L'ange noir de l'amour
Stanislav

Intrigue ; Stanislav use des contes du sapin et d'Auryane pour espionner Laëth. En parallèle, il retombera dans ses travers.
RP lié ; L'Obsession

Stanislav était en train de griffonner dans son carnet. Il y avait dessiné une paire d'yeux. Les mêmes revenaient régulièrement entre les pages qu'il tâchait d'encre. Il les avait tant observé qu'il les connaissait désormais par cœur. Ils l'obsédaient tant qu'il en ressentait le besoin de les extérioriser hors de sa simple pensée. Il ne désirait pas s'en défaire l'esprit mais au contraire les ancrer davantage dans sa réalité. Des yeux verts, expressifs, intenses, qui jetaient tour à tour le chaud ou le froid, tout comme l'ambivalence du cœur de leur propriétaire. Laëth Belegad possédait bien des attributs fascinants, que le mage noir s'était appliqué à répliquer sur les pages, mais c'étaient ses yeux qui, récemment, l'obnubilaient. Le sorcier soupira avant de déposer sa plume. Il n'était jamais totalement satisfait par son résultat. Les yeux n'incarnaient jamais tout à fait la lueur vivace qui brillait toujours dans les prunelles de l'Ange. Pourtant, l'observateur continuait à s'entraîner. A force de les imager, il devenait de plus en plus précis, sans parvenir à atteindre la perfection pour autant. L'homme se massa la nuque avant de relever le visage. Il ressentait l'envie de pouvoir admirer le visage de sa bien aimée.

Le Fidèle d'Asresh se mit debout puis se dirigea vers la bibliothèque de sa chambre d'étudiant. Les étagères soutenaient de nombreux ouvrages, presque tous sans exception étaient de nature scientifique. Etude des runes, anatomie, concoction de potions, physiologie, papiers sur les effets de la magie noire et ses applications, connaissance du médicament... Pourtant, ce n'était pas l'un de ces manuels que le brun était venu chercher. Il laissa traîner ses doigts sur la tranches des livres, comme s'il cherchait l'emplacement de son intérêt. Comme s'il ne s'y était pas rendu quotidiennement depuis qu'il l'avait eu en sa possession. Comme s'il ne connaissait pas le chemin par cœur - même les yeux bandés, ou plongé dans un noir absolu, le passionné aurait été en mesure de retrouver ce carnet à l'apparence si innocente. Lorsqu'il déposa son index dessus, il fit glisser sa phalange jusqu'au haut de la tranche puis s'en empara.

Lorsqu'il l'ouvrit, la silhouette de la fille de Réprouvés n'apparut pas. Le mage avait déjà usé de ses trente secondes quotidienne, dans la matinée. Bien sûr, le brun aurait pu user du conte d'Auryane pour pouvoir ressentir la présence de sa dulcinée. Si l'utilisation du conte du sapin se faisait pour répondre à ses pulsions, son cousin était utilisé à des fins plus méticuleuses. Lorsqu'il éprouvait les sentiments vifs de la brune et qu'il cherchait à al décrypter. Ou lorsque la pression ne se faisait plus supportable. Lorsqu'il parvenait à résister toute la journée, alors le conte devenait une récompense, une délivrance.

Le conte du sapin était loin d'être vierge. L'histoire narrée à l'intérieure n'était pas anodine. En réalité, il ne s'agissait pas d'une histoire à proprement parler. Le conte tenait un journal de ce qu'il avait montré à son propriétaire. Il retranscrivait avec précision toutes les actions effectuées par l'incarnation de Laëth. Il ne trahissait jamais le contexte dans lequel l'Ange se trouvait et se contentait de décrire ses faits et gestes. Il y avait parfois un côté frustrant, de ne pas être en mesure de savoir ce que la brune était réellement en train de faire. A quoi est-elle en train de penser ; avec qui discute-t-elle ; pourquoi pleure-t-elle ; qu'est ce qui peut la faire rire aux éclats de cette façon ? Le mage noir devait toujours deviner, supposer, sans jamais obtenir de réponse certaine. A mesure qu'il l'avait utilisé, il s'était habitué à prendre ses fantasmes pour la réalité. Souvent, son esprit divaguait et il s'imaginait être la source de son bonheur, son chevalier servant capable de repousser ses peines, le gardien de son bien-être. Sous les textes, des illustrations montraient la silhouette de la Belegad avec un réalisme intriguant. Stanislav tourna les pages noircies et abimées - il y retournait souvent et à force de le manipuler, l'objet avait subit quelques dégâts. Il trouva la page qu'il cherchait. Un portrait particulièrement intense, où les yeux avaient été mis en relief. Stanislav frémit. Il avait eu l'impression de sentir son regard se porter sur lui, lui brûler ma peau d'un désir intense. « J'ai hâte de te revoir, mon amour. »

773 mots
Conte du sapin + Conte d'Auryane