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 [Q] Le silence du ciel

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Babelda
~ Rehla ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 20/04/2015
Babelda
Lun 29 Mai 2023, 09:14


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Le silence du ciel
Babelda
Intrigue ; Suite à la réorganisation des étoiles, Babelda ne parvient plus à communiquer avec celles-ci. Ulrich, son mentor, l'envoie chez une professeure pour qu'elle l'aide à retrouver son don.
RP précédent ; Les livres reflètent la beauté du ciel


La porte était déjà grande ouverte, comme une invitation à entrer. Babelda s'immobilisa pourtant devant, comme un refus catégorique et obstiné d'obéir. Elle n'avait pas apprécié la façon dont l'avait congédié Ulrich, la veille. Pourtant, son maître avait eu raison. Elle était épuisée par ses nuits d'insomnies et ses longues journées à travailler pour l'Empire. Elle avait véritablement eu besoin de cette nuit de sommeil et, malgré ses ruminements, la brune devait admettre que dormir lui avait fait du bien. Elle n'avait cependant été visitée par aucun rêve. Du moins, aucun de ceux auxquels elle était habituée : ses Visions lui étaient apparues de cette manière, avant que les constellations ne se réorganisent. Le phénomène astral semblait avoir bouleversé sa magie et malgré ses tentatives pour comprendre ce qui lui arrivait, ses recherches s'était révélées infructueuses. Le songe qu'elle avait fait cette nuit-là, cependant, avait été tout à fait différent. Elle s'en souvenait parfaitement et il lui laissait une sensation étrange. Elle ne comprenait pas encore l'étendue de ce que cela représentait. Elle n'avait pas conscience de ce qui pourrait s'y dérouler. La Rehla soupira tout en secouant la tête. Peu importait : puisqu'il ne s'agissait pas d'un rêve prémonitoire, il n'avait finalement que très peu d'importance à ses yeux. Seule l'idée de retrouver sa connexion avec les étoiles l'intéressait.

La Caeli s'avança jusqu'au seuil d'entrée puis marqua une pause, hésitante. Devait-elle s'arrêter ? Attendre que quelqu'un vint la chercher ? La porte ouverte lui indiquait que son professeur était déjà au courant de sa visite. Mais était-il tout de même nécessaire de se faire inviter, par politesse ? Décidant de faire un compromis entre les deux, la brune toqua quelques coups sur la porte en bois puis s'introduisit dans la demeure. Le dehors de la maisonnette était clair et bien entretenu, il dégageait quelque chose d'aérien, avec son architecture de pierres blanches. L'intérieur, en revanche, était beaucoup plus sombre, beaucoup plus opaque et oppressant. De lourds rideaux filtraient ici et là les fenêtres et les œil de bœuf de la pièce principale. Une épaisse vapeur odorante emplissait l'air et occultait la vision. Les murs étaient recouverts d'étagères soutenant des livres et parchemins, ou d'étranges outils mathématiques et divinatoires. Plusieurs petites tables étaient disposées dans la salle, entourés de couvertures et de coussins. On pouvait deviner un livre ouvert, un miroir, une tasse disposés sur l'une ou l'autre. Au centre de la salle, un feu brûlait, ravivant la chaleur déjà étouffante : il s'agissait de la principale source de lumière, et Babelda dû cligner plusieurs fois des yeux pour que ceux-ci s’accommodent à la différence de luminosité avec la rue d'où elle venait. Au plafond, différents bouquets de plantes avaient été suspendus.

Babelda tourna sur elle-même, à la recherche de son professeur, lorsque la porte se referma, comme poussée par un violent courant d'air - sauf qu'il n'y en avait eu aucun. Une vieille femme s'était tenue enfoncée dans un fauteuil à bascule, si immobile que l'élève ne l'avait même pas vue. C'était elle qui les avait coupé du monde extérieur d'un mouvement du poignet incisif. Avec une aisance déstabilisante pour son âge avancé, elle se redressa et s'approcha de son apprentie avec une vivacité qui faisait défaut à son étudiante. « Prends place et commence à travailler. » La jeune femme fronça les sourcils. Elle ne s'était pas attendu à un accueil chaleureux, à vrai dire, elle aurait été mal à l'aise face à une enseignante trop enthousiaste. En revanche, elle ne s'était pas attendu à un entretien si impersonnel. Légèrement confuse, la Caeli laissa courir son regard sur les différentes tables basses. « A quel poste dois-je m'installer ? » demanda-t-elle. La vieillarde fit volte-face et projeta son regard perçant et sévère sur la silhouette de sa disciple. « Ta vraie question est : lequel de ces outils pourrai-je désormais utiliser pour retrouver ma connexion avec les étoiles. » Sa voix rauque était tonitruante, elle semblait résonner, gronder comme un tonnerre dans une grotte. « Je connais la réponse à cette question. Je l'ai vu. En cela, tu n'as pas d'inquiétude à te faire : ton destin n'est pas de rester sourde aux nouvelles constellations. En revanche, te réapproprier ce don, ce pouvoir si précieux, ne se fera pas sans efforts. » La Tilluiel avait croisé les bras sur sa poitrine. Elle était partagée entre le soulagement de cette prédiction, et le malaise de cette accusation à demi proférée. Que croyait-on ? Elle avait passé les derniers mois à essayer de comprendre ce qu'il lui arrivait, ces nuits de silence avaient été une véritable torture. Elle n'avait pas chômé pour essayer de remédier à sa situation. Ses efforts n'avaient simplement pas été à la hauteur de ses attentes. « Prends place, et exerce toi. C'est ton destin. » répéta l'aînée. Babelda pressa ses lèvres l'une contre l'autre avant d'abdiquer et de glisser un regard sur les différents ateliers qui avaient été installés. Elle avisa la petite table avec le miroir. Si elle avait perdu sa Vox Stellae, ça n'avait pas été le cas de tous ses talents. Aussi, peut-être parce qu'une part d'elle ressentait l'envie de s'échapper de cet endroit inconnu, elle se dirigea vers cet objet par lequel elle avait tant de fois pris la poudre d'escampette.

La brune s'empara du miroir, qu'elle plaça face à elle. Elle scruta son reflet. Elle était dans un piteux état. Ses cheveux étaient négligemment rassemblés en une natte sur sa nuque, bien que plusieurs mèches s'en échappaient aléatoirement. Elle se tenait avachie, comme si elle cherchait à se rétrécir et à se faire oublier plus encore qu'elle ne l'était naturellement. Ses vêtements étaient plus fonctionnels que beau, quoi que de bonne confection. Son visage, quand à lui, n'avait rien de mémorable, rien qui accrocha l'attention. Un front proéminent, des pommettes lisses et un nez timides, des lippes pâles et fines. Seuls ses yeux verts attiraient la rétine. La brune ferma les paupières, puis les rouvrit. Ce n'était pas son propre reflet, qu'elle désirait voir... A vrai dire, peu importait ce qu'elle voyait, du moment que ce n'était pas ce visage placide et familier. Elle inspira profondément et fixa un point sur lequel elle concentra toute son attention. Elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Lorsque ses visions lui venaient par rêve, elle n'avait eu qu'à se laisser glisser dans les bras de la nuit pour se faire happer par les visions en noir et blanc ou, plus rarement, de couleur. Maintenant qu'elle se tenait bien éveillée, l'exercice était tout à fait différent. Elle ne pouvait empêcher son esprit de grouiller de pensées parasites, alors même qu'elle essayait de s'en défaire, de faire le vide. Elle n'était définitivement pas douée pour faire taire sa conscience. Un instant, elle ne pouvait s'empêcher de remarquer le crépitement du feu : une fois qu'elle eut perçut les craquement irréguliers du bois sous l'assaut des flammes, elle ne put s'empêcher de capter ces sons réconfortants. Lorsqu'elle remarqua qu'elle avait dévié, autant du regard que de pensées, la Rehla secoua la tête, comme pour chasser ces préoccupations dérisoires, puis replaça sa concentration sur le miroir. S'oublier. Elle devait mieux s'oublier, elle et tout ce qui l'entourait, pour laisser la place à la Vox Stellae de s'exprimer. Elle devait cesser de s'inquiéter de sa perte de connexion avec les étoiles, devait abandonner sa rancœur envers Ulrich pour l'avoir mis entre les mains d'une inconnue, devait ignorer son antipathie envers ladite professeure, devait taire sa préoccupation quand à tous ces étranges ateliers... Et plus elle essayait de faire abstraction de tous ces éléments, plus Babelda ne pouvait s'en défaire. Comment était-elle censée faire taire sa petite voix interne ? Celle-là même qu'elle entretenait minutieusement depuis des décennies. Les choses s'étaient empirées depuis qu'elle était devenue membre de l'Empire de Yanna. Son esprit grouillait continuellement d'idées de plans, ou d'objets à inventer. A croire qu'elle n'était plus seulement une envoyée du Destin, mais que sa propre conscience s'était imprégné du bourdonnement intellectuel constant du Tellus et l'avait contaminé. Aussi, lorsque ses mains lui firent mal de trop tenir le miroir, elle imagina comment confectionner un support ; lorsqu'elle fut de nouveau déconcentrée par les bruits alentours, elle imagina un cache oreille capable de la couper totalement de ce sens perturbateur.

Le temps s'étira, encore et encore. Les minutes se transformèrent en heure, qui parurent des éternités à l'élève. Parfois, elle glissait des regards en direction de la vieille femme qui l'encadrait. Cette dernière l'observait en retour, d'un regard impénétrable et strict. Babelda ne pouvait jamais la toiser longuement. Une horloge, dissimulée quelque part dans la pénombre, sonna la troisième heure de cours. La brune retint un soupir. Elle avait l'impression que cet exercice était vain. Elle perdait son temps. Elle avait essayé à plusieurs reprises de voir l'avenir, ou même le passé, à l'intérieur des miroirs. Aucune de ses tentatives n'avait payé. Plus l'insatisfaction la gagnait, plus l'envie de partir la rongeait. Et sa porte de sortie était toute trouvée : elle la tenait entre ses mains. Aussi discrètement que possible, la jeune femme glissa ses doigts sur la surface réfléchissante. Instantanément, il s'y enfoncèrent, comme dans de l'eau. Les doigts avancèrent d'une phalange supplémentaire, jusqu'à ce que la paume soit engloutie à son tour. Puis, soudainement, un violent coup de canne fut asséné sur le poignet de l'élève, qui geignit d'un cri douloureux. « La fuite n'est pas la solution, sotte ! » réprimanda la vieillarde. « Point d'impatience, tu retrouveras ton don, en temps et en heure. Mais ce n'est pas en abandonnant le travail que les choses se débloqueront. » Il était simple, pour la vieille sage, de proférer de tels discours. Ce n'était pas elle qui était privée de sa magie, de son essence, pour ainsi dire. Babelda aurait voulu lui souligner qu'elles s'épargneraient un temps précieux à chacune si elle daignait lui révéler lequel de ces instruments était le bon, mais elle ravala sa hargne tout en massant la zone qui avait été cogné : elle ne désirait pas recevoir un nouveau coup de canne. « Recommence. » ordonna la professeur de sa voix grave et profonde.  
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Babelda
Lun 29 Mai 2023, 10:40


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Le silence du ciel
Babelda


Babelda retint un soupir, de peur de se faire réprimander par son enseignante. Ou plutôt devrait-elle dire encadrante. Bourrelle, geôlière, tyran étaient autant de mots correspondant également à sa fonction. Depuis qu'elle était entrée dans sa hutte, la vieille femme n'avait fait que lui aboyer des ordres sans jamais lui donner d'indices. Sans lui montrer comment faire, ni même lui donner d'explications. Lorsqu'elle s'adressait à sa disciple, l'aïeule prenait cet air d'absolu, comme si toutes choses lui semblaient évidentes. C'était sans doute le cas, pour une Rehla aussi âgée, qui avait dû voir, entendre, savoir tant de secrets. Cela contrariait cependant son élève. Elle n'avait pas la science infuse, surtout lorsqu'elle se sentait paniquée comme en cet instant. Ses pensées semblaient désorganisées, et elle était incapable de se concentrer plus de dix minutes, ses inquiétudes venant sans cesse la dériver de son objectif. Lorsqu'elle se plaignait ou trahissait des signes de son irritation, l'anonyme lui répétait que son destin n'était pas voué au mutisme des constellations, mais lui rappelant qu'elle devrait faire des efforts pour parvenir à retrouver son don. Cela ne faisait qu'agacer davantage la sourde.

La Caeli passa une main dans sa nuque endolori. Son dos était raide et douloureux. La jeune femme s'étira pour essayer de chasser les sensations incommodantes. Rester immobile était un supplice pour elle. Pourtant, elle n'essaya pas de se lever pour aller se dégourdir les jambes. A la place, elle réorienta son attention sur l'atelier auquel elle avait pris place, après que le miroir lui sembla être une mauvaise solution. Elle avait flâner entre les différentes tables basses, avant de s'assoir ici. Devant une boule de cristal. La sphère translucide avait déformé la vision de la désespérée mais, à part cela, elle n'avait rien fait d'étonnant. A un moment, il lui avait semblé voir un mouvement et son cœur s'était emballé mais il s'était révélé qu'il s'agissait de la silhouette du chat de son hôte, qui passait en face d'elle. Une autre fois, il lui avait semblé qu'une brume avait rendu l'artefact plus opaque, mais sa vision s'était simplement troublée tandis qu'elle commençait à somnoler. Malgré la nuit imposée par Ulrich, elle manquait toujours de sommeil et son immobilisme rendait ardue la tâche de ne pas s'endormir. Babelda inspira profondément par le nez. Elle leva les mains puis les plaça de chaque côté de l'objet. A peine son épiderme entra-t-il en contact avec le froid du verre qu'un voile tomba sur ses rétines. Elle fut envahie par des visions, nettes, vives. La jeune femme remonta le cours du temps, au travers de l'objet. Elle découvrit un agacement qui n'était pas le sien, la curiosité des secrets révélés, la joie de la réussite, le scepticisme d'un esprit trop rationnel, la surprise d'un élève maladroit faisant tomber l'objet - ce qui expliquait sans doute le léger impact sur la sphère autrement lisse - l'impatience d'un élève studieux... La Rehla retira ses mains et vint en poser une sur son front. Au moins n'avait-elle pas perdue toutes ses visions; Malheureusement, ce n'étaient pas celles-ci qu'elle avait espéré percevoir. « Vous avez enseigné vos méthodes à beaucoup de Rehlas. » commenta la visionneuse. L'intéressée ne sembla pas avoir entendu ces paroles, tant elle resta immobile et inexpressive. Pourtant, Babelda était certaine que ses mots avaient bien atteint ses oreilles : la vieille était attentive à ses moindres faits et gestes depuis le matin.



La Tilluiel s'était levée et dirigée vers les étagères de livres. Puisque sa tortionnaire avait décidé de ne rien lui enseigner, la jeune femme avait décidé de trouver des réponses au travers d'une autre source viable. Les bibliothèques recelaient toujours de trésors et merveilles. C'était l'essence du savoir. La Rehla s'était emparé de plusieurs ouvrages. Tous en rapport avec les objets présentés sur les différentes tables. Elle les avait dispersé à côté de chaque poste. Le dernier qu'elle avait pioché traitait de la cristallomancie. Elle l'ouvrit et en feuilleta rapidement les pages, lisant attentivement son contenu. Elle ignora le chapitre sur les explications des symboliques des signes et se référa directement à celui sur les méthodes de canalisation de cette magie ancestrale. Sans grande surprise le manuel lui indiqua qu'elle devait ouvrir son esprit, se laisser devenir un réceptacle aux visions, accepter de devenir réceptive aux messages des esprits et des étoiles. Il y avait là beaucoup d'ésotérisme, qui rendaient les explications aussi nébuleuses qu'inutiles. Rien de concret entre ces lignes. Déçue, l'apprentie se retourna vers l'étagère où elle avait trouvé ce manuel. Elle le rangea et essaya de trouver un autre ouvrage pouvant lui procurer plus d'informations. Elle n'en trouva aucun. Il était complexe de comprendre le système de rangement de la vieillarde et à vrai dire, l'étudiante avait trouvé les livres presque plus par chance que par logique. Agacée, la jeune femme décréta qu'elle n'était pas faite pour cette discipline non plus et retourna les talons pour aller s'installer à l'atelier suivant.



Le feu envoyait des bourrasques de chaleur qui faisaient rougir ses joues. Babelda cligna des paupières à plusieurs reprises. Fixer la source lumineuse aussi intensément faisait danser des étoiles sur sa rétine. Fatiguée, elle se frotta les yeux. Sa main retrouva le contact rassurant du livre. A son grand soulagement, celui-ci avait donné davantage d'explications que celui sur la cristallomancie. Il avait expliqué quelques principes de base, puis avait proposé différentes méthodes de mise en pratique. La première avait été de trouver la position adéquate. La Rehla avait donc essayé toutes celles indiquées dans le manuel. Debout, en tailleur, immobile ou bien en tournant autour du feu. Elle n'avait pas vu apparaître plus de silhouettes que lors de sa tentative avec la boule de cristal. Heureusement, le livre ne donnait pas seulement des conseils sur ça. Il y avait des chants, susceptibles d'ouvrir l'esprit, mais l'intellectuelle avait refuser de se prêter à cela, jugeant cette méthode fort peu adaptée pour son caractère. Il y avait une théorie selon laquelle le feu devait être allumé par ses soins, sinon le lien ne se créait pas entre son moyen de vision et son psychisme. L'apprentie avait donc éteint puis rallumé les flammes. Malgré cet effort, les visions ne se livrèrent toujours pas à elle. Elle passa donc à la technique suivante. Celle-ci était en plusieurs parties. Elle expliquait que le feu pouvait livrer ses secrets dans chacun de ses éléments. La fumée qui s'en dégageait, le bois calciné ou les cendres, pour ne citer qu'eux. L'inventrice avait donc été récupéré des plantes capables de produire un amas de fumées conséquente - certains noms avaient été cités dans le paragraphe du manuel. Sans grande surprise, elle en avait trouvé dans les bouquets suspendus au plafond de la salle d'étude. Elle s'était emparé de plusieurs des espèces indiquées et les avait jeté aux flammes. Aussitôt, des volutes blanchâtres avaient grandies autour de l'âtre. Il y avait bien des formes, mais rien de conséquent, rien de concret. Il s'agissait plus d'une imagination fertile que d'une lecture magique. De la même façon que des enfants s'amusaient à deviner ce que pouvaient représenter les nuages dans le ciel, Babelda avait perçu dans ces effluves quelques formes qui lui avaient vaguement évoqué des souvenirs. Pas de vision providentielle pour autant. La Tilluiel avait donc saisi un morceau de bois, qu'elle avait agité pour en éteindre la flamme qui dévorait voracement l'écorce. Le charbon avait effectivement subit les aléas de l'élément, qui laissait derrière lui de profondes cicatrices incandescentes. Il était expliqué dans el livre que certaines personnes étaient capables d'y discerner des images. Ces visions s'animaient alors et faisait danser la trame d'une histoire sur le morceau de bois. Plus la buche était longue plus la vision pouvait durer dans la durée. Plus les flammes avaient rongé le support, plus les détails étaient précis. En théorie. La pratique se trouvait de nouveau décevante.



« Veux-tu une tasse de thé ? » Babelda releva vivement la tête de son livre. Après la divination au travers des flammes, la brune s'était essayée au décryptage des livres - les personnes sensibles à cet art parvenaient à lire un sujet bien différent du contenu réel des pages. Jusque là, la lectrice n'avait fait que lire un roman ennuyant au sujet d'une Eversha voulant conquérir la lune. « Avec plaisir. » La proposition était surprenante et avait pris l'invitée de court. Il était inattendue d'entendre sa mentor, si froide et distante, lui proposer de boire à ses côtés. La brune ne disait cependant pas non à une pause dans son apprentissage. Aussi, elle abandonna son livre et se leva pour s'installer à la table de son hôte. « Merci. » La jeune femme but aussitôt le breuvage - elle ne s'en était as aperçu plus tôt mais elle avait soif et faim. Surprise, la buveuse failli recracher le contenu de sa bouche. Le goût était particulièrement infect. Amer et puissant. Elle déglutit avec difficulté puis grimaça, éloignant la tasse comme si elle avait été empoisonnée. Elle ne fit pas de commentaire, ne voulant pas fâcher sa surveillante. « Bois tout. » ordonna celle-ci. « Jusqu'à la dernière goutte. » Babelda fronça les sourcils et commença à ouvrir la bouche, prête à protester. Elle se retint pourtant face au regard insistant de la vieille femme. « Ah. » lâcha-t-elle finalement, comprenant l'objectif de cette manœuvre. On ne lui avait pas proposé cette interlude par simple gentillesse. Il s'agissait d'un nouvel exercice. « La tasséomancie. Il faut vraiment que je boive tout ça ? » La supplique se heurta au silence sévère et la disciple pris sur elle pour avaler tous le liquide.

Plusieurs heures passèrent tandis que Babelda essayait de décrypter les différents tas de feuilles de thé amassé au fond de ses tasses. Elle avait dû en boire plusieurs, si bien qu'elle ne tarda pas à commencer les allers-retours entre le salon et les toilettes. Pourtant, aucune forme ne lui parût suffisamment nette pour réussir à en deviner la nature exacte - chacune était libre à l'interprétation et un cercle pouvait autant représenter un visage qu'un soleil ou parfois même qu'une demi spirale. « C'est étonnant. » fit la vieillarde, qui avait retrouvé sa place dans son fauteuil à bascule. Babelda releva la tête mais lui réserva le même traitement qu'elle lui avait témoignée jusque là. Elle resta silencieuse, attendant plus d'explication ou l'accord de retourner à son analyse. « Tu sembles ne pas pouvoir tenir en place et pourtant, tu n'as essayé que des ateliers où il ne te faut que rester passive... Bien. La séance est terminée. Rentre chez toi et revient demain. »
1852 mots


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Babelda
Lun 29 Mai 2023, 15:56


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Le silence du ciel
Babelda
RP lié ; Le bal de Seaghdha - Réponse de Mancinia Pour rappel, ce rp se déroule chronologiquement bien avant le bal ou La nature reprend toujours ses droits.


« Tu es encore en un seul morceau. » s'amusa Ulrich. « C'est plutôt bon signe. C'est qu'elle doit t'apprécier. » Babelda releva la tête de son livre de compte. Desylva lui avait apporté les registres de son exploitation sablière, ainsi que de l'exploitation de café dont elle avait hérité la charge. Depuis son séjour à Utopia pour renforcer les liens commerciaux et politiques avec le Tellus, la jeune femme faisait plus attention à la gestion de ses propriétés. Elle ne voulait plus se laisser déborder comme elle avait pu l'être par le passé. Son Mur s'occupait de la gestion des deux parcelles mais la maîtresse gardait un regard régulier sur leur fonctionnement. Il s'agissait après tout de sa principale source de revenus, lorsqu'elle avait besoin de monter des projets. Ca lui avait été utile, pour l'évacuation de Port Dirælla et le concours d'architecture qui en avait découlé. Il n'avait pas eu une grande retombée mais avait tout de même nécessité des fonds conséquents, que la Mousse avait dû amortir par ses propres moyens. « Si c'est le cas, elle a une singulière façon de le montrer. » ronchonna la jeune femme en fronçant les sourcils. Disons plutôt qu'elle ne le montrait pas du tout. Le comportement enfantin de sa disciple amusa le plus expérimenté. « Es-tu en train de réaliser que tu n'es pas la mieux placée pour parler de ce genre de choses ? Question démonstration d'affection, tu n'es pas plus douée que la vieille Tilda. » La Tulliel haussa les sourcils. C'était la première fois qu'elle entendait l'identité de sa professeure. « Mais ne t'en fais pas. C'est l'une des meilleurs enseignantes pour maîtriser la Vox Stellae. J'en sais quelque chose. » Il y eu un léger silence, tandis qu'Ulrich semblait se remémorer des souvenirs et que Babelda analysait ses paroles. « Elle était votre mentor à vous aussi, n'est ce pas ? » « Elle est mon arrière grand-mère. » rectifia l'homme. « Mais oui, c'est elle qui s'est occupé de moi lorsque j'étais Somnae et Aurum. Elle m'a appris tout ce que je sais sur la divination, ou presque. Elle n'est pas très commode, mais elle sait ce qu'elle fait. Elle a enseigné à plusieurs générations. » La fille aux cheveux clairs resta muette. Elle s'était douté qu'Ulrich avait eu confiance en cette femme, pour qu'il la confia à elle. Le souci, c'était qu'elle avait l'impression d'être incapable de réentendre distinctement le chant des étoiles un jour. Actuellement, il lui semblait distordu, faux. Il était même douloureux à écouter. « Elle n'a encore jamais failli à sa tâche. » déclara fièrement l'homme. « Je serai peut-être son premier échec. » « Ne dis pas d'âneries. Tu n'as simplement jamais eu à apprendre tes dons à proprement parler. » L'homme toisa son élève. Elle avait eu un parcours atypique, à être élevée au sein des Voyageurs, et non pas à la cité raciale, là où sa place aurait dû être. Sa mère lui avait transmis son savoir mais elle ne lui avait jamais donné d'enseignement rigoureux pour parfaire sa maîtrise de ses dons divinatoires - ou n'importe laquelle de ses autres capacités raciales, d'ailleurs. « Tes visions te venaient par rêves. Tu n'as jamais eu à t'entraîner. Tous les novices passent par cette étape. Frustrante, j'en conviens, mais naturelle. Sois patiente et indulgente avec toi-même, tout en faisant preuve de rigueur. » Babelda retint une moue boudeuse et se contenta d'acquiescer. « Le changement de la voie céleste a entraîné beaucoup de bouleversements... Nous sommes beaucoup à en avoir été impactés. Pour toi, il s'agit d'une occasion de te reconnecter à notre race et à nos savoirs faire. Profites-en. »



« Tu as changé de méthode. » Babelda battait les cartes avec plus ou moins de dextérité. Elle acquiesça sans détourner le regard. « J'ai réfléchi à ce que vous m'avez dit hier. » La femme l'avait bien cerné. Elle n'aimait pas rester à rien faire et si elle paraissait calme en extérieur, elle ne l'était jamais vraiment intérieurement. Elle bouillonnait sans cesse. Souvent, cela se traduisait par des objets qu'elle triturait pensivement. Généralement l'amas de breloques qu'elle avait attaché à son pendentif. Alors elle avait repensé à la remarque de la vieille sage. Les rêves avaient été une contemplation passive de ses visions. Or, les étoiles ne semblaient plus la juger digne de communiquer de cette façon là. La brune s'était obstinée sur un chemin similaire, parce qu'elle n'avait toujours connu que cette façon, sans s'intéresser aux autres alternatives. Elle avait reproché à la vieillarde de ne pas suffisamment l'aiguiller. Pourtant, ce commentaire avait sonné comme un cri évident. Elle devait provoquer son destin. Ou du moins, tout mettre en œuvre pour provoquer la réapparition de ses visions. « Continues. » approuva l'enseignante. Babelda retourna les cartes du jeu de tarot, faces visibles. Elle essaya de discerner un message caché derrière les illustrations. Elle n'en vit d'aucune sorte.



« Je me demande comment Junon s'en sort. » laissa échapper Babelda. Desylva porta sur sa maîtresse un regard bienveillant. Elle ne le montrait pas mais il savait qu'elle s'inquiétait pour celles et ceux qui l'aidaient. Elle ne savait simplement pas comment témoigner sa gratitude. Elle n'était pas très douée pour exprimer ses sentiments. Pour s'exprimer tout court d'ailleurs. « Comment vous en sortiez-vous ? » questionna le brun. « Mmh... » Elle comprenait là où il voulait en venir. Puisqu'elles partageaient leurs connaissances et leurs souvenirs, si l'une parvenait à faire quelque chose alors l'autre également. Babelda n'en était encore qu'au stade de Mousse. Ses missions étaient pénibles mais pas difficiles. « J'imagine qu'elle doit encore être en train de trier des pièces ou de dessiner des plans. » pensa à voix haute l'Originale. « Lorsqu'elle rentrera ici, il faudra lui préparer un bain chaud, une pile de livres à lire et du thé. » Le Mur esquissa un sourire tendre. « Bien Madame. » « Vous devriez en faire couler un pour vous également. Vous travaillez durement. Merci encore pour votre aide. » L'homme nia d'un mouvement de tête. « Je ne fais que mon travail. » « Mmh, tout de même. Vous devriez prendre soin de vous aussi. » La Tilluiel tapota de l'index son livre sur la Vox Stellae. « Je ne pensais pas que ça me prendrai autant de temps. » La brune était là depuis plus d'une semaine, à présent. Elle n'avait toujours pas fait le moindre progrès mais, étonnement, ne se décourageait plus. Chaque matin, elle entrait dans la petite maison avec la détermination de parvenir à faire fonctionner une vieille machinerie capricieuse. Les échecs étaient une partie du processus. Mais dès qu'elle aurait compris ce qui bloquait son mécanisme interne, alors elle parviendrait à se réparer. Ce n'était qu'une question de détermination. Et elle n'avait pas l'intention de baisser les bras. « J'imagine qu'elle doit s'y plaire autant que vous. Ce n'est pas souvent qu'elle a l'occasion de prendre votre place là-bas et d'expérimenter par elle-même les ingéniosités qu'elle observe silencieusement chaque jour. » Babelda esquissa un sourire. Il était vrai qu'elle devait se sentir plus libre, désormais.



« Ce n'était pas là, avant. » déclara la Caeli d'une voix peu assurée. Elle se tenait devant un atelier de bricolage. Plusieurs pièces métalliques et outils en tous genres étaient soigneusement rangés sur l'établi. « Si, le matériel a toujours été là. » démentit Tilda. « Alors pourquoi ne l'ai-je pas vu plus tôt ? » Cette partie était dans une alcôve un peu à l'écart du reste, mais pas suffisamment dissimulée pour qu'elle ne l'ai jamais vu depuis tout ce temps. « Tu n'étais pas prête. Maintenant, tu l'es : tes yeux s'ouvrent à de nouveaux horizons. » Jusque là, l'élève avait été obnubilée de trouver une méthode pour retrouver sa connexion avec les cieux. Elle s'était plongée dans les techniques usuelles. Pourtant, maintenant qu'elle se trouvait devant l'établi, ses doigts lui picotaient. Elle avait l'impression d'être appelée par sa passion. Alors, sans parvenir à résister, elle s'approcha du meuble. Sans savoir trop ce qu'elle allait faire, elle s'empara d'un premier boulon, et commença à construire. Elle n'avait pas d'objectif en tête. Elle se contentait de suivre son instinct. Elle commençait par faire un premier montage avant de le délaisser pour travailler sur un second puis, finalement, réalisait avec satisfaction que les deux bouts formaient un puzzle plus grand et plus complexe. Peu à peu, sa création prenait forme. Il était étonnant de la voir donner vie à son imagination, alors même qu'elle n'avait pas d'idée précise en tête. Elle se contentait d'inventer. Ses doigts s'agitaient presque d'eux-même.

Cela lui pris une heure. A la fin de celle-ci, elle déposa l'objet qu'elle avait fabriqué. Cela ressemblait à un mélange entre une boussole et une horloge. « Comment fonctionne-t-il ? » demanda la plus âgée. Babelda fronça les sourcils. De nouveau, elle s'empara de l'objet et ouvrit le cadrant. Au centre, un étrange trou sombre, comme une serrure dans une porte ancienne. La Clairvoyante usa d'une molette sur le côté et fit parcourir les aiguilles sur le cadrant, qui représentait non pas des heures mais d'étranges symboles. Lorsqu'elle eu actionné une seconde molette, elle porta l'objet jusqu'à son œil.

Il y avait quatre silhouettes. Deux femmes et deux hommes. « Tu es en avance. » L'homme s'approcha pour récupérer un chargement. Le contenu tinta légèrement lorsqu'il regarda à l'intérieur. Des bouteilles remplies d'un liquide sombre. Même si la vision était en noir et blanc, il n'était pas difficile de deviner le contenu des récipients. Le premier duo étaient des vampires. Le second, une Humaine et un Ange. Ces deux là, Babelda les connaissait d'elle même : son séjour à Utopia lui avait rendu impossible de ne pas connaître l'identité des Devâdary dā Sipāhī. Une transaction économique. Des informations contre un sang d'une pureté convoitée. Contre des secrets, également. « Nous avons vu la dévastation d'Asyavvar. » La nouvelle semble surprendre. On formule des hypothèses, sans plus parler du bal évoqué plus tôt.

Babelda retira son œil de l'orifice. Elle papillonna des yeux. « Les Vampires... Une lignée est morte. » La brune sembla pensive. « Enfin, va l'être. » rectifia-t-elle. « Asyavvar... » répéta-t-elle. « Les Gabors. » confirma Tilda. Elle arborait une mine toujours aussi stricte mais, étonnement son visage semblait moins sévère. Il semblait presque que ses lèvres étaient remontées en un rictus approbateur. « Les Réprouvés... Ils vont également subir un génocide ? » interrogea l'étudiante, abasourdie. « Une défaite cuisante, dans une guerre sanglante. » Babelda trembla légèrement. Elle détestait apprendre en avance ce genre de nouvelles et ne rien pouvoir y faire. Elle soupira, avant de serrer sa création entre ses mains. « J'ai réussi. » souffla-t-elle finalement, satisfaite.
1850 mots sans les paroles de Mancinia
FIN


Merci Kyra nastae

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