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 [Q] - Les yeux céruléens du Roi Noir

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 08 Fév 2021, 20:54



Les yeux céruléens du Roi Noir


Mes doigts exécutèrent rapidement un pentacle visant à sceller la porte davantage. Une violente explosion retentit derrière cette dernière. Un nuage de Magie Bleue se propagea dans la pièce, comme une lumière indolore. Pourtant, l’état de mon corps laissait deviner qu’elle ne m’avait laissé aucun répit. Dos contre ce qui me séparait de l’ultime épreuve, mon torse se soulevait encore frénétiquement. De la sueur coulait sur mes tempes, se mélangeant au sang que mon combat contre les Gardiens de la Couronne des Magiciens avaient fait couler. J'avais surtout été sot. À bout, mon corps glissa contre le marbre. Mes fesses touchèrent le sol et je ramenai mes cuisses vers ma poitrine. Mon visage tomba sur mes genoux. Les multiples épreuves qui m’étaient délivrées par le Destin commençaient à peser sur l’entièreté de mon être. Plus que l’envie de pleurer, j’avais simplement le désir fou de trouver un compromis à travers la mort. Je ne désirais pas être un Esprit. Je désirais le Néant. Devant l’impossibilité des choix qui s’offraient à moi, j’étais condamné à devoir me relever, encore, toujours, jusqu’à ce que la vie me libérât enfin, un jour. Je n’avais plus envie de rien et, pourtant, j’accomplissais chaque jour mon labeur, dans la voie qui avait été écrite pour moi. J’étais fatigué. J’aurais souhaité dormir et tout oublier. Pourtant, même les Rêves ne me laissaient aucun répit. J’étais lucide en leur sein et Ârès me faisait vivre un véritable calvaire. Aucun royaume ne me permettait de me détacher de mes obligations et de mes responsabilités. Le fait qu’Adam gardât normalement précieusement la Bague des Déchus pour m’empêcher de me détruire ou de détruire les autres n’arrangeait rien. Je savais son utilisation limitée : il me l'avait confiée dans un objectif bien précis, celui de la mue. Il ne me restait donc plus d’options viables. Le Vampire était menacé. L’Ange finissait systématiquement dans une sorte de déchéance morbide avant que les effets de la potion ne cessassent de faire effet. Le Génie avait d’autres problèmes. Si elles n’étaient pas physiques, les blessures de la psyché demeuraient, avec une intensité inégalée. Quant à ces Liseurs d’Étoiles qui avaient souhaité que je possédasse la Couronne de leur peuple, ils restaient aussi silencieux qu’un élève n’osant pas avouer n’avoir pas fait ses devoirs. Contrairement à ce dernier, rien n’y faisait : j’avais beau essayer de leur parler, de crier, d’user de magie, le silence assourdissant de ce que je voyais comme une punition continuait de résonner. Depuis Lyscenni, les Enfants de la Voûte ne m'avaient plus donné de signe.

Soudain, une lueur bleutée attira mon attention. Mon corps se tendit de nouveau. Je m’étais peut-être trompé en supposant que cette salle était la dernière et que la Couronne devait s’y trouver. Prêt à me défendre, je me rendis compte que la lumière provenait d’une silhouette que j’avais déjà croisée auparavant, en rêve. L’homme avait un air sage sur le visage. Ses longs cheveux n’avaient su se positionner entre le bleu et le gris. Ses yeux étaient dorés. De sa stature, il me fixait avec un petit sourire sur les lèvres. Lentement, en serrant les dents sous la douleur, je me relevai et m’avançai vers lui. Il était présent, lorsque j’avais joué avec les étoiles. Il ne m’avait rien dit de plus, dans ce songe. Il s’était évaporé, comme un mirage inatteignable. « C’est vous. » dis-je. « Oui. Nous allons nous croiser à de nombreuses reprises dans ton futur. » Il me regardait comme s’il détenait des clefs qui m’étaient étrangères. « Si tu ne remarques pas sa présence, elle ne te délivrera pas. » « Je ne comprends pas. » Ces gens qui parlaient en énigmes m’agaçaient profondément. J’étais pragmatique. J’étais logique. J’aimais que les choses fussent claires. « La malédiction qui te touche est déjà en toi. Elle ne t’abandonnera jamais tout à fait mais si tu trouves de quoi il s’agit, alors tu auras la paix une grande partie de ton existence, contre quelques instants de douleur. » « Celle de Lagherta ? » « Oui. » Le silence s’installa, avant qu’il ne déclarât. « À genoux, Roi Noir. » Mes prunelles remontèrent vers lui. Un rictus agacé déforma mes lèvres. « Je vais poser sur ta tête la Couronne du Roi Blanc. » Je pris conscience qu’il ne me la donnerait pas, à moins que je fisse exactement ce qu’il disait. J’inspirai, incertain. Je ne désirais pas cette chose. Je ne la voulais pas sur ma tête. Je souhaitais rester libre de ma noirceur. J’avais peur de la voir disparaître, elle et tout ce qui me rendait dépressif et me menaçait de folie. C'était paradoxal et contre mon bien-être. J’étais terrorisé à l’idée que la voie de mon propre peuple pût être la pire, l’illégitime, la fausse. Je savais le monde plus complexe qu’une question de bien et de mal. Pourtant, je ne pouvais me retirer mes angoisses de l’esprit.

Après quelques secondes supplémentaires, je posai enfin les genoux au sol. Le menton relevé, mon regard le fixait dans l’attente qu’il s’exécutât. Il fit apparaître l’objet entre ses doigts. Quelque chose me disait qu’il ne me répondrait pas si je le questionnais sur le pourquoi de sa possession, ni sur le comment il avait pu se l’accaparer ou même apparaître ici avant moi. Plus le temps passait et plus j’appréhendais. Je voulais remonter les minutes. Ne jamais avoir cédé. Ne jamais avoir réussi à la trouver. Je ne la désirais pas. Je ne souhaitais pas être un Mage Blanc. Pourtant, l’inéluctable s’approchait à grands pas. J’aurais pu fuir, si mes jambes m’avaient obéi, si le Destin n’était pas contre moi. Je savais que l’artefact m’était indispensable, parce que le nouvel Ashiril n’était pas un Sorcier et qu’il ne me couvrirait pas. Il me dénoncerait pour ce que j’étais : un Sorcier. Mon rythme cardiaque s’accéléra alors qu’un vent fait de magie se levait. Je crus percevoir le regard de chaque Roi Blanc du passé me transpercer, comme un jugement. Des chœurs firent écho aux battements de mon cœur alors que l’objet s’abaissait progressivement vers le sommet de ma tête. Puis plus rien.

À genoux dans la pièce, je penchai la tête sur le côté. Que faisais-je ici, seul ? « Adélie ? » appelai-je, avant de me relever. Mes yeux, d’un bleu saphir, se posèrent sur la pièce. Mon visage était interrogatif. Je passai mes doigts dans ma tignasse céruléenne. « Adélie ? Tu as retrouvé Pauline ? » Devant l’absence de réponse, je passai mon pouce et mon index sur mon menton, perplexe. « Adélie, si jamais tu m’entends, je crois que j’ai eu un accident de téléportation. » Rien. J’essayai d’utiliser la télépathie mais le résultat ne fut pas plus probant. « C’est fou ça… »

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 08 Juin 2021, 22:33



Les yeux céruléens du Roi Noir


« Tu as vu ce type ? » « » « Qui est-ce ? » « Tu l’as déjà vu avant ? » « Non… » « Moi non plus… Tu sais quelque chose Idéride ? » « Pas du tout… Il est… » « Bizarre… » « Oui… »

« Veux-tu bien cesser ? Ce n'est pas drôle. » Je parlais à ma magie. Elle était totalement folle. Pourquoi ? Je n’en avais aucune idée. Elle me suivait et changeait les choses sur mon passage. Les façades des magasins s’embellissaient et prenaient une teinte bleutée. J’avais du mal à contenir la Valse Créatrice et une aura bleue m’entourait, de l’exacte même couleur que mes cheveux et mes yeux. À quelques mètres derrière moi, un étrange animal marchait dans mes pas. Je ne me souvenais actuellement pas du Kinshäla qui trainait parfois autour de mon château en temps normal. Je ne me souvenais de rien. « Zut ! » rouspétai-je. Mes doigts s’immiscèrent entre les mèches de mes cheveux. Un ruban y apparut. Je fronçai les sourcils et me débarrassai de l’objet avec peine, ce qui fit rire le groupe d’étudiants qui me fixait. Je relevai les yeux vers eux, des yeux si céruléens que le Lac Bleu lui-même aurait pu en être jaloux. Si les rires se terminèrent en gloussements étouffés, les murmures ne se turent pas. Tout le monde dans la rue me regardait. Vraiment tout le monde.

Quelques secondes plus tard, encore à cause de ma magie, mon corps se retrouva entouré d’un pyjama représentant un Cerfeuil d’Od. Mon nez fut recouvert d’un artefact rond, tout rouge, et une poule apparut de nulle part. Elle commença à caqueter autour de moi. « Je t’ai déjà dit que ça suffisait ! » m’insurgeai-je. Comment aurais-je pu savoir que ce festival de bizarreries était la manifestation de la suppression totale de Lux in Tenebris ? La Magie Bleue était ravie, à l’instar de la Magie de la Lumière.

« Monsieur ? » « Hum ? » Je tournai la tête vers un garçon. « Est-ce que c’est vous qui… ? » Je levai les yeux vers le ciel, en suivant son regard. Ils s’écarquillèrent sous la surprise. Des milliers de parchemins volaient entre les nuages, formant des arabesques à n’en plus finir. C’était comme une danse et je trouvai ça beau. Plus haut, dans la rue, une femme courait en criant des choses comme « Rattrapez-les ! Mes parchemins sont vivants ! ». Je me pris à rire. « Alors c’est vous ? » Le sourire sur mes lèvres était étonnement enfantin. « Je crois bien que oui… » Je haussai les épaules. J’avais envie de jouer, tout à coup. Je me sentais léger et, au fond, c’était comme si mon corps et mon esprit m’en remerciaient. Que savais-je faire d’autre ? Je fis des cercles avec mes doigts. Un Weltpüff à cornes dorées apparut à côté d'un étal de fleurs. Je recommençai et une plume s’invita entre mon pouce et mon index. Je caressai le nez du garçon. Celui-ci se mit à chanter. Quel monde étrange ! Plus je faisais n’importe quoi et plus les gens s’approchaient, curieux. Mes prunelles se posaient sur chacun d’eux avec un air indéfini. Entre incompréhension, amusement et acceptation de la curiosité que je représentais, je ne pouvais nier me sentir bien. « Quel est votre nom ? » « Vous n’êtes pas d’ici, si ? » « On ne vous a jamais vu. » Je me contentai de sourire et de m’extirper de cette foule de plus en plus dense. « Où est-il ? » Beaucoup plus loin.

« Je te vois, tu sais. » dis-je, à l’attention de l’animal bleu. Il me répondit par une sorte de grognement, sans se démonter. Je souris. « Je t’autorise à me suivre si tu veux. » Il n’avait pas attendu mon autorisation. « Toi aussi, tu trouves que le monde ne tourne pas rond aujourd’hui ? » demandai-je, comme si j’attendais une réponse. Je me mis à fixer mes mains quand, soudainement, deux cartes y apparurent. « Tiens… Intéressant. » Un mouvement plus tard et elles avaient disparu. « Je voulais rendre visite à ma grand-mère mais je ne me rappelle plus le chemin. J’étais pourtant sûr que c’était par là… » Je parlais tout seul. Aux fenêtres, des curieux m’observaient. La Magie Bleue tournoyait toujours autour de moi, comme une enfant espiègle, et je ne tardai pas à m’y mettre aussi. J’étais agile et chaque pas possédait une élégance toute particulière. Si je n’avais pas eu autant de prestance, l’on aurait pu facilement me prendre pour un illuminé. Puisque j’étais charismatique, j’étais forcément un génie excentrique. La nuance était importante. Pas pour moi, mais pour les autres. Heureux, je me mis à chanter dans la rue, avançant au petit bonheur la chance entre les maisons, à la recherche de Bellada.

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 09 Juin 2021, 17:08



Les yeux céruléens du Roi Noir


À mon Chevalier favori (même si vous êtes le seul, je ne doute pas un seul instant que vous resterez toujours celui que je préfère),

J’ai entendu dire que vous aviez été suspendu de vos fonctions de soldat à la suite du rapport de Rosaire et de ce qu’il s’est passé à Volatys puis, ensuite, à Port Dirælla. J’en suis vraiment navrée mais voyons le côté positif de la chose : vous aurez bien plus de temps à me consacrer. Mes rosiers ont justement besoin d’entretien :) Ma mère semble résolue à me trouver un mari. J’ose espérer que vous viendriez de nouveau défendre ma main si elle décidait d’organiser un deuxième événement. Je vous le demanderai dans le cadre de votre titre. Avec un peu de chance, le message finira par passer ;)

Aussi, je me vois dans l’obligation de vous signaler mon mécontentement : vous ne m’avez pas écrit. Je trouve cela très impoli Monsieur le Chevalier. Réparez votre faute sinon je serai obligée de sévir et de me déplacer jusqu’à vous.

Votre bien aimée, Mirabelle Vaughan.


Se déplacer jusqu’à moi. Je levai les yeux du parchemin. Mon regard balaya les murs aussi austères que riches du palais d’Amestris. Elle ferait moins la maline si elle devait se rendre ici.

Je détruisis la lettre. Deux secondes plus tard, l’on frappa à la porte. Je me levai et me dirigeai vers la fenêtre, laissant Cyrius entrer. En tant qu’Archimage Merlfide, c’était à lui que revenait l’organisation des événements sorciers. Sa nomination continuait de faire jaser, car cet homme possédait aussi la dure charge de l’administration des territoires. Il administrait très bien mais c’était davantage son comportement qui posait quelques difficultés chez les esprits étriqués. Malheureusement pour la plèbe, je n’avais pas l’intention d’ordonner au Windsor de faire semblant d’être ce qu’il n’était pas. « Allons-y. » dis-je, pour débuter notre réunion. J’étais revenu à Amestris dans l’unique objectif de trouver la position exacte de la Couronne du Roi Blanc. Malheureusement, personne n’avait réussi à répondre à mon interrogation, ce qui était également un indice. Si elle ne pouvait être localisée, la réponse se trouvait forcément dans un endroit difficilement accessible pour n’importe quelle magie. Le Monde des Songes en faisait partie, même si je doutais qu’elle fût là-bas. Ça aurait pu. Elle pouvait également se situer dans la demeure d’une personne ayant protégé ses murs, ou chez les Humains. Les possibilités s’enchaînaient dans mon esprit et il me faudrait un temps considérable pour trouver. En considérant le dernier possesseur, peut-être était-elle encore engloutie dans les abysses ? Il était hors de question que je me rendisse sous les flots. La mer me rendait malade. Elle était le berceau de frayeurs que je n’avais pas envie d’explorer. Pas maintenant.

« Bien alors… » Cyrius sortit une pile de notes de derrière son dos. Elles étaient aussi peu rangées que ses partitions. J’étais certain qu’il n’en avait pas besoin mais c’était peut-être un moyen pour lui de se rassurer. « Pour le bal… » « Le bal ? » « Le bal après la Galette ? » « Ah oui. » Je soupirai, portant mes doigts à mon front dans un geste aussi fatigué que réflexif. Où allais-je caser le bal dans mon emploi du temps ? « Vous aviez oublié ? » Il s’approcha. Il semblait réellement soucieux. « Le temps commence à me manquer et mon esprit est noyé sous d'autres problématiques, bien plus importantes qu'un bal. » Heureusement que je maintenais ma magie active car j’avais une tête à faire peur au Mârid lui-même. À force de subir les envies d’Ârès dans le Monde des Rêves, je n’arrivais plus à me reposer. Ce qu’il faisait de moi, même en étant chimérique, m’impactait considérablement. Les viols à répétition, les actes de barbarie, la torture, la mort des personnes que j’aimais en boucle… Mes joues se creusèrent un instant, le temps pour moi de temporiser. Je les mordais de l’intérieur, comme si une douleur bien réelle allait me permettre de me rappeler que les cauchemars restaient enfermés dans le Monde des Rêves. « Si vous voulez, je pourrais demander à un Sorcier de vous remplacer. Le bal sera masqué, il lui suffira de jouer à être vous. » C’était une possibilité, non sans risque. « Nous verrons. » dis-je. « Poursuivez. » « Le bal aura lieu à Lagherta, pour plus de euh… comment disent-ils déjà ? De sécurité ? Il faut un endroit dans lequel les invités n’auront pas l’impression de pouvoir mourir à tout moment. » « Tout le monde peut mourir à tout moment. » murmurai-je, d’une voix qui marquait le fond de ma pensée. Le désespoir y résonnait profondément. Cyrius le remarqua mais ne dit rien. Il continua. « Il y aura une piste de danse. Vous y entrerez avec le gagnant. Comme il s’agit d’un homme et que l’Impératrice Blanche sera accompagnée d’une femme, nous avons préparé une première danse qui vous évitera d’avoir à enlacer votre partenaire. Vous danserez avec lui mais sans le toucher. » « Qui est-ce ? » Le regard du Chancelier remonta vers moi. Je n’allais pas bien, pensa-t-il. Comment pouvais-je l’ignorer ? Je n’ignorais jamais rien en temps normal. « Adam Pendragon. » « Pardon ? » Il tiqua. « Adam Pendragon. » Je pus lire très clairement son animosité. Le fait d’avoir à le répéter lui coûtait. Il n’avait pas envie de nous voir danser ensemble, en public, alors même que j’étais sous les traits d’Elias. C’était peut-être aussi la raison pour laquelle il avait sauté sur l’idée d’un remplacement. « Trois personnes ont gagné le droit de danser avec vous également. Il s’agit de Jeanne Euksara, de Nymeria Vaughan et de… » Il détourna les yeux un moment. « Priam Belegad. » Je connaissais Jeanne Euksara de réputation. Nymeria était une servante au palais de sa Majesté l’Impératrice Blanche. C’était elle, qui m’avait surpris avec Oriane. Quant à Priam… Je soupirai. « Ârès Taiji pourrait me remplacer. » plaisantai-je, sans aucune trace d’humour dans la voix.

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Kaahl Paiberym
Mer 09 Juin 2021, 17:09



Les yeux céruléens du Roi Noir


Un sourire malsain se figea sur mon visage dès que j’entendis le véritable nom de l’Empereur Noir. Il m’observa. « Que s’est-il passé entre vous ? » demanda-t-il sans détour. Mes lèvres s’étirèrent d’autant plus. Je m’avançai davantage. Je savais qu’il ne fallait pas que l’on nous surprît l’un contre l’autre mais j’avais du mal à garder la distance. Je voulais fusionner avec lui et sentir sa musique embrasser la mienne. Ses yeux semblaient pourtant tellement fatigués que je n’entendais qu’un Requiem sans prétention y résonner. Je voulais qu’il retentît avec force, qu’il embrasât le monde et fît s’agenouiller les esprits qui auraient le déplaisir exquis de l’écouter. Pourtant, en attendant, une question méritait une réponse. Que devais-je lui dire ? J’ouvris la bouche, puis la refermai. Je l’ouvris de nouveau. « Nous nous sommes croisés dans la salle du trône. » Il ne répondit pas. « Ârès sous-estime tous ceux qui ne sont pas lui. Il me croyait inoffensif. » Je souris. « Il s’en est mordu les doigts. » Je me mis à rire. Lui ne riait pas. Je me demandai à quoi il pensait. Je me mordis la lèvre inférieure et fit teinter la musique en moi, qui essaya de rejoindre la sienne. « Ârès ne peut pas nous comprendre. Il n’est pas comme nous. Ce n’est qu’un épouvantail. » dis-je, bien conscient du fait que je ressemblais bien plus à un épouvantail que le double de l’Empereur Noir. Le fait que je portasse parfois des vêtements que l’on aurait cru déchirés n’arrangeait rien au tableau. Cyrius, l’Épouvantail. Cela m’allait bien, finalement. J’étais celui que l’on sous-estimait. Les oiseaux de mauvais augures venaient se poser sur moi, croassant pour se moquer de ce pantin qui ne bougeait pas et ne protégeait rien. Pourtant, c’était pour mieux les appâter. Quand ils prenaient conscience de ma capacité à bouger, c’était déjà trop tard. Mon rire résonna de nouveau.

N’y tenant plus, mon nez vint se nicher dans le cou d’Elias. Il m’avait vu venir. Je ne doutai pas un seul instant de la protection qui entourait cette pièce. « Il n’est pas comme nous. » murmurai-je de nouveau. « C’est un déchu, une anomalie. Alors que vous… Vous… » Je sentis son odeur. « J’ai envie que vous me mordiez. » murmurai-je. Pourtant, il se dégagea avec fermeté. « Ce n’est pas le moment. » Je fis une grimace, me sentant soudainement délaissé. Alors qu’il se mettait à marcher dans la pièce, je le suivis, avec mes notes. Certaines se perdaient en route, le papier tombant par terre. « Mertle Boffin a gagné la fève de l’Impératrice Blanche. » fis-je savoir. « Je dois aussi vous informer des personnes qui pourront danser avec elle puisque cela vous concerne. » « Faîtes. » « Ihsan Katzuta, la Dame Noire Lysistrate Dogma et… Ilias Paiberym. » Rien ne filtra sur son visage. Il resta inerte, comme si sa peau était morte en même temps que ses muscles et qu’ils avaient été figés pour toujours dans une éternelle expression de sérieux. « Hum. » se contenta-t-il de répondre, à mon plus grand désarroi. « Quoi d’autre ? » « C’est tout. » J’aurais pu lui envoyer un simple courrier mais j’avais eu envie de le voir. Je lâchai mes multiples feuilles. Bien sûr, la plupart d’entre elles, si ce n’est toutes, étaient inutiles. « Majesté… » l’appelai-je. « Oui ? » « Je… C’est que… » Ses yeux caressèrent les miens. La musique à l’intérieur de ces derniers me fit frissonner. Son expression avait changé, imperceptiblement. « Merci, Chancelier Merlfide. Nous nous rencontrerons ultérieurement, dans un endroit plus approprié, pour parler de choses personnelles. Je dois acquérir un artefact avant. » « Qui est ? » demandai-je, en m’approchant. Il esquissa un sourire qui provoqua l’emballement de mon cœur. Elias ne souriait jamais. La fébrilité m’enserra. Il ne répondit cependant pas à la question et me fit signe de partir. « Je suis en train de composer la musique du bal. » soufflai-je. « Je vous attendrai pour que vous me disiez ce que vous en pensez. » J’avais envie de jouer avec lui. « Cyrius ? » m’appela-t-il. « Oui ? » « Si jamais je ne reviens pas, demandez à mon père de me remplacer. » « » Je clignai plusieurs fois des yeux. « Ce n’est pas… Enfin… C’est qu’il est un peu… »





« Wooo… » J’avais créé un support spécial dès que j’avais fait apparaître cet œuf dans mes mains, par hasard. Il était assez gros. Au beau milieu de la rue, je m’étais arrêté et avait décidé de le mettre là. J’avais surélevé les pavés pour permettre à mon œuf de resplendir. Les gardes, qui avaient été prévenus de la présence d’un excentrique dans les rues de Vervallée, s’étaient présentés avec la ferme intention de rétablir l’ordre. Néanmoins, autour du support, une quarantaine de personnes se trouvaient, toutes plus curieuses les unes que les autres. « Qu’est-ce que c’est ? » « Vous l’avez eu où ? » « Qui êtes-vous ? » « Je crois qu’il a bougé ! » Les gardes, jugeant l’attraction digne d’intérêt et peu dangereuse, avaient décidé de rester quand même. Ils se prenaient à présent au jeu des questions, en attendant que quelque chose se produisît. « Là ! Là ! Il s’est fissuré ! » « Nan ! Pousse toi Ambrine ! Je ne vois rien ! » « Ah ! Mais doucement ! Il ne va pas s’envoler ! » « Je t’avais dit d’arrêter de manger des gâteaux ! Tu prends trop de place ! » « Je te permets pas ! » Je fixais la coquille avec intensité. Mes yeux bleus ressortaient d’autant plus, même si mes pupilles étaient dilatées, comme celles d’un chat guettant quelque chose. « Une autre fissure ! Il va sortir ! » Je n’avais aucune idée de ce qu’était que ce « il ». Je ne me souvenais même plus avoir obtenu cet œuf. Ma magie faisait toujours des siennes, taquinant les curieux et améliorant les choses qui lui déplaisaient. « Il a fait un bruit ! » Je me penchai en avant. Mes cheveux tombèrent de part et d’autre de mon visage. Je ressemblais à un enfant que rien n’aurait pu détourner de son jouet favori. « Là ! Là ! Une patte ! » « Elle est noire ! Qu’est-ce que c’est ? Un chat ? » « Les chats ne naissent pas dans les œufs, crétin ! » « Hé ! On ne sait jamais ! » « C’est… C’est… » Après un gros crac, il n’y eut plus aucun doute. « Un dragon ! » « Oh un dragon ! » « Trop mignon ! » « Mais… Il est vraiment tout noir… » Le dragon semblait absorber la lumière. Quand il ouvrit ses yeux, ce fut le seul élément clair de son corps. Il se redressa, s’assit sur son postérieur, et prit une pause orgueilleuse. « Oh regardez sa tête ! » « On dirait qu’il nous toise ! » « Trop chou ! » « Vous allez l’appeler comment ? » « Vous connaissez l’Impératrice Blanche ? » « Elle aussi a des dragons ! » « Mais il doit le savoir quand même ! » « Je ne sais pas, il n’a pas l’air d’ici… » « Est-ce que vous parlez notre langue ? » Le langage commun était très répandu.

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Mer 09 Juin 2021, 17:09



Les yeux céruléens du Roi Noir


Le rendez-vous que le Nylmord m’avait fixé arrivait à grands pas. Je voulais trouver la Couronne avant. J’envisageais sérieusement qu’il pût me demander de l’accompagner au Temple de Lyre. Cet homme me déplaisait, sans doute parce qu’il réfléchissait parfaitement mes erreurs récentes. Je savais qu’il me serait impossible de remonter le temps pour effacer mes faux pas. Il en portait la marque. L’attaquer avait été ma pire action depuis la tentative d’empoisonnement de l’Impératrice Blanche au Banquet. Depuis, je coulais. Je faisais preuve d’insubordination. Je me voyais faire, sans être en mesure de m’en empêcher, comme un individu désirant mincir mais continuant de s’empiffrer tout en culpabilisant d’un même temps. La conscience était la pire des choses et le fait de me savoir marcher volontairement sur le chemin de l’autodestruction la pire des sentences.

« Regardez ! » nous interpella soudainement la serveuse. Je levai les yeux de ma lettre. Celle-ci était adressée à Laëth. J’avais terminé et envoyé les missives à l’attention de mes enfants, de Cendre, de Pauline et de Minéphore. J’avais été bref. Je ne trouvais rien à dire de particulier. Lorsque je réfléchissais à mes torts, je les jugeais si nombreux qu’ils m’immobilisaient. Mes enfants, de toute façon, n’avaient pas besoin que je leur dépeignisse un portrait désavantageux de ma propre personne. Ils désiraient simplement que je les rassurasse et que je leur disse que je les aimais. Pour les adultes, j’avais laissé quelques instructions, en m’excusant platement de mon absence. J’invoquais mon besoin de temps, parlais de mon incapacité actuelle à être présent, à cause de la colère qui m’enserrait toujours le cœur. Je leur assurais ma reconnaissance et promettais de revenir dès que ce serait le bon moment, dès que je serais prêt à faire face. Pour Laëth, les choses étaient semblables, à quelques détails près.

Laëth,

Je suis désolé de ne pas pouvoir être à tes côtés en ce moment. Je sais que tu vas mal et, vraiment, si je pensais pouvoir te rendre plus heureuse, j’aurais trouvé le moyen de venir. Malheureusement, mon propre état ne t’apportera rien de bon. Je ne suis ni prêt à répondre à tes questions ni même capable de discuter de certains sujets. J’ai des affaires à régler avant de pouvoir aller mieux. Comme je ne suis pas certain de survivre à l’épreuve, je suis heureux que tu te sois liée à quelqu’un. Je n’aurais pas dû tenter de t’en empêcher. C’était idiot.

Prends soin de toi.


Je n’avais pas encore signé lorsque la serveuse avait attiré mon attention vers l’extérieur. Je ne pensais pas signer. Elle devinerait. « Vous pensez que c’est un lion ? » « Un lion ici ? Impossible. » L’animal, que je venais tout juste d’apercevoir, s’assit. Il était beaucoup plus loin mais se distinguait très bien. Son corps était particulièrement imposant et haut. Sa queue rappelait celle des Ondins et était bien plus longue que le reste de son anatomie. Je plissai les yeux. Je le connaissais. Je l’avais déjà aperçu lorsque Lucius était petit. « Je me demande ce qu’il fait… » Je baissai les yeux de nouveau vers mon courrier, profitant de ma pause pour terminer ce que j’avais à faire. Chercher la Couronne me prenait du temps, un temps que je n’aurais pas eu si je n’avais pas été suspendu. Depuis quelques jours, j’étais entièrement libre de mes mouvements. Ma seule obligation était de me rendre à l’entretien qu’avait exigé Alistair pour faire le point. L’animal ne me sembla pas plus important qu’à notre première rencontre.

Quelques heures plus tard, alors que j’étais toujours en train de rédiger, cette fois-ci mon testament, je me rendis compte que j’étais à présent seul dans l’auberge. La serveuse m’observait de temps en temps, prête à répondre à mes demandes si j’en avais. Elle était sans doute curieuse par rapport à mon ouvrage. Ce n’était pas évident d’envisager sa propre mort et ses conséquences. Je devais pourtant le faire parce que si la crucifixion me tuait, alors j'abandonnerais un Royaume entier aux mains d’opportunistes qui se feraient un plaisir d’effacer mon œuvre et de détruire mes intentions. Derrière moi, il y aurait également mes enfants, mes amants et mes amis. Je ne voulais pas laisser un silence glaçant. Je leur devais des explications, sur ma vie, sur celui que j’étais. Je ne voulais pas que Lucius grandît avec le sentiment de la trahison, pas plus que Pauline ou Ilias. Je désirais qu’ils fussent certains de mon amour pour eux, malgré le reste.

Mes yeux se perdirent sur les collines. L’animal était toujours là. Je sentis son regard, insistant.

Debout face à lui, je ne comprenais pas ce qui avait bien pu me pousser à le rejoindre, si ce n’était le désespoir. Il était bien plus grand que moi. « Quoi ? » demandai-je, avec humeur à la créature. Elle paraissait irréelle, tout droit sortie du Monde des Rêves ou de celui des Contes. Son regard s’intensifia. Je sentis le sol disparaître. Je ne cherchai pas à lutter et lorsque le paysage se stabilisa de nouveau, nous étions au sein d’un endroit tout particulier : le Cœur Bleu. Je sentis son souffle sur moi, comme une moquerie expirée, comme s'il me signifiait que les choses auraient pu aller bien plus vite si je ne l'avais pas ignoré si longtemps. Puis, il disparut en me laissant là.

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Les yeux céruléens du Roi Noir


Devant moi, une arche céruléenne m'indiquait le seul chemin possible. Elle était entourée de buissons d’une couleur saphir qui ne renfermaient aucune autre porte. Pris au piège par la nature, je marchai vers la surface faite de magie. À l’intérieur de l’arche, l’azur se mouvait et, au fur et à mesure que mon corps s’en approchait, la Magie des Ténèbres m’avertissait. Fruit de mon imagination ou non, j’entendis les chuchotements de Lux in Tenebris, ses peurs et sa vengeance future. Si je passais les colonnes, elle ne me le pardonnerait pas, elle cesserait de m’être si agréable. Je souris devant cette odieuse plaisanterie. L’état de mon corps suffisait à prouver qu’elle ne m’était d’aucune aide. Elle ne me sauvait pas. Elle me tuait à petit feu. Elle me rendait fou. Elle contribuait à mon malheur et appuyait sur ma dépression, tout en se radoucissant lorsque je m’approchais de l’acte qui signerait la fin de son hégémonie. Elle n’était pas idiote. Ma magie ne voulait pas disparaître. Elle avait besoin de moi car j’étais l’un des plus puissants Sorciers du Monde. Elle me haïssait pourtant pour mes caprices, pour mes changements, pour la muselière que je lui imposais. Je n’aurais pu passer pour un Magicien sans l’attacher. Aussi, je ne pouvais pas m’empêcher d’envisager ce que j’aurais été si je lui avais laissé pleine et entière liberté. Ressemblerais-je à Ârès aujourd’hui ou serais-je bien pire ? Je ne croyais pas pouvoir violer ou tuer à sa façon. Nous ne fonctionnions pas à l’identique. Son impatience se heurtait à ma patience. Il aimait sentir les os craquer sous ses propres mains. Ce n’était pas mon cas. J’étais au-delà de la simple exécution. Je pensais et j’élaborais. Si j’avais laissé les ténèbres m’emporter pleinement, j’aurais pu travailler à la fin de ces Terres, de façon méthodique et réfléchie. Je n’étais pas le Roi sur le plateau d’échec. J’étais la main qui le tenait, lui et toutes les autres pièces. J’avais voulu me servir de mon fou et celui-ci m’avait échappé, semant la destruction sans mon consentement dans le camp adverse. Ce qu’il aimait, c’était le sang. Ce que j’aimais, c’était la stratégie. Qui était le plus fou des deux ? Celui qui agissait cruellement en suivant ses pulsions chaotiques ou celui qui croyait pouvoir commander le plateau, tout en cherchant à concilier les pièces noires et les pièces blanches ?

Mes pas se succédèrent les uns aux autres, au grand damne de ma magie qui se heurtait inlassablement à la force de ma volonté. Je passai l’arche et me retrouvai dans un jardin sauvage. La Magie Bleue pulsa. Tout, autour de moi, était composé de celle-ci. Le danger, je le sentais résonner en moi, pleinement.

Quelques secondes à peine après mon arrivée, les choses sérieuses commencèrent. J’étais un ennemi, un intrus dans ce monde de création. J’étais la destruction et, paradoxalement, il fallait me supprimer. La totalité de cette partie du Cœur Bleu se retourna contre moi. Du néant se propagea une nouvelle réalité. Le défoulement massif m’obligea à quitter ma position. C’était impossible à décrire. De partout, l’ensemble des éléments cherchaient à m’écraser. Je me battais contre le rien et le tout à la fois, car de chaque parcelle de l’espace pouvait jaillir la mort. Je fis apparaître le Sceau de la Lune et ouvris mes ailes. Faites de Magie Bleue, peut-être suffiraient-elles à apaiser l’environnement. Il n’en fut rien, car j’étais l’Empereur Noir. Si mes sorts pouvaient prendre une couleur céruléenne, je demeurais un monstre aux yeux de ce jardin. Jamais je n’aurais dû violer ce sanctuaire. Pourtant, le précédent détenteur de la Couronne du Roi Blanc n’était pas bénéfique et loin de là. Avait-il passé les mêmes épreuves ?

J’usai de la Valse Destructrice. Celle-ci chercha immédiatement la matérialité, s’y accrocha et la rongea. Je sentais la fatigue me tirailler. J’avais dormi d’un sommeil sans rêve lorsque j’avais permis à Adam d’utiliser son pouvoir sur moi et là représentait la seule nuit reposante qu’il m’avait été donné de faire jusqu’ici. Malgré ma force et mon agilité, je sentis tout de suite que mes réflexes étaient diminués. J’avais du mal à réfléchir. J’avais du mal à prévoir. Le flou de la scène m’écorcha plus d’une fois. Je ne tardai pas à saigner, à être bousculé et à lutter contre des objets si rapides que je fus obligé, finalement, de lâcher totalement la bride qui retenait la Valse. Tout autour de moi, le néant se créa, un paysage de vide, entièrement détruit. Et je tombai. Je tombai dans cette non-matérialité. Mes ailes ne me rattrapèrent pas.

Beaucoup plus bas, je heurtai le sol durement, m’écrasant sur ce dernier, comme si ma chute représentait la vengeance de la Création elle-même. Une étrange impression s'empara de moi. J'avais le sentiment qu'Elle me chuchotait ces mots à l'oreille : Jamais tu ne m’échapperas. Je me dresserai devant et contre toi. Et, tu auras beau détruire, toujours je reviendrai.

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Les yeux céruléens du Roi Noir


Je me redressai après avoir activé ma magie de soin. Elle fonctionna avec beaucoup de difficulté, parce que Lux in Tenebris détestait Umbra in Lucem et essayait de l’écarter à son profit. Je fis craquer mon dos tout en fixant le long couloir qui s’étendait devant moi avec un regard noir. Tout était silencieux, trop silencieux. Je sentais vibrer mon instinct. Les frissons qui parcouraient mon épiderme étaient dus à cette appréhension qui me tordait l’estomac. J’étais dans le repaire même de ce qui était mon opposé. Il aurait fallu que je franchisse la frontière entre le Mal et le Bien pour être pleinement chez moi ici. Pourtant, nul Magicien n’aurait souhaité devenir ce qu’il était déjà.

Je me mis en marche, ne tardant pas à apercevoir des silhouettes immobiles contre les murs. Il s’agissait des statues des Ultimages du passé, accompagnées d’individus que je ne parvins pas à identifier. Était-ce la Royauté qui avait créé ce monastère, ici, dans les profondeurs du Cœur Bleu ? Étais-je seulement encore dans ce dernier ? Rien n’était sûr. Plus j’avançais, plus la tension en moi augmentait.

Mes yeux s’écarquillèrent soudainement et je me retournai rapidement. L’horreur de ma situation m’apparut alors clairement. Des sueurs froides coulèrent dans mon dos. Je déglutis. Pourquoi y en avait-il ici ? Pourquoi ? J’étais dans le genre de configuration où rien ne servait de réfléchir. Penser était une perte de temps, surtout sans accompagner sa philosophie d’une action concrète. Je voulus me téléporter mais le sort ne fonctionna pas. Je ne pouvais pas quitter l’endroit. C’était une épreuve. Ma respiration s’accéléra pour se muer en panique. Mon regard balaya le couloir. Je ne pouvais pas être partout. Je ne pouvais pas regarder partout. J’avais deux choix : avancer avec prudence en essayant de garder un champ de vision large, ou courir en improvisant. Contre toute attente, je choisis de courir. Je pris une inspiration et quittai l’Enfant de Méduse des yeux. Je devais le maintenir le plus loin possible, en priant pour qu’il n’y en eût pas d’autres. Il y en avait d’autres. Ma magie percuta les murs et déforma les Rois et les Reines du passé pour créer un barrage infranchissable. J’entendis des cris de rage s’élever derrière moi. J’éteignis mon ouïe, un procédé dangereux mais qui m’empêcherait d’être transformé moi-même en ces choses ou bien pire. Chaque pas était l’occasion de fermer d’avantage le passage derrière moi et d’essayer d’écraser ces parasites. Tant que je gardais un œil sur les statues à venir, en empêchant celles qui étaient derrière moi de me suivre, ça irait. J’avais l’avantage du lieu : ce couloir. L’endroit était fermé. Si je ne pouvais pas fuir, les Enfants de Méduse n’avaient nulle part où se cacher non plus. Ils ne pouvaient venir que de derrière ou de devant. Devant, je les observais. Derrière, je leur barrais la route. Pourtant, ça ne m’empêcha pas de sentir le vent siffler plus d’une fois proche de moi. L’un d’eux réussit même à attraper mon pied. Un rictus s’invita sur mon faciès. Je pris appui sur le membre saisi pour lui envoyer son jumeau en plein visage. La dureté de la matière m’arracha un cri de douleur qui ne fit que décupler ma rage. Je m’acharnai sur elle et me mit à hurler des injures si crues que les Esprits des Rois et Reines du passé devaient actuellement en être outrés. La frénésie de ma colère m’aida dans ma tâche et, à ce moment précis, je jurai d’éliminer ces putains de races parasites. Si les Sorciers voulaient détruire alors nous allions le faire. Nous causerions la chute de ces choses qui menaçaient le monde. Val’Aimé commanderait l’armée et percuterait leur existence d’une suppression totale et définitive.

Lorsque je réussis à m’extraire, la lueur dans mon regard avait changé. Elle était celle de la haine. Je me mis à crier de nouveau, défiant ces immondes créatures d’essayer encore une seule fois de m’attaquer. Elles voulaient un ennemi ? Qu’elles vinssent ! Mais qu’elles fussent sûres d’elles, parce que si je sortais d’ici vivant, elles allaient regretter de m’avoir provoqué. Détruire ces sales garces qui préservaient uniquement les Sirènes m'apporterait sur le plan stratégique. Je pouvais me le permettre. Comme je détestais autant les unes que les autres, s’il me fallait me tourner vers des peuples à anéantir, ce serait ceux-là. Si le génocide des Ondins ne provoquerait pas l'adhésion de la majorité, personne, vraiment personne, ne pleurerait les fausses statues.

C’est le visage déformé par le mal que je passai le couloir pour me retrouver dans une pièce ronde et immense.

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Les yeux céruléens du Roi Noir


À l’autre bout de la pièce, je repérai facilement l’énorme porte. De chaque côté de celle-ci, deux hommes en armure se tenaient. Était-ce vraiment des hommes ? Leur armure était parsemée de pierres précieuses aussi azurées que la Magie Bleue. La rage qui, jusqu’ici, me maintenait debout, s’adoucit. Je remarquai que j’étais blessé, bien plus que je ne le pensais. Ce constat ne m’empêcha pas d’avancer. « Arrête-toi. » J’obéis. La voix ne s’était pas élevée des gardiens mais de partout dans la pièce. Le contrôle que j’exerçais jusqu’ici sur mon ouïe avait disparu sous l’effet de la puissance qui s’opposait à moi. « Prouve-nous que tu es digne de posséder ce que ton cœur recherche. » « Mon cœur ne recherche rien. J’ai besoin de la Couronne pour devenir Roi. » « Tu es déjà Roi. » « Je veux plus. » Il y eut un silence, avant que la même phrase ne fût répétée. « Prouve-nous que tu es digne de posséder ce que ton cœur recherche. » Je serrai les dents. Je n’avais pas le temps de jouer aux devinettes. « Je n’ai rien à prouver. Dégagez de mon chemin ou je vous réduis en pièces. » Aucune réponse. Ma respiration muta en quelque chose de plus profond, proche du grognement. Mon état venait de vaciller de nouveau vers la haine. J’en avais marre. J’en avais marre des épreuves que l’on m’imposait. Pourquoi ne pouvait-on pas simplement me donner les choses que je voulais pour une fois ? Je ne demandais pas ça tout le temps, je demandais ça occasionnellement. Je n’en pouvais plus d’affronter épreuve sur épreuve, de devoir prouver ma dignité. Quand considérerait-on cette même dignité une bonne fois pour toute ? Avais-je tant failli par le passé pour que la question se posât chez tous ceux qui me côtoyaient ? L’Assemblée des Justes, ces Gardiens, le Nylmord, tous ces gens qui se permettaient de me juger, d’attendre des preuves de moi, alors qu’ils n’en fournissaient aucune sur leur propre cas. Se croyaient-ils supérieurs ? Mes ongles abîmèrent la chair de mes paumes.

« Prouve-nous que tu es… » « Comment ? » criai-je, soudainement. « Comment est-ce que vous voulez que je vous prouve ça ? » Je n’attendais aucune réponse. Je voulais simplement les confronter à l’absurdité de leurs propos. S’ils ne me donnaient pas clairement une réponse, comment pouvais-je savoir ? Est-ce que l’Empereur Noir était digne de posséder la Couronne du Roi Blanc ? Sans doute pas. Pourtant, il me la fallait, même si je devais raser cet endroit pour l’obtenir. Quel argument avais-je avec moi ? Aucun. J’étais un Sorcier. Je ne méritais rien. Je méritais de mourir, parce que ma simple existence menaçait celle des autres. Aveuglé par une colère sourde, je ne réussis pas à réfléchir, à voir la logique. Je me mis en position de combat, un combat qui dura des heures. De toute part, nos magies se percutèrent, s’éprouvèrent, sans qu’aucune issue ne se formât. L’affirmation me fut répétée mille fois, aggravant mon état, affaiblissant mon humeur. Plus j’y songeais, plus je pensais ne rien mériter du tout, ni l’amour de mes proches, ni le pouvoir, ni les responsabilités qui allaient avec ma Couronne, ni même la vie. Je me combattais moi-même avant de combattre les Gardiens et je voulais peut-être perdre. Je m’acharnais, encore et encore, me blessant, m’éprouvant. Pourtant, au fur et à mesure, je commençai à percevoir les éléments autrement. Je voulais tuer Ârès, je voulais l’anéantir. Ma Magie, depuis le début, tremblait à l’idée de disparaître. Il n’y avait pas à être digne de la Couronne des Magiciens. Digne au sens du Bien, je le deviendrais en la portant, parce qu’elle ferait de moi un Mage Blanc. Avec elle sur mon crâne, je serais un autre, un être fait de lumière qui pourrait combattre le mal et répondre aux valeurs imposées par l’artefact.

Je plissai les yeux et constatai vite que les Gardiens m’imitèrent dès que je décidai d’arrêter d’utiliser ma magie. « Donnez-moi une épreuve. » haletai-je. « Cette pièce est une épreuve. » Je regardai autour de moi. Les murs étaient couverts d’instructions dans un langage que je ne connaissais pas. Des mécanismes étaient apparents, sauvegardés jusqu’ici, comme s’ils ne pourraient être actionnés ou détruits que consciemment. Mon regard suivit le cheminement. J’analysai. Était-ce de cette dignité là dont ils parlaient plus tôt ? Une dignité bien plus terre à terre que celle que j’avais envisagé ? Le mérite par la réflexion ? Me fourvoyais-je depuis le début, aveuglé par ma rancune, ma peine, ma colère et mon envie de disparaître ? Je fermai les yeux, sans oublier l’ensemble de la salle. Je réfléchis, étudiant chaque positionnement. Soudain, je trouvai. La porte pouvait se déplacer et elle était faite d'une telle manière qu'elle pouvait être ouverte en suivant un cheminement particulier. C'était ça. Depuis le début. J'inspirai, serrai les poings une nouvelle fois et imaginai la stratégie nécessaire au déplacement de la porte et à son ouverture. Les Gardiens ne s’écarteraient pas. Je devais donc m’approprier la sortie.

Dès que l’idée germa dans mon esprit, le plafond s’ouvrit. Un joyau céruléen en descendit. La magie qui irradiait de ce dernier m’éblouit et me déconcerta. Elle était si instable que je compris rapidement que mon temps était compté. Je volai jusqu’au mur, traçai un premier pentacle, puis un deuxième, répétant l’opération. Je devais provoquer des explosions qui feraient bouger chaque mécanisme, jusqu’à créer les conditions idéales de déplacement et d'ouverture de la porte. Plus j’avançai, plus un grondement sourd s’élevait des hauteurs. J’avais connu une déflagration à Valera Morguis. La situation m’angoissait malgré moi. Lors de cet épisode traumatique, la chair de mon visage avait fondu en partie, mes membres avaient été déchiquetés et j’avais failli mourir. Si la pierre explosait avant l’ouverture de la porte, je pourrais difficilement m’en tirer, étant donné que la téléportation ne m’était pas permise. Ce serait la fin si la Valse Destructrice n’arrivait pas à absorber assez de matière et je savais qu'elle n'y arriverait pas.

Je revins vers le centre. Mon premier pentacle s’activa. Le mur bougea, ainsi que le sol, élément que je n’avais pas prévu. Des dalles tombèrent dans le néant, création vouée à la destruction. Je sautai, mes ailes grandes ouvertes. Pourtant, je remarquai vite que l’énergie que dégageait maintenant le joyau m’atteignait et m’empêchait de m’élever comme je l’aurais souhaité. Mes pieds se reposèrent sur le sol. Le bruit revint, le mur bougea. La porte se déplaça. Encore un bruit. Le plafond devenait de plus en plus lumineux. Ma peau commença à ressentir une chaleur désagréable, venue d’en haut. Je me déplaçai, pour éviter de chuter. Il fallait que je me tinsse prêt, en espérant qu’aucun élément venu du sol s’élèverait sur ma route et me barrerait le chemin. Il y eut un craquement. « Pas encore. Pas encore… Allez… » Je retins ma respiration, jusqu’à l’ouverture de la porte et je pris conscience que je n’avais absolument pas prévu de la refermer. Si le cristal explosait… « Merde ! » lançai-je. « Réfléchis… Réfléchis… » Mon souffle balaya les quelques mèches de cheveux qui tombaient devant mes lèvres. Dans ma concentration, j’avais laissé filer mon apparence de Magicien. Les traces de Lux in Tenebris maculaient mon visage couvert de sueur. Les Gardiens ! Je devais remettre la porte derrière les Gardiens ! Ils fermeraient l’entrée pour protéger le trésor sur lequel ils veillaient. Je bougeai vivement une fois que la solution s’imposa. Je traçai un pentacle mais ne lui imposai aucun retardement. Je n’avais pas le temps. Il explosa et une douleur irrigua mon bras. Tant pis. La porte ouverte se mit à bouger de nouveau, à glisser vers les armures. Je courus aussi vite que possible et glissai jusqu’à elle, afin de m’engouffrer par l’ouverture juste avant qu’elle ne se replaçât correctement. La porte se ferma et je traçai un pentacle inutile mais rassurant avant que l’explosion finale ne retentît.

1285 mots
Fin
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