. J’aurais dû les inciter à se déchirer jusqu’à ce que l’un d’eux terminât en charpie. « Ouais… » répondis-je. Je n’étais pas certain de comprendre l’étendue de ce qu’il visait comme étant de la folie mais je trouvais que, globalement, tout ce qui nous touchait tous les trois en était. Je finis cependant par me reprendre. Nous n’avions pas été invités pour déprimer, assis sur un canapé. Je me redressai légèrement et enlevai mon haut. Je regardai ses abdominaux et portai ensuite le regard sur les miens. « Ce qui est fou c’est que tu te barres à chaque fois alors qu’avec nos deux corps, on pourrait soulever tout Avalon. » plaisantai-je. « N’importe quelle nana aurait envie de nous lécher le torse et de boire dans notre nombril si on se baladait comme ça là-bas. » Je bus. « Et au lieu de ça, tu continues de courir après l’autre cure dent. » « Je t’emmerde. » Ma langue se positionna sur ma lèvre inférieure et un sourire espiègle égaya ma bouche. « Tiens, t’es revenu ? Je ne t’avais pas vu. » Sa présence se sentait, son aura renforcée par le magnétisme malsain de sa magie. Il s’installa dans un fauteuil, une serviette autour de la taille. Sur sa tempe, du sang avait séché. Je regardai les stries noires de Lux in Tenebris, mêlées à ses tatouages. J’aurais été de bonne foi, j’aurais pu avancer que son corps ressemblait à une œuvre d’art, malgré l’absence de muscles réellement développés. Il en avait mais ceux-ci avaient une forme longiligne et discrète. J’étais pourtant d’une mauvaise foi absolue en ce qui le concernait, si bien que je me convainquis de l’absence de beauté de son anatomie. « On a qu’à faire un jeu le temps que les autres arrivent. Action ou vérité. Si on ne veut pas répondre ou faire l’action, on boit cinq gorgées cul sec. » Je souris. Érasme tomberait bien avant Dastan ou moi-même. « Je commence. Vérité pour vous deux. Avec combien de filles vous avez couché ? » Je vis Érasme réfléchir. « Une trentaine… ou plus. J’ai pas compté. » « Sérieux ? » Je ne l’aurais jamais cru. Ce que je ne compris pas, c’est qu’il parlait de viols. « Je pensais que t’aimais que les hommes… et par hommes j’entends Dastan. Dastanophile. » m’amusai-je. « Je suis pas gay, connard. » Il n’ajouta rien sur le roux. Il ne l’avait plus regardé depuis sa sortie de la salle de bain. J’avais l’impression étrange qu’il boudait ou était gêné. Je n’arrivais pas à savoir et penser qu’ils eussent pu le faire provoquait chez moi un semblant d’urticaire. « Et j'ai autre chose à faire de mes journées que de compter ce genre de choses. T'es sûr que t'es un Magicien ? Tu ressembles bien plus à un chien. » Je ris. « Tu devrais te détendre. Tu vas finir par faire une crise cardiaque. En plus, baiser, c'est bon pour la santé. Dis-lui, toi. » lançai-je, en direction de Dastan.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 08 Juin 2023, 21:42



Unknown

Les Rois du Monde

En groupe | Dastan & les couillons-bouffons



Un rire s’échappa de la poitrine de Dastan. Il tourna la tête vers Lucius et le regarda, souriant. « C’est vrai. On pourrait. » Ses yeux descendirent brièvement sur son torse, s’attardèrent sur son nombril, puis remontèrent jusqu’à son visage. Se figurer une fille penchée sur son ventre n’avait rien de difficile. Ils auraient pu, cette fois-là, à Adraha, et peut-être aussi au Fessetival. À chaque fois, il était parti ; parce qu’à chaque fois, une silhouette s’était imposée à son imagination – celle-là même qui entra dans la pièce principale. Il coula un regard vers Érasme, avant de se reconcentrer sur le Magicien. « Trouve-moi des filles qui courent plus vite que lui, et peut-être que j’y réfléchirai. » répliqua-t-il, l’espièglerie plaquée sur les lèvres. C’était comme ça. Ça avait toujours été comme ça. Il y avait le Sorcier, puis il y avait le reste du monde. Il ne se l’expliquait pas. Ça n’avait rien de rationnel. Il venait de le lui dire : tout ça, c’était de la folie. Le Réprouvé se pencha pour attraper une autre bouteille. Il la décapsula et porta son goulot à ses lèvres. La caresse de celles du Mage Noir était encore imprimée dessus, éthérée comme un souvenir. Il exhala un soupir, la tête renversée vers l’arrière. La main gauche sur son abdomen, il traça le chemin d’une cicatrice qu’il connaissait par cœur. Depuis la guerre, son corps avait perdu son innocence juvénile. Les grandes plaies d’autrefois paraissaient insignifiantes à côté des blessures du présent. Comme s’il s’était brûlé, il retira sa main et la glissa à côté de lui, sur le canapé. Sa respiration, emportée par les battements de son cœur, s’était accélérée ; devant ses yeux fixés sur le plafond se rejouaient des scènes qu’il aurait préféré oublier. Il serra les dents, les larmes soudain agrippées aux cornées. La récurrence de ces remembrances les lui rendait d’autant plus terrifiantes. Elles ne le quittaient jamais. Elles étaient présentes en permanence, aux aguets, prêtes à surgir et à dévorer sa raison.

Paupières closes, il déglutit et, alors qu’il se sentait sombrer, la voix de Lucius le ramena abruptement à la réalité. Il rouvrit les yeux et tourna la tête vers les deux bruns. Ils se ressemblaient trop, et ils ressemblaient trop au Magicien de Freyja. Il ne voulait pas y penser. Il ne voulait pas penser du tout. Il raffermit sa prise autour de sa bouteille d’alcool et en but à nouveau. « Une trentaine… » Il fronça le nez. Ça faisait beaucoup. De la part de Lucius, ça ne l’aurait pas étonné. De la part d’Érasme, en revanche… Il n’avait aucune appétence pour les femmes. C’était aussi visible qu’un bicorne dans un champ de pâquerettes. Alors quoi ? Il se forçait à chaque fois, pour tenter de prouver au monde qu’il était attiré par les seins et les vagins ? Il arrivait à bander devant les femmes, et pas devant lui ? Dastanophile, mon cul. Un sourire fatigué vogua sur les lèvres du roux. Il les laissa à leurs piques – tenter de les contenir ne servait à rien, elles avaient besoin de sortir, elles étaient comme des envies de pisser après avoir descendu trois fûts de bière. « Ouais, ça entretient le cardio, la souplesse et la musculature. Chez moi, c’est un vrai sport. Et puis, c’est bon pour le moral. C’est pour ça que les Sorciers sont tous aigris, ils tirent pas leur coup assez souvent. » Le Bipolaire se leva, défit sa serviette, et se rassit en tailleur sur le canapé en fourrant le tissu en boule contre son entrejambe. « J’ai beaucoup couché avec Draegr, alors j’ai pas compté. Et à part elle, je sais pas trop, peut-être une dizaine de filles ? Un peu moins, je pense. » Il appuya son coude sur son genou et posa son menton dans sa paume. « Jamais avec un garçon. » Il but une nouvelle gorgée, avant de se gratter le dessus du crâne avec le cul de la bouteille. « À mon tour. » Il inspira et fit mine de réfléchir – pas trop longtemps, parce que sinon, ses pensées s’égareraient et il risquait de revivre le cauchemar qui le poursuivait. Une lueur passa dans son regard. Il se redressa et les regarda tour à tour : « Vérité : votre plus grande peur, c’est quoi ? Le truc qui vous détruirait le plus, si ça devait arriver ? »



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