Je vais te manger

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« Un serpent ? » Adriæn remonta son regard du kigurumi à l’élève qui le lui avait confié. « J’aurais préféré être quelque chose de moins effrayant. J’espère que ma partenaire n’en a pas peur. » Il se dit que si c’était le cas, ce serait soit de la comédie, soit complètement stupide. Il y avait un monde entre l’animal et le déguisement. « Désolé je ne peux pas échanger mais je comprends. On a tiré au sort. Si on avait choisi on t’aurait donné quelque chose de plus sympa. » L’étudiant lui fit un clin d’œil et l’Ondin lui répondit par un sourire faussement gêné sous la flatterie à peine voilée. « Mais si ça peut te rassurer, ta partenaire n’aura pas peur des serpents. » Un instant, le blanc espéra que ce serait Hélène. En scientifique, elle ne serait pas effrayée, ni par le costume, ni par un vrai. Elle n’aurait peut-être pas peur non plus dans le dédale, ce qui n’était pas forcément idéal. Marie-Jane en revanche était plus du style à se rapprocher de son coéquipier par crainte du monde environnant. « Qui est-ce ? » « L’une des jumelles Borgia. » « Ah. » « Ah oui c’est vrai que t’es un Ondin… On y a pas trop réfléchi… » « Non ce n’est pas ça ! Je suis pour la paix entre nos deux peuples. J’étais juste embêté parce que j’ai vraiment du mal à les différencier. Je n’ai pas envie de les confondre et que l’une d’elle se sente mal. Alors que Lana et moi c’est plus évident… » L’étudiant sembla se souvenir de ce détail de gémellité. « C’est vrai que Lana est ta sœur… » Adriæn serra les lèvres comme s’il s’excusait silencieusement du comportement de la jeune fille. « Il ne faut pas lui en vouloir. Elle a été élevée chez les Sirènes. Mais on essaye de travailler ensemble sur son caractère et je lui donne des conseils. Je crois qu’elle fait des progrès en ce moment. » Il avait hâte qu’elle continuât et qu’on lui attribuât ses efforts. « C’est sympa de ta part ! »

Quand le Kælaria vit Iphigénie arriver, il prit soin de la détailler. Il n’avait jamais fait attention aux jumelles. Elle était blonde, petite et ressemblait à une sorte de poussin perdue sans sa maman. Il l’imagina piailler d’une façon désagréable. Il espérait qu’elle ne faisait pas partie de ces filles qui pensaient qu’avoir une voix d’enfant était adorable, parce que ça ne l’était pas. C’était dérangeant et ça lui donnait des envies de meurtre. Il savait que certains garçons adoraient ce délire mais ce n’était pas le sien. Il ne faisait pas dans la pédophilie, même si les filles plus jeunes pouvaient lui servir à étendre sa popularité. Elles bavaient plus facilement. Quand elle parla, il sourit immédiatement. « Oui, les renards sont omnivores mais le serpent n’est pas son plat préféré. Il me semble qu’il préfère les souris ou les oiseaux. Puis, parfois, il mange des cadavres. C’est pour ça que son haleine n'est pas très fraîche. » Il rit puis prit un air bienveillant. « C’est bien, je suis impressionné. Tu connais déjà pleins de choses pour ton âge. » Il aurait pu lui donner onze ans à voix haute mais ne le fit pas. Il trouverait bien un autre moment où la rabaisser en la prenant pour un bébé. « Tu t’intéresses aux animaux ? » demanda-t-il, tout en entrant dans le labyrinthe. « Tu peux me donner la main si tu as peur mais je pense que ce serait mieux qu’on enfile nos pyjama avant les pièges. » Il retira le haut et le bas de son uniforme et passa tranquillement le kigurumi sans aucune pudeur. Il n’était pas épais mais étant donné que c’était le cas de la majorité des Sorciers, ça ne la changerait pas de d’habitude.

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Je vais t'étrangler

Musique

« C’est vrai, excuse-moi, t’es déjà une grande fille. » fit-il, un air sérieux sur le visage. Il aurait aussi pu mimer l’adulte qui tente de rassurer l’enfant tout en s'amusant de ses réactions mais ça ne collait pas. Il valait mieux qu’elle crût qu’il ne faisait pas exprès d’être condescendant.

« Hum ? » Il la fixa et dut fournir un effort surhumain pour paraître surpris. Les Sorciers avaient tous un problème avec leur corps. « Je me déshabille. » C’était évident mais il aima le lui rappeler. Il aurait pu éprouver de la honte à apprécier le fait de la martyriser mais il ne ressentait rien d’autre qu’une forme de curiosité. Elle ressemblait à un poussin égaré et ça lui plaisait. Il avait envie de la prendre dans sa main, de refermer ses doigts autour d’elle et de serrer et serrer encore, sans se laisser distraire par les piaillements de la vie qui s’érode. Il dut rectifier sa position car, pendant un instant, son visage ne refléta plus aucune émotion, juste le vide du possible qu’il envisageait sans en éprouver d’horreur ou d’effroi. Il aurait pu la tuer comme ça, sans s’en inquiéter, juste parce que ça lui faisait envie. Il n’était néanmoins pas sûr d’en éprouver de la satisfaction. Il préférait quand les choses étaient plus complexes à obtenir, plus risquées. Là, l’adrénaline finissait par naître. Sinon, ce n’était que du néant ou des émotions qui semblaient lointaines. « Où est-ce que tu veux que je me déshabille ? Et je ne vais pas tout enlever, ne t’inquiètes pas. »

Quand elle disparut, il ne la regarda pas. Son attention fut plutôt attirée par une voix qu’il reconnut comme étant celle de Johannês. C’était amusant parce que son meilleur ami arrivait toujours à lui arracher des sensations, tout comme sa jumelle d’ailleurs. Il resta immobile au cirque de la Sorcière, comme si elle n’existait plus. Peut-être devrait-il remercier l’obscurité de lui permettre de laisser apparaître ce qu’il cachait toujours : ce vide émotif quant aux choses banales de la vie. « Oui, je suis prêt. » répondit-il simplement. Il savait qu’elle avait honte et que s’il racontait cette histoire à quelqu’un, la gêne de la blonde n’en serait que décuplée. Elle nierait mais personne ne la croirait. On préférerait le croire lui. Peut-être qu’il la tuerait d’ici quelques mois. L’idée ne lui semblait pas si folle. Il sourit et tapota la tête de l’effrayée. « Là, là, ça va aller. On va s’en sortir. » Il avait la curieuse impression de n’être plus très raccordé à son rôle, comme s’il avait cassé un rouage en profitant de l’obscurité pour cesser de jouer. Ils valaient mieux qu’ils sortissent d’ici, avant qu’il ne décidât de la tuer maintenant.

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